DEDICACES
A
- ma chère mère Séfouratou A. ELETCHO,
toi qui as fait de moi ce que je suis. Avec abnégation, tu as bâti
mon éducation. De ta forte affection, tes conseils, tes peines, tes
inlassables efforts, voici la toute première couronne. Eternelle
reconnaissance à toi maman chérie ;
- mon père Soulé AMADOU pour tous les sacrifices
que tu as consentis, ton ferme engagement pour ma réussite. Tu l'as
toujours dit papa, que notre épanouissement futur reste ton plus grand
souci. Ta détermination a commencé par donner ses fruits. Prends
ce travail comme le tout premier. Toute ma gratitude.
-ma feue grand-mère `'Iya Toïdi''. Comme une
mère, tu m'entourais d'une grande affection et d'un soutien
inébranlable et je te promettais toujours de brillantes réussites
comme récompenses. Mais hélas, tu n'as pas attendu vivre tout
ceci avec moi. Je ne saurais cependant passer sous silence ce moment de
réjouissance duquel tu as été un véritable artisan.
Du fond de mon coeur, je te prie de recevoir ici, par ce travail, l'expression
de ma gratitude. Que la terre te soit légère !
- toutes les collectivités locales
décentralisées en particulier aux élus locaux de la
première mandature qui ont accepté de se jeter à l'eau et
qui ont servi de cobaye pour la mise en oeuvre de la gouvernance locale.
REMERCIEMENTS
L'aboutissement de ce travail est le résultat des
efforts constants et combinés de certaines personnes que nous ne
saurions nous empêcher de remercier.
Vifs et chaleureux remerciements à :
- Monsieur Honorat AGUESSY, Professeur ès
Lettres de Sociologie, Enseignant-chercheur en Développement
Endogène, Expert et Consultant en Démocratie et Gouvernance, ceci
à plus d'un titre : d'abord pour tous les sacrifices que vous ne
cessez de consentir pour l'éveil et l'émergence de l'Afrique en
général et du Bénin en particulier, ensuite pour l'effort
intellectuel requis par ce travail de recherche que vous avez assuré.
Cher professeur, à travers votre personne, le
Bénin, notre patrie commune, dont visiblement vous vous attachez aux
valeurs endogènes, est cité et reconnu aux plus hauts niveaux et,
sans fausse modestie, nous vous en sommes fiers et reconnaissants. Car en
réalité, un peuple n'a de valeur que par sa culture. C'est bien
cette idéologie d'endogénéité, cette vision sociale
du développement qui a toujours servi de sous-bassement à vos
travaux même d'envergure internationale, vos contributions au
décollage socio-économique des peuples africains sous l'emprise
de la pauvreté.
L'encadrement de ce mémoire de maîtrise qui n'a
d'ailleurs souffert d'aucune insuffisance malgré vos multiples
sollicitations, témoigne une fois encore de votre attachement, de votre
engagement très ferme au profit de la conscientisation de la jeunesse
béninoise dont l'avenir reste fortement dépendant du travail bien
fait et surtout de la considération, la bonne gestion de
l'héritage des aînés. Et le peu de temps qu'a duré
notre collaboration qui nous confirme votre rigueur au travail, l'exactitude
et surtout votre large ouverture d'esprit vient nous rapprocher davantage et
lance de nouvelles perspectives d'appui et de collaboration. Car toutes ces
qualités de distinction, ces vertus bien utiles au rayonnement social
dont vous vous souciez de l'héritage et de la conservation nous donnent
envie d'être toujours plus près de vous. Nous vous donnons
l'assurance d'une relève de qualité. Tout le mérite de ce
travail est à vous. Merci infiniment pour ce partage et pour la bonne
ambiance de travail que nous avons connue. Que Dieu vous comble de sa
grâce!
- Monsieur Souaïbou Lompo GOUDA, Enseignant-chercheur,
Maître Assistant en Sociologie du Développement et des
Organisations. A la pluie et au soleil, vous avez accepté de vous
sacrifier tout le long de ce travail de recherches qui n'est, en
réalité, qu'une preuve de votre souci d'encadrement de la
jeunesse. En effet, alors Directeur de l'INJEPS et préoccupé des
questions liées à la jeunesse et du développement local
face à l'absence d'un cadre de formation digne de ce nom, vous avez eu
la clairvoyance d'idée de la création au Bénin du secteur
Sciences et Techniques des Activités Sociales et Educatives pour former
aussi bien des spécialistes en Développement Communautaires, des
Andragogues que des Récréalogues. Cette formation qui
répond bien aux exigences du monde contemporain suscite aujourd'hui
l'admiration de toute la sous région qui s'emploie à partager le
fruit de vos immenses efforts et réflexions surtout avec le processus de
décentralisation en cours dans plusieurs pays en voie de
développement. Au-delà, et mis à part vos riches
enseignements académiques, surtout en matière
d'élaboration de politiques de développement, la collaboration
pour la réalisation de ce travail nous a permis de partager avec vous
certaines de vos vertus et de vos plus grandes expériences que nous vous
promettons de mettre judicieusement à profit. A tout ceci, s'ajoute la
rigueur scientifique dont vous avez fait bénéficier à ce
document à travers lequel transparaît toute votre personne. Soyez
en béni infiniment.
- Monsieur Cyriaque Sessou C. AHODEKON, Professeur Assistant
en Sociolinguistique et Communication, Enseignant à l'INJEPS pour les
nombreuses sollicitations dont vous avez fait l'objet toute la durée de
ce travail. Vos conseils, vos remarques et vos recommandations ont
véritablement contribué non seulement à obtenir une
satisfaction de cette recherche, mais aussi à l'enrichissement de nos
connaissances. Toute la fierté que fait ce travail est à votre
honneur.
- tout le personnel enseignant et administratif de l'INJEPS en
particulier à Monsieur Adam KPENOUKOUDEROU, Chef Service de la
Scolarité pour ses immenses conseils et soutien ;
- Monsieur Léon Bani BIO BIGOU, Enseignant à
l'UAC, Parrain de la 10e promotion de Développement
Communautaire à laquelle nous appartenons. Monsieur le professeur, vous
avez accepté volontiers de vous sacrifier pour nous. Tel un père
de famille, vous vous êtes montré très incisif face aux
contraintes qui ont jalonné notre cursus académique. Sans
arrière-pensée, vous avez non seulement consacré une
importante partie de votre temps à nous prodiguer de sages conseils,
nous assister moralement, mais aussi, vous avez plusieurs fois mis la main
à la poche toujours pour nous sans le faire savoir à personne.
Comme vous avez l'habitude de le dire, votre récompense, la seule chose
que vous attendez de nous en retour, c'est notre réussite pour les
grands défis de développement qui attendent les populations
à la base. Les mots nous manquent pour vous exprimer convenablement
notre gratitude. Prenez simplement ce travail comme signe annonciateur de ce
brillant succès que nous vous avons promis. Merci infiniment et que Dieu
le Tout-puissant vous protège ;
- Monsieur et Madame Christophe OLAYE, Fatouma AYEDOUN
YACOUBOU, élus locaux de la première mandature à
Savè, respectivement Maire de la commune et Chef d'Arrondissement de
Boni qui ont facilité nos investigations en se prêtant à
nos questions et en donnant leur accord pour la réalisation de ces
enquêtes sur leur territoire ;
- Monsieur Alphonse CHABI dit `'DAAGADAAGA'', animateur
à la radio communautaire `'Idadu FM'' pour avoir contribué
à la collecte des informations à Savè en facilitant le
contact avec les sujets et pour les moyens financiers
déployés ;
- nos chers tantes et oncles Mesdames Madinatou KOUDORO,
Hélène ATCHADE, Véronique TAYEWO, Dorcas, Madeleine et
Zacharie AWE ALABI , Mathurin, Evariste et Félix YAMADJAKO, Issaou
ASSOUMA, Fatouma et Toïdi MOUNIROU ALABI. Durant notre formation, votre
soutien a été indéfectible tant sur le plan affectif,
moral, matériel que financier et nous vous sommes bien reconnaissant.
Merci et soyez en tous bénis infiniment !
- nos frères et soeurs Faïssou, Alimatou, Rabiou,
Razack, Waïdi, Mouinatou, Sylvie, Elvire, Mouibatou, Akim et Arafath.
Votre soutien moral, affectif, financier et surtout votre pensée
positive pour nous, ont conduit efficacement à l'accomplissement de
cette oeuvre. Puisse l'éternel instaurer parmi nous une plus grande
cohésion et nous unir davantage. Prenez ce travail comme un
modèle et une source d'inspiration ;
- nos chers cousins et frères Albert DIMON, Djamiyi
IDOHOU, Dieudonné et Jean-Pierre SENI, Moukaïla MOUSSE, Razack,
Firmin et Ismaël ADJE. Votre soutien, vos coups de main ont
été vraiment utiles pour l'entreprise que constitue cette
formation. Merci pour tout ;
- nos camarades de promotion Daniel AHODEGNON, René
MEWATIN, Rogatien DOSSOU, Astrid FLENON et Simon DINGNIGBEDE pour votre
collaboration et votre cohabitation même aux moments les plus difficiles
de notre séjour à l'INJEPS. Vous étiez toujours à
nos côtés aux bons moments. Puisse Dieu nous unir
davantage !
- toute la 10e promotion de Développement
Communautaire pour l'amour, la patience, la solidarité mutuelle qui ont
caractérisé notre vie en commun pour tout le temps qu'a
duré notre formation. Tous et très tôt, nous avons compris
que le seul chemin de la liberté, le seul chemin de la réussite,
c'est la lutte et le travail ; et notre credo, c'est l'excellence au
service du développement à la base. Ce pari est de plus en plus
gagné comme le témoigne notre brillant succès pour cette
formation. Puisse le Tout-puissant nous protège pour que cette
solidarité et cette détermination nous accompagnent dans la vie
active. Merci à toutes et à tous. On ne lâche pas
l'affaire !
- nos chers amis et frères Honorat, Innocent et Yvonne
BIBI, Etienne AKAKPO, Rachidi SANNI, Dominique CHABI, Colombe Arlette AMADJI,
Chakirath YESSOUFOU, Thomas DOSSOUMOU, Harouna YOUSSOUF, Rodrigue OTCHOUN,
Safiath ABDOU, Noèl WOROU, Aminou MAMA, Sylvie ADIMI, Nadège
HOUNDAGNON, Edouard BIAOU et Nestor ATCHADE pour leur soutien, leurs conseils
et surtout leur bonne compagnie. Nous vous devons une fière
chandelle ;
- Mesdames Affoussatou LANIKPEKOUN et Faoussath AMOUSSA
HOUNKPATIN. Les moments aussi bien glorieux que critiques passés
ensemble nous ont permis de découvrir votre sérieux et votre
amabilité. Merci de votre attachement et que Dieu vous accompagne dans
vos projets ;
- Monsieur Sikirou AMADOU en service à la Direction de
la Décentralisation de l'Education et de la Coopération du
Ministère des Enseignements Maternel et Primaire, et Monsieur
Barnabé Adéniran CHABI enseignant à l'école
primaire publique centre de Kilibo pour leurs divers conseils et leur
encadrement ;
- toute la famille N'KOUEI, en particulier à Bernice,
Serge, Nadège, Marius et Emile.
A toutes et à tous, merci et recevez par ici
l'expression de nos sentiments de reconnaissance d'avoir contribué
à notre formation.
Sigles et acronymes
AGT : Administration
Générale et Territoriale
ANCB: Association
Nationale des Communes du
Bénin
BM : Banque
Mondiale
CA: Chef
d'Arrondissement
CIRD: Centre International
de Recherche en Développement
CREAT : Centre
d'Etudes en Aménagement du
Territoire
ENAM, ex ENA : Ecole
Nationale d'Administration et de
Magistrature
FAO : Organisation des
Nations-Unies pour
l'Agriculture et l'Alimentation
FENU: Fonds
d'Equipement des
Nations-Unies
INJEPS: Institut
National de la Jeunesse, de
l'Education Physique et du
Sport
INSAE: Institut
National de la Statistique et de
l'Analyse Economique
MCL: Maison des
Collectivités Locales
MCPD: Ministère
Chargé de la Planification et du
Développement
MD: Mission de
Décentralisation
MDGLAAT: Ministère de
la Décentralisation, de la Gouvernance
Locale, de l'Administration et de
l'Aménagement du Territoire.
MISD : Ministère
de l'Intérieur,
de la Sécurité et de
la Décentralisation
NTIC: Nouvelles
Technologies de l'Information et de la
Communication
ONG: Organisation
Non Gouvernementale
ORTB: Office de
Radiodiffusion et Télévision du
Bénin
PDC: Plan de
Développement Communal
PDM: Partenariat pour le
Développement Municipal
PNDCC: Programme
National de Développement
Conduit par les Communautés
PRODECOM: Programme
d'Appui au Démarrage des
Communes
RGPH: Recensement
Général de la Population et de
l'Habitat
RNDH: Rapport
National sur le Développement
Humain
RNIE: Route
National Inter Etat
STID: Sciences et
Techniques de l'Information et de la
Documentation
UAC, ex UNB:
Université d'Abomey-
Calavi
UNFPA: Organisation des
Nations- Unies pour la
Population
RESUME
Le développement local, pour être réel et
durable, est une oeuvre collective impliquant ainsi les populations à la
base. C'est pourquoi la gouvernance locale induite par la
décentralisation et concrétisée au Bénin par les
élections communales et municipales de décembre 2002 devrait
renforcer l'approche participative afin de dynamiser les communautés
locales. Mais cette première mandature, en dépit de quelques
éclatantes réussites, a enregistré des insuffisances non
moins négligeables en l'occurrence celles relatives à la
participation communautaire. Car cette politique s'est déployée
dans un contexte d'insuffisance de communication entre les différents
acteurs concernés. Que peut le citoyen sans la motivation ? Peut-il
y avoir participation citoyenne sans une action de communication de la part des
gouvernants locaux ? Quels sont d'une part, les types de relations
entretenues par ces responsables et leurs administrés et, d'autre part,
les rapports communication et gouvernance locale ? C'est à ces
importants questionnements que s'est intéressé cette étude
diagnostique dans la commune de Savè. Des informations obtenues, il se
révèle que l'absence de collaboration, d'implication et de
concertation des élus locaux avec les populations n'a pas
facilité la mise en oeuvre des actions de développement.
L'insuffisance de communication et d'information de la part de ces responsables
n'a pas favorisé la participation de la société civile
à la gouvernance locale. Il faudra alors comprendre que la source de
motivation citoyenne, au-delà des réalisations et de
l'efficacité des gouvernants, réside dans un système de
dialogue et d'échanges permanents. Le renforcement du privilège
qu'offre la gouvernance locale par la communication, la mise en place des
structures fonctionnelles de négociation et de décisions
fondées sur les principes de la démocratie locale est une
impérieuse nécessité. Il n'y a pas de développement
local sans la communication. La communication est un facteur important du
développement à la base.
Mots clés : communication - gouvernance
locale - participation - développement local.
SUMMARY
Local development, to be effective and sustainable, must be a
collective effort involving populations at the lower level. So, local
governance introduced in Benin by decentralization and the communal and
municipal elections of December 2002, aims to foster the participative approach
so as to make local communities dynamic. But this first term of management, in
spite of some brilliant successes, has faced many important difficulties such
as citizen participation to the local governance. As matter of fact, this
policy has been implemented with a lack of communication between the different
stakeholders. What could a citizen do without motivation? Can we talk about
community participation without a good communication strategy planned by local
authorities? Moreover, what are on the first hand, the relations populations
have with their authorities and, on the second hand, the link between
communication and local governance? It is on these questions this diagnostic
study focuses in the town of Savè. After the survey, it is revealed that
local development hasn't been made easy because of the lack of collaboration,
involvement and concertation of local governants and populations. The
insufficiency of communication and information didn't allow civil society to
take part to the local governance. It is important to know that the source of
citizen's motivation, apart of achievements and the governants proficiency
stays in dialogue and timeless exchanges. It would be useful to take
communication into account so to perfect governance by creating functional
structures of negotiations and decisions based on the local democracy
principles. There is no local development without communication. Communication
is a great condition of grassroot development.
Key words: communication - local governance -
participation - local development.
SOMMAIRE
Dédicaces................................................................................................i
Remerciements...............................................................................
...........ii
Sigles et
acronymes....................................................................................vii
Résumé....................................................................................................ix
Summary...................................................................................................x
Sommaire.................................................................................................xi
Introduction.............................................................................................1
Chapitre I : Cadre théorique de la
recherche
1.1-Revue de
littérature........................................................................3
1.2- Clarification et généralités sur les
concepts......................................11
1.3- Problématique et
hypothèse..........................................................23
1.4- Modèle
d'analyse........................................................................26
Chapitre II : Aire géographique de la
recherche
2.1- Justification de l'aire
géographique.................................................29
2.2- Présentation de l'aire géographique
de l'étude............................. .30
Chapitre III : Démarche
méthodologique
3.1- Population d'enquête et
d'échantillonnage........................................34
3.2- Outils et techniques de collecte des
données....................................36
3.3- Déroulement des
enquêtes...........................................................37
3.4- Gestion des données et difficultés
rencontrées.................................37
Chapitre IV : Présentation et analyse des
résultats
4.1- Présentation des
résultats..........................................................39
4.2- Analyse des
résultats.................................................................47
4.3-
Perspectives............................................................................58
Conclusion et
suggestions........................................................................64
Bibliographie.............................................................................................67
Annexes
..................................................................................................71
Tables des
matières...................................................................................89
INTRODUCTION
La politique consistant à déléguer des
pouvoirs, des attributions aux autorités sous nationales
(décentralisation) a été popularisée dans les pays
en développement étant donné le souci nouveau
de « bonne gouvernance ». Elle est censée
améliorer les possibilités de participation en élargissant
l'accès aux pouvoirs et aux ressources, à un niveau de
gouvernement plus proche, plus familier, susceptible d'être facilement
influencé par les intéressés. Mais s'il est vrai que la
décentralisation du pouvoir et de l'autorité depuis
l'échelon central jusqu'à l'administration locale importe
beaucoup pour émanciper la population locale, cela ne garantit pas en
soi l'émergence d'une gouvernance locale meilleure en
général et une participation effective de la
société civile aux activités de développement au
niveau communal, en particulier. Car l'expérience acquise dans les pays
en développement montre que rares sont les initiatives de
décentralisation qui sont parvenues à obtenir l'accord
réel des communautés villageoises à une planification plus
efficace , partant de la base. Ce qui fait que la décentralisation a
consisté à renforcer le pouvoir des élites locales et a
aggravé les inégalités spatiales, état de choses
qui a de graves conséquences pour l'action de la réduction de la
pauvreté (PNUD ; 2002).
En effet, la pauvreté pour le PNUD, n'est plus
simplement considérée comme principalement la privation de
ressources matérielles et de revenus. Elle signifie également
l'impuissance, l'impossibilité de s'exprimer, la
vulnérabilité, l'exposition au risque et à la peur,
l'humiliation, l'exclusion sociale.
Le Rapport mondial sur le Développement Humain remarque
en 2003 que « la participation de la population devient le
problème central de notre époque » et au Directeur
Général de la FAO d'ajouter que « la communication
est un élément incontournable de la
participation»1(*).
En effet dans de nombreux cas de projets de
développement communautaire, les populations ont développé
des comportements de résistance plus ou moins directs face à des
interventions qui leur « tombaient dessus » sans que leurs
préoccupations, leurs besoins, leur vision, leur participation et leurs
points de vue aient été sollicités d'une part, sans que
les motivations des acteurs leur aient été clarifiées au
préalable d'autre part. On a pu ainsi établir avec (Balit ;
1988) que la communication est un facteur de développement.
Malgré son rôle déterminant dans
l'efficacité plus ou moins grande des entreprises humaines, en
décalage avec le mouvement général, les
collectivités locales ne donnent pas à la communication toute
l'importance qu'elle mérite. Il est pourtant indéniable qu'une
bonne partie des défaillances observées en matière de
participation des populations aux activités communales résulte
d'une information locale défectueuse et de méthodes de
communication inadaptées. (PDM ; 1992).
Au Bénin, les évaluations de la
décentralisation révèlent, après sa mise en oeuvre,
les mêmes problèmes. L'engagement à la base, selon le
rapport d'évaluation des trois années, reste
mitigé2(*) alors que
la gestion du développement à la base ne saurait se faire avec
des populations à faible conscience citoyenne. La faible capacité
managériale des élus et des cadres communaux, la
méconnaissance des textes de lois sur la décentralisation par les
citoyens, l'incivisme fiscal sont aussi des insuffisances
révélées par le forum sur les cinq années de
gouvernance locale3(*). Ce
qui fait penser à un manque d'information de la part des gouvernants
locaux.
La résolution de la question de l'information
réciproque entre les élus locaux et les citoyens s'avère
donc une nécessité impérieuse pour concrétiser les
voeux de la décentralisation. Car, plus les élus locaux et les
citoyens s'informeront, plus les uns et les autres seront motivés et
participeront aux affaires de leur commune, et mieux les conditions de vie des
populations s'amélioreront.
Ainsi, le thème de recherche intitulé :
« La problématique de la communication dans la
gouvernance locale au Bénin : cas de la commune de
Savè » nous permettra d'analyser et de contribuer
à l'amélioration des rapports entre élus locaux et
citoyens de la commune de Savè.
Spécifiquement, il s'agira pour nous de :
- faire l'état des lieux des relations entre les
responsables locaux et les populations de la commune de Savè ;
- évaluer la gouvernance locale à Savè
en rapport avec la communication ;
- définir des bases d'une politique de communication
qui facilite la gouvernance au niveau local.
Ainsi, le développement de ce sujet s'est
articulé autour de quatre chapitres essentiels :
Le premier chapitre dresse le cadre théorique de
l'étude ; quant au chapitre deuxième, il est consacré
à la présentation de l'aire géographique de la recherche.
Le chapitre trois décrit la méthodologie du travail et enfin au
chapitre quatre, il a été question de la présentation des
résultats des investigations, de leur analyse et de suggestions.
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE
Ce chapitre comporte quatre parties. Afin de dégager la
problématique et l'hypothèse de l'étude, il est fait un
état des lieux des travaux existant sur la question de la gouvernance
locale et la clarification de certains concepts. La dernière partie
concerne le modèle d'analyse du problème que pose la recherche.
1.1- La revue de littérature
? En préparation du rapport sur le
développement dans le monde 2000-2001 et dans le cadre du projet `'la
parole est aux pauvres'', Deepa Narayan et all ont effectué des travaux
qui consistent à recenser et à analyser les besoins ou
aspirations des `'pauvres''. Ce projet vise à faciliter la participation
des populations aux décisions. Il s'agit pour les auteurs d'analyser la
manière dont le pouvoir est géré au niveau local, les
rapports entre les citoyens et les structures officielles de leur
localité, les marchés et la société civile.
Ainsi, à partir d'une enquête, Narayan et all
ont recueilli les points de vue, les confidences et les aspirations de plus de
60.000 hommes et femmes démunis de 60 pays. Fondée sur des
méthodes de recherches participatives et qualitatives, l'étude
présente de manière directe, par la voix même des
populations, la réalité de leur vécu.
De cette étude, il ressort que la corruption, la
fertilité et la brutalité ternissent souvent le prestige des
institutions officielles de l'Etat. Les ONG elles- mêmes n'en sortent pas
sans égratignures. Les populations voudraient qu'elles leur rendent
compte de leurs actions. Beaucoup pensent que les responsables locaux sont en
grande partie responsables du problème. Le pouvoir dont disposent les
élites locales est souvent inversement proportionnel à la mesure
dans laquelle elles sont comptables de leurs actes et de leurs
décisions. Ainsi les populations ont une mauvaise perception de leurs
responsables locaux. Ils sont considérés comme des entités
qui détournent les ressources de l'Etat à leurs propres fins.
Dans la mesure où les fonctionnaires locaux limitent l'accès des
particuliers à l'information et aux ressources, les populations ont du
mal à échapper à la pauvreté. L'une des grandes
conclusions de cette enquête est que les programmes publics ont bien de
meilleures chances d'être couronnés de succès si les
leaders communautaires y participent.
? En 1998 et plus précisément
du 26 au 30 janvier, la première édition des journées de
la Commune Africaine dénommée `'Africité 98''a eu lieu
à Abidjan (Côte d'Ivoire). Cette manifestation qui a réuni
plus d'un millier de participants venant de quarante pays dont trente pays
africains, a permis de discuter de la plupart des problèmes que
rencontrent les municipalités africaines et de faire le point sur les
situations rencontrées dans différents domaines essentiels de
l'action municipale. Des débats informés par des avis d'experts
et d'acteurs et nourris des leçons de l'expérience
régionale et internationale, ont été menés, entre
autres sur les sujets suivants et ce par ateliers :
- les enjeux de la communication locale ;
- les villes solidaires dans un monde solidaire : forum
de la coopération décentralisée ;
- l'entretien, une priorité ;
- la ville africaine, un marché émergeant.
L'atelier sur `'Les enjeux de la communication locale'' a fait
une large place aux échanges entre acteurs locaux et professionnels des
médias sur les enjeux de la communication locale et les
expériences des municipalités dans le domaine de la
communication. L'atelier a discuté de la communication locale au service
des citoyens, du rôle de la communication civique dans la
responsabilisation et la compréhension des solidarités, dans
l'amélioration de la vie quotidienne et dans le fonctionnement des
services publics. L'atelier a discuté aussi de la communication locale
au service de l'image de la cité, de la place de la communication
économique au service de toutes les composantes d'une ville et de son
territoire. L'atelier s'est attaché ensuite à définir les
grandes lignes des politiques de communication locale.
Les débats ont été centrés sur les
deux impératifs des collectivités locales en matière de
communication : le développement de la citoyenneté et d'un
sentiment d'appartenance à la cité, d'une part ; la
promotion d'une image positive de la ville dans un environnement fortement
compétitif, d'autre part. L'atelier a été l'occasion d'une
discussion très animée entre les élus d'un
côté, les journalistes et les professionnels des médias de
l'autre, sur la distinction à établir entre communication et
propagande, écoute et dialogue avec la population et actions de
mobilisation des électeurs. Il a reconnu que la communication est un
échange réciproque destiné à élucider les
enjeux de la gestion municipale et à éclairer le choix de tous
les acteurs concernés. Elle ne doit donc pas être à sens
unique. Pour être un outil de développement, la communication doit
véhiculer une information claire et transparente. Pour plus
d'efficacité la priorité doit être accordée à
la communication de proximité, en ayant recours à tous les moyens
de communication, allant des canaux informels aux moyens les plus modernes.
Au terme des débats, les participants à
l'atelier `'Les enjeux de la communication locale'' ont préconisé
que :
- la communication ne soit pas à elle seule une
politique autonome se substituant aux actes et suppléant en l'absence
de politique ;
- les moyens d'information de masse soient utilisés
pour une communication de proximité, pédagogique et
civique ;
- que l'image promue de la cité soit en accord avec
l'image vécue par la population ou perçue par les partenaires.
? En complément aux travaux de l'atelier
« les enjeux de la communication locale », lors
des premières journées de la commune africaine, NUTSUGAN Kodjo
Mawusi Augustin a étudié « la communication locale
comme moteur de développement de la future commune de
Comé' dans le cadre de son mémoire de fin de premier
cycle en STID à l'ENA. En effet, nous sommes en 1998 donc quatre ans
avant la reforme de l'administration territoriale qui a consacré la
naissance des communes au Bénin. Il s'agit pour l'auteur de permettre
aux populations de la commune de Comé d'être des citoyens
capables d'amorcer le développement endogène de leur
localité. Et ceci, selon lui, n'est possible que si entre
élus et citoyens, il y a un flux permanent et constamment
actualisé d'informations, d'échanges et de communications sur des
sujets relatifs aux habitants de ladite localité et à leur mieux
être. Il s'agit donc pour NUTSUGAN de doter la commune de
Comé de structures viables et pérennes de communication qui
devront intégrer les besoins des citoyens et les médias
traditionnels populaires pour amorcer le développement consensuel,
communautaire et durable de la localité.
? Dans son ouvrage `'La décentralisation entre
risques et espoirs'' publié en 2006, Paul S. DEHOUMON a fait une
analyse du processus de décentralisation déclenché au
Bénin depuis janvier 2003.
Parti de la définition de la décentralisation
qui conçoit les collectivités locales comme des espaces d'un
développement économique et social devant nécessairement
passer par l'esprit d'initiatives, la responsabilité et la maximisation
de l'utilisation des potentialités locales, l'auteur a
débouché sur un des principes chers de la décentralisation
qu'est la participation citoyenne. Pour lui, la participation du citoyen est le
garant d'une démocratie et d'un développement politique et
économique ; développement politique dans le sens de
l'approfondissement de la démocratie à la base et
développement économique dans le sens du renforcement de la
capacité des communautés pour faire face aux problèmes de
développement de manière responsable. Il n'y a donc pas de
démocratie locale si le citoyen à la base ne peut jouir de sa
liberté de pensée et de participation, car le processus de la
décentralisation implique directement le citoyen dans la prise de
décisions et dans les mécanismes de contrôle de ceux qui
ont en charge la gestion des affaires de la cité. Et la non implication
des citoyens de la commune entraînerait la fuite des
responsabilités qui s'inscrivent en ligne droite dans la
décentralisation.
Parlant de la relation très froide entre populations
et administration communale de la première mandature, DEHOUMON a mis en
exergue les causes de cette insuffisance inhérente à la fois aux
élus locaux et aux populations elles-mêmes. Il a fait remarquer
que ni les responsables locaux, ni les populations n'ont été
formés pour la décentralisation avant de suggérer
cependant une permanente sensibilisation du citoyen apparaissant comme un monde
à part, très exigeant qui réclame tant de droits, mais se
souciant très peu de ses devoirs. Il faudra donc le sensibiliser,
l'éduquer, le former pour qu'il ait la « conscience
civique » nécessaire à l'oeuvre de reconstruction des
communes. Tout ceci ne se peut, selon l'auteur, sans résorber le
déficit de communication noté de la part des administrations
locales. En effet, la communication, dans un système de
démocratie locale, est une réorganisation des échanges au
sein de la société dans le sens d'une reconnaissance de
l'individu, considéré non plus comme un spectateur passif au
développement, mais plutôt comme un acteur impliqué et
responsabilisé. Car « lorsque le citoyen n'est pas
impliqué dans la gestion municipale, il vivra deux choses : les
réalisations et des rumeurs et toute initiative qui lui est
étrangère provoque de sa part un rejet, ou, pour le moins, son
indifférence ».C'est pourquoi il faut communiquer le
pourquoi, le comment des choses avant et une décision importante, avoir
des échanges privilégiés avec les groupes socio
professionnels intéressés à l'exécution d'une
mesure ceci par des moyens spécifiques à chaque commune.
? Michel OLOU, dans son mémoire de fin
de quatrième année de Jeunesse Animation en 2001
intitulé « Contribution à la mise en oeuvre
de la décentralisation pour un développement humain durable au
Bénin: cas de la commune de Savè », a
évalué le niveau de sensibilisation des populations sur la
décentralisation dans cette commune. Il a contribué à la
détermination des tendances lourdes susceptibles de bloquer la mise en
oeuvre de la décentralisation dans la commune de Savè.
Les résultats de ses travaux ont permis de constater
que les difficultés à la mise en oeuvre de la
décentralisation sont de deux ordres. Il s'agit d'abord d'une `'fausse
adhésion'' des populations locales. Ces populations manifestent en effet
des aspirations qui ne sont pas toujours compatibles avec la volonté des
dirigeants. Tout se passe comme si la décentralisation n'est que
l'affaire des cadres, des intellectuels et des partis politiques.
L'adhésion des populations est à la fois `'fausse et
paradoxale''. Ainsi, 58,94% des populations ne comprennent pas ce que signifie
la décentralisation. Le taux et les raisons d'adhésion varient
suivant des catégories socio professionnelles. Ce taux est plus
élevé chez les personnes lettrées que chez les personnes
analphabètes. L'auteur souligne que cela témoigne de
l'inadéquation des moyens de communication et des canaux de
sensibilisation utilisés.
La seconde insuffisance révélée par
l'auteur est le refus d'acceptation des taxes qui n'est qu'une
conséquence directe de la première. En effet, les populations
refusent d'accepter les taxes en raison de leur mentalité, la
mentalité d'être assistées héritée de la
colonisation. Elles attendent tout, soit de l'extérieur, soit de l'Etat.
Pour elles, c'est l'Etat qui doit tout faire. Ceci relève de
l'insuffisance de sensibilisation ou du fait que cette sensibilisation est mal
effectuée
. Pour accepter de payer les
taxes, les populations ont besoin de comprendre et de raisonner en termes de
contributions au développement. Cela suppose un contrôle sur la
destination desdites taxes.
Au total, selon OLOU, les problèmes qui risquent de
compromettre la mise en oeuvre de la décentralisation ont pour
noms : analphabétisme, sensibilisation insuffisante, non
adhésion des populations, refus de paiement des impôts. C'est
pourquoi l'auteur suggère une sensibilisation catégorielle en
langue nationale et tout ceci implique une alphabétisation en
français et en langues nationales, l'instruction, l'éducation
pour une prise de conscience civique.
Les institutions internationales ne se sont pas aussi
désintéressées des concepts de communication et de
gouvernance locale. Tel est le cas de la FAO et du PNUD qui ont oeuvré
pour l'appropriation de ces concepts dans le cadre de leurs activités
pour le développement.
? Dans un document intitulé
« la communication pour un développement à
dimension humaine », la FAO (1994) se propose de
développer le concept de communication pour le développement en
l'illustrant par des exemples concrets, et surtout de montrer comment les
méthodes et techniques de communication peuvent servir les objectifs du
développement et quelles dispositions doivent être adoptées
par les décideurs et les planificateurs pour que la communication joue
pleinement son rôle. Ceci permettrait aux populations d'être
suffisamment sûres d'elles-mêmes pour mener à terme de
nouveaux projets, d'avoir accès aux nouveaux savoirs et connaissances
que requièrent ces projets et de surmonter l'obstacle de
l'analphabétisme. La FAO a montré que le rôle de la
communication est décisif pour promouvoir un développement qui
prenne en compte la dimension humaine dans le climat de changement social qui
caractérise la période actuelle. Pour elle, l'évolution du
monde vers plus de démocratie, de décentralisation et
l'introduction de l'économie de marché créent des
conditions favorables pour que les populations deviennent les principaux
acteurs du changement. Pour y parvenir, il est essentiel de susciter leur
participation et leur capacité d'initiative. Elle fait remarquer que la
communication a un rôle central à jouer dans ce domaine, mais que
son potentiel est encore souvent sous-utilisé malgré les
dénominateurs communs importants qui existent entre populations et
communication. Elle suggère donc la planification et la mise en oeuvre
de véritables programmes de communication au service du
développement. C'est pourquoi cette institution a initié nombre
d'ateliers pour promouvoir, à travers la définition de politique
et stratégies, la communication pour le développement ceci, dans
différents pays africains. Tel est le cas, par exemple du Burkina Faso
en 2000 et du Niger en 2002.
? Le Cinquième Forum sur la Gouvernance en Afrique
organisé par le PNUD en 2002 a été essentiellement
consacré à l'analyse de la gouvernance locale dans la perspective
de la réduction de la pauvreté dans le continent. Ce forum a
réuni des dirigeants africains, des donateurs, des représentants
de la société civile africaine et du secteur privé pour
examiner ce sujet considéré comme de grande importance pour
l'avènement d'une bonne gouvernance. En effet, selon le PNUD, plusieurs
programmes de réduction de la pauvreté sont mis en oeuvre dans
les pays africains, mais leur effet semble limité en raison de la
participation très limitée des collectivités locales aux
divers processus qui devraient permettre d'améliorer leur sort. C'est
pourquoi les auteurs définissent la gouvernance locale comme
étant un processus graduel qui devrait élargir les
possibilités de participation en conférant un pouvoir plus grand,
les ressources plus abondantes au niveau d'administration le plus proche, le
plus familier et le plus facilement influencé. Ils montrent que dans un
climat où existe une tradition fragile de participation des citoyens, la
gouvernance locale est une première étape importante si l'on veut
créer des possibilités d'interaction entre les citoyens et
l'Etat. Le forum a aussi remarqué que la décentralisation s'est
le plus souvent arrêtée au niveau des autorités
sous-nationales ou municipales et la notion même est rarement
étendue jusqu'aux institutions locales, celles de la
société civile qui sont pourtant les acteurs réels de la
gouvernance locale. Selon les auteurs, la décentralisation
améliore la gouvernance locale mais les résultats sont encore
mitigés. Ils montrent en outre qu'un système
décentralisé fonctionnel, de gouvernement local revêt une
importance particulière pour un bon épanouissement d'une
société civile rigoureuse et de même, qu'une
société civile puissante est une condition préalable de
tout système de gouvernement authentique, démocratique, dynamique
et décentralisé. Ils concluent que les pays
représentés devraient rechercher un cadre d'action pour
édifier, dans un esprit de participation, sans exclusion,
l'indispensable consensus au sujet des institutions durables à mettre en
place. Ces institutions devront être responsables, transparentes et
attentives aux besoins des citoyens.
? Le rapport national sur le
développement humain (PNUD, 2001) montre que le système politique
et administratif au Bénin se caractérise par une centralisation
extrême. Les différentes expériences de transfert de
pouvoir à la base qui ont été initiées ont
échoué pour des raisons diverses. La Conférence Nationale
des Forces Vives a tracé le cadre d'une réforme profonde de
l'administration territoriale incluant la décentralisation et la
déconcentration. La mise en oeuvre d'une telle réforme devrait
favoriser le développement régional dans le pays. Par ailleurs,
ce rapport stipule que « la décentralisation est une
politique et un mode de gestion qui permet de faire participer les citoyens
à la base à la gestion des affaires locales. Elle est la
nécessaire résultante de la démocratie et de la bonne
gouvernance. La décentralisation est une réponse institutionnelle
à une demande de démocratie de proximité ».
Dans ce cadre, elle a pour enjeux principaux la promotion de la
démocratie à la base et le développement local. Pour qu'il
puisse y avoir effectivement un développement local, le rapport
recommande les mesures ci-après apparaissent indispensables :
- la conception et l'élaboration de programmes de
développement tenant compte des besoins et des préoccupations
réels des populations concernées ;
- la recherche en synergie avec les populations des meilleures
solutions et les moyens appropriés pour promouvoir le
développement local ;
- l'appropriation par les citoyens à la base des moyens
légaux de contrôle de l'action des décideurs politiques.
? Dans le mémoire du séminaire
de Bamako N°43 sur les relations micro-macro décentralisation,
organisations locales et ONG au Mali, la FONDATION POUR LE PROGRES DE
L'HOMME (1993) précise que la crise que
connaît la plupart des pays africains, sous ses aspects politique,
économique ou socio-culturel, s'explique essentiellement par la rupture
entre l'Etat et la société civile. Les raisons de cette
situation sont à rechercher dans la centralisation et la concentration
du pouvoir de décision ; l'absence de volonté et de
structures efficaces de communication, de concertation et d'information entre
le pouvoir et la société civile. Au regard de cette situation, la
décentralisation du pouvoir et la redéfinition du rôle de
l'Etat et de son appareil administratif demeurent de nos jours, plus que
jamais, les facteurs déterminants pour la sortie de l'impasse. Il est
essentiel de détruire le mythe de l'Etat-providence « qui peut
tout régler » mais aussi celui du citoyen sujet assisté
qui attend tout de l'Etat et à qui on ne demande que
l'obéissance.
? TONOUKOUIN, S.C. (2000), dans son mémoire de fin
de cycle ENAM, UAC. , intitulé : « le
rôle de la société civile dans le processus de
décentralisation au Bénin : cas des ONG et des Associations
Locales de Développement », a étudié dans
quelle mesure la société civile à travers les associations
locales de développement peut contribuer à la réussite du
processus de décentralisation.
Parti d'abord de l'analyse de l'administration territoriale
au Bénin, il aboutit à une première conclusion selon
laquelle le mode de gestion administrative en cours au Bénin depuis les
indépendances n'a pas toujours conduit à la réussite des
politiques de développement. La raison principale de cet échec
est la centralisation des pouvoirs de décisions administratives et
financières. A cela s'ajoute la non participation des populations dans
la conception des plans de développement. Il a ensuite mis en exergue le
processus de décentralisation engagé au Bénin depuis la
Conférence des Forces Vives de la Nation. Il pense que «
la décentralisation est le gage d'une authentique démocratie
à la base et d'un développement endogène. En effet, elle
permet la participation des populations à la gestion de leurs propres
affaires et mieux, les responsabilise. C'est un processus en cours et sa
réussite nécessite le concours des acteurs de la
société civile notamment les confessions religieuses, les
chefferies traditionnelles, les ONG et les Associations Locales de
Développement ».
Ces différents travaux ont eu le mérite d'avoir
abordé la question de la participation communautaire aux actions du
développement local et celle de la communication. Cependant, aucun d'eux
n'a mis, de façon spécifique, un accent sur la communication
comme étant un facteur de motivation et de participation pour
prévenir ou gérer les conflits locaux. C'est cette étude
que se propose ce présent travail de recherche.
Mais avant, il faudrait avoir une vue claire sur certains
concepts.
1.2- CLARIFICATION ET GENERALITES SUR LES
CONCEPTS
1.2.1-Gouvernance locale
1.2.1.1- Définition et
différents types
En réalité, il n'existe pas une
définition unique et standard du concept de gouvernance. Ce concept de
gouvernance a été inventé par les institutions de Bretton
Woods dans les années 80 et est aujourd'hui adopté par la
quasi-totalité des milieux institutionnels nationaux et internationaux,
gouvernementaux et non gouvernementaux. C'est une notion controversée.
Le thème de gouvernance est en effet défini et entendu
aujourd'hui de manière très diverse et parfois contradictoire.
Cependant et malgré la multiplicité des applications du mot, il
existe une dynamique commune dans l'usage de ce thème. Chez la plupart
de ceux qui, au sein du secteur public comme au sein du secteur privé,
emploient le thème de gouvernance, celui-ci désigne avant tout un
mouvement de `'décentrement'' de la prise de décisions, avec une
multiplication des lieux et des acteurs impliqués dans cette
décision. Il renvoie à la mise en place de nouveaux modes de
régulation plus souples, fondés sur le partenariat entre
acteurs.
Pour la Banque Mondiale (1999), la gouvernance recouvre
les normes, traditions et institutions à travers lesquelles un pays
exerce son autorité sur le bien commun. La gouvernance recouvre aussi
bien la capacité du gouvernement à gérer efficacement ses
ressources, à mettre en oeuvre des politiques pertinentes, que le
respect des citoyens et de l'Etat pour les institutions, ainsi que l'existence
d'un contrôle démocratique sur les agents chargés de
l'autorité.
La gouvernance telle que définie dans un manuel
publié par Africare (cité par CIRD 2004), est l'exercice des
pouvoirs économique, politique et administratif dans le but de
gérer les affaires publiques du pays à tous les niveaux. En
d'autres termes, elle est la manière dont la société
s'organise pour prendre des décisions engageant toute la
collectivité, résoudre les problèmes communs, mobiliser,
allouer et gérer les ressources communes, trancher les différends
qui surgissent.
Selon le CIRD , la gouvernance est un ensemble de
valeurs, d'orientations et d'institutions qui permettent à une
société de gérer ses processus économiques,
politiques et sociaux à tous les niveaux grâce à
l'interaction entre le gouvernement, la société civile et le
secteur privé. C'est un moyen qui permet à la
société d'aboutir à une entente, à un accord et
à une action mutuels. La gouvernance regroupe les mécanismes et
processus qui font que les citoyens et les groupes comprennent leurs
intérêts, oublient leurs différences et peuvent exercer
leurs droits et obligations légaux.
De manière constante, trois éléments
sont à retrouver dans la définition du mot gouvernance:
- la gouvernance est définie comme l'exercice du
pouvoir ou de l'autorité dans un pays ;
- l'exercice du pouvoir ou de l'autorité sous entend
l'ensemble des règles, procédures, institutions et
mécanismes mis en place pour règlementer la manière dont
ce pouvoir ou cette autorité est exercée ;
- et enfin la possibilité offerte ou non par
l'ensemble de ces règles, procédures, institutions et
mécanismes aux citoyens d'exprimer leurs intérêts,
d'exercer leurs droits et de participer au processus de prise de
décisions et à l'exercice du pouvoir.
On distingue, selon Wikipédia (2007), deux grands
types de gouvernance : la gouvernance d'entreprise pour le secteur
privé et la gouvernance politique pour la pensée politique et
administrative. En gouvernance politique on parle de gouvernance mondiale ou
globale, de gouvernance locale ou gouvernance régionale en fonction des
échelles de gouvernance abordées.
La gouvernance concerne en particulier les
sociétés par actions où les actionnaires ne doivent pas
être simplement des pompes à apporter de l'agent, les
institutions publiques telles que l'Etat, les collectivités locales,
pour le respect des citoyens. Elle concerne également les organismes
sociaux pour le respect des cotisants et bénéficiaires et les
associations pour le respect des membres.
Dans le cadre de l'administration territoriale, la gouvernance
appelle la `'décentralisation qui est le processus par lequel l'Etat
transfère certains de ses pouvoirs et de ses prérogatives
à des collectivités territoriales autonomes''.
La gouvernance locale apparaît donc comme
« un sous produit de la gouvernance politique et de la
gouvernance administrative. Elle indique la manière dont la politique
est menée et dont le pouvoir est exercé au niveau local. Elle
prend en compte plusieurs aspects de la vie politique et administrative tels
que les institutions à la base et leur fonctionnement, les
autorités locales, leurs modes d'acquisition du pouvoir (nomination ou
élection), les relations entre les autorités locales et les
différents acteurs locaux et nationaux » (RNDH
Bénin 2000). Selon le PNUD (2007), elle est généralement
comprise comme la démocratisation des processus de décisions
pour la gestion d'un territoire. Elle implique l'exercice de leurs
responsabilités par l'Etat et les collectivités territoriales
quand elles existent, et la participation des populations, des ONG et des
organisations de base au processus de prise de décisions. Elle doit
contribuer de façon significative à la décentralisation
démocratique, à la réduction de la pauvreté et
à la gestion durable des ressources naturelles locales.
Au total, la gouvernance locale doit être perçue,
selon le PNUD (2007), comme « un processus permettant
aux élus locaux de bien gérer les affaires publiques suivant les
dispositions juridiques en vigueur et avec une certaine transparence et
visibilité. De plus cette gouvernance suppose que les élus
responsables de la commune doivent tout mettre en oeuvre pour la promotion de
l'économie locale et un épanouissement de la vie
communale ».
Au niveau local tout comme au niveau national, on distingue
plusieurs types de gouvernance.
Pour le CIRD, il existe quatre niveaux de gouvernance à
l'échelle locale : politique, administratif, économique
budgétaire et financier.
La gouvernance politique locale explique le processus de prise
de décisions dans l'exercice d'une gestion démocratique
locale ; quant à la gouvernance administrative locale, elle
explique la communication locale, la gestion des services publics locaux, la
gestion de l'état civil, la gestion des ressources humaines et la
tutelle administrative alors que la gouvernance économique locale
apporte un éclairage sur quelques démarches en matière de
mobilisation des ressources internes et externes au niveau local, en
matière de gestion du patrimoine foncier communal. Enfin la gouvernance
budgétaire et financière locale explique les procédures de
présentation du budget de la commune, l'exécution et le
contrôle du budget communal.
Dans le langage courant, on parle de bonne gouvernance, de mal
ou mauvaise gouvernance selon que l'institution concernée est
gérée suivant les règles de l'art ou non. Certains
indicateurs permettent d'évaluer cette gouvernance locale.
1.2.1.2- Indicateurs de bonne gouvernance
locale
La bonne gouvernance locale est l'ensemble des bonnes
pratiques de gestion des affaires publiques locales s'inscrivant dans le strict
respect des règles et procédures en vigueur et dans
l'intérêt supérieur des usagers des services publics
locaux. La concrétisation d'une telle gouvernance démocratique au
niveau local implique l'adoption et la mise en oeuvre de règles,
procédures, institutions et mécanismes permettant aux citoyens
d'exprimer leurs intérêts, d'exercer leurs droits et de participer
au développement de leur localité (CIRD, 2004). Pour la Banque
Mondiale, la notion de bonne gouvernance est
« caractérisée par un processus de formulation de
politiques organisé, ouvert et éclairé ; une
administration imprégnée d'éthique professionnelle
agissant pour le bien public ; la règle du droit, des processus
transparents et une Société Civile participant aux affaires
publiques ». Bien qu'il y ait plusieurs définitions,
certaines dimensions essentielles de la bonne gouvernance sont l'objet d'un
consensus généralisé :
*la participation d'individus, organisés ou
non (ou d'acteurs locaux disposant des moyens d'actions) dans le processus
décisionnel local concernant le secteur public (cela inclut le
partenariat avec tous les acteurs locaux) ;
*la transparence ou partage de l'information,
impliquant un comportement ouvert des procédures de décisions
prises ;
*l'efficacité des autorités locales
dans la réalisation des objectifs de développement en faveur des
pauvres ou la gestion des ressources publiques ;
*l'équité ou le traitement
égal et impartial de cas similaires de la part des autorités
locales ;
*l'obligation redditionnelle des élus et des
fonctionnaires : elle est « verticale » lorsque les
élus font entendre les intérêts et les priorités de
leurs électeurs et tiennent informés ces derniers des affaires
concernant les collectivités territoriales ; elle est
«horizontale » lorsque les fonctionnaires locaux s'efforcent
d'appliquer les priorités et les plans préparés par les
élus locaux, qu'ils maintiendront informés ( les fonctionnaires
pouvant être sanctionnés par les élus, s'ils n'exercent pas
correctement leurs responsabilités) ;
*la sensibilité à la dimension `genre'
dans la gouvernance a pour objectif d'accroître la participation des
femmes en politique. Cela signifie également renforcer la prise de
conscience de la dimension `genre' et les capacités des décideurs
politiques et des fonctionnaires, hommes et femmes ; fournir des services
répondant aux besoins spécifiques et aux intérêts
des femmes et des hommes des communautés qui nécessitent plus
particulièrement un développement économique, une
planification du développement et une affectation des ressources
intégrant la dimension `' genre'' et susciter une prise de conscience de
l'importance des droits des femmes.
Une « mauvaise gouvernance », selon la
Banque Mondiale (2001), est quant à elle, caractérisée par
des décisions arbitraires, des administrations qui ne répondent
de rien, un système judiciaire inexistant ou injuste, l'abus du pouvoir
exécutif, une Société Civile désengagée de
la vie publique et une corruption généralisée. Elle est
de façon générale caractérisée,
d'après le CIRD (2004), par :
- les attitudes des
fonctionnaires municipaux souvent caractérisées par
l'arbitraire ;
-le manque de transparence dans la gestion de l'information
relative à la collectivité locale ;
-l' absence d'un système de promotion
des ressources humaines basées sur le mérite ;
-la non participation des usagers au
contrôle de la qualité des services municipaux ;
- les procédures administratives
bureaucratiques ;
- la non participation des fonctionnaires
aux décisions qui concernent la collectivité locale ;
- le manque ou
l'insuffisance de procédures de reddition de comptes. (CIRD, 2004).
La bonne gouvernance est la condition sine qua non
à un développement économique durable,
caractérisé par l'équité et la justice sociale.
Atteindre les objectifs de la bonne gouvernance requiert la participation
active et l'engagement de toutes les sphères de la
société, un plus grand partage de l'information, la
responsabilisation des personnes, la transparence, l'égalité,
l'intégrité et l'état de droit.
1.2.2- La participation
On entend par participation, la capacité d'une
personne à prendre part à une décision, à son
exécution et à la jouissance de ses résultats. La
participation fait donc partie des mécanismes de partage du pouvoir,
compris comme la capacité de divers intérêts à
atteindre ce qu'ils veulent. Pour DOSSOU (2000), elle est l'intervention du
citoyen dans la prise des décisions communales et aussi son apport au
processus de développement de sa commune. Or le pouvoir dépend
essentiellement du contrôle de l'information et des moyens, ainsi que la
confiance en soi et le savoir-faire individuel.
Cela signifie que pour promouvoir la participation, il faut
surtout ouvrir l'accès et le contrôle de l'information et des
ressources, notamment financières, tout en renforçant, là
où cela parait nécessaire, les capacités et la confiance
en soi.
La participation peut connaître divers
degrés :
* La transparence
Les instances qui détiennent le pouvoir se limitent
à informer et rendre compte des décisions prises, de leur
processus et de leurs résultats. C'est le degré le plus faible de
la participation. Les populations ne peuvent guère influencer les
décisions, contribuer à l'exécution et ou profiter des
résultats.
*La consultation
L'instance de pouvoir demande l'avis des personnes
concernées et tient compte de leur réaction. La participation
reste faible surtout pour ce qui est de l'exécution et des
résultats.
*La concertation
Diverses instances de pouvoir échangent leurs avis
(sur un pied d'égalité et prennent ensemble des
décisions). La participation est plus importante, mais ne dépasse
guère le domaine de la prise de décision.
*L'implication
Instauration d'une dynamique participative
généralisée, au quotidien, pilotée par la
collectivité locale, plus qu'une offre de participation ponctuelle
proposée par une institution autour d'une problématique
précise.
*La collaboration
En plus de la concertation au niveau de la décision,
les instances se partagent également le travail. Une conception
collective du projet s'établit dès le départ entre divers
acteurs du territoire. Les pouvoirs publics acceptent d'entrer dans une
dynamique commune de réflexion et de choix d'orientations
partagées avec d'autres acteurs. Il ne s'agit plus de participer
à la conception de projets ou à la décision à leur
propos, mais bien de participer à leur mise en oeuvre concrète.
C'est un niveau de participation plus élevé.
*Le soutien
L'intervention ne se fait plus que sous la forme d'un appui
(contributions, conseils, aides, etc.) à une initiative qui appartient
à d'autres. La participation des personnes concernées est
maximale.
1.2.3- Développement local
Selon le guide pour la planification du développement
local élaboré par le MISD en 2003, le développement local
se rapporte à un espace géographique plus élargi que
l'approche communautaire de développement. C'est un processus
concerté et planifié d'enrichissement économique, social
et culturel d'une localité donnée. Cet enrichissement est
directement lié à la création de richesse dans ladite
localité, à la gestion de cette richesse et à sa
répartition entre tous les acteurs de cette localité. Il s'agira
aussi bien de richesse financière et économique que de richesse
sociale et culturelle. Cette vision du développement local signifie
d'une part que les besoins fondamentaux des habitants de la localité
soient satisfaits, d'autre part que ce bien-être puisse
s'améliorer et préparer un environnement de plus en plus propice
à l'épanouissement des habitants et de leur descendance. Le
développement local « est une démarche
solidaire basée sur la complémentarité et les synergies
entre les zones géographiques d'un même Etat. Il s'inscrit dans un
cadre de développement global. C'est un processus dynamique qui mobilise
les acteurs d'une localité autour d'un projet commun de valorisation des
ressources du territoire en vue de la satisfaction des besoins des populations
concernées ».
Le développement local est donc une forme
alternative de développement qui consiste à rechercher localement
et avec le concours des populations, l'amélioration significative de
leur situation. Cette démarche passe par un sentiment d'appartenance au
territoire et l'émergence d'une dynamique collective démontrant
la capacité d'un groupe à identifier ses ressources et à
prendre en main son destin. C'est le résultat des initiatives d'une
communauté qui cherche ainsi à développer de nouvelles
pratiques pour améliorer son quotidien et ses perspectives d'avenir.
(RNDH, Bénin 2000).
1.2.4 Communication
Communiquer, c'est faire savoir quelque chose à
quelqu'un, faire passer quelque chose à quelqu'un, pour qu'il en prenne
connaissance. C'est aussi faire partager à quelqu'un, un sentiment, un
état, un savoir, une qualité. La communication est donc l'action
d'établir une relation avec quelqu'un ; échange verbal,
gestuel ou écrit entre deux personnes.
La communication, selon Van den Ban et all (1994) est la
possibilité pour un indi-
vidu ou un groupe d'émettre ou de recevoir des
informations d'un autre individu ou d'un groupe. C'est la relation inter
humaine par laquelle des interlocuteurs peuvent se comprendre et se faire
comprendre, ou s'influencer l'un l'autre.
La communication est un processus dynamique au cours duquel
un émetteur et un récepteur échangent et partagent des
informations, des idées, des opinions, des sentiments ou des
réactions. Elle peut se faire au niveau de l'une des sphères
suivantes :
· personne à personne (deux personnes en
interaction) ou groupe (une ou plusieurs personnes s'adressent à un
groupe) :c'est la communication interpersonnelle ;
· organisation (dans un cadre institutionnel) :
l'émetteur peut représenter l'institution du fait de sa
fonction : c'est la communication institutionnelle ;
· masse (les récepteurs constituent un ensemble
disparate et dispersé) :C'est la communication de masse.
Le processus de communication implique :
- des participants (émetteur/ récepteur), chacun
avec ses motivations et ses capacités ;
- des messages : séquences de signes
assemblés selon des règles connues et véhiculant une
signification ;
- des canaux : voies par lesquelles passe un message
depuis sa production par l'émetteur jusqu'à sa réception.
On peut utiliser dans un canal donné un média (Moyen ou support
utilisé pour véhiculer le message en lui donnant une
forme) ;
- un effet ou impact : résultat de l'acte de
communication ;
- le feed-back : rétroaction du récepteur
vers l'émetteur en réaction au message ;
- un contexte : environnement physique, psychologique,
politique et socio culturel dans lequel se déroule la situation de
communication ;
Le terme communication est couramment utilisé pour
désigner les activités de presse ou de relation publique d'une
société ou d'un établissement.
Dans le domaine du développement, on parle de
communication pour le développement de la communication participative,
de communication locale résumée selon la FAO (2002) comme
« l'utilisation du processus de communication, des techniques et
des médias pour aider les gens à prendre conscience de leur
situation et des options à leur disposition pour toute action de
changement, à résoudre le conflit social et à travailler
vers un consensus, à aider des gens à planifier l'action de
changement et du développement durable, à aider les populations
à saisir les connaissances et les qualifications en vue
d'améliorer leurs conditions et celles de leur communauté et
améliorer l'efficacité des établissements publics.
Elle consiste en « l'utilisation de façon
planifiée et organisée des techniques et des moyens de
communication (médiatiques ou non médiatiques) pour promouvoir le
développement, à travers un changement d'attitudes et ou de
comportements, en diffusant l'information nécessaire et en suscitant la
participation active et consciente de tous les acteurs y compris des
bénéficiaires au processus ».
Le concept de communication locale pose la question de
la mise en scène des actions de l'équipe communale ou municipale.
La communication locale n'est pas l'ensemble des techniques et des
procédés dont disposent les acteurs politiques, le plus souvent
les gouvernants pour séduire, gérer, abuser ou duper l'opinion.
Elle est pour le CIRD (2004) « l'ensemble des
décisions et des actions des élus locaux qui vivent et ou
circulent dans un espace de proximité ». (CIRD ;
2004).
La communication locale a ses caractéristiques propres
et met en présence des acteurs précis.
1.2.4.1- Caractéristiques et niveaux de la
communication locale
1.2.4.1.1- Caractéristiques de la
communication locale
Particulière par sa spécificité,
puisque la citoyenneté et l'intérêt général
occupent une place centrale, la communication des collectivités locales
est fortement attachée à des territoires et à des
institutions. Toute politique de communication dans les collectivités
territoriales intègre trois paramètres qui en déterminent
les cibles et en commandent les types de message :
- d'abord un territoire : région,
département, communauté, communes sont d'abord des aires
géographiques ;
- une institution représentative : conseil
régional, conseil général, municipalité ;
- une administration enfin composée de services
conséquents.
La communication locale est caractérisée donc
par sa dimension spatio-temporelle (NUTSUGAN; 1998). Son champ d'action est un
territoire communal clairement défini dans le temps et dans l'espace
.Aussi ne peut- elle prétende élargir sa zone d'influence, eu
égard à la détermination précise et concise du
public touché. C'est une communication de proximité.
La seconde caractéristique a trait a son
style. Il s'agit :
-d'une communication concrète : étant une
communication de service, elle ne peut occulter les réalités
locales. Il lui faut répondre aux interrogations et
préoccupations des citoyens relatives à tous les secteurs de la
vie communale ;
- d'une communication quotidienne : l'action municipale
se juge de façon journalière. Les citoyens n'y sont pas
indifférents dans la mesure où elle se traduit par des
modifications visibles du cadre de vie. La communication locale respecte donc
le rythme d'action de la municipalité. Elle livre quotidiennement la
santé morale, matérielle, financière, physique et
culturelle de la municipalité ;
- d'une information de proximité : ne pouvant se
contenter d'expliquer l'action des élus, la communication locale doit
aussi prendre en compte les aspirations des citoyens. Il lui faut donc parvenir
à créer l'équilibre du dialogue entre les
différents acteurs de la municipalité, c'est-à-dire la
population et les élus. Et cela suppose la mise en place des moyens
d'expression des citoyens et surtout de techniques fiables de dialogue. La
communication locale devient alors, selon Claude NEUSCHWANDER4(*) , « l'art de diffuser
une information dans des conditions telles que ceux auxquels elle s'adresse
puissent y réagir ».
La communication locale se caractérise aussi par la
spécificité de ses « cibles ». Nous pouvons
distinguer, de façon générale, deux niveaux de
communication.
1.2.4.1.2- Les différents
niveaux de communication
1.2.4.1.2.1- La communication
interne
La communication interne est celle qui concerne
l'institution elle-même, ses agents et ses services (personnels) ainsi
que les élus. La logique de la communication interne est de motiver les
agents, par l'information, l'écoute, le travail en commun, l'esprit
d'équipe ... Elle est devenue une discipline managériale
entière qui implique la nécessaire mise en place d'une
stratégie avec des objectifs, des cibles, des moyens et un
contrôle. Elle a besoin d'être pensée et
organisée.
1.2.4.1.2.2- La communication
externe
En dehors de sa sphère de compétence interne, le
maire doit développer une politique de communication avec l'ensemble de
ses partenaires tant au niveau national qu'international.
La communication externe est la plus complexe, l'habitant
étant tout à la fois usager, électeur,
contribuable, « être social », acteur local,
citoyen. La communication externe s'occupe également de la
« promotion » ou « marketing
territorial » qui intéresse investisseurs et touristes. Elle
concerne l'attractivité et l'image du territoire et vend la
collectivité à l'extérieur.
Il est important de rappeler ici que, même si elle
rend compte de l'activité d'une administration, et que les communes
sont des relais d'informations de l'Etat, la communication locale n'est ni une
communication gouvernementale, ni un système de propagande
électorale dans la mesure où le contrôle du réel est
en permanence exercé par les citoyens.
1.2.4.2- Types de communication et outils ou
canaux
Plusieurs types de communication sont développés
en appui à l'approche participative. Parmi ceux-ci on peut citer la
communication de masse, la communication de proximité la communication
traditionnelle ou communautaire et la communication institutionnelle.
1.2.4.2.1- La communication de masse
La communication de masse s'adresse à un public vaste
et indifférencié. Destinée à informer, sensibiliser
ou développer la communication interactive, elle fait appel aux moyens
de communication de masse à l'échelle nationale, régionale
et locale : radio, télévision, presse écrite, etc.
Ce type de communication est surtout utilisé pour
répondre à des objectifs d'information générale
destinée au grand public pour véhiculer des idées,
techniques ou services nouveaux. Elle permet entre autres de valoriser les
expériences réussies en matière de développement
local. La communication de masse n'entre à proprement parler dans le
cycle de l'approche participative en tant que telle, mais elle peut y
contribuer indirectement en encourageant par exemple la mobilisation des
populations sur des thèmes majeurs de la gestion des communes. Elle
facilite l'échange des informations et le partage des expériences
entre villages et régions et offre une possibilité d'expression
et de débat à l'ensemble des protagonistes concernés. On
peut dire que les moyens de communication de masse accompagnent le cycle de
l'approche participative. Ils permettent un effet d'accélération
et de tâche d'huile grâce à leur capacité de
diffusion rapide d'information et de mobilisation effective de la population
sur les principaux enjeux de la décentralisation.
1.2.4.2.2- Communication de
proximité
La communication de proximité encore appelée
communication de groupe ou communication interpersonnelle répond bien
aux besoins des diverses phases et étapes du cycle de l'approche
participative en ce sens qu'elle est utilisée à l'échelle
des villages ou au niveau du terroir.
Elle a pour objet d'accompagner et de renforcer chacune des
étapes et des phases de la démarche, à travers un certain
nombre d'outils d'information, d'analyse, de dialogue, de formation, de gestion
ou de suivi.
Ces outils et méthodes sont généralement
utilisés par des agents ayant une fonction d'appui, d'animation ou
d'encadrement des communautés villageoises : agents vulgarisateurs,
enseignants, animateurs d'ONG ou de projets, responsables de groupements ou
d'associations. Il s'agit essentiellement de supports
audio-scripto-visuels : diapo langage, boites à images, album de
photo villageois, vidéo, carte de village...Chacun de ces outils a une
fonction précise dans la mise en oeuvre des différentes
étapes de l'approche participative, selon qu'il s'agit de promouvoir un
dialogue, de faciliter une analyse, de permettre l'acquisition d'un savoir ou
d'une technique, d'évaluer les actions entreprises. Leur choix et leur
efficacité dépendent de l'environnement économique,
technique et socioculturel dans lequel ils sont employés, ainsi que des
aptitudes et des qualités d'animation des encadreurs et des animateurs
qui les utilisent. L'exploitation de ces outils sera d'autant plus efficace
qu'ils auront été produits localement, en interaction avec les
communautés villageoises, les associations et ONG et que les
techniciens, vulgarisateurs et animateurs auront été
formés à leur utilisation sur le terrain.
1.2.4.2.3- Communication traditionnelle ou
communautaire
Le plus souvent, les communautés villageoises
disposent de systèmes d'outils et de réseaux traditionnels de
communication. Ceux-ci sont issus de la tradition villageoise, conçus et
gérés directement par les communautés pour répondre
à leur besoin d'information, d'éducation, de divertissement, de
débat, de gestion des conflits locaux.
Les règles de la communication traditionnelle ou
communautaire varient beaucoup selon le contexte historique et culturel dans
lequel se situent ces communautés. Les manifestations les plus courantes
de cette forme de communication sont : les assemblées villageoises,
le théâtre, les chansons, les proverbes, les devinettes, les
récits, les contes, les visites inter villageoises, les crieurs publics.
Généralement, ce type de communication est très vivant en
milieu rural et joue un rôle important dans les dynamiques
villageoises.
Dans une démarche participative, les
communautés villageoises doivent pouvoir mobiliser leurs propres outils
de communication, tout en conservant leur contrôle sur la conception et
la diffusion des messages véhiculés. Elles se présentent
dès lors comme des partenaires à part entière dans les
processus de négociation.
1.2.4.2.4-La communication
institutionnelle
La communication institutionnelle joue un rôle essentiel
pour assurer une action cohérente et harmoniser les différentes
approches en matière de développement local. Elle favorise la
régulation des flux d'informations entre les différents acteurs
en présence et une meilleure coordination des approches et programmes
d'activités.
La communication institutionnelle s'appuie principalement
sur :
· des supports imprimés, avec production de
rapports, notes d'information, brochures, plaquettes d'information, bulletins
de liaison ;
· des supports audiovisuels, notamment la vidéo
institutionnelle qui permet de montrer concrètement les activités
d'un projet ou de servir d'argumentation visuelle pour accompagner une
requête d'assistance auprès de partenaires au
développement ;
· les Technologies de l'Information et de la
Communication telles que l'Internet et intranet
· l'organisation de réunions :
réunions d'information, ateliers d'échanges, journées de
réflexion, séminaires de formation.
Le point sur les travaux existants sur la gouvernance locale
et la compréhension uniforme des concepts définis nous permettent
de dégager la problématique et de formuler l'hypothèse du
travail.
1.3-Problématique et
hypothèse
1.3.1- Problématique
Depuis le temps colonial, le Bénin connaît une
tendance fortement marquée par la centralisation des pouvoirs de
décisions administratives et financières entre les mains des
autorités de l'Etat central. La période d'exercice de la
souveraineté nationale et plus particulièrement celle des
années 60, malgré le souhait des gouvernants de rompre avec la
centralisation excessive de l'ancienne administration coloniale n'ont pas connu
l'application effective des lois de la décentralisation de cette
époque.
Dans le guide du vulgarisateur de la Mission de
Décentralisation (2002), on peut comprendre que cette centralisation
à outrance constitue d'une part un frein au développement de la
démocratie durable et de proximité, et d'autre part un handicap
majeur à la responsabilisation des collectivités locales et la
libération des énergies internes dans l'organisation de la
conduite de développement de l'économie communale. D'où la
nécessité d'opter pour le rapprochement de l'Administration des
administrés. Il a fallut attendre une recommandation de la
Conférence des Forces Vives de la Nation, tenue du 19 au 28
février 1990, pour que la nécessité et l'urgence de la
création des collectivités territoriales réellement
décentralisées soient inscrites dans la conscience des
Béninois. On assiste ainsi à la réforme de
l'administration territoriale qu'il faut voir sous deux principaux
angles : la décentralisation et la déconcentration.
La décentralisation est fondée sur deux
éléments à savoir l'auto administration des
collectivités locales et l'abandon au profit de ces dernières de
certaines prérogatives par le pouvoir central. Dans le contexte
béninois, la décentralisation implique la transformation des
anciennes sous - préfectures en communes autonomes, c'est- à-
dire dotées de personnalité juridique, de l'autonomie
financière et gérées par des organes élus que sont
les maires et les conseillers.
La déconcentration, quant à elle, consiste en
un découpage des anciens départements en deux et non dotés
de personnalité juridique ni de l'autonomie financière. Les
pouvoirs de coordination des services déconcentrés de l'Etat
sont renforcés et le préfet devient dans le département,
le responsable ou l'interlocuteur de chaque membre du Gouvernement.
Mais quatre ans après sa mise en vigueur, on s'avise,
à travers le rapport sur les quatre années de
décentralisation que celle-ci n'a pas totalement comblé les
espoirs placés en elle quant à ses enjeux que sont la
participation des citoyens à la gestion des affaires de leur commune,
l'indépendance des citoyens vis-à-vis de l'Etat, bref
l'enracinement de la démocratie à la base et le
développement local.
Selon DEHOUMON (2006), les élus locaux en
général, et le maire en particulier n'ont pas reçu une
formation en gestion municipale avant de se faire élire. Il n'y a pas
une école municipale par laquelle passent les responsables locaux avant
leur élection. D'où le problème de compétence
parfois noté des dirigeants et des difficultés relationnelles
entre les élus locaux et la société civile.
La dimension locale et la dimension nationale font l'objet
d'une de confusion dans l'esprit des populations, le rôle et les
compétences des communes mal appréhendées et l'idée
selon laquelle l'Etat doit tout faire persiste, malgré la
décentralisation. Ainsi, la rage populaire, les révoltes des
citoyens contre les élus locaux, la non participation des citoyens aux
affaires de leur commune, les querelles internes, le vote de déviance
aux maires ou la dissolution du conseil communal ou municipal sont de
façon générale autant de problèmes auxquels les
communes font face. A cela s'ajoute la politisation de la vie locale
liée à l'existence d'une opposition post-électorale. Du
coté des élus c'est le manque de transparence dans la gestion, le
manque de structure de relais entre les conseils et les populations. Et le
citoyen ne connait pas ses devoirs. Il pense qu'il n'a pas de devoir à
accomplir dans la commune.
Ceci freine inévitablement le décollage
socio-économique des communes et fait dire que « la
décentralisation est en panne » parce que
« les élus locaux, malgré les plans de
développement adoptés, maîtrisent mal la gestion de leurs
localités et naviguent à vue » ADJAHO (2005) et
fait penser à Paul DEHOUMON que la décentralisation se trouve
«entre risques et espoirs ».
Au regard de ces problèmes, et en ce qui concerne les
populations locales, on pourrait penser à une résistance au
changement dans la mesure où cette dernière résulte soit
d'une insuffisance d'information, soit de la difficulté à
s'adapter aux nouvelles conditions.
Cette problématique nous amène à formuler
des questions suivantes :
- Peut- il y avoir véritablement
décentralisation sans la communication ?
- Quelles sont, au Bénin, les dispositions
législatives qui contraignent l'action des gouvernements locaux en
matière de participation communautaire ?
- Comment la communication locale peut-elle être facteur
de motivation des populations à la base afin de susciter leur
adhésion aux idéaux de la commune ?
- Comment peut-on améliorer la gouvernance locale
à partir de la communication et de l'information ?
Pour mener à bien cette recherche et répondre
à ces interrogations, il est utile de partir d'une hypothèse.
1.3.2-Hypothèse
Si la communication est facteur ou une condition essentielle
du développement local, les obstacles au décollage
socio-économique de Savè, pour la première
expérience de la gestion des communes au Bénin sont liés
à un déficit de communication.
1.4- Modèle théorique des dynamiques
de l'action organisée de Friedberg et de la motivation de
Maslow
La gouvernance locale est un sous-produit de la gouvernance
politique et de la gouvernance administrative : elle indique la
manière dont la politique est menée et dont le pouvoir est
exercé à l'échelon local. La finalité de cette
réforme réside essentiellement dans l'amélioration des
conditions de vie des populations à la base, le développement
local. Elle nécessite de ce fait la participation active de toutes les
couches de la population à la vie publique de leur commune respective et
implique, par voie de conséquence, que les gouvernants locaux observent
un certain nombre de dispositions légales et réglementaires en la
matière. Ces dispositions légales seront abordées par
Erhard Friedberg (1993) en termes de « règle » et
l'autorité exercée par l'élu local en termes de
« pouvoir » pour répondre à la question de la
participation des citoyens au processus du développement à la
base.
En effet, selon Friedberg (1993) dans son ouvrage Le
pouvoir et la règle, dynamiques de l'action
organisées, le pouvoir et la règle sont inséparables.
La règle sans pouvoir devient très vite une forme vide. Le
pouvoir sans règle n'existe pas, car l'exercice du pouvoir est
générateur de règles. Pouvoir et règle constituent
ainsi « les deux faces du phénomène
« organisation » qui est omniprésent dans l'action
collective, qu'elle prenne la forme d'un mouvement diffus et spontané ou
d'une multinationale formalisée et rationalisée à
l'extrême. En stabilisant l'univers toujours complexe, instable et
potentiellement conflictuel de l'interaction sociale, il donne durée et
épaisseur aux entreprises collectives des hommes ».
Pour comprendre les dynamiques de l'action organisées,
Friedberg privilégie la notion de contexte d'action «
à l'intérieur duquel se déploient, s'entrechoquent et
s'articulent les unes aux autres une multiciplité de
rationalités et d'intérêts (...) non spontanément
convergents ». Il analyse
l' « organisation » dans sa
généralité et dans sa dynamique même comme
structuration et restructuration des contextes dans lesquels se déploie
l'action collective des hommes. Les interactions se cristallisent en ordres
locaux contingents, provisoires et aux limites incertaines. Ces ordres locaux
sont relativement autonomes par rapport aux grandes régulations
politiques et culturelles d'une société et mettent en question
l'homogénéité et l'unité supposée du champ
social dont ils soulignent au contraire le fractionnement
irréductible.
Friedberg fonde donc essentiellement sa théorie sur
l'ordre local défini comme « construit politique
autonome qui régule les conflits et ajuste les intérêts et
buts individuels et collectifs ».
De même, si la communication intéresse et
s'intéresse à l'individu, cela suscite en lui un sentiment
d'appartenance. Elle lui permet d'être compris et de faire parti d'un
groupe. La communication dans ce sens, génère la motivation et de
ce fait, fait référence à la théorie de motivation
développée par MASLOW.
Abraham MASLOW aborde la question de participation par une
théorie de motivation. La motivation, c'est « une instance
d'intégration et de régulation d'une multitude de
paramètres relatifs aux opportunités d'un environnement et aux
sollicitations d'une situation » (Wikipédia ; 2007).
C'est le mobile d'attachement ou d'action d'un individu ou d'un groupe
d'individus par rapport à une situation donnée. Elle explique le
pourquoi des comportements individuels ou collectifs des personnes vivant au
sein d'une société. MASLOW, psychologue américain, a pu
grâce à ses études établir une sorte de
règles de priorités des désirs et des comportements. Pour
lui, toute personne cherche à satisfaire successivement cinq sortes de
besoins et cette recherche influence son comportement au quotidien tant dans la
vie professionnelle que privée. La représentation de ces besoins
est communément appelée « pyramide des besoins de
Maslow ». Ces besoins sont :
- besoins psychologiques primaires ou de maintien de la
vie : faim, soif, survie, sexualité, repos, douleur ;
- besoins de sécurité ou de protection :
priorité et maîtrise sur les choses, emploi, se sentir en
sécurité, faire confiance ;
- besoins sociaux ou d'appartenance : être
aimé, écouté, compris, faire partir d'un groupe, avoir un
statut ;
- besoins de reconnaissance ou d'estime de soi :
sentiment d'être utile et d'avoir de la valeur, conserver son autonomie,
son identité ;
- besoin d'accomplissement ou de réalisation de
soi : développer ses connaissance, ses valeurs, créer et
résoudre des problèmes complexes.
Ici, nous considérerons les besoins susceptibles
d'être satisfaits par la communication. Il s'agit des besoins sociaux ou
d'appartenance et des besoins de reconnaissance ou d'estime de soi.
En effet, la participation citoyenne ne saurait être
possible sans une motivation préalable. Or, le citoyen de façon
générale, se nourrit d'orgueil en ce sens qu'il a besoin
d'être écouté, d'être utile et d'avoir de la valeur
dans son milieu social. C'est bien souvent de ces considérations que
naissent les conflits sociaux. D'où il est important de communiquer avec
le citoyen pour lui montrer qu'il est important et qu'il a un rôle
à jouer dans la commune. Il apparaît, de ce fait que la
communication est un véritable facteur de motivation, donc de
participation citoyenne et de développement local.
Tous ces postulats posent la question de comprendre comment
les élus locaux motivent ou favorisent la participation citoyenne
à l'action communale à travers la l'information et la
communication en vue d'un développement local effectif. Il s'agit de
mettre en évidence le rôle des dirigeants et les dispositions
contraignant leurs actions pour l'implication des populations
bénéficiaires dans la gouvernance locale.
Avant d'aborder la démarche méthodologique qui a
servi de base à cette recherche, il s'avère important de
présenter le cadre général de l'étude.
CHAPITRE II : AIRE GEOGRAPHIQUE DE LA RECHERCHE
La commune de Savè est le cadre général de
notre étude. Pour mieux connaître cette commune, nous essayerons
de la présenter à travers, d'abord, ses aspects physiques et
démographiques, puis par une description de son organisation
administrative et de son économie. Mais avant tout ceci, viennent les
raisons du choix de Savè.
2.1- Justification du choix de
l'aire
Le choix de la commune de Savè comme cadre de notre
étude est motivé par plusieurs raisons.
D'abord en 2002, une recherche menée par Michel OLOU
pour étudier la capacité de la commune à mettre en oeuvre
la décentralisation a révélé que la `'fausse
adhésion'' des populations locales, le refus d'acceptation des taxes
étaient des tendances lourdes qui pourraient bloquer la commune à
induire le développement local. Il fallait donc après quelques
années de gouvernance locale réévaluer la chance de
réussite de la commune.
De même, peu après l'élection et
l'installation du conseil communal en janvier 2003, de sérieuses crises
ont marqué les relations `'élus locaux et populations'' à
Savè. On note de multiples cas de soulèvements de la
société civile contre l'administration locale. Des critiques et
menaces, des plaintes des citoyens se font régulièrement
enregistrer.
Par ailleurs, les relations entre le maire et les populations
restent encore tendues quant à ce qui concerne le paiement des
impôts et taxes. Enfin, les mésententes entre l'autorité
locale et les chefs traditionnels de Savè qui devraient entretenir des
rapports de partenariat sont spectaculaires.
Cette situation de crise qui ne favorise guère la
participation citoyenne aux actions locales fait penser que l'information ne
circule pas entre ces différents acteurs de la gouvernance locale. Mais
peut-on parler en réalité de la gouvernance locale sans la
communication ? A cette importante question, nous ne saurions rester
insensible étant donné le souci du développement de la
localité.
Mais, qu'elle est la situation géographique de la
localité ?
2.2- Présentation de l'aire
géographique de l'étude
2.2.1- Aspect physique et
démographique
La commune de Savè est située dans le
département des Collines. Savè, le chef lieu de la commune, est
situé à environ 255 km de Cotonou. Il est traversé par la
RNIE 2 et la RNIE 5 (Savè-Oké-Owo).
Le territoire de la commune de Savè appartient
à la pénéplaine cristalline ondulée et de faible
altitude variant entre 200 et 300 mètres. Il est marqué par la
présence de nombreux affleurements rocheux qui se présentent sous
forme de dômes d'où le nom de « mamelles »
que portent ses collines.
Le climat qui y règne est celui subéquatorial
caractérisé par deux saisons pluvieuses (une grande pluie et une
petite) et deux saisons sèches (une grande et une petite). Mais depuis
peu, ce climat a laissé place à un climat tropical de type
soudanien marqué par une saison pluvieuse et une saison sèche.
Les hauteurs moyennes des pluies sont de 1 100 mm par an.
La végétation est faite de savane
parsemée d'arbres et d'arbustes. Il y subsiste encore des îlots de
forêts dont la forêt classée de l'Ouémé-Boukou
vaste de 20 500 ha et des forêts galeries le long du fleuve
Ouémé5(*).
Le réseau hydraulique, long d'environ 147 km, est
constitué par de nombreuses rivières qui collectent les eaux vers
le fleuve Ouémé et son principal affluent, l'Okpara. A cela
s'ajoutent de nombreux ruisseaux qui parcourent la commune.
Les sols qu'on y rencontre sont des sols ferrugineux
tropicaux qui, du fait de l'exploitation humaine font place par endroit aux
sols latéritiques infertiles. On observe aussi dans les bas-fonds et les
vallées des cours d'eau des sols hydro morphes. Dans l'ensemble, ces
différents types de sols sont fertiles.
La population de la commune de Savè, selon le RGPH3 de
février 2002, est estimée à 67 753 habitants soit
12,64% de la population du département des Collines. Les femmes font
33 795 habitants soit 49,87% de l'effectif total de la population
communale6(*).
D'après le RGPH 3 de 2002, on dénombre
11 688 ménages dont la taille moyenne est de 6 membres. Ces
chiffres cachent bien la réalité de certains ménages
composés d'un effectif trop élevé et contribuant à
l'enracinement de l'extrême pauvreté des populations de cette
commune. On compte 9472 ménages dirigés par les hommes. La
densité de la population est de 30 habitants en moyenne par km².
Plusieurs groupes socioculturels ou ethniques cohabitent
dans la commune dont les Shabè sont majoritaires. Aux
côtés de ces autochtones vivent les Fons, les Idaasha, les
Bètamaribé, les Peulhs, les Adja, etc. ils pratiquent diverses
religions dont les plus répandues sont par ordre : le catholicisme,
l'islam, le protestantisme, l'animisme et de nombreuses confessions religieuses
d'inspiration chrétienne et d'origine anglo-saxonne.
Mais malgré la coexistence pacifique entre les
différentes ethnies sur le territoire, on note quelques antagonismes au
sein de la société autour des questions domaniales. Il y a
parfois des incompréhensions entre collectivités autochtones
autour de certains domaines en litige. En outre, il y a des affrontements
réguliers entre les peulhs transhumants armés et les agriculteurs
suite à la destruction des greniers et de champs par les troupeaux en
quête de pâturage.
Le tableau ci-dessous donne une idée de la population
de Savè.
Tableau I : Répartition de la
population de la commune de Savè par arrondissement
Arrondissements
|
Populations
|
Arrondissements
|
Populations
|
Bessé
|
5384 habitants
|
Sakin
|
7457 habitants
|
Kaboua
|
11 500 habitants
|
Adido
|
8183 habitants
|
Ofè
|
9926 habitants
|
Boni
|
7609 habitants
|
Okpara
|
7046 habitants
|
Plateau
|
10 648 habitants
|
Source : Données INSAE, 2004
2.2.2- Organisation administrative
La commune de Savè est une commune ordinaire
constituée de huit (8) arrondissements dont trois (3) urbains et cinq
(5) ruraux. Ces arrondissements sont subdivisés en 24 villages et 14
quartiers de ville soit un total de 38 villages. La commune est
administrée par un conseil communal de 13 membres élus pour un
mandat de cinq (5) ans. A la tête de ce conseil, se trouve un maire
assisté de deux (2) adjoints.
2.2.3- La vie
économique
Les populations de la commune de Savè mènent des
activités variées ; elles exercent bien souvent une
activité principale associée à des activités
secondaires. L'agriculture fait beaucoup plus partie de leur mode de vie, elle
n'est pas encore perçue comme une activité économique. Il
s'agit d'une agriculture de subsistance avec des techniques et outils
archaïques et rudimentaires. Les paysans pratiquent les mêmes
cultures avec les mêmes techniques culturales archaïques. La houe
est l'outil le plus répandu. Le nomadisme agricole favorise la crise
foncière et l'émigration des bras valides. Beaucoup d'autres
difficultés techniques sont à noter en rapport avec cette
activité qui sollicite physiquement les pratiquants avec une
rémunération pas assez pour couvrir l'ensemble de leurs besoins
notamment sanitaires. L'économie de la commune de Savè souffre
donc d'une forte émigration des jeunes aussi bien sur le plan agricole
qu'intellectuel.
Les agriculteurs vont vers d'autres régions à
la recherche de terres plus fertiles et surtout vers le Nigéria pour
vendre leur force de travail. Les artisans, les commerçants et les
intellectuels se déplacent vers Bohicon, Cotonou, Parakou... pour
participer au développement de leur société d'accueil. Ce
qui plonge davantage la commune dans la pauvreté.
A cela, s'ajoutent les échanges commerciaux grâce
à la proximité du Nigéria. C'est un commerce informel
basé sur l'exploitation des produits agricoles, pétroliers et de
véhicules d'occasion surtout.
Le secteur secondaire est caractérisé par une
industrie locale peu valorisante et un artisanat peu diversifié.
L'artisanat occupe une place importante aussi dans les activités des
habitants de la commune. La culture industrielle est peu
développée. Les matières agricoles sont peu
transformées sur place. L'industrie locale se résume à
quelques ateliers de production d'articles semi-finis dont la qualité ne
permet pas une valorisation satisfaisante du travail. L'artisanat quant
à lui comprend plusieurs ateliers traditionnels en perte de vitesse. On
y distingue l'artisanat de production et l'artisanat de services.
L'artisanat de production comprend la poterie, la vannerie,
la sculpture... qui sont des activités devant valoriser les
matières premières locales. Malheureusement, elles se pratiquent
de moins en moins.
L'artisanat de services regroupe les activités telles
que la coiffure, la couture, le tricotage, la soudure, la menuiserie....On
remarque que l'artisanat est statique et monotone. La non diversification de ce
secteur ne lui permet pas d'être objet d'attrait. La conséquence
directe de ce fait est que la contribution à la croissance de
l'économie locale, à la consommation locale qui, elle-même
n'est guère reluisante, est très faible.
En 2001, on dénombrait à Savè six (6)
entreprises régulièrement immatriculées.
A côté de tous ces acteurs économiques,
on peut citer les unités industrielles en cessation d'activité.
Seule l'ex-Société Sucrerie de Savè a rouvert ses
portes.
Cette recherche ne saurait être bien menée sans
la définition d'une méthode d'investigation.
CHAPITRE III : DEMARCHE METHODOLOGIQUE
Il s'agit pour nous de faire ici état de l'ensemble des
procédés et techniques qui sont mis en oeuvre pour recueillir
les données ainsi que les conditions de travail qui ont permis de faire
notre étude.
3- 1- Population d'enquête et
d'échantillonnage
3-1-1- Type d'étude- population
d'enquête et groupes cibles
3-1-1-1- Type d'étude
Notre étude est de type qualitatif et quantitatif.
Elle permettra d'avoir une description de la manière dont le pouvoir est
géré dans la commune de Savè, du niveau d'information de
la population et de leur participation au développement local. Elle
contribuera également à apprécier la situation pour la
proposition de solutions durables.
3-1-1-2- Population d'enquête
Compte tenu de la diversité des informations à
recueillir, nous avons considéré comme population d'étude,
l'ensemble des acteurs impliqués dans la gouvernance de la commune de
Savè.
3-1-1-3- Groupes cibles
Nous avons identifié deux groupes cibles dans cette
population d'enquête à savoir :
- Les administrés : les habitants, les chefs de
quartiers, les têtes couronnées, les chefs religieux de la commune
de Savè ;
- Les membres du conseil communal.
C'est à partir de ces groupes cibles que nous avons
réalisé l'échantillonnage.
3-1-2- Echantillonnage
3-1-2-1- Méthode
d'échantillonnage
3-1-2-1-1- Le choix raisonné
Le choix raisonné est utilisé pour
l'identification des responsables communaux à contacter dont le maire
et un chef d'arrondissement. Nous avons retenu le maire de la commune pour
plusieurs raisons. Le maire est le premier responsable du conseil communal,
responsable de la politique de la commune. Il dirige l'organe exécutif
et reste le principal acteur dans la communication locale. Le Chef
d'Arrondissement est quant à lui un relais d'information au niveau de sa
localité.
3-1-2-1-2 Choix au hasard
La méthode probabiliste est employée pour le
choix de quatre (04) arrondissements sur les huit (08) que compte la commune en
ce qui concerne les habitants à contacter, le choix des chefs de
quartiers, dans l'impossibilité de prendre toutes ces personnes en
compte pour l'enquête.
3-1-2-2- Technique
d'échantillonnage
En fonction de notre population d'étude, nous avons
procédé à :
· à l'échantillonnage aléatoire
simple des habitants des arrondissements. Nous avons opté pour cette
opération parce qu'il fallait aller de maisons en maisons pour
interroger les sujets ;
· au recensement des chefs religieux et des têtes
couronnées. Ils sont les plus indiqués pour nous fournir des
informations fiables.
3-1-2-3- Taille de
l'échantillon
Le nombre de chacun de ces acteurs diffère. Les
populations sont les plus nombreuses que les chefs de quartiers, les
têtes couronnées, les chefs religieux et les responsables locaux
à contacter. C'est pourquoi la taille de l'échantillon varie d'un
groupe cible à un autre comme l'indique le tableau suivant :
Tableau II : Présentation de la taille de
l'échantillon
Population d'étude
|
Nombre total de sujets par catégorie
|
Populations et chefs de quartier ou de village
|
60
|
Chefs religieux, têtes couronnées.
|
04
|
Elus locaux
|
02
|
Total
|
66
|
Au total, 66 personnes sont enquêtées dont 22
femmes, soit le tiers du nombre total. Ceci pour tenir compte de la dimension
genre inhérente à la bonne gouvernance. En effet par
arrondissement ciblé, 15 personnes dont le chef quartier ou de village
et 6 femmes, ont été interrogées.
Dans le rang des chefs religieux, nous avons
considéré l'Imam de la mosquée central et le Curé
de la ville.
La commune compte deux têtes couronnées. Les deux
ont été prises en compte.
Enfin, au niveau du conseil communal, nous avons
identifié le maire et la seule femme du groupe qui se trouve être
le Chef d'un Arrondissement.
Pour la fiabilité des informations recherchées,
des techniques et outils ont été aussi clairement
identifiés.
3-2- Outils et techniques de collecte des
données
3-2-1- Outils de collecte de
données
Pour recueillir les diverses informations, nous nous sommes
servi de :
- Un (01) questionnaire ;
- Un (01) guide d'entretien
Les modèles de ces coutils se trouvent en annexe.
3.2.2- Techniques de collecte de
données
3-2-2-1- Les techniques
Au total, trois techniques ont été
utilisées pour collecter les informations auprès de
l'échantillon. Il s'agit de l'enquête par questionnaire,
l'entretien et l'exploitation documentaire. L'enquête par questionnaire a
concerné les populations, les chefs de quartiers ou de villages, les
têtes couronnées et les chefs religieux. Cette technique nous a
permis de recueillir auprès de ces personnes, des informations
précises parce qu'elles sont des acteurs de la gouvernance locale et
constituent en même temps des bénéficiaires des actions de
développement local. Quant à l'entretien, il a été
accordé aux autorités locales en vue de leur offrir une plus
grande liberté d'expression.
3-2-2-2- La collecte des
données
Pour administrer les questionnaires, nous nous sommes rendus
librement dans les localités ciblées pour rencontrer les
personnes concernées. Nous sommes passés de ménage en
ménage pour effectuer les enquêtes. Nous avons assisté les
enquêtés instruits à transcrire fidèlement leurs
opinions. Ce qui nous a permis de limiter les mauvais remplissages, les pertes
de questionnaires et de rendre les informations plus aisément
exploitables.
Pour ce qui concerne les entretiens, nous les avons obtenus
sur rendez-vous. Ils ont été entièrement
enregistrés puis fidèlement transcrits (Voir annexe).
Signalons que pour cette collecte d'informations, nous avons
été assisté par un animateur communautaire de Savè
qui nous a servi de guide pour prendre contact avec les sujets.
3-3- Déroulement de
l'enquête
C'est dans la période du 12 au 18 mai 2008 que se sont
déroulées les enquêtes dans le cadre notre recherche dans
la commune de Savè. Elles ont duré au total 07 jours. Elles nous
ont permis d'administrer les questions aux populations, aux chefs de quartiers,
aux têtes couronnées, aux autorités religieuses et aux
membres du conseil communal.
3.4- Gestion des données et difficultés
rencontrées
3-4-1- Gestion des données
Les informations recueillies ont été
traitées manuellement. Les questionnaires ont été
facilement exploités pour avoir été
numérotés au départ.
Les réponses aux questions fermées ont
été évaluées en considérant l'effectif total
de l'échantillon et l'information recherchée. Quant aux questions
ouvertes, nous avons fait de chaque proportion une analyse de contenu et
procédé à des rapprochements, des différenciations
et des sériations.
3-4-2- Difficultés rencontrées
Nombreuses sont les difficultés
auxquelles nous avons été confrontés lors de la
réalisation de nos travaux d'investigation sur le terrain. Les plus
importantes sont relatives à la prise de contact avec les
autorités locales qui se trouvaient très occupées ;
la période coïncidait avec la fin de leur mandat. Ces
autorités en effet, étaient préoccupées par les
activités du bilan de leur gestion et la préparation de la
passation de service aux nouveaux élus.
Les difficultés sont aussi d'ordre financier en raison
de notre zone d'enquête un peu éloignée parce qu'il fallait
se déplacer d'abord vers la commune et ensuite d'arrondissement en
arrondissement et de ménage en ménage pour la collecte des
informations auprès des populations.
Par ailleurs, il a fallu expliquer à maintes reprises
le but de ces enquêtes aux populations qui paraissaient réticentes
et méfiantes car les informations recherchées revêtaient
pour elles, un aspect politique donnant ainsi l'impression que les
enquêtes sont réalisées au profit de telle ou telle autre
formation politique.
Cependant, parce qu'étant conscient de ces
éventuelles difficultés en matière de recherches en
sciences sociales, les problèmes que nous avons rencontrés n'ont
nullement émoussé notre ardeur au travail et les informations ont
été bien recueillies surtout avec la compréhension de la
pertinence de notre sujet de recherche par la plupart de nos
enquêtés.
Le chapitre suivant présente les résultats de
la recherche ainsi que leur analyse.
CHAPITRE IV : PRESENTATION ET ANALYSE DES
RESULTATS
Dans ce chapitre, les données recueillies ont
été réparties en tableau puis représentés
en graphes suivant le type d'informations recherchées avant leur
analyse.
4.1- Présentation des
résultats
4.1.1- La conscience citoyenne des
populations
Tableau III : Répartition des
populations suivant la reconnaissance de leur rôle dans la commune
Réponses des enquêtés
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Oui
|
42
|
66 %
|
Non
|
22
|
34 %
|
Total
|
64
|
100 %
|
Figure 1:La reconnaissance par les populations de leur
rôle
Le tableau III et la figure 1 montrent que 66 % des
populations sont conscientes de leur rôle dans la gouvernance locale
pendant que seuls 34 % ignorent ce rôle. Ce qui traduit l'idée
d'une forte conscience citoyenne dans la commune.
4.1.2- Le niveau d'implication des
citoyens
Tableau IV: Répartition des citoyens
suivant leur implication dans la gouvernance locale
Implication dans la gestion de la commune
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Oui
|
03
|
4,68%
|
Non
|
61
|
95,31%
|
Total
|
64
|
100%
|
Figure 2: Niveau d'implication des citoyens dans la
gouvernance locale
A travers cette présentation, on constate que seuls
4,68% de la population sont impliqués dans la gestion des affaires de la
commune. Plus de 95% ne sont pas considérés. Ce niveau
d'implication est très faible.
Tableau V : Répartition des
citoyens selon leur participation aux réunions et décisions
relatives à leur commune.
Participation aux réunions et aux décisions
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Oui
|
9
|
14,06%
|
Non
|
55
|
85,93%
|
Total
|
64
|
100%
|
Figure 3: participation des citoyens aux
réunions et décisions de la commune
Le tableau V et la figure ci-dessus révèlent
que 85,93% des habitants de Savè ne participent pas aux réunions
et aux décisions concernant la vie de leur commune. De toutes les
personnes enquêtées, seules 14,06 % participent à ces
instances.
Tableau VI: Répartition des citoyens
en fonction de leur implication dans l'élaboration et l'adoption du
PDC
Implication dans l'élaboration et l'adoption du PDC
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Oui
|
07
|
10 ,93%
|
Non
|
57
|
89 ,06%
|
Total
|
64
|
100%
|
Figure 4: Implication des citoyens dans
l'élaboration et l'adoption du PDC
Il ressort de ces représentations que
l'élaboration et l'adoption du PDC n'ont connu que la participation de
10,93% des citoyens. 89,06% des populations déclarent n'avoir pas
été impliquées.
4.1.3- L'information des populations
Tableau VII : Répartition des
enquêtés selon leur niveau d'information sur le budget et le
compte administratif de la commune.
Information sur le budget et le compte administratif
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Oui
|
03
|
4,68%
|
Non
|
61
|
95,31%
|
Total
|
64
|
100%
|
Figure 5: Information des citoyens sur le budget et le compte
administratif de la commune
Ce tableau VII et la figure 5 nous montrent que 95,31% des
enquêtés n'ont aucune idée du budget et du compte
administratif de la commune de Savè. Sur 64 personnes, 3 seulement sont
informés dudit budget et du compte administratif, soit 4,68 %.
Tableau VIII : Répartition des
populations suivant leur participation aux séances d'information sur la
commune.
Participation aux séances d'information
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Oui
|
08
|
12,5%
|
Non
|
56
|
87,5%
|
Total
|
64
|
100%
|
Figure 6: Participation des citoyens aux séance
d'information
On constate à partir de ce tableau et de la figure 6
que 87,5% des citoyens ne bénéficient pas des séances
d'information de la part de l'administration communale contre 12,5%.
Tableau IX : Répartition des
populations suivant leur niveau d'information du compte rendu des
délibérations du conseil communal.
Réponses des enquêtés
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Oui
|
08
|
12,5%
|
Non
|
56
|
87,5%
|
Total
|
64
|
100%
|
Figure 7: Niveau d'information des populations du compte
rendu des délibérations communales
Ici, de toute la population, seuls 12,5% ont le compte rendu
des délibérations du conseil communal contre 87, 5%.
4.1.4- La consultation des affiches de la mairie par
les citoyens
Tableau X : Répartition de la
population en fonction de la consultation des affiches à la mairie.
Consultation des affiches
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Oui
|
16
|
25%
|
Non
|
48
|
75%
|
Total
|
64
|
100%
|
Figure 8: La consultation des affiches à la
mairie par les populations
Il se révèle, à travers
ce tableau et cette figure que 75% des habitants de Savè ne consultent
pas des affiches à la mairie. Seuls 25% lisent les informations
affichées.
4.1.5- Existence et à adaptation des moyens
locaux de communication
Tableau XI : Répartition des
citoyens en fonction des canaux locaux désirés
Canaux
|
Nombre de personnes
|
Pourcentage
|
Radio communautaire
|
28
|
43,75%
|
Journaux
|
02
|
3,12%
|
Crieur public
|
11
|
17 ,18%
|
Réunions
|
23
|
35 ,93%
|
Total
|
64
|
100%
|
Figure 9: Répartition des citoyens suivant les
canaux d'information désirés
Ces résultats nous renseignent que 43,75% des citoyens
écoutent la radio locale, 3,12% s'intéressent aux journaux alors
que 17,18% préfèrent s'informer par le crieur public et 35,93%
par les réunions.
4.1.6- Niveau de satisfaction des populations de la
gestion de la commune
Tableau XII: Répartition des citoyens
en fonction de leur niveau de satisfaction de la gouvernance locale.
Réponses des enquêtés
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Oui
|
15
|
23,43%
|
Non
|
49
|
76,56%
|
Total
|
64
|
100%
|
Figure 10: Niveau de satisfaction des
populations de la gouvernance locale
De cette présentation, il ressort que 76,56% de la
population ne sont pas satisfaites de la gestion faite de leur commune par les
responsables locaux. Seuls 23,43% sont d'accord avec cette gestion.
Les résultats consignés dans ces
différents tableaux et graphes nous permettront de faire une analyse
basée sur les principes de la démocratie locale.
4.2- Analyse des résultats
Avant d'analyser les résultats obtenus dans le cadre de
cette étude, nous explorerons, en un premier temps,le cadre
législatif et réglementaire de la participation citoyenne
à la gouvernance locale au Bénin et, en un deuxième temps,
nous montrerons la place qu'occupe la communication dans la gestion
communale.
4.2.1- Cadre législatif et
réglementaire de la participation du citoyen à l'action
communale au Bénin
La loi fait obligation au maire de faire participer le citoyen
aux affaires de la commune. La commune est, en effet, le cadre institutionnel
pour l'exercice de la démocratie à la base. Elle est l'expression
de la décentralisation ainsi que le lieu privilégié de la
participation du citoyen à la gestion des affaires locales7(*) .
La participation du citoyen à la vie communale se
mesure par l'information du public, l'accès aux documents administratifs
et l'implication dans les affaires locales, (CIRD, 2006).
4.2.1.1-L'information du public
La loi 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des
communes en République du Bénin, en son article 30 rend
obligatoire l'ouverture des séances du conseil communal au public et si
possible la retransmission en direct des débats par le biais des radios
locales. L'information du public est destinée à faciliter et
à améliorer les relations des citoyens avec la commune. Le maire
peut aussi initier des rencontres périodiques avec les populations (ou
tout au moins certaines corporations ou groupes professionnels) pour des
séances d'information et de sensibilisation dans les maisons du peuple
ou lieux publics. L'édition périodique d'un bulletin communal et
la propagande de proximité sont également indispensables pour
susciter la participation du citoyen.
La création d'un service de l'information et de la
communication au sein de la commune est un excellent moyen pour
véhiculer les messages de la mairie vers les populations (Mission de
Décentralisation, 2006).
Par ailleurs, la commune dispose de nombreuses
possibilités de mettre le citoyen au coeur des affaires locales. Il
s'agit d'une volonté politique car il ne suffit pas de faire, il faut le
faire savoir. Il importe à l'équipe communale de passer de
l'information (qui porte à l'attention de...) à la communication
(qui expose, explique, tente de convaincre, de motiver, et de susciter
l'adhésion) et de la communication à la participation.
4.2.1.2- L'accès aux documents
administratifs
Toute personne a le droit de consulter à la mairie de
la commune, les procès verbaux et les comptes rendus des
délibérations du conseil communal ou municipal, les divers actes
communaux (arrêtés, décisions, contrats, etc..) et d'en
prendre copie à ses frais8(*). Seules échappent à cette règle,
les délibérations ayant fait l'objet d'un huis clos. Cette mesure
va au- delà du simple affichage des comptes rendus qui sont le plus
souvent des extraits ou des résumés de
délibérations prises qui n'informent que d'une manière
parcellaire. Les documents sont disponibles dans l'intégralité de
leur rédaction.
Une fois votés par le conseil communal et
approuvés par l'autorité de tutelle, les budgets de la commune
restent déposés à la mairie où ils sont tenus
à la disposition du public.
La consultation des budgets de la commune permet au
citoyen de prendre connaissance des prévisions de recettes et de
dépenses qui lui permettent d'apprécier la politique communale en
termes budgétaires.
Le compte administratif approuvé par
l'autorité de tutelle reste déposé à la mairie
où il est également tenu à la disposition du public. La
lecture du compte administratif lui permet de s'informer des
réalisations.
Le compte de gestion approuvé et ses annexes
établis par le comptable sont soumis au contrôle juridictionnel de
la Chambre des Comptes de la Cour Suprême dans les conditions
fixées par les textes en vigueur. Ledit compte et l'arrêt rendu
par la Chambre des Comptes font l'objet d'une large diffusion9(*).
4.2.13- L'implication du citoyen dans les affaires
locales
Dans le but d'encourager l'implication du citoyen, la
commune doit écouter les citoyens (cas des commissions communales
facultatives qui sont des lieux d'accueil et d'écoute des
représentants de la société civile, en tant que personne
ressources).
Il est adressé un procès verbal et ou un compte
rendu de chaque séance du conseil communal, un relevé des
décisions signé du maire et du secrétaire de séance
est affiché à la mairie à l'endroit destiné
à l'information du public dans les huit jours suivant la
séance10(*).
Des groupes de travail informels peuvent être
constitués selon les opportunités et des cellules de
réflexion peuvent être encouragées. Les sondages d'opinion
et les consultations sont également des moyens pour solliciter la
participation du citoyen et de recueillir son avis avant de prendre une
décision importante.
A défaut de pouvoir siéger dans le conseil
communal, dans le conseil d'arrondissement ou de quartier de ville, le citoyen
qui veut s'impliquer dans la vie de la commune peut rejoindre les
représentations de la Société Civile existantes ou prendre
l'initiative de créer une nouvelle structure, en rapport avec la gestion
locale.
Mais, quel rôle joue, en réalité, la
communication dans la gouvernance locale ?
4.2.2 - La communication, clé de voûte
de la participation citoyenne et du développement local
La participation des citoyens à la vie communale ne
saurait être appréciée comme une faveur que les élus
locaux accorderaient à leurs administrés. C'est plutôt un
droit de citoyen en termes de droit de regard sur la vie communale parce qu'il
n'y a pas de démocratie si le citoyen à la base ne peut jouir de
sa liberté de pensée et de participation11(*).
La communication, définie comme l'ensemble des
échanges et de significations entre deux ou plusieurs personnes dans une
relation sociale donnée (DEHOUMON ;2006), permet au citoyen de la
commune d'apprécier ses élus sur la manière de
gérer le patrimoine communal, de connaître le niveau
d'évolution de la commune, de connaître les actions quotidiennes
menées par les élus, de participer et de contribuer au
développement de la commune connaissant les atouts et les faiblesses de
leur commune (DOSSOU ; 2000).
En tant que telle, la communication constitue pour l'individu,
une excellente motivation en ce sens qu'elle suscite chez lui un sentiment
d'appartenance, d'être aimé, d'être écouté,
d'être compris et de faire partie d'un groupe, celui de la
communauté ou de la collectivité. La communication nourrit chez
l'individu l'égo et lui donne le sentiment d'être utile et d'avoir
de la valeur. Comme l'écrit Michel le NET12(*), la communication locale a
deux valeurs : d'abord, elle s'intéresse au citoyen en
l'entretenant des faits et projets, en lui rendant compte et ou en sollicitant
son avis ; ensuite, elle `'intéresse le citoyen'' aux prises de
décisions. Sa participation à l'élaboration de tous les
projets impliquant la cité est un impératif fonctionnel. Au cas
contraire, il y a un risque de rejet ou, pour le moins d'indifférence.
La communication a pour rôle non seulement de promouvoir les projets, de
rendre simples, clairs, lisibles les processus de décisions et de
réalisations extrêmement complexes, mais aussi, après avoir
affiché le projet, d'organiser l'écoute, d'entendre les
questions, de donner les moyens d'associer les citoyens à ce projet. Le
citoyen doit être informé et prendre part, par exemple, aux
décisions concernant l'adoption d'un projet et savoir les
différentes sources de financement en vue de sa réelle perception
du rôle des responsables locaux et de l'utilité des taxes et
impôts perçus. C'est le seul moyen de provoquer son
adhésion. Il faut lui expliquer le pourquoi et le comment des choses
avant et après une décision importante, avoir des échanges
avec des groupes socioprofessionnels intéressés à
l'exécution d'une mesure. La communication est donc un
élément fondamental de la démocratie locale. C'est un
miroir : elle accompagne sans conteste l'évolution du rapport des
citoyens avec la commune. Elle sert d'interface entre ceux-ci et
celle-là et constitue un des rouages nécessaires à la
volonté des gens d'être informés, tenus au courant, mis
dans le coup. La demande sociale actuelle ne signifie pas une volonté de
participer en permanence au processus d'élaboration des
décisions. Mais on veut être mis en situation de pouvoir pour
exercer son contrôle.
Par ailleurs, la communication locale permet de promouvoir et
d'animer un territoire. Elle crée ainsi une empathie réelle entre
habitants d'un territoire et son avenir, donner ou redonner de la fierté
d'appartenance, attirer des entreprises et des habitants. La communication
valorise l'identité et l'image du territoire. Une image positive est
bénéfique pour assurer et pérenniser le dynamisme et
partant, l'économie, la culture, l'éducation, la qualité
de vie..., tout ce qui tisse le quotidien des hommes qui y vivent. Instrument
privilégié du `'marketing territorial'', la communication locale
contribue donc à remodeler l'image et à
« vendre » un territoire, y compris ses propres
habitants.
Si la communication est un facteur de participation citoyenne
alors que cette dernière est une condition importante au
développement à la base, on peut donc dire que la communication
est un véritable élément sans lequel le
développement ne saurait être réel. Le rôle de la
communication est décisif pour promouvoir un développement qui
prenne en compte la dimension humaine dans le climat de changement qui
caractérise la période actuelle (FAO ; 1994). Tout programme
de développement qui considère les populations comme de simples
bénéficiaires plutôt que comme les principaux acteurs du
changement et du progrès est voué à l'échec. En
revanche, le succès d'un programme est pratiquement assuré si la
population est consultée et associée aux décisions qui
engagent son avenir. La communication est au coeur de ce défi. Il n'y a
pas de développement sans la communication (Balit ; 1988). Cela est
soutenu par la « Charte des paysans13(*) » élaborée lors de la
Conférence Mondiale sur la Réforme Agraire et le
Développement qui s'est tenue à Rome en 1979 :
« ...la compréhension et la prise en compte des
problèmes et des potentialités du monde rural,
l'amélioration des interactions entre les agents de développement
et la population à travers un système de communication
performant, voilà les conditions préalables à la
réussite de toute stratégie de développement
rural ».En outre, les objectifs de développement, les
modalités et le rythme de sa mise en oeuvre, ses chances de
durabilité seront essentiellement déterminés par le niveau
d'engagement et de participation de la population ainsi que sa capacité
à acquérir et à mettre en pratique des compétences
ou des savoirs nouveaux.
La communication permet de mieux formuler et planifier les
programmes de développement, d'encourager la participation populaire et
mobiliser les communautés. Elle est employée pour changer les
modes de vie, pour une coordination et une gestion du développement
plus efficace. Les décideurs, les organismes d'assistance techniques qui
sont sollicités pour soutenir ou étendre les programmes de
développement doivent être informés des progrès et
des résultats de ces programmes. La communication permet aussi d'obtenir
l'appui des décideurs.
Retenons donc que la communication joue un rôle
très décisif dans la promotion du développement social,
culturel et économique de la commune. Elle est considérée
comme la base du développement puisqu'elle permet le rapprochement, le
contact, la mise en relation des populations, les libère de leur
isolement et favorise leur intégration et leur participation.
C'est sur la base de ces dispositions législatives et
réglementaires et tenant compte de la valeur de la communication locale
que nous ferons l'analyse des résultats.
4.2.3- Analyse des résultats
Cette analyse se fera à travers les rapports
élus locaux et citoyens d'une part, et d'autre part, à travers
l'importance qu'accordent ces responsables à la communication sur la
gestion des affaires publiques.
4.2.3.1- Les rapports élus locaux et citoyens
de la commune de Savè
Rappelons que la gouvernance locale est une réponse
institutionnelle de la décentralisation. Elle a pour objectif de rendre
autonomes les citoyens, les communautés à la base, de les rendre
plus actifs afin d'assurer un développement harmonieux de toutes les
localités par l'impulsion d'une dynamique de concertation entre les
différents acteurs en présence.
Les modalités de la participation des citoyens à
la gouvernance locale sont précisées dans les textes et lois en
vigueur, ce qui canalise donc les différents intervenants. C'est
pourquoi la constitution du 11décembre 1990 en son article 150 du titre
X dispose que « les collectivités locales
s'administrent librement par les conseils élus, dans les conditions
prévues par les lois ».
La relation élus locaux et citoyens est une relation de
proximité fondée sur l'implication des citoyens dans la gestion
communale, sur un partenariat local, de symbiose et de synergie d'action. C'est
aussi une relation fondée sur l'obligation de résultat, sur un
courant d'échanges réciproque et constant.
Dans la commune de Savè et comme l'indique le tableau
III et la figure 1, 66% de la population sont conscientes de leur rôle,
de leur contribution au développement de la localité alors que
dans le même temps, 95,31% ne sont pas impliqués dans la gestion
des affaires de la commune (tableau IV et figure2). Ce qui révèle
un niveau très faible d'implication. Or l'engagement des populations
pour la mise en oeuvre des actions est une condition essentielle pour un
développement local effectif. Par conséquent, le
développement local ne peut être viable si la contribution des
communautés de base, qui en sont les bénéficiaires n'est
pas effective. D'où la décision d'entreprendre un projet ou un
programme doit être prise localement et en concertation avec les
personnes intéressées. Ceci permet à la population
concernée de mieux comprendre le bien fondé des
réalisations à faire et par conséquent de mieux
s'investir. Cela ne peut se faire sans les réunions de
proximité qui sont des `'espaces de concertation et de socialisation''
(FAO ; 1995). Mais force est de constater que dans la commune de
Savè, les populations ne participent pas aux réunions et aux
décisions relatives à leur commune (tableau V, figure 3).
Près de 86% estiment que l'administration locale ne les implique pas
dans la prise de décisions (Tableau IV, figure 2). A en croire une des
enquêtés, conseillère et Chef d'Arrondissement,
« qui dit gouvernance, dit effort pour dégager un
consensus. Mais il n'y a pas de franche collaboration entre la mairie et la
population. C'est ça qui fait les difficultés. Ici, notre
Président (Maire) n'aime pas faire les réunions avec les
populations, il n'aime pas du tout ». Elle a aussi
ajouté : « au sein du conseil, il y a des
décisions qui se prennent en désordre sans l'avis du conseil
communal à plus forte raison avec les populations. Il y a des choses
qu'on fait sans chercher à consulter, même les adjoints ne sont
pas informés. Il y a des choses qui se passent vraiment sans l'avis du
conseil ».
Pour le maire, les populations n'ont pas à participer
puisque, déclare t-il, « il y a un conseil communal ;
et si les populations doivent participer, c'est au moins que les populations
contribuent au financement des différentes actions en payant les
impôts, en payant les taxes ; mais du point de vue de la gestion
quotidienne, je ne vois pas comment est-ce que la population peut beaucoup
contribuer ». Nous pouvons donc conclure que les théories
de l'approche participative manquent de mise en oeuvre dans la commune de
Savè plus de quatre ans après la décentralisation et dire
que les initiatives de développement ne connaissent pas de succès
parce que ne parvenant pas encore à obtenir l'accord des populations. Si
pour le PNUD, un gouvernement qui méconnaît les besoins de vastes
segments de la population au moment de choisir et d'appliquer une politique
n'est pas perçu comme un gouvernement digne de ce nom, alors il est
aisé de classer Savè parmi les communes qui n'ont pas encore
atteint un bon niveau de gouvernance au regard de l'inexistence de
mécanismes d'écoute et d'échanges réciproques avec
sa population. L'approche participative, l'un des principes chers à la
gouvernance locale n'est pas appliquée dans la commune parce que les
responsables locaux n'en n'ont pas encore pris conscience car de l'avis du
maire de Savè : « ça peut faire
désordre que tout le monde veuille gérer ; c'est pour
ça qu'au niveau national, on a un gouvernement avec des ministres qui
doivent gérer et rendre compte. Pour faire le parallèle, on a
l'Assemblée Nationale qui contrôle et sanctionne. C'est ainsi
qu'au niveau communal, on a l'exécutif (le maire et ses adjoints) et
tous les services de la mairie, l'assistance et le contrôle de la
légalité de la tutelle. Mais penser que toute la population
veuille s'emparer du conseil pour gérer, ça ferait trop
pagaille ».
Tout ceci compromet le développement de la
localité quand on sait que toute intervention visant une
amélioration réelle et durable des conditions de vie des
populations est vouée à l'échec si les gens
concernés ne la prennent pas en charge. Il n'y aura pas de changement
durable à moins que les populations ne soient impliquées à
tous les niveaux d'intervention, de l `identification des problèmes
à la recherche et à la mise en oeuvre des solutions (Guy
BESSETTE). Cela se traduit ici par une faible exécution du PDC
évaluée à moins de 20% selon les déclarations du CA
de Boni.
En effet, dans l'élaboration et l'adoption du PDC
à Savè, 89,06% des citoyens ont déclaré n'avoir pas
été impliqués. Ce qui explique l'absence de motivation de
leur part et entraîne du coup l'incivisme, surtout l'incivisme fiscal
parce que ne pouvant pas lire les actions de la commune.
La question du paiement a toujours fait l'objet de conflits
entre les citoyens et le maire qui nous confie : « le
problème des impôts, on en a parlé pendant longtemps ici
à Savè. C'était la guéguerre entre le maire et la
population puisqu'il y a des gens qui ont toujours cherché la mort du
maire, tuer le maire et n'ont arrêté les embuscades qu'en juin
2007 ». Le budget de la commune se reposant principalement sur
la fiscalité, l'incivisme des populations a inévitablement
compromis la réussite des initiatives des responsables communaux. Et
comme le témoigne le tableau XII et la figure 5, 76,56% des citoyens ne
sont pas satisfaits de la gestion faite de la commune par leurs responsables
parce que leurs besoins ne sont pas comblés et la plupart
suggèrent la collaboration, l'implication, le consensus sur les
décisions et l'exécution des activités de la
localité.
Au total, les relations entre administration locale et
population de Savè sont caractérisées par une absence de
solidarité agissante, un défaut de considération et
d'implication des citoyens. Ces relations, de l'avis général de
nos enquêtés, sont des relations de conflits.
Mais, l'administration communale communique t - elle
suffisamment ?
4.2.3.2-Rapport gouvernance et communication
à Savè
La communication rime bien avec la gestion des affaires
publiques à la base. C'est un élément indispensable de la
gouvernance.
Pour analyser le rapport gouvernance et communication dans la
commune de Savè, aussi bien les populations que les élus locaux
ont été interrogés. De cette enquête, il ressort que
le niveau d'information de la population sur les affaires de la commune est
très faible.
87,5% des citoyens, en effet, ont répondu que le
maire n'organise pas de séances d'information à leur intention
(Tableau VIII, figure 6). Cela veut dire qu'en réalité, les
citoyens sont en marge de la gestion quotidienne de leur localité
contrairement aux dispositions de la loi. Ce qui fait que nombre de personnes
se sentent lésées parce qu'écartées par les
responsables locaux. Ils se plaignent de la gestion unilatérale de la
commune qui ne favorise guère la transparence. La
crédibilité de ces responsables est sans doute remise en cause
avec assez de soupçons. Plus de 95% n'ont aucune idée du budget
de la commune, ni de son compte administratif (voir tableau VII et figure 5).
Les citoyens n'ont aucune visibilité dans la gestion des finances. Les
seules occasions pour s'informer de l'exécution du budget, c'est les
séances du conseil communal ou de leurs comptes rendus. Ici encore, les
populations ne sont pas présentes en raison du déficit
d'information. A croire madame Fatouma YACOUBOU, « les gens ne
sont habitués, il y a manque de sensibilisation, les gens ne
maîtrisent pas le sens de ces sessions ». Selon le maire
de la commune, les réunions de ces conseils sont
précédées d'affiches et annoncées par la voie de la
radio communautaire. Pourtant, le constat est que la participation citoyenne
est faible. Cela suppose qu'aucun effort n'est fait pour expliquer au
préalable aux populations leurs droits et devoirs. Le compte rendu des
sessions est régulièrement affiché à la mairie,
mais 75% des enquêtés ne le consultent pas comme le montrent les
tableaux IX, X et les figures 7 et 8. Là se pose soit un problème
de sensibilisation, soit d'analphabétisme. Que peut comprendre une
personne non lettrée ou non alphabétisée de la
délibération du conseil communal sans la contribution des
responsables communaux ? Seuls 12,5% des citoyens de Savè ont le
compte rendu des délibérations du conseil communal. Il
apparaît dès lors une inquiétude pertinente : les
moyens de communication employés par la commune sont-ils adaptés
à son contexte socioculturel ?
Les investigations effectuées à Savè
nous ont permis de conclure qu'il existe quatre principaux moyens de
communication dans la commune et nous ont aussi permis de mesurer en même
temps la valeur de chacun de ces outils auprès de la population. Ainsi,
nous avons la radio communautaire, les réunions de proximité, les
crieurs publics et les journaux.
Depuis l'installation des conseillers communaux de
Savè en janvier 2003, ce n'est qu'en 2007 que les supports
imprimés sont utilisés un certain nombre de fois pour partager
des informations sur la commune avec la population. `'Savè info14(*)'', selon les informations
recueillies, n'a paru que récemment vers la fin du mandat des premiers
élus de la commune et cela, quelques fois. De plus, on peut remarquer
que les supports imprimés ne conviennent pas aux populations pour
s'informer. D'abord à en croire le maire de la commune, le journal n'est
pas bien lu. Peu de gens achètent `'Savè info'' et
« c'est une question de mentalité ou plutôt de
culture. On lit très peu dans notre pays. Le journal est vendu à
200 F, ça ne fait pas une petite bouteille de bière, mais
pourtant les gens préfèrent boire un casier de bière
plutôt que de lire un exemplaire de journal ». De plus, on
peut associer à ce fait le taux important d'analphabétisme
inhérent à cette commune semi- rurale. Tout ceci est
justifié par le peu d'intérêt que les populations accordent
au journal. En effet, de tous les enquêtés, seuls 3,12%
s'informent par ce canal comme l'indique le tableau XI et la figure 9.
Les crieurs publics sont également des canaux
d'information qui existent dans la commune. Par ce canal, l'information est
bien reçue et bien assimilée par les citoyens dans la mesure
où elle est conçue et transmise en l'adaptant au mode de vie,
à la réalité locale. La langue locale par laquelle le
message est transmis fait donc de l'emploi du crieur public un moyen important
de communication locale à Savè.
Il en est de même pour la radio locale appelée
`'Idadu FM''. Prenant en compte les particularités
socio-économique et culturelle de la localité, elle est à
même de satisfaire les besoins d'un public large et varié à
qui elle s'adresse dans les diverses langues parlées par les
populations. Ainsi, la majorité des populations (43,75%)
préfère s'informer par la radio locale (Tableau XI, figure 9).
Cependant, des points de vue critiques ont été émis contre
l'utilisation de ces trois premiers outils de communication par les
populations : aucun de ces moyens ne favorisent le feedback, la
discussion, l'échange entre l'émetteur et le récepteur.
Aucune discussion ne peut s'engager. Il s'agit là d'une information
descendante. L'avis des administrés dans ces conditions ne saurait
être pris en compte. Ces canaux d'information ne peuvent guère
remplacer les réunions.
Les réunions recouvrent une série
d'activités de rencontres et de discussions dont les formes varient
selon la nature des réunions qui fondent le rassemblement. En parlant de
participation aux réunions, il faut entendre les modes de concertation
à caractère social, politique, etc. Les groupes sociaux n'ayant
pas directement accès aux médias, peuvent exploiter les
réunions pour s'exprimer sur des questions d'intérêt local
ou national. Ces réunions sont aussi des lieux de formation parce
qu'elles impliquent des partages de connaissances entre les participants. Elles
relèvent d'une démarche inclusive et participative dont
l'objectif est d'engager un dialogue constructif, critique et prospectif sur
les problèmes de société. En tant que telles, elles
élargissent les espaces de dialogue et de délibération en
suggérant les voies à explorer, en insufflant une nouvelle
dynamique issue de réflexions sereines ou critiques. Les deux moyens
d'information sur lesquels s'appuie l'administration communale de Savè
à savoir la radio locale et les journaux ne sont pas suffisants pour
répondre aux aspirations des ses administrés. Il faut donc
ajouter à ces outils, les réunions de proximité pour aussi
permettre à la population de s'exprimer et d'être
écoutée.
Il est donc aisé de constater que la commune de
Savè ne dispose pas d'un plan de communication efficace. Les canaux et
opportunités de communication ne sont pas exploités pour
atteindre les populations. L'information ne circule pas. La communication entre
élus locaux et citoyens est presque inexistante. Les têtes
couronnées, les autorités religieuses de Savè ne sont pas
informées des activités entreprises par les responsables
communaux. Il en est de même pour les chefs de quartiers et de villages
dont les forces ou capacités en matière d'information et de
mobilisation ont été négligées. Quoique les lois
sur la décentralisation n'aient rien prévu en ce qui concerne les
relations de l'administration communale avec ces différents leaders
d'opinions, il ne faudrait pas perdre de vue leur potentiel pour la bonne
marche des activités de développement. Il ne fait aucun
doute qu'ils constituent des relais d'information et de ce fait, font parti des
acteurs du développement local. Le déficit d'information et de
communication envers ces personnes a créé un écart entre
elles et l'administration locale et par conséquent est à
l'origine du désintéressement et de vives tensions qu'a connu la
commune. On note un déficit de dialogue, de solidarité entre les
têtes couronnées, les chefs religieux et de quartiers ; ce
qui ne favorise pas une participation des populations à la gouvernance
locale.
Le maire ne fait pas des sondages d'opinions avant de prendre
les décisions. Le manque de sensibilisation conduit les populations
à des comportements de résistance au changement. Elles ne
maîtrisent pas le concept de décentralisation. Les
mécanismes de la gouvernance locale ne sont pas appropriés. Ce
qui explique leur incivisme tel que les difficultés liées au
paiement d'impôts et taxes et la violence exercée contre les
élus.
L'information devrait être disponible ou facilement
accessible à tous car l'adhésion aux changements qu'impose la
gouvernance locale implique un dialogue, une négociation qui vont
conduire à prendre en compte, non seulement les besoins prioritaires de
la population, mais aussi son savoir et ses pratiques qui contiennent bien
souvent les solutions les plus appropriées et les mieux adaptées
aux conditions.
Il faudra donc envisager, au regard de ces insuffisances, des
perspectives dans l'avenir, pour améliorer la gouvernance locale dans la
commune de Savè.
4.3- Perspectives
La résolution des difficultés et insuffisances
liées à la gouvernance locale à Savè telles que
décrites, nécessite un certain nombre d'actions en vue d'une
gestion participative, concertée et sans conflit de la commune. Il
s'agit de la mise en place d'une stratégie de communication, de la
création d'un cadre de concertation et de la réalisation
d'enquêtes publiques avant de prendre les décisions
importantes.
4..3.1-Vers la mise en place d'une stratégie
de communication locale
Il s'agit de créer un plan-cadre comprenant une
combinaison d'interventions de communication capables de susciter les
changements nécessaires en matière de connaissances, d'opinions,
d'attitudes, de croyances ou de comportements au niveau des populations en vue
de sa participation selon un calendrier donné et compte tenu des
ressources disponibles. La stratégie de communication constitue un
engagement et une boussole permettant de mobiliser et d'orienter les actions et
les énergies des acteurs.
Pour mettre en oeuvre une communication, l'on doit concevoir
une stratégie à partir d'une bonne connaissance du contexte ou du
milieu, mobiliser les ressources, élaborer des messages
appropriés et en organiser la circulation vers ou entre les personnes
concernées (cibles, bénéficiaires, acteurs, participants)
à travers des canaux et gérer ce processus pour obtenir un impact
dans le sens du développement.
Le processus de planification d'une stratégie de
communication pourrait se présenter comme l'indique la figure 11 ci-
après :
Figure 11 : Le processus de planification
d'une stratégie de communication
ANALYSE DE LA SITUATION
· Problèmes de développement
· Contexte de l'intervention et programme existant
· Parties prenantes
· Ressources en matière de communication
PROBLEME DE COMMUNICATION ??
OUI
NON
ELABORATION DE LA STRATEGIE
I- CADRE STRATEGIQUE
· Objectifs de communication
· Groupes cibles
· Types d'approches
· Messages clés
· Canaux et support de communication
II- VOLET OPERATIONNEL DE LA STRATEGIE
· Cadre institutionnel
· Plans connexes : production, formation et
renforcement des capacités
· Planning des activités
· Plan de suivi-évaluation
· Budgétisation
VALIDATION DE LA STRATEGIE
Source : Guide méthodologique
d'élaboration d'une stratégie de communication multimédia,
FAO, 2002, p13.
? L'analyse de la situation permet d'identifier le
problème en matière de développement ainsi que les
questions de communication qui lui sont liées. Elle permet
également d'identifier les forces et les faiblesses, les atouts et les
opportunités d'une part, les obstacles et contraintes d'autre part dont
il faudra tenir compte lors de la planification puis de l'exécution de
la stratégie.
? Grâce à des messages appropriés,
véhiculés vers les cibles concernées par des canaux
adéquats, la communication favorise les changements nécessaires
à la résolution des problèmes de développement.
? Le volet opérationnel de la stratégie
prévoit le plan d'exécution ainsi que les éléments
nécessaires à la mise en oeuvre de la stratégie :
cadre institutionnel, production du support de communication, formation des
ressources humaines, renforcement de capacité, suivi évaluation,
budget et calendrier d'exécution.
Une autre approche de solution à la question de
déficit de communication et de collaboration est la création d'un
cadre de concertation dans la localité.
4..3.2- Vers la création d'un cadre de
concertation au niveau communal
La présence de représentants des habitants dans
le groupe responsable de donner les grandes orientations des activités
de la commune et ou de les mettre en oeuvre est une manière de les
considérer comme partenaires et de les impliquer en tant que tels. Il
s'agit d'une structure beaucoup plus partenariale que consultative.
Les représentants des autorités locales, de la
population et des acteurs locaux se retrouvent au sein d'une même
commission et tentent d'arriver à un consensus sur des options et des
projets.
La multiplication des réunions entre les habitants et
les différents acteurs locaux participe à la création de
nouveaux réseaux d'interconnaissance, voire de groupes porteurs de
projets ainsi qu'à une ouverture aux logiques d'autres groupes. Il
existe une possibilité de débats et échanges d'arguments
susceptibles de faire évoluer les participants vers une position
commune.
L'avantage spécifique principal des commissions par
rapport à de simples réunions de consultation ou de concertation
ponctuelles réside dans leur caractère permanent qui leur permet
d'exercer un contrôle de vigilance et de dynamisation de projets au fil
du temps, à condition qu'elles gardent leur motivation.
De telles commissions ne peuvent fonctionner qu'avec un
nombre limité de représentants et ne peuvent être ouvertes
à tous ceux qui voudraient siéger. Un choix doit être
opéré. Il est donc souhaitable que les groupes en présence
mandatent des représentants et par le fait même apparaît le
risque de déconnexion entre les représentants et leur base. C'est
pourquoi l'une des conditions essentielles de réussite est le
caractère représentatif de la commission et la
matérialisation de la représentation par des contacts effectifs
entre les membres et leur groupe d'appartenance de base. Il faut donc veiller
à une composition suffisamment représentative des groupes de
travail pour que le processus de participation ne tourne pas en circuit
fermé au sein d'un petit groupe dans l'indifférence de la
majorité de la population et assurer la restitution de la
démarche à la population dans son ensemble.
La figure 12 ci-dessous indique, de façon
générale, quelques pistes pour aboutir à une bonne
gouvernance locale.
Figure 12 : Cartographie de propositions
pour une bonne gouvernance locale
Prémunir l'action publique
Sortir la délibération
collective
contre les risques de
du cadre institutionnel
dérive et d'abus
des
collectivités
Principe de solidarité
de pouvoir
locales
Prévoir et organiser les mécanismes
d'interpellation dans le fonctionnement des institutions locales
Principe de participation
Principe de responsabilité
Reconnaître et favoriser l'émergence d'espaces
publics diversifiés de délibération
Principe de l'enracinement
Définir les moments invariables pendant lesquels le devoir
de rendre compte
Principe de la participation
Créer une assemblée locale inclusive de tous les
espaces publics de délibération
Organiser une simultanéité entre l'action et le
contrôle
Gouvernance locale
Laisser le niveau local proposer les compétences à
partager avec les différents niveaux
Passer du partage des compétences à l'apprentissage
de la coopération entre différents niveaux et domaines
Principe de solidarité
Ne recourir au vote que pour sortir des situations de blocages
Principe du consensus
Principe d'une ingénierie institutionnelle fondée
sur la subsidiarité
Retenir le consensus comme mode de préparation des
décisions
Principe de la participation
Principe de solidarité
Faire de la construction du
Inverser l'approche,
consensus le fondement
l'organisation des compétences
de la démocratie locale
en partant de la
légitimité du local
Source : Réseau Dialogue sur la
Gouvernance en Afrique, Cahier de propositions pour une refondation de la
gouvernance en Afrique, novembre 2003 extrait de ECOVOX n°30,
Janvier-Avril 2004, p.17
Ici, plusieurs principes sont mis en exergue. Il s'agit des
principes de responsabilité, de participation, de solidarité, du
consensus, de l'enracinement et de subsidiarité qui font appel l'un
à l'autre, d'une manière ou d'une autre.
Ainsi, pour prémunir l'action publique contre les
risques de dérive et d'abus de pouvoir, les responsables sont
appelés à mettre en place des mécanismes d'interpellation
dans le fonctionnement des institutions locales dont ils ont la charge,
à définir les moments invariables pour rendre compte aux
administrés et organiser une simultanéité entre l'action
et le contrôle. C'est le principe de responsabilité. C'est aussi
une condition pour la participation.
L'émergence ou le renforcement de la démocratie
locale réside dans le consensus entre les différents acteurs.
C'est pourquoi il faudrait, dans la préparation des décisions,
oeuvrer pour le consensus à travers l'instauration d'un dialogue, d'une
négociation.
De même, le principe de l'enracinement veut que la
délibération collective sorte du cadre institutionnel des
collectivités locales. Ce principe peut être appliqué en
créant une assemblée locale qui inclut tous les espaces publics
de délibération.
Enfin, le principe de subsidiarité veut que le pouvoir
local se substitue progressivement, dans la mesure du possible, dans les
domaines où cela est prévu par la loi à l'administration
et aux pouvoirs centraux.
Les enquêtes publiques sont la dernière approche
de solution proposée au problème de gouvernance locale.
4..3.3- La réalisation d'enquêtes
publiques : une nécessité
L'enquête publique consiste à informer la
population de l'existence d'un projet, d'un plan ou de programme qu'elle pourra
consulter à l'administration communale aux fins d'émettre
d'éventuelles observations ou réclamations. La procédure
est éventuellement assortie de réunions d'informations et ou de
concertation. L'enquête contribue à l'information d'un large
public appelé à réagir le cas échéant au
regard des moyens d'information et de communication mis en oeuvre (affichage,
avis dans les medias, dont le bulletin communal ou les journaux publicitaires
gratuits). Le caractère formel de la procédure garantit un
minimum de prise en compte des réclamations et observation qui doivent
faire l'objet d'un examen et dont la non prise en compte doit être
justifiée.
L'enquête intervient sur un projet adopté par le
conseil communal et donc assez tard dans le processus d'élaboration. Il
devient difficile à ce stade d'apporter de changements fondamentaux. La
participation est réduite sauf si les habitants perçoivent des
enjeux importants pour eux. Un tel procédé suscite avant tout des
réactions d'opposition et peut donc mener à certains conflits.
C'est pourquoi il faut veiller à une information suffisamment attractive
et vulgarisée, sensibiliser les populations à
l'intérêt général.
CONCLUSION ET SUGGESTIONS
Le thème de recherche `' Problématique
de la communication dans la gouvernance locale au Bénin : le cas de
la commune de Savè'' est d'une importance capitale
pour l'essor des communes du Bénin en général, et en
particulier pour la commune d'investigation. En effet, le Bénin est un
pays très jeune en matière de décentralisation. C'est
pourquoi la gouvernance locale récemment engagée ne saurait
être exempte d'insuffisances quand on sait que tout changement requiert
un minimum de temps et d'apprentissage de savoir-faire et de savoir-être
en vue d'une adaptation des différents acteurs. La transition d'une
gestion centralisatrice à un système de décentralisation
efficace et efficiente n'est pas automatique. Il faut prévoir des cas de
résistance liée soit à un déficit d'information,
soit à une difficulté d'adaptation. Et c'est bien ce qui s'est le
plus souvent observé au lendemain de l'élection et de
l'installation des conseillers communaux de la première mandature au
Bénin.
Certes, les limites à la gouvernance locale sont de
plusieurs ordres et multiformes, mais celle qui retient ici notre attention au
regard des objectifs de la décentralisation, c'est bien celle relative
aux rapports liant les autorités locales à leurs
administrés. Cette relation nous paraissait importante à explorer
en ce sens que le développement local reste subordonné à
la participation des populations à la base à la prise des
décisions concernant la vie de leur localité et à leur
responsabilisation.
Ce sujet de recherche qui vise de façon
générale l'amélioration des rapports élus locaux et
citoyens dans la commune de Savè nous a donc permis d'abord de faire un
état des lieux de ces rapports et d'évaluer par la suite la
gouvernance locale dans cette commune en rapport avec la communication.
Au terme des investigations, notre hypothèse de
départ à savoir que ''les obstacles au décollage
socio-économique de Savè, pour la première
expérience de la gouvernance locale au Bénin, sont liés
à un déficit de communication'' est plausible.
L'absence d'implication et de concertation avec les
populations, l'absence de solidarité agissante, l'incivisme des
populations, les querelles sont ce qu'on peut retenir de façon
essentielle et qui complique la cohabitation des populations avec les
élus locaux.
D'un autre côté, on remarque que l'information
et la communication avec les administrés sont déficitaires. Elles
sont presque inexistantes. Les citoyens ne sont pas informés de la
gestion de la commune, ce qui constitue de véritables obstacles à
leur participation à la gouvernance locale, faute de motivation.
S'il est vrai que la participation citoyenne est une
condition essentielle du développement endogène, il n'en demeure
pas moins que la communication est un facteur de participation. Toute
amélioration de qualité de vie et tout progrès doivent
s'appuyer sur la communication pour rendre les populations solidaires et
intégrées dans les actions de croissance. Une politique
authentique de développement doit promouvoir les valeurs de
solidarité, de générosité, de dialogue pour
rapprocher les classes sociales dispersées.
Les résultats auxquels nous sommes parvenus par le
biais de cette étude nous amènent à formuler quelques
suggestions dont la prise en considération permettra à coup
sûr, d'ouvrir de nouveaux horizons pour bâtir non seulement la
commune de Savè, mais aussi toutes les communes du Bénin à
cette ère de décentralisation.
Il s'agit, pour les autorités locales de :
- favoriser l'échange permanent avec leurs
administrés par des moyens modernes et traditionnels de
communication ;
- utiliser les moyens d'information de masse pour une
communication de proximité, pédagogique et civique pour impliquer
et mobiliser les citoyens ;
- faire une sensibilisation permanente des populations sur
l'importance et le fonctionnement d'une collectivité locale
décentralisée ;
- intensifier l'effort d'alphabétisation des
populations rurales pour accroître leur capacité de perception des
messages éducatifs ;
- privilégier la transparence en présentant
clairement à leurs administrés le rôle et les moyens de la
commune pour favoriser la confiance des populations et leur implication dans
les affaires de la cité ;
- éviter d'exclure des groupes sociaux :
travailler avec les représentants des différentes couches tels
que les têtes couronnées, les autorités religieuses, les
chefs de quartiers, de villages et d'autres leaders d'opinions pour relayer
régulièrement l'information ;
- rendre plus opérationnelle la cellule de
communication de la commune ;
- prendre en compte le volet communication dans les
négociations financières auprès des partenaires au
développement ;
- accorder une part suffisante à la communication et
à l'information dans le budget communal ;
- élaborer et mettre en oeuvre un plan de communication
en direction des différents acteurs de développement ;
- explorer les différents espaces sociaux de
communication (marchés, cérémonies, fêtes,...)
en tant que lieux de relais des messages.
L'Etat doit :
- prendre conscience de l'importance de la communication pour
le développement et encourager la communication locale ;
- élaborer une politique de communication pour
faciliter la gouvernance locale ;
- former un personnel spécialisé en
communication pour la participation ;
- mettre en place un cadre juridique et financier permettant
aux collectivités locales d'accéder aux moyens de communication
de masse, aux nouvelles techniques de communication ;
- définir les rapports devant exister entre les
chefferies traditionnelles et religieuses et l'autorité locale par
l'instauration d'une collaboration apaisée par l'organisation des
séances de sensibilisation et d'information sur le rôle et les
missions de chacun dans la gouvernance locale ;
- renforcer la capacité des maires en management et en
leadership.
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bilan et perspectives. Rome, 107 p
- FAO (2001). Politiques et stratégies de
communication pour le développement. Rome, 89 p.
- FAO (2002). La communication pour le
développement. Rome, 68 p.
- FENU (2003). Le pouvoir des pauvres : la gouvernance
locale pour la réduction de la pauvreté, 168 p.
- MCPD/ UNFPA (2003). Rapport sur l'état et le devenir
de la population, 294 p.
- MD (2002). Le guide du vulgarisateur,
13 p.
- MD (2003). Le guide à l'usage du
maire, ordonnateur de la commune, 172 p.
- MD (2007). Le guide du conseiller communal et
municipal, 63 p.
- NACH MBACK, C. (1992). Contribution à
l'élaboration des indicateurs de décentralisation dans les pays
de l'Afrique de l'Ouest et du Centre : rapport de stage.
Cotonou : PDM, 21p.
- PDM (1992). Rapport du colloque sur le thème
`'participation des organisations communautaires et des ONG à la gestion
municipale'', Dakar
- PDM (1993). Rapport du séminaire sur la communication et
l'information locales, Bangui.
- PDM (1998). Rapport des premières journées de
la commune africaine (Africité98), 42 p.
- PDM (2003). Etat de la décentralisation en Afrique,
Karthala, 357 p.
- MD (2003). Guide pour la planification du
développement communal. Cotonou, 59 p.
- PNUD (1998). Rapport sur la pauvreté, 98 p.
- PNUD (2000). Rapport National sur le Développement
Humain au Bénin, 149p.
- PNUD (2002). Gouvernance locale dans la perspective de la
réduction de la pauvreté en Afrique, 40 p.
- TOSSA-GLELE, A. (2003). Cours de problématique du
développement à la base. ENAM, AGT2.
·Revues et articles
- BESSETTE, G. (2005). La communication en Afrique de l'Ouest
et du Centre : vers un agenda d'interventions de la recherche, 16
p.
- DAGENAIS, B. (1994). La communication locale : les
enjeux de la communication municipale, `'communication et organisations'',
N°6, 2 p.
- FONDATION POUR LE PROGRES DE L'HOMME
(1993) : les relations micro-macro. Décentralisation,
organisations locales et ONG au Mali : mémoire de
séminaire de Bamako, N°45 : Centre Djoliba, 90
p.
- HAROU, R. La participation des citoyens à la
démarche stratégique. CREAT, Université Catholique de
Louvain (UCL), 8 p.
- Le Van An (2006). Favoriser l'engagement des groupes les
plus désavantagés dans le développement local : le
cas de Viêt Nam, 20 p.
- Le Municipal, Quid de la
décentralisation du Ministère de la Décentralisation, de
la Gouvernance Locale, de l'Administration et de l'Aménagement du
Territoire, 2006.
- ECOVOX, le magazine de
l'écologie et du développement durable, N°30 janvier- avril
2004.
- Echos des communes, bulletin d'information,
d'éducation et de promotion de l'Association Nationale des Communes du
Bénin, N°13 2008.
- Echos des communes, bulletin d'information,
d'éducation et de promotion de l'Association Nationale des Communes du
Bénin, N°11 mai-juin 2007.
·Recherches sur
Internet
- http: // fr.wikipedia.org
- http: //
www.arnaudmeunier.com
- http : // www.Sendeveloppementlocal.com
- http : //
www.territorial.fr
- http : //
www.philosophiepolitique.net
- http : //
www.revuegouvernance.ca
ANNEXES
ANNEXE 1
GUIDE D'ENTRETIEN ET QUESTIONAIRE
Guide d'entretien à l'endroit des
autorités locales
Ce questionnaire élaboré dans le cadre
d'un mémoire pour l'obtention d'une maîtrise en Sciences
Techniques des Activités sociales et Educatives, option :
Développement Communautaire à l'Institut National de la Jeunesse,
de l'Education Physique et du Sport, vise à étudier la
gouvernance locale en rapport avec l'information et la communication dans la
commune de Savè (département des Collines).
Nous vous prions de bien vouloir répondre aux
questions ci-dessous le plus sincèrement possible. Les données
recueillies sont confidentielles, et utilisées uniquement à des
fins de recherches
1) Que pouvez-vous nous dire de la gouvernance locale ?
2) Quel est le rôle de la population dans la gouvernance
locale ? Les populations se sont-elles appropriées la
décentralisation dans votre commune ?
3) Quels types de relations entretenez-vous avec les citoyens
dans votre commune ?
4) Les populations participent-elles à vos
activités ? Quelles sont vos difficultés
relationnelles ?
5) Quels sont, selon vous, les obstacles à la
participation des citoyens à la gestion de la commune ?
6) Les objectifs de votre PDC sont-ils atteints ? Etes-vous
satisfaits de vos réalisations ?
7) Par quels moyens motivez-vous les populations pour leur
participation ?
8) La commune dispose- t-elle d'un plan de communication ?
Les citoyens sont-ils régulièrement informés de vos
activités ? Comment ?
9) Votre administration est-elle dotée d'une cellule
chargée de l'information et de la communication avec les
populations ?
10) Quels sont les canaux de communication que vous utilisez ?
11) Les moyens utilisés pour la communication avec la
population sont-ils adaptés au contexte socio-culturel de la
commune ?
12) Avez-vous l'habitude d'organiser des séances à
l'intention des populations ?
13) Avez-vous l'habitude d'ouvrir les séances de votre
conseil au public ?
14) Les populations payent-elles régulièrement
leurs impôts et taxes ?
15) Faites- vous des sondages d'opinions avant la prise de
décisions importantes ?
16) Les citoyens ont-ils une idée du budget de la commune
et de votre compte administratif ?
17) Quelle est la part accordée à la communication
dans votre budget ?
18) Que pensez-vous faire pour améliorer la participation
citoyenne aux affaires de la commune ?
Questionnaire à l'endroit des populations,
des têtes couronnées, des autorités religieuses et des
chefs de villages et de quartiers de ville
Ce questionnaire élaboré dans le cadre d'un
mémoire pour l'obtention d'une maîtrise en Sciences et Techniques
des Activités Sociales et Educatives l'Action, option :
Développement Communautaire à l'Institut National de la Jeunesse,
de l'Education Physique et du Sport, vise à étudier la
gouvernance locale en rapport avec l'information et la communication dans la
commune de Savè (département des Collines).
Nous vous prions de bien vouloir répondre aux
questions ci-dessous le plus sincèrement possible. Les données
recueillies sont confidentielles, et utilisées uniquement à des
fins de recherches.
Consignes : Les petites cases ont
été prévues pour votre réponse, mettez une croix au
niveau de celle qui correspond à votre choix.
Merci de votre compréhension
1) Avez-vous un rôle à jouer dans la gestion de la
commune ?
Oui
Non
2) La mairie vous implique t-elle dans la gestion de la
commune ?
Oui
Non
3) Participez-vous aux réunions ou aux décisions
concernant votre commune ?
Oui
Non
4) Etes- vous impliqué dans l'élaboration et
l'adoption du Plan de Développement de la commune ?
Oui
Non
5) Avez - vous une idée du budget et du compte
administratif de la commune ?
Oui
Non
6) Est-ce que la mairie organise des séances
d'informations à votre intention ?
Oui
Non
7) Le conseil communal vous rend t-elle compte de ses
délibérations ?
Oui
Non
8) Avez- vous l'habitude de consulter à la mairie les
procès verbaux, comptes rendus des délibérations du
conseil communal ?
Oui
Non
9) Quels sont parmi les canaux suivants celui ou ceux que vous
préférez pour vous informer ? Radio Journaux
Crieur public Réunion
Pourquoi ?-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
10) Etes-vous satisfait de la gestion de la commune par les
autorités locales ?
Oui
Non
Pourquoi ? Sinon que proposeriez- vous ?
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
RENSEIGNEMENTS GENERAUX
11) Nom et Prénoms
(Facultatif) :--------------------------------------------
12) Masculin
Féminin
13) Quel est votre niveau profil ?
Primaire Secondaire Universitaire
Alphabétisé Je ne
suis jamais allé(e) à l'école
Une fois encore, recevez nos sincères
remerciements pour votre disponibilité et l'effort requis par vos
réponses à ce questionnaire.
ANNEXES 2
RESULTAS D'ENTRETIEN
Entretien avec Madame YACOUBOU Fatouma, Chef
d'Arrondissement de Boni de la commune de Savè
Moukaïla AMADOU : Bonjour
Madame. Vous êtes le Chef d'Arrondissement de Boni. Que pouvez-vous nous
dire de la gouvernance locale ?
Fatouma YACOUBOU : Merci
Moukaïla. On m'appelle madame Fatouma YACOUBOU AYEDOUN, CA de Boni.
S'il faut parler de la gouvernance, je vais dire que cela
revêt plusieurs significations et utilisé dans la politique, dans
l'administration, l'économie, dans les relations internationales, en
tout cas en quelque sorte.
Ici par rapport à la gouvernance locale, je peux dire
que c'est une forme de réponse pour réconcilier, que ça
soit dans la politique. C'est pourquoi je disais que le thème
revêt plusieurs aspects. Donc qui dit gouvernance, dit effort pour
dégager un consensus.
M.A : Et que dire de la
gouvernance locale dans la commune de Savè ?
FY : Bon, la gouvernance, c'est
plus ou moins acceptable. Ce n'est pas encore ce qu'on dit, ce qu'on veut en
tant que telle. Donc, ça reste beaucoup.
MA : Selon vous, est-ce que les
populations se sont approprié la décentralisation ?
FY : C'est pourquoi je dis que
ça reste beaucoup. Si la population ne sait pas encore ce que c'est que
la gouvernance ou bien la décentralisation parce que s'il faut parler de
la gouvernance, il faut parler aussi du positionnement des femmes. Ça
fait parti de la bonne gouvernance parce que seuls les hommes ne peuvent pas
faire le développement. C'est ensemble hommes et femmes, on peut faire
l'affaire. Il y a des femmes qui veulent et qui ne sont pas bien
positionnées. Il y a des femmes qui sont positionnées par le
président de leur parti mais qui sont menacées par certains. Donc
tout ça là, ça veut dire que les gens ne comprennent pas
ce qu'on appelle décentralisation ou bonne gouvernance.
MA : Quels types de relations
entretenez-vous avec les citoyens ?
YF : C'est pas mal. Si ce n'est
pas bon, je ne pourrais pas être réélue, par rapport
à mon arrondissement, je n'ai pas de problème. C'est parce que on
ne peut pas faire quelque chose sans difficulté. Dans tout ce que tu
fais dans la vie, tu dois rencontrer des difficultés, sinon ça
va.
AM : Est- ce que les populations
participent à vos activités ?
FY : Bien sûr ils
participent, je prends un exemple. Avant ce n'était pas ça. Quand
vous expliquez, vous sensibilisez s'il y a des choses à réaliser,
des projets qui demandent de contre partie, je convoque, je les invite, je les
fais toucher du doigt l'intérêt. Si ça nous échappe,
où est-ce que nous allons trouver des millions de tels projets ?
Alors que si on trouve 10% ça peut nous aider beaucoup. Si c'est un
projet de 5 millions, de 10 millions, on vous demande 10% ou 5% et ça
vous échappe, où est-ce qu'on va trouver la
totalité ? Et parfois, les gens cotisent, les bonnes
volontés cotisent. Si ça ne suffit pas, on fait clin d'oeil
à nos frères qui sont à Cotonou. Voilà, c'est tout
cela on appelle gouvernance, décentralisation.
AM : Quelles sont vos
difficultés avec la population ?
FY : Les difficultés,
c'est par rapport à la mal compréhension ou bien de la
`'tête'' même. S'il y a des difficultés, c'est par rapport
à la mairie même, le président du conseil même, parce
que nous on est là, on n'a pas d'autonomie financière. Il y a des
choses qui nécessitent l'intervention du président du conseil et
qui laisse tout le monde, il néglige.
AM : Quelles sont les
difficultés à la participation des citoyens à la gestion
de la commune ?
FY : Quand on ne t'invite pas ou
on ne t'informe pas, ça la, ça concerne surtout le
président du conseil qui est le maire. C'est lui qui doit faire les
premiers pas. Donc s'il a déjà fait les premiers pas, il a
sensibilisé bien la population, il cause bien, il échange bien,
il est bien avec la population, le tout serait facile à notre niveau.
Dans tous les cas, tous les domaines, il faut une franche collaboration, il
faut une concertation. Quand il n'y a pas de franche collaboration, il y a
toujours de difficultés. Il n'y a pas de franche collaboration entre la
mairie et les populations de Savè. C'est ça qui fait les
difficultés.
AM : Est-ce que les objectifs
de votre PDC sont atteints ?
FY : Non, bon ça ne peut
pas être atteint en tant que tel. C'est cette année seule qu'on
n'a pas encore fait l'évaluation. Mais ce qu'on a fait en 2007,
ça n'a pas donné en toute sincérité. Le pourcentage
est faible parce ce qu'on avait calculé en son temps, ça fait
moins de 20% de réalisation, moins de 20% de réalisation !
Tu vois, ce n'est pas bon. Si ça atteint 30 ou 40%, ça serait
acceptable. Donc par rapport à ce qu'on avait établi avec
PRODECOM, on a travaillé avec PRODECOM, c'est PRODECOM qui nous a
aidés. On a fait ça par quartier selon le désir des
populations, mais on n'a pas pu réaliser nous en notre sein. Hum, c'est
ça.
AM : Par quel moyen vous motiver
les populations à participer aux actions du développement
local ?
FY : Bon, parfois par la
communication, la radio locale. S'il y a des choses à communiquer, c'est
la radio souvent. Mais parfois aussi, il y a des choses qui ne
nécessitent pas la radio parce que tout le monde n'a pas de radio.
Ça a besoin de se faire face. Qu'on se fasse face et se poser des
questions. Sinon, je suis entrain de passer, la radio est entrain de parler, si
je veux je peux attendre pour écouter ; si ça ne
m'intéresse pas, je continue. Mais c'est différent si c'est un
grand meeting ; une séance d'échange donc, c'est encore plus
beau. Mais nous ici, notre président n'aime pas faire des
réunions avec les populations, il n'aime pas du tout.
AM : Est- ce que votre commune
dispose d'une cellule chargée de l'information et de la
communication ?
FY : Les informations là,
j'ai dit il faut communiquer, il faut informer, il faut sensibiliser. Ça
peut être là, mais quand on ne comprend pas et il n'y a pas une
sensibilisation bien faite, les gens ne vont pas comprendre. Mais il y a quand
même une cellule qui est chargée de ces genres de choses. Mais peu
sont informés.
MA : Est-ce que la commune
a un plan de communication ?
FY : Bon, je peux dire oui. Comme
déjà il y a quelqu'un chargé de la communication, il y a
des journaux qui sortent tous les mois. On dit `' Savè info'', tout ce
qu'on a fait ça sort dedans et c'est à 200f. On a un contrat avec
la radio locale.
MA : Après la radio
locale et les journaux, quels sont les autres moyens que vous utilisez pour
communiquer ?
FY : Pour communiquer,
parfois on dit qu'on a affiché. Il y a des affiches. Il faut aller
à la mairie d'abord et les gens ne se déplacent pas pour dire bon
je veux aller lire ce qui est là. Souvent c'est des affiches qu'on fait.
Mais c'est quand tu as besoin de quelque chose ou bien tu es allé faire
un travail à la mairie que tu profite pour jeter un coup d'oeil sur ce
qui est affiché. Sinon, les gens ne se lèvent pas
d'eux-mêmes pour dire je vais aller voir le programme de la semaine,
non ! C'est à des occasions qu'ils profitent pour jeter un coup
d'oeil sur ces genres de choses.
MA : Est-ce que ces moyens de
communication sont adaptés au contexte socio- culturel de la
commune ?
FY : Non, justement, j'ai dit que
ça reste à faire. Ça ne convient pas.
MA : Avez-vous l'habitude
d'organiser des séances d'information à l'intention des
populations ?
FY : Oui, si après
des séances, on a fait des réunions qui concernent ma population,
après une session, j'invite la population ou bien je peux demander aux
chefs quartiers qui sont là, malgré qu'ils ne sont pas reconnus,
pour leur rendre compte. Je fais un effort pour travailler avec eux parce que
sans eux, ça ne peut pas marcher. Je convoque, je dis j'ai besoin des
chefs quartiers, un chef quartier accompagné de 10 sages, de 10 femmes
ou bien de 10 jeunes, ça dépend de ce que je veux porter comme
information, de ce que je veux dire, ce que je veux faire. A chaque
séance de session, je les invite pour leur rendre compte de ce qui
concerne la population, voilà, voilà ce qui est
arrêté, ce qui concerne le budget, je rends compte, dans le budget
on a demandé telle ou telle chose, est-ce que cela est pris en compte,
je dois leur rendre compte. On a budgétisé tel projet, on ne sait
jamais, on n'a pas budgétisé tel, ce que j'ai
négocié au sein du conseil, ça n'a pas pris en compte, je
dois leur rendre compte.
AM : Avez-vous l'habitude
d'ouvrir vos séances du conseil au public ?
FY : Bon, les gens ne sont pas
habitués, il y a manque d'information, manque de sensibilisation, les
gens ne maîtrisent pas le sens, parce que moi je suis allée au
moins dans trois communes, j'ai vu comment se passent les sessions. Je suis
allée un jour à Bohicon, les gens étaient nombreux.
Qu'est-ce qui se passe ? On dit qu'il y a session. On ma dit que c'est
à des séances comme ça la population vient parce qu'ils
disent ça à la radio. Ici, on ne dit pas. A moins que si moi je
connais quelqu'un, si je veux, je peux dire on a telle chose aujourd'hui,
est-ce que tu es disponible ? C'est se que je fais souvent. Les gens ne
s'intéressent pas, ils ne savent pas que c'est leur chose, c'est leur
affaire, c'est notre affaire ; il manque assez de sensibilisation pour que
les gens comprennent que ça là, c'est notre chose. Même si
vous ne pouvez pas parler, parce que on dit que tu ne peux pas intervenir,
à la sortie tu peux appeler quelqu'un pour dire j'ai constaté
telle chose dans le débat, voilà mon point de vue. J'ai
assisté à de telles séances à Parakou,
Glazoué, je vois comment ça se passe là-bas.
MA : Est-ce que à
Savè, les populations payent régulièrement leurs
impôts et taxes ?
FY : Oui bon, ils payent.
Le receveur, il travaille bien. Le service des impôts, c'est
différent, c'est parallèle. Il continue de faire son travail
qu'il avait l'habitude de faire avant même l'avènement de la
décentralisation. Maintenant, avec l'appui des conseillers communaux, on
les aide aussi à distribuer les avis. Donc, ils font des saisies, ils
font bien des saisies. Seulement, dans les périphéries, ça
ne prend pas encore. Le peu que les gens donnent ici, si c'est comme ça
dans les huit arrondissements, ça aura son sens.
MA : Est-ce que le maire fait des
sondages avant de prendre des grandes décisions ?
FY : Il ne faut pas q'on dise
tout à la radio. On a déjà tiré, tiré, bon
on a constaté que le maire ne veut pas changer, même en notre
sein. Au sein du conseil, il y a des décisions qui se prennent en
désordre, sans l'avis du conseil communal à plus forte raison
avec la population. Nous, en notre sein, il y a des choses qu'on fait sans
chercher à consulter. Quand tu tires, tu attaques les adjoints, ils te
disent « mais, on est au même niveau d'information, on est
là seulement hein, il ne nous a pas informés ». Donc,
c'est comme ça on les prend. Si au cours du débat, on veut
s'attaquer aux adjoints, ils disent `'non'', le maire même est là
demandez lui s'il nous a informés, nous-mêmes, on est pas au
courant''. Il y a des choses qui se passent vraiment sans l'avis du conseil.
Je suis arrivée, il y a des affectations en
désordre, des changements de postes, des recrutements anarchiques.
Vraiment ! Heureusement, on tend vers la fin du mandat. C'est
déjà fini sinon, si c'était avant, vous gardez cela et
puis vous convoquez une séance et c'est ça vous allez
débattre tout le long de la journée ; tout le temps, vous
répétez la même chose. Vous pouvez rester là sur le
même sujet. Même si unanimement tout le conseil sauf lui seul dit
`'ça là on ne veut pas'', il peut rester là à
discuter alors que normalement, il n'a aucune force. Si tout le monde, 12 sur
13 disent ''voilà c'est ça on veut'' et toi seul tu tournes en
rond, tu dis `'non, ce n'est pas ça'', ça veut dire qu'il y a
quelque chose qui ne va pas. En tout cas, on ne lui fait pas cadeau. Il est
naturellement comme ça. On est entrain de finir hein.
MA : Madame la
conseillère, est-ce que les populations ont une idée du budget et
du compte administratif de la commune ?
FY : Non ! Est-ce que les
populations sont informées de ces choses là ? Quand vous
demandez, ils disent que c'est déjà affiché, si les gens
veulent, ils n'ont qu'à venir. Nous, on nous présente ça,
on fait des amendements ; ce qu'on ne comprend pas, parfois ils changent
des articles, ce qu'on avait budgétisé, ce qui a
été utilisé, s'ils ont besoin de l'argent, ils vont passer
article par article pour dire que telle ligne a été
reversée dans telle ligne pour faire telle dépense. En tout cas,
on tire déjà vers la fin.
MA : Quelle est la part
accordée à la communication dans votre budget ?
FY : Il y a quelque chose qui est
fait à la dernière minute. Avant, rien n'était fait.
Maintenant comme tout est politisé, à la dernière minute,
on a pris en charge la communication. Sinon depuis, quand on parle de la
communication, il dit non ; on ne sait pas comment il gère
ça.
MA : Au vu de tout ceci madame,
comment pensez- vous qu'on peut améliorer la participation citoyenne aux
affaires de la commune ?
FY : Merci Moukaïla. Je
remercie encore mon seigneur d'être réélue. Donc, nous on
veut, on a des idées, on jette des idées, on fait des
propositions. Mais comme le N°1 n'accepte pas, on souhaite que le futur
maire soit quelqu'un qui accepte les propositions, qui collabore avec les
membres du conseil communal pour que tout aille bien. Si déjà on
collabore et on accepte les propositions de ses prochains, il n'aura pas de
problème. Toi tu amènes tes idées, tes propositions, telle
autre personne, la même chose. Ensemble, on va travailler. Mais cette
dictature là, elle ne peut pas amener loin. Ça ne
développe pas. Donc notre souhait, c'est que le prochain maire soit
quelqu'un qui communique, qui accepte des propositions, qui ne fait pas la
dictature pour le développement local.
MA : Merci madame de votre
collaboration.
FY : Merci Moukaïla et du
courage.
Entretien avec monsieur Christophe OLAYE, maire de la
commune de Savè :
Moukaïla AMADOU :
Pouvez-vous vous présenter s'il vous plaît ?
Christophe OLAYE : Je m'appelle
OLAYE Christophe. Je suis administrateur civil à la retraite. En 2002,
j'ai pris part aux élections communales et j'ai été
élu maire de Savè.
MA : Monsieur le maire, vous
êtes actuellement la première autorité de la commune de
Savè. Que pouvez-vous nous dire de la gouvernance locale ?
CO : Il faut qu'on puisse
s'entendre sur cette terminologie qui est tout à fait nouvelle.
La gouvernance, c'est d'abord le fait de gérer des
affaires, une administration, et puis les affaires politiques aussi, les
affaires de la décentralisation mais là en toute transparence,
c'est-à-dire sans rien occulter, sans rien cacher à la
population, par rapport à l'économie, par rapport aux finances,
surtout aux finances, par rapport aussi aux relations que l'on doit avoir, que
les citoyens doivent avoir entre eux. C'est la bonne gouvernance. C'est d'abord
ma définition. Pour le contenu, on peut parler de long en large.
MA : Monsieur le maire, quel est
le rôle de la population dans la gouvernance locale ?
CO : D'abord, la population
élit ses représentants. Le fait de participer aux
élections montre que le citoyen exprime et a la possibilité
d'exprimer son choix, participe à la désignation de ceux qui
doivent gérer la cité. C'est déjà un grand
rôle de pouvoir exprimer sa voix. C'est le premier rôle. L'autre
rôle, c'est que si les élections étaient allées
à terme, les élections par rapport à notre mandat nous
autres, n'étaient pas faites au niveau local, il n'y a pas eu les
élections des conseillers de villages ou de quartiers de villes, ce qui
fait que la décentralisation a perdu quelque chose sur ce plan
là.
MA : Quelles sont les relations
que vous avez avec les citoyens ?
CO : Pour aller plus vite, il
faut dire que, bien que les élections des conseillers de villages et de
quartiers de villes n'aient pas eu lieu, la population désigne ses
représentants, tout le monde ne peut pas gouverner. Ces
représentants, ce sont les conseillers et normalement, les conseillers
doivent faire en sorte que les choix de la population soient exprimés
dans les budgets, dans les PDC, les populations doivent être
informées de la manière dont le budget est
géré ; ce qui fait que chaque année lors du vote du
budget, il doit y avoir des points d'information de la population. La
population doit avoir la possibilité de choisir les actions qui sont
amenées à son profit. Il y a toutes les occasions pour que la
population s'exprime, d'être au moins un peu au courant. Par exemple,
chaque 1er août, le maire fait le bilan et chaque année
au moins à Savè, nous faisons le bilan de nos activités
à travers un organe que moi-même maire OLAYE j'ai
créé, un organe d'information auquel les autres collègues
conseillers ne croyaient pas beaucoup, mais que j'ai financé
moi-même pour qu'il y ait un peu plus de transparence afin que vraiment,
la bonne gouvernance soit de mise à Savè. Le journal, cet organe,
c'est `'Savè info''.
MA : Monsieur le maire, est-ce que les populations
participent à vos activités ? N'avez-vous pas des
difficultés relationnelles ?
CO : Les populations n'ont pas
à participer puisque, disons qu'il y a un conseil communal. Si les
populations doivent participer, c'est au moins que les populations contribuent
au financement, à la collecte des différentes ressources, au
financement des différentes actions en payant les impôts, en
payant les taxes. Mais par contre, au point de vue de la gestion quotidienne,
je ne vois pas comment la population peut beaucoup contribuer. Mais par contre,
pour la mise en oeuvre des actions, la population contribue et est
étroitement associée. Je peux vous citer le cas des projets
communautaires, dans le cadre des actions du PNDCC. Les actions du PNDCC sont
de deux ordres. Il y a des actions communales qui sont des actions
gérées par le conseil communal, en fait c'est l'exécutif,
le maire et les conseillers, et les actions communautaires directement par les
communautés elles-mêmes, qu'on appelle les communautés
à la base, tout cela évidemment avec l'appui des services
techniques de la mairie de la commune.
MA : Quels sont, selon vous les
obstacles, les problèmes que les populations ont à participer aux
actions du développement communal ?
CO : Il n'y a pas d'obstacles en
tant que tels. Ça peut faire désordre que tout le monde veuille
gérer. C'est pour ça qu'au niveau national, on a un gouvernement
avec des ministres qui doivent gérer et rendre compte. Pour faire le
parallèle, on a l'Assemblée Nationale qui contrôle et
sanctionne. C'est ainsi qu'au niveau communal, on a l'exécutif
composé du maire et ses adjoints et de tous les services de la commune,
le conseil communal qui vote le budget et contrôle les actions du maire,
l'assistance et le contrôle de la légalité de la tutelle.
Mais penser que toute la population veuille s'emparer du conseil pour
gérer, ça ferait trop pagaille.
Par contre, si les populations sont bien organisées en
associations, ces actions peuvent être d'une grande utilité pour
dénoncer les irrégularités.
MA : Les objectifs de votre PDC
sont-ils atteints ?
CO : Notre PDC, c'est 2005-2009,
on a déjà atteint près de 86% de mise en oeuvre, nous
avons dépassé largement les objectifs. C'est ce que je peux dire
en un mot.
MA : Par quels moyens
motivez-vous la population ?
CO : La plus grande motivation,
c'est d'abord de réaliser. Le maire de Savè que je suis n'a
jamais cherché à faire campagne pour que les gens voient qu'il
réalise. Il préfère mettre en oeuvre pour que les actions
soient visibles. Exemple, si nous faisons un hôtel, toit le monde sait
qu'il existe, si nous faisons des ponts, tout le monde peut passer, on roule
facilement parce que le pont existe. Nous avons le marché central que
nous sommes entrain de transformer en centre commercial avec des boutiques
flamboyantes. Il n'y a pas de raison que les gens ne voient pas ces actions.
Les gens ont moins soif et ils constatent qu'il y a moins de difficultés
à aller chercher l'eau et ces actions motivent et permettent aux gens
d'accepter de payer les impôts et taxes et je puis vous dire qu'en
matière d'impôts et taxes, on est passé, on a
multiplié par deux et demi les recettes fiscales. Ça veut dire
que les gens sont motivés, ils voient, concrètement que leur
argent est investi et non dilapidé.
MA : Monsieur le maire, est-ce
que votre commune dispose d'un plan de communication ?
CO : Bien sûr que la
commune dispose d'un plan de communication. D'abord, nous avons un responsable
de la communication. Ensuite, grâce à un partenaire,
c'était PRODECOM, nous avons pu élaborer un plan de communication
qui nous permet de faire des émissions de sensibilisation sur des
problèmes de santé, d'environnement, de fiscalité et cela
est prévu directement au budget, financé par le budget de la
commune.
MA : Quels sont vos canaux de
communication ?
CO : Pour le moment, c'est
d'abord la radio. Il y a aussi le journal `'Savè info'' pour autant que
les gens acceptent de lire puisque les gens n'aiment pas payer.
MA : Est-ce que ces moyens de
communication sont adaptés au contexte socio-culturel de la
commune ?
CO : Je ne peux pas dire si ces
moyens conviennent. Mais la radio convient certainement parce que tout le monde
écoute la radio. Bon, le journal, ceux qui veulent lire achètent.
C'est une question de culture ou plutôt de mentalité. On lit
très peu dans notre pays. Le journal est vendu à 200F, douze
pages. Mais 200F, ça ne fait pas une petite bière ; pourtant
les gens préfèrent boire un casier de bière plutôt
que de lire un exemplaire de journal.
MA : Avez-vous l'habitude
d'organiser des séances d'information à l'endroit des
populations ?
CO : Les conseillers peuvent le
faire dans leur village. Les CA le font et rendent compte. Mais des
séances d'information puisqu'il y a tout le temps des réunions,
on a des floraisons de réunions. Mais ces séances ne peuvent
jamais remplacer les émissions à la radio puisque la radio rend
compte du budget, des actions de remise de sites ou bien de la mise en oeuvre
de projets.
MA : Est-ce que les
séances du conseil communal sont ouvertes au public ?
CO : Bien sûr. Parfois,
nous informons. Les réunions du conseil sont
précédées d'affiches sur la tenue de ces réunions
et nous informons la population par la voix de la radio communautaire, mais
quand les sujets sont importants, mais pas tout le temps. Tout le monde sait
que la loi a prévu que les séances soient ouvertes à la
population.
MA : Les populations payent-elles
régulièrement leurs impôts et taxes ?
OC : On en a parlé pendant
longtemps à Savè ici. C'était la guéguerre entre le
maire et les populations puisqu'il y a des gens qui ont toujours cherché
la mort du maire, tuer le maire et n'ont arrêté les embuscades
qu'en juin 2007, donc tout dernièrement, il n'y a même pas un an.
Ça veut dire qu'à peine à quelques mois de la fin du
mandat les gens ont arrêté. Il y a ceux que je peux
considérer de l'opposition, particulièrement, je peux dire les
gens de CAP-SURU, parti non enregistré officiellement, du mouvement
CAP-SURU qui ont toujours tout fait pour faire de la désinformation, et
pour inciter la population à l'incivisme, particulièrement
à l'incivisme fiscal. Mais malgré cela, comme la population a
constaté que malgré la chasse au maire, le maire continue de
faire ce que personne n'a jamais fait, continue de faire des
réalisations concrètes, des actions qui permettent d'avoir de
l'eau, qui permettent d'avoir des services marchands, qui permettent de faire
des routes, des voies, à les désenclaver, qui permettent de faire
des ponts, qui permettent d'avoir des classes, des écoles sans attendre
le transfère des compétences, etc. La population s'est mise
sincèrement à payer ses impôts et j'ai dit qu'on n'est
passé à deux fois et demi, à trois fois de recettes.
MA : Monsieur le maire,
faites-vous de sondages d'opinions avant de prendre d'importantes
décisions ?
CO : Jamais de sondages
d'opinions. Il n'y a pas d'organe de sondages d'opinions. Ce serait du mensonge
si quelqu'un dit que cela se fait au Bénin. Il ment. Bon, il y a l'ORTB
qui parfois envoie des gens interroger quelques individus, ça ne peut
jamais constituer de vrais sondages d'opinions et de toute manière, nous
n'avons pas d'organe au Bénin, organe technique, scientifique, de
statisticiens pour enfin organiser ce genre de sondage.
MA : Les populations ont-elles
une idée du budget communal et de votre compte administratif ?
CO : Probablement,
puisqu'à l'occasion de tous les budgets, nous rendons compte, nous
faisons largement écho du budget.
MA : Et quelle est la part
accordée à la communication dans le budget ?
CO : D'emblée, je n'ai pas
les chiffres en têtes. Mais ce que je peux dire, il y a les
communiqués, dans la communication, il y a les communiqués, c'est
deux millions de francs CFA pour la communication, vous pouvez vous adresser
à la radio. Nous les aidons aussi à s'équiper. La preuve,
c'est que l'un de leurs matériels, l'émetteur était
très faible et c'est grâce à la commune avec une
contribution de deux millions et demi l'année dernière que
l'émetteur porte un peu plus loin et nous avons prévu 2,5
millions encore cette année pour leur permettre d'avoir un ampli pour
que `'Idadu FM'' puisse être entendu à Parakou, peut-être
au-delà. Nous faisons des efforts sur ce plan. Et puis nous avons
prévu de façon constante environ 750 millions pour la
sensibilisation sur l'environnement, sur les maladies.
MA : On le voit de nos jours,
monsieur le maire, la participation des gens est très importante pour le
développement local. Comment peut- on améliorer la gouvernance
locale selon vous ?
CO : Il faut dire que le
gouvernement est entrain de corriger les insuffisances au niveau
électoral, au niveau légal. La contribution sera beaucoup plus
forte puisque la matière à travailler de ces conseillers
élus, c'est d'abord les informations sur les actions menées au
niveau un peu plus central, au niveau de la mairie. Et l'aide directe sera
recherchée de ces conseillers de villages ou de quartiers de villes. Ils
n'ont rien d'autres à faire que de sensibiliser, d'informer, de faire
faire le travail de salubrité, le travail surtout de lutte contre la
délinquance, le banditisme, donc de sécurité et sur ces
actions de façon variée, nous attendons une contribution de la
population et non une contribution désordonnée où les gens
veulent juste prendre part aux réunions pour voir ce qui s'y passe,
où les gens se querellent de façon désordonnée sans
savoir ce sur quoi ils se querellent. Par contre comme l'Etat a prévu
que ces élections s'élargissent, c'est à partir de
maintenant qu'on pourrait avoir la contribution de la population de
façon réelle parce qu'il faut tout organiser, il ne faut pas
faire de l'anarchie, de la pagaille, du désordre. Ce n'est pas dans ce
désordre, parce que chacun veut ceci, qu'on tire dans tous les sens en
désordre. Si vous sensibilisez les gens, ils comprendront qu'il n'y a
pas de raison de pourchasser les maires parce qu'ils ne sont pas ceux qu'ils
ont toujours vus à l'oeuvre et qui n'ont jamais rien
réalisé. A Savè, ils n'ont jamais rien fait, jamais depuis
1960. Ils se sont même opposés au développement, même
pour faire certaines voies. Vous avez vu Savè, une commune d'où
sont sortis tellement de cadres qu'on vente, je crois à tort d'ailleurs.
Voila, vous avez vu dans quel contexte, vous voyez, il n'y a même pas un
mètre de goudron. Moi j'ai essayé hein, j'ai fait 200
mètres de goudron, justement de voie bitumée avec l'aide d'un
responsable du ministère des travaux publics. Toute de suite, ceux qui
n'ont pas voulu que nous ayons un bilan ont tout fait pour casser ce monsieur
pour qu'on ne puisse pas progresser et ça s'est arrêté
là. Si Savè n'était pas traversé par une voie inter
Etat, on n'aurait pas la voie bitumée que vous avez vue. Voila les
problèmes.
MA : Que faire donc au vu de tous
ces problèmes pour améliorer la décentralisation, la
gestion de la commune de Savè ?
CO : Moi je pense d'abord qu'il
faut respecter la République. Que les chefferies traditionnelles, les
chefs, les chefs supérieurs, moi je ne les appellerais pas rois, ils n'y
a pas de roi au Bénin, il y a des chefs traditionnels qu'ils ne faut
pas mépriser non plus, ils ont leur rôle à jouer. Mais que
chacun reste, se cantonne à jouer le rôle qui est le sien, mais la
République doit demeurer la République. Il faut que les
politiciens traditionnels cessent de manipuler les populations à travers
les chefs traditionnels, la chefferie traditionnelle qu'ils corrompent à
souhait. Il faut aussi cesser de réussir aux élections en
corrompant la population ; l'argent doit disparaître. Que les gens
fassent la politique un peu comme s'ils s'adonnent à leur religion.
Voyez quand vous êtes chrétien, vous êtes fidèle,
vous contribuez à l'église tous les jours, vous êtes
mobilisé sans demander de l'argent, c'est vous qui donnez de l'argent.
Quand vous êtes musulman, c'est pareil. Mais quand vous êtes
militant de parti, n'attendez pas qu'on vous donne de l'argent, au contraire,
il faut dépenser pour faire passer votre idéal. Vous avez un
idéal que vous caressez.
Donc quelque part, il faudrait que les textes
réorganisent le fonctionnement, réorganisent la politique, la
politique de la politique.
MA : Merci monsieur le maire pour
cet entretien.
CO : Merci Moukaïla, mais
vous n'avez pas prévu que ce devrait être un entretien sur les
questions de ce genre. Je croyais que vous voulez faire un mémoire. En
tout cas, merci.
TABLE DES MATIERES
Dédicaces....................................................................................................i
Remerciements..............................................................................................ii
Sigles et
acronymes..........................................................................................v
Résumé.....................................................................................................vii
Summary...................................................................................................viii
Sommaire...................................................................................................ix
Introduction...............................................................................................1
Chapitre I : Cadre théorique de la
recherche.......................................................3
1.1-Revue de
littérature.........................................................................
. 3
1.2- Clarification et généralités sur les
concepts.............................................11
1.2.1-Gouvernance
locale.......................................................................11
1.2.1.1- Définition et types de gouvernance
locale..........................................11
1.2.12- Indicateurs de bonne gouvernance
locale...........................................14
1.2.2-
Participation...............................................................................15
1.2.3- Développement
local.....................................................................17
1.2.4-
Communication...........................................................................17
1.2.4.1- Caractéristiques et niveaux de communication
locale...........................19
1.2.4.1.1-Caractéristiques.......................................................................19
1.2.4.1.2- Les différents niveaux de communication
locale................................20
1.2.4.1.2.1- La communication
interne.......................................................20
1.2.4.1.2.2- La communication
externe.......................................................20
1.2.4.2- Types de communication et
outils....................................................21
1.2.4.2.1- Communication de
masse..........................................................21
1.2.4.2.2- Communication de
proximité......................................................22
1.2.4.2.3- Communication
traditionnelle.....................................................22
1.2.4.2.4- Communication
institutionnelle...................................................23
1.3- Problématique et
hypothèse...............................................................23
1.3.1-
Problématique............................................................................23
1.3.2-
Hypothèse.................................................................................26
1.4- Modèle
d'analyse............................................................................26
Chapitre II : Aire géographique de la
recherche..................................................29
2.1- Justification du choix de
l'aire.............................................................29
2.2- Présentation de l'aire
géographique de
l'étude...........................................30
2.2.1- Aspects physiques et
démographiques.................................................30
2.2.2- Organisation administrative ...
...........................................................31
2.2.3- La vie
économique..........................................................................32
Chapitre III : Démarche
méthodologique..........................................................34
3.1-Population d'enquête et
d'échantillonnage............................................34
3.1.1- Type d'étude- population
d'enquête et groupes cibles................................34
3.1.1.1- Type
d'étude.............................................................................34
3.1.1.2- Population
d'enquête..................................................................34
3.1.1.3- Groupes
cibles..........................................................................34
3.1.2-
Echantillonnage...........................................................................34
3.1.2.1- Méthode
d'échantillonnage............................................................34
3.1.2.1.1- Choix
raisonné.......................................................................34
3.1.2.1.2- Choix au
hasard.......................................................................35
3.1.2.2- Technique
d'échantillonnage.........................................................35
3.1.2.3- Taille
d'échantillon.....................................................................35
3.2- Outils et techniques de collecte des
données..........................................36
3.2.1- Outils de collecte de
données............................................................36
3.2.1.1- Les
techniques..........................................................................36
3.2.1.2- La collecte de
données................................................................36
3.3- Déroulement des
enquêtes...............................................................37
3.4- Gestion des données et
difficultés
rencontrées.......................................37
3.4.1- Gestion des
données.....................................................................37
3.4.2- Difficultés
rencontrées..................................................................37
Chapitre IV : Présentation et analyse des
résultats...............................................39
4.1- Présentation des
résultats...............................................................39
4.1.1- La conscience citoyenne des
populations...............................................39
4.1.2- Le niveau d'implication des
citoyens.................................................40
4.1.3- Le niveau d'information des
citoyens...................................................42
4.1.4-La consultation des affiches de la mairie par
les
citoyens.....................................................................................................44
4.1.5- Existence et adaptation des moyens locaux de
communication...........................................................................................45
4.1.6- Le niveau de satisfaction des populations de la gestion
de la
commune...................................................................................................46
4.2- Analyse des
résultats...............................................................................47
4.2.1- Cadre législatif et réglementaire de la
participation citoyenne à l'action communale au
Bénin.......................................................................................................47
4.2.1.1- Information du
public..........................................................................48
4.2.1.2- L'accès aux documents
administratifs.......................................................48
4.2.1.3- L'implication du citoyen dans les affaires
locales..........................................49
4.2.2.- La communication, clé de voûte de la
participation citoyenne et du développement
local.........................................................................................................50
4.2.3- Analyse des
résultats..............................................................................52
4.2.3.1- Rapport élus locaux et citoyens
...............................................................52
4.2.3.2- Rapport gouvernance et
communication....................................................55
4.3-Perspectives................................................................................................58
4.3.1-Vers la mise en place d'une stratégie de
communication locale.................................58
4.3.2- Vers la création d'un cadre de concertation au
niveau communal...............................60
.4.3.3-La réalisation d'enquêtes publiques :
une nécessité..........................................63
Conclusion et
suggestions..............................................................................64
Bibliographie..............................................................................................67
Annexes.....................................................................................................71Table
des
matières.........................................................................................89
* 1 La communication pour un
développement à dimension humaine. Rome : FAO, p1.
* 2 Le Municipal, Quid de la
décentralisation, 2006.
* 3 Echos des communes,
N°13 2008
* 4 NEUCHWANDER a
été cité par NUTSUGAN Kodjo Mawusi Augustin dans son
mémoire de fin de premier cycle en STID à l'ENA intitulé
« la communication locale comme moteur de développement de
la future commune de Comé''.
* 5 Mairie de Savè,
Programme d'Appui au Démarrage des Communes (PRODECOM), Union
Européenne (2004). Plan de Développement Communal
* 6 Idem.
* 7 Article 2 de la loi
n°97-029 du 15 janvier 1999.
* 8 Article34 de la loi 97-029
du 15 janvier 1999.
* 9 Article 54 de la loi
n°98-007
* 10 Article 33 de la loi
97-029 du 15 janvier 1999.
* 11 DEHOUMON, P., (2006). La
décentralisation entre Risques et Espoirs, COPEF, Cotonou.
* 12 Cité par NUTSUGAN,
A., (1998). La communication comme moteur du développement de la future
commune de Comè. ENAM/ UAC.
* 13 Cité par NUTSUGAN,
A., (1998). La communication comme moteur du développement de la future
commune de Comè. ENAM/ UAC.
* 14 `'Savè info'' est
un mensuel d'information de la commune de Savè créé en
2007.