I.2. L'asymétrie de l'information :
L'asymétrie d'information signifie que tous les agents
économiques ne disposent pas de toute l'information. Les dirigeants de
sociétés ont ainsi, du fait de leur position, une information
privilégiée sur la situation et les perspectives de
développement économique et financier de la firme. Cette
asymétrie explique que, dans certaines circonstances, le recours
à des contrats de dette sera privilégié. Entre
l'entreprise et ses bailleurs de fonds, trois catégories
d'asymétries d'information peuvent être
distinguées :
· Des asymétries d'information apparaissent avant
la signature du contrat de prêt dans la mesure où les
prêteurs peuvent difficilement discriminer de manière efficiente
parmi les différentes demandes de projets de financement. Ces
asymétries d'information, que l'on peut qualifier d'ex ante, sont
à l'origine du phénomène de sélection adverse sur
le marché du crédit (Stiglitz, Weiss, 1981). Pour cette raison,
le taux d'intérêt ne constitue pas un bon mécanisme de
régulation sur ce marché. Une hausse des taux peut induire la
sortie du marché des emprunteurs les moins risqués, seuls les
plus mauvais risques demeurent.
· Des asymétries d'information apparaissent
pendant le déroulement du contrat. L'emprunteur peut choisir, parmi ses
projets d'investissement, un projet plus risqué que le projet
effectivement présenté au prêteur et sur la base duquel il
avait obtenu son crédit. Si le prêteur observe uniquement le
revenu réalisé par l'emprunteur, il ne connaît pas avec
exactitude la nature du projet effectivement réalisé. Il doit
déterminer si, par exemple, une réduction des
revenus réalisés résulte de la mauvaise gestion de la
firme par le dirigeant ou d'une réaction normale de l'entreprise aux
variations conjoncturelles de son environnement. Ces problèmes d'agence
sont qualifiés d'aléa moral.
· Enfin, des asymétries d'information peuvent se
révéler ex-post. Le prêteur ne peut alors évaluer
avec exactitude le taux de rendement du projet réalisé par
l'emprunteur qui peut être incité, pour minimiser ses
remboursements, à déclarer un revenu inférieur au revenu
effectivement réalisé (Williamson, 1986), ce qui a
été qualifié d'opportunisme. Il peut en être ainsi,
par exemple, pour le financement des besoins transitoires. En effet, « si
l'on considère que les dirigeants protègent les
intérêts des seuls anciens actionnaires, une émission
d'actions sera mal accueillie. À la limite, pourrait-elle signifier aux
yeux d'éventuels investisseurs que le cours atteint par les actions est
jugé trop élevé par les dirigeants? Les nouveaux
actionnaires exigent donc une prime de risque importante, ce qui favorise les
autres formes de financement» (de Bandt, Jacquinot, 1991).
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