1.4- LA FAUNE
Comme citée au chapitre I, la faune sauvage a presque
disparu dans la CR. D'après les dires des villageois, les quelques
animaux sauvages qui restent viennent de l'Est dans les réserves de
faune Nord, Sud et dans la région de Tamnacounda. On aperçoit
encore, l'hyène rayée, le singe, le phacochère, le
« Till », le calao, le chacal, la pintade, ... La
rareté de la faune s'explique par l'implantation humaine et le
braconnage importants dans la zone.
1.5- LES FACTEURS DE
DÉGRADATION DES RESSOURCES NATURELLES DANS LA CR
Au premier chef des facteurs de dégradation se trouve
l'homme. Par son désir de satisfaire ses différents besoins, il a
modelé l'espace selon ses aspirations. Il a, de ce fait, renforcé
la précarité de l'équilibre environnemental
instauré par les facteurs physiques.
Les facteurs physiques : Même si
les services des eaux et forêts de la région mettent l'accent sur
le fait que les écosystèmes sont dynamiques et que l'état
général des lieux indique une reconstitution des espèces.
On remarque par contre un taux de mortalité élevé chez
certaines espèces comme les Pterocarpus lucens et un faible
taux de recouvrement chez les graminées. On peut aussi distinguer des
dégradations sévères par endroits. Elles sont la
résultante de phénomènes érosifs très
intenses comme l'érosion éolienne qui déracine beaucoup
d'arbres en période d'hivernage, et accélère
l'enlèvement de la couche arable. Elles contribuent à la
disparition des formations boisées et à la perte d'habitat pour
la faune. L'érosion hydrique, par le ruissellement appauvrit le sol et
accentue l'enclavement. Mais le déficit pluviométrique en est la
grande cause. Le Ferlo porte jusqu'à présent les séquelles
de la grande sécheresse des années 70 et début 80.
L'impact de la baisse de la pluviométrie est très complexe. La
diminution des apports en eau a considérablement réduit les
potentialités végétales et développé de
grands déplacements vers le sud supposé plus humide et pourvu
d'espaces fourragères riches. A côtés de ces facteurs
physiques, se combine l'action anthropique.
Facteurs anthropiques : En effet, par
différents moyens, l'homme participe à la dégradation des
ressources naturelles.
Les feux de brousse : La CR ne dispose
que de six pare-feux pour une longueur total de 220 km destinés à
limiter la propagation des feux. Cependant, leur entretien régulier
constitue une réelle difficulté. Ils se situent dans le triangle
Vélingara - Mbem Mbem - Boundou Mbaba. Le reste des villages autour de
Mbakadji Alpha est exposé à des feux précoces en
provenance de la région de Tamba. Ces feux sont
généralement l'oeuvre de chasseurs, braconniers, des
éleveurs transhumants qui laissent leur feu de camp en activité
derrière eux. Les exploitants de gomme brûlent pour avoir la
sève beaucoup plus rapidement. Pour l'année 2004, sept feux de
brousse ont été répertoriés à
Vélingara sans compter ceux qui ne sont pas connus. Les nouveaux types
de pare-feux sont vite recouverts par les herbes du fait de leur largeur
réduite. Contrairement aux anciens qui sont construits par les
catarpillars, les nouveaux sont faits avec des outils manuels comme les pelles,
les râteaux, les coupe-coupe, etc.
Comme moyen de lutte contre les feux, les populations
utilisent aussi des tiges d'arbres. L'éloignement des points d'eaux est
une contrainte majeure dans ces cas. Dans toute la région, il n'y a pas
de sapeurs forestiers pour le service des eaux et forêts à part un
camion citerne à Linguère.
Photo 3 : Caractéristiques d'un feu de
brousse dans la zone sylvopastorale. Ici, le pare-feu n'est assez
large pour stopper la propagation du feu. Source : CERFLA, mai 2004.
La coupe de bois : Les trois
réserves sont fermées à la coupe de bois. Mais, elle se
pratique toujours d'une manière frauduleuse à destination de
Louga et Diourbel, les bois encore humides sont mis en bas des camions pour
échapper au contrôle. Dans le triangle Nakara -
Lugguèré Thioly - Vélingara, il n'y a que trois agents
des eaux et forêts avec comme moyen de transport une moto chacun. Les
camionneurs ont leur permis de coupe dont la provenance est difficilement
vérifiable. Le bois fait partie des produits contingentés
c'est-à-dire dont l'exploitation est réglementée par un
quota. En période de soudure, les éleveurs émondent les
espèces fourragères pour l'alimentation du bétail. Le bois
est utilisé comme matériel de construction et comme piquet dans
les champs.
Ces manoeuvres frauduleuses sont sanctionnées par des
amendes de la part des comités de lutte contre les feux de brousse, ou
par des poursuites judiciaires de la part des eaux et forêts. Durant
l'année 2003, seules trois manoeuvres frauduleuses ont été
enregistrées par les eaux et forêts dans toute la région de
Matam dont une à Vélingara. .
La chasse : La zone étant aussi
fermée à la chasse, les populations ont remarqué la
présence de blancs et libanais pour la plus part. La chasse et les feux
restent les principales causes de la rareté de la faune sauvage. De
temps en temps des tirs sont entendus. Les principaux indicateurs de chasse
sont les douilles, les plumes et traces de sang. La pintade ( diaw ngal en
puular ) est sujette à un trafic très important depuis la
capitale régionale. La route principale
Ourossogui-Ranerou-Vélingara étant dépourvue de toute
contrôle, les pintades chassées sont acheminées vers les
marchés où elles sont vendues en cachette et à des prix
abordables.
A ce sujet, le Projet de Gestion Intégrée des
Ecosystèmes du Sénégal (PGIES) a instauré
l'élevage de pintades dans la RFFN (Réserve de Faune du Ferlo
Nord). Mais ces actions ne sont pas encore étendues sur toute la zone du
Ferlo.
Les infrastructures hydrauliques : Elles
ont aussi un impact sur l'environnement immédiat. En saison
sèche, le manque d'eau généralisé et
l'assèchement des mares font déplacer les éleveurs vers
les principaux puits et les forages. L'effectif important du bétail fait
peser au milieu et aux ressources une charge trop lourde. Le piétinement
des sols par le bétail participe à son érosion et
empêche la régénération des espèces. Les
éleveurs utilisent aussi beaucoup de bois pour dresser leur tente de
saison sèche.
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