REPUBLIQUE DU CAMEROUN Paix - Travail -
Patrie UNIVERSITE DE YAOUNDE II Faculté des
Sciences Economiques et de Gestion B.P : 1365 Yaoundé
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REPUBLIC OF CAMEROON Peace - Work -
Fatherland THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II Faculty of Economics And
Management PO.BOX:1365 Yaoundé
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NOUVEAU PROGRAMME DE TROISIEME CYCLE INTERUNIVERSITAIRE
(NPTCI) EN
ECONOMIE
DEUXIEME PROMOTION
D'ÉQUILIBRE GÉNÉRAL
CALCULABLES.
LES MODELES
Par
YAYA SAÏDOU
Doctorant, Département d 'Economie Publique,
Programme NPTCI, Université de Yaoundé II-Soa :
Tel : 99
76 87 45/75 29 20 02
Mail : ysaidou83@
yahoo.ca
Sous l'évaluation de Boniface
Mbih.
Agrégé des Facultés des Sciences
Economiques.
Professeur Université Caen France.
2
INTRODUCTION :
Un modèle d'équilibre général
calculable (MEGC) est un modèle de simulation visant à donner une
représentation de l'ensemble des transactions d'une économie de
marché.
Plus précisément, les modèles
d'équilibre général calculables sont des modèles
multisectoriels qui s'inspirent des travaux de Johansen (1960). Ces
modèles font partie des modèles de répartition de type
intégré. Ils simulent l'opération des marchés des
biens et des facteurs et capturent les interactions entre les structures de
production et de l'emploi, les revenus des facteurs de production, la
distribution des revenus aux individus et aux ménages et la structure de
la demande. D'inspiration essentiellement néoclassique, ces
modèles ont évolué et incorporent un certain nombre de
caractéristiques non néoclassiques, par exemple : des
déséquilibres sur le marché du travail, dus à la
rigidité des salaires de certaines catégories de travail, ou
encore l'immobilité du capital entre les secteurs productifs dans le
court terme.
L'objectif de ce travail est de, présenter
brièvement, les MEGC. Pour ce but, l'analyse qui suit est divisée
en deux parties. La première, présente les modèles de
répartition de type intégré en mettant
particulièrement l'accent sur les MEGC. La deuxième partie traite
des étapes de construction et des méthodes de résolution
d'un MEGC.
1. Les modèles de répartition de type
intégré :
Les modèles de répartition de type
intégré ont été développés par les
chercheurs de la Banque Mondiale. Ces modèles cherchent à palier
l'impuissance des modèles macroéconomiques traditionnels à
traiter des questions de répartition des revenus.
Parmi cette famille de modèles qui traite des questions
de répartition des revenus, nous pouvons citer : les modèles de
simulation microéconomiques, les modèles d'équilibre
général calculables et les modèles
macroéconométriques et de répartitions
intégrés. Pour les besoins de ce travail, nous ne
présenterons que les deux premiers types, particulièrement le
deuxième type.
A. les modèles de simulation microéconomiques
:
Il s'agit des modèles d'équilibre partiel. Leur
structure n'incorpore pas les phénomènes
d'interaction entre
les divers secteurs d'activité de l'économie. Le plus souvent,
ils négligent
les effets des politiques économiques et
sociales sur les comportements des agents
économiques. Par exemple, pour évaluer les
effets d'une réforme de la fiscalité sur le bien-être
économique, ces modèles comparent les distributions des revenus
avant et après la réforme, sans prendre en compte les changements
dans les comportements d'épargne, de consommation, d'offre de travail,
etc..., qui peuvent être provoqués par la mise en place d'un
nouveau système fiscal1.
Ces modèles calculent les effets redistributrifs directs
et indirects de premier ordre. Ils présentent donc, un
désavantage d'être partiellement intégré et de
très court terme.
B.les modèles d'équilibre
général calculables :
Les premiers MEGC trouvent leur origine dans les travaux
fondateurs de Johansen (1960), Harberger (1962) et Scarf (1969). Ces
modèles, appliqués pour l'essentiel aux pays
développés, sont issus de la théorie néo-classique
de l'équilibre général et sont qualifiés en cela de
MEGC walrasiens. Cependant, depuis environ une décennie, ces
modèles tendent à s'écarter quelque peu de la
théorie néo-classique afin de parvenir à davantage de
cohérence avec la réalité économique via
l'introduction d'imperfections dans le fonctionnement des marchés
(Shoven and Whalley, 1992).
Il est admis que le premier MEGC appliqué à un
pays en développement (PED) fut celui construit par Adelman et Robinson
(1978) pour la Corée du Sud. Ce modèle se différencie des
MEGC appliqués aux pays développés. En effet, les
hypothèses néo-classiques utilisées jusque là
s'accommodent mal des imperfections dans le fonctionnement des marchés
et du sous emploi observés dans les PED.
Ces MEGC ont été développés pour
l'analyse des politiques économiques. C'est ainsi que par exemple, des
MEGC dynamiques à un secteur sont développés pour
évaluer l'impact d'un choc externe négatif et de politiques
publiques volontaristes sur l'économie (Bourguignon F. et Morrisson C.,
1992). Ou encore, des MEGC développés pour examiner les effets
d'une augmentation des dépenses publiques, d'un accroissement de la
demande pour les exportations, d'une hausse des prix mondiaux et d'une
réduction des barrières douanières, le tout en
considérant diverses règles de bouclage
macroéconomique.
1 Cette technique a été utilisé
dans notre mémoire de DEA intitulé « Ciblage des Pauvres
dans les exonérations Fiscales des biens alimentaires au Cameroun
»
4
2. Exemple de construction et de résolution d'un
MEGC :
La construction d'un MEGC suit essentiellement 7 étapes
: dimensionnement, définition des processus, mise en forme des
données de référence, calibrage, implémentation,
réplication et enfin simulations. Dans ce qui suit, nous
présentons brièvement les principales étapes, en
procédant à certains regroupements qui nous semblent logiques.
A. les étapes de constructions d'un MEGC :
Le point de départ de la construction d'un MEGC est, la
construction d'une matrice de comptabilité sociale (MCS)
associée. Cette dernière, permet de faire le
calibrage du modèle et de déterminer, ainsi de
façon déterministe, les paramètres du modèle
à partir, des données représentant une année de
référence et du niveau des autres variables exogènes
(Shoven et Whalley, op. Cit). La construction d'une MCS constitue donc,
l'essentiel du travail de construction du modèle et, pour cette raison,
nous insisterons un peu plus sur ce point.
Une MCS est un tableau statistique carré qui
représente les flux en valeur (quantités multipliées par
des prix) entre les différents comptes de l'économie, les emplois
étant représentés en ligne, les ressources en colonne :
l'élément d'une case représente donc un flux
monétaire du compte en colonne vers celui en ligne ; le flux physique
éventuellement associé suit quant à lui le chemin inverse,
de la ligne vers la colonne. Les différents comptes
généralement identifiés sont : le compte des
activités, le compte des biens, le compte des facteurs de production (ou
de la valeur ajoutée), le compte des marges commerciales, le compte des
secteurs institutionnels, le compte de capital (investissement et
épargne) et le compte des relations avec l'extérieur
(importations et exportations).
Tableau : structure simplifiée d'une
matrice de comptabilité sociale (MCS)
|
|
Activités
|
Biens
|
Facteurs
|
Institutions
|
Reste du monde
|
Total
|
Activités
|
|
Production en
valeur
|
|
Subventions
|
|
L(1)
|
Biens
|
Consommation intermédiaire
|
|
|
Consommation finale + subventions
|
Exportation (FOB)
|
L(2)
|
Facteurs
|
Valeur ajouté
|
|
|
|
Rémunération des fact. achetés
|
L(3)
|
Institutions
|
Taxes
|
Taxes
|
Rémunération des dotations
|
Transferts
|
Transferts
|
L(4)
|
|
Reste du monde
|
|
Importations (CAF)
|
Rémunération des fact.
|
Transferts
|
|
L(5)
|
|
|
|
Domestique vendus à l'ext.
|
|
|
|
Total
|
C(1)
|
C(2)
|
C(3)
|
C(4)
|
C(5)
|
|
La structure générale d'une MCS
simplifiée est présentée au Tableau ci-dessus. Il y a
équilibre général lorsque chacun des totaux en ligne est
égal à son homologue en colonne. Autrement dit, à
l'équilibre général, on doit avoir simultanément :
C(1)=L(1), C(2)=L(2), ..., C(5)=L(5).
La MCS étant construite, il est possible de
dérouler le modèle et de déterminer l'équilibre sur
l'ensemble des marchés. On effectue ainsi, des simulations à
partir des données de l'économie étudiée.
Pour terminer la construction de notre MEGC, il est important
de préciser un certain nombre de concept utilisé dans ce
processus. Tout d'abord, soulignons que, le dimensionnement
consiste à choisir les niveaux d'agrégations des
différents blocs que constitue le modèle. Les blocs
traditionnellement retenus sont : le marché des biens et services, les
marchés de facteurs, les secteurs institutionnels et le marché
des fonds prêtables. Ensuite, les étapes
d'implémentation et de simulations font recourt
à l'informatique et au calcul numérique utilisant par exemple, le
logiciel GAMS (General Algebraic Modelling System). Enfin, il est important de
noter que, pour assurer la cohérence des différents programmes
d'optimisations des blocs ci-dessus énumérés, on se sert
d'un certain nombre des règles macroéconomiques dites «
de bouclage ». Ces règles ont but, d'assurer
l'équilibre sur l'ensemble des marchés. Le choix de ces
règles définit, les différentes familles de MEGC
rencontrés.
B. les méthodes de résolution d'un MEGC :
Après la spécification des formes fonctionnelles
des différentes équations du modèle, il faut
déterminer les paramètres associés. Cette
détermination peut se faire grâce à deux méthodes.
La première consiste à fixer la valeur recherchée, en
s'appuyant sur la littérature théorique et empirique ; la
seconde, est déduite du modèle et des éléments de
la MCS. Dans cette deuxième méthode, les données de
l'année de référence sont considérées comme
la solution initiale du modèle. Ensuite, on tourne le modèle pour
déterminer la valeur des paramètres manquants et s'assurant que,
les solutions réintroduites dans le modèle, doivent permettent de
retrouver la MCS initiale.
6
Cette dernière méthode, ne permet pas toujours
de trouver une solution (paramètres) unique. Il revient alors au
modélisateur de trancher en se fiant à la sensibilité des
résultats aux valeurs choisies. Il est intéressant de souligner
que, les différentes méthodes s'inspirent du tâtonnement
walrasien, méthode de détermination de l'équilibre
général développée par Walras et
réinterprétée par Arrow et Hahn (197 1)2.
Conclusion :
En permettant de faire une synthèse de l'information
d'une économie, les MEGC permettent d'évaluer l'impact d'un choc,
où d'une politique économique donnée. Ils permettent
également de faire une combinaison optimale de politique
économique, en fonction d'objectifs de répartition
donnée.
Toutefois, le nombre important d'hypothèses que ces
modèles impliquent, le degré de liberté laissé au
modélisateur dans la détermination des paramètres,
constituent quelques limites de ces modèles. C'est qui justifie le fait
que ces MEGC ne peuvent pas être utilisés pour faire des
prévisions.
Références :
Adelman I. et Robinson S. (1978), Income
distribution policy in developing countries: A case study of Korea,
Londres, Oxford University Press.
Bourguignon F. et Morrisson C. (1992),
Ajustement et équité dans les pays en voie de
développement, Centre de développement, Paris, OCDE.
Johansen L. A (1960),
Multi-Sectoral Study of Economie Growth, North-Holland
Publishing Co.
Scarf H.E. (1969), An Example of an
Algorithm for Calculating General Equilibrium Prices, The American
Economic Review.
Shoven J. et Whalley (1992), Applying
General Equilibrium Analysis, Cambridge University Press.
2 Dans leur ouvrage intitulé, « General
Competitive Analysis »