1) Le secteur bancaire :
L'ensemble des banques, chapeauté par la banque
centrale, forme le secteur bancaire d'une zone monétaire. On distingue
ainsi différents types de banques selon leur rôle.
La banque centrale, comme la « Réserve
Fédérale des Etats-Unis », « La Banque du
Canada », ou « La Banque Centrale Européenne »,
a pour rôle de réglementer et superviser les opérations des
différentes banques, de veiller à leur solvabilité
à l'égard des déposants, de superviser la production de
monnaie par ces banques, et d'en réguler l'usage par le biais du taux
directeur.
La théorie économique y voit un moyen de
réguler la croissance, via l'incitation à l'épargne ou
à la consommation, et d'agir sur l'inflation.
ü Les banques de dépôt : travaillent
essentiellement avec leurs clients, particuliers, professionnels et
entreprises, reçoivent des dépôts, accordent des
prêts et sont traditionnellement séparées entre la banque
de détail destinée aux particuliers, aux professionnels et aux
petites et moyennes entreprises, ou la banque d'affaires destinées aux
moyennes et grandes entreprises.
ü La banque d'investissement : est active sur les
marchés financiers, se chargeant des opérations
financières comme les émissions d'emprunts obligataires, les
souscriptions d'actions, l'introduction en bourse, les fusions acquisitions,
etc.
De plus en plus, les banques de détail et
d'investissement sont de simples filiales de groupes diversifiés qui
intègrent parfois l'assurance, la gestion de fonds de placement ou
d'autres activités financières.
Il existe des banques spécialisées dans un
segment d'activité spécifique, souvent issues d'une ancienne
règlementation ou, en France, de la distribution dans le passé de
certains prêts bonifiés :
Ø banques spécialistes du crédit à
la consommation et dans le crédit immobilier,
Ø banques spécialisées dans la gestion de
fortune,
Ø banques spécialisées dans le
crédit-bail aux entreprises,
Ø banques spécialisées dans le
financement d'une activité économique particulière.
(Agriculture, cafés-restaurants, commerce de l'art, pétrole,
etc.).
2) La crise financière mondiale et effets sur les
banques
Faillites bancaires, des milliards de dollars envolés,
une croissance mondiale en berne, des gouvernements impuissants. Le capitalisme
financier est en crise. Les médias alignent en boucle les chiffres de la
crise, les chutes des valeurs boursières, les pertes colossales de
certaines banques, sans nécessairement expliquer réellement ce
qui est en train de se passer en des termes simples. Mais quelles sont les
causes de la crise financière mondiale ?
Ä Etape 1 : La crise financière part des
Etats-Unis en août 2007
La crise débute à l'été 2007
à cause des "subprimes", des prêts hypothécaires consentis
à la classe moyenne américaine. En temps normal, un particulier
qui souhaite acquérir un appartement peut emprunter en fonction de son
salaire et de sa capacité à rembourser. Inconvénient du
système : l'emprunt est proportionnel au salaire. Si vous ne gagnez pas
beaucoup, vous ne pouvez pas emprunter beaucoup, donc vous ne pouvez pas
acheter.
Les Américains ont donc créé des
subprimes : vous empruntez ce que vous voulez (même si le salaire n'est
pas très élevé) mais c'est la maison qui est en garantie.
En clair, si vous ne pouvez pas rembourser, la banque récupère la
maison et la vend. Mais quand les prix de l'immobilier baissent, les banques
paniquent ! Cas de figure classique : un emprunteur ne rembourse plus, la
banque décide donc de vendre sa maison et de tout
récupérer. Mais comme les prix de l'immobilier ont baissé,
la banque perd de l'argent sur la vente. C'est la crise des subprimes :
certaines banques qui avaient eu trop recours à ce type de prêt se
sont retrouvés dans une situation financière critique. Et plus de
2 millions de personnes se retrouvent ruinées aux Etats-Unis, faute de
pouvoir rembourser les emprunts.
Ä Etape 2 : Toutes les banques sont
touchées à cause de la titrisation
Pour tenter de limiter les risques de ces crédits d'un
nouveau genre, les banquiers ont eu recours à la titrisation. Ils ont
transformé ces emprunts en titre sur les marchés boursiers.
Concrètement, si un particulier emprunte 1000 euros, il doit en
rembourser 1200 euros à la banque avec les intérêts. Pour
gagner plus rapidement de l'argent, les banques ont émis des titres de
dette, c'est-à-dire un papier donnant droit à ces 1200 euros. Ces
titres de dette se sont échangés sur les places
boursières. Quel est l'intérêt pour les acheteurs de
ces titres ? Si l'acquéreur achète son titre à 1100 euros,
il sait qu'il a la garantie de recevoir 1200 euros. Or, à partir du
moment où celui qui doit rembourser l'emprunt pour l'achat de sa maison
ne peut plus payer, le titre n'a plus aucune valeur. Ce sont ces montages
financiers complexes qui expliquent la chute de la bourse car toutes les
banques étrangères, notamment européennes, se sont
aperçues qu'elles possédaient des titres de subprime qui ne
valaient plus rien. Tout le monde en avait mais personne ne savait vraiment
combien.
Etape 3 : Les banques se méfient et ne se
prêtent plus d'argent
Dans un premier temps, les banques étrangères se
sont voulues rassurantes. En France, le directeur de la BNP a d'abord
affirmé que la banque n'avait pas procédé à des
placements risqués de ce type. Mais quelques jours plus tard,
après analyse, la BNP réalise qu'elle possède des
subprimes. Le jeudi 9 Août 2007, la BNP décide de geler la
cotation de 3 fonds d'investissement. La panique gagne alors les marchés
car plus personne ne se sent à l'abri. A partir de là, les
banques vont se méfier les unes des autres et ne plus vouloir se
prêter de l'argent entre elles. Cette crise de confiance des
marchés interbancaires va entraîner la faillite de certaines
banques, malgré l'injection de milliards de dollars de la réserve
fédérale américaine. Vous n'avez rien compris ? Passez
à l'étape suivante.
Etape 4 : Faute de liquidités, certaines
banques sont asphyxiées dès 2007
Pour comprendre comment les banques ont fait faillite
dès 2007, il faut expliquer comment fonctionne le système
bancaire. Quand vous empruntez 100 000 euros à la Société
Générale, celle-ci augmente la masse monétaire de 100 000
euros. Elle crée donc 100 000 euros. Mais pour éviter que la
machine à billet ne s'emballe (créer de la monnaie sans
contrôle), la Société Générale doit
déposer une partie de la somme créée sur un compte de la
Banque Centrale Européenne. C'est ce qu'on appelle les "réserves
obligatoires".
Si le taux de réserves obligatoires est de 1%, la
société Générale doit donc déposer sur le
compte de la Banque Centrale Européenne 1 000 euros. Ce système
là permet à la Banque Centrale Européenne de
contrôler la création de monnaie.
Souvent les banques n'ont pas les liquidités
nécessaires pour accorder des crédits (le flux entre l'argent
déposé par des épargnants et l'argent prêté
aux autres n'est jamais équilibré à l'instant T). Elles
empruntent donc de l'argent à une autre banque pour pouvoir verser la
"réserve obligatoire" à la BCE afin de pouvoir accorder le
crédit au client. C'est une pratique courante : les banques se
soutiennent et se prêtent de l'argent entre elles. Mais quand il y a une
crise de confiance, c'est tout le système qui s'enraye. Pour
éviter un effondrement général et des faillites en
cascade, la banque centrale "injecte" des milliards, c'est-à-dire
qu'elle permet aux banques de récupérer des liquidités
à très faible coût. Malgré cela, certaines banques
se sont retrouvées asphyxiées très rapidement : elles ont
perdu des sommes colossales avec les subprimes, et elles n'ont pas
réussi à poursuivre leur activité de crédit car les
autres banques, méfiantes, ont refusé de leur prêter des
liquidités pour faire face. De nombreuses banques se sont donc
retrouvées dans des situations difficiles : en Grande Bretagne, la
Northern Rock a dû être nationalisée, sous peine de
disparaître.
Etape 5 : La panique gagne les marchés
financiers en 2008
La plupart des économistes pensaient que le gros de la
crise était passé début 2008. Une fois que la crise des
subprimes est bien identifiée, que les banques ont revendu ces titres
à risques, la crise financière était sur le point de se
terminer après un dernier soubresaut fin 2007. Mais la crise est
repartie de plus belle en février 2008 quand les banques ont
arrêté leurs comptes annuels. Les pertes se sont
avérées plus importantes que prévu : entre la chute de
l'immobilier, la crise des subprimes, les soubresauts de la bourse qui ont fait
chuter les cours, les pertes d'actifs se sont montées à plusieurs
dizaines de milliards de dollars pour certaines banques. C'est le cas de
Citibank, qui était la première banque mondiale jusqu'à
cette crise. Dès lors, la crise financière qui était
d'abord une crise bancaire va se transformer en krach boursier. A chaque
mauvaise nouvelle ou publication des comptes d'une banque, le titre de la
banque chute sur les marchés financiers. Les banques ont alors des
pertes colossales, et comme en 2007, peinent à trouver des
liquidités. Vu la situation de crise, comme en 2007, les banques ne se
font plus confiance et le marché interbancaire se grippe. Certains
établissements de crédit ont donc vu leur valeur boursière
chutée en quelques semaines. Par exemple, AIG (numéro 1 de
l'Assurance) a perdu 45% de sa valeur en une semaine et 79% sur un an.
Lehman Brothers, la quatrième banque d'affaires de Wall
Street, a perdu 45% de sa valeur en une seule journée et 94% sur un an.
Jamais des chutes aussi vertigineuses n'avaient été
constatées depuis la crise de 1929.
Etape 6 : Tentative de sauvetage à coût
de centaines de milliards
Face à ce qui s'apparente à une banqueroute
généralisée, les banques centrales et les Etats tentent de
venir en aide à tous les établissements les plus fragiles pour
éviter des faillites qui auraient des conséquences très
importantes sur l'économie réelle. Trois sorties de crise sont
exploitées :
1. Les banques centrales injectent de nouveau des
liquidités pour que ces banques puissent emprunter. Mais cette solution
a des limites : la création monétaire doit être fortement
encadrée sinon, il y a un risque très élevé
d'inflation. Les prix pourraient s'envoler et accélérer ainsi la
propagation de la crise dans l'économie réelle.
2. Les banques centrales volent au secours de certaines
banques en récupérant à leur compte les titres
dépréciés, comme les subprimes. C'est ce qu'a fait la
banque centrale américaine en mars pour sauver la banque
d'investissement Bear Stearns. La banque centrale américaine a
récupéré 29 milliards d'actifs toxiques
(dépréciés et peu surs) et facilité la reprise de
Bear Stearns par une autre banque JP Morgan. Là encore, cette solution a
des limites. La banque centrale américaine ne peut effacer d'un seul
coût des milliards de perte pour chaque banque en difficulté.
3. Le gouvernement américain tente de sauver certains
établissements pour éviter un effondrement de tout le
système bancaire. Par exemple, Freddie Mac et Fannie Mae, deux
géants américains du crédit hypothécaire, ont
été placés sous la tutelle du gouvernement. Le
trésor américain va dépenser 200 milliards de dollars pour
sauver ces deux établissements. Seulement, le gouvernement
américain ne peut sauver toutes les banques en difficulté :
d'abord parce que cela coûte des milliards de dollars aux contribuables,
et ensuite parce que cela donnerait de très mauvais signes aux
marchés financiers, qui auraient l'impression de
bénéficier d'une certaine impunité. A quoi bon assainir le
système si les Etats sont prêts à aider tout le monde
à coût de plusieurs centaines de milliards de dollars ?
Voilà pourquoi le Trésor américain a refusé de
voler au secours de la banque Lehman Brothers, qui a donc fait faillite.
Et maintenant ? De nombreuses banques sont dans des situations
difficiles. Le gouvernement américain tente de convaincre le
congrès de voter un plan de sauvetage de 700 milliards de dollars. Les
marchés financiers sont toujours aussi volatiles, la confiance n'est pas
revenue. Tout ceci va avoir des conséquences sur l'économie
réelle en France et en Europe : les banques vont durcir les conditions
de crédit pour les particuliers (les prêts immobiliers sont plus
difficiles à obtenir) et pour les entreprises (les investissements vont
se ralentir). Le capitalisme financier connaît donc l'une des plus graves
crises depuis le krach boursier de 1929. Cette crise frappe par sa
rapidité et son enchaînement : la crise immobilière
américaine s'est transformée en crise financière et
bancaire, elle-même entraînant une crise économique mondiale
avec des risques de récession aux Etats-Unis, en Europe et partout
ailleurs. Signe que la crise est sérieuse, la croissance
française ne devrait être que de 1% en 2008, et les chiffres du
chômage sont très mauvais au mois d'août : il y aurait entre
30 000 et 40 000 demandeurs d'emploi en plus. Il faut remonter à 1993
pour trouver une hausse aussi brutale du taux de chômage en France.
|