UNIVERSITE D 'ABOMEY-CALAVI Faculté des
Lettres, Arts et Sciences Humaines (FLASH) DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE ET
AMENAGEMENT DU
TERRITOIRE (DGAT)
Campus de Porto-Novo Mémoire de
maîtrise
OPTION : Géographie humaine et
économique
THEME :
STRUCTURATION SPATIALE ET IMPACTS DES INSTITUTIONS DE
MICRO FINANCE SUR LE DEVELOPPEMENT LOCAL DANS LA COMMUNE D'IFANGNI
Présenté par :
Gabriel ASSOGBA
Sous la direction de Noukpo AGOSSOU (Ph.
D.)
Maître-assistant (D GA T/FLASH/UA
C)
ANNEE ACADEMIQUE: 2007-2008
SOMMAIRE
DEDICACE . 3
REMERCIEMENTS 4
DEFINITION DES SIGLES ET ACRONYMES 6
INTRODUCTION 7
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE .. 9
Chapitre 1 : Problématique et aperçu des
connaissances sur le sujet 10
Chapitre 2 : Elément méthodologique .. 20
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DE LA COMMUNE D'IFANGNI ET
DES INSTITUTIONS DE MICRO FINANCE EN PLACE 26
Chapitre 3 : Commune d'Ifangni : un espace favorable .. 27
Chapitre 4 : Structures et acteurs financiers en place :
typologie et
organisation spatiale . 42
TROISIEME PARTIE : SYSTEMES FINANCIERS ET DYNAMIQUES
SOCIO-ECONOMIQUES DANS LA COMMUNE D'IFANGNI .. ......... 58
Chapitre 5 : Dynamiques des structures financières .
59
Chapitre 6 : Institutions de micro finance et
développement local .. 71
CONCLUSION 86
BIBLIOGRAPHIE . 88
LISTE DES FIGURES, TABLEAUX ET PHOTOS 93
ANNEXE 95
TABLE DES MATIERES 98
DEDICACE
En mémoire de Lazare et
Sonia.
A mon père Assogba et à ma mère
Ahitèmè.
A vous tous, qui avez construit et ma personne
et
cette oeuvre.
REMERCIEMENTS
Le présent mémoire a été
entièrement réalisé grâce au support informatique du
Laboratoire d'Aménagement
Régional et Développement du
Centre Universitaire de Porto-Novo. Il n'aurait aboutit sans le soutien moral,
matériel, intellectuel et spirituel de nombreuses personnes auxquelles
j'aimerais exprimer ici mes très sincères remerciements.
Mes remerciements vont d'abord à mon directeur de
recherche, Monsieur Noukpo Agossou (Ph.D.), Maître-assistant à
l'Université d'Abomey-Calavi, guide éclairé dont la
science, l'intelligence et le discernement ont été des
instruments de choix dans la réalisation de ce travail. Recevez ma
profonde gratitude pour votre disponibilité et pour votre paternel et
fécond accompagnement tout au long de ma formation universitaire.
Trouvez ici mon profond et indéfectible attachement.
Je tiens à remercier les professeurs François
José Quenum, Eric Tchibozo, Emmanuel Djoi et Moussa Gibigaye qui m'ont
toujours accordé de leurs temps pour orienter mes idées et me
faire des suggestions.
Mes remerciements vont également à l'endroit de
Messieurs d'Assomption Michodjehoun et Bachirou Saka pour le soutien tant
matériel que moral qu'ils m'ont apporté tout au long de ma
formation universitaire et de la finalisation du présent travail.
Dans le cadre de mon stage et de mes enquêtes de
terrain, que le Délégué Technique Régional de
l'UR-CLCAM Ouémé-Plateau Monsieur Calixte Afognon et toute
l'équipe de la CLCAM d'Ifangni en particulier Messieurs Pascal Monlandjo
et Victorien Otolorin, Madame Roukayath Akplogan de la CREP de Banigbé
et Monsieur Herman Kayode du PAPME de Tchaada retrouvent ici mes
sincères remerciements.
Les travaux de terrain ont pu se dérouler grâce
à la grande disponibilité et à l'aide de Louis Baba,
Joseph Houenou, Razack Chamoussi, Marcellin Houssou et Franck Okpeicha. Que les
différents acteurs impliqués dans ces enquêtes et
entretiens de terrain trouvent également ici, l'expression de mes
profondes salutations.
Que Mademoiselle Charlène Vigan et Messieurs Victor
Ogouhola, Janvier Guédénon; Athanase A.
Zoungnèmè-Alidjinou, Séraphin Kponou et tout le personnel
enseignant du collège d'enseignement général de
Daagbé, trouvent ici l'expression de ma profonde reconnaissance pour les
multiples soutiens qu'ils m'ont apportés lors des différentes
phases de mes recherches.
Mes remerciements et ma profonde gratitude vont à
l'endroit de mes oncles et tantes qui n'ont cessé de me soutenir tout au
long de mon cursus scolaire et universitaire.
Ma sincère reconnaissance et gratitude à
Mademoiselle Florence K. Honvo pour son assistance et surtout pour la patience
dont elle ne cesse de faire preuve.
Je remercie mes amis Donatien Assogba, Bérénice
Godonou, Prosper Akakpo, Cosme Koumakpayi, Thomas kouwayè, Pascal
Arouwa, Constantin Michodjèhoun et Pélagie Hounsinou pour leur
disponibilité lors de mes multiples sollicitations.
Je ne saurai jamais cesser de dire merci à mes chers
parents, pour l'amour, les conseils et surtout pour le courage qu'ils ne
cessent de me donner.
A tous ceux qui ont contribué à la
réalisation de ce travail, retrouvez dans l'anonymat, l'expression de ma
profonde gratitude.
SIGLES ET ACRONYMES
1. AFD : Association Française de
Développement
2. AREC : Association Rotative d'Epargne et de
Crédit
3. CCPA : Centre Communal pour la Promotion
Agricole
4. CeRPA : Centre Régional pour la
Promotion Agricole
5. CLCAM : Caisse Locale de Crédit
Agricole Mutuel
6. CREP : Caisse Rurale d'Epargne et de
Prêt
7. DGAT : Département de
Géographie et Aménagement du Territoire
8. DSCRP : Document de Stratégie de
Croissance pour la Réduction de la Pauvreté
9. DTR : Direction Technique
Régionale
1 0. FECECAM : Fédération des
Caisses d'Epargne et de Crédit Agricole Mutuel 11 .
FENACREP : Fédération des Caisses Rurales d'Epargne et
de Prêt
12. FLASH : Faculté des Lettres, Arts et
Sciences Humaines
13. IMF : Institution de micro finance
14. INSAE : Institut National de Statistiques
et d'Analyses Economiques
15. MAEP : Mécanisme Africain
d'Evaluation des Pairs
16. OCDE : Organisation de Coopération
et de Développement Economique
17. OMD : Objectifs du Millénaire pour
le Développement
18. PADME : Projet d'Appui aux Petites et
Moyennes Entreprises
1 9. PAPME : Agence pour la Promotion et l'Appui
aux Petites et Moyennes Entreprises
20. RGPH : Recensement Général de
la Population et de l'Habitation
21 . SBEE : Société
Béninoise d'Energie Electrique
22. Soneb : Société Nationale des
Eaux du Bénin
23 . UAC : Université d'Abomey-Calavi
24. UNB : Université National du
Bénin
25. URCLCAM : Union Régionale des
Caisses Locales de Crédit Agricole Mutuel.
INTRODUCTION
Les crises des économies africaines dans les
années quatre vingt ont été à l'origine de
nombreuses mutations qui ont affecté les organisations sociales,
politiques, économiques et administratives de la sous-région
ouest africaine. Parmi les réformes préconisées pour
juguler les crises qui frappent ces économies africaines figurent : les
politiques d'ajustement structurels qui militent pour une diminution de
l'intervention de l'Etat dans certains secteurs de la vie politique,
économique et sociale. Ces nouvelles mesures ont conduit à un
désengagement de plus en plus accentué de l'Etat mais aussi, plus
tard, à une promotion et à une mise en oeuvre des politiques
dites de décentralisation (Igué et Soulé, 1992 ;
Diallo,
2006 ; Hounmènou, 2006).
Le désengagement de l'Etat a conduit au
développement des initiatives locales au niveau des populations. Ainsi,
à l'échelle des pays africains, autant dans les quartiers urbains
que dans les villes d'importance moyenne et dans les régions
périphériques, des symptômes d'un dynamisme nouveau se
manifestent à travers la mise en valeur des ressources humaines et
naturelles des collectivités. Ceci reste l'un des facteurs ayant
contribué du développement du secteur informel. (Igué et
Soulé, op.cit)
Dans le cadre du présent mémoire de
maîtrise, notre intérêt s'est porté sur les
structures de micro finance dans une localité frontalière. En
effet, diverses procédures méthodologiques et thèmes
d'analyse peuvent être abordés et développés afin de
mettre en évidence les dynamiques et formes spatiales d'un espace
donné. Il est ainsi possible de se fixer différents axes
d'études pour comprendre quelles influences modèlent,
développent et participent au façonnement des territoires
(Martinez, 2003). Ainsi, les activités économiques, les mutations
paysagères mais également les évolutions de
l'environnement social sont des indicateurs précieux pour
démontrer scientifiquement et expliquer la dynamique frontalière.
D'où l'intérêt de cette étude intitulée :
Structuration spatiale et impacts des institutions de micro finance
sur le développement local dans la commune d'Ifangni.
Le présent travail met en évidence la dynamique
d'un espace frontalier à travers
les institutions de micro finance formelles et officieux d'une
part, et des impacts des pratiques financières sur la vie
socio-économique des populations d'autre part. Des résultats
issus des travaux de recherche, il ressort que l'espace frontalier constitue un
secteur de dynamisme des structures et acteurs financiers. Le
développement notable des points de change de monnaies constitue sans
doute une illustration de ce dynamisme qu'impulse la frontière sur les
activités économiques.
Le développement local est accepté comme un
ensemble de stratégies dont la finalité est l'amélioration
de la situation socio-économique des populations dans un espace
géographique donné. Par leurs initiatives, les populations de
façon individuelle ou collective innovent en développant de
nouvelles pratiques pour améliorer leurs quotidiens. D'après
Prod'homme (1996) cité par Hounmènou, (2006 : 4) : "Il n 'y
aurait pas de développement local sans une volonté populaire et
une démarche collective sur et pour un espace. Cette volonté
consciente ou latente correspond à la capacité de l'ensemble des
habitants, quels que soient leur position sociale et leur degré de
responsabilité, à élaborer et à mettre en oeuvre un
projet collectif en rapport direct avec leurs aspirations, leurs besoins et les
ressources locales".
Ce travail s'organise autour de trois parties. La
première partie vise principalement à présenter le cadre
théorique et méthodologique dans lequel est effectué ce
travail. Elle traite des grandes lignes de la problématique et des
techniques de collecte et de traitement des informations. La deuxième
partie présente d'abord le cadre d'intervention des structures et
acteurs financiers en place et l'organisation et le fonctionnement de ces
derniers. A ce niveau, une distinction est faite entre les institutions de
micro finance formelles et celles informelles à travers leur statut et
leur mode de fonctionnement.
La troisième partie traite des impacts des pratiques
issues de la présence de ces acteurs et structures financiers sur la
diversité des activités économiques et sur
l'amélioration de la situation socio-économiques des
populations.
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIGUE
|
CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE ET APERCU DES
CONNAISSANCES SUR LE SUJET
Ce chapitre s'articule autour de deux axes majeurs : la
problématique et la revue de littératures. La
problématique fait ressortir le problème, les objectifs et les
hypothèses de cette recherche. La revue de la littérature est une
brève aperçue de quelques travaux scientifiques effectués
sur la problématique du développement local et de la micro
finance.
1.1. LA PROBLEMATIQUE
1.1.1. Le problème
Le fait de pouvoir accéder rapidement à une
somme d'argent dans les cas d'urgence et la possibilité d'avoir
accès à un crédit « régulier » constitue
une priorité pour la plupart des gens au Bénin (Tovo, 1995).
Ainsi, la disponibilité du capital financier constitue un
élément important dans le développement des initiatives
des populations à la base.
Les besoins en matière de financement du
développement local peuvent être répartis en deux
catégories : le financement des infrastructures économiques et
sociales, et le financement des unités économiques tels que les
ménages, les micro- entreprises, les organisations ayant des
activités économiques qui dégagent des rentabilités
directes.
En effet, depuis plusieurs années, le financement des
initiatives des populations est considéré comme un moyen puissant
de lutte contre la pauvreté. Selon le PEESI/BEN 87/023 cité par
J. Guédénon, 2007 : p 44 " le financement des
activités d'une entreprise est un élément essentiel qui
conditionne son développement." La connaissance acquise sur le
fonctionnement des unités économiques montre que les besoins en
matière de financement varient d'une unité économique
à une autre : capital de démarrage pour les unes, de relance ou
d'accompagnement pour d'autres.
Autrement dit, les secteurs d'activités
économiques ne peuvent s'inscrire dans la dynamique du
développement local sans l'accès au facteur capital.
A cet effet, le secteur financier apparaît comme un
secteur prépondérant dans le développement local. La micro
finance apparaît de nos jours un maillon important du secteur financier
national. Il constitue le meilleur canal de drainage des fonds vers toutes les
couches de la société (Azokli et Adjibi, 2007). Le secteur de la
micro fiance au Bénin est animé par divers acteurs dont les
principaux sont les mutuelles et coopératives d'épargne et de
crédits, les institutions de crédits directs, les projets et
organisations non gouvernementales à volets micro finance. Leur
principale activité est la centralisation des ressources
financières disponibles pour le financement des activités
économiques.
La micro finance est fondée sur des motivations telles
que celles d'affranchir les populations d'un système
informel contraignant, de contribuer à l'émancipation des couches
défavorisées (femmes, jeunes), et de fournir des services
financiers indispensables à la réussite des programmes plus
larges. Le secteur de la micro finance s'est structuré et
inséré dans l'ambition plus vaste d'être un outil efficace
pour la lutte contre la pauvreté (Forestier, 2005).
La présomption générale, qui est parfois
admise sans fondement, attribue une large part du mérite de lutte contre
la pauvreté à ce mode de financement. Toutefois, la
complexité méthodologique fait que les points de vue sont
partagés au niveau de la communauté scientifique. Cependant, sur
le plan scientifique, et avec la masse des informations accumulées
depuis lors, il est tout à fait naturel de s'interroger sur
l'efficacité réelle de ce type de financement comme un instrument
de lutte contre la pauvreté et donc de développement à la
base.
Les institutions de la micro finance occupent dans la commune
d'Ifangni une place marginale de par leur importance dans le financement des
activités socio- économiques des populations. Localité
fortement rurale, elle jouit d'une position favorable pour le
développement des activités économiques. Cet espace
frontalier est marqué par l'absence de structures bancaires classiques
formelles. Les institutions de micro finance paraissent aujourd'hui
indispensable eu égard à leur contribution dans la mobilisation
de l'épargne et de la distribution des crédits aux
couches à revenus modestes.
Mais, la question cruciale est de savoir en quoi les
stratégies d'intervention des structures de micro finance
contribuent-elles au développement local. Il s'agira d'identifier les
facteurs qui influencent le développement et l'organisation spatiale des
structures de micro finance.
La présente étude qui porte sur le thème
« Structuration spatiale et impacts des institutions de micro
finance sur le développement local dans la commune
d'Ifangni » vise à apporter des essais de
réponses à ces différentes questions. Cette
réflexion sera consacrée d'une part, à l'analyse des
facteurs de dynamisme des structures financières et, d'autre part, aux
impacts des pratiques financières en cours sur le développement
local. C'est dans cette optique que des hypothèses formulées
seront vérifiées à travers les objectifs fixés.
1.1.2. OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE RECHERCHE
1.1.2.1. Objectifs de la recherche
L'objectif général de cette étude est
d'analyser la dynamique spatiale et économique impulsée par les
institutions de micro finance sur le développement local dans la commune
d'Ifangni.
Spécifiquement, il s'agira de :
· faire l'état des lieux des structures
financières présentes dans la commune d'Ifangni;
· identifier les pratiques financières en cours dans
cet espace géographique ;
· analyser les impacts des structures financières
sur la vie sociale et économique des populations dans la commune
d'Ifangni.
Pour atteindre ces objectifs, des hypothèses
ci-après ont été émises.
1.2.2 Hypothèses de recherche
Trois hypothèses sont émises dans le cadre de la
présente étude sur les impacts des institutions de la micro
finance sur le développement local dans la commune d'Ifangni.
1. Le secteur financier local est composé d'acteurs
informels en majorité et d'institution de micro finance.
2. Les institutions de micro finance interviennent plus dans le
financement des activités commerciales qu'agricoles.
3. La multiplicité et la proximité des structures
financières ont des effets positifs sur la situation
socio-économique des populations à la base.
La conduite de la présente étude a
nécessité de notre part la consultation des travaux scientifiques
effectués sur le développement local et sur le secteur de la
micro finance.
1.2. Aperçu de la littérature sur le
sujet
Il existe de nos jours une multitude de travaux scientifiques
sur les différentes composantes du secteur financier et sur la
problématique du développement local. En interrogeant cette
littérature existante, il ressort que ces différents concepts ont
été abordés par divers acteurs issus de différentes
disciplines. Seules quelques études sur ces deux thématiques ont
suscité de notre part, préoccupations et
intérêts.
Le développement local est un concept qui est apparu,
premièrement, dans les pays occidentaux. Il est considéré
comme faisant partie des nouveaux paradigmes, cadres d'analyses et
d'interventions pour venir à la rescousse des économies
européennes en proie à des difficultés. Le
développement local s'exerce sur un espace déjà
constitué ou à constituer donc sur un territoire réduit
(Diaolo, 2006).
Si le concept de région ne cesse de semer la confusion
et de perpétuer les débats parmi les économistes et les
géographes, on imagine les ambiguïtés liées à
un cadre spatial qui, tantôt prend la forme d'un quartier d'une grande
ville, d'une ville de petite ou moyenne dimension, ou d'un ensemble de villages
autour d'une petite ville
(Joyal : 2006). La référence à
une ère géographique composée d'un certain nombre
d'administrations locales qui bénéficient d'une base
économique commune, permet de comprendre que les termes
"régional" et "local" puissent s'utiliser
indifféremment par certains auteurs. Ainsi, Blakeley (1989) tend
à confondre les deux termes en considérant les
possibilités pour les résidents d'une région de se
déplacer aisément pour atteindre leurs lieux de travail, d'achats
et de loisir.
Quant à l'OCDE (Joyal : 2006), le "local" est
comme un espace ayant une identité, une dynamique propre, des
spécificités qui entretiennent des relations
d'interdépendance avec des espaces plus vastes (régional,
national, mondial) dans lesquels il s'insère. En conséquence,
nous retenons la dimension sous-régionale, même si, comme c'est
souvent le cas, les découpages administratifs ne respectent pas toujours
les éléments à l'origine d'un sentiment
d'intérêt commun à l'intérieur d'un territoire
donné. Au substantif "local", est associé le
développement.
Principal enjeu économique de la
décentralisation dans les pays en développement, le
développement local constitue de nos jours une véritable
préoccupation de taille tant pour les autorités
politico-administratives que pour les populations. D'après Merlin et
Choay (2000), le développement local est compris comme un "
processus de diffusion, à l'échelon local, des effets de la
croissance, des innovations et des acquis culturels, accompagné d'une
transformation, à partir des potentialités locales, des
structures économiques, sociales et culturelles". Il est
perçu comme une dynamique économique et sociale, voire
culturelle, plus ou moins concertée, impulsée par des acteurs
individuels et collectifs sur un territoire donné. Il suppose une
volonté collective ou individuelle des acteurs d'un espace donné
de mobiliser les ressources locales, qu'elles soient naturelles, humaines,
économiques ou culturelles, pour créer des activités et
construire un territoire homogène
Au Bénin, il est accepté comme "une
volonté politique des acteurs de promouvoir le développement du
territoire sur lequel ils vivent en vue d'améliorer la situation sociale
et économique des populations ". Le guide du maire
(2005 : p 57). A cet effet, le développement local se confond aux
processus de la décentralisation. Cette dernière repose sur la
mise en place ou l'extension des pouvoirs attribués aux institutions
publiques dont la compétence est définie par des
lois. En soutenant les points de vue de Agossou (2007 : p 4),
le développement est effectif "lorsque certains paramètres
enregistrent des augmentations non seulement quantitatives, mais aussi et
surtout peut-être des améliorations qualitatives de manière
à favoriser le mieux être de l'ensemble ou du plus grand nombre
des membres de la communauté".
De tout ce qui précède, le développement
local peut être accepté comme un mouvement ascendant.
C'et-à-dire d'un mouvement qui repose sur les dynamiques des acteurs
sociaux et économiques pour contribuer à l'émergence d'un
espace : le territoire. Les acteurs ne sont rien d'autre que les individus
d'une communauté, d'un espace géographique donné. Par
leurs initiatives ces acteurs cherchent à développer de nouvelles
pratiques pour l'amélioration de leur vie quotidienne. Ainsi, la
dimension territoriale, à savoir l'espace géographiquement
limité et déterminé, constitue-t-elle une
référence forte pour le développement local. Comme cela
est noté plus haut, le développement local nécessite la
disponibilité des moyens financiers. Ce qui explique le rôle
capital du secteur financier.
Pour l'économiste Brana (2003 :5), un secteur financier
regroupe "l'ensemble des institutions, instruments et mécanismes par
lesquels les agents disposant de capacités de financement vont pouvoir
couvrir les besoins de financement d'autres agents". Selon cet auteur,
dans une économie, "il existe des agents qui sont traditionnellement
en besoin de financement, telles que les entreprises ou les administrations, et
des agents à capacité de financement qui cherchent à
placer leurs ressources, tels que les ménages". Ainsi le
système financier assure l'interface entre agents à besoin et
agents à capacité de financement. Il est constitué de
plusieurs structures et acteurs dont le statut varie du formel à
l'informel. (Martinez, 2003 ; Lélart, 1998)
La micro finance est de manière consensuelle
définie comme "la fourniture d'un ensemble de produits financiers
à tout ceux qui sont exclus du système financier classique ou
formel"(Forestier 2005). Elle est de nos jours l'une des composantes les
plus dynamiques du secteur financier nationales. La fin de 2002, on comptait
1.192 institutions de micro finance au Bénin, dont seulement 36
officiellement reconnues. Cependant leur taux de pénétration est
encore relativement
faible, puisque 15 % seulement de la population active ont
accès à ces services. En 2007, le nombre d'institutions de micro
finance enregistrées à la cellule de micro finance
identifiées est 169 (Rapport du MAEP, 2008 ; Azokli et Adjibi, 2007).
Dans son travail sur l'espace financier dans la ville de
Porto-Novo, Martinez (2003) a mis l'accent sur le fonctionnement des acteurs
financiers et l'évolution des différents types de pratiques
financières des populations. A travers cette étude, l'auteur a
comparé des phénomènes, pour la plupart évolutifs,
illustrant les dynamiques spatiales qui influent sur les mutations de certains
espaces dont la péri - urbanisation. Ainsi il a présenté
les différents acteurs financiers présents dans la ville de
Porto-Novo et de sa proche périphérie. On peut distinguer les
acteurs du secteur officiel de ceux du secteur officieux. Les banques et les
diverses institutions de micro finance ont tout d'abord été
présentées pour la composante officielle du secteur, puis les
banquiers ambulants, les tontines mutuelles et les cambistes informels pour la
composante officieuse.
Au-delà de cette classification des acteurs et
structures financières en place dans une région en pleine
urbanisation comme celle de la ville de Porto-Novo et de ces
périphéries, le travail de Martinez (2003), a le mérite
d'avoir abordé la question financière en mettant en exergue
"l'analyse territoriale des évolutions et des mutations des
pratiques financières dans des milieux géographiques
différents". Mais en dehors de la complexité et de la
diversité des structures financières dans un espace
géographique, le véritable problème reste l'accès
aux différents produits financiers. Si l'accès au secteur de la
micro finance devient de plus en plus à la portée de toutes les
couches de la société, l'accès au système bancaire
reste de nos jours très limité. Cette situation se trouve
à la base du développement de secteur financier informel.
Dans une autre optique, Leila et Findler (1995 : p 14),
soutiennent que "les entrepreneurs du secteur informel dépendent de
multiples sources d'aide financière, allant des moins formelles, comme
la famille, aux plus formelles et aussi moins accessibles, les banques".
Et l'économiste Lelart (1990 : p 32) de renchérir en soutenant
que, "la structure bancaire, performante dans le financement de
l'activité
publique et parapublique, est réputée
être inadaptée dans ses procédures au financement de
l'activité informelle. Les règles de la production informelle et
sa répartition étant si particulière, il en résulte
des besoins de financement spécifique, en volume, durée, risque
et garanties offertes, rendant impossible tout rapprochement avec le
système bancaire".
Le secteur de la micro finance est animé par des
acteurs financiers qui reposent sur des formes juridiques particulières.
Leurs objectifs en matière de lutte contre la pauvreté, visent
à atteindre le plus grand nombre de pauvres. On reconnaît
généralement que ces institutions peuvent aider à
réduire la pauvreté car elles agissent dans deux directions.
"Le premier canal est direct puisque par le financement d'activités
ces institutions favorisent l'activité de production des ménages
ou de la petite et micro entreprise. Le deuxième canal est indirecte et
provient principalement des revenus et des emplois créés, en
particulier grâce à l'accès au crédit et services
par les micros et petites entreprises" http//
www.idrc.ca/fr/ev.
A côté du système financier institutionnel
qui ne concerne que les grandes organisations et les agents les plus solvables,
s'est développé une finance informelle qui permet à
l'ensemble de la population non bancarisée d'avoir accès au
crédit et donc de remplacer la finance formelle. Cette finance
informelle se caractérise essentiellement par une grande souplesse au
niveau organisationnel, de faibles coûts, et repose sur des formes
traditionnelles très anciennes. Mais c'est aussi une inadéquation
des systèmes financiers formels face aux exigences du
développement qui a favorisé le développement de ces
pratiques.
www.grdc.org
Parmi les travaux sur le secteur financier informel au
Bénin, on peut citer ceux de Adéchoubou et Tomety (1992),
Guédègbé (2005), Guédénon (2007), Lelart
(1997). En parcourant cette littérature, il se révèle que
les systèmes de tontines occupent une place très importante dans
le secteur financier informel béninois. La tontine constitue une forme
de service financier très répandue au Bénin. Les
résultats des travaux de ces chercheurs ont montré que les
tontines sont "la principale source de financement des activités
économiques informelles. Elles sont à
la base de la dynamique du commerce informel".
L'intérêt grandissant que l'on porte à ce dernier secteur
vient non seulement de la faillite du système bancaire classique mais
aussi de son potentiel (Adéchoubou et Tomety, 1992 : p 3). La commune
d'Ifangni, localité frontalière fortement rurale
bénéficie de tels atouts pour le développement des
tontines. Elle a en outre souffert pendant un bon moment de l'absence de
structures financières formelles.
La place du secteur financier informel n'est pas
négligeable. Pour Lautier cité par Guédénon (2007 :
p 12), "au-delà de son activité financière, la tontine
est un lieu de socialisation et de solidarité : règles de
fonctionnement strictes fondées sur la confiance, le parrainage, repas
pris en commun, aide aux membres en difficulté en font d'elle beaucoup
plus qu'un mode de financement des activités informelles".
Ainsi, après un bref aperçu des
différentes composantes du système financier béninois,
l'on est tenté de se demander ce que le présent mémoire,
peut apporter en guise de contributions des structures financières au
développement local. La quantité et la qualité non
négligeable de documentation existante sur ces différents
systèmes financiers ne doivent pas se traduire par l'inexistence de
champs non encore explorés.
"En recherche scientifique, le plus important est le
regard porté par chaque chercheur sur des réalités
données" Vigan (2007 : p 17). Il sera mis en exergue la dimension
spatiale des structures financières et leurs impacts sur la vie socio-
économique des populations dans la commune d'Ifangni. Il s'agit
d'évaluer la dynamique du développement local à travers
les dynamismes des structures et les différentes pratiques
financières. L'espace géographique, constitue-t-il une source de
développement des structures et pratiques financières ?
Ce qui est pertinent dans les autres recherches par rapport
à ce travail, est que les structures financières sont d'une
importance capitale en ce sens qu'elles constituent la base du
développement des initiatives individuelles et collectives des
populations à la base. Notre travail ne remet pas en cause les
recherches antérieures, mais veut aborder le sujet sous un angle
beaucoup plus géographique.
Ce secteur d'étude n'a pas encore fait l'objet d'une
étude spécifique sur la
situation socio-économique des populations et encore
moins sur les structures financières. Mais il est couvert par quelques
travaux scientifiques importants qui ont été exploités.
Ces travaux ont mis au coeur de leur problématique la question de la
dynamique frontalière et surtout le rapport entre l'espace frontalier et
le développement des activités commerciales : Igué (1984),
Ogouchi (1979), Soares (1984), Sodoloufo (1992), Tidjani (2000), Tohozin
(1986). Le but de notre étude est de rechercher les facteurs qui
participent à l'organisation spatiale et l'influence des structures
financières sur la vie sociale et économique des populations.
Conclusion partielle
La question du développement social et
économique des populations à la base reste une
préoccupation de taille tant pour les populations que pour les
autorités politico administratives et les partenaires au
développement.
Le secteur de la micro finance s'est
révélé depuis son avènement comme un outil efficace
de lutte contre la pauvreté, le chômage dans les milieux rural et
urbain. La réflexion sur les impacts des institutions de la micro
finance sur le développement local nécessite de notre part une
démarche scientifique.
Chapitre 2 : ELEMENT METHODOLOGIQUE
La démarche méthodologique utilisée se
résume à trois principales étapes :
l'échantillonnage, la technique de collecte des données, le
traitement et analyse des données.
2.1. ECHANTILLONNAGE
Il a été opéré un
échantillonnage à trois niveaux : le niveau des lieux
d'enquête, le niveau des organisations financières et celui des
personnes enquêtées.
2.1.1 Choix des lieux d'enquête
Ce travail s'est porté sur la commune d'Ifangni. Pour
mieux apprécier les dynamiques des structures et cerner les pratiques
financières en cours dans cet espace géographique, les
enquêtes ont été effectuées dans la commune à
travers des secteurs.
- l'axe routier Kétoukpè-Igolo : autour de cet
axe s'exercent un nombre important d'activités économiques. Il
s'agit des services marchands, des marchés locaux
(Kétoukpè, Kitigbo, Tchaada), des structures financières
dont les institutions de micro finance, les tontines et les postes de
change.
- Les quartiers Odofin et Igolo : ils constituent deux
secteurs urbains très dynamiques. Le premier abrite le grand
marché et les services administratifs et les institutions de micro
finance de la commune d'Ifangni. Igolo est un pôle économique par
excellence grâce à sa proximité avec le Nigeria.
- En dehors de ces secteurs qui sont de véritables
pôles économiques, une partie des investigations est
effectuée dans le village de Djégou-Nagot. Comme les autres
secteurs, ce choix effectué de façon aléatoire, a tenu
compte de la localité la plus distante du chef-lieu de commune. Ce choix
permet d'effectuer une comparaison entre les phénomènes
observés dans les secteurs en urbanisation et dans le milieu encore
rural.
2.1.2 La sélection des
enquêtés
En absence de données sur le nombre des clients au
niveau des institutions de micro finance et sur l'ampleur de leurs
activités, la constitution de l'échantillon s'est faite sur une
base aléatoire. Plus que la taille de l'échantillon, c'est sur sa
structure et sa composition qui ont été privilégiée
dans ce contexte.
Les enquêtes de terrains ont été
orientées vers les individus exerçant une activité
génératrice de revenu et pouvant faire recours aux services des
structures financières en place. A cet effet, nous avons
privilégié la qualité des enquêtés
plutôt que le nombre. Les informations qui ont fait l'objet de la
présente analyse ont été recueillies auprès des
personnes suivantes : agriculteurs, artisans, commerçants, conducteurs
de taxi, les groupes de tontines traditionnelles, les tontiniers ambulants, et
les responsables des institutions de micro finance.
Toutes ces personnes et structures accessibles à divers
niveaux ont été rapprochées en tenant compte de la nature
des informations recherchées. C'est donc sur la base de ces
critères que les enquêtes ont été menées sur
le terrain en vue de la collecte de données. Le tableau n° I
présente la composition de l'échantillon d'enquête.
Tableau I: Composition de l'échantillon
d'enquête.
Activités principales
|
Représentation au sein de l'échantillon
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Agriculteurs
|
10
|
07,41 %
|
Artisans (menuiserie, soudure, couture,
coiffure, réparation,)
|
25
|
18,52 %
|
Commerçants (commerce de détail, de
moto d'occasion, d'essence « Kpayo », d'huile de palme, tissu,
maïs, quincaillerie, restauration,)
|
72
|
53,34 %
|
Conducteurs (taxi-moto « zemijan »)
|
13
|
09,63 %
|
Tontiniers
|
07
|
05,18 %
|
Cambistes
|
04
|
02,96 %
|
Employés des IMF en place
|
04
|
02,96 %
|
Total
|
135
|
100 %
|
Source : Auteur, 2008.
Même si les enquêtés ont été
pris à tout hasard, leur choix est entouré de
précautions nécessaires en vue d'obtenir un
échantillon le plus proche que possible des réalités du
milieu. Il faut noter que la commune d'Ifangni est une localité rurale.
Dans cette localité, plusieurs activités économiques sont
pratiquées et souvent de façon combinée : les
activités du secteur primaire, l'artisanat à l'échelle de
l'individu ou de l'entreprise de taille variable, le commerce et les services.
Le tableau ci-dessous renseigne sur la composition de l'échantillon
d'enquête.
2.2 COLLECTE DES DONNEES
Elle regroupe les outils de collecte, la période de
l'enquête et le nombre de personnes enquêtées.
2.2.1 Outils de collecte
> Le guide d'entretien
Ce guide a permis de collecter des informations
générales et celles spécifiques au fonctionnement,
à la répartition spatiale des structures et acteurs financiers
dans la commune d'Ifangni. A cet effet, nous avons collecté des
informations relatives à la localisation et l'identification de
l'institution financière, aux caractéristiques des clients et aux
caractéristiques des différents produits financiers offerts aux
usagers. L'utilisation de ce guide au cours de l'enquête était
nécessaire pour une compréhension plus profonde des informations
qu'un questionnaire serait trop rigide pour permettre d'obtenir.
> Le questionnaire
Le questionnaire a constitué la pièce
maîtresse de l'enquête de terrain. Nous avons élaboré
un questionnaire type en tenant compte des informations manquantes après
la recherche documentaire et de quelques aspects spécifiques des
pratiques financières dans notre secteur d'étude.
Le questionnaire a surtout permis de collecter des
informations spécifiques majeures auprès de la population. Ici,
la priorité a été donné aux informations telles
que : les principales caractéristiques de
l'enquêté, le recours aux services financiers, l'utilisation et
les sources de remboursement du crédit, les pratiques financières
en cours dans cet espace géographique.
> L'observation
Elle a occupé une place importante dans le processus de
collecte des données. L'observation directe a permis de recenser cinq
(5) structures de micro finance formelles et de relever quarante et un (41)
postes de change de monnaie informels. Elle a également permis
d'apprécier la répartition spatiale des services marchands dans
la commune d'Ifangni.
Par contre l'observation indirecte a consisté aux
travaux de recherches documentaires. Elle a été effectuée
à travers les centres de documentation et les bibliothèques. Les
documents consultés varient des rapports et mémoires sur le
secteur d'étude aux ouvrages sur le développement local et sur
les différentes composantes du secteur financier.
2.2.2 Période et différentes phases des
travaux de terrain
Les enquêtes ont été menées entre
décembre 2007 et mai 2008 en trois phases :
- la première phase a consisté à recenser
d'une part les structures financières formelles dans toute la commune,
les cambistes, et d'autre part les tontiniers dans nos secteurs
d'enquête. Cette première phase s'est révélée
plus difficile que prévue à cause de la prédominance des
acteurs financiers informels.
- La deuxième phase a consisté à
interroger les usagers et les particuliers financiers pour identifier d'une
part, les pratiques financières en cours dans cet espace frontalier, et
d'autre part pour analyser l'impact de ces dernières sur la dynamique de
l'économie locale. Un questionnaire type est administré à
toutes les catégories socio professionnelles. Les entretiens ont permis
de collecter des informations au niveau structures financières.
- Au cours de la troisième phase, nous avons
effectué un stage à la CLCAM d'Ifangni. Ce stage
débuté le 05 mai 2008 a pris fin le 04 juin de la même
année. Il a
permis d'apprécier les flux financiers et d'être
plus en contact avec les différents acteurs de cette structure.
2.3 TRAITEMENT, ANALYSE DES DONNEES ET
LIMITES
2.3.1 Traitement et analyse des
données
Le traitement et l'analyse des données ont suivi
aussitôt l'étape de la collecte. L'élément ayant
servi de support pour le traitement et l'analyse des données est
l'outil informatique.
A l'issue des observations, des entretiens et enquêtes,
nous avons procédé au dépouillement des informations et
des données collectées en séparant et en classant les
données selon des variables et des modalités
prédéfinies. Dans ce cadre, nous avons utilisé plusieurs
logiciels informatiques. Les graphiques et les tableaux ont été
réalisés à partir du logiciel Excel. Le logiciel
Word a permis de faire la saisie et le traitement des textes. Les
cartes ont été réalisées à partir du
logiciel MapInfo 8.0. Enfin, la combinaison des analyses quantitatives
et qualitatives a permis de donner un sens et une signification à ces
chiffres, graphique et tableaux. Les résultats issus de ce traitement
ont fait l'objet d'analyse et d'explication.
2.3.2. Les difficultés et limites du
travail
Le présent travail a été laborieux dans
sa phase de démarrage. La méfiance de certains
enquêtés par rapport à un certain point des questionnaires
a été l'un des problèmes auxquels nous étions
confrontés. La principale insuffisance que l'on pourrait trouver
à cette étude serait relative d'une part à la taille de
l'échantillon, et d'autre part au fait que les enquêtés
n'ont pas voulu répondre à toutes les questions. Les
réponses étaient données parfois avec beaucoup de
réserves lorsque les personnes enquêtées n'arrivent pas
à saisir au premier coup l'objectif de cette étude. Le
résultat de cette étude est essentiellement lié au
crédit, varié, que les gens accordent à nos propos. Nous
avons tenu compte de ces carences dans le traitement et l'analyse des
informations.
En dehors de ces insuffisances, des difficultés telles
que l'indisponibilité ou le refus catégorique des agents des
structures de micro finance, le refus de mettre à disposition les
données statistiques ont été rencontrées. Il s'agit
des difficultés majeures qui en limitent quelque peu la portée de
ce travail. Cela ne permet pas de mieux appréhender la dynamique des
services financiers octroyés aux populations. C'est le cas du PADME.
Toutefois, nous avons profité de quelques
facilités qu'il convient de mentionner ici. En particulier, nous avons
bénéficié de l'assistance de certains amis et parents qui
nous ont aidé à briser la chaîne de rétention de
l'information dans la commune. Ceux-ci n'ont ménagé aucun effort
pour répondre à nos préoccupations.
Conclusion partielle
Au total, l'étude du cadre théorique et
méthodologique a permis de cerner le sujet, d'avoir une vue globale de
l'opinion scientifique à travers la revue de littérature de
quelques auteurs et de faire ressortir l'intérêt de ce sujet de
recherche pour la communauté scientifique. Elle a permis d'expliquer la
méthode de travail utilisée pour la collecte et l'analyse des
données.
|
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DE LA COMMUNE D'IFANGNI ET
DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE EN PLACE
|
|
|
Chapitre 3 : COMMUNE D'IFANGNI : UN ESPACE FAVORABLE
A L'IMPLANTATION DES STRUCTURES FINANCIERES
La commune d'Ifangni est située au sud est du Bénin
dans le département du Plateau (figure 1). Elle est subdivisée en
six arrondissements et quarante et un
villages et quartiers de ville. Elle couvre une superficie de 242
km2.
Avec une population de 71. 606 habitants en 2002
(INSAE/RGPH3), la commune d'Ifangni jouit d'une position géographique
favorable au développement des activités économiques.
Plusieurs activités économiques sont pratiquées et souvent
de façon combinée : les activités du secteur primaire
(agriculture et élevage surtout), l'artisanat à l'échelle
de l'individu ou de l'entreprise de taille variable, le commerce et les
services.
3.1. FACTEURS GEOGRAPHIQUES ET SOCIOCULTURELS
3.1.1. Milieu naturel
La commune d'Ifangni est située sur le rebord sud-est
du plateau de PobèSakété. Elle est marquée par une
faible altitude dont la moyenne est de 100 m. Elle a un relief peu
accidenté entaillé par de petites et moyennes dépressions
aux pentes très peu marquées. Les points les plus
élevés de ce plateau d'allure monotone, faiblement incliné
au sud, apparaissent autour des localités de Gbaojo et
de Gbokutu.
Le plateau est dominé à l'est par le cours d'eau
igidi (communément appelé
Aguidi) qui forme la branche principale recevant de part et
d'autre des affluents. Cette vallée est occupée par des
forêts marécageuses de palmiers raphia, de joncs, et d'autres
essences utiles. Elles sont utilisées pour la production des cultures de
contre saison, le maraîchage et l'installation des
pépinières d'espèces diversifiées. Tout cet
ensemble subit un climat subéquatorial avec deux saisons pluvieuses et
deux saisons sèches.
Figure 1 : Situation administrative de la commune
d'Ifangni
On retrouve dans la commune d'Ifangni trois types de sols. On
note en outre les sols de bas-fonds ou sols hydromorphes, argileux riches en
matières organiques. Ils sont situés dans les zones humides. On
note la présence des sols de coloration brun clair à texture
sableuse et faciles à travailler; ils se retrouvent dans les
dépressions fermées et en bordure des bas-fonds et
marécages. Les sols des plateaux ou sols ferralitiques de couleur rouge
et à texture sablo-argileux couvrent la presque totalité de la
commune. Cette diversité de sols constitue un véritable atout
pour les activités agricoles.
Les formations végétales sont constituées
de reliques de forêts sacrées, de fourrés arbustifs
où dominent l'Elaïs guineensis et graminées. Le
système de culture est caractérisé par la pratique de deux
saisons culturales annuelles liées au régime de pluies.
En dehors de son importance pour les pratiques agricoles, le
milieu naturel constitue un facteur très déterminant dans le
développement de la contrebande dans la commune. Elle est limitée
à l'est par le prolongement nord de la dépression
d'Aguidi. Cette dépression est occupée par
d'innombrables chenaux et marigots dont quelques-uns sont navigables.
3. 1. 2. Peuplement et données
démographiques
3.1.2.1 Peuplement de la commune d'Ifangni
D'après Tohozin A. Y. (1986), deux courants migratoires
sont à la base de la mise en place des groupes socio-culturels
rencontrés dans le secteur d'étude objet de ce mémoire. La
commune d'Ifangni dans son ensemble est peuplé d'un mélange
complexe d'origine Ajà-Tado et
Yoruba.
Le groupe Yoruba composé des
Anagonu et
Ifonyin, constitue le plus
ancien dans la commune d'Ifangni. Les Anagonu se sont
installés dans cette région suite aux migrations
engendrées par la dislocation des groupes d'Ifå et d'oyo.
Quant au Ifonyin, ils ont
quitté Idere dans le sud de l'ancien empire
d'oyo pour fonder le
royaume d'Ifangni après avoir transité par
Kétou entre le XVIIIème et le XIXème
siècle. Mais plus tard, la capitale du royaume d'Ifangni,
Ifinyin -Ile
sera transférée à
Ifinyin
-ådo en territoire nigérian en raison
des manoeuvres et des abus des colons français. Cette situation a
été à l'origine de l'éparpillement des
Ifinyin entre la
localité d'Ifangni au Bénin et celle de
Ifinyin
-Tådo au Nigeria. En dehors
des activités agricoles, ces deux sous groupes
s'adonnent surtout aux activités commerciales. On les retrouve dans les
villages et quartiers frontaliers: Ifangni (Odofin), Igolo, Ita-Soumba,
Banigbé,
Le groupe Ajà-Tado
numériquement plus important, est composé de
Gunnu et de
Tilinu en majorité.
Les Gunnu qui se sont éparpillés dans
la commune y sont
arrivés soit pour mettre en valeur les terres soit pour
pratiquer le commerce clandestin des produits pétroliers. L'installation
des Goun dans cette région est assez récente. En fait, leur base
se trouve à Xigbonu
(Porto-Novo).
Les Tilinu
qui sont venus du plateau d'Allada se sont installés dans la
palmeraie de Porto-Novo depuis le XIXème siècle
sous le règne de Toffa 1er (1874- 1908). Ils ont
émigré d'Avrankou et d'Adjarra pour s'installer dans la commune
d'Ifangni pour des raisons diverses: recherche de travail, problèmes
familiaux, relations familiales difficiles, relations amicales et conjugales.
Ils sont en majorité agriculteurs, contrairement aux
Yoruba qui sont dans le commerce.
Ce fait explique bien la perméabilité de la
frontière artificielle béninonigériane. Même pour
maintenir les liens ancestraux, il existe encore aujourd'hui un roi qui
représente celui de la partie nigériane au palais d'Ifangni en
république du Bénin.
3.1.2.2 Evolution et répartition spatiale de la
population
Les données démographiques utilisées sont
celles issues des recensements de la population de 1979, de 1992 et de 2002.
Ainsi, entre le premier recensement de 1979 et celui de 1992, la population de
la commune d'Ifangni est passée de 44 216 habitants à 67 021
habitants, soit un taux d'accroissement intercensitaire de 3,25. Au
troisième recensement de 2002, elle a été
évaluée à 71 606 habitants.
De l'analyse de la figure 2 il se révèle que la
commune d'Ifangni a connu une évolution démographique
différenciée entre 1979 et 1992. De 1992 à 2002, la
population de la commune a connu une faible évolution. Le taux
d'accroissement intercensitaire entre ces deux recensements est de 0,64 contre
3,25 entre 1979 et 1992 (INSAE). Ainsi la population de la commune est en
constante augmentation. Cette croissance de la population s'est
accompagnée de l'augmentation du nombre de ménages, soit 12 058
en 1992 et 12 832 en 2002. La densité de la population est de 271
habitants par km2 avec un taux d'exploitation des terres de 80 %. Ce
qui témoigne l'importance des activités agricoles et de la
réduction croissante des terres cultivables.
Figure 2 : Evolution de la
population totale de 1979 à 2002 Source :
INSAE : RGPH de1979, 1992 et de 2002.
Par rapport à la répartition spatiale de la
population dans la commune d'Ifangni, les arrondissements d'Ifangni et de
Banigbé sont les plus peuplés avec une population respective de
20 524 habitants et 16 080 habitants, soit 28,66 % et 22,46 % de la population
totale de la commune. Cette situation s'explique surtout par les fonctions
économiques et administratives de l'arrondissement d'Ifangni.
L'arrondissement de Daagbé totalise une population de
9.498 habitants soit 13,26 % de la population totale. Les arrondissements de
Ko-Koumolou, Lagbè et de Tchaada sont les moins peuplés. Ainsi la
population est inégalement répartie dans la commune.
Le tableau II présente l'évolution, la
répartition et le taux d'accroissement de la population de la commune
entre 1979 et 2002. En dehors des disparités spatiales en ce qui
concerne la répartition de la population, le présent tableau
montre que la commune d'Ifangni a régulièrement
évoluée. De l'analyse de ce tableau, il ressort que la population
de l'arrondissement d'Ifangni a connu un accroissement important entre 1979 et
1992 (85 %).
Tableau II : Evolution et répartition
spatiale de la population
Arrondissements
|
Populations
|
Taux d'accroissement en %
|
1979
|
1992
|
2002
|
1979-1992
|
1992-2002
|
Banigbé
|
10 143
|
16 082
|
16 421
|
58,55
|
2,1
|
Daagbé
|
6 311
|
9 498
|
9 697
|
50,49
|
2,1
|
Ifangni
|
11 092
|
20 524
|
20 959
|
85,03
|
2,1
|
Ko-Koumolou
|
5 472
|
9 030
|
9 222
|
65,02
|
2,1
|
Lagbè
|
6 656
|
8 138
|
9 330
|
22,26
|
14,6
|
Tchaada
|
4 542
|
7 286
|
7 422
|
60,41
|
2,8
|
Source : INSAE : RGPH de1979, de 1992 et de 2002.
3.1.2.3 Structure socio-économique de la
population
Selon les données issues du troisième
recensement général de la population et l'habitat de 2002, la
population d'Ifangni est de 71 606 habitants dont 38 174 femmes et 33 432
hommes avec plus de 70 % de ruraux. La population est dans son ensemble jeune.
En effet la tranche d'âge des 0 à 14 ans et celle des 15 ans
à 59 ans représentent respectivement 45,74 % et 47,56 % de la
population totale.
Par contre celle de 60 ans et plus ne fait que 6,69 %. Cette
jeunesse de la population influence largement le dynamisme des activités
économiques qui se déroulent dans cette localité.
Les principaux groupes socioculturels qui peuplent la commune
d'Ifangni sont les Gunnu (sous groupe des
Ajà-Tado) et apparentés qui
représentent 64,7% de la population et les
Anagonu (sous groupe des
Yoruba) et les apparentés qui ne font
que 32,3 %. Cette disparité entre ces groupes
socio-culturels reste l'un des particularités de la commune d'Ifangni
par rapport aux autres communes du département du Plateau auquel elle
appartient administrativement.
3.2 ECONOMIE LOCALE DANS LA COMMUNE D'IFANGNI
L'émergence des espaces frontaliers ou transfrontaliers
suscite de nombreuses analyses qui ont cherché à mettre en
exergue les mécanismes qui les régissent, leurs modes de
fonctionnement, ainsi que leurs fonctionnalités. Leur érection en
un lieu entraîne une série de changements dans la perception et
les relations à l'espace des sociétés ou groupes humains
directement concernés.
Le tracé d'une frontière influence de
façon positive ou négative, légère ou
accentuée l'organisation de l'espace ou des espaces qui lui sont
contiguës. Ainsi, autours des lignes ou zones frontalières naissent
et se développent des espaces caractéristiques de la dynamique
des frontières. La frontière revêt un aspect
multidimensionnel qui lui permet de jouer plusieurs rôles. Cette
démultiplication des fonctions et des rôles de la frontière
vient du fait qu'elle est un puissant catalyseur d'énergies.
En effet, la frontière a la capacité de faire
émerger des pôles d'attraction qui exercent un effet
magnétique sur les hommes et sur leurs activités. L'existence
d'une frontière ne semble point être un obstacle encore moins un
frein qui les empêche de se tourner les unes vers les autres. Cette
ouverture a favorisé l'existence de relations plus ou moins intenses
dans divers domaines. On les observe également dans les domaines
socioculturels et commerciaux. Les échanges commerciaux sont, sans
conteste, les plus prépondérants. Ils concernent essentiellement
les produits et marchandises, les denrées de première
nécessité, des matériels divers: appareils
électroniques et électroménagers (Diallo, 2006).
3.2.1. Les activités commerciales
La plupart des travaux scientifiques effectués sur
l'espace frontalier béninonigérian dans sa partie
méridionale ont montré que la présence des espaces de
démarcation entre ces deux États constitue de véritables
sources de dynamiques économiques et surtout commerciales
(Igué et Soulé, Tohozin).
Les échanges transfrontaliers conditionnent une part
importante des activités économiques qui se déroulent dans
les localités qu'elles concernent directement et même
au-delà. Pour les Etats et les collectivités locales, ils sont
une source de recettes même si la plus part du temps « ils
reposent sur la fraude » et les activités de contrebande.
C'est d'ailleurs ce qui témoigne de la présence de quatre postes
de douanes dans la commune d'Ifangni (Gbaojo, Igolo, Gblogblo et
Jégu-Nago).
En effet, dans la commune d'Ifangni, le commerce est de loin
le secteur qui emploie le plus d'actifs dans la commune d'Ifangni avec 36,41 %
de la population active selon les données de l'INSAE. Les
activités commerciales concernent la vente des produits agricoles d'une
part et des produits manufacturés d'autre part. Mais plus remarquable
est le caractère informel de ces activités. Le commerce informel
est bien développé dans la commune d'Ifangni.
Si la majorité des hommes, en plus de production
végétale et animale s'adonnent aux activités artisanales,
les femmes quant à elles s'occupent surtout des activités
domestiques et de la commercialisation de la distribution des produits
agricoles et manufacturiers. Elles constituent les acteurs de ravitaillement
des marchés locaux. L'un des produits le plus porteur dans cet espace
est l'huile de palme qui est surtout écoulée sur les
marchés nigérians.
3.2.2 Les activités agricoles
Selon les données de l'INSAE, population active
exerçant dans ce secteur est de 24,59 %. Mais ce chiffre ne traduit pas
la réalité du milieu. Sur les 12 832 ménages que compte la
commune d'Ifangni en 2OO2, 5 050 sont des ménages agricoles soit
près de 40 % pour une population agricole de 33 350 habitants (INSAE,
2003).
L'agriculture est la principale source de revenu pour les
populations rurales.
Elle est essentiellement pratiquée par les hommes. Elle
participe à la gestion de l'espace et est au coeur des relations entre
les hommes, produits, territoire. Il s'agit d'une agriculture familiale de type
extensif caractérisée par des rendements culturaux faibles
tributaires des aléas climatiques, de la faible utilisation des
techniques modernes de production, mais également de l'exode rurale. A
cela s'ajoute l'épineux problème de l'accès au foncier.
Les principales cultures sont le maïs, le manioc, l'arachide, la banane,
le niébé, le taro, la patate douce et le palmier à
huile.
En matière de production végétale, le
maïs occupe une place très importante au niveau des
céréales. La moyenne de la production en cinq ans
représente 15 551 tonnes pour une valeur en F CFA de 1 192 223 006.
Cette production est inférieure à celle du manioc qui
s'élève à 67 363 tonnes pour une valeur en F CFA de 2 121
918 750. Si la majeure partie des céréales est destinée
à l'autoconsommation, il faut noter que le manioc après
récolte est transformé en gari et commercialisé sur les
marchés locaux et ceux des autres communes limitrophes et du Nigeria.
En dehors de la production végétale, les
populations pratiquent l'élevage et la transformation des produits
agricole. Les espèces élevées sont les bovins, ovins,
caprins, volailles, porcins, lapins et aulacodes. La pratique du petit
élevage est très répandue.
La disponibilité de terres cultivables ainsi que des
produits forestiers non ligneuses constituent des atouts pour la population.
Mais, ils font de nos jours objets d'une de mauvaise gestion.
Il existe une forte population de transformation de produits
agricoles. Les principaux produits transformés sont le manioc, le
maïs et les noix de palme. Le faible niveau d'équipement des
groupements féminins et aussi des transformatrices explique la faiblesse
de la qualité de certains produits issus des transformations notamment
les dérivés du manioc et du palmier à huile. Cet
état de chose limite l'exploitation du potentiel des marchés
d'écoulement des produits locaux. Dans les marécages se
développent de plus en plus le maraîchage. Ces secteurs
constituent des potentialités pouvant servir de base pour l'intervention
des structures de micro finance.
Le tableau III montre que le maïs et le manioc restent
les cultures les plus dominantes. Au-delà de l'agriculture,
l'élevage occupe une place non négligeable dans le revenu des
populations.
Tableau III : Moyenne de la production
végétale et animale sur cinq ans
|
Production en tonnes et nombre de têtes
|
Valeur en FCFA
|
Production végétale
|
Maïs
|
15 551
|
1 192 223 006
|
Manioc
|
67 363
|
2 121 918 750
|
Patate douce
|
590
|
23 874 750
|
Niébé
|
308
|
60 567 400
|
Arachide
|
2 587
|
540 827 058
|
Coton
|
4
|
676 000
|
Tomates
|
214
|
35 682 333
|
Production animale
|
Bovins
|
4 300
|
473 000 000
|
Ovins
|
2 000
|
27 000 000
|
Caprins
|
1 1100
|
147 630 000
|
Porcins
|
1 2000
|
180 000 000
|
Source : IGUE (dir.), 2001 in Problématique de
l'intercommunalité dans le fonctionnement des communes
béninoise, p 201.
3.2.3 L'artisanat et les services
Le secteur industriel est quasi absent dans notre secteur
d'étude. On y retrouve quelques boulangeries, scieries, et une
unité moderne de production de l'huile de palme appartenant à un
grand exploitant agricole. Toutefois, il est à noter la présence
d'un nombre important de petites unités de transformation des produits
agricoles tels que le manioc, les noix de palme. Le faible niveau
d'équipement explique la faible qualité de certains produits
issus des transformations notamment les dérivés du manioc. La
grande partie de ces produits est écoulée sur les marchés
locaux et nigérians.
En dehors de la production, de la transformation et de la
commercialisation des
produits agricoles, une bonne partie de la population s'adonne
aux petits métiers. Les transports et les autres services occupent
respectivement 8,71 % et 12,99 %de la population active de la commune
d'Ifangni. En effet, le transport constitue un élément
très important dans la circulation des biens et des personnes et dans
la
structuration de l'espace. Les deux roues communément
appelés «zemijan »
constituent le moyen de transport le plus utilisé et
une importante source de revenus pour les jeunes enquête d'emploi. La
grande partie des acteurs de ce secteur intervient dans la ville de Porto-Novo.
On les retrouve également au niveau des parcs automobiles.
3.2.4. Les infrastructures économiques
Le développement des activités
économiques, qu'elles soient du secteur informel ou formel, s'appuient
toujours sur de bons supports. Les infrastructures de communication et les
marchés jouent un rôle primordial dans le développement des
échanges dans la commune d'Ifangni.
Les contacts entre les populations seraient impossibles sans
l'existence des voies de passage. La route se présente comme l'un des
premiers moyens traditionnel de communication entre les hommes. La longueur des
principales routes et pistes de desserte dans la commune d'Ifangni est
d'environ 200 km, mais la plupart sont en mauvais état.
La figure 3 met en exergue la répartition spatiale des
infrastructures économiques dans la commune d'Ifangni. Il s'agit des
marchés, des gares routières, des parcs de gros porteurs et de
regroupement des véhicules d'occasions. A ces équipements
s'ajoutent les pistes dont l'importance dans le développement des
activités économiques et surtout du développement local
n'est plus à démontrer.
Figure 3 : Structuration spatiale des infrastructures
économique dans la commune d'Ifangni
En analysant la cette figure 3, on observe que cet espace est
structuré par des axes de communication et une multitude de pistes
secondaires. Le principal axe relie la ville de Porto-Novo à la
frontière nigériane à Igolo. C'est l'axe sur laquelle se
fait la part la plus importante de la circulation des hommes et des
marchandises. Dans un second niveau de hiérarchie, se trouvent des
pistes secondaires plus ou moins entretenues. Leur accessibilité est
assez facile pour les automobiles en période sèche. En dehors du
réseau routier, coexistent dans le marécage, un grand nombre de
canaux. Ces canaux jouent un rôle exceptionnel dans le trafic des
produits frauduleux.
On dénombre dans cet espace frontalier cinq (5) gares
routières situées dans les localités suivantes :
Kétoukpè, Banigbé, Ayétèdjou, Ifangni et
Igolo. Elles permettent d'organiser le trafic des biens et des personnes par
les véhicules et les
«zemijan ». Le
développement des activités de transit ont favorisé
l'installation des
parcs de gros porteur et des véhicules d'occasion
communément appelés «Venus de France».
Le marché est le lieu où s'effectue l'essentiel
des échanges commerciaux. C'est là que les produits sont
échangés contre l'argent liquide et converti en biens et services
de production et de commercialisation. Les échanges commerciaux
constituent des éléments fondamentaux de l'organisation de
l'espace. En effet, l'installation des activités marchandes suit un
principe de rentabilisation qui pousse les acteurs de ces initiatives à
implanter dans des espaces susceptibles de garantir une fréquentation
importante. Les marchés sont les lieux par excellence des
échanges frontaliers.
Les enquêtes ont permis de recenser sept (7)
marchés répartis dans cinq (5) arrondissements. Ils jouent un
rôle primordial dans la collecte et la distribution des produits
agricoles d'une part, des produits manufacturiers d'autre part. En dehors du
marché d'Ifangni qui est le plus grand et qui s'anime le plus, les
marchés de Kitigbo et de Kétoukpè (photo n° 1)
suivent par l'ampleur de leur fréquentation. Du point de vue
localisation spatiale, ces marchés sont implantés au niveau des
axes de communication. La présence de ces infrastructures favorise le
développement des
activités économiques.
Photo 1 : Le marché de Kétoukpè en
pleine animation. Cliché : ASSOGBA G., mai 2008.
3.3. LES SERVICES SOCIO-COMMUNAUTAIRES DE
BASE
La commune d'Ifangni dispose de quelques équipements
administratifs et socio-communautaires qui témoignent le souci de l'Etat
d'améliorer la situation socio-économique des populations et de
favoriser le minimum de conditions nécessaires au trafic frontalier. Il
s'agit des locaux abritant les bureaux de la mairie, du CCPA, d'une brigade
territoriale, d'une recette perception, d'un bureau local des postes et des
télécommunications, d'une division de la SBEE et de la Soneb, des
postes de la douane et de la police frontalière, des écoles,
collèges et centres de santé.
Selon le Rapport de mise en cohérence des
indicateurs du plan de développement communal avec ceux des OMD et du
DSCRP, la situation scolaire de la commune d'Ifangni se
caractérise par une faible couverture en infrastructures scolaires.
L'effectif moyen d'élèves par classe est de 50
élèves, 38 % des salles de classes sont en matériaux
précaires ou délabrés. Le déficit en enseignants
qualifiés demeure un problème crucial, 60 % des enseignants sont
des communautaires ou des contractuels.
Le réseau d'adduction d'eau de la Soneb qui compte 240
abonnés en 2007,
deux adductions d'eau villageoise et 121 points d'eau
approvisionnent les populations de la commune d'Ifangni en eau potable.
Toutefois la couverture en eau potable de la commune reste moins de 50 %. La
couverture électrique est encore très faible et moins de la
moitié des villages (15 sur 41 soit 36 %) sont desservis par le
réseau de la SBEE.
La couverture des infrastructures sanitaires est acceptable.
Tous les arrondissements disposent de centre de santé. A tout cela
s'ajoute le centre communal de santé, les centres de santé de
Doké, d'Ita-Soumba, d'Iguillanhoun et de Djégou-Djèdje.
Mais malgré toutes ces performances, le taux de fréquentation des
centres de santé reste faible (33,69 % en 2005 et 32,57 % en 2006). Ceci
s'explique par le fait que certains villages sont très
éloignés des centres de santé et que la médecine
traditionnelle et l'automédication sont très
développées.
Conclusion partielle
De tout ce qui précède, il ressort que la
commune d'Ifangni est un cadre géographique favorable au
développement des structures financières. Après la
détermination des facteurs qui impulsent le développement local
dans la commune d'Ifangni, il convient de s'intéresser à la
typologie, au fonctionnement et à l'organisation spatiale des structures
et acteurs financiers en place.
Chapitre 4 : INSTITUTIONS DE MICRO FINANCE EN PLACE
: TYPOLOGIE ET ORGANISATION SPATIALE
En tenant compte du statut, on peut noter que le secteur
financier local est constitué de structures et d'acteurs financiers
formels et informels. Les structures financières sont regroupées
en trois grandes catégories : les institutions de micro finance, les
systèmes de tontines, les marchés de change (cambistes). La
première fait partie des structures formelles car elles sont
régies par des lois.
Le principal intérêt de ce sous chapitre a
été de faire l'état de lieu des structures
financières en place.
4.1 DIVERSITE DES INSTITUTIONS DE MICRO
FINANCE
4.1.1. Cadre juridique d'intervention
Longtemps, les institutions de micro finance ou
systèmes de financement décentralisés avaient
évolué dans un vide juridique, organisationnel et institutionnel
caractérisé, entre autres, par l'absence d'une
réglementation appropriée, d'une structure de suivi et de
contrôle, d'un cadre politique référentiel pour
l'organisation du secteur.
En matière financière et bancaire, les huit (08)
pays de l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA)
appliquent une réglementation communautaire dont l'objectif est
d'assurer la solvabilité, la liquidité et l'équilibre de
la structure financière des acteurs du système financier. Ainsi,
à l'instar des autres pays de l'UEMOA, le Bénin s'est doté
d'un cadre juridique de la micro finance à travers la loi 97-027 du 08
août 1997 portant réglementation des institutions mutualistes ou
coopératives d'épargne et de crédit (loi PAMERC). Cette
loi s'inspire fortement de la loi bancaire n° 90-018 du 27 juillet 1990
qui régit les banques et établissements financiers dans l'espace
UEMOA. Après ratification par
le Bénin, elle a été
complétée par le décret d'application n° 98-60 du 09
février 1998. Cette loi couvre essentiellement les institutions
mutualistes ou coopératives d'épargne et de crédit. Elle
détermine les conditions d'exercice des activités, les
modalités de reconnaissance de ces structures ou organisations, les
règles de leur fonctionnement et les modalités de leur
contrôle. Mais elle place les associations non mutualistes ou non
coopératives sous le régime de conventions spécifiques
transitoires à signer avec le Ministère des Finances.
Les systèmes de financement décentralisés
sont tenus de solliciter auprès de la Cellule de micro finance leur
agrément (ou autorisation d'exercice) et leur inscription avant
d'exercer leurs activités.
La nomenclature choisie dans le cadre du présent
travail vise simplement à donner une cohérence à la
classification des institutions de micro finance. Elle est par
conséquent très simplifiée et ne distingue que les
structures mutualistes des structures non mutualistes. Il s'agit de
spécifier le plus précisément possible le statut et le
mode de financement de chacune de ces structures permettant
d'appréhender leurs principes de fonctionnement.
4.1.2 Les institutions de micro finance
formelles
Selon la Cellule de Micro finance du Ministère des
Finance et de l'Economie d'alors, les IMF peuvent être classées en
cinq catégories : les Mutuelles et Coopératives d'Epargne et de
Crédit, les Associations et ONG à volet Micro finance, les
Sociétés, les Projets à volet Micro finance et les
Groupements d'Epargne et de Crédit. Le tableau IV présente la
répartition des IMF dans le département du Plateau et dans la
commune d'Ifangni par catégorie en 2005.
L'analyse du tableau IV révèle d'une part que
les Groupements d'Epargne et de Crédit (GEC) représentent 50 %
des IMF intervenant dans la commune d'Ifangni contre 46,15 % pour tout le
département du Plateau. D'autre part, les Mutuelles et
coopératives d'épargne et de Crédit moins dominantes que
les groupements, représentent 40 % et 32,21 % respectivement pour la
commune d'Ifangni et pour le département du Plateau.
De cette analyse, il ressort que les groupements
d'épargne et de crédit restent les structures les plus
représentatives tant dans le département du Plateau que dans la
commune d'Ifangni. Mais lors de nos travaux de terrain, nous n'avons pas
retrouvé d'ONG à volet micro finance en activité.
Tableau IV : Répartitions des IMF par
catégorie
Catégorie d'institution
|
IFANGNI
|
PLATEAU
|
Nombre structures
|
%
|
Nombre structures
|
%
|
Mutuelles et coopératives
d'épargne et de Crédit
|
04
|
40
|
21
|
32,31
|
Associations et ONG
|
01
|
10
|
11
|
16,92
|
Sociétés
|
00
|
00
|
00
|
00
|
Projets gouvernementaux à volet à micro finance
|
00
|
00
|
03
|
04,62
|
Groupement d'Epargne et de
Crédit
|
05
|
50
|
30
|
46,15
|
Total
|
10
|
100
|
65
|
100
|
Source : Cellule de Micro finance, Ministère des
Finances et de l'Economie, 2005.
Le tableau ci-dessous est un tableau comparatif du taux de
couverture des institutions de micro finance dans les communes du Plateau et
celle de Porto-Novo. Ce taux est le rapport entre le nombre d'institutions de
micro finance présentes et l'effectif total de la population de la
commune en 2002.
D'une façon générale, il faut noter que
le taux de couverture des IMF formelles reste largement faible. Le tableau V
montre que dans le département du Plateau, la commune de Kétou a
un taux de couverture d'IMF le plus élevé soit 0,023 8 % contre
0,0070 % pour la commune de Sakété, 0,0 139 % pour la commune
d'Ifangni.
Tableau V : Comparaison des taux de
couverture des IMF par habitant dans les Communes du Plateau et la ville de
Porto-
Novo
Catégorie d'institutions
|
Adja-Ouèrè
|
Ifangni
|
Kétou
|
Pobè
|
Sakété
|
Porto-Novo
|
Nbre
|
T.C.
%
|
Nbre
|
T.C.
%
|
Nbre
|
T.C.
%
|
Nbre
|
T.C.
%
|
Nbre
|
T.C.
%
|
Nbre
|
T.C.
%
|
Mutuelles et COOPEC
|
02
|
0,0024
|
04
|
0,0055
|
11
|
0,0109
|
02
|
0,0024
|
02
|
0,0028
|
06
|
0,0040
|
Associations et ONG
|
00
|
00
|
01
|
0,0013
|
03
|
0,0029
|
07
|
0,0084
|
00
|
00
|
14
|
0,0093
|
Sociétés
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
02
|
0,0013
|
Projets à volet à micro finance
|
02
|
0,0024
|
00
|
00
|
00
|
00
|
01
|
0,0012
|
00
|
00
|
02
|
0,0013
|
GEC
|
09
|
0,0110
|
05
|
0,0070
|
10
|
0,0100
|
03
|
0,0036
|
3
|
0,0042
|
05
|
0,0033
|
Total
|
13
|
0,0159
|
10
|
0,0139
|
24
|
0,0238
|
13
|
0,0156
|
05
|
0,0070
|
29
|
0,019
|
Source : Cellule de Micro finance, Ministère des
Finances et de l'Economie, 2005 Nbre =Nombre ; T.C.= Taux de couverture
4.1.2.1 Structures mutualistes
Les modalités de fonctionnement des structures de micro
finance mutualistes s'inspirent très largement des systèmes de
tontines : les tontines traditionnelles et les banquiers ambulants (Martinez,
2003).
Le fonctionnement peut reposer sur une base mutualiste
consistant à collecter l'épargne des individus avant de la
redistribuer sous forme de crédits. Ces choix de fonctionnement visent
en premier lieu à attirer un maximum de populations vers le circuit
formel. Les organes de fonctionnement sont le Conseil d'Administration, le
Comité de Crédit, le Conseil de Surveillance. Ils émanent
de l'Assemblée Générale et s'y rapportent. Ils assurent
l'orientation la direction et le contrôle de la structure.
De plus les organismes de micro finance mutualistes
espèrent viabiliser leur situation, en s'assurant notamment de bons taux
de remboursements, car ils proposent des services plus ou moins familiers aux
personnes déjà intégrées à une ou plusieurs
structures financières informelles. "Ces techniques reposent sur une
bonne connaissance des mécanismes sociaux. Une idée est que la
pression sociale peut remplacer la garantie matérielle, pour garantir un
bon remboursement des prêts ; par exemple, dans des groupes de cautions
solidaires, chaque emprunteur se porte garant pour les autres emprunteurs de
son groupe, et si l'un ne rembourse pas, il le fera à sa place".
Martinez (2003 : p 30)
Dans la commune d'Ifangni, il existe deux structures de micro
finance formelles mutualistes : la CLCAM et les CREP.
> La CLCAM
La CLCAM d'Ifangni est une association coopérative de
droit privé à personnes et capital variables. Située dans
l'arrondissement d'Ifangni Centre (quartier Odofin) non loin du marché
d'Ifangni. Elle est actuellement régie par la loi n°97-027 du 08
août 1997 portant réglementation des institutions mutualistes ou
coopératives d'épargne et de crédit au Bénin. Elle
a été créée le 06 août 1996 suite à
une assemblée générale constitutive. Son mode de
fonctionnement est interne. En effet l'épargne collectée
constitue la principale source qui alimente la distribution
des crédits. Sa gestion est assurée par un
conseil d'administration composé de sept (07) membres
sociétaires, un comité de crédit de trois (03) membres et
un conseil de surveillance de trois (03) membres également. Ces organes
de gestion et de contrôle sont appuyés par une équipe
technique composée de cinq (05) salariés exerçant sous la
responsabilité d'un Gérant. A la date du 31 décembre 2007,
ses dépôts s'élèvent à 197 982 596 FCFA et un
capital social à 16 640 000 FCFA pour 2 881 sociétaires. Son
portefeuille de prêts, y compris les crédits en souffrance et les
créances rattachées, est évalué à 120 133
170 FCFA pour 437 sociétaires emprunteurs.
> Les CREP
Il existe dans la commune d'Ifangni deux caisses rurales de
crédits et d'épargnes en activité. Il s'agit de la CREP
Féminine de Banigbé et de la CREP d'Igolo. Ces caisses rurales
d'épargne et de crédit ont été mises en place en
1998. D'après le CCPA de la commune d'Ifangni, on dénombre
respectivement au niveau de la CREP d'Igolo 556 sociétaires dont 427
hommes et 129 femmes répartis dans toute la commune. Quant à la
CREP de Banigbé (photo n°2), le nombre de sociétaires
était évalué à 200 uniquement des femmes. A la
différence de la CREP d'Igolo, la majorité des sociétaires
de la CREP de Banigbé se trouve dans les villages alentours.
Photo n°2 : Enseigne de la CREP de Banigbé.
Cliché : ASSOGBA G., octobre 2008.
La particularité de ces caisses est qu'elles sont
créées avec la collaboration des organisations paysannes. Ainsi,
la population cible de ces différentes caisses d'épargne et de
prêts est composée d'agriculteurs individuels, de groupements
villageois de producteurs agricoles ou d'éleveurs, les groupements de
femmes.
4.1.2.2 Les structures non mutualistes
Parmi les structures de micro finance dont le fonctionnement
ne se repose pas sur une base mutualiste, on distingue le PADME et le PAPME.
Leur mode de fonctionnement repose sur une base non mutualiste
nécessitant un financement des crédits sur fonds propres ou par
le biais de fonds externes à l'organisme. Ces structures offrent des
services de crédit sans une épargne au préalable. Cette
situation est à la base de la dynamique financière que
connaissent ces IMF.
> Le PADME
L'agence mère du PADME qui couvre les
départements de l'Ouémé et du Plateau est située
dans la ville de Porto-Novo. Le bureau d'Ifangni est un guichet qui
dépend de l'agence de Porto-Novo. D'après les informations
obtenues auprès des clients des cette structure, le guichet d'Ifangni
est créé en 2003. L'objectif visé est de se rapprocher
beaucoup plus des ces usagers se trouvant dans cette localité. Le PADME
propose différents services financiers exclusivement liés aux
microcrédits (individuels ou de groupe). Les montants octroyés
varient de 20.000 FCFA à 10.000.000 FCFA pour les crédits
individuels et de 20.000 FCFA à 5.000.000 FCFA pour les crédits
de groupe.
La différence entre ces deux formes de crédit se
situe au niveau de la garantie. En effet, le micro crédit individuel est
accordé aux personnes physiques ou morales ayant une activité
génératrice de revenus et qui apportent des garanties
réelles. Le micro crédit de groupe ou solidaire est
accordé au groupement de cinq (5) personnes au minimum avec pour
garantie la caution solidaire des membres. C'est une association dont le mode
de financement est externe et dont les principaux bailleurs sont l'Etat, la
BOAD (Banque Ouest Africaine de Développement) et l'AFD
(Association Française de Développement).
> Le PAPME
Le seul bureau de cette structure dans le département
du Plateau se trouve dans la ville de Pobè. Le guichet d'Ifangni se
trouve dans l'arrondissement de Tchaada. Selon le chargé des
crédits, cette implantation s'explique par le fait que la
majorité des dossiers provient des arrondissements de Tchaada,
Banigbé, Daagbé, KoKoumolou et surtout d'Igolo.
Le PAPME propose des services de crédit individuel ou
de groupe au même titre que le PADME. Il reçoit en moyenne quinze
(15) dossiers par mois. En septembre 2007, le volume de crédit est de 62
507 937 FCFA pour 147 bénéficiaires. Son mode de financement est
externe par le biais de prêts bancaires et de bailleurs tels que la
Banque.
4.2. LE SECTEUR FINANCIER INFORMEL
Le secteur financier informel englobe l'ensemble des
transactions financières qui s'effectuent en dehors des
réglementations imposées à l'activité du secteur
financier formel en matière de taux d'intérêt et
d'allocation, du crédit, de réserves obligatoires et d'autres
mesures analogues (Mayoukou, 1993).
On peut caractériser le secteur informel par la
souplesse des opérations et des conditions de prêt, ce qui lui
confère un certain nombre d'avantages comparatifs économiques sur
le secteur financier formel. Comme composantes de ce secteur nous avons
identifié deux pratiques financières : les systèmes de
tontines et les activités de change monnaie. Loin d'être une
présentation exhaustive de ces acteurs financiers, ce sous chapitre met
en exergue les différents acteurs qui y interviennent et leurs modes de
fonctionnement
4.2.1 Les systèmes de tontine
Longtemps ignorées, ces pratiques tontinières
existent pourtant depuis des décennies, et elles constituent un
réservoir d'épargne important pour les pays en
développement. Ces tontines se caractérisent par
des relations personnelles très étroites entre les membres, et
leurs mécanismes sont d'une réelle originalité et d'une
grande souplesse. Elles se sont développées, ont
évolué pour s'adapter à leur environnement et leur
rôle est d'autant plus important aujourd'hui qu'elles semblent avoir
réussi là où les banques ont échoué,
à savoir mobiliser l'épargne domestique.
Les systèmes de tontine sont très
répandus dans notre secteur d'étude. Selon Mayoukou (1993)
cité par Guèdègbé (2005 : p 24) "les tontines
sont des associations regroupant les membres d'un clan, d'une famille, des
voisins ou des particuliers qui décident de mettre en commun des biens
ou services au bénéfice de tout un chacun et cela à tout
de rôle". On parle souvent d'A.R.E.C., c'est-à-dire
"associations rotatives d'épargne et de crédit".
De cette définition il ressort que les tontines sont
largement une inspiration découlant des habitudes communautaires,
parties intégrantes de la société traditionnelle, et sont
des structures d'entraide qui interviennent dans les aspects de la vie sociale
et économique. D'après les informations recueillies lors de nos
enquêtes de terrain, on peut classer les tontines en deux
catégories : les tontines mutuelles et les tontines commerciales.
4.2.1.1 Les groupes de tontine mutuelle
La tontine mutuelle peut se définir comme une «
association de personnes qui, unies par des liens familiaux,
d'amitiés, de profession, de clan ou de région, se retrouvent
à des périodes d'intervalles plus ou moins variables afin de
mettre en commun leur épargne, cette dernière profitant
à tour de rôle à chacun des membres du groupe ».
Lelart (1990), Mayoukou (1993) et Igue (1999)
En effet, même si l'appellation de tontinier est
très fréquente au Bénin en ce qui concerne les banquiers
ambulants, elle ne doit pas masquer le caractère individuel et
rémunérateur de cette activité économique. Les
personnes qui participent à une tontine mutuelle tirent un
bénéfice de leur appartenance au groupe à tour de
rôle, mais celui-ci ne comporte pas de coût financier puisque
chacun est censé percevoir
autant qu'il a versé. Il en résulte au sein de
ces groupements une dimension sociale particulière. C'est cette
dimension qui est selon Martinez (2003 :), "un vecteur de
sociabilité dans des espaces progressivement marqués par
l'individualisme".
La confiance que s'accordent entre eux les membres d'une
tontine demeure le facteur prédominant pour son bon fonctionnement. Ce
dernier repose sur une base contractuelle et nécessite un respect mutuel
des modalités de versement par chacun des membres afin qu'aucun d'eux ne
puissent être lésé. La connaissance mutuelle des membres
d'une tontine est le second facteur important car elle influe sur le
paramètre confiance. Selon les espaces géographiques et les
environnements sociaux qui y existent, les liens et relations qu'entretiennent
les individus appartenant à une tontine sont variables.
Les tontines mutuelles se constituent en groupe de
commerçants, d'artisans ou entre amis avec une prédominance de
tontine au sein des confessions religieuses. Le principe général
de fonctionnement est identique d'une tontine mutuelle à l'autre. Seules
les modalités de participation diffèrent : la fréquence
à laquelle se retrouvent les membres d'un groupe, la
détermination de l'ordre de perception des levées et la fixation
du montant que chacun doit verser.
La fréquence de regroupement est le plus souvent
hebdomadaire parfois bihebdomadaire et moins couramment mensuelle. L'ordre des
levées est soit établi en fonction des besoins de chaque membre
soit par un tirage au sort. La première solution semble
privilégiée. Le tableau ci-dessus présente les
différentes tontines rencontrées sur le terrain selon les
fréquences et le montant le plus élevés des cotisations.
Sur les vingt huit (28) tontines renseignées, 42,9 % se regroupent tous
les sept (7) jours et surtout dans les week-ends contre 28,56 % tous les cinq
(5) jours qui n'est rien d'autre que la périodicité d'animation
des marchés locaux. Les montants élevés de mise qui
varient entre 100F et 500F représentent 32,13 %.
Tableau VI : Répartition des
tontines selon le montant élevé et la fréquence des
cotisations
Fréquence des cotisations
Montants élevés de cotisations
|
Tous les 5 jours
|
Tous les 7j ours
|
Tous les 15
jours
|
Tous les1 mois
|
Total
|
Nbre
|
%
|
Nbre
|
%
|
Nbre
|
%
|
Nbre
|
%
|
Nbre
|
%
|
[100 f-500 f [
|
03
|
11
|
06
|
21,4
|
01
|
03,57
|
00
|
00
|
10
|
32,13
|
[500 f-1000 f [
|
03
|
11
|
03
|
10,71
|
01
|
03,57
|
00
|
00
|
07
|
24,99
|
[1000 f -1500 f [
|
02
|
07,1
|
01
|
03,57
|
01
|
03,57
|
00
|
00
|
04
|
14,28
|
[1500 f -2000 f [
|
00
|
00
|
01
|
03,57
|
01
|
03,57
|
00
|
00
|
02
|
07,14
|
[2000 f -2500 f [
|
00
|
00
|
01
|
03,57
|
01
|
03,57
|
01
|
03,57
|
03
|
10,72
|
2500 f et plus
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
02
|
07,14
|
02
|
07,14
|
Total
|
8
|
28,56
|
12
|
42,9
|
05
|
17,86
|
03
|
10,71
|
28
|
100
|
Sources : Enquête de terrain, janvier 2008
Nbre = Nombre
La fixation du montant à verser est quant à elle
fortement variable. Elle dépend de l'origine sociale et des objectifs
que se fixent les membres de la tontine. Ce système rend
l'intégration plus accessible et mieux adaptée aux besoins et
capacité de chacun. On peut noter que la durée de vie d'une
tontine est également un paramètre préétabli par le
groupe. Elle ne s'échelonne généralement pas sur plus
d'une année mais peut être reconduite si son fonctionnement est
jugé satisfaisant par l'ensemble des adhérents. La fin de cycle
d'une tontine donne lieu, dans la plupart des cas, à une
cérémonie de clôture qui se traduit par une fête
à laquelle tous les adhérents sont conviés. Ces
fêtes illustrent bien la sociabilité qui existe au sein de ces
groupements.
4.2.1.2 La tontine commerciale
A la différence des groupes de tontine mutuelle, la
tontines commerciale émane d'une initiative individuelle.
L'adhésion à une tontine commerciale s'accompagne d'un
intérêt. Mais cet intérêt est un intérêt
négatif puisque c'est le client qui le paye pour que son argent soit en
sécurité. La créance est matérialisée par la
carte, émise au nom du tontinier qui l'a remise à chaque client
et dont il coche une case à chaque
versement. Elle est un titre de créance dont la
validité a déjà été reconnue en justice.
La dette du tontinier et la créance de ses clients
progressent parallèlement jusqu'au remboursement. L'accumulation est
temporaire, mais elle est régulière car les versements
s'échelonnent selon un échéancier prévu d'avance.
Ainsi, la détermination de la valeur de ces créances et de ces
dettes est plus facile car très souvent, les clients qui viennent
d'être remboursés reprennent aussitôt leurs versements. Lors
des enquêtes de terrains, on a pu identifier dans l'arrondissement de
Daagbé trois (03) tontiniers ambulants dont deux sont en activité
et 02 (deux) dans l'arrondissement Banigbé.
4.2.2 Autres acteurs financiers en place : les
cambistes
La commune d'Ifangni à l'instar des localités
telles que Porto-Novo, Cotonou et Klaké dans la partie
méridionale du Bénin, est un pôle important en ce qui
concerne les activités de change. Elles sont assurées par des
hommes et des femmes communément appelés les cambistes ou
monnayeurs. Selon Igué et Soulé (1992), ce marché,
c'est-à-dire le change de monnaie est particulièrement dynamique
entre le Bénin et le Nigeria et son fonctionnement favorise une bonne
circulation du naira sur le marché béninois. Le tableau VII
présente la répartition des cambistes dans nos secteurs
d'enquêtes selon le sexe. De son analyse, il ressort que les femmes
occupent une place importante dans les activités de change de monnaies
dans la commune d'Ifangni.
Ils favorisent la convertibilité du naïra
et jouent un rôle important dans les transactions financières. En
absence de toutes statistiques, il est difficile d'évaluer le flux de
financiers de ces acteurs. Les acteurs économiques qui interviennent
dans les activités de change dans la commune d'Ifangni sont nombreux et
d'origine diverse. Ils proviennent de différents groupes socioculturels.
Dans ces deux quartiers de l'arrondissement d'Ifangni, on dénombre
respectivement 17 et 13 bureaux. Cela est surtout dû à la
proximité de la frontière qui constitue un facteur de dynamisme
des flux de marchandises et des personnes dans ces localités limitrophes
au Nigeria.
Tableau VII: Répartition
des cambistes rencontrés dans la commune d'Ifangni
Marchés de change
|
Nombre de postes
|
Nombre d'acteurs
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Kétoukpè
|
2
|
1
|
3
|
4
|
Tchaada
|
5
|
0
|
9
|
9
|
Banigbé
|
4
|
1
|
6
|
7
|
Ayétèdjou
|
13
|
5
|
16
|
21
|
Igolo
|
17
|
3
|
22
|
25
|
Total
|
41
|
10
|
56
|
66
|
Source : Enquête de terrain, janvier 2008
4.3 ORGANISATION SPATIALE DES STRUCTURES ET
ACTEURS FINANCIERS
La localisation des acteurs financiers dans la commune
d'Ifangni est moins signifiante dans l'espace. Il apparaît que
l'installation de ces acteurs financiers se justifie par la possibilité
d'avoir une fréquentation. Ainsi, ces différents acteurs
financiers se sont-ils implantés dans des espaces susceptibles de
garantir une fréquentation importante.
La figure illustre la répartition spatiale des
structures financières dans la commune d'Ifangni. Elle est
établie grâce aux observations de terrain. Cette figure montre que
la majorité des institutions de micro finance sont implantées au
niveau de l'arrondissement d'Ifangni. Les institutions de micro finance tels
PADME et la CLCAM, la CREP mixte se trouvent dans cette localité.
Au niveau de la commune d'Ifangni, la taille de la population
varie d'un arrondissement à un autre. Il en est de même pour la
répartition des institutions de micro finance. A cet effet, la figure 4
est une représentation expressive du phénomène.
Figure 4 : Taille de la population par arrondissement et
répartition spatiale des structures et acteurs financiers dans la
commune d'Ifangni.
En effet, la mise en place de la frontière entre le
Bénin et le Nigeria constitue un élément très
important dans l'évolution des pratiques financières relatives au
change des monnaies. Il s'agit d'une catégorie de commerçants
présents dans les espaces frontaliers et transfrontaliers mais aussi au
niveau des grandes villes (Cotonou, Porto-Novo et Parakou).
Dans la commune d'Ifangni, nous avons pu y noter la
présence de cinq principales places où les cambistes se sont
installés. Les gares routières sont les points
stratégiques de regroupement pour les cambistes. Elles sont des lieux de
départs et d'arrivées pour un certain nombre de
commerçants. Les cambistes sont fortement concentrés dans les
quartiers d'Igolo et d'Ayétèdjou. La photo n° 3 montre les
hangars qu'occupent les cambistes à Ayétèdjou.
Photo n°3 : Les hangars du
marché de change d'Ayétèdjou. Cliché : ASSOGBA
G.,
mai 2008.
Conclusion partielle
La dynamique des activités économiques constitue
l'un des facteurs de la diversité de ces structures dans cet espace. On
retient également que la commune
d'Ifangni, bénéficie d'un environnement
favorable aux activités financières avec une
variété de structures et d'acteurs financiers. Les institutions
de micro finance, bien qu'étant minoritaires jouent un rôle
important dans le développement des activités économiques
et sociales des populations à la base.
TROISIEME PARTIE : INSTITUTIONS DE MICRO FINACE
ET DYNAMIQUES SOCIOECONOMIQUES DANS LA COMMUNE D'IFAGNI
Chapitre 5 : DYNAMIQUES DES INSTITUTIONS DE MICRO
FINANCE DANS LA COMMUNE D'IFANGNI
La diversité des institutions de micro finance dans la
commune d'Ifangni constitue un grand atout pour le développement des
initiatives individuelles et collectives des populations. L'accès aux
structures financières en présence constitue un facteur qui
explique la nature des pratiques financières en cours dans un espace
géographique. A travers ce chapitre, l'accent est mis sur les dynamiques
et pratiques financières en cours dans la commune d'Ifangni.
5.1 PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE MICRO FINANCE : CAS
DE LA CLCAM - IFANGNI
La CLCAM d'Ifangni fait partie des structures
financières qui concourent au financement des initiatives des
populations. Elle offre des services de la micro finance (épargne et
crédit) aux différentes couches de la population. La CLCAM est
une structure financière mutualiste. Elle collecte au sein de la
population l'épargne en permettant l'ouverture des comptes. On distingue
: le compte sur livret et le compte courante. Elle permet aux artisans, aux
groupements de producteurs agricoles et de femmes, aux directeurs des
établissements d'enseignement et autre personnes physiques et morale de
domicilier les subventions. Ces différents types de dépôts
constituent une partie des ressources transformées en crédit. Les
différents types de crédits sont : le tout petit crédit
aux femmes, le crédit à court terme, le crédit à
court terme allongé, le crédit à moyen terme, le
crédit virage marché.
5.1.1 Etat des activités financière de la
CLCAM
Selon les données obtenues au près de cette
caisse, les dépôts et les crédits sont en pleine
évolution ces deux dernières années avec une augmentation
respective de 9 % et 35 % au 31 décembre 2007. La figure 5
présente les grandes tendances de l'évolution de cette caisse.
Entre 2004 et 2007, les opérations de dépôts au niveau
de
la CLCAM sont en pleine croissance. Par contre entre 2004 et
2006, le volume de crédits octroyés a chuté. Cette
situation s'explique par les crises internes de la caisse au cours de cette
période. En effet, compte tenu des impayés enregistrés en
2004, le conseil de crédit avait décidé de réduire
considérablement les déboursements, ce qui a engendré la
chute du volume de crédits octroyés.
Source : CLCAM Ifangni, 2008.
Figure 5 : Evolution des dépôts et
des crédits de 2004 à 2007
La figure 6 relative à l'évolution des
opérations courantes (ouverture de compte, sociétariat, de
demande de crédit, distribution de crédits) selon le sexe permet
de noter qu'il existe des disparités au niveau des montants
épargnés selon le sexe. La remarque faite est que les femmes sont
plus représentées que les hommes et les personnes morales au sein
des sociétaires de la caisse. Ce qui explique la première place
qu'elles occupent par rapport à l'opération de dépôt
au niveau de la caisse. Mais bien qu'étant majoritaires au sein de la
caisse, elles représentent une faible proportion de
bénéficiaire de crédit.
Source : CLCAM Ifangni, 2008.
Figure 6 : Evolution des
opérations courantes de la CLCAM d'Ifangni selon les effectifs en
2007
La figure 7 met en exergue l'évolution des
opérations courantes selon le volume des montants par sexe. A
l'opposé de la figure n° 6 relative à l'évolution des
opérations courantes (ouverture de compte, sociétariat, de
demande de crédit, distribution de crédits) selon le sexe, la
figure 7 montre qu'en matière de volume de fond ce sont les hommes qui
occupent la première place. Ainsi, A la CLCAM, les hommes
épargnent et obtiennent plus de crédits que les femmes. Ces
différents éléments montrent l'importance de cette caisse
dans les transactions financières dans la commune d'Ifangni.
Selon les informations obtenues auprès des acteurs du
guichet de PADME d'Ifangni, cette structure de micro finance enregistre un fort
taux de bénéficiaires de crédits. Les crédits sont
octroyés sans l'exigence d'une ouverture de compte épargne
préalable contrairement à la CLCAM et les CREP. Ces
dernières exigent avant l'octroi du crédit une ouverture de
compte d'épargne.
Source : CLCAM Ifangni, 2008.
Figure 7 : Evolution des opérations
courantes selon le volume financier en 2007
5.1.2. Caractéristiques des clients des IMF en
place
Les usagers des institutions de micro finance intervenant dans
la commune d'Ifangni, sont répartis dans les trois secteurs
d'activités de l'économie. Le tableau VIII présente la
répartition des adhérents de la CLCAM Ifangni en 2007 selon le
type d'activité. Mais de tous les usagers, on note la
prépondérance du secteur tertiaire qui représente
près de 80,41 %.
Tableau VIII : Répartitions selon les
professions déclarées des sociétaires de la CLCAM
d'Ifangni en 2007
Secteurs d'activités
|
Professions déclarées
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Primaire
|
Agriculteurs
|
10
|
05,15 %
|
Secondaire
|
Artisanat de production
|
28
|
14,43 %
|
Tertiaire
|
Commerçants et services marchands
|
156
|
80,41 %
|
Total
|
194
|
100,00%
|
Source : CLCAM Ifangni, 2008.
D'après la figure 8, la moyenne d'âge des
bénéficiaires de crédit est de 39 ans. La classe
d'âge la plus représentée est celle comprise entre 25 et 35
ans soit 35 %, suivie de celle comprise entre 35 et 45 ans soit 29 %. Ces deux
tranches d'âge représentent plus de 60% de la clientèle
totale. La classe d'âge des 18 et 25 ans est moins
représentée (10%).
Figure 9 : Aire d'attraction des institutions de micro
finance
5.2 PRATIQUES FINANCIERES EN COURS
Les pratiques financières sont cernées à
partir du recours aux différentes structures financières. Les
analyses ont porté sur les systèmes de micro financement que sont
les tontines et les IMF.
5.2.1 Dominance des pratiques communautaires
La commune d'Ifangni est marquée par une nette
prédominance du secteur officieux. Instrument d'épargne,
système de crédit, rassemblement d'amis pour des échanges
d'idées, clubs de rencontres, réseau d'influence sociale, lieu de
partage des joies familiales, groupe de soutien pour les moments difficiles et
notamment pour les deuils, la tontine est tout cela à la fois. En fait,
chaque membre y trouve des avantages qui lui sont propres. On peut signaler
tout de même que pour les jeunes, la tontine est d'abord un instrument
économique, alors que pour les plus anciens, elle permet avant tout la
solidarité collective. Le tableau ci-dessous nous renseigne sur le
recours au système de tontine.
Tableau IX: Accès aux tontines
selon le sexe
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Faites-vous la
tontine ?
|
Effectifs
|
%
|
Effectif s
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Oui
|
38
|
80,85
|
66
|
90,41
|
104
|
86,67
|
Non
|
09
|
19,15
|
07
|
09,59
|
16
|
13,33
|
Total
|
47
|
100
|
73
|
100
|
120
|
100
|
Source : Enquête de terrain, janvier
2008
De l'analyse de ce tableau, il ressort que 86,67% des
personnes enquêtées font recourt aux systèmes de tontines
dont 90,4 1% des femmes contre 80,85% des hommes sur l'effectif total des
usagers enquêtés. Cette situation s'explique par le fait que les
systèmes de tontines constituent les formes d'épargne les plus
accessibles à la population en milieu rural. Elles sont des initiatives
socioculturelles basées sur la confiance et qui trouvent leur
développement dans un cadre géographique où règne
une pauvreté accrue.
La figure ci-dessous présente les différentes
formes de tontine dont les populations ont recours dans cet espace
géographique. Ainsi, la forme de tontine cumulative représente 43
% contre 37 % et 20 % pour les tontines rotatives et commerciales. Notons tout
de même que les tontines cumulative et rotative sont des formes de
tontines mutuelles ou traditionnelles.
Elles sont très répandues dans les milieux
ruraux. Elles permettent de répondre à des besoins primaires,
familiaux. Le succès de ces tontines repose sur le principe de la
stricte égalité, la confiance et le contrôle non
hiérarchique.
Tableau X : Répartition des
enquêtés selon le montant maximum versé
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Montant
|
Effectifs
|
Fréquence
|
Effectifs
|
Fréquence
|
Effectifs
|
Fréquence
|
[200-1000[
|
3
|
7,89 %
|
31
|
46,97 %
|
34
|
32,69 %
|
[1000-2000[
|
9
|
23,68 %
|
16
|
24,24 %
|
25
|
24,04 %
|
[2000-3000[
|
10
|
26,32 %
|
13
|
19,70 %
|
23
|
22,12 %
|
[3000-4000[
|
5
|
13,16 %
|
4
|
6,06 %
|
9
|
8,65 %
|
[5000 et + [
|
11
|
28,95 %
|
2
|
3,03 %
|
13
|
12,50 %
|
Total
|
38
|
100,00 %
|
66
|
100,00 %
|
104
|
100,00 %
|
Source : Enquête de terrain, janvier 2008
Les personnes qui participent à une tontine mutuelle
tirent un bénéfice de leur appartenance au groupe à tour
de rôle. Chacun est censé percevoir autant qu'il a versé.
Il en résulte au sein de ces groupements une dimension sociale
particulière. Ainsi la figure 12 renseigne sur le montant des
levés au niveau des différents groupes de tontines
rencontrés au cours des travaux de terrains.
Source : Enquête de terrain, janvier 2008
Figure 12 : Répartition des groupes de
tontines selon le montant des levés
La tontine est une sorte de caisse de prévoyance
à laquelle chacun des membres adhère en prévision des
difficultés qui peuvent survenir dans sa vie quotidienne. En effet, le
besoin de sécurité face aux différents risques sociaux a
rendu nécessaire le recours aux tontines, celles-ci devenant de
puissants moyens de couverture sociale. Ces derniers indicateurs de l'usage des
tontines montrent l'importance de ce système dans l'augmentation du
patrimoine.
Les tontines mobilisent une importante masse monétaire.
Si l'on compare les formalités à remplir pour devenir membre
d'une tontine à celles qui sont exigées pour acquérir un
crédit dans une institution financière formelle, on ne peut
soutenir que les systèmes de tontines jouent un rôle
économique et social en milieu rural.
5.2.2 Recours aux institutions de micro
finance
L'accès au crédit est un élément
important dans le financement des initiatives économiques. En dehors des
systèmes de tontines, les populations font également recours aux
institutions de micro finance en place. Sur les 120 personnes
enquêtées dans la commune d'Ifangni, 50,83 % ont répondu
avoir obtenu une fois de crédit auprès de ces structures
financières.
Tableau XI : Accès aux institutions de micro
finance
Avez-vous bénéficié d'un crédit
une fois ?
|
Hommes
|
%
|
Femmes
|
%
|
Total
|
%
|
Oui
|
32
|
68,09
|
29
|
39,73
|
61
|
50,83
|
Non
|
15
|
31,91
|
44
|
60,27
|
59
|
49,17
|
Total
|
47
|
100,00
|
73
|
100,00
|
120
|
100,00
|
Source : Enquête de terrain, janvier 2008
Comme l'indique le tableau XI, on note un faible taux de
femmes ayant recours aux services financiers des IMF. Elles représentent
39,73 % contre 68,09 % des hommes. Cette situation s'explique par le fait qu'il
est beaucoup plus facile aux hommes de posséder des garanties pour
pouvoir obtenir des crédits. Ainsi, cela témoigne de l'existence
d'un certain nombre de barrières qui réduisent l'accès des
femmes aux services financiers.
Au regard des informations recueillies lors de nos recherches
de terrain, il ressort que la CLCAM et le PADME sont les structures les plus
fréquentées dans la commune d'Ifangni. Ainsi de l'analyse de la
figure 13 ci-dessous, les femmes enquêtées sont pour la grande
partie des bénéficiaires des services financiers du PADME. Mais
ces réponses doivent être prises avec beaucoup de réserves.
Les individus pour des raisons non définies font recours à
plusieurs structures de micro finance à la fois.
Source : Enquête de terrain, janvier
2008
Figure 13 : Recours aux institutions de micro
finance en place
De l'analyse du tableau XII, il ressort que la majorité
des femmes ayant accepté fournir des informations sur leurs
crédits ont obtenu des montants inférieurs compris entre 50 000 F
CFA et 100 000 F CFA. Il faut mettre dans cette catégorie, les
bénéficiaires des plus petits crédits au plus pauvres du
gouvernement béninois. Ce tableau fait apparaître des
inégalités entre les montants obtenus et le sexe. Mais de
façon générale, plus 60 % des enquêtés ont
obtenu des crédits dont les montants sont supérieurs à 200
000 F CFA.
Tableau XII : Répartition des
enquêtés selon montants de crédits obtenus
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Montants des levés
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
[50 000f-100 000f [
|
00
|
00,00
|
07
|
29,17
|
07
|
13,46
|
[100 000f-150 000f [
|
01
|
03,57
|
03
|
12,50
|
04
|
07,69
|
[150 000f-200 000f [
|
01
|
03,57
|
01
|
04,17
|
02
|
03,85
|
[200 000f-250 000f [
|
07
|
25,00
|
04
|
16,67
|
11
|
21,15
|
[250 000f-300 000f [
|
08
|
28,57
|
05
|
20,83
|
13
|
25,00
|
300 000f et plus
|
11
|
39,29
|
04
|
16,67
|
15
|
28,85
|
Total
|
28
|
100,00
|
24
|
100,00
|
52
|
100,00
|
Source : Enquête de terrain, janvier
2008.
Conclusion partielle
De toutes ces analyses, les groupes de tontines et principalement
les institutions
de micro finance sont les principales sources de financement des
activités génératrice de revenus et d'emploi dans la
commune d'Ifangni.
La présence de ces différents acteurs financiers
dans cet espace frontalier influence les pratiques financières en cours.
Le financement des initiatives des populations par ces acteurs financiers
constitue un véritable atout pour le développement à la
base.
Chapitre 6 : INSTITUTION DE MICRO FINANCE
ET DEVELOPPEMENT LOCAL
Les effets de la diversité des structures et acteurs
financiers peuvent être perçus à travers les pratiques
financières dans l'espace. Ces pratiques influencent
énormément la vie socio-économique des populations. Les
impacts des structures financières sur le développement local
peuvent être de deux ordres : socio- économique et spatial.
Pour mieux cerner l'impact des structures et acteurs
financiers sur le développement local, l'analyse est portée sur
l'utilisation faite des tontines et crédits. Elle met en exergue le
rôle des systèmes de tontines et des institutions de micro finance
dans la vie quotidienne des populations.
6. 1. IMPACTS DES STRUCTURES FINANCIERES SUR LES
ACTIVITES GENERATRICES DE REVENUS
6.1.1. Effets des institutions de micro finance sur les
activités commerciales
Des résultats issus des collectes d'informations et de
données, les crédits octroyés par les institutions de
micro finance servent majoritairement à financer des activités
commerciales (61 %). En deuxième position de l'utilisation du
crédit, viennent les autres activités, qui regroupent
principalement les artisans et les conducteurs de taxi moto. Cette
catégorie représente 27 % de l'utilisation des crédits.
L'agriculture ne représente que 12 % des crédits, ce qui est
relativement faible par rapport à la proportion des ménages
ruraux (Figure 14).
La place prédominante du commerce dans le financement
par le crédit peut s'expliquer en partie par le fait que des produits
offerts sont plus adaptés à des activités commerciales
qu'à l'agriculture. La moyenne de la durée du crédit, est
pour l'ensemble des clients interrogés de 12 mois, avec un
différé moyen de 60 jours. Or ces délais ne semblent pas
correspondre aux besoins des agriculteurs qui ont besoin de plus de temps pour
rentabiliser leurs investissements.
Source : Enquête de terrain, janvier
2008.
Figure 14 : Répartition des
enquêtés bénéficiaires de crédit selon le
type
d'activité financée
Les crédits octroyés aux populations dans la
commune d'Ifangni, sont plus orientés aux activités commerciales
qu'agricoles. Les agriculteurs exerçant une activité commerciale
préfèrent investir leur crédit dans le commerce
plutôt que dans leur production agricole. L'activité dominante
dans ce secteur rural reste la production et la commercialisation de l'huile de
palme.
Le secteur du commerce dans la commune est un des poumons
forts de l'économie locale. C'est un secteur très dynamique qui
mobilise toutes les couches de la population particulièrement les femmes
et les jeunes. Ce dynamisme commercial est illustré par le nombre
important des infrastructures marchandes et leurs fortes concentrations autours
des axes routiers et à Igolo. Ainsi les institutions de micro finance
constituent un véritable support pour le développement des
échanges dans cet espace frontalier.
Il faut souligner également la présence et
l'importance des organisations communautaires de base. Celles-ci constituent
une frange non négligeable des acteurs du développement local.
Les organisations des producteurs et les groupements de femmes sont
omniprésents et prennent une part active dans les échanges
frontaliers. Dans la commune, de nombreux groupements s'activent dans des
activités de commerce ou dans l'artisanat.
La figure n° 15 renseigne plus sur l'utilisation du
crédit selon le sexe. Près de 70 % des femmes utilisent leurs
crédits dans les activités commerciales contre environ 20 % des
hommes. Par contre, les hommes investissent plus dans les activités
artisanales, l'achat de moto pour faire taxi et surtout dans la production de
l'huile de palme.
Photo 4 : Atelier d'un client de la CLCAM et du PADME
Cliché : ASSOGBA G., mai 2008.
La photo ci-dessus présente l'atelier d'un menuisier
rencontré lors des enquêtes de terrain. Ce dernier a obtenu au
cours du mois de mars 2008 deux crédits de 300 000f CFA l'un
auprès de la CLCAM et l'autre auprès du PADME. Les crédits
ont été demandés pour d'une part renforcer sa production
et d'autre part pour achat et stockage d'huile de palme. De ces dits, les
crédits lui ont permis d'acheter une moto qu'il a mise en circulant
comme Zemijan et prendre quelques bidons d'huile rouge.
Généralement le conducteur lui paye 8 000 f CFA par semaine et
ceci pour un contrat de dix huit (18) mois soit soixante-douze semaines
(72).
Les calculs ont révélé qu'au terme du
contrat le propriétaire reste largement bénéficiaire. Ce
client a avoué qu'avec la seule moto en circulation, il rembourse
régulièrement le crédit et participe au groupe de
tontines. Aussi, grâce à ces prêts, il renforce son atelier.
Cette stratégie qui consiste à acheter des motos pour le
Zemijan reste rentable lorsque le conducteur respecte le contrat ce
qui n'est pas toujours le cas. Cette pratique est très répandue
dans notre secteur d'étude.
Un tiers des recettes issues des crédits est
utilisé à des fins de consommation (31 %) sont destinés
à l'achat d'équipement tels que les motos ou les terrains, 19
%
à des dépenses de santé, 14 % pour des
frais de scolarité et 14 % pour des dépenses de
cérémonies. 19 % sont utilisés pour des dépenses
courantes en alimentation et 12 % dans la construction de l'habitat.
L'utilisation du crédit dans la consommation ne peut être
considérée comme un investissement non productif. Il permet aux
ménages de dégager une partie de leur revenu à des fins
directement productives et de répondre à des besoins urgents,
leur permettant ainsi de surmonter des périodes creuses.
6.1.2 Rôle des tontines dans la vie
socio-économique
Les tontines sont des associations financières
informelles auxquelles des personnes souscrivent régulièrement.
Sur les 86,97 % des enquêtés qui participent à un groupe de
tontine, 31 % d'entre eux utilisent les fonds pour les
cérémonies, 27 % dans les dépenses familiales courantes
(scolarisation des enfants, consommation, santé), 23 % dans la
construction et la réfection de l'habitation.
Seulement 12 % ont reconnu avoir investi les fonds dans une
activité génératrice de revenu. Par contre 5 % et 2 % des
enquêtés disent utiliser respectivement les fonds pour une mise en
gage (palmeraie ou terre cultivable), et d'achat de moyens de
déplacement.
~ 75 ~
La figure 16 présente l'utilisation faite des fonds
ramassés au niveau des groupes de tontine.
Source : Enquête de terrain, janvier 2008
Figure 16 : Utilisations faites des
tontines
La tontine mutuelle a une part importante dans le financement
de la vie sociale et économique des populations. De plus elle est
représentée sur l'ensemble du territoire national ce qui permet
d'envisager ses fortes potentialités en matière de mobilisation
de l'épargne collective. Le rôle joué par le secteur
informel dans la mobilisation des ressources est très important. En
effet, les intervenants de ce secteur peuvent stimuler l'épargne en
offrant aux épargnants une rémunération supérieure
à celle proposée par les institutions financières
formelles. Cela tient à plusieurs raisons: des coûts
d'intermédiation plus faibles, une plus grande confiance du public dans
les institutions informelles, une plus grande facilité
d'accès.
De nos différentes observations, nous avons pu
constater que les tontines ont avant tout deux grandes vocations : la vocation
sociale et la vocation économique. Elles ne sont que l'une des
innombrables formes d'associations existantes, à côté des
associations de jeunes, des groupements de femmes ou les groupements villageois
qui fleurissent dans les villages et dans les quartiers de villes. Elles
permettent aux populations d'exprimer leur sens de solidarité. La
tontine privilégie le groupe par rapport à l'individu dont le
comportement était régi par les principes de vie communautaire
imposés par les moeurs et les coutumes.
Le ramassage s'effectue également lors des
cérémonies de baptême ou de décès. A titre
d'exemple lorsqu'un adhérent perd un proche parent, il obtient un
soutien financier qui l'aide à faire face aux dépenses
d'obsèques. Le flux financier généré par les
tontines est matérialisé comme suit :
Revenu à
Bénéfice
épargner
Cérémonie
Source de financement des tontines Destination des fonds issus
des tontines
Commerce
Tontine
Besoin
- Renouvellem ment capital nt capital
Fonds de commerce
Investissement
Source : Auteur, 2008
Figure 17 : Flux financier des tontines
Cette figure montre le flux financier des tontines. Il lie les
tontines à leurs usages et leurs différentes sources de
constitution. Ces tontines sont essentiellement l'argent qui échappe aux
banques.
Le flux financier est vraiment important pour le commerce
informel. Il s'agit du capital du commerce constitué des tontines d'une
part et d'autre part du fonds de leur renouvellement. Le commerce une fois
entrepris, sert également à donner de la tontine. Ces tontines ne
sont rien d'autres que le bénéfice des revendeurs et le revenu
des artisans. Il est donc réversible. C'est ce qui justifie le double
sens des flèches et l'importance de la masse monétaire. La
flèche peut-être également en double sens avec la
réalisation de certains investissements. On peut citer l'exemple d'un
prêt consenti pour la construction d'une maison mise en location et dont
la rente sera placée dans une tontine. Cette tontine une fois
ramassée, servira au remboursement de l'argent investi. Cette pratique
reste souvent secrète mais est très
fréquente.
Les cambistes sont un maillon fort dans le dispositif global
des échanges frontaliers. Ils évoluent dans le commerce de
l'argent : une activité apparemment lucrative. Mais leur
caractère illégal annihile toute volonté de se structurer
et de formaliser le secteur qui échappe, quasiment, au contrôle du
fisc et de la taxation municipale. Malgré le dynamisme incontestable
dont il se prévaut, c'est un secteur qui ne profite qu'aux agents qui
s'y activent.
6.2. EFFETS POSITIFS DES PRODUITS FINANCIERS
6.2.1 Effets sur le niveau de vie des
bénéficiaires
Parmi les enquêtés ayant accepté de nous
fournir des informations sur les effets du crédit sur leurs revenus, 72
% (figure 18) estiment que le crédit leur a permis d'augmenter leur
revenu. Par contre 21 % des clients n'ont pas ressenti de changement de leur
revenu après avoir bénéficié du crédit. Mais
7 % disent avoir connu de baisse de revenu. Selon ces derniers, cette situation
est due à la nature de l'activité financée et surtout
à des imprévus dont les cérémonies ou les cas de
maladie grave. Toutefois, en se basant sur les informations obtenues lors des
enquêtes, on peut affirmer que les effets des crédits sur la
situation socio- économique sont largement positifs.
Source : Enquête de terrain, janvier 2008
Figure 18 : le crédit dans les
dépenses des ménages
D'après les informations obtenues lors de
l'enquête (voir figure n° 19), la première source de
remboursement du crédit avancée par les enquêtés,
est l'activité financée par ce crédit (64 % des
réponses obtenues). Il s'agit de l'utilisation des recettes issues de
l'activité financée. 18 % d'entre eux ont comme première
source de remboursement une autre activité, cela concerne en particulier
le revenu des artisans. 13 % disent avoir remboursé principalement
à partir des systèmes de tontines et 5 % à partir des
prêts auprès d'une proche.
L'utilisation du crédit dans la consommation permet
à certains bénéficiaires de crédit de
dégager une part de leur revenu pour des activités
génératrices de revenu, mais également de faire face
à des situations difficiles (problèmes de santé) ou
à des dépenses ponctuelles de grande ampleur
(cérémonies, frais de scolarité).
Source : Enquête de terrain, janvier 2008
Figure 19 : Effets des crédits sur le
revenu
Les crédits ont assez d'effets sur le
développement de leurs activités génératrices de
revenus. Une grande majorité des enquêtés estime que le
crédit leur a permis de faire davantage de dépenses sociales pour
leur famille. L'obtention de ces crédits a aidé ces personnes
à subvenir aux dépenses d'alimentation, d'éducation, de
santé, ceci pour plus de la moitié d'entre eux. Il s'avère
que plus les clients prennent de crédits, plus ils peuvent faire de
dépenses pour leur famille. Le crédit participe non seulement
à l'amélioration des conditions de vie des ménages
à travers les dépenses familiales courantes, mais aussi à
travers des dépenses d'amélioration de l'habitat.
Les structures financières et particulièrement
les institutions de micro finance ont non seulement un impact positif au niveau
individuel pour les clients et leur famille, mais également sur la
communauté villageoise toute entière. Les crédits
permettent de créer de nouvelles activités économiques
dans les villages créant des richesses supplémentaires.
6.2.2. Les IMF et la polarisation financière dans
la commune d'Ifangni
Sur le plan socio-spatial, les impacts des structures
financières se traduisent par la polarisation des localités. En
effet, de par sa fonction de chef-lieu de commune, la ville d'Ifangni attire
les populations des villages et hameaux les plus éloignés. Ce
phénomène de polarisation est renforcé par l'existence de
nombreuses structures financières dont les institutions de micro finance
et les marchés de change. La dynamique des échanges frontaliers
constitue le véritable facteur de dynamisme des institutions de micro
finance en place. Cet espace frontalier fonctionne exclusivement grâce
aux échanges frontaliers. La figure 20 ci-dessous présente la
polarisation issue de la présence des structures financières dans
la commune d'Ifangni. Cette figure est élaborée à partir
des observations directes effectuées sur le terrain.
De son analyse, il ressort que dans cet espace
géographique, il existe des localités qui constituent des centres
polarisant. Elles sont marquées par l'absence de structures de micro
finance. Cette situation oblige les populations à s'orienter vers les
localités où elles pourront bénéficier des services
financiers de ces structures financières. Ainsi les localités
telles que : Ifangni, Tchaada et Banigbé sont les centres
polarisés.
Figure 20 : polarisation financières dans
la commune d'Ifangni
6.3. Problèmes
6.3.1. Faiblesses du secteur financier local
Les structures financières, quelles soient du secteur
formel ou informel, réalisent des performances très remarquables
dans la commune d'Ifangni. Mais plusieurs problèmes minent le secteur
financier local. Les méthodes de gestion des structures informelles ne
permettent pas d'apprécier efficacement leurs contributions au
développement local.
Les tontines et les banques informelles de change fonctionnent
dans un vide juridique. Pour les économistes, les systèmes de
tontines constituent une réponse efficace au problème de
pauvreté auquel font face les populations exclues des structures
financières formelles. Par contre, ils ne parviennent pas à
satisfaire les besoins de financement des activités économiques.
Les fonds sont plus utilisés dans les dépenses familiales que
dans les activités génératrices de revenus.
Les marchés de changes favorisent
considérablement les activités d'échanges commerciaux dans
l'espace frontalier. L'un des plus grands problèmes qui sévit
dans ce sous secteur financier est l'insécurité. Les cambriolages
sont très fréquents. Les marchés de changes sont soumis
à la variation des taux de changes entre le Naïra et le franc CFA.
De façon formelle, il n'y a pas de partenariat entre les acteurs du
secteur financier informel et les autres institutions de micro finance.
Toutefois les structures mutualistes constituent des banques de
dépôts. C'est le cas de la CLCAM qui abrite un nombre important de
compte d'épargne des groupes de tontines et des tontiniers.
Les institutions de micro finance qui interviennent dans notre
secteur d'étude, sont très peu impliquées dans le
financement de l'agriculture. Elles financent principalement les
activités commerciales et de plus, la majorité des crédits
octroyés par ces structures est orientée vers le commerce. Ces
structures financières sont en principe celles qui devraient être
les mieux adaptées pour répondre aux besoins financiers des
populations exclues des systèmes financiers classiques. Selon les
acteurs du secteur de la micro finance, plusieurs facteurs sont à la
base de la faible implication des institutions de micro finance dans le
financement des activités
agricoles.
En dehors de ces problèmes, d'autres reproches sont
adressées à ces structures financières : les
différés inadaptés au cycle des activités soumises
au financement et la réduction des montants sollicités, le manque
de suivi des activités des clients. Pour bon nombre des
enquêtés, les montants accordés par les IMF sont faibles.
Les institutions de micro finance se limitent à un soutien financier et
n'apportent pas l'accompagnement, le conseil, l'information voire la formation
susceptible d'aider à la réussite des initiatives. La frange de
la population la plus pauvre est exclue des services d'épargne et de
crédit. En effet, bien que les IMF affichent des objectifs
d'accessibilité élargie des pauvres aux services financiers,
aucune d'entre elle à notre avis ne mène des politiques de
ciblages volontaristes en faveur de cette catégorie.
6.3.2. Difficultés rencontrées par les
populations
Les activités économiques et
spécifiquement celles des initiatives locales telles que l'agriculture
présentent des risques importants, divers (climatique,
économique) souvent difficiles à maîtriser. A titre
d'exemple, on peut citer :
- le capital humain rural est souvent faiblement
développé : analphabétisme, faible niveau de
scolarisation, manque de capacité de gestion économique.
- Le détournement du crédit
vers des objectifs autres que ceux pour lesquels il est octroyé. Cette
situation réduit les possibilités de remboursement des
prêts ce qui se trouve à la base des impayés
enregistrés au niveau des caisses.
- La grande méfiance des populations
vis-à-vis des institutions de la micro finance. En effet 97,69 % des
producteurs agricoles ont une préférence pour les tontines
tournantes, 21 % ont peur de s'endetter et 15 % d'entre eux ont jugé les
taux d'intérêt élevés.
- L'éloignement des institutions de
micro finance, la majorité est concentrée au niveau du chef lieu
de commune ce qui limite l'accès de toutes les couches sociales aux
services financiers.
Les difficultés imputables aux populations sont
liées aux spécificités
caractérisant les conditions de vie de ces
dernières. L'absence ou insuffisance de garanties réelles est un
facteur qui limite l'accès aux services financiers.
Généralement les bénéficiaires de crédit
n'ont pas de garanties réelles formelles et satisfaisantes pour leur
dossier de crédit. Ils éprouvent d'énormes
difficultés à fournir les garanties financières et
matérielles exigées. Ces difficultés sont dues à la
complexité du régime foncier en milieu rural et à
l'extrême pauvreté.
Même si beaucoup de personnes reconnaissent l'importance
des prêts obtenus auprès des IMF dans la rentabilité de
leurs activités, ils sont nombreux à avoir de difficultés
pour rembourser les crédits. La figure 21 présente les sources de
remboursements des prêts. Elle montre que la majorité des
crédits sont remboursés grâce à l'activité
qu'ils financent (56 %). Une part d'entre eux est remboursée grâce
aux activités secondaires. Le recours aux groupes de tontines et proche
surtout en période de difficultés est très importante (39
%).
Source : Enquête de terrain, janvier 2008
Figure 21 : Les sources de remboursements
des prêts
D'une façon générale, les
problèmes qui se posent en matière de financement du
développement local sont certes multiples et complexes, mais ils ne sont
ni inéluctables, ni insurmontables. Si les principes d'accès au
financement des structures bancaires posent de sérieux problèmes
à la majeure partie de la population, les systèmes financiers
décentralisés représentent un segment dans le secteur
financier local.
CONCLUSION
Le présent mémoire de maîtrise est
l'aboutissement d'une recherche qui se veut avant tout une étude
géographique et une contribution à l'évaluation des effets
des structures financières sur le développement des initiatives
socio-économiques dans la commune d'Ifangni. Au terme de cette
étude, il convient de mentionner que cette localité est un espace
géographique favorable à l'implantation et au
développement des structures financières en
générale et des IMF en particulier. La diversité des
composantes du secteur financier local constitue un atout pour le
développement local. Aussi l'accès aux services financiers
illustre-t-il d'importantes inégalités territoriales. A titre
d'exemple la majorité des bénéficiaires de crédit
se trouve résident ou exerçant leurs professions dans le secteur
Ifangni-Igolo d'une part, et Kétoukpè-Banigbé d'autre
part. de ce fait, la distance constitue un handicap à l'accès aux
institutions de micro finance en place. Cette situation ne favorise pas
l'amélioration de la situation socio-économique des paysans.
Cependant, avec la mise en place des institutions de micro
finance, la plupart des populations ont accès à un système
formel d'épargne et de crédit. On reconnaît
généralement que ces institutions peuvent aider à
réduire la pauvreté. Le premier canal est direct puisque par le
financement d'activités, ces institutions favorisent les
activités de production (ou parfois des activités mixtes de
production ou de consommation) des ménages ou de la petite et micro
entreprise. Le deuxième canal est indirect et provient principalement
des revenus et des emplois créés, en particulier grâce
à l'accès au crédit et aux autres services par ces petites
et micro entreprises. Mais, la participation des IMF au financement de projet
en faveur de la communauté villageoise, tels que des projets d'adduction
d'eau, la rénovation d'écoles ou de dispensaires, est
inexistante.
Compte tenu des différentes difficultés qui
entravent le développement des populations à la base, il
paraît important de faire des suggestions dans le sens de
l'amélioration des prestations des structures et acteurs financiers en
place et de la gestion des services financiers octroyés. A cet effet, il
faut d'abord un réel partenariat entre les différents acteurs
financiers afin d'éviter surtout les
cambriolages. Les institutions de micro finance doivent inciter
les acteurs du secteur financier informel à faire des ouvertures de
comptes afin de sécuriser leurs fonds.
Ces dispositions qui concourent au renforcement des IMF en
terme de capacité de financement auront comme avantage de toucher un
plus grand nombre de personnes. Il faut également rapprocher les IMF des
populations. A cet effet les IMF doivent accorder une importance capitale
à l'analyse des dossiers de demande de prêts afin de limiter les
risques de non remboursement. Aussi faut-il des mécanismes de
contrôle et d'évaluation de l'incidence économique et
sociale des crédits octroyés pour mieux apprécier l'impact
des interventions. Pour promouvoir l'accès de toutes les couches aux
services financiers des IMF, il faut que l'Etat aide les IMF à
réduire la complexité des formalités à remplir pour
l'obtention d'un prêt.
Pour le gouvernement béninois, le micro crédit
est considéré comme un levier important pour la réduction
de la pauvreté. Ainsi il est mis en place un projet
dénommé « Accès au crédit » qui vise
l'amélioration durable des IMF au financement de l'économie
à travers une réduction substantielle du coût de
crédit, et une diversification des services financiers. C'est dans cette
perspective qu'est créé le fonds national de la micro finance par
le décret n° 2006-301du 27 juin 2006. Il a pour objectifs d'une
part, le refinancement et la mise en place de lignes de crédits au
profit des IMF intervenant en faveur des couches démunies. Et, d'autre
part de garantir les prêts et la bonification des intérêts
au profit des populations cibles, dont les jeunes et les femmes. Si les
objectifs du fonds sont fortement louables, on désapprouve sa «
politisation », ce qui à cours sûr obstruera les
résultats attendus.
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48. TOVO M., 1995 : Réduire la pauvreté au
Bénin. C.E.D.A, 338 p.
49. VENET B., 1994 : Libéralisation Financière
et Développement Economique. In Revue d'Economie financière.
N°29, pp 87-111.
50. VIGAN C., 2007 : Structuration spatiale et impacts des
marchés fonciers sur l'urbanisation à Porto-Novo : cas des
quartiesr Tokpota2 et Akonaboè. AbomeyCalavi, UAC, FLASH, DGAT,
Mémoire de Maîtrise.
http://www.globenet.org/horizon-local/
LISTE DES FIGURES
Figure n° 1 Situation géographique de la commune
28
Figure n° 2 Evolution de la population totale de 1979
à 2002 . 31
Figure n° 3 Structuration spatiale des infrastructures
économiques . 38
Figure n° 4 Taille de la population et répartition
spatiale des structures et acteurs
financiers 54
Figure n° 5 Evolution des dépôts et des
crédits de 2004 à 2007 . 59
Figure n° 6 Evolution des opérations courantes de la
CLCAM d'Ifangni selon les effectifs en 2007 60 Figure n° 7 Evolution
des opérations courantes selon le volume financier par en
2007 61
Figure n° 8 Classe d'âge des
bénéficiaires de crédit 62
Figure n° 9 Aire d'attraction des institutions de micro
finance 63
Figure n° 10 Répartition des enquêtés
selon le type de tontines pratiquées 65
Figure n° 11 Répartition des enquêtés
selon la périodicité des souscriptions 66
Figure n° 12 Répartition des groupes de tontines
selon le montant des levés 67
Figure n° 13 Recours aux institutions de micro finance en
place .. 69
Figure n° 14 Répartition des enquêtés
selon l'activité financée par le crédit 72
Figure n° 15 Destination des crédits selon le sexe .
73
Figure n° 16 Utilisation faite des tontines . 76
Figure n° 17 Flux financier des tontines 77
Figure n° 18 le crédit dans les dépenses des
ménages 79
Figure n° 19 Effets des crédits sur le revenu ..
80
Figure n° 20 Polarisation financière dans la commune
d'Ifangni .. 81
Figure n° 21 Les sources de remboursements des prêts
85
LISTE DES TABLEAUX
Tableau I Composition de l'échantillon d'enquête
21
Tableau II: Evolution et répartition spatiale de la
population 31
Tableau III : Moyenne de la production végétale et
animale sur cinq ans 36
Tableau IV : Répartitions des IMF selon la
catégorie . 44
Tableau V : Comparaison des taux de couverture des IMF par
habitant dans les
Communes du Plateau et la ville de Porto-
Novo 45
Tableau VI : Répartition des tontines selon le
montant élevé et la fréquence des
cotisations . 52
Tableau VII : Répartition des cambistes
rencontrés dans la commune d'Ifangni .... 54
Tableau VIII : Répartitions selon les professions
déclarées
des sociétaires de la CLCAM d'Ifangni en 2007 61
Tableau IX: Accès aux tontines selon le sexe . 64
Tableau X I: Répartition des enquêtés selon
le montant maximum versé .. 67
Tableau XII Accès aux institutions de micro finance .
68
Tableau XIII : Répartition des enquêtés selon
montants de crédits obtenus . 75 LISTE DES PHOTOS
Photo n°1 Le marché de Kétoukpè en
pleine animation 39
Photo n°2 Enseigne de la CREP de Banigbé . 46
Photo n°3 Les hangars du marché de change
d'Ayétèdjou . 57
Photo n°4 Atelier d'un client de la CLCAM et du PADME ..
74
Fiche d'enquête n°1
La présente fiche d'enquête s'inscrit dans le
cadre des recherches de terrain d'un étudiant en Année de
Maîtrise en Géographie à l'Université
d'Abomey-Calavi. Elle lui assurera un support géographique et
statistique pour la rédaction de son mémoire de maîtrise
sur le thème : Structuration spatiale et impacts des
institutions de micro finance sur le développement local dans la commune
d'Ifangni.
1-IDENTIFICATION
1.1 Age 1.2 Sexe : M /__/ F /__/ 1.3 Profession
1.4. Niveau d'étude :
-Aucun /__/ -Primaire /__/ -Secondaire /__/
-Supérieur/__/
1.5. Savez-vous lire et écrire dans une langue locale ?
Non /__/ Oui/__/:
laquelle .
1.6. Etes-vous marié ? Oui/ __/ Non /__/
Si Oui, il y a combien de personnes dans votre ménage
|
Masculin
|
Féminin
|
total
|
Enfant(s)
|
|
|
|
Adulte(s)
|
|
|
|
Total
|
|
|
|
1.7 Où habitez-vous ? (Remplir le tableau ci-dessous)
Commune
|
Arrondissement
|
Village/quartier
|
1.9. Quelle (s) activité (s) exercez-vous?
1.10. Quelle est l'activité qui constitue votre principale
source de revenu ?
1.11. Depuis combien de temps exercez-vous cette
activité ?
1.12 Où exercez-vous cette activité ? (Remplir le
tableau ci-dessous)
|
Localisation
|
date de création
|
Activité principa le
|
nbre d'em- ployés
|
Infrastructure
|
Enseigne
|
Arrond
|
village/quar tier
|
Plein aire
|
Apatam
|
Baraque
|
boutique
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1.13 .Quelle (s) source(s) de financement -Autofinancement/__/
-Prêt /__/ -Système de tontine /__/ -Crédit auprès
d'une IMF/__/
-Projet et ONG/__/ -Mise en gage de parcelle/__/
2-A CCES AU SYSTEMES FINANCIERS
INFORMEL
2.0 Faites-vous la tontine ? Oui /__/ Non /__/ Si oui,
répondez aux questions 2.1 à 2.6
2.1 Depuis combien de temps faites-vous la tontine?
2.2 Quelle(s) tontine(s) faites-vous?
Mutuelle/__/ Commerciale /__/ Ambulante/__/
2.3 Pourquoi faites-vous la tontine?
-Epargner de l'argent/__/ -Avoir un fond de renforcement de votre
activité /__/
-Avoir un fond pour préparer les fêtes ou
cérémonies /__/ -Avoir de l'argent en cas
imprévu /__/
-Autre raison
2.4 Quel(s) montant(s) avez-vous versé ? Montant maxi
Montant mini
2.5 Quelle est la fréquence de votre souscription ?
-Tous les jours /__/ -Tous les 3jours /__/ -Tous les 5jours /__/
-Tous les 8jours /__/ -Tous les 15jours /__/ -Tous les 1mois /__/ 2.6 Pour
votre dernier ramassage, qu'avez-vous fait avec les fonds
-achat d'un moyen de déplacement /__/ -achat de terrain,
/__/
-construction de maison, /__/ -cérémonies /__/
-scolarisation des enfants, /__/ -prise d'une mise en gage
/__/
-imprévus /__/ (Préciser)
3-ACCES AUX INSTITUTIONS DE
MICROFINANCE
3.0 Avez-vous bénéficié d'un crédit
une fois ? Oui /__/ Non /__/ Sinon, pourquoi ?
- Manque d'information /__/
- Manque de garantie /__/
- Honte de s'endetter /__/
-Autre raison
Si oui, répondez aux questions à
3.2 Depuis combien de temps bénéficiez-vous des
crédits ? -Plus de 5 ans /__/ -5 ans /__/ - 4 ans /__/
-3 ans /__/ - 2 ans /__/ - 1 an /__/ - moins d'un 1 an/__/
3.3 Dans la commune à quelle(s) structure avez-vous
recours ? CLCAM/__/ PADME /__/
PAPME/__/ CREP/__/ ONG/__/ Laquelle
Autre /__/ (Préciser) 3.4 Pourquoi avez-vous choisi
cette structure ?
-Le coût du crédit très important /__/
-Condition très acceptable /__/
-Proximité de la structure/__/
-Autre raison /__/ (Préciser)
3.5 Pour votre dernier crédit obtenu
Montant demandé
|
Montant reçu
|
Durée du prêt
|
Modalité de remboursement
|
|
|
|
|
3.6 Pourquoi avez-vous demandé à obtenir un
crédit ? -Investir dans votre activité principale /__/
-Entreprendre une nouvelle activité /__/
-Pour les besoin de famille
-Autre /__/ Préciser
3.7 Qu'avez-vous fait avec le prêt
-Achat d'une moto pour faire zemijan /__/ -Commerce de divers
/__/
-Transformation et commerce des produits agricoles /__/
-Production agricole /__/ -Commerce de moto d'occasion /__/
-Autre à préciser 3.8 Combien vos
activités vous rapportent par mois ?
-Moins de 20.000 / / -de 40.000 à 60.000 / /
__
-De20000 à 40.000 /__/ -de 60.000 à 100.000 /__/
-Plus de 100.000/__/
3.9 Quelle est votre source de remboursement du prêt ?
-Revenu de l'activité financée /__/ -Revenu issu
d'une autre activité /__/
-Ramassage de tontine Mise en gage /__/ -Prêt
auprès d'une tierce personne /__/ -Autre source de remboursement/__/
laquelle 3.11 Quelle est évolution de votre revenu ?
Stagnation /__/ Augmentation /__/ Baisse /__/
3.12 Qu'avez-vous fait des revenus obtenus ?
-achat d'un moyen de déplacement /__/ -achat de terrain,
/__/
-construction de maison, /__/
-scolarisation des enfants, /__/ -prise d'une mise en gage
/__/
-imprévus /__/ (Préciser)
3.13 Quelle(s) utilisation (s) avez-vous fait du crédit
dans la consommation au sein de votre ménage ?
Alimentation /__/ Accès au soin de santé /__/
Achat d'équipement dans le ménage /__/ _
Organisation de cérémonies /__/
Education des enfants /__/ autre utilisation /__/ Préciser
3.14 Le crédit vous a-t-il permis d'épargner? Oui
Non
3.15 Où gardez-vous votre épargne ?
- Maison /__/
- Tontinier /__/
- Coopérative ou mutuelle d'épargne et de
crédit /__/
3.16 Pourquoi avez-vous préféré cette option
?
3.17 Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans
le remboursement des crédits ?
3.18 Quelles sont les solutions que vous préconisez ?
Nom et prénom de l'enquêté
.
Nom et prénom de l'enquête
Fiche N° : / __/ __/ __/ __/
Date de l'enquête : /__/__/ /__/__/ /__/__/ Lieu de
l'enquête
micro finance en place 26
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE..................................................................
2
DEDICACE . 3
REMERCIEMENT .. 4
DEFINITION DES SIGLES ET ACRONYMES 6 INTRODUCTION 7
PREMIERE PARTIE : CADRES THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE... 9
Chapitre 1 : Problématique et aperçu des
connaissances sur le sujet 10
1.1. La problématique 10
1.1.1. Le problème 10
1.1.2 Objectifs et hypothèses de recherche 12
1.1.2.1. Objectifs 12
1.1.2.2 Hypothèses de recherche 13
1.2 Aperçu de la littérature sur le sujet 13
Chapitre 2 : Elément méthodologique .. 20
2.1. Echantillonnage 20
2.1.1 Choix des lieux d'enquête 20
2.1.1 Sélection des enquêtés 21
2.2 Collecte des données 22 2.2.1 Outils de
collecte 22
2.2.2 Période et différentes phases des travaux de
terrain . 23
2.3 Traitement, analyse des données et limites du travail
24
2.3.1 Traitement et analyse des données 24 2.3.2
Difficultés et limites du travail . 24 DEUXIEME PARTIE :
Présentation de la commune d'Ifangni et des institutions de
Chapitre 3 : Commune d'Ifangni : un espace favorable 27
3.1. Les facteurs géographiques et socioculturels 27
3.1.1. Milieu naturel 27
3. 1. 2. Peuplement et données démographiques ..
29
3.1.2.1 Peuplement de la commune d'Ifangni .. 30
3.1.2.2 Evolution et répartition spatiale de la
population 30
3.1.2.3 Structure socio-économique de la population
32
3.2 L'économie locale dans la commune d'Ifangni 33
3.2.1 Les activités commerciales 34
3.2.2. Les activités agricoles 34
3.2.3 L'artisanat et les services 36
3.2.4. Les infrastructures économiques 37 3.3.
Services socio communautaires de base .. 40 Chapitre 4 : Structures et acteurs
financiers en place : typologie et
organisation spatiale 42 4.1 Diversité des
institutions de micro finance 42
4.1 .1. Cadre juridique d'intervention des IMF 42
4.1.2 Institutions de micro finance formelle .. 43
4.1 .2.1 Structures mutualistes ... 46
4.1.2.2 structures non mutualistes . 48
4. 2. Le secteur financier informel 49
4. 2. 1. Les systèmes de tontine 49
4.2.1.1 Les groupes de tontine mutuelle. 50
4.2.1.12 La tontine commerciale 52
4.2.2 Autres acteurs financiers en place : les cambistes 53 4.3
Organisation spatiale des structures et acteurs financiers 55 TROISIEME
PARTIE : SYSTEMES FINANCIERS ET DYNAMIQUES
SOCIO-ECONOMIQUES DANS LA COMMUNE D'IFANGNI .. 58 Chapitre 5
: Dynamiques des structures financières 58
5.1 Performances des IMF : Cas de la CLCAM 58
5.1.1 Etat des activités financières de la CLACM ..
58
5.1.2 Caractéristiques des clients des IMF en place .
61
5.2 Pratiques financières en cours dans la commune
d'Ifangni .. 64
5.2.1. Dominance des pratiques communautaires 64
5.2.2 Recours aux institutions de micro finance 68
Chapitre 6 : Les structures financières : de
véritables
acteurs du développement local 71
6. 1. Impacts des structures financières sur les
activités génératrices de revenus . 71
6.1 .1 Effets des institutions de micro finance sur les
activités commerciales ... 71
6.1.2. Rôle des tontines dans la vie
socio-économique . 75
6.2 Effets positifs des produits financiers 78
6.2.1 Effets sur le niveau de vie des bénéficiaires
. 78
6.2.2. Les structures financières et la polarisation
interne .. 80
6.3. Problèmes . 82
6.3.1. Faiblesses du secteur financier local . 82
6.3.2 Difficultés rencontrées par les populations
83
CONCLUSION 86
BIBLIOGRAPHIE . 88
LISTE DES FIGURES, TABLEAUX ET PHOTOS 92
RESUME
L'accès aux ressources financières au niveau
local par toutes les couches de la société constitue un outil
majeur de développement à la base. La présente
étude vise à analyser la dynamique spatiale et économique
impulsée par les structures et pratiques financières sur le
développement local dans la commune d'Ifangni.
Les enquêtes de terrains pour la collecte des
informations ont été effectuées auprès des
structures et acteurs financiers sans escomptés leurs usagers. La
présence de ces structures constitue un facteur déterminant des
pratiques financières encours dans cet espace géographique. Ces
pratiques influencent la vie sociale et économique des populations tout
en contribuant au développement de la commune d'Ifangni.
Cette étude nous permet de conclure que les structures
et acteurs financiers représentent un dispositif très important
dans le développement socio-économique.
Mots clés : Secteur
financier local - Développement local - Espace frontalier- Institution
de Micro finance.
AB STRAT
The access to the financial resources at the local level by
all the layers of the society constitutes an important tool for development at
the base. The present study aims at analyzing space and economic dynamics
impelled by the structures and financial practices on local development in the
Ifangni district.
The investigations on the field for the collection of
information were made with the financial organisation actors without ignoring
their users. The presence of these structures constitutes a decisive factor of
the financial practices which are going on in this geographical area. These
practices influence the social and economic life of the populations while
contributing to the development of the Ifangni district. This study enables us
to conclude that the financial structures and actors represent a very important
device in the socio-economic development.
Key words: Local financial sector-
local Development -Frontier space- Institution of Micro finance.
|