CONCLUSION ET SUGGESTIONS
Le thème de recherche `' Problématique
de la communication dans la gouvernance locale au Bénin : le cas de
la commune de Savè'' est d'une importance capitale
pour l'essor des communes du Bénin en général, et en
particulier pour la commune d'investigation. En effet, le Bénin est un
pays très jeune en matière de décentralisation. C'est
pourquoi la gouvernance locale récemment engagée ne saurait
être exempte d'insuffisances quand on sait que tout changement requiert
un minimum de temps et d'apprentissage de savoir-faire et de savoir-être
en vue d'une adaptation des différents acteurs. La transition d'une
gestion centralisatrice à un système de décentralisation
efficace et efficiente n'est pas automatique. Il faut prévoir des cas de
résistance liée soit à un déficit d'information,
soit à une difficulté d'adaptation. Et c'est bien ce qui s'est le
plus souvent observé au lendemain de l'élection et de
l'installation des conseillers communaux de la première mandature au
Bénin.
Certes, les limites à la gouvernance locale sont de
plusieurs ordres et multiformes, mais celle qui retient ici notre attention au
regard des objectifs de la décentralisation, c'est bien celle relative
aux rapports liant les autorités locales à leurs
administrés. Cette relation nous paraissait importante à explorer
en ce sens que le développement local reste subordonné à
la participation des populations à la base à la prise des
décisions concernant la vie de leur localité et à leur
responsabilisation.
Ce sujet de recherche qui vise de façon
générale l'amélioration des rapports élus locaux et
citoyens dans la commune de Savè nous a donc permis d'abord de faire un
état des lieux de ces rapports et d'évaluer par la suite la
gouvernance locale dans cette commune en rapport avec la communication.
Au terme des investigations, notre hypothèse de
départ à savoir que ''les obstacles au décollage
socio-économique de Savè, pour la première
expérience de la gouvernance locale au Bénin, sont liés
à un déficit de communication'' est plausible.
L'absence d'implication et de concertation avec les
populations, l'absence de solidarité agissante, l'incivisme des
populations, les querelles sont ce qu'on peut retenir de façon
essentielle et qui complique la cohabitation des populations avec les
élus locaux.
D'un autre côté, on remarque que l'information
et la communication avec les administrés sont déficitaires. Elles
sont presque inexistantes. Les citoyens ne sont pas informés de la
gestion de la commune, ce qui constitue de véritables obstacles à
leur participation à la gouvernance locale, faute de motivation.
S'il est vrai que la participation citoyenne est une
condition essentielle du développement endogène, il n'en demeure
pas moins que la communication est un facteur de participation. Toute
amélioration de qualité de vie et tout progrès doivent
s'appuyer sur la communication pour rendre les populations solidaires et
intégrées dans les actions de croissance. Une politique
authentique de développement doit promouvoir les valeurs de
solidarité, de générosité, de dialogue pour
rapprocher les classes sociales dispersées.
Les résultats auxquels nous sommes parvenus par le
biais de cette étude nous amènent à formuler quelques
suggestions dont la prise en considération permettra à coup
sûr, d'ouvrir de nouveaux horizons pour bâtir non seulement la
commune de Savè, mais aussi toutes les communes du Bénin à
cette ère de décentralisation.
Il s'agit, pour les autorités locales de :
- favoriser l'échange permanent avec leurs
administrés par des moyens modernes et traditionnels de
communication ;
- utiliser les moyens d'information de masse pour une
communication de proximité, pédagogique et civique pour impliquer
et mobiliser les citoyens ;
- faire une sensibilisation permanente des populations sur
l'importance et le fonctionnement d'une collectivité locale
décentralisée ;
- intensifier l'effort d'alphabétisation des
populations rurales pour accroître leur capacité de perception des
messages éducatifs ;
- privilégier la transparence en présentant
clairement à leurs administrés le rôle et les moyens de la
commune pour favoriser la confiance des populations et leur implication dans
les affaires de la cité ;
- éviter d'exclure des groupes sociaux :
travailler avec les représentants des différentes couches tels
que les têtes couronnées, les autorités religieuses, les
chefs de quartiers, de villages et d'autres leaders d'opinions pour relayer
régulièrement l'information ;
- rendre plus opérationnelle la cellule de
communication de la commune ;
- prendre en compte le volet communication dans les
négociations financières auprès des partenaires au
développement ;
- accorder une part suffisante à la communication et
à l'information dans le budget communal ;
- élaborer et mettre en oeuvre un plan de communication
en direction des différents acteurs de développement ;
- explorer les différents espaces sociaux de
communication (marchés, cérémonies, fêtes,...)
en tant que lieux de relais des messages.
L'Etat doit :
- prendre conscience de l'importance de la communication pour
le développement et encourager la communication locale ;
- élaborer une politique de communication pour
faciliter la gouvernance locale ;
- former un personnel spécialisé en
communication pour la participation ;
- mettre en place un cadre juridique et financier permettant
aux collectivités locales d'accéder aux moyens de communication
de masse, aux nouvelles techniques de communication ;
- définir les rapports devant exister entre les
chefferies traditionnelles et religieuses et l'autorité locale par
l'instauration d'une collaboration apaisée par l'organisation des
séances de sensibilisation et d'information sur le rôle et les
missions de chacun dans la gouvernance locale ;
- renforcer la capacité des maires en management et en
leadership.
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