PROBLEMATIQUE DE LA GESTION FONCIERE DANS LES CENTRES
URBAINS SECONDAIRES DU BENIN : CAS DE GLAZOUE ET DASSA-ZOUME
REPUBLIQUE DU BENIN
*****
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA FORMATION
PROFESSIONNELLE
*****
UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI
*****
FACULTE DES LETTRES ARTS ET SCIENCES HUMAINES
*****
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE ET AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
*****
OPTION : AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
Présenté par : Sous la direction
de :
Edouard AKPINFA Christophe S.
HOUSSOU
INTRODUCTION
Le foncier constitue la toile de fond de la
quasi-totalité des dynamiques de développement.
En effet, la terre sert non seulement de soubassement à
toutes les activités humaines mais aussi de lien ente les vivants et
les morts. Dans toutes les cultures paysannes, le rapport de l'homme à
la terre revêt donc une importance capitale. Mais le développement
de l'économie de marché a donné à la terre une
valeur marchande qui s'est d'abord imposée dans les
sociétés européennes, puis progressivement dans les pays
africains, d'abord par le biais de la traite puis de la colonisation. Ainsi,
l'attribution de la terre, son utilisation, sa vente, son achat ou sa taxation
sont devenus un enjeu important. C'est pourquoi la terre est bien souvent
à l'origine de conflits entre différents « ayants
droits » sur un même espace. Ainsi, on a noté ses
dernières années, des affrontements liés au foncier dans
le département des collines surtout dans les Communes de
Glazoué, Dassa-Zoumé, Ouessè et Savè. De
même, dans les grandes villes telles que Cotonou, Abomey-Calavi, Parakou
et Porto-Novo, des conflits domaniaux et terriens opposent non seulement les
populations à l'Etat, mais aussi les populations entre elles.
Dans les petits centres urbains tels que Glazoué et
Dassa-Zoumé, les problèmes fonciers n'ont pas la même
ampleur que ceux de Cotonou et Porto-Novo. Toutefois, certaines pratiques en
matière d'occupation et d'utilisation de la terre conduisent à
des situations conflictuelles entre les populations et les autorités
communales d'une part et les populations entre elles d'autre part. Les
domaines déclarés d'utilité publique ne sont pas reconnus
par les populations. Or les centres urbains tels que Glazoué et
Dassa-Zoumé, sont en devenir et les besoins en infrastructures et
équipements sont encore immenses. Il paraît donc
nécessaire, dans la perspective d'un programme d'aménagement de
chacune de ces villes, de mener une réflexion globale sur la question
foncière afin d'identifier et de résoudre les problèmes
actuels de gestion foncière. La présente étude qui
s'inscrit dans le cadre du mémoire de maîtrise en
Géographie, constitue une contribution à cette réflexion.
Elle est intitulée : « Problématique de
la gestion foncière dans les centres urbains secondaires du
Bénin : cas de Glazoué et
Dassa-Zoumé ».
Le choix de ce thème se justifie d'une part par le fait
que, pour le béninois, acquérir une parcelle et y bâtir sa
maison constituent des signes de réussite sociale. Or la population des
villes de Glazoué et Dassa-Zoumé s'accroît rapidement ceci
ne reste donc pas sans effets sur l'espace. Ensuite, il y a les effets de la
réforme administrative en cours dans le pays. En effet, les rumeurs qui
font de Glazoué ou Dassa-Zoumé le probable chef-lieu du
département des Collines ont amplifié la pression
démographique sur le foncier. De plus, conformément aux articles
84 à 107 de la loi n° 97-029 portant Organisation des Communes en
République du Bénin, la mise en place et l'entretien de la
voirie, la réfection des marchés, la mise en place des
réseaux d'évacuation des eaux usées... relèvent de
la compétence de la commune. L'application de ces articles suscite sans
doute un accroissement des besoins en terrains et en ressources
financières pour faire face à ces problèmes de gestion
urbaine. Il est donc indispensable de résoudre les problèmes
actuels liés à la gestion foncière dans ces deux (2)
villes, mais aussi de mettre en place les instances convenables à la
bonne gestion du foncier dans le futur.
La présente étude a donc pour objectifs
de :
- étudier la politique des autorités
administratives en matière d'aménagement foncier,
- analyser les stratégies et les pratiques sociales en
matière d'occupation et d'utilisation du sol dans les deux (2)
villes,
- mettre en relation la stratégie des activités
en matière d'occupation du sol et celle des populations locales afin de
faire ressortir les convergences et les divergences qui existent entre les
différentes pratiques.
Il s'agira de façon spécifique de :
- faire ressortir les procédures et modes
d'acquisition de la terre dans les deux (2) villes,
- étudier l'impact de ces modes et procédures
sur l'occupation et l'utilisation du sol,
- analyser les problèmes actuels de gestion
foncière, les sources de ces problèmes ainsi que les solutions
qui leurs sont apportées.
- étudier les dispositions prises par les
autorités quant à l'occupation du sol dans le futur,
Cette étude s'intéresse donc uniquement à
la composante terre du foncier et cherche à faire connaître les
relations entretenues par les acteurs au cours de l'acquisition et de
l'utilisation de la terre.
Ainsi, les hypothèses suivantes seront
vérifiées :
- Les villes de Glazoué et Dassa-Zoumé ne
disposent pas d'un plan d'urbanisation ; par conséquent les modes
et procédures d'acquisition de la terre ne répondent à
aucune norme de planification urbaine. L'utilisation et l'occupation de la
terre s'effectuent au gré des acteurs urbains,
- Les descendants des premiers habitants des deux villes ont
la main mise sur les terres ; ceci rend difficile l`installation des
infrastructures et équipements,
- Les populations ne sont pas informées des actions
menées dans le cadre du lotissement. Ceci conduit souvent à des
situations conflictuelles.
Pour informer ou confirmer ces hypothèses, nous avons
adopté une méthodologie qui nous a permis d'atteindre un certain
nombre de résultats. La présentation de ceux-ci s'est faite en
cinq (05) chapitres.
Le premier chapitre est consacré à la
description du cadre conceptuel et de la démarche
méthodologique.
Dans le deuxième chapitre, les conditions historiques
et le cadre géographique de l'implantation humaine ont été
présentés.
Le troisième chapitre
intitulé « La question foncière dans les villes de
Glazoué et Dassa-Zoumé », analyse les conditions
d'accès à la terre depuis les origines des deux villes
jusqu'à nos jours.
Le quatrième chapitre qui aborde les enjeux fonciers
dans les deux villes, présente les différents acteurs du foncier,
leurs stratégies ainsi que les conséquences de ces
stratégies sur les deux (2) villes.
Quant au cinquième chapitre, il met en exergue les
problèmes fonciers, les solutions qui leurs sont apportées ainsi
que les dispositions prises par les autorités politico-administratives
pour organiser l'occupation du sol dans le futur.
Enfin, dans la conclusion, le point des principaux
résultats obtenus a été fait, puis des pistes de recherche
suggérées pour mieux maîtriser le foncier dans les villes
de Glazoué et Dassa-Zoumé.
Chapitre 1 : Cadre
conceptuel et démarche méthodologique
La présente étude a pu être
réalisée grâce à l'adoption d'une stratégie
et à l'utilisation de certains outils.
En fait, compte tenu de notre problématique, le travail
s'est déroulé en deux (02) phases principales. D'abord, nous
avons fait le point de la documentation existante sur le sujet ; ensuite,
nous avons procédé aux enquêtes de terrain au cours
desquelles nous avons interrogé les divers acteurs du foncier.
Mais avant de décrire chacune de ces phases, nous
allons définir quelques concepts clés et délimiter notre
cadre d'étude.
I- Définition des concepts clés et
délimitation du cadre d'étude
1.1 Clarification des concepts
Nous allons définir ici certains concepts clés
utilisés dans ce document ou, du moins, préciser le sens que nous
entendons leur donner. Ceci nous paraît essentiel pour éviter les
éventuelles confusions de sens dans la mesure où un même
concept peut avoir plusieurs significations selon les contextes où il
est utilisé.
Ces termes sont les suivants : ville, Aménagement
du territoire, foncier, terrain ou parcelle.
1.1.1 Ville
Il n'est pas commode de définir la ville tant en
matière de morphologie que de conceptualisation car ce que l'on
rassemble sous le nom de « ville » est multiforme par sa
situation ; sa taille, son architecture, son organisation interne, son
rôle dans la vie régionale ou nationale. Aussi, plusieurs
définitions lui sont-elles données. Par exemple, le Dictionnaire
de la Géographie (5ème édition)
considère la ville comme un « gouvernement de population
agglomérée défini par un effectif de population et par une
forme d'organisation économique et sociale. Ces groupements ont pour
base le rassemblement d'activités différentes qui a lui
même pour conséquence la formation d'une société
complexe (société urbaine) » (P. GEORGE P.1993).
Cette définition ne nous paraît pas convenable
pour exprimer la réalité urbaine au Bénin en
général, et à Glazoué ou Dassa-Zoumé en
particulier. Car, dans la plupart des localités qualifiées de
ville au Bénin, un grand nombre d'habitants pratiquent l'agriculture
comme principale activité économique. C'est pourquoi nous
retiendrons ici la définition donnée par l'INSAE. Selon cette
institution, est considérée comme ville, tout chef lieu de
District « ayant au recensement de 1979 un effectif de 10 000
habitants ou plus et ayant au moins quatre (04) des infrastructures
suivantes : PTT, Perception, Trésor public, Agence Bancaire,
Adduction d'Eau, Electricité, Centre de Santé, Collège
d'Enseignement cycle long » (INSAE-BCR, 1986). Cette
définition nous paraît plus pratique et plus adaptée
à notre cadre d'étude. C'est d'ailleurs son application qui a
permis d'identifier les villes principales (Cotonou, Porto-Novo, Parakou) et
celles secondaires dont Glazoué et Dassa-Zoumé.
1.1.2 Aménagement du territoire
L'aménagement du territoire est une notion
contemporaine car c'est dans un passé récent qu'a surgi
l'idée d'influer sur la localisation des activités.
Néanmoins, le concept a aujourd'hui plusieurs acceptions. Nous
retiendrons dans ce document, la définition de Y. Bernard, J.C. Coli et
D. Lewand Ouski selon laquelle, l'aménagement du territoire est
« l'ensemble des mesures destinées à assurer un
développement harmonieux de l'espace national, par une meilleure
répartition des populations et des activités ».
Autrement dit, il s'agit de voir comment, à partir des
potentialités et des contraintes spécifiques d'un territoire
donné, organiser l'espace, répartir les hommes, créer des
activités et distribuer les équipements socio-économiques
afin de lui permettre un développement harmonieux et durable.
En ce sens, nous pouvons considérer
l'aménagement urbain comme l'ensemble des opérations consistant
à assurer un développement harmonieux des villes. Il prend en
compte la conception et la réalisation des travaux d'équipements
et d'infrastructures indispensables pour répondre aux besoins de la
population et aux exigences économiques.
1.1.3 Foncier
Il est défini comme l'ensemble constitué non
seulement par la terre, mais aussi par les ressources qui lui sont directement
attachées et l'ensemble des relations entre individus, groupes
d'individus pour l'appropriation et l'utilisation de ces ressources.
Mais comme nous l'avons spécifié dans notre
problématique, nous nous intéressons ici à la composante
terre du foncier. Nous chercherons notamment à faire ressortir les
conditions d'accès à cette ressource. Ceci nous permettra
d'appréhender les problèmes qui se posent en la matière
à Glazoué et Dassa-Zoumé.
1.1.4 Parcelle ou terrain
Il s'agit d'une portion de terre bâtie ou non. Ainsi,
lorsqu'on parlera de parcelle ou de terrain dans ce document, on comprendra la
portion de terre acquise soit par un particulier pour construire son logement
ou mener une activité particulière, soit par l'administration
pour installer une infrastructure ou un équipement quelconque.
Après cette définition des concepts clés
de notre document, délimitons notre cadre d'étude.
1.2 Délimitation du cadre
d'étude
Notre étude porte sur deux villes :
Glazoué et Dassa-Zoumé.
1.2.1 La ville de Glazoué
Du point de vue administratif, la ville de Glazoué
comporte un (01) arrondissement de cinq (05) quartiers : Affécia,
Ayédèro, Orokoto, Ogoudako, et Zongo. Mais sur le terrain, nous
avons remarqué que des quartiers/villages de l'arrondissement de
Zaffé bénéficient de certains services urbains du fait de
leur proximité des quartiers ci-dessus cités. C'est le cas de
Kabolé qui ne se distingue plus de Glazoué puis de Zaffé
et Egbessi.
Au total, notre étude s'étend sur les quartiers
Affécia, Ayédèro, Ogoudako, Orokoto, Zongo, Kabolé,
Egbessi et Zaffé.
1.2.2 La ville de Dassa-Zoumé
Dassa-Zoumé est une ville qui sur le plan administratif
comporte deux (02) arrondissements à savoir l'arrondissement de Dassa I
et celui de Dassa II.
L'arrondissement de Dassa I est subdivisé en six (06)
quartiers : Latin, Zongo, Essèbrè, Essèkpa Amangassa
et Agbégbé. Par contre celui de Dassa II est subdivisé en
quatre (04) quartiers : Ayédèro, Issalou, Bètou,
Essèkpré et cinq (05) villages : Mahou, Daho, Loulè,
Moudja et Moumoudji.
Notre étude a pris en compte tous les quartiers des
deux (02) arrondissements (Latin, Zongo, Essèbrè,
Essèkpa, Agbégbé, Ayédèro, Issalou,
Amangassa, Bètou et Essèkpa). En dehors de ces quartiers,
l'étude a porté sur le village Moumoudji compte tenu de sa
proximité des autres quartiers. Ce village bénéficie
actuellement d'une opération de lotissement.
En somme, l'étude s'étend sur huit (08)
quartiers de la ville de Glazoué et Onze (11) de celle de
Dassa-Zoumé, dans lesquels des données ont été
collectées à l'aide de fiche d'enquête bien
appropriées.
II- Collecte des données et difficultés
rencontrées
La collecte des données s'est faite à travers
une revue documentaire et des enquêtes de terrain. Quant aux
difficultés rencontrées, elles concernent l'ensemble du travail
réalisé.
2-1 La documentation
Elle a commencé avec le choix du sujet et s'est
poursuivie tout au long des différentes phases du présent
travail. L'objectif visé est de faire le point des travaux
réalisés en matière foncière d'une part et de
l'autre, d'élargir notre champ d'horizon par rapport au thème
d'étude. Pour cela, nous avons parcouru un certain nombre de
bibliothèques et centres de documentation. Au rang de ceux-ci, nous
pouvons citer : la bibliothèque universitaire, celle du CCF, les
centres de documentation de la FLASH, de la FSA, de la SERHAU-SA, de l'IGN, de
l'INSAE. A cela s'ajoutent les Bureaux des Archives et de la Documentation des
Communes de Glazoué et Dassa-Zoumé, ainsi que le Bureau des
Affaires Générales et Domaniales de la Commune de Glazoué
et le Service des Affaires Domaniales et Environnementales de la Commune de
Dassa-Zoumé. Les documents dont nous avons disposé varient d'un
centre à un autre.
Ainsi, dans les bibliothèques universitaires et du CCF,
nous avons consulté les ouvrages traitant des questions de ville en
général et de la question foncière en milieu urbain en
particulier.
Au centre de documentation de la FSA et de la FLASH, nous
avons pris connaissance des mémoires et thèses soutenus sur le
sujet.
A la SERHAU-SA nous avons disposé des travaux
réalisés par ce bureau d'études dans le domaine
foncier.
A l'IGN, nous avons consulté les cartes du Bénin
et des communes de Glazoué et Dassa-Zoumé.
Aux Bureaux des Archives et de la Documentation des deux
communes , nous avons exploité les ouvrages traitant de la
décentralisation et de l'historique des villes.
Enfin, au Bureau des Affaires Générales et
Domaniales de la Commune de Glazoué et au Service des Affaires
Domaniales et Environnementales de la Commune de Dassa-Zoumé, nous avons
consulté les livres fonciers, les divers arrêtés
Sous-préfectoraux et/ou Communaux ayant traité des questions
foncières et les Procès Verbaux des différentes
réunions des comités de lotissement et d'urbanisation.
Ces différents documents, tout en renforçant nos
connaissances en matière foncière, nous ont aidé à
identifier les différents acteurs du système foncier. Ceci nous a
permis de préparer et d'exécuter nos recherches sur le
terrain.
2.2 Les recherches sur le terrain
2.2.1 Méthodes et outils de collecte des
informations
Les recherches ont été menées sur le
terrain à travers des observations directes des interview
semi-structurées et des enquêtes auprès des responsables
des structures et organismes publics ainsi que les élus locaux et les
`'notables/sages''.
A cela s'ajoutent les informations reçues auprès
des ménages et autres personnes ressources. A cet effet, des guides
d'entretien et questionnaires ont été conçus,
testés et utilisés par des enquêteurs recrutés pour
la circonstance.
Au titre des responsables des structures et organismes
publics, nous avons rencontré :
- Les chefs des Bureaux Affaires Générales et
Domaniales de Glazoué et Dassa-Zoumé
- Les membres des Comités de lotissement et
d'urbanisation des deux communes
- L'inspecteur et le receveur des impôts de
Dassa-Zoumé qui ont à charge aussi la ville de Glazoué.
- Le responsable de la cellule locale du RFU
Dassa-Zoumé.
Au nombre des Notables/sages et élus locaux, nous avons
rencontré :
- les deux (2) Maires et les chefs d'arrondissement
concernés ;
- le roi AFOMAN EGBAKOTAN II dont le
royaume s'étend sur les deux villes.
- le représentant du roi AFOMAN EGBAKOTAN
II dans la ville de Glazoué
- Des chefs de collectivités ou leurs
représentants
Pour ce qui est des enquêtes auprès des
ménages, nous avons dû constituer un échantillon au niveau
de chacun des centres urbains étudiés. Ceci se justifie par le
manque de moyens. Ainsi, si nous avons pu parcourir tous les quartiers de la
zone d'étude, il n'en demeure pas moins vrai que nous avons
été obligé de sélectionner les ménages
enquêtés.
Pour déterminer l'échantillon, nous sommes
partis des chiffres de la population fournis par le RGPH3 de 2002 notamment le
nombre de ménage existant dans chaque quartier. Puis, nous avons
considéré le dixième (1/10) de chacun de ces nombres. Le
tableau suivant présente le résultat par centre urbain et par
quartier.
Tableau 1 : Effectif de
l'échantillon
VILLE
|
QUARTIER
|
NOMBRE TOTAL MENAGE
|
MENAGES ENQUETES
|
POURCENTAGE
|
GLAZOUE
|
Affécia
|
730
|
73
|
10,00
|
Ayédèro
|
760
|
76
|
10,00
|
Ogoudako
|
146
|
15
|
10,27
|
Orokoto
|
236
|
24
|
10,17
|
Kabolé
|
208
|
21
|
10,10
|
Egbessi
|
123
|
12
|
09,76
|
Zaffé
|
450
|
45
|
10,00
|
Zongo
|
849
|
85
|
10,01
|
Sous-total 1
|
3502
|
351
|
10,02
|
DASSA-ZOUME
|
Latin
|
399
|
40
|
10,02
|
Essèkpa
|
369
|
37
|
10,02
|
Essèbrè
|
203
|
20
|
09,85
|
Essèkpré
|
305
|
31
|
10,16
|
Agbégbé
|
249
|
25
|
10,04
|
Issalou
|
399
|
40
|
10,2
|
Bètou
|
210
|
21
|
10,00
|
Ayédèro
|
1141
|
114
|
09,99
|
Moumoudji
|
194
|
19
|
09,79
|
Amangassa
|
221
|
22
|
09,95
|
Zongo
|
286
|
29
|
10,13
|
Sous-total 2
|
3976
|
398
|
10,01
|
TOTAL
|
7478
|
749
|
10,01
|
Au total, 351 ménages ont
été enquêtés à Glazoué et
398 à Dassa-Zoumé soit 749
ménages pour les deux centres.
Nous avons donc élaborés 749 fiches
d'enquête que nous avons adressés aux différents
ménages choisis par hasard à raison d'un questionnaire par
ménage.
Pour recueillir les informations auprès de ces
ménages et remplir les questionnaires, nous nous sommes fait aider par
quatre (04) étudiants autochtones de Glazoué et cinq (05)
étudiants autochtones de Dassa-Zoumé.
Grâce à ces différentes rencontres, nous
avons pu obtenir des données dont le traitement nous a permis de
rédiger notre mémoire.
2.2.2 Dépouillement des fiches
d'enquêtes, traitement des données et rédaction du
document.
Une fois les enquêtes terminées, nous avons
procédé à un regroupement des questionnaires par
catégories d'acteurs. Ainsi, les questionnaires destinés aux
ménages ont été regroupés par quartier tandis que
ceux des élus locaux ont été mis ensemble. Nous avons par
la suite procédé au dépouillement des fiches en inscrivant
dans un tableau conçu à cet effet, les différentes
réponses données à telle ou telle question.
Par exemple, pour ce qui est des enquêtes auprès
des ménages, nous avons mis d'un côté les ménages
propriétaires de terrain et de l'autre ceux qui ne disposent d'aucun
terrain. Dans le premier cas, nous avons cherché à
connaître les modes et procédures d'acquisition des terrains, les
preuves de leur propriété (existence ou non de documents
écrits) ... Un traitement statistique et informatique nous a permis
d'évaluer l'importance relative de chaque mode et de présenter
les différents résultats sous forme de tableaux ou de graphiques
(cf tableau 2 et graphique N°1 par exemple).
L'analyse et l'interprétation des différents
résultats ainsi que les réponses aux diverses questions nous ont
servi de base dans l'articulation des différentes idées contenues
dans le présent document.
Notons pour finir que nous avons rencontré des
difficultés tout au long de l'étude.
2.3 Difficultés rencontrées
Elles peuvent être regroupées en trois (03)
points :
2.3.1 Manque de documents spécifiques sur la
question foncière.
Certes, un nombre non négligeable de travaux ont
été réalisés sur le foncier au Bénin. Mais
force est de constater que rares sont les études qui ont
été faites sous l'angle de l'accès à la terre. Cet
état de chose nous a été très défavorable
lors de notre recherche documentaire.
2.3.2 Réticence de certains acteurs à
répondre aux questions
Il s'agit essentiellement des ménages mais aussi des
responsables du Service des impôts.
L'attitude des ménages peut s'expliquer par deux
faits :
- la période de déroulement des enquêtes
qui a coïncidé non seulement avec la période de distribution
des avis d'imposition mais aussi avec la pré-campagne pour les
élections présidentielles. Du coup, notre travail a
été perçu à certains endroits comme émanant
du service des impôts et à d'autres endroits nous avons
été considérés comme des émissaires d'hommes
politiques.
- La terre a acquis désormais une valeur marchande.
Ainsi nombre de ménages rechignent à déclarer qu'ils sont
propriétaires de terrain parce qu'ils ne veulent pas être
considérés comme des riches.
En ce qui concerne les responsables du service des
Impôts, ils ont subordonné la réponse à certaines
questions à la présentation d'une autorisation de recherche.
2.3.3 Indifférence de certains membres des
comités de lotissement et d'urbanisation
Le comité de lotissement et d'urbanisation de
Dassa-Zoumé est composé de quatorze (14) membres d'après
le texte de l'arrêté communal N° 4F/545/SG/SA du
1er /10/2003. Mais sur les quatorze (14) membres , seulement une
demi dizaine a répondu efficacement à nos questions. Les autres
s'y sont dérobés, estimant qu'ils ne sont pas très
imprégnés des questions de lotissement ; ce pourquoi le
comité a été pourtant installé. Il en est de
même à Glazoué.
Malgré ces difficultés, nous avons ;
grâce aux soutiens et conseils des uns et des autres, réussi
à obtenir les résultats contenus dans le présent
document.
Chapitre 2 : Conditions
historiques et cadre géographique de
l'implantation
humaine.
Une étude foncière doit prendre en compte des
éléments permettant d'appréhender l'organisation sociale
des populations et par conséquent les relations qu'elles entretiennent
entre elles et autour de la terre. C'est pourquoi ce chapitre est
consacré non seulement à la mise en place des populations de
Glazoué et Dassa-Zoumé, mais aussi à leurs assiettes
topographiques et situations géographiques.
I - Mise en place de la population
1.1 Origine et évolution historico-politique de
Glazoué
Gbominan, appelé aujourd'hui Glazoué
était une ferme de Zaffé. C'est une cité de
création récente. Zone de forte production agricole,
Glazoué attirait non seulement des producteurs en quête de terre
fertile, mais aussi les commerçants. Ainsi, Monsieur GOMINA, premier
commerçant de la zone avait construit une paillote pour mener ses
activités. Cette paillote étant devenue un repère pour
tout le monde, les gens ne tardent pas à dire :
- N'lèko li ti gominan (je vais chez gominan)
- Lagbé gominan (à côté de
gominan)
Ce lieu est alors devenu Gbominan par déformation de
GOMINA. Gbominan est devenu Glazoué avec la création d'un
arrêt-train. En effet, Monsieur GOMEZ surnommé Djanta (lion) par
ses collègues, retraité de l'OCBN, usa de ses relations pour la
création de cet arrêt-train. Initialement installé à
HLASOE (à trois kilomètres de Glazoué), Monsieur GOMEZ
voulait que l'arrêt-train soit dans cette localité et avait donc
mis sur la demande HLASOE. Des études réalisées par les
responsables de l'OCBN, il ressort que Gbominan est mieux indiqué pour
l'arrêt-train. Ainsi, malgré que cet arrêt ne soit plus
à HLASOE, le nom n'a plus disparu. C'est ainsi que par
déformation il est devenu Glazoué au lieu de Gbominan. Quand bien
même le colon l'a transformé par la suite en Glazoué, le
nom Gbominan est toujours employé par plus de 90% de la population.
Gbominan (Glazoué) a connu une évolution
remarquable grâce à Monsieur GOMEZ Djanta. En dehors de
l'arrêt-train devenu par la suite gare OCBN, il a appuyé fortement
l'initiative des Idaaca dans la création de leur marché à
Glazoué, suite à un incident survenu dans le marché
d'Agouagon. C'est ce marché qui est devenu par la suite international et
qui fait la fierté de tous.
La fertilité des sols et la présence du
marché ont favorisé l'émigration jusqu'en 1978 où
le territoire national a été reconstitué. Ainsi, par
décret 78-365 du 30 Décembre 1978, le District de Glazoué
a été créé avec pour chef-lieu Glazoué. Ce
District est composé d'une part, d'anciens villages de la
Sous-préfecture de Savalou (Ouèdèmè, Aklampa, ...)
et aussi d'anciens villages de la Sous-préfecture de Dassa-Zoumé
(Sokponta, Gomé, ...) d'autre part.
Avec ce nouvel attribut de chef-lieu de District,
Glazoué a bénéficié d'un certain nombre de
réforme et d'infrastructures qui ont considérablement
modifié son territoire.
1.2 Origine et évolution historico-politique
de Dassa-Zoumé
Dassa-Zoumé est la transformation par le colon de
Dassazoumin qui n'est rien d'autre que la traduction
de Igbo-Idaaca en fon. Ainsi, Igbo-Idaaca ou dassazoumin
signifie littéralement : dans la forêt des
idaaca.
Dassa = Idaaca = Dassa
Zoun = Igbo = forêt
Min = dans
Idaaca n'est que la contraction de la phrase A ti
da li ica qui veut dire : nous sommes déjà en
pays Ica. En effet, partis d'gba-Ijbu au
Nigéria, suite à une querelle de succession, les
gba devenus Omonjagu ,
conduits par un grand chasseur du nom de As, ont
été suivis par leurs partisans jusque dans les contrées
rocheuses de l'actuel Dassa-Zoumé. Installés au quartier
kpo (emplacement actuel du centre de traitement
anti-lèpre ou léproserie de Dassa-Zoumé), les
gba ont usé de tous les moyens et de toutes
les ruses pour sur planter les Ijéun et les
Mamahoun1(*) qu'ils sont venus trouvés dans la
zone. Les gba ont réorganisé la vie
socio-politique du territoire. Ainsi, sous le règne de Jagu
Ogudu, 4ème roi du royaume idaaca, le groupe a
été reconstitué et le lignage des
omon-jagu qui se réfère à
gba fut créé. Le réformateur
monarque initia une politique d'intégration sociale qui interdisait le
mariage entre omon-jagu qui du reste, n'est pas un
anathème.
Quand Jagu Ogudu eut fini
de bâtir son palais, ilé n'la (grande maison), il en fit le
siège de son administration. Il donna à la nouvelle cité
le nom riche de sens Igbo Idaaca,
littéralement la forêt des idaaca. Cela
signifie que cet établissement appartient à tous les
idaaca. Igbo-Idaaca devint alors le symbole de
l'unité et le jagu lui-même, la personnification de cette
unité-là.
Avec l'implantation de deux (2) divinités :
Nana Bukuu et Ogun,
Igbo-Idaaca devint un centre religieux important pour les rassemblements. La
nouvelle capitale devenait ainsi un pôle économique
alimenté par les centres agricoles et marchés environnants.
Le royaume Idaaca ainsi consolidé va connaître
dix huit (18) rois2(*) et un
régent (Jagu Otètan dit Adjiki alias Zomahoun) nommé par
le roi GLELE (Abomey) et qui signa le 24 Janvier 1894 avec le Lieutenant
Maurice GUERIN , le traité de protectorat
français. C'est cet acte qui créa la confédération
des Dassas issue de la fusion de deux royaumes : le royaume idaaca et
celui des Ifèta (Fita) avec pour capitale Dassa-Zoumé.
Dès lors, l'évolution politico-administrative de
Dassa-Zoumé se fera au gré du colonisateur. Ainsi, le 22 Juin
1894, un arrêté local fut pris pour régler les divisions
politiques du Danhomey et Dépendances. La Confédération
des Dassas prenait alors le nom Canton de Dassa jusqu'à l'accession de
notre pays à l'indépendance en 1960. Au lendemain de cette
indépendance, les divers décret et lois pris par les
autorités pour organiser le territoire ont conduit à
l'érection du canton de Dassa-Zoumé en Sous-préfecture, en
District puis en Commune avec pour chef-lieu, la ville de
Dassa-Zoumé.
Cette évolution des territoires de Glazoué et
Dassa-Zoumé n'est pas restée sans avoir des conséquences
sur la question foncière. Ces dernières seront
présentés et analysées dans le prochain chapitre. Mais
avant, décrivons le cadre géographique des deux villes notamment
le site et la situation. Ces derniers constituent les données de base
sur lesquelles s'effectuent les actions d'aménagement. Ils peuvent
offrir des avantages à l'urbanisation ou au contraire constituer des
contraintes à celle-ci. Par exemple, un site présentant de
très fortes pentes sera plus difficile à aménager qu'un
autre qui présente des pentes légères et douces. La
connaissance de ces données n'est donc pas inutile pour la
compréhension du fait foncier.
II - Cadre géographique
2.1 Site et situation
Le site d'une ville représente l'assiette dans laquelle
elle est née. Autrement dit, il désigne les caractères
topographiques de l'espace sur lequel la ville a été
fondée.
La situation, quant-à elle, indique la position de la
ville dans une région et en particulier vis-à-vis des moyens de
communication. Si autrefois, la recherche de la sécurité
était la préoccupation majeur (les villes occupaient
fréquemment des sites défensifs ), aujourd'hui, ce qui importe
c'est la situation c'est-à-dire la position par rapport aux
réseaux de communication car la ville est avant tout un espace de
circulation, de communication et d'échange.
2.1.1 La ville de Glazoué
Le site d'implantation de la ville de Glazoué n'offre
pas de contraintes majeurs à l'urbanisation. Il s'agit d'un plateau
à faible pente de 2% à 4%. Certes, dans le quartier
Affécia, certaines zones sont menacées d'inondation pendant la
période des pluies. Mais il s'agit là des effets d'une
hydromorphie temporaire.
Le centre urbain de glazoué est constitué des
quartiers Affécia, Ayédèro, Zongo, Orokoto, Ogoudako,
Kabolé et Zaffé. Il est limité :
ü Au Nord par Thio
ü Au Sud par Akpikpi
ü A l'Est par Gbogbogni et Hlassoé
ü A l'Ouest par Houala et Yawa
Par contre, l'arrondissement de Glazoué est
limité :
ü Au Nord par l'arrondissement de Thio
ü Au Sud par l'arrondissement de Zaffé
ü A l'Est par les arrondissements de Zaffé et
Thio
ü A l'Ouest par les arrondissements Magoumi et
Kpakpaza
Glazoué est une ville commerciale. Elle est
traversée non seulement par la Route Nationale Inter Etat Cotonou -
Niamey (RNIE 2) mais aussi par la voie ferrée avec une gare. De plus,
elle abrite un marché international. Ces éléments
contibuent énormément à l'expansion de la ville et donc
à l'urbanisation des espaces agricoles environnants.
2.1.2 La ville de Dassa-Zoumé
Le site originel de la ville de Dassa-Zoumé est
installé au pied des collines. Il répond à des besoins de
protection et de défense. En effet, les collines, tout en permettant une
vue synoptique des localités environnantes, servaient de refuges aux
populations contre les invasions des royaumes voisins en particulier celui de
Danxomè (Abomey).
Actuellement, la ville dans son extension a conquis d'autres
espaces si bien qu'aujourd'hui, le site urbain présente deux
caractéristiques distinctes à savoir le noyau ancien
installé sur un site en relief très accidenté et la zone
de plateau.
Dans le premier cas, le sol est rocheux et soumis aux effets
de l'érosion. Les pentes y sont fortes allant de 8% à 10%. Cette
zone comprend les quartiers Agbégbé, Issalou
Essèbrè, Essèkpa, Latin et Zongo. La zone de plateau,
quant à elle, peut être subdivisée en deux : la partie
Est constituée notamment du quartier Ayédèro et la partie
Ouest qui comprend le centre administratif et commercial (autour du carrefour)
, Kpékouté et Moumoudji débouchant sur la rivière
OLODJO.
La zone de plateau présente une pente douce et
régulière de 3 à 5%. Un tel site n'offre pas de
contraintes majeurs à l'urbanisation. Certes, dans le quartier
Kpékouté, certaines parcelles sont menacées d'inondation
pendant la période des pluies. Mais il s'agit là des effets d'une
hydromorphie temporaire.
Par ailleurs, la présence des collines empêche
l'extension de la ville vers le Nord et le Sud. Ceci réduit ses
potentialités foncières. Aussi, la plupart des nouvelles
acquisitions de terrain s'effectuent-elles à l'Ouest
(Kpékouté et Moumoudji) et à l'Est (Ayédèro)
de la ville. La ville de Dassa-Zoumé s'étend sur 1558 ha environ
dont 139 ha lotie.
Pour ce qui est de la situation de la ville, il faut dire
qu'elle constitue le chef lieu de la commune. Elle est limitée :
- Au Sud par les collines, le centre marial et le centre de
traitement anti-lèpre.
- Au Nord par les collines, Modjigangan et Loulè.
- A l'Est par Houéclé
- A l'Ouest par Iganfan.
Les arrondissements limitrophes de la ville de
Dassa-Zoumé sont :
- Kpingni et Tré au Sud
- Kèrè au Nord et à l'Ouest
- Gbaffo à l'Est
Située à l'intersection des principaux axes
routiers qui relient le Sud au Nord du pays (RNIE2 et RNIE3 ), la ville de
Dassa-Zoumé bénéficie non seulement des attributs d'une
ville carrefour mais aussi des atouts liés à l'existence d'une
gare ferroviaire (OCBN). Ces différentes infrastructures facilitent les
échanges entre le Nord et le Sud mais aussi entre les habitants de
Dassa-Zoumé et ceux des autres régions du pays.
Par ailleurs, la ville est entourée de part et d'autre
d'espaces ruraux ; les plus proches villes étant Glazoué
(22Km) et Savalou (30km). Son développement à long terme se
traduira donc par la transformation de ces espaces ruraux en espaces urbains.
Ceci ne restera pas sans poser des problèmes car les enjeux fonciers au
village sont différents de ceux de la ville.
Mais avant de nous intéresser à la question
foncière proprement dite, voyons comment s'effectue l'extension de la
ville.
2.2 Croissance spatiale.
2.2.1 Cas de Glazoué
La ville de Glazoué est née dans le quartier
Ayédèro encore appelé Dassakohoué (ce qui signifie
en fon « chez les Idaaca »). De là, elle
connaîtra une expansion spatiale vers l'Est (Zongo) puis vers le Sud
(Affécia). Signalons que Orokoto et Ogoudako qui sont aujourd'hui des
quartier de Glazoué étaient à l'origine des villages.
Compte tenue du site d'implantation de la ville, l'expansion
spatiale s'est faite dans tous les sens. Ceci permet une répartition
plus ou moins équitables des équipements.
Ainsi par exemple, le quartier Ayédèro
abrite : le Centre de Promotion Sociale, le Commissariat de Police, les
bureaux de la Mairie, la maison des jeunes, l'usine d'égrenage. Quant au
quartier Affécia, on y trouve la Brigade de gendarmerie et le
Collège d'Enseignement Général. Enfin le quartier Zongo
abrite le marche international et le Centre Communal de Santé.
Il faut noter qu'une partie du quartier Ayédèro
a bénéficié d'une opération de lotissement. C'est
ce qui favorise ce quartier pour l'implantation des infrastructures et
équipements publics. Il paraît donc indispensable que les
opérations de lotissement en cours dans les autres quartiers soient
finalisées à temps.
2.2.2 La ville de Dassa-Zoumé
Le noyau de la ville de Dassa-Zoumé est le quartier
Agbégbé. Ce quartier a été créé avec
l'installation du roi Jagu Ogudu. Du quartier
Agbégbé, la ville s'est étendue petit à petit vers
Issalou à l'Ouest puis Essèkpa et Essèbrè à
l'Est. Les collines ayant bloquées l'expansion spatiale de la ville vers
le Nord et le Sud, celle-ci s'est beaucoup plus développée ver
l'Est et l'Ouest.
Compte tenu du fait que les premières opérations
de lotissement ont été réalisées dans la partie
Ouest de la ville (autour du carrefour), l'essentiel des équipements et
infrastructures collectifs de la ville est installé dans cette zone. On
peut citer par exemple, les bureaux de la Mairie et des deux (2)
arrondissements, le commissariat de Police, l'Agence PAPME, la Brigade de
Gendarmerie, la recette perception, le Service des Impôts, le
Siège de l'UCP,...
Pour éviter un « développement
inégal » des diverses parties de la ville, il paraît
indiqué que les opérations de lotissement en cours dans les
autres parties Ayédèro et Moumoudji) soient vite
achevées.
Cette présentation des conditions historiques et du
cadre géographique de l'implantation humaine nous permet de disposer des
éléments de base (site et situation des villes, type
d'organisation sociale des populations ) pour l'étude des rapports de
l'homme à la terre. Ce sera l'objet du prochain chapitre.
Carte N°1 :
Présentation de la zone d'étude
Chapitre 3 : La question
foncière dans les villes de Glazoué et
Dassa-Zoumé
Depuis environ trois (03) décennies, la place de la
terre au sein des biens humains a considérablement augmenté. Si
à l'origine de l'humanité la terre n'avait pas une grande valeur,
aujourd'hui, c'est tout le contraire qui s'observe avec la course
effréné à son acquisition.
Les facteurs qui expliquent cet état de choses varient
d'une région à une autre.
Dans ce chapitre, nous ferons d'abord l'historique des
rapports de l'homme à la terre, ensuite, nous présenterons et
analyserons les facteurs de l'évolution de ces rapports puis enfin les
conséquences de cette évolution sur l'occupation et l'utilisation
du sol dans les deux villes faisant objet de l'étude.
I- Historique des rapports de l'homme à la
terre
La terre à l'origine, était utilisée
à deux (2) fins essentielles : l'habitat et les activités
agricoles. Ces deux modes d'utilisation de la terre sont souvent liés
car les cases servant d'habitation sont souvent construites à
proximité des champs, du moins pas trop loin de ceux-ci. En
général, le désir de disposer de terres s'explique par la
nécessité de satisfaire ses besoins alimentaires. De ce fait, les
premiers habitants de Glazoué et de Dassa-Zoumé ne
s'intéressaient pas à la terre pour ce qu'elle a eu elle -
même, mais simplement pour ce qu'elle peut fournir. Autrement dit, ce qui
importait, c'était ce qui sortait de la terre et non la terre
elle-même. C'est ce qui ressort de la constatation faite par C.
COQUERY-VIDROVITH en 1968 : `' L'essentiel est donc de
cultiver la terre et non de la posséder. Car ce qui prime, la terre
étant là-donnée, présente. C'est d'en organiser
l'exploitation''.
En clair, la terre n'avait pas une valeur au sens où on
l'entend aujourd'hui, sa valeur d'usage primait sur sa valeur marchande. Dans
ces conditions les terres fertiles étaient les plus recherchées.
Quand une terre n'arrivait plus à fournir les rendements
nécessaires pour l'alimentation de celui qui l'exploitait, elle
était abandonnée au profit d'une autre. Cette pratique est due au
fait que la ressource (terre) était disponible, la population qui
l'exploitait n'étant pas nombreuse.
L'accès à la terre dans ces conditions
s'effectuait de deux manières : l'une paraissant comme originelle
et l'autre secondaire.
1.1 Principal mode traditionnel d'accès
à la terre : l'occupation de
longue durée.
L'occupation constitue la forme originelle suivant laquelle
l'homme accède à la terre. Cette forme d'acquisition de la terre
reconnaît dans son principe que la terre n'appartient originellement
à personne sinon à elle-même. Aussi se mettait-elle sous
l'emprise de celui qui, le premier, l'occupait. Ce principe est
concrétisé par l'adage selon lequel la terre appartient au(x)
premier(s) occupant (s). C'est aussi, semble t-il, l'idée qu'ont voulu
exprimer les Romains en disant « Res nullius primo
occupanti » : La chose appartenant à personne est au
premier occupant.
Par ailleurs, que ce soit à Glazoué ou à
Dassa-Zoumé ; il n'est pas rare d'entendre des gens dire :
« cette terre est celle de mes aïeux ; c'est ici qu'ils ont
été inhumés ; je ne la quitterai
jamais » ; ou « personne n'a `'donné
naissance'' à la terre pour prétendre la posséder il
suffit d'en trouver un `'lopin libre et de l'occuper ».
Ou encore : « ce sont mes aïeux qui les
premiers, ont occupé cette terre ; personne ne peut
m'inquiéter ici... »
La question qui se pose est de réussir à prouver
aux tiers, l'antériorité de son occupation. Pour cela, plusieurs
moyens sont utilisés parmi lesquels on peut retenir le feu et les outils
oratoires tels que la hache et le coupe-coupe.
Dans le premier cas, le chef de collectivité ou de clan
met le feu à l'endroit jugé approprié à
l'installation humaine. Ce feu peut brûler pendant des jours voire des
semaines selon les caractéristiques physiques de l'endroit
concerné. Il circonscrit et matérialisé le sol choisi. Il
est ainsi créateur, au profit de son acteur, des droits qui y seront
exercés par la suite. Le fait d'être le premier à mettre le
feu confère un privilège que certains juristes ont
désigné sous le terme de `'droit de feu'3(*)'.
Dans le second cas, on se sert d'outils agricoles (dont la
hache) pour défricher l'espace afin de matérialiser son
occupation primitive. L'usage de ces instruments est générateur
de droits sur la terre qui fut l'objet. Comme dans le cas
précédent, le fait d'avoir été le premier à
défricher un espace donné à l'aide de ces outils
confère le privilège appelé `'droit de hache4(*)'' ; celle-ci apparaît
comme l'instrument de base parmi ceux généralement
utilisés. Il est à noter que ces techniques utilisées
pour matérialiser l'antériorité de son occupation posent
des problèmes quant à la fiabilité des limites du domaine
et la détermination du critère de destination des
réserves. Cependant, ces problèmes n'étaient pas
très pernicieux. Car la densité démographique était
très faible ; par conséquent, les terres étaient
disponibles.
En dehors de l'occupation, d'autres moyens sont
utilisés accessoirement pour accéder à la terre.
1.2 Les modes secondaires d'acquisition de la
terre : l'héritage et la
donation
L'héritage et la donation s'effectuent au profit des
descendants des premiers habitants ou en faveur des nouveaux résidents.
L'héritage se fonde sur la conception originelle suivant laquelle la
terre a un caractère essentiellement lignager. Ainsi, à la mort
d'un parent, ses terres sont partagées entre ses fils : Les filles
n'ont généralement pas le droit d'hériter de terres, car
elles sont appelées à quitter le domicile parental après
leur mariage. Mais dans certains cas, lorsque le défunt n'a pas de
descendant masculins, toutes ses terres ou une partie de celles-ci peuvent
revenir, à titre exceptionnel, à certaines de ses filles qui
souhaitent les cultiver. Ces cas sont néanmoins rares.
Par ailleurs, la société idaatcha est
régie par le système patrilinéaire. La parenté
s'établit alors en ligne exclusivement masculine d'où la
prédominance de la descendance paternelle. Ainsi, les descendants
directs du défunt sont privilégiés dans l'attribution des
biens en général et des terres en particulier.
C'est seulement lorsque ceux-ci font défaut que les
biens reviennent aux collaborateurs puis aux descendants de ces derniers. Dans
tous les cas, le partage se fait en fonction de l'âge c'est-à-dire
que le garçon le plus âgé reçoit plus de terres que
ses frères cadets, à moins que le parent de son vivant ait
donné des instructions contraires.
Pour ce qui est de la donation, elle peut intervenir entre les
membres de la collectivité familiale primitive ou au profit des nouveaux
résidents. Dans le premier cas, il peut s'agir d'une redistribution des
terres entre les membres des lignages respectifs en vue d'en assurer la mise en
valeur optimale ; bien le détenteur d'une terre personnelle est
admis à l'attribuer gratuitement à un descendant ou un
collatéral de préférence mâle à condition que
celui-ci ait la capacité de mettre en valeur le lopin de terre ainsi
attribué.
En général, la donation respecte le principe de
`'l'exo-intransmissibilité5(*)'' de la terre . Cela signifie qu'elle ne peut se
faire qu'entre les membres d'un même lignage (caractère
endo-lignager de la transmission). Une telle conception s'explique par le souci
d'éviter que les générations futures viennent à
manquer de terre, celle-ci étant une richesse importante dans une
civilisation essentiellement agraire. Cependant, la donation peut se faire,
à titre exceptionnel, en faveur d'un nouveau résident soit en
signe de solidarité, soit pour consolider une amitié. La donation
dans ce cas s'effectue contre un cadeau symbolique (un litre de sodabi6(*) par exemple ). Parfois, cette
donation s'opère pour des services particuliers rendus au groupe
autochtone. Elle se double généralement d'un mariage ou d'une
promesse de mariage d'un membre du lignage hôte avec un de ceux du groupe
autochtone dans le but de perpétuer l'alliance, la solidarité ou
l'amitié.
Au total, retenons qu'avant la pénétration
française dans le département des Collines, trois (03) modes
étaient essentiellement utilisés pour accéder à la
terre. Ce sont : l'occupation, l'héritage et la donation. En cette
période, les rapports de l'homme à la terre se traduisaient en
terme d'accès ou plutôt d'acquisition du sol et non en terme
d'appropriation. La terre était inaliénable c'est-à-dire
qu'elle ne pouvait faire l'objet de vente ou d'appropriation privé.
De plus, le droit de propreté dans toute sa
plénitude n'était reconnu qu'au roi, considéré
comme le chef suprême des terres. Cependant, dès que le idaatcha,
par quelque mode ce soit, entre en possession d'un lopin de terre, il s'y
attache fortement et est prêt à tout donner pour le conserver.
Cette relative stabilité des rapports de l'homme
à la terre sera mise à mal sous l'effet d'un certain nombre de
facteurs.
II- Evolution des rapports de l'homme à la
terre : facteurs explicatifs et
conséquences
2.1 Facteurs explicatifs de l'évolution des
rapports de l'homme à la terre
Les rapports de l'homme à la terre tels que
décrits ci-dessus ne sont pas restés immuables. Ils ont subi une
évolution sous l`effet de plusieurs facteurs parmi lesquels on peut
retenir la colonisation ( et ses corollaires tels la monétarisation des
échanges, l'introduction des produits agricoles d'exportation ...) et
l'accroissement démographique. Avant de présenter les
conséquences de cette évolution, indiquons les changements
apportés par chacun de ces phénomènes.
2.1.1 La colonisation
Les effets de la colonisation se sont fait sentir à
deux niveaux : le niveau territorial et celui local.
Sur le plan territorial, des textes et lois ont
été pris pour réglementer l'occupation et l'utilisation
des terres. On peut citer par exemple , la théorie des terres
vacantes et sans maître, la théorie de la succession d'Etat, le
système TORRENS, le décret du 8 octobre 1925 instituant un mode
de constatation des droits fonciers des indigènes en Afrique Occidentale
Française, le décret-loi du 20 mai 1955 portant
réorganisation foncière et domaniale en AOF7(*). Certes, ces différents
textes et lois n'ont pas été favorablement accueillis par les
populations locales. Cependant, ils ont eu des effets remarquables sur la
gestion des terres dans la mesure où ils ont provoqué une
évolution des idées en matière foncière.
Sur le plan local, les réalités ne sont pas les
mêmes à Glazoué qu'à Dassa-Zoumé. En effet,
Glazoué n'est pas une ville coloniale. C'est le
décret N° 78-356 du 30 Décembre 1978
instituant les provinces, districts, communes, villages et
quartiers de ville qui a créé le district rural de Glazoué
avec pour chef-lieu Glazoué. Glazoué est donc devenu par la suite
une ville. Ainsi, on ne retrouve presque aucune trace de la colonisation en
matière foncière dans la ville.
En ce qui concerne Dassa-Zoumé, les effets de la
colonisation sur l'occupation et l'utilisation des terres se sont traduits dans
le domaine de l'urbanisation. En effet, la ville de Dassa-Zoumé
était le chef-lieu du canton qui porte le même nom. De ce fait,
les premiers missionnaires méthodistes s'y sont installés. Ils
implantèrent leur église et se sont octroyés un vaste
domaine. Celui-ci fut morcelé en parcelles et distribuées ou
vendues aux premiers adeptes de la religion protestante. C'est ainsi que
Dassa-Zoumé a connu une première opération de lotissement
(quartier Latin). Les autorités coloniale, avec l'appui des services
topographiques ont également procédé au lotissement de la
ville notamment autour du carrefour qui constitue une zone stratégique
pour eux. Aussi, comptaient-elles disposer de réserves foncières
pour l'installation de nouveaux équipements et infrastructures
socio-communautaires mais aussi commerciales (John Walkden, CFAO...). A partir
de cet instant, les rapports de l'homme à la terre ont pris une nouvelle
tournure car l'individu peut accéder désormais à la terre
par un moyen autre que ceux précédemment cités. Il s'en
est suivi une mutation quasi-radicale des us et coutumes en matière
foncière en ce sens que l'individu n'est plus tenu, par manque de terre,
de vivre parfois dans la promiscuité avec ses frères et soeurs,
neveux et nièces, cousins et cousines, bref avec les membres de sa
famille au sens large du terme. Ainsi, ceux qui avaient les moyens
s'étaient vu attribuer des terrains en vue de construire leurs maisons
ou de mener des activités de leur choix.
Signalons que les opérations de lotissement n'ont pas
pu prendre en compte le noyau de la ville, ce dernier étant fortement
occupé. C'est ce qui justifie la disposition actuelle (aucun ordre
apparent) des maisons dans le noyau de la ville comme le montre la photo
n°1.
PHOTO Agbégbé et Issalou vue des
Collines
Outre ces opérations de lotissement qui ont eu des
effets certains sur les conditions d'accès à la terre, la
colonisation a introduit de nouvelles valeurs dans la vie des autochtones. Au
nombre de ces valeurs, on peut citer : la monétarisation des
échanges, le mode de vie `'moderne'', l'esprit lucratif et le
désir d'indépendance. ces valeurs ont provoqué un certain
relâchement des liens familiaux. Ce qui n'est pas resté sans avoir
des conséquences sur les relations entre l'homme et la terre.
En dehors de la colonisation, l'accroissement
démographique a aussi influencé les rapports de l'homme à
la terre.
2.1.2 Les effets de l'accroissement
démographique
La pratique de la polygamie constitue l'une des
caractéristiques majeures des ménages traditionnels. Cette
pratique, combinée à la précocité des mariages et
l'absence de méthodes contraceptives, conduit souvent à des
progénitures nombreuses. Les enfants parvenus à maturité
n'arrivent plus à disposer de terres pour construire leurs maisons et
mener leurs activités. Mieux, tous les enfants ne parviennent plus
à hériter de terres à la mort de leur père,
celles-ci se révélant insuffisantes. Il fallait donc trouver un
autre moyen pour accéder à la terre en dehors de
l'héritage et de la donation. A cela s'ajoute les problèmes
d'hygiène devenus de plus en plus pernicieux du fait du confinement des
quartiers primitifs. Ces différentes situations ont conduit les
populations du noyau à s'intéresser à d'autres terres en
dehors de celles occupées par les aïeux. Cette attitude contribuera
pour beaucoup à l'évolution des rapports de l'homme à la
terre.
Il faut noter qu'à Glazoué la présence du
marché international a contribué énormément
à la révolution foncière de la ville. En effet, avec les
activités commerciales centrées sur le marché,
Glazoué exerce une influence certaine non seulement sur les autres
localités de la Commune mais aussi sur les communes voisines et les
grandes villes du Bénin (Cotonou, Porto-Novo, Parakou, Djougou,
Bohicon...). Cette influence s'étend même jusqu'au pays
limitrophes (Togo, Burkina-Faso, Niger, Nigeria). La ville de Glazoué
est donc attractive et les immigrants arrivent facilement à
s'intégrer. Ceux-ci étant le plus souvent des commerçants,
ils ne tardent pas à acheter des terres soit pour construire des
maisons, soit pour mener leurs activités commerciales. Ces pratiques ne
sont pas restées sans conséquences sur les rapports de l'homme
à la terre.
2.2 Conséquences de l'évolution des
rapports de l'homme à la terre
Les conséquences des différents facteurs
ci-dessus évoqués s'observent fondamentalement à deux (2)
niveaux à savoir les modes d'accès à la terre et la
structure de l'habitat.
2.2.1 Modes contemporains d'accès à la
terre
D'après le paragraphe précédant,
l'accès à la terre à l'époque pré coloniale
s'effectuait principalement par simple occupation primitive et secondairement
par héritage et donation. Mais, du fait de des divers facteurs
ci-dessus énumérés, ces modes d'accès à la
terre ont connu des modifications qui se sont traduites par la disparition de
l'occupation primitive et l'apparition d'un nouveau mode : l'achat.
Plus généralement, les modes contemporains
d'accès à la terre répondent au schéma
théorique (modèle) suivant :
Ø Modèle d'évolution des
modes d'accès à la terre
L'évolution des modes d'accès à la terre
s'effectue de la manière suivante :
1. Les premiers habitants accèdent à la terre
par simple occupation
2. Leurs descendants ou les migrants de deuxième
génération le font par héritage et/ou par donation
3. L'effet combiné d'un certain nombre de facteurs
(internes et externes) conduit à la diminution progressive de
l'importance de ces deux modes et à l'apparition de l'achat comme
principal mode d'accès à la terre.
Appliquons ce schéma théorique aux cas concrets
des villes de Glazoué et Dassa-Zoumé.
Ø Vérification du
modèle
D'après nos enquêtes, trois (3) modes sont,
aujourd'hui, utilisés essentiellement pour accéder à la
terre dans les villes de Glazoué et Dassa-Zoumé. Ce sont :
l'héritage, la donation et l'achat. Par ailleurs, l'importance de ces
modes varie d'une ville à une autre et d'un quartier de ville à
un autre comme le montre si bien les tableaux suivants :
Tableau 2 : Importance des modes
d'accès à la terre à Glazoué et
Dassa-Zoumé
VILLE
MODES
|
GLAZOUE
|
DASSA-ZOUME
|
TOTAL/MOYENNE
|
Effectif
|
fréquence
|
Effectif
|
fréquence
|
Effectif
|
fréquence
|
Héritage
|
96
|
42,48
|
153
|
52,94
|
249
|
48,35
|
Donation
|
39
|
17,26
|
16
|
05,54
|
55
|
10,67
|
Achat
|
89
|
39,39
|
120
|
41,52
|
209
|
40,58
|
Autre
|
2
|
00,88
|
-
|
-
|
2
|
00,39
|
TOTAL
|
226
|
100
|
289
|
100
|
515
|
100
|
Source : Résultats de nos
enquêtes
Il faut remarquer que les enquêtes ont portées
sur 351 ménages dans la ville de
Glazoué et 398 dans celle de
Dassa-Zoumé. Il y a des ménages enquêtés qui ne
disposent pas de terrain. Ce sont souvent des commerçants ou
fonctionnaires. Les fiches qui concernent cette catégorie de
ménages n'ont pas été prises en compte.
Le graphique suivant met en exergue l'importance des modes
d'accès à la terre.
Il ressort de ce graphique que les modes d'accès
à la terre que sont l'héritage et l'achat ont presque la
même fréquence (écart de 3%) à Glazoué,
tandis qu'a Dassa-Zoumé, il y a plus de 10% d'écart. Ceci
s'explique par le fait que Glazoué est une ville commerciale qui attire
beaucoup d'étrangers et par conséquent, la monétarisation
des échanges y est plus poussée que dans la ville de
Dassa-Zoumé. En effet, sur les 351 ménages enquêtés,
seuls 57 sont autochtones de Glazoué soit environ 16%.
Pour mieux interpréter les données de ce
graphique, nous avons additionner les fréquences des modes
d'accès héritage et donation que nous avons traduit par le
tableau et le graphique suivants :
Tableau 3 : Importance
comparée du tandem héritage-donation et de l'achat à
Glazoué
et Dassa-Zoumé
VILLE
MODES
|
GLAZOUE
|
DASSA-ZOUME
|
TOTAL/MOYENNE
|
Effectif
|
fréquence
|
Effectif
|
fréquence
|
Effectif
|
fréquence
|
Héritage et donation
|
135
|
60,27
|
169
|
58,48
|
304
|
59,26
|
Achat
|
89
|
39,73
|
120
|
41,52
|
209
|
40,74
|
TOTAL
|
164
|
100
|
289
|
100
|
513
|
100
|
Source : D'après tableau
2
Les données de ce dernier tableau sont
représentées sur l'histogramme suivant :
A la lecture de ce graphique, nous remarquons que :
- Les principaux modes d'accès à la terre
sont : l'héritage, la donation et l'achat. L'occupation comme mode
d'accès à la terre a donc disparu.
- Le tandem héritage-donation vient en tête des
modes d'accès à la terre dans les deux villes.
A l'intérieur de chacune des deux (2) villes, on
constate néanmoins que le tandem héritage-donation ne domine pas
dans tous les quartiers comme l'indique le tableau suivant :
Tableau 4 : Importance
comparée du tandem héritage-donation et de l'achat dans
les grands quartiers de Glazoué
QUARTIER
MODES
|
AYEDERO
|
AFFECIA
|
ZONGO
|
|
fréquence
|
Effectif
|
fréquence
|
Effectif
|
fréquence
|
Héritage et donation
|
50
|
65,79
|
33
|
45,21
|
39
|
60,00
|
Achat
|
26
|
34,21
|
40
|
54,79
|
26
|
40,00
|
TOTAL
|
76
|
100
|
73
|
100
|
65
|
100
|
|
Source : Résultats de nos
enquêtes
Tableau 5 : Importance
comparée du tandem héritage-donation et de l'achat dans
les grands quartiers de
Dassa-Zoumé
VILLE
MODES
|
AGBEGBE
|
AYEDERO
|
ESSEKPA
|
|
fréquence
|
Effectif
|
fréquence
|
Effectif
|
fréquence
|
Héritage et donation
|
15
|
75
|
28
|
33,73
|
21
|
58,33
|
Achat
|
5
|
25
|
55
|
66,27
|
15
|
41,67
|
TOTAL
|
20
|
100
|
83
|
100
|
36
|
100
|
|
Source : Résultats de nos
enquêtes
Il ressort des tableaux 5 et 6 que le tandem
héritage-donation représente le mode d'accès à la
terre le plus important dans les quartiers qui constituent le noyau de la ville
(Agbégbé-Essèkpa à Dassa-Zoumé et
Ayédèro - Zongo à Glazoué). Dans les autres
quartiers (Ayédèro dans Dassa-Zoumé puis Affécia
dans Glazoué), c'est l'achat qui représente le mode le plus
important d'accès à la terre. Cette remarque vient confirmer les
modèles n°1 et 2 de notre modèle d'analyse.
En effet, le quartier Ayédèro de
Glazoué, puis le quartier Zongo très proche de la gare OCBN
constituent le noyau d'installation des premiers habitants de la ville. Il en
est de même des quartiers Agbégbé, Essèkpa et
Essèbrè de la ville de Dassa-Zoumé. Cette installation
s'étant effectuée - en tout cas en ce qui concerne
Dassa-Zoumé- au XIIème siècle, les habitants
actuels de ces quartiers sont les descendants des premiers occupants ou des
migrants de deuxième génération.
Pour ce qui est des autres quartiers (Affécia à
Glazoué et Ayédèro à Dassa-Zoumé), ils
résultent de l'accroissement démographique des noyaux
primitifs ; mais aussi pour le cas de la ville de Dassa-Zoumé des
actions d'urbanisation entreprises par les colons (cf. paragraphe 2 de ce
chapitre). Les facteurs qui ont contribué à l'apparition de
l'achat comme mode d'accès à la terre sont donc l'accroissement
démographique et la colonisation (troisième point de notre
modèle). Toutefois, les quartiers : Moumoudji dans
Dassa-Zoumé puis Orokoto, Ogoudako, Kabolé et Zaffé dans
Glazoué présentent une situation particulière. Ils ne se
retrouvent pas dans les noyaux primitifs des deux villes et pourtant,
l'ensemble héritage-donation est plus important que l'achat. Les raisons
qui expliquent cet état de choses sont liées au fait qu'il s'agit
de villages qui ont été phagocytés par le
développement de la ville.
En somme, le modèle d'analyse proposé ne permet
pas d'expliquer tous les aspects des modes d'accès à la terre.
Certains facteurs tels le niveau de développement jouent aussi un
rôle dans l'évolution des modes d'acquisition de la terre. Pour
que ce modèle soit efficace, il faut la restreindre aux quartiers
purement urbains. Sous réserve de cette restriction, nous pouvons
affirmer que les modes d'accès à la terre sont fonction de la
période d'installation des populations d'une part et d'autre part de
l'environnement économique consécutif à l'évolution
des sociétés. Autrement dit, l'accès à la terre
dans les quartiers primitifs s'effectue principalement par héritage
et/ou donation. Par contre, dans les quartiers d'extension, il se
réalise dans la majorité des cas, par achat.
En dehors des modes d'accès qui ont subi des
modifications, l'occupation spatiale et la structure de l'habitat ont aussi
évolué dans le temps.
2.2.2 Occupation spatiale et structure de
l'habitat
D'après une étude réalisée par la
SERHAU-SA dans les villes de Glazoué8(*) et Dassa-Zoumé9(*), trois (3) zones
homogènes peuvent être distinguées en matière
d'habitat. Il s'agit :
- du noyau ancien très densifié et
caractérisé par un habitat de type concessionnaire avec des
bâtiments en terre ou en ciment dont les toits sont en tôle ou
paille. A Dassa-Zoumé, ces concessions constituent environ 30% des
unités d'habitation de la ville alors qu'à Glazoué, ce
taux n'est que de 20% ;
- des quartiers péri-centraux de densité
moyenne qui sont caractérisés par un habitat de type
évolué avec par endroit des cases isolés et des
constructions en matériaux définitifs
- des quartiers d'extension faiblement occupés
caractérisés par des constructions en matériaux
définitifs.
De façon générale, on peut
retenir que l'agglomération urbaine est caractérisée par
une certaine importance de l'habitat amélioré et de l'habitat
moderne qui prennent progressivement le pas sur l'habitat traditionnel. En
effet, près de 70% des constructions sont en matériaux
définitifs contre 30% d'habitations sommaires10(*).
Pour finir, signalons que les facteurs ci-dessus
décrits ont contribué à une diversification des
activités socio-économiques. En effet, à l'origine des
villes de Glazoué et Dassa-Zoumé, les principales
activités se limitaient à l'agriculture. Mais aujourd'hui,
d'autres activités ont fait leur apparition. On peut citer par exemple
le commerce, l'artisanat, ...
2.2.3 Marché foncier et immobilier
Selon les informations reçues dans les deux villes
(service des affaires domaniales et populations) tenant compte des transactions
récentes, les prix de cession des parcelles peuvent atteindre les
montant s suivants :
Prix parcelle lotie
|
Glazoué
|
Dassa-Zoumé
|
Administration
|
150 000
|
150 000
|
Cession entre particulier
|
400 000 à 800 000
|
500 000 à 1 000 000
|
Le parc locatif dans les deux villes est assez modeste.
Toutefois, ce parc est plus important à Glazoué où
près de 30% des résidents sont des locataires.
Le parc locatif dans les deux villes concerne essentiellement
des logements sommaires et de standing de base. Le loyer mensuel d'un
bâtiment de type trois pièces en dur et toît en tôle,
électrifié avec eau sur la parcelle varie de 8 000 à
15 000 F CFA à Dassa-Zoumé et de 8 000 à 12 000 F CFA
à Glazoué.
Au total, les rapports de l'homme à la terre
étaient relativement stables à l'époque pré
coloniale. Mais du fait de la colonisation et de l'accroissement
démographique, ces rapports vont évoluer progressivement laissant
apparaître de nouveaux modes d'accès et d'utilisation de la terre.
La pratique de ces modes combinée au nouvel environnement
psychosociologique et économique ont contribué à
ériger la terre en une source de richesse. Du coup, plusieurs acteurs
commencent à s'intéresser au foncier, chacun ayant ses
intérêts et sa stratégie pour les faire aboutir.
Nous essayerons d'analyser ces différentes
stratégies dans le prochain chapitre intitulé : Les enjeux
fonciers dans les villes de Glazoué et Dassa-Zoumé.
Carte n°2 : Occupation de
l'espace dans les villes de Glazoué et Dassa-Zoumé
Chapitre 4 : Les enjeux
fonciers dans les villes de Glazoué et
Dassa-Zoumé
Le présent chapitre s'articulera autour de trois (3)
points. D'abord, nous présenterons le cadre légal de la gestion
foncière, ensuite nous essayerons d'identifier les acteurs fonciers et
leurs stratégies et enfin nous analyseront l'impact des
différentes stratégies sur la modernisation des villes
étudiées.
Il s'agira en fait de faire ressortir les compétences
des communes dans le domaine du foncier puis les intérêts des
différents acteurs autour de la terre, les stratégies
développées par chaque acteur pour satisfaire ses
intérêts, ainsi que la traduction spatiale de ces
stratégies. Ceci nous permettra en dernier ressort d'appréhender
les problèmes qui se posent en matière de gestion
foncière.
I- Le cadre légal de la gestion foncière
Le Bénin s'est engagé depuis 1990 dans une
réforme de l'administration territoriale : la
décentralisation. Cette réforme laisse entrevoir de façon
manifeste la volonté du législateur de réaliser au
Bénin, une réforme de l'administration, porteuse d'un
développement local véritable. Il importe de mentionner
qu'à l'instar de l'Etat central, acteur principal de la
décentralisation, les collectivités locales créées
et les populations interviennent dans le processus surtout en ce qui concerne
la gestion des affaires propres et du patrimoine des Communes.
A travers cette réforme, l'Etat a
transféré des compétences aux communes. Ainsi, la commune
en tant que collectivité locale décentralisée est une
personne morale publique. Elle gère de ce fait ses propres affaires
à l'aide de ses moyens propres. Le corollaire de cette
auto-administration est l'existence et la jouissance de compétences
propres qui lui permettent d'exécuter d'une part des missions distinctes
de celles de l'Etat central et d'autre part de résoudre les
problèmes à dimension locale, qui couvrent tous les domaines de
la vie socio-économique et culturelle de sa population.
Sans donner tous les détails sur les compétences
propres aux communes, il convient de mettre en exergue les dispositions
relatives au foncier. En effet, les articles 84 à 107 de la loi n°
97-029 portant Organisation des Communes en République du Bénin
disposent que le conseil communal ou municipal prend les
délibérations et décisions qui sont
exécutées par le maire et accessoirement par ses adjoints dans
les domaines du développement local, de l'aménagement, de
l'habitat, de l'urbanisme, des infrastructures, de l'équipement, des
transports,...
1.1 Domaine du développement local, de
l'aménagement, de l'habitat et de l'urbanisme
Le conseil communal :
Elabore et adopte le plan de développement de la
commune ;
Veille à son exécution en harmonie avec les
orientations nationales en vue d'assurer les meilleures conditions de vie
à l'ensemble de la population ;
A compétence en matière d'habitat pour
créer les conditions pouvant favoriser la promotion immobilière
publique ou privée ;
Donne son avis sur la tranche communale du plan national de
développement ainsi que sur les projets concernant les investissements
publics à caractère régional ou national à
réaliser sur son territoire etc...
1.2 Domaine des infrastructures, de l'équipement
et des transports
Il revient à la commune :
D'initier les actes liés aux travaux
d'aménagement, d'infrastructures et d'équipements qui
relèvent de son patrimoine ;
De réaliser et d'entretenir les routes, les pistes et
ouvrages d'art sur son territoire, les voies urbaines et les réseaux
d'assainissement en zones agglomérées, la signalisation
routière, les gares routières ...
De réglementer les transports des biens et des
personnes dans son ressort territorial.
1.3 Domaine de l'environnement, de l'hygiène et
de la salubrité
La commune a la charge :
De la fourniture et de la distribution de l'eau
potable ;
De la collecte et du traitement des déchets solides
autres que les déchets industriels :
De la collecte et du traitement des déchets
liquides ;
Du réseau d'évacuation des eaux usées
ou des eaux pluviales ;
Des ouvrages d'aménagement des bas-fonds et de
protection contre les inondations ;
De la délimitation des zones interdites à
l'urbanisation dans les périmètres réputés
dangereux pour des raisons naturelles ou industrielles ;
De la création, de l'entretien et de la gestion des
cimetières et des services funéraires.
La commune doit également créer et entretenir
les plantations, les espaces verts et tout aménagement public visant
à l'amélioration du cadre de vie.
En somme, les principale compétences de la commune ont
pour soubassement le foncier. Plusieurs acteurs gravitent autour du foncier
dans les villes de Glazoué et Dassa-Zoumé.
II- Les acteurs fonciers
L'accès à la terre est une question
qui préoccupe la plupart des acteurs du système urbain. En effet,
le milieu urbain est caractérisé en premier lieu par la
concentration des hommes et des activités. De ce fait, la terre y
apparaît souvent comme le point de mire de toutes les convoitises. Ainsi,
plusieurs questions se posent au nombre desquelles on peut retenir :
- Les superficies disponibles seront-elles suffisantes pour
soutenir le développement urbain ?
- Les ménages de diverses catégories de revenus
auront-ils tous accès à des terrains à usage
résidentiel, commercial ou industriel ?
La recherche de réponses à ces
différentes questions nous a conduit à distinguer dans les villes
de Glazoué et Dassa-Zoumé, deux (2) catégories d'acteurs
à savoir : les autorités administratives et les
ménages. Chacune de ces catégories d'acteurs a sa logique, ses
intérêts et développe ses propres stratégies pour
les faire aboutir.
1.1- Les autorités administratives
Nous classons dans cette catégorie, les
autorités communales, préfectorales, ministérielles et
plus généralement tous ceux qui représentent l'Etat,
à divers niveaux, dans le domaine foncier. Cette catégorie
d'acteurs est la plus en vue en matière de gestion foncière. Elle
intervient dans ce domaine à plusieurs niveaux parmi lesquels, on peut
citer fondamentalement : les opérations de lotissement, la
délivrance des documents fonciers et la perception des taxes sur le
foncier.
1.1.1 Les opérations de lotissement
Le lotissement est une opération d'urbanisme qui
consiste à diviser un terrain, une propriété
foncière en plusieurs parcelles destinées à la
construction de bâtiments à usage d'habitation, de bureau,
commercial, artisanal ou industriel. Il vise à créer un tissu
parcellaire, un morceau de ville.
Au Bénin, le lotissement apparaît bien plus
souvent comme une opération de régularisation de l'occupation
anarchique par les populations des périphéries urbaines, une
opération de remembrement et de restructuration du foncier en milieu
urbain et périurbain.
C'est l'arrêté N° 0023 MEHU/DC/DU du
22 Octobre 199611(*) qui défini les prescriptions
minimales à observer en matière de lotissement en
République du Bénin.
Les opérations de lotissement sont coordonnées
au niveau communal par un comité dont la dénomination et les
attributions varient dans le temps et dans l'espace. Ainsi par exemple, le
comité de lotissement et d'urbanisation de Dassa-Zoumé
créé dans les années 1920 a connu plusieurs modifications
tant dans sa dénomination que dans ses attributions. Les
dernières modifications qu'il a connues datent de 2003 et sont
consacrées par l'arrêté communal N°4F/545/SG/SA du
1er /10/200312(*). Désormais dénommé Comité
de Lotissement et d'Urbanisation de la vile de Dassa-Zoumé, il est
composé de quatorze (14) membres. Ce Comité est chargé de
la gestion du domaine public et de l'installation des infrastructures de
gestion urbaine. De façon schématique, on peut dire qu'il
s'occupe des questions de lotissement. A ce titre, il détermine les
zones à lotir, sollicite les services d'un cabinet de
géomètre qui exécute les travaux de lotissement. Ensuite,
il procède au recasement des présumés propriétaires
et à la cession des terrains qui reviennent à l'administration.
Le comité de lotissement et d'urbanisation de
Glazoué a les mêmes attributions et les mêmes principes de
fonctionnement que celui de Dassa-Zoumé.
En dehors des opérations de lotissement, les
autorités administratives interviennent également dans la gestion
foncière par la délivrance des documents fonciers.
2.1.2 La délivrance des documents
fonciers
Elle concerne la convention de vente, le permis d'habiter et
le titre foncier.
2.1.2.1 La convention de vente
Elle réglemente la vente de parcelles entre
particuliers. Les conditions de sa délivrance sont fixées par les
Chefs Services ayant à charge les Affaires Domaniales Elles se
résument comme suit :
Ø Cas de Glazoué
ü Cinq (5) imprimés de convention de vente dont un
brouillon à raison de 500F à acheter au service chargé des
affaires domaniales ;
ü Preuve de paiement au service des impôts de 4% de
la valeur de la parcelle plus 9000 F de forfait ;
ü Attestation de non litige signé par le chef de
quartier et le chef d'arrondissement
ü Division parcellaire ou levé topographique
ü Dépôt de signature de tous les signataires
(vendeur, acheteur et témoins)
ü Quatre mille (4 000 F) de timbres pour la
légalisation
ü Frais d'identification de cinq mille (5 000 F) à
verser dans le compte ADUG/CLCAM Glazoué
ü Procès verbal légalisé du conseil
de famille autorisant la vente de la parcelle. Le PV doit être
signé par le chef de la collectivité et quelques membres de la
famille.
Ø Cas de
Dassa-Zoumé
ü Faire établir le croquis ou le levé du
terrain
ü Acheter au Service des Affaires Domaniales cinq (5)
imprimés cachetés de convention de vente à raison de
500F ;
ü Faire dactylographier correctement les informations
nécessaires sur les cinq imprimés ;
ü Le vendeur et l'acheteur organisent la visite du
terrain par leurs témoins (06), le Chef d'arrondissement (3000 F), le
Chef de Village ( 2000F) accompagné de deux personnes ressources (4
000F) ;
ü Faire signer le Procs-verbal de non litige par le
vendeur, l'acheteur, les six témoins, les deux personnes ressources, le
Chef du quartier ou du village et le Chef d'arrondissement.
ü Faire signer également les cinq conventions de
vente par le vendeur, l'acheteur, les six témoins, le Chef de village ou
quartier et le Chef d'arrondissement
ü Faire le dépôt de signature du vendeur, de
l'acheteur et de leurs témoins à la Mairie (350 F par personne et
valable pour cinq ans) ;
ü - Payer 4% du prix d'achat plus trois ans
d'arriéré d'impôt sur bâti ou non bâti si le
prix d'achat de la parcelle est supérieur à 400 000F
- Payer 25 000F d'impôt si le prix d'achat de la
parcelle est inférieur ou égal à 400 000F ;
ü Payer 5 000F de taxe d'urbanisme à la recette
perception ;
ü Payer 10 000F de frais de timbre au Service des
Affaires Domaniales ;
ü Payer la totalité ou partie des frais de
lotissement si la zone est en lotissement.
L'institution de cette convention de vente permet
d'éviter, un tant soit peu, les ventes illicites de parcelles
2.1.2.2 Le permis d'habiter
Il est régi par la loi N° 60-20 du 13 Juillet 1960
et ses décrets d'application. Aux termes de l'article 1er de
cette loi, on peut lire : « Dans les centres urbains du Dahomey
dotés d'un plan de lotissement ou d'un plan d'aménagement
régulièrement approuvé des commandants de cercle et chefs
de subdivisions..., peuvent être délivrés sur les terrains
immatriculés au nom de l'Etat, des permis dans les conditions
fixées par la présente loi ».
En fait, c'est un acte par lequel, l'Etat autorise un
particulier à aller construire son logement sur son domaine
privé.
A Glazoué comme à Dassa-Zoumé, le permis
d'habiter est délivré sur les domaines lotis. Les pièces
à fournir pour l'obtenir sont :
ü Une demande
ü Une attestation de recasement (5000F)
ü Un timbre fiscal (1000F)
ü La convention de vente ou le reçu d'achat
ü La preuve du paiement de l'impôt sur foncier
bâti ou non bâti des trois (3) dernières années
ü La preuve du paiement des frais d'ouverture de voies
fixés à 12000F à verser à la CLCAM
ü La preuve de paiement des vrais de délivrance du
permis fixés à 10 000F à verser à la recette des
finances
ü La preuve de paiement des frais de sortie
reconnaissance fixés à 2 000F en zone urbaine et 5 000F en zone
rurale
ü Une copie légalisée de la carte
d'identité nationale
ü La preuve de paiement des frais de consultation du
dossier de lotissement fixés à 500F
Comme on peut le constater, l'obtention du permis d`habiter
nécessite beaucoup de dépenses auxquelles les ménages
font difficilement face. Par ailleurs, aucune obligation n'est faite à
l'individu pour obtenir ce document. La conséquence de cet état
de choses est que les populations ne se pressent guère pour l'obtenir.
Une telle situation est à l'origine d'un certain nombre de
problèmes que nous présenterons dans le prochain chapitre.
2.1.2.3 Le titre foncier
C'est le statut juridique dans lequel un domaine est
placé après son inscription dans un livre foncier par un
numéro d'identification, complété par des mentions faisant
état de ses caractéristiques. Il est institué par la loi
N°65-25 du 15 Août 1965. Les phases de cette procédure
sont :
ü Le levé du domaine
ü La réquisition de l'immatriculation
ü La procédure d'enquête et de bornage
ü Les incidents (frais) de la procédures
ü L'établissement du titre foncier
Cette procédure n'a pas reçu un écho
favorable chez les populations car elle est non seulement longue mais aussi
complexe et coûteuse.
Par ailleurs, les services de la conservations foncière
sont installés à cotonou. Ceci ne favorise guère
l'accès des populations à l'immatriculation foncière.
Le troisième niveau d'intervention des autorités
administratives est la perception des taxes foncières.
2.1.3 La perception des taxes sur le
foncier
Elle s'effectue par la recette des impôts de la ville.
Cette institution, créée en 1982 et installée à
Dassa-Zoumé avec comme zone d'intervention tout le département
des collines, ne couvre aujourd'hui que les communes de Glazoué et
Dassa-Zoumé. En 1990, celles de Savalou et Savè ont
été créée avec pour zone de couverture
respectivement les communes de Bantè-Savalou et
Ouessè-Savè.
En vue de maximiser le rendement du recouvrement des taxes,
une antenne de la recette des impôts a été installée
à Glazoué en 2004. Toutefois, elle dépend encore de la
recette des impôts de Dassa-Zoumé.
Que ce soit à Glazoué ou à
Dassa-Zoumé, deux (2) types de taxes sont perçues sur le foncier.
Il s'agit de la taxe sur le foncier bâti et de celle sur le foncier non
bâti. Elles sont respectivement désignées par :
Contribution Foncière des Propriétés Bâties (CFPB)
et Contribution Foncière des Propriétés Non Bâties
(CFPNB).
La taxe sur le foncier non bâti varie entre 2 000F et 4
000F CFA en fonction de l'emplacement du terrain et de sa valeur vénale.
Par contre, celle sur le foncier bâti dépend des
éléments de confort et de la valeur locative.
Les recettes issues du recouvrement de ces taxes sont
versées à la recette-perception de la ville et destinée
aux dépenses de la ville concernée (Glazoué ou
Dassa-Zoumé).
Les tableaux suivants mettent en exergue l'importance des
recettes issues de la perception de ces taxes.
Tableau 6 : Taxes sur le foncier
de 2002 à 2005 (Glazoué-Dassa-Zoumé)
COMMUNE
ANNEE
|
GLAZOUE
|
DASSA-ZOUME
|
Prévision
|
Réalisation
|
Prévision
|
Réalisation
|
2002
|
22 000 000
|
17 910 285
|
45 000 000
|
35 696 004
|
2003
|
27 000 000
|
17 633 797
|
45 000 000
|
34 313 555
|
2004
|
27 000 000
|
23 784 630
|
45 000 000
|
37 253 282
|
2005
|
29 000 000
|
28 244 738
|
40 000 000
|
35 572 639
|
Source : Comptes Administratifs
de Glazoué et Dassa-Zoumé de 2002 à 2005
Tableau 7 : Contribution des
taxes foncière aux recettes fiscales
COMMUNE
ANNEE
|
GLAZOUE
|
DASSA-ZOUME
|
Recette Fiscale
|
Taxe foncière
|
%
|
Recette Fiscale
|
Taxe foncière
|
%
|
2002
|
32 405 017
|
17 910 285
|
0,55
|
70 194 741
|
35 696 004
|
0,51
|
2003
|
32 656 817
|
17 633 797
|
0,54
|
68 008 207
|
34 313 555
|
0,50
|
2004
|
39 834 123
|
23 784 630
|
0,60
|
71 725 252
|
37 253 282
|
0,52
|
2005
|
38 186 257
|
28 244 738
|
0,74
|
65 261 880
|
35 572 639
|
0,54
|
Source : Comptes Administratifs
de Glazoué et Dassa-Zoumé de 2002 à 2005
Tableau 8 : Contribution des
taxes sur le foncier aux recettes de fonctionnement
COMMUNE
ANNEE
|
GLAZOUE
|
DASSA-ZOUME
|
Recette Fonctionnement
|
Taxe foncière
|
%
|
Recette Fonctionnement
|
Taxe foncière
|
%
|
2002
|
71 162 223
|
17 910 285
|
0,25
|
110 955 580
|
35 696 004
|
0,32
|
2003
|
68 351 673
|
17 633 797
|
0,26
|
113 632 135
|
34 313 555
|
0,30
|
2004
|
93 194 353
|
23 784 630
|
0,25
|
147 042 109
|
37 253 282
|
0,25
|
2005
|
100 401 483
|
28 244 738
|
0,28
|
142 767 174
|
35 572 639
|
0,25
|
Source : Comptes Administratifs
de Glazoué et Dassa-Zoumé de 2002 à 2005
Outre les autorités administratives, on peut citer au
nombre des acteurs fonciers, les populations des villes.
2.2 Les habitants de la ville
Il paraît commode de distinguer ici, deux (2) sous
groupes d'acteurs que sont les chefs quartiers et chefs traditionnels ou
coutumiers d'une part et d'autre part les ménages.
2.2.1 Les chefs quartiers et les chefs traditionnels
ou coutumiers
Ce sous groupe d'acteurs sert d'intermédiaire entre les
autorités administratives et les ménages. En matière
foncière, ils constitue des sources de renseignements importants pour la
validité d'une propriété. En cas de vente de terrains
entre particuliers, ils constituent le premier niveau d'officialisation de la
procédure de vente. En effet, c'est au chef quartier qu'il revient en
premier lieu de signer les conventions de vente après avoir
constaté que le terrain en question n'est pas litigieux. En outre, en
cas de conflits, les chefs traditionnels ou coutumiers sont les premiers
sollicités en vue d'un règlement.
2.2.2 Les ménages
On peut distinguer les ménages propriétaires de
terrains et ceux qui ne disposent d'aucune parcelle. Le premier cas concerne
les individus qui ont hérité de la terre ou qui l'ont
acheté ou encore qui l'ont acquise à titre gratuit (donation).
Cette catégorie d'individus est constituée en majorité des
descendants des premiers habitants de la ville concernée. En effet,
d'après les résultats de nos enquêtes, presque tous les
descendants des premiers habitants de Glazoué et Dassa-Zoumé sont
propriétaires d'une ou de plusieurs parcelles.
Par contre, les ménages ne disposant d'aucune parcelle
sont souvent représentés par les nouveaux résidents.
Signalons que contrairement à ce qui se passe dans les
grandes villes du Bénin telles que Cotonou, Porto-Novo, Parakou,
Abomey-Calavi, ..., on ne remarque pas de `' démarcheurs
professionnels'' ni à Dassa-Zoumé, encore moins à
Glazoué. Cela peut traduire le faible niveau des transactions
foncières dans ces deux (2) villes.
Tous ces acteurs ont des intérêts et
développent des stratégies spécifiques pour les
satisfaire. Ces stratégies ne restent pas sans avoir des
conséquences sur la modernisation des villes étudiées.
III-
Stratégies des acteurs et conséquences sur le
développement des villes
3.1 Les stratégies des acteurs
Elles diffèrent d'un groupe d'acteurs à un
autre. Nous étudierons d'abord les stratégies des
autorités administratives puis celles des ménages.
3.1.1 Cas des autorités
administratives
Aucune ville ne peut fonctionner sans un minimum
d'infrastructures et d'équipements. Or, l'installation de ceux-ci
incombe, en premier, aux autorités administratives. Par ailleurs, la
terre constitue la ressource de base indispensable à l'érection
de ces équipements. Il est donc nécessaire que les
autorités adoptent une stratégie qui puisse permettre de
répondre aux besoins actuels et futurs d'infrastructures. Ceci justifie
l'application, lors des opérations de lotissement, d'un coefficient dit
de réduction. En fait, c'est une formule qui permet à
l'administration de disposer de quelques terrains pour le tracé des
voies, la construction des écoles, de centres de santé, .. bref
d'infrastructures communautaires. Le taux de ce coefficient dépend du
nombre d'équipements qui existent déjà dans la
localité ou zone.
A Glazoué comme à Dassa-Zoumé, le
coefficient de réduction varie de 20% à 40%. Cela signifie que
lors d'une opération de lotissement où le coefficient de
réduction est par exemple 20%, l'administration acquiert 20% de la
superficie totale du terrain loti. Considérons par exemple une parcelle
qui mesure avant le lotissement 30m X 30m soit 900 m2 de surface. Après
lotissement, le présumé propriétaire de ce terrain perdra,
au profit de l'administration, 180 m2 soit (900 X 20/100) m2. Sa parcelle
n'aura désormais que 720 m2 soit (900 - 180) m2. Parfois, lorsqu'il
s'agit d'un grand domaine appartenant à une même
collectivité, le raisonnement se fait en termes de nombre de parcelles.
Par exemple, l'administration peut décider de prendre deux (2) parcelles
sur dix (lorsque le coefficient de réduction est 20%).
Un autre centre d'intérêt pour les
autorités administratives est la perception des taxes foncières.
En la matière, la préoccupation est de disposer d'outils
adéquats pouvant permettre de maximiser le taux de recouvrement de ces
impôts. La recherche de solution à cette préoccupation a
conduit les autorités de Dassa-Zoumé à élaborer et
mettre en application, avec le concours de la SERHAU-SA, le Registre Foncier
Urbain Simplifié (RFU simplifié). Cet outil, qui n'est pas encore
une réalité dans la ville de Glazoué a pour objectifs
principaux :
- élargir la base de l'assiette fiscale
- élever le niveau de recouvrement des taxes
- mettre à jour la cartographie de la commune
- procéder à une gestion rationnelle des
équipements marchands (gares et marchés).
Ce instrument, mis en place à Dassa-Zoumé en
1997, a déjà fait ses preuves. Depuis 1997, le taux de
recouvrement des taxes foncières connaît un accroissement presque
exponentiel. Ceci témoigne de l'importance du RFU dans le recouvrement
desdites taxes. Certes, le taux de recouvrement n'a pas été celui
escompté certaines années ; mais sur la base des
données collectées de 1996 à 2005, nous pouvons dire que
le RFU est un outil qui peut aider à accroître notablement
l'émission et le recouvrement des taxes. C'est sans doute ce qui
explique la volonté manifeste des autorités de Glazoué
à disposer cet outil.
Du fait de ces différents bénéfices que
l'administration tire du foncier, elle considère cette ressource comme
celle dont le contrôle ne doit lui échapper sous aucun
prétexte. Cette logique diffère, à bien des égards,
de celle des ménages.
3.1.2 Cas des ménages
Pour les ménages, la question de base est : que
faire pour avoir une parcelle où bâtir sa maison et
développer ses activités ? Cette question est d'autant plus
importante que l'environnement socioculturel y est favorable. En effet, le
rêve de tout Béninois est de vivre chez `'soi''
c'est-à-dire acquérir un lopin de terre et y construire sa
maison. Cette hantise ou même obsession ce traduit par l'installation
dans des zones où l'acquisition de la terre est peu onéreuse.
Par ailleurs, les ménages ayant hérité de
terrains estiment que ceux-ci ne peuvent faire objet d'appropriation et encore
moins d'une mainmise au profit d'allogènes. Cette logique justifie leurs
réticences aux opérations de lotissement, étant entendu
que celles-ci se soldent souvent par la réduction de la superficie de
leurs parcelles. Enfin, la terre étant une ressource naturelle, les
ménages comprennent mal que l'Etat vienne leur réclamer des taxes
une fois qu'ils se sont battus pour acquérir et/ou mettre en valeur
leurs parcelles.
Ces différentes stratégies sous-tendues par des
logiques spécifiques ne restent pas sans avoir des conséquences
sur le développement de la ville.
IV- Conséquences des
différentes stratégies sur le développement des villes
La première conséquence qu'on peut
évoquer est l'existence de `' friche urbaine''13(*) en plusieurs endroits des
villes de Glazoué et Dassa-Zoumé. En effet, des terrains acquis
depuis plusieurs années restent sans aucun travail de mise en valeur.
Ils ne comportent ni clôture, ni bâtiment. L'ampleur et la
fréquence de cette friche donnent parfois l'impression d'être
à la campagne, et pourtant ce sont des terrains urbains, qui plus est,
lotis et desservis par les réseaux d'adduction d'eau potable (SONEB), de
téléphone et d'électricité. Sur la photo n°2
on peut remarquer par exemple, un poteau portant des fils
téléphoniques. Pour justifier cet état de choses, les
propriétaires desdits terrains évoquent souvent le coût
élevé des matériaux de construction. Mais du fait de la
valeur marchande désormais acquise par la terre, la question se pose de
savoir si ces terrains ne sont pas destinés à des fins de
spéculation.
En dehors des friches urbaines, on note l'occupation de zones
normalement interdites à l'urbanisation (bas-fond, lit de cours
d'eau...) ou réservées à des fins d'utilité
publique.
Photo parcelle non mise en valeur mais passage
téléphone et électricité
Ces différentes situations traduisent d'une part,
l'engouement des individus à disposer de terrains pour se loger et mener
leurs activités, d'autre part, elles font apparaître la
volonté des autorités administratives de contrôler
l'accès et l'utilisation du sol dans les deux villes. Ces deux tendances
ne restent pas sans soulever des problèmes aussi bien entre les
populations qu'entre celles-ci et les autorités administratives. Sans
pouvoir faire un listing de tous les problèmes rencontrés dans
les deux villes en matière de gestion foncière, nous essayerons
de faire ressortir dans le prochain chapitre, les principales
difficultés rencontrées en la matière, les solutions
apportées ainsi que les dispositions prises en vue d'une meilleure
occupation et/ou utilisation du sol urbain dans le futur.
Chapitre 5 :
Difficultés d'accès à la terre dans les villes de
Glazoué et
Dassa-Zoumé : essais de solutions
et perspectives
Edgar PISANI, ancien ministre français
de l'Equipement et du Logement disait un jour : « j'ai longtemps
cru que la question de la terre était de nature juridique, technique et
économique et qu'une bonne dose d'ingéniosité suffirait
à résoudre les problèmes. Or, j'ai découvert petit
à petit qu'il s'agit là du problème politique le plus
important, car notre façon de définir la propriété
foncière, et nos pratiques dans ce domaine sont le fondement même
de notre civilisation et de notre comportement »14(*).
Ces propos traduisent, sans doute, la complexité du
fait foncier. En effet, le foncier est un objet complexe, à la
confluence de logiques de marché et de logiques d'appartenance et de
pouvoir. Cet état de choses ne reste pas sans poser des problèmes
aussi bien aux autorités administratives qu'aux ménages. Ces
problèmes dont l'ampleur varie d'une ville à une autre ont des
origines diverses et présentent des facettes variées.
Ce chapitre, qui est le dernier de notre travail,
présentera et analysera les divers problèmes fonciers
rencontrés dans les villes de Glazoué et
Dassa-Zoumé ; ensuite, il exposera les solutions qui leurs sont
apportées. Enfin, il étudiera les dispositions prises par les
autorités administratives en vue d'une meilleure occupation et/ou
utilisation de l'espace dans le futur.
I- Nature et sources des problèmes
Sans pouvoir énumérer ici de façon
exhaustive tous les problèmes rencontrés en matière de
gestion foncière à Glazoué et Dassa-Zoumé, nous
essayerons d'identifier et de présenter par catégories, les
principales difficultés rencontrées en la matière.
1.1 Les problèmes d'ordre administratif et
juridique
Ils sont très pernicieux et relèvent pour
l'essentiel de la caducité et de la non application des textes et lois
en vigueur. La plupart des textes et lois datent de l'époque coloniale
ou des années 1960. On est donc tenté de dire que leur abandon
est le résultat de leur vétusté. Mais force est de
constater que même les textes et lois pris récemment ne sont pas
respectés.
Il paraît évident que, si les dispositions
légales étaient respectées, on n'observerait pas
aujourd'hui de friches urbaines ni à Glazoué, ni à
Dassa-Zoumé.
Dans le même ordre d'idées, on peut
évoquer l'absence de rigueur et de rationalité dans
l'organisation et l'occupation de l'espace urbain. Car il n'est pas rare de
noter que des domaines qui étaient réservés à une
oeuvre d'utilité publique changent de statut sans que l'administration
locale ait la force et le courage nécessaires pour faire respecter la
loi. On peut citer comme exemple à Glazoué, l'espace du
marché qui est occupé presque à moitié par les
populations comme en témoigne la photo n°3.
Photo domaine marché Glazoué
occupé par population
Face à ces différentes situations, il n'est pas
exagéré d'affirmer qu'il existe un laisser-aller de la part des
autorités administratives dans la gestion de l'accès à la
terre dans les villes de Glazoué et Dassa-Zoumé. Or, la terre
étant l'une des ressources de base nécessaire à
l'extension et à la modernisation d'une ville, il est important voire
indispensable que son acquisition et son utilisation soient codifiées et
que les lois en la matière soient respectées. La question est
d'autant plus importante qu'un nombre de plus en plus croissant de personnes
souhaitent vivre en ville. Il faudra donc disposer d'espace non seulement pour
loger les habitants actuels et leur permettre de vaquer aux activités de
leur choix, mais aussi pour accueillir les futurs migrants. Pour y parvenir, il
est nécessaire d'adopter une politique claire et cohérente en
matière de gestion foncière et de rompre avec le sentimentalisme
ou la politique de `' nous sommes les mêmes''.
On ne saurait terminer cette partie sans évoquer les
cas d'expropriation sans dédommagement. En effet, l'expropriation est
une arme juridique dont l'Etat se sert pour retirer des terrains à leurs
propriétaires originels afin de réaliser des oeuvres
d'utilité publique : construction d'écoles, de dispensaires,
de centres de loisir,.... Cette mesure en elle-même n'est pas condamnable
car elle permet aux localités concernées de disposer des
infrastructures et équipements nécessaires à leur
fonctionnement. Mais là où le bât blesse, c'est quand
l'expropriation s'effectue sans dédommagement. Les propriétaires
de ces terrains se retrouvent souvent sans terre ; et comme celle-ci est
indispensable à leur épanouissement socio-économique, ils
sont parfois contraints à migrer vers d'autres localités.
A Glazoué comme à Dassa-Zoumé, plusieurs
cas d'expropriation sont demeurés sans dédommagement. On peut
citer comme exemples :
A Glazoué : L'école primaire centre, le
CEG, le marché, ...
A Dassa-Zoumé : L'hôpital de zone, le CEG 1,
le CPS....
Toutes ces infrastructures sont construites sur des terrains
expropriés sans que les propriétaires ne soient
dédommagés. Or, la terre a acquis une valeur marchande
considérable. On se demande donc si ces propriétaires
expropriés ne reviendront pas à la charge pour réclamer
leur dû, comme on le constate à Cotonou.
Une telle situation amène à penser, sans
exagération, que ces expropriations sans dédommagement
constituent des bombes à retardement.
Un autre problème tout aussi crucial est l'absence
d'outils adéquats de gestion foncière.
1.2 Les problèmes techniques
Nous désignons sous ce vocable, les problèmes
liés à l'absence de document d'urbanisme en particulier le
Schéma Directeur d'Aménagement et d'Urbanisme (SDAU). En effet,
aucune des deux villes étudiées ne dispose jusqu'à ce jour
d'un plan directeur. Les autorités naviguent à vue et font une
gestion quotidienne du foncier. Les opérations de lotissement qui
s'exécutent actuellement ne sont que le prolongement de celles qui ont
été réalisées à l'époque coloniale
(cas de Dassa-Zoumé) ou en 1982 (cas de Glazoué). Ceci à
pour conséquence, le non respect des phases classiques du lotissement
notamment celle de l'urbaniste. Il revient en fait à l'urbaniste
d'élaborer le plan de lotissement après le levé
topographique de l'espace à lotir. Le géomètre, en
principe, ne fait qu'appliquer le plan qui lui a été soumis par
l'urbaniste. Or, à Glazoué et Dassa-Zoumé, sous
prétexte du coût élevé de cette procédure,
les autorités administratives, à travers le comité de
lotissement, confient tous les travaux à un géomètre. Ce
dernier ne maîtrisant pas correctement les normes en matière
d'urbanisation, se contente de prolonger seulement les voies des anciens
lotissement et de prévoir quelques réserves administratives. Tout
ce passe tout comme si les différents quartiers de ces villes doivent
avoir le même plan.
A cela s'ajoutent les difficultés liées à
l'identification des propriétaires réels de toutes les parcelles
de la ville. Cette situation est due à la mauvaise tenue des livres
cadastraux. En outre, des erreurs d'attribution peuvent conduire parfois deux
(2) ou plusieurs personnes à se retrouvées sur la même
parcelle. Cette situation se rencontre souvent lors des phases de recasement
des présumés propriétaires dans les zones nouvellement
loties.
Ces différentes difficultés qui sont dues
à l'absence d'outils adéquats de gestion foncière
compromettent, sans doute, le développement harmonieux des villes.
De plus, certaines pratiques des populations sont source de
problèmes.
1.3 Les problèmes
socio-économiques
Nous présenterons ici les problèmes liés
aux modes d'acquisition des terrains d'une part, et d'autre part, les obstacles
d'ordre économique qui bloquent parfois les investissements fonciers.
Dans le premier cas, il s'agit soit d'héritiers qui ne parviennent pas
à s'entendre sur le mode de partage des terres de leur parent, soit
d'individus qui vendent des terrains qui ne leur appartiennent pas en
réalité, soit encore des dons de terrains qui sont remis en cause
par les descendants du donateur, soit enfin, des propriétaires qui ne
s'entendent pas sur les limites de leurs parcelles respectives.
Ces divers problèmes sont dus pour l'essentiel au
nombre de plus en plus croissant des demandeurs de terrains à
bâtir, à la valeur marchande désormais acquise par la terre
et surtout au manque de documents écrits pour attester les titres de
propriétés. En effet, nombreuses sont les
propriétés qui sont acquises sans preuves écrites comme en
témoigne le tableau suivant.
Tableau n°9 : Nombre de
propriétaires terriens détenteurs de documents écrits
à
Glazoué
Quartiers
Possession
de documents écrits
|
AYEDERO
|
AFFECIA
|
ZONGO
|
OROKOTO
|
Effectif
|
%
|
Effectif
|
%
|
Effectif
|
%
|
Effectif
|
%
|
Oui
|
30
|
39,47
|
54
|
73,97
|
29
|
52,73
|
8
|
47,06
|
Non
|
46
|
60,53
|
19
|
26,03
|
26
|
47,27
|
9
|
52,94
|
Total
|
76
|
100
|
73
|
100
|
55
|
100
|
17
|
100
|
Tableau n°10 : Nombre de
propriétaires terriens détenteurs de documents écrits
à
Dassa-Zoumé
Quartiers
Possession
de documents écrits
|
AYEDERO
|
ISSALOU
|
AGBEGBE
|
LATIN
|
Effectif
|
%
|
Effectif
|
%
|
Effectif
|
%
|
Effectif
|
%
|
Oui
|
49
|
59,04
|
19
|
52,78
|
8
|
40,00
|
20
|
52,63
|
Non
|
34
|
40,96
|
17
|
47,22
|
12
|
60,00
|
18
|
47,37
|
Total
|
83
|
100
|
36
|
100
|
20
|
100
|
38
|
100
|
Ces tableaux mettent en exergue la relation entre le mode
d'acquisition de la terre et la détention de documents écrits. En
effet, dans la plupart des cas, l'héritage et la donation s'effectuent
sans aucune preuve écrite. Celle-ci est jugée inutile puisque ces
actes se posent entre « des gens qui se
connaissent » ; ils n'ont donc pas besoin de
« papiers » pour prouver leur bonne foi. En fait, cet
état de choses résulte de notre tradition exclusivement orale.
Par contre, dans les nouveaux quartiers, c'est l'achat qui est
le mode le plus important d'accès à la terre. Ce mode
d'accès à la terre ne se fait pas toujours entre des
« gens qui se connaissent ». Ceci justifie la pratique de
plus en plus répandue de la délivrance de documents
écrits.
Par ailleurs, les documents les plus délivrés
sont les conventions de vente. Rares sont les propriétaires qui
détiennent le permis d'habiter, encore moins le titre foncier. Or, ce
n'est que le titre foncier qui peut garantir efficacement la validité
d'une propriété. Son absence laisse penser à une situation
de précarité dans l'acquisition de la propriété
foncière.
Pour ce qui est des difficultés financières,
elles se retrouvent principalement à deux (2) niveaux. D'abord au niveau
des ménages où elles empêchent la mise en valeur des
terrains acquis. Ceci a pour conséquence l'existence de friches urbaines
dans les différentes villes. Au niveau des autorités locales, les
difficultés financières retardent parfois les opérations
de lotissement et celles de viabilisation des terrains lotis. En effet, le
comité de lotissement et d'urbanisation auquel échoient ces
opérations ne dispose d'aucune source de financement autre que les
recettes issues de la cession des terrains lotis. Or, du fait du faible niveau
des revenus, les acquéreurs ne se pressent pas pour régler leurs
créances. Les recettes viennent donc au compte-gouttes dans la caisse du
comité ; ce qui n'est pas de nature à favoriser le bon
déroulement desdites opérations.
Au total, la gestion du foncier est aujourd'hui
confrontée à un certain nombre de problèmes dont la
résolution contribuerait pour beaucoup à la modernisation des
villes de Glazoué et Dassa-Zoumé. Cette réalité est
bien perçue par les autorités locales, car elles ont pris des
mesures pour faire face audits problèmes.
II- Essais de solution et perspectives
2.1 Essais de solution
Face aux différents problèmes qui viennent
d'être présentés, les autorités administratives et
notables de chaque ville ainsi que les populations se sont attelés
à trouver des solutions durables. La principale arme en la
matière est la négociation. Ainsi, lorsque l'administration est
saisie par exemple d'un cas de conflit entre deux (2) personnes qui
réclament le même terrain, des enquêtes s'engagent par le
biais des chefs traditionnels et notables. Dans certains cas, ils parviennent
à trouver le vrai propriétaire ; ce qui met fin au
conflit.
De même, lorsqu'un particulier réclame une
parcelle de terrain jusque là occupée par d'autres, une
négociation permet à l'intéressé de retrouver sa
propriété.
Au total, les problèmes fonciers dans les villes de
Glazoué et Dassa-Zoumé malgré leur ampleur et leur
intensité ne conduisent pas pour le moment à des affrontements
violents encore moins mortels. Certes dans la ville de Dassa-Zoumé,
plusieurs conflits domaniaux sont en cours de règlement au tribunal
d'Abomey. Les autorités publiques, les chefs traditionnels, les notables
et les populations ont su maintenir tout de même une atmosphère de
paix malgré les divergences de logiques et de stratégies.
Par ailleurs, des dispositions sont prises en vue de mieux
organiser et contrôler l'accès et l'utilisation de la terre dans
chacune des villes étudiées.
2.2 Perspectives en matière d'accès
et d'utilisation de la terre à Glazoué et
Dassa-Zoumé
Elles peuvent être analysées à deux (2)
niveaux. D'abord au niveau des chefs de ménages, puis au niveau des
autorités administratives.
2.2.1 Au niveau des chefs de
ménages
Les dispositions prises ici concernent, en premier lieu, les
modes traditionnels d'acquisition des terrains notamment l'héritage et
la donation. En effet, les chefs de ménage essaient de plus en plus
régler la question du partage de leurs terres avant leur
décès. De même, la donation ne s'effectue plus en catimini
entre deux (2) individus. Elle est de plus en plus portée à la
connaissance d'autres membres de la famille du donateur surtout ceux qui sont
lettrés. Ceci permet d'officialiser en quelque sorte l'acte de
donation.
De plus, des dispositions sont de plus en plus prises pour
délimiter et matérialiser les terrains : levés
topographiques, pose de bornes, de plaques portant l'adresse des
propriétaires...
Enfin, la vente de terrain entre particuliers est aujourd'hui
précédée d'enquêtes minutieuses au cours desquelles
l'acheteur s'assure que le vendeur est réellement le propriétaire
du terrain devant faire l'objet de vente.
En dehors de ces mesures, une série d'autres ont
été prises par les autorités administratives.
2.2.1 Dispositions prises par les autorités
administratives
Elles se sont traduites par l'institution de la convention de
vente15(*) et de l'acte de
donation16(*) pour
réglementer la vente et la donation de parcelles entre particuliers. En
fait, c'est un moyen pour les autorités administratives de
contrôler lesdites ventes et/ou donations car avant de signer une
convention de vente ou un acte de donation, il est demandé au chef
quartier et au chef d'arrondissement d'effectuer des enquêtes afin
d'infirmer ou de confirmer le propriétaire de la parcelle. Ceci permet,
un tant soit peu, d'éviter les ventes/donations illicites.
Par ailleurs, une attention particulière et de plus en
plus soutenue est accordée au RFU. Pour ce qui est de la ville de
Glazoué, il s'agit de mettre tout en oeuvre pour installer cet outil
dans la ville. Par contre à Dassa-Zoumé, il est question de
renforcement notamment à travers le volet cartographie. L'objectif
visé dans l'un ou l'autre cas est de tenir à jour les
données sur le foncier, ceci permettra d'identifier beaucoup plus
facilement les différents propriétaires terriens.
Ainsi donc, on peut retenir que malgré les moyens
(techniques, financiers, ...) limités dont ils disposent, les
autorité administratives, les chefs traditionnels et notables de
même que les ménages s'efforcent non seulement de résoudre
les problèmes fonciers auxquels ils sont confrontés mais aussi de
prendre des dispositions pour éviter à l'avenir ou tout au moins
réduire leur ampleur.
Mais force est de constater que ces différentes mesures
sont peu efficaces pour faire face audits problèmes. Aussi, allons-nous
formuler des suggestions dont l'unique but est de contribuer à leur
résolution.
2.3 Propositions pour une meilleure occupation et/ou
utilisation de la terre
dans les villes de Glazoué et
Dassa-Zoumé
Pour une gestion professionnelle du foncier dans les villes de
Glazoué et Dassa-Zoumé, il est souhaitable de mettre en oeuvre
une série de mesures techniques et sociales.
2.3.1 Organiser une journée de dialogue social
sur le foncier
S'il est vrai que cette proposition répond beaucoup
plus à la ville de Dassa-Zoumé, il n'en demeure pas moins vrai
qu'elle peut servir de socle pour les autres actions dans la ville de
Glazoué. En effet, de nombreuses affaires domaniales sont pendantes
devant le tribunal d'Abomey et opposent plusieurs collectivités à
Dassa-Zoumé. Une telle journée permettra de `'ramener la balle
à terre''. Ce sera aussi l'occasion pour les acteurs d'exprimer
clairement leurs préoccupations et leurs attentes en matière de
gestion foncière. Il est indispensable de respecter les décisions
qui seront prises lors de cette journée. Un comité de suivi
pourrait être mis en place à cet effet. Une telle démarche
permettrait d'élaborer une politique globale et cohérente en
matière de gestion foncière.
2.3.2 Doter chaque ville d'un schéma directeur
d'aménagement et d'urbanisme
(SDAU)
Il s'agit d'un document phare qui définit les grandes
orientations en matière d'aménagement et d'urbanisme. Son
élaboration et sa mise en oeuvre permettent de maîtriser
l'occupation des espaces urbains et périurbains et donc de favoriser une
occupation ordonnée et préétablie. Cet outil facilite
l'implantation des infrastructures et équipements socio-collectifs.
L'importance du volet foncier dans un tel document n'est plus à
démontrer. C'est pourquoi, son élaboration doit être
précédée d'une réflexion globale (journée de
dialogue social sur le foncier) sur les questions foncières. Ce
document, s'il est élaboré avec la participation de tous les
acteurs fonciers, constituera un solide guide pour les membres des
comités de lotissement et d'urbanisation.
2.3.3 Former le personnel communal sur la gestion
foncière
Le personnel communal en général et les
responsables ayant à charge les affaires domaniales en particulier ne
maîtrisent pas correctement leur rôle. De plus, ils ne font pas une
bonne tenue des livres fonciers. Il est donc indispensable de les former sur
leur rôle, mais aussi de les doter d'outils adéquats devant leur
permettre d'accomplir convenablement la mission qui leur est
assignée.
2.3.4 Organiser une campagne de sensibilisation des
populations
Même si les textes et lois applicables en matière
foncière aujourd'hui datent des années 1960 et d'avant et qu'ils
méritent un toilettage, force est de constater qu'ils ne sont pas
appliqués soit par méconnaissance, soit par
légèreté. C'est pourquoi, il est souhaitable que les
populations soient informées et formées sur le contenu de ces
textes et lois.
Il s'agira à la fin de la campagne de sensibilisation
de généraliser la délivrance des documents fonciers
(notamment le titre foncier). Ceci permettra aux ménages de
sécuriser leur propriété foncière et aux
autorités d'assurer une bonne tenue des livres fonciers. Pour cela, il
nous paraît important de réduire aussi bien la procédure
d'attribution de ces documents que leur coût. On peut procéder par
exemple, à une déconcentration des services de la conservation
foncière qui sont aujourd'hui concentrés à Cotonou et qui
peuvent avoir des annexes au niveau départemental ou même
communal.
2.3.4 Mettre en place un Système d'Information
et de Gestion du Patrimoine
Foncier (SIGPF)
L'importance du RFU n'est plus à démontrer. Mais
il faut aller au delà de cet outil qui est beaucoup plus orienté
vers l'amélioration des recettes fiscales. Le mise en place du SIGPF
prendra en compte non seulement le RFU mais aussi d'autres
éléments indispensables à une bonne gestion
foncière dans les deux villes. Il s'agira de mettre en place une banque
de données foncières.
Ce système entièrement informatisé va
à coup sûr révolutionner la gestion foncière dans
les villes. Il permettra de connaître le périmètre de
chacune des villes étudiées, le parcellaire et son
équipement de même que la spatiocarte de référence.
C'est ainsi que la synthèse des principales données va ressortir
des zones loties et cartographiées, des zones loties et non
cartographiées, des zones non loties.
Le parcellaire va mettre en exergue le nombre et la
superficie des parcelles:
· construites et mises en valeur;
· en construction ;
· nues et clôturées ;
· nues et non clôturées ;
· réserves.
Pour parvenir à toutes ces données
chiffrées, l'équipe scientifique devra mettre en place un
logiciel spécialisé. Avec cet outil, il est permis de
gérer la délivrance du permis d'occuper aux ayants -droit, de
suivre le recouvrement des redevances , de gérer le patrimoine foncier,
les infrastructures, de planifier la croissance urbaine et de faire l'adressage
de la ville.
Avec le développement d'un tel logiciel, les
perspectives sont nombreuses. Mais les plus prégnantes sont celles de la
mise en place d'une agence de gestion du patrimoine foncier, de procéder
à l'adressage de la ville, d'élaborer un plan concerté
d'occupation de l'espace, de la mise en place d'un programme d'investissement
et de développement durable de la cité, d'élaborer et de
mettre en oeuvre un plan de circulation de la ville.
CONCLUSION
Au terme de nos recherches, nous pouvons conclure que la
terre, autrefois bien collectif, sacré et inaliénable, entre de
plus en plus dans le système de l'économie capitaliste où
elle est considérée comme une marchandise, un moyen de s'enrichir
au même titre que les plantations ou le commerce. Du coup, elle devient
le point de mire de toutes les convoitises surtout en milieu urbain, le centre
d'intérêts de plusieurs acteurs. Les logiques et/ou
stratégies souvent divergentes développées par ces acteurs
conduisent parfois à des situations conflictuelles. Ceci n'est pas de
nature à faciliter l'accès à la terre et donc les
investissements fonciers dans les villes. Certes, les autorités
administratives, les chefs traditionnels ainsi que les populations ne sont pas
restés inactifs face aux divers problèmes. Mais le manque
d'outils adéquats et de politique globale en matière de gestion
foncière rendent peu efficaces les diverses mesures prises pour faire
face aux difficultés rencontrées. Ainsi, on assiste à une
gestion quotidienne du foncier. Or, la question foncière en milieu
urbain est l'une des plus sensibles car il n'existe pratiquement pas
d'opération urbaine qui n'implique pas la terre. Dans ces conditions, il
paraît évident que la résolution des problèmes
fonciers constitue le préalable à toute action
d'aménagement. Autant il est nécessaire d'associer les
populations à l'élaboration et à la mise en oeuvre des
projets d'aménagement, autant il faut s'atteler à
résoudre, en amont, la question de l'accès à la
terre ; car celle-ci détermine dans une large mesure la
réussite desdits projets.
Il serait prétentieux de notre part d'affirmer que ce
travail suffit pour résoudre efficacement tous les problèmes
fonciers rencontrés dans les villes de Glazoué et
Dassa-Zoumé. C'est pourquoi, nous proposons que d'autres axes de
recherche soient étudiés afin d'approfondir le présent
travail. A cet effet, certaines questions méritent d'être
posées :
- Quels sont les rapports fonciers produits par la
consommation d'espaces ruraux inhérente à l'extension des deux
villes ?
- Existe-t-il un mode de penser et d'utilisation de l'espace
propre aux Idaatcha et
Maxi ?
- Comment se présente le marché foncier
à Glazoué et Dassa-Zoumé ?
Ces questions et bien d'autres méritent d'être
étudiées afin de mieux maîtriser les lois, les conceptions,
les attitudes et les mécanismes sociaux qui régissent
l'accès à la terre dans les deux villes. Il y va de leur
développement harmonieux.
* 1 Les Ijéun et Mamahoun
se sont installés dans la zone depuis le XIIème siècle
* 2 La liste est annexée
au présent document
* 3 CRINOT L. (1987)
* 4 CRINOT L. (1987)
* 5 VERDIER R. (1965)
* 6 Boisson alcoolisée de
fabrication locale
* 7 CRINOT L. (1986) et
HOUNKPODOTE R. M. (1995)
* 8 SERHAU-SEM (1999) :
Programme Pluri-annuel d'Investissement et de Développement BABAGLO
* 9 SERHAU-SEM (1996) :
Projet Régistre Foncier Urbain Simplifié
Dassa-Zoumé-Savalou-Savè. Etudes socio-économiques et
financières. Cotonou. 46p.
* 10 SERHAU-SEM (1996) :
Projet Régistre Foncier Urbain Simplifié
Dassa-Zoumé-Savalou-Savè. Etudes socio-économiques et
financières. Cotonou. 46p
* 11 Le texte intégral
de cet arrêté est annexé au présent document
* 12 Le texte intégral
de cet arrêté est annexé au présent
mémoire
* 13 Cette expression est
utilisée par certains auteurs pour désigner la brousse en milieu
urbain GAPYISI E. (1989)
* 14 Cette déclaration
est tirée de l'ouvrage de MC AUSLAN P. : Les mal logés du
tiers-monde paru en 1986 aux éditions l'Harmattan.
* 15 Un formulaire de cette
convention de vente figure en annexe
* 16 Un formulaire d'acte de
donation figure en annexe