1.2.2 Revue de
littérature
La revue de littérature conduit à des
éléments d'information sur la ressource eau notamment: son
importance et les modes d'approvisionnement, les stratégies de gestion,
les expériences de gestion et d'instauration des frais d'abreuvement,
les estimations des besoins en eau des animaux domestiques.
Importance de l'eau et modes
d'approvisionnement
Sandford. S, (1989), affirme que le manque d'eau contribue
à déprimer la production animale et les déficits hydriques
prononcés peuvent être fatals au bétail domestique. En
effet, dans de nombreuses régions du Burkina, l'eau restera toujours une
denrée rare dont on ne pourra faire le meilleur usage que grâce
à des mécanismes appropriés d'organisation et de gestion.
Si les pénuries d'eau limitent le développement de la production
animale, elles peuvent servir de modèle pour l'élaboration
d'instruments efficaces de gestion.
Selon le même auteur, les modes d'approvisionnement du
bétail en eau peuvent également être classés selon
plusieurs critères:
v l'origine de l'eau (rivière, lac, barrage, puits),
v le mode d'exhaure (accès direct, utilisation du seau
et de la corde, de la pompe),
v la propriété (étatique,
collectivité ou privée),
v la période d'utilisation (périodique ou
permanente, saison des pluies ou saison sèche).
Stratégies de gestion
Sandfort (1989) retient que les éleveurs des
régions les moins arides utilisent relativement plus les cours d'eau, et
que ceux des régions les plus sèches s'appuient davantage sur les
puits et les forages. Comme stratégies, il préconise:
v d'augmenter la densité spatiale des points d'eau de
sorte à diminuer les dépenses d'énergie associées
à la marche et à utiliser des espèces, races et types
d'animaux choisis sur la base de leur productivité et non en fonction de
leur capacité de résistance à la soif ;
v de s'appuyer sur la densité des points d'eau, sur
leur localisation, sur leurs dates d'ouverture et de fermeture, pour
contrôler l'intensité, l'uniformité spatiale et le moment
du pâturage, en vue d'optimiser la productivité des parcours.
Gestion des ressources en eau et expériences
d'instauration des frais d'abreuvement
Une étude diagnostic sur l'hydraulique pastorale
commanditée par le Ministère des Ressources Animales (MRA),
réalisée par le bureau conseil IMPACT-Plus/CETRI (1999), a
révélé les éléments sur:
v la gestion traditionnelle des ressources en eau dont
particulièrement celle d'usage pastoral;
v l'organisation et la gestion de l'abreuvement des troupeaux
au sein des exploitations pastorales;
v le système de maintenance des équipements
d'exhaure.
Gestion des ressources en eau
Pour ce qui concerne la gestion traditionnelle, l'étude
réalisée par le bureau conseil IMPACT-plus CETRI a
révélé que la gestion des ressources naturelles des
terroirs incombait aux responsables coutumiers, notamment les chefs de terre.
Les conditions observées dans la gestion traditionnelle des points d'eau
étaient les suivantes:
accès des points d'eau sous réserve d'y conduire
des troupeaux en bonne santé (Sahel); accès aux points d'eau sous
engagement de respecter les valeurs traditionnelles (Centre nord); accès
des points d'eau sous condition de participer aux travaux de réfection
ou d'amélioration du point d'eau utilisé.
Les entretiens révèlent que les rentes
versées aux coutumiers pour l'entretien des points d'eau et des
pâturages étaient quasi inexistantes.
Il ressort qu'au niveau de la région du centre nord,
les éleveurs faisaient seulement des cadeaux aux chefs coutumiers
à l'occasion des fêtes traditionnelles.
S'agissant de la gestion actuelle des ressources en eau
à usage pastoral, l'étude révèle que: les eaux de
surface non aménagées (rivières, mares), les puits
traditionnels, les puits à grand diamètre ne sont soumis à
aucun système de gestion;
v les barrages et boulis connaissent une gestion par des
comités des points d'eau, coopératives et comité local de
l'eau;
v les Pmh et châteaux d'eau connaissent le principe de
paiement de l'eau.
Expériences d'instauration des frais
d'abreuvement
Toujours selon le bureau conseil IMPACT-plus CETRI, les
expériences en matière d'instauration des frais d'abreuvement et
de redevance dans quatre régions ont permis de distinguer
différents types de tarification:
v Tarification annuelle par tête de bovin variant entre
100 F CFA et 200 F CFA;
v Tarification mensuelle par taille de troupeau variant entre
250 F CFA et 500 F CFA ;
v Tarification annuelle forfaitaire par concession
facturée en moyenne à 200 F CFA;
v Tarification annuelle forfaitaire par propriétaire de
troupeau variant entre 200 et 3000 F CFA ;
v Tarification mensuelle forfaitaire par propriétaire
de troupeau facturée en moyenne à 500 F CFA ;
v Tarification journalière évaluée en
moyenne à 300 FCFA.
Concernant l'organisation et la gestion de l'abreuvement des
troupeaux dans les exploitations pastorales l'étude révèle
que:
v les gros éleveurs utilisent les services des bergers
et bouviers rémunérés pour assurer la conduite des animaux
dans les pâturages et les points d'eau;
v l'abreuvement des animaux constitue un autre point
d'intérêt dans l'organisation et la pratique de la
transhumance;
v dans les familles pratiquant la transhumance, les
tâches d'abreuvement des animaux incombent à tous les membres, les
hommes et les jeunes sont plus actifs dans cette activité;
v les chefs d'exploitation récompensent les membres des
familles commis aux tâches d'abreuvement par des dons d'animaux.
Dans le cas de troupeaux constitués pour la
transhumance, la gestion de l'abreuvement est confiée aux bouviers,
c'est un des points des contrats qui les lient aux propriétaires
d'animaux. Les bouviers et familles transhumantes font recours à la
main-d'oeuvre extérieure constituée par les habitants des
villages situés sur les parcours. Dans ce cas de figure, la
rémunération est négociée par tête de
bétail ou un montant forfaitaire par troupeau.
Les femmes occupent une place centrale en matière
d'élevage car elles sont fortement impliquées dans l'abreuvement
des animaux affaiblis, malades, des veaux et des vaches allaitantes. Elles
assurent également les rôles d'hygiénistes et de
trésorières au sein des comités de gestion des points
d'eau villageois.
De cette étude, il ressort que la gestion
traditionnelle des ressources en eau au niveau des populations rurales
était sous l'emprise de la chefferie coutumière. Aujourd'hui,
elle est assurée par des structures de gestion d'eau qui,
malheureusement sont confrontées à des problèmes de
gestion.
Selon le Plan d'Action pour la Gestion
Intégrée des Ressources en Eau (PAGIRE) dans sa première
phase (2003-2008), l'eau est une denrée aux multiples
usages : hydroélectricité, irrigation, abreuvement du
bétail, eau de boisson, maintien des écosystèmes, etc.
Tous ces usages peuvent sembler selon les lieux et les moments, plus ou moins
prioritaires. Du fait de l'insuffisance chronique de la ressource, il existe
potentiellement des conflits entre ces différents usagers. A
défaut de pouvoir les supprimer, il est indispensable de bien les
gérer dans l'intérêt général et dans une
perspective de durabilité.
Ce constat effectué
par le PAGIRE nous permet d'espérer que la démarche
amorcée par le PAR à savoir celle qui associe les populations
à la base à travers la mise en place des AUE pourrait constituer
une bonne pratique quant à la gestion et à la
pérennité des ouvrages hydrauliques.
Aussi cette
pérennité passe t-elle également par l'application des
principes suivants:
· les
préleveurs - payeurs;
· les pollueurs -
payeurs.
L'Institut de l'Elevage et de Médecine
Vétérinaire des pays Tropicaux (I.E.M.V.T) dans son ouvrage
intitulé: «techniques rurales en Afrique», certifie que
l'hygiène de l'abreuvement doit prendre en considération la
quantité et la qualité de l'eau à fournir aux animaux
domestiques.
Estimation des besoins en eau des animaux domestiques
Du point de vue quantitatif, il ressort qu'une estimation
précise des besoins en eau des animaux domestiques est très
difficile, car ces besoins varient dans des limites considérables
suivant les conditions d'environnement. Par exemple dans les zones tropicales,
les normes suivantes sont fixées pour le bétail:
v Bovins: 30 à 40 litres d'eau par jour. Cette
consommation peut atteindre 50 litres par jour et plus pour les adultes lorsque
la température présente des extrêmes atteignant 45 à
50°C ;
v Petits ruminants: 3 à 4 litres par jour (5 litres
pour les femelles qui allaitent) ;
v Chevaux: 30 à 50 litres par jour selon
l'activité ;
v Anes: 15 à 20 litres par jour selon
l'activité ;
v Chameaux: 100 litres d'eau en une seule prise.
Du point de vue qualitatif, il est important de respecter la
règle fondamentale de l'élevage selon laquelle le bétail
ne consomme que de l'eau pure, c'est à dire une eau inodore, incolore,
et sans saveur particulière. Quant au rôle de l'hydraulique
pastorale, il doit être envisagé sur plusieurs plans:
Au plan social, les éleveurs ont comme
seules ressources l'exploitation de leurs troupeaux dont ils doivent
impérativement tirer un revenu pour nourrir leurs familles.
L'hydraulique pastorale joue donc un rôle de premier
plan en permettant l'abreuvement des troupeaux dans des conditions
satisfaisantes et l'accroissement des effectifs ;
Au plan alimentaire, l'eau agit sur
l'organisme animal par sa qualité et par la quantité
ingérée. L'abreuvement entraîne par voie de
conséquence une répercussion importante sur les productions
animales en milieu tropical aride;
Au plan sanitaire, l'hydraulique pastorale
peut être bénéfique sur l'évolution de l'état
sanitaire du cheptel si certaines actions sont observées:
v Action directe : la création de nouveaux points
d'eau et la réhabilitation des anciens, permettant d'améliorer
les conditions d'abreuvement défectueuses, sources de nombreuses
infections bactériennes, virales ou parasitaires.
v Action indirecte : l'abreuvement régulier en
quantité suffisante entraîne l'amélioration de
l'état général qui permet à l'organisme animal de
mieux résister aux diverses affections.
Conclusion
D'une manière générale on retient de
cette revue de littérature que :
§ les sources d'abreuvement des animaux sont
variées, mais en dehors des pmh et des puits à grand
diamètre qui sont pourvoyeurs d'eau potable, les boulis, les mares et
les barrages ne le sont pas. Cependant, force est de reconnaître que les
animaux tout comme les hommes doivent consommer de l'eau potable
c'est-à-dire une eau incolore et inodore ;
§ on note que les frais d'entretien des ouvrages
hydrauliques existent dans certaines localités mais sont purement et
simplement détournés par les gestionnaires de ses
ouvrages ;
§ on note également que certains usagers des
ouvrages hydrauliques contribuent en nature (céréales), cette
pratique n'est pas de nature à favoriser l'entretien des pmh, bien au
contraire ces céréales sont aussi détournées par
les gestionnaires ;
§ on observe dans certaines régions que la gestion
des ouvrages hydrauliques est sous l'emprise de la chefferie traditionnelle,
cette situation de fait rend difficile la gestion de ces ouvrages ;
§ enfin, les structures de gestion des pmh en
général ne disposent pas de réserves pour intervenir sur
les pmh en cas de panne.
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