Université de la Manouba
Institut Supérieur de Comptabilité
& d'Administration des Entreprises
Mémoire pour l'obtention d'une
maîtrise
en Sciences de Gestion.
Spécialité :
« Techniques Comptables et
Financière »
Les déterminants de la structure du capital des
firmes: Revue de la littérature théorique
et empirique.
Présenté par
Ahlem YAAKOUBI
Olfa RIAHI
Encadré par : Mme Raja
AKREMI
Juin 2007
Remerciements
Nous remercions tout d'abord Allah le tout puissant de
nous avoir aider et nous donner patience et courage durant ces longues et dures
années d'études.
Nos remerciements s'adressent ensuite à :
Notre professeur et encadrant, Madame Raja AKREMI, qui n'a
épargné aucun effort pour nous aider à mener à bien
ce travail.
Merci à tous ceux qui ont contribué de
prés ou de loin à l'accomplissement de ce travail.
Dédicaces
Dédicaces - Olfa
A mon père pour ses sacrifices, que Dieu le
protège.
A ma mère pour ce dont elle a rêvait et pu avec
la grâce de Dieu réaliser.
A mes soeurs Hajer, Sara et Abir.
A Adel pour leur soutien moral.
A toute la famille.
A tous mes amis.
A toute ma classe pour les bons moments qu'on a
passés ensemble durant les études.
Dédicaces - Ahlem
A mes parents : Rien au monde ne pourra compenser les
sacrifices que vous avez consentis pour mon éducation, ma formation et
mon bien être. Que Dieu vous protège, vous garde, vous prête
longue vie et bonne santé.
A mes soeurs et frères pour leur soutien moral et
matériel.
A toute ma famille.
A tous mes amis et surtout HAJER.
A toute ma classe pour les bons moments qu'on a
passés ensemble durant les études.
TABLE DES MATIERES
Introduction générale
................................................................................................
03
Chapitre I: La théorie de Trade
Off......................................................................06
Section I : La littérature
théorique ......................................................................07
I.1. La fiscalité favorise
l'endettement.................. ...................................10
I.2. Coût de
faillite............................................................................
11
I.3. Coût d'agence.............
.................................................................14
Section II : La littérature
empirique............................................................
........ 18
II.1. La variable
endettement.................................................................18
II.2. Les variables explicatives de
l'endettement..........................................20
Chapitre II: La théorie de Pecking
Order..............................................................26
Section I : La littérature
théorique ......................................................................27
I.1.
Définition...................................
..............................................28
I.2. L'asymétrie
d'information............................................................ 30
I.3. Les modèles de la
théorie de financement hiérarchique
...........................31
I.4. Les implications de la
théorie de pecking order............ ..........................35
Section II : La littérature
empirique...........................................................
........ 36
II.1. La variable
endettement.................................
...............................36
II.2. Les variables explicatives de
l'endettement.........................................39
Chapitre III: La théorie de Market
Timing.............................................................44
Section I : La littérature
théorique ......................................................................45
I.1.
Définition..................................................
...............................46
I.2. Comportement de
timing............................................................. ..46
I.3. Les principaux travaux
empiriques portant sur les déterminants de la structure
de capital dans l'optique de la
théorie de Market Timing.............................47
Section II : La littérature
empirique............................................................
........ 48
II.1. La variable
endettement................................
................................48
II.2. Les variables explicatives de
l'endettement.........................................49
Chapitre VI: Les confrontations des trois
théories
...................................................54
Section I : Comparaison selon
la littérature théorique.....................
........................55
Section II : Comparaison selon les
variables explicatives...... ...................................
57
Conclusion
générale........................................................................................61
Annexe.........................................................................................................63
Références
bibliographiques..............................................................................65
Introduction générale
La réflexion académique relative au choix et aux
déterminants de la structure financière d'une entreprise
connaît historiquement plusieurs approches.
L'approche classique qui se base sur le concept comptable
d'effet de levier financier. Elle postule l'existence d'un point neutre de
rentabilité de l'entreprise, qui permet de définir d'une part
l'endettement comme un avantage croissant pour l'actionnaire (effet de levier
financier positif) et l'autre part l'endettement présente un
désavantage croissant pour l'actionnaire.
L'approche néo-classique naît de l'article
fondamental de Modigliani et Miller (1958). Ils ont confirmé à
priori l'absence de toute corrélation entre la valeur de l'entreprise et
sa structure financière. Dans une seconde étape avec
l'introduction de l'impôt sur les sociétés, la valeur de
l'entreprise devient une fonction croissante de son niveau d'endettement
(Modigliani et Miller (1963)). Miller (1977) élargit le cadre
défini par Modigliani et Miller (1958-1963) en intégrant les
impôts sur les revenus des personnes physiques. Dans un tel contexte,
où on tient compte à la fois de la fiscalité corporative
et personnelle, Miller a soutenu l'idée que la valeur de la firme est
indépendante de sa structure financière. Pour cette
dernière il n'existe pas de structure optimale de capital.
Enfin, une troisième approche, connue aujourd'hui sous
le nom de "théorie moderne de la firme" naît au milieu des
années '70, a été proposé pour relâcher des
hypothèses de modèle de Modigliani et Miller. Les principaux
courants qui apparaissent à ce stade dans la
littérature scientifique et qui envisagent explicitement la
problématique du choix d'une structure financière sont, d'une
part deux qui semblent en concurrence ; la théorie de trade off et
la théorie de pecking order et d'autre part une troisième
théorie suggère de prendre en compte les insuffisances de ces
deux précédentes : la théorie de market timing.
L'objectif de ce mémoire consiste à
étudier les variables qui expliquent la structure du capital et ses
corrélations avec l'endettement dans le cadre de la théorie de
trade off, la théorie de pecking order et la théorie de market
timing.
En effet, la prise en compte de la fiscalité et des
coûts de faillite suggère l'existence d'un ratio optimal de dette
(Target Ratio). Ce courant théorique est connu sous le nom de la
théorie de compromis ou « The Static Trade-off Theory » (STT).
Donc d'un coté, la théorie de l'endettement optimale (STOT) a mis
en balance les avantages fiscaux et incitatifs de la dette avec les
coûts de faillite et les conflits entre les actionnaires et les
créanciers. De l'autre, la différence fondamentale entre
l'autofinancement et le financement externe a été
soulignée par les approches du financement hiérarchique.
Le deuxième cadre théorique qui a
contribué à expliquer le comportement financier des firmes se
manifeste dans la théorie du financement hiérarchique ou «
Pecking-Order- Theory » (POT). Ce courant de recherche, initié par
Myers et Majluf 1984, consiste à établir un classement entre les
financements. Par exemple, privilégier l'autofinancement, mettre en
second rang l'endettement et choisir en dernier ressort l'émission
d'actions. L'hypothèse de base qui guide le raisonnement financier de
cette théorie est celle de l'asymétrie informationnelle.
Selon la théorie de Market Timing, les firmes
émettent des actions lorsque les cours sont élevés et les
racheter lorsque les cours sont en baisse. Par Market Timing, il faut entendre
la technique d'arbitrage par laquelle un investisseur souscrit et
rachète ou convertit systématiquement des parts ou actions d'un
même organisme de placement collectif dans un court laps de temps en
exploitant les décalages horaires et/ou les imperfections ou
déficiences du système de détermination de la valeur nette
d'inventaire de l'organisme de placement collectif.
Ce mémoire comporte quatre grands chapitres. Le premier
présentera les fondements de la théorie de trade off. Nous les
aborderons à partir d'une littérature théorique et d'une
littérature empirique. Le deuxième chapitre sera consacré
à la théorie de pecking order, la base de la littérature
théorique est détaillée dans la première section.
Dans la deuxième section, plusieurs travaux viendront conforter ou
enrichir la conception de l'ordre hiérarchique des sources de
financement. Dans le troisième chapitre, nous allons commencer par
développer la littérature théorique de la théorie
de market timing et nous terminerons par exposer la partie empirique de cette
théorie.
La confrontation entre les théories citées dans
les trois chapitres fera l'objet du quatrième chapitre. Nous
présenterons dans la première section une comparaison selon leurs
définitions théoriques, la deuxième section sera une
comparaison selon les facteurs explicatifs de l'endettement de chaque
théorie.
Chapitre I
La Théorie de Trade-Off
A la suite des travaux de Modigliani et Miller (1958 et
1963) sur la structure financière du capital de l'entreprise,
différentes théories ont été proposées pour
relâcher notamment l'hypothèse du marché parfait. Parmi
celles-ci la théorie du ratio optimal d'endettement.
Cette théorie s'appuie sur la notion d'arbitrage tout
en prenant en compte différents coûts tels que les coûts de
faillite Myers (1984) et les coûts d'agence Jensen et Meckling
(1976) ; Jensen (1986).
Dans ce cadre, un ratio d'endettement optimal doit
résulter d'un arbitrage entre les gains potentiels liés à
l'endettement d'une part, et les risques et les coûts que font peser ce
même endettement d'autre part.
La section suivante rappelle les principales analyses
théoriques de la théorie d'arbitrage nommée aussi la
théorie de trade off. Les différentes analyses empiriques sont
exposées dans la seconde section.
Section I : La littérature
théorique
Dans le cadre des théories financières
traditionnelles, le modèle Modigliani et Miller (1958) montre qu'en
absence de fiscalité et en présence des marchés financiers
parfaits, la structure financière apparaît neutre sur la valeur de
marché de l'entreprise.
En effet, en présence d'impôt sur les
sociétés, Modigliani et Miller (1963) suggèrent un
endettement maximum afin de profiter d'avantage procuré par
l'économie fiscale et ce lorsque la difficulté financière
est sans coût.
Miller (1977) élargit le cadre défini par MM en
intégrant les impôts sur les revenus des personnes physiques. Dans
un tel contexte, où on tient compte à la fois de la
fiscalité corporative et personnelle, Miller conclut que l'endettement
n'a aucune incidence sur la valeur de la firme. Pour cette dernière il
n'existe pas de structure optimale du capital.
Par ailleurs, depuis la série des travaux de Modigliani
et Miller (MM), la réflexion théorique sur le problème de
la structure du capital a significativement progressé. La théorie
statique de trade-off constitue le premier axe de progrès depuis ces
travaux. Cette théorie connue aussi sous le nom théorie de
compromis, aussi la théorie d'arbitrage symétrique, c'est un
arbitrage entre l'économie de fiscalité lié à
l'endettement et les coûts de faillite dû à une dette
excessive.
La théorie de trade-off a pour objet d'expliquer
comment atteindre une structure optimale du capital qui maximise la valeur de
l'entreprise. Elle soutient que le niveau optimal d'endettement est atteint
lorsque l'économie marginale d'impôt attribuable à
l'endentement se trouve annulé par l'accroissement correspondant des
coûts potentiels d'agence et de faillite.
Ainsi, la prise en compte de fiscalité et des
coûts de faillite suggère l'existence d'un ratio optimale de la
dette (Target ratio). Ce point d'équilibre est atteint lorsque le gain
marginal d'une unité supplémentaire de dette est égal
à son coût marginal.
Dans le cadre de cette analyse, plusieurs chercheurs ont
présenté des arguments en faveur de la théorie statique de
trade-off et de l'existence d'une structure optimale du capital.
Schwartz et Aronson (1967) montrent l'existence d'effets
industriels importants de ratios d'endettement qu'ils s'interprètent
comme une évidence en faveur de ratios d'endettement optimaux.
De Angelo et Masulis (1980) proposent un modèle
où il existe un niveau interne optimal d'endettement, ils concluent que
l'avantage marginal de la dette est d'autant plus faible que la base
d'imposition a diminué par les autres charges non monétaires
déductibles. D'après De Angelo et Masulis (1980) le niveau
optimal d'endettement est dû aux interactions entre les
différentes tranches d'imposition induites par les traitements fiscaux
différents des revenus des actions et des obligations.
Dans son article « The Capital Structure
Puzzle » Myers (1984) souligne que le ratio d'endettement optimal de
la firme est souvent déterminé par un compromis entre les
coûts et les
bénéfices d'endettement et ce en laissant fixes
les actifs de la firme ainsi que ses plans d'investissements.
Selon Myers la firme est supposée substituer la dette
aux fonds propres ou les fonds propres à la dette jusqu'à ce que
la valeur de la firme soit maximisée.
L'arbitrage entre la dette et les fonds propres est
illustré dans la figure suivante :
Valeur du marché
De la firme
D* optimum
Dette
VA (coût de faillite)
VA de l'économie d'impôt sur les
intérêts
Valeur de la firme non endettée
La théorie statique du trade-off
1
Cette figure résume la théorie de
l'échange permanent. La ligne horizontale exprime la pensée de
MM. Selon cette théorie, l'objectif majeur de l'endettement est de
bénéficier de l'économie d'impôt mais jusqu'à
un certain seuil afin de ne pas nuire à la sécurité
financière. En contre partie de ces économies, une analyse
rigoureuse du coût de faillite donne une prédiction de la
théorie de l'échange permanent. Puisque ces coûts doivent
être plus important pour les firmes dont l'actif est constitué
principalement de valeurs incorporelles.
1 Source : Myers
(1984) « The Capital Structure Puzzle »
Long et Malitz (1985) montrent compte à eux l'existence
d'une relation inverse entre l'endettement et l'importance des actifs
incorporels et plus précisément ils ont montré que les
ratios d'endettement sont négativement corrélés aux
dépenses de recherche et développement qu'ils utilisent comme
variable Proxy pour les actifs intangibles.
Toutefois, Fama et French (1997), Opler et Titman (1996)
considèrent que la notion du ratio cible s'oppose aux arguments de
Modigliani et Miller (1958) et Miller (1977) voulant que la structure de
financement n'ait aucun impact sur la valeur des entreprises même lorsque
plusieurs imperfections, comme la fiscalité, sont incorporées.
En effet, pour ces auteurs, l'existence de ratio cible ne peut
se concevoir que dans un univers où les imperfections des marchés
soient à la fois importantes et génératrices de
coûts élevés.
I.1. La fiscalité favorise l'endettement :
La prise en compte de la fiscalité, et notamment de la
déductibilité des frais financiers sur le résultat
imposable, est étudiée par Modigliani et Miller (1963) qui
montrent que la valeur de la firme endettée est toujours
supérieure à celle de la firme non endettée : elle est
égale à la valeur de la firme sans dette augmentée de la
valeur actuelle des économies d'impôt sur frais financiers sous
réserve que l'entreprise endettée dégage un
résultat d'exploitation positif.
Toutefois, comme la montre Miller (1977) en
s'intéressant à l'imposition sur le revenu, le gain fiscal
généré par l'endettement est réduit lorsque l'on
prend en compte la fiscalité des personnes physiques.
Suite à cette prise en compte du rôle de la
fiscalité, il s'avère donc que les entreprises doivent maximiser
la quantité de dette au sein de leur structure de financement pour tirer
un bénéfice optimal de l'avantage fiscal associé.
Notons que De Angelo et Masulis (1980) présentent un
modèle nuançant l'effet des déductions directes
d'impôts liées à l'endettement. Ils montrent que selon les
circonstances, les déductions fiscales liées à
l'investissement et aux amortissements peuvent jouer le rôle de «
produits de substitution » vis à vis des avantages fiscaux
associés à l'endettement.
I.2. Coût de faillite :
Si la fiscalité favorise l'endettement de l'entreprise
par le biais de l'augmentation de sa capacité financière, elle
engendre parallèlement l'accroissement du risque de défaut de
l'entreprise.
I.1.1.Définition :
La théorie financière moderne a beaucoup mis
l'accent sur divers coûts qu'elle présente comme des limites
à l'endettement. Ainsi les coûts dits de faillite sont les
coûts liés à la menace d'une cessation des paiements.
Ainsi, seules les entreprises endettées sont affrontées aux
problèmes de faillite.
La théorie de trade-off oppose à l'avantage
fiscal de la dette l'augmentation des coûts de faillite. En effet, la
faillite d'une entreprise n'est autre que la procédure judiciaire qui
suit la défaillance, elle entraîne des coûts
supplémentaires, ces coûts comprennent des coûts explicites
dits directs (frais judiciaires d'administrations judiciaires, de liquidation)
et implicites ou indirects (perte de clientèle, perte de confiance des
clients ou des fournisseurs), (voir tableau 1).
Il faut noter que les coûts directs sont plus
coûteux, car ils dépendant de la situation du marché et de
dédommagement exigé par la loi et par les entreprises aux
employés comme indemnité de licenciement.
Selon Malécot (1984), les coûts de faillite sont
loin d'être négligeables.
Tableau 1 : Les coûts de
défaillance.
|
COUTS DIRECTS
|
COUTS INDIRECTS
|
A PRIORI
|
Coûts administratifs.
Coûts de réorganisation.
Coûts financiers.
|
Coûts d'image (crédibilité
financière et commerciale).
|
A POSTERIORI
|
Coûts de délégation.
Coûts de vente forcée et urgente des actifs.
Coûts sociaux.
|
Coûts d'opportunité (manque à gagner).
|
(Source : J.F Malécot, La mesure des
coûts de faillite : une note, Finance (1984).)
Sur un plan empirique, parmi les principales études
réalisées sur les coûts de faillite, nous citons celle
menée par Baxter en 1967, en s'attachant qu'aux coûts directs et
plus facilement mesurables, il les évalue à 20% de la valeur de
la firme.
D'autres auteurs tels que Warner en 1977 néglige les
coûts de faillite et les considère comme trop faibles pour
compenser l'avantage fiscal résultant des économies
d'impôts.
I.1.2. Mesure :
La valeur de la firme endettée VL sera égale
à :
VL = Vu + tD - VA (F)
Vu : valeur de l'entreprise non
endetté.
tD : économie d'impôt
VA (F) : le montant de coût de faillite.
La trade-off statique, qui introduit au MM l'incidence du
coût de faillite, est aboutit à la détermination d'un taux
d'endettement optimal. Dans ce cas, l'augmentation de la dette entraîne,
outre l'effet de levier financier sans impact sur la valeur de l'entreprise, le
coût de faillite à impact négatif. D'où une
réduction de la valeur de l'entreprise par rapport au MM.
Tableau 2 : Effets de certaines variables sur
l'endettement par conséquent sur les coûts de
faillite :
|
Taille
|
Opportunité de croissance
|
Garantie
|
Rentabilité
|
Risque
|
Stiglitz (1969)
Coûts de faillite
|
Positif
|
Négatif
|
Positif
|
Positif
|
Négatif
|
Dans la perspective des coûts de faillite, la
présence d'opportunité de croissance devrait limiter le recours
à la dette d'où des coûts de faillite très
limités. Harris et Raviv 1991 notent que le ratio valeur de
marché des fonds propres sur leur valeur comptable ou market to book
(MTB) est fréquemment utilisé comme mesure des
opportunités de croissance. La relation négative, entre les
opportunités de croissance et l'endettement, est confirmée
empiriquement entre autres par Rajan et Zingales 1995. Ces derniers notent
toutefois que cette corrélation négative est due en grande partie
aux firmes qui émettent des fonds propres.
Tout d'abord la probabilité de faillite est
réduite dans les entreprises de taille importante car la diversification
des activités réduit la volatilité des cash-flows et donc
la probabilité de faillite Plusieurs arguments conduisent à
supposer une relation positive entre la taille et l'endettement. (Titman et
Wessels 1988, Rajan et Zingales 1995). Cette relation est confirmé dans
un certain nombre d'étude (Carpentier et Suret 1999, Gaud et Elion 2002,
Frank et Murray 2003, Fakhfakh et Ben Attitallah 2004). La relation
négative entre endettement et taille reste spécifique en
Allemagne (Kremp et Al 1999). Ainsi, la taille est mesuré soit par le
logarithme népérien des ventes, soit les par les actifs soit par
l'âge de la firme.
En effet, les firmes risquées tendent à moins
s'endetter, dans le cas contraire il en résulte une plus forte
probabilité de faillite et une plus faible probabilité que
l'entreprise puisse utiliser la totalité des ses charges
d'intérêts en déduction de son résultat fiscal. Le
risque a mesuré par la différence en carré entre le profit
de l'entreprise donnée (profit net / CA) et le profit moyen de
toutes les firmes disponibles.
L'entreprise en période de difficulté
financière se trouve face à un choix, soit annoncer la faillite
et supporter tous les coûts et les dégâts qui en
découlent, soit tenter de renégocier avec les créanciers
et aboutir à un autre accord.
En effet, la dernière alternative aide à
éviter la faillite et les dégâts sociaux qui en
résultent suite au licenciement des employés. Gilson et Al
(1990), ont prévu deux factures qui permettent à l'entreprise la
possibilité de renégocier les dettes et d'échapper de la
faillite. Le premier facteur consiste à ce que les actionnaires et les
créanciers bénéficient de la renégociation des
clauses contractuelles à partir du moment ou elles
génèrent des coûts inférieurs aux coûts de
faillite, et accorder une nouvelle chance à la firme le deuxième
facteur exige des ayant droits (créanciers et actionnaires) à
accepter de rembourser à part égale le coût de
renégociation.
I.3. Coût d'agence :
L'introduction de l'hypothèse des conflits
d'intérêts a permis d'élargir le champ d'analyse de la
théorie du compromis en montrant que la détermination du
ratio d'endettement devrait tenir compte d'autres variables telles que le
rôle disciplinaire de la dette et les problèmes de substitutions
d'actifs et de sous-investissements.
I.3.1.Sources de conflits d'intérêts
entre les actionnaires et les créanciers :
· Variation de niveau des risques :
Les créanciers acceptent d'accorder un prêt
à une entreprise sur la base d'un niveau de risques bien
déterminés. Selon Jensen et Meckling (1976), les actionnaires et
les dirigeants peuvent, une fois le financement est obtenu, modifient le niveau
de risque de leur projet. Les actionnaires essayent d'accroître leur
richesse et diminuent la valeur de l'obligation, il donc transfert de la
richesse de créanciers aux actionnaires.
· La politique de sous-investissement optimal :
Myers (1977), met en évidence une deuxième forme
de conflit entre les actionnaires et les créanciers financiers
concernant le sous investissement dans des opportunités futures. Il
s'est inspiré de l'idée qu'une firme est la somme de deux
actifs : les actifs existants et les options sur les opportunités
d'investissement futur. Myers constate ainsi que les dirigeants d'une firme
endettée peuvent rejeter certains projets profitables rentables lorsque
ceux-ci ne profitent qu'aux créanciers.
Dans son modèle, Myers montre que l'existence de
l'endettement peut réduire la valeur du marché de la firme en
réduisant les incitations des dirigeants à entreprendre des
projets ayant une valeur actuelle nette positive et souligne aussi que les
firmes ayant des opportunités de croissance élevées ne
devraient avoir aucun endettement et que la valeur de la firme est maximale
lorsque aucune dette n'est émise. Mais, toutefois Myers rappelle les
coûts d'agence associés au financement par actions
développé par Jensen et Meckling et concluent que le recours
à l'endettement n'est pas aussi mauvais.
· La substitution de l'actif :
Dans le cadre des conflits entre les actionnaires et les
créanciers, Jensen et Meckling (1976) ont démontré que le
problème de sous-investissement et moins grave lorsque la firme
détient une part importante d'immobilisations corporelles dans ses
actifs, ces derniers représentent des garanties pour les
créanciers.
La substitution de l'actif a été proposée
par Diamand (1989). Cette notion se traduit par le fait que les actifs à
forte variance sont substitués par des actifs de plus faible variance.
Il est évident que les créanciers se basent sur un certain niveau
de risque pour décider d'octroyer un crédit ainsi pour
déterminer le coût de la dette. Dans la mesure où les
dirigeants agissent de la manière opportuniste, en disposant d'une
grande autonomie de gestion, peuvent une fois le financement obtenu, changer la
politique d'investissement et opter pour les projets plus risqués
susceptibles d'accroître d'une façon significative la richesse des
actionnaires.
Ce comportement opportuniste des dirigeants a amené les
créanciers à étudier l'historique de la firme. Ces
informations permettent de connaître la capacité de l'entreprise
à honorer son engagement et à mesurer son degré de
solvabilité tout au long de son activité.
Les créanciers ont besoin d'une garantie pour
décider d'octroyer un crédit, la garantie est approuvée
par la somme des immobilisations corporelles et stocks divisés par le
total des actifs. Des études récentes comme celles de Rajan et
Zingales 1995, Kremp et al 1999, Hovakimian et al. 2001, Frank et Goyal,
trouvent des relations positives et significatives entre les garanties et le
niveau d'endettement. En revanche, les résultats de Titman et Wessels
1988 ne permettent pas de conclure.
· La distribution des dividendes :
D'après Easterbrook (1984), la distribution des
dividendes permet de délimiter les conflits d'agence entre les
actionnaires et les dirigeants, mais elle peut être aussi source des
conflits entre actionnaires et créanciers. Easterbrook (1984), montre
que les actionnaires peuvent transfère la richesse des créanciers
par le choix d'une politique qui augmente le risque de l'entreprise. Un tel
transfert se fait par l'émission des dettes et par la suite utiliser les
produits d'émission pour verser les dividendes.
I.3.2. La résolution des conflits entre les
actionnaires et les créanciers :
Pour résoudre ces conflits d'intérêt,
Smith et Warner (1979), proposent plusieurs solutions. En effet, l'inclusion
des clauses particulière dans les contrats obligataires ou dans les
prêts bancaires limite le degré de liberté des actionnaires
et de leurs dirigeants ( clause restrictive ; qu `aux politiques
d'investissement des firmes, qu'aux politiques de distribution des dividendes
...), puis l'émission d'actifs financiers particulier tel que les
obligations convertibles, les obligations à bons de souscription qui
permettent une certaine convergence d'intérêt entre les diverses
parties.
D'après Myers (1977), le recours au financement
à court terme peut constituer une autre solution. En effet,
l'échéance des dettes à court terme intervient avant le
choix d'investissement celle ci permet une négociation continue qui
laisse l'entreprise révises sa politique d'investissement.
Jensen et Meckling (1976) ont proposé la participation
des dirigeants à la dette de l'entreprise, détenant ainsi un
certain nombre d'obligation. Le dirigeant ne sera plus intéressé
à transférer la richesse des créanciers au profit des
actionnaires.
I.3.3. Mesure :
Jensen et Meckling (1976) ont établi un lien entre les
coûts et la valeur globale de l'entreprise, en effet pour maximiser
cette valeur il faut que les coûts d'agence supportés soient
minimums, ce minimum correspond au levier optimal de l'entreprise ; ce
levier varie d'une entreprise à une autre, ces relations ont
été présentées par les auteurs graphiquement comme
suit :
Coût d'agence total
Valeur
Coût d'agence de la dette
Coût d'agence des FP
Endettement
Levier Optimal
Structure de financement et coûts d'agence de
la dette
Tableau 3 : Relation entre certains variables
explicatives et l'endettement en fonction des coûts
d'agence :
|
Opportunité de croissance
|
Garantie
|
Jensen et Meckling (1976)
Coûts d'agence
|
Négative
|
Positive
|
Dans l'optique de la théorie d'agence et selon Myers
(1977), les coûts d'agence entre actionnaires et créanciers seront
d'autant plus élevés que la valeur des opportunités de
croissance futures est plus importante par rapport à la valeur actuelle
des actifs en place.
Section II : La littérature empirique
Suite à la présentation des bases
théoriques sur lesquelles s'appuient la structure de capital des
entreprises, nous tentons, dans cette seconde partie, de mettre en
évidence l'existence de certaines variables explicatives du niveau
d'endettement ainsi que les relations et les prédictions
présumées dans la première partie.
II.1. La variable endettement :
Nous remarquons une diversité de variables qui mesurent
le niveau d'endettement de l'entreprise. Des mesures comme le ratio
d'endettement total a été retenu par plusieurs auteurs (Freind et
Lang 1988 et Hovakimian 2005).
D'autres ont utilisé le ratio d'endettement à
moyen et long terme (Mackie-Mason 1990, Shyam-Sunder et Myers 1999 et Adedeji
2001) ce ratio et mesuré comme suit :
Dettes financières à long terme =
Le ratio d'endettement à court terme a été
aussi utilisé par Titman et Wessels (1988) ce ratio est mesuré
comme suit :
Dettes financières à court terme =
Rajan et Zingales (1995) arguent que le ratio d'endettement
qui inclut les dettes totales ne constitue pas un bon indicateur, notamment
pour mettre en exergue le risque de faillite de l'entreprise.
Plusieurs auteurs utilisent la valeur marchande des dettes
tels que Taggart (1977) et Marsh (1982) et Titman et Wessels (1988). Flannery
et Rangan (2004), Hovakimian et al (2001), Hovakimian (2003), Fama et French
(2002) et Welch (2004).
Tableau 4 : Tableau explicatif des variables
dépendants :
Variables dépendantes
|
Mesures
|
Auteurs de références
|
Ratios d'endettement (valeur comptable)
|
|
Flannery et Rangan (2004)
|
Ratio d'endettement
(valeur marchande)
|
|
Taggart (1977) et Marsh (1982) et Titman et Wessels (1988).
Flannery et Rangan (2004), Hovakimian et al (2001),Hovakimian (2003), Fama et
French (2002) et Welch (2004), Grullon et Kanatas (2001)
|
Les résultats obtenus par le ratio d'endettement
marchand se diffèrent de celles obtenues par le ratio d'endettement
comptable.
II.2. Les variables explicatives de l'endettement
:
Comme discuté par Titman et Wessels (1988), Harris et
Raviv (1991) et Wôhle (2004), le choix des variables explicatives de
l'endettement n'est pas facile1. En effet, la diversité des
déterminants de l'endettement peut être expliquée par le
fait que les auteurs n'ont pas un modèle théorique structurel
global pour dériver clairement les variables explicatives de la
structure financière.
II.2.1. La taille :
La distinction est faite entre PME et grandes entreprises, le
critère adopté est souvent le total du CA, le total du bilan ou
le nombre d'employés. Nombreux sont ceux qui supposent (et prouvent
empiriquement) que la taille est l'un des facteurs les plus discriminants quant
aux choix financiers des différentes entreprises (Bradley et al. 1984;
Long & Malitz, 1985; Harris & Raviv, 1991; Rajan & Zingales,
1995).
Plusieurs auteurs ont suggéré que la taille
influence positivement les décisions d'endettement. Warner (1977) et Ang
et al (1982) soulignent l'existence des économies d'échelle en
matière de coûts de faillite inversement proportionnelle à
la taille car la diversification des activités réduit la
volatilité des cash-flows. Il en découle que les firmes de grande
taille doivent être plus endettées. Ferri et Jones (1979) notent
que les grandes entreprises qui sont généralement cotées
en bourse, ont plus de facilité pour accéder aux marchés
des capitaux pour se procurer les ressources financières dont elles ont
besoin. La relation positive entre la taille et l'endettement est
confirmée dans un certain nombre d'études (Frank et Murray 1999,
Booth et al 2001 et Yupana 1999).
Autres mesures de la taille :
- Le logarithme népérien du total actif
(SIZE).
- Le logarithme népérien du chiffre d'affaires
(SIZECA) utilisé par Ozkan (2002).
- Le logarithme népérien de la valeur
boursière de l'entreprise (SIZEMV) utilisé par Barclay et Smith
(1995) et par Stohs et Mauer (1996).
II.2.2. Les opportunités de croissance :
Elles sont mesurées par :
- La croissance annuelle du CA.
- Le ratio Market to Book Ratio (noté MTB),
appelé aussi le Q de Tobin (MTB = valeur du marché des
actions/valeur comptable) : obtenu par le rapport de la somme de la
capitalisation boursière et de la dette totale sur le total de l'actif
comptable.
- Les dépenses en R&D.
Titman & Wessels (1988),Chaplinsky & Niehaus (1993) et
Berger, Ofek & Yermack (1997) trouvent une relation négative entre
le levier et les opportunités de croissance mesurée par les
dépenses en R&D.Rajan & Zingales (1995) montrent, eux aussi, que
le MTB (ou encore Tobin's Q) est négativement corrélé avec
le levier.
Plus cette croissance est forte, plus la firme est
confrontée au problème de financement. On doit alors s'attendre
à une relation négative entre le niveau d'endettement et les
opportunités de croissance. Cette relation a été
confirmée par plusieurs travaux empiriques (Heshmati 2001, Gul 1999,
Booth et al 2001 et Graham 2000).
Hovakimian, Hovakimian et Tehranian (2003) suggèrent
que l'effet négatif du ratio MTB sur l'endettement soit partiellement
dû à la relation négative entre les opportunités de
croissance et le ratio cible.
II.2.3. Rentabilité :
Suivant Myers, la rentabilité passée et
présente joue un rôle dans la détermination de la structure
du capital. L'impact de la rentabilité sur le niveau d'endettement fait
l'objet d'une controverse théorique.
Dans le cadre de la théorie de Trade-off, la relation
entre l'endettement et la rentabilité devrait être positive. Une
entreprise rentable aura une préférence pour la dette car les
intérêts sont déductibles de son résultat fiscal.
Par ailleurs, si la rentabilité passée est une bonne
approximation de la rentabilité future, une entreprise très
rentable aura une probabilité plus forte de rembourser ses dettes
(Brealey et Myers 1996 et Shyam-Sunder et Myers 1999). La théorie
statique prédite donc une relation positive entre l'endettement et la
rentabilité. Cette prédiction constitue la grande contradiction
du modèle de Trade-off.
Elle est mesurée par :
- Rentabilité économique (ROE) =.
- Rentabilité économique =
- Rentabilité des capitaux propres =
- Rentabilité de l'investissement (ROI) =
En industrie, les firmes les plus rentables sont celles qui
empruntent moins, résultat démontré empiriquement sur les
firmes industrielles Américaines et japonaises par Kester (1986) et
Baskin (1989).
Mais plusieurs chercheurs trouvent une forte
corrélation négative entre le levier et la rentabilité
(Titman et Wessels (1988), Rajan et Zingales (1995), Berger, Ofek et Yermack
(1997)).
II.2.4. Risque :
La relation négative entre la variabilité des
bénéfices et l'endettement est prédit par la
théorie de Trade-off. En effet, l'endettement augmente la
volatilité du résultat net, il devrait donc être
négativement corrélé avec le risque opérationnel.
Cette relation négative est validée empiriquement dans plusieurs
travaux (Castanias 1983, Bradley, Jarell et Kim 1984 et Bevan et Danbolt
2000).
Il est souvent mesuré avec la volatilité des
résultats d'exploitation et/ou de résultat net. La mesure du
risque opérationnel pose d'importants problèmes. Une telle
variable devrait mesurer :
- Le différentiel entre l'espérance de
rentabilité de l'entreprise et celle du marché normé par
la spécificité des actifs.
- la volatilité du résultat
opérationnel (Titman et Wessels 1988, Booth et al 2001)
II.2.5.Garanties :
Les actifs corporels ont un impact sur le niveau d'endettement
car ils sont moins sujets aux asymétries d'informations et perdent, en
cas de liquidation, moins de valeur que les actifs incorporels. Ils offrent
donc plus de garanties aux créanciers. Les risques d'alea moral sont
moindres si l'entreprise qui s'endette offre des garanties réelles. On
s'attend alors à ce que ce signal soit perçu positivement par les
créditeurs lesquels peuvent exercer ces garanties en cas
d'insolvabilité. Selon Scott 1977, une entreprise peut augmenter la
valeur des actions en émettant de la dette avec des garanties en
expropriant de la richesse aux autres créditeurs non garantis. Ainsi les
firmes ont une incitation à émettre de la dette garantie et on
s'attend à une corrélation positive entre les garanties et le
niveau d'endettement.
Des études récentes comme celles de Rajan et
Zingales 1995, Kremp et al 1999, Hovakimian et al. 2001, Frank et Goyal 2003,
trouvent des relations positives et significatives entre les garanties et le
niveau d'endettement. En revanche, les résultats de Titman et Wessels
1988 ne permettent pas de conclure.
Il est mesuré par :
- Le ratio actifs corporels nets plus stocks sur total actif a
été retenu comme mesure (Cette mesure a été retenue
par Kremp et al. 1999).
- Le rapport actif tangible/total actif.
Rajan & Zingales (1995) et Berger, Ofek & Yermack
(1997) montrent que le levier est positivement corrélé avec la
valeur de ces garanties.
Tableau 5 : La corrélation entre les ratios
d'endettement et les variables indépendantes :
Les variables
|
Trade-Off
|
DTM
|
DTB
|
Modèles
|
Taille
|
+
|
+
|
+
|
*Le modèle de FAMA- Mcbeth
*Estimateur Arellano-Bond
* La méthode des moindres carrée
|
-
|
* PEARSON
|
Opportunités de croissance (MTB)
|
-
|
-
|
-
|
*Estimateur Arellano-Bond
*PEARSON
*La méthode des moindres
carrées
|
+
|
*Le modèle de FAMA- Mcbeth
|
Rentabilité
|
+
|
-
|
-
|
*Le modèle de FAMA- Mcbeth
*PEARSON
*Estimateur Arellano-Bond
*La méthode des moindres
carrées
|
Tangibilité
|
+
|
+
|
+
|
*PEARSON
*Estimateur Arellano-Bond
|
+
|
-
|
*Le modèle de FAMA- Mcbeth
*La méthode des moindres
carrées
|
Risque
|
-
|
+
|
+
|
*Le modèle de FAMA- Mcbeth
* La méthode des moindres
carrée
*Estimateur Arellano-Bond
|
-
|
-
|
*PEARSON
|
· DTB: ratio d'endettement mesuré
en valeur comptable.
· DTM : ratio d'endettement
mesuré en valeur marchande.
Ce tableau résume une étude empirique faite par
Philippe Gaud et Elion Jani, avril 2002, d'un échantillon qui couvre la
période 1991-2000 et compte 106 entreprises industrielles cotées
à la bourse suisse.
Le signe positif de la variable taille conforme aux
résultats trouvés par Rajan et Zingales 1995, Booth et al 2001 ce
qui est conforme aussi aux prédictions de la théorie de trade
off, quelle que soit la mesure retenue, sauf dans le cas de corrélation
de Pearson où la taille perd sa signification.
L'impact négatif de la variable MTB semble confirme que
les entreprises qui ont des opportunités de croissance évitent de
s'endetter, ce qui ne pas le cas pour le modèle de FAMA-
Mcbeth lorsque le ratio d'endettement mesuré en valeur
comptable.
Quelle que soit la mesure du niveau d'endettement retenue, la
variable rentabilité joue un rôle négatif. Ce
résultat (Rajan et Zingales 1995, Booth et al 2001 et Frank et Murray
1999) peut être interprété comme défavorable
à l'hypothèse de la théorie de trade off.
La tangibilité rente avec un signe positif ce qui
confirme l'utilisation des actifs corporels comme garanties en particulier pour
la dette à long terme, ce qui n'est pas conforme pour le modèle
de FAMA- Mcbeth et la méthode des moindres
carrées.
La corrélation de Pearson est conforme aux
prédictions de la théorie de trade off, alors que les autres
modèles montrent un impact positif de la variable risque sur
l'endettement.
D'après ce qui précède, on peut conclure
que les hypothèses de la théorie de trade off sont
vérifiées pour certaines variables. Dans le chapitre suivant, on
va essayer d'appliquer la même logique pour la théorie de pecking
order.
Chapitre II
La Théorie de Pecking Order
L'hypothèse de l'existence d'un ratio de dette sur
fonds propres optimal au niveau individuel est rejetée par les
modèles de « hiérarchie ». Toujours en raison des
asymétries d'information entre les agents aussi bien à
l'intérieur de l'entreprise qu'à l'extérieur, l'entreprise
suit une hiérarchie des financements précise, dictée par
la nécessité de fonds externes, et non par une tentative de
trouver la structure de capital optimal.
En fait, la théorie hiérarchisée
intègre la théorie de l'information pour proposer une structure
notamment par les asymétries informationnelles et les problèmes
de signalisation. Les dirigeants sont supposés préférer
les ressources internes de financement et, en présence de ressources
internes insuffisantes, privilégier l'endettement au détriment de
l'augmentation de capital.
Dans ce chapitre, l'étude portera dans la
première section sur l'analyse théorique de la théorie de
financement hiérarchique qui est connue aussi sous le nom de la
théorie de pecking order. Dans la deuxième section on traitera
les différentes analyses empiriques.
Section I : Revue de la littérature
La théorie du financement hiérarchisé
développée initialement par Myers (1984) et Myers et Majluf
(1984) ne s'appuie pas sur une optimisation du ratio d'endettement. Les
asymétries informationnelles et les problèmes de signalisation
qui affectent la demande de financement externe entraînent une
hiérarchisation du financement celle-ci s'exprime par la
préférence des entreprises pour un financement interne
(autofinancement) au détriment d'un financement externe.
Cette hiérarchie s'exprime toutefois
différemment et ceci, en fonction de l'objectif poursuivi par
le dirigeant de l'entreprise. En effet, le dirigeant peut décider
d'agir, en fonction de son aversion pour le risque, soit pour maximiser la
richesse des actionnaires, soit pour agir dans son propre
intérêt.
Dans ces deux cas, le dirigeant agit pour maximiser
l'intérêt de certains membres de l'entreprise (Myers et Majluf
[1984]) :
- Dans le cas où le dirigeant agirait dans
l'intérêt des actionnaires existants, celui-ci est amené
à établir une hiérarchie entre les différentes
sources de financement. En raison de la forte asymétrie d'information et
des problèmes de signalement associés à l'émission
de fonds propres, la préférence en matière de financement
va aux fonds internes de l'entreprise sur les fonds externes, et ensuite de la
dette sur les fonds propres, avec une préférence pour la dette la
moins risquée possible (Myers et Majluf [1984]). La hiérarchie
financière décroissante définie est donc :
autofinancement, dette peu risquée, dette risquée et augmentation
de capital en dernier ressort.
- Dans le cas où l'objectif du dirigeant serait de
maximiser son utilité, Myers (1984) définit un surplus
organisationnel composé d'attributs divers (salaire élevé,
consommation de biens et services à titre personnel, gratifications...).
Etant donné le caractère assez contraignant, vis à vis du
surplus organisationnel, de l'activité de monitoring liée
à l'endettement, le dirigeant établira la hiérarchie
suivante : autofinancement, augmentation de capital puis endettement. Myers
souligne toutefois que ce genre de comportement peut être limité
par la vigilance plus ou moins stricte des actionnaires.
I.1. Définition :
Dans un contexte d'asymétrie d'information, Myers et
Majluf (1984) montrent que les problèmes d'asymétrie
d'information entre les actionnaires actuels et les actionnaires potentiels
peuvent provoquer une priorité au niveau du schéma de financement
et développent une théorie connue sous l'acronyme de «
Pecking Order Theory ».
Selon cette théorie, les entreprises ont des
priorités dans le choix des sources de financement. Ainsi elles
privilégieront :
· En premier lieu, l'autofinancement.
Elles adaptent leurs objectifs de paiement de dividendes en fonction de leurs
opportunités d'investissement. Selon les
années, les résultats et les opportunités
étant variables, les entreprises devront tirer sur leur
trésorerie.
· Puis, si cela ne suffit pas et qu'il faut faire appel
à un financement externe elles choisiront d'émettre de la
dette peu risquée. Pour être sûres de
pouvoir le faire à tout moment, elles conservent des lignes de
crédits. Si les entreprises ne peuvent faire appel à
l'endettement classique, elles émettront des titres en partant du moins
risqué vers le plus risqué.
· Enfin si tout ce qui précède s'est
révélé insuffisant, des actions seront
émises.
On voit donc que l'entrepreneur choisit, non pas au hasard,
mais sans grand enthousiasme, son financement. Cet ordre de priorité est
dicté par la ligne du moindre effort des dirigeants (il ne faut pas
aller chercher l'autofinancement) et par une volonté de limiter les
coûts d'intermédiation des opérations (l'opération
la plus onéreuse étant l'émission d'actions).
Dans cette approche, l'émission d'actions est
l'opération la plus complexe en ce qui concerne la réduction de
l'asymétrie d'information. Les coûts d'intermédiation et de
communication financière vers les actionnaires sont les plus
élevés.
Autofinancement Dettes
Emissions des actions Nouvelles
Le modèle de la hiérarchie
2
Le modèle aboutit à la conclusion selon laquelle
le taux d'endettement cible n'est pas important car la dette est un
résidu sollicité en période d'expansion où
l'investissement nécessaire pour les projets rentables, c'est à
dire à valeur actuelle nette positive, est supérieur à
l'autofinancement ; le besoin de financement externe (surplus de
l'investissement nécessaire sur l'autofinancement) étant la
limite asymptotique de l'endettement pour une entreprise qui peut aussi faire
recours aux actions nouvelles.
2 Source : Myers
(1984) « The Capital Structure Puzzle »
En effet, l'autofinancement évite d'affronter le
marché, de fournir l'information sur des projets stratégiques, de
se justifier devant les investisseurs, d'augmenter le surplus organisationnel
destiné aux salariés par suite d'une économie sur les
dividendes; l'endettement par rapport à l'émission des actions
nouvelles a un contenu informatif positif, avec, en outre, l'enrichissement de
ces actions par l'existence des primes d'émission.
Les entreprises les plus sensibles aux asymétries
informationnelles recourent prioritairement à l'endettement. Au
contraire, les entreprises les moins affectées par les
phénomènes de sélection adverse préfèrent
les émissions de capital.
En fait, le modèle de financement hiérarchique
de Myers et Majluf (1984) repose sur l'hypothèse centrale
d'asymétrie de l'information.
I.2. L'asymétrie de l'information :
L'asymétrie d'information signifie que tous les agents
économiques ne disposent pas de toute l'information. Les dirigeants de
sociétés ont ainsi, du fait de leur position, une information
privilégiée sur la situation et les perspectives de
développement économique et financier de la firme. Cette
asymétrie explique que, dans certaines circonstances, le recours
à des contrats de dette sera privilégié. Entre
l'entreprise et ses bailleurs de fonds, trois catégories
d'asymétries d'information peuvent être
distinguées :
· Des asymétries d'information apparaissent avant
la signature du contrat de prêt dans la mesure où les
prêteurs peuvent difficilement discriminer de manière efficiente
parmi les différentes demandes de projets de financement. Ces
asymétries d'information, que l'on peut qualifier d'ex ante, sont
à l'origine du phénomène de sélection adverse sur
le marché du crédit (Stiglitz, Weiss, 1981). Pour cette raison,
le taux d'intérêt ne constitue pas un bon mécanisme de
régulation sur ce marché. Une hausse des taux peut induire la
sortie du marché des emprunteurs les moins risqués, seuls les
plus mauvais risques demeurent.
· Des asymétries d'information apparaissent
pendant le déroulement du contrat. L'emprunteur peut choisir, parmi ses
projets d'investissement, un projet plus risqué que le projet
effectivement présenté au prêteur et sur la base duquel il
avait obtenu son crédit. Si le prêteur observe uniquement le
revenu réalisé par l'emprunteur, il ne connaît pas avec
exactitude la nature du projet effectivement réalisé. Il doit
déterminer si, par exemple, une réduction des
revenus réalisés résulte de la mauvaise gestion de la
firme par le dirigeant ou d'une réaction normale de l'entreprise aux
variations conjoncturelles de son environnement. Ces problèmes d'agence
sont qualifiés d'aléa moral.
· Enfin, des asymétries d'information peuvent se
révéler ex-post. Le prêteur ne peut alors évaluer
avec exactitude le taux de rendement du projet réalisé par
l'emprunteur qui peut être incité, pour minimiser ses
remboursements, à déclarer un revenu inférieur au revenu
effectivement réalisé (Williamson, 1986), ce qui a
été qualifié d'opportunisme. Il peut en être ainsi,
par exemple, pour le financement des besoins transitoires. En effet, « si
l'on considère que les dirigeants protègent les
intérêts des seuls anciens actionnaires, une émission
d'actions sera mal accueillie. À la limite, pourrait-elle signifier aux
yeux d'éventuels investisseurs que le cours atteint par les actions est
jugé trop élevé par les dirigeants? Les nouveaux
actionnaires exigent donc une prime de risque importante, ce qui favorise les
autres formes de financement» (de Bandt, Jacquinot, 1991).
I.3. Les modèles de la théorie du
financement hiérarchique :
La conception de l'ordre hiérarchique des sources de
financement n'est pas nouvelle. Elle apparaît clairement dans une
étude de Donald son (1961). En effet, en décrivant le
comportement financier des firmes, Donald son (1961) conclut que les firmes
s'abstiennent habituellement d'émettre des actions et n'empruntent que
si l'investissement requiert des fonds supérieurs aux cash flows
existants. Pour Donald son 1961 les firmes se financent prioritairement par
autofinancement puis par emprunts et en dernier recours par augmentation de
capital. Ce comportement de financement hiérarchique a été
modélisé par Myers et Majluf (1984).
Selon Myers et Majluf (1984) les nouveaux actionnaires
interprètent une augmentation de capital comme un signal d'un
état défavorable ce qui engendre la réduction de la valeur
de la firme. Cependant, les anciens actionnaires préfèrent la
situation d'investissement car elle augmente leur richesse (malgré la
baisse de la valeur de la firme). Pour éviter la réduction des
prix des actions, le dirigeant a intérêt à utiliser un
autre financement. Ainsi, la hiérarchie choisie est la suivante :
autofinancement, dette non risquée, dette risquée et augmentation
de capital.
L'information privilégiée des managers quant aux
perspectives de l'entreprise et la valeur de ses titres risqués pose le
problème de sous investissement car le recours à un financement
externe risqué a alors un coût important. Ce coût est tel
qu'il balaie les autres avantages et inconvénients du financement
externe et conduit les managers à adopter un mode de financement
hiérarchique (Myers 1984).
Toutefois, il faut noter qu'un comportement de financement
hiérarchique peut également résulter des conflits
d'intérêts entre actionnaires et managers. Les managers cherchent
à éviter le rôle disciplinaire de la dette, c'est pourquoi
ils préféreront se financer par autofinancement. Ils
évitent également de se financer par augmentation de capital car
ces opérations nécessitent l'accord des représentants des
actionnaires et attirent leur attention, en particulier lorsque l'entreprise
n'est pas performante.
Dans le modèle de Cornell et Shapiro (1987) l'objectif
du dirigeant est de maximiser la valeur de la firme. Pour les autres
partenaires (prêteurs, clients, ...) l'objectif est de minimiser les
risques liés à l'achat ou le financement des investissements
spécifiques. La réalisation de ces deux objectifs suppose, selon
Cornell et Shapiro (1987), la minimisation des coûts des contrats
implicites. Pour minimiser les coûts de ces contrats, la firme a
intérêt à ne pas épuiser ses capacités
d'autofinancement et d'endettement avant la date à laquelle elle doit
honorer ses contrats implicites. En effet, à cette date,
l'émission d'actions peut être très coûteuse. La
hiérarchie soutenue est donc : autofinancement, augmentation du capital
et endettement, en dernier ressort.
La théorie du financement hiérarchique nous
permet de conclure aux non séparatistes entre les décisions
d'investissement et de financement. Cependant, il y a des problèmes de
testabilité des théories du financement hiérarchique
rendus encore plus difficiles à cause des conclusions parfois
contradictoires de chacun des modèles. Ces théories du
financement hiérarchique ont une caractéristique commune, il
s'agit d'établir toujours le même classement entre les
financements pour des circonstances déterminées. Dans ce sens,
les modèles de Myres et Williamson sont les plus célèbres.
Dans son modèle ; Williamson (1988) suppose qu'afin de
rendre viable à long terme la relation contractuelle entre les parties
au contrat (actionnaires, dirigeants et créanciers), il est
nécessaire d'effectuer des perpétuels ajustements ex-post. Dans
ce cadre, la dette et l'augmentation de capital ne sont plus à
considérer seulement comme des sources de financement, mais aussi comme
moyens permettant de réaliser plus au moins ces ajustements.
Si l'actif est spécifique, l'augmentation de capital
(avec une diffusion de titres qui ne soit pas trop importante) est plus
efficace que I'endettement pour réaliser les ajustements des contrats
liant la firme aux apporteurs de capitaux, puisque si l'investissement
spécifique est par exemple un projet de recherche et de
développement, les actionnaires toléreront davantage que les
prêteurs le fait qu'il ne dégage pas la rentabilité
escompte dans les délais prévus. Par contre, si l'actif n'est pas
spécifique, l'endettement qui est une formule de financement plus
simple, parait plus approprie.
Donc selon Williamson, la spécificité de
l'actif reste la caractéristique clé expliquant le choix d'un
mode de financement et la structure financière. Williamson (1988) avance
en plus l'idée séduisante que, contrairement à l'approche
conventionnelle qui considère au départ une firme
entièrement financée par fonds propres et recherche ensuite des
justifications à l'usage de la dette, il faudrait considérer la
dette comme l'instrument « naturel » de financement et les fonds
propres comme la solution de dernier ressort.
Dans le modèle de Myres (1990), celui-ci conçoit
la firme comme une coalition recherchant à augmenter le volume des fonds
propres et du surplus organisationnel (c'est à dire son pourvoir de
redistribuer au personnel des bonifications). Dans ce cas, l'augmentation de
capital sera préférée à l'endettement s'il est
nécessaire de recourir à un financement externe.
Myres (1990) a montré que le surplus augmente
avec l'augmentation de capital et non avec I'endettement. Mais, il a
précisé en plus que cette augmentation ne peut être sans
limite. De ce fait, Myres (1990) considère que pour financer des
investissements, la firme préfère conserver des
bénéfices plutôt que de recourir à une augmentation
de capital qui obligerait implicitement à distribuer des dividendes
supplémentaires. Donc, dans ce cas, la firme privilégie
l'autofinancement à l'augmentation de capital. Ainsi Myres (1990)
conclut que chaque firme applique une hiérarchie entre les financements
de la manière suivante : d'abord l'autofinancement, ensuite
l'augmentation de capital et la dette en dernier ressort [(ce qui est
contradictoire avec le modèle de Myres et Majluf (1984)].
Dans le même contexte d'autres modèles ont permis
de démontrer que le modèle de Myres et Majluf (1984) peut
être invalide. Lorsque les firmes ont plus de choix de financement,
parmi lesquelles : tout d'abord le modèle de Brennan& Kraus (1987)
qui enrichit les choix de financement auxquels une firme peut être
confronter tout en précisant que les entreprises peuvent émettre
de la dette mais que réellement elles ne le font pas.
Ensuite, le modèle de Constantinides & Grundy
(1989) qui modifie le modèle de Myres et Majluf en permettant aux
entreprises d'émettre des titres voulus et de racheter les fonds propres
existants.
Enfin, le modèle de Noe (1988) qui prédit une
réponse négative de la part du marché lors de l'annonce
d'une émission d'actions et une réponse positive lors d'une
émission de dette, mais qui permet aux firmes d'émettre soit de
la dette soit de l'équité.
Alors qu'au contraire, d'autres modèles obtiennent des
résultats similaires à Myres et Majluf (1984) en utilisant une
approche différente parmi lesquels : les modèles Narayanan (1988)
Heinkel et Zechner (1990) qui montrent que lorsque l'asymétrie
d'information ne concerne que la valeur du nouveau projet, il peut y avoir un
surinvestissement, c'est à dire des projets ayant une VAN
négative peuvent être acceptées. Ces modèles
supportent en partie la théorie des préférences
ordonnées de Myres et Majluf (1984).
I.4. Les implications de la théorie de
« Pecking Order » :
L'analyse de la structure financière proposée
par Myres et Majluf (1984) suggère que les modes de financement soient
choisis prioritairement en fonction du critère d'asymétrie
d'information. Ils supposent que l'entreprise préfère se financer
en premier lieu par les bénéfices qu'elle génère et
ainsi, éviter les coûts d'émission Si les fonds internes ne
suffisent pas à financer la croissance, elle fera recours au financement
externe en uti1isant en premier lieu les titres les moins risques c'est
à dire les emprunts de préférence au capitale action.
Comme l'ont suggère Titman et Wessels (1988) nous estimons que la
profitabilité peut être utilisée comme une approximation de
la disponibilité des fonds internes. Donc la profitabilité ou la
rentabilité devrait être positivement corrélée avec
les sources de financement interne et négativement avec les sources de
financement externes.
De plus, la théorie Pecking Order prédit que
l'annonce de l'émission d'actions nouvelles est perçue par le
marché comme un indicateur de cours très élevé et
comme une mauvaise nouvelle. II en résulte une baisse du cours de
l'action. En revanche, le cours de l'action ne sera pas affecte lors d'une
émission de dette sans risque.
Donc selon la POT, l'entreprise émet des actions
lorsque les dirigeants considèrent que l'entreprise est
surévaluée par les investisseurs. De plus la profitabilité
qu'une action soit surévaluée est d `autant plus forte que
le ratio cours-bénéfices est plus élevé. Ce dernier
devrait donc être négativement relié au ratio
d'endettement. C'est le résultat qu'a obtenu Titman (1982).
Dans leur modèle, Myres et Majluf (1984)
considèrent que l'entreprise dont les besoins de fonds d'investissement
sont limites peut accumuler des réserves suffisantes en réduisant
ses dividendes. Lorsque le taux de croissance est élevé, on devra
recourir au financement externe qui, d'après la POT, se fait en premier
lieu par emprunt. Delà on peut donc prévoir une relation positive
entre le taux de croissance et l'endettement, d'autant plus que la
réduction des dividendes est une décision a laquelle les
entreprises se résolvent difficilement.
Donc la théorie Pecking Order suggère par
ailleurs que les firmes qui possèdent peu opportunités
d'investissement et de cash flow libres (free cash flows) substantiels auront
de faibles ratios d'endettement. En revanche, les firmes qui possèdent
d'importantes opportunités d'investissement et de faible cash flow
d'exploitation auront des ratios d'endettement élevés.
Précisément, elles préfèrent les
fonds autogérés (rétention des bénéfices) au
financement externe. Si ce dernier devient nécessaire, elles
préfèrent alors la dette à l'émission d'actions
nouvelles. En effet, les coûts d'information associés à
l'émission de la dette sont plus faibles. Les firmes n'auront recours
à l'émission d'actions nouvelles qu'en tout dernier lieu lorsque
la capacité d'endettement de la firme sera épuisée.
Section II : La littérature empirique.
Dans cette seconde partie, on va essayer de mettre en
évidence l'existence de certaines variables explicatives du niveau
d'endettement ainsi que les relations et les prédictions
présumées dans la première partie.
II.1. La variable endettement :
On va utiliser des indicateurs différents de
l'endettement :
Dettes financières à long terme =
Dettes non financières à long terme =
Dettes financières à court terme =
Dettes non financières à court terme =
DFlt : Dette financière à
long terme.
DNFlt : Dette non financière
à long terme.
DFct : Dette financière à
court terme.
DNFct : Dette non financière
à court terme.
Tableau 6 : Tableau explicatif des variables
dépendants :
Variables dépendantes
|
Mesures
|
Auteurs de références
|
Ratios d'endettement (valeur comptable)
|
|
Flannery et Rangan (2004)
|
Ratio d'endettement
(valeur marchande)
|
|
Taggart (1977) et Marsh (1982) et Titman et Wessels (1988).
Flannery et Rangan (2004), Hovakimian et al (2001), Hovakimian (2003), Fama et
French (2002) et Welch (2004), Grullon et Kanatas (2001)
|
Tableau 7: Autres mesures du ratio
d'endettement.
Ratio d'endettement
|
Auteurs
|
1/
2/
|
Bourdieu, Colin-Sédillot (1993)
|
1/
2/
3/
|
Biais, Hillion et Malécot (1995)
|
1/
|
Kremp, Stöss et Gerdesmeier (1999) et Kremp et Stöss
(2001)
|
1/
2/
3/
4/
5/
6/
|
Carpentier et Suret (1999)
|
II.2. Les variables explicatives de
l'endettement :
II.2.1. La taille :
L'existence d'une hiérarchie du financement est
confirmée par l'observation des relations négatives entre
l'endettement et la taille des entreprises. Dans le cadre de la théorie
du financement hiérarchisé, la taille des entreprises doit jouer
négativement sur l'endettement des entreprises. En raison d'une
meilleure connaissance par les investisseurs, les grandes entreprises font face
à moins de problèmes de sélection adverse et peuvent
émettre plus facilement des titres du capital que les petites
entreprises pour lesquelles ces problèmes sont plus
sévères. Dans ce cas, l'intensité de la relation doit
être plus forte pour les petites entreprises [Frank et Goyal 2005)].
Néanmoins une approche fondée sur les
asymétries d'information peut conduire à supposer une relation
négative entre la taille et l'endettement. Il se peut, comme le note
Rajan et Zingales 1995, que la taille serve une mesure inverse de l'information
obtenue par les investisseurs externes. Toutefois, ils n'observent pas que les
grandes entreprises émettent plus de titres sensibles aux
asymétries d'information.
De plus, la relation négative entre la taille et
l'endettement reste spécifique en Allemagne. Kremp et al. 1999 notent
également l'importance du financement bancaire pour les entreprises de
petites tailles en Allemagne. Les caractéristiques du droit de la
faillite et du système de la banque principale allemand offrent une
explication à l'exception allemande qui ne repose pas sur les
asymétries d'information avec tous les investisseurs externes.
II.2.2. La rentabilité :
La POT stipule que les entreprises les plus rentables font
recours de moins en moins à l'endettement, surtout de long terme, et
remplacent progressivement l'endettement par des bénéfices
retenus et à défaut par des recours non financiers (dettes
commerciales et sociales). Ainsi selon cette théorie, les entreprises
utilisent d'abord l'autofinancement, puis la dette et en dernier lieu
l'émission d'action pour financer leurs investissements. En effet, les
firmes plus rentables ont alors plus d'autofinancement d'où une relation
négative entre la rentabilité et l'endettement. Cette description
est validée par l'un des résultats empiriques les plus
réguliers, par exemple la revue de la littérature de Harris et
Raviv 1991, l'étude de Rajan et Zingales 1995 et celles de Booth et al.
2001 ont tout conclu une relation négative entre la rentabilité
et l'endettement.
Plusieurs auteurs ont d'ailleurs mis en évidence une
relation inverse entre la rentabilité et l'endettement : Titman (1982)
et Titman et Wessels (1985) aux Etats Unis, Gagnon et Papillon (1984) au Canada
et Dubois (1984) en France.
II.2.3.La volatilité :
Dans une perspective de financement hiérarchique, la
volatilité des résultats peut amener les firmes à
constituer une réserve d'actifs facilement mobilisables afin de ne pas
avoir à souffrir du problème de sous investissement dans le
futur. Il s'ensuit que la volatilité du résultat devrait
également être négativement corrélée à
l'endettement.
La volatilité des résultats, assimilée
à une mesure de risque d'exploitation, est négativement
corrélée avec l'endettement financier de long terme, elle est
positivement corrélée avec la dette non financière de long
terme (Et-taoufik FATHI et Benoît GAILLY 2000).
II.2.4. La croissance :
Dans une perspective de financement hiérarchique (Myers
1984, Myers Majluf 1984), les entreprises avec de fortes opportunités de
croissance et un besoin de financement important feront prioritairement appel
à l'endettement. Les sources de financement externes les moins sujettes
aux asymétries d'information comme par exemple l'endettement à
court terme sera privilégié.
La croissance est positivement corrélée avec
l'endettement non financier, et elle est négativement
corrélée avec l'endettement financier (Et-taoufik FATHI et
Benoît GAILLY 2000). Un constat tout à fait cohérent avec
les prédictions de la POT.
II.2.5. La tangibilité :
Dans le cadre de la POT, les firmes avec peu d'actifs
corporels seront les plus sensibles aux asymétries d'informations.
Dès lors, elles utiliseront la dette qui est un véhicule de
financement externe moins sensible aux asymétries d'information que les
actions. (Harris et Raviv 1991).
La tangibilité est positivement
corrélée avec l'endettement, c'est un résultat
trouvé par (Et-taoufik FATHI et Benoît GAILLY 2000) dans son
étude sur des firmes innovantes belges sur la période 1997-2000.
Un constat tout à fait cohérent avec les prédictions de la
POT.
Des études récentes comme celles de Rajan et
Zingales 1995, Kremp et al 1999, Hovakimian et al. 2001, Frank et Goyal,
trouvent des relations positives et significatives entre les garanties et le
niveau d'endettement.
II.2.6. L'intangibilité :
Dans le cadre de la POT, la relation entre les actifs
intangibles et l'endettement est positive. Ce résultat est trouvé
par Frank et Goyal (2003) quelle que soit la mesure d'endettement. Ce ratio
est mesuré par les actifs intangibles sur le total des actifs.
II.2.7. L'investissement innovant :
Pour mesurer le degré d'innovation, certaines
études s'appuient sur le pourcentage de produits améliorés
ou nouveaux dans la production des entreprises, d'autres s'appuient sur le
nombre de brevets déposés. N'ayant pas accès à ce
type d'information, l'investissement innovant est basé sur la variable
R&D elle-même utilisé dans la classification des
différents secteurs hautement technologiques. Il est mesuré par
le rapport dépenses R&D/total actif.
L'importance des dépenses R&D devrait se traduire
par un faible taux d'endettement [Frank et Goyal 2003, Ofek et Yermack, 1997 ;
Ranjan et Zingales, 1995]. Un constat tout à fait contraire aux
prédictions de la de financement hiérarchique.
Tableau 8 : Etude faite sur la structure de
financement des entreprises dans le cadre de la POT :
Auteurs
|
Echantillons et méthode
|
Types de firmes
|
Variables dépendantes
|
Variables explicatives
|
Et-taoufik FATHI et
Benoit GAILLY
|
351 PME
Modèle d'équation structurelle.
|
PME innovantes belges sur la période 1997-2000
|
DFlt : dette financière à
long terme.
DFct : dette financière à
court terme.
DNFlt : dette non financière
à LT.
DNFct : dette non financière
à CT.
|
-Les opportunités de croissance : mesuré par
le MTB, appelé aussi le Q de Tobin: = valeur du marché des
actions / valeur comptable.
-La tangibilité des actifs qui est mesurée avec le
rapport immobilisations corporelles/
actif total.
-La rentabilité qui est mesurée avec le rapport
Résultat net/Total actif.
-La volatilité qui est mesurée par le logarithme de
l'écart type de l'BAII
-La flexibilité qui est mesurée avec le rapport
cash flow/Actif circulant.
|
Tableau 9: La corrélation entre les ratios
d'endettement et les variables indépendantes
|
POT
|
DFlt
|
DFct
|
DNFlt
|
DNFct
|
les opportunités de
croissance
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
La tangibilité
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
La rentabilité
|
-
|
+
|
+
|
-
|
-
|
La volatilité
|
+
|
-
|
+
|
-
|
+
|
La flexibilité
|
+
|
-
|
-
|
+
|
-
|
Ce tableau résume les résultats obtenus par
(Et-taoufik FATHI et Benoît GAILLY 2000), on remarque l'existence d'une
hiérarchie du financement est confirmée par l'observation de
relations négatives entre l'endettement et la rentabilité dans de
la dette non financière, les relations positives entre l'endettement et
la tangibilité quelle que soit la nature de la dette. Ainsi, la relation
positive entre les opportunités de croissance et l'endettement dans le
cas de la dette non financière vérifiée les
prédictions de la théorie de pecking order.
L'analyse empirique, conduite dans ce chapitre, montre que la
théorie de pecking order est non validée pour toutes les
variables explicatives de l'endettement. Dans le chapitre suivant, on va
traiter un nouveau cadre théorique, connue sous le nom théorie de
market timing, et vérifier si les prédictions de cette
théorie sont valides empiriquement.
Chapitre III
La Théorie de Market Timing
En se plaçant dans le cadre des théories
financières néoclassiques, le relâchement des
hypothèses simplificatrices de Modigliani et Miller a permis le
développement des théories financières.
Le premier cadre théorique est connu sous le nom de la
théorie de trade off, en effet la prise en compte de la fiscalité
et des coûts de faillite suggèrent l'existence d'un ratio optimal
de dette (Target Ratio).
Le deuxième cadre théorique qui a
contribué à expliquer le comportement financier des firmes se
manifeste dans la théorie du financement hiérarchique ou «
Pecking Order-Theory ».
Les travaux de Becker et Wurgler (2002) conduisent à
l'émergence d'un nouveau cadre théorique connu sous le nom
« Market Timing Theory ». Dans le cadre de cette
théorie les firmes émettent des actions lorsque les prix du
marché sont élevés et rachètent leurs titres
lorsque leur valeur est faible sur le marché.
La première section traitera les principales analyses
théoriques de la théorie de market timing. Les différentes
analyses empiriques seront exposées dans la seconde section.
Section I: Revue de la littérature.
Si dans le modèle original de Myers & Majluf
(1984), les entreprises n'augmentent pas leur capital, dans une version
dynamique de l'hypothèse de l'ordre hiérarchique, les dirigeants
émettent des actions à la suite de périodes de forte
performance du marché financier (Lucas & McDonald, 1990). Cette
approche, dite de l'adaptation au marché (Market Timing).
En effet, les firmes émettent des actions lorsque les
prix du marché sont élevés et rachètent leurs
titres lorsque leur valeur est faible sur le marché, tirant ainsi partie
de l'inéfficience et de la segmentation des marchés réels
contrastant avec le marché efficient et intégré de
Modigliani & Miller (1958). Dans ce cas, les structures observées
sont plus liées à l'historique des valeurs de marché
qu'à la performance de l'entreprise.
I.1. Définition :
On entend par « Market timing » ou «
opération d'arbitrage sur la valeur liquidative »:
l'opération consiste à tirer profit d'un éventuel
écart de cours (valorisation).
Une idée simple est que la structure financière
d'aujourd'hui d'une entreprise résulte, non d'un choix conscient d'un
ratio dettes / capitaux propres cible, mais de l'accumulation de
décisions prises dans le passé en fonction du contexte financier
du moment : émission d'actions quand les valorisations sont
élevées et que le contexte boursier est bon, émission de
dettes et rachat d'actions quand les valeurs sont basses et la Bourse
déprimée.
Si les dirigeants avaient en tête un ratio
dettes/capitaux propres, l'entreprise qui procède à une
augmentation de capital devrait dans la foulée s'endetter pour faire de
nouveau converger sa structure financière vers ce ratio cible. Or ce
n'est pas ce qui est observé. En revanche, de 1968 à 1998, M.
Becker et J. Wurgler montrent que les entreprises peu endettées ont
été celles qui ont procédé à des
augmentations de capital quand leur valorisation relative (mesurée par
le rapport valeur des capitaux propres / montant comptable des capitaux
propres) était généreuse et vice versa. De la même
façon, ils montrent que 70% de la structure financière actuelle
est expliquée par des décisions prises, il y a plus de 10 ans et
donc par les niveaux de valorisations relatives de l'époque. M. Becker
et J. Wurgler en font le principal déterminant de la structure
financière actuelle compte tenu de l'attitude très pragmatique et
opportuniste des directeurs financiers qui ne fait d'ailleurs que correspondre
à l'appétence des investisseurs : émettre des actions
quand les cours sont hauts, s'endetter et racheter des actions quand les cours
sont bas.
La théorie de market timing repose essentiellement sur
l'effet de timing de marché sur la structure de capital.
I.2. Comportement du timing :
La moyenne pondérée de l'historique des ratios
MTB est la variable qui mesure le comportement du Timing (Fama et French
(2002)). Il apparaît qu'il existe deux versions relatives au comportement
du Timing. Selon la première, les agents économiques sont
rationnels. En admettant que les coûts de la sélection adverse
varient au cours du temps, plusieurs recherches proposent d'expliquer la
théorie du Market Timing comme un comportement dynamique du
modèle de la théorie hiérarchique (Lucas et Mc Donald
1992, Dierkens 1991, Helwege et Liang 1996, De Haan et Hinloopen 1999 et Jenson
2000). Ces travaux mettent en évidence la pertinence des
problèmes d'asymétrie informationnelle (ainsi que leurs
variations dans le temps), dans le processus d'émission d'actions.
La deuxième version de la théorie de Market
Timing suppose que les agents économiques sont irrationnels et que les
firmes émettent des actions lorsque les cours d'actions sont
élevés et les rachètent dans le cas contraire.
En effet, Becker et Wurgler (2002) montrent que la structure
financière d'une entreprise résulte, non d'un choix conscient
d'un ratio cible, mais de l'accumulation des décisions prises dans le
passé en fonction du contexte boursier du moment : émission
d'actions quand les valorisations sont élevées et que le contexte
boursier est bon, émission de dettes et rachat d'actions quand les cours
sont bas. La politique de financement qui consiste à émettre des
actions lorsque les cours sont élevés et à les racheter
lorsque les cours sont bas est généralement
dénommée «Equity Market Timing».
Ainsi, Korajczyk et Levy (2003) montrent que les firmes non
contraintes financièrement sont capables de dévier de leur niveau
cible d'endettement afin de profiter d'une conjoncture favorable sur le
marché.
I.3.Les principaux travaux empiriques portant sur les
déterminants de la structure de capital dans l'optique de la
théorie de Market Timing.
Dans leurs études, sur un échantillon de firmes
américaines (1971-2002), Chen et Zhao (2005) ont effectué trois
testes. Les résultats confirment la théorie de Trade-off et
contredisent les constats de Baker et Wurgler (2002).
Toutefois, Frank et Goyal (2004) expliquent le ratio
d'endettement par 39 facteurs explicatifs issus des cadres théoriques de
Trade off, de Pecking Order, de Market Timing et de la théorie de
l'agence. Les principaux résultats se résument comme suit :
- Les firmes ayant des ratios MTB élevés tendent
à diminuer leur niveau d'endettement.
- Les firmes les plus profitables ont des ratios de dettes
faibles.
- Les firmes de grande taille ont des ratios de dettes
élevés, il existe une relation positive entre l'endettement et
l'inflation.
Pour Alti (2005), Les résultats montrent une
évidence de la théorie de Market Timing. Les firmes
émettent des capitaux propres et diminuent leurs endettement pendant les
périodes « hautes ».Toutefois, l'effet de Timing devient
très faible dés la deuxième année qui suit les
introductions en bourse
Section II : La littérature empirique.
II.1. La variable endettement:
Le niveau d'endettement de l'entreprise est mesuré par
plusieurs variables.
Frank et Goyal (2003) utilisent la dette totale et les dettes
à long terme ainsi que taux d'intérêt de couverture pour
mesurer le levier.
Ratio d'endettement (TDA) =
Ratio d'endettement (TDM) =
Ratio d'endettement (LDA) =
Ratio d'endettement (LMD) =
Ratio d'endettement (ICR) = Taux d'intérêt de la
couverture
D'autres auteurs utilisent la valeur marchande et une valeur
purement comptable pour mesurer le niveau d'endettement.
Tableau 10 : Tableau explicatif des variables
dépendantes
Variables
dépendantes
|
Mesures retenues
|
Auteurs de référence
|
Ratio d'endettement
(valeur comptable)
(DFTC)
|
|
Flannery et Rangan (2004)
|
Ratio d'endettement
(valeur marchande)
(DFTM)
|
|
Grullon et Kanatas (2001)
|
II.2. Les variables explicatives de
l'endettement :
La théorie de market timing, d'après les travaux
théoriques et les recherches empiriques, a apporté d'autres
variables explicatives de la structure de l'endettement outre
présentés par la théorie de trade off et la théorie
de pecking order : le ratio pondéré du MTB, la variation du
cours d'actions, la performance du marché boursier et le comportement du
taux d'intérêt.
Tableau 11: Tableau récapitulatif des
principales variables explicatives de la structure de capital ainsi que les
signes prédits par les théories de
références.
Variables
|
Market timing
|
Travaux de référence
|
Opportunités de croissance
(MTB)
|
-
|
Titman et Wessels (1988), Rajin et Zingales (1995), Graham
(2000) et Booth et al (2001)
|
Variation du cours d'actions
|
-
|
Welch (2004)
|
Performance du marché boursier.
|
-
|
Frank et Goyal (2003, 2005)
|
Taux d'intérêt.
|
-
|
Frank et Goyal (2003, 2005)
|
Récessions du NBER
|
+
|
Frank et Goyal (2003, 2005)
|
Tableau 12 : Corrélation entre les
variables explicatives et le ratio d'endettement selon l'étude de
(FAKHFAKH Hamadi et BEN ATITALLAH Rihab ;2006).
|
Le modèle OLS
|
Le modèle Within
|
Les variables
|
DFTM
|
DFTC
|
DFTM
|
DFTC
|
MTB
|
-
|
+
|
-
|
+
|
Variation du taux d'intérêts
(price)
|
-
|
-
|
-
|
-
|
EFWMB
|
-
|
-
|
-
|
-
|
IBVMT
|
+
|
-
|
-
|
+
|
II.2.1. Opportunités de croissance :
La corrélation négative de l'endettement et du
Market to book ratio reçoit plusieurs explications. Myers
(1977) a montré que les sociétés fortement
endettées sont celles qui ont le plus tendance à ne pas
réaliser des projets d'investissement rentables. Aussi les firmes qui
ont le plus d'opportunités de croissance devraient-elles
privilégier l'émission d'actions. Or, selon Myers (1977), un fort
Market to book est considéré comme un indicateur des
opportunités de croissance ; il sera donc associé à un
moindre endettement. Une autre raison est que les firmes à fort Market
to book présentent des coûts plus élevés de
défaillance ou de réorganisation financière, ce qui
n'incite pas à un fort endettement. Une dernière raison
relève de la théorie de l'adaptation au marché (Market
Timing) selon laquelle les firmes ont tendance à émettre des
actions quand leur cours est élevé sur le marché par
rapport à leur valeur comptable, ce qui réduit temporairement la
part de l'endettement.
Le ratio market to book est mesuré par les rapports
(capitalisation boursière + dettes) / Actif total, Selon la
théorie de Market Timing, une bonne valorisation sur le marché
est interprétée par un endettement faible. Dans la
régression où l'endettement est mesuré en valeur
marchande, le résultat trouvé confirme l'évidence
théorique et empirique. Cependant, dans la régression où
la dette est mesurée en valeur comptable, le coefficient du ratio MTB
change de signe et devient positif.
Frank et Goyal (2004) montrent que des ratios MTB
élevés à une incidence négative et à court
terme sur l'endettement. La relation négative entre le ratio market to
book et l'endettement est prédite par la théorie de market
timing.
Fama et French (2002) suggèrent que la variable qui
mesure le comportement du Timing à savoir la moyenne
pondérée de l'historique des ratios MTB est négativement
corrélée au ratio d'endettement mesuré en valeur de
marché. Ce résultat conforte les conclusions de Baker et Wurgler
(2002).
II.2.2. Variation du cours d'actions :
Taux de variation des cours de la firme, qui mesure la hausse
des cours d'action, est significatif avec un signe négatif dans la
régression portant sur l'endettement marchand. Ce résultat est
conforme à l'approche de Welch (2004) connue sous l'appellation de
« Inertia Theory» qui prédit un rapport négatif entre
l'augmentation des cours d'actions et le ratio de dette mesuré en valeur
marchande. Frank et Goyal (2004) trouvent que l'endettement est
négativement lié à la variation des cours d'actions.
Toutefois, ces auteurs arguent que cette variable est une simple mesure de
risque. Selon la théorie de Trade-off, les firmes réduisent leur
endettement pour minimiser leur niveau de risque. Ils ajoutent que la
théorie de Pecking Order et que la théorie de Market Timing passe
sous silence concernant la relation risque endettement. Cependant, lorsque
l'endettement est mesuré en valeur comptable, le coefficient de la
variable (Price) n'est plus significatif. Une telle constatation confirme la
pertinence des valeurs de marché comparées aux mesures comptables
(Baker et Wurgler 2002).
II.2.3. Performance du marché boursier (l'indice
BVMT) :
Le coefficient de la variable (IBVMT) qui mesure la
performance du marché boursier est très faible et non
significatif dans les quatre régressions. Le résultat obtenu
contredit la prédiction de la théorie de Market Timing qui selon
Frank et Goyal (2003 et 2005) suggère un rapport négatif entre la
performance du marché boursier et le ratio d'endettement.
II.2.4. Taux d'intérêt :
Le coût de la dette, à l'encontre des travaux de
Baker et Wurgler (2002) qui ont trouvé un coefficient négatif
entre le ratio EFWMB et le niveau d'endettement, les régressions
effectuées montrent que les coefficients de cette variable ne sont pas
significatifs, bien qu'ils présentent le signe attendu (négatif).
Ces résultats sont similaires à ceux trouvés par Bie et
Haan (2004) dans le contexte hollandais. Cependant, la régression
portant sur l'endettement mesuré en valeur du marché montre un
coefficient négativement significatif entre le ratio EFWMB et
l'endettement. Baker et Wurgler (2002) expliquent cette relation
négative par le fait que les firmes financent leur déficit de
financement par l'émission d'actions pendant les périodes
propices caractérisées par un historique de ratio Market To book
élevé.
II.2.5. Récessions du NBER :
C'est une variable macroéconomique. NBER (National
Bureau of Economic Research), bureau national de la recherche
économique, définit la récession comme la période
du déclin significatif du total output, revenu, emploi et commerce. Dans
la plupart du temps, à la fin de six mois ou bien à la fin de
l'année.
Lorsque l'indice est élevé, les firmes
augmentent leur niveau d'endettement, cette hypothèse est
vérifiée par Frank et Goyal (2003) lorsque le ratio d'endettement
est mesuré en valeur de marché alors qu'il non significative si
le ratio d'endettement est mesuré en valeur comptable.
D'un point de vue globale, la structure financière
n'est la résultante que d'une accumulation de choix opportunistes, c'est
le faite de mettre en considération le timing du marché des
actions.
Chapitre VI
Les confrontations des trois théories
Section I : Comparaison selon la
littérature théorique.
Les modèles théoriques de la structure du
capital sont articulés autour de la notion de niveau optimal
d'endettement. Si les dirigeants se soucient de maximiser la valeur de la
firme, ils chercheront à atteindre le niveau d'endettement qui
correspond au compromis optimal entre les coûts et
bénéfices associés à la dette. Certaines
spécificités de l'endettement agissent sur la valeur de la firme
lorsqu'il existe des imperfections de marchés. Les
échéances fixes des redevances d'emprunt augmentent la
probabilité de faillite qui impose des coûts réels
aux actionnaires (Stiglitz, 1972 ; Titman 1984). A des niveaux
élevés d'endettement les firmes peuvent être amenées
à laisser passer des opportunités d'investissements valables
(underinvestment : Myers, 1977) ou à investir dans des projets
trop risqués (asset substitution: Jensen et Meckling, 1976).
En effet, la dette présente également des
avantages sur les fonds propres. Elle bénéficie d'un traitement
fiscal favorable sur les dividendes et les plus values en capital (Modigliani
et Miller, 1963 ; Miller et Scholes, 1978), dont l'importance est
néanmoins modérée par le volume des charges non
monétaires fiscalement déductibles (De Angelo et Masulis,
1980). Devant la difficulté d'écrire des contrats qui alignent
parfaitement les fonctions d'utilité des managers et des actionnaires,
l'endettement peut être vu comme un mode de résolution
des conflits d'agence puisqu'il oblige les dirigeants à distribuer les
free cash-flows (Jensen, 1986). Il est généralement fait
référence à ce courant de littérature sous
le terme de Trade Off Theory.
La théorie de trade-off a pour objet d'expliquer
comment atteindre une structure optimale du capital qui maximise la valeur de
l'entreprise. Elle soutient que le niveau optimal d'endettement est atteint
lorsque l'économie marginale d'impôt attribuable à
l'endentement se trouve annulé par l'accroissement correspondant des
coûts potentiels d'agence et de faillite. L'un des problèmes
à résoudre pour tester cette théorie réside dans
l'estimation du ratio cible.
Dans les modèles de compromis et plus
précisément (STOT), la démarche marginale basée sur
l'analyse coûts avantages des modes de financement, permettrait de
réaliser l'objectif de structure financière globale optimale. En
revanche, les théories de financement hiérarchique ne font pas
explicitement référence à la notion de structure
financière optimale.
Autrement dit, les modèles de compromis sont
fondés sur une rationalité substantielle qui s'apprécie en
termes de résultats attendus (Simon 1976). Le décideur essaye de
trouver la meilleure structure pour des objectifs fixés, compte tenu des
contraintes induites par les différentes formes de financement, Quant
aux théories de financement hiérarchique, elles présentent
généralement le dirigeant comme un décideur, c'est
-à- dire comme une personne qui agit plus qu'elle ne subit. C'est
l'impossibilité de calculer l'ensemble des coûts qui contraint le
dirigeant à appliquer une solution non optimale fondée sur une
rationalité substantielle limitée ou plus
précisément une rationalité procédurale (le
dirigeant exécuterait une procédure dés qu'une situation
particulière surgie : investissement précis, problème
d'asymétrie...).
La théorie du financement hiérarchisé
développée initialement par Myers (1984) et Myers et Majluf
(1984) ne s'appuie pas sur une optimisation du ratio d'endettement, ce ratio
est le résultat cumule d'un ordre préférentiel des sources
de financement au cours du temps.
La Pecking Order Theory (POT) repose sur
l'hypothèse d'une domination des coûts associés aux
asymétries d'information entre les dirigeants qui sont les mieux
informés sur les perspectives de la firme et les actionnaires
externes qui le savent. Les autres coûts étant d'importance
moindre, les firmes préféreront l'autofinancement au financement
externe et la dette sans risque aux actions dont le modèle
canonique ne prévoit pas l'émission après la
création de la firme (Myers et Majluf, 1984). Si les
considérations de déviation du niveau cible de financement
sont alors accessoires, il faut noter que la POT fait appel à la notion
de debt capacity : la capacité maximale d'endettement au
delà de laquelle les coûts de faillites deviennent trop
importants (Shyam Sunder et Myers, 1999).
En effet, les entreprises les plus sensibles aux
asymétries informationnelles recourent prioritairement à
l'endettement. Au contraire, les entreprises les moins affectées par les
phénomènes de sélection adverse préfèrent
les émissions de capital.
Pour combler les insuffisances des deux cadres de
référence à savoir la théorie de Trade-off et la
théorie de Pecking order. Récemment, on assiste à
l'émergence d'un nouveau cadre théorique connue sous le nom de la
théorie de market timing. Les firmes émettent des actions
lorsque les prix du marché sont élevés et rachètent
leurs titres lorsque leur valeur est faible sur le marché. Dans ce
cadre, Frank et Goyal (2003) arguent que la théorie de Market Timing ne
prédit aucune relation significative entre les déterminants
spécifiques à la firme qui sont « traditionnellement »
définis par la théorie de Trade-off et de Pecking Order. Huang et
Ritter (2005) ajoutent que le cadre théorique du Market Timing comble
les insuffisances des deux cadres de référence à savoir la
théorie de Trade-off et la théorie de Pecking order, qui restent
très peu explicite sur la relation entre les coûts de financement
des fonds propres et la structure de capital.
Section II : Comparaison selon les variables
explicatives.
Dans le cadre de la théorie de trade off, la relation
entre l'endettement et la rentabilité devrait être positive. Une
entreprise rentable aura une préférence pour la dette car les
intérêts sont déductibles de son résultat fiscal.
Par ailleurs, si la rentabilité passée est une bonne
approximation de la rentabilité future, une entreprise très
rentable aura une probabilité plus forte de toutefois des modèles
théoriques dynamiques qui supposent l'existence d'un niveau optimal
d'endettement de type Fischer et al. 1989, Leland 1998 montrent qu'il existe
des coûts d'ajustements pour s'ajuster vers le haut au ratio cible alors
que les entreprises remboursent naturellement leur dette avec
l'autofinancement. Ces coûts autorisent donc un comportement de type
financement hiérarchique à court terme dans un cadre de niveau de
financement optimal rembourser ses dettes.
Ainsi, selon la théorie de Trade-Off, les entreprises
de grande taille s'endettent plus c'est-à-dire qu'il existe une relation
positive entre la taille de l'entreprise et l'endettement. Plusieurs auteurs
ont suggéré que la taille influence positivement les
décisions d'endettement. Tout d'abord la probabilité de faillite
est réduite dans les entreprises de taille importante car la
diversification des activités réduit la volatilité des
cash-flows et donc la probabilité de faillite (Titman et Wessels 1988,
Rajan et Zingales 1995). Par ailleurs, Ferri et Jones 1979 notent que les
grandes entreprises ont plus d'accès aux marchés financiers et
peuvent emprunter à de meilleures conditions. Finalement, pour les
petites entreprises, les conflits d'agence entre actionnaires et obligataires
peuvent être plus sévères puisque les dirigeants sont
souvent des actionnaires importants et que ces firmes disposent de plus de
souplesse dans leur choix d'investissement (Grinblatt et Titman 1998). Ce
problème peut être limité en octroyant aux petites
entreprises du crédit à court terme.
La croissance des actifs reflète les besoins de
financement résultant de la politique financière de la firme.
Plus cette croissance est forte, plus la firme est confrontée au
problème de financement. Dans l'optique de la théorie d'agence et
selon Myers (1977), les coûts d'agence entre actionnaires et
créanciers seront d'autant plus élevés que la valeur des
opportunités de croissance futures est plus importante par rapport
à la valeur actuelle des actifs en place. Aussi dans la perspective des
coûts de faillites, la présence d'options de croissance devrait
limiter le recours à la dette puisque la valeur de ces actifs est
quasiment nulle en cas de liquidation. Donc dans le cadre de la théorie
de trade-off, on doit alors s'attendre à une relation négative
entre le niveau d'endettement et les opportunités de croissance.
Cependant, ces trois variables ont traité
différemment par la théorie de pecking order. En tant
qu'indicateur de performance de l'entreprise, la rentabilité joue un
rôle important à la fois dans l'évaluation par les
créanciers de la valeur de la firme, mais aussi dans la conduite de la
politique financière par les dirigeants. Il nous importe donc de
comprendre précisément l'influence de cette variable sur le
montant de l'endettement. Selon la POT, les entreprises utilisent d'abord
l'autofinancement, puis la dette et en dernier lieu l'émission d'action
pour financer leurs investissements. Toutes choses égales par ailleurs,
les firmes plus rentables ont alors plus d'autofinancement d'où une
relation négative entre la rentabilité et l'endettement.
Une approche fondée sur l'asymétrie
d'information peut conduire à supposer une relation négative
entre la taille et l'endettement. En effet, les entreprises de petites tailles
sont plus sensibles à l'asymétrie informationnelle. La taille de
la firme est introduite dans la mesure où elle est associée
négativement aux frais de transaction et d'émission, et en
principe à l'asymétrie informationnelle, qui peuvent limiter les
possibilités d'ajustement vers la cible. En raison d'une meilleure
connaissance par les investisseurs, les grandes entreprises font face à
moins de problèmes de sélection adverse et peuvent émettre
plus facilement des titres de capital que les petites entreprises pour
lesquelles ces problèmes sont plus sévères. Les petites
entreprises, théoriquement plus sensibles aux asymétries
informationnelles, semblent financer leurs investissements prioritairement par
l'endettement au contraire des grandes entreprises.
Les entreprises avec de fortes options de croissance et un
besoin de financement important feront prioritairement appel à
l'endettement. Les sources de financement externes les moins sujettes aux
asymétries d'information comme par exemple l'endettement à court
terme sera privilégié.
La théorie de pecking order traite d'autres variables
à savoir le ratio d'investissement. Il devrait être associé
positivement à l'augmentation du taux d'endettement. Cette variable
augmente le pouvoir explicatif du modèle en capturant l'incidence des
dépenses d'investissement réalisées par l'entreprise.
Celles-ci devraient être reliées positivement à
l'endettement. Ainsi que la flexibilité qui est mesurée avec le
rapport cash flow/Actif circulant. Cette variable est corrélée
positivement avec l'endettement.
La théorie de market timing a apporté d'autres
variables explicatives de la structure de l'endettement outre
présentés par la théorie de trade off et la théorie
de pecking order : le ratio pondéré du MTB, la variation du
cours d'actions, la performance du marché boursier et le comportement du
taux d'intérêt. Ce qui permet de combler les insuffisances de ces
deux théories.
La corrélation négative de l'endettement et du
Market to book reçoit plusieurs explications, selon Myers
(1977), un fort Market to book est considéré comme un indicateur
des opportunités de croissance ; il sera donc associé à un
moindre endettement, même résultat trouvé par la
théorie de trade off, contrairement à ce qui est trouvé
par la théorie de pecking order.
La variable macroéconomique, NBER (National Bureau of
Economic Research), bureau national de la recherche économique,
définit la récession comme la période du déclin
significatif du total output, revenu, emploi et commerce. Dans la plupart du
temps, à la fin de six mois ou bien à la fin de l'année.
Lorsque l'indice est élevé, les firmes augmentent leur niveau
d'endettement. Dans le cadre de la théorie de trade off le
résultat est négatif.
En effet, il y a d'autres variables qui ne sont pas
étudiées par la théorie de trade off et la théorie
de pecking order, le taux de variation des cours de la firme, qui mesure la
hausse des cours d'action, est significatif avec un signe négatif dans
la régression portant sur l'endettement marchand. Le coefficient de la
variable (IBVMT) qui mesure la performance du marché boursier est
très faible. Le résultat obtenu contredit la prédiction de
la théorie de Market Timing suggère un rapport négatif
entre la performance du marché boursier et le ratio d'endettement.
Conclusion générale
L'analyse conduite dans ce mémoire a permis de mettre
en évidence les problèmes de la structure financière qui
n'a pas cessé de susciter l'intérêt des chercheurs en
finance. En effet de nombreuses recherches ont essayé d'expliquer le
comportement des entreprises en matière d'endettement.
Les trois premiers chapitres de notre recherche ont
été consacrés à une analyse des déterminants
de la structure du capital des firmes et leurs impacts sur l'endettement. Nous
avons recherché les variables déterminantes la structure
financière qui sont issues de la théorie financière.
En référant au modèle d'échange
permanent (the static trade off theory), nous avons constaté une
relation positive entre l'endettement et la rentabilité. En fait, une
entreprise rentable aura une préférence pour la dette car les
intérêts sont déductibles de son résultat fiscal. La
théorie de trade off prévoyait une relation positive entre la
taille et l'endettement, il en découle que les firmes de grande taille
doivent être plus endettées. Une relation négative entre
le niveau d'endettement et les opportunités de croissance, plus cette
croissance est forte, plus la firme est confrontée au problème de
financement. Ainsi les firmes ont une incitation à émettre de la
dette garantie d'où une corrélation positive entre les garanties
et le niveau d'endettement.
Cependant, les modèles de la hiérarchie de
financement (the pecking order-theory) nous a orienté vers certains
facteurs sur la base desquels l'entreprise choisit sa politique d'endettement,
à savoir la rentabilité, la volatilité, la taille, la
croissance, la tangibilité, l'intangibilité et l'investissement
innovant. Puisque l'autofinancement est une source
préférée selon la théorie de pecking order, cette
dernière prévoyait un lien négatif entre le taux de
profit et les ressources externes (en particulier la dette). Dans le cadre de
cette théorie, la taille des entreprises doit jouer négativement
sur l'endettement des entreprises, les firmes plus rentables ont alors plus
d'autofinancement d'où une relation négative entre la
rentabilité et l'endettement. La relation entre les actifs intangibles
et l'endettement est positive.
Par ailleurs, le modèle de la théorie de market
timing comble les insuffisances des deux cadres de référence
à savoir la théorie de Trade-off et la théorie de Pecking
order. Hormis aux variables de contrôle (le niveau de rentabilité
de la firme, la taille, les opportunités de croissance et la structure
des actifs de la firme), introduites par les deux premières
théories, la théorie de market timing a étudié le
ratio pondéré du MTB, la variation du cours d'actions, la
performance du marché boursier et le comportement du taux
d'intérêt.
Dans cette théorie, la relation entre le ratio du MTB
et l'endettement se diffère selon la valeur comptable et la valeur
marchande : Dans la régression où l'endettement est
mesuré en valeur marchande le coefficient du ratio MTB est
négatif. Cependant, dans la régression où la dette est
mesurée en valeur comptable, le coefficient du ratio MTB change de signe
et devient positif. L'endettement est négativement lié à
la variation des cours d'actions. Le coefficient de la variable (IBVMT) qui
mesure la performance du marché boursier est négativement
lié à l'endettement, un coefficient négatif entre le ratio
EFWMB et l'endettement. La variable macroéconomique (les
récessions du NBER) est positivement liée à
l'endettement.
Malgré les confrontations entre quelques variables
explicatives de ces trois théories, elles restent
complémentaires.
Annexe 1
Tableau : Les études faites sur la structure de
financement des entreprises.
Auteurs
|
Echantillons et
méthodes
|
Types de firmes
|
Variables dépendantes
|
Variables explicatives
|
Carpentier et
Suret (1999)
|
243 firmes françaises sur
1987-1996.
Méthode de
régression MCO et
logistique et analyse
Source des
données : Worldscope.
|
Firmes cotées
sauf secteurs
finance,
immobilier et
assurance.
|
1/Dette LT/ total bilan
2/Dette Fin. CT/
bilan
3/Dette Fin. Totale/ bilan
4/Dette CT/ bilan
5/Dette totale/ bilan
6/Capitaux propres/ bilan
|
1/Rentabilité : moyenne sur 9
années de la rentabilité économique.
2/Taille : moyenne sur 9 années
3/Croissance : taux de croissance de l'actif
total
4/Levier : écart entre la dette fin.
totale / actif en 1987 et la moyenne sur les 9 années
5/BFR : BFR/ chiffre d'affaires
6/Investissement : Taux d'investissement brut
(dépenses de capital/ actif brut)
|
Philippe Gaud et Elion Jani. (Avril 2002)
|
106 entreprises
industrielles
suisses pour la période
1991-2000
La méthode
des moments généralisés et de variables
instrumentales,
La base de données : Worldscope.
|
Entreprises cotées à la bourse SWX,
les entreprises appartenant au secteur de la finance, de
l'immobilier et celles qui sont réglementées par
l'Etat ont été exclus.
|
- Ratio
d'endettement
(valeur comptable).
- Ratio
d'endettement (valeur marchande).
|
1/ Opportunités de croissance : le
ratio valeur de marché des fonds propres sur leur valeur comptable ou
market to book (MTB).
2/Taille : Le logarithme naturel des
ventes.
3/Rentabilité : le ratio résultat
avant intérêts et impôts sur total actif
4 /Garanties : Le ratio des actifs
corporels nets plus stocks sur total actif.
5 /Risque opérationnel : le
différentiel entre l'espérance de rentabilité de
l'entreprise et celle du marché
|
Frank et
Goyal
(2003)
|
Un
Echantillon
des firmes
américaines
pour la
période 1950
- 2000.
|
|
TDA : DT / actifs
TDM : Dette totale / Valeur du marché des actifs
LDA: Dette à LT /Actifs
LDM : Dette à LT terme/ Valeur du marché des
actifs
ICR : taux d'intérêt de la couverture
|
Ils expliquent le ratio d'endettement par 39 facteurs
explicatifs issus des cadres théoriques de Trade off, de Pecking Order,
de Market Timing et de la théorie de l'agence.
|
Philippe Gaud.
Mars 2003.
|
L'échantillon couvre les comportements de financement
externes en Europe sur la période 1989-2000.
La base de données : Thomson Financial
|
Des entreprises cotées au sein des pays membres de l'Union
Européenne ou de l'Association
Européenne de Libre Echange.
|
- Leverage est le ratio dette / valeur de
marché des actifs en début de période.
- SICLeverage est le niveau moyen d'endettement observé
|
- Return est le rendement moyen mesuré sur l'année
de l'opération et celle le précédent.
- MTB est le ratio de la valeur de marché des actifs sur
leur valeur comptable mesuré en début de période.
- ROA est le ratio du résultat avant
intérêt, taxe et amortissement sur le total de l'actif
comptable mesuré en début de période
- FCF est le ratio du cash-flow après investissement sur
le total de l'actif comptable mesuré en début
de période
|
Fakhfakh, H et Ben Attitallah R (2006).
|
Un échantillon 41 entreprises tunisiennes, pour la
période 1998-2003.
La base de données : la bourse des valeurs
mobilières de Tunis,
|
Les entreprises appartenant notamment
aux secteurs industriels, commercial et service.
|
- Ratio
d'endettement
(valeur comptable)=
(DLT + Concours bancaires)/
Total Actif
- Ratio
d'endettement (
valeur marchande)
(DLT + Concours bancaires)/
valeur comptable de la dette
financière totale +
capitalisation boursière
|
RENT : la rentabilité de la firme
mesurée par le ratio BAII / Actif total ;
TANG : la structure de l'actif de la firme
mesurée par le ratio actif corporel net plus
stocks / Actif total ;
SIZE : la taille de la firme mesurée par
le Log total actif ;
MTB : le ratio Market To Book mesuré par
le rapport (capitalisation boursière +
dettes) / Actif total
EFWMB : la moyenne pondérée des
ratios MTB passés, commençant par la
première observation disponible dans notre
échantillon, jusqu'a le ratio MTB à (T-1).
La pondération pour tous les ans est le déficit de
financement de l'année (1) jusqu'à (T-1).
Price : le taux de variation des cours de
l'action de la firme.
IBVMT : l'indice de la performance de la bourse
des valeurs mobilières de Tunis
pour l'année t.
|
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www.iae.univ-poitiers.fr/affi2006/Coms/043.pdf
· www.u-cergy.fr/AFFI_2004/IMG/pdf/BEN_ATITALLAH.pdf -
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www.hec.unige.ch/recherches_publications/cahiers/2003/2003.17.pdf
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www.hec.unige.ch/recherches_publications/cahiers/2003/2003.09.pdf
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repository.ust.hk/dspace/bitstream/1783.1/789/1/SSRN_ID396020_code030519500.pdf
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· www.u-cergy.fr/AFFI_2004/IMG/pdf/BEN_ATITALLAH.pdf
·
www.iae.univ-poitiers.fr/affi2006/Coms/047.pdf
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www.univ-paris12.fr/www/labos/erudite/semi/kmialed.pdf
·
www.edebodt.net/Paper/AFFI_2000a.pdf
Résumé :
L'étude de la structure du capital a constitué
depuis longtemps le thème central de la finance de l'entreprise. Dans un
premier temps, il nous paraît donc intéressant de présenter
les principales caractéristiques de modèles théoriques
existent à ce sujet. Trois théories ont constitué les
cadres théoriques de référence pour étudier le
comportement de financement des firmes dans ce mémoire, en effet, la
théorie de Trade-off qui repose sur l'existence d'un niveau
d'endettement optimal. Dans un contexte d'asymétrie d'information, MYERS
et MAJLUF [1984] introduisent la théorie du « pecking order »
qui établit un ordre de préférence selon lequel une
entreprise va financer ses investissements: la firme a recours en
priorité à l'autofinancement, puis à l'endettement et en
dernier ressort l'émission d'actions. Enfin, dans l'optique de la
théorie Market Timing, les firmes émettent des actions lorsque
les conditions du marché sont favorables et les rachètent dans le
cas contraire.
Dans un second temps, nous présentons une revue des
travaux empiriques concernant des entreprises et leur choix en matière
de financement.
Notre objectif est de présenter l'impact de certaines
variables sur l'endettement selon ces trois théories.
Mots-clés : Structure de
capital, Trade Off theory, ratio cible, Pecking Order theory, asymétrie
d'information, Market Timing theory, ratio MTB.
Mots-clés : Structure de
capital, trade off theory, ratio cible, pecking order
theory, asymétrie d'infomation, market
timing theory, ratio
MTB.