DEUXIEME PARTIE :
LES EFFETS ET LES ENJEUX DE
L'OFFENSIVE POLITICO-DIPLOMATIQUE DU JAPON
Le monde du nouveau siècle ne connaîtra la
stabilité et la prospérité que si les problèmes de
l'Afrique sont résolus. Fort de cette conviction qui fait
désormais partie de ce que nous appelons la
« pharmacopée lexicale » de sa politique africaine,
le Japon s'emploie activement à mobiliser les partenaires de la
communauté internationale pour apporter son appui aux efforts de
l'Afrique confrontée aux défis du développement. Le
développement ne se réduit pas à la simple croissance
économique. Pour être authentique, il doit être
intégral, c'est-à-dire promouvoir tout homme et tout l'homme. Le
développement devient pour reprendre le célèbre aphorisme
du Pape Paul VI (1967 : 22), « le nouveau nom de la
paix ». A la 46ème Assemblée
Générale des Nations Unies en 1991, l'Empire du Soleil-Levant a
appelé à une aide permanente en faveur de l'Afrique à une
période où l'assistance financière aux pays africains a
été éclipsée par une lassitude en matière
d'aide qui a semblé gagner la communauté internationale suite
à la fin de la Guerre Froide.
Depuis lors, la situation dans laquelle évolue le
continent noir a connu l'émergence de nouveaux donateurs. Le commerce et
l'investissement par le secteur privé, indispensables aux initiatives de
l'Afrique pour réduire la pauvreté et parvenir à une
croissance économique autonome, ont eux aussi connu un léger
frémissement. Le Japon dont la gestion fragmentée de l'APD a
souvent été critiquée, a contribué pour sa part
à ce regain d'intérêt avec « une aide qui a eu
sur le développement en Afrique, un impact positif et des
résultats supérieurs à celle d'autres bailleurs de
fonds » (Lancaster, 1999 : 183). L'objectif de cette deuxième
partie est de mettre en lumière les effets et les enjeux qui gravitent
autour de la proactivité nippone sur l'échiquier africain. Nous
entendons éclaircir ces effets en prenant un cas précis pour
mieux nous édifier. Ce point focal est la dynamique
coopérationnelle entre le Japon et un pays d'Afrique que Jean Imbert
(1982 : 3) considère d'ailleurs comme « le centre de
gravité du continent noir », à savoir le Cameroun
(chapitre III). Il s'agira par la suite de décliner les enjeux que
révèle l'entreprise diplomatique de la
« démocratie d'âge mûr de
l'Extrême-Orient » (Hook, Gilson, Hughes and Dobson, 2001) dans
son ambition de reconquérir l'espace international (chapitre IV).
CHAPITRE III :
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