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Crise subprime et bourse régionale des valeurs mobilières de l'Afrique de l'Ouest( Télécharger le fichier original )par Demondji Mathieu GBAGUIDI IAE Perpignan - Banque et assurance 2008 |
1-3-3 Les outils d'analyse des données La statistique descriptive est celle qui a été le plus utilisée dans l'analyse des informations recueillies. Les données présentées sous forme de tableaux synthétiques, de ratios, de regroupements et de graphiques, nous ont permis d'apprécier les informations recueillies et de vérifier les hypothèses posées dans le présent travail. Les indices harmonisés des prix à la consommation sont également utilisés pour apprécier l'évolution des prix de l'immobilier dans la zone Uémoa. 2- PERCEPTION DES CAUSES DE LA CRISE DES SUBPRIMES DANS LA ZONE UÉMOALa pérénisation des crédits subprimes ou crédits hypothécaies aux Etats-Unis est favorisée essentiellement par deux facteurs: la relative stabilité, entre 2004 et 2006, du taux directeur de la réserve fédérale, la banque centrale américaine et l'appréciation régulière du prix de l'immobilier dans plusieurs régions. Comment évoluent ces deux facteurs dans la zone Uémoa en Afrique de l'Ouest? Pour répondre à cette préoccupation, nous étudierons respectivement le système bancaire ouest africain et le marché de l'immobier dans la zone Uémoa 2-1 Le système bancaire ouest africain Créée en 1962, la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest est la banque centrale de la zone Uémoa qui assure la politique monétaire dans les huits pays membres de l'Union. La monnaie utilisée dans cette zone économique est le franc CFA dont la signification a varié d'une époque à une autre et d'un espace géographique à un autre. 2-1-1 La zone Franc et l'arrimage du franc CFA sur l'Euro Suite à leur indépendance, des pays d'Afrique occidentale et d'Afrique centrale ont manifesté leur volonté d'intégration régionale en constituant des unions monétaires, tout en adossant leurs monnaies communes à la monnaie de l'ancienne puissance coloniale. Sur le plan politique, ces unions réunissent des Etats dont la décolonisation n'a pas obéré les relations avec la France. A contrario, il n'est pas étonnant de relever l'absence de la Guinée Conakry5(*) dans ces unions ni de leur extension à des pays d'Afrique du Nord. Depuis l'unification monétaire européenne, le franc CFA, monnaie unique de 14 Etats se trouvent adossé à l'euro, monnaie unique de la plupart des 27 Etats européens. Les Etats de la zone franc poursuivent des objectifs ambitieux. Pour toutes les Banques centrales de la zone franc, l'objectif principal poursuivi est la stabilité des prix. La politique monétaire de l'Eurosystème, définie par la Banque Centrale Européenne et appliquée par les Banques centrales nationales, est intégralement déterminée en fonction de cet objectif. Il constitue un dénominateur commun à toutes les Banques centrales nationales. Pour la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), il s'agit, également, d`oeuvrer afin d'accroître les réserves de change et pour la Banque des Etats d'Afrique Centrale (BEAC) de favoriser la croissance économique. La volonté de multilatéraliser les échanges et de libéraliser les mouvements de capitaux s'est traduite sur le plan institutionnel par une réglementation très stricte des relations monétaires au sein des deux unions monétaires africaines, Uémoa, Cémac6(*) et par une codification des relations entre ces Unions et les autorités françaises. L'instauration d'un véritable fédéralisme sur le plan monétaire est considérée comme un élément devant favoriser la convergence des pays concernés. L'adoption d'une monnaie unique dans l'Uémoa et dans la Cémac, rebaptisée tout en conservant le même acronyme CFA7(*) de celle naguère instaurée par l'ancienne puissance coloniale, témoigne de la volonté des Etats Africains indépendants de maintenir avec la France des liens certes modifiés mais étroits. Face à « l'impossible trinité », les pays de la zone franc ont adopté des changes fixes et l'intégration financière ce qui implique la liberté dans les transferts courants et dans les transferts de capitaux mais réduit leur autonomie quant à la détermination de leur politique monétaire. Dans cette optique, le dispositif institutionnel instaure une souveraineté monétaire partagée : les Banques centrales de l'Uémoa et de la Cémac devant verser 65%8(*) de leurs réserves de changes sur un compte d'opérations du trésor public français, lequel, en contrepartie, garantit la convertibilité illimitée des monnaies de la zone franc. Aujourd'hui, la Banque de France exige 50% des devises (avoirs extérieurs) pour garantir aux pays de l'Uémoa, la libre convertibilité du franc CFA. Ceci représente en 2006, près de 8000 milliards de franc CFA des avoirs en devises des pays africains détenus par la France9(*). Ainsi, en supposant que le revenu mensuel moyen par habitant est de 200.000FCFA, on peut affirmer sans se tromper que près de 40 millions d'Africains sont privés de revenus en 2006 alors que 8000 milliadrs de franc CFA sont stockés au trésor français accroissant ainsi la misère du peuple africain. L'ancrage monétaire du franc CFA au Franc français puis à l'euro à partir de 1999, implique une couverture minimale de 20% de la base monétaire (billets, réserves en monnaie centrale détenue par les banques commerciales et le trésor public) par des réserves de change. L'adossement au franc, puis à l'euro, était donc conçu pour ses vertus anti-inflationnistes et la gestion commune des réserves de change ainsi que la pratique d'un tarif extérieur commun marquent la solidarité, la volonté d'intégration des Etats appartenant à ces unions.
2-1-1-1 Instruments et politiques monétaires de la BCEAO Le choix des instruments et la mise en oeuvre des politiques monétaires font apparaître les contraintes liées aux régimes des taux fixes. Les politiques monétaires ont pour objectif de maîtriser le refinancement en monnaie centrale des banques commerciales afin de contrôler leur pouvoir de création monétaire qui s'exerce à travers les crédits accordés aux agents non bancaires de l'économie. L'ancrage à l'euro du franc CFA n'implique pas l'adoption par les unions monétaires africaines des mêmes instruments de la politique monétaire, ni des taux directeurs de la BCE. Toutefois, leurs évolutions dans les unions monétaires africaines sont souvent corrélées, mais à un niveau nettement supérieur, à celles des taux de la BCE comme l'indique le graphique n°1 . Sources : BCEAO, BCE. Et nos propres investigations, juin 2008
Alors que le taux directeur en 2001 de la BCE, était de 3,25%, la BCEAO affichait à la même année des taux largement supérieurs (6 et 6,5%). Entre 2004 et 2006, il est préférable d'emprunter sur le marché européen que celui de l'Uémoa. Ceci traduit le coût très élevé du crédit pratiqué par les banques commerciales dans la zone Uémoa. Pendant qu'un ménage européen, en 2004, déboursait en moyenne un peu plus de 2 euros pour un crédit de 100 euros, un ménage américain, 1 dollar pour 100 dollars USA10(*), le ménage ouest africain dépense en moyenne plus de 4,75 FCFA pour un crédit de 100FCFA. L'accès aux différents types de crédit (consommation, immobilier, rentrée scolaire) est relativement limité et réservé à des populations disposant de garanties solides (salariés dont la paie est domiciliée dans les banques et agriculteurs dont la récolte constitue une sûreté réelle). Le reste de la population doit recourir à l'autofinancement (lorsqu'il est possible) ou aux différentes formes de solidarité informelles (familiale, tontine). Cette situation empêche les ménages de réaliser certains besoins primaires tels que l'accès au logement. À titre d'exemple, la demande immobilière estimée à près de 125000 unités en Côte d'Ivoire n'est satisfaite qu'à hauteur de 3 000 unités par an11(*); ceci explique la surliquidité des banques ouest aficaines. On estime que 40%12(*) de l'épargne africaine est replacée dans les circuits extérieurs à l'Afrique. Dans l'ensemble de la zone Uémoa, le besoin s'accentue en raison des difficultés de gestion des organismes publics en charge de la viabilisation de la filière immobilière. La politique monétaire de la BCEAO apparaît beaucoup plus stricte que celle de la BCE, ses taux directeurs étant nettement plus élevés que ceux qui sont pratiqués dans la zone Euro. Par contre, la BCE est beaucoup plus réactive, ayant modifié ses taux à 15 reprises entre janvier 2000 et octobre 2006, alors que la BCEAO n'a infléchi dans le même temps sa politique des taux qu'à 5 reprises. Au sein de la Communauté Economique et Monétaire des pays d'Afrique Centrale, la rigueur pratiquée par la BEAC est encore plus grande que celle affichée par la BCEAO : les taux des Appels d'offre de la BEAC sont pratiquement constamment supérieurs à ceux de la BCEAO. Compte tenu du choix d'un taux de change fixe par les deux unions monétaires africaines pour leurs monnaies ancrées à l'euro, les Banques centrales de ces entités maintiennent en permanence un différentiel d'intérêt positif par rapport aux taux directeurs pratiqués au sein de l'Eurosystème. C'est en quelque sorte la prime de risque à payer pour maintenir les flux de capitaux vers ces pays et limiter au maximum leurs sorties. Dès lors que la crédibilité des politiques mises en oeuvre par les Banques centrales et les gouvernements Africains sera renforcée, les marchés pourront accepter un moindre différentiel. C'est une situation à laquelle ont été confrontées les autorités françaises, notamment durant les quinze années précédant l'instauration de l'euro. Afin de maintenir un franc fort, la Banque de France modulait sa politique monétaire sur celle de la République Fédérale d'Allemagne et maintenait un différentiel d'intérêt positif par rapport aux taux pratiqués par la Bundesbank. Ainsi, la défense de la monnaie a t-elle un prix élevé? Eu égard à l'importance des flux de capitaux, à d'éventuels mouvements erratiques affectant les placements, du fait de la libre convertibilité et transférabilité des capitaux, les Banques centrales des pays émergents doivent être particulièrement vigilantes pour défendre la parité de leur monnaie en régime de taux de changes fixes. Cela suppose que les politiques économiques de ces pays soient aisément modulables ce qui implique une flexibilité des programmes gouvernementaux donc des, budgets des Etats et des marchés du travail. Dans la lutte contre l'inflation, le marché intérieur constitue alors la variable adaptative. C'est toute l'ambiguïté d'une politique des taux d'intérêt : sur le plan interne, la croissance économique, la lutte contre le chômage nécessiteraient la baisse des taux d'intérêt afin que, eu égard à l'efficacité marginale du capital, les investissements soient favorisés alors que, relativement à l'extérieur, la défense de la monnaie passe par la pratique de taux élevés. C'est cette dernière politique qui l'emporte dès lors que la défense du taux de change est considérée comme prioritaire. D'aucuns, très critiques, ont évoqué le « triomphe de la pensée unique » conduisant à assurer la « défense de la monnaie contre l'emploi ». Ce sont ces répercussions internes que permet d'éviter le flottement des monnaies, surtout lorsqu'il n'est pas encadré. Il restaure certes l'autonomie des politiques économiques et monétaires nationales, du moins tant que la chute de la monnaie sur les marchés des changes ne propulse pas le prix des importations à des niveaux exorbitants. De plus, ce régime présente l'avantage de décourager la spéculation. Toutefois, des importations incompressibles, par exemple de matières premières, de pétrole dont les prix flambent sur les marchés internationaux sont encore renchéries par la faiblesse des monnaies nationales. La structure des échanges extérieurs représente donc une des variables à prendre en compte lors du choix d'un régime de change. La volonté de brider la création monétaire a conduit les Etats africains de la zone franc à fixer un taux de couverture extérieur minimal de 20%, en d'autres termes 20% de la base monétaire doivent être couverts par des réserves de changes. En fait, les Banques centrales des unions monétaires africaines dépassent largement ce seuil. A fin décembre 2005, la couverture extérieure atteignait 120% dans l'Uémoa, 86% dans la Cémac13(*) mais, la libre transférabilité des capitaux, représentant un risque de retournement de tendances, fait toujours peser une épée de Damoclès sur les pays s'étant engagés à défendre la fixité de leurs taux de changes. 2-1-1-2 Les conséquences de l'arrimage du franc CFA sur l'euro dans la zone Uémoa. L'inflation paraissait éradiquée en 2004 dans les unions monétaires africaines. Elle a certes redémarré fortement en 2005 et s'accentue en 2008. Les prix à la consommation ont flambé dans la Communauté Economique et Monétaire des Etats d'Afrique Centrale et surtout dans l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine mais le contraste est frappant avec le véritable dérapage des prix observé globalement dans les pays de l'Afrique Subsaharienne. Mais en 2006, il est à observer le contraire dans ces zones. Dans tous les cas, le taux d'inflation est moindre dans la zone franc que partout ailleurs en Afrique subsaharienne. Cette inflation moindre est d'abord le résultat de l'ancrage nominal des francs CFA à l'euro. Les pays de la zone franc bénéficient ainsi de la modération de l'inflation au sein de la zone euro, qui limite la hausse des prix des importations en provenance de la zone-ancre, et de la stabilité de leur monnaie, qui contribue à contenir le coût des importations, notamment énergétiques, venant du reste du monde. Cette corrélation se confirme en 2008 où le taux d'inflation dans la zone euro est de l'ordre de 3,3% en juin. On assiste systématiquement à la flambée des prix dans la zone Uémoa Tableau n°1: Variation des prix à la consommation
Sources : FMI, Banques centrales (Rapport Zone franc-Banque de France-2005, 2006).
Sur le plan de la lutte contre l'inflation, il importe que le lien entre les trésors publics et les Banques centrales des pays Africains membres de la zone franc soient rompus, ce à quoi se sont engagées, en 1998, l'Uémoa et, en 2001, la Cémac. Contrairement à l'Union européenne, les pays de la zone franc n'en avaient pas fait une condition sine qua non à l'instauration de leur monnaie unique. Symboles de la « planche à billets », les avances statutaires aux trésors publics nationaux persistent, ce qui manifestement exerce une influence inflationniste, les dépassements des plafonds étant frappés de taux de pénalités. A noter que les pays en développement, et plus particulièrement l'Afrique dans son ensemble, ont réalisé une croissance, certes dans l'inflation, mais nettement supérieure à celle des pays africains dotés d'une monnaie unique. Toutefois, la crise alimentaire qui menace l'Afrique dans sa globalité n'est pas qu'un fait de la hausse des prix des matières premières et des produits alimentaires mais aussi due à la hausse sans cesse du prix du baril de pétrole car, la plupart des pays africains sont des importateurs nets de pétrole. Tableau n°2: Croissance du PIB dans l'Uémoa
Sources : FMI, Banques centrales (Rapport Zone franc-Banque de France-2005, 2006).
Des taux d'intérêt directeurs fort élevés entravent la croissance, les banques commerciales répercutant le coût de leur refinancement en monnaie centrale sur les taux d'intérêt débiteurs facturés à leur clientèle. Cependant, tout ne peut être ramené aux cours des monnaies et aux régimes de changes, même si la stabilité des taux de change favorise le commerce international des deux unions monétaires avec les pays de la monnaie-ancre, l'euro, et avec les pays tiers. Indépendamment de ces facteurs monétaires, la croissance est tributaire des aléas de la production de l'agriculture vivrière et de rente, des activités industrielles et des cours internationaux. C'est l'exemple, des performances de la Cémac en 2004 où la croissance de son PIB est fortement liée aux fluctuations de la production de pétrole de cinq de ses Etats membres : Guinée Equatoriale, Gabon, Congo, Tchad, Cameroun. L'augmentation exceptionnelle de près de 25% de la production de pétrole dans la zone Cémac, en 2004, a donc propulsé son taux de croissance cette année là. A l'inverse, la croissance de l'Uémoa est affectée par sa dépendance énergétique et le renforcement de la facture des importations pétrolières. Le processus d'intégration des pays de la zone franc s'avère laborieux. C'est ce que constate le rapport de la Banque de France sur la zone franc en 2005, à propos des difficultés rencontrées par les pays de la zone franc pour respecter les critères de convergence de premier rang14(*) que ce soit dans l'Uémoa, ou dans la Cémac. A posteriori, les unions étant réalisées, la mise en oeuvre des politiques nécessaires pour assurer le respect des critères de convergence se trouve confrontée à bien des difficultés. Le président ivoirien Laurent Gbagbo n'a-t-il donc pas vu juste en déclarant: «L'intégration africaine, c'est un slogan vide, il faudrait qu'on le remplisse »15(*). Parlant de la monnaie, il souligne que c'est le socle de la circulation des marchandises en rappelant que, « il faut un véritable débat sur la monnaie et les infrastructures, c'est ça l'intégration ». Les infrastructures dont il s'agit, concernent, la politique énergétique de la zone Uémoa, les infrastructures routières, les chemins de fer, l'accès aux soins sanitaires, la politique éducative de l'union et le réseau de mobilisation des capitaux pour attirer les investissements. 2-1-2 Principales caractéristiques du réseau bancaire de l'Union Le paysage bancaire , depuis 1990, dans la zone Uémoa a connu beaucoup de modifications et ceci, grâce à la libéralisation du secteur. Ainsi, après la crise des années 80, la plupart des banques étatiques, d'ailleurs en faillite, ont laissé place aux banques privées. En 1999, sept grands groupes étrangers ou régionaux dominaient le réseau bancaire de l'Uémoa à travers 39% des banques en exercice représentant un peu plus de 60% des bilans cumulés des banques de l'Uémoa16(*). L'environnement bancaire de la zone Uémoa fut donc caractérisé par un système bancaire qui regroupait en 2005, 92 banques et 22 établissements financiers en activité dont 12 banques et 2 établissements financiers au Bénin, 11 banques et 5 établissements financiers au Burkina Faso, 17 banques et 2 établissements en Côte-d'Ivoire, seulement 3 banques en Guinée Bissau, 12 banques et 4 établissements au Mali, 10 et 2 établissements financiers au Niger, 17 banques et 3 établissements financiers au Sénégal et, 10 banques et 4 établissements financiers Au Togo. Au cours de l'année 2006, le réseau bancaire de l'Uémoa a poursuivi sa consolidation, à un rythme moins accéléré qu'en 2005. Le mouvement de diversification du paysage bancaire de l'Union s'est également maintenu, avec l'agrément d'une nouvelle banque spécialisée. Ainsi, quatre nouveaux agréments ont été accordés au cours de l'exercice 2006, à trois établissements bancaires et à un établissement financier, à travers la procédure d'installation par agrément unique. Parallèlement, les agréments de deux établissements financiers ont été retirés au cours de la période. Le tableau n°3 ci-dessous illustre très bien cette évolution du réseau bancaire dans la zone Uémoa : Tableau n°3: Répartition des établissements de crédit par pays dans la zone Uémoa
NB: P1= guichets permanents P2= guichets périodiques * sur la base des arrêtés d'agréments ou retraits d'agréments ** Données provisoires Source: BCEAO, rapport annuel 2006 Par pays, le réseau bancaire a été marqué par les évolutions ci-après : - au Bénin, l'agrément a été retiré à Equipbail Bénin, à la suite de la fusion par absorption de cet établissement financier par Crédit Africain. Par ailleurs, les dirigeants ont décidé de modifier la dénomination sociale de la société absorbante, en Equipbail Bénin, avec une extension de ses activités à l'ensemble des catégories d'opérations réservées aux établissements financiers du premier groupe ; - en Côte d'Ivoire, un agrément en qualité de banque a été accordé à la société Bridge Bank Group - Côte d'Ivoire (BBG-CI) ; - en Guinée-Bissau, le Groupe Ecobank Transnational Incorporated (ETI), dans le cadre du renforcement de sa présence dans l'Uémoa, a ouvert sa huitième filiale, avec l'agrément accordé à Ecobank Guinée-Bissau ; - au Sénégal, le nombre d'établissements de crédit s'est accru avec l'agrément de la Banque Régionale des Marchés (BRM) et l'autorisation accordée à la Société Africaine de Crédit Automobile (SAFCA) Côte d'ivoire, pour l'ouverture d'une succursale au Sénégal dans le cadre de la procédure d'agrément unique ; - au Togo, le nombre d'établissements financiers a été ramené à trois , avec le retrait de l'agrément de la Société Togolaise de Crédit Automobile (STOCA), à sa demande. Par ailleurs, la Commission Bancaire de l'Uémoa a, lors de sa session du 27 décembre 2006, donné un avis conforme favorable à la demande d'agrément, en qualité d'établissement financier, de la Société Financière de Garantie Interbancaire du Burkina (SOFIGIB). Toutefois,le taux de bancarisation dans l'espace Uémoa est très faible et compris entre 3 et 7%17(*) alors qu'il avoisine 99% dans certains pays et se situe à 50 ou 60% dans les pays du Maghreb. En effet, bien que la représentation du réseau bancaire soit très inégale d'un pays à un autre avec des différences allant du simple au décuple, sur toute la zone, il y a en 2006, un guichet pour près de 103.448 habitants couvrant une superficie de 5029 km2 contre, un guichet pour 116.000 habitants pour 5917 km2, il ya sept ans en arrière. Implantées en majorité dans les grandes villes, les banques s'intéressent principalement aux entreprises et filiales des sociétés étrangères. La présence importante des banques étrangères pour la plupart françaises mais également belges, américaines et libyennes dans l'Union est à ce point illustratif. Pour les chefs d'entreprise des différents pays de l'union interrogés dans le cadre des enquêtes sur le climat de l'investissement (ICA ou Investment Climate Assessment) de la Banque mondiale (2006), la contrainte financière est systématiquement citée parmi les principaux goulets d'étranglement freinant leurs activités18(*). En l'absence de données des banques centrales, il est difficile d'avancer un taux de bancarisation des entreprises du secteur formel. Toutefois, une estimation indirecte peut être faite via le pourcentage de firmes ayant simplement une autorisation de découvert ou une ligne de crédit en cours : 27,5 % au Bénin, 43,4 % au Mali et 57,8 % au Sénégal (ICA, 2006). Dans quatre pays (Bénin, Mali, Niger et Sénégal), les chefs d'entreprise interrogés identifient précisément l'accès au financement et son coût comme deux contraintes majeures au développement de leur entreprise comme l'indique le graphique n°2. Ces contraintes d'accès aux ressources de financement sont souvent citées avant d'autres obstacles structurels tels que l'énergie, la fiscalité et les pratiques anticoncurrentielles. La contrainte financière est plus fortement ressentie par les chefs d'entreprise des pays membres (et africains en général) que dans les autres régions du monde. Ceci s'explique d'ailleurs par les conditions de banque appliquées par les établissements de crédit à leurs clients(voir annexes). Graphique n°2: Part des chefs d'entreprises faisant des containtes financières, un obstacle majeur à leur activité tinSource: Banque mondiale, 2006ep
Toutefois, elle est perçue avec une acuité variable selon la nationalité, le secteur d'activité et la taille de l'entreprise. Les contraintes d'accès au financement sont avant tout exacerbées pour les investisseurs locaux, les étrangers trouvant plus facilement des solutions (graphique 3). Graphique n°3: La perception des contraintes financières selon la nationalité de l'entreprise Source: Banque mondiale, 2006 Pour corriger cet état de choses, le Conseil des ministres de l'économie et des finances des pays membres de l'Uémoa ont demandé à la BCEAO de mettre en oeuvre les moyens et mesures pratiques pour atteindre un taux de bancarisation de 20% d'ici à 2010. En plus des aspects juridiques et institutionnels, les responsables de la banque centrale ont décidé de mener une vaste campagne de sensibilisation envers les populations de l'espace. Dans ce cadre il y a beaucoup de progrès à faire au plan juridique et des concertations impliquant toutes les structures bancaires ont été effectuées pour aboutir à des résultats consensuels. Selon les responsables de la BCEAO il y a plusieurs facteurs socio-économiques bloquant un taux important de bancarisation notamment la crise du système bancaire des années passées qui avait engendré une sérieuse perte de crédibilité, le faible revenu des populations, l'analphabétisme, la méconnaissance du système bancaire, l'éloignement des structures, les longues procédures, les coûts élevés de service et souvent aussi le manque d'information. Quelles sont les conséquences, de la faible bancarisarion et l'inaccessibilité massive des ménages ouest africains aux crédits, sur l'immobilier en zone Uémoa? 2-2 Le marché de l'immobilier en zone Uémoa La structure organisationnelle du marché de l'immobilier dépend des politiques de financement du logement, des acteurs présents sur ce marché et le prix de la pierre dans les différents pays de l'union. 2-2-1 Financement du logement en zone Uémoa La polilique de financement du logement dans la zone Uémoa varie d'un pays membre à un autre. Très peu de stratégies nationales du logement sont conçues comme cadre de référence de la politique nationale en matière d'habitat dans les pays membres de l'union. Au Mali par exemple, le manque de logement est considéré comme une dimension de la pauvreté dans le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté. Dans la plupart des économies africaines, le système bancaire ne contribue que marginalement au financement du logement. En l'absence de moyens de financement adaptés, et notamment sans possibilité d'emprunts remboursables sur une longue période, les ménages urbains, à l'exception des plus aisés d'entre eux, sont condamnés à des conditions d'habitation difficiles : surpeuplement, exiguïté, précarité des constructions ou manque de confort et d'équipements sanitaires. Parmi les facteurs qui s'opposent jusqu'ici au développement du crédit au logement, la difficulté d'adosser des prêts à long terme sur des ressources de durée équivalente est un obstacle majeur. Même s'il ne s'agit pas d'attendre du marché des capitaux qu'il finance la totalité des encours, les prêteurs potentiels refusent, à juste titre, d'immobiliser leurs bilans et de fixer des taux d'intérêt s'ils n'ont pas l'assurance de pouvoir se couvrir, si besoin est, contre les risques correspondants19(*). Des circuits de financement publics ont bien été créés pour pallier cette carence, mais ils s'accompagnent de coûts sociaux généralement élevés et contournent, plus qu'ils ne règlent, les contraintes qui affectent la collecte de ressources. Les difficultés de mobiliser celles-ci sur le marché des capitaux tiennent en partie à des problèmes d'échelle: base d'investisseurs trop étroits, infrastructures lacunaires, marché hypothécaire primaire n'ayant pas atteint une taille critique, coûts de transaction dissuasifs, etc.... Or l'existence d'une union monétaire et d'un marché financier régional est un atout considérable à cet égard. Il est important de capitaliser sur sa dimension, ainsi que sur l'existence d'un cadre juridique homogène, notamment en matière de droit des sûretés. Par ailleurs, comme le montrent de nombreuses expériences à travers le monde, la disponibilité pour les investisseurs d'instruments de placement sécurisés et à long terme garantis par des créances hypothécaires peut jouer un rôle moteur dans le développement du marché financier. Ainsi, dans le cadre de la promotion de l'habitat dans la zone Uémoa, il fut mis sur pieds dans chaque pays des banques spécialisées dans le financement du logement; c'est le cas de la banque de l'habitat dont l'objectif est de permettre aux ménages d'avoir accès aux capitaux nécessaires à la construction de leurs logements. Mais dans la réalité, seuls les plus aisés pouvant exhiber une garantie solide peuvent bénéficier d'un prêt; les ménages pauvres et vulnérables n'y parviennent pas. Le graphique n°4 suivant, illustre très bien la situation d'octroi de crédits par ces banques au sein de l'Uémoa. Il ressort que très peu de demandes de crédit immobilier sont satisfaites dans la zone uémoa. Source: Nos propres investigations, juin 2008 Par pays, la situation se présente comme suit: Au Bénin, sur près de 110000 demandes de crédit immobilier formulées, seulement 1000 demandes sont satisfaites soit un taux de satisfaction de 0,9%. L'investissement immobilier institutionnel est quasi inexistant, le secteur bancaire encore trop frileux et renaissant de ses cendres depuis 1990. A Cotonou, « quand le bâtiment va... rien ne va ! »20(*). Le marché immobilier, avec son éclat actuel, devient un frein au développement local alors qu'il pourrait être au contraire un formidable levier. Ces dernières années, la production immobilière officielle s'est résumée à quelques opérations: la cité Vie Nouvelle, la cité Houéyiho21(*), les immeubles de l'OBSS, les lotissements de la Francophonie. Ce tableau peu glorieux est dû à la rareté historique des crédits immobiliers. Les taux pratiqués par la défunte BBD (Banque Béninoise de Développement) étaient si élevés que peu de béninois pouvaient y avoir accès. La faillite du secteur bancaire étatique, liée entre autres à la mauvaise gestion, aux prêts de complaisance etc.., n'a non plus permis le développement des emprunts immobiliers. Suite à une douloureuse restructuration du secteur bancaire, entamée en 1990, de timides initiatives se mettent en place : l'Eco Bank a créé un système d'épargne logement, suivie de la Bank of Africa, de la Financial Bank et de la Continental Bank, pour ne citer que celles qui affichent une stratégie claire en faveur de l'immobilier destiné aux particuliers. Mais les conditions d'éligibilité aux prêts sont encore draconiennes (de lourdes garanties sont exigées par exemple). De fait, l'essentiel de la production immobilière est encore réalisé grâce à l'autofinancement. Au Burkina, le taux de satisfaction de demande de crédit immobilier est de 1,73%; au Sénégal, il est estimé à 2,28%. La Côte d'Ivoire (2,4%) et le Mali (3,82%), sont les pays de l'union qui présentent un fort taux d'octroi des crédits immobiliers. En effet, le Mali, dans sa politique de logement, a créé l'office malien de l'habitat et des cadres institutionnels, juridiques et financiers pour favoriser l'accessibilité des maliens à la propriété immobilière. C'est alors qu'il a été créé en collaboration avec le Canada, le Fonds de Garantie Hypothécaire du Mali ( FGHM), qui en 4 années d'existence, a déjà procédé à l'émission de plus de 11 milliards d'engagements cumulés22(*). C'est un fonds agréé par la BCEAO en septembre 2000 dont la mission consiste à appuyer les banques et autres établissements financiers de leurs activités de crédit hypothécaire. Le manque ou l'insuffisance de politiques de financement du logement ne peut rester sans conséquences sur le prix de l'immobilier dans les pays de l'union. 2-2-2 Le prix de l'immobilier en zone Uémoa Le prix de l'immobilier, à l'instar du reste du monde, a connu une hausse rapide en Afrique de l'Ouest. En moins d'une décennie, le prix du logement s'est accru de près de 25% dans toute la zone Uémoa mais à un rythme moins accéléré qu'en zone euro (environ 65%) et aux Etats-Unis d'Amérique où le prix de l'immobilier a plus que doublé ( graphique n°5). Source: Nos propres investigations, juin 200823(*)
Si au niveau Uémoa et en zone euro, l'évolution du prix du logement est en constante progression voire croissante entre 2000 et 2008, force est de constacter qu'aux Etats-Unis, le prix du logement , ayant connu des années de gloire, baisse au début de l'année 2007 pour s'établir en mars 2008 à un HIP=225. Ceci s'explique par les effets de la crise des subprimes survenue à la suite de l'insolvabilité des emprunteurs due à la dépréciation du prix de l'immobilier. Dans la zone Uémoa, plusieurs disparités sont à noter au niveau du prix de l'immobilier dans chaque pays membres. S'il y a un secteur de l'économie où les prix sont en constante hausse, c'est bien celui de l'immobilier. Sur toute l'étendue de la région de Dakar, la valeur de la pierre s'est accrue en raison d'une demande qui dépasse de très loin l'offre. Une tendance défavorable aux consommateurs puisqu'elle joue sur l'indice des prix affichés sur le marché de l'immobilier et entraîne surtout la spéculation foncière. Et les derniers chiffres des professionnels du secteur confirment la majoration du prix du mètre carré à Dakar en nette progression par rapport aux années précédentes. La raréfaction de l'offre est à l'origine de la hausse et la banlieue n'est pas en reste puisqu'elle n'est pas épargnée par cette fièvre de la pierre. La demande immobilière n'a cessé de grimper ces dernières années, alimentée par une croissance démographique exceptionnelle. En effet, étendue sur une superficie de 550 km2, pour une population de près de deux millions d'habitants, Dakar demeure la région qui absorbe plus d'investissements dans le domaine de l'immobilier. Les chantiers sont certes sur une pente ascendante puisque ce sont 1700 permis de construire qui ont été délivrés par le service régional de l'Urbanisme au cours de l'année 2003-200424(*). Mais, les professionnels sont unanimes à reconnaître la faiblesse de l'offre. Ainsi, le marché de l'immobilier, maintenu sous pression de la demande, reste dynamique, en raison de la persistance de la pénurie de l'offre. Selon M. Thierno Kâne de l'office notarial Moustapha Ndiaye et Aïda25(*) , notaires associés, « le marché de l'immobilier est florissant au regard des transactions qui se font à une vitesse d'autant plus vertigineuse que les Sénégalais investissent beaucoup dans la pierre» . Ce qui explique la flambée des prix, dit-il, c'est que Dakar est dans une position spéciale du fait que c'est une presqu'île. Et il est reconnu, ajoute M. Kâne, partout dans le monde, que chaque fois qu'on est dans cette position géographique ou dans une île, les prix ont tendance à monter à cause du manque d'espace. « Cette situation est causée par l'éxiguïté de la capitale, ce qui fait que l'offre ne peut être satisfaite, car chacun veut avoir une maison dans la capitale, y compris les Sénégalais de l'extérieur », renchérit Dib Daou Guèye de l'agence immobilière Marega. Si le mètre carré s'achète au Plateau( l'un des quartiers urbains de Dakar) entre 400.000 et 500.000 FCfa dans l'ancien, le neuf coûte entre 800.000 et 1.100.000 FCfa. Il se vend par contre aux Almadies entre 100.000 et 120.000 FCfa, au point E entre 90.000 et 100.000 FCfa, à la Liberté 6 et dans le secteur de la Voie de dégagement Nord (Vdn) entre 70.000 et 80.000 Fcfa. Donc, si par exemple un acquéreur veut payer un terrain de 15 m sur 15 qui mesure en réalité 300 mètres carrés au centre ville, il devrait débourser entre 120.000.000 et 150.000.000 millions de FCfa dans l'ancien et entre 240.000.000 et 330.000.000 millions de Fcfa dans le neuf. La banlieue n'est pas épargnée par cette tension des prix. Ces quartiers qui étaient, autrefois, honnis et méprisés par les consommateurs parce que considérés comme excentrés par rapport au centre ville connaissent aujourd'hui une hausse phénoménale des prix qui déjoue tous les pronostics. Et banalement, les parcelles qui étaient vendues à moins d'un million cinq cent mille francs Cfa, il y a quelques années, ont pratiquement atteint des proportions historiques de l'ordre de 7 à 15 millions de Fcfa. Contrairement au Sénégal, à Bamako, le mètre carré dans les zones urbaines est estimé à 33.500F CFA ( ACI - AIS -mars 2006). À la périphérie de Cotonou, le foncier a longtemps été majoritairement détenu par les ruraux (chefs de villages, chefs coutumiers, chefs de famille...). Mais la multiplication des transactions dans les années 1980 a peu à peu transféré cette propriété aux citadins. Depuis, les mutations s'effectuent majoritairement entre citadins, par un processus de revente des biens acquis quelques années plus tôt. Cette évolution s'est répercutée sur la taille des parcelles vendues, en forte diminution, alors que les prix au m2 observent la tendance inverse. À Cotonou, le prix du terrain à bâtir dépend de plusieurs facteurs: la plus ou moins grande proximité des quartiers centraux; la relative rareté des terrains constructibles ; la présence ou non en zone inondable ; l'accessibilité du site, notamment en saison pluvieuse ; l'urgence des besoins du vendeur26(*)... Ainsi, le prix au mètre carré varie entre 3.000 et 30.000 F CFA. Au fil des années, cette valeur a considérablement évolué. A la périphérie de Cotonou, une parcelle de 600 m2 vendue à 150. 000 F CFA en 1974, vaut aujourd'hui 15.000.000 F CFA. Dans certains quartiers centraux ou ceux du péricentre aisé, la progression est encore plus spectaculaire : de 10.00000 à 25.000.000 F CFA sur la même période. Dans certains quartiers de Cotonu comme Saint-Michel, Cadjehoun ou Gbégamey, le prix des terrains à bâtir oscille entre 10 et 16 millions de F CFA. C'est donc en périphérie nord que les classes sociales modestes doivent reporter leur choix. Or, il faut compter en moyenne entre 3 et 5 millions de F CFA pour l'acquisition d'un terrain constructible à Godomey et calavi, rapporté au salaire minimum (27150 F CFA)27(*), il apparaît que cet espace est encore inaccessible à une large majorité de Cotonois. La solution revient donc à convoiter des zones périurbaines non loties. Ici, la régularisation du parcellaire, à travers les procédures de lotissement initiées par l'État, entraîne un renchérissement de 5 à 7 fois la valeur des terrains. Certains propriétaires modestes sont alors tentés par la revente de leur bien. Pour les autres, l'acquisition d'un terrain à bâtir n'est plus envisageable qu'au-delà de cette première couronne périurbaine, dans des espaces néo-ruraux (Akassato Sèmè-Pkodji...). On assiste donc à une substitution quasi constante de la population, avec un rejet de plus en plus important des couches sociales modestes au-delà des limites de la cité28(*). Le prix du foncier joue un rôle de filtre social, aux mailles si fines qu'il conduit à une stratification socio-spatiale importante : les types d'habitats à Cotonou ne sont que l'expression de cette forte ségrégation. Au Burkina, le gouvernement corrige cet état de choses en initiant le programme 10.000 logements. Il consiste à faciliter l'accès aux populations à faibles revenus à la propriété immobilière. Mais ce programme ne concerne que les salariés du public et du privé. Le prix de l'immobilier dans la zone Uémoa, ne cesse d'augmenter en dépit de la crise des subprimes qui a secoué le marché financier aux Etats-Unis et en Europe. Peut on donc affirmer que cette crise touche aussi le marché régional des valeurs mobilières de l'Afrique de l'Ouest? Dans la partie à suivre, nous essayerons d'analyser les conséquences de la crise des subprimes sur ce marché. 2-3-Manifestation de la crise en Afrique de l'ouest La consommation des ménages de la zone Uémoa présente un aspect contrasté. Le graphique n°6 ci-après traduit la proportion des dépenses des ménages notamment celles alimentaires dans leur budget entre janvier 2007 et janvier 2008. A revenus constants et quantités de biens consommés constantes voire inférieures, les ménages des pays membres de l'Uémoa consacrent de plus en plus une grante partie de leur revenu à la consommation des biens alimentaires. Ceci s'explique par l'envolée des prix des produits alimentaires observée à la suite de la crise des subprimes. Au Bénin par exemple, malgré les dispositions prises par le gouvernement, les prix ne cessent de grimper chaque jour. Le ménage béninois consacre en janvier 2008, 60% de son budget aux dépenses alimentaires contre 35% il y a un an. Quant au ménange burkinabé, il dépense en janvier 2008 70% contre 30%. Les dépenses alimentaires y occupent une grande proportion. La Côte d'Ivoire et le Sénégal demeurent les pays de l'union où la vie est très chère. Mais cette chèreté de la vie n'épargne aucun pays. Des manifestations, contre la vie chère, s'observent partout dans la zone Uémoa. Graphique n°6: Dépenses alimentaires des ménages Uémoa dans le Budget
Source: Nos propres investigations à partir des données de la commission de l'Uémoa, juin 2008 La hausse des prix des produits alimentaires est due selon certains spécialites à la crise des subprimes et selon d'autres, à la production des biocarburants. En effet, le krach financier qui a éclaté durant le courant de l'été 2007 a conduit bon nombre de gros opérateurs boursiers à jeter leur dévolu sur de nouveaux produits pour tenter de se refaire une santé à la hauteur des formidables plus-values réalisées pendant des années en misant sur l'immobilier états-unien et ses dérivés titrisés (transformation des traites des petits accédants à la propriété en titres boursiers échangeables). L'éclatement de la bulle financière accumulée dans ce secteur débouche sur la recherche frénétique de valeurs capables de rapporter très vite, au moins aussi gros, pour pouvoir se renflouer. C'est ainsi que les regains de tensions sur la demande de matières premières devraient déboucher «au pire sur des hausses de cours de 10% à 20%», souligne l'économiste états-unien Richard Smith. Or, en un an, le prix du riz a triplé, celui du maïs a augmenté de presque 200%, le blé de plus de 50% et le baril de brut de plus de 90% (pour une demande d'or noir, soit dit au passage, qui n'a crû, elle, que de 1,5% sur la période). Il s'est ainsi formé de véritables bulles spéculatives sur le pétrole et d'autres produits de base. Une récente enquête, réalisée à la demande de parlementaires états-uniens, montre que plus de 71% des échanges sur le marché à terme du pétrole de New York (le Nymex) sont d'origine spéculative. Les grandes banques centrales, loin de dissuader la spéculation, l'ont au contraire encouragée. Ce sont elles qui ont fourni aux opérateurs les moyens de «se refaire» sur les matières premières afin d'éponger à bon compte les pertes issues de l'immobilier en crise. Pour sauver les principaux acteurs du système et en particulier les plus gros établissements bancaires, impliqués à fond dans les subprimes, la Réserve fédérale des États-Unis et la Banque centrale européenne (BCE) ont en effet injecté, depuis août 2007, plus de 1000 milliards de dollars de liquidités sur les marchés. La consommation des ménages, socle de la croissance étant donc sérieusement affectée, les entreprises tournent au ralenti car n'arrivent plus à écouler les biens et services produits pour réaliser de nouveaux investissement. 3- CONSÉQUENCES DES SUBPRIMES SUR LA BOURSE RÉGIONALE DES VALEURS MOBILIÈRESL'on ne peut mieux appréhender les conséquences des subprimes sur la bourse régionale des valeurs mobilières en Afrique de l'Ouest, sans s'intéresser au marché financier de l'Uémoa, à son mode organisationnel et à ses mécanismes de fonctionnement. 3-1 Analyse et fonctionnement du marché financier de l'Uémoa 3-1-1 Organisation du marché financier Institué en 1996 par la convention portant création du conseil régional de l'épargne publique et des marchés financiers , le marché régional financier de l'Uémoa, est un marché réglémenté, continu et dirigé par les ordres d'achat et de vente de titres. Premier du genre au monde, ce marché régional est un marché que partage les huit Etats membres de l'union. C'est un marché bien structuré et organisé. En effet, le marché financier de l'Uémoa est composée du Conseil Régional de l'épargne publique et des marchés financiers (CREPMF)29(*) qui est une autorité de marché pour la réglementation. Il a en ce sens, pour rôles de contrôler les différents acteurs du marché, les agrée à travers des cartes professionnelles et protège ceux qui vont sur ce marché. Ses modes d'intervention sont également des contrôles périodiques dans les sociétés de gestion et d'intermédiation (SGI) pour vérifier si les opérations sont bien faites. La bourse régionale des valeurs mobilières est également l'une des composantes du marché financier de l'Uémoa. C'est un organe clé du marché qui s'occupe essentiellement de la cotation des titres sur le marché; c'est une entreprise de marché qui assure la confrontation des ordres. Elle s'occupe aussi de la promotion de la bourse dans les Etats de la sous-région. Cela se fait par les antennes nationales de la bourse dans les pays membres de l'Uémoa et par la publication du bulletin officiel des cours de bourse. Le troisième organe du marché est le dépositaire central/ banque de règlement (DC/BR). C'est une banque qui garantit le règlement de l'ensemble des transactions. En effet, situé dans les mêmes locaux que la bourse, le dépositaire central/banque de règlement s'occupe de la compensation des titres sur le marché.
3-1-2 La BRVM et son fonctionnement. Créée en septembre 1998, la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) est une société anonyme disposant d'un capital de 2.904.300.000 francs CFA. C'est une bourse entièrement électronique. Le Site Central, situé à Abidjan, assure les services de cotation, de négociation ainsi que les services de règlements/livraison de titres. A partir des postes de travail installés dans leurs locaux ou de ceux situés dans les Antennes Nationales de Bourse des pays de l'Union , les agents des Sociétés de Gestion et d'Intermédiation (SGI) peuvent soit saisir les ordres de bourse et les transmettre au Site Central via le réseau satellite, soit consulter et éditer les résultats de cotation, consulter les informations statistiques du marché et du Dépositaire Central puis obtenir la diffusion des informations ( voir schéma 2 ci-après). Les principes retenus pour la mise en place du marché
boursier de la BRVM obéissent à la fois au souci de
conformité aux standards internationaux et à celui de son
adaptabilité à l'environnement socio-économique de
l'Uémoa. L'égalité quant à l'accès à
l'information, au traitement des investisseurs, au coût d'accès au
réseau, quel que soit le lieu d'implantation de l'opérateur
économique forment les points cardinaux: - Trois séances hebdomadaires de bourse avec deux cotations au "fixing" (cours unique obtenu par confrontation des ordres d'achat et de vente). Les séances évolueront rapidement vers une séance quotidienne pour atteindre des séances de cotation en continu; un marché au comptant avec un dénouement glissant des transactions, qui permet aux opérateurs de connaître avec précision la date à laquelle ils devront faire face à leurs engagements. Lors de son démarrage, la BRVM a retenu un dénouement des transactions à J+5 (jour de négociation plus 5 jours ouvrés) qui doit évoluer vers les préconisations internationales en la matière, soit un dénouement à J+3; - Des transactions garanties, grâce à la mise en place d'un Fonds de Garantie du Marché alimenté par les SGI pour pallier une éventuelle défaillance; la conservation et la centralisation des titres par un Dépositaire Central/Banque de Règlement et leur circulation exclusive sous une forme dématérialisée. Schéma n°2: Mécanisme de fonctionnement de la BRVM Client acheteur Client vendeur SGI SGI BRVM Site central ANB ANB Source: Nos propres investigations, juillet 2008 La Bourse Régionale des valeurs Mobilières dispose, pour le démarrage de ses activités, de deux compartiments pour les actions et d'un compartiment unique pour les emprunts obligataires. Pour être admise au Premier Compartiment, la société doit répondre aux conditions suivantes30(*): - Présenter une capitalisation boursière égale ou supérieure à 500 millions de francs CFA; - Avoir une marge nette sur chiffre d'affaires sur chacune des trois dernières années de 3% ; - présenter 5 années de comptes certifiés; - s'engager à signer un contrat d'animation de marché; - diffuser dans le public au moins 20% de son capital, dès l'introduction en bourse; - s'engager à publier les estimations semestrielles de chiffre d'affaires et les tendances de résultats; Au Second Compartiment, l'admission de la société est soumise aux conditions suivantes: - présenter une capitalisation boursière égale ou supérieure à 200 millions de francs CFA; - présenter deux années de comptes
certifiés; Le compartiment obligataire (titres de créance) est accessible aux emprunts obligataires dont le nombre total de titres à l'émission est supérieur à 25.000, et représentant un montant nominal au moins égal à 500.000.000 francs CFA. L'admission à la Bourse est l'ultime maillon de la chaîne de financement pour les entreprises. Elle constitue une décision stratégique à long terme qui nécessitant une bonne préparation. L'inscription d'une société à la cote de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) est subordonnée à la satisfaction des conditions suivantes: - être constituée sous la forme de société anonyme ; - l'engagement écrit de l'émetteur de diffuser les informations requises par la Bourse, notamment la publication des comptes annuels au Bulletin Officiel de la Cote et de participer à l'organisation du marché ; - l'engagement écrit de l'émetteur de se soumettre à la réglementation de la BRVM. Pour demander son inscription à la cote de la BRVM, la
société candidate doit mandater une Société de
Gestion et d'Intermédiation (SGI) qui l'assistera et la conseillera. Une
fois le dossier de demande complet reçu, La Bourse Régionale
décide de l'admission de la société, et transmet une copie
du dossier au Conseil Régional de l'Epargne Publique et des
Marchés Financiers pour l'avis requis. La société
cotée a entre autres: - l'organisation des assemblées annuelles des actionnaires, etc.; - l'information à la Bourse et au public de tout fait nouveau ou modification susceptible d'influer de manière significative sur le cours de ses titres. Aujourd'hui, on dénombre 38 sociétés de
l'Union cotées à la BRVM. La Côte d'Ivoire détient
la grande partie de ces sociétés. Afin de mieux défendre
leurs intérêts, ces sociétés se sont
constituées en association (le club des sociétés
cotées en bourse) pour exiger l'assouplissement de certaines de leurs
conditions d'exercice telles que l'allègement de la fiscalité des
entrprises cotées à la bourse au regard du rôle clé
qu'elles jouent sur le marché. - le BRVM Composite, constitué de toutes les valeurs admises à la cote; - le BRVM 10, composé des dix sociétés les plus actives du Marché. La formulation et les critères de sélection du BRVM Composite et du BRVM 10 s'inspirent des principaux indices boursiers du monde, tout particulièrement de l'indice FCG, de l'International Financial Corporation, société affiliée à la Banque mondiale. La formule des indices tient compte de la capitalisation boursière, du volume de transactions par séance et la fréquence des transactions. En outre, seules les actions ordinaires sont retenues pour le calcul des indices. Par ailleurs, la notion de liquidité occupe une place fondamentale dans la sélection des valeurs composant l'indice BRVM 10. En effet pour chacune d'entre elles ; le montant quotidien moyen des transactions au cours des trois mois précédant la revue trimestrielle ne doit pas être inférieur à la médiane des montants quotidiens moyens des transactions de l'ensemble des titres; la fréquence des transactions doit être toujours supérieure à 50% et le titre doit transiger au moins une fois sur deux, durant la période d'étude de trois mois31(*). Les indices sont automatiquement générés par le système de négociation de la BRVM et diffusés après chaque séance de négociation. Par ailleurs, le BRVM 10 est révisé quatre fois par année (le premier lundi de janvier, avril, juillet et octobre ) et le BRVM Composite après chaque nouvelle inscription à la cote, de manière à être adaptés à l'évolution du Marché Financier Régional. La nouvelle composition BRVM 10 entre le 1er octobre 2007 et le 31 décembre 2007 se présente comme suit: Tableau n°4: Composition de l'indice BRVM 10 au 31 décembre 2007
Source: Lettre mensuelle de CGF Bourse n° 97, octobre 2007
Quels sont les effets de la crise des subprimes qui à secoué la plupart des places boursières mondiales sur l'évolution des indices de la BRVM? 3-2 Les effets de la crise des subprimes sur la BRVM de l'Uémoa L'appréciation des effets de la crise des subprimes qui a contaminé la plupart des places boursières mondiales s'explique par l'évolution des indices boursiers. Ainsi, pour mieux analyser les effets des subprimes sur la BRVM, nous nous intéresserons à l'évolution des indices observés sur ce marché boursier en 2007 à travers un bilan boursier. 3-2-1 Le bilan boursier Il s'agit d'étudier dans cette section, le comportement du marché secondaire, d'analyser de façon globale le marché par secteur afin de faire ressortir les faits marquants de l'exercice boursier 2007. 3-2-1-1 Comportement du marché secondaire La Bourse Régionale des valeurs Mobilières affiche à la fin de l'année 2007 une forte hausse par rapport à l'année 2006. En effet, la capitalisation boursière de l'ensemble des valeurs cotées s'élève à FCFA 3726 milliards au 31 décembre 2007 contre FCFA 2067 milliards au 29 décembre 2006; soit une hausse de près de 80,26%. La capitalisation des valeurs constituant l'indice BRVM 10 s'affiche à FCFA 2893 milliards en 2007 contre FCFA 1626 milliards il y a un an en arrière. Cette embellie de la BRVM est possible grâce aux importantes plus-values réalisées par l'essentiel des titres de capitalisation dont notamment, le PH CI (+347,63%), SIVOM CI (+300%), PALM CI (+240%), UNILEVER CI ( +227,97%) et, SICABLE CI (+200%). L'année 2007 a été à la BRVM, l'année où, le volume d'échanges est le plus important depuis la création de cette bourse régionale. Le volume des échanges a été multiplié par cinq pour un total de 9,79 millions de titres négociés contre un volume de 2,12 millions de titres en 2006. Cette forte activité est due notamment aux importants volumes de transaction observés dans les secteurs «Finance » (principalement sur le titre ETIT) et «Agriculture » ( PALM CI et SAPH CI). La valeur des transactions, renforcée par l'action SONATEL SN, reflète ce dynamisme et s'affiche, au terme de l'année 2007, à FCFA 73,72 milliards contre FCFA 53,23 milliards en fin 2006; soit une progression de 38,49% ( cf annexe 2). Les indices boursiers ont suivi l'évolution du marché et ont affiché , en fin 2007, des valeurs jamais atteintes par la BRVM depuis sa création. En effet, les indices BRVM composite et BRVM 10 ont terminé respectivement en hausse de 77,05% et 71,71%, à 199,45 et 224,85 points alors que sur la plupart des places boursières du monde ( Europe, Etats-Unis, Asie), les principaux indices évoluent à la baisse suite à la crise des subprimes. Cette tendance à la hausse des indices principaux de la BRVM en dépit de leur variation à la baisse au 3ème trimestre de l'année 2007 (voir figure n°7), se poursuit juqu'au 2ème trimestre 2008 où, le 3 juin 2008, le BRVM 10 affiche 285,5 points et le BRVM composite présente un indice de 282,03 points. Cette forte embellie de l'évolution des indices de la BRVM résulte de l'environnement régional apaisé, notamment du retour de la paix en Côte d'Ivoire. Source: Nos propres investigations à partir des données de la BRVM, juillet 2008 Au début de l'année 2007, les indices BRVM 10
et BRVM composite affichaient respectivement 131,03 et 112,7 points avant
d'atteindre en septembre 2007 leur niveau le plus élevé pour une
valeur respective de 222,64 et 197 points. Alors que la plupart des indices des
places boursières européennes, américaines et asiatiques
s'effondrent, la tendance est à la hausse à la BRVM. Selon M.
Macalou32(*), directeur
par itérim de la SGI Mali, «mathématiquement, il n'y a pas
de rapport de corrélation entre nos marchés
financiers ». En effet, le volume des échanges commerciaux
entre le continent africain et le reste du monde est si marginal que
difficilement l'on puisse établir de passerelle entre les deux
phénomènes. Les places boursières américaines,
européennes et asiatiques sont interconnectées, parce que ce sont
les mêmes entreprises (les multinationales) qui opèrent sur ces
différents marchés financiers, qui sont organisés de telle
manière que ces entreprises peuvent être cotées sur chacune
de ces places boursières: c'est la multiple cotation. L'avantage est de
permettre à ces multinationales d'accéder facilement à la
liquidité et à tout moment, en vendant des titres à la
bourse. L'Afrique participe moins à ce flux. La plupart des entreprises
multinationales opérant dans les pays africains sont cotées
ailleurs; donc a priori, il n'y a pas de relation de cause à effet entre
l' économie ouest africaine et la situation actuelle de la crise des
subprimes, encore moins une conséquence directe sur les pays de
l'Uémoa. Cependant les pays africains peuvent être
concernés autrement. La plupart des pays du continent entretiennent des
relations partenariales avec les anciennes métropoles. Notre
monnaie, "le Franc FCFA", est adossée à l'Euro, qui a le vent en
poupe en ce moment tandis que le Dollar chute. La fluctuation des taux de
change entre l'Euro et le Dollar peut affecter la stabilité du
CFA , a expliqué Dieri Baucoum33(*), représentant de la BRVM au Mali. Le marché des obligations quant à lui, enregistre un volume annuel de transaction de 1,02 millions de titres pour une valeur globale de FCFA 10,16 milliards, soit une progression de 59,38% en volume et de 58,75% en valeur par rapport à l'exercice 2006. Le marché est dopé par les volumes d'échanges réalisés sur les lignes « BOAD 5% 2005-2013 », « SHELTER AFRIQUE 6,25% 2003-2012», « CAA BENIN 6% 2007-2012 », et la cotation de cinq nouvelles lignes. Comment évoluent les différents indices sectoriels de la BRVM? 3-2-2 Les indices sectoriels de la BRVM Plusieurs secteurs composent le marché de la BRVM. On distingue entre autres, les secteurs de la finance, du transport, l'agriculture, les services publics, l'industrie, et la distribution. Au cours de l'année 2007, le secteur « finances » reste le secteur le plus dynamique de la BRVM avec 8012353 titres négociés; soit 81,87% du volume global des transactions du marché. C'est en réalité l'action ETIT ( Ecobank Transnational Incorpored ) qui a dopé la performance de ce secteur. En effet, il a été échangé en 2007, 7828559 titres de cette action ; ce qui représente en moyenne 97,71% du volume sectoriel annuel. Malgré ce dynamisme, le secteur «Finances» ne représente que 12,90% (9,51 milliards de Fcfa) de la valeur globale des échanges annuels du marché et, en avril 2008, il est de 28,55%. En effet, le secteur est affecté par la faiblesse du cours de l'action ETIT qui termine l'année 2007 à 510 Fcfa, enregistrant la plus forte baisse annuelle du marché, soit -35,85%. Malgré le fractionnement opéré, en février 2007, sur la base de deux titres nouveaux pour un titre ancien, selon un nouveau cours de référence de 370 Fcfa, le cours de l'action ETI a suivi, après une brève montée, une tendance à la baisse pendant toute l'année 2007, avec une évolution en dents de scie. BICI CI et SGB CI enregistrent des plus values annuelles de 50,56%, à 30 000 Fcfa et 38%, à 27 600 Fcfa, respectivement. Par contre, leurs volumes d'échanges respectifs ne représentent que 0,8% et 1,16% des transactions sectorielles. SAFCA CI offre le rendement le plus élevé du secteur à 9,47% (3,39% en 2006) avec un PER de 7,49 (7,27 en 2006) et a versé, pour le compte de l'exercice 2006, un dividende net de 2 256 Fcfa par action (voir annexe 2). Le secteur « Agriculture » a connu, en 2007, un regain d'activités et a enregistré 1229803 titres échangés, soit 13,28% du volume annuel du marché. le secteur est principalement tiré par le titre PALM CI qui totalise 1 135 872 actions transigées, soit 87,39% du volume sectoriel annuel. Son cours affiche une forte plus value de 240%, à 10 200 Fcfa. Le secteur enregistre également la plus forte hausse annuelle du marché à travers le titre PH CI, soit 347,63%, à 8 505 Fcfa mais le titre ne réalise que 0,34% du volume sectoriel. SOGB CI et SAPH CI gagnent, respectivement, 143,33%, à 29 200 Fcfa et 115,38%, à 28 000 Fcfa. Après un début d'année timide, le secteur «Agriculture» a bénéficié, à la fin du 1er semestre 2007, des effets d'annonce de versement de dividendes (SOGB CI et SAPH CI) mais également des opérations de capital réalisées (absorption de SAIBE par SAPH CI). En avril 2008, ce secteur confirme son dynamisme et présente 133525 titres transigés. SAPH CI a été au cours de ce mois, le titre le plus actif avec 120691 actions échangées soit 90,39% du volume sectoriel. PALM CI quant à lui, enregistre au cours du mois d'avril 2008, la plus value la plus importante du secteur ( 25%), à 20.000Fcfa. Le plan de restructuration et de doublement de capacité dénommé « plan palmier » mis en route par PALM CI depuis mars 2008 a renforcé considérablement la confiance des investisseurs quant au potentiel de rendement de ce titre dans un environnement politico-économique devenu plus stable. Le secteur « Services publics », porté principalement par l'action SONATEL SN, affiche 335 663 titres transigés, soit 3,43% des échanges annuels du marché. 94,53% des transactions du secteur (317 318 titres) ont porté sur la valeur SONATEL SN dont le cours a terminé l'année 2007 en hausse de 92,31%, à 175 000 Fcfa. Du fait de la forte poussée de l'action SONATEL SN, le secteur représente 59,56% de la valeur totale des transactions annuelles du marché. SODE CI et CIE CI, les deux autres composantes du secteur, ont réalisé des gains intéressants de 60,48%, à 9 950 Fcfa et 42,11%,à 13 500 Fcfa, respectivement. Le secteur « Industrie » présente 113 455 titres négociés, soit 1,16% du volume total des échanges comme le montre le graphigue n°8 ci-après: Source: Nos propres investigations à partir des données de la BRVM, juillet 2008 FILTISAC CI a été le titre le plus actif totalisant 36 659 actions transigées, soit 32,31% du volume sectoriel annuel. Le titre termine l'année 2007 en hausse de 78,48%, à 9 950 Fcfa avec un rendement de 4,24%. Le secteur affiche d'importantes plus values à travers les titres UNILEVER CI, SICABLE CI et TRITURAF CI en hausse, respectivement, de 227,97%, à 38 700 Fcfa, 200%, à 24 000 Fcfa et 175%, à 5 500 Fcfa. Le cours de UNILEVER CI a été tiré par la nette amélioration des résultats financiers affichée par la société qui sont passés d'une perte de 10,6 milliards de Fcfa en 2005 à un bénéfice de 6,9 milliards de Fcfa en 2006, soit un redressement significatif de près de 17 milliards de Fcfa. Les performances commerciales publiées par SICABLE CI au 1er semestre 2007 (chiffre d'affaires en hausse de 68,3%, 4,57 milliards de Fcfa par rapport à la même période en 2006) ont contribué à rassurer les investisseurs. Concernant SOLIBRA CI, malgré le fractionnement opéré sur la valeur en avril 2007, sur la base de deux titres nouveaux pour un titre ancien, avec un cours de référence de 117 500 Fcfa, le titre a clôturé l'année en hausse de 67,63%, à 370 000 Fcfa, offrant ainsi un rendement de 16,23% (12,37% en 2006) pour un PER de 8,63 (7,79 en 2006). SOLIBRA CI a versé, pour l'exercice 2006, le dividende, de loin, le plus élevé du marché pour un montant de 45 000 Fcfa net par action. UNIWAX CI, par contre, perd 23,61%, à 11 000 Fcfa. Cette tendance à la baisse de cette action s'observe également en avril 2008 où UNIWAX CI perd de nouveau 14,43%. Ceci s'explique par la concurrence démesurée des tissus chinois vendus à bas prix sur les marchés des pays de l'Uémoa. Le secteur « Distribution » totalise 16 681 titres échangés, soit 0,17% du volume des transactions annuelles. SHELL CI a été le titre le plus dynamique avec 5 028 actions échangées, soit 30,14% du volume sectoriel annuel. Le titre termine l'année 2007 en hausse globale de 46,19%, à 15 000 Fcfa. Cette tendance se confirme en avril 2008. SHELL CI a vu son cours affiché un gain de 50,17%, à 24500fcfa. ABIDJAN CATERING, CFAO CI et BERNABE CI offrent en 2007, d'intéressantes plus values de 150%, à 5 000 Fcfa, 104,64%, à 19 850 Fcfa et 103,87%, à 20000 Fcfa, respectivement. De son côté, TOTAL CI gagnent 43,54%, à 99 000 Fcfa. Le secteur « Transport » enregistre un faible volume de 8 250 titres négociés, soit 0,08% des échanges annuelles. Cependant, SIVOM CI a enregistré la 2ème plus importante hausse annuelle du marché, soit 300%, à 6 000 Fcfa. SDV-SAGA CI représente plus de la moitié (58,73%) des transactions annuelles du secteur et affiche une plus value de 63,23%, à 47 500 Fcfa. Pour l'exercice 2006, SDV-SAGA CI a versé un dividende net de 4 460 Fcfa et offre un rendement de 11,61% pour un PER de 17,1 (voir annexe 2). Notons que durant toute l'année 2007, seules 80 actions SETAO CI ont été échangées. Le titre cède 0,72%, à 6 850 Fcfa. 3-3- Principales conclusions et implications en terme de politiques d'atténuation de la crise en Afrique de l'Ouest. 3-3-1 Analyses et vérification des hypothèses Hypothèse /OS1 Cette hypothèse suppose que '' le système ouest africain, véritable héritage de la colonisation, s'est nettement réorganisé ces dix dernières années''. Cette hypothèse dans son appréhension, est scindée en deux sous-hypothèses identifiées comme suit: - la politique des taux d'intérêt pratiquée par la banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest, favorise l'expansion des activités de crédit dans la zone Uémoa. Les ménages de la zone Uémoa ont pour principales sources de financement, les banques commerciales auprès desquelles ils contractent des dettes à un coût très bas. L'analyse du graphique n°1 et celle du système financier de l'Uémoa nous révèle que pour un ménage ouest africain il lui faut débourser en moyenne un peu plus de 6,25 Fcfa pour bénéficier d'un crédit de 100Fcfa en 2004 alors qu'en Europe, le coût d'un crédit de 100 euros est, à la même année légèrement au dessus de 2 euros. Le ménage américain quant à lui, déboursait à peine 1 dollar Us pour 100 dollars Us. Ceci témoigne de la facilité qu'ont les ménages américains et européens à accéder plus aisément aux ressources nécessaires au financement de leurs besoins. Le taux d'intérêt pratiqué par la bceao est de l'ordre de 6% en moyenne sur la période allant de 2000 à 2007. En effet, les banques commerciales se refinancent auprès de la bceao, par la politique d'escompte, à un taux moyen de 5,31%. Le refinancent par la mise en pension nécessite un taux moyen de 4,81%. Ces taux sont largement au dessus de ceux pratiqués dans la zone euro et aux Etats-Unis dont les banques centrales affichaient respectivement une moyenne de 2,96% et 2,03% sur toute la période. De plus, le graphique n°4 illustre très bien combien de ménages ouest africains bénéficient des crédits des banques commerciales de l'Uémoa pour financer leurs logements. Malgré les dispositions prises par l'organe dirigeant de l'Uémoa pour favoriser la promotion de l'acquisition du logement par chaque ménage, le coût auquel les banques empruntent leurs capitaux est encore très élevé. Seuls les plus aisés pouvant exhiber une solide garantie en bénéficient. A l'issue de ces analyses, il convient de souligner que, dans la zone Uémoa, le mode de financement des besoins des ménages par le crédit classique ( celui octroyé par les banques commerciales) est très peu développé et ne concerne qu'une minorité de personnes pouvant constituer une garantie très solide. Les ménages les moins nantis ont souvent recours aux méthodes traditionnelles ( tontine, microfinance, emprunt familial, capitaux propres) pour assurer le financement de leurs besoins essentiels tels que le logement, la voiture.... Le taux d'intérêt débiteur, pratiqué par les banques de second rang ne favorise pas le développement des activités de crédit. L'hypothèse d'expansion des activités de crédit des banques commerciales dans la zone Uémoa n'est donc pas vérifiée. Le ménage africain a, le plus souvent recours à l'autofinancement sinon emprunte à un coût très élevé pour financer ses besoins. - le taux de couverture bancaire ( taux de bancarisation) dans la zone Uémoa est estimé en moyenne à 35% ces dix dernières années. L'étude du réseau bancaire de l'Uémoa à travers le tableau n°3, mous montre qu'en 2006, il existe au total 116 banques et établissement financiers agréés dans toute la zone Uémoa. En effet, bien que la représentation du réseau bancaire soit très inégale d'un pays à un autre avec des différences allant du simple au décuple, sur toute la zone, il y a en 2006, un guichet pour près de 103.448 habitants couvrant une superficie de 5029 km2 contre, un guichet pour 116.000 habitants pour 5917 km2, il ya sept ans en arrière. Le taux moyen de bancarisation dans la zone Uémoa est de 5% loin des 35% admis dans l'hypothèse. L'espace Uémoa est donc très peu bancarisé. Cette hypothèse n'est donc pas vérifiée. Au total, l'organisation du système bancaire de l'Uémoa pose toujours problème même si beaucoup d'avancées sont à noter. La monnaie de la zone Uémoa, le franc CFA adossé à l'euro, ne favorise pas toujours l'autonomie de la BCEAO dans la définition de sa politique monétaire. L'instabilité politique des pays membres n'est pas un facteur à encouager l'implantation des banques commerciales. L' hypothèse selon laquelle le système bancaire de la zone Uémoa s'est nettement réorganisée n'est donc pas vérifiée. Hypothèse/OS2 Elle stipule que ''le prix de l'immobilier en zone Uémoa, entre 2000 et 2008, s'est apprécié de 75%''. L'analyse des tableaux de l'annexe 2 et le graphique n°5 permettent d'appréhender la proportion dans laquelle évolue le prix de l'immobilier dans la zone Uémoa. Si dans la zone Euro et aux USA, le prix de la pierre a presque doublé, dans les pays de l'Uémoa, l'évolution du prix de l'immobilier n'échappe pas à cette réalité. Sur la période allant de 2000 à 2008, le prix du logement dans la zone Uémoa s'est apprécié de près de 22%. Cependant, l'hypothèse d'une augmentation significative est à relativiser. Si en Côte d'Ivoire, au Bénin et au Sénégal, le prix de l'immobilier a presque doublé sur cette période, force est de constater que dans les autres pays de l'Uémoa, il est relativement moins élevé; ce qui tire vers le bas la moyenne régionale. L'hypothèse d'une appréciation du prix de l'immobilier de 75% dans la zone Uémoa n'est donc pas vérifiée. Hypothèse/OS3 Elle suppose que ''l' Afrique semble être épargnée de la crise des subprimes qui secoue la plupart des places boursières dans le monde. La bourse régionale des valeurs mobilières n'est pas affectée par la crise des subprimes''. L'analyse des graphiques n°7 et n°8 nous permet de constater que les principaux indices de la BRVM ont connu sur l'année 2007 une évolution à la hausse sans précédent. Le BRVM Composite termine l'année à 199,45 points et le BRVM 10 affichait 224,85 points en dépit des nombreuses baisses qu'ont enregistrées les différentes places boursières mondiales. Ce sont des valeurs jamais atteintes depuis la création de la bourse. Cette progression se poursuit en 2008. Les indices sectoriels soutiennent cette évolution et c'est le secteur « Finance » qui a été le secteur le plus dynamique. Ainsi, l'hypothèse selon laquelle la BRVM n'est pas affectée par la crise des Subprimes est donc vérifiée. Toutefois, il est à noter que les effets pervers de la crise n'épargne pas pour autant l'Afrique. Le graphique n°6 nous montre que les ménages, à quantité et revenu constants, consacrent plus une grande partie de leur budget à la consommation des biens alimentaires; ceci est la conséquence directe de la spéculation de certains fonds qui voient et considèrent les matières premières et le pétrole comme des valeurs refuges afin de se faire une nouvelle santé financière suite à l'éclatement de la bulle immobilière. 3-3-2 Principales conclusions Au terme de notre analyse, plusieurs enseignements se dégagent: è L'Uémoa, zone d'échange et instrument d'intégration économiques des huit pays membres de l'Afrique de l'Ouest, est un espace dépendant de la zone Euro à travers la France. En effet, la monnaie utilisée dans cet espace économique, le franc CFA, est adossée à l'euro et garantie par la Banque de France; ce qui ne favorise pas toujours les échanges commerciales et l'élaboration de bonnes politiques monétaires par la bceao. è La zone Uémoa contrairement à d'autre espace économique, est très peu bancarisée. Le taux moyen de bancarisation de la zone est estimé à 5%. La faible densité du réseau bancaire constitue un frein au développement des affaires dans cet espace de l'Afrique de l'Ouest. è La politique des taux d'intérêt pratiquée par la banque centrale des états de l'Afrique de l'Ouest, banque centrale de la zone Uémoa, ne favorise pas des opérations de crédit aux particuliers. Le taux d'intérêt débiteur exigé par les banques commerciales de l'union est très élevé et assorti de garantie très solide; ce qui élimine d'office l'accès des couches les plus vulnérables aux crédits proposés par ces banques. è Les ménages de l'Uémoa ne bénéficient presque pas de crédit pour le financement de leurs logements. Malgré les politiques récentes d'implantation des banques d'habitat dans les pays membres définies par la commission bancaire de l'Uémoa, le recours à l'autofinancement ou à l'épargne familiale sont les principales sources de financement des ménages ouest africains. è Il n'existe pas de politiques uniques de financement du logements dans la zone Uémoa. Très peu de stratégies nationales du logement sont conçues comme cadre de référence de la politique nationale en matière d'habitat dans les pays membres de l'union. è Le marché de l'immobilier en zone Uémoa est très peu organisée. Les promoteurs et agences immobiliers sont peu organisés et mal structurés. è Le prix de l'immobilier a progressé de 22% sur la période allant de 2000 à 2008 dans la zone Uémoa. Les régions d' Abidjan, de Dakar, Cotonou et Bamako sont les villes où le prix de la pierre a presque doublé. Toutefois cette évolution à la hausse du prix de l'immobilier est moindre par rapport à la zone Euro et aux Etats-Unis où les crédits immobiliers sont très développés. è Le marché financier de l'Uémoa constitue l'une des principales sources de financement des entreprises. Ce marché est méconnu des populations. C'est un marché réglémenté, continu et dirigé par les ordres d'achat et de vente de titres. Premier du genre au monde, ce marché régional est un marché que partage les huit Etats membres de l'union. C'est un marché bien structuré et organisé. La bourse régionale des valeus mobilières est un pilier fondamental de ce marché. è La plupart des sociétés cotées à la BRVM ne sont pas cotées sur d'autres places boursières. Le risque lié à la cotation multiple est donc limité. 38 sociétés au total de toutes nationalités opèrent sur la BRVM. è Les principaux indices de la BRVM, au couurs de l'année 2007, ont atteint des valeurs jamais atteintes depuis la création de la bourse; ceci traduit la bonne santé des entreprises cotées. Le BRVM 10 et le BRVM Composite ont atteint respectivement en fin décembre 2007 les valeurs de 224,85 et 199,45 alors que les places boursières américaines et européenne sont plongées dans le rouge et ceci à cause de la crise des subprimes. Cette performance exceptionnelle de la BRVM est rendue possible grâce à celle réalisée par les indices sectoriels. En effet, le secteur «Finance» a été le secteur le plus dynamique au cours de l'année 2007. Alors que la plupart des banques commerciales américaines et européennes sont à court de liquidité et secourues par leur banque centrale respective, l'action ETIT du groupe Ecobank vient doper le marché. è La BRVM n'est pas affectée par la crise des subprimes. Les indicateurs de performance de cette bourse sont tous au vert pendant l'été 2007 et au cours du premier semestre 2008. Les principaux indices poursuivent leur évolution à la hausse. Toutefois, étant importateurs nets de produits pétroliers, la plupart des pays membres de l'Uémoa doivent faire face à l'envolée des prix des produits de premières nécessités. En effet, le krach financier qui a éclaté durant le courant de l'été 2007 a conduit bon nombre de gros opérateurs boursiers à jeter leur dévolu sur de nouveaux produits pour tenter de se refaire une santé à la hauteur des formidables plus-values réalisées pendant des années en misant sur l'immobilier états-unien et ses dérivés titrisés (transformation des traites des petits accédants à la propriété en titres boursiers échangeables). C'est ainsi que les regains de tensions sur la demande de matières premières ont débouché au pire sur des hausses de cours de 10% , 20%, 100% voire 200%. Cependant, certaines contraintes limitent nos conclusions notamment celles liées à la non disponibilité de certaines données dans leur globalité telles que celles des années 2006 et 2007. Une extension de cette étude, aux autres marchés financiers de l' Afrique à savoir le Nigéria Stock Echange, Ghana Stock Echange, serait la bienvenue . Toutefois, à l'état actuel de nos investigations, nous pouvons faire quelques suggestions afin d'atténuer ou de prévenir les conséquences de cette crise. 3-3-3 Implications en terme de politiques d'atténuation des conséquences de la crise La Bourse Régionale des valeurs mobilières n'est pas touchée par la crise des subprimes. Cependant, l' Afrique n'est pas totalement épargnée des effets pervers de la crise qui se traduit par l' envolée des prix des produits alimentaires. Ainsi, pour améliorer les conditions de vie des ménages Ouest africains quelques actions sont nécessaires tant sur le plan bancaire que sur le marché financier régional: è La commission bancaire de l'Uémoa doit assainir et multiplier les agréments afin d'accroître le taux de bancarication de la zone. Ceci passe par la réorganisation du système bancaire dont l'objectif serait de limiter voire banir sa dépendance vis à vis de la banque de France et par conséquent de l'union européenne. Pour ce faire, il importe que l'Union se dote de sa propre monnaie afin de sortir du régime de rigidité du Fcfa qui ne favorise pas toujours la dynamisation de l'économie. è La bceao, la banque centrale de la zone Uémoa, afin de stimuler la croissance économique dans les pays membres de l'Uémoa, serait amenée à revoir sa politique monétaire notamment celle des taux d'intérêt. La révision fréquente des taux directeurs de la bceao notamment à la baisse, permettra aux ménages d' accéder, à moindre coût, aux crédits de consommation proposés par les banques commerciales. Ainsi l'accès à la propriété immobilière cessera d'être l'apanage des seuls aisés financièrement. Le taux d'intérêt pratiqué par les banques défavorise les plus démunis qui n'ont que pour source de fiancement, la famille ou l'autofinancement. La promotion des banques spécialisées dans les prêts immobiliers est nécessaire. Ces prêts doivent être assortis des comditions souples et accessibles à tous et le CREPMF doit veiller à leur transparence sur le marché afin de limiter les risques pouvant conduire à la crise actelle des subprimes. è Les moyens de paiement bancaires sont des fondamentaux d'une économie structurée où le secteur bancaire est au coeur des opérations commerciales. Ils permettent de régler en un temps record ses opérations et constituent un gage de sécurité car protégés par les assurances. L'Uémoa doit donc encourager l'utilisation des cartes, chèques bancaires pour éliminer au maximum l'importante masse de monnaie fiduciaire qui circule dans la zone. è Les contraintes faites aux petites et moyennes entreprises dans le financement de leurs activités auprès des banques commerciales, constituent un véritable frein au développement économique de la zone Uémoa. Il est important d'assouplir les conditions de prêt pour permettre à ces entreprises d'accéder aux capitaux afin d'accroître l'investissement, créateur d'emplois et donc de richesse. è L' organe chargé de la promotion de la BRVM, pour atteindre son objectif, qui consite à faire connaître la bourse auprès des différents acteurs économiques au sein de l'Uémoa, devrait procéder à des journées portes ouvertes des instances de la BRVM dans les huit pays membres de l'Uémoa. Des communications et séances d'informations doivent être faites dans les princales langues locales afin d'élargir le champ d'audience et surtout intéresser les populations. è Les banques commerciales et entreprises doivent être stimulées par un dispositif commun d'ordre fiscal pour encourager leur inscription à la bourse. Les sociétés publiques ont un rôle déterminant à jouer dans l'animation du marché financier. Les autres pays de l'union en particulier et dans une moindre mesure la Côte d'Ivoire, doivent s'intéresser davantage à la BRVM pour financer leurs projets de développement au lieu de faire appel à des capitaux extérieurs. CONCLUSIONLa crise des subprimes, qui s'est déclenchée au cours de l'été 2007 suite à la défaillance des crédits hypothécaires, n'a cessé jusqu'à présent de secouer la plupart des places boursières. Des Etats-Unis en Asie, en passant par l'Europe, cette crise a occasionné d'énormes pertes aux établissements de crédit et institutions financières spécialisés. La perte totale est estimée en mai 2008 à plus de 900 milliards de dollars US sans pour autant que la crise n'a été estompée. Tout récemment, la banque américaine Lehman Brothers a enregistré une perte de 3,9 milliards de dollars US malgré les diverses mesures de sauuvetage prises par les différentes banques centrales et les différents Etats en vue d'endiguer la crise. En Afrique, la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières de l'Uémoa, n'en souffre presque pas. La bourse a atteint durant cette période tumultueuse, des performances jamais réalisées depuis sa création. Les principaux indices de la bourse ont évolué à la hausse et le secteur « Finances » affichait au 31 décembre 2007, le plus grand volume de transactions de tout le marché. Cette tendance se poursuit en 2008. En effet, la plupart des sociétés qui opèrent sur le marché financier de l'Uémoa ne sont pas cotées ailleurs ; ce qui limite ainsi le risque lié à la multiple cotation. De plus, les principales banques et fonds de placement qui sont présents sur ce marché, n'ont pas dans leurs portefeuilles, des créances titrisées issues des crédits hypothécaires d'autant plus que le crédit immobilier n'est pas assez développé au sein de l'Uémoa. Les taux directeurs, pratiqués par la banque centrale des états de l'Afrique de l'Ouest, ne favorisent pas une telle activité comme aux Etats-Unis et en Europe où le crédit hypothécaire est très courant. Toutefois, la zone Uémoa n'est pas en marge des conséquences indirectes de la crise. Les prix des produits de premières nécessités ont doublé et l'inflation réduit considérablement le pouvoir d'achat, déjà fragile, des ménages. Pour se refaire une bonne santé, les fonds et organismes spécialisés dans les crédits hypothécaires, se sont lancés dans la spéculation sur les matières premières en entraînant ainsi l'envolée sans précédent des prix. Si la sphère réelle de l'économie mondiale n'a pas encore été atteinte par cette crise, la plupart des grandes économies enregistrent des taux de croissance très faibles, nuls voire négatifs. La fin de la crise reste incertaine et doit mobiliser le monde entier afin de la contenir. BIBLIOGRAPHIEOUVRAGES GENERAUX AGBOHOU N., (2006), Le franc CFA et l'Euro contre l'Afrique, Ed. Solidarité mondiale, Paris. GRISONI-NIAKI C., (1999), Dynamiques foncières et immobiliers, explosion urbaine et développement local à Cotonou, Bénin. HUGON P., (2006), Surliquidité et rentabilité du secteur bancaire face aux défaillances du financement du développement: le cas des trappes à sous-développement économique et financier au sein de la Cémac, Paris X, Nantes. THESES, MEMOIRES ET RAPPORTS AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT, (2007), Rapport de conjoncture et prévisions des pays de la zone franc, avril 2007. BANQUE DE FRANCE, Rapports 2005, 2006, Zone franc. BANQUE MONDIALE, (2006), Enquête sur le climat d'investissement dans la zone Uémoa. BCÉAO, (2006), Rapport annuel d'activité. 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CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIE 1-1 Les objectifs 12 1-1-1 L'objectif général 12 1-1-2 Les objectifs spécifiques 12 1-2 Les hypothèses 12 1-3 La méthodologie 13 1-3-1 Présentation de la zone d'étude 13 1-3-2 Les méthodes de collecte des données 15 1-3-3 Les outils d'analyse des données 15
2. PERCEPTION DES CAUSES DE LA CRISE DES SUBPRIMES DANS LA ZONE UÉMOA 2-1 Le système bancaire ouest africain 17 2-1-1 La zone franc et l'arrimage du franc CFA sur l'euro 17 2-1-1-1 Instruments et politiques monétaires de la BCEAO 19 2-1-1-2 Les conséquences de l'arrimage du franc CFA sur l'euro dans la zone Uémoa 22 2-1-2 Principales caractéristiques du réseau bancaire de l'Union 24 2-2 Le marché de l'immobilier en zone Uémoa 29 2-2-1 Financement de l'immobilier en zone Uémoa 29 2-2-2 Le prix de l'immobilier en zone Uémoa 32 2-3 Manifestations de la crise en Afrique de l'Ouest 35 3. CONSÉQUENCES DES SUBPRIMES SUR LA BOURSE RÉGIONALE DES VALEURS MOBILIÈRES 3-1 Analyse et fonctionnement du marché financier de l'Uémoa 38 3-1-1 Organisation du marché financier 38 3-1-2 La BRVM et son fonctionnement 41 3-2 Les effets de la crise des subprimes su la BRVM de l'Uémoa 41 3-2-1 Le bilan boursier 45 3-2-1-1 Comportement du marché secondaire 45 3-2-1-2 Les indices sectoriels de la BRVM 48 3-3 Principales conclusions et implications en terme de politiques d'atténuation des conséquences de la crise en Afrique de l'Ouest 51 3-3-1 Analyses et vérification des hypothèses 51 3-3-2 Principales conclusions 54 3-3-3 Implications en terme de politiques d'atténuation des conséquences de la crise 57 CONCLUSION 59 BIBLIOGRAPHIE 60 ANNEXES 65
ANNEXESAnnexe 1: Situation géographique des pays membres de l'Uémoa * 1 Internel Revue service, Home Mortgage Interest Deduction, Publication 936 cat n°10426G, Department of the Treasury, 2007 * 2 Afrique Express n°286 du 20 janvier 2004 * 3 AFD, Rapport de conjoncture et Prévisions des pays de la Zone Franc , avril 2007 / 18 * 4 Tiemtore T., L'Intégration régionale en Afrique: Cas de l'UEMOA, mémoire master 2, Institut de recherche et d'études en relations internationales et européennes, 2005, Paris IV * 5 La Guinée est le seul pays à voter non au référendum de 1958 proposé par la France à ses colonies d'Afrique * 6 Communauté économique et monétaire des Etats de l'Afrique centale regroupant la Centre Afrique, le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad. * 7 CFA: Franc des Colonies Françaises d'Afrique né en 1945 est devenu , en 1958, franc de la Communauté Française d'Afrique puis l'acronyme, à la suite de l'indépendance des Etats africains, désigne, dans la zone Uémoa, franc de la communauté financière d'Afrique et franc de la coopération financière en Afrique Centrale dans la zone CEMAC. * 8 65% des devises ( avoirs extérieurs) de la zone franc est exigé depuis 1973 par la Banque de France pour assurer la libre convertibilité du CFA; aujourd'hui, ce taux est passé à 50% dans la zone Uémoa et le sera en 2009 dans la zone Cémac * 9 Agbohou, N., (2006), Le franc CFA et l'euro contre l'Afrique, éd. Solidarité mondiale, Paris. * 10 Taux directeurs de la banque centrale américaine, la réserve fédérale en 2004 * 11 Mambé, R., (2005), La problématique du financement de l'habitat en Côte d'Ivoire, Séminaire sur le financement du logement en Afrique de l'Ouest, Bamako, 14 février * 12 Hugon, P., (2006), Surliquidité et rentabilité du secteur bancaire face aux défaillances du financement du développement: le cas des trappes à sous développement économique et financier au sein de la Cémac, Paris X, Nanterre. * 13 Banque de France , Rapport zone franc, 2005, 2006 * 14 Les critères de premier rang concernent la maîtrise des déficitsbudgétaires, de l'inflation et de la dette publique; ceux du second rang, l'évolution de la masse salariale, des investements publics, du déficit extérieur et des recettes fiscales. * 15 Interview du président de la Côte d'Ivoire M. L. Gbagbo sur 3A Télésud, avril 2008 * 16 BCEAO, (1999), cité par Tanimoune, N., (2001), Impacts de la libéralisation financière sur l'intermédiation bancaire dans l'Uémoa: essai d'évaluation empirique sur données de pannel, Laboratoire d'Economie d'Orléans, Université d'Orléans * 17 Www.rewmi.com, site officiel du journal rewmi, l'actualité sur le Sénégal, édition du 21 novembre 2007. * 18 Bien que présentant des limites associées à la subjectivité des réponses et à la composition de l'échantillon, les enquêtes ICA permettent d'obtenir la vision des chefs d'entreprise sur les contraintes affectant le plus fortement le développement de leur activité. Elles permettent de dépasser un écueil fréquent des analyses des besoins de financement des entreprises, qui privilégient un traitement de la question du point de vue de l'offre (analyses des encours de crédits bancaires aux entreprises et des ratios de crédit au secteur privé/PIB). Toutes les analyses de ce paragraphe sur les conditions d'accès aux services financiers des entrepreneurs reposent sur les données issues de ces enquêtes * 19 Séminaire sur le Financement du logement en Afrique de L'Ouest, Conférence Banque Mondiale, Conseil Regional de l'Epargne Publique et des Marchés Financiers, Groupe Agence Française de Developpement & Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest , Bamako, 14-16 février 2005. * 20 Selon un adage national * 21 Dénominations de certains quartiers de Cotonou * 22 Selon les chiffres du FGHM en fin 2004. * 23 A partir des données de la Commission de l'UEMOA et INS-Indices harmonisés des prix à la consommation, de la BCE et de la FED, mars 2008 * 24 Sénéportal, quotidien sénégalais, article sur la réflexion du marché immobilier Dakarois publié le 2 février 2005.* 25 Sénéportal, Op Cit. * 26 La vente d'un terrain répond souvent à un besoin urgent en trésorerie : un mariage, un enterrement, la rentrée des classes... sont autant de raisons qui contraignent les propriétaires ruraux à vendre plus ou moins rapidement leur bien. * 27 En début de carrière, un cadre issu de l'Ecole Nationale d'Administration (ENA) perçoit dans la fonction publique un salaire de 85885 F CFA, contre 100000 F CFA dans le secteur privé. Tous les moyens sont alors bons pour augmenter ces revenus très bas, y compris les plus illégaux * 28 Grisoni-Niaki, J.C., (1999), Dynamiques foncières et immobilières, Explosion urbaine et développement local , Cotonou, Bénin * 29 Equivalent de l'ancienne commission des opérations de bourse en France. * 30 D'après la BRVM * 31 D'après la BRVM * 32 Cité par le journal Essor n°16125 du 30 janvier 2008, dans son article, la crise boursière: la nersosité s'estompe. * 33 Essor, op. Cit.
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