Introduction générale :
L'investissement direct
étranger (IDE) est un phénomène économique relatif
à la deuxième moitié de XXe siècle et qui a pris
d'ampleur depuis les années 80 grâce à la
déréglementation. Cette déréglementation des IDE
consiste à supprimer un certain nombre de restrictions aux flux entrants
d'IDE, tels les TRIMs (trade related investment measures) 1(*)..
S'affirme ainsi un renouveau des
fonctions de l'État : c'est le développement de l'État
mondialisateur, qui s'efforce non seulement de participer à
l'internationalisation des firmes nationales, mais qui tente aussi d'attirer
les investisseurs étrangers en mettant en valeur l'attractivité
du territoire (infrastructures de qualité, présence de districts
industriels, qualité de la main-d'oeuvre,
compétitivité-coût, etc.).
En parlant de l'IDE, deux défis restent
à relever pour les pays tiers, un défi d'attraction des firmes
multinationales sur leurs territoires qui nécessitent un environnement
global propice pour ces entreprises très exigeantes et un
deuxième défi correspondant aux moyens leurs permettant de tirer
profit de cette présence mitigée.
En effet, la ruée des différents pays
(surtout les pays en voie de développement) vers l'attraction et
l'accueil des IDE sur leurs territoires est souvent justifié par les
effets potentiels positifs que peuvent induire ces IDE sur les économies
locales.
Dans le contexte, nous allons essayer d'analyser non
seulement les effets éventuels mais aussi réels des
multinationales sur le développement local, en prenant la Tunisie comme
pays de référence et le secteur câblage automobile comme
secteur d'étude2(*).
Le choix de ce secteur n'était pas erratique, mais appuyé par la
forte présence des multinationales qui le caractérise, ainsi que
par son poids relatif, qui ne cesse de croître, dans l'économie
tunisienne.
Pour cela notre problématique s'énonce
comme suit : Quels sont les effets de l'implantation des firmes
multinationales (FMN) sur le tissu industriel local ? (cas de
câblage automobile dans la région de Sousse)
En fait c'est la question centrale à laquelle
cette recherche vise répondre dans le but d'examiner l'existence
des bienfaits espérés de l'implantation des firmes
transnationales sur le sol national..
Ainsi, nous cherchons dans le cadre de cette recherche
à découvrir la réelle contribution des flux d'IDE au
développement économique des pays en voie de développement
(PVD) c'est cette contribution qui justifierait en effet les politiques
d'attraction (bien sûr en se référant à l'exemple de
la Tunisie qui fait partie des PVD).
Sur le plan théorique rien ne peut garantir
rien ne peut garantir que la pénétration des multinationales va
aider les pays d'accueil à réaliser leur but de croissance et de
développement durable à travers les effets positifs
éventuels des FMN. Aussi il est incertain que ces firmes ne vont pas
drainer des effets négatifs qui peuvent contrecarrer toute influence
bénéfique sur les économies réceptrices. Seule une
démarche empirique de nature à départager ces deux types
d'effets.
Pour se faire nous allons commencer tout d'abord par
un chapitre expliquant les différents déterminants conduisant une
entreprise à la délocalisation ou à
l'internationalisation. Ce chapitre va englober les déterminants
à l'échelle macroéconomique avant de s'intéresser
à ceux d'ordre microéconomique. Le second chapitre sera
consacré à l'explicitation des effets potentiels de l`IDE sur le
pays d'accueil. Il s'agit ici d'une brève revue de la
littérature théorique en la matière. Ce second chapitre va
jouer un rôle de canal de transmission entre le premier et dernier
chapitre et va servir comme référence pour le chapitre trois qui
portera sur les effets des multinationales dans le secteur câblage
automobile sur le développement local de la région de Sousse.
C'est pourquoi il va contenir une première section qui met en valeur ce
secteur en présentant son poids et ses enjeux, et une deuxième
section au cours de laquelle on va étudier le cas de l'entreprise
multinationale pionnière (Leonische AG) afin de valider ou nier
l'existence des externalités positives indues par cette firme sur la
région accueillante.
Cette étude de cas qui va porter sur deux
volet, un premier cherche à vérifier la présence des
effets positifs directs et le second volet examinera l'existence
éventuelle des effets indirects sur l'ensemble de la région.
CH I :Les déterminants de la
multinationalisation :
Introduction :
La multinationalisation des firmes est l'aspect le
plus remarquable de l'investissement direct étranger (IDE), qui a
pris d'ampleur dans le contexte actuel de l'économie globalisée.
Or pour étudier ce phénomène il paraît
évident de commencer par le
définir ; « L'investissement direct
étranger représente l'investissement qui permet à un
investisseur de prendre un contrôle significatif dans la gestion d'une
entreprise opérante en dehors de son
économie »FMI.
Alors qu'une Firme
Multinationale (FMN), a été définie par le même
organisme somme suit ; « Il s'agit d'une firme
possédant ou contrôlant des entreprises implantées dans
plusieurs pays et en mesure d'élaborer une stratégie qui s'appuie
sur les différences socio-économiques de ces pays ».
D'après les définitions
susmentionnées, deux acteurs majeurs sont concernées par la
multinationalisation, c'est sont les firmes multinationales et les pays
d'accueil. À partir de l'analyse des caractéristiques de ces
intervenants, on peut dégager les déterminants les plus influents
sur l'internationalisation des firmes. Dans ce cadre plusieurs théories
ont été élaborées à partir des années
50 avec Bye (1957) sous le vocable « Grande unité
Interterritoriale » (GUI). Mais toutes ces théories
expliquaient le phénomène de multinationalisation à
travers deux principales catégories des facteurs, la première
qualifiée de macroéconomique et l'autre
microéconomique.
Tous ces déterminants seront étudiés en
détail au cours de présent chapitre.
SECTION 1 : Déterminants d'ordre
macroéconomique
P1 : Avantages comparatifs:
1)Avantage comparatif
d'offre :
Coût des facteurs
L'objectif majeur d'une firme locale ou
multinationale est de gagner de l'argent et de maximiser ses gains, et cela ne
peut avoir lieu qu'en maîtrisant ses coûts, en prenant des mesures
de cost cutting surtout si on ait dans une phase avancée
(maturité) de cycle de vie de produit. Or tant qu'on ait sur le
territoire local cela sera absurde.
La solution réside dans la
délocalisation vers des pays abondants en facteur de production dont les
produits de la firme sont intensifs. Le principe de l'avantage comparatif,
d?nomm? aussi le principe des co?ts compar?s, s'?nonce ainsi :
ö la condition n?cessaire et suffisante qu'il existe une
diff?rence entre les co?ts compar?s constat?s en autarcie dans plusieurs pays,
chacun d'eux trouvera avantage ö se sp?cialiser et ö exporter les
biens pour lesquels il dispose du plus fort avantage compar? ou du moindre
d?savantage compar?, en important en ?change les autres biens de ses
partenaires é.
Il existe deux modèles de base de l'avantage
comparatif, qui correspondent ö deux th?ories de la valeur : le
modèle classique et le modèle Ricardien. Nous nous limiterons
ö une brève pr?sentation du modèle Ricardien.
Dans th?orie des co?ts compar?s de Ricardo ;
l'?change international de
deux biens entre deux pays fournira un gain r?ciproque
après la sp?cialisation sous deux conditions :
-les structures de prix (co?ts compar?s) sont
diff?rentes en autarcie dans les deux pays ;
-le taux d'?change international est compris entre
les limites des co?ts compar?s internes.
Le gain Ricardien est factoriel. Il correspond à
l'obtention d'une certaine quantité d'importation en contrepartie de
l'exportation des produits les moins coûteux en travail. è la
suite de l'ouverture et de la sp?cialisation, une r?allocation des mêmes
ressources permet d'instaurer une structure de production optimale pour les
deux pays et d'augmenter la consommation de leurs habitants. Dans cette
configuration, la sp?cialisation est complète ; chacun des pays utilise
la totalit? du facteur travail dans la production du bien pour lequel il est le
plus avantag? ou le moins d?savantag? et importe l'autre bien.
Critique de la théorie Ricardienne
-La distribution des gains à l'échange
est inégalitaire, l'un devrait tout gagner et l'autre rien.
-Jamais aucun pays n'a produit qu'un seul bien.
-Le modèle permet d'expliquer le commerce
interbranche mais pas le commerce intra-branche.
- le modèle rend impossible le changement de
sp?cialisation dans un pays ce qui n'est pas v?rifi? dans la r?alit? (on
assiste ö une sp?cialisation dynamique).
Afin de d?passer ces limites une autre th?orie a vu
le jour au d?but de XXe siècle. C'est la th?orie fond?e par les trois
principaux ?conomiste de l'?cole su?doise de commerce international : E.
Heckscher, B. Ohlin et P. Samuelson (c'est pour ça la
théorie a été nommée HOS). En fait, cette
théorie constitue un approfondissement de l'oeuvre de Ricardo en
expliquant plus précisément l'origine et le choix de la
spécialisation d'un pays et en raisonnant explicitement sur plusieurs
facteurs de production (le travail, mais aussi le capital et la terre) dont les
différentes qualités sont prises en compte.
Cette théorie peut s'énoncer ainsi
« lorsqu'un pays est relativement abondant en travail et un
autre relativement abondant en capital, les flux d'échange entre eux
sont tels que le pays relativement abondant en travail exporte des biens
relativement intensifs en travail et que le pays relativement abondant en
capital exporte des biens intensifs en capital » conclusion
centrale de modèle HOS3(*)
Ce modèle représentait le cadre
théorique des déterminants macroéconomiques de la
multinationalisation des firmes et sur lequel Robert Mundell a fondé sa
théorie qualifiée de plus réaliste.
En fait, la conclusion précitée supposait
l'immobilité des capitaux entre les pays objet d'échange, une
chose qui n'est pas vraie dans la réalité. À partir de
cette limite, Mundell a insister sur la mobilité internationale des
capitaux, malgré que parfois il existait des restrictions sur la
mobilité des produits et des services. En effet, un pays où les
firmes bénéficient d'un avantage en termes de coût des
facteurs de production, il vaut mieux s'y installer pour prendre avantage de
différentiel de coût salarial ou d'une meilleure
rémunération de capital, afin de minimiser les coûts de
l'entreprise d'une part et de s'aligner avec les firmes en provenance de ce
pays à avantage comparatif d'autre part (renforcer la
compétitivité globale de l'entreprise). Donc d'après
Mundell les barrières commerciales sont la variable déterminante
de l'IDE (de prendre le pays d'accueil comme une base pour l'exportation des
biens ou des services de la firme).
2)Avantage comparatif de demande :
À la phase de maturité de produit,
l'entreprise locale vit en situation de concurrence acharnée sur son
territoire, donc pour augmenter sa profitabilité, il est crucial de
conquérir de nouveaux marchés à travers l'exportation.
Mais à cause des mesures protectionnistes adoptées par les pays
destination des exportations, de potentiel de marché visé, pour
être sur le même niveau de compétitivité que les
firmes nationales, voire pour suivre des donneurs d'ordre qui se
délocalisent, L'entreprise se trouve dans l'obligation de s'implanter
sur le territoire étranger. Le but étant de profiter outre que
des prix des facteurs de production, d'un marché en croissance capable
de compenser son déclin sur des marchés matures et pour faire
rapprocher la production des marchés de destination afin d'adapter au
plus le produit à la demande des consommateurs à travers le
marketing international.
Mais tout cela ne signifie pas que le marché le
plus attractif pour une firme multinationale est celui à forte
densité démographique. C'est vrai que cette dernière est
assez importante, mais elle n'est pas décisive. Sinon le marché
chinois aurait être le plus attractif au monde. Vu L'importance de
pouvoir d'achat, de PIB par tête, le comportement de consommation et
enfin la taille de population dans la détermination de potentiel du
marché, le marché américain est considéré
comme le plus porteur au monde.
Généralement les produits innovants qui
ont nécessité une forte dépense en R&D sont
lancés sur un marché à fort potentiel (l'un des pays
industrialisé), pour raccourcir la période de compensation
(période durant laquelle le retour sur investissement est
prévu).
P2 :Déterminants relatifs aux pays
d'accueil :
La décision stratégique de
délocalisation ou d'internationalisation est déjà prise,
mais vers quel pays ? C'est une question centrale qui cherche une
réponse bien construite. Pour bien fonder cette réponse il faut
se baser sur plusieurs critères de sélection, afin de choisir,
enfin, le pays qui aidera le plus, l'entreprise, à maximiser ses
avantages compétitifs. En fait les avantages comparatifs
mentionnés dans le premier paragraphe font partie de ces
critères, mais, au même temps, ils possèdent une
caractéristique majeure leur permettant de former une catégorie a
part entière ; ils sont naturels.
À partir de cette constatation, il est
indispensable de mettre en lumière une autre catégorie des
critère de sélection qui peut être déterminante pour
la délocalisation d'une firme. Ici nous sommes entrain de parler des
avantages construits des pays d'accueil. Ceux -ci font l'objet de
présent paragraphe.
1) Qualification de la
main-D'oeuvre :
À l'ère actuelle, il n'est plus valable
de se limiter aux avantages naturels de coût des facteurs pour attirer
les FMN, puisque la demande de celles-ci en travail ne se limite pas à
l'abondance d'une main-d'oeuvre bon marché, habile et docile, mais bien
à celle d'une main d'oeuvre qualifiée, organisée et
apprenante pour qu'elle soit plus productive, le différentiel de
coût salarial se mesure en effet à la base de salaire
réel.
Cependant il faut indiquer que la qualification de la
main-d'oeuvre comprend deux volets : Un premier volet relatif au niveau
d'éducation des employés ( maîtrisard, technicien,
ingénieur, expert,etc) et un deuxième volet correspondant .
à la formation professionnelle continue
2) Proximité et
Logistique :
La délocalisation se fait dans le cadre d'une
décision stratégique visant le renforcement des atouts de
l'entreprise, cette dernière va fouiller dans sa proximité afin
de sélectionner le pays adéquat qui, de préférence,
soit le plus proche de territoire national.
Choisir un pays proche géographiquement signifie des
coûts de transport et de communication2 (deux composantes
principales de l'infrastructure) réduits d'une part, et d'autre part un
meilleur contrôle sur le site de production ou sur le circuit de
distribution.
Les FMN sont généralement
attirées par les régions qui ont un atout en matière de
voies de communication. Les zones qui bénéficient d'une
infrastructure de transport moderne seront, bien sûr,
privilégiées, tout comme la présence d'équipements
et de réseaux de télécommunication. Il est ainsi
évident que si une zone n'est pas bien équipée, elle
exercera un effet repoussoir sur les entreprises qui auraient
désiré s'y implanter. La réduction des coûts
internationaux de transport et de communication a augmenté la
liberté du choix d'implantations des firmes
La plupart des pays en voie de développement
ont promulgué des codes et des lois d'investissement qui
définissent des régimes spécifiques et discriminatoires
propices aux exigences de l'étape en matière d'attraction de
l'investissement direct étranger. Ces codes ont ramené une
panoplie de mesure visant à simplifier les formalités
douanières à l'export aussi bien qu'à l'import, des
exonérations fiscales, des régimes assouplis de création
des filiales étrangères ainsi que le raccourcissement des
procédures administratives vers une plus grande efficacité
bureaucratique.
Alors que pour les pays industrialisés, ils ont
gardé leur attractivité en matière d'IDE, tout en suivant
un chemin différent. En fait la grandeur de leur marché (plus le
PIB par tête est élevé, plus le pays attire des IDE
destinés à produire des biens et services innovants et
différencié) , leurs acquis technologiques, leur savoir faire,
leur compétence managériale et le pouvoir d'achat de leur citoyen
afin d'attirer la part de lion de l'IDE mondial.
3) Stabilité politique et
économique :
a) Stabilité
politique :
Le capital est lâche de nature, donc si un pays
veut maximiser son attractivité pour les firmes multinationales, il est
d'ordre vital de préparer les conditions macroéconomique aussi
bien qu'un climat politique, tous marqués par un degré suffisant
de sûreté et de certitude capable de conférer à la
société étrangère la garantie requise.
La stabilité politique renvoie à la
stabilité de régime au risque de nationalisation des entreprises
étrangères, au niveau de corruption4(*), à la sécurité des bien et des
personnes (criminalité, terrorisme).
Dans ce même cadre, et dans le contexte de
regroupement régional, les firmes ont intérêt à
investir dans des territoires avec lesquels leurs pays d'origine ont conclu des
accords de coopération, de libre-échange, d'échange
préférentiels, pour bénéficier des
différentes motivations tangibles ( démantèlement
tarifaire, dégrèvement fiscale, etc) d'une part , et d'autre part
de garantir au plus la sécurité de leurs capitaux investis.
b) Stabilité
économique :
Nous nous intéresserons ici à la
stabilité macroéconomique qui se manifeste à travers trois
élément principaux ; taux de change, stabilité de la
monnaie et l'inflation qui ont une influence directe sur toute décision
d'investissement dans un pays donné.
i) Taux de change :
Le taux de change exprime le prix d'une monnaie par
rapport à une autre ou à plusieurs monnaies de
référence. Plus la monnaie nationale se déprécie
par rapport à/aux monnaie(s) de référence, plus les
investisseurs de ces pays ont intérêt à se
délocaliser vers le territoire national.
Ici se pose un problème relatif au taux de
change utilisé. Or pour s'approcher plus de la réalité, il
faut adopter le taux de change effectif réel qui tient plus d'attention
à la variable inflation.
ii) Inflation :
L'inflation est l'augmentation de la masse
monétaire en circulation qui conduit à une hausse de niveau
général de prix. L'effet néfaste de l'inflation
réside dans la diminution de la compétitivité du pays
destination de l'IDE. Par conséquent, réduit
l'attractivité de celui-ci.
. iii) Stabilité de la
monnaie :
La stabilité de la monnaie dépend en
grande partie du régime de change adopté par le pays en question
ainsi que des interventions de l'institution d'émission.
À base d'une analyse attentive de la situation
macroéconomique et aux objectifs politique d'ordre souverain, un pays va
déterminer la nature de régime de change qu'il va adopté(
fixe ou flexible).
Prenons le cas des PVD ( pays en voie de
développement), qui sont en concurrence pour attirer les IDE sur leurs
territoires, et pour êtres plus attractifs, faire ils doivent
adopté un régime de change fixe qui permet de réduire
l'incertitude relative à l'évolution de taux de change et
encourager le commerce international et l'IDE.
Mais au même temps, ces pays se trouvent
obligés de compléter leur intégration dans
l'économie mondiale, à travers la libéralisation
financière et le démantèlement des restrictions sur les
mouvements de capitaux. Ce qui aura comme conséquence l'adoption d'un
régime de change ou d'une position des régimes de change
flexible.
Cette tendance flexible a comme avantages le
rééquilibrage automatique de la balance de paiement, la
réduction de risque d'attaque spéculative sur la monnaie
nationale, l'indépendance de la politique monétaire,ainsi que le
maintien de la compétitivité des produits nationaux sur les
marchés étrangers.
Un arbitrage rigoureux entre les deux tendances
extrêmes est requis de la part de l'autorité monétaire pour
garder la stabilité monétaire et assurer le bon suivi des
objectifs en matière d'attraction des firmes multinationales.
Pour conclure, il nous semble inévitable de
mentionner La théorie éclectique5(*) de Dunning (1988) qui met l'accent sur l'utilisation
des atouts et des ressources propres à un territoire (en matière
technologique, de Marketing, de savoir faire organisationnel ou
compétence managériale, avantage de coût de transport et de
communication, etc.) lorsqu'ils sont complémentaires aux ressources et
avantages spécifiques d'une organisation.
Dunning a recensé tous les avantages spécifiques
d'un pays, qui peuvent déterminer le choix de délocalisation des
firmes, ou presque.
Le tableau ci-dessous comporte une illustration de ces
facteurs d'internationalisation ou des avantages spécifiques. L'ensemble
de ces facteurs d'attraction forme ce que Dunning l'appelait le paradigme ESP
qui est de son tour inclu dans le paradigme principal sous la division
L.
Tableau 1
Le paradigme ESP
Environnement (E)
La quantité et la qualité des facteurs
disponibles
· Ressources humaines
· Ressources naturelles
· Stades de développement économique
· « Background » culturel et
historique
· la grandeur du marché
· les transports
· l'infrastructure de communication
· les réseaux de distributions
|
Système (S)
Les composantes de système social
· la liberté des entreprises
· système social
· Alliances avec les autres pays
· l'attitude envers les étrangers
· le langage
· la culture
|
Politique (P)
Politiques gouvernementales
· Macro-économique (fiscalité, monnaie, taux
de change)
· Micro-économique ( les secteur industriels, les
échanges, compétition)
· Général ( éducation, protection du
consommateur
|
Toutefois il est a noter qu' aucun facteur n'est
toujours prépondérant dans la détermination de la
décision d'internationalisation d'une firme. Le classement de ces
facteurs par ordre d'importance ou d'influence reste dynamique et dépend
principalement de la conjoncture mondiale dynamique de nature, aussi bien que
de la position concurrentielle de l'entreprise, voire même la situation
purement interne de celle ci.
Section II : déterminants d'ordre
microéconomique
On distingue entre les
déterminants liées aux imperfections de marché et les
déterminants liés au cycle de vie de produit.
P1.Imperfections de
marché :
Selon l'optique micro-économique l'entreprise
cherche, sans cesse à tirer ses indicateurs financiers à la
hausse (CA, bénéfice,part de marché, rentabilité,
etc.). Pour mettre ça au jour, elle est appelée à changer
de terrain. Mais cela ne s'avère pas toujours évident car
l'entreprise doit, tout au long de son chemin d'internationalisation, faire
face à plusieurs obstacles et contraintes relatives aux marchés
de destination. C'est ce que la littérature économique
l' appelle "Les imperfections".
Plusieurs théoriciens ont
développé le concept du marché imparfait. Ainsi Stephen
Hymer et Charles Kindleberger, dans les années 50-60, ont tenté
d'expliquer L'internationalisation des firmes en fonction de la
difficulté qu'éprouvent celles-ci à entrer sur un
marché, les poussant à développer des avantages
spécifiques leur permettant de contourner ces imperfections. Par la
suite dans les années 70-80, la théorie de l'internalisation
prend forme avec certains théoriciens comme Ronald Coase et Olivier
Williamson. Les imperfections selon eux sont des coûts (coûts de
transaction) que pour éviter ou pour minimiser, l'entreprise doit
s'internaliser ; crée son propre marché interne entre la
maison mère, ses filiales et ses partenaires.
Avant de passer à la détermination des
effets ou des retombées de ces imperfections, il est exigé de les
recenser. Un premier recensement a été élaboré par
Hymer et Kindleberger (1969) et a abouti à quatre formes
d'imperfections :
-Imperfections sur le marché des
produits : techniques particulières de mercatique, image de marque,
différentiation de produits, etc.
-Imperfections sur le marché de
facteurs : accès privilégié aux marchés de
capitaux, détention exclusive d'une technologie, méthode de
gestion du personnel spécifique, etc.
-La possibilité d'exploiter des
économies d'échelle internes et externes
-Les politiques interventionnistes des
gouvernements.
Un deuxième recensement avait Dunning comme
fondateur. Selon Dunning les imperfections de marché se classent en deux
catégorie selon qu'elles sont naturelles ou structurelles. Une
imperfection dite naturelle si elle se rapporte aux conditions d'offre ou de
demande sur le marché et une imperfection est qualifiée de
structurelle si elle est résultante des actions des participants
intérieurs ou extérieurs au marché, qu'influencent les
conditions de l'offre et de la demande (voir tableau2).
Tableau 2
Le marché imparfait
Imperfections Naturelles
|
Imperfections structurelles
|
1- Les coûts de transaction
-Bases : toute actions effectuées
sur un marché occasionnant un coût ( en recherche ,en
communication, en négociation, en transport.)
2- la connaissance du marché
-Base :
A) Incertitude sur l'obtention des informations sur le
marché
B) La protection du savoir (les brevets et les droits de
propriétés intellectuelles)
|
1- les positions monopolistiques ou oligopolistiques
-Base : le pouvoir sur un marché en
détenant une position favorable.(jouer sur le prix, la R&D)
2- les gouvernements
-Base :les règles étatiques (les
impôts, les taxes, les tarifs imposés ou les barrières
économiques)
|
Source : ÉRIC JASMIN : « Nouvelle
économie et firmes multinationales, les enjeux théoriques et
analytiques. Le paradigme éclectique. »
Nul ne peut ignorer l'importance décisive des
différentes imperfections indiquées, mais nous ne retiendrons que
celles que nous voyons d'ordre micro-économique et qui sont en
étroite relation avec l'entreprise.
1) L'avantage spécifique ou
compétitif :résultant des imperfections et
déterminant de la multinationalisation des firmes :
Hymer a proposé un postulat de départ qui
présente les firmes étrangères comme
désavantageuses par rapport aux firmes nationales. Cela peut se
manifester à plusieurs niveaux à savoir les barrières
linguistiques et culturelles, pratiques juridiques et goûts des
consommateurs différents, possibilités de discrimination à
l'égard des firmes étrangères et coût
d'opération de la filiale à distance.
Pour rentabiliser l'investissement direct sur le
marché étranger, on doit posséder un avantage
spécifique capable de combler, l'écart perçue par rapport
aux firmes locales.
Dans cette partie nous allons évoquer tout
d'abord, l'origine de cet avantage avant de passer par la suite aux
différent type d'avantages spécifiques.
a) Origine :
L'idée de départ
était : « La localisation (origine nationale) d'une
organisation joue un rôle important dans sa capacité
à dégager un avantage global » Porter (1990).
Porter (1990) et Mucchielli (1985,1987) ont affirmé que
l'avantage spécifique d'une firme a comme origine, la localisation
initiale (le pays d'origine) à travers les avantages initiaux dont ce
pays est doté, concernant son niveau technologique global, les
qualifications de sa main d'oeuvre, la structure concurrentielle de son
économie et l'importance de sa demande intérieure. Vu les
avantages initiaux que doit posséder un pays d'origine, il devient donc
clair pourquoi la majorité écrasante des multinationales a comme
origine les pays développés ou industrialisés.
Revenons sur l'avantage compétitif pour
ajouter qu'à un certain stade, la firme détentrice de cet
avantage se trouve dans une situation où son exploitation de cet
avantage devient infernale et peu profitable dans le cadre de pays d'origine
(demande non suffisante, des coûts non-concurrentiels; surtout au niveau
des coûts de facteurs, etc.), d'où vient la décision de
changer de terrain (pour conserver et mieux exploiter son/ses avantages
spécifique(s)). Donc si un pays s'arrête d'offrir des avantages
qui accentuent et renforcent les avantages spécifiques d'une firme (il y
a autant des avantages spécifiques que des avantages territoriaux ;
chaque avantage spécifique détenu par une firme correspond
à une gamme d'avantage offerte par le pays d'origine.), Celle ci
décide de se délocaliser.
Quels sont donc ses avantages qualifiés de
spécifique ?
b) Avantages
spécifiques :
Dans ce paragraphe nous nous limiterons à
l'exposition de deux théorie considérées comme les plus
importante dans ce cadre là, même si de nouvelle approches
viennent régulièrement nuancer ou compléter des aspects
spécifiques au panorama théorique que nous allons maintenant
brosser.
i) La Théorie de
Hymer :
Stephen Hymer est considéré comme le
précurseur en s'attaquant à ce sujet avec sa théorie de
l'avantage spécifique.qui a été développé en
1968 avant d'être reprise ensuite par de nombreux auteurs.
Cette théorie soutient que si une entreprise
décide de s'implanter à l'étranger, c'est pour y exploiter
un avantage qui lui est propre. En fait elle permet de mettre en
évidence les conditions requises pour assurer la multinationalisation
réussite d'une firme, en se basant sur l'hypothèse admise qui
prône qu'une entreprise possèdent un avantage spécifique
transférable peut surmonter aisément les coûts
d'implantation et réussir sa localisation étrangère.
Cet avantage peut être, d'après Hymer, d'ordre
technologique, managérial, commercial, financier, ou tout simplement
lié à la taille de l'entreprise.
· L'avantage spécifique lié à la
technologie ou au savoir faire :
Les connaissances technologiques, fruits des efforts
fournis dans le domaine de recherche et développement (R&D),
les innovations organisationnelles, ainsi que le savoir faire lié
à la maîtrise de la technologie font partie de cet avantage.
Hymer a basé sa théorie sur une étude
faite auprès des multinationales américaines dans une
époque où celle-ci régnaient encore sans partage sur le
globe. Il a remarqué qu'aucune de ces multinationales n'aurait
conquérir des marchés étrangers si elle n'avait pas un
avantage concurrentiel décisif d'ordre technologique dans son domaine(
leadership technologique).
La délocalisation ou l'implantation sur le
marché étranger trouve sa raison d'être, entre autres, dans
la volonté de ces multinationales de préserver leurs avantages
technologiques, en évitant toute sorte de coopérations ou
d'alliance avec des entreprise locales (joint venture, piggy back, franchise,
etc.), la maîtrise de la technologie confère à l'entreprise
une suprématie qui l'emporte de loin sur tous les coûts et les
frais supportés lors de l'opération de l'implantation. Il est a
noter enfin que la notion de savoir-faire est assimilable à un avantage
technologique.
· L'avantage lié à la marque ou à
la réputation :
La liste des multinationales à travers le monde
est, avant tout, une liste de marques, prestigieuse le plus souvent. Il est
incontestable que la marque a longtemps représenté - et
représente encore dans une large mesure- un atout considérable
pour une entreprise qui souhaite s'implanter sur un territoire étranger.
Il s'agit en fait de l'actif incorporel le plus précieux pour la firme
(intangible asset).
Avec le progrès très rapide des moyens
de communication et de média, il est tout à fait, évident
de nos jours de voir des entreprises dont la réputation et l'image de
marque précèdent de loin leur présence effective sur un
marché donné. Donc l'entreprise n'a pas besoin de mobiliser des
fonds colossaux pour le marketing afin de se faire connaître.
· L'avantage lié à la
taille :
Cet avantage est mesuré de plusieurs
manières ; chiffre d'affaires, part de marché, contribution
à l'emploi, résultat net, actifs possédés, etc.
Il constitue l'avantage spécifique le plus
énorme, pour plusieurs raisons.
-D'abord les entreprises de grande taille ont les
moyens de faire de la R&D et donc de créer ou de perpétuer un
avantage technologique.
-De même, les entreprises de grande taille
ont les moyens de faire de la publicité à grande échelle
et ainsi de créer et d'entretenir une image et une marque.
-La multinationale qui arrive sur un
marché va pouvoir négocier en position de force avec les
fournisseurs locaux et obtenir des prix intéressants en raison des
quantités qu'elle promet d'acheter.
-La firme de grande taille, par la production de
masse qui est la sienne sur son marché d'origine, peut réaliser
des économies d'échelle dans la production de certains composants
qui vont bénéficier aux filiales implantées dans des pays
étrangers.
Il convient d'ajouter que la solidité financière
d'une firme, peut la doté d'un avantage spécifique
(technologique) tout en procédant à l'acquisition d'une autre
firme détentrice de cet avantage.
Toutefois il ne faut pas négliger que la
grandeur d'une entreprise peut se transformer en un handicap pour elle, dans la
mesure où elle l'empêche de conquérir des petits
marchés. Or tout marché porteur est au début, par
définition, petit. C'est ce qui explique qu'une start-up qui n'a pas
besoin d'un gros marché pour débuter est souvent plus habile
à commercialiser des produits innovants. En effet, à mesure
qu'une entreprise croit en taille, il lui devient difficile de
s'intéresser à des marchés dont l'importance initiale est
faible. Seules les PME peuvent prendre avantage de ses marchés et d'y
réaliser plus de bénéfice ainsi qu'un maximum de
croissance
À la fin de cette présentation de la
théorie de Hymer, il est nécessaire de mentionner que cette
théorie reste cependant incomplète et nécessite
d'être mieux développée et mise au point. C'est ce que
certains économistes ont essayé de faire.
ii) La Théorie de
Dunning :
Dunning a répondu à la question portant
sur la raison poussant les entreprises d'aller à l'étranger de la
manière suivante : « parce qu'elles détiennent un
avantage spécifique qui leur assurent que les avantages d'une
multinationalisation surpassent, à long terme, les coûts
exigés »6(*).
Cette réponse a mis en relation de forte
corrélation les coûts engendrés par la conquête d'un
nouveau marché, et les bénéfices tirés par cette
aventure tout en se basant sur les avantages propres à la firme.
Donc les avantages qu'amène une
multinationalisation doivent êtres supérieurs aux coûts
générés appelés « handicap de
l'étranger ».
« la firme peut aussi bien vouloir exporter son O
initial et bénéficier des avantages qu'amène une nouvelle
location qu'elle peut vouloir aussi acquérir des nouveaux O. Elle veut
aussi modifier les structures de concurrence entre les firmes à son
avantage. Ainsi, en exportant et en acquérant des avantages
spécifiques, une firme devient de plus en plus compétitive dans
plusieurs domaines face à ses concurrents ».
Dunning : « The eclectic paradigm in an age of alliance
capitalism ».
Dunning a classé les avantages
spécifiques d'une firme en trois principales catégories. Une
première englobe des avantages reliés aux savoirs
spécialisés, aux innovations et au niveau de développement
technologique. Une deuxième englobant des avantages reliés aux
économies de taille, économie d'échelle ou à la
recherche de nouveau capital permettant d'abaisser le coût unitaire de la
production. Une troisième rassemblant des avantages reliés
à une structure voulue de marché ; recherche d'une position
monopolistique ou oligopolistique sur un marché
déterminé.
Tableau 3 Les avantages spécifiques (O)
1)Les savoirs
spécialisés
· Les innovations
· Niveau de développement technologique
· Savoir faire des gens
|
2)Économie
de taille
· Économie d'échelle
· Économie de gamme
· La recherche de nouveau capital permettant d'abaisser le
coût unitaire de la production
|
3) les avantages peuvent être de type
« monopolistique
· Première firme à percer le marché
· Détention d'une marque reconnu
|
2) Le coût de
transaction :résultant des imperfections et déterminant de
l'internalisation :
Une firme possédant un avantage
spécifique est une multinationale potentielle. C'est ce qu'a dit Hymer,
mais ce dernier a négligé que cet avantage, surtout s'il a
été de nature technologique , est le résultat d'un
processus long et coûteux d'investissement en R&D. d'ou vient la
nécessité de le protéger.Buckly et Casson
(1976)
Ainsi contrairement à l'approche de
Hymer-Kindleberger, ce n'est pas la détention d'un actif
spécifique qui donne un avantage à une firme, mais c'est sa
capacité à l'internaliser plutôt que de le céder
à une autre firme. D'où la théorie d'internalisation a vu
le jour.
a)Origine :
l'article fondateur de Coase (1937)sur la nature de la
firme est à l'origine du concept de l'Internalisation. Coase s'est
basé sur une constatation importante concernant les coûts
liés à la coordination des activités dans le cadre de
processus de production d'une entreprise, c'est leur valeur jugée
importante.
Ces coûts, appelés coûts de
transaction, sont liés à la recherche et au recueil de
l'information dans un marché bourré des imperfections et dans un
environnement global imparfait.
Ces coûts sont inévitables, surtout
lorsqu'il s'agit d'un marché étranger, et sont relatifs à
la négociation de contrat, de conclusion et de surveillance de leur
application. Si les coûts de transactions sont supérieurs au
coût de création d'un marché interne, la firme
internalisera les transactions au sein de son organisation.
b) Développement de la
théorie :
L'intuition de Coase a été prise comme
base pour des réflexions ultérieures sur ce sujet.
Ça commençait avec Buckley et Casson vers les
années 1970. Ces deux ont reprochés aux travaux
précédents leur vision restreinte concernant les coûts des
transaction en les limitant à l'aspect production.
En effet, ils ont étendu leur analyse afin de
prendre en compte la R&D, la mercatique, l'organisation, la formation du
personnel et la gestion des actifs financiers. Tous ces facteurs
précités sont indépendants et sont liés par des
flux de biens intermédiaires, lesquels ne sont pas uniquement des biens
semi-ordinaires. Ce sont le plus souvent différentes formes de
connaissances et de compétence techniques incorporées dans un
brevet ou du capital humain.
Ainsi Buckley et Casson posent trois postulat
simples : « l'objectif de la firme est de maximiser
son profit dans un univers de concurrence imparfaite ; la firme
créée son propre marché interne afin de contourner les
imperfections sur le marché de biens intermédiaires aussi bien
que sur le marché de produit final (limitation de la circulation
des produits à cause des barrières douanières et
quotas) ; l'internalisation à travers les frontières
nationales génère les multinationales ».
Dunning (1981) a mis au point le concept de
l'internalisation, à travers une vision plus globale et plus
complète. Avec Dunning l'internalisation n'est plus en étroite
relation avec les coûts de transaction seulement. Elle devient
multidimensionnelle, avec les nouveaux intervenants ou déterminants qui
ont marqué leurs présences cette fois.C'est vrai que pour Dunning
l'internalisation n'a pas, les coûts de transaction, comme une seule
raison d'être. Mais elle a gardé, les imperfections de
marché, comme origine. Dunning a commencé son étude par la
question suivante :
Quelle organisation devrait-on adopter pour maximiser les
avantages spécifiques de la firme et bénéficier des
avantages spécifiques de la localisation ?
« L' organisation évoquée
dans cette question est la façon la plus rationnelle et la plus efficace
avec laquelle une entreprise, va maximiser son avantage spécifique en
conquérant des marchés étrangers. Dunning a
explicité les différentes possibilités d'organisation
possible en allant de la simple exportation jusqu'à l'internalisation en
passant par le joint-venture et la cession de licence (pour les actifs
intangibles). la décision finale revient à l'entreprise qui
connaît le mieux la nature de son/ses avantage (s)
spécifique(s), ainsi que la meilleur organisation, permettant le
renforcement et protection de ces avantages ».
Ainsi lorsqu'une firme réunit
simultanément l'avantage spécifique et l'avantage à
l'internalisation, si l'avantage à la localisation est situé hors
de son pays d'origine, elle investira à l'étranger. Si elle ne
dispose que de l'avantage spécifique, elle pénétra le
marché extérieur par une exportation.
Dans le but d'aider les entreprises à mieux
prendre leur décision concernant l'internalisation, Dunning a
élaboré une liste exhaustive des avantages et des
inconvénients de cette organisation.
Tableau 4 : les avantages et les inconvénients de
l'internalisation
Les avantages
|
Les inconvénients
|
· Un meilleur contrôle sur la chaîne de
production
· Une baisse des coûts de transaction
· La possibilité d'exploiter une certaine puissance
monopolistique
· Un accès à un nouveau marché
· La protection des transferts de technologie
· Une meilleure coordination entre la production et les
réseaux de distribution
· Une prise de contrôle sur les habiletés
locales et/ou le coût réduit de ressources dans le processus de
production
|
1. Tout d'abord, plus la taille de l'entreprise est imposante,
plus l'entreprise demande une grande administration
2. Complexification des réseaux d'intégration
verticale et horizontale5 de la firme
3. Nécessité de grand capital fusionner,
acquérir et créer
4. Mise à niveau de connaissance
|
Pour conclure ce paragraphe, il est à noter
qu'indépendamment de la motivation qui pousse une entreprise à
l'internationalisation, la multinationalisation reste le moyen idéal
pour conserver l'avantage spécifique acquis dans le pays d'origine, et
les filiales sont intégrées à la
société-mère pour former un marché interne à
l'échelle mondiale.
P2. Cycle de vie de produit et structure de
marché
1)Cycle de vie de produit :
a)Origine et
développement :
Le modèle du cycle de vie du produit
développé par Vernon (1966) est une première explication
dynamique de la relation entre commerce et investissement à
l'étranger (dynamique puisqu'elle tient compte des différents
stades vécus par le produit, sur la base desquels elle essaye
d'expliquer l'investissement direct étranger).
D'après Vernon, la vie d'un produit, à
partir de son introduction sur le marché, passe par trois phases :
l'innovation, la maturité et, finalement, la standardisation.
À chacun de ces stades, la firme sera amenée
à choisir entre exporter ou délocaliser sa production, en
fonction des caractéristiques du produit et de marché.
La mise au point d'un produit innovant nécessite
des dépenses élevées en R&D, et l'entreprise veut
rentabiliser son investissement le plus vite que possible. Donc elle va lancer
son produit avec un prix relativement élevé puisqu'elle
bénéficie de la situation d'un monopole temporaire
(élasticité prix est faible). Cela ne peut avoir lieu qu'en
s'adressant à un marché qui offre certaines
caractéristiques (pays abondant en capital, revenu par habitant
élevé). Ce que justifie le lancement de produits innovants sur
les marchés des pays développés.
Le produit ne sera exporté qu'à la fin
de la phase d'innovation, une fois les spécificités de produit
sont bien définies sur le marché local ( de lancement), et pour
répondre à la demande naissante des pays suiveurs.
Au cours de la phase de maturité, le produit se
banalise et les coûts de production deviennent davantage un enjeu,
d'autant plus qu'émergent des concurrents nationaux. La firme
innovatrice est incitée à délocaliser dans les pays
suiveurs pour préserver son avantage initial et pour
bénéficier de différentiel des coûts des facteurs
de production. Elle peut mieux contrôler le marché d'accueil, dont
les firmes risquent d'imiter le produit importé et de se l'approprier,
et ajuster sa production à la demande locale et la recherche des
coûts de production les plus bas va entraîner des
délocalisations dans le pays en voie de développement.
Éventuellement, on observera des réexportations vers le pays
initialement innovateur.
Revenons tout d'abord sur les différentes
phases constituantes la vie d'un produit.
Après Vernon plusieurs auteurs ont travaillé sur
ce thème tel que Porter et Martinet. En fait ils ont essayé
d'étendre l'étude, fait au début sur le produit, à
l'activité ou au domaine entier.
Le concept de cycle de vie ou de maturité d'une
activité est calqué sur l'idée de cycle de vie d'un
produit. Habituellement, on distingue quatre phases constituantes le cycle de
vie d'une activité : démarrage, expansion, maturité et
déclin.
Le tableau suivant permet d'identifier les phase du
cycle de vie d'un domaine d'activité en se basant sur des
critères d'évaluation correspondant à chaque phase.
Réciproquement, ces critères explicitent les conditions
prévalant dans chaque phase.
Tableau 5
![](Multinationales-et-Developpement-local-cas-de-cablage-automobile-dans-la-region-de-Sousse1.png)
source : Cours Politique et
Stratégie d'Entreprise (ISGS 2008)7(*)
En outre le cycle de vie du produit a servi pour
certains économistes comme base d'étude pour l'intensité
concurrentielle. Ils ont abouti à expliquer le dynamisme concurrentiel
à travers le cycle de vie du produit comme le montrerait le graphique
suivant.
Graphique1
![](Multinationales-et-Developpement-local-cas-de-cablage-automobile-dans-la-region-de-Sousse2.png)
source : Cours Politique et
Stratégie d'Entreprise (ISGS 2008)
Dans le graphique ci-dessus on peut remarquer que
plus le produit s'approche de la phase de maturité plus la concurrence
s'acharne. Cette analyse était faite dans le cadre d'un seul
marché et elle négligeait la dimension globale. Tous les
marchés n'ont pas les mêmes degrés de croissance. Ça
va de même pour un même produit introduit sur plusieurs
marchés. Un produit peut être en phase de
maturité sur un débouché et en phase de lancement ou de
croissance sur un autre.
Cette théorie acquiert plus d'importance dans
une économie comme celle de nos jours. L'ouverture des frontières
et le développement des moyens de transport et de communication ont
permis aux entreprises d'atteindre des marchés multiples à la
fois.
Cet avantage a permis le rallongement de la duré de vie
du produit en bénéficiant de décalage temporel de
croissance entre différents marchés. Un produit mort sur un
marché donné peut prendre une nouvelle vie sur un autre.
b)Limites :
Malgré son aspect novateur, la théorie
de cycle de vie du produit a suscité des critiques importantes, le
déterminisme de l'analyse, chaque produit devant passer par des stades
bien établis, ne tient pas compte des interactions complexes des firmes.
Certaines ont des stratégies de commercialisation simultanées
à l'échelle mondiale, ou peuvent introduire des
différenciations sans décalage temporel significatif.
Par ailleurs, la hiérarchie entre les
économies n'est pas absolue, et on assiste de nos jours à la
multinationalisation des firmes en provenance des pays nouvellement
industrialisées. Malgré ces limites, la théorie de cycle
de vie du produit reste valable et peut toujours expliquer le comportement de
certaines entreprises.
Au cours de paragraphe précèdent, nous
avons constaté une relation plus au moins nette entre le cycle de vie de
produit et l'intensité concurrentielle ( voir graphique 1). Une
entreprise novatrice qui a vécu une situation de monopole durant la
phase d'émergence du produit et qui a connu les avantages de cette
situation, va essayer de garder sa position concurrentielle même si elle
se trouve obligée de changer de marché et de s'implanter ailleurs
durant la phase de maturité de ce produit. Cela nous renvoie à un
autre déterminant de la multinationalisation des firmes, c'est la
structure de marché des pays d'origine et l'espoir d'une position
concurrentielle plus favorable dans le marché de destination.
2) Structure de
marché :
Au début, il paraît nécessaire de
faire la distinction entre structure des marchés d'origine incitante
à la délocalisation et structure des marchés d'accueil
attirante à l'implantation.
a) Structure des marché
d'origine :
C'est en fait, les structures de marché de type
monopolistique ou oligopolistique qui, par le simple jeu des interactions
d'entreprise, obligeraient en quelque sorte les entreprises de ce secteur
à se multinationaliser de façon quasi mécanique. On
observerait ainsi des comportements moutonniers et purement réactifs,
mais néanmoins compatible avec les notions traditionnelles de
maximisation de profit.
Même si on ait dans une situation totalement
différente,telle que la situation de maturité de marché
où la concurrence est très intense entre l'entreprise novatrice
et un nombre important de concurrents, il y a toujours une raison pour
délocaliser. C'est d'échapper à la concurrence locale et
de se prémunir d'une position concurrentielle plus confortable.
Une firme se trouvant dans une situation de monopole
(temporaire ou permanent) ou d'oligopole cherche toujours à renforcer
cette position. Cela peut avoir lieu en protégeant son avantage
spécifique (par l'internalisation par exemple) ou en haussant le plafond
des barrières à l'entrée (accentuation de l'exploitation
des économies d'échelle, recherche et développement,
lobbying sur les gouvernements locaux pour prendre des mesures en sa faveur,
minimiser les coûts de facteurs de production, etc.)
Dans les deux cas, la délocalisation ou
l'internationalisation se présente comme la solution idéale pour
remédier à tous ces ennuis et atteindre ses objectifs
stratégiques ( il s'agit d'une délocalisation libre
motivée par la poursuite des objectifs rationnels).
Une structure de marché caractérisée par
une forte concentration industrielle peut être la cause de
déclenchement des effets d'agglomération. Dans le cadre de ces
effets les entreprises qui se délocalisent (sauf l'entreprise qui a
été installée initialement en un lieu appelé
« first mover »), dites
« suiveuses » sont en fait, poussées par la
contrainte d'agglomération (afin de bénéficier des
économies d'agglomération, et pour ne pas laisser l'entreprise
pionnière prendre avantage sur elles).
b) Structure des marchés
d'accueil :
Un marché de destination peut se
présenter comme déterminant de la multinationalisation des firmes
dans la mesure où il présente une structure favorable à
l'implantation étrangère.
Pour le cas d'un oligopole ou monopole qui a
l'intention de se délocaliser, un marché d'accueil est
qualifié attractif, vu les aspirations de cet agent, s'il est vierge (
absence d'opérateurs dans le secteur visé) et au même temps
doté d'un avantage comparatif à l'offre ou à la
demande.
Pour le cas d'une entreprise qui veut fuir la
concurrence, pour des raisons de minimisations des coûts ou
d'exploitation des nouveaux marchés, la structure de
débouché d'accueil doit être caractérisée par
une concurrence faible ou absente ainsi que le produit proposé par la
firme multinationale doit être nouveau pour ce marché ou introduit
à un certain degré de différenciation.
Conclusion :
L'analyse des déterminants de la
délocalisation s'est souvent polarisée autour des concepts
d'avantage comparatif pour les uns et d'avantage compétitif ou
spécifique pour les autres. Tout au long des deux sections de ce
chapitre nous avons essayé d`étendre l'analyse pour englober
d'autres éléments qui prennent de valeurs de nos jours. Le temps
où les avantages comparatifs étaient considérés le
seul déterminant de la multinationalisation des firmes est finis sans
retour.
Pour qu'une analyse soit la plus objective et la plus
réaliste, un dosage des différents déterminants,
recensés jusqu'alors, doit être effectué, même si ce
dosage trouvait parfois des difficultés à suivre et à
expliquer le comportement ou les motivations d'une firme à la
délocalisation.
Toutefois les explications passées restent
valables sauf qu'elles doivent êtres mise à jour pour suivre le
développement rapide de l'économie mondiale ainsi que les
nouvelles tendances sur la scène internationale.
Il est enfin à souligner que quelque soit le
type de déterminant retenu, une fois installé l'IDE fait
évoquer des questions relatives à ses effets sur les pays
d'accueil c'est à celle ci que nous nous intéresserons au
chapitre présent.
CH II :Les effets de la
multinationalisation :
Introduction :
De nos jours, nous vivons dans un monde où les
frontières n'ont plus un grand sens sur le plan économique. Les
accords commerciaux régionaux et mondiaux se sont multipliés pour
imposer plus de concurrence et plus de transparence au niveau des
échanges à l'échelle planétaire.
Pour toutes ces raisons et autre, les pays
(développé et en voie de développement) cherchent à
prendre avantage et saisir les nouvelles opportunités liées
à ce contexte nouveau. Le but étant de s'assurer une croissance
capable et de garantir le bien être de leur citoyens.
L'IDE se présente ici comme le fer de lance et
le moteur de la croissance visée. Ce qui justifie la ruée des
pays (indépendamment de leur catégorie) à l'attraction des
multinationales sur leurs territoires.
Donc l'IDE est demandé pour les effets positifs
qu'il génère sur les pays hôtes. Sur le plan
théorique ces effets peuvent êtres liés à
l'activité économique (section 1), au transfert technologique
(section 2) et à l'emploi (section 3) .
SECTION 1 :Effet de l'IDE sur l'activité
économique et la balance de paiement
P1 : Effet sur l'activité
économique :
1) : Effet sur l'investissement
domestique
La multinationalisation des firmes exerce des effets sur
l'investissement intérieur. L4objectif de ce paragraphe est de montrer
le mécanisme expliquant un tel lien.
Pour commencer, on va prendre en compte les
études faites par Bosworth et Collins en 1999 en ce qui concerne ce
phénomène. Ils ont montré que les effets des flux de
capitaux sur l'investissement intérieur se trouvent dans 56 pays en
développement entre 1978 et 1995. L'échantillon
choisi par les deux économistes assure une bonne couverture de l'Asie de
l'Est et du Sud, de l'Afrique Subsaharienne. Cela nous montre l'importance des
flux de capitaux dans l'augmentation des investissements intérieurs des
pays. Ces flux sont de trois types : investissement direct
étranger, investissement de portefeuille et prêts bancaires.
D'après Bosworth et Collins, chaque dollar
d'entrée de capitaux correspond à une augmentation de 50 cents
des investissements intérieurs pour l'ensemble de l'échantillon.
Donc la multinationalisation augmente les investissements intérieurs par
l'intermédiaire des flux de capitaux dans les pays d'accueil.
En faisant la comparaison entre les trois types de
flux, on remarque que celui de l'investissement direct à
l'étranger est classé premier dans la contribution à
l'augmentation de l'investissement intérieur puisque 1 dollar
d'investissement direct étranger augmente l'investissement
intérieur de 80 cents tandis que les investissements de portefeuille
n'ont presque aucune incidence alors que les prêts bancaires n'ont que
des effets intermédiaires.
En effet, l'investissement direct étranger a l'impact
le plus important comparé avec les autres types de flux de capitaux.
Cela est illustré par le graphique suivant.
Graphique 2 Pays en
développement (58 pays)
![](Multinationales-et-Developpement-local-cas-de-cablage-automobile-dans-la-region-de-Sousse3.png)
source : Bosworth et Collins (1999)
Ce schéma nous montre les différences
marquées selon les types de flux dans l'augmentation de l'investissement
intérieur.
L'incidence de l'investissement direct étranger sur
l'investissement intérieur est par nature dynamique et peut se
dérouler en deux temps :
Ø Un effet initial négatif du à
l'entrée des multinationales dotées des avantages
compétitifs et qui gagnent des parts de marché au
détriment des entreprises locales.
Ø Un effet à long terme plus favorable pour les
entreprises locales qui bénéficient des externalités
liées aux activités des multinationales (effet de
démonstration ou diffusion du savoir faire via les relations verticales
avec les entreprises locales).
Cette nature dynamique a été
démontrée par Kumar et Pradhan (2002) qui ont montré
l'impact de l'IDE sur 107 pays en développement entre1980et 1999. Il
s'agit en fait d'un effet positif qui se manifeste par une hausse de 0,44%
d'investissement intérieur pendant deux années successives.
Pour conclure, l'implantation des firmes multinationales
contribue d'une manière significative à l'incitation de
l'initiative nationale et par la suite à l'augmentation de
l'investissement intérieur qui à son tour exerce un effet de
levier sur la croissance.
2) Effet sur la concurrence :
L'implantation d'une filiale étrangère
modifie le profil de la concurrence. Souvent, le renforcement de la
compétitivité des firmes locales constitue, pour les États
d'accueil, la raison mise en avant pour libéraliser les conditions
d'implantation des entreprises multinationales. Ces filiales devraient avoir
pour effet de stimuler la croissance , susciter l'accroissement de la
productivité et donc pousser à la baisse les prix. Ces filiales
stimulent considérablement la concurrence dans les pays d'accueil en
remettant en cause , par exemple, les positions monopolistiques des entreprises
domestiques ou d'entreprise déjà installée.
P2 : Effet sur la balance de paiement :
L'impact de la multinationalisation sur le commerce
extérieur du pays d'accueil varie selon les objectifs des firmes
multinationales.
On peut trouver comme objectif primordial de servir le
marché local en faisant une substitution aux importations (les
années 1950). Mais aujourd'hui, on remarque que l'investissement direct
l'étranger change de fonction d'un destructeur d'échange à
un créateur d'échange (contribue à l'augmentation des
échanges commerciaux entre le pays d'accueil et le reste du monde).
Ça revient à dire une progression des importations et des
exportations des filiales étrangères plus grande que celle des
firmes nationales. Pour mieux éclaircir ce phénomène, il
est nécessaire de donner une signification à la balance de
paiement. Celle ci représente un instrument de base à la quelle
on se refaire pour constater le degré de développement
économique d'une nation.
Cet instrument qui est à la base de
comptabilité en partie double, nous donne chaque année l'ensemble
des flux d'entrée et des sorties d'une nation. Ce qui nous permet de
mesurer l'insertion économique internationale d'une nation. Cette
balance contient, entre autre deux éléments qui sont
relié d'une façon direct l'IDE , dont l'influence sur
l'équilibrage de la balance de paiement est assez importante ;
à savoir l'entrée des flux des capitaux et les exportations.
1) Flux des capitaux :
L'entrée initiale de capital a un effet
favorable sur la balance de paiement du pays d'accueil, surtout lorsque
l'entrée des capitaux soit de long terme et renouvelable
(pour que les pays d'accueil n'enregistrent pas des sorties
nette des capitaux).
Toutefois cet effet n'est pas aussi évident et
garantit, et il dépend de la mode de présence de la
multinationale ainsi que du secteur choisi (certaines formes d'IDE à
faible insertion et contenu de production locale comme les transplants ne
permettent pas aux pays d'accueil de bénéficier d'effets
indirects et génèrent des importations supplémentaires.
2) Exportations :
Les exportations enregistrées dans la balance
de paiement englobent toutes les sorties des biens et des services.
L'exportation est d'autant plus importante que les filiales des multinationales
sont de nature exportatrices.
Tout au long de ce paragraphe, on va se
référer au modèle des pays asiatiques très
performants , tout d'abord, en matière d'attraction des firmes
multinationales, et ensuite en matière des avantages tirés de la
présence de ces firmes sur leurs territoires.
Les effets des multinationales sur les
exportations ne peuvent pas être identifiés qu'à partir
d'une analyse des effets d'investissements directs étranger sur d'autres
facteurs qui aboutissent finalement à l'augmentation des exportations.
L'ouverture des pays aux investissements directs étrangers à des
degrés divers et à différentes périodes de
développement a permis l'amélioration des compétences, la
diffusion des méthodes de production, le savoir faire et la
qualité des productions. L'IDE a induit aussi une demande de la part du
marché extérieur et par la suite une augmentation des
exportations de ces pays.
En effet dans les pays de l'Asie de l'Est et de
Sud Est la politique de promotion des exportations a joué un
rôle-clé dans les nouveaux pays industriels asiatiques dès
les premiers stades de leur développement. Ce qui le montre, la
spécialisation internationale réussie dans les huit pays
asiatiques (Hong Kong, Singapour, Corée de Sud, Taiwan, Malaisie,
Thaïlande, Philippines, Indonésie). En effet ces pays ont connu une
croissance moyenne deux fois plus rapide que la moyenne mondiale et leurs
exportations manufacturières ont été multipliées
par 16 entre 1977 et 1995 faisant augmenter leur part de marché mondial
de 6% à16% .En plus l'exploitation des débouchés
extérieurs par l'exportation a permis de réaliser des
économies d'échelles et de générer des devises
nécessaires pour financer leur importation des biens
intermédiaires et des biens de production.
Dans les années 1980 et 1995, l'Asie représente
78% de l'ensemble des exportations manufacturières des pays en
développement.
Par ailleurs on a remarqué une évolution au
niveau de la structure des exportations. La part des produits intensifs en
technologie ne cesse de gagner de terrain.
À l'aide des enquêtes
effectuées auprès des firmes multinationales implantées
dans l'Asie de sud-Est, on constate que les filiales étrangères
ont en effet tendance à être concentrées dans les secteurs
tournés vers l'exportation. Cela peut se confirmer en se
référant à un indicateur conçu pour ce but
« la part des filiales étrangères dans les exportations
totales ». Grâce à leurs avantages de localisation, On
remarque que les pays qui attirent le plus d'IDE. ont le poids relatif le plus
élevé des exportations entre 40% et 70% comme (Hongrie,
Singapour, Malaisie, Chine).
L'affiliation à une multinationale peut
déterminer d'une façon automatique si une firme sera exportatrice
ou non,ce qui montre une fois de plus l'importance des multinationales dans la
promotion des exportations dans les pays où elles s'implantent..
Notons enfin que les répercussions
positives sur la balance de paiement entraîné par les exportation
de ses filiales correspond à une dégradation de
l'équilibre de ce document comptable pour les pays émetteur de
l'IDE. La valeur des exportations dans l'économie nous a poussé
de ne pas se limiter à les évoquer comme étant faisant
partie de la balance de paiement et d'en consacrer un paragraphe entier.
Section II : Le transfert technologique via
l'IDE :
L'IDE constitue un canal de diffusion de la
technologie et de savoir faire pour les pays en développement . il est,
de ce fait, un moteur de croissance par les effets technologiques positifs
qu'il engendre et par la diffusion des technologies internationales qui
permettent aux firmes locales de profiter de ce potentiel technologique
avancé.
PI : Définition du transfert
technologique :
On peut définir le transfert de technologies
comme : « Le processus d'acquisition du savoir faire qui
provient de la capacité technologique des autres, que ce processus
correspond à un déplacement de la technologie d'une firme
à une autre, d'une industrie à une autre ou d'un pays à un
autre »8(*).
PII : Les canaux de diffusion
technologique :
L'IDE est un vecteur de transmission internationale
de technologie pour les pays en voie de développement, qui sont
technologiquement retardés. Cette transmission est
véhiculée à travers plusieurs canaux, notamment par le
marché du travail et de la formation, la sous-tratence, et le
partenariat et les brevets.
1) Le marché du travail et de la
formation :
la formation assurée par
les firmes multinationales aux compétences locales peut constituer un
canal de diffusion de connaissance très efficace dans l'économie
d'un pays d'accueil, car en quittant l'entreprise étrangère, ces
travailleurs transmettent leur compétence à d'autre unités
de production nationale, ce qui contribuerait à l'élargissement
de la capacité d'absorption technologique du pays d'accueil.
2) La sous-traitence :
La sous-traitence peut constituer
un canal de diffusion technologique dans la mesure où des informations
techniques peuvent êtres transférables ou communicables au cours
du processus de sous-traitence. Le sous-traitent est ainsi doté d'un
nouveau savoir-faire ou d'une aide technique.
3) Le partenariat :
Le partenariat crée un lien de
communication et d'échange biculturels . Il assure une
fluidité des informations, garantit ainsi un apprentissage collectif qui
influence à son tour la vitesse d'assimilation des connaissances
transférées.
4) Les brevets :
Le brevet est un facteur de coordination entre
les firmes pour la conduite de leur politique de recherche. Il permet la
diffusion de la technologie grâce aux mouvements du personnel, aux
rencontres professionnelles et aux communications avec les clients ou les
fournisseurs.
Cependant, il faut noter que la transmission du
progrès technique via l'IDE ne peut s'effectuer que dans la mesure
où le pays d'accueil peut disposer des conditions favorables à la
mobilisation de ce progrès.ces sont les préalables au transfert
technologique.
PIII :Les préalables au
transfert technologique :
1) Revue de la littérature :
On peut considérer le transfert technologique
un transfert de connaissance qui dépend de l'offre de la technologie par
les multinationales et de l'appropriation effective par les firmes locales, ses
connaissances s'accumulent sous forme de technologie (selon ROMER 1990) ou sous
forme de capital humain (selon LUCAS 1988). Leur niveau est
intégré à la main d'oeuvre pour s'associer au concept de
progrès technique.
On peut aussi le considérer comme une vente
des techniques, du savoir faire, qui aide à la formation de la main
d'oeuvre qu'il s'agissait d'une vente au filiale (transfert interne) ou aux
entreprises étrangères (transfert externe).
En matière de transfert, une importance
caractéristique des firmes multinationales se manifeste par le fait que
la majorité d'entre elles peuvent avoir la capacité de fournir la
totalité des éléments de technologie qui doivent
êtres captés par les espaces récepteurs d'IDE.
Mieux le pays récepteur est doté d'un
stock de capital humain et plus la distance technologique par rapport au pays
d'origine de la multinationales soit réduite plus le pays d'accueil a de
la chance pour bénéficier d'un transfert technologique.
Cela ne se concrétise qu'à la
présence d'un avantage technologique c'est-à-dire une base
technologique caractérisant le pays d'accueil dans le passé. Et
cela ne peut être réalisable qu'avec des investissements
destinés à renforcer les capacités des pays d accueil
en matière d'apprentissage et l'amélioration des pratiques
locales. Cela donne l'importance au rôle des capacités
d'apprentissage des receveurs dans le succès du transfert.
Ce dernier est de deux types ; verticale
lorsque les procédures de fabrication et les équipements sont
importés du pays d'origine. Ou bien horizontale, si les
équipements proviennent d'une autre filiale du groupe. L'essentiel de
transfert technologique se réalise au sein de la firme multinationale
qui développe sa technologie dans le pays d'origine dans le but
d'exploiter son avantage à l'étranger par le biais de la
délocalisation.
Pour ce fait, les firmes multinationales
constituent un espace scientifique, économique et technique
intégré dont, la filiale délocalisée faisant
partie. Ces firmes ont le choix entre deux types de transfert technologique
soit le transfert direct, par création de filiales ou unité de
production locale, soit le transfert indirect par la simple exportation de
marchandise, cession de licence, ou autre forme d'alliance avec des entreprises
locales (joint-venture, piggy back, etc.).
La structure organisationnelle adoptée par
les firmes multinationales prédétermine les relations de la
filiale et la maison-mère. Cette structure met une limite à
l'autonomie de la filiale et par conséquent une bonne circulation
interne de la technologie aura lieu.
Le transfert technologique a été
analysé par plusieurs économistes.La diffusion technologique
selon Mansfield (1961),est insuffisante en tant que cadre de
référence à l'analyse de transfert technologique via des
IDE .Ce qui emmène cet économiste à laisser entendre une
adoption mécanique de la technologie par ses utilisateurs. Selon le
modèle de Mansfield ,qui est basé sur le
phénomène de contagion épidémique ,il est à
noter que l'assimilation des technologies présuppose des
préalables (capital humain, formation, apprentissage, rôle des
institutions, aptitude technologiques).
S'inspirant de ce modèle, Findlay (1978)
remarque que l'adoption d'une technologie est nécessairement tributaire
des propres aptitudes des pays receveurs. Ce qui nous emmène à
comprendre que le phénomène de contagion épidémique
met à l'ombre tout le processus d'apprentissage social qui doit
accompagner l'adoption d'une innovation ou d'une technologie .Selon Bellonger
(1995), il est à noter qu'il ne suffit pas d'importer une technologie
mais, le plus dur, reste à savoir la diffuser entre les
déférents organes qui constituent le tissu industriel nationale
.L'analyse du transfert technologique par l'IDE n'a d'ailleurs rompu avec la
vision mécaniciste du transfert technologique que très tard. Pour
ce fait Findlay(1961), a conçu un modèle où il a
combiné les hypothèses de retard avec celles de contagion
épidémique de Mansfield(1961). Le but étant de rendre
endogène le taux de diffusion technologique et de déterminer
l'écart technologique d'équilibre entre un pays avancé et
un pays retardataire.
Ce modèle reste critiquable sur l'irréalisme de
certains de ses hypothèses. Ce qui emmène Wong (1990) à la
mise à jour de ce modèle, en supposant que l'IDE est plutôt
attiré par un pays où prévaut une forte rentabilité
du capital, qui est doté d'une main d'oeuvre qualifié et qui
dispose d'un système d'innovation développé et
structuré. Il a montré que l'IDE favorise à son tour
l'accumulation du capital humain dans le pays d'accueil et fait donc augmenter
le taux de croissance économique à long terme.
2) Les systèmes nationaux
d'innovation :
Le transfert technologique se compose de deux
effets ; effet d'apprentissage et effet d'innovation. D'où,
l'intensité du transfert technologique se trouve directement en
corrélation avec le dynamisme des systèmes d'innovation propre
à chaque récepteur d'IDE. Ce système se caractérise
par son ouverture et par des formes de partenariat qui font naitre la
dynamique d'apprentissage et de transfert technologique.
La concentration d'IDE à teneur technologique
dans les espaces économiques de la triade (État unis, Europe,
Japon), où les systèmes d'innovation sont performants impose une
mise en évidence du rôle que jouent ces systèmes dans
l'attrait des IDE et dans le transfert technologique (Laubier1995).En
particulier, il s'agissait d'observer leurs caractéristiques
technologiques et organisationnelles qui favorisent le transfert
technologique.
L'organisation de transfert technologique dans les
pays de la triade s'appuie sur des systèmes d'innovation dans lesquels
les entités accomplissent un effort d'apprentissage tacite qu'elles
complètent en interagissant entre elles.
Ces systèmes d'innovation sont certes différents
dans leur fonctionnement d'un pays ou d'un espace à un autre. Les
différences peuvent être expliquées par des raisons
socioculturelles et politiques.
D'une part la hiérarchie est plus pressentie dans le
système américain (Nelson 1988) et dans une moindre mesure dans
le système européen (Bellon et Niosi 1994), alors que les
rapports horizontaux confèrent au système japonais une
spécificité (Free Man 1988).
D'autre part, les institutions et organismes publics
interviennent différemment d'un système à un autre pour
garantir l'échange d'informations et de connaissances servant aux
projets technologiques.
Au delà de ces différences de forme
et du choix stratégique, se dégagent des traits communs aux
systèmes d'innovation des pays développés au niveau des
rapports de partenariat technologique qui les caractérisent et qui
complètent leur effort d'apprentissage individuel :
- les interactions entre entreprises et universités qui
se matérialisent par les échanges des informations technologiques
entre les laboratoires publics et privés et les unités de R&D
des firmes (utilisé par le système américain).
- Les partenariats inter firmes associant des
compétences technologiques de part et d'autre et réunissant
autour d'intérêts précis, des entités disposant de
capacités organisationnelles suffisant développées.
Partant de ces traits communs, à la
comparaison des systèmes d'innovation entre pays
développés et PVD, on peut remarquer que cette comparaison ne
devrait pas bien évidemment se focaliser sur des
« évidences » (comme l'intensité de la
R&D). D'ailleurs le problème de PED ne réside pas
exclusivement dans l'insuffisance de ressources consacrées à la
R&D.
Il réside aussi dans le manque
d'échange d'information entre les entreprises et les universités
et entre les entreprises elles mêmes. Prenons comme modèle de
référence des PED le cas des pays de Sud Est de l'Asie, qui
offrent un exemple de système d'innovation dont le fonctionnement
favorise et stimule le transfert technologique.
En effet, ces pays ont pu développer en un
temps record, leurs compétences technologiques après avoir
instauré un processus d'apprentissage et de formation continue. Et cela
a été fait en concentrant leur effort sur des secteurs
d'activité sélectionnés préalablement selon des
critères bien étudiés et en encourageant la constitution
des groupes industriels puissants capables d'être compétitif sur
des marchés mondiaux.
En plus, ces pays ont pu créer des
institutions publiques et privées dont l'objectif est d'organiser la
diffusion de l'information technologique.
Toutes ces données et ces analyses nous
montrent l'importance du rôle joué par les systèmes
d'innovation dans le transfert technologique. Cela nous emmène à
étudier les fondements des bases de ce système qui est l'effort
d'apprentissage.
3) L'apprentissage et le savoir
faire :
a) L'apprentissage :
L'investissement dans l'apprentissage
technologique et organisationnel a permis aux pays Sud Est Asiatique non
seulement de minimiser l'écart technologique qui les sépare des
pays de la triade, mais aussi de disposer des aptitudes qui leurs ont permis de
transférer la technologie, de la maîtriser et de vendre leur
propre innovations par la suite.
Cela nous permet de voir le rôle de l'effort
d'apprentissage qui a permis de recréer et de consolider les bases de
système d'innovation des pays Asiatiques. L'apprentissage constitue le
vecteur clé pour les systèmes d'innovation en
général et pour le transfert technologique en particulier.
L'action que doit mener les pays à retard
technologique est de développer leurs capacités d'apprentissage
non pas uniquement pour le transfert technologique par l'IDE, mais aussi pour
susciter l'intérêt des investisseurs étrangers.
Selon Bellon (1997) le développement de
capacité d'apprentissage des pays et des firmes doit, d'ores et
déjà, être conçu comme un avantage construit pour
l'IDE et pour le transfert technologique.
Concernant le développement de
capacité d'apprentissage, on peut dire qu'il est long et
extrêmement coûteux,
L'investissement en apprentissage induit en fait des
coûts spécifiques élevés qui sont engagés
très en amont par rapport au retour sur cet investissement..
En se référant aux alliances
technologiques Nord Sud, le degré des connaissances nouvellement
créé dépend toujours de la capacité d'absorption de
partenaire du Sud. Cette capacité d'absorption se compose de deux
dimensions : La première renvoie à la capacité
d'assimiler les technologies transférées (qualité de
l'équipement, normes de plan).
La deuxième correspond à la capacité
d'assimiler les compétences managériales organisationnelles
(qualification de la main d'oeuvre, la langue, taux d'encadrement)
Cette capacité d'absorption doit
générer des connaissances nouvelles. On va prendre un exemple de
transfert de compétence techno organisationnelle d'après le
graphique suivant :
Grapique3 Transfert de compétences techno-
organisationnelle après alliances
![](Multinationales-et-Developpement-local-cas-de-cablage-automobile-dans-la-region-de-Sousse4.png)
source : Les déterminants des alliances
industrielles stratégiques Nord-Sud : Quelques enseignements
tirées des alliances euro-méditerranéennes
Adel BEN YOUSSE, Anne PLUNKET et Bertrand BELLON,
b) Le savoir faire :
Dans ce passage, on ne peut pas négliger le
savoir faire dans les efforts d'apprentissage. En effet, l'effort
d'apprentissage nécessite de savoir faire développé ;
les pays hôtes doivent disposer d'abord d'un stock minimal de savoir
faire donc d'un minimum d'avantage construit qui prend la forme d'aptitude
technologique et organisationnel permettant l'assimilation de technologie
étrangère.
Le simple échange de connaissance entre les
firmes n'est d'ailleurs pas une condition suffisante pour amorcer un processus
d'apprentissage dynamique et permettre le transfert de connaissance.
Enfin, avec l'échange devrait se
constituer un marché interne où s'échangent les savoirs
technologiques « un espace de cohérence » (Favreau
1989). C'est-à-dire un cadre organisationnel dans lequel, sans mise en
conformité, les règles et les procédures de travail sont
établies, des plans de travail sont mis en communs, et les codifications
sont harmonisées.
L'interrogation sur les possibilités de
transfert de technologie par l'IDE devient ainsi secondaire car il s'agit,
désormais, d'envisager ce transfert par un apprentissage centré
sur les intérêts des investisseurs étrangers.
En définitive, les systèmes
d'innovation et d'apprentissage en particulier, sont au coeur de tout processus
de transfert technologique. Le développement des capacités
d'apprentissage des pays à retard technologique devient non seulement un
véritable atout pour ces pays, mais aussi un préalable
nécessaire à des transferts technologiques via des
investissements.
Section III : Effets potentiels de l'IDE sur
l'emploi :
P1 : Effets de l'IDE sur le niveau
d'emploi :
L'implantation des firmes multinationales
représente un élément essentiel de la croissance et de la
création d'emplois. Cette implantation permet aux entreprises de rester
compétitives et contribuent ainsi à maintenir des emplois dans
les pays d'accueil. La création d'emplois représente alors une
des raisons majeures pour laquelle les pays souhaitent attirer des
investissements étranges sur leur territoire, dans le but de
réduire le chômage dans leur pays.
Pour ces raisons on va étudier les effets de la
multinationalisation sur l'emploi .Cela peut être abordé en
deux niveaux ; en terme d'absorption du chômage et en terme
d'amélioration de la qualité de la main d'oeuvre.
1) Absorption de
chômage :
Lorsque les firmes multinationales s'implantent
dans un pays, elles ne vont pas, apporter de la main d'oeuvre mais plutôt
employées celle du pays d'accueil. D'où l'IDE devrait avoir un
impact positif sur l'emploi et cela peut être vérifier dans le cas
des pays en voie de développement.
La création d'emploi varie selon les
secteurs attractifs des IDE. Cela nous emmène à expliquer
l'impact des IDE sur l'emploi à travers trois secteurs les plus
attractifs aux capitaux internationaux ; secteur agricole, secteur
textile, et les secteurs des industries manufacturières. On va seulement
étudier le secteur manufacturier en se référant aux
études académiques et aux données de l'API (agence de
promotion des investissements) car c'est le seul secteur où on peut
faire la distinction entre les entreprises mixtes et les entreprises totalement
étrangères. En utilisant le cas de la Tunisie, on peut constater
sur une période de 22 ans entre (1973-1995) que 880 entreprises
industrielles, totalement étrangères et mixtes, ont
effectué des investissements en Tunisie environs de 430 millions de
dinars et ont crée 83600. Cela se manifeste surtout pour les entreprises
totalement étrangères avec un taux de 60% de l'emploi total soit
de 49800 emplois supérieur au nombre d'emploi réalisée par
les autres entreprises mixtes qui n'a été que de 33800 emplois.
(Donnés prises de l'API) .
Ces données montrent le rôle des
entreprises quelles soient mixtes ou totalement étrangères dans
la croissance du nombre d'emplois. Même si ce dernier augmente moins
proportionnellement que le nombre des entreprises crées, cela n'annule
pas l'augmentation des emplois suite à l'implantation des
multinationales. On peut aussi conclure que la multinationalisation
créer des emplois dans les pays d'accueil.
2) Amélioration de la qualité
de la main d'oeuvre :
Toutefois, on ne peut pas négliger le
rôle des entreprises dans la formation de la main d'oeuvre. Cette
formation représente un outil efficace pour renforcer la qualification
de personnel, elle peut être sous forme de formation sur le tas
(formation de la main d'oeuvre recrutée) ou sous forme d'une formation
à l'étranger. Avec ses efférentes types, la formation
permet d'améliorer la qualité de la main d'oeuvre et d'augmenter
le niveau de connaissance des travailleurs .Ce qui leur permet d'être
compétents et plus productifs et par conséquence une
amélioration de leur production aura lieu en terme de quantité et
surtout en terme de qualité.
Pour conclure, les effets sur l'emploi se trouvent
largement dépendants du type d'activités
délocalisés. D'où L'influence directe de l'IDE sur
l'emploi varie d'un pays à un autre.
PII :Effets sur la qualification :
Une nation, pour garantir un
développement durable, doit compter sur ces actifs. Or le classement de
ces actifs par ordre d'importance reste en étroite dépendance
avec la conjoncture économique mouvante.
Actuellement, avec la dominance d'une économie
de savoir, les pays les mieux développé sont ceux qui
possèdent un avantage technologique. Cet avantage est le
résultant d'un effort de R&D mis en oeuvre par un personnel
hautement qualifié. C'est le cas des pays industrialisés et
nouvellement industrialisés. Mais dans le cas des PVD, que peut-on faire
pour combler la fracture technologique ?
De nouveau il faut compter sur le capital humain qui
demeure l'actif le plus précieux, en premier lieu pour assimiler les
technologies en provenance des pays de nord et en deuxième lieu pour le
développement et l'innovation qui va ramener ces pays, enfin, vers le
progrès espéré.
D'où vient l'importance accordée par les
PVD pour l'IDE qui est considéré comme le canal idéal pour
l'accumulation de capital humain.
Pour vérifier l'effet de la présence des
multinationales sur le capital humain on a choisi de décomposer cet
effet en trois sous effets le premier concernera le système
éducatif, le deuxième portera sur la formation et le dernier sur
le côté rémunération ou salaire.
1)Effet sur le système
éducatif :
Blomstrom et Kokko (2003) ont insisté sur
l'importance des FMN dans l'enseignement en général et d'une
façon flagrante sur l'enseignement supérieur. Ces firmes ont une
demande spécifique en matière de main d'oeuvre, elles exigent la
haute qualification ce qui va encourager les gouvernements à
accroître leurs investissements dans l'enseignement supérieur et
de s'orienter vers les secteurs d'opération des FMN implantées
sur leurs sols.
Donc les multinationales peuvent indirectement affecter
l'offre de travail en influençant le cursus des institutions
éducatives des pays d'accueil, mais aussi elles peuvent contribuer
activement en finançant certains établissements d'enseignement
où en aidant les États à créer des centres de
formations spécialisées qui vont avec leur
intérêt.
2)Effet sur la formation :
Suivant Blomstrom et Kokko (1996), « le
transfert de technologie entre les multinationales et leurs filiales ne
s'opère pas seulement via les machines, le matériel, les droits
de brevet et l'expatriation des gestionnaires et des techniciens, mais
également grâce à la formation des employées locaux
des filiales. Cette formation touche la plupart des niveaux d'emploi, depuis
les simples manoeuvres jusqu'aux techniciens supérieurs en passant par
le contremaître ».
Certains auteurs tels que Caves (1996) vont plus loin
dans la valorisation de l'effet de la formation jusqu'à l'estimation que
les retombées de l'IDE par le biais de la formation de la main d'oeuvre
locale peuvent être plus importantes que celles
générés par l'enseignement public.
Quoique la majorité des activités
délocalisées vers les PVD sont des activités de simple
exécution n'impliquant pas l'intervention d'une main d'oeuvre hautement
qualifiée, les FMN ne laissent rien au hasard en mettrant à
niveau les employés locaux afin d'éviter tout risque de
non-qualité des produits manufacturés. Cela passe obligatoirement
par l'accroissement de connaissances9(*) techniques des hommes ainsi que leurs capacités
linguistiques (la langue de pays d'origine est généralement
différente de celle de pays d'accueil), à travers des cycles de
formation spécialisés sur champs ou à l'étranger
(à la maison-mère le plus souvent)
Ces genres de formations ont un impact très
positif sur la productivité de la main d'oeuvre locale, sur la
capacité nationales d'apprentissage et d'absorption des nouvelles
technologies ainsi que sur la compétitivité des entreprises
locales qui bénéficieront d'un stock de capital humain
qualifié d'une part et hautement formé d'autre part. Une chose
qui confère, probablement, une plus grande confiance à
l'entreprise étrangère en conquérant les marchés
internationaux.
PIII : Effet sur les salaires :
Une main d'oeuvre bien éduquée, hautement
formée, nécessite d'être équitablement
rémunérée.
Dans ce contexte, les FMN ont adopté des
stratégies de rémunération plus attrayantes que celles des
entreprises locales. L'aspect le plus remarquable de ces stratégies sont
les salaires.
Ceci dit, l'entrée ou l'implantation des FMN
dans un pays d'accueil peut affecter les salaires de plusieurs manières.
Les FMN peuvent payer des salaires plus élevés que les firmes
domestiques. En payant des salaires plus élevés les FMN peuvent
contribuer indirectement à l'accroissement des salaires payés par
les entreprises domestiques. Ceci est communément connu sous le nom des
retombés sur les salaires « Wage
Spillovers 10(*)».
« Généralement les FMN ont
tendance à payer des salaires plus élevés que leurs
concurrents domestiques. D'ailleurs, la plupart des études hormis
quelques exceptions s'accordent sur le fait que l'IDE contribue positivement
à l'accroissement des salaires. C'est ainsi que « les emplois
dans les multinationales restent recherchés en PVD, en raison du
chômage, mais aussi parce que les salaires y sont supérieurs
à ceux des firmes locales mais inférieurs à ceux de la
multinationale en pays d'origine. », (Andreff, 2003, p.43).
Görg et Greenaway (2001) ont effectué un
survol de la littérature sur les effets spillovers. Certaines
études sur les retombés sur les salaires ont été
incluses dans leur survol. Les deux auteurs indiquent que les résultats
concernant les études en données de panel ont montré pour
la plupart des retombées négatives. En revanche, une grande
majorité des études en cross-section a montré des effets
spillovers positifs au niveau des salaires.
En commentant les résultats de Gorg et
Greenaway (2001), Lipsey (2002) indique qu'il y a suffisamment d'indications
pour les effets spillovers positifs sur les salaires11(*)excluant ainsi toutes
conclusions qui affirment que ces effets sont négatifs. Enfin, l'auteur
avance qu'il faut tenir compte davantage aussi bien des
spécificités et des politiques des pays que des
caractéristiques des firmes et des industries. En effet, L'auteur
argumente que ces facteurs peuvent promouvoir ou entraver les spillovers,
(Lipsey, 2002, p.32).
Or malgré toutes ces affirmations concernant
les bienfaits des FMN de côté salaire, on ne peut pas
négliger l'effet néfaste lié à cet aspect ;
car les travailleurs des entreprises domestiques vont demander des hausses de
salaire, une hausse qui peut ne pas être à la portée de ces
entreprises qui sont déjà en situation difficile à cause
de la pression concurrentielle exercée par les FMN (donc ça peut
menacer l'existence des entreprises domestiques).
Par ailleurs une augmentation constante des salaires
peut, si elle n'est pas accompagnée d'une hausse proportionnelle de la
productivité, nuire la compétitivité nationale en
matière d'attraction d'IDE.
Conclusion :
Les effets de la multinationalisation ont
touché plusieurs niveaux. On a essayé de les analyser et de les
classer tout au long de trois sections précédentes.
L'analyse des effets de la multinationalisation a une
grande importance puisqu'elle nous a permit d'observer les changements qui ont
eu lieu dans les pays récepteurs (PVD) suite à l'entrée
des IDE. Cela n'empêche pas de trouver des effets négatifs
potentiels qui sont principalement :
-L'effet d'éviction : qui est
exercé par l'IDE sur l'investissement intérieur dans le pays
d'accueil. Cet effet peut être le résultat de
l'établissement des barrières à l'entrée
(acquisition d'un avantage compétitif décisif, exploitation des
économies d'échelle, etc.) .Ce qui va décourager
l'entrée de nouvelles entreprises et provoque la sortie des
entrepreneurs locaux.
-Causer la détérioration de la balance
commerciale de pays d'accueil : Parmi les objectifs des IDE, on trouve
dans les premiers stades le fait d'attirer les importations et surtout
lorsqu'il s'agit d'un investissement étranger à court terme.Cela
mène à l'augmentation des importations des pays d'accueil alors
que l'accroissement de leur exportations ne se manifeste qu'à plus long
terme.
- Sur le long terme, les emplois créés
par la multinationalisation peuvent disparaître avec les plans sociaux et
les licenciements.
-Perte d'indépendance de pays : Les
décisions des entreprises multinationales en termes d'IDE sont
déterminées en grande partie par la stratégie globale du
groupe (Diversification, recentrage sur certaines activités, structure
financière, etc.)
Ces décisions ne prennent pas en compte les
intérêts des pays d'accueil. D'où le danger d'être
dépendant des investisseurs étrangers.
Pour mieux apprécier l'ensemble de ces effets
nous nous proposons dans le chapitre suivant d'examiner les conséquence
de l'implantation d'une firme multinationale sur le développement local
de la région de Messaaadine.
CH III :Firmes multinationales et tissu
local : secteur câblage automobile en Tunisie :
Introduction :
Quoique la part importante des IDE demeure
détenue par les pays développés (en terme de
réception) à cause de leurs avantage comparatif d'offre ainsi que
leurs stock en capital humain, les flux des capitaux, vers les pays en voie de
développement, ne cessent d'augmenter. Cette augmentation est due
principalement à leur différentiel des coûts, aussi bien
qu'aux efforts fournis en matière d'attraction.
Vu les spécificités de ces pays, la
majorité des activités délocalisées sur leur
territoire restent de type manufacturier intensif en main d'oeuvre moyennement
qualifiée, et requiert une technologie mature ou en voie de
maturité.
Prenons le cas de la Tunisie qui, comme la
plupart des PVD, a pris le choix de libéraliser son économie
depuis la fin des années soixante. Ce choix a été
matérialisé tout d'abord par les différentes lois
adoptées, commençant par la loi 72-38 de 1972 qui a ouvert la
porte aux investissements étrangers (cette loi a toujours
été assimilée au secteur textile car c'est
l'activité étrangère dominante en Tunisie), ainsi que la
loi de 2 août 1987 qui venait pour définir le nouveau code
d'investissement (ce code a remplacé celui de 1968).
Ces efforts de libéralisation et
d'intégration à l'économie mondiale ont été
couronnés par l'adhésion à l'OMC (organisation mondiale de
commerce) dés sa création en 1995 (cette création
était faite à la place du GATT), avant de signer la même
année un accord de libre-échange avec l'union européenne
(cet accord a entré en vigueur en 1996).
Donc la Tunisie s'est fortement engagée
dans la libéralisation espérant de tirer les avantages promis et
de relever les défis occasionnés par ces engagements.
Pour un pays comme la Tunisie le fait de se lancer
dans une économie de marché, signifie priver sa balance de
paiement et par la suite son économie, d'une source importante de
revenue qui est les droits et les taxes douaniers, et par la suite mettre en
péril son équilibre budgétaire.
Cela peut se rectifier en compensant la perte subit
à ce niveau par l'entrée des capitaux étrangers sous forme
d'IDE.
Or cette entée n'est pas si évidente que la
collecte des frais douaniers, car elle nécessite un effort
supplémentaire pour construire un avantage capable d'attirer les
capitaux étrangers (surtout européens), de diversifier les
secteurs d'orientation de ces capitaux et enfin de bénéficier des
bienfaits des IDE, outre l'apport des capitaux ( voir CH II).
En effet, la Tunisie a beaucoup travaillé
sur ce plan afin de profiter au maximum de sa proximité au continent
européen, de renforcer et moderniser son infrastructure, et de
préparer un stock de main d'oeuvre qualifiée capable de lui
conférer une autre gamme d'avantage et d'attirer plus des industrie
intensive en technologie (vu l'importance de la technologie dans le processus
de développement). C'est le cas des composants automobile auxquels nous
nous intéressons dans ce chapitre dans le but de voir les effets de
l'IDE dans ce secteur sur quelques aspects du développement local. Dans
la première section nous présentons la place du secteur des
composants automobile dans l'économie tunisienne, dans la
deuxième section on s'intéresse aux effets des entreprises
multinationales sur le développement local ;
Section 1 : Place du secteur des composants
automobiles dans l'économie. Tunisienne
P1 : Réalité du secteur
composants automobiles :
Le secteur composants automobiles ne cesse de gagner
de terrain en Tunisie, même avec la persistance de la crise
financière (Septembre 2008) qui a frappé de plein fouet le
secteur automobile à travers le monde, il continue sa tendance
haussière avec un peu de ralentissement.
Aborder le secteur des composantes automobiles en
Tunisie et l'analyser en détail implique l'évocation de son
historique, de sa localisation ou concentration géographique dans le
pays, de son évolution (de point de vue économique), et enfin de
sa structure (les segments florissants au sein de ce secteur).
1) Survol historique :
l'histoire de l'automobile en Tunisie a
commencée à la veille de l'indépendance, exactement en
1961 avec la création de STIA ( société tunisienne
d'industrie automobile).Il s'agit d'une société
paraétatique dont le capital était détenu alors par des
banques nouvellement nationalisées. Son activité concernait en
grande partie le montage des véhicules sous licence.
À cause de la faiblesse de son marché
intérieur, qui entrave toute tentative de décollage de cette
industrie de montage, la Tunisie a décidé en 1987 de mettre fin
à la production ou le montage des véhicules légers et de
s'orienter vers le développement d'une industrie de composants et
d'équipements (ce passage a été concrétisé
à travers la modification de code d'investissement en août
1987).
Toutefois la Tunisie n'a pas renoncé à
l'activité de montage dans sa totalité, mais elle a
conservé l'assemblage à forte valeur ajoutée, celui des
bus et des camions par l'intermédiaire de deux entreprises
nationale ; la STIA bien sûr et la SETCAR (Société
d'Equipements de transport et de carrosserie).
La deuxième phase vécue par ce
secteurest celle qui s'étale de 1988 à 1994. cette phase
était marquée par l'intervention de l'Office de commerce tunisien
pour lancer un appel d'offre international pour l'approvisionnement de
marché national en véhicules légers
« built-up ». Cet appel était assorti par une double
convention de compensation et de coopération industrielle pour permettre
aux sous-traitents travaillant auparavant avec la STIA d'écouler leur
production mécanique et électrique. Cette période a
été considérée comme une période d'appui ou
de soutien pour un secteur équipementiers encore naissant.
La dernière phase a commencé en 1995,
et demeure jusqu'à nos jours et au cours de laquelle des mesures
étaient prises et ont beaucoup contribué au développement
de ce secteur.
Il s'agit en particulier de faire soumettre les
équipementiers étrangers à un cahier de charge pour viser
un double objectif de développement et d'encadrement du
marché.
Aussi le gouvernement tunisien a obligé les
concessionnaires de marques d'importer les véhicules au prorata de
l'effort de « compensation » (achats des pièces
automobiles) des constructeurs qu'ils représentent.
2)Répartition géographique
:
La répartition de l'industrie automobile sur le
territoire tunisien est très homogène. Après avoir
examiner l'annuaire de l'API nous avons pu identifier 119 entreprises que l'on
peut classer dans l'industrie automobile. Sur les 24 gouvernorats tunisiens, 15
accueillent des industriels du secteur.Les 73 entreprises totalement
exportatrices sont présentes dans 13 d'entre eux, c'est-à-dire
dans plus de la moitié des régions.
La capitale et ses environs constituent sans conteste
le centre traditionnel de l'industrie équipementière tunisienne.
Le tissu industriel y est extrêmement dense et diversifié. Si l'on
prend pour référence l'agglomération tunisoise au sens
large, c'est-à-dire la zone correspondant au gouvernorat de Tunis et
Banlieue d'avant 1984, ce Grand Tunis présente une concentration
incomparable, accueillant le tiers de l'activité
équipementière tunisienne : plus de 30% des entreprises
totalement exportatrices. C'est sur cette zone et en particulier sur les
gouvernorats de Tunis et de Ben Arous (au sud de l'agglomération) que
l'on trouve les entreprises les plus anciennes, le plus souvent d'une taille
respectable. La variété des investisseurs est aussi notable :
forte proportion d'entreprises tunisiennes, en particulier celles du groupe
Chakira (COFAT) et de coentreprises, présence de filiales de
multinationales françaises, européennes mais aussi
américaines (Lear) et de capitaux arabes.
Carte 1 : Polarisation de l'industrie
automobile autour de Tunis
![](Multinationales-et-Developpement-local-cas-de-cablage-automobile-dans-la-region-de-Sousse5.png)
Source : Attractivité et agglomération de
l'industrie automobile au Maroc et en Tunisie (2008)
Jean-Bernard LAYAN
Yannick LUNG
L'orientation exportatrice de l'industrie tunisienne a d'abord
plutôt profité à des régions un peu plus
éloignées de la capitale (Tizaoui, 2001, 2004). Dès le
milieu des années 90 la région de Bizerte accueille des
investissements de taille importante à capitaux étrangers (MGI
Coutier, Valeo) ou tunisiens (COFAT), devenant un pôle national du
câblage (arrivée de SCV en 2001) en confirmant ses succès
dans d'autres industries exportatrices (textile, électronique).
L'activité de câblage s'est aussi développée dans le
gouvernorat de Nabeul qui profite de la liaison autoroutière avec Tunis
(Grombalia, Hammamet). On y observe une forte présence d'entreprises
italiennes. Les groupes allemands marquent eux leur préférence
pour le gouvernorat de Sousse (Dräxlmaier et Leonische principalement)qui
possède un tissu assez ancien d'établissements exportateurs
relativement importants .
Plus récemment, la politique volontaire
d'aménagement du territoire du gouvernement tunisien a
bénéficié surtout à la région rurale de
Zaghouan (Kriaa, Montacer, 2009), à une heure de route de Tunis, devenue
en quelques années un pôle majeur de l'industrie
équipementière tunisienne. Zaghouan est le gouvernorat qui
accueille le plus d'entreprises du secteur totalement exportatrices alors
qu'aucune d'entre elles n'existait avant 2001. Une zone industrielle importante
s'est développée à El Fahs autour du complexe industriel
du Suédois Autoliv (fabrication de volants). L'expansion sectorielle se
poursuit maintenant autour du petit village d'Hammam Zriba, cible d'un
programme d'aide spécifique.
Toujours soutenue par cette politique gouvernementale
relayée efficacement par les gouverneurs l'expansion géographique
de l'industrie automobile concerne aujourd'hui des régions de plus en
plus éloignées de la métropole tunisoise. Une
deuxième ceinture d'investissements, équipementiers émerge
incluant des régions situées plus à l'intérieur du
pays. Il y a quelques mois le spécialiste coréen Sewon et
l'allemand Dräxlmaier, ouvraient des unités de production de
câbles respectivement à Kairouan et Siliana. Plusieurs
investissements sont aujourd'hui annoncés dans le gouvernorat du Kef
dont celui de l'équipementier japonais Yazaki, des groupes allemands
Coroplast et celui Continental (ouverture 2009), des projets, qui risquent
d'êtres gelés à cause de la récession mondiale
actuelle.
3)Évolution et rôle de
l'état :
Observation globale du secteur
(observation internationale)
Le secteur de l'automobile est
marqué par la délocalisation croissante de l'assemblage du
véhicule et de la production des composants automobiles loin des centres
de fabrication traditionnels vers des sites de production à bas prix.
Ces centres traditionnels se consacrent dorénavant aux activités
de recherche et développement ainsi qu'à la conception de
nouveaux véhicules et il est prévisible que cette tendance va se
renforcer à l'avenir.
Globalement, la demande de composants automobiles
est extrêmement cyclique, mais surtout la structure géographique
de la demande de composants est en cours d'évolution. Les
véhicules deviennent de plus en plus complexes, avec l'utilisation
croissante, par exemple, de l'électronique de bord et de la
télématique. On assiste en outre à une segmentation
croissante du marché de l'automobile caractérisée à
la fois par la prolifération des modèles et par l'extension de la
gamme des options supplémentaires susceptible de s'ajouter (à la
demande du client) à chaque modèle. Or les constructeurs
automobiles cherchent simultanément à réduire la
diversité des composants en faisant davantage appel à la
standardisation et la modularisation. Cette évolution va de pair avec la
volonté des constructeurs automobiles de restreindre le nombre de
fournisseurs de composants.
De plus, comme le secteur connaît un transfert
croissant des fonctions de conception et d'ingénierie des constructeurs
automobiles aux équipementiers, la collaboration des divers acteurs
progresse. Dans l'ensemble, les fournisseurs de composants, qui créent
de la valeur ajoutée, sont en mesure de conserver une position solide
sur le marché.
En revanche, une intense pression concurrentielle
s'exerce sur les fournisseurs de produits plus en amont de la chaîne
d'approvisionnement. Les pressions subies par les fournisseurs de composants ne
se limitent pas à des demandes de réduction de prix et
concernent aussi la ponctualité de la livraison
(réduction des délais ou programmes juste-à-temps).
L'organisation de la logistique revêt donc une importance essentielle
pour les fournisseurs de composants, car elle a non seulement un impact sur les
coûts, mais aussi sur le respect des critères de livraison
imposés par les constructeurs automobiles et, à leur tour, par
les équipementiers du niveau supérieur.
Donc, le secteur composantes automobiles est un
secteur sur lequel peuvent compter des pays en voie de développement
comme la Tunisie à cause de leur avantage comparatif des coûts
mais aussi à cause de la croissance de la demande intérieure sur
leurs marchés (la Tunisie n'est pas concernée par ce dernier
avantage à cause de l'étroitesse de son marché local).
Situation en Tunisie
Depuis 1987, la Tunisie s'est donc
spécialisée, s'agissant de l'industrie de l'automobile, sur la
branche des éléments de véhicules.
Ce secteur a connu une forte croissance et atteint son
apogée dans la période allante de 1998 à 2004 avec un taux
de croissance annuelle de 18%, ainsi qu'un taux de croissance annuelle des
exportation de l'ordre de 19% pendant la même période.
Une étude était réalisée
par l'API durant la période 1999-2004 a constaté les
évolutions positives suivantes qui seront résumées dans
le tableau ci-dessous.
Tableau 6
Rubrique
|
1998-1999
|
2003-2004
|
· Nombre d'entreprises
|
124
|
175
|
· Nombre d'emplois
|
16000
|
32700
|
· Nombre d'entreprises exportatrices
|
33
|
89
|
· Nombre d'entreprises en partenariat
|
42 (15 à capitaux 100% étrangers)
|
93 (49 à capitaux 100% étrangers)
|
· La production en MTND
|
523
|
1200
|
· Nombre d'entreprises certifiées ISO
|
20
|
44
|
· Exportation en MTND
|
405
|
807
|
· Importation en MTND
|
452
|
623
|
Source : API (2004)
Le pays contribue à hauteur de 11 % (1999) aux
exportations de la Zone (la zone MEDA) dans ce secteur, soit 1,5 % des
exportations du pays. L'Europe représente le principal
débouché en absorbant 90 % des exportations d'équipements
automobiles ( France 40%, Allemagne27%, Italie12%).
. Les échanges extérieurs de la branche
durant la période 1999 - 2003 se sont caractérisées par
une couverture totale des importations par les exportations (130% en 2003).
Ceci est dû surtout à la performance de l'activité «
faisceaux de câbles » qui est largement excédentaire ( taux
de couverture supérieur à 200 % ).
En fait l'examen de ces chiffres est signifiant pour
mettre en valeur un secteur qui se classe parmi les plus performants en
Tunisie. Mais cette performance n'était pas hasardeuse, elle
était le fruit d'un travail de base infernale, conduit par le
gouvernement tunisien, pour attirer les capitaux étrangers et promouvoir
l'activité exportatrice d'une part, et d'inciter les investisseurs
nationaux de se lancer sur cette piste d'autre part.
Rôle de l'État
Consciente de la vitalité des IDE pour la
stabilité économique ainsi que pour développer le tissu
industriel local, la Tunisie a pris un ensemble des mesure d'encouragement
à l'investissement sur le territoire national. Cette stratégie se
compose de deux volet, un premier renforçant l'ouverture
économique et l'intégration à l'économie mondiale,
et un deuxième antagoniste au premier qui consiste à
protéger les secteurs encore vulnérables.
La Tunisie offre aux investisseurs étrangers
plusieurs avantages, tels que l'exonération des droits de douane ou la
réduction de la TVA à 10 % pour les biens d'équipement
importés. Depuis 1995 (date à laquelle la Tunisie a
été le premier pays méditerranéen à signer
un accord d'association avec l'Union européenne) le marché de
l'automobile et des composants tunisiens est ouvert à tous les
constructeurs. En outre, des accords instituant graduellement une zone de libre
échange ont été conclus au cours des quatre
dernières années avec l'Egypte, la Jordanie, le Maroc, la Libye
(accord d'Agadir). Enfin, l'adhésion de la Tunisie à l'OMC depuis
sa création (1996) constitue un autre élément confirmant
sa volonté d'ouverture et de renforcer sa
compétitivité.
Les « droits de douane » n'existent pas
à proprement parler sur les « quotas de véhicules
légers », mais ce sont des « droits de consommation »,
qui augmentent en fonction de la puissance de la voiture, ainsi qu'une TVA de
10 %. Toute importation hors quota subit des droits de douane plus
élevés selon la catégorie du véhicule et une TVA de
18 %, voire supérieure ( jusqu'à 355%) en cas de véhicules
de luxe. Les autorités tunisiennes, dans un souci d'économie
d'énergie, et pour avantager les classes moyennes, baissent
progressivement les droits de consommation sur les petites cylindrées.
L'automobile en Tunisie demeure un secteur
réglementé, pour lequel les importations sont encore soumises
à d'importantes taxes dans le cadre d'une politique qui vise à
promouvoir la production nationale de composants. Les autorités
tunisiennes allouent aux importateurs officiels des « contingents
tarifaires » d'importation, qui sont fonction des résultats
présentés par les constructeurs dans le cadre d'une politique de
coopération industrielle qui a pour objet de faire participer les
groupes étrangers au développement des industries
mécaniques et électriques nationales.
Il est temps maintenant d'évaluer les
retombées de ces mesures et de cette politique d'incitation à
l'investissement. Dans quelle mesure l'État tunisien a atteint ses
objectifs de départ ? à savoir l'entrée des capitaux
et le développement local à travers l'implantation des
multinationales du secteur sur le sol tunisien.
Pour vérifier le degré d'atteinte de
ces objectifs on va procéder à l'analyse de la branche
pionnière (en termes d'exportation, d'emplois et de croissance) du
secteur composants automobile, qui est la branche de câblage.
P2 : C%oblage automobile en Tunisie et
spécificité du secteur
Présentation
générale
Un véhicule compte en effet en moyenne 2000
mètres de câbles. Le câblage représente ainsi 6 % du
prix d'une voiture. Les constructeurs ont depuis longtemps externalisé
cette activité au profit des équipementiers.
En 1998, la part de marché de la Tunisie au niveau
mondial dans ce secteur était de 1,6 % ; elle est passée en 2004
à 2,2 %. Les faisceaux de câbles représentent 63 % de
l'emploi et 73 % des exportations du secteur des équipementiers.
Graphique 3
![](Multinationales-et-Developpement-local-cas-de-cablage-automobile-dans-la-region-de-Sousse6.png)
source :
Cahier du CEPI NÁ 9
La répartition des entreprises par
activités permet de constater le poids de la branche câbles et
faisceaux de câbles (CFC) qui représente la principale composante
de l'industrie des équipements avec une valeur de 143 Millions €
soit 54 % de ce secteur. Ce segment représente un enjeu important pour
l'industrie tunisienne des composants automobiles.
Au cours des cinq dernières années,
la Tunisie a enregistré l'entrée en production de 11 entreprises
générant plus de 7000 emplois. Actuellement la branche compte 18
entreprises (dont 12 filiales de groupes étrangers) et près de 10
000 emplois. Ces entreprises sont totalement exportatrices. La production et
les exportations de la branche ont connu un taux de croissance annuel moyen de
50 % et une valeur ajoutée de 30 % sur les cinq dernières
années. Compte tenu des caractéristiques du marché, la
plupart des grands équipementiers internationaux sont présents en
Tunisie, cas de Delphi (USA), Valeo (France), UTA
(Allemagne) ou Leonische (Allemagne).
Graphique 4
![](Multinationales-et-Developpement-local-cas-de-cablage-automobile-dans-la-region-de-Sousse7.png)
source : Cahier
du CEPI NÁ 1
La Tunisie bénéficie de plusieurs
facteurs favorables à sa compétitivité. L'ensemble du
secteur bénéficie notamment d'une bonne organisation logistique.
En effet, la mise à niveau de la Tunisie dans ce domaine a permis la
mise en place de circuits d'approvisionnement suffisamment
développés pour offrir des délais inférieurs
à 48 heures entre la sortie d'usine des produits dans la région
de Tunis et sa mise en wagon au départ du port de Marseille. Par
ailleurs, le pays dispose d'une main d'oeuvre ouvrière
éduquée et disponible, le niveau de management des
ingénieurs est satisfaisant et le coût des salaires réels
demeure faible et stable. Ajoutant à tout cela le climat politique et
macroéconomique stable ainsi qu'un environnement globale favorable aux
affaires.
Une étude comparative de la
compétitivité était élaborée par la FIPA
(Agence de Promotion de l'Investissement Étranger) avec l'assistance
financière de la Commission des Communautés Européennes.
Les données suivantes ont été relevées dans ladite
étude pour confirmer une fois de plus la compétitivité
tunisienne par rapport à ces principaux concurrents dans la branche
câblerie automobile.
Tableau 6 et 7
![](Multinationales-et-Developpement-local-cas-de-cablage-automobile-dans-la-region-de-Sousse8.png)
![](Multinationales-et-Developpement-local-cas-de-cablage-automobile-dans-la-region-de-Sousse9.png)
source : FIPA (Foreign Investment Promotion
Agency)
Donc il paraît justifiable que la Tunisie
devient un pôle international d'attraction des IDE en matière de
câblage automobile. Mais la question la plus évidente qui se pose
maintenant est concernant le développement local parallèle. Donc,
dans quelle mesure ce créneau a contribué au développement
local?
Pour r?pondre ö cette question, on va prendre comme
r?gion d'?tude, la r?gion de Sousse.
Section 2: Les effets des entreprises multinationales sur
le développement local : Le cas de LEONI dans la région de SOUSSE
(Messadine):
Pour montrer les effets des entreprises multinationales
sur le développement local on a choisi la région de Sousse et en
particulier Messadine où se trouve la société
multinationale LEONI . En effet, Sousse est située sur le littoral nord
du Sahel tunisien. Le gouvernorat de Sousse se tend sur un coté
méditerranéen de 75 km .Il est limité par les gouvernorat
de Nabeul au nord,de Zaghouane et de Kairouan à l'Ouest ainsi que le
Mahdia au sud. Sa proximité de la mer lui a permis de
bénéficier d'une température clémente aussi bien
pendant l'été que l'hiver.
En plus de son climat adéquat, le gouvernement de
Sousse se caractérise par un taux élevé d'urbanisation
(80,8%) et une forte densité démographique ainsi qu'une
population active qui s'élève à 172000 personnes dont les
industries manufacturières occupent 29,2% de main d'Ïuvre prenant
la deuxième classe après le service de tourisme qui est de
36,2%11(*) de cette
population.Ensuite, Sousse est le troisième pole universitaire du pays
après ceux de Tunis et du Sfax avec 17 établissements
d'enseignement supérieur avec plus de 34400 étudiants inscrits
dans des disciplines scientifique ,économique, littéraire
,technologique et d'ingénierie
informatique ainsi que la présence de 23 centres
publiques de formation professionnelle et de 108 centres privés d'une
capacité d'accueil globale de 16695 postes11 .Cela montre
l'abondance d'une main d'Ïuvre qualifié .Puis, le gouvernorat de
Sousse possède une infrastructure adéquate composée de
:
-Un aéroport international à
Monastir à 15 km (15mn de route) de Sousse et l'ouverture prochaine du
nouvel aéroport international d'Enfidha (situé à 40 Km de
la ville de Sousse) ce qui permettra un deuxième accès
aérien au gouvernorat .
-Un important port commercial qui favorise le
développement des échanges à l'import et à
l'export.
-Une autoroute Tunis-Sousse-Msaken-Sfax :
Sousse à140 km de Tunis et à 127 km de Sfax.
-Une voie ferrée reliant Sousse aux
principales villes de pays.
-Une ligne de métro léger
desservant toute la région ctière du Sahel.
-5 zones industrielles : Sidi Abdelhamid,
Kalaa Kébira, Enfidha, Bouficha et Candar.
-Un parc technologique est en cours de
réalisation permettant aux entreprises de développer leur
compétitivité internationale.
-Un réseau moderne et diversifié
de télécommunication au diapason des nouvelles technologies de
l'information et de la communication.
-Un réseau bancaire et financier bien
implanté à travers le territoire du gouvernorat avec 88 agences
bancaires.
Cela avait pour conséquence une forte
attractivité des IDE, ce qui a poussé les firmes multinationales
de c%oblage automobile à s'implanter à Sousse. Le nombre
d'extensions ne cesse de cro»tre d'une année à l'autre,
plusieurs grands groupes ont élargi leur présence et ont
multiplié leur unité de production.
Les firmes de c%oblage automobile les plus connues sont
METS et LEONI. Ce sont deux firmes qui ont une forte contribution à
l'exportation et une forte employabilité. En plus elles appartiennent
à un secteur relativement intensif en capital et font partie de la
technopole de Sousse pour leur utilisation de la technologie avancée et
de système de qualité performant.
Pour faire notre étude, on va choisir LEONI
parce qu'elle est considérée comme le doyen de secteur c%oblage
en Tunisie et elle possède le plus grand chiffre d'affaires par rapport
aux autres firmes. En plus LEONI est l'un des leaders mondiaux du c%oblage au
service de nombreux industrie .Puisqu'on a choisi d'étudier l'effet de
la multinationale LEONI sur le développement local tunisien ,il parait
évident de donner une présentation de la société et
de conna»tre l'histoire de l'implantation de cette dernière en
Tunisie .
Présentation
générale :
LTN (LEONI TUNISIE) est une société
multinationale non-résidente totalement exportatrice et de
nationalité allemande. La société-mère LEONISHE
DRAHTWERKER AG possède plusieurs filiales dans déférents
pays du monde à savoir (Allemagne, Inde, Tunisie, Portugal, Afrique de
sud, etc.)
LTN est considérée comme une partie de tout un
groupe appartenant à la société LEONI spécialiste
dans le domaine de c%oblage de différentes sortes de c%oblage ;
automobile , informatique ,électroménager, etc.
LTN est spécialisée dans la fabrication des
faisceaux de c%oble d'interconnexion pour l'industrie automobile de type
MERCEDES-BENZ.
Survol historique:
L'histoire de LEONI a commencé au
16ème siècle lors de l'immigration d'Anthoni Fournier
de Lyon (France) à Nürnberg (Allemagne), ce dernier avait comme
activité de tréfiler les fils en argent. Cette activité
s'est développée suite au développement de l'industrie, et
les étapes que cette industrie a suivie sont les suivantes:
· 1569 : Fabrication des fils en argent par
tréfilage.
· 1917 : Implantation de la nouvelle LEONISCHE
DRAHTWERKE AG.
· 1931 : Production de câble.
· 1956 : Câblage électrique.
· En 1977 : Création du premier site
d'implantation de LEONI en dehors de l'Europe précisément en
Tunisie portant le nom « CDS » abréviation pour
câblerie de Sousse, qui avait comme surface de production 500 m²
avec un effectif de 50 employés. (Lieu : Thrayet Sousse)
La croissance continue en quantité et en
qualité est très significative de sorte que la construction d'une
nouvelle unité de production plus performante était indispensable
tout en tenant compte du moindre détails relatif au domaine de la
production, à l'installation, à la qualité, à la
circulation informatique et à la sécurité.
Ce qui a conduit En 1997 à un
démarrage de la production dans la nouvelle unité (actuelle),
avec une dénomination sociale Leonische Tunisie (LTN) qui est
implantée à Messadine Sousse et qui a comme
activité la confection des faisceaux de câbles pour
l'industrie automobile (MERCEDES). En Mars 2002 une nouvelle unité de
production a été inaugurée. Par la suite il y'a eu une
deuxième extension « LTN2 », qui a été
suivi par une troisième extension en juin 2004 « LNT
3 » et par une quatrième extension en 2006
« LNT4 » dans la même région.
LEONI TUNISIE se consacre, actuellement, au
câblage automobile pour des clients exigeants et prestigieux
Daimler Chrysler AG (Mercedes Classe A, Classe C, Roadster, Mac Larren, Vito
(NCV2)).
Certifiée ISO 9001 dès 1995, l'usine est
soumise régulièrement avec succès à des audits de
Processus de la part de ses clients et a été certifiée
suivant QS 9000 et VDA 6.1 en 1998 et ISO TS16949 en 2003.
Situation actuelle :
La société LEONI TUNISIE n'a pas
cessé de se développer au cours de ces 32 ans d'existence. Son
effectif est multiplié par 118 pour devenir 5903 personnes travaillant
sur une surface de 61000 mètres carrés dont 49500 m2
pour la surface de production et 11500 pour celle de bureaux. Elle a
été désignée «Meilleur site de
l'année2002» au sein du groupe LEONI parmi 23 autres sites
dans le monde entier. Ce résultat, LEONI TUNISIE le doit à ses
méthodes et à son personnel
Son cadre de direction, aujourd'hui totalement
tunisien, met en oeuvre les techniques les plus récentes de la gestion
et de la production a travers le Système de Productivité de
LEONI.
La clé de ce succès ? Toujours plus de
qualité, de productivité, de formation et de motivation!
Tous cela nous montre le poids de cette
société qui a pu changé radicalement la région de
Messadine dans tous les domaines et la pousse vers une évolution
progressive de son industrie, un développement de son économie
et fait améliorer le niveau de vie de ces habitants. Cela nous
emmène à étudier les effets de cette société
sur le développement local régional. Ils sont aussi bien directs
qu'indirects.
P1 : Effets directs :
1) Effet sur l'emploi :
a) Aspect quantitatif :
L'implantation de LEONI TUNISIE à MESSADINE en
1997 a entraîné un flux migratoire à partir d'autres
régions et même des autres pays pour s'installer à
Messadine à la recherche d'emploi dans cette société.
La croissance continue de cette société
en quantité l'a permit d'augmenter son niveau d'emploi qui a
été multiplié par 5,36 dans une période de 12 ans
allant de 1100 employés en 1997 à 5903 en 2009 ce qui montre le
rôle de cette société dans l'absorption de chômage.
Cela peut être observé par les données du tableau suivant
qui montre le développement de personnel entre 1977 et 2009 . Ce tableau
est accompagné par un graphique qui explicite mieux l'évolution
de l'effectif pendant une période de 17 ans.
Tableau 8
1977(« CDS » à Thrayet)
|
30
|
1983
|
200
|
1991
|
400
|
1994
|
430
|
1997(LTN à MESSADINE)
|
1100
|
1999
|
1600
|
2000
|
1700
|
2001
|
2000
|
2002
|
2500
|
2003
|
2942
|
2004
|
3203
|
2005
|
3422
|
2006
|
3538
|
2009
|
5903
|
Graphique 5 : Evolution de l'effectif
![](Multinationales-et-Developpement-local-cas-de-cablage-automobile-dans-la-region-de-Sousse10.png)
Il est à indiquer que l'entreprise a fixé un
objectif d'atteindre les 10000 emplois en 2010.
Le nombre total actuel des employés de LEONI TUNISIE est
repartie comme l'indique le deuxième tableau
Tableau 8 :
Employés directs
|
3831
|
Employés indirects dans la production
|
425
|
Employés indirects administratifs et projets
|
1647
|
Techniciens
|
330
|
Ingénieurs
|
123
|
Administrateurs
|
536
|
Spécialistes
|
392
|
TOTAL
|
5903
|
L'age moyen dans LEONI TUNISIE est de 28 ans .en plus
l'effectif féminin est de 65% supérieur à celui de
masculin qui est de 35%.
b) Aspect qualitatif :
L'augmentation continue de l'effectif de LEONI Tunisie
est accompagnée par une amélioration progressive de la
qualité de la main d'oeuvre. Cela revient à son système
performant de formation, ainsi qu'à la création d'un centre de
formation qui s'est imposée à cause de l'absence de la
qualification dans le domaine de câblage automobile sur le marché
de l'emploi en Tunisie. Ce centre de formation individualisé se trouve
au sein de l'entreprise LTN, disposant d'un groupe de 11 formateurs à
plein temps qui justifient d'une longue expérience technique dans le
domaine de câblage automobile et des vacataires reconnus par leur
compétence dans ce secteur issus des services production ,
qualité,personnel, etc.
Le centre de formation de LTN englobe
différents stades de formation. Ce sont :
La Formation de base
La formation de base concerne uniquement les
collaborateurs directs nouvellement recrutés et / ou ceux qui vont
acquérir et/ou changer la fonction (entre les familles des fonctions).
Cette modalité de formation a pour objectif la préparation du
collaborateur pour qu'il puisse acquérir une ou plusieurs
compétences spécifiques.
La formation
spécifique
La formation spécifique à une ou plusieurs
compétences concerne les collaborateurs directs qui sont appelés
à acquérir une compétence spécifique afin de bien
exécuter leurs tâches. Cette modalité de formation est
documentée par un plan de formation spécifique, elle sera
évaluée et validée par le service formation. La
durée de la formation spécifique est déterminée
dans chaque plan de formation spécifique.
La formation continue
(développement)
La formation continue des collaborateurs directs vise
l'acquisition des nouvelles connaissances professionnelles qui
complètent une ou plusieurs compétences spécifiques
déjà acquises. Elle est généralement liée
à une nouvelle machine ou méthode de travail ou bien une nouvelle
procédure ou instruction. Elle peut être aussi
réalisée dans le cadre de développement des connaissances
générales et culturelles des collaborateurs. La formation
continue ne peut être effectuée que par groupe, le groupe contient
04 collaborateurs au minimum.
La formation recyclage
(entretien)
La formation recyclage est une modalité de
formation qui vise la mise à jour de compétences du collaborateur
direct afin de lui permettre d'améliorer ses performances pour une
adaptation meilleure aux exigences à son poste de travail. Elle est
souvent sous forme d'un rappel de formation qui remédie aux
problèmes de l'oublie de connaissances. La formation recyclage ne peut
être effectuée que par groupe, le groupe contient 04
collaborateurs au minimum. Cette modalité de formation se réalise
sur demande du responsable hiérarchique à l'aide d'un formulaire
spécial.
La formation corrective
La formation corrective est une modalité de
formation d'urgence qui vise la correction d'un ou des problèmes de
compétence constatée suite à une évaluation des
compétences.
Pour mieux éclaircir la formation dans la LTN
il est utile d'illustrer quelques données sur la capacité
prévisionnelle de ce centre, la formation continue, les
spécialités et la durée de la formation :
-La capacité prévisionnelle du centre
est :
Tableau 9 : Formation des nouveaux recrutés
:
(Prévisions pour 5 ans)
Année
|
2005
|
2006
|
2007
|
Nombre stagiaires
|
1080
|
1200
|
1000
|
-Formation continue :
Plus de 10000 participants x Jours/ans de formation en formation
continue
-Les
spécialités :
Tableau 10 : Durée de formation (Formation de
base + spécialité)
Découpage
|
02 mois + 08 mois
|
Pré confection
|
02 mois + 08 mois
|
Montage
|
02 mois + 06 mois
|
Circuits imprimés
|
02 mois + 06 mois
|
Montage Fibres Optiques
|
02 mois + 06 mois
|
Ces différents stades de formation montrent
l'importance de la qualité de la main d'oeuvre dans la LTN qui a une
priorité exigeante, malgré que cette formation coûte trop
cher pour l'entreprise. Cela peut être expliqué par le tableau
suivant qui contient les coûts de la formation externe de LTN entre 2003
et 2008.
Tableau 11 :
Coût de la formation en 2003
|
161 mille Euro
|
Coût de la formation en2004
|
185 mille Euro
|
Coût de la formation en 2005
|
138 mille Euro
|
Coût de la formation en 2006
|
185 mille Euro
|
Coût de la formation en 2007
|
187 mille Euro
|
Budget de formation pour l'année 2008
|
215 mille Euro
|
La formation interne dans la LTN se fait par deux
équipes ; le premier se compose de 29 formateurs à plein
temps et le deuxième comprend deux formateurs par segment sur site.
2) Effet sur les exportations :
Puisque LTN est une entreprise totalement exportatrice
donc la valeur de ses exportation vont êtres considérés
comme synonymes.
La disponibilité d'une main d'oeuvre
qualifiée est le résultat d'un grand effort de formation. Le
soutient de la politique de qualité et l'encouragement vers
l'amélioration continue font naître une relation interne client
fournisseur et par la suite une augmentation continue des exportations
où de chiffre d'affaires (CA) de LTN. La hausse de CA est
proportionnelle à la croissance continue des investissements.
![](Multinationales-et-Developpement-local-cas-de-cablage-automobile-dans-la-region-de-Sousse11.png)
Cela peut être démontré par le graphique
suivant :
Graphique 6 :
On peut remarquer que chaque augmentation de
l'investissement a été suivi par une amélioration de
chiffre d'affaires de l'entreprise d'où l'investissement et le chiffre
d'affaire augmentent presque dans la même proportion. On peut observer
aussi une pique au niveau de la courbe de l'investissement en euro en 1997 et
ça revient principalement à l'augmentation surprenante du capital
consacré à l'investissement depuis le premier démarrage de
LTN à Messadine.
P2 : Effet indirect :
La présence de la multinationale LEONI avec ses
filiales depuis 1997 à Messadine semble avoir engendrée un
changement radical d'une manière indirecte. Cela peut être
observé à travers l'effet d'agglomération et au niveau de
l'infrastructure.
1) Effet
d'agglomération :
La présence de LEONI à Sousse a
été la réponse sur la présence d'une autre
multinationale spécialisée dans le câblage automobile
dénommée METS. Cette dernière a été
crée à Ksibet-Sousse en 1974.
LEONI a joué le rôle d'une
société très attractive qui a attiré d'autres
multinationales dans le secteur de câblage automobile Cela a comme
résultat la présence des autres entreprises comme l'entreprise
KBE qui est née sur la base d'un contrat de coopération avec
l'entreprise allemande LISA DRAXLMAIER (METS) .Cette société
représente l'un des fournisseur de METS qui lui fournit un grand volume
de kilométrage de câble pour l'industrie automobile et elle a
commencé une coopération avec LEONI en 2002 dans la fabrication
de câbles en cuivre qui vont servir par la suite à la fabrication
des faisceaux de câbles finaux. Dans ce même cadre, on peut
mentionner la présence de l'autre fournisseur implanté en Tunisie
plus précisément à Messadine à la proximité
de LEONI qui est la société AAF ELECTRONIQUE SCS
spécialisée dans la fabrication des câbles de transmission
optique.
Le service de qualité utilisée par LEONI
représente sa clé de succès. Ce service est chargé
de garantir la bonne qualité de produit afin de satisfaire les exigences
du client et un coût de production acceptable. En plus ce service est
appuyé par un autre service de contrôle possédant des
moyens de contrôle conformes aux normes internationales. Le service de
qualité est accompagné par un service appelé
« LPS-plus » proposé par la
société-mère « LEONI KITZINGEN »
à fin de pouvoir encore améliorer la production en terme d'
augmentation d'efficience, de minimisation de déchet et de
minimisation des coûts pour faire face à la concurrence
intergroupe dans l'industrie automobile. La performance de LEONI a
été transféré à ses fournisseurs par l'effet
de « contagion épidémique ». L'efficience
ainsi que l'adoption du système de qualité semblent avoir
contribué dans l'acquisition des certifications DIN ISO 9001,VDA
6.1 ;QS9000/VDA respectivement par KBE et AAF.
Cet effet de contagion aurait dû
bénéficier aussi aux entreprises domestiques si elles existaient,
d'où un manque à gagner pour le tissue industriel local.
2) Développement
d'infrastructure12(*) :
L'infrastructure de la région de Messadine ne
cesse de se développer depuis l'arrivé de LTN sur son sol en
1997. Cela peut être démontrer par l'amélioration de la
construction des routes goudronnées et l'entretien des ancien
réseaux routiers. Ces routes sont estimées à 12 km d'une
valeur qui s'élevé à environ 10M de dinars, sans oublier
l'éclairage public qui accompagne toute construction des routes .La
région bénéficie d'un grand espace qui a permit à
LEONI en collaboration avec la municipalité de recréer d'autres
zones industrielles. Ce qui a poussé la région de Messadine de
multiplier ses efforts pour aménager des terrains prêts à
l'usage industriel. C'est ce qui a constitué un élément
d'importance prépondérante pour l'attraction d'autres entreprises
multinationales(à titre d'exemple on peut citer l'entreprise
Française LEONTIEF qui est localisée à 15 mètre de
LEONI , qui a été créé il y'a 7ans et
opérante dans le secteur aéronautique, LIN et SOTIP qui sont deux
entreprises Françaises créés depuis 5 ans travaillants
dans le domaine de soudage) et même des entreprises domestiques(Tel que
la société d'emballage de Sahel dont une partie de chiffre
d'affaires est réalisée grâce à sa
coopération avec LEONI) offrant des services auxiliaires aux entreprises
déjà existantes de tous les besoins primaires et même
secondaire.
En plus l'implantation de LEONI a encouragé la
majorité des habitants de la région de construire des maisons et
surtout des immeubles pour la location (à la simple visite de la ville
de Messadine on a pu observer un réel boom de construction) puisque
l'émigration ne cesse d'augmenter. Tout ce développement a
donné naissance à plusieurs activités d'appui qui ont
conduit à une prospérité économique au niveau de la
région.
Conclusion :
Tous les effets de la multinationalisation ne peuvent
pas êtres démontrés un par un à partir de l'analyse
d'un secteur ou d'une multinationale implantée dans un pays en voie de
développement comme la Tunisie à cause de l'absence des
données suffisantes pour les évaluer. Mais cela n'annule pas la
vérification de la majorité de ces effets qui se
concrétisent sur le sol Tunisien en provoquant un développement
local observé d'une façon assez claire contribuant à
l'augmentation la croissance économique de pays receveur en
améliorant sa qualité de production, sa productivité et
même le niveau de vie des habitants. Les effets sur l'emploi, sur le
chiffre d'affaire ou exportations, sur le développement de
l'infrastructure des pays receveur d'IDE peuvent être suffisantes pour
exploiter à plein la présence des multinationales à
condition que les effets négatifs des IDE (dépendance, effet
d'éviction, exploitation de la main d'oeuvre domestique, etc.) soient
contournés. L'observation et l'étude de comportement des
transnationales en Tunisie permettant de comprendre la clé de leur
succès (le savoir faire, les compétences, les nouvelles
technologies, la qualité, l'efficience, la productivité, la
formation, le contrôle, la motivation, etc.), our le transférer
et l'utiliser massivement dans nos firmes locales afin de préparer le
terrain à un décollage d'une nouvelle génération
d'entreprises tunisiennes prêtes à conquérir le
marché mondial.
Conclusion générale :
La libéralisation
économique et financière a joué beaucoup dans l'explosion
des flux d'IDE à travers le monde. La Tunisie, grâce à ces
atouts tant naturels que construits, a pu tirer une part remarquable de ces
flux. D'où, l'intérêt d'étudier l'impact de
l'implantation des multinationales sur une région spécifique (la
région de Sousse), c'est ce que nous avons essayé de faire dans
cette étude en prenant le cas d'une FMN ;
Au cours de cette étude, nous avons
essayé de recenser les effets le plus significatifs sur le plan
théorique avant de passer à la vérification de ces
mêmes effets appliqués dans le secteur câblage automobile
localisé à la région de Sousse (Messaadine). Faute
d'abondance des données, nous avons pris un nombre restreint des effets
classés en deux catégories (directs et indirects). A la base des
données chiffrées qu'on a pu collecter, nous avons
vérifié sans aucun doute le bienfait positif d'une multinationale
( Leoni AG) sur l'emploi local que ce soit en terme d'absorption de
chômage voire même en terme de contribution à l'accumulation
du capital humain à travers un programme de formation professionnelle
développé. Une chose qui se répercute sur le niveau de vie
des habitants locaux.
Aussi la même étude nous a permis de
vérifier un effet d'attraction d'autres multinationales qui se
répartissent entre fournisseurs et concurrent de l'entreprise objet
d'étude. Ce qu'on appelle « effet
d'agglomération » semble ainsi être une
réalité dans la région.
Mais les effets positifs s'étendent pour
englober l'influence exercée sur l'infrastructure locale. À cause
de son poids et de sa contribution au financement des organismes publics locaux
(mairie, etc.), Leoni a pu exercer un lobbying sur les pouvoirs locaux et
régionaux afin de les inciter à construire des routes et de
mettre en place une panoplie de services nécessaires à Leoni, aux
autres entreprises et à l'amélioration de la qualité de
vie des citoyens de la région.
Tous ces effets, malgré leur importance
relative, ne peuvent pas eux seuls garantir le développement durable de
la région, et par extrapolation la prospérité du pays
entier. De nos jours le moteur de croissance économique est la
technologie, et un IDE à destination PVD ne réalisant pas un
effet de transfert technologique, son impact reste marginal et temporaire. Ce
transfert nécessite une volonté de la part de l'entreprise
émettrice et des préalables existants chez le pays d'accueil. Ce
dernier est appelé à éliminer toutes sortes d'obstacles
aux effets externes des IDE en matière de le transfert technologique en
particulier.
Parmi ces préalables, on peut indiquer ;
l'accumulation d'un stock de capital humain (amélioration de la
qualité de la main d'oeuvre), le comblement de l'écart
technologique, et renforcement du régime commercial dans le sens
à ancrer l'intégration économique mondiale.
C'est vrai que la Tunisie a beaucoup travaillé
et travaille encore sur la constitution d'une réserve de capital humain
à haut niveau, et c'est vrai qu'elle est consciente de l'écart
technologique existant entre elle et l'occident, mais beaucoup reste à
faire dans ce sens. Dans ce cadre s'inscrivent le lancement des plusieurs
technopoles (renforcement de la coopération entre organismes de
recherche et unités de production) dans le pays ainsi que plusieurs
centres de recherches dans différents domaines.
Malgré tous ces efforts fournis dans cette
direction le déterminant prépondérant qui attire les
multinationales sur le territoire tunisien reste l'avantage de coût qui
est un avantage naturel. Cela est un indicateur montrant que le chemin est
encore long pour la Tunisie pour qu'elle puisse bénéficier
à plein des externalités positives des firmes multinationales.
Dans ce contexte, la Tunisie est appelée tout
d'abord à renforcer son avantage comparatif de coût, ensuite
à réviser sa stratégie de promotion pour cibler des
nouveaux investisseurs à caractéristiques
différentes13(*).
Aussi, il est vital de poursuivre la politique adopté en matière
d'amélioration de la qualité de la main d'oeuvre (au niveau
d'enseignement et de formation) tout en mobilisant davantage des fonds.
Un effet de contagion épidémique voit le
jour surtout lors des partenariats (joint-venture, cession de licence, etc.),
d'où le rôle que doit joué le gouvernement tunisien ici est
un rôle de développement de la performance de tissu industriel
tunisien pour le mettre sur au meme niveau que celui de ses homologues
étrangers, les résultats seront de faciliter
l'établissement des partenariats ainsi que l'implantation des firmes
adoptant des stratégies verticales intégrants des fournisseurs
tunisiens.
La Tunisie peut prendre les pays de sud-est asiatique
comme modèle de référence pour tirer avantage de la
multinationalisation croissante des firmes. La stratégie pourrait
être composée des étapes suivantes :
1- Dans un premier temps, ö cause du manque de
devises, ou ö cause d'une balance commerciale d?ficitaire, la Tunisie
impose respectivement le troc ou le contre-achat.
2- Plus tard, la Tunisie peut souhaiter payer des
nouveaux ?quipements avec les produits manufactur?s: c'est l'achat en
retour.
3- Puis, tout en s'assurant que le d?veloppement
?conomique du pays est bel et bien concr?tis?, la Tunisie peut demander (ou le
jeu de la concurrence l'imposera) un transfert de technologie contre l'achat
d'autres biens d'?quipement: c'est l'offset impliquant le transfert de
savoir-faire.
Par ailleurs ce modeste travail de recherche ne
reflète que la situation courante ; les effets constatés au
niveau de secteur câblage automobile sont relatifs au degré de
développement économique actuel de la Tunisie. D'où ces
effets peuvent évoluer d'une manière dynamique en concordance
avec développement du pays. Notre recherche se trouve ainsi
limitée par l'insuffisance des données,liée en grande
partie à un manque d'ouverture des FMN basées en Tunisie. Il est
à mentionner enfin que les résultats de cette recherche ne
peuvent pas êtres extrapolés sur d'autres secteurs
caractérisé par une présence des multinationales en
Tunisie. Chaque secteur présente, en effet, des niveaux de
développement différents ainsi que des caractéristiques
qui lui sont spécifiques.
Bibliographie
Articles
· MAROUANE ALAYA, C.E.D, Université Montesquieu
Bordeaux IV : «Investissement direct étranger et
croissance économique : une estimation à partir d'un
modèle structure pour les pays de la rive sud de la
méditerranée », p.3-19.
· MOUHAMED BEN ABDALLAH et RIDA
MEDDEB : « Interaction entre IDE, capital humain et
croissance dans les pays émergents », p.6-10.
· ADEL BEN YOUSSEF, ANNE PLUNKET et BERTRAND
BELLON : « Les déterminants des alliances
industrielles stratégiques Nord-Sud : Quelques enseignements
tirées des alliances euro méditerranées. », p.
3-15.
· MAURICE CATIN et EL MOUHOUB
MOUHOUD : « Développement économique et
ouverture des pays méditerranés »,
p.8-9.
· MAMADOU CAMARA : « Des liens entre IDE
et inégalités internes dans les PED : une revue critique de
la littérature. », p.12-14. CEPN-UMR 7115, Université
Paris 13.
· LIONEL
FONTAGNE : « L'investissement étranger direct et le
commerce international : sont- ils complémentaires ou
substituables ? »,p.5,14-15. Edition OCDE.
· SARRA GUELLOUZ : « Concordance des
objectifs stratégiques :
développement de long terme et
localisation des entreprises étrangères en
Tunisie »,
p. 2-13.
· FABRICE HATEM : « La filière
automobile dans la région
euro-méditerranéenne », note et étude ANIMA
N° 11 Décembre 2004, p. 46-48, 64, 65 et 68-89.
· ÉRIC JASMIN : « Nouvelle
économie et firmes multinationales, les enjeux théoriques et
analytiques. Le paradigme éclectique. », p. 4-16
· NOOMEN LAHIMER Université Paris Dauphine, centre
de recherche : EURISCO : « Investissements directs
étrangers et développement en Tunisie : Analyse
économétrique à partir du concept du circuit
économique », p.3-5.
· JEAN-BERNARD LAYAN & YANNICK LUNG : «
Attractivité et agglomération de l'industrie automobile au Maroc
et en Tunisie : une analyse comparative » p. 7-10,16 et 17.
· JEAN-BERNARD LAYAN & YANNICK LUNG :
« Les contours toujours imprécis de
l'espace automobile
méditerranéen », p. 12-15
· JEAN-LOUIS MUCCHIELLI :
« Déterminants de la délocalisation et firmes
multinationales » Revue Economique Volume 43, N°4, Juillet 1992.
p. 648-651
· BERENICE PICCIOTTO : «
L'investissement direct vers les nouveaux adhérents d'Europe centrale et
originale : Ce que l'élargissement pourait changer. »
p.19-21. Etudes et recherche n°24.
· FREDERIQUE SCHWALD et SERGE
PERRIN : « Multinationales et développement: le
rôle des politiques nationales. », p.21-38,41-55,61-87.
· SAID TAWFIK & JAMAL
BOUIYOUR : « Interaction entre investissement direct
étranger, productivité et capital humain : Cas des
industries manufacturières marocaines », p.11-14.
Ouvrages
· BERTRABD BELLON ET RIDHA GOUIA :
« IDE et développement industriel
méditerranéen », Janvier 1998, p.59-70, 99-111, 188-199
et 210-213
· JEAN-LUC BRICOUT : « Investissement
international », Janvier 1996, p. 184-191, 71 et 72.
Organismes
· API TUNISIE : « composants
automobile » Table Ronde N°2 le 28 Novembre 2004, p.1-4.
· BUREAU FÉDERAL DU PLAN, décembre
2000 : « Délocalisation, un élément
de la
Dynamique industrielle » p. 4 et
5.
· CAHIER DU CEPI N°1 et N°9 :
« Etude de positionnement stratégique de la branche des
faisceaux de câbles » et « Étude de
positionnement stratégique de la branche des Composants
automobiles »
· MINISTÈRE DE DÉVELOPPEMENT ET DE LA
COOPÉRATION INTERNATIONALE, FIPA TUNISIE : « Composants
automobiles, la mondialisation crée de nouvelles
opportunités », « Étude comparative de
compétitivité par produit ».
· MINISTÈRE DE L'ÉCONOMIE, DES FINANCES ET
DE L'INDUSTRIE ( France) : « L'industrie automobile
française au Maghreb, caractéristiques des marchés et
stratégies des acteurs », document de travail 2005, p.
20-25.
· MINISTÈRE DE L'EMPLOI, DU TRAVAIL ET DE LA
COHÉSION SOCIALE (France) DIRECTION DE L'ANIMATION DE LA RECHERCHE, DES
ÉTUDES ET DES STATISTIQUES : « Déterminants
microéconomiques et sociaux de la délocalisation récente
et à venir », synthèse. p . 4-12
Autres
· COURS ÉCONOMIE INTERNATIONALE
« Chapitre 6 : Théories de
l'Investissement international et de la firme multinationale Dernière
mise à jour le samedi 17 janvier 2009 », p. 4-12, 27-31,
37-46, 52-59, 61-63 et 202-209.
· Ouverture économique et développement,
GDR, Economica, Paris 2001
* 1 par exemple, règle
d'équilibre du commerce extérieur, règle de contenu
local).
* 2 D'une manière
générale, le continent africain attire peu d'IDE et la Tunisie
constitue, avec quelque autre pays, l'exception. D'où
l'intérêt de prendre ce pays comme modèle.
* 3 Cours Relations
économiques internationales (Dr. ABDELHAFIDH Samir : ISGS)
* 4 CPI (corruption perception
index) et BPI (Bribe payers index) : ces sont deux indicateurs de
corruption publiés par Transparency International
* 5 .éclectique car elle
recouvre toutes les formes d'exploitation des marchés étrangers
selon la nature des avantages en présence.
Elle est appelée théorie de Dunning ou
« paradigme » de Dunning qui est en fait réduit
parfois en « paradigme OLI » faisant
référence au trois divisions qui constituent le noyau de cette
théorie ; (O :ownership, se référant aux
avantages spécifiques de l'entreprise) (L : location se
référant aux avantages spécifiques au territoire
d'accueil) et ( I :Internalization advantage)
* 6 ÉRIC JASMIN :
« Nouvelle économie et firmes multinationales, les enjeux
théoriques et analytiques. Le paradigme éclectique. »
* 7 Cours HERELLI Afef
* 8 R. GUIR. M. Grener (1982)
« L'investissement direct et la firme multinationale »
* 9 Dans l'approche d'Arrow, la
connaissance est traitée, dans la théorie de la croissance
endogène soit comme un bien public accumulable dont l'acquisition passe
par l'apprentissage et permet l'augmentation de la productivité de
travail et par conséquent l'extension des possibilités de
production d'une économie.
* 10 les externalités
indirecte des salaires
* 11 Gouvernorat de Sousse
* 12 Toutes les informations
qui suivent ont été recueillies à travers une interview
directe avec le secrétaire général de la mairie de
Messaadine et par une enquête sur terrain (Field work).
* 13 En premier lieu, il
s'agira de firmes qui suivent une stratégie globale ou verticale par
opposition à celles qui restent attachées à une
stratégie multinationale ou horizontale.
En second lieu, l'origine géographique sera plus
diversifiée avec davantage des firmes non européennes ;
nord américaines mais aussi et surtout, des FMN asiatiques.
|