UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI FACULTE DES SCIENCES
AGRONOMIQUES DEPARTEMENT D'ECONOMIE, DE SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET
DE COMMUNICATION POUR LE DEVELOPPEMENT RURAL
TKEME
IMPACT DE L'ADOPTION DES VARIETES AMELIOREES DE RIZ SUR LA
SCOLARISATION ET LA SANTE DES ENFANTS AU BENIN : CAS DU DEPARTEMENT DES
COLLINES
TKESE
POUR L'OBTENTION DU DIPLOME D'INGENIEUR AGRONOME
Option :ECONOMIE, SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET COMMUNICATION POUR
LE
DEVELOPPEMENT RURAL
Présentée et soutenue par :
Souléïmane Adéyèmi ADEKAMBI
SUPERVISEUR CO -SUPERVISEUR
Prof. Gauthier BIAOU Dr. Aliou DIAGNE
Composition du jury
Président : Prof. Egnonto KOFFI-TESSIO
Rapporteur : Prof. Gauthier BIAOU
er Examinateur : Dr. Aliou DIAGNE
2ème Examinateur : Dr. Houinsou
DEDEHOUANOU
|
e 17 Décembre 2005
UNIVERSITY OFABOMEY-CALAVI FACULTY OF AGRONOMICS SCIENCES
DEPARTMENT OF ECONOMY, SOCIO-ANTHROPOLOGY AND COMMUNICATION
FOR RURAL DEVELOPMENT
nOPIC
IMPACT ASSESSMENT OF ADOPTION OF IMPROVED RICE VARIETIES ON
CHILDREN SCHOOLING AND HEALTH IN BENIN: CASE STUDY OF DEPARTEMENT OF
COLLINES
|
niESIS
SUBMITTED IN PARTIAL FULFILMENT OF THE REQUIREMENTOF THE
DEGREE OF "INGENIEUR AGRONOME"
Option : Economy, socio-Anthropology and
communication Presented and defended by Souléïmane
Adéyèmi ADEKAMBI
SUPERVISOR CO -SUPERVISOR
Prof. Gauthier BIAOU Dr. Aliou DIAGNE
Composition of jury
Chairman : Prof. Egnonto KOFFI-TESSIO
Reporter : Prof. Gauthier BIAOU
st Examinator : Dr. Aliou DIAGNE
&nd Examinator : Dr. Houinsou DEDEHOUANOU
December, the 17 th 2005
CERTIFICATION
Nous certifions que ce travail a été
réalisé par Souléïmane Adéyèmi ADEKAMBI
sous notre supervision à la Faculté des Sciences Agronomiques de
l'Université d'Abomey-Calavi, en vue de l'obtention du Diplôme
d'Ingénieur Agronome, Option Economie, Socio-Anthropologie et
Communication pour le développement rural (ESAC).
Le Superviseur Professeur Gauthier BIAOU
Docteur d'Etat en Economie Rurale Maître de
Conférences au CAMES
DEDICACES
Je dédie ce travail aux familles ADEKAMBI, OLOUGBE et
TOKPOHOZIN pour avoir fait de moi un homme consciencieux et studieux. Je tiens
particulièrement à le dédier:
A mon père, El-Hadj Sadikou Olougbé ADEKAMBI, pour
toutes les peines et souffrances consenties pour moi, et surtout ses conseils
et morales très instructifs et éducateurs.
A ma très chère mère, Moibatou TOKPOHOZIN
pour sa bravoure, son dévouement, ses peines et souffrances, mais
surtout pour l'amour sincère qu'elle porte pour ses enfants.
A vous mes jeunes frères (Ganiou, Nourou-dine, Kowiyou
et Idrissou) ainsi qu'à mes cousins (es), neveux et nièces, qui
poursuivez encore les études, que ce travail soit pour vous un exemple
à suivre.
Enfin, aux mémoires de mon grand-père Yessoufou
Adékambi OLOUGBE, de ma grand-mère Séliath et de ma tante
Fatimath ADEKAMBI.
REMERCIEMENTS
En prélude à ce rapport, nous avons
l'agréable devoir de remercier tous ceux qui, de près ou de loin,
n'ont ménagé aucun effort pour contribuer à l'heureux
aboutissement de ce travail. Vous êtes nombreux à nous apporter
votre assistance technique ou financière. Certes, nous ne pouvons pas
vous citer tous ici, car la liste est trop longue. Que toutes ces personnes
reçoivent ici nos profondes gratitudes.
Nous tenons particulièrement à témoigner
tous nos sincères remerciements :
Au Professeur Gauthier BIAOU, notre superviseur, pour sa
disponibilité permanente tout au long de ce travail, malgré ses
multiples occupations administratives et professionnelles. Qu'il retrouve ici
toutes nos sincères reconnaissances.
Au Dr. Aliou DIAGNE, Spécialiste en évaluation
d'impact socio-économique à l'ADRAO, pour avoir accepté
co-superviser ce travail. A aucun moment, vous n'avez cessé de nous
apporter votre assistance malgré vos lourdes tâches
professionnelles. Que Dieu vous le rende au centuple.
Les différentes remarques pertinentes que vous,
Professeur Gauthier BIAOU et Dr. Aliou DIAGNE, avez faites, nous ont permis de
finaliser ce travail dans de bonnes conditions. Perspicacité, tel est le
souvenir inoubliable que nous avons gardé de vous.
A M. Patrice ADEGBOLA, Directeur du Programme d'Analyse de la
Politique Agricole (PAPA) de l'INRAB, qui nous a mis en contact avec le Dr.
Aliou DIAGNE, tout ceci dans l'esprit de nous faire toucher du doigt d'autres
réalités du monde scientifique. Aussi, depuis
l'élaboration de notre protocole de recherche jusqu'à la
rédaction de notre thèse, n'a-t-il cessé de nous faire
parvenir ses suggestions et remarques malgré ses nombreuses occupations
personnelles et administratives. Recevez ici l'expression de nos profondes
reconnaissances.
Au Dr Rita AGBOH-NOAMESHIE, Chercheur visiteur à
l'ADRAO, pour les différentes remarques et suggestions que vous n'avez
cessé de nous faire parvenir dans l'esprit d'améliorer notre
travail. Recevez ici l'expression de nos sincères remerciements.
Aux Ingénieurs Aminou AROUNA, Florentin AKPLOGAN, Damien
HOUNDETONDJI, Zoul- Kiffouly MIDINGOYI, Théodore NOUHOHEFLIN,
Alphonse SINGBO, et Epiphane
SODJINOU qui, à tout moment où les besoins se sont
fait ressentir, ont toujours répondu à notre appel. Recevez ici
nos sincères remerciements.
Nous remercions aussi Ir. Marie -josé SOGBOSSI, Ir.
Florent KINKINGNIHOUN, Ir Simon N'TCHO et l'Analyste Programmeur
Perpétue KOUAME qui n'ont marchandé leurs efforts à nos
côtés surtout en ces durs moments de traitements des
données. Vos disponibilités à tous les instants ne nous
ont jamais manqué ; nous nous en souvenons et nous nous en souviendrons
toujours. Recevez notre profonde gratitude.
Nos remerciements vont également à l'endroit des
nommés Dénis OLOU, Eustache BIAOU, Laurent OLOUKOÏ, Modeste
HOUNGBEDJI, Judicaël GOUSSANOU, Cyrille ALLA, François DOSSOUHOUI,
et Rabiatou BONI YARA pour la disponibilité et la patience dont ils ont
fait montre lors de la collecte des données.
A Djalalou-Dine ARINLOYE, nous adressons nos sincères
remerciements pour la saisie des données de cette thèse et pour
tout son soutien tout au long de la rédaction de cette thèse.
Les riziculteurs du Département des Collines en
général et nos enquêtés en particulier
méritent nos remerciements pour leur dévouement et la patience
dont ils ont fait montre lors de nos investigations. Nous espérons que
les résultats auxquels nous sommes parvenus sauront être à
la hauteur de leurs attentes.
A toute la famille ADEKAMBI et en particulier mon Père
El-Hadj Sadikou O. ADEKAMBI et ma mère Moïbatou TOKPOHOZIN, vous
qui avez veillé sur moi depuis mon enfance et n'avez
ménagé aucun effort pour faire de moi l'homme que je suis
aujourd'hui, je ne cesserai de vous remercier durant toute ma vie.
A mes belles-mères Sabitiou FAFOUMI et Chèrifath
KARIMOU, nous vous disons merci pour tous vos conseils et soutiens.
A mes oncles Saliou ADEKAMBI, Abdou KARIMOU, Mandjibou OLOUGBE,
merci également pour vos soutiens.
A ma tante Raïmanth et ses enfants, soyez-en remercier.
A vous, mes jeunes frères Ganiou, Nourou-Dine, Kowiyou et
Idrissou, qui êtes encore sur le chemin de l'école, que ce travail
soit pour vous un guide.
Et à vous, mes grands frères Moutinou, Siakou et
Akim, que ce travail soit pour vous l'expression d'un soulagement, oui d'un
soulagement en ce sens que vous m'avez toujours rappelé que je n'ai
aucun droit de rebrousser chemin.
A toutes mes soeurs Sidikatou, Ramata, Roukayath, Mandinath,
Abibath, et Sayidath, nous vous disons merci infiniment pour tous les conseils
et soutiens dont vous avez fait preuve tout au long de notre formation.
A mes cousines et cousins Wassiath, Mariaman, Rabiath,
Koubourath, Koudous et Rashidi, nous vous remercions pour tous vos soutiens.
Que le personnel du Programme d'Analyse de la Politique Agricole
trouve ici l'expression de notre profonde gratitude.
A tous mes éducateurs du primaire au supérieur et
en l'occurrence les enseignants de la FSA/UAC, nous vous remercions pour avoir
fait de nous l'homme que nous sommes aujourd'hui.
A tous nos amis, camarades de classes et d'amphis, de quartiers
ou de village, des maisons " Prudence" et "Coeur Sacré" du village
universitaire, nous vous remercions pour tous vos soutiens.
Nous n'oublions pas les camarades de la
29ème Promotion de la FSA, en l'occurrence Joseph KIKI,
Khalifa BORI-BATA, Jilius OLATOUNDE, Julien AMOUSSOU, Wilfried AFFODEGON,
Ousmane AFFO, Inoussa RAHIMOU et Kassim LABO GOUMBI à qui nous disons
merci pour tous ces moments passionnants passés ensemble.
Merci à tous et à toutes!
RE SUME
La paupérisation de plus en plus poussée de la
population rurale constitue l'une des principales causes de l'aggravation de
l'insécurité alimentaire, de l'abandon de l'école ou de la
non scolarisation des enfants, etc. La réduction de cette
pauvreté doit entre autres passer par la diversification des cultures,
l'augmentation de la productivité agricole et l'amélioration de
la compétitivité du secteur agricole. Conscient de la
nécessité de cette diversification, le Gouvernement
béninois a, depuis les années 80, inscrit le développement
de la riziculture comme l'une de ses priorités de développement
agricole. Dans cette perspective de promotion de cette culture, il a eu
à ratifier plusieurs accords avec bon nombre d'institutions
internationales. Parmi celles--ci, figurent l'ADRAO, la FAO, etc.
Bien que le riz ait bénéficié d'une
attention toute particulière de la part des décideurs compte tenu
de sa forte demande par les consommateurs ruraux et urbains, sa production
nationale n'arrive pas encore à couvrir les besoins du marché
intérieur (moins de 30%). Pour pallier cette situation et pouvoir
exporter une partie du riz produit localement, l'Institut National des
Recherches Agricoles du Bénin (INRAB), en collaboration avec le Centre
de Riz pour l'Afrique (ADRAO), a mis au point un certain nombre de paquets
technologiques d'intensification durable de cette culture. Ces innovations
portent sur les nouvelles variétés de riz, l'aménagement
des bas-fonds et le désherbage à l'herbicide. Plusieurs
variétés de riz ont été testées en milieu
réel avec la participation des paysans. La toute dernière gamme
de ces variétés mises au point par l'ADRAO et déjà
vulgarisée au Bénin est dénommée le NERICA
(entendre Nouveau riz pour l'Afrique). Considéré comme le riz
"miracle" africain, il a déjà fait ses preuves en Côte
d'Ivoire et en Guinée où il a été adopté
à grande échelle par les riziculteurs.
Face à cette situation, on est en droit de se demander
si l'adoption de ces variétés à haut rendement a vraiment
contribué à l'amélioration des conditions de vie des
riziculteurs. Ainsi, le but de cette étude est-il de répondre
à cette préoccupation. Son objectif est d'évaluer l'impact
de l'adoption de ces variétés améliorées de riz en
mettant un accent particulier sur l'investissement dans la scolarisation et la
santé des enfants.
Les données ont été collectées en
deux phases complémentaires, à savoir une phase
d'étude documentaire et une phase d'enquêtes exploratoire et
fine sur le terrain. Au cours de cette deuxième phase, deux outils
ont été utilisés : l'entretien semi-structuré
utilisé lors de la phase
exploratoire et l'entretien structuré lors de
l'enquête fine. Cette étude a couvert vingt-quatre (24) villages
répartis dans trois communes du Département des Collines. Au
total, 304 riziculteurs dont 184 rizicultrices, ont été
enquêtés.
Les analyses des données ont été
effectuées à l'aide de l'approche économétrique
basée sur le calcul de l'Effet Moyen de Traitement (ATE) et l'Effet
Moyen de Traitement sur les Traités
(ATE1).
Deux types d'adoptants ont été distingués
: le premier type est celui des riziculteurs cultivant au moins une des
variétés améliorées introduites en milieu rural, et
le second concerne les adoptants des nouvelles variétés de riz
NERICAs.
De l'estimation d'impacts, il ressort que l'impact des
variétés améliorées de riz (toutes gammes
confondues) sur la scolarisation des enfants est de 3%, 3% et de 4.925 FCFA
respectivement sur le taux de scolarisation, le taux de maintien à
l'école et les dépenses scolaires par enfant scolarisé.
Aussi, ces variétés améliorées de riz ont-elles
permis d'améliorer de 2% l'indice de disparité des sexes au sein
des exploitations rizicoles.
Quant aux nouvelles variétés NERICAs, elles ont
induit aussi un impact de 6%, 9%, 7% et de 8.425 FCFA respectivement sur le
taux de scolarisation, le taux de maintien à l'école, l'indice de
disparité des sexes et les dépenses scolaires par enfant
scolarisé.
Il en résulte des résultats de modèles de
régression que l'adoption des variétés
améliorées de riz, le revenu rizicole et le nombre d'enfants en
âge scolarisable sont les principaux facteurs déterminants de la
scolarisation au niveau de ces riziculteurs.
Quant à l'investissement dans les soins de santé
des enfants, les résultats issus de l'estimation d'impacts ont
montré que les variétés améliorées de riz
ont permis une amélioration du taux de fréquentation des
hôpitaux et des dépenses pour les soins curatifs des enfants
respectivement de 7% et de 2.875 FCFA environ. De plus, ces
variétés améliorées de riz auraient permis de
réduire en moyenne de 1%, la fréquence des maladies au sein de
ces exploitations rizicoles.
Les variétés NERICAs auraient contribué,
à travers l'investissement dans la prévention, à
réduire de 2%, la fréquence des maladies des enfants pour tout
ménage pris au hasard dans la population.
De plus, la fréquentation des hôpitaux en cas de
maladies des enfants s'est améliorée de 5% et les dépenses
pour les soins curatifs par enfant malade de 7.050 FCFA .
Pour ce qui concerne les facteurs influençant
l'investissement dans les soins curatifs de santé des enfants, il s'est
révélé que l'adoption des variétés
améliorées de riz, le revenu rizicole, la taille du ménage
et la distance séparant le centre de santé du village sont les
principaux déterminants des dépenses sanitaires pour les enfants
au niveau des riziculteurs étudiés. Parmi tous ces facteurs,
seule la taille du ménage est négativement corrélée
avec les dépenses sanitaires des exploitations, ce qui signifie que plus
la taille des ménages est grande, moins les dépenses
allouées aux soins de santé des enfants sont faibles.
Enfin, la taille du ménage et le niveau d'éducation
du chef de ménage sont les principaux déterminants de la
fréquentation des hôpitaux au niveau des riziculteurs
étudiés.
En somme, les variétés améliorées
de riz en général et les nouvelles variétés NERICAs
en particulier ont eu un impact assez important sur la scolarisation et la
santé des enfants. Il urge alors d'étendre ces
variétés NERICAs à toutes les zones de production de
riz.
Mots clés : Adoption, Impact,
Variétés améliorées de riz, NERICA, Scolarisation,
Santé, Déterminants, Enfants.
ABSTRACT
The impoverishment of the rural population constitutes one of
the main causes of the food insecurity, the give up of the school or the no
schooling of the children, etc. The reduction of this poverty must pass by the
cultures' diversification, the increase in the agricultural productivity and
the improvement of its competitiveness. Conscious of the need for this
diversification, Benin' Government, since 1980, listed the development of rice
growing as one of its priorities. From this point of view, he ratified several
agreements with considerable internationals institutions as WARDA, FAO, etc.
Despite of more attention of the decision makers on rice
production in Benin, the rice supply cannot keep up with demand. The local
production is less than 30 per cent of the domestic consumption. To alleviate
this situation, increase the income of the producers and to thus bring back
important currencies for the nation, the National Institute of Agricultural
Research of Benin (INRAB), in collaboration with the Africa Rice Center
(WARDA), developed a certain technological packages for the durable
intensification of this culture. These innovations relate to the new rice
varieties, lowland' management and the use of weedkiller. Several rice
varieties were thus tested in rural area. The last range of rice varieties
developed by the WARDA and already popularised in Benin, is the NERICAs (New
rice for Africa).
Did the adoption of these varieties of rice really improve the
living conditions of the farmers? The goal of this study is to answer this
preoccupation. Its objective is to evaluate the impact of the adoption of these
improved rice varieties on the investment in the schooling and the health of
the children.
The data used in our analysis came from a sample of about 304
rice farmers in 24 villages in Department of Collines. The data analyses were
carried out using Average Treatment Effect (ATE), which measures the impact of
an improved rice varieties adoption on a person randomly selected in the
population.
The results show that the impact of the improved rice
varieties is 3%, 3% and of 4,925 FCFA respectively on the schooling and the
maintenance rates and on the schooling expenditure per child enrolled at formal
education.
According to the gender of the children enrolled at formal
education, it revealed that improve rice varieties also allowed an improvement
of the index of the disparity of the gender of 2%.
For the investment in the health of the children, it revealed
that improved rice varieties allowed first, the diseases frequencies reduction
of 1% by investing in diseases' prevention, and secondly, an improvement of the
hospitals attendance rate and medical expenditure per child sick respectively
of 7% and 2,875 FCFA.
With respect of NERICAs adoption, the results showed that
their impacts are 6%, 9% and 8,425 FCFA respectively on the schooling and
maintenance rates and on the schooling expenditure per child enrolled at formal
education.
It also revealed that The NERICAs adoption has reduced by 2%,
the frequency of the diseases of the children by investing in diseases'
prevention. Moreover, the frequentation of the hospitals in the event of
diseases of the children goes improved of 5% and the medical expenditure per
sick child of 7,050 FCFA.
It results from the models' regression that the improved rice
varieties adoption, the rice income and the number of children in age for
enrolling at formal education are the main determinants of schooling at the
level of these rice farmers.
Concerning the factors influencing the investment in the
curative care of health of children, it appeared that the improved rice
varieties adoption, the rice income, the size of the household and the distance
separating the hospital from the village, are the principal determinants of the
medical expenditure for the children at the level of the rice farmers. Among
all these factors, only the size of the household is negatively correlated with
the medical expenditure of the exploitations.
Lastly, the household size and the degree of head household
education are the mains determinants of hospitals frequentation.
From all points of view, the improved rice varieties in
general and the NERICA varieties in particular, had an important impact on the
schooling and the health of the children. It is then urgent to extend these
NERICA varieties to all zones of rice production.
Key words: Adoption, Impact assessment, Improved rice varieties,
NERICA, Schooling, Health, Determinants, Children.
Définition des sigles et abréviations
ADRAO : Centre de Riz pour l'Afrique
ASPC : Agence de Santé Publique de Canada
ATE : Average Treatment Effect
ATE 1 : Average Treatment Effect on Treated
CeRPA : Centre Régional pour la Promotion Agricole
DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté
FAO : Food and Agriculture Organisation
FSA : Faculté des Sciences Agronomiques
IITA : International Institut of Tropical Agriculture
INRAB : Institut National des Recherches Agricoles du
Bénin
INSAE : Institut National de la Statistique et d'Analyse
Economique
MAEP : Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la
Pêche
NERICA : New Rice for Africa
OIT : Organisation Internationale du Travail
PAPA : Programme d'Analyse de la Politique Agricole
PNUD : Programme des Nations Unis pour le Développement
UAC : Université d'Abomey-Calavi
UNICEF : Organisation des Nations Unis pour l'Enfance et
l'Education
Liste des tableaux
Page
Tableau 3-1 : Nombre et répartition des villages
d'étude 28
Tableau 4-1 : Taille et répartition des producteurs par
sexe et par âge 38
Tableau 4-2 : Niveau d'instruction et statut matrimonial des
exploitants rizicoles
étudiés 40
Tableau 4-3 : Répartition des terres cultivées
suivant le mode d'accès et le sexe 42
Tableau 4-4 : Utilisation de la main-d'oeuvre et pratique de la
lutte chimique 46
Tableau 4-5 : Proportion de riziculteurs, superficies
cultivées et rendement par type de
variété 46
Tableau 4-6 : Caractéristiques démographiques et
socio-économiques des exploitants
suivant le statut d'adoption des variétés 48
Tableau 4-7 : Nombre moyen d'enfants scolarisés et
maintenus à l'école et dépenses scolaires moyennes par
adoptants (toutes variétés améliorées confondues)
et non-adoptants 51
Tableau 4-8 : Comparaison de quelques indicateurs de
scolarisation 52
Tableau 4-9 : Nombre moyen d'enfants scolarisés et
maintenus à l'école et dépenses
scolaires moyennes par adoptant et non adoptant de NERICA 53
Tableau 4-10 : Types de maladies 55
Tableau 4-11 : Dépenses moyennes pour les soins de
santé des enfants et les taux moyens de fréquentation des Centres
de Santé pour les adoptants (toutes variétés
améliorées confondues) et non-adoptants 55
Tableau 4-12: Dépenses moyennes pour les soins de
santé des enfants et les taux moyens de fréquentation des Centres
de Santé pour les adoptants et non- adoptants de NERICA 56
Tableau 5-1 : Impact des variétés
améliorées de riz sur la scolarisation selon la
méthode semi-paramétrique 62
Tableau 5-2 : Impact des variétés NERICAs sur la
scolarisation selon la méthode
semi-paramétrique 63
Tableau 5-3 : Déterminants de la scolarisation des
enfants 64
Tableau 5-4 : Impact des variétés
améliorées de riz sur la santé des enfants selon la
méthode semi-paramétrique 66
Tableau 5-5 : Impact des variétés NERICAs sur la
santé des enfants selon la méthode
semi-paramétrique 67
Tableau 5-6 : Déterminants des dépenses sanitaires
pour les enfants 69
Liste des figures
Page
Figure 1 : Evolution de la superficie emblavée et de la
production du riz au Bénin 2
ces dix dernières années
Figure 2 : Histogramme des relevés pluviométriques
moyens mensuels sur dix
(10) ans (1991 à 2000) 2 1
TABLE DES MATIERES
CERTIFICATION i
DEDICACES ii
REMERCIEMENTS iii
RESUME vi
ABSTRACT ix
Définition des sigles et abréviations xi
Liste des tableaux xii
Liste des figures xiii
TABLE DES MATIERES xiv
INTRODUCTION 1
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE ET DEFINITIONS DES CONCEPTS CLES 3
1-1-Problématique 3
1-1-1- Problème de recherche et justification de
l'étude 3
1-1-2- Objectifs de recherche 6
1-1-3- Hypothèses de recherche 6
1-2- Définition des concepts clés 7
1-2-1 -Evaluation d'impact 7
1-2-2- Semences améliorées ou
variétés améliorées de riz 8
1-2-3- Revenu agricole 9
1-2-4- Nouvelle technologie 9
1-2-5- Ménages et exploitations agricoles 9
1-2-6- Adoptants et non adoptants
..........................................................................................
10
CHAPITRE II : REVUE DE LITTERATURE 11
2-1- Situation et importance du riz 11
2-1-1-Place et importance du riz dans le monde 11
2-1-2-Caractéristiques de l'offre et de la demande du riz
en Afrique 11
2-1-3-Situation du riz au Bénin ces dix dernières
années 12
2-1-4-Bilan des travaux de recherche antérieurs 13
2-2- Déterminants de l'adoption des innovations 15
2-3- Déterminants de la scolarisation des enfants 16
2-4- Déterminants de la santé des enfants 18
CHAPITRE III : CADRE MÉTHODOLOGIQUE 21
3-1- Phases de l'étude 21
3-1-1- Phase préparatoire 21
3-1-2- Phase exploratoire 21
3-1-3- Phase de collecte des données 21
3-1-4- Phase de traitement et d'analyse des données
21
3-2- Présentation de la zone d'étude 22
3-2-1- Présentation du Département des Collines
22
3-2-2- Commune de Dassa-Zounmè 23
3-2-3- Commune de Glazoué 25
3-2-4- Commune de Savalou 27
3-3- Choix de la zone et des villages d'étude 28
3-4- Echantillonnage 29
3-5- Nature, sources et instruments de mesure des données
collectées 30
3-6- Limites des données 30
3-7- Méthodes et outils d'analyse des données 31
3-7-1- Analyse des caractéristiques
socio-économiques 31
3-7-2- Evaluation d'impact 31
CHAPITRE IV : CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET
SOCIO-
ECONOMIQUES DES EXPLOITATIONS RIZICOLES ETUDIEES 39
4-1- Caractéristiques démographiques des
exploitations rizicoles étudiées~ 39
4-2- Caractéristiques socio-économiques des
exploitants rizicoles 40
4-2-1- Niveau d'instruction et statut matrimonial 40
4-2-2- Activités menées au sein des unités
de production 40
4-3- Système de production rizicole 42
4-3-1- Facteurs de production 42
4-4- Caractéristiques démographiques et
socio-économiques des exploitations rizicoles
étudiées suivant le statut d'adoption 47
4-4-1- Adoptants et non-adoptants 47
4-4-2-Adoptants et non-adoptants de NERICA 47
4-4-3- Analyse différenciée de la scolarisation des
enfants selon le statut d'adoption 49
4-4-4- Analyse différenciée de la santé des
enfants selon le statut d'adoption 54
CHAPITRE V : IMPACT DES VARIETES AMELIOREES DE RIZ SUR
LA
SCOLARISATION ET LA SANTE DES ENFANTS 57
5-1-Modèle empirique et description des variables 57
5-1-1- Modèle empirique 57
5-1-2- Description des variables introduites dans les
différents modèles 59
5-2- Analyse de l'impact des variétés
améliorées sur la scolarisation des enfants 61
5-2-1- Adoptants et non-adoptants 61
5-2-2- Adoptants et non-adoptants des NERICA (New Rice for
Africa) 62
5-2-3- Déterminants de la scolarisation des enfants 63
5-2-4- Conclusion partielle 65
5-3- Analyse de l'impact des variétés
améliorées sur la santé des enfants 65
5-3-1- Adoptants et non-adoptants 65
5-3-2- Adoptants et non-adoptants du NERICA (New Rice for Africa)
66
5-3-3- Déterminants de la santé des enfants 67
5-3-4- Conclusion partielle 69
CONCLUSION ET SUGGESTIONS 71
Conclusion 71
Quelquessuggestions 72
REFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 74
INTRODUCTION
L'agriculture occupe une place de choix dans l'économie
béninoise. Représentant en moyenne 70,2 % des exportations, elle
contribue à 35% à la formation du Produit Intérieur Brut
(PIB) et occupe 54% de la population active agricole (BDF, 2002). En
dépit de l'importance capitale qu'elle revêt pour
l'économie nationale, la production agricole est demeurée
essentiellement sous- développée, aussi bien pour les
marchés intérieurs que pour l'exportation. Malgré sa
légère augmentation au cours de la période 1997-2001, le
taux d'accroissement de la production agricole (5,2 %) a à peine
dépassé celui de la démographie (3,2%). En outre, la
faible augmentation de la production vivrière et ses fluctuations d'une
année à l'autre demeurent des problèmes majeurs et
chroniques pour les pays africains en général et le Bénin
en particulier. Elles constituent les principales causes de l'aggravation de la
pauvreté et de l'insécurité alimentaire auxquelles se
trouvent confrontés ces pays. En effet, plusieurs études ont
conclu que l'Afrique au Sud du Sahara est la zone du monde où la
prévalence de la pauvreté (jusqu'à 50%) est la plus
élevée (Vergrielle et Brun, 1996). Azouley (1993) et
Vidogbèna (2003) ont quant à eux évoqué, d'une
part, la baisse du revenu par habitant et d'autre part la baisse du niveau de
scolarisation primaire des enfants qui passe de 81% en 1980 à 70% en
1990.
Dans le cas spécifique du Bénin, le Seuil de
Pauvreté Global (SPG) en milieu rural est passé de 42.075 FCFA
par an et par tête en 1994 à 51.413 FCFA en 2000, soit un
accroissement de 22 %. Sur la base de ce seuil, l'incidence de la
pauvreté1 est passée de 25,2 % en 1994 à 33 %
en 2000 (DSRP, 2002), rendant davantage pénibles les conditions de vie
de ces populations dont les premières victimes sont les enfants. Cette
situation entraîne entre autres au niveau des jeunes la mendicité,
la malnutrition, les maladies et la non scolarisation.
Pour briser ce cercle vicieux et favoriser la croissance
économique, il serait nécessaire d'éliminer la faim de
façon durable en assurant un développement rapide du secteur
agricole (Strong, 1989 et Nouhoheflin, 1999). En effet, selon la FAO (2004), la
lutte contre la pauvreté avec ses conséquences sur le continent
passe nécessairement par la sécurisation de la production
agricole, l'accroissement de la productivité et de la
compétitivité du secteur afin de générer des
revenus stables et comparables à ceux de l'industrie et du commerce. Cet
accroissement de la productivité ne peut se faire sans l'utilisation des
technologies appropriées, adaptées à nos
réalités socio-
La proportion des individus dont les dépenses moyennes
sont inférieures au Seuil de Pauvreté Global
économiques. En abondant dans le même sens,
Adégbidi (1992) pense que la recherche, pour parvenir à
satisfaire les populations rurales, devra notamment faire l'état des
lieux en ce qui concerne la technicité réelle du paysannat, les
potentialités de son développement et les aspirations profondes
des masses rurales.
C'est dans cette perspective de sécurisation de la
production agricole que, depuis plus de deux décennies, le Bénin
s'est lancé dans la promotion de la riziculture. Plusieurs technologies
dont les variétés améliorées de riz ont
été développées et introduites en milieu rural par
l'Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) en
collaboration avec le Centre de Riz pour l'Afrique (ADRAO).
La présente étude qui s'intitule « Impact
de l'adoption des variétés améliorées du riz au
centre du Bénin » se propose d'évaluer l'impact du revenu
issu de ces variétés améliorées de riz sur la
scolarisation et la santé des enfants.
La présente thèse s'articule autour de cinq (5)
chapitres. Nous présenterons au premier chapitre le problème et
la justification de l'étude, les objectifs poursuivis et les
hypothèses de recherche. La synthèse bibliographique et le cadre
méthodologique utilisé seront exposés respectivement aux
chapitres 2 et 3. Les chapitres 4 et 5 aborderont les différents
résultats et analyses auxquels nous sommes parvenu. Enfin, la
dernière partie présentera les conclusions issues de cette
étude et les suggestions qu'elles impliquent.
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE ET DEFINITIONS DES CONCEPTS
CLES
1-1-Problématique
1-1-1- Problème de recherche et justification de
l'étude
Malgré le taux de croissance de la production agricole
soutenu et estimé a 5 % en moyenne durant la période 1994-2001,
la pauvreté est restée un phénomène
préoccupant au Bénin et touche environ le tiers de la population
(PNUD, 2003). Il fait partie des pays les plus pauvres du monde, avec un revenu
annuel par habitant de 365 dollars contre 470 dollars par habitant en 2001 pour
l'Afrique subsaharienne. Il se situe au 159ème rang sur les
174 pays classés selon l'indice du développement humain du
Programme des Nations Unies pour le Développement (IFAD, 2005).
Malgré un net recul de la pauvreté urbaine de 28% en 1994 et 23%
en 2000, la pauvreté en zones rurales s'est aggravée en passant
de 25% à 33% dans la même période (DSRP, 2002), rendant
davantage difficiles les conditions de vie de ces populations dont les
premières victimes sont les enfants. Une situation qui expose ces
enfants aux maladies, aux épidémies, à la malnutrition,
à la mendicité, au système de confiage ou de placement
d'enfants, à la non scolarisation ou à l'abandon de
l'école, etc.
Cependant, des réductions durables de la
pauvreté rurale avec toutes ses conséquences sur les enfants
(malnutrition, non-scolarisation ou déscolarisation, les maladies de
toutes sortes dont ils sont victimes) ne sont possibles sans une augmentation
de la productivité agricole et une diversification des cultures (FAO ;
2004), base principale de l'économie des pays en voie de
développement.
C'est dans cette optique de diversification des cultures que,
depuis les années 80, le Bénin a opté pour le
développement de la riziculture et beaucoup d'accords ont
été ratifiés avec différentes institutions
internationales pour promouvoir ladite culture.
En effet, le riz constitue pour le Bénin depuis
quelques années, une denrée de base dont les besoins
dépassent largement la production locale. Selon les statistiques de la
FAO, pour l'année 1997, la production du riz blanc était au
Bénin de 18.000 tonnes, tandis que les quantités importées
se sont élevées à 56.000 tonnes. D'autres statistiques
indiquent que ces importations ont atteint 71.200 tonnes en 1999. Ces chiffres
mettent en évidence le faible taux de couverture des
besoins par la production nationale qui représente ainsi
en 1997, moins de 30% de la consommation (FAO, 2001 ; Adégbola et
Sodjinou, 2003).
Pour pallier cette situation, les possibilités
d'intensification de la culture sont en cours d'étude pour augmenter la
production en vue de couvrir la consommation intérieure, d'exporter une
partie de riz produit localement, d'accroître le revenu des producteurs
et de rapporter ainsi des devises importantes pour la nation. C'est dans ce
cadre que l'Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB),
en collaboration avec le Centre du Riz pour l'Afrique (ADRAO), a introduit un
certain nombre de paquets technologiques pour l'intensification durable de la
riziculture au Bénin. Ces innovations ont été introduites
suite à certaines contraintes que sont l'assèchement
précoce et l'érosion constante, l'utilisation de
variétés inadaptées de semences, l'envahissement par les
adventices, l'insuffisance de la main d'oeuvre etc. (INRAB, 2000). Ces
innovations concernent les variétés améliorées,
l'aménagement et le désherbage à l'herbicide. Plusieurs
variétés ont été testées en milieu
réel avec la participation des paysans. La toute dernière gamme
de variétés de riz mises au point par l'ADRAO est
dénommée le NERICA2 (entendre Nouveau riz pour
l'Afrique). Considéré comme le riz "miracle" africain, il a
déjà fait ses preuves en Côte d'Ivoire et en Guinée
où il a été adopté à grande échelle
par les riziculteurs. Ces différentes variétés de riz sont
toutes différentes des variétés habituellement
cultivées (Gambiaka), en considérant les critères tels que
la résistance à la sécheresse, la précocité,
le tallage, la capacité à recouvrir le sol, le format des grains
et le rendement (INRAB,2000).
D'après Mama et al. (2000) et Assigbe et Munyemana
(2002), ces nouvelles technologies ont induit une augmentation du rendement en
paddy. Midingoyi (2003) quant à lui, dans son étude sur
l'évaluation économique des technologies d'intensification de la
production rizicole, a montré que les systèmes de riziculture
intégrant les variétés améliorées ont connu
une amélioration de leurs performances techniques et économiques.
De plus, les études socio-économiques de l'adoption de ces
variétés améliorées ont montré que leur taux
d'adoption est croissant depuis leur introduction (Adégbola et al,
2005).
Cependant, les performances techniques d'une technologie,
fut-elle en milieu rural, ne suffisent pas pour démontrer son impact
sur les performances des adoptants (Honlonkou, 1999) et sur
le bien-être qui, selon le PNUD (1998), est non seulement la
satisfaction du besoin « primaire »
2 NERICA : New Rice for Africa
d'alimentation, mais également la satisfaction des
autres besoins comme la scolarisation des enfants, la santé, le
logement, les facteurs de production, les moyens de déplacement etc. En
effet, les technologies techniquement efficaces peuvent avoir des effets
négatifs inattendus comme la distribution inégale des
bénéfices aussi bien entre les exploitations qu'à
l'extérieur des exploitations et surtout entre le genre (entre les
hommes et les femmes) (Bahtty, 1978 ; Herdd, 1978, Norman ,1992 ; Nwajiuba,
1995 et Arouna, 2002). De plus, l'adoption des technologies nouvelles comporte
également des coûts. Alors il urge de savoir si l'adoption de ces
variétés améliorées de riz a vraiment
contribué à l'amélioration de l'investissement sur le
capital humain, en particulier sur la scolarisation et la santé des
enfants.
L'importance de ces questions est à la fois
théorique et empirique. En effet, sur le plan théorique, la
connaissance des implications économiques du développement et de
la vulgarisation des technologies est nécessaire et souvent
décisive pour les décideurs publics, les partenaires au
développement et les gestionnaires de recherche dans les pays en voie de
développement (Honlonkou, 1999).
Sur le plan empirique, les quelques récentes
études (Houndékon, 1996 ; Ahoyo, 1996 et Adégbola et
Sodjinou, 2003) se sont intéressées à évaluer la
compétitivité du riz béninois. Celle de Midingoyi (2003) a
évalué les performances techniques et économiques des
nouvelles technologies introduites (nouvelles variétés du riz,
l'aménagement et le désherbage à l'herbicide). Il en
ressort que ces technologies ont permis une amélioration du revenu des
adoptants. L'impact de cette augmentation de revenus sur l'acquisition de biens
matériels et l'investissement sur le capital humain n'a pas
été abordé. Or, il y a une différence entre la
performance d'une technologie et son impact sur la pauvreté. La
présente étude est une contribution à l'évaluation
des effets induits par l'adoption des variétés
améliorées de riz au Bénin.
1-1-2- Objectifs de recherche
L'objectif général de cette étude est
d'évaluer l'impact de l'adoption des variétés
améliorées de riz au niveau des producteurs.
De façon spécifique, il s'agit de :
· :. déterminer l'impact des variétés
améliorées de riz en général et des NERICAs en
particulier sur la scolarisation des enfants ;
· :* déterminer l'impact des variétés
améliorées de riz dont les NERICAs sur la santé des
enfants.
1-1-3- Hypothèses de recherche
H1 : L'adoption des variétés
améliorées de riz en général et des NERICAs en
particulier a un
impact positif sur le taux de scolarisation et sur le niveau
d'investissement dans la scolarisation des enfants.
Dans cette hypothèse, les indicateurs choisis sont :
les taux de scolarisation et de maintien à l'école, le niveau
d'investissement dans la scolarisation des enfants. Selon la
littérature, plus le niveau économique des ménages est
élevé, plus ils scolarisent leurs enfants (Lututala et al.,1996 ;
Mabika et Dimbuene, 2002). On s'attend donc à une augmentation des taux
de scolarisation et de maintien à l'école et des dépenses
scolaires suite à l'amélioration du revenu des ménages
H2 : L'adoption des variétés
améliorées de riz dont les NERICAs permet aux riziculteurs
d'investir davantage dans la santé des enfants et
d'augmenter leur taux de fréquentation des hôpitaux en cas de
maladies de ces derniers.
Dans cette hypothèse, les indicateurs choisis sont : la
fréquence des maladies au sein des ménages (c'est la proportion
des individus ayant souffert d'une maladie quelconque au cours d'une
période de référence donnée. Lors de cette
enquête, la période de référence a été
limitée aux huit derniers mois précédant l'enquête),
la fréquentation des hôpitaux (nombre d'enfants malades
emmenés à l'hôpital sur le nombre total d'enfants
tombés malades dans le ménage au cours de la même
période) et les dépenses sanitaires par enfant malade.
L'un des thèmes les plus répandus dans les
études épidémiologiques est le lien entre le statut
socio-économique et l'état de santé (Scott, 2002 et de
Sardan, 2004). Il est donc attendu qu'une augmentation du revenu des
ménages permettrait à ces derniers d'emmener davantage leurs
enfants malades à l'hôpital.
Le test de ces deux hypothèses nous permettra de
connaître l'effet de l'adoption des semences améliorées de
riz sur l'investissement dans le capital humain. En d'autres termes, ce test
devra nous permettre de savoir si le revenu issu de l'adoption de ces
variétés améliorées de riz est assez suffisant pour
la scolarisation de tous les enfants en âge scolaire et la couverture de
leurs dépenses de scolarisation et de soins de santé.
1-2- Définition des concepts clés
1-2-1-Evaluation d'impact
L'impact d'un projet ou d'un programme est défini comme
l'ensemble des changements dans les conditions de vie des participants tels
qu'eux-mêmes et leurs partenaires les perçoivent au moment de
l'évaluation, ainsi que tout changement durable dans leur environnement,
auxquels le projet ou le programme a contribué. Ces changements peuvent
être positifs ou négatifs, voulus ou imprévus (IFAD,
1998).
Selon Baker (2000), une évaluation globale se
définit dans la littérature comme une évaluation qui
intègre le contrôle, l'évaluation du processus,
l'évaluation du coût-bénéfice et l'évaluation
d'impact. Seul le dernier aspect nous intéresse dans cette étude.
En effet, l'évaluation d'impact est destinée à
déterminer de façon plus large si un projet ou un programme a eu
l'impact désiré sur des individus, des ménages et des
institutions et si ces effets sont attribuables à l'intervention du
projet ou du programme (évaluation ex-post). Les évaluations
d'impact peuvent aussi explorer des conséquences imprévues, soit
positives, soit négatives sur les bénéficiaires. Dans les
cas des évaluations d'impact probables de programmes potentiels ou
proposés, on parle d'évaluation ex- ante.
Les comparaisons « avec et sans » comparent le
comportement de variables clés dans un échantillon de pays ou
région où le programme a été mis en oeuvre par
rapport au comportement là où le programme ne l'a pas
été (ce dernier groupe constituant le groupe de comparaison).
Cette
méthode utilise donc les expériences
enregistrées dans les régions où le programme n'a pas
été appliqué, et qui servent de moyen de comparaison avec
ce qui se serait autrement passé dans les pays où il l'a
été. Cette façon d'aborder le problème est
cependant très limité en ce sens qu'il part de l'hypothèse
que, d'un côté, seul l'adoption d'une politique
particulière donnée fait la différence entre les pays
où elle a été adoptée et ceux où elle ne l'a
pas été, et que les conditions externes affectent les deux
groupes de façon égale, et de l'autre côté, le
changement observé avant et après la mise en oeuvre de la
politique est dû à cette politique.
Les comparaisons « avant et après » quant
à elles comparent la performance des variables clés pendant et
après un programme avec celle d'avant le programme. L'approche emploie
des méthodes statistiques pour évaluer s'il y a un changement
significatif de quelques variables essentielles avec le temps. Cette approche
engendre souvent des résultats biaisés parce qu'elle suppose que,
si cela n'avait pas été le programme, les indicateurs de
performance auraient pris leurs valeurs de période d'avant crise (Baker,
2000).
1-2-2- Semences améliorées ou
variétés améliorées de riz
Il s'agit des variétés améliorées
de riz. Elles se distinguent des locales par leur meilleur rendement en grain,
leur résistance aux maladies (pyriculariose, panachure jaune du riz),
leur tolérance à la sécheresse et à la
toxicité ferreuse et leur durée de cycle court.
Le Nouveau riz pour l'Afrique a été la
percée majeure de l'ADRAO au début des années 90 et il
ouvre une nouvelle ère d'amélioration variétale pour le
riz en Afrique de l'Ouest et du Centre. Les NERICAs sont le résultat
d'un croisement entre le riz local africain et le riz exotique asiatique. De
son parent africain, le nouveau riz a hérité une croissance
initiale profuse (ce qui signifie moins d'adventices donc moins de travail pour
les femmes) et une résistance / tolérance aux contraintes
locales. De son parent asiatique, il a hérité une plus grande
production et rétention des grains sur la plante (Harsch, 2004).
1-2-3- Revenu agricole
Le revenu agricole est la différence entre la production
et les charges liées à cette production. Ainsi, nous distinguons
deux types de revenu : le revenu net et le revenu brut.
Le Revenu Agricole Net (RAN) est la différence entre la
Valeur Ajoutée (VA) et la Rente Foncière (RF), les Taxes et les
impôts (T), les Intérêts (I), les salaires des travailleurs
extérieurs (W) (Adégbidi, 1994) :
RAN= VA- RF- T- I- W
Avec VA= Produit Brut (PB)- Consommation Intermédiaire
(CI)- Amortissements (Am)
Le revenu agricole brut par contre est la différence
entre la production brute et les charges réelles payées pour
cette production. Les charges comprennent les coûts d'intrants variables
(semences, différents engrais, insecticides, coût de la
main-d'oeuvre). Il est calculé pour une seule campagne agricole
(Adégbidi, 1994). C'est de ce type de revenu qu'il s'agira dans la
présente étude.
1-2-4- Nouvelle technologie
Selon Colman et Young (1989), une technologie est un ensemble
de techniques et de connaissances disponibles à un moment donné.
Un changement technologique est une amélioration des techniques de
production, de stockage, de gestion, etc., et on parle alors d'une nouvelle
technologie. Dans la présente étude le changement technologique
constitue le passage de l'utilisation des variétés
traditionnelles aux variétés améliorées du riz.
1-2-5- Ménages et exploitations agricoles
Selon Honlonkou (1999), le ménage agricole se
définit généralement comme le groupe familial
constitué du chef de ménage qui est souvent un homme
marié, sa (ses) femme (s), leurs enfants et d'autres dépendants
éventuels.
Pour mieux rendre compte de l'accès aux ressources, de
l'efficacité dans l'utilisation des ressources et de l'accès
à la production, il s'avère nécessaire de
considérer directement les unités de production,
c'est-à-dire les entreprises ou exploitations au sein des ménages
(Honlonkou, op. cit).
L'exploitation agricole se définit comme une
unité de production à caractère local, technique et
organisationnel, dans laquelle les facteurs de production sont combinés
par une action planifiée, en fonction des objectifs définis, et
cela en vue de produire des marchandises (Steinhausser et al., 1978). Pour
Biaou (1995), l'exploitation, pour le cas du plateau Adja (Bénin), peut
se définir comme un ensemble ménage-unités d'entreprise.
Il existe donc une relation étroite producteur- consommateur entre
l'exploitation et le ménage (Albert, 1992). Cette relation exerce une
influence sur le choix des objectifs (produire pour l'autosuffisance
alimentaire par exemple) et les décisions à prendre ( les
variétés à cultiver).
Dans le cadre de notre étude, nous baserons nos analyses
sur les unités de production de riz ou les exploitations rizicoles.
1-2-6- Adoptants et non adoptants
Selon le Plan Directeur de la Recherche au Bénin
(INRAB, 1996), une innovation ou un résultat de recherche est
adopté lorsqu'il est intégré par l'utilisateur. Ainsi les
adoptants des variétés améliorées de riz sont les
producteurs ou productrices de riz qui cultivent au moins une
variété améliorée de riz. Les non adoptants sont
ceux-là qui n'en cultivent pas.
CHAPITRE II : REVUE DE LITTERATURE
2-1- Situation et importance du riz
2-1-1-Place et importance du riz dans le monde
Deuxième culture mondiale et principale denrée
alimentaire de près de la moitié de la population mondiale, le
riz contribue à plus de 20% à la fourniture mondiale en calorie
consommée. Plus de deux (2) milliards d'habitants en Asie y tirent 80%
de leur calorie (FAO, 2001).
En Asie, 95% du riz mondial est produit et consommé. En
Europe et en Amérique du Nord, le riz a une importance croissante sur le
marché en tant que denrée alimentaire (FAO, op.cit).
D'après Hirsch (1999), la production du riz est
essentiellement asiatique puisque cette région assure toujours plus de
90% de la production mondiale, loin devant l'Amérique du Sud (3,2%) et
l'Afrique (2 ,8%). Cette production en paddy, estimée à 591
millions de tonnes en 2001, est détenue par les cinq premiers
producteurs que sont la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Bangladesh et le
Vietnam. La production du riz est donc le privilège d'un petit nombre de
pays. En effet, selon la FAO (2001), les vingt-six (26) plus grands pays
producteurs du monde réalisent une production comptant pour plus de 96%
de la production mondiale du riz. On note que dix-huit (18) pays sont
localisés dans le Sud, le Sud-Est et l'Est de l'Asie. Les huit (8)
autres pays restants (Brésil, USA, Russie, Egypte, Madagascar, Colombie,
Iran, Nigeria), ensemble, produisent moins de 6% du riz mondial.
2-1-2-Caractéristiques de l'offre et de la demande du riz
en Afrique
Le continent africain est devenu l'un des principaux
pôles d'importation de riz avec environ le quart (1/4) des importations
mondiales à cause de sa faible production qui atteint à peine
1,5% de la production mondiale (Ahoyo, 1996).
Selon Adégbola et Sodjinou (2003), l'Egypte est le premier
pays producteur de riz en Afrique suivi du Nigeria et de Madagascar.
En Afrique de l'Ouest, le Nigeria est le plus grand producteur
de riz suivi de la Côte d'Ivoire et de la Guinée avec
respectivement 48%, 17% et 10% de la production totale de la région
(Adégbola et Sodjinou, op.cit). Toujours dans cette zone, la demande
en riz n'a pas pu être satisfaite, ce qui se
traduit par une augmentation de 400% des importations du riz au
cours des 25 dernières années (FAO, 2000).
C'est pour palier un temps soit peu ces problèmes, que
le Centre du Riz pour l'Afrique (ADRAO) a été créé
en 1971 sous le parrainage du Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD), de l'Organisation des Nations Unies pour
l'Agriculture et l'Alimentation (FAO) et de la Commission Economique pour
l'Afrique (CEA). Il regroupe 17 pays dont le Bénin. C'est une
institution de recherche inter-gouvernementale autonome, ayant pour mission de
contribuer à l'allègement de la pauvreté et à la
sécurité alimentaire en Afrique à travers des
activités de Recherche-Développement et de partenariat visant
à améliorer la productivité et la rentabilité du
secteur rizicole tout en veillant à la durabilité du milieu de
production.
2-1-3-Situation du riz au Bénin ces dix dernières
années
Les statistiques sur l'offre du riz au Bénin varient en
fonction des sources. Cependant, ces diverses sources montrent une croissance
générale de la production locale. Selon les statistiques de la
FAO (2004), la production rizicole au Bénin a connu un accroissement de
1995 à 2004 (Figure 1). Cet accroissement est surtout lié
à l'accroissement de la superficie emblavée. Mais malgré
cette croissance de la production, elle est encore très faible pour
couvrir les besoins internes en ce produit.
40000
60000
20000
70000
50000
30000
10000
0000
0
production (Mt) Sperficie (Ha)
Figure 1 :Evolution de la superficie emblavée et de la
production du riz au Bénin ces dix dernières années.
Source : Annuaire Statistique FAO, 2004
2-1-4-Bilan des travaux de recherche antérieurs
Adégbola (1985), en utilisant l'approche sociologique,
a révélé que l'échec d'intensification de la
production rizicole constaté dans le département du Borgou est
dû à la non prise en compte du fonctionnement du moulin de Royen.
En effet, le milieu, une des cinq composantes de ce moulin, a été
négligé. Tous les efforts ont été orientés
vers la culture cotonnière au détriment de toutes les autres dont
le paddy. D'autres contraintes ont été soulignées par
l'auteur. Il s'agit du chevauchement des opérations rizicoles avec les
travaux des principales cultures de subsistance et la pénurie en
main-d'oeuvre supplémentaire induite par l'intensification et qui oblige
à faire recours à une main-d'oeuvre salariée.
Ahoyo (1996), en analysant les différents
systèmes de production intégrant la culture de riz au
Sud-bénin, a montré que la production de riz au Bénin
reste possible. En effet, agronomiquement, les terres propices sont
disponibles, l'eau nécessaire existe et est relativement abondante
(pluie, bas-fonds, cours d'eau et fleuve), le climat souhaité y est
adéquat. L'auteur, à travers des simulations et scénarios
basés sur les modèles de programmation linéaire, a
montré que les facteurs influençant la superficie dans les
systèmes de production intégrant la culture de riz sont la
disponibilité limitée du travail au sein des familles rurales,
les faibles rendements et les prix bas obtenus à la vente. Ces
contraintes sont renforcées par une commercialisation rendue difficile
par l'importation massive du riz de meilleure qualité (moins de brisure)
et bon marché. De plus, les modèles ont montré que, dans
les systèmes de production, le coton est le principal concurrent du riz.
La production du riz, toujours selon le même auteur, a des
possibilités de développement surtout après la
dévaluation du franc CFA qui renforce sa compétitivité.
Les résultats de Houndékon (1996) concernant le
Nord-Bénin ont montré, grâce à l'outil d'analyse
"Policy Analysis Matrix" (PAM), que la production de riz est rentable dans tous
les systèmes et seul le système irrigué permet aux paysans
de réaliser le profit le plus élevé à l'hectare
dans le cas où le dispositif d'irrigation fonctionnerait correctement.
L'auteur, en comparant le riz aux autres cultures de la zone, a aussi
montré que ce système irrigué est financièrement
plus rentable et occupe la deuxième place aussi bien dans le
système de bas-fonds aménagé que non
aménagé. Dans tous les systèmes qu'il a définis,
seuls ceux irrigués et de bas-fonds non aménagés ont un
avantage comparatif à produire seulement le riz pour concurrencer les
importations dans leur zone.
Mais cette production rizicole est devenue compétitive
aussi bien dans les zones de production que les zones de consommation avec la
dévaluation du franc CFA.
Sadou (1996), en étudiant l'économie des
systèmes de production de riz dans le département du Borgou
(Commune de Malanville), a abouti à la conclusion selon laquelle la
production de riz en système irrigué ou en bas-fonds est
rentable, mais celle du système de bas-fonds l'est plus que celle du
système irrigué.
Kpobli (2000), dans son étude d'impact des projets
rizicoles sur les systèmes de production à Dévé, a
montré que la dévaluation du franc CFA et la
réhabilitation des périmètres irrigués ont
favorisé la relance de la riziculture, ce qui s'est traduit par
l'augmentation de l'effectif des riziculteurs et de la superficie
emblavée dans cette zone.
Adégbola et Sodjinou (2003), en étudiant la
compétitivité de la riziculture béninoise, ont
montré grâce à l'outil d'analyse (PAM), qu'au
Sud-Bénin, seul le système de production avec maîtrise
totale de l'eau a un avantage comparatif dans la production de riz pour
concurrencer les importations de riz. Au Centre, en dehors du système
pluvial strict, tous les systèmes possèdent un avantage
comparatif dans la production de riz pour concurrencer le riz importé
dans la zone de production. Au Nord, tous les systèmes sont
compétitifs sauf les systèmes de bas-fonds non
aménagé utilisant la variété traditionnelle.
Faladé (2003), dans son étude sur l'analyse des
déterminants socio-économiques et institutionnels de la
production de riz à Sowé (Commune de Glazoué), a
montré que les variables telles que le dose d'engrais, les dates
d'application de l'engrais de couverture, les types de systèmes de
riziculture, le nombre d'années d'utilisation des terres et la
qualité des semences utilisées expliquent de façon
significative à un seuil de 5% ( respectivement 96,44% ; 56,77% ; 5,14%
; 6,20% et 4,34%) les variations des faibles rendements de riz observés
dans cette localité. L'étude a également montré que
la production rizicole à Sowé est affectée par d'autres
facteurs qui sont de divers ordres : naturel (irrégularité et
insuffisance de pluies, baisse continue de la fertilité des sols),
socio-économique (non disponibilité de la main-d'oeuvre, manque
de structure de crédits, manque de structures de fournitures d'intrants
en particulier d'engrais, manque de structure d'encadrement et de vulgarisation
paysanne), politique ( inorganisation de la filière par l'Etat) et
institutionnel (inefficacité des interventions).
2-2- Déterminants de l'adoption des innovations
Selon l'INRAB (1996), l'adoption d'une technologie est tributaire
de nombreux facteurs parmi lesquels nous pouvons citer :
- la complexité de la technologie ;
- la mise en place de fond initial indispensable ;
- le bénéfice net escompté et
- les possibilités d'intégration de la technologie
dans le schéma socio-culturel de l'exploitant.
Cymmit (1993) et Houndekon et Gogan (1996) distinguent aussi
quatre groupes de facteurs analogues aux précédents qui sont
susceptibles d'influencer l'adoption d'une technologie. Il s'agit des facteurs
propres aux producteurs, des facteurs liés à la technologie, des
facteurs institutionnels liés au marché de facteurs de production
et à l'information et les caractéristiques de la parcelle devant
recevoir la technologie.
Les facteurs liés au producteur regroupent le niveau
d'éducation de l'exploitant, son expérience en agriculture, son
âge, son genre, son niveau de richesse, la taille de son exploitation, la
disponibilité en main-d'oeuvre et son aversion au risque (Cymmit, 1993).
A ces facteurs, il faut aussi ajouter la rationalité du producteur.
C'est justement à cette rationalité que Dufumiet (1985) faisait
allusion en affirmant que les paysans adoptent des attitudes très
différentes selon les rapports de production et d'échange
auxquels ils sont soumis afin de mieux reproduire leurs conditions
matérielles d'existence et accroître éventuellement leur
niveau de vie. En fait, les paysans visent une multitude d'objectifs à
savoir : assurer la sécurité alimentaire de la famille, minimiser
les risques pour survivre dans un environnement incertain, maximiser le revenu
à l'hectare, assurer un revenu monétaire en vue de faire face aux
autres besoins matériels, rémunérer au mieux la
main-d'oeuvre familiale, accroître le patrimoine du ménage pour
assurer la survie pendant la période de vieillesse, assurer le
bien-être de l'ensemble des membres de la famille et accéder
à un certain rang social au sein de la communauté. Ces objectifs
sont aussi fonction du cycle de vie de l'exploitant.
S'agissant des facteurs liés à la technologie,
nous citons les fonctions économiques et alimentaires du produit, la
complexité de la technologie, le coût relatif de l'innovation par
rapport aux
innovations "substituts", le délai de
récupération de l'investissement et la susceptibilité de
la technologie aux aléas environnementaux.
Quant aux facteurs institutionnels, ils regroupent
l'accès au crédit, la tenure foncière, la
disponibilité et l'accessibilité des marchés des produits
et des facteurs, la disponibilité et la qualité de l'information
sur les technologies et le développement des activités para et
extra-agricoles.
Enfin, les caractéristiques de la parcelle concernent la
nature du sol, son niveau de fertilité avant l'adoption de la
technologie, le climat.
2-3- Déterminants de la scolarisation des
enfants
L'éducation sous toutes ses formes en
général et l'éducation formelle en particulier
apparaît de nos jours comme l'un des moyens les plus sûrs pour
qu'un Etat accède à un niveau de développement
économique et social.
Au Bénin, l'examen des statistiques scolaires de ces
dix (10) dernières années a révélé que d'une
manière générale, des progrès ont été
réalisés à tous les niveaux du système
éducatif béninois : pour l'enseignement primaire, le taux brut de
scolarisation (TBS) qui était d'environ 59,5% en 1990, est estimé
à 80% en 1999. Dans l'enseignement secondaire, le TBS qui se situait
à environ 12 % en 1992 a atteint le niveau de 19% en 1999 avec 26% dans
le premier cycle et 8 % dans le second. Pour ce qui est de l'accès
à l'enseignement primaire, il est plus ou moins universel en zone
urbaine alors que dans les zones rurales, le taux d'accès est de l'ordre
de 86 % pour les garçons et seulement de 64 % pour les filles (DSRP,
2002). Bien que ces taux d'accès soient relativement
élevés, la rétention en est un autre problème
surtout dans les milieux ruraux où les enfants, à partir d'un
certain âge, constituent des forces de travail pour leur famille. En
effet, la combinaison des différenciations dans l'accès et celles
dans la rétention dans le cycle primaire donne une forte
diversité entre groupes dans la proportion de la tranche d'âge qui
termine le primaire, avec 70% chez les garçons urbains, 47% chez les
filles urbaines, 39% chez les garçons ruraux et 14% chez les filles
rurales (DSRP, op.cit).
Plusieurs études ont été menées
dans le monde pour analyser l'effet du travail des enfants sur
leur scolarisation, leur rétention à l'école, leur
développement etc. En effet, Akabayashi et Psacharopoulos (1999), en
recourant à des données provenant d'un sondage datant de 1993
en
République-Unie de Tanzanie, ont examiné les
liens entre le travail des enfants et le développement du capital
humain. Ils ont constaté que des facteurs contribuant à
l'augmentation des heures de travail des enfants diminuent également les
heures d'étude dont ils bénéficient et que les heures de
travail ont une corrélation négative avec la capacité
d'étudier.
Canagarajah et Skyt Nielson (1999), dans leur étude sur
l'analyse des éléments déterminant le travail des enfants
en Côte d'Ivoire, au Ghana et en Zambie dans le cadre de la
fréquentation scolaire, ont constaté que la pauvreté et la
composition des foyers ont les plus grands effets sur le travail des
enfants.
Assaad et al (2001) quant à eux, dans leur rapport
présenté à l'Atelier sur l'analyse de la pauvreté
et les facteurs déterminants dans la région Afrique du Nord et
Moyen-Orient, ont décrit la relation entre le travail et la
fréquentation scolaire en Égypte. En se demandant dans quelle
mesure le travail réduit la fréquentation scolaire ainsi que la
façon dont la définition du travail affecte la
compréhension qu'a chacun des implications sexospécifiques, ils
ont constaté que le travail a un effet disproportionné sur les
filles, que ce soit au niveau de la main-d'oeuvre ou au foyer, et est plus
à même de les empêcher de s'inscrire à l'école
ou de fréquenter cette dernière.
Cherchant à souligner le rôle capital de la
famille dans la scolarisation des enfants, Lloyd (1993) soutient que la famille
en général et la famille africaine en particulier est loin
d'être une unité physique, économique et affective. Au
contraire, les familles se séparent souvent pour des raisons
économiques (émigration professionnelle du conjoint,
généralement le père) ou démographique (polygamie,
divorce, veuvage, remariage, etc.). Plusieurs enfants naissent et grandissent
dans ce contexte. Aussi, « les enfants des familles séparées
sont souvent privés d'instruction, parce qu'ils doivent se
débrouiller tout seuls et subvenir aux besoins de leurs parents,
frères et soeurs ».
A partir des données intercensitaires au Togo, Pilon
(1995) constate que les chefs de ménage de sexe féminin
scolarisent davantage leurs enfants que les hommes, et qu'elles donnent
priorité à la scolarisation des garçons que des filles. Il
constate également que les enfants d'un même ménage ne
bénéficient pas de la même instruction selon leur statut
familial, c'est-à-dire selon qu'ils soient des enfants propres aux
conjoints ou des enfants confiés. Il en a conclu qu'il existe des
stratégies familiales dans la scolarisation des enfants qui sont en
défaveur de certaines catégories d'enfants, mais qui sont encore
méconnues.
Pour Lututala et al. (1996), c'est la crise économique
qui rend souvent les parents incapables de faire face aux coûts de la
scolarisation. A partir de cet instant, le choix peut être dicté
par une priorité établie selon les caractéristiques des
enfants. Ainsi, on peut postuler que « les garçons sont plus
scolarisés que les filles» d'une part, et d'autre part, « les
enfants propres du ménage sont plus scolarisés que les autres
enfants ».
Mabika et Dimbuene (2002), en recherchant les
déterminants familiaux de la scolarisation en République
Démocratique du Congo à partir d'un modèle de
régression logistique, ont constaté que la scolarisation des
enfants dépend du niveau d'instruction du chef de ménage et de
son conjoint, du niveau socio-économique du chef de ménage, de
son degré d'activité, selon qu'il travaille ou non.
2-4- Déterminants de la santé des enfants
L'un des thèmes les plus répandus dans les
études épidémiologiques est le lien entre le statut
socio-économique et l'état de santé. Selon Scott (2002),
ce facteur joue un rôle déterminant en matière de
santé. En effet, bien que les politiques de santé des pays
africains au sud du Sahara aient connu, depuis ces trois dernières
décennies, de nombreuses réformes dont le renforcement de l'offre
publique de soins de premier niveau, les taux d'utilisation des structures de
soins sont restés faibles dans l'ensemble de ces pays et oscille, en
2003, entre 0,10 et 0,30 contact/personne/an (Audibert et al., 2004). Dans le
cas spécifique du Bénin, ces taux sont inférieurs à
0,4 visite par personne par an (DSRP, 2002). Selon de Sardan (2004), les
facteurs économique et culturel sont souvent invoqués pour
expliquer ce faible taux observé. D'une part, la paupérisation de
plus en plus poussée de la population rurale fait que les centres de
santé sont peu fréquentés, et les chefs de ménages,
dans ces conditions investissent moins dans la santé des membres de leur
ménage. Et d'autre part, la culture locale est incriminée en ce
que des coutumes, des habitudes ou des représentations et pratiques
populaires, voire l'ignorance des populations dissuaderaient les malades de se
rendre à temps dans les structures de santé, par un recours
excessif aux traitements dits « traditionnels » ou aux
guérisseurs.
L'Agence de Santé Publique de Canada (ASPEC) (2004), en
utilisant une approche axée sur la santé de la population pour
examiner une vaste gamme de facteurs interdépendants
qui déterminent la santé des enfants et des jeunes, incluant
des capacités individuelles, des habiletés
d'adaptation et des déterminants sociaux et
économiques là où les jeunes vivent, apprennent,
travaillent et se divertissent, a abouti à la conclusion selon laquelle
les facteurs déterminants les plus significatifs de la santé
physique et émotionnelle des jeunes sont le genre, l'aisance
financière de la famille (statut économique), le milieu scolaire
et l'influence des pairs au regard des comportements à risque.
Malgré le nombre d'études (Becker, 1974; Haveman
et Wolfe, 1995 ; cités par ASPC, 2004) ayant révélé
qu'il existe des liens considérables entre le revenu familial et la
santé des jeunes, d'autres études (Curtis et al., 1998; Dooley et
al., 1998a,b) par contre ont révélé que les relations
entre ces deux facteurs sont peu marquées et même parfois
négligeable. Ces résultats semblent contredire la théorie
économique selon laquelle le niveau de revenu est une composante
essentielle du bien-être des enfants.
Le peu d'importance empirique relative du revenu pour le
bien-être des enfants peut aussi s'expliquer comme suit (ASPC,
op.cit):
a) le revenu et/ou la pauvreté sont sujets à des
erreurs de mesure, ce qui biaise les coefficients;
b) il peut y avoir des problèmes
d'endogénéité (par exemple, il pourrait être
difficile pour une mère seule avec un enfant gravement malade de
travailler à plein temps);
c) le revenu et/ou la pauvreté peuvent être en
corrélation étroite avec d'autres variables
socio-économiques habituellement incluses dans les modèles de
régression des déterminants du bien-être de l'enfant,
affaiblissant ainsi les niveaux de signification (par exemple, le faible revenu
et le statut de mère seule sont en corrélation très
étroite). Ces préoccupations, quoique très valables, sont
difficiles à isoler lorsqu'on étudie les relations
socio-économiques et leurs conséquences pour la santé dans
un ensemble de données transversales.
Selon Korenman et al. (1995), l'évolution de la
pauvreté à long terme aurait un impact modéré sur
le développement cognitif des enfants.
Mayer (1997) quant à elle a examiné la
documentation existante et a utilisé plusieurs ensembles de
données américaines pour conclure que l'impact des hausses du
revenu parental sur les résultats des enfants, toutes autres
considérations étant égales, « est loin d'être
aussi important que de nombreux adeptes du libéralisme politique
l'imaginent, sans pour autant être nul comme de
nombreux adeptes du conservatisme politique semblent le croire
». Elle ajoute que, même si le revenu a peu d'impact sur un
résultat donné, il semble affecter la plupart des
résultats dans une certaine mesure, de sorte qu'une hausse de revenu
pourrait avoir un impact cumulatif substantiel. Par conséquent, modifier
la distribution des revenus (en augmentant le revenu des familles pauvres)
pourrait être aussi rentable qu'une autre politique.
CHAPITRE III : CADRE MÉTHODOLOGIQUE
3-1- Phases de l'étude
La présente étude s'est réalisée en
trois phases à savoir : 3-1-1- Phase préparatoire
Elle a consisté en la recherche documentaire. Elle nous
a permis de mieux cerner les grandes lignes de la recherche. Au cours de cette
phase, les services de documentations suivantes ont été
contactés : il s'agit de la BIDOC-FSA, du PAPA, de l'IITA, INRAB, INSAE,
PNUD, MAEP, CeRPA (Ex-CARDER), de l'ADRAO. C'est pendant cette phase que la
littérature disponible sur notre sujet a été en grande
partie revue, les hypothèses de recherche précisées et les
villages enquêtés sélectionnés. Elle a
débouché sur la rédaction d'une proposition de
recherche.
3-1-2- Phase exploratoire
Cette phase a été réalisée dans
certains villages ciblés à partir de l'étude documentaire
en raison du taux d'adoption des nouvelles variétés de riz. Elle
a été réalisée à l'aide d'un guide
d'entretien (confère annexe 1) et nous a permis de mieux
réorienter nos objectifs de recherche. Les hypothèses et le
questionnaire ont été mieux affinés au cours de cette
phase. Elle s'est déroulée du 04 au 09 Juillet 2005.
3-1-3- Phase de collecte des données
Cette phase a consisté à la collecte des
données primaires à l'aide d'un questionnaire structuré
pré- testé (confère annexe 2) auprès des
producteurs et productrices de riz. Cette phase s'est déroulée du
18 Juillet au 22 Août 2005.
3-1-4- Phase de traitement et d'analyse des données
Elle a consisté au traitement des données
collectées et à leur analyse. Elle s'est terminée par la
rédaction du rapport final de ladite thèse.
3-2- Présentation de la zone d'étude
3-2-1- Présentation du Département des Collines
Le département des Collines est issu du nouveau
découpage du Bénin en douze (12) départements en lieu et
place des six (6) existants. Il couvre une superficie de 13.931 km2
et est constitué de six (6) Communes (Dassa-Zounmè,
Glazoué, Ouèssè, Savalou, Savè et Bantè) qui
sont traversées par des collines d'où son nom symbolique de
Département des Collines. Il est limité au Sud par le
Département du Zou, au Nord-Ouest par le Département de la Donga
et au Nord-Est par le Département du Borgou, à l'Est par la
République Fédérale du Nigeria et à l'Ouest par la
République du Togo.
Ce Département est soumis aux influences d'un climat
tropical humide de type Soudano-guinéen à deux saisons pluvieuses
avec des aléas. C'est un climat bi-modal fait de deux (2) saisons de
pluies et de deux (2) saisons sèches (figure 2). Mais le passage,
à certaines années, du régime bi-modal courant au
régime uni-modal pour certaines stations perturbe les calendriers
agricoles des paysans.
160
140
120
100
40
60
20
0
0
S e rie s 1
Figure 2 :Histogramme des relevés pluviométriques
moyens mensuels sur dix (10) ans (1991 à 2000)
Source: INSAE, 2001
La pluviométrie annuelle est comprise entre 773 et 1.268
mm en moyenne (données pluviométriques de 1991 à 2000).
Les pluies sont inégalement réparties.
Quant au relief, la zone est assez homogène, couvrant une
plaine modelée sur un socle précambien et dominée par des
collines de 300 mètres en moyenne d'altitude.
La savane arborée à Daricella oliveri est la
végétation dominante. Les essences les plus rencontrées
aujourd'hui sont le Karité, le Néré et le Cailcedra.
L'Iroko a presque disparu.
Le Département des Collines a un réseau
hydrographique peu important. Néanmoins, quelques rivières
permettent d'assurer partiellement la couverture des besoins en eau des
populations.
Les sols sont de type ferrugineux tropical sur un socle
cristallin aux caractéristiques très variables. Dans le
Département, on note encore une disponibilité des terres avec
cependant, une forte tendance à la réduction dans les
localités de Dassa, Savalou et Savè à cause des collines.
On rencontre également des sols noirs et hydromorphes dans les
vallées des fleuves et des minières qui traversent la zone.
Avec une population de 535.923 habitants (INSAE, 2002), le
Département des Collines se positionne au quatrième
(4ème) rang du classement des départements selon la
taille avec une densité de population qui varie en fonction des
Communes.
3-2-2- Commune de Dassa-Zounmè
Située au Sud du Département des Collines et
couvrant une superficie de 1.760 km2, la Commune de
Dassa-Zounmè est limitée au Nord par la Commune de
Glazoué, au Sud par les Communes de Covè, de Zagnanado et de
Djidja (Zou), à l'Ouest par la Commune de Savalou et à l'Est par
les Communes de Savè et de Kétou (Plateau).
Elle compte dix (10) arrondissements avec cinquante trois (53)
villages et quinze (15) quartiers de villes.
La Commune de Dassa-Zounmè est sur un relief
dominé par des alignements de collines, sensiblement du Nord au Sud dont
l'altitude peut parfois atteindre 400m. Il a été recensé
en 1989 plus de 44 collines, 16 rivières, ruisseaux et plans d'eau qui
irriguent le secteur et au moins 20 bassins versants.
Elle jouit, tout comme les autres communes du
département des Collines, d'un climat de transition entre le
sub-équatorial de la côte et le tropical humide de type
soudano-guinéen du Nord Bénin. L'ancien régime
pluviométrique caractérisé par deux saisons de pluies
distinctes semble progressivement disparaître. La saison des pluies tend
à devenir unique et est marquée par des
irrégularités dans le temps et dans l'espace avec quelque fois
des poches de sécheresse ou des excès de pluies agissant
sensiblement sur la production.
La moyenne pluviométrique annuelle varie entre 900 et
1200mm voire 1300mm.
Le réseau hydrographique comprend :
- l'Ouémé qui marque la limite naturelle à
l'Est de la Commune ;
- le Zou qui marque la limite naturelle au Sud de la Commune.
On note également de nombreux ruisseaux ou bras de
cours d'eau à régime pluviométrique saisonnier. Au nombre
de ceux-ci, on peut citer l'Agbado sur la limite Ouest de la Commune et le Tewi
qui prend sa source depuis le centre de la Commune et la traverse sur toute sa
moitie Sud.
Les principaux types de sols rencontrés sont :
- les sols ferrugineux tropicaux sur socle cristallin sur la
majeur partie de la Commune ;
- les vertisols et les sols hydromorphes
disséminés dans la Commune et surtout dans les zones de
dépressions.
La végétation est dominée par une savane
légèrement arborée. On note quelques lambeaux de
forêts, généralement sous forme de forêt
classée atteignant 26.450 hectares.
La population de la Commune de Dassa-Zounmè est
estimée, selon le recensement général de la population
(RGPH3), à 93.967 habitants dont 45.190 (48,09%) hommes et 48.777 femmes
(51,91%), avec une densité de 53,4 habitants au Km2 et 11.447
ménages dont 9.058 ruraux.
La population active agricole est estimée à
environ 36.084 habitants dont 18.646 de sexe féminin (le rapport annuel
d'activités 2003-2004 du CeRPA Zou-Collines). La population est à
dominance Idaatcha (65%). Les autres ethnies que l'on rencontre sont les Mahi
et les Fons (30%) et autres (Bariba, Dendi, Peuhl, Otamari) (5%).
L'agriculture reste la base de l'économie de la
Commune. En effet, elle occupe au moins 94% de la population. Les cultures
dominantes sont les cultures vivrières comme le maïs, le
niébé, le riz, le
soja, le sorgho, l'igname, le manioc. Les principales
cultures industrielles sont le coton et l'arachide. L'anacarde a
commencé par prendre une place importante ces dernières
années au sein des exploitations agricoles.
L'élevage reste peu développé et se
pratique d'une manière traditionnelle avec comme espèces
d'élevage, les bovins et ovins, les caprins, les porcins et la volaille.
Quelques troupeaux transhumants semi-nomades arrivent à la faveur des
saisons et y restent pour de courtes durées avant de continuer vers
Kouykoudji (Savalou) ou Sagbovi (Zagnanado).
La pêche est développée et se pratique de
manière traditionnelle au niveau des fleuves Ouémé et
Zou.
L'artisanat reste à l'état informel. Il existe
toutefois, quelques centres de métiers comme le tissage, la fabrication
des pièces de rechange des pompes hydrauliques et de nombreuses
unités de transformation des produits agricoles.
3-2-3- Commune de Glazoué
Avec une superficie de 1.750 Km2 (Mairie de
Glazoué), Glazoué est l'une des six (6) Communes que compte le
Département des Collines. Elle est limitée au Nord par les
Communes de Ouèssè et de Bassila (Atacora), au Sud par la Commune
de Dassa, à l'Est par les Communes de Ouèssè et de
Savè et à l'Ouest par les Communes de Bantè et de
Savalou.
Cette Commune compte quarante trois (43) villages et Cinq (5)
quartiers de ville répartis dans dix (10) arrondissements que sont :
Glazoué, Aklankpa, Assanté, Gomè, Kpakpaza, Magoumi,
Ouèdèmè, Sokponta, Thio et Zaffé.
Le relief est marqué par la présence des
collines par endroit. L'hydrographie est constituée d'une part, d'un
important cours d'eau qu'est le fleuve Ouémé et d'autre part, de
petits cours d'eau locaux (Adoué, Kotobo, Tratran, Tehoui, Antadji
Tchololoé...) qui favorisent les activités de contre saison et
les activités de pêche artisanale.
Avec un climat sub-équatorial, la Commune
connaît deux saisons pluvieuses dont une petite et deux saisons
sèches dont une petite également. On y rencontre plusieurs types
de sols dont les principaux sont :
- les sols sablonneux blancs propices à la culture du
manioc, du voandzou et de l'arachide ;
- les sols sablonneux noirs que l'on rencontre par endroits et
qui sont propices à toutes les cultures ;
- les sols caillouteux qui sont généralement
pauvres.
La végétation est constituée par des
formations naturelles (forêts riveraines, forêts galeries,
forêts denses sèches, forêts claires, savanes boisées
arborées et arbustives et savanes saxicoles) et des plantations de
tecks.
Avec une population de 90.475 habitants dont 43.558 (48,14%)
hommes et 46.917 (51,86%) femmes (selon les résultats du
troisième recensement de Février 2002), la Commune de
Glazoué compte plusieurs groupes socio-culturels ou ethnies dont deux
(2) sont majoritaires (Mahi et Idaatcha). A côté de ces deux
groupes majoritaires, on rencontre quelques minorités linguistiques
comme les Adja, les Fons, les Yoruba, les Peuhl, Bètamaribè et
autres.
Le nombre de ménages est estimé à 18.101
dont environ 14.481 ménages agricoles soit 80% de ruraux.
L'agriculture est la principale source de revenus pour la
plupart de la population. Les principales cultures produites dans la Commune
sont le maïs, l'arachide, le manioc, l'igname, le soja, le riz, le coton
et les cultures maraîchères.
L'élevage de bovins, ovins, caprins et porcins se pratique
sur l'ensemble du territoire de la Commune.
La pêche est peu développée et se pratique le
long de la rive droite du fleuve Ouémé. L'exploitation
forestière a pris de l'ampleur ces dernières années dans
la Commune. Il s'agit de l'exploitation des forêts villageoises pour le
bois d'oeuvre, le bois de chauffe et le charbon de bois. Les activités
commerciales concernent la vente des produits agricoles d'une part et la vente
d'articles importés d'autre part. L'artisanat y est aussi bien
développé.
La Commune dispose d'un Centre de Santé communal et
sept (7) arrondissements sur les dix (10) que compte la Commune
bénéficient chacun d'une infrastructure sanitaire. Ces Centres de
Santé situés au niveau des arrondissements sont pour la plupart
composés d'une infirmerie et d'une salle d'accouchement.
Sur le plan éducationnel, il faut noter que chaque village
administratif dispose d'au moins une école primaire publique.
3-2-4- Commune de Savalou
S'étalant sur une superficie de 2.674 km2
représentant ainsi 2,37% du territoire national, la Commune de Savalou
est limitée au Nord par la Commune de Bantè, au Sud par la
Commune de Djidja (Zou), à l'Est par les Communes de Dassa-Zounmè
et de Glazoué et à l'Ouest par la République du Togo.
Administrativement, elle compte cinquante deux (52) villages et dix-sept (17)
quartiers de ville répartis dans quatorze (14) arrondissements que sont
: Savalou-Aga, Savalou-Agbado, Savalou-Attakè, Djaloukou, Doumè,
Gobada, Kpataba, Lahotan, Lèma, Logozohè, Monkpa,
Ouèssè, Ottola et Tchetti.
Jouissant d'un climat sub-équatorial avec deux saisons
de pluies et deux saisons sèches, la Commune de Savalou est sur une
pénéplaine avec des dômes isolés appelés
inselbergs et des petites chaînes dont l'une s'étend sur
près de 20 km donnant à la Commune son appellation du " pays de
la chaîne des collines".
Les sols les plus répandus sont les sols ferrugineux
tropicaux avec par endroit des étendues de concrétions. On
distingue aussi des sols hydromorphes, des vertisols. La
végétation est composée par endroit de galeries
forestières, de forêts denses sèches, semi-décidues,
de forêts claires ; de savanes boisées, arbustives et
saxicoles.
La population est estimée à 104.749 habitants
dont 50.163 (47,89%) hommes et 54.586 (52,11%) femmes. Les groupes
socio-culturels les plus majoritaires sont le Fon et le Mahi. A
côté de ceux- ci, viennent le groupe Yoruba et apparentés
(Ifè, Itcha, Idaatcha) et les quelques minorités linguistiques
comme les Adja, les Bariba, les Peuhl, les Otamari, les Yom Lokpa etc.
Le potentiel économique de la Commune de Savalou repose
fondamentalement sur l'agriculture. Cette activité a occupé en
2003, 40.561 habitants dont 19.648 hommes (CARDER, sous secteur Savalou). Les
principales cultures sont : le maïs, le niébé, le riz,
l'igname, le manioc, l'anacarde et des cultures maraîchères.
L'élevage est majoritairement pratiqué par les
Peuhl. La pêche quant à elle est pratiquée de façon
isolée et ne constitue qu'une activité secondaire pour les
habitants de la Commune.
Sur le plan sanitaire, la Commune dispose d'un hôpital
de zone, d'un Centre Communal de Santé, de onze (11) Centres de
Santé d'arrondissement, de quatorze (14) dispensaires, de vingt-deux
(22) maternités isolées et de vingt-deux (22) unités
villageoises de santé.
En matières d'infrastructures scolaires, la Commune de
Savalou dispose d'au moins quatre (4) écoles primaires par
arrondissement
3-3- Choix de la zone et des villages d'étude
Le Département des Collines a été retenu
pour cette étude non seulement parce qu'il est l'un des milieux qui
offre des conditions favorables pour la culture de riz mais aussi à
cause de sa performance en matière de superficies
réalisées en riz à chaque campagne. En effet, selon les
statistiques du CeRPA (ex-CAEDER) (2002), ce département a toujours
réalisé les 85% environ des superficies cultivées en riz
dans la région Zou-Collines.
Au sein de ce Département, nos choix ont
été portés sur les communes de Dassa-Zoumè, de
Glazoué et de Savalou. En effet, ces Communes sont, d'une part les plus
reconnues en matière de production rizicole dans la zone car elles
concentrent la majorité des bas-fonds qui constituent des
écologies les plus propices à la production de riz et d'autre
part, non seulement elles sont sujettes aux interventions de beaucoup
d'institutions (INRAB, ADRAO) et d'Organisations Non Gouvernementales en
matière de la vulgarisation des nouvelles technologies de production de
riz (variétés améliorées, aménagement des
bas-fonds, utilisation des herbicides, etc.), mais aussi elles ont toujours
produit à elles seules plus de 80% du riz local total du
département. (Midingoyi, 2003 ; Adégbola et Midingoyi, 2004).
L'étude a été effectuée dans les
mêmes villages que ceux retenus par PAPA (2004). Des
considérations pratiques ont guidé le choix de ces villages. En
effet, ce choix a tenu compte de la diversité des systèmes de
culture de riz (aménagement ou non des bas-fonds, maîtrise ou non
de l'eau, utilisation ou non des variétés
améliorées de riz, utilisation ou non de la fumure
minérale, de la traction mécanique ou motorisée, etc.)
dans cette zone mais surtout des villages d'introduction des
variétés améliorées de riz en l'occurrence les
NERICAs par la vulgarisation. Ainsi, pour chaque village d'introduction retenu,
un village proche l'a été également. De même, ces
villages devraient être accessibles au cours de la période
d'enquête.
Vingt-quatre (24) villages ont été
sélectionnés au total à raison de douze (12) dans la
Commune de Dassa-Zounmè, dix (10) dans la Commune de Glazoué et
deux (2) à Savalou (confère Tableau 3- 1)
Tableau 3-1- Nombre et répartition des villages
d'études
Département Commune
|
Village
|
|
Nombre Noms
|
Dassa-Zoumè 12 Daho, Erokowari, Gankpétin,
Kpingni,
Lema, Léma-tré, Loulé, Mindédjo,
Odo-
Collines Otchrerè, Ouisi, Tré
(Kpètè-kpètè), Togon.
Adourékoman, Atogbo, Gomè, Houala, Glazoué
10 Kpakpaza, Kpakpa-Zounmè, Ouèdèmè,
Sokponta, Sowé, Yawa
Savalou 2 Dagadoho, Logosovidji,
Source : ADRAO, UAC, 2005
3-4- Echantillonnage
Comme signalé plus haut, cette étude s'est
basée sur le même échantillon que celui de PAPA (2004).
Ainsi, après avoir procédé à un recensement
exhaustif des producteurs de riz dans tous les villages retenus,
l'échantillonnage aléatoire a permis à PAPA de
dégager un effectif de quinze (15) producteurs /productrices par
village, soit un total de 360 enquêtés.
Mais compte tenu de la disponibilité des paysans et du
temps imparti pour cette recherche, tous ces 360 paysans n'ont pas pu
être enquêtés. Au total, 304 producteurs / productrices de
riz l'ont été.
3-5- Nature, sources et instruments de mesure des données
collectées
Les données collectées sont à la fois
quantitatives et qualitatives. Elles proviennent essentiellement de sources
primaires et concernent les caractéristiques sociales des producteurs /
productrices de riz (éducation, sexe, accès au crédit,
à l'information, au foncier etc.), la taille des exploitations et les
spéculations pratiquées par le paysan, la ou les
variétés de riz cultivées, les quantités d'intrants
utilisées, la main-d'oeuvre utilisée, la production totale
obtenue pour le riz, le revenu issu des autres cultures pratiquées, les
activités para-agricoles génératrices de revenus, etc. Ces
données primaires ont été mesurées à l'aide
des questionnaires structurés et standardisés.
Cependant, les données relatives aux environnements
biophysique et institutionnel sont secondaires et proviennent de la
documentation dans les différentes structures telles que la BIDOC-FSA,
la PAPA, l'INRAB, l'INSAE, le PNUD, le MAEP, le CARDER, l'ADRAO, l'IITA etc.
3-6- Limites des données
La majeure partie des données utilisées lors de
cette étude provient des enquêtes sur le terrain. Etant
donné l'impératif du temps lié aux exigences
académiques et les moyens financiers disponibles, les données ont
été collectées par passage unique où il est fait
appel à la mémoire des producteurs et productrices de riz. En
effet, pour la collecte des données sur les quantités de
production obtenue, et dans le but de faciliter l'estimation, il a
été demandé aux paysans d'utiliser les unités
locales de mesure de riz.
Pour la collecte des données sur les dépenses
liées à la scolarisation des enfants, nous avons retenu
l'année académique 2004-2005 pour faciliter l'estimation. Aussi,
avons-nous subdivisé ces dépenses en des dépenses
liées à l'achat de fournitures scolaires, d'uniformes et autres,
tout ceci dans le but de limiter au maximum les erreurs d'estimation.
De la même façon, la collecte des données
sur la santé des enfants a concerné les huit derniers mois de
l'année. Les différentes dépenses en matière de
santé des enfants ont concerné uniquement les soins curatifs.
Notre souci constant a été de minimiser autant que
possible les écarts à la réalité.
3-7- Méthodes et outils d'analyse des données
La méthode d'analyse utilisée, dans le but
d'atteindre les objectifs fixés par cette étude, est
essentiellement quantitative. Toutefois, elle a été
complétée par la méthode qualitative afin de pouvoir
expliquer certains faits d'ordre institutionnel, sociologique et culturel.
Les données ont été saisies à
l'aide du logiciel ACCESS 2000, l'analyse effectuée à l'aide des
logiciels SPSS version 12 et STATA version 9 et le traitement de texte
réalisé avec le logiciel WORD 2000.
3-7-1- Analyse des caractéristiques
socio-économiques
La statistique descriptive telle que les fréquences,
les paramètres de position (moyenne arithmétique), de dispersion
(écart-type) a été utilisée pour décrire les
caractéristiques des ménages.
3-7-2- Evaluation d'impact
Cette étude utilise l'approche
économétrique basée sur le calcul de l'Effet Moyen de
Traitement (ATE) pour évaluer l'impact des variétés
améliorées de riz sur les conditions de vie des riziculteurs
étudiées.
Approche théorique
Dans la littérature, plusieurs approches sont
utilisées pour évaluer l'impact des changements technologiques ou
politiques à savoir l'approche dite "naïve", l'approche
expérimentale et l'approche non-expérimentale.
La première approche, c'est-à-dire celle dite
"naïve" consiste à prendre un échantillon aléatoire
de participants et de non-participants au programme (ou d'adoptants et de
non-adoptants de la technologie) et à utiliser la différence
simple des résultats moyens observés des deux groupes comme
l'estimation de l'impact du programme ou de la technologie. Cet estimateur est
potentiellement biaisé (Heckman, 1990 ; Diagne, 2003) et ne prend pas en
compte les caractéristiques socio-économiques des exploitants ;
il correspond à la méthode d'estimation utilisée
couramment dans la littérature managériale, et donne des
résultats similaires à l'analyse exploratoire.
C'est donc pour résoudre le problème des
éléments "non factuels" et générer des estimations
sans biais des résultats d'impact que les approches
expérimentales (expérience sociale ou randomisation) et
non-expérimentales ont été développées.
La conception expérimentale ou aléatoire
consiste à réunir un groupe de personnes (ou toute autre
unité d'analyse) ayant les mêmes droits et acceptant de participer
au programme, et de les assigner de façon aléatoire en deux
groupes : le groupe de ceux qui bénéficieront de l'intervention
(groupe de traitement) et celui de ceux qui n'en bénéficieront
pas (groupe de contrôle). Les participants au programme ayant
été choisis au hasard, toute différence avec les
non-participants est seulement due au traitement. C'est la raison pour laquelle
les conceptions expérimentales sont généralement
considérées comme étant les plus fiables (estimations non
biaisées) et donnant les résultats les plus faciles à
interpréter (Cochrane et Rubin, 1973 ; Bassi, 1984). Cependant, ce type
d'évaluation est difficile à appliquer dans la pratique, car
posant des problèmes d'éthique dans le cas des
phénomènes sociaux.
Les économistes utilisent donc essentiellement
l'approche non-expérimentale en se basant sur les théories
économiques et économétriques pour guider l'analyse et
minimiser les erreurs potentielles dans l'estimation des impacts (Diagne,
2003). En effet, les conceptions non-expérimentales sont
utilisées lorsqu'il n'est pas possible de sélectionner un groupe
de contrôle ou de comparaison. On peut comparer les participants au
programme avec les non-participants, en faisant appel à des
méthodes statistiques pour tenir compte des différences
constatées entre les deux groupes. Il est possible, à l'aide
d'une analyse de régression, d'obtenir un "contrôle" de
l'âge, du revenu, du sexe et autres caractéristiques des
participants. Ce type de conception d'évaluation est relativement peu
onéreux et facile à appliquer, mais l'interprétation des
résultats n'est pas directe et les résultats eux- mêmes
peuvent être moins fiables.
Supposons que nous souhaitons déterminer l'effet d'un
changement technologique sur un
indicateur de résultat défini par y, le revenu
par exemple. Soient v 1et v0 deux variables
.7
aléatoires qui représentent le niveau du revenu
pour un individu i s'il utilise ( v 1) la nouvelle
technologie ou pas ( v 0 ). Soit la variable binairewi
1lorsqu'il a adopté la technologie et wi 0, .7
si non. L'effet causal de l'adoption de la technologie pour cet
individu i est la différence entre y et y0 :
Mais la principale difficulté rencontrée dans
l'estimation de A y est que, pour un individu donné,
la variable d'intérêt est observée soit
suite au traitement, soit dans le cadre de référence, mais jamais
les deux à la fois. En d'autres termes, lorsqu'intervient un changement
technologique, on ne peut pas observer ce que seraient les différents
résultats sans le changement, et s'il n'intervient pas on ne peut pas
observer ce qui se passerait si le changement intervenait effectivement (
Rubin, 1974 ; Diagne, 2003 ; Roy, 1951 et Holland, 1986 cités par
Bassole, 2004). Dans la littérature économétrique sur
l'étude d'impact, cette donnée manquante est appelée le
"contre-factuel" (les éléments non factuels) (Rubin, 1977).
Cependant, Rosenbaum et Rubin (1983), dans leur étude
intitulée "The Central role of Propensity Score in
Observaltional Studies for Causal Effect", ont eu à démontrer
qu'on pourrait déterminer un effet causal moyen du changement
technologique au sein d'une population si on admet une
hypothèse d'indépendance conditionnelle entre v1
., , v0 et w . Leur idée consiste à faire la
.,
différence entre le niveau moyen de l'indicateur des
bénéficiaires et celui des non bénéficiaires. On
obtient alors l'effet moyen du traitement (ATE)3.
ATE E(y1 -- y0) (2)
Cet indicateur mesure l'impact de la technologie sur un
individu tiré au hasard dans la population, ce qui est encore
égal à la moyenne d'impact de la technologie sur la population
entière (Heckman, 1997 ; Wooldridge, 2002).
Une autre quantité qui a été l'objet de plus
d'attention dans cette littérature d'impact, est l'effet moyen de
traitement sur le traité communément noté
ATE14.
ÁÔÅ1?Å(y1 - y0 / w
=1) (3)
3 On utilise le sigle anglais de l'effet moyen du
traitement, " Average Treatment Effect".
4 ATE1 : Average Traitment Effect on Traited
Comme son nom l'indique, ÁÔÅ1 est
la mesure de l'impact du programme ou de la technologie au sein de la
sous-population ayant adopté la technologie.
De façon précise, avec w~ , la variable
d'intérêt observée peut s'écrire comme suit :
y=(1- w )y0+w y1
y0+w(y1-y0) (4)
En supposant la variable du traitement w
statistiquement indépendant de (y0, y1) , comme
c'est
le cas lorsque le traitement est aléatoire, l'estimation
de ATE devient simple avec l'utilisation de l'équation (4). Nous avons
:
Å(y / w =1) = Å(y1 / w =1) =
Å(y1) (5)
Å(y / w = 0) = Å(y0 / w = 0) =
Å(y0) (6)
car w, (y1, y0) sont indépendants
D'où : ÁÔÅ =
ÁÔÅ1 = Å(y / w =1) ? Å(y / w = 0)
(7)
Sous cette hypothèse d'indépendance, ATE
et ATE1 sont obtenus par la différence des moyennes dey
pour les traités (adoptants) et les non traités
(non-adoptants).
Mais cette hypothèse d'indépendance des moyennes
est souvent inapplicable pour les évaluations des programmes en ce
sens que la participation à un programme ou l'adoption d'une
technologie
par un individu dépend du bénéfice
(y1-- y0) qu'il espère tirer du programme ou de
la
technologie, en d'autres mots, ceci pose le problème
d'auto-sélection dans l'adoption d'une technologie.
Pour corriger ce biais et pouvoir estimer de façon
consistante ATE et ATE1 , plusieurs méthodes
sont proposées dans la littérature sur
l'évaluation d'impact. Ces méthodes peuvent être
catégorisées en deux. Il s'agit de la méthode
semi-paramétrique et celle paramétrique. La méthode
semi-paramétrique permettra d'évaluer l'impact des
variétés améliorées de riz et celle
paramétrique permettra d'analyser les facteurs affectant la
scolarisation et la santé des enfants.
Estimation de l'impact par la méthode
semi-paramétrique
La méthode semi-paramétrique est issue de la
combinaison des méthodes paramétrique et non paramétrique.
Ainsi, dans un premier temps, on estime le score de propension (ProPensity
score) qui n'est rien d'autre que la probabilité prédite
de l'adoption de la technologie. Cette méthode a été
proposée par Rosenbaum et Rubin (1983) pour réduire le biais
dû au fait que l'on ne peut observer le résultat d'un adoptant
actuel s'il n'avait pas adopté, et le résultat d'un non-adoptant
actuel s'il avait adopté. Pour ces auteurs, le score de propension se
définit comme la probabilité conditionnelle d'avoir adopté
la technologie étant donné un vecteur x des
caractéristiques observables qui déterminent l'adoption :
Ñ(x) ? Ñr(w =1/ x) = Å(w/x) (8)
Rosenbaum et Rubin (1983) ont aussi démontré que
si en plus de l'hypothèse d'indépendance conditionnelle, P(x)
remplit la condition : 0 < Ñ(x) <1, alors, ATE et
ÁÔÅ1 Peuvent s'écrire de la
façon suivante (Wooldridge, 2002) :
ÁÔÅ = Å
|
[(w - P(x)) y P(x)( P(x)) (9) ?
|
et
ÁÔÅ
1 Å[(w-- P(x)) y
1 (10)
P(w =1) 1-- P(x) ?
Estimer les équations (9) et (10) reviennent d'abord
à estimer p(.) par un modèle de régression
Probit ou Logit (Wooldridge, 2002) et ensuite, utiliser la valeur
estimée P(x) pour obtenir ATE et
ÁÔÅ1 en remplaçant l'espérance
conditionnelle par l'échantillon de taille finie :
ATE
et
(11)
?
[wi
N ??
i
?
P(x
)[1- P\x)1
N
- 1
~ ~
? - 1 ?
ÁÔÅ
? ~ w 1
=
?
i
? i = 1 ? i
[
(12)
? wi p(x)1Yi
?
p (x)
où wi est le statut d'adoption de l'individu i ;
Yi est la variable d'intérêt (le outcome) ;
N est la taille de l'échantillon,
Estimation de l'impact par la méthode
paramétrique
La méthode paramétrique comprend les
méthodes de régression (régression simple et celle
basée sur le score de propension) et de Variables Instrumentales
(VI).
éthode de régression simple
Reprenons les deux variables aléatoires Y
1et Y0 qui représentent le niveau du revenu pour un
individu i s'il utilise la nouvelle technologie ( Y 1) ou
pas ( Yo). En décomposant chaque contre- factuel en fonction
des éléments observables (x ), nous pouvons écrire :
Yo =Po+ Vo (13)
Y 1= u 1 + V1 (14)
En introduisant les équations (13) et (14) dans (4) nous
obtenons
Y --120#177;(121--
120)w#177;Vo#177;w(V1--V0) (15)
Å(Y / w, x)=uo + áw + go (x) +
(x) - go (x).1 (16) Où a ATE; go (x)
Å(Vo / x) et g(x) Å(V/11x).
En supposant go (.) et g1(.)
linéaires en x , nous pouvons écrire :
go (x) = rio + ho
(x)flo et (17)
g1 (x) = ç 1+ h1
(x)â1 (18)
Equations (17) et (18) dans (16) nous donnent :
Å(Y/w, x)=y + aw + x â + w.(x - v)8
(19)
Où /3 Pet S sont les vecteurs des
paramètres à estimer, E(x) et a ATE
L'estimation de l'équation (19) donne une valeur
consistante de ATE (Wooldridge, 2002).
Méthode basée sur le score de propension
Cette méthode n'est que le prolongement de la
méthode de régression simple. Les pionniers de cette
méthode sont Rosembaum et Rubin qui, en 1983, ont proposé que
l'équation (19) peut être estimée en utilisant la
probabilité d'adopter une technologie étant donné les
éléments observables (x) c'est-à-dire p(x) ? Ñ(w
=1/ x) . En effet, ces auteurs ont prouvé que, sous
l'hypothèse
d'indépendance conditionnelle de ( y 1, y
0) et w sur x , (y 1, yP ) et w sont aussi
indépendant étant donné p(x). Et c'est cette fonction
p(x) qui, dans la littérature d'impact, est
appelée"propensity score" ou "score de propension" (en
français). Pour preuve, ils ont montré que :
Å(w / yo , y 1, x) = Å(w / x) =
p(x)
Å(w / yo , y1, p(x)) =
Å[Å(w/ yo, x)/yo, y1,p(x).1=
Å(p(x) / yo, y1, p(x)) = p(x)
A partir de cet instant, l'équation (15) peut
s'écrire :
Å(y/w, p(x))=Å(yo / p(x)) +
-,uo)w+ wk(v1/p(x))?Å(vc,/p(x))]
=8 0+ 81p(x) +(p p o)w + 82 w[p
(x) pp]
=80+81p(x)+áw+ 82w[p(x)
(20)
Où äi et a sont à estimer
; p p E[p(x)]
éthode de variables instrumentales «IO
La méthode de W part aussi de l'équation (19) et
est plus adaptée pour générer des estimateurs consistants
lorsque, l'hypothèse d'indépendance conditionnelle n'est plus
assurée. De plus, cette méthode est fréquemment
suggérée dans la littérature lorsque les données
disponibles sont issues d'une seule enquête transversale.
En réécrivant la variable d'intérêt
comme c'était le cas dans l'équation (19), nous avons :
Où yr = Å(x)
*
avec w =00+01x+02Æ+u (22)
*
w=1 si w >0 et w = 0 si
non
où Z est l'ensemble des variables influençant
l'adoption. Oi est le vecteur de coefficients.
L'équation (22) montre que w est endogène dans
l'équation (21). Par conséquent, w et w.(x -- w) ont besoin
d'instruments. Ainsi, si q q(x, z) désigne l'ensemble d'instruments de
w, alors l'instrument naturel de w * x est q * x (Wooldridge, 2002).
Alors, l'équation (21) sera estimée de la
façon suivante : (Wooldridge, op.cit)
a) Estimation du modèle Ñ(w =1/ x, z) = G(x,
z, y) . Obtenir ensuite les probabilités prédites
Gi . C'est le modèle Probit qui est
plus recommandé dans la littérature, surtout dans notre
cas où w est binaire.
b) Estimation de l'équation y = y + aw + x + w.(x - w)8 +
erreurpar la méthode de IV
i0
en utilisant les instruments 1, Gi
|
,xi et Gi(xi-x)
|
|
|
A la place des instruments Gi et xi , nous
pouvons utiliser zi qui n'est rien d'autres que l'ensemble des
variables influençant directement w, mais indirectement yi
(la variable d'intérêt).
CHAPITRE IV : CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET
SOCIO- ECONOMIQUES DES EXPLOITATIONS RIZICOLES ETUDIEES
4-1- Caractéristiques démographiques des
exploitations rizicoles étudiées.
Les exploitations rizicoles étudiées sont
principalement dirigées par les femmes. En effet 60,5% d'entre elles
sont dirigées par des femmes contre 39,5% celles des hommes. Le tableau
4-1 indique la taille et la répartition des chefs d'exploitation
rizicole par sexe et par âge.
Tableau 4-1 : Taille et répartition des producteurs par
sexe et âge du chef de ménage
Catégories Effectif
|
Taille ménage Age
|
|
Moyenne Minimum maximum moyenne Minimum Maximum
|
Hommes 120
(39,5%)
Femmes 184
(60,5%)
Ensemble 304
(100%)
|
6,76
(3,52) 5,34
(2,10) 5,90
(2,89)
|
6 43
(14,42)
4 43
(12,25)
6 43
(13,13)
|
7 8
20 70
7 8
|
Source : Enquête Juin-Juillet, 2005
( ) :Les nombres entre parenthèse sont les
écart-types
L'analyse du tableau 4-1 montre que l'âge moyen des
chefs de ménage enquêtés est estimé à 43 ans.
Cette moyenne cache de grande disparité entre les enquêtés.
En effet, le plus jeune des enquêtés n'a que 17 ans tandis que le
plus âgé a 81 ans. L'âge des autres enquêtés
occupe une situation intermédiaire. Toutefois, il importe de signaler
que la différence d'âge entre les hommes et les femmes n'est pas
significative (voir Annexe 2).
La taille moyenne des exploitations rizicoles
étudiées est de 5,90 (#177; 2,89) personnes dont 6,76 en moyenne
pour les hommes et 5,34 pour les femmes. La différence observée
entre les sexes est hautement significative (voir Annexe 2).
4-2- Caractéristiques socio-économiques des
exploitants rizicoles
Cette section est consacrée à la
présentation de quelques caractéristiques
socio-économiques des exploitations étudiées.
4-2-1- Niveau d'instruction et statut matrimonial
L'éducation est un facteur affectant l'adoption et
l'application des innovations technologiques en milieu rural (Azontondé,
2004).
Le tableau 4-2 décrit la répartition des
exploitants rizicoles de l'échantillon étudié selon leur
niveau d'instruction. Il ressort de l'analyse du tableau 4-2 que 62% des chefs
exploitants rizicoles étudiés ne savent ni lire, ni
écrire. Ce taux est très élevé au sein des femmes
exploitantes (80%). Parmi ces chefs exploitants, 33% ont un niveau du cours
primaire. Seulement 5% et 1% d'entre eux ont respectivement leur diplôme
de fin d'étude primaire (CEFEB ou CEP) et de premier cycle en
enseignement secondaire (BEPC). Les femmes exploitantes ont un taux de
scolarité primaire (13%) inférieur à celui des hommes (50
pour cent).
De plus, 84% des exploitants rizicoles étudiés sont
des mariés tandis que 12%, 3% et 1% sont respectivement des veufs, des
célibataires et des divorcés.
4-2-2- Activités menées au sein des unités
de production
Le tableau 4-2 présente les différentes
activités que mènent les chefs exploitants rizicoles
étudiés. De l'analyse de ce tableau, il ressort que
l'échantillon de l'étude est constitué de producteurs
agricoles. L'agriculture constitue leur principale activité (95% des
enquêtés). L'analyse selon le genre montre que l'agriculture
constitue l'activité essentiellement pratiquée par les hommes
(97%) et par les femmes (94% des enquêtées). Le Commerce vient en
deuxième position en tant qu'activité principale (3%) alors que
les autres activités, toutes catégories confondues, n'occupent
que 2% des enquêtés. Cependant, seulement les femmes
enquêtées ont le commerce comme activité principale (5 %
contre 0% pour les hommes). De plus, le riz a non seulement pris place dans les
habitudes alimentaires de ces populations, mais aussi constitue pour elles une
source non négligeable de revenus. En effet, la part du revenu rizicole
dans le revenu agricole annuel est de 44%. Soulignons que, malgré les
difficultés qu'ils rencontrent dans la production du produit, aucun des
paysans enquêtés n'entend laisser cette culture.
Plus de trois-cinquième (3/5) des enquêtés
disposent d'une activité secondaire. En effet, en dehors de
l'agriculture, certains exploitants (34% des enquêtés)
s'investissent dans d'autres activités en l'occurrence le petit commerce
(produits agricoles et agro-alimentaires).
Tableau 4-2 : Niveau d'instruction et statut matrimonial des
exploitants rizicoles étudiés
Caractéristiques
|
Homme
|
Femme
|
Total
|
Effectif
|
120
|
184
|
304
|
Niveau d'instruction et statut matrimonial des chefs exploitation
(%)
|
|
|
|
Sans instruction formelle ni alphabétisé
|
34
|
80
|
62
|
Alphabétisé
|
7
|
4
|
5
|
Primaire
|
50
|
13
|
27
|
Sixième en troisième
|
8
|
2
|
5
|
Second en terminal
|
2
|
0
|
1
|
Statut matrimonial des chefs d'exploitation (%)
|
|
|
|
Marié
|
92
|
79
|
84
|
Célibataire
|
6
|
1
|
3
|
Veuf ou veuve
|
2
|
20
|
12
|
Divorcé
|
1
|
1
|
1
|
Activités principales des chefs d'exploitation (%)
|
|
|
|
Agriculture
|
97
|
94
|
95
|
Commerce
|
0
|
5
|
3
|
Artisan (menuiserie, couture, coiffure, etc.)
|
0
|
1
|
1
|
Autres (Zémidjan, employé du CeRPA, Agents
Permanents de l'Etat, employé de carrière, chasse, etc)
|
3
|
0
|
|
Activités secondaires des chefs d'exploitation (%)
|
|
|
|
Agriculture
|
3
|
6
|
5
|
Commerce
|
8
|
52
|
34
|
Artisan
|
7
|
2
|
4
|
Elevage
|
15
|
2
|
7
|
Travaux de ménages
|
0
|
3
|
2
|
Ouvrier
|
4
|
0
|
2
|
Néant
|
49
|
31
|
38
|
Autres
|
14
|
4
|
8
|
Source : Enquête Juin-Juillet, 2005
4-3- Système de production rizicole
Pour Daane et al. (1992), un système de
production se définit comme un ensemble structuré de moyens de
production (force de travail, terre, équipement, etc.) combinés
entre eux pour assurer une production végétale et/ou animale en
vue de satisfaire les objectifs des responsables de l'exploitation agricole.
Le système de production regroupe plusieurs
sous-systèmes dont le système de culture, le système
d'élevage et le système de transformation de matières
premières. Le système de culture se définit par une
surface de terrain traitée de manière homogène par des
cultures avec leur ordre de succession et par les itinéraires techniques
qui leur sont appliqués (Adégbidi, 1994).
Le système de production peut se définir comme
étant un regroupement de systèmes individuels d'exploitation
disposant à peu près d'un même niveau de ressources,
pratiquant les mêmes modes de production, bénéficiant des
mêmes sources de subsistance et assujettis aux mêmes contraintes
pour lesquelles des stratégies et interventions de développement
similaires peuvent être élaborées (Dixon et Gulliver,
2001).
De façon générale, un système de
production est une combinaison cohérente, dans le temps et dans
l'espace, de la force de travail (familiale, salariée, etc.) et de
divers moyens de production tels que la terre, les bâtiments, les
machines, le cheptel, les semences, etc. en vue de l'obtention de
différentes productions agricoles végétales et/ou animales
(Dufumier, 1985).
4-3-1- Facteurs de production
Trois facteurs de production interviennent dans la production de
riz dans l'ensemble de la zone d'étude. Il s'agit de la terre, de la
main d'oeuvre et du capital.
La terre
Les modes de faire-valoir des terres rencontrées dans
la zone d'étude sont entre autres l'héritage, le don, l'achat, la
location et l'emprunt. Le tableau 4-4 présente ces différents
types de mode de faire-valoir. L'analyse du tableau 4-4 révèle
que les 52% des terres cultivées en riz par les unités
enquêtées ont été héritées et que 43%
d'entre elles sont cultivées par les femmes contre 65% pour les
hommes.
Le don est le deuxième mode de faire-valoir dans la
zone d'étude. En effet, 32% des terres cultivées en riz ont
été acquises par le don, dont 41% sont cultivées par les
femmes. 9% et 5% des terres cultivées en riz par les unités
enquêtées ont été respectivement acquises par la
location et par l'emprunt. L'achat n'est observé que dans 2% de cas.
Le pourcentage élevé de terres acquises par don
est inquiétant surtout chez les femmes bénéficiaires. Car
généralement après le décès du donateur, ces
femmes perdent leur droit de propriété et ces terres sont
redistribuées à tous les ayant droits sous forme
d'héritage.
Tableau 4-3- Répartition des terres cultivées
suivant le mode d'accès et le sexe
Mode de faire-valoir
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Superficie emblavée (ha)
|
0,41
|
(0,382)***
|
0,28
|
(0,329)
|
0,34
|
(0,355)
|
Héritage (%)
|
|
65
|
|
43
|
|
52
|
Don (%)
|
|
19
|
|
41
|
|
32
|
Location (%)
|
|
9
|
|
9
|
|
9
|
Emprunt (%)
|
|
5
|
|
5
|
|
5
|
Achat (%)
|
|
2
|
|
2
|
|
2
|
Source : Enquête Juin-Juillet, 2005 *** =significatif
à 1%
La superficie moyenne cultivée en riz en 2004 est de
0,34 (#177;0,355) hectares avec 0,41 (#177;0,382) hectares pour les hommes et
0,28 (#177;0,329) hectares pour les femmes. La différence
observée entre les superficies cultivées par les deux sexes est
hautement significative au seuil de 1% (tableau 4- 3). Les 20% des superficies
cultivées sont situées sur le plateau, le reste étant
situé dans les bas- fonds (80%). L'engouement de plus en plus
observé pour la culture du riz du plateau dans cette zone est dû
d'une part, à la place croissante qu'occupe le riz dans les habitudes
alimentaires des ménages ruraux et d'autre part, à la non
accessibilité de tout le monde aux bas-fonds.
La main-d'oeuvre utilisée
Trois types de main-d'oeuvre ont été
rencontrés dans la zone d'étude. Il s'agit de la main-d'oeuvre
familiale, de la main-d'oeuvre salariée et de l'entraide.
La main-d'oeuvre familiale constitue la première force
de travail des exploitations rizicoles. Elle intervient dans presque toutes les
opérations culturales et de transformation post-récolte. En
moyenne, 35% des enfants de 5 à 15 ans des exploitations
étudiées participent à des activités de production
dans leur ménage. Ils interviennent plus dans les opérations
telles que le semis, le repiquage, le gardiennage, la récolte et le
battage de riz.
Quant à l'entraide, la plupart des exploitations
étudiées y ont recours le plus souvent pour des opérations
telles que la récolte et le battage de riz.
Pour ce qui est de la main-d'oeuvre salariée, 64% des
exploitations étudiées leur font souvent appel pour les
activités pénibles comme le labour et le sarclage (voir tableau
4-4).
Le capital
Le premier type de capital concerne les outils agricoles
utilisés pour la production dont la houe, la charrue, les machettes,
etc. constituent le capital fixe.
Pour ce qui concerne les semences utilisées, diverses
variétés de riz sont cultivées dans la zone d'étude
parmi lesquelles nous avons la variété traditionnelle (connue
sous le nom de "Gambiaka"). Malgré le faible rendement et le long cycle
de cette dernière, 36% des exploitations étudiées
continuent de ne cultiver que cette variété (tableau 4-6).
Au nombre des variétés améliorées
identifiées, nous avons la gamme des variétés ITA, celle
des TOX, et celle de WAB parmi lesquelles nous distinguons le
NERICA5 (Nouveau riz pour l'Afrique). Ce dernier est issu du
croisement d'une ancienne variété africaine très
résistante et d'une variété asiatique à haut
rendement. Il allie les caractéristiques de ces deux
variétés : la résistance à la sécheresse et
aux parasites, des rendements supérieurs même avec peu
d'irrigation ou d'engrais et une teneur en protéines plus
élevée que les autres variétés de riz. Tout comme
les variétés de riz africain qui ont évolué pendant
des millénaires dans l'environnement difficile du continent, le NERICA
est très robuste et résistant aux agressions extérieures
que sont la sécheresse, les maladies courantes du riz et les parasites.
Les variétés de NERICA actuellement utilisées conviennent
le mieux aux plateaux secs de l'Afrique de l'Ouest qui ne sont
généralement
5 New Rice for Africa
pas irrigués et sont éloignés des
vallées en basse altitude et autres sources d'irrigation d'accès
facile.
Vu le nombre élevé des variétés
améliorées rencontrées, la catégorisation suivante
a été adoptée :
- les variétés issues du croisement
interspécifique mises au point par l'ADRAO/WARDA. Ce sont les
variétés de la lignée NERICA ;
- les autres variétés de l'ADRAO/WARDA issues du
croisement intraspécifique dénommées WARDA
intraspécifique ;
- la gamme des variétés du Système National
de Recherche (SNR) appelées INRAB ; et
- la catégorie des autres variétés
améliorées rencontrées sur le terrain.
Le tableau 4-5 présente les proportions de riziculteurs
et de superficies allouées à chaque type de
variété. L'examen de ce tableau révèle que la
variété traditionnelle est cultivée par 62% des
exploitations rizicoles étudiées et occupe 50% des superficies
cultivées en riz dans la zone d'étude. L'importance toujours
accordée à cette variété traditionnelle,
malgré son faible rendement, est due à sa forte demande sur le
marché local.
Le Nouveau Riz pour l'Afrique (NERICA) vient en quatrième
position en occupant 13% des superficies cultivées en riz (voir tableau
4-5).
L'utilisation des engrais chimiques du coton (NPK et
Urée) est plus ou moins répandue. En effet, 82% (tableau 4-4) des
exploitations étudiées utilisent de l'engrais chimique dans la
production de riz. Mais il est à noter que les quantités
utilisées varient d'un exploitant à un autre et sont fonction des
moyens dont dispose l'exploitant.
La lutte chimique (utilisation d'herbicides surtout) est peu
pratiquée. En effet, seulement 7% des enquêtés pratiquent
ce type de lutte malgré la pénibilité du sarclage des
champs de riz exprimés par les producteurs (tableau 4-4). Cette faible
utilisation des herbicides est due à la cherté de ce produit
(prix moyen 7000 CFA le litre).
Tableau 4-4 : Utilisation de la main-d'oeuvre et pratique de la
lutte chimique
Proportion d'exploitations (%)
Entraide 100
Main-d'oeuvre salariée 64
Culture de la variété traditionnelle uniquement
37
Utilisation des engrais chimiques (NPK et Urée) 82
Pratique de la lutte chimique 7
Source : Enquête Juin-Juillet, 2005
Tableau 4-5 : Proportion de riziculteurs, superficies
cultivées et rendement par type de variété.
|
Variété traditionnelle
|
NERICAs
|
WARDA intraspécifique
|
INRAB
|
Autres variétés améliorées
|
Echantillon
Nombre
d'exploitations (%)
|
304 62
|
304 19
|
304 3
|
304 21
|
304 30
|
Superficie (%)
|
50
|
13
|
1
|
15
|
2
|
Superficie moyenne (ha)
|
0,24 (0,24)
|
0,29 (0,33)
|
0,25 (0,28)
|
0,23 (0,16)
|
0,20 (0,20)
|
Rendement moyen
|
1759,20
|
2240,47
|
2302,56
|
2014,27
|
1714,77
|
(kg/ha)
|
(778,09)
|
(1019,46)
|
(1456,00)
|
(640,48)
|
(663,77)
|
Rendement moyen
|
1815,71
|
2479,55
|
2436,88
|
2047,55
|
1753,21
|
dans bas-fonds (kg/ha)
|
(758,18)
|
(988,83)
|
(147715)
|
(646,32)
|
(687,98)
|
Rendement moyen sur
|
985,42
|
1278,95
|
1093,75
|
1457,58
|
1346,70
|
plateau (kg/ha)
|
(361,24)
|
(303,62)
|
(842,16)
|
(463,78)
|
(284,11)
|
Source : Enquête Juin-Juillet, 2005
4-4- Caractéristiques démographiques et
socio-économiques des exploitations rizicoles étudiées
suivant le statut d'adoption
4-4-1- Adoptants et non-adoptants
Le tableau 4-6 présente les différentes
caractéristiques des adoptants et non-adoptants. Il ressort de l'analyse
de ce tableau que 36% des exploitations étudiées ne cultivent que
la variété traditionnelle de riz (le Gambiaka).
L'âge moyen des non-adoptants est de 42 (#177;14,56) ans
alors que celui des adoptants de variétés
améliorées, toutes catégories confondues, est de 43
(#177;12,40) ans. La différence observée est significative
à 10%. De plus, ces adoptants connaissent plus de variétés
améliorées. En effet, 2,13 variétés
améliorées sont en moyenne connues par les adoptants contre 0,92
pour les non-adoptants. La différence observée est significative
à 1%. Ce résultat est corroboré par le fait que sur 100
exploitants ayant de contact avec des institutions de recherche, 70 sont des
adoptants.
La taille moyenne des exploitations et la superficie moyenne
emblavée sont respectivement de 6,21 (#177;2,87) personnes et de 0,36
(#177;0,36) ha pour les exploitations adoptantes contre 5,34 (#177;2,67)
personnes et 0,26 (#177;0,24) ha pour les non-adoptantes. Les
différences observées sont respectivement significatives à
5% et à 1%, ce qui laisse entendre que les exploitations de grande
taille adoptent plus les variétés améliorées de riz
que celles de petite taille.
Toujours selon les résultats du tableau 4-6, 59% des
adoptants n'ont reçu aucune éducation formelle contre 67% pour
les non-adoptants et 34% de ces adoptants ont un niveau primaire contre 3% pour
les non-adoptants.
4-4-2-Adoptants et non-adoptants de NERICAs
Les résultats présentés au tableau 4-6
montrent que seulement 19% des exploitations rizicoles étudiées
cultivent les variétés NERICA. Ces dernières sont de
grande taille (7,17 personnes pour les adoptants de NERICA contre 5,80 pour les
non-adoptants) et emblavent une superficie (0,43 ha) supérieure par
rapport à celle des exploitations non-adoptantes (0,30 ha). Les tests de
comparaison effectués montrent que ces différences sont toutes
significatives à 1%.
Pour ce qui concerne le niveau d'instruction, les proportions
obtenues ne varient ni selon le niveau d'instruction, ni selon le statut
d'adoption ou non de NERICAs. De plus, ces deux catégories ont des
contacts avec des institutions dans les mêmes proportions.
La taille du ménage semble influencée
positivement l'adoption des variétés améliorées de
riz en général et celle des NERICAs en particulier. Le revenu par
personne vivant dans les ménages de grande taille ayant tendance
à baisser, ces ménages sont obligés de rechercher les
voies et moyens d'améliorer leur revenu ; ce qui les amène
à adopter des variétés à haut rendement.
Tableau 4-6 : Caractéristiques démographiques et
socio-économiques des exploitants suivant le statut
d'adoption des variétés
|
|
|
|
|
|
|
|
Toutes variétés confondues
|
|
NERICA
|
|
|
Caractéristiques Effectif
Age moyen
|
Non- adoptant 111 (36%)
42
|
Adoptant 193 (64%) 43*
|
Total
304 (100%) 43
|
Non- adoptant 247 (81%)
43
|
Adoptant 57 (19%) 43
|
Total
304 (100%) 43
|
|
(14,46)
|
(12,40)
|
(13,15)
|
(13,07)
|
(11,07)
|
(12,40)
|
Taille moyenne du ménage
|
5,34
|
6,21 **
|
5,90
|
5,61
|
7,17***
|
6,21
|
|
(2,67)
|
(2,87)
|
(2,83)
|
(2,78)
|
(2,88)
|
(2,87)
|
Superficie cultivée en riz en 2004
|
0,26
|
0,36***
|
0,33
|
0,30
|
0,43***
|
0,33
|
(hectare)
|
(0,24)
|
(0,36)
|
(0,33)
|
(0,34)
|
(0,39)
|
(0,36)
|
Relation avec les Institutions (%)
|
56
|
71
|
65
|
63
|
72
|
64
|
Proportion de producteurs n'ayant pas été
exposés aux variétés améliorées (%)
|
5
|
0
|
15
|
49
|
0
|
49
|
Nombre de variétés améliorées
connues
|
0,92
|
2,13***
|
1,69
|
1,5
|
2,47
|
1,69
|
|
(1,11)
|
(1,89)
|
(1,75)
|
(1,34)
|
(2,81)***
|
(1,75)
|
Sexe suivant le statut d'adoption
|
|
(%)
|
|
|
(%)
|
|
Femme
|
65
|
58
|
60
|
58
|
59
|
58
|
Homme
|
35
|
42
|
40
|
42
|
41
|
42
|
Statut matrimonial suivant le statut d'adoption
|
|
(%)
|
|
|
(%)
|
|
Marié
|
84
|
84
|
84
|
86
|
79
|
84
|
Célibataire
|
4
|
2
|
3
|
3
|
0
|
2
|
Veuf ou veuve
|
11
|
13
|
12
|
10
|
21
|
13
|
Divorcé
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
1
|
Niveau d'instruction suivant le statut d'adoption
|
|
(%)
|
|
|
(%)
|
|
Sans instruction formelle ni alphabétisé
|
67
|
59
|
62
|
60
|
59
|
59
|
Alphabétisé
|
3
|
7
|
5
|
7
|
7
|
7
|
Primaire
|
28
|
26
|
27
|
26
|
27
|
26
|
Sixième en troisième
|
1
|
7
|
5
|
6
|
7
|
7
|
Seconde en terminal
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
1
|
Source : Enquête Juin-Juillet, 2005
* ; ** et ***=significatif respectivement à 10% ; à
5% et à 1%
4-4-3- Analyse différenciée de la scolarisation des
enfants selon le statut d'adoption
Adoptants et non-adoptants
Les résultats obtenus sont présentés dans
le tableau 4-7. Il ressort de l'analyse de ce tableau qu'en moyenne 2,83
enfants sont inscrits à l'école dans les exploitations rizicoles
étudiées. En moyenne, 3,05 enfants sont scolarisés dans
les exploitations adoptantes contre 2,44 dans les exploitations non-adoptantes.
Le taux de scolarisation moyen dans l'échantillon étudié
est estimé à 58%. Ce taux moyen masque certaines
réalités par rapport aux types d'exploitations. Ainsi, Il est de
61% pour les exploitations adoptantes contre 54% pour les non-adoptantes. On en
déduit que les enfants en âge de scolarisation ont
été plus inscrits à l'école dans les exploitations
adoptantes que dans celles des non adoptants. Les tests de comparaison
effectués confirment ces tendances observées au seuil de 5%.
Pour ce qui concerne le taux de maintien des enfants à
l'école, les résultats du tableau 4-7 révèlent un
taux moyen de 71% pour toutes les exploitations étudiées. Ce taux
est de 73% pour les exploitations adoptantes et de 68% pour les non-adoptantes.
La différence observée n'est pas significativement
différente de zéro selon le test de comparaison des moyennes.
Quant aux dépenses scolaires, le tableau 4-7
révèle qu'en moyenne chaque exploitation dépense 18.210
FCFA par enfant scolarisé. Ces dépenses par enfant
scolarisé s'élèvent à 19.660 FCFA au niveau des
adoptants et à 15.685 FCFA au niveau des non-adoptants. La
différence observée est significative au seuil de 5% selon les
tests de comparaison des moyennes.
Le tableau 4-8 présente quelques indicateurs de
scolarisation des enfants. L'analyse des résultats consignés dans
ce tableau montre que 21% des enfants inscrits chez les non-adoptants ont
abandonné l'école au cours de l'année académique
2004-2005 à cause du non-paiement des frais de scolarisation et/ou
d'achat de fournitures contre 4% dans les exploitations adoptantes. De plus,
seuls les enfants des exploitations adoptantes (3%) fréquentent les
établissements privés.
En se basant sur les premiers résultats scolaires des
enfants (savoir lire et savoir écrire), il ressort des résultats
de nos enquêtes que de façon générale, 56% des
enfants poursuivant encore les études au niveau des exploitations
rizicoles étudiées savent lire et écrire. Toutefois, il
convient de retenir que 60% des enfants issues des exploitations non-adoptantes
et poursuivant encore les études savent lire et écrire contre 57%
pour les adoptantes. Ces résultats se justifient par le fait que dans
la plupart de ces exploitations, les enfants passent les 75%
de leur week-end aux champs à chasser les oiseaux, les techniques (par
exemple l'utilisation des filets) appropriées pour cette
opération étant inexistantes.
L'analyse de la scolarisation des enfants suivant leur statut
(lien avec le chef d'exploitation) montre aussi bien chez les adoptants que les
non-adoptants, que la plupart (86% environ) des enfants inscrits sont des
enfants du chef ménage.
L'analyse de la scolarisation en fonction du sexe des enfants
inscrits révèle qu'en moyenne l'indice de la disparité des
sexes (nombre de filles scolarisées pour 100 garçons) est de
0,69. Il est en moyenne de 0,61 pour les non-adoptants contre 0,72 pour les
adoptants (tableau 4-7). La différence observée n'est pas
significativement différente de zéro selon le test de comparaison
des moyennes.
Adoptants et non-adoptants du NERICA (New Rice
for Africa)
Le tableau 4-9 présente le nombre moyen d'enfants
scolarisés et maintenus à l'école et les dépenses
scolaires moyennes par adoptant et non adoptant de NERICA. L'analyse de ce
tableau montre que le taux de scolarisation des enfants (68%) est plus
élevé dans les exploitations adoptantes de NERICA que dans les
non-adoptantes (57%). Les tests de comparaison de moyenne effectués
confirment cette tendance et indiquent que la différence observée
est significative à 5%.
De même, les taux de rétention des enfants
à l'école sont de 77% pour les adoptants et de 70% pour les
non-adoptants. Mais ces taux ne sont pas significativement différents
selon les tests de comparaison de moyenne.
Le tableau 4-9 révèle également que les
exploitations adoptantes de NERICA semblent plus investir dans la scolarisation
de leurs enfants. En effet, les dépenses scolaires par enfant toujours
scolarisé s'élèvent à 20.115,36 FCFA et à
17.769,46 FCFA respectivement pour les adoptants et les non-adoptants. Mais il
ressort des tests de comparaison qu'il n'existe pas de différence
significative entre les dépenses scolaires par enfant toujours
scolarisé de ces deux catégories.
L'indice de disparité des sexes ne diffère pas trop
entre ces deux catégories d'adoptants. Il est de 0,67 pour les adoptants
contre 0,69 pour les non-adoptants.
L'analyse des causes de l'abandon des classes au cours de
l'année académique 2004-2005 au niveau de ces deux types
d'exploitations (tableau 4-9) a montré que 8% des enfants des
exploitations non-adoptantes ont abandonné les classes
pour raison de non paiement des frais de scolarisation et/ou d'achat de
fournitures contre 3% pour les adoptants.
Quant à l'analyse des premiers résultats
scolaires (savoir lire et écrire), il ressort des résultats du
tableau 4-9 que 59% environ des enfants des adoptants de NERICAs savent lire et
écrire contre 55% environ pour les non-adoptants.
Tableau 4-7 : Nombre moyen d'enfants scolarisés et
maintenus à l'école et dépenses scolaires moyennes par
adoptant (toutes variétés améliorées confondues) et
non-adoptant.
Indicateurs
|
Adoptants
|
Non-adoptants
|
Total
|
Toutes variétés améliorées
confondues
|
|
|
|
Effectif
|
193
|
110
|
303
|
Enfants scolarisés
|
3,05**
|
2,44
|
2,83
|
|
(2,17)
|
(2,06)
|
(2,14)
|
Enfants toujours scolarisés
|
2,53*
|
2,09
|
2,37
|
|
(2,03)
|
(1,83)
|
(1,97)
|
Dépenses totales de scolarisation
|
60 481,22**
|
43 378,72
|
54 236,56
|
|
(69 571,87)
|
(47 827,41)
|
(62 972,57)
|
Taux de scolarisation
|
0,61 **
|
0,54
|
0,58
|
|
(0,31)
|
(0,42)
|
(0,33)
|
Taux de maintien à l'école
|
0,73
|
0,68
|
0,71
|
|
(0,37)
|
(0,42)
|
(0,39)
|
Dépenses scolaires par enfant scolarisé
|
19 661,71 **
|
5 683,98
|
18 209,31
|
|
(17 110,99)
|
(14 352,06)
|
(16 247,66)
|
Proportion de filles scolarisées
|
42
|
38
|
41
|
Proportion de garçons scolarisés
|
58
|
62
|
59
|
Indice de parité des sexes
|
0,72
|
0,61
|
0,69
|
Source : Enquête Juin-Juillet, 2005
|
|
|
|
* et **=significatif respectivement à 10% et à 5%
selon le test F de Fisher
Tableau 4-8 : Comparaison de quelques indicateurs de
scolarisation
Indicateurs
|
|
Pourcentage
|
|
|
Non-adoptants
|
Adoptants
|
Total
|
Enfants déscolarisés pour manque d'argent pour
achat de fourniture et/ou frais de scolarisation
|
21
|
4
|
7
|
Savoir lire
|
60
|
57
|
58
|
Savoir écrire
|
55
|
54
|
54
|
Ecole privée
|
0
|
3
|
3
|
Secondaire 1er Cycle
|
17
|
17
|
17
|
Secondaire 2ème Cycle
|
1
|
3
|
2
|
Universitaire
|
0
|
1
|
1
|
Source : Enquête Juin-Juillet, 2005
|
|
|
|
Tableau 4-9 : Nombre moyen d'enfants scolarisés et
maintenus à l'école et dépenses scolaires moyennes par
adoptant et par non adoptant de NERICA
Indicateurs
|
|
NERICA
|
|
|
Adoptants
|
Non-adoptants
|
Total
|
Effectif
|
57
|
246
|
303
|
Enfants scolarisés
|
3,93***
|
2,57
|
2,83
|
|
(2,23)
|
(2,04)
|
(2,14)
|
Enfants toujours scolarisés
|
3,23***
|
2,17
|
2,37
|
|
(2,13)
|
(1,88)
|
(1,97)
|
Dépenses totales de scolarisation
|
70 443,43**
|
50 496,51
|
54 236,56
|
|
(68 684,17)
|
(61 119,38)
|
(62 972,57)
|
Taux de scolarisation
|
0,68**
|
0,57
|
0,59
|
|
(0,27)
|
(0,34)
|
(0,33)
|
Taux de maintien à l'école
|
0,77
|
0,70
|
0,71
|
|
(0,32)
|
(0,40)
|
(0,39)
|
Dépenses scolaires par enfant scolarisé
|
20 115,36
|
17 769,46
|
18 209,31
|
|
(16 438,10)
|
(16 205,14)
|
(16 247,66)
|
Proportion de filles scolarisées (%)
|
40
|
41
|
41
|
Proportion de garçons scolarisés (%)
|
60
|
59
|
59
|
Indice de parité des sexes (%)
|
67
|
69
|
69
|
Enfants déscolarisés pour manque d'argent pour
achat de fourniture et/ou frais de scolarisation
|
3
|
8
|
7
|
Savoir lire
|
60
|
58
|
58
|
Savoir écrire
|
59
|
53
|
54
|
Ecole privée
|
2
|
2
|
2
|
Secondaire 1er Cycle
|
20
|
16
|
17
|
Secondaire 2ême Cycle
|
5
|
2
|
3
|
Source : Enquête Juin-Juillet, 2005
|
|
|
|
* , ** et ***=significatif respectivement à 10%, à
5% et à 1%
|
|
|
|
4-4-4- Analyse différenciée de la santé
des enfants selon le statut d'adoption
Le tableau 4-10 présente les types de maladies
rencontrées au niveau des exploitations rizicoles
étudiées. Ce tableau révèle, que dans la zone
d'étude, la maladie la plus fréquente est le paludisme (80% de
cas identifiés). Ensuite viennent les autres maladies telles que la
fièvre typhoïde, la fièvre jaune, la varicelle, la variole,
le Rhumatisme, l'hernie, etc. (15% des cas)
Adoptants et non-adoptants
Le tableau 4-11 présente les dépenses moyennes
sanitaires des enfants et les taux moyens de fréquentation des Centres
de Santé en cas de maladies. De l'analyse de ce tableau, il
résulte que 73% des enfants des exploitations rizicoles
étudiées sont tombés malades au moins une fois durant ces
huit (8) derniers mois. Ce pourcentage est de 77% pour les non-adoptants contre
70% pour les adoptants. Cela laisse croire que les enfants des non-adoptants
tombent plus malades que ceux des adoptants. Mais les tests de comparaison de
moyennes effectués ont montré que la différence
observée pour les différentes fréquences de maladies des
enfants n'est pas significative.
Toujours selon les résultats du tableau 4-11, les
dépenses sanitaires moyennes par enfant malade s'élèvent
à 6.722,44 FCFA avec une moyenne de 7.584,11 FCFA pour les adoptants
contre 5.180,05 FCFA pour les non-adoptants. Ainsi, il semble que les adoptants
dépensent en moyenne une somme de 2.500 FCFA par enfant malade de plus
que les non-adoptants. Cette différence de 2.500 FCFA observée
est significativement différente de zéro selon les tests de
comparaison de moyenne (signification à 5%).
Il ressort également du tableau 4-11 qu'en moyenne 2,5
enfants sont présentés dans des Centres de Santé en cas de
maladies par les adoptants contre 1,71 enfants présentés par les
non-adoptants. Les adoptants de variétés améliorées
de riz fréquentent donc 1,5 fois plus les centres de santé que
les non-adoptants.
De plus, qu'il s'agisse des adoptants ou des non-adoptants, le
taux de recours à la médecine traditionnelle par les parents,
lorsque les enfants sont malades, est supérieur à celui de la
fréquentation des centres de santé. Ceci est lié à
la culture locale dans la mesure où les coutumes, les habitudes ou les
représentations et pratiques populaires font que dans les milieux
ruraux, le traitement traditionnel reste le premier recours en cas de
maladies.
Tableau 4-10- Les types de maladies
Types de la maladie
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Paludisme
|
2603
|
80
|
Diarrhée
|
79
|
2
|
Grippe ou toux
|
97
|
3
|
Autres maladies (Fièvre typhoïde, fièvre
jaune, varicelle, variole, Rhumatisme, hernie, etc.)
|
487
|
15
|
Total
|
3266
|
100
|
Source : Enquête Juin-Juillet, 2005
Tableau 4-11 : Dépenses moyennes pour les soins de
santé des enfants et les taux moyens de fréquentation des
Centres de Santé pour les adoptants (toutes variétés
améliorées confondues) et non-
adoptants
|
|
|
|
Indicateurs
|
Non-adoptants
|
Adoptants
|
Total
|
Taille de l'échantillon
|
100
|
179
|
279
|
Fréquence de maladies
|
0,77
|
0,70
|
0,73
|
|
(0,33)
|
(0,35)
|
(0,34)
|
Frais d'hôpitaux (FCFA)
|
15 698,25
|
24 128,24**
|
21 106,74
|
|
(29792,88)
|
(31348,22)
|
(31011,47)
|
Dépenses totales pour les soins de santé (FCFA)
|
17 387,25
|
31 676,34***
|
26 554,8
|
|
(29934,34)
|
(49201,91)
|
(43774,99)
|
Dépenses moyennes par enfant malade (FCFA)
|
5 180,05
|
7 584,11**
|
6 722,44
|
|
(7964,97)
|
(10364,75)
|
(9628,65)
|
Nombre moyen de fréquentation des Centres de
Santé
|
1,71
|
2,50***
|
2,23
|
|
(1,63)
|
(2,12)
|
(1,99)
|
Taux moyen de fréquentation des Centres de Santé
|
0,51
|
0,58
|
0,56
|
Taux moyen de recours à la médecine
traditionnelle
|
0,68
|
0,63
|
0,64
|
Source : Enquête Juin-Juillet, 2005
|
|
|
|
** et ***=significatif respectivement à 5% et à
1%
|
|
|
|
Adoptants et non-adoptants du NERICA (New Rice
for Africa)
Des résultats consignés dans le tableau 4-12, il
ressort que 74% des enfants des exploitations adoptantes étaient
tombés malades au cours de ces huit (8) derniers mois contre 72% celles
des non-adoptantes. Ces valeurs ne sont pas statistiquement différentes
selon les tests de comparaison de moyenne.
De même, l'analyse des dépenses rapportées
au nombre d'enfants malades montre que les dépenses
s'élèvent à 5.143,26FCFA pour les non-adoptants contre
7.108,74FCFA pour les adoptants. Mais ces valeurs ne sont pas significativement
différentes selon les tests de comparaison des moyennes.
Le taux moyen de fréquentation des Centres de
santé en cas de maladie des enfants est de 65% pour les adoptants de
NERICA et de 54% pour les non-adoptants. Ce qui signifie que 3,3 enfants sur 5
tombés malades, au niveau des adoptants, ont été
présentés dans un centre de santé contre 2,7 pour les
non-adoptants. Ce qui montre que les adoptants fréquentent environ 1,3
fois plus les Centres de santé que les non-adoptants en cas de maladies
de leurs enfants.
Tableau 4-12 : Dépenses moyennes pour les soins de
santé des enfants et les taux moyens de fréquentation des Centres
de Santé pour les adoptants et non-adoptants de NERICA
Indicateurs
|
Non-adoptants
|
Adoptants
|
Total
|
Taille échantillon
|
225
|
54
|
279
|
Fréquence de maladies (%)
|
0,72
|
0,74
|
0,73
|
|
(0,35)
|
(0,32)
|
(0,34)
|
Dépenses totales pour les soins de santé (FCFA)
|
23 475,84
|
39 383,80**
|
26 554,80
|
|
(35795,31)
|
(66543,32)
|
(43774,99)
|
Dépenses moyennes par enfant malade (FCFA)
|
5 143,26
|
7 108,74
|
5 523,68
|
|
(6905,26)
|
(8163,05)
|
(7192,25)
|
Nombre moyen de fréquentation des Centres de Santé
en
|
1,96
|
3,30***
|
2,22
|
cas de maladies des enfants
|
(1,79)
|
(2,40)
|
(1,99)
|
Taux moyen de fréquentation des Centres de Santé
|
0,54
|
0,65**
|
0,56
|
Taux moyen de recours à la médecine
traditionnelle
|
0,64
|
0,64
|
0,64
|
Source : Enquête Juin-Juillet, 2005
|
|
|
|
** et ***=significatif respectivement à 5% et à
1%
|
|
|
|
CHAPITRE V : IMPACT DES VARIETES AMELIOREES DE RIZ SUR LA
SCOLARISATION ET LA SANTE DES ENFANTS
5-1-Modèle empirique et description des variables
5-1-1- Modèle empirique
Pour estimer l'impact de ces variétés
améliorées de riz sur la scolarisation des enfants, les
indicateurs tels que le nombre d'enfants inscrits et maintenus à
l'école par le ménage, les dépenses de scolarisation du
ménage ont été retenus. Aussi, les taux de scolarisation
et de maintien des enfants à l'école et les dépenses
scolaires par enfant toujours scolarisé par ménage ont-ils
été calculés. Ces indicateurs nous ont permis
d'apprécier non seulement les taux de scolarisation et de maintien
à l'école au niveau de chaque catégorie d'adoptant
(adoptant et non-adoptant) mais aussi le niveau d'investissement sur chaque
enfant toujours scolarisé.
De façon générale, la mesure du taux de
scolarisation est un simple rapport entre le nombre d'individus
scolarisés à un certain niveau et le nombre d'individus
d'âge normal pour ce niveau. Le taux peut donc dépasser 100 %, car
certains élèves qui ont redoublé peuvent dépasser
l'âge en question (DSRP, 2002). Dans le cadre de cette étude, nous
nous sommes intéressé à l'inscription ou non des enfants.
Ainsi, le taux de scolarisation des enfants calculé est le rapport entre
le nombre d'enfants scolarisés et le nombre d'enfants en âge de
scolarisation (pour notre étude, nous avons retenu 6 ans qui est
l'âge moyen de scolarisation au Bénin) dans le ménage.
Quant au taux de maintien à l'école, il
représente le rapport entre le nombre d'enfants du ménage qui
sont toujours scolarisés au moment de nos enquêtes et le nombre
d'enfants scolarisés.
Pour ce qui concerne les dépenses scolaires, c'est le
rapport entre toutes les dépenses effectuées par le ménage
pour la scolarisation des enfants et le nombre d'enfants toujours
scolarisés lors de nos enquêtes.
L'investissement sur le capital humain en
général et sur les enfants en particulier ne se limite pas
seulement à leur éducation. Il doit prendre en compte tous les
aspects liés au développement de l'enfant dont sa santé.
Ainsi, dans le but d'estimer l'impact de l'adoption des variétés
améliorées de riz sur la santé des enfants, nous nous
sommes basé sur les indicateurs tels que la fréquence de
maladies (nombre d'enfants tombés malades durant ces
huit derniers mois sur le nombre total d'enfants dans le ménage), les
dépenses totales du ménage en matière de santé
infantile et les dépenses sanitaires rapportées au nombre
d'enfants tombés malades au cours de la période
considérée, la fréquentation des centres de santé
en cas de maladies des enfants (nombre d'enfants malades emmenés
à l'hôpital sur le nombre total d'enfants malades).
On déduit du modèle théorique
développé au chapitre III, paragraphe 3-7, le modèle
empirique suivant pour évaluer l'impact de l'adoption des
variétés améliorées de riz :
Pour ce qui concerne la scolarisation des enfants, nous avons
:
tscolarii +a Adopti + P1 Re verizi + P2 Sexei +
P3Enfscoli+ P4 Educi
+ P5 * 5 Adopti (Re verizi Re veriz) +
) P6
|
Adopti
|
* (Sexei `Sexei Sexe)
|
+ P7 Adopti * (Enfscoli Enfscol) + P8 Adopti *
(Educi Educ )+ei
Quant aux fréquentations des hôpitaux et aux
dépenses sanitaires, le modèle empirique se présente comme
suit :
fhopiti
|
K
|
depsanti= Y + a Adopti + 21
Re
|
verizi + 22 Sexei + 23 taille/ni
|
|
+
|
24
|
Educi
|
+ 25 dsante +
|
ë 6
|
Adopti * (Re verizi
|
Re
|
veriz
|
)
|
+`
Adopti* Sexei Sexe+ )
|
28
|
Adopti * (taille/ni taille/n)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+ 29 Adopti * (Educi Educ) + 210 Adopti *(
dsantei dsante)
Avec
tscolarii= Taux de scolarisation pour l'exploitation i ;
fhopii= Fréquentation des hôpitaux en cas de
maladies des enfants pour l'exploitation i ; desani= Dépenses
sanitaires par enfant tombé malade pour l'exploitations i ;
Adopt= Variable binaire prenant la valeur 1 si l'exploitant
cultive au moins une des variétés améliorées de riz
et 0 sinon ;
Re veriz = Revenu rizicole de l'exploitant ;
Sexe = Variable binaire qui prend la valeur 1 si l'exploitant est
un homme et 0 sinon ; Taillem = Taille de ménage ;
Enfscol = Nombre d'enfants en âge scolarisable dans le
ménage ;
Educ = Variable qui rend compte du niveau d'éducation du
chef de ménage. Elle prend la valeur 1 si le chef de ménage a
reçu une éducation formelle et 0 sinon ;
Dsante= Distance de l'hôpital le plus proche du village
dans le cas où il n'existe pas de centre de santé dans le village
;
Zi = La moyenne pour chaque variable du modèle ;
â1, /32, /33, 114 21,,,2223
24 et 25 sont les effets marginaux des variables incluses
dans le modèle ;
)65, )66, )67, )68,
26, 27, 28, 29 et 210 sont les effets
marginaux sur l'impact de l'adoption des mêmes variables incluses dans le
modèle ;
Ei et æi sont les terme d'erreurs
5-1-2- Description des variables introduites dans les
différents modèles
Les variables explicatives du modèle empirique de
scolarisation, de fréquentation des hôpitaux et des
dépenses sanitaires examinées sont : Adopt, Reveriz, Sexe,
Taillem, Enfscol, Educ et Dsante. Leur signification ainsi que les motifs de
leur incorporation dans les différents modèles sont
exposés ci-après. Certaines de ces variables sont incluses sous
formes logarithmiques dans les modèles.
Adopt : C'est la variable binaire qui indique la nature des
variétés de riz cultivées par l'exploitant. Elle prend la
valeur 1 si l'exploitant cultive une au moins des variétés
améliorées de riz et 0 sinon. L'adoption de ces
variétés améliorées doit contribuer à
l'augmentation du rendement, ce qui aurait contribué à
l'amélioration du revenu de l'exploitant. On espère donc des
signes positifs pour les coefficients de Adopt.
Reveriz : C'est le revenu brut issu de la production rizicole.
Elle est incluse dans les différents modèles sous formes
logarithmiques. L'augmentation de ce revenu peut permettre aux paysans
d'inscrire davantage leurs enfants à l'école et d'investir dans
les soins de santé quand ceux-ci sont malades. On espère aussi
des signes positifs pour les coefficients de Reveriz.
Sexe : C'est le sexe de l'exploitant. Cette variable prend la
valeur 1 si l'exploitant est un homme et 0 sinon. On pense que les chefs de
ménages de sexe féminin scolarisent davantage leurs enfants que
les hommes (Pilon, 1995). D'autres pensent également que la
scolarisation des enfants dépend plus de la santé
financière du ménage (Lututala, 1996). Il en est de même
pour la fréquentation des hôpitaux et l'investissement dans les
soins curatifs de santé. Les signes des coefficients de Sexe ne peuvent
donc être déterminés à priori.
Taillem : C'est la variable indiquant le nombre de personnes
vivant dans le ménage. Elle est incluse dans le modèle sous forme
logarithmique. Plus la taille du ménage est élevée, moins
sera le revenu par membre du ménage. L'exploitant, dans ces conditions,
va moins investir pour la scolarisation et la santé de ses enfants. Les
signes espérés pour les coefficients de Taillem sont des signes
négatifs.
Enfscol : C'est le nombre d'enfants en âge de
scolarisation. Cette variable est incluse seulement dans l'équation de
scolarisation. Le signe de cette variable ne peut-être connu à
priori.
Educ : Cette variable prend la valeur 1 si l'exploitant a
reçu une éducation formelle et 0 sinon. On pense que les chefs de
ménages ayant reçu une éducation formelle scolarisent
davantage leurs enfants, investissent plus pour leur santé et
fréquentent les hôpitaux lorsqu'ils sont malades. En effet, les
études et l'expérience montrent que le niveau d'éducation
des parents influence positivement celui des enfants en ce sens que les parents
instruits et éduqués apprécient mieux la valeur
économique et sociale de l'éducation et tendent à opter
pour le soutien à la scolarisation de leurs enfants (Zahonogo, 2001). On
s'attend donc à ce que les coefficients de cette variable soient
positifs
Dsante : C'est la distance qui sépare le centre de
santé le plus proche du village au cas où ce village n'en
disposerait pas. Elle est incluse uniquement dans les équations de
fréquentation des hôpitaux et des dépenses sanitaires. On
estime que plus la distance de l'hôpital du village est grande, moins les
gens fréquenteront ces hôpitaux et plus grandes seraient les
dépenses sanitaires. Donc, on s'attend à ce que les coefficients
de cette variable soient négatifs pour la fréquentation des
hôpitaux et positifs pour les dépenses sanitaires.
5-2- Analyse de l'impact des variétés
améliorées sur la scolarisation des enfants
5-2-1- Adoptants et non-adoptants
Il ressort de l'estimation des équations (10) et (11)
que l'impact des variétés améliorées de riz sur le
taux de scolarisation des enfants des exploitations rizicoles
étudiées est de 3% en moyenne (tableau 5-1).
Certes, l'inscription des enfants est une avancée
importante de la scolarisation des enfants mais leur maintien à
l'école en est une autre surtout dans les milieux ruraux où les
enfants, à partir d'un certain âge, constituent des forces de
travail pour leur famille. Le tableau 5-1 révèle à cet
effet que l'impact moyen de ces variétés améliorées
sur le taux de maintien à l'école des enfants inscrits est de
3%.
Aussi, ces variétés améliorées de riz
ont-elles permis d'améliorer de 2% l'indice de disparité des
sexes au sein des exploitations rizicoles.
Quant aux dépenses scolaires par enfant toujours
scolarisé, les variétés améliorées de riz
ont induit une amélioration d'environ 4.925 FCFA.
Par ailleurs, en s'intéressant à l'analyse de
l'impact de ces variétés améliorées au sein de la
sous-
population des adoptants ( ÁÔÅ1), il
ressort également du tableau 5-1 qu'elles ont induit une
amélioration des taux de scolarisation et de maintien à
l'école et les dépenses scolaires de 1%, 4% et de 5970 FCFA
respectivement. Ces valeurs, dans l'ensemble ne sont pas trop
différentes de l'impact sur toute la population des riziculteurs. Ceci
s'explique par l'absence de biais d'information en ce qui concerne les
variétés améliorées de riz. En effet, tous les
riziculteurs connaissent au moins une variété
améliorée, ce qui signifie que la connaissance des
variétés améliorées ne constitue plus une
contrainte quand on sait que l'adoption des technologies est liée
à la connaissance des dites technologies.
Tableau 5-1 : Impact des variétés
améliorées de riz sur la scolarisation selon la méthode
semi-
paramétrique
|
|
|
|
|
Indicateurs
|
|
ATE
|
|
ATE
|
Taux de scolarisation (%)
|
|
3
|
|
1
|
Taux de maintien à l'école (%)
|
|
3
|
|
4
|
Indice de disparité des sexes (%)
|
|
2
|
|
11
|
Dépenses scolaires par enfant scolarisé (FCFA)
|
4
|
922,85
|
5
|
968,32
|
Source : Enquête Juin-Juillet, 2005
|
|
|
|
|
5-2-2- Adoptants et non-adoptants des NERICA (New Rice for
Africa)
Les résultats d'estimation des équations (10) et
(11) sont présentés dans le tableau 5-2. Il ressort
de l'analyse de ce tableau que l'impact de l'adoption des
variétés NERICAs est en moyenne de 6% et 9% respectivement
pour les taux de scolarisation et de maintien des enfants à
l'école en 2005. Aussi, les variétés NERICAs ont-elles
permis d'améliorer de 7% l'indice de parité des sexes
Quant aux dépenses scolaires par enfant toujours
scolarisé, elles ont induit une amélioration d'environ 8430
FCFA.
Par ailleurs, l'analyse de l'impact de l'adoption des
variétés NERICAs dans la sous-population des
adoptants a montré une amélioration du taux de
scolarisation de 0,19 ( ATE1). Ce qui signifie que les variétés
NERICAs ont induit une augmentation du taux de scolarisation de 19% dans cette
sous-population. De plus, ces variétés NERICAs ont permis aux
riziculteurs de la sous-population des adoptants de maintenir davantage leurs
enfants à l'école (taux de maintien 22%) et d'augmenter les
dépenses scolaires par enfant d'environ 19.690 FCFA.
Ces impacts sont très élevés au niveau de
la sous-population des adoptants qu'au niveau de la population des
riziculteurs. Ce qui signifie qu'il y a un ciblage et une auto-sélection
de la population dans le processus actuel de diffusion des
variétés NERICAs. En effet, les adoptants actuels de ces
variétés appartiennent pour la plupart aux groupes des
producteurs dits "expérimentateurs". Ce sont ces adoptants que Rogers
(2003) a qualifiés d'adoptants précoces.
En somme, nous pouvons conclure que les variétés
NERICAs ont un impact potentiel très élevé par rapport aux
autres variétés qui sont introduites jusque-là en milieu
rural.
Tableau 5-2: Impact des variétés NERICAs sur la
scolarisation selon la méthode semi-
paramétrique
|
|
|
Indicateurs
|
ATE
|
ATE
|
Taux de scolarisation (%)
|
6
|
19
|
Taux de maintien à l'école (%)
|
9
|
22
|
Indice de disparité des sexes (%)
|
7
|
15
|
Dépenses scolaires par enfant scolarisé (FCFA)
|
8 429,56
|
19 685,94
|
Source : Enquête Juin-Juillet, 2005
|
|
|
5-2-3- Déterminants de la scolarisation des enfants
Les résultats du modèle de régression
basée sur la méthode de VI sont présentés dans le
tableau 5- 3. La lecture de ce tableau montre que le modèle est
globalement hautement significatif avec un coefficient de détermination
(R2) de 0,81. Ce qui signifie que 81% des variations de la
scolarisation des enfants sont expliquées par les variables incluses
dans le modèle.
Ce tableau révèle également que les
coefficients du revenu rizicole et du nombre d'enfants en âge
scolarisable sont tous deux
significatifs à 1%, celui des
variétés améliorées de riz est significatif
à 5%. Il en résulte donc que l'adoption des
variétés améliorées de riz, le revenu rizicole et
le nombre d'enfants en âge scolarisable sont les principaux facteurs
déterminants de la scolarisation des enfants. Ainsi, la scolarisation
des enfants est positivement corrélée avec l'adoption des
variétés améliorées de riz. Ce qui signifie que
l'adoption des variétés améliorées de riz a eu un
impact positif sur la scolarisation en dehors de son effet à travers le
revenu. La culture des variétés améliorées de riz,
à cause de leur court cycle de production, libère le
ménage de la contrainte de mobiliser les membres du ménage en
l'occurrence les enfants pour les activités de production. En effet, on
pense que la scolarisation des enfants est d'autant plus faible que les enfants
sont impliqués dans le processus de production, le mode de production
influant sur le recours au travail des enfants et donc sur leur
scolarisation.
Le coefficient du revenu rizicole étant positif et
significatif, on peut donc affirmer que le revenu issu du riz a un impact
positif sur la scolarisation des enfants. En effet, à travers l'adoption
des variétés améliorées de riz, les exploitants
obtiennent des rendements meilleurs, ce qui leur permet d'améliorer leur
statut financier. Ce résultat est conforme à ceux de Lututala
(1996) et de Mabika
et Dimbuene (2002) qui ont tous prouvé que les
ménages d'un niveau socio-économique élevé
scolarisent plus leurs enfants que les ménages pauvres.
Le signe positif du coefficient de la variable nombre
d'enfants en âge scolarisable suggère que les ménages de
grande taille ont plus de chances de scolariser leurs enfants que les
ménages de petite taille. Ce résultat est contraire à la
relation classique négative attendue entre taille du ménage et
scolarisation des enfants. Cependant, ce résultat soutient des
résultats précédents trouvés pour l'Afrique
Sub-saharienne en particulier ceux de Kobiané (1999) qui a
trouvé, dans le cadre d'une étude menée au Burkina, une
relation positive entre taille du ménage et scolarisation en milieu
urbain. Dans le cas du milieu rural, il est possible que la taille
élevée du ménage libère les enfants des travaux
domestiques et permet leur scolarisation. Ce résultat peut s'expliquer
aussi par la politique de "l'école pour tous" du gouvernement ces cinq
(5) dernières années.
Ces différentes variables sont restées sans effet
sur l'impact de l'adoption des variétés améliorées
de riz.
Tableau 5-3 : Déterminants de la scolarisation des
enfants
Variables
|
Effet marginal Effet marginal sur
l'impact
|
Adoption des variétés améliorées
(Adopt)
|
1,39 (0,63)** 1,39 (0,63)**
|
ln (Revenu rizicole (Reveriz))
|
0,25 (0,00)*** -0,06 (0,40)
|
Sexe du chef d'exploitation (Sexe)
|
0,52 (0,50) -0,09 (0,94)
|
ln (Nombre d'enfants en âge scolarisable
|
3,01 (0,00)*** -0,59 (0,47)
|
(Enfscol))
|
|
Education formelle du chef d'exploitation (Educ)
|
-0,39 (0,51) -
|
Effectif
|
304
|
R2
|
0,81
|
F de Ficher
|
36,36****
|
Source : Enquête Juin-Juillet, 2005
|
|
** ; *** et ****=significatif respectivement à 5%,
à 1% et à 0,1% Robust z-statistics entre parenthèse
5-2-4- Conclusion partielle
L'analyse de l'effet des variétés
améliorées de riz en général et celui des
variétés NERICAs en particulier a permis de connaître la
contribution de ces variétés à haut rendement dans la
scolarisation des enfants dans sa globalité. Ainsi, de façon
générale, les variétés améliorées de
riz ont induit une amélioration du taux de scolarisation des enfants et
des dépenses liées à cette scolarisation. Aussi, ont-elles
permis la réduction de l'écart de scolarisation existant entre
les filles et les garçons. De façon spécifique, les
nouvelles variétés NERICAs ont eu plus à contribuer d'une
part, à l'amélioration des taux de scolarisation et de maintien
des enfants à l'école et des dépenses scolaires et d'autre
part, à la réduction de l'écart de scolarisation existant
entres les filles et les garçons.
De l'estimation du modèle de variables instrumentales
(VI), il ressort que l'adoption des variétés
améliorées de riz, le revenu rizicole et le nombre d'enfants en
âge scolarisable sont les principaux facteurs déterminants de la
scolarisation au niveau de ces riziculteurs étudiés.
5-3- Analyse de l'impact des variétés
améliorées sur la santé des enfants 5-3-1- Adoptants et
non-adoptants
Les résultats de l'estimation des équations (10)
et (11) pour la fréquence des maladies, les dépenses sanitaires
des enfants et la fréquentation des centres de santé en cas de
maladies de ces enfants ont été présentés dans le
tableau 5-4. Il ressort de l'analyse de ce tableau que les
variétés améliorées de riz auraient permis la
réduction de 1% en moyenne de la fréquence des maladies au sein
des exploitations à travers l'investissement dans la prévention.
De plus, le taux de fréquentation des hôpitaux par les parents
lorsque leurs enfants sont malades et les dépenses sanitaires par enfant
tombé malade auraient connu une amélioration moyenne de 7% et de
2875 FCFA environ respectivement.
Par ailleurs, l'impact de ces variétés
améliorées sur la sous-population des adoptants
s'élève à 26% et à 11679 FCFA respectivement pour
le taux de fréquentation des hôpitaux par les parents lorsque
leurs enfants sont malades et les dépenses sanitaires par enfant
tombé malade. Aussi, ces variétés améliorées
ont-elles permis aux riziculteurs de cette sous-population d'investir dans
la
prévention des maladies, ce qui se traduit par une
réduction de 5% en moyenne de la fréquence des maladies au niveau
de leurs enfants.
Tableau 5-4 : Impact des variétés
améliorées de riz sur la santé des enfants selon la
méthode
semi-paramétrique
|
|
|
|
Indicateurs
|
|
ATE
|
ATE
|
Fréquence des maladies (%)
|
|
-1
|
-5
|
Taux de fréquentation des Centres de Santé (%)
Dépenses sanitaires par enfant malade (FCFA)
|
2
|
7
873,74
|
26 11 679,95
|
Source : Enquête Juin-Juillet, 2005
|
|
|
|
5-3-2- Adoptants et non-adoptants du NERICA (New Rice for
Africa)
L'estimation de l'équation (10) (voir tableau 5-5)
donne comme valeur de ATE, -2% pour la fréquence des maladies. Ce qui
signifie que les variétés NERICAs auraient donc permis aux
riziculteurs d'investir dans la prévention des maladies ; ce qui fait
que les enfants des ménages adoptants tombent moins malades que ceux des
ménages non-adoptants.
De plus, l'ATE pour le taux de fréquentation des
hôpitaux et les dépenses sanitaires par enfant tombé malade
est de 5% et 7.050 FCFA respectivement. Ceci signifie que le taux de
fréquentation des hôpitaux par les parents, lorsque leurs enfants
sont malades, aurait connu une augmentation de 5% en moyenne et les
dépenses par enfant pour les soins curatifs de santé, une
amélioration de 7.050 FCFA environ.
Par ailleurs, les estimations faites à partir de
l'équation (11) nous ont permis de quantifier l'impact des
variétés NERICAs sur la sous-population des adoptants actuels. En
effet, selon les résultats présentés dans le tableau 5-5,
les variétés NERICAs auraient permis de réduire de 6% la
fréquence des maladies des enfants des exploitations adoptantes à
travers l'amélioration de leur revenu. La réduction de la
fréquence des maladies s'explique par le fait que ces exploitations
adoptantes de NERICAs commencent de plus en plus par investir dans la
prévention des maladies des membres de leur famille. Ces
variétés NERICAs ont aussi permis à ces adoptants actuels
d'améliorer leur fréquentation des hôpitaux en cas de
maladies de leurs enfants et les dépenses engagées par enfant
tombé malade, de 39% et de 78820 FCFA environ respectivement.
L'impact observé au niveau des adoptants actuels de ces
variétés NERICAs est supérieur à celui
observé au niveau de la population des riziculteurs en
général. Ces résultats sont conforment à ceux
obtenus au niveau de la scolarisation où l'impact au niveau des
adoptants actuels est supérieur à celui de la population. Ceci
s'explique par le fait que les adoptants actuels appartiennent pour la plupart
aux groupes des producteurs dits "expérimentateurs".
Tableau 5-5 : Impact des variétés NERICAs sur la
santé des enfants selon la méthode semi-
paramétrique
|
|
|
|
|
Indicateurs
|
|
ATE
|
|
ATE
|
Fréquence des maladies (%)
|
|
-2
|
|
-6
|
Taux de fréquentation des Centres de Santé (%)
Dépenses sanitaires par enfant malade (FCFA)
|
7
|
5
049,69
|
78
|
39
818,59
|
Source : Enquête Juin-Juillet, 2005
5-3-3- Déterminants de la santé des enfants
|
|
|
|
|
Les résultats de régression basée sur la
méthode de VI sont présentés dans le tableau 5-6. La
lecture de ce tableau pour les dépenses sanitaires révèle
que les coefficients de l'adoption des variétés
améliorées de riz, du revenu rizicole et de la taille de
l'exploitation sont respectivement significatifs à 1%, 10% et à
5%. Il en résulte donc que l'adoption des variétés
améliorées de riz, le revenu du riz, la taille du ménage
et la distance séparant le centre de santé du village sont les
principaux déterminants des dépenses sanitaires pour les enfants
au niveau des riziculteurs étudiés.
Les coefficients positifs et significatifs des variables
adoption des variétés améliorées de riz et revenu
rizicole permettent d'affirmer que ces deux variables ont un impact positif sur
les dépenses sanitaires des enfants. On peut donc affirmer que le niveau
de revenu est une composante essentielle du bien-être des enfants. Ces
résultats sont conformes à ceux de Becker (1974) et de l'Agence
de Santé Public de Canada (2004) qui ont montré qu'il existe des
liens considérables entre le revenu familial et la santé des
jeunes.
La position du centre de santé par rapport au village
affecte positivement ces dépenses sanitaires. Ce qui signifie que plus
le centre de santé est éloigné du village, plus les
dépenses engagées lorsque les enfants sont malades sont
élevées.
La taille du ménage est négativement
corrélée avec les dépenses sanitaires des exploitations.
Ce qui signifie que plus la taille des exploitations est élevée,
moins les ménages investissent dans les soins de santé des
enfants.
En ce qui concerne l'effet marginal sur l'impact, des
différentes variables introduites dans le modèle, seuls les
coefficients du revenu de riz et de la position du centre de santé par
rapport au village sont respectivement significatifs à 1% et à
5%. Ces deux variables agissent négativement sur l'impact qu'a
l'adoption des variétés améliorées de riz sur les
dépenses sanitaires. L'effet négatif du revenu issu du riz sur
l'impact des variétés améliorées de riz sur les
dépenses sanitaires pourrait se justifier par le fait qu'au niveau de
ces ménages, lorsque les enfants sont malades, les parents ont recours
en premier lieu à la médecine traditionnelle. En effet, le
recours aux médecines traditionnelles tient d'abord à leur
proximité, leur disponibilité et leur adéquation
ontologique avec les cultures autochtones.
Il ressort également du tableau 5-6 que la taille du
ménage et le niveau d'éducation du chef de ménage sont les
principaux déterminants de la fréquentation des hôpitaux.
Le coefficient de la variable taille du ménage étant
négatif, cela signifie que plus la taille du ménage est
élevée, moins les ménages emmènent leurs enfants
à l'hôpital lorsque ces derniers tombent malades. En effet, plus
la taille du ménage est élevée, moins serait le revenu par
membre de ce ménage, ce qui fait que certains postes d'investissement
dont la santé des enfants sont souvent délaissés. Ainsi,
les ménages à faible revenu emmèneraient moins leurs
enfants malades à l'hôpital. de Sardan (2004) a aboutit à
la même conclusion lorsqu'il a montré que c'est la
paupérisation de plus en plus poussée de la population rurale qui
fait que les centres de santé sont peu fréquentés.
Par contre, le coefficient positif de la variable niveau
d'éducation signifie que plus le niveau d'éducation du chef de
ménage est élevé, plus il emmène ses enfants
à l'hôpital en cas de maladies de ces derniers.
Toutes ces différentes variables sont restées sans
effet sur l'impact de l'adoption des variétés
améliorées de riz sur la fréquentation des
hôpitaux.
Tableau 5-6 : Déterminants des dépenses sanitaires
pour les enfants
Variables
|
Dépenses sanitaires
|
Fréquentation des hôpitaux
|
|
Effet
|
Effet marginal
|
Effet
|
Effet marginal sur
|
|
marginal
|
sur l'impact
|
marginal
|
l'impact
|
Adoption (Adopt)
|
1,06***
|
,06***
|
0,10
|
0,10
|
|
(0,72)
|
(0,72)
|
(0,12)
|
(0,12)
|
ln (revenu du riz (Reveriz))
|
0,58**
|
-0,88***
|
0,89
|
-0,40
|
|
(0,26)
|
(0,28)
|
(0,15)
|
(0,16)
|
Sexe du chef d'exploitation
|
-0,07
|
-0,56
|
0,45*
|
-0,08
|
(Sexe)
|
(0,52)
|
(0,63)
|
(0,26)
|
(0,32)
|
ln (taille de l'exploitation
|
-1,78**
|
0,84
|
-0,67***
|
0,02
|
(Taillem))
|
(0,50)
|
(0,57)
|
(0,22)
|
(0,27)
|
Education formelle (Educ)
|
0,35
|
-0,09
|
0,48*
|
-0,30
|
|
(0,54)
|
(0,47)
|
(0,30)
|
(0,34)
|
ln (distance du centre de santé
|
0,56*
|
-0,99**
|
0,10
|
0,77
|
par rapport au village
|
(0,20)
|
(0,32)
|
(0,16)
|
(0,19)
|
(Dsante))
|
|
|
|
|
Effectif
|
|
|
304
|
|
R2
|
|
0,23
|
|
0,37
|
F de Ficher
|
|
3,95***
|
|
5,43****
|
Source : Enquête Juin-Juillet, 2005
*, ** , *** et ****=significatif respectivement à 10% ;
à 5% ; à 1% et à 0,1% Robust z-statistics entre
parenthèse
5-3-4- Conclusion partielle
Tout comme au niveau de la scolarisation, l'adoption des
variétés améliorées de riz de façon
générale a contribué à l'amélioration non
seulement du niveau d'investissement dans les soins curatifs de santé
des enfants et du taux de fréquentation des centres de santé en
cas de maladies de ces enfants, mais a également permis aux
ménages de commencer par investir dans la prévention des maladies
de leurs enfants. Il faut noter que l'impact le plus élevé est
obtenu avec les nouvelles variétés NERICAs.
Pour ce qui concerne les facteurs influençant
l'investissement dans les soins curatifs de santé des enfants, il
s'est révélé que l'adoption des variétés
améliorées de riz, le revenu du riz, la taille
du ménage et la distance séparant le centre de santé du
village sont les principaux déterminants des
dépenses sanitaires pour les enfants au niveau des
riziculteurs étudiés. Parmi tous ces facteurs, seule la taille du
ménage est négativement corrélée avec les
dépenses sanitaires des exploitations.
La taille du ménage et le niveau d'éducation du
chef de ménage sont par contre les principaux facteurs
influençant la fréquentation des hôpitaux en cas de
maladies des enfants des exploitations rizicoles étudiées.
CONCLUSION ET SUGGESTIONS Conclusion
L'objectif général de cette étude
était d'analyser l'impact socio-économique des
variétés améliorées de riz en général
et celles des variétés NERICAs en particulier sur la
scolarisation et la santé des enfants au Centre-Bénin.
Pour atteindre cet objectif, la méthode d'analyse
basée sur le calcul de l'Effet Moyen de Traitement (ATE) a
été utilisée. L'application de cette méthode nous a
permis d'aboutir aux principaux résultats suivants :
pour ce qui concerne la scolarisation,
1) l'adoption des variétés
améliorées de riz (toutes gammes confondues) a induit une
amélioration de 3%, 3% et de 4.925 FCFA respectivement sur le taux de
scolarisation, le taux de maintien à l'école et les
dépenses scolaires par enfant toujours scolarisé.
2) l'analyse de la scolarisation des enfants suivant leur
statut (lien avec le chef d'exploitation) montre qu'aussi bien chez les
adoptants que les non-adoptants, la plupart des enfants inscrits sont des
enfants du chef du ménage (86% environ).
3) l'analyse de la scolarisation suivant le sexe des enfants
inscrits a montré que les variétés
améliorées de riz ont contribué à
l'amélioration de l'indice de disparité des sexes (nombre de
filles scolarisées pour 100 garçons) de 2%.
4) l'analyse de l'impact des nouvelles variétés
NERICAs a montré que leur adoption aurait
amélioré de 6% et de 9% les taux de
scolarisation et de maintien des enfants à l'école ( ATE). Elles
auraient permis également une amélioration des dépenses
scolaires de 8.425 FCFA environ par enfant toujours scolarisé et
l'indice de disparité des sexes de 7%.
L'analyse de cet impact au sein de la sous-population des
adoptants actuels a révélé que qu'il y a un ciblage et une
auto-sélection de la population dans le processus actuel de diffusion de
ces variétés NERICAs.
5) de l'estimation du modèle basé sur la
méthode de Variables Instrumentales, il ressort que l'adoption des
variétés améliorées de riz, le revenu rizicole et
le nombre d'enfants en âge scolarisable sont les principaux facteurs
déterminants de la scolarisation au niveau de ces riziculteurs
étudiés.
Quant à l'investissement dans la santé des
enfants,
6) les variétés améliorées de riz
(toutes gammes confondues) ont induit la réduction de la
fréquence des maladies de 1%. L'estimation de l'impact de ces
variétés améliorées de riz sur l'investissement
dans les soins de santé des enfants a révélé que
les adoptants dépensent environ 3000 FCFA de plus que les
non-adoptantes, et leur taux de fréquentation des Centres de
Santé en cas de maladies de leurs enfants s'est amélioré
de 7%.
7) les nouvelles variétés NERICAs auraient
permis aux riziculteurs d'investir davantage dans la prévention des
maladies. De plus, le taux de fréquentation des hôpitaux en cas de
maladies des enfants s'est amélioré de 5% et les dépenses
engagées pour les soins curatifs de santé par enfant tombé
malade de 7.050 FCFA.
8) pour ce qui concerne les facteurs influençant
l'investissement dans les soins curatifs de santé des enfants, il s'est
révélé que l'adoption des variétés
améliorées de riz, le revenu du riz, la taille du ménage
et la distance séparant le centre de santé du village sont les
principaux déterminants des dépenses sanitaires pour les enfants
au niveau des riziculteurs étudiés.
9) la fréquentation des hôpitaux en cas de maladies
des enfants quant à elle est influencée par la taille de
ménage et le niveau d'éducation du chef de ménage.
En définitive, les résultats obtenus au terme de
cette étude ont montré que les variétés
améliorées de riz ont eu, de façon générale,
un impact positif sur la scolarisation et la santé des enfants des
riziculteurs et rizicultrices.
Quelques suggestions
Malgré toutes les potentialités de ces
variétés améliorées de riz en général
et celles des NERICAs en particulier, 36% des riziculteurs continuent de ne
cultiver que la variété traditionnelle (Gambiaka). Quels
moyens d'intervention faut-il alors adopter si nous devons investir plus
dans
les technologies agricoles dont les semences
améliorées de riz ? Où seulement 34% des riziculteurs ont
déclaré connaître au moins une variété NERICA
malgré ses potentialités ? Où seulement 42% ont eu
à suivre une fois, une formation dans le domaine rizicole alors qu'ils
sont 64% à appartenir à un groupement de riziculteurs ?
Au vu de toutes ces interrogations, il importe de faire
quelques suggestions à l'endroit des structures chargées de la
promotion de la riziculture dans notre pays et dans la sous-région. A
cet effet, il urge :
1) d'accélérer la dissémination de ces
variétés de riz et en particulier les NERICAs à tous les
autres villages du département ;
2) d'intensifier la dissémination des
variétés NERICAs à toutes les zones de production rizicole
du Bénin. En effet, l'information est très capitale dans
l'adoption des technologies agricoles et plus particulièrement des
variétés améliorées de riz dont les NERICAs
où le risque perçu par le riziculteur peut être très
élevé. Ainsi, un manque d'information ou une sous-information
pourrait entraîner une sous-évaluation des gains attendus et
déclasser une technologie potentiellement rentable. C'est pour cela que
les organismes publics et/ou privés intervenant dans la vulgarisation de
ces variétés doivent être encouragés et soutenus
;
3) de renforcer les capacités de ces riziculteurs par
l'organisation régulière des formations en leur intention. En
effet, selon les résultats du modèle d'adoption des
variétés NERICAs (annexe 3, Tableau 2), les paysans ayant
été formés une fois au moins ont 34% de chance d'adopter
ces variétés. Ceci constitue alors des axes d'intervention pour
une meilleure dissémination des NERICAs au Bénin ;
4) de rendre disponible et accessible à tous les
intrants en l'occurrence les herbicides spécifiques du riz. En effet, la
facilité d'accès à ces intrants (engrais chimiques et
herbicides) est susceptible de réduire les coûts
d'opportunité perçus de l'adoption des NERICAs ; et
5) d'étendre cette recherche sur l'impact des
variétés améliorées de riz, surtout des NERICAs,
sur la scolarisation des enfants à d'autres régions du
Bénin où ces variétés ont été
introduites.
Enfin, que des travaux soient entrepris pour estimer l'impact de
ces variétés NERICAs sur le statut nutritionnel des enfants.
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