UNIVERSITÉ DE TUNIS
Faculté des Sciences Economiques et de
Gestion
de Tunis
LE REAJUSTEMENT
STRUCTUREL DE L'ECONOMIE ET
SES IMPLICATIONS SUR LA SECURITE
SOCIALE : cas du secteur public
Ezzeddine M'BAREK
Ingénieur chercheur dans
le domaine de la sécurité
sociale
Novembre 1992
SOMMAIRE
I- INTRODUCTION
II- ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE ET DEMOGRAPHIQUE
A- ENVIRONNEMENT DEMOGRAPHIQUE
B- ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL
III- IMPLICATIONS SUR LA SECURITE SOCIALE : Le cas
du
secteur public
A- SITUATION FINANCIERE DES REGIMES
B- IMPLICATIONS DES STRUCTURES
DEMOGRAPHIQUES
C- IMPLICATIONS DES AJUSTEMENTS STRUCTURELS ET
ECONOMIQUES
IV- CONCLUSION
V- BIBLIOGRAPHIE
I-INTRODUCTION
La sécurité sociale en Tunisie et c'est le
cas d'ailleurs de la plupart des pays du monde, occupe une place importante
dans l'économie nationale par ses effets sur la répartition du
revenu, la stabilité de l'emploi, l'état de santé de la
population, la productivité de la main d'oeuvre et d'une manière
générale sur la croissance économique.
De ce fait, il existe des fortes relations et une
interdépendance manifeste entre l'économie nationale et la
sécurité sociale ce qui laisse croire que tout changement au
niveau da la politique économique et sociale et de l'évolution
des structures démographiques de la population affecte à moyen et
long terme cette dernière.
Depuis 1986, la Tunisie appliquait un plan d'ajustement
structurel de son économie. Cette opération se poursuivra tout au
long du VIIIème plan de développement économique et social
(1992-1996) et s'articulera autour de sept axes qui intéresseront en
particulier le devenir de la sécurité sociale à savoir
:
1- Instauration progressive de l'économie du
marché ;
2- Pivatisation et restructuration des entreprises
publiques ;
3- Réforme de la fiscalité ;
4- Liberté des prix au niveau de la production et
de la distribution ;
5- Promotion du secteur privé ;
6- Développement du système
monétaire et financier ;
7- Désengagement de l'Etat des activités
concurrentielles et non stratégiques.
Ces politiques économiques de réajustement
structurel qui ont pour objectifs principaux la relance de la croissance
économique du pays ne peuvent donner les résultats
escomptés qu'à moyen et long terme compte tenu des
mécanismes et des moyens humains et techniques mis en place.
Concernant le secteur public qui est géré
en matière de sécurité sociale par la Caisse Nationale de
Retraite et de Prévoyance Sociale (CNRPS) va connaître aux
lumières des différentes formes de réajustements
structurels et en particulier la privatisation des entreprises publiques et la
promotion du secteur privé en conformité avec l'instauration
progressive de l'économie du marché, des difficultés au
niveau du financement des régimes.
II- ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE ET DEMOGRAPHIQUE
L'environnement économique actuel est le
résultat partiel de l'ajustement structurel qui a commencé en
1986 par contre l'état démographique de la population tunisienne
est le fruit d'une politique de limitation des naissances entamée depuis
une longue date et renforcée corrélativement avec une politique
sanitaire de dimension préventive depuis l'avènement de
l'ère nouvelle.
A- ENVIRONNEMENT DEMOGRAPHIQUE
Le financement de sécurité sociale et
surtout le régime de retraite qui en Tunisie fonctionne suivant le
système de répartition (c'est-à-dire les actifs par leurs
cotisations financent les prestations des retraités inactifs), est
affecté selon l'importance relative de ces derniers par rapport à
la population active occupée.
Malgré que les variables démographiques
varient lentement avec le temps et ses effets ne se manifestent qu'à
long terme, et la population tunisienne est encore jeune, le rapport
démographique (actifs cotisants/pensionnés) se
détériore de plus en plus vite dans le secteur
public.
Cette tendance de vieillissement si elle n'est pas
compensée par une croissance soutenue de l'emploi dans ce secteur, va
influer négativement l'équilibre financier de ce
régime.
années
|
1980
|
1988
|
1989
|
1990
|
1991
|
Actifs/retraités
|
8
|
5,9
|
5,7
|
5,6
|
5,4
|
Source : annuaires statistiques de la CNRPS.
4
2
9
8
7
6
5
3
0
1
1980 1988 1989 1990 1991
évolution du rapport
démographique
années
1- Baisse de la natalité
La politique de l'Etat Tunisien en matière de
limitation des naissances à travers un programme de planning familial
soutenu par l'amélioration du niveau économique et social de la
population et de l'accès de la femme au marché de l'emploi, a
engendré une baisse notable de la natalité comme le montre le
tableau suivant :
années
|
1966
|
1980
|
1986
|
1990
|
Taux brut de natalité pour 1000 habit.
|
45,1
|
35,2
|
31,1
|
25,5
|
Nombre d'enfants par femme
|
7,1
|
5,4
|
4,5
|
3,5
|
Taux d'acct. naturel de la pop.en %
|
3,0
|
2,76
|
2,47
|
1,9
|
source : Institut national de la statistique de
Tunisie.
50
1966 1980 1986 1990
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
Taux brut de natalité pour 1000 habit.
Nombre d'enfants par femme
Taux d'acct. naturel de la pop.en %
3- Baisse de la mortalité
L'amélioration de la couverture sanitaire et du
niveau de vie de la population a introduit une baisse au niveau de la
mortalité ce qui va influencer positivement l'espérance de vie
à la naissance des personnes (l'espérance de vie en Tunisie est
passée de 58 ans en 1980 à 69 ans en 1991).
Cette tendance signifie qu'il y aura de plus en plus une
proportion assez importante de personnes âgées.
années
|
1980
|
1983
|
1986
|
1991
|
Taux brut de mortalité
pour 1000 ha
|
7,6
|
6,9
|
6,4
|
6,0
|
Espérance de vie
|
58
|
62
|
65
|
69
|
40
70
60
50
30
20
10
0
1980 1983 1986 1991
Taux brut de mortalité pour 1000 ha
Espérance de vie
4- Accroissement du nombre de personnes
âgées
Compte tenu de l'amélioration sensible de
l'espérance de vie à la naissance et de la baisse
simultanée de la mortalité et de la natalité, la structure
de la population tunisienne a connu un accroissement soutenu de la part des
personnes âgées, ce qui va se traduire par des charges
supplémentaires en matière de prestations sociales.
années
|
1966
|
1984
|
1984
|
1991
|
Proportion des personnes âgées de 60 ans
et plus en %
|
5,6
|
6,6
|
6,8
|
7,6
|
Source :Institut national de la statistique de
Tunisie.
4
8
6
5
3
2
0
7
1
Proportion des personnes âgées de 60 ans et plus en
%
1966 1984 1987 1991
4- Accroissement de la population en âge
d'activité (15-59 ans)
La population en âge d'activité (15-59 ans)
a connu un accroissement régulier dans le temps comme le montre le
tableau ci-dessous. Cette augmentation est de nature à accroître
le nombre de demandeurs d'emplois mais le nombre de postes d'emplois
effectivement crées va dépendre du niveau de croissance et
d'absorption de l'économie tunisienne.
années
|
1966
|
1989
|
1991
|
Proportion des personnes en age d'activité
en%
|
53,5
|
54,5
|
55,8
|
55,5
54,5
53,5
52,5
56
55
54
53
52
1966 1989 1991
Proportion des personnes en age d'activité en%
B- ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL
Etant donné que la sécurité sociale
se trouve au coeur de l'activité économique, il est tout à
fait naturel qu'elle sera affectée par le changement des
différentes variables économiques comme : l'emploi, la
rémunération, les prix, etc.
Dans une situation de plein emploi et de croissance
accélérée, le financement de la sécurité
sociale ne pose aucun problème par contre en période de crise
cette tache ne sera pas aisée.
1- Accroissement du produit intérieur
brut
L'économie tunisienne a connu durant la
période 1987-1991 une croissance respectable compte tenu d'une
conjoncture internationale défavorable et plusieurs aléas
climatiques intérieurs (sécheresse, inondation).
Durant cette période, la croissance du PIB est
fluctuante avec un taux maximum de 7,6% en 1990 et un taux annuel moyen de
4,3%.
années
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
1990
|
Accroissement du PIB en %
|
6,7
|
0,1
|
3,7
|
7,6
|
3,5
|
Source : Institut national de la statistique de
Tunisie
4
2
8
7
6
5
3
0
1
1987 1988 1989 1990 1990
accroissement du PIB en %
années
2- Taux de chômage élevé
Compte tenu d'un accroissement de la population active
(18-59 ans), de l'ordre de 3,4% par an, le taux de chômage est
actuellement à un niveau assez élevé.
Cette tendance ne fait pas le bonheur de la
sécurité sociale puisque le nombre de cotisants va
connaître en conséquences une baisse assez importante.
années
|
1980
|
1984
|
1989
|
Taux de chômage en %
|
11,4
|
13,1
|
15,3
|
accroissement du taux de chomage en %
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
1980 1984 1989
années
3- Déséquilibre entre l'offre et la demande
d'emploi
Malgré un effort d'investissement
appréciable pour les trois dernières années du
VIIème plan avec un taux d'accroissement annuel moyen de 10,7%, la
demande additionnelle d'emplois se trouve à un niveau supérieur
aux créations avec tout de même une légère
amélioration à la fin du VIIème plan.
|
Demande additionnelle
|
Créations d'emplois
|
Taux de couverture en %
|
IVème plan (1973-1976)
|
198 000
|
164 000
|
82,2
|
Vème plan(1977- 1981)
|
275 000
|
209 000
|
76,0
|
VIème plan (1982-1986)
|
324 000
|
200 000
|
61,7
|
VIIème plan
(1987-1991)
|
300 000
|
204 000
|
68,0
|
Source : VIIème plan de développement,
Tunisie.
4-
350 000
300 000
250 000
200 000
150 000
100 000
50 000
0
IVème plan (1973-1976)
offre et demande d'emplois
Vème plan(1 977- 1981)
VIème plan(1 982- 1986)
VIIème plan(1 987- 1991)
Demande additionnelle Créations d'emplois
Importance relative des secteurs privé et
public
Jusqu'au VIIème plan, le secteur public est
prédominant avec 50,5% de l'effort iotal en investissement.
Cette configuration sera inversée au cours du
VIIIème plan, conformément à l'instauration de
l'économie du marché et de la promotion du secteur
privé.
Les investissements qui seront injectés dans le
secteur privé représentent ainsi 52,3% pour la première
fois.
5- Rémunération et effectif des
salariés dans le secteur public
Globalement, l'évolution des salariés dans
le secteur public est de l'ordre de 7,6% grâce surtout aux augmentations
des années 1990 et 1991.
Si l'effectif des salariés de la fonction publique
ne cesse d'accroître avec un taux annuel moyen de 2,6%, l'effectif des
salariés des entreprises publiques connaît une diminution
légère mais significative, ce qui laisse croire que le programme
d'ajustement structurel et surtout la promotion du secteur privé a
mobilisé plus d'emplois au profit du secteur privé et on assiste
de ce fait à une mobilité de la main d'oeuvre à ce secteur
au détriment du secteur public.
années
|
1986
|
1992
|
Accroissement annuel moyen en %
|
Minimum garanti (régime 48H)
|
105
|
138
|
4,7
|
|
1986
|
1991
|
|
Fonction
|
|
|
|
Publique
*Effectifs en milliers
|
258,6
|
294,0
|
2,6
|
*Salaire annuel
|
|
|
|
moyen en D.
|
3248
|
4677
|
7,6
|
|
1986
|
1991
|
|
Entreprises publiques *Effectifs en milliers
|
99,8
|
92,0
|
-1,6
|
*Salaire annuel
moyen en D.
|
3939
|
5690
|
7,6
|
140
120
100
évolution du minimum garanti
160
80
60
40
20
0
1986 1992
évolution salaire et effectif-fonction
publique-
|
5000 4500 4000 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500 0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
effectif en milliers salaire moyen en D.
|
|
|
1986 1991
6000
5000
4000
évolution effectif et salaire moyen -entreprises
publiques
2000
1000
0
1986 1991
3000
effectif en milliers salaire moyen en D,
6- Dépenses en matière de
santé
L'Etat tunisien fournit depuis longue date une politique
en matière de santé visant à offrir à sa population
en croissance les soins nécessaires.
Ainsi, les dépenses de santé ne cesse de
s'accroître au fil des années. Elles représentent en
moyenne durant le VIIème plan 4,5% du PIB.
D'autre part et en conformité avec l'encouragement
de la médecine de libre pratique et l'élévation sans
précédent du niveau de vie de la population, la consommation
médicale a connu quant à elle une augmentation
notable.
En effet, l'indice spécifique base 100 en 1983
concernant l'entretien, l'hygiène et les soins a atteint la valeur 143,6
en 1989 accusant ainsi un accroissement de 43,6% en l'espace de six
années.
années
|
1969-72
|
1973-76
|
1977-81
|
1982-86
|
1987-90
|
Dépense tot.santé/PIB en %
|
-
|
3,5
|
3,9
|
4,4
|
4,5
|
4,5
2,5
3,5
0,5
1,5
4
2
3
0
1
1973-76 1977-81 1982-86 1987-90
dépense santé/PIB
Malgré l'effort important fourni comparé
aux pays en voie de développement dont le ratio de la dépense
totale de santé par rapport au PIB varie entre 2 et 4% ; ce rapport est
en deçà de celui enregistré dans les pays
développés tels que :France(8,7%), Allemagne(8,2%),
Suède(8,8%), U.S.A(11,8%) .
7- densité médicale
Le personnel médical et paramédical a connu
lui aussi une croissance régulière ce qui a permis une
amélioration notable de la densité médicale en Tunisie qui
a passé d'un médecin pour 2200 habitants en 1986 à un
médecin pour 1800 habitants en 1991.
années
|
1986
|
1991
|
Accroissement annuel moyen en %
|
médecins
|
1350
|
4500
|
5,5
|
pharmaciens
|
1240
|
1538
|
4,4
|
dentistes
|
525
|
898
|
11,3
|
paramédicaux
|
20300
|
23883
|
3,3
|
25000
20000
15000
10000
5000
0
1986 1991
densité médicale
médecins pharmaciens dentistes paramédicaux
III- IMPLICATIONS SUR LA SECURITE SOCIALE : le cas
du
secteur public
A- SITUATION FINANCIERE DES REGIMES GERES PAR LA
CNRPS
1-Activité de la CNRPS
La CNRPS en tant qu'établissement public
gère les régimes de retraite et de prévoyance sociale
depuis 1976 au profit des actifs de la fonction publique et des entreprises
publiques pour les couvrir contre les risques de maladie, d'invalidité,
de vieillesse et de décès.
En 1991, la population couverte se ventile comme suit
:
Catégorie
|
nombre
|
Actifs
|
438237
|
Retraités
|
57393
|
Conjoints survivants
|
23184
|
Orphelins
|
15406
|
TOTAL
|
534220
|
Source : annuaire statistique de la CNRPS.
11%
Actifs
Retraités
Conjoints survivants Orphelins
4% 3%
population couverte en 1991
82%
L'apport de la CNRPS ne se limite pas aux prestations
fournies à ses adhérents mais à d'autres activités
telles que :
a) La contribution aux efforts de l'Etat dans le domaine
de la santé : - forfait alloué au ministère de la
santé publique :6 MD.
- protocole d'accord : 0,455 MD.
Le montant représente 26,4 % des dépenses
du régime de la prévoyance sociale de l'année
1991.
b) Contribution de la CNRPS dans le domaine des
transferts sociaux comme le cas de la participation avec un montant de 246
mille dinars en 1990/1991 aux différentes associations des
handicapés.
c) Contribution de la CNRPS le domaine de l'habitat pour
renforcer la politique de l'Etat en octroyant des prêts pour
l'acquisition d'un logement.
D'autres types de prêts son aussi octroyés
tels que les prêts personnels et les véhicules.
L'enveloppe arrêté annuellement est de 20 MD
répartie comme suit : - prêts logement : 10
MD
- prêts personnel : 6 MD
- prêts véhicule : 4 MD
2- L'équilibre des régimes depuis 1985 a)
Régime des pensions
années
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
Recettes directes en MD
|
78
|
100
|
110
|
124
|
147
|
159
|
Dépenses directes
en MD
|
64
|
82
|
94
|
105
|
127
|
142
|
Solde direct en MD
|
14
|
18
|
16
|
19
|
20
|
17
|
régime des pensions
1985 1986 1987 1988 1989 1990
180
160
140
120
100
80
60
40
20
0
recette dépense solde
Source : annuaire statistique de la CNRPS.
25
20
30
15
10
5
0
1985 1986 1987 1988 1989 1990
régime obligatoire
recette dépense solde
b) Régime obligatoire de prévoyance
sociale
années
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
Recettes directes en MD
|
13
|
16
|
17
|
19
|
23
|
26
|
Dépenses directes
en MD
|
9
|
10
|
12
|
13
|
13
|
22
|
Solde direct en MD
|
4
|
6
|
5
|
6
|
10
|
4
|
Source : annuaire statistique de la CNRPS.
c) Régime facultatif d'assurance
maladie
années
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
Recettes directes en MD
|
0,9
|
1,0
|
1,1
|
2,0
|
3,0
|
3,4
|
Dépenses directes
en MD
|
1,4
|
1,5
|
1,7
|
2,3
|
3,6
|
4,3
|
Solde direct en MD
|
-0,5
|
-0,5
|
-0,6
|
-0,3
|
-0,6
|
-0,9
|
régime facultatif
5
-2
-1
4
2
3
0
1
1985 1986 1987 1988 1989 1990
recette dépense solde
Source : annuaire statistique de la CNRPS.
d) Régime du capital
décès
régime capital décès
10
-4
-2
4
8
6
2
0
1985 1986 1987
1 988
1989 1990
recette dépense solde
années
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
Recettes directes en MD
|
4,7
|
4,9
|
5,0
|
5,3
|
5,6
|
6,5
|
Dépenses directes
en MD
|
3,6
|
5,7
|
6,6
|
8,6
|
3,6
|
8,1
|
Solde direct en MD
|
1,1
|
-0,8
|
-1,4
|
-3,0
|
-0,6
|
-1,6
|
e) Equilibre général des
régimes
années
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
Recettes directes en MD
|
96,4
|
121,9
|
132,5
|
149,9
|
178,4
|
194,4
|
Dépenses directes
en MD
|
78,8
|
99,7
|
114,7
|
127,4
|
151,9
|
177,2
|
Solde direct en MD
|
17,6
|
22,2
|
17,8
|
22 ,5
|
26,5
|
17,2
|
ensemble des régimes
1985 1986 1987 1988 1989 1990
250
200
150
100
50
0
recette Série2
Nous pouvons remarquer à partir de ces
données que globalement les régimes gérés par la
CNRPS sont excédentaires mais ce solde positif qui ne représente
qu'environ 9 % des recettes en 1990, ce qui dénote sa
fragilité
compte tenu surtout de détérioration du
rapport démographique (accroissement de plus en plus rapide des
pensionnés par rapport aux actifs) et du déficit escompté
des régimes du capital décès et de l'assurance maladie
facultative, en plus du taux d'accroissement annuel moyen des dépenses
directes, soit 17,6% cinq années durant contre un taux d'accroissement
de 15% des recettes directes.
B- IMPLICATION DES STRUCTURES DEMOGRAPHIQUES
Au niveau de la sécurité sociale ce qui
importe le plus quant au devenir du financement de ses régimes, c'est
l'état de santé de la population couverte, la croissance de
l'effectif des cotisants et l'évolution du gain de ses
adhérents.
Au niveau de l'effectif des actifs, les deux dimensions
économique et démographique sont liées.
On a vu dans le chapitre sur l'environnement
économique et économique que :
1) Structurellement la proportion des personnes
âgées est de plus en plus importante dans la population
tunisienne.
2) Le nombre d'années de jouissance d'une pension
est de plus en plus important compte tenu d'une espérance de vue
à la naissance plus élevée.
3) Malgré l'accroissement de la population en
âge d'activité, le nombre d'emploi crées dans le secteur
public est actuellement assez faible (taux de chômage de l'ordre 15,3% en
1989).
4) Le secteur privé va connaître une
importance capitale en matière d'investissements durant le VIIème
plan, ce qui va mobiliser davantage les nouveaux emplois crées par la
croissance économique escomptés au détriment bien entendu
du secteur public.
Toutes ses tendances structurelles au niveau
démographiques sont résumées fidèlement par ce
qu'on appelle le rapport démographique (actifes/pensionnés)
:
evolution des assurés sociaux
|
450000 400000 350000 300000
|
|
|
|
|
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|
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|
250000
|
|
actifs pensionnés
|
200000
|
150000 100000 50000 0
|
|
|
1985 1986 1987 1988 1989 1990
années
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
Effectif des actifs (1)
|
349655
|
369042
|
378159
|
387451
|
401772
|
416657
|
Accroissent en %
|
-
|
5,5
|
2,5
|
2,5
|
3,7
|
3,7
|
Effectif des pensionnés(2)
|
48865
|
53452
|
58167
|
61955
|
66320
|
71245
|
Accroissent en %
|
|
|
|
|
|
|
Rapport :(1)/(2)
|
7,16
|
6,90
|
6,50
|
6,25
|
6,06
|
5,85
|
8 7 6
|
|
rapport démographique
|
|
|
|
5 4 3 2 1 0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
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|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1985 1986 1987 1988 1989 1990
|
|
Nous constatons d'après le tableau ci-dessus, que
l'accroissement annuel moyen des actifs, soit 3,5% est relativement faible par
rapport à l'accroissement annuel moyen des pensionnées, soit 7,8%
durant la période 1985-1990.
Cette croissance déséquilibrée des
actifs par rapport aux pensionnés, qui n'est que le résultat
d'une structure démographique donnée et d'un niveau d'absorption
de l'économie tunisienne de demandeurs d'emplois, va influer
négativement sur le rapport démographique qui reflète
l'état de santé du régime de retraite de la
sécurité sociale.
Ce rapport passe en l'espace de cinq ans seulement de 7
cotisants pour un pensionné à 5 cotisants pour un
pensionné.
Cette tendance va influer directement l'équilibre
financier du régime de retraite d'une manière négative. En
effet, cette évolution non proportionnelle des cotisants et des
bénéficiaires en faveur des derniers engendre une augmentation du
niveau des prestations plus importante que les cotisations ce qui va poser un
problème certain au niveau du financement d'un régime basé
sur le système de répartition ce qui est le cas du régime
de retraite géré par la CNRPS.
B- IMPLICATION DES AJUSTEMENTS STRUCTURELS
ECONOMIQUES
Comme on l'a dit auparavant que la sécurité
sociale ne vit pas en dehors de la politique nationale mais il y a en fait
entre les deux une interdépendance étroite qui se manifeste sous
plusieurs formes.
Une croissance économique soutenue qui
génère plus de de postes d'emplois effectifs et plus de gain pour
la population affiliée est bénéfique pour le financement
des régimes de la sécurité sociale.
En effet, pour un système de répartition ce
qui importe le plus c'est l'accroissement plus que proportionnel du nombre de
cotisants par rapport au nombre de pensionnés et ceci ne peut être
réalisé que grâce à une croissance économique
performante.
Dans les pays en voie de développement où
la croissance économique est, soit faible, soit modérée,
mais de courte durée vu les structures encore fragiles, les nombreux
goulots d'étranglements et l'importance de la conjoncture
internationale, la relance de l'économie nationale se fait par des
ajustements structurels.
Mais l'ajustement des structures économiques ne
peut donner ses fruits qu'à moyen et long terme (en moynne 5 à 10
ans).
En Tunisie, le programme d'ajustement structurel
entamé depuis 1986 et qui vise à promouvoir l'environnement
économique ne peut être performant pleinement qu'au cours du
VIIIème plan de développement économique et social, mais
il y a lieu de remarquer que les résultats préliminaires de cette
opération ont commencé à être sentis vers la fin du
VIIème plan.
Néanmoins, l'ajustement structurel en Tunisie a eu
des effets certains sur le financement des régimes dans le secteur
public.
La Tunisie veut compte tenu de la conjoncture
économique internationale, dynamiser le secteur privé et
instaurer progressivement
l'économie du marché ce qui
nécessite la libéralisation des prix et des investissements et
d'encourager l'initiative privée.
Puisque les ressources sont rares, l'Etat pour financer
cette opération coûteuse, va s'occuper uniquement des secteurs
stratégiques tout en restructurant les entreprises publiques dans un but
d'efficience économique.
Cette restructuration qui a pour objectif de privatiser
certaines entreprises en difficultés ou de pratiquer de nouvelles
méthodes de gestion dans d'autres en vue d'augmenter la
productivité.
En effet, les orientations du VIIIème plan,
indiquent que le secteur privé sera prioritaire avec une enveloppe
d'investissement pour la première fois supérieur à celui
consacré au secteur public avec un taux de 52,3%.
Il faut donc s'attendre à ce que le secteur
privé accapare en conséquence des nouveaux postes d'emplois
crées, soit à partir des entreprises privatisées ou
restructurées, soit à partir de l'implantation de nouveaux
projets privés.
Ainsi, le secteur public va perdre son importance
progressivement au profit du secteur privé ce qui réduit en
conséquence le nombre de cotisants et les recettes des
régimes.
Par contre les prestations de l'autre côté
vont augmenter compte tenu du vieillissement de la population affiliée
et d'une espérance de vie plus élevée des personnes
âgées.
Il est donc certain, comme le montre l'évolution
du rapport démographique et l'accroissement plus important des
prestations par rapport aux cotisations, que les régimes de la CNRPS
vont connaître des difficultés au niveau du financement dans un
lendemain très proche.
L'ajustement structurel en Tunisie s'est
accompagné d'une liberté progressive des prix (environ 60% des
produits), ce qui a incité les pouvoirs publics à augmenter les
salaires.
La liberté des prix a pour conséquence :
d'augmenter le coût de la santé par le biais de
l'élévation des prix pharmaceutiques et des actes
médicaux.
Ainsi, le régime de la prévoyance sociale,
qui connaît un déficit structurel au niveau de l'assurance maladie
facultative, va connaître un accroissement de ses dépenses surtout
que le poste pharmacie a un poids prépondérant (environ 50% de la
dépense totale et 70% des dépenses de la longue
maladie).
De plus, l'amélioration de la densité
médicale, de l'infrastructure sanitaire et du niveau de vie de la
population tunisienne, a contribué davantage à l'accroissement de
la consommation médicale.
L'augmentation des salaires a un effet positif pour le
régime de prévoyance puisqu'elle induit une recette
supplémentaire sans avoir un effet sur les dépenses parce que les
prestations de maladie sont octroyées sans conditions sur les
gains.
Par contre pour le régime de retraite, toute
augmentation de salaire a un effet sur les cotisations et sur les prestations
à la fois.
Ce qui importe le plus dans ce cas c'est le rapport
démographique entre actifs et pensionnés et surtout son
évolution dans le temps.
En effet, les augmentations de salaires vont donner droit
dans le futur à une pension plus élevée ce qui exige un
accroissement soutenu de la population des cotisants.
Ainsi, une élévation des salaires ne peut
être bénéfique qu'à très court terme et la
tendance à la baisse du taux démographique ne peut être
compensée que par la fructification des fonds de réserves sur le
marché monétaire axée principalement sur la
libéralisation des taux d'intérêts et la diversification
des produits financiers tels que certificat de dépôt et bons de
trésor, la CNRPS s'adapte actuellement quoique lentement à cette
situation nouvelle.
Les placements effectués dans le passé par
la CNRPS sont exclusivement de nature étatique comme le montre la
situation arrêtée au 31/12/1991 :
Type de placement
|
Montant en MD
|
Proportion en %
|
Bons d'équipement
|
75,7
|
70
|
Emprunt
|
1,8
|
2
|
Bons de trésor
|
30,5
|
28
|
les placements en 1991
28%
2%
70%
Bons d'équipement Emprunt
Bons de trésor
Cette structure montre que le portefeuille des placements
est dominé par les bons d'équipement (70%) dont son rendement est
relativement faible par rapport aux nouveaux produits.
En conformité avec la politique actuelle en
matière de placements, la CNRPS s'oriente progressivement vers les
produits financiers à hauts rendements pour rentabiliser davantage ses
réserves afin d'atteindre un rendement moyen en 1996 de 8% comme le
prévoit le VIIIème plan.
En matière de la promotion du secteur de l'habitat
et compte tenu de la politique nouvelle de l'Etat qui vise à encourager
l'initiative privée et à renforcer l'épargne des
ménages, la CNRPS a décidé en 1988 de ne plus
construire de nouveaux logements pour loyer dont le
rendement s'est avéré faible et a procédé par la
vente de certains cités.
Actuellement, la CNRPS accorde des crédits
logement pour ses affiliés, soit une enveloppe annuelle d'un montant de
10 MD est allouée et avec un taux d'intérêt de
8,25%.
IV- CONCLUSION
Etant donné l'interdépendance entre
l'économie nationale d'un pays et la sécurité sociale, et
l' intérêt particulier et l'importance de cette dernière
quant à l'application des différentes politiques
économiques arrêtées par l'Etat en matière de
santé, d'emplois, d'épargne, d'habitat, d'entraide entre les
générations et de stabilité sociale ; la
sécurité sociale se touve donc au coeur des bouleversements et
des changements tant conjoncturels que structurels des variables
économiques.
L'Etat tunisien par souci d'efficience économique
a choisi le modèle de l'économie du marché sans oublier la
dimension sociale. Ce choix nécessite des changements profonds au niveau
des structures économiques qui ne donne plein rendement qu'après
plusieurs années voire une décennie entière.
L'économie du marché qui s'instaure
progressivement avec la libéralisation des prix et des investissement,
la privatisation des entreprises publiques en difficultés, la promotion
du secteur privé dans tous les domaines et le désengagement de
l'Etat des secteurs concurrentiels, exige des mutations et des transformations
profondes au niveau de l'unité productrice pour qu'elle soit performante
et rentable ; une nouvelle vision du travail, et une nouvelle organisation de
la couverture sociale.
Ainsi, le secteur public va donner place au secteur
privé qui va accaparer une proportion plus importante des actifs ce qui
réduit en conséquence le nombre de cotisants aux régimes
gérés par la CNRPS.
Cet handicap conjugué avec l'accroissement du
nombre des personnes âgées et l'élévation de
l'espérance de vie, influera négativement sur le financement des
régimes.
D'après les indicateurs formulés
précédemment, la CNRPS va connaître dans un avenir
très proche (si toutes choses restant égales par ailleurs)
des
difficultés au niveau de l'équilibre
financier surtout pour le régime de retraite qui occupe une place
prépondérante par rapport aux autres régimes
gérés.
Pour remédier à cette situation, il est
tout à fait naturel de procéder aux ajustements
nécessaires en fonction des changements intervenus au niveau du paysage
économique et social du pays afin de sauvegarder la
pérennité du système, en cherchant de nouveaux taux
d'équilibre.
V- BIBLIOGRAPHIE
1- DELEEK H., L'avenir de la sécurité
sociale en europe, Economica, 1987.
2- LANGAR S., L'influence des facteurs
socio-démographiques sur les dépenses des soins médicaux
des ménages, mémoire de 3ème cycle, INTES,
1992.
3- M'BAREK E., Les effets économiques de la
sécurité sociale :le cas de la Tunisie, mémoire de DEA,
FSEGT, 1990.
4- Les statistiques de la caisse nationale de retraite
et de prévoyance sociale.
5- VIIème et VIIIème plan de
développement économique et social, ministère du
plan,Tunisie.
6- Annuaires statistiques de l'INS, Tunisie.
7- Enquête population-emploi de 1989, INS ,
Tunisie.
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