Chapitre 1 :
Données bibliographiques
I- Biologie et moeurs des scorpions
Les scorpions sont des arthropodes chélicérates.
Ils font leur apparition, en milieu aquatique (Figure1) au Silurien, il y a 450
millions d'années (Goyffon, 2002 ; Pisani et al., 2004). La transition
vers le milieu terrestre se fait entre le Carbonifère et le
Dévonien (entre -380 millions et -350 millions d'années) (Dunlop
& Webster, 1999). Actuellement toutes les espèces sont terrestres
(Brianna et al., 2005).
Figure 1: Image d'un scorpion de mer
(Battaglio~ 2005)
En général, les scorpions adultes ont une grande
taille (20cm), mais la longueur de ceux de l'Afrique du Nord varie entre 2 et
12cm (Vachon, 1952).
Le corps du scorpion est subdivisé en trois parties
(Figure 2) :
Le céphalothorax ou prosoma : Large et
aplati, comporte deux faces :
n La face dorsale : avec deux gros yeux médians et
plusieurs paires d'yeux latéraux.
n La face inférieure : avec une pièce
médiane : sternum, de cette face naissent :
ü Cinq paires de pattes :
· La première correspond à des «
pattes-mâchoires »
· Les quatre autres paires forment les « pattes
ambulatoires »
ü Deux chélicères : petites pièces se
projetant en avant et constituant « l'armature buccale »
- a - Face dorsale
- b - Face ventrale
Figure 2 : La morphologie du
scorpion
v L'abdomen : caractérisé par la
succession d'anneaux d'inégale dimension et par la présence de
deux petites appendices symétriques, caractéristiques du scorpion
appelés " peignes ".
v La queue ou post abdomen : plus longue que
le tronc, elle est formée de cinq segments dont le dernier est le plus
long, porte l'appareil venimeux qui se termine par un aiguillon.
L'appareil venimeux : logé dans la
partie terminale du dernier segment abdominal appelé " telson "(Figure
3), renflé sous forme de vésicule munie d'un aiguillon, celle-ci
est revêtue d'une couche musculaire qui permet, par sa contraction,
l'inoculation du venin. On y distingue deux parties :
> La partie glandulaire : le venin s'accumule dans des
glandes à venin qui sont chez le scorpion des organes d'excrétion
rattachables au tube digestif.
> L'appareil inoculateur : formé par un aiguillon
effilé vers le haut et de deux orifices latéraux sub-terminaux,
servant d'orifice de sortie aux canaux évacuateurs chitineux de chaque
glande (Vachon, 1952).
Figure 3 : Différentes vues du
telson
Les scorpions vivent en général groupés
(Vachon, 1952). On les trouve dans des habitats divers : sous les pierres, les
rochers, les écorces d'arbres et les vieilles constructions. Ils
cherchent les coins obscurs où ils creusent des terriers (Ismail, 2003 ;
Geoffery et al., 2003). Par contre certains scorpions affectent le voisinage
des habitations, se placent entre les draps, dans les chaussures, dans les
cuisines et les salles de bains (Pinkston & Wright, 2001).
Ils sont nocturnes, de natures craintives, peu agressives et
lucifuges (Goyffon & El Ayeb, 2002). Actifs au printemps et en
été, ils entrent en hibernation dès le début de
l'automne.
Certaines espèces peuvent conserver leur potentiel
d'activité durant la saison froide (Broglio & Goyffon, 1980).
Les scorpions marchent lentement et à tâtons
(Vachon, 1952) et possède une vision faible. Ce sont des arthropodes
prédateurs qui détectent leurs proies par des sens de contact et
de son (Pinkston & Wright, 2001).
Ils se nourrissent essentiellement d'insectes (criquets,
araignées, sauterelles, mouches, papillons) en préfèrant
les proies vivantes ou fraîchement tuées (Gouge et al., 2001). Ils
absorbent rarement les substances végétales (Oudidi, 1995). Les
gros scorpions se nourrissent d'invertébrés, de petits
lézards, de serpents et hachis (Gouge et al., 2001). Les scorpions sont
cannibales (peuvent manger d'autres espèces scorpioniques et les plus
petits de leur espèce, même la mère peut manger ses jeunes
(Vachon, 1952)).
Les scorpions résistent aux facteurs agressifs de
l'environnement que ce soit le froid ou le chaud (Vincent, 2002). Ils peuvent
rester presque deux années sans nourriture et eau (Pinkston &
Wright, 2001). Le scorpion androctonus australis peut supporter une
privation totale de nourriture durant 14 mois (Charnot & Faure, 1934).
Les scorpions supportent des doses de radiations ionisantes
supérieures à 100 fois la dose mortelle pour l'homme (Vincent,
2002), du fait de la fluorescence de leur tégument en lumière
ultraviolette (Salek, 1983). Ils ont été retrouvés vivant
après les essais nucléaires de Reggane en 1956. Ils
résistent aussi à l'asphyxie, aux infections microbiennes et
peuvent supporter une déshydratation allant à 40% de leur poids
(Aliane, 2005) parce qu'ils ont des couches supplémentaires de lipides
sur leur exosquelette qui réduit la perte d'eau (Gefen, 2005).
En moyenne, la vie des scorpions varie de 3 à 5 ans
mais peuvent vivre jusqu'à 25 ans (Lourenço, 2000).
Les scorpions sont ovovivipares à gestation
prolongée de 7 à 12 mois (Karren, 2001). On distingue deux types
de reproduction :
- Sexuée : où l'accouplement est
précédé par une danse appelée " courtship ".Cette
danse change selon les espèces et dure de 24 à 36 heures (Peretti
& Carrera, 2005 ; Lourenço, 2000 ; Pinkston & Wright, 2001).
- Asexuée ou parthénogénétique :
où la reproduction produit un nombre d'individus sans la présence
du mâle. Dans ce cas, la population de scorpion est composée
uniquement de femelles (Lourenço & Cuellar, 1995) et chacune peut
produire des oeufs qui éclosent pour donner un nouvel individu.
Une femelle peut produire de 14 à 100 jeunes scorpions
appelés " pullus " (Pinkston & Wright, 2001). Ce nombre varie selon
l'espèce (Vachon, 1952). Ces jeunes sont de couleur blanche
jusqu'à la première mue (Gouge et al., 2001), une fois
libérés de leur sac, ils s'élèvent sur le dos de la
mère et y restent sans nourriture pendant plusieurs jours. A cet
endroit, ils subissent leur première mue et en quelques jours, ils
laissent leur mère et commencent à se défendre eux
même (Roger, 2005). Ils deviennent adultes un an après leur
naissance (Pinkston & Wright, 2001).
Les ennemis les plus redoutables des scorpions sont : l'homme,
les oiseaux, les volailles, les hérissons, les chats et les crapauds
(Benguedda et al., 2002 ; Vachon, 1952).
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