Sommaire
Avant-propos 2
Liste des sigles et acronymes 3
Liste des illustrations 4
Introduction générale 5
Première partie : Cadre théorique et
conceptuel 6
Chapitre 1 : Contexte de l'étude 7
1.1 Objectifs de l'étude 7
1.2 Hypothèses de l'étude et Méthodologie
de recherche 7
1.3 Revue de littérature 8
Chapitre 2 : Présentation du système
éducatif ivoirien et des principaux concepts étudiés 9
2.1 Présentation des principaux concepts 9
2.2 Généralités sur le système
éducatif ivoirien 9
Deuxième partie : Cadre méthodologique et
empirique 12
Chapitre 1 : Diagnostic du système éducatif
ivoirien 13
1.1 Le contexte macroéconomique et des finances
publiques 13
1.2 Situation d'ensemble de l'état de scolarisation
20
1.3 Comparaison internationale de la scolarisation 21
Chapitre 2 : Analyse de l'impact des déterminants
23
2.1 Données et approches méthodologiques 23
2.2 Estimation du modèle vectoriel autorégressif
et tests 27
Conclusion générale et recommandations 33
Bibliographie 36
Avant-propos
L'Ecole Nationale Supérieure de Statistique et
d'Economie Appliquée (ENSEA d'Abidjan est certainement la meilleure des
écoles de statistique d'Afrique Francophone. Elle est d'une grande
réputation et dispense depuis 1962 une formation de haut niveau en
statistique et en économie appliquée aux étudiants venant
de tous les horizons. Dans le cadre de la formation des Ingénieurs
Statisticien Economiste (ISE), il est de coutume, pendant la troisième
année, d'initier ces derniers aux réalités du
monde professionnel; Un Groupe de Travail est organisé à cet
effet.
Ce Groupe de Travail a pour buts essentiels de permettre aux
élèves ingénieurs de pousser leur analyse au-delà
du cadre académique en abordant des faits économiques ou sociaux
et d'apprendre à travailler en équipe.
Le présent document est élaboré dans ce
cadre et a pour thème : « L'avenir du système
éducatif ». La nécessité pour la
Côte d'Ivoire d'identifier les interventions nécessaires pour
améliorer les différents indicateurs de scolarisation est
aujourd'hui une exigence incontournable.
L'éducation, base du développement de toute
nation s'impose comme secteur prioritaire dans l'élaboration de toute
stratégie de développement. Il est difficile d'espérer
produire un capital humain si rien n'est fait dans le sens de
l'amélioration de la qualité et de la quantité de l'offre
et de la demande de scolarisation. C'est aux états d'innover, c'est
à eux d'identifier les secteurs sources d'impulsion et
d'amélioration de la qualité de l'éducation.
Liste des sigles et acronymes
BM
|
Banque Mondiale
|
EPSSIM
|
Modèle de Simulation des Stratégies et Politiques
Educatives
|
OMD
|
Objectif du millénaire pour le développement
|
UNESCO
|
Organisation des Nations unies pour l'Education, Science et la
Culture
|
PNUD
|
Programme des Nations Unies pour le Développement
|
TALPH
|
Taux d'alphabétisation des adultes
|
TBS
|
Taux Brut de Scolarisation
|
TNS
|
Taux Net de Scolarisation
|
UNICEF
|
Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
|
UNESCO
|
Organisation des Nations Unies pour l'éducation. science
et culture
|
|
|
Liste des illustrations
Tableau 1 : Principaux agrégats
macroéconomiques et recettes de l'état, 1999-2001. 15
Tableau 2 : Les recettes et les dépenses de
l'état 1990-2001. 16
Tableau 3 : Les dépenses publiques
d'éducation, 1990-2001 19
Tableau 4 : Evolution des taux bruts de scolarisation par
niveau. 21
Tableau 5 : Comparaison internationale des taux bruts de
scolarisation. 22
Tableau 6 : Notations des variables du modèle
23
Tableau 7 : Test ADF sur les variables de l'étude
25
Tableau 8 : Test d'autocorrélation (LM-test)
28
Tableau 9 : Test d'homoscédasticité de
White 29
Tableau 10: Test de cointegration des variables du
modèle 34
Tableau 11 : Choix de l'ordre du modèle 34
Tableau 12 : Estimation du modèle 34
Figure 1 : Evolution des dépenses courantes
d'éducation par jeune 7-16 ans en Fcfa constants de l'année 2000
18
Figure 2 : Résultat du test de
stationnarité globale du modèle 28
Figure 3: Réponses de TBS suite aux chocs sur le nombre
d'enseignants 30
Figure 4: Réponses du TBS suite aux chocs sur le nombre
de salle de classes 30
Introduction générale
La production de capital humain constitue une des clés
importantes du développement économique et social à moyen
terme d'un pays et il est important que soient déterminées les
voies par lesquelles le système éducatif dans son ensemble peut
apporter sa contribution à cet objectif global, sachant que le
rôle de l'éducation est par ailleurs crucial dans la perspective
du développement économique et social du pays. Le contexte
nouveau (lié à la crise que traverse la Côte-d'Ivoire)
demande qu'une politique éducative nouvelle soit élaborée
et que des arbitrages budgétaires suffisamment favorables au secteur
soient obtenus.
Le but de cet article est double ; Il s'agit dans un
premier temps de faire l'état des lieux du système
éducatif ivoirien et ensuite de fournir un outil d'aide à la
décision en identifiant les variables d'action afin d'aboutir à
une amélioration du système éducatif.
L'article est structuré en deux parties. La
première partie donne un aperçu général et
théorique. Dans le chapitre 1, le contexte de l'étude est
abordé. Ensuite nous donnons dans le second chapitre un aperçu du
système éducatif de la Côte d'Ivoire ainsi que des
différents concepts qui font l'objet de l'étude.
La seconde partie aborde les analyses empiriques. Dans son
premier chapitre nous faisons un diagnostic approfondi du système
éducatif ; Le cadre macroéconomique et celui des finances
publiques est également abordé ainsi que les dépenses
publiques liées à l'éducation. Dans le deuxième
chapitre de cette partie, nous présentons l'impact sur les indicateurs
d'une variation de leurs déterminants ainsi que les conséquences
en termes de politiques éducatives.
Première partie : Cadre théorique
et conceptuel
Chapitre 1 : Objectifs et Contexte de
l'étude
Cette section décrit la problématique, les
objectifs ainsi que le cadre méthodologique de cette étude.
1.1 Objectifs de l'étude
La présente étude vise à explorer le
fonctionnement du système éducatif ivoirien dans sa dynamique
temporelle pour mieux comprendre quelles sont ses forces et ses faiblesses;
elle vise par là-même à identifier les sources actuelles
d'inefficience et à suggérer les voies possibles de les
réduire en étudiant les déterminants quantitatifs du taux
brut de scolarisation.
1.2 Hypothèses de l'étude et
méthodologie de recherche
Les hypothèses de l'étude représentent
des soupçons que l'étude se propose de vérifier. La
méthodologie de recherche quant à elle nous donne les outils mis
en oeuvre dans la conduite de cette étude.
1.2.1 Hypothèses de l'étude
Les hypothèses de recherche appuyant les objectifs de
cette étude sont les suivantes :
1.2.1 Hypothèse 1
L'amélioration des équipements liés au
système éducatif ivoirien peut améliorer les indicateurs
de scolarisation.
1.2.2 Hypothèse 2
Un accroissement du nombre d'enseignants peut améliorer
de façon significative les indicateurs actuels de scolarisation.
1.2.2 Méthodologie de recherche
Pour répondre aux objectifs assignés à
cette étude les outils que nous utiliserons sont : la recherche
documentaire, l'analyse économique, la statistique descriptive et
l'analyse économétrique.
La recherche documentaire servira à la revue de la
littérature et à la présentation du système
éducatif, sa structure, son fonctionnement et le contexte
socio-économique du pays, autant d'éléments
nécessaires à la compréhension de l'étude.
L'analyse économétrique servira à
étudier les déterminants du taux brut de scolarisation afin de
tester les hypothèses de recherche.
La statistique descriptive et l'analyse économique
serviront à commenter les résultats et à tirer des
enseignements en matière de politique de développement
éducative.
1.3 Revue de littérature
L'analyse du secteur éducatif ivoirien dans un but
prospectif a été l'objet de maints articles. Déjà
en 2002, la Banque Mondiale publiait une étude intitulée
« Rapport d'Etat du Système Educatif Ivoirien:
Eléments d'analyse pour instruire une politique éducative
nouvelle dans le contexte de l'EPT et du PRSP » et dont
l'objectif immédiat était de constituer et/ou de conforter la
base de connaissances pour le développement des politiques
éducatives nationales. Ce rapport menait une analyse
détaillée du système éducatif ivoirien et se
proposait d'établir une mesure de l'efficience globale du secteur
à des fins comparatives et prospectives.
JEAN-MARC.B. (2003), dans «Eléments
d'appréciation de la qualité de l'enseignement primaire en
Afrique francophone» conduisait également
une analyse comparative des systèmes éducatifs
francophones et mettait en exergue l'important rôle joué par le
secteur public dans le développement du secteur éducatif.
TCHUENKAM Eric (2007), dans « Evaluation des
coûts de l'éducation à l'horizon 2015 par le modèle
EPSSIM » identifiait les interventions nécessaires
pour l'atteinte de l'objectif du millénaire pour le développement
lié à l'éducation : « Education Primaire
Pour Tous à l'horizon 2015 à travers le modèle de
simulation EPSSIM développé par l'UNESCO. Dans cette étude
l'auteur concevait un indicateur de scolarisation et étudiait
également les déterminants de cet indicateur.
Chapitre 2 : Présentation du système
éducatif ivoirien et des principaux concepts
étudiés
Il est question dans ce chapitre de présenter le
système éducatif ivoirien de façon globale et de ressortir
les principaux concepts qui feront l'objet de notre analyse.
2.1 Présentation des principaux
concepts
Taux brut de scolarisation (TBS): c'est le
nombre d'élèves scolarisés dans un niveau d'enseignement
donné, quel que soit leur âge, exprimé en pourcentage de la
population du groupe d'âge officiel qui correspond à ce niveau
d'enseignement. Il est donné par la formule :
Où : Eht
= population officielle en âge d'être scolarisé au
niveau h
et Pat = population
scolaire au niveau h.
Taux net de scolarisation : c'est le rapport
entre le nombre d'élèves du groupe d'âge correspondant
officiellement à un niveau d'enseignement donné et la population
totale de ce groupe d'âge, exprimé en pourcentage. Il est
donné par la formule :
Où :
Eh,at désigne
la population officielle en âge d'être scolarisé au niveau h
et ayant un âge dans le groupe d'âge officiel d'être
scolarisé et
Pat la
population scolaire au niveau h.
2.2 Généralités sur le
système éducatif ivoirien
Depuis son accession à l'indépendance en 1960,
la Côte d'ivoire a inscrit l'éducation et la formation au rang de
ses priorités. Cette décision a fait accorder une importance
majeure à l'éducation et plus généralement au
développement des ressources humaines. Le but de cette section est de
présenter, d'une part, la structure du système éducatif et
quelques actions du gouvernement dans le cadre de la promotion de
l'éducation et son accessibilité par tous.
2. 2. 1 Structure du système éducatif
ivoirien
Le système éducatif de Côte d'Ivoire, est
fondé sur le modèle hérité de l'époque
coloniale ; il comprend : l'enseignement préscolaire; l'enseignement
primaire; l'enseignement secondaire général, dont le premier
cycle constitue, avec le primaire, l'éducation de base ; l'enseignement
technique et la formation professionnelle ; l'enseignement supérieur ;
et l'alphabétisation et l'éducation des adultes.
L'enseignement préscolaire est essentiellement
concentré dans les zones urbaines et connaît une expansion rapide.
Le secteur privé assure l'accueil de plus de 50%1(*) des enfants scolarisés
à ce niveau, mais avec des frais de scolarité relativement
élevés.
L'enseignement primaire, d'une durée de 6 ans, concerne
théoriquement les enfants âgés de 6 à 11 ans. Il
conduit au certificat d'études primaires élémentaires
(CEPE), tandis que l'accès au 1er cycle de l'enseignement secondaire,
d'une durée de 4 ans, est subordonné à la réussite
à l'examen d'entrée en 6ème.
Le 1er cycle du secondaire est assuré dans des
collèges et sanctionné par le Brevet d'études du premier
cycle (BEPC). Le deuxième cycle, qui dure trois ans, se déroule
dans des lycées et il est sanctionné par le Baccalauréat,
qui autorise l'accès au supérieur. Le secteur privé
accueille 35% environ des effectifs de l'enseignement secondaire
général.
La formation professionnelle et l'enseignement technique se
situent essentiellement au niveau secondaire, même si différentes
filières du supérieur sont professionnelles ou conduisent
à des BTS, notamment dans le privé.
L'enseignement supérieur public est constitué de
trois Universités (Cocody, Bouaké et Abobo-Adjamé) et de
quatre Grandes Ecoles (l'Ecole Nationale Supérieure de Statistique et
d'Economie Appliquée ; l'Institut National Polytechnique ; l'Ecole
Normale supérieure ; et l'Institut Pédagogique National
d'Enseignement Technique et Professionnel).
Dans le cadre de la politique de déconcentration et de
régionalisation, deux Unités Régionales d'Enseignement
Supérieur ont été créées et
rattachées, l'une à l'Université d'Abobo-Adjamé, et
l'autre à l'Université de Bouaké.
Trois ministères sont chargés des questions
éducatives : le Ministère de l'Education Nationale et de la
Formation de Base (MENFB), le Ministère de l'Enseignement Technique et
de la Formation Professionnelle (METFP) et le Ministère de
l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS). En
plus des directions centrales, le MENFB comprend 10 Directions
Régionales de l'Education Nationale (DRENFB), 10 directions
départementales (DDENFB) et 130 inspections primaires qui leur sont
rattachées. Les directeurs d'école sont les derniers maillons de
la hiérarchie.
Cette structuration du système éducatif a
été accompagnée de multiples reformes politiques traduites
par des définitions et des mises en oeuvre des plans et
stratégies nationaux visant à satisfaire une demande
éducative sans cesse croissante. La section suivante, sans toutefois
avoir la prétention de lister de manière exhaustive les lois et
plans d'actions adoptés ou menés relatives à
l'éducation, étalera quelques reformes marquant la volonté
de l'Etat ivoirien à instruire sa population.
Deuxième partie : Cadre
méthodologique et empirique
Chapitre 1 : Diagnostic du
système éducatif ivoirien
L'objet de ce chapitre est de présenter plus en
détail le cadre économique dans lequel évolue le secteur
de l'éducation. Cette analyse est importante dans la mesure où
dans la plupart des pays d'Afrique noire sub-saharienne le développement
du secteur éducatif est fortement tributaire de l'état des
finances publiques ; Le secteur privé apportant surtout une aide
complémentaire dans l'évolution du système.
1.1 Le contexte macroéconomique et des finances
publiques
Suivent successivement le contexte macroéconomique
global et celui des finances publiques.
1.1.1 Le contexte global
Depuis plus de dix années, la Côte-d'Ivoire a
été exposée à un contexte macroéconomique et
démographique relativement difficile (sans mentionner le contexte
politique délicat des dernières années) Ainsi, le Produit
intérieur brut a certes connu une croissance substantielle de 2 338
milliards de Fcfa en 1990 à 7 531 milliards de Fcfa en 2000 (près
de 9 % par an en moyenne) en termes nominaux (tableau 1). Mais, lorsqu'on
examine cette croissance en termes réels, la performance a bien
sûr été plus modeste avec une évolution de 5 908
milliards de Fcfa en 1990 à 7 531 milliards de Fcfa en 2000, lorsque
tous les chiffres sont mesurés en valeur monétaire constantes de
l'année 2000.
Sur la base de l'évolution en termes réels, le
taux moyen de croissance économique entre 1990 et 2000 se situe
seulement à 2,5 % par an. Comme le rythme de croissance du PIB en termes
réels a été inférieur à celui de la
population du pays (taux moyen de croissance annuel de 3,4 %), il en
résulte que le PIB par habitant a baissé d'environ 11 % entre
1990 et 2001. De façon complémentaire à cette faiblesse
relative du PIB, on enregistre une faiblesse du côté des revenus
de l'Etat au cours de la dernière décennie. En effet, on observe
une baisse de la capacité fiscale nationale, les recettes publiques
nationales représentant 16,3 % du PIB en 2000, alors qu'elles en
représentaient 19,5 % en 1990 (tableau 2). Une conséquence de ce
double mouvement est que les recettes nationales de l'Etat par habitant
baissent de 97 054 Fcfa de 2000 en 1990 à seulement 75 389 Fcfa en 2000,
une réduction de 22,5 % en termes réels sur la période des
dix dernières années. Les recettes publiques ont certes une
grande importance, mais ce qui est effectivement disponible à
dépenser pour l'Etat, l'est encore davantage, notamment après que
le pays ait acquitté le service de sa dette extérieure. Il est
important alors de noter que les dépenses publiques courantes hors
service de la dette diminuent aussi en termes relatifs par rapport aux recettes
publiques. Ainsi, alors qu'au cours de la décennie, les recettes
publiques nationales doublent presque (augmentation de 96 %) en valeurs
courantes en passant de 630,8 milliards de Fcfa en 1990 à 1 236,5
milliards de Fcfa en 2000, les dépenses courantes de l'Etat hors service
de la dette n'augmentent que de 37 %, passant de 619,9 milliards de Fcfa en
1990 à 848,7 milliards de Fcfa en 2000 (tableau 3, ci-après). Sur
les 541,9 (1396,8 - 854,9) milliards de Fcfa d'accroissement des recettes
publiques totales (y compris le support budgétaire et l'aide aux
investissements en provenance de l'aide extérieure) entre 1990 et 2000,
seulement 228,8 milliards de Fcfa (848,7 - 619,9) ont alimenté une
augmentation des dépenses courantes de l'Etat hors le service de la
dette, alors que 150,2 milliards de Fcfa ont été affectés
à l'augmentation des paiements (intérêt + principal)
associés à la dette du pays. 133,4 milliards de Fcfa vont
à l'augmentation des dépenses d'investissement du pays, et 29,5
milliards de Fcfa sont affectés à la réduction du
déficit public (il passe de 368 milliards de Fcfa en 1990,
représentant alors 11,4 % du PIB, à 338,5 milliards de Fcfa en
2000 correspondant à 4,4 % du PIB du pays à cette même
date).
Tableau 1 : Principaux agrégats
macroéconomiques et recettes de l'état, 1990-2001.
Source : Institut National de la Statistique/Département des
Statistiques Economiques
Tableau 2 : Les recettes et les
dépenses de l'état 1990-2001.
Source : Institut National de la
Statistique/Département des Statistiques Economiques.
*Calculé comme la somme des recettes nationales et du
support budgétaire, moins les dépenses courantes et les
intérêts de la dette.
** Calculé comme la différence des recettes
totales et des dépenses totales.
1.1.2 Les dépenses publiques
d'éducation
Sur la base du volume des ressources disponibles totales de
l'Etat, des arbitrages sont faits entre les différents secteurs de
l'intervention publique. Les objectifs de l'Etat sont bien sûr divers et
vont évidemment très au-delà des possibilités
budgétaires courantes. Les arbitrages réalisés dans les
allocations budgétaires manifestent les priorités
accordées à ces différents secteurs.
Dans ce contexte, les dépenses publiques courantes
d'éducation représentent une proportion relativement forte des
dépenses courantes de l'Etat, bien que cette proportion soit
plutôt inférieure, à la fin de la décennie (32,5 %
pour les deux dernières années) par rapport à ce qu'elle
était à son début (36,6% pour les deux premières
années). Cette légère réduction vient approfondir
l'évolution négative enregistrée dans les dépenses
publiques courantes hors dette de l'Etat ivoirien au cours de la
dernière décennie.
Quelles sont alors les perspectives de modifier cette
situation au cours des dix années à venir?
Une conséquence globale de ces évolutions et
relations défavorables qui concernent i) le PIB, ii) la pression fiscale
domestique, iii) les dépenses courantes de l'Etat contraintes par la
pression de la dette extérieure, et iv) la priorité relative de
l'éducation au sein des dépenses publiques, la part des
dépenses publiques d'éducation dans le PIB diminue de
façon drastique entre les années 1990 (où elles
représentaient 6,9 % du PIB), et 2000 où les dépenses
publiques d'éducation ne représentent plus que 3,9 % du Produit
Intérieur brut du pays.
Une conséquence jointe, et évidemment plus
réelle, de la baisse de la part des dépenses publiques
d'éducation en pourcentage du PIB est que les dépenses courantes
pour l'éducation ont baissé en termes réels d'environ 24,5
% [1- (279,7/370,3)] sur la décennie.
Au-delà de la mesure de l'évolution de la masse
budgétaire agrégée en termes réels, il est
intéressant d'évaluer cette évolution en rapportant la
masse agrégée à la population des usagers potentiels de
ces ressources. Nous utilisons ici le nombre des jeunes entre 7 et 16 ans, ce
qui correspond à la population d'âge scolaire pour le primaire et
le premier cycle secondaire. Le graphique 1 illustre l'évolution. On
observe alors que cette statistique du montant des dépenses courantes
d'éducation par jeune de 7 à 16 ans passe de 129 189 Fcfa de 2000
en 1999 à seulement 66 297 Fcfa de 2000 en 2000. Au cours de la
décennie, cette statistique a ainsi perdu 48,7 % [1 - (69 297 / 129
189)] de sa valeur initiale. Cela signifie clairement que les ressources
publiques pour assurer la couverture scolaire de la population jeune du pays se
sont sensiblement dégradées au cours des dix dernières
années. Nous examinerons plus avant dans le rapport quelles
conséquences cela a eu, car le système a nécessairement
dû s'adapter à cette situation. Dans quelle mesure cela a-t-il eu
comme conséquence de réduire les dépenses par
élève et/ou de contraindre les évolutions du nombre des
élèves scolarisés ? Est ce que les mouvements et
arbitrages entre volume de ressources par élève et nombre
d'élèves scolarisés ont été comparables
entre les différents niveaux d'enseignements. Quelles ont
été les priorités implicites de la politique
éducative du pays ?
Figure 1 : Evolution des dépenses
courantes d'éducation par jeune 7-16 ans en Fcfa constants de
2000
Source : Nos calculs d'après des données de
la Banque Mondiale
Tableau 3 : Les dépenses publiques
d'éducation, 1990-2001.
Source : Institut National de la
Statistique/Département des Statistiques Economiques.
*Calculé sur les dépenses courantes publiques
totales hors service de la dette
1.2 Situation d'ensemble de l'état de
scolarisation
Le rapport entre les effectifs scolarisés à
chacun des différents niveaux éducatifs avec la population
d'âge correspondant permet de calculer la statistique du taux de
scolarisation. Le taux brut de scolarisation prend au numérateur tous
les élèves scolarisés à un niveau d'enseignement,
quel que soit leur âge. C'est un des indicateurs synthétiques les
plus utilisés; en fait, ce taux peut être considéré
comme une mesure de la capacité d'accueil du système à
répondre aux besoins théoriques de scolarisation dans une
situation sans redoublements ni abandons. Le tableau 4, ci-après, donne
les évolutions du taux brut de scolarisation par niveau d'enseignement
de 1985 à 2000. Dans l'enseignement supérieur, on
préfère utiliser la statistique du nombre d'étudiants pour
100 000 habitants dans la population du pays plutôt que celle du
taux brut de scolarisation dans la mesure où le calcul du taux de
scolarisation n'est pas vraiment praticable eu égard à la
diversité de la durée normale des études dans le
supérieur (de deux années pour les BTS à 7 années,
ou davantage, pour les études médicales ou doctorales).
On remarque d'abord le très faible niveau de couverture
de l'enseignement préscolaire, même si les évolutions
récentes ont l'air positif. Ensuite, ce qui frappe le plus dans ce
tableau, c'est que, depuis 1985, on observe une stagnation de la couverture
scolaire au niveau de l'enseignement primaire, telle que mesurée par le
taux brut de scolarisation; les chiffres sont en effet de l'ordre 73-75 % sur
l'ensemble de la période 1985-2001. Ceci indique que les effectifs
scolarisés dans le primaire, bien qu'ayant effectivement augmenté
au cours de la période (+ 60 % sur les quinze ans), ne l'ont pas fait
à un rythme plus élevé que celui de la population
d'âge scolaire.
Tableau 4 : Evolution des taux bruts de
scolarisation (%) par niveau, 1975-2001
Source : Banque Mondiale.
1.3 Comparaison internationale de la
scolarisation
Le tableau 5, ci-après présente certains
éléments pour cette comparaison internationale. Dans le primaire,
le TBS de Côte-d'Ivoire (74%) est, en 2000, sensiblement inférieur
à la moyenne des six pays africains francophones pour lesquels les
données récentes sont disponible et utilisés ici comme
comparateurs (85,6 %) sachant que ceux-ci ont fait des progrès sensibles
entre 1990 et 2000 (+ 17 points), ce qui n'est pas le cas de la
Côte-d'Ivoire. En fait tous les pays de ce groupe ont
amélioré leur TBS du primaire au cours de la dernière
décennie, alors que la couverture globale du primaire en
Côte-d'Ivoire a essentiellement stagné. Les données
comparatives concernant le TBS dans le premier cycle secondaire montrent
qu'à l'exception du Togo, qui a un chiffre élevé, la
situation de la Côte-d'Ivoire ne semble pas en retard par
référence aux pays considérés ici.
Dans l'enseignement supérieur, la plupart des pays ont
connu une augmentation notable de leur statistique du nombre d'étudiants
pour 100 000 habitants au cours de la dernière décennie. Cela
dit, on peut observer d'une part que la dynamique de croissance de la
scolarisation à ce niveau d'enseignement a été
sensiblement plus vive en Côte-d'Ivoire que dans les autres pays
utilisés comme comparateurs, et d'autre part que le niveau atteint en
1999 (696 étudiants pour 100 000 habitants) est le plus
élevé parmi les différents pays africains
considérés ici.
Tableau 5 : Comparaison internationale des
taux bruts de scolarisation (%)
* nombre d'étudiants pour 100 000 habitants
Source : Banque Mondiale
Chapitre 2 : Analyse des déterminants du
Taux brut de scolarisation
2.1. Données et approches
méthodologiques.
2.1.1. Données de l'étude et modèles.
Les données utilisées dans cette analyse
proviennent du ministère de la planification et de la Banque
Mondiale2(*). Ces
données sont annuelles et couvrent la période allant de 1980
à 2000. Ces données renseignent sur les taux brut de
scolarisation, le nombre de salles de classe, et le nombre d'enseignants
officiant dans l'enseignement primaire en Côte d'Ivoire. Les
procédures adoptées pour les notations de différentes
variables consistent à faire correspondre les initiaux de leurs noms
à chacune des variables concernées par l'étude (voir
tableau 6 ci-dessous).
Tableau 6 :
Notations des variables du modèle
Variables
|
notations
|
Taux brut de scolarisation
|
TBS
|
Nombre de salles de classe dans l'enseignement primaire
|
NBsalles
|
Nombre d'enseignants officiant dans le primaire
|
NBenseignants
|
Sources : Auteur
Pour mieux apprécier l'impact des déterminants
du TBS sur le niveau de celui-ci, nous optons pour une spécification VAR
(vector autoregressive). L'avantage de cette spécification est qu'elle
permet de rendre compte des interrelations réciproques entre les
variables. Un choc sur le niveau des déterminants affecterait
spontanément ou avec un retard les valeurs du TBS et
réciproquement. Dans ce chapitre, nous nous limiterons aux interactions
entre les déterminants liés à la capacité d'accueil
du système éducatif, matérialisé par le nombre de
salles de classe et le nombre d'enseignants officiants dans le primaire.
Nous étudions d'abord la stationnarité des
variables3(*). Ceci se fera
à l'aide des tests de Dickey- Fuller Augmentés (1979) (DFA). A ce
niveau de l'étude, il est possible de déterminer les variables
entre lesquelles il peut exister une relation de long terme (relation de
cointégration).
Ensuite, nous effectuons le test de cointégration pour
rechercher s'il existe des relations de long terme entre les variables et
déterminons le nombre de retard à retenir pour le VAR.
Après ces tests, nous estimerons le modèle retenu, nous
étudierons la réaction des variables face aux chocs grâce
à l'analyse des réponses pulsionnelles. Enfin, la mise en oeuvre
du test de causalité de granger nous donnera le sens de causalité
entre les déterminants des indicateurs et les indicateurs.
2.1.2. Test de stationnarité sur les variables
Une série est dite stationnaire
si elle est de moyenne finie et constante dans le
temps, les liaisons linéaires entre les valeurs passées,
présentes et futures de cette variable sont indépendantes du
facteur temps et enfin sa variance est fixe dans le temps. Pour étudier
cette stationnarité nous utiliserons le test de Dickey Fuller
Augmenté (ADF). L'encadré 1 ci-après donne le principe de
ce test.
Encadré 1 : Test de
ADF
Le test DFA est fondé sur l'estimation par les moindres
carrés ordinaires des trois modèles suivants :
MODELE [1] :
MODELE [2] :
MODELE [3] :
Avec et qui peut
être déterminé par les critères d'information, ou en
estimant le modèle avec une valeur assez élevée de, on estime un
modèle à retards, puis à retard, jusqu'à
ce que le coefficient du du retard soit significatif. Le ainsi
déterminé, on procède de la façon suivante :
1- Effectuer la régression à partir de
l'équation [3].
2- Déterminer si le coefficient du trend est
significativement différent de zéro.
3- Dans le cas contraire, reprendre la régression avec
l'équation [2] sans le trend et vérifier si la constante est
significativement différente de zéro.
Si la constante n'est pas significative, reprendre la
régression avec l'équation [1] sans trend ni constante et
déterminer si le coefficient est significativement
différent de zéro. Si oui, la série est stationnaire. Si
non, il y a une racine unitaire et la série n'est pas stationnaire.
L'hypothèse nulle est et l'hypothèse
alternative.
La statistique du test est à comparer
aux valeurs critiques par de simulations de Monté Carlo (Bourbonnais, 2002). Si on accepte
l'hypothèse nulle : il existe une racine unitaire, le processus
n'est pas stationnaire.
|
Source : Régis Bourbonnais
2002 : économétrie, manuel et exercices
corrigés.
On fera d'abord les tests sur les variables à niveau,
puis en différence première et deuxième sur les variables
non stationnaires à niveau. On s'arrêtera lorsqu'elles seront
toutes stationnaires
Tableau 7 :
Test ADF sur les variables de l'étude
Variable
|
A niveau
|
En différence première
|
En différence deuxième
|
TBS
|
2,290(-1,959)
|
-6,067(-3,029)
|
Pas nécessaire
|
NBSALLES
|
-1,103(-1,968)
|
-1,06(-1,961)
|
-2,863(-1,962)
|
NBENSEIGNANTS
|
-2,13(-3,02)
|
-4,377(-3,04)
|
Pas nécéssaire
|
Source : Données BM et
Ministère de la planification, 2005, Nos calculs sur
Eviews
Dans le tableau 7 ci dessus, chaque valeur qui se trouve entre
parenthèses désigne la valeur critique de Mckinnon au seuil de 5%
qu'on comparera à la statistique de test qui la précède
immédiatement. Si la première est supérieure ou
égale à la seconde, on accepte l'hypothèse de l'existence
d'une racine unitaire et au cas contraire cette hypothèse est
rejetée. Les valeurs théoriques varient selon le modèle
choisi. Le choix des modèles a été fait en suivant la
démarche séquentielle d'Engle et Granger et en se servant des
valeurs tabulées de Dickey-Fuller
La mise en oeuvre du test ADF (tableau 7) rejette la
stationnarité des variables à niveau car les statistiques
calculées sont supérieures aux statistiques du seuil critique de
5%. Les variables TBS et NBenseignants sont stationnaires en différence
première ; la variable NBsalles est stationnaire en
différence deuxième.
Les variables du modèle étant non
stationnaires, il existe un risque de cointégration entre elles. En
effet, l'existence d'une éventuelle cointégration supposerait que
les variables soient non stationnaires. Ainsi nous allons dans le paragraphe
suivant procéder au test de cointégration entre les deux
variables non stationnaires.
2.1.3 Test de
cointégration entre les variables de l'étude
Après la détermination de l'ordre
d'intégration des variables TBS et NBenseignants et ayant
constaté qu'elles sont intégrées de même ordre, il
existe un risque de cointégration. L'analyse de la cointégration
permet d'identifier clairement la relation véritable entre plusieurs
variables en recherchant l'existence d'un vecteur de cointégration et en
éliminant son effet, le cas échéant.
Pour tester une éventuelle cointégration entre
les variables, on a le choix entre le test d'Engel et Granger (1987) et de
Johannsen (1988). Le test d'Engel et Granger (1987) est fondé sur la
stationnarité du résidu de la relation de long terme tandis que
celui de Johannsen est basé sur la statistique de la trace et de la
valeur propre maximale. C'est ce dernier que nous utiliserons car il est le
plus efficace (KEHO, 2005). On acceptera l'existence d'une relation de
cointégration si les statistiques de la trace et de la valeur propre
maximale sont toutes supérieures à leur valeur critique.
Pour nos analyses, nous adopterons une représentation
vectorielle à correction d'erreurs s'il existe des relations de
cointégration. Dans le cas échéant, nous les rendrons
stationnaires en les différenciant et nous adopterons une
représentation vectorielle autorégressive sur leurs
différences.
Le test de la trace et de la valeur propre maximale (tableau
2 en annexe) suggère l'absence d'une relation de cointégration.
En effet, on rejette l'hypothèse nulle d'une relation de
cointégration car les statistiques de la trace et de la valeur propre
maximale sont toutes inférieures à celle de leur seuil
statistique de 5%. Cela voudrait dire que les variables de l'étude ne
partagent pas de tendances communes.
Dans toute la suite de cet article, la différence
première ou deuxième de chacune des séries
stationnarisées de l'étude sera notée en faisant
précéder le nom de la série d'un "D".
Nous pouvons donc adopter une spécification VAR
où les séries TBS et NBenseignants sont prises en
différence première pour nos analyses et la série NBsalles
en différence deuxième.
En conclusion, le modèle retenu se présente
comme suit:
=
Ce modèle permet d'expliquer le taux de croissance de
chaque variable par les combinaisons linéaires des taux de croissance de
l'année précédente, d'une constante (), et d'un terme
résiduel ().
On note que les dij sont les coefficients de cette combinaison
linéaire et p l'ordre du modèle.
2.2 Estimation du modèle vectoriel autorégressif
et tests
Le tableau 11 en annexe nous permet de retenir deux comme
ordre de notre modèle. Le tableau 12 en annexe présente les
résultats de l'estimation du modèle
vectoriel autorégressif. Avant toute interprétation
de ces résultats, nous allons effectuer les tests diagnostics
nécessaires.
2.2.1 Test de stationnarité
global du modèle
Un modèle VAR est dit globalement stationnaire lorsque
toutes ses valeurs sont de modules strictement supérieurs à un
ou si leurs inverses sont toutes situés à l'intérieur du
cercle unité. Le test de stationnarité global si après
donne la représentation graphique des inverses des valeurs propre du
modèle.
Figure 2 :
Résultat du test de stationnarité globale du
modèle
Source : Données BM et
Ministère de la planification, 2005, Nos calculs sur
Eviews
La figure 2 ci-dessus montre que tous les inverses des valeurs
propres du modèle sont à l'intérieur du cercle
unité. Ceci montre que les valeurs propres sont toutes de module
supérieur à un. On conclut que le modèle est globalement
stationnaire. Nous pouvons donc procéder aux tests sur les
résidus.
2.2.2 Test sur les résidus
Le test du multiplicateur de Lagrange pour
l'autocorrélation des résidus dont les résultats sont
présentés dans le tableau suivant ne révèle pas
l'existence d'autocorrection des résidus.
Tableau 8 :
Test d'autocorrélation (LM-test)
Retard
|
1
|
2
|
3
|
LM-stat
|
8 ,805
|
14,149
|
7,904
|
p-value
|
0 ,455
|
0,1171
|
0,543
|
Source : Données BM et
Ministère de la planification, 2005, Nos calculs sur
Eviews
En effet, la probabilité critique associée
à la statistique du test est supérieure au seuil statistique de
5% (les p-values des 3 premiers retards sont toutes supérieures
à 0.05). Ainsi, nous concluons qu'il y a absence
d'autocorrélation des résidus.
Pour l'hétéroscédasticité,
le test de White dont les résultats sont présentés dans le
tableau suivant ne permet pas de rejeter l'hypothèse
d'homoscédasticité.
Tableau 9 :
Test d'homoscédasticité de White
Statistique de Khi-deux
|
p-value
|
79,46
|
0,255
|
Source : Données BM et Ministère
de la planification, 2005, Nos calculs sur Eviews
La probabilité critique du test étant
supérieure au seuil statistique de à 5% (0.097 > 0.05), On
accepte donc l'hypothèse nulle d'homoscédasticité des
résidus.
Les tests résiduels étant réalisés
on valide alors notre modèle.
2.2.3
Analyse de l'impact des chocs sur les variables
Nous utiliserons les fonctions de réponses
impulsionnelles. Celles-ci permettent d'apprécier l'impact dynamique
d'un choc sur les variables. Elles sont importantes pour l'analyse des chocs
des politiques économiques sur les variables étudiées.
Nous constatons de manière générale que
les chocs sont transitoires. Toutefois, ces fonctions révèlent
que TBS ne réagit pas spontanément au choc sur le nombre
d'enseignants. En effet sa courbe de réponse (courbe en trait continue
sur la figure 3 ci après) commence à l'origine. Son effet croit
régulièrement au cours des deux premières années,
puis, s'estompe jusqu'à la sixième année. On assiste
à une nouvelle croissance de TBS à partir de la sixième
année. Ce résultat est bien conforme à la
réalité. En effet, après un choc4(*) sur le nombre d'enseignants,
l'Etat prend du temps pour ajuster les structures d'accueils de nouveaux
élèves (salles de classe, salle pour enseignants, etc.) ceci
dû aux multiples contraintes financières auxquelles il fait
face.
Figure 3: Réponses
du TBS suite aux chocs sur le nombre d'enseignants
Source : Données BM et
Ministère de la planification, 2005, Nos calculs sur
Eviews
Quant à, la courbe de réponse du Taux brut de
scolarisation suite au choc sur le nombre de classes dans le primaire (figure
4) elle révèle que celui-ci ne réagit pas
spontanément à un choc sur le nombre de classes. On constate
cependant que, l'effet du choc évolue régulièrement dans
le même sens que le choc.
Figure 4:
Réponses du TBS suite aux chocs sur le nombre de salle de
classes
Source : Données BM et
Ministère de la planification, 2005, Nos calculs sur
Eviews
Nous allons calculer la contribution de chacune des
innovations à la variance de l'erreur. Cette décomposition de la
variance permet de quantifier les interactions entre les variables de
l'étude. Elle permet de déterminer dans quelle mesure les
variables ont une interaction entre elles et de répondre à la
question de savoir, dans quelle direction, le choc a le plus d'impact.
· Décomposition de la variance de l'erreur
de prévision
Nous allons mesurer l'impact et l'influence des variables du
modèle l'une sur l'autre. Les résultats de l'analyse de la
variance consignés en annexe (tableau 12), indiquent qu'au retard
optimal p=2 TBS explique 1 7,79% des innovations de la variable nombre
d'enseignants officiant dans le primaire.
TBS explique des innovations 12,53% de la variable nombre de
salle de classes. Les variables nombres d'enseignants dans le primaire et
nombre de salle de classe expliquent respectivement 6,21% et 24,05% des
innovations de TBS. Ainsi les chocs sur le nombre de salle de classe et le
nombre d'enseignants du primaire ont plus d'impact sur TBS que TBS n'en a sur
eux. On n'est tenté de dire que l'amélioration de l'offre
d'éducation à travers la construction des salles de classe, et le
recrutement de nouveaux enseignants favorise la scolarisation. Nous allons
confirmer ces résultats par une étude de la causalité.
2.2.4 Tests de
Causalité
Les résultats du test de causalité de GRANGER
donnés dans le tableau 22 en annexe pour un nombre de retard optimal 2
confirment au seuil de 5% que le nombre d'enseignants officiant dans le
primaire cause le Taux brut de scolarisation. Il y'a donc suffisamment de
preuves pour affirmer que la qualité du cadre éducatif cause par
le niveau de scolarisation en Côte d'Ivoire.
2.2.5
Synthèse des résultats de l'analyse économétrique.
Le modèle estimé se présente comme
suit :
TBSt = 0,519TBSt-1 +
2,95*10-5 Dnbclassest-1 + 27*10-5 *
Dnbenseignantst
Premièrement, les variations du taux brut de
scolarisation sont dans le même ordre que du taux de croissance de
l'effectif enseignants.
Deuxièmement, les résultats du test de
causalité de Granger suggèrent qu'au seuil statistique de 5%, le
nombre d'enseignants dans le primaire cause au sens de GRANGER le Taux Brut de
scolarisation et que celui-ci ne cause pas le nombre d'enseignants.
Troisièmement, on constate d'après l'analyse des
chocs impulsionnels que le taux brut de scolarisation ne réagit pas
spontanément aux chocs sur le nombre d'enseignants et le nombre de salle
de classes. Son effet commence à décroître à partir
de la deuxième année.
Quatrièmement, il ressort de la décomposition de
la variance que les variations de l'erreur de prévision du taux brut de
scolarisation s'autodéterminent à 71 ,73% et à
seulement à 28,36% par les variations du nombre d'enseignants et de
salle de classes. Cependant, celles du nombre de classes sont dues pour 81,84%
à ses propres innovations et pour 12 ,53 % aux variations du Taux
Brut de scolarisation; celles du nombre d'enseignants sont dues pour
38 ,83% à ses propres innovations et pour 17,79 % aux variations du
taux brut de scolarisation.
Conclusion générale et
recommandations
La Côte-d'Ivoire a conservé un niveau
élevé de priorité pour le financement public de
l'éducation, degré de priorité mesuré par la
proportion des dépenses publiques au sein des dépenses courantes
de l'Etat. Néanmoins dans un souci d'amélioration du taux brut
de scolarisation, il est important que soient dégagées des
ressources financières supplémentaires dans le sens de
l'amélioration des variables déterminant cet indicateur.
L'étude de ceux-ci nous a fait apparaître le
rôle important de l'effectif du corps enseignant et du ratio nombre
d'élèves par enseignant dans l'amélioration du taux brut
de scolarisation.
En effet l'analyse économétrique
réalisée nous a permis de mettre en lumière l'influence
haussière du ratio nombre d'élèves par enseignants et
effectif du corps enseignant sur le niveau du taux brut de scolarisation au
primaire.
L'amélioration de l'effectif des enseignants dans le
cycle primaire doit être privilégiée afin de garantir une
offre scolaire à la hauteur de la demande de scolarisation ainsi que
celle des infrastructures d'accueil et du cadre de vie des enfants dans
l'enseignement primaire.
Néanmoins des améliorations de la gestion du
système sont incontournables. Si une politique éducative nouvelle
apparaît nécessaire pour refonder le système
éducatif national et définir les options fondamentales dans un
cadre financier et budgétaire tenable à moyen terme, il faut
maintenant souligner que cette nouvelle politique (à définir)
n'aura véritablement de sens que si des améliorations notables
sont réalisées en matière de gestion concrète des
activités entreprises.
Annexes
Tableau 10: test de
cointegration des variables du modèle
Unrestricted Cointegration Rank Test
|
|
|
|
|
|
|
Hypothesized
|
|
Trace
|
5 Percent
|
1 Percent
|
|
No. of CE(s)
|
Eigenvalue
|
Statistic
|
Critical Value
|
Critical Value
|
|
|
|
|
|
|
|
None
|
0.404353
|
10.42670
|
15.41
|
20.04
|
|
At most 1
|
0.030201
|
0.582670
|
3.76
|
6.65
|
|
|
|
|
|
|
|
*(**) denotes rejection of the hypothesis at the 5%(1%) level
|
Trace test indicates no cointegration at both 5% and 1%
levels
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Hypothesized
|
|
Max-Eigen
|
5 Percent
|
1 Percent
|
|
No. of CE(s)
|
Eigenvalue
|
Statistic
|
Critical Value
|
Critical Value
|
|
|
|
|
|
|
|
None
|
0.404353
|
9.844026
|
14.07
|
18.63
|
|
At most 1
|
0.030201
|
0.582670
|
3.76
|
6.65
|
|
|
|
|
|
|
|
*(**) denotes rejection of the hypothesis at the 5%(1%) level
|
Max-eigenvalue test indicates no cointegration at both 5% and 1%
levels
|
Source : Données BM et
Ministère de la planification, 2005, Nos calculs sur
Eviews
Tableau 11 : choix de
l'ordre du modèle
Lag
|
LogL
|
FPE
|
AIC
|
SC
|
HQ
|
0
|
-314.4145
|
3.32E+12
|
37.34288
|
37.48992*
|
37.35749
|
1
|
-301.9597
|
2.27E+12*
|
36.93644
|
37.52459
|
36.99490
|
2
|
-292.0322
|
2.31E+12
|
36.82732*
|
37.85658
|
36.92963*
|
* indique l'ordre retenu
Source : Données BM et
Ministère de la planification, 2005, Nos calculs sur
Eviews
Tableau 12 :
estimation du modèle
Vector Autoregression Estimates
|
Sample(adjusted): 1984 2000
|
Included observations: 17 after adjusting endpoints
|
Standard errors in ( ) & t-statistics in [ ]
|
|
TBS
|
D(NBCLASSES,2)
|
D(NBENSEIGNANTS)
|
TBS(-1)
|
0.519134
|
1160.027
|
-54.90507
|
|
(0.23833)
|
(1598.76)
|
(635.787)
|
|
[ 2.17822]
|
[ 0.72558]
|
[-0.08636]
|
|
|
|
|
TBS(-2)
|
-0.197025
|
722.0816
|
-23.66692
|
|
(0.22280)
|
(1494.55)
|
(594.347)
|
|
[-0.88433]
|
[ 0.48314]
|
[-0.03982]
|
|
|
|
|
D(NBCLASSES(-1),2)
|
8.42E-05
|
-0.861378
|
-0.309946
|
|
(5.0E-05)
|
(0.33434)
|
(0.13296)
|
|
[ 1.68918]
|
[-2.57632]
|
[-2.33111]
|
|
|
|
|
D(NBCLASSES(-2),2)
|
2.95E-05
|
-0.387494
|
-0.357567
|
|
(5.7E-05)
|
(0.37969)
|
(0.15099)
|
|
[ 0.52086]
|
[-1.02055]
|
[-2.36810]
|
|
|
|
|
D(NBENSEIGNANTS(-1))
|
0.000270
|
-1.038547
|
-0.112107
|
|
(9.4E-05)
|
(0.63053)
|
(0.25075)
|
|
[ 2.87231]
|
[-1.64709]
|
[-0.44709]
|
|
|
|
|
D(NBENSEIGNANTS(-2))
|
-7.32E-06
|
0.533152
|
-0.634526
|
|
(0.00010)
|
(0.69328)
|
(0.27570)
|
|
[-0.07086]
|
[ 0.76903]
|
[-2.30151]
|
|
|
|
|
C
|
0.101925
|
-133.4467
|
1395.919
|
|
(0.20025)
|
(1343.28)
|
(534.191)
|
|
[ 0.50900]
|
[-0.09934]
|
[ 2.61315]
|
R-squared
|
0.555944
|
0.601511
|
0.524680
|
Adj. R-squared
|
0.289511
|
0.362417
|
0.239489
|
Sum sq. resids
|
1.630054
|
73352008
|
11600322
|
S.E. equation
|
0.403739
|
2708.358
|
1077.048
|
F-statistic
|
2.086617
|
2.515797
|
1.839746
|
Log likelihood
|
-4.192851
|
-153.9813
|
-138.3053
|
Akaike AIC
|
1.316806
|
18.93897
|
17.09474
|
Schwarz SC
|
1.659894
|
19.28206
|
17.43782
|
Mean dependent
|
0.416956
|
307.7647
|
747.0000
|
S.D. dependent
|
0.478985
|
3391.858
|
1235.043
|
Determinant Residual Covariance
|
8.22E+11
|
|
Log Likelihood (d.f. adjusted)
|
-305.5632
|
|
Akaike Information Criteria
|
38.41920
|
|
Schwarz Criteria
|
39.44846
|
|
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côte d'ivoire du juillet 1998 à mai 1999, MENFB/PASEC/ADEA,
octobre 1999, pp12-29.
* 2Nous n'utilisons pas le taux
net de scolarisation car il ne correspond ni à une mesure de
capacité ni à une mesure de couverture.
* 3 La régression des
séries temporelles suppose que les séries impliquées sont
stationnaires. Le cas échéant conduit à des
régressions fallacieuses (REGIS BOURBONAIS)
* 4 Nous entendons par choc une
restriction ou une hausse du nombre d'enseignants.