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La Violence en milieu scolaire: Causes et solutions envisageables

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par Fethi Esdiri
Lycée Beni M'hira - Titularisation en tant que professeur d'enseignement secondaire 2008
  

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II. LES SOLUTIONS ENVISAGEABLES

1. Renforcer les mesures préventives contre la violence scolaire

Il est important de signaler que la violence scolaire est un problème mondial. Cependant des remèdes standards ne seront pas efficaces dans la mesure où le degré de violence varie d'un pays à un autre et d'une région à une autre au sein de chaque pays. Dans tous les cas, la prise des mesures préventives sérieuses pour regeler la situation est de plus en plus urgente.

Parallèlement à la naissance de ce phénomène, une loi est censée naître dans le but de donner à l'affaire un statut juridique, c'est-à-dire créer une loi indépendante qui traite les cas de violence à l'école. Même si on ne peut pas infliger aux élèves auteurs d'agressions des peines de prisons lorsqu'il s'agit de mineurs, des amendes peuvent être infligées aux parents des élèves qui commettent des actes violents. Les sommes à payer varient selon la gravité des cas. Dans le pire des cas, des peines de prison peuvent être aussi imposées aux parents.

Ces mesures bien que dures, peuvent donner de bons résultats car les parents dans ce cas vont être obligés de s'intéresser à leurs enfants pour leurs protéger et pour se protéger. L'attention sera double.

Il ne sera pas sans utilité aussi de mettre en clair un guide pratique qui réglemente le traitement des cas de violence dans les établissements scolaires. A cet égard, l'exemple français mérite d'être souligné. Le Ministère français a publié un mémento expliquant les conduites à tenir en cas d'infraction en milieu scolaire. En voici la page trois :

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« En France, c'est le Ministère de l'Education nationale qui a pour mission de combattre la violence à l'école. En 2004, le Ministère de l'éducation nationale a compté plus de 81.000 actes de violence dans les lycées et collèges.

COMMENT LE MINISTERE LUTTE-T-IL CONTRE LA VIOLENCE A L'ECOLE ?

Le ministère de l'éducation nationale avait publié en 1998 un "guide pratique" de la violence à l'école. Ce guide donnait, pour chaque acte interdit, la conduite à tenir par les autorités de l'établissement scolaire et la sanction à appliquer à l'élève têtu. Et depuis 2000, il existe un comité national qui doit développer une politique nationale en matière de lutte contre la violence scolaire.

QUE DIT LA LOI ?

La législation en vigueur - c'est-à-dire l'ensemble des lois qui traitent de ce sujet -- aujourd'hui continue de soutenir fortement que toute manifestation de la violence scolaire est inacceptable. Elle réaffirme le rôle de l'école dans la promotion de l'égalité des chances. Elle dit également que l'autorité est légitime et met la règle au centre de l'enseignement.

A titre d'exemple, toutes les violences que nous avons citées sont punies par la loi, et même si c'est un enfant qui commet une violence, quelle qu'elle soit, il sera puni car il enfreint la loi. Bien sûr il sera puni en fonction de ce qu'il a fait (...) »5

Cette intervention de la part du Ministère français fait preuve de beaucoup de clarté et de performance. Une fois identifié, le problème est traité par des mesures sérieuses pertinentes, dans l'ordre et la loyauté.

Le problème qui se pose donc c'est moins la violence en elle-même que la manière de la traiter. C'est un problème d'organisation et il incombe au Ministère de prendre les justes mesures et de partager les rôles pour y faire face. Il est donc urgent d'être plus rigoureux dans le traitement des cas de violence. Sans retard, les autorités sont appelés à sanctionner sévèrement et dans la loi ce genre de pratiques.

En somme, si épineux qu'il soit, le problème de violence n'est pas sans avoir des solutions. La première est d'instaurer une loi qui traite les infractions violentes aux établissements scolaires, si ce n'est pas fait, et la mettre en pratique. Mais ceci n'est pas

5 Dossier de Bayard Presse, http:// www.junior.senat.fr/actu/info44.html

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suffisant. Une remise en question du rapport enseignant élève nous semble également nécessaire.

2. Réajuster le rapport enseignant/ élève

On veut dire par réajuster le rapport entre l'enseignant et l'élève montrer à chacun d'eux ses droits et ses devoirs. L'enseignant doit savoir qu'il est de ses obligations de respecter l'élève, le traiter en tant qu'être humain doué d'une dignité et non moins important que lui.

En revanche, l'élève doit à son enseignant un respect total. Il doit l'aider à lui communiquer le savoir nécessaire en éprouvant une concentration totale et un sérieux permanent. L'élève doit reconnaître à l'enseignant son autorité. Dès l'entrée en classe, le sujet apprenant met en tête qu'il est dans un lieu organisé dépendant d'un maître de lieu.

En l'absence de ces conditions, le déroulement des cours sera en butte à plusieurs difficultés. En comparaison avec son ancien statut, l'enseignant est de plus en plus effacé.

Les nouvelles théories ont fait de lui un guide qui ne doit plus imposer le savoir à l'élève mais le lui faire découvrir. Ces théories partent certes d'une bonne intention : mettre l'accent sur la capacité réflexive de l'élève et le transformer en élément actif au lieu d'un simple récipient à remplir d'informations.

Désormais, l'objectif de l'enseignement ce n'est pas apprendre mais plutôt apprendre à apprendre. On met l'accent sur la manière, le comment.

Toutefois, les nouvelles approches pédagogiques, sans se rendre compte peut-être, trop concentrées quelles sont sur l'élève, ont mis dans l'ombre l'enseignant : le maître déchu.

Le constructivisme et le socioconstructivisme ou ce qu'on appelle les méthodes cognitives sont un bon moyen de socialiser l'élève mais ils s'intéressent peu à son comportement au cours de l'apprentissage.

Piaget et Vygotski ont certes mis l'élève au centre de l'action éducative mais ils ont dénué l'enseignant de son statut de maître. Ils ont fait table rase des méthodes empiristes d'apprentissage qui ont comme condition nécessaire l'obéissance du sujet apprenant

voire sa soumission, considéré qu'il était moins comme un être humain qu'une bête. Le tableau suivant nous montre davantage les différences entre les deux approches et le changement qu'a subi le statut du maître:

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On remarque que l'enseignant jouait auparavant, un rôle plus actif. Il « gère le comportement » de l'élève, « renforce le comportement désirables et ignore les comportements indésirables ».

6 www.fse.ulaval.ca/chrd/Theories.app./theorie.htm.

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Ceci paraît tout à fait raisonnable. Il en résulte que la question de comportement des élèves ne posait pas problème. Chez les cognitivistes, toutes les interventions de l'enseignant tournent autour de la connaissance transmise. Il « traite l'information », il

« sélectionne, organise et schématise les connaissances ». Ceci suppose un apprentissage qui se déroule dans des conditions ordinaires où l'élève présente la motivation volontaire, l'attention et la bonne conduite. Mais que faire si ce n'est pas le cas ?

L'enseignant doit dans ce cas intervenir pour gérer le comportement de l'élève et le mettre dans l'ordre pour pouvoir poursuivre le processus d'apprentissage. L'intervention du maître donc doit se faire sur deux volets : le volet cognitif en tant que guide et animateur et le volet comportemental, pour ainsi dire, en tant que maître du lieu d'apprentissage.

L'absence de l'un de deux volets est le signe d'un déséquilibre voire d'une défection d'où l'aspect machinal de la méthode empiriste et le manque de discipline qui caractérise la méthode cognitiviste comme le prouve ce qui se passe aujourd'hui dans les écoles. L'idéal est une approche qui joint la discipline de la méthode classique et la mise en valeur de la capacité intellectuelle de l'élève en tant que constructeur du savoir par laquelle se distingue l'approche moderne.

En attendant, une réhabilitation du statut du maître nous paraît nécessaire pour imposer l'ordre et gérer les comportements déchaînés des sujets apprenants. On doit lui remettre son autorité en lui assignant des limites. L'élève, surtout dans le cycle primaire et dans le premier cycle de l'enseignement secondaire c'est-à-dire jusqu'à la neuvième année, est censé reconnaître et subir l'autorité- qui doit être justifiée- du maître.

Le rapport entre l'enseignant et l'élève sera plutôt un rapport de maître/disciple. A partir du deuxième cycle de l'enseignement, secondaire, élevé dans la discipline, l'élève respecte l'enseignant. Le Rapport entre les deux devient un rapport élève /enseignant. Un enseignant qui désormais assurera un rôle d'accompagnement et de guidage sans perdre aux yeux de l'élève sans statut de maître.

Ainsi, donner à l'enseignant un statut plus solide permet de gérer les

comportements des élèves au sein de la classe et de faire face à la violence. L'être humain est plus ou moins animal quand la raison fait défaut. Dans ce cas une force qui le

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remet dans l'ordre devient nécessaire. L'enseignant en maître assurera cette fonction. Il suffit de l'encadrer et de lui donner plus d'autonomie.

3. Donner plus d'autonomie à l'enseignant

Il est important de signaler que donner de l'autonomie à l'enseignant ne veut pas dire lui donner une liberté totale. Ceci peut signifier pour quelques enseignants faire ce qu'on veut c'est-à-dire enseigner comme on veut, exercer une autorité absolue et abusée sur l'élève pratiquer une violence non justifiée sur lui, le terrifier. C'est ce qu'on appelle résoudre la violence par la violence ou remplacer la violence de l'élève par la violence du professeur ce qui ne résout pas le problème.

A dire vrai, l'autonomie de l'enseignant touche d'abord le contenu, le savoir enseigné. Ceci nous pousse à parler des programmes préconisés. Mais quel-est le rapport entre le choix des programmes enseignés et la violence scolaire ?

Ces programmes passent souvent à côté des besoins réels des élèves, qui les jugent difficiles et épineux. Le contenu ne touche, par la force des choses, qu'une élite des apprenants, ceux les plus intelligents, qui ne sont pas nombreux d'ailleurs. Les autres continuent à traîner des lacunes qui s'accumulent sans cesse. Cet accumulation de lacunes renforce leurs sentiments d'impuissance voire de désespoir lesquels se traduisent sous forme d'indifférence, d'absentéisme, pour prendre la forme de réactions violentes. Violence de l'élève d'abord contre les camarades brillants car il n'arrive pas à les égaliser et lui provoque un sentiment d'infériorité. Puis une violence contre l'enseignant qui lui impose un savoir inaccessible. Violence aussi contre l'école qui le pousse vers l'échec et finit par le jeter dans la rue. Violence enfin contre la société et les autorités qui n'arrivent pas à le contenir et lui procurer un emploi pour réaliser ces rêves. Car il faut le dire, l'élève ne compte plus sur l'école pour réaliser ses ambitions.

Par ailleurs, un paradoxe se pose. Les nouveaux programmes et les nouvelles approches pédagogiques visent à faire apprendre à l'élève comment exploiter un savoir qui n'est pas toujours acquis. Plus logique est de s'assurer d'abord de l'intégration du savoir puis apprendre à l'élève à l'exploiter.

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Par conséquent, il ne serait pas sans utilité de faire participer les enseignants surtout les plus expérimentés au choix du contenu enseigné car l'enseignant demeure les plus capable d'identifier les besoins scientifiques et psychologiques de l'élève.

Par ailleurs, l'autonomie de l'enseignant touche aussi son rapport avec l'élève. Une certaine autorité peut aider ce dernier à contenir les réactions violentes et les amortir. C'est lui donner les prérogatives nécessaire à la rectification, la correction de l'élève sans lui permettre d'en abuser. Le sujet a fait l'objet d'une conférence-débat organisée au siège du Parti des Verts pour le Progrès (PVP) :

« La désintégration de la notion de famille, les jeux censés être éducatifs, la privation, le système pédagogique et par là même le système de punition ont été longuement discutés par les participants et les spécialistes présents lors de cette soirée, dont notamment le sociologue et professeur universitaire Habib Dérouiche et le psychothérapeute et comportementaliste le professeur Jaâfar Mondher.

«On ne peut pas changer la société par décret», a affirmé Pr. Habib Dérouiche dans son intervention. Il a analysé le phénomène de la violence avançant une série de propositions pour faire barrage à la violence. Il a estimé que le système

pédagogique actuel n'offre pas aux enseignants la possibilité d'utiliser tous les moyens dont ils disposent pour éduquer les écoliers. L'impunité de l'enfant l'encourage à signer et persister dans ses dérives »7.

A cet égard la pédagogie différenciée n'est pas sans apport. Partant d'un diagnostique, on détermine l'attitude à prendre envers chaque élève selon les cas. Un élève timide peut être doucement conduit à dépasser sa situation et se socialiser. Un élève intelligent peut être orienté d'une manière à exploiter son intelligence et la développer. Un élève qui est désintéressé doit être mené de façon à changer ses attitudes en discutant avec lui et en l'orientant. De même, pour un élève dont la conduite est d'une agitation excessive qui arrive jusqu'à la brutalité, les pratiques violentes, pourquoi n'est pas lui imposer une correction si les autres moyens ne donnent pas des résultats.

La correction justifiée témoigne d'une discipline fondée sur la raison : « l'élève fait l'apprentissage de la liberté. Etre libre ce n'est pas s'affranchir de toute règle mais

7 http://www.tunisia-today.com/archives/41672

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c'est se soumettre à la règle que l'on se donne parce qu'elle est l'expression d'un idéal à atteindre »8.

Il serait utile aussi de former les enseignants en matière de la psychologie de l'enfant, la communication. On peut aussi consacrer des heures de pratiques en faveurs des futurs enseignants pendant leur formation à l'université sous formes de cours qu'il présentent dans des école, des collèges ou des lycées en vue de les préparer au métier et les familiariser avec les difficultés de l'enseignement de bonne heure pour qu'il puisse être plus maîtres de leurs situations.

8 Charmions, Claude, La Connaissance de l'enfant et son éducation, Collection Recherche et Documents Pédagogiques, 1967.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera