SITUATION DE L'EDUCATION DANS LE SAHEL: se tourner
résolument vers les pauvres pour relever les
défis ZANG Ramsès
Février 2009
Introduction
Plusieurs bailleurs de fonds de premier plan et tous les
Gouvernements des pays en développement s'accordent aujourd'hui sur le
rôle moteur de l'éducation dans le développement. Cette
prise de conscience collective s'est accompagnée de la reconnaissance du
possible impact du renforcement des capacités des décideurs et
acteurs dans le domaine au niveau national. C'est ainsi que la Banque Mondiale
a doté son institut de la capacité d'oeuvrer massivement par des
cours de formations de courtes durées en faveur des acteurs des pays en
développement.
La situation préoccupante de la région
sahélienne en Afrique ne saurait laisser les divers acteurs
indifférents. De vastes réformes des systèmes
éducatifs sont engagées pour permettre au divers pays (Côte
d'Ivoire, Mali, Niger, RDC, Burundi...) d'atteindre les objectifs EFA
(Education de qualité pour tous en l'an 2015). Des
évolutions très prometteuses sont enregistrées sur le plan
de l'accès. Cependant, plusieurs experts annoncent que ces
évolutions vont devoir ralentir si davantage de moyens ne sont mis
à la disposition des pays pour faire face à l'excédent de
coût marginal provenant des interventions dans les « zones
difficiles d'accès » qui contiennent aujourd'hui la masse critique
des non-scolarisés ou des mal scolarisés. Dans le sillage de ces
préoccupations, le monde rural et les pauvres sont
désignés comme les plus grosses victimes. A côté de
ces problèmes d'accès, les problèmes de qualité
sont de plus en plus perçus à cause vraisemblablement des tailles
des classes, du déficit et de la qualité des enseignants...
Cet essai se veut un recueil simplifié de la situation
qui prévaut structurellement dans ces pays aussi bien sous les angles
qualitatif que quantitatif. Il utilise principalement les résultats
d'enquêtes-ménages pour présenter très simplement
l'ampleur des déséquilibres ruraux-urbains, homme-femmes,
riche-pauvres et inter-régions qui existent dans les pays afin de
déboucher immédiatement sur des recommandations retenues lors du
séminaire de formation sur la réforme éducative dans le
sahel, organisé par la Banque Mondiale du 1er
au 12 décembre 2008 à Tunis. Il évoquera
tour à tour la rigueur aujourd'hui requise dans les intrants, la
situation de quelques extrants et les préoccupations liés
à l'alphabétisation. Des recommandations viendront par la
suite.
I. Intrants de l'éducation
Le besoin de valeur de référence s'impose de soi
pour peu qu'on s'interroge sur la pertinence des options de politiques qu'on
doit adopter. Quelques « benchmarks » sur des indicateurs d'intrants
clés ont assurés une certaine réputation dans les milieux
de discussions de politiques éducatives (voir tableau 1). C'est
ainsi qu'on peut considérer qu'un temps hebdomadaire d'enseignement
de 28 heures en moyenne dans le primaire ne sacrifie pas trop la
qualité. Un ratio élève-maître de 40
élèves permettrait aux instituteurs de convenablement faire
le travail de suivi individuel. Un minimum de 8 grades scolaires pour
chaque enseignant du primaire est souhaité pour garantir un certain
seuil de connaissance à ce dernier en rapport avec la tâche qui
lui est confiée. Des dépenses pédagogiques
évaluées à 50% des dépenses totales
d'inputs permettraient de s'assurer qu'on aurait mis les moyens justes au
service direct des résultats les plus prioritaires. Des
dépenses publiques en pourcentage du revenu de l'Etat de 20
permettraient d'être plus convaincu de la volonté politique
à oeuvrer dans le domaine de l'éducation. Ces valeurs sont
utilisées le plus souvent dans les exercices de chiffrage des
coûts des réformes éducatives. Elles ne sont pas des
références absolues mais permettent d'avoir une idée plus
claire des attentes et des moyens à mettre en oeuvre. Des simulations
permettent souvent de se donner d'autres scénarios possibles.
Tableau 1.1 : Quelques benchmarks dans les intrants de
l'éducation primaire, valeur cible : 6
années
Type Temps Ratio élève- Niveau des
Dépenses Dep. Pub
hebdomadaire maitre enseignants pédagogiques en %
du
Revenu de l'Etat
Benchmark 28 heures 40 élèves/maitre 8 grades au
50% de 20%
moins l'ensemble des
inputs
Source: The World Bank, 2003, "Réaliser la
scolarisation primaire universelle en 2015: Une chance pour tous les enfants du
monde"
Ces benchmarks sont-ils reflétés dans les intrants
de l'éducation dans le sahel ? Cette question est d'autant plus
légitime que les pays ont signés des engagements pour le
respect de ces valeurs d'orientations. Malgré la
difficulté de l'accès aux données de certains pays, le
Niger et le Burkina Faso affichaient en 2006 les plus bas pourcentages de
dépenses publiques attribuées à l'éducation avec
des valeurs inférieures ou égales à la moyenne de
l'Afrique subsaharienne qui est de 4,2%. Le Mali dépassait cette
tendance centrale de 0,3 point de pourcentage, le Burundi se situait à
5,1% et le Djibouti se démarquait remarquablement avec 8,3%. Quand on
compare ces chiffres à ceux de deux pays anglo-saxons, le Ghana et le
Kenya, on se rend compte de la légère avancée relative sur
les pays francophones à l'exception du Djibouti. Les dépenses
publiques d'éducation en pourcentage des dépenses publiques
générales est l'indicateur le plus indiqué pour
témoigner de la volonté politique car il affiche directement le
niveau de priorisation de l'éducation sur l'échiquier de
l'ensemble des dépenses régaliennes de l'Etat. Un certain
parallèle est cependant observable par rapport aux dépenses
relatives au PIB. Le Burkina Faso, le Niger et le Mali s'éloignent
très expressément de leur compère Kenyan (17,9%). Le
Djibouti détient également ici le mérite de devancer de
pratiquement 5 points ce dernier. Plus que des intrants purs, le pourcentage
d'enseignants du primaire formés et le ratio
élève/enseignant sont des résultats d'activités ou
de situation liés aux investissements dans la formation des enseignants,
à la disponibilité et à la construction de salles de
classes et d'écoles. Quasiment tous les pays représentés
dans ce panel enregistrent un pourcentage d'enseignants du primaire
formés très élevé tournant autour de 87%, le Niger
lui affiche un pourcentage de 92%. Si on tend vers l'exhaustivité au
Kenya, le Ghana est à la traîne sur ce plan et semble avoir fait
le choix du rétrécissement de la taille des salles de classe. Il
a un ratio élèves-maître au primaire de l'ordre de 32. Le
Mali et le Burundi ont les effectifs les plus pléthoriques qui
dépassent la cinquantaine et se situent au dessus de la moyenne des pays
de l'ASS qui est de 47. Proche de cette moyenne, se retrouve la Côte
d'Ivoire et le Burkina Faso avec en moyenne 46 élèves par salle
de classe chacun.
Tableau 1.2 : Situation générale de
quelques intrants dans quelques pays en 2006
|
|
|
%
|
|
Pays
|
Dep. pub. d'edu en
|
Dep. pub. d'edu en %
|
d'enseig. formes
|
Ratio eleve/
|
|
% du PIE
|
des dep. Pub.
|
du prim.
|
enseign.
|
BURKINA FASO
|
4,2
|
15,4
|
86,9
|
46
|
BURUNDI
|
5,1
|
17,7
|
87,5
|
54
|
COTE D'IVOIRE
|
///
|
///
|
///
|
46
|
MALI
|
4,5
|
16,8
|
///
|
56
|
NIGER
|
3,6
|
15,0
|
91,9
|
40
|
RDC
|
///
|
///
|
///
|
///
|
Djibouti
|
8,3
|
22,4
|
///
|
///
|
Ghana
|
5,4
|
///
|
53
|
32
|
Kenya
|
6,9
|
17,9
|
98.8
|
40
|
Afrique sub-saharienne
|
4,2
|
///
|
///
|
47
|
Pays a faible revenu
|
|
|
|
41
|
Sources: WDI 2008&UNESCO
Les valeurs des intrants et leur compilation (arbitrage) en
amont déterminent la valeur des extrants que l'on obtient en aval. Des
estimations assez fiables des résultats des options de politiques,
c'est-à-dire de compilation des intrants peuvent être faites et
permettre d'envisager ce que l'on obtiendrait par exemple en terme de taux brut
de scolarisation ou de taux d'achèvement dans le pays. Ces estimations
grossières demandent cependant souvent d'être affinées pour
intégrer les différences de coût marginales au sein d'un
même pays, le coût de scolarisation d'un enfant du primaire en zone
rural pouvant être très différent de celui d'un enfant du
milieu urbain.
II. Situations de quelques extrants des systèmes
éducatifs des pays du Sahel
Au nombre des multiples indicateurs que l'on peut utiliser
dans l'évaluation des extrants d'un système éducatif, un
certain nombre ce sont imposés de par leur facilité d'obtention
et leur priorité. Dans le champ de l'accès à
l'éducation en lien avec les objectifs aujourd'hui massivement
poursuivi, le taux brut de scolarisation (TBS) et le taux d'achèvement
du primaire (TAP) sont les plus en relief. Le TBS mesure l'accès
à l'école par rapport aux enfants scolarisables tandis que le TAP
évalue relativement à leurs nombre à l'entrée, les
enfants qui ont achevés le cycle. Le tableau 2.1 ci-dessous combine ces
deux indicateurs pour classifier les performances de quelques pays
concernés par les défis de l'éducation primaire pour tous
en 20011 et en 2006. Ce classement attribue la mention
performant aux pays ayant atteint un TBS d'au moins 85% et un TAP
compris entre 60 et 70%, celle de inefficient à ceux ayant
franchi le seuil des 80% de TBS bien qu'ayant un TAP inférieur ou
égale à 60% et enfin celle de faible couverture aux pays
n'ayant pas encore traversés la barre des 60% pour ces deux
1Nous avons appliqué la classification
proposée par Alain Mingat et al. En 2001 pour proposer celle de 2006.
indicateurs. Les pays ne se retrouvant pas dans ces trois
catégories sont dits autres. En 2001, parmi les pays qui font
l'objet de ce travail, seule la Côte d'Ivoire (classé
autre) était au dessus de la mention faible
couverture, alors que déjà des pays tels que l'Ouganda, le
Benin était respectivement performant ou inefficient. Des
améliorations générales notables peuvent être
constatées dans le même type de classement en 2006. Bien que
l'Ouganda ait décliné dans son rang, plusieurs pays ont fait le
bon vers la mention supérieur mis à part, le Niger et le Burkina
pour lesquels on observe un certain statu quo dans la cale de ce classement.
Tableau 2.1 : Evolution de la performance chiffrée
des systèmes éducatifs entre 2001 et 2006 (primaire)
Pays Evolution
2001 2006
Ouganda Performant (1) Inefficient
Benin Inefficient (2) Performant
Kenya Autres Performant
Cameroun Inefficient Inefficient
BURUNDI Faible couverture (3) Inefficient
BURKINA FASO Faible couverture Faible couverture
MALI Faible couverture Inefficient
NIGER Faible couverture Faible couverture
COTE d'IVOIRE Autres Autres
RDC Autres pas renseigne en 2006
1 : TBS > 85% et 60% < TAP
< 70% ; 2 : TBS > 80% et TAP <
60% ; 3 : TBS < 60% et TAP < 60%
Légende
Vert : évolution positive ; Rouge : Evolution
négative ; Violet : Stagnation ;
Gras : Pays représentés
Source du classement:
réaliser la scolarisation primaire universelle en 2015:
Une chance pour tous les enfants du monde; compléter
pour 2006 par nos soins à partir du WDI2008
En observant de plus près les pays tout en
intégrant légèrement les aspects qualitatifs dans les
résultats, il ressort que si des embellies sont notoires dans
l'accès en première année du système
éducatifs, le maintien jusqu'en sixième année du primaire
posait déjà de gros problèmes dans la majorité des
pays en 1991 et continue d'être au centre des échecs des
systèmes éducatifs aujourd'hui. En 1991 justement, on atteignait
rarement les 50% de TAP en Afrique subsaharienne, avec des pays comme le
Burkina Faso, le Niger et le Mali qui ne dépassaient pas la barre des
20%. A cet époque, les disparités garçons- filles
existaient dans tous les pays avec parfois des écarts de pourcentage
allant au-delà de
la dizaine. En 2006, un constat assez interpellant saute
à l'oeil, c'est celui du recul du TAP de parfois 10 points de
pourcentage pour les pays ayant connu une période assez longue
d'instabilité politique à savoir : la Côte d'Ivoire, le
Burundi et de la RDC ; alors que l'ensemble de l'Afrique subsaharienne et des
pays à faible revenu ont connus des améliorations remarquables
tant dans les taux de maintien que dans le resserrement des
inégalités garçons-filles lié à cet aspect.
De l'autre côté, on ne peut ignorer les envols (doublement voir
triplement du TAP) malien et nigérien dans ce registre. Les
écarts filles-garçons sont cependant toujours maintenus et ceci
universellement dans notre panel.
Au rang des facteurs inhibant l'achèvement scolaire,
figure ordinairement le redoublement de par son aspect découragement
pour la poursuite des cursus. On peut observer dans la 3eme colonne du tableau
2.2 de fortes disparités entre les pays dans le champ du redoublement
avec très rarement des différences sensibles entre filles et
garçons. Le Burundi, la Côte d'Ivoire et le Mali affichent les
taux les plus forts de notre panel, alors que la situation du Niger se
rapproche de celle des pays anglo-saxons avec un taux situé autour de
5%. Ces disparités peuvent être liées au choix de
politiques éducatives. Certains pays sont convaincus que le redoublement
renforce la qualité et la prône, d'autres rendent souple voir
automatique le passage à la classe supérieure dans le primaire.
Au bout du compte, la théorie économique associée au
gaspillage des ressources en matière d'éducation a
identifié, les redoublements comme la plus grande cause de gaspillage de
ressources. En effet, quand on compare les coûts des inscrits à
ceux des diplômés au cours d'un cycle, la différence est
souvent exaltante dans les pays à fort taux de redoublement.
Tableau 2.2 : Quelques extrants de l'éducation
primaire dans quelques pays
Pays
|
Taux d'achèvement du Primaire en 1991 et en
2006 respectivement
|
Redoublements dans le primaire en
2006 (%)
|
Alphabétisation adultes (15 ans et plus)
en 2005 (%)
|
|
|
Total
|
|
Garcons
|
Filles
|
|
Garcons
|
Filles
|
Hommes
|
Femmes
|
BURKINA FASO
|
|
20
|
31
|
24 35
|
15
|
28
|
12
|
12
|
31
|
17
|
BURUNDI
|
|
46
|
36
|
49 40
|
43
|
32
|
29
|
28
|
67
|
52
|
COTE D'IVOIRE
|
|
43
|
43
|
55 53
|
32
|
33
|
23
|
24
|
61
|
39
|
MALI
|
|
13
|
49
|
15 59
|
10
|
40
|
17
|
17
|
33
|
16
|
Algerie
|
|
80
|
85
|
86 86
|
73
|
84
|
14
|
9
|
80
|
60
|
RDC
|
|
46
|
38
|
58 46
|
34
|
31
|
///
|
///
|
81
|
54
|
Djibouti
|
///
|
///
|
|
/// ///
|
/// ///
|
|
8
|
7
|
///
|
///
|
NIGER
|
|
18
|
33
|
22 39
|
13
|
26
|
5
|
5
|
43
|
15
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
6
|
Ghana
|
61
|
71
|
69
|
73
|
54
|
68
|
6
|
6
|
66
|
50
|
Kenya
|
///
|
93
|
|
94
|
///
|
92
|
6
|
6
|
78
|
70
|
Afrique subsaharienne
|
51
|
60
|
56
|
65
|
46
|
55
|
9
|
9
|
69
|
50
|
Pays a faible revenu
|
57
|
73
|
68
|
77
|
48
|
69
|
6
|
6
|
72
|
50
|
Sources: WDI2008 (UNESCO)
Dans le domaine de la qualité dans l'éducation,
un critère assez spécifique est l'alphabétisation
(voir 4eme colonne du tableau 2.2) qui mesure ici si un adulte est
capable de lire un court extrait d'un article de journal. Aujourd'hui de plus
en plus, l'alphabétisation fait place aux scores de qualité
(PASEC, TIMSS et autres) qui ont l'avantage d'être pluridisciplinaires.
Il est important de signaler que par les enquêtes « ménages
», l'alphabétisation que l'on mesure est quelque peu historique
(adultes de 15 ans et plus) car on se réfère à la
situation de ceux qui ont par exemple fini le cycle primaire il y a plus de
trois ans. Ceci n'est en rien une faiblesse de cet indicateur puisque la
qualité du système éducatif est très structurelle
donc elle varie très peu avec le temps. Sur le terrain de
l'alphabétisme, les performances des pays sont très
hétéroclites et trahissent à chaque fois des
inégalités sensibles entre les deux sexes. Parmi les hommes, les
taux du sahel varient entre 31% (Burkina Faso) et 67% (Burundi) tous en
deçà de la moyenne de l'Afrique subsaharienne et des pays
à revenu faible. Dans la population féminine, cette étendu
portée par les mêmes pays se déploie de 17% à 52%.
La RDC par contre affiche des taux hors du commun au sein de notre
échantillon qui dépasse même ceux des pays anglo-saxons
pour se situer au dessus des moyennes de l'Afrique subsaharienne et des pays
à revenus faibles. Une grande différence homme - femme pour la
moyenne de l'Afrique subsaharienne est également observable, elle est
reflétée par un écart de 19 points de pourcentage. Les
équilibres observés de plus en plus dans l'accès à
l'école (graphiques 2.1 &2.2) permettent tout de même
d'envisager une évolution très prometteuse de ces
inégalités dans l'alphabétisation pour les années
à venir.
Graphique 2.1 : Parité fille/garçon
exclusivement dans le primaire
1.1
1
0.9
0.8
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
Quelques pays africains
2003
2006
Graphique 2.2 : Parité fille/garçon dans le
secondaire et le primaire
0.9
0.8
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
1
Quelques pays africains
2003
2006
Sources: WDI2008 (UNESCO)
Ce décor planté, il est opportun de regarder plus
en profondeur la situation des pays concernés par cette analyse.
III. Qualité des systèmes éducatifs
selon l'alphabétisation des pays sahéliens
L'une des observations habituellement faites aux indicateurs
macro des pays est qu'ils couvrent des disparités très
significatives. Il faut fragmenter géographiquement et
sociodémographiquement ces indicateurs pour se rendre compte de
l'acuité des problèmes chez les uns et de l'avantage relatif des
autres. L'alphabétisation dans les pays sahéliens obéit
à cette généralité. En effet, la répartition
qu'offre les tableaux qui suivent présentent l'alphabétisation
selon le milieu de résidence (urbain, rural) ; le sexe ; et les
divisions régionales de premier niveau pour 4 pays, le Burkina Faso en
2003, le Mali et le Niger en 2006 et enfin la RDC en 2007. Les individus
affirmant avoir fréquentés au moins le secondaire sont
considérés comme alphabètes sans autre forme de
procès, en deçà, ils étaient soumis au test de
lecture. De fortes disparités sont structurellement présentes
dans
tous les pays quel que soit le critère de
répartition envisagé. Les différences entre le rural et
l'urbain d'une part et les capitales et le reste du pays d'autres part sont
tout à fait saisissantes au Burkina Faso, au Mali et au Niger. En RDC,
le tableau est beaucoup moins préoccupant. Entre les sexes, des
inégalités très marquées peuvent être
remarquées dans les 4 pays représentés.
Au Burkina Faso (tableau 3.1), quelque 32% de la
population masculine savait lire dans une quelconque langue en 2003 contre
seulement la moitié de ce pourcentage dans la population
féminine. Les hommes vivant dans les villes savaient lire à
hauteur de 72%. Ce pourcentage n'était que de 19% dans le milieu rural.
Au sein des femmes burkinabés, un peu moins de 53% d'entre elles
résidant en ville savaient lire alors que dans le milieu rural, elles
représentaient à peine 6%.
Tableau 3.1 : Situations régionales dans
l'alphabétisation adulte au Burkina Faso en 2003
|
Alphabetisation des hommes Secondaire Autres
ou+ alphabetises Analphabetes
|
Alphabetisation des femmes Secondaire Autres
ou+ alphabetises Analphabetes
|
BURKINA
|
|
|
|
|
|
|
FASO
|
16,9
|
14,6
|
68,5
|
8,7
|
7,2
|
84,1
|
avec, urbain
|
51,2
|
20,5
|
28,3
|
33,7
|
19,1
|
47,2
|
rural
|
6
|
12,7
|
81,3
|
1,8
|
4
|
94,2
|
Ouagadougou
|
54
|
21,4
|
24,6
|
39,2
|
20,6
|
40,2
|
Boucle du
|
|
|
|
|
|
|
Mouhoun
|
7,7
|
13,9
|
78,4
|
5
|
7,1
|
87,9
|
Centre (sans
|
|
|
|
|
|
|
Ouaga,)
|
6,9
|
22,9
|
70,2
|
3,4
|
7,1
|
89,5
|
Centre-Sud
|
6,8
|
17,6
|
75,6
|
3,2
|
5
|
91,8
|
Plateau Central
|
5,6
|
12
|
82,4
|
3,9
|
4,6
|
91,5
|
Centre-Est
|
13,5
|
19,8
|
66,7
|
5,5
|
7,4
|
87,1
|
Centre-Nord
|
6,1
|
7,5
|
86,4
|
2,4
|
3
|
94,6
|
Centre-Ouest
|
14,4
|
13,5
|
72,1
|
5,7
|
8
|
86,3
|
Est
|
3,7
|
7,6
|
88,7
|
1,9
|
2,4
|
95,7
|
Nord
|
8,9
|
17,2
|
73,9
|
3,8
|
3,6
|
92,6
|
Cascades
|
25,5
|
16,7
|
57,8
|
8,2
|
8,5
|
83,3
|
Hauts-Bassins
|
23,7
|
16,5
|
59,8
|
10,1
|
8,7
|
81,2
|
Sahel
|
3,2
|
7,2
|
89,6
|
1,4
|
2,2
|
96,4
|
Sud_Ouest
|
10,5
|
6,6
|
82,9
|
3,8
|
4,2
|
92
|
Sources: DHS
Au Mali (tableau 3.2) en 2006, alors que 37% des
hommes savaient lire, seulement 17% des femmes en étaient capables. La
population urbaine masculine avait comme le plus souvent l'avantage d'avoir 61%
d'alphabétisés contre 26% de leur compères du
milieu rural. Au sein des femmes des villes, le pourcentage des
alphabétisés s'établissait à 36% en 2006 pour
seulement à peine 8% dans le rural.
Tableau 3.2 : Situations régionales dans
l'alphabétisation adulte au Mali en 2006
|
Alphabetisation des hommes Secondaire Autres
ou+ alphabetises Analphabetes
|
Alphabetisation des femmes Secondaire Autres
ou+ alphabetises Analphabetes
|
MALI
|
20,5
|
16,7
|
62
|
10,3
|
6,7
|
83
|
avec, urbain
|
40,8
|
20
|
39,2
|
24,4
|
10,9
|
64,7
|
rural
|
10,1
|
16
|
73,9
|
3,1
|
4,6
|
92,3
|
Bamako
|
51,4
|
17,5
|
31,1
|
31
|
12,2
|
56,8
|
Kayes
|
14,9
|
18,3
|
66,8
|
3,2
|
5,8
|
91
|
Koulikoro
|
17
|
18,5
|
64,5
|
6,2
|
7,8
|
86
|
Sikasso
|
14,5
|
17,7
|
67,8
|
5,7
|
4,7
|
89,6
|
Segou
|
19,5
|
15,4
|
65,1
|
10,3
|
5,8
|
83,9
|
Mopti
|
7,3
|
19
|
73,7
|
6,9
|
2,7
|
90,4
|
Tombouctou
|
10
|
18,6
|
71,4
|
6,4
|
4
|
89,6
|
Gao
|
24,4
|
11,3
|
64,3
|
10,5
|
10
|
79,5
|
Kidal
|
16,1
|
22,7
|
61,2
|
10,7
|
3,5
|
85,8
|
Sources: DHS
Au Niger (tableau 3.3) à la même date
qu'au Mali, moins de 30% des hommes savaient lire pourtant ce pourcentage
atteignait 60% au sein de la population des villes et se limitait à 18%
dans celle des campagnes. Le Niger affiche de notre panel le niveau de
disparité homme/femme le plus préoccupant avec à peine 12%
de femmes alphabétisées dans tout le pays. En ville, c'est 40%
des femmes qui peuvent lire au moins avec difficulté contre seulement
4,6% dans le rural.
Tableau 3.3 : Situations régionales dans
l'alphabétisation adulte au Niger en 2006
|
Alphabetisation des hommes Secondaire Autres
ou+ alphabetises Analphabetes
|
Alphabetisation des femmes Secondaire Autres
ou+ alphabetises Analphabetes
|
NIGER
|
14,1
|
13,7
|
72,2
|
6,1
|
5,5
|
88,4
|
avec, urbain
|
39,5
|
19,3
|
41,2
|
25,8
|
13,9
|
60,3
|
rural
|
5,5
|
11,7
|
82,8
|
1,2
|
3,4
|
95,4
|
Niamey
|
43,9
|
19
|
37,1
|
31,7
|
16,6
|
51,7
|
Agadez
|
25,4
|
21,4
|
53,2
|
15,2
|
7,1
|
77,7
|
Diffa
|
6,4
|
20,2
|
73,4
|
4,3
|
6,3
|
89,4
|
Dosso
|
14,7
|
10,2
|
75,1
|
4
|
4,9
|
91,1
|
Maradi
|
9,1
|
18,9
|
72
|
2,1
|
3,4
|
94,5
|
Tahoua
|
8,9
|
10,2
|
80,9
|
2,2
|
4,3
|
93,5
|
Tillaberi
|
5,7
|
7,2
|
87,1
|
2,9
|
5,5
|
91,6
|
Zinder
|
9,7
|
12,7
|
77,6
|
5
|
4,1
|
90,9
|
Sources: DHS
|
|
|
|
|
|
|
En RDC (tableau 3.4), avec seulement un an de
récence relative de l'information, le niveau d'alphabétisation
est nettement plus élevé à ce que lecteur aura
observé jusqu'ici dans cet article. Avec plus de 86%
d'alphabétisés chez les hommes et environ 70% chez les femmes, ce
pays est comparable à certains pays du Maghreb2. Bien que des
disparités urbain-rural soient encore identifiables, elles sont moins
prononcées que dans les autres pays. Pour 93% des hommes citadins
alphabétisés, on en observe déjà aussi 78% au sein
des hommes du milieu rural. Au sein des femmes cependant, un grave niveau
d'inégalité rural-urbain est clairement affichée. Alors
que 80% des femmes citadines savent lire, au mieux 42% des femmes du rural
jouissent également de cet avantage.
Tableau 3.4 : Situations régionales dans
l'alphabétisation adulte en RDC en 2007
|
Alphabetisation des hommes Secondaire Autres
ou+ alphabetises Analphabetes
|
Alphabetisation des femmes
Secondaire Autres
ou+ alphabetises Analphabetes
|
RDC
|
65.3
|
21.4
|
14.1
|
40.6
|
18.2
|
40.5
|
avec, urbain
|
82.3
|
11.1
|
6.5
|
65.0
|
14.9
|
19.4
|
rural
|
52.1
|
27.8
|
20.0
|
20.4
|
21
|
58.1
|
Kinshasa
|
90.6
|
5.5
|
3.8
|
85.1
|
6.4
|
8.1
|
Bas-Congo
|
64.5
|
17.9
|
17.5
|
41.5
|
20.1
|
38.3
|
Bandundu
|
65.5
|
16.2
|
18.3
|
37.6
|
13.8
|
48.5
|
Equateur
|
56.6
|
26.3
|
15.0
|
25.9
|
23.5
|
50.3
|
Orientale
|
39.6
|
42.3
|
18.0
|
17.0
|
21.6
|
60.5
|
Nord-Kivu
|
43.3
|
34.8
|
21.7
|
19.8
|
32.3
|
47.5
|
Sud-Kivu
|
61.6
|
20.3
|
18.0
|
30.6
|
32.6
|
37.0
|
Maniema
|
67.5
|
24.2
|
7.6
|
32.0
|
31.4
|
36.0
|
Katanga
|
65.3
|
20.4
|
13.2
|
41.5
|
18.2
|
39.4
|
Kasai
|
|
|
|
|
|
|
Oriental
|
72.1
|
11.1
|
16.1
|
40.6
|
17.4
|
40.8
|
Kasai
|
|
|
|
|
|
|
Occidental
|
69.9
|
17.8
|
12.6
|
31.2
|
18.8
|
49.1
|
Source : DHS
Les clivages géographiques et démographiques ne
sont pas les seules sources potentielles de disparité. Le distinguo
socio-économique saisi dans la suite au moyen des quintiles de richesse
obtenus d'indices construits à partir du patrimoine des ménages
fait apparaître une autre forme d'inégalité très
flagrante.
IV. Pauvreté et éducation dans le
Sahel
Dans les économies monétisées comme toutes
celles du 21eme siècle, l'accès à des services
essentiels publics ou privés requiert une dépense directe et des
coûts indirects
2 Algérie par exemple
comme ceux de transport et de pertes
d'opportunités3. La pertinence des analyses désireuses
d'intégrer des aspects d'inégalités et d'iniquités
doivent pour cela prendre en compte le revenu des individus. Cette partie
présente la situation la plus récente des pays sur le plan de
l'accès à l'instruction selon le sexe et le niveau de richesse
d'une part et d'autre part, elle essaye de saisir dans quelle dynamique se
situent ces pays en comparant selon les critères de pauvreté,
d'accès et de poursuite des études deux époques
relativement récentes.
Richesse, sexe et instruction
La série de graphiques qui va suivre présente
pour 7 pays (Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Mali, Niger, RDC, Ghana et
Kenya) les pourcentages des niveaux nul, primaire et secondaire ou plus
d'instruction selon le quintile de richesse et par sexe des populations adultes
(15-49 ans).
En 2003 au Burkina Faso, comme l'indique les tuyaux bleus du
graphique dans le quintile le plus pauvre, près de 90% des hommes et 95%
des femmes étaient sans instruction. Et cette proportion descend
très lentement pour se situer autour de 30% dans le quintile le plus
riche d'hommes contre 40% chez les femmes. Pour le niveau primaire, on parcourt
les mêmes quintiles en commençant à une proportion
d'à peine 10% chez les hommes les plus pauvres (moins de 5% chez les
femmes) pour n'atteindre que 25% chez les plus riches, hommes comme femmes. Au
niveau secondaire et au-delà, c'est plus de la moitié des hommes
parmi les plus riches (32% de femmes) qui y avaient accès, pourtant au
niveau le bas de richesse ce n'était quasiment que 4% d'hommes et 2% de
femmes qui y participaient.
Graphique 4.1: Instruction, sexe et richesse au
Burkina Faso en 2003
Hommes Femmes
3 Les coûts d'opportunité de l'éducation se
traduisent malheureusement souvent par le travail des enfants.
100
80
60
40
20
0
Plus pauvre Second Moyen Quatrieme Plus riche
Quintile de richesse
Sans Primaire Secondaire et +
100
80
60
40
20
0
Plus pauvre Second Moyen Quatrieme Plus riche
Quintile de richesse
Sans Primaire Secondaire et +
Source: DHS-Burkina Faso
L'année 2005 marquait pour la Côte d'Ivoire la
sortie officielle de la crise politique dans laquelle elle était
plongée pendant une demi-dizaine d'années. Sa situation
d'ensemble était cependant bien meilleure à celle du Burkina Faso
bien que les informations y relatives soient de deux ans plus récentes.
En Côte d'Ivoire à cette date là, La moitié des
hommes les plus pauvres (75% de femmes) n'avaient pas eue accès à
l'école, ces proportions persistaient quasiment au deuxième
quintile le plus pauvre pour se retrouver à 10% chez les hommes les plus
riches (25% chez les femmes). On pouvait pour autant se réjouir
d'observer en Côte d'Ivoire une certaine égalité dans
l'accès au primaire tant au travers des quintiles de richesse
qu'à travers les sexes avec cependant toujours un léger
désavantage des pauvres qui se manifestait par un grand avantage dans le
secondaire et supérieur pour les plus riches (70% des hommes y ont
accès au secondaire ou plus contre 45% de femmes, de même 18% des
plus pauvres hommes et 4% des plus pauvres femmes ont accédé au
secondaire ou mieux).
Graphique 4.2: Instruction, sexe et richesse en Cote
d'Ivoire en 2005
Hommes Femmes
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Plus pauvre Second Moyen Quatrieme Plus riche
Quintile de richesse
Sans Primaire Secondaire et +
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Plus pauvre Second Moyen Quatrieme Plus riche
Quintile de richesse
Sans Primaire Secondaire et +
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Plus pauvre Second Moyen Quatrieme Plus riche
Quintile de richesse
Sans Primaire Secondaire et +
100
80
60
40
20
0
Plus pauvre Second Moyen Quatrieme Plus riche
Quintile de richesse
Sans Primaire Secondaire et +
Source : AIS-Cote d'Ivoire
En 2006 au Mali, la situation est très semblable
à celle du Burkina Faso 2003. Au sein des 4 quintiles de richesse les
plus bas chez les hommes, la proportion des non instruits se stabilise autour
de 70%. Cette proportion se stabilise autour de 85% dans la population
féminine pour les mêmes quintiles. L'éducation primaire
chez les hommes est assez uniformément répartie au sein des 5
quintiles de richesse et s'établit à 20%. Chez les femmes, cette
proportion de 20% n'est obtenue que chez les plus riches, les autres quintiles
ne dépassant pas la barre des 10%. Dans les premiers quintiles de
richesse masculins, les individus ayant atteint les cycles secondaire ou
supérieur représentent environ à chaque fois 10%. Cette
proportion explose à 55% pour le quintile le plus riche. Chez les
femmes, c'est sous forme de trace (à peine 5%) qu'elles ont
participées à l'éducation secondaire et supérieure
dans les 4 premiers quintiles de richesse. Au dernier quintile, ce sont 30% des
femmes qui ont atteint ces niveaux.
Graphique 4.3: Instruction, sexe et richesse au Mali
en 2006
Hommes Femmes
Source : DHS-Mali
En 2006, la situation du Niger était également
très identifiable aux deux précédentes avec dans la
sphère masculine des pourcentages de non instruits variant de 40 (le
plus riche) à 80% (le plus pauvre) le long des cinq quintiles de
richesses. Chez les femmes, c'est entre 55% et 88% que cet indicateur se situe.
Le quintile le plus riches des hommes gardait jusqu'alors le léger
avantage qu'environ 38% de sa population ait atteint le niveau primaire contre
à peine 20% dans le quintile le plus pauvre. Chez les femmes, le
même avantage est conservé quasiment au même niveau pour les
plus riches avec cependant seulement 10% des plus pauvres qui aient eu
accès à l'éducation primaire. L'éducation
secondaire et supérieure est la moins représentée au Niger
en comparaison aux pays de notre panel. Seulement environ 22% des hommes dans
le quintile des plus riches y ont accédé. Avant ce quintile, la
proportion de ceux ayant ce niveau ne dépasse pas les 5%. Au sein de la
population féminine, ce ne sont que 10 femmes sur 100 du dernier
quintile de richesse qui ont effectuées des études secondaires ou
plus, en deçà de ce niveau de richesse, le niveau secondaire ou
plus n'apparait que sous forme de trace.
Graphique 4.4: Instruction, sexe et richesse au Niger en
2006
Hommes Femmes
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Plus pauvre Second Moyen Quatrieme Plus riche
Quintile de richesse
Sans Primaire Secondaire et +
100
80
60
40
20
0
Plus pauvre Second Moyen Quatrieme Plus riche
Quintile de richesse
Sans Primaire Secondaire et +
Source : DHS-Niger
En RDC en 2007, les préoccupations dans le domaine de
l'éducation sont d'un autre ordre. Pendant que le pourcentage des non
instruits a complètement disparus du quintile masculin le plus riche et
est en voie de l'être dans celui des femmes, il reste pratiquement plus
que 12% dans le quintile le plus pauvre des hommes et à environ 40% dans
celui des femmes. A ces relatifs faibles niveaux de non instruits, se
substituent des proportions
assez élevées d'éducation primaire et
surtout secondaire et supérieure. Précisément, chez les
hommes, du plus pauvre quintile (45% de primaire) au plus riche (7% de
primaire) la représentation du niveau primaire décline
progressivement pour laisser place au secondaire et au supérieur qui
atteint dans le dernier quintile l'impressionnante proportion de 90%. Chez les
femmes, cette déclinaison est moins abrupte (47% chez les plus pauvres
contre 39% au 4eme quintile), mais c'est le même phénomène
qui est constaté. Cette configuration permet tout de même de
constater de relatives fortes inégalités hommes-femmes
concentrées dans les 4 premiers quintiles et qui culmine dans le premier
(plus pauvre).
Graphique 4.5: Instruction, sexe et richesse en RDC en
2007
Hommes Femmes
100
80
60
40
20
0
Plus pauvre Second Moyen Quatrieme Plus riche
Quintile de richesse
Sans Primaire Secondaire et +
100
80
60
40
20
0
Plus pauvre Second Moyen Quatrieme Plus riche
Quintile de richesse
Sans Primaire Secondaire et +
Source : DHS-RDC
Des différences énormes existent entre pays
francophone et anglophones à l'avantage des derniers en termes de
résultats atteints. Le Ghana et le Kenya ont été
introduits dans notre panel pour servir à cette comparaison. Ces deux
pays sont alignés parmi les pays à faible revenu comme ceux de
notre panel. Pourtant, tandis que les défis des pays francophones sont
encore à l'universalisation de l'accès à
l'éducation de base, les leurs transitent déjà vers la
généralisation de l'accès au Secondaire avec des
accomplissements déjà très marqués au Ghana (de 30
à 90% de secondaire et supérieur le long des quintiles). Le
niveau du Ghana est certes plus élevé que celui du Kenya,
toujours est-il que ce dernier est en train de réaliser pleinement
l'accès universel à l'éducation de base.
Cette situation présentée, il est également
opportun de regarder dans quelle dynamique s'inscrivent les pays.
Graphique 4.6 : Instruction, sexe et richesse au Ghana
et au Kenya en 2003
Hommes Femmes
100
80
60
40
20
0
Plus pauvre Second Moyen Quatrieme Plus riche
Quintile de richesse
Sans Primaire Secondaire et +
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Plus pauvre Second Moyen Quatrieme Plus riche
Quintile de richesse
Sans Primaire Secondaire et +
Sources : DHS-Ghana
Graphique 4.7: Instruction, sexe en
2003
Hommes Femmes
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Plus pauvre SecondMoyen Quatrieme Plus riche
Quintile de pauvrete
Sans Primaire Secondaire et +
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Plus pauvre SecondMoyen Quatrieme Plus riche
Quintile de richesse
Sans Primaire Secondaire et +
Sources : DHS-Kenya, nos calculs
Evolution de la participation scolaire et de la
poursuite des études au Sahel
Le chapitre introductif donnait déjà un
aperçu sur la performance des systèmes éducatif selon
qu'ils étaient performant, inefficient ou de faible couverture. Ce
classement intégrait des critères de couvertures
éducatives et de maintien à l'école. La suite de ce
rapport creusera davantage ces aspects en comparant les individus de 15-19 ans
en fonction de la leur participation scolaire et de la poursuite de leur
étude.
En 5 ans (1998-2003) le Burkina Faso (graphique 4.8)
a très peu amélioré ses résultats dans
l'accès et la poursuite des études, de même que les
écarts entre riches et pauvres sont restés quasiment identiques
pour toutes les 9 classes envisagées dans le graphique. En effet, les
trois quintiles de richesses ici représentés ont vu leurs
proportions d'accès en
première année augmenter de quasiment 10 points
en un quinquennat. Pour les autres années c'est une structure fortement
décroissante à mesure que l'on passe à l'année
supérieure qui a apparaît.
Ce type d'image pousse à s'interroger sur le point de
chute de toute cette déperdition scolaire. Dans les simulations des
modèles de flux éducatifs sont envisagées les formations
professionnelles fonction du niveau atteint dans l'enseignement classique. De
plus en plus, les systèmes éducatifs veulent intégrer ces
volets (formations) pour donner de nouvelles ouvertures aux pertes des
systèmes éducatifs classiques4
Graphique 4.8: Evolution de l'accès à
l'éducation et de la poursuite des études au Burkina Faso
Burkina Faso, Niveau d'instruction et richesse, 1998 Burkina
Faso, Niveau d'instruction et richesse, 2003
Poorest (Q1) Middle (Q3)
Richest (Q5)
100
90
80
70
60
50
40
30
classe
1 2 3 4 5 6 7 8 9 > 9
20
10
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 > 9
Source : EDS
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
classe
Poorest (Q1) Middle (Q3)
Richest (Q5)
Le cas de la Côte d'Ivoire (graphique 4.9)
porte sur une dizaine d'années (1994-2005). Il est inévitable de
signaler une fois de plus ici qu'au sein de cette période la Côte
d'Ivoire a connu une crise politique très déstabilisatrice de
quasiment 4 ans (00-04). Tous ses résultats macroéconomiques en
ont pris un énorme coût et visiblement sont système
éducatif aussi. L'accès en première année est
descendu en 2005 de près de 10 points par rapport à son niveau de
1994 dans le quintile des plus riches. Les autres quintiles ont
4 Enseignement primaire, enseignement secondaire
général, et enseignement secondaire technique pour
l'essentiel.
subit le même impact mais de façon
légèrement modérée. On est tenté d'expliquer
cette chute dans le quintile le plus riche par le fait que la crise
était plus urbaine que rurale, mais cela reste à être
démontré. Pour le reste, on observe toujours comme
précédemment cette forte déclinaison de la participation
scolaire à mesure que l'on avance dans les classes avec un écart
structurel riche-pauvre comme inflexible.
Graphique 4.9: Evolution de l'accès à
l'éducation et de la poursuite des études en Côte d'Ivoire
CI, Niveau d'instruction et richesse, 1994 CI, Niveau
d'instruction et richesse, 2005
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 > 9
classe
Poorest (Q1) Middle (Q3)
Richest (Q5)
20
Classe
100
90
80
70
60
50
40
30
1 2 3 4 5 6 7 8 9 >9
10
0
Poorest(Q1) Middle(Q3)
Richest(Q5)
Source : EDS
Les progrès du Mali sont très visibles. En 10
ans (1995-2006), tous les quintiles de richesses ont connu un accès
amélioré en première année du primaire et ont
solidifié leur maintien dans le système éducatif. Les plus
riches sont passés de 60 à 70%, et les plus pauvres de 10
à 30% à l'entrée. Ce qui suppose une réduction
assez sensible des écarts gradués par le niveau de richesse. On
peut affirmer maintenant comme l'a dit M. Rakotomalala, « le plus facile
est consommé au Mali, le plus dur reste donc à faire : atteindre
les zones éloignées dont les coûts marginaux sont plus
élevés ».
Graphique 4.10: Evolution de l'accès à
l'éducation et de la poursuite des études au Mali
Mali, Niveau d'instruction et richesse 1995 Mali, Niveau
d'instruction et richesse, 2006
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 > 9
classe
Poorest (Q1) Middle (Q3)
Richest (Q5)
100
90
80
70
60
50
classe
40
30
20
10
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 >9
Poorest(Q1) Middle(Q3)
Richest(Q5)
Source : EDS
En 8 ans (1998-2006), le Niger a très
légèrement élevé son statut dans ses performances
éducatives. Ses avancées sont aux bénéfices du
quintile le plus riche (de 65 à 72%), le reste connaissant une quasi
stagnation. Sa situation en termes de baisse des proportions d'accès en
fonction des années d'études ne différe pas des autres
susmentionnées. Un autre point d'amélioration que l'on peut
souligner est qu'au Niger, on observe une tendance au report de la fin des
études plus marquée chez les plus riches que chez les plus
pauvres à partir du début du cycle secondaire. Toutes choses qui
militent plus en faveur d'un creusement des écarts riches-pauvres au
Niger sur la période observée.
Graphique 4.11: Evolution de l'accès à
l'éducation et de la poursuite des études au Niger
Niger, Niveau d'instruction et richesse, 1998 Niger, Niveau
d'instruction et richesse, 2006
20
10
0
100
90
80
70
classe
1 2 3 4 5 6 7 8 9 > 9
60
50
40
30
Poorest (Q1) Middle (Q3)
Richest (Q5)
100
90
80
20
classe
10
0
70
60
50
40
30
1 2 3 4 5 6 7 8 9 >9
Poorest(Q1) Middle(Q3)
Richest(Q5)
Source : EDS
Comme dans la section précédente, l'exercice de
la comparaison francophone- anglophone s'est avéré utile. Les
mêmes pays (Ghana et Kenya) ont été analysés sur une
période de 5 ans (1998-2003). Les différences sont remarquables
et ceci depuis 1998. Le changement radical de la configuration des graphiques
marqués par un gonflement des flancs illustre bien que des niveaux plus
élevés d'accès et de maintien dans les systèmes
éducatifs sont effectifs dans ces pays. Le resserrement des
disparités inter quintiles de richesses sont également à
souligner surtout au Kenya pour les trois premières années
d'études.
Ce résultat de plus en plus perçue par les
analystes a poussé à penser que les systèmes francophones
ont beaucoup à apprendre de ceux de leurs confrères anglophones
et l'organisation de séminaire d'échanges promouvraient
vraisemblablement efficacement ce potentiel besoin.
Graphique 4.12: Evolution de l'accès à
l'éducation et de la poursuite des études au
Ghana
Ghana, Niveau d'instruction et richesse, 1998
Ghana, Niveau d'instruction et richesse, 2003
100
40
90
70
60
50
30
20
80
10
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 > 9
Poorest (Q1) Middle (Q3)
Richest (Q5)
classe
100
70
40
90
80
60
50
30
20
10
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 > 9
Poorest (Q1) Middle (Q3)
Richest (Q5)
classe
Source : EDS
Graphique 4.13: Evolution de l'accès à
l'éducation et de la poursuite des études au Kenya
Kenya, Niveau d'instruction et richesse, 1998
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Kenya, Niveau d'instruction et richesse, 2003
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100
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100
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90
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90
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80
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80
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70
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70
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60
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50
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40
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30
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classe
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classe
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0
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0
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123456789> 9
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123456789> 9
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Poorest (Q1) Middle (Q3)
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Poorest (Q1) Middle (Q3)
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Richest (Q5)
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Richest (Q5)
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Source : EDS
V. Recommandations (Banque Mondiale, Tunis, 1er - 12
décembre 2008)
Les recommandations qui vont suivre sont issues en
majorité des travaux de la session de formation organisée par la
World Bank Institute en début décembre à Tunis sur les
choix stratégiques de la réforme éducative dans le
sahel.
La situation qui prévaut dans le Sahel est relativement
préoccupante. Les défis les plus prioritaires sont
déjà de plusieurs ordres et très structurels. En effet,
trop peu d'élèves achèvent leur cycle (Accès et
maintien) et obtiennent de bons résultats (qualité) (A.
Verspoor). Heureusement, on peut noter aujourd'hui une floraison
d'idées, et une présence plus effective d'économiste et
d'instruments développés de mesure, de suivi/évaluation et
d'action pour faire des propositions permettant des analyses fines,
informatives et judicieuse (C. Bourrel).
Accès aux systèmes
éducatifs
Les instruments d'actions sont nombreux. Ils concernent tant la
révision des objectifs pour inciter à plus d'efforts, que des
actions ciblées sur les masses critiques.
Des pays comme le Kenya ont préconisés un cycle
de base sur 12 ans avec 8 années de primaire. La question de fond pour
l'atteinte des défis, on l'a largement démontré, reste
cependant le ciblage et l'atteinte des pauvres. M. Rakotomalala n'a pas
lésiné sur la nécessité de se tourner vers le
milieu rural où les pauvres sont le plus concentrés et où
les déficits infrastructurels, en personnel et en matériel
didactique sont les plus poussés et les plus inaccessibles
géographiquement et financièrement. Des études plus
spécifiques sur les ciblages en groupuscules plus
individualisables5 des pauvres peuvent également être
effectuées à partir des enquêtes de condition de vie pour
des actions de discrimination positives tant urbaines que rurales (R. Zang).
Dans la même optique (atteinte des zones dites
reculées des capitales), des réformes structurelles plus
poussées sont en chantier dans certains pays. Le Mali s'est inscrit dans
une politique de décentralisation dans la gestion pratique et
financière de son système éducatif. Les résultats
de cette réforme éclaireront certainement plus d'un pays si elle
est réussie.
Des plans de considérations et de
désinformalisation des écoles communautaires informelles
sont également envisagés pour renforcer leur viabilité sur
le plan systémique.
Cette dernière option ouvre bien sûr le
débat sur le partenariat public-privé (achat des prestations par
le public aux agents privés où l' Etat limite sa charge à
la supervision des questions de qualité, d'équité et
autres). Deux thèses s'affrontent sur cette option. Tandis
5 Poches de pauvreté
que d'aucuns y voient un moyen d'extension d'une offre de
qualité, d'autres y voient un vecteur d'iniquité dans les
systèmes éducatifs où coexistent une extrême
pauvreté et une minorité relativement aisée. Tout
dépendrait donc de la forme du partenariat, c'est-à-dire s'il
intègre des aspects de capacité à payer des usagers.
Qualité de l'éducation
Avant d'évoquer les grandes lignes des recommandations
sur la qualité, il est opportun de s'attarder sur l'intervention de M.
Mamadou NDOYE : « Notre tâche aujourd'hui est de réussir
à inspirer les systèmes éducatifs des pays
retardataires...». Dans cette option, l'exercice qu'il a proposé
sur la constitution d'un nuage conceptuel a permis aux participants de
s'accorder sur l'apprenant comme point focal de la réforme sur la
qualité dans les systèmes éducatifs. A ce titre, les
nouvelles approches recommandent des méthodes d'apprentissages
basées sur la Connaissance et la Démarche intellectuelle
(compréhension, analyse, synthèse et production) chez l'enfant
quel que soit son niveau pour que ce dernier puisse identifier ou adapter ce
qu'il apprend à son environnement. Comme corollaires de cette approche,
la formation des enseignants devait insister sur de telles méthodes pour
créer et pérenniser la qualité ; de même,
l'utilisation des langues locales comme médium d'apprentissage des
sciences au niveau le plus bas pourrait être un atout précieux.
Enfin a-t-il martelé, une insistance particulière doit être
faite pour que les cohortes d'enfants aient un socle commun pour après
adopter leurs voies individuelles, l'école élitiste est un
échec du point de vue de la qualité du système.
On circonscrit à présent le concept de
qualité dans l'éducation à ce qu'apprennent effectivement
les enfants. Les présentations de Beifith KOUAK et autres ont fourni une
flopée de recommandations tirée des travaux de recherche dont la
priorisation devra être fonction de la facilité de mise en oeuvre
et de l'ampleur de ses résultats et/ou impacts positifs potentiels
(approche coût-efficacité). Au nombre de ces recommandations, on
notera les plus importantes.
Le redoublement joue en défaveur de la qualité.
Chose surprenante, on trouve parfois que l'accroissement massif
de la scolarisation n'implique pas nécessairement une dégradation
de la qualité.
L'effet positif et très significatif des manuels
scolaires sur les apprentissages est un fait alors que l'accès et la
possession en est très limité dans plusieurs pays africains.
Concernant le manuel scolaire, une discussion très houleuse a
porté sur le droit d'auteur. Doit-il être géré par
l'éditeur ou le gouvernement pour être coût-efficace? En fin
de compte, le cas de la Tunisie a permis de conforter la possibilité de
laisser au Gouvernement des pays le soin de gérer le droit d'auteur des
manuels scolaires.
L'acteur clé dans le processus d'apprentissage est
incontestablement l'enseignant. La performance de l'enseignement n'est pas
forcement proportionnelle au niveau académique de l'enseignant. Certains
travaux recommandent le Brevet de fin de premier cycle du secondaire comme
seuil optimal. Il est aussi démontré que la motivation est
l'élément clé de l'efficacité pédagogique de
l'enseignant ; comme il est important de mentionner que la formation continue
même sans formation initiale permet justement d'assurer le continuum de
la qualité.
La couverture des programmes qui est elle-même
dépendante du temps scolaire6 ou de la densité des
curricula7 est déterminante pour la qualité.
Le leadership des dirigeants des établissements
scolaire est un aspect important à ne point négliger. Dans le
même ordre d'idée, certains effets sont liés aux facteurs
de gestion. Par exemple les écoles qui progressent ne sont pas
nécessairement celles qui ont le plus de ressources. En effet, les
ressources sont importantes et la qualité de leur gestion encore
plus.
A la question de la performance liée au
dévouement des enfants, on répond que les facteurs tels que
l'alimentation (qualité et quantité) a une incidence sur la
performance des enfants de même que le dialogue
élève/école (R. Zang).
Au rang des objectifs de visibilité structurels et
conjoncturels des actions et des résultats, le renforcement du
système d'information éducatif général est une
nécessité. Il doit prendre en compte toutes les sources possibles
et les confronter pour édifier sur la pertinence de leur mesure. Il doit
s'intégrer aux autres organisations et institutions qui directement ou
indirectement abordent les questions relatives à l'éducation
(Offices nationaux de statistiques, organisation internationales). Il doit
intégrer dans ses mesures
6 900 heures au primaire et 1000 heures au secondaire par an
7 pas trop surchargé bien synchronisés et bien
adaptés
des éléments de suivi et évaluation
informatifs sur l'évolution des questions d'égalités et
d'équité du système (jauge de l'équité). Le
tableau 5 ci-dessous est un listing des diverses sources de données et
d'information sur l'éducation qu'on retrouve dans les pays en
développement. Il intègre aussi bien des sources administratives
que primaires issues d'enquêtes et recensements.
Tableau 5 : source de données et d'information sur
l'éducation
Sources de données et d'informations
|
Thèmes abordés ayant un lien avec
l'éducation
|
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Système d'information
éducatif des
Ministères
|
Collecte périodique de l'information administrative
auprès des
établissements de prestation et de gestion du service
éducatif
|
Enquêtes périodiques
|
|
|
Enquête sur les conditions de vie des ménages
(ECAM au
Cameroun, EMICOV au Benin...)
|
· caractéristiques sociodémographiques;
· revenus et dépenses;
· éducation
|
|
Enquête démographique et de santé (EDS)
|
· caractéristiques sociodémographiques;
· niveau d'instruction et fréquentation
scolaire;
· état nutritionnel et mortalité des
enfants;
· connaissance du VIH/Sida;
· comportements en termes de santé et de
fécondité;
· disponibilité des services communautaires
|
|
Enquête à indicateurs multiples (MICS)
|
· caractéristiques démographiques;
· éducation et
alphabétisation;
· travail des enfants;
|
|
Recensement Général de la
population
|
· caractéristiques sociodémographiques;
· niveau d'instruction et fréquentation
scolaire;
|
|
|
Sources internationales
|
Compilation d'indicateurs-pays (UNESCO, Banque
CONFEMEN [PASEC]...)
|
Mondiale,
|
Le rôle premier du décideur est de faire les
arbitrages les plus efficaces pour le système qu'il gère. Aussi,
des outils statistiques sont conçus de nature à rendre possible
ce travail. M. Brossard et son équipe a présenté les
résultats primaires d'un indice composite quadridimensionnel de mesure
de la performance des systèmes éducatifs intégrant
à la fois le contexte du pays, les résultats actuels, la
dynamique du pays en matière d'éducation et
l'équité. Cet indice a donné naissance à un arbre
de décision considéré de prime abord comme outil
pédagogique pour l'analyse des systèmes éducatifs qui
désagrège la réalité du système en
identifiant ses points de faiblesse (écarts aux valeurs de
référence principalement). Les utilisations possibles de cet
arbre sont la formation des acteurs de l'éducation et le dialogue entre
partenaires et pays.
Les techniques pour visualiser les coûts et les outputs
des réformes sont dorénavant disponibles. Il ne faut faire aucune
économie de ces instruments qui éclairent les arbitrages,
balisent la mise en oeuvre et le suivi/évaluation des politiques et
réformes.
Conclusion
Les défis de l'éducation dans le Sahel sont
immenses en termes d'accès, de qualité et d'équité
selon le niveau de richesse et le sexe. Un fossé immense sépare
souvent des pays évoluant pourtant dans le même contexte. Bien que
les pays souffrent de déficits énormes en termes de moyens
mobilisables, des propositions d'actions ne manquent pas. Ces propositions
devront être fonction des contextes propres à chaque pays. Les
instruments d'évaluation en amont des politiques et des réformes,
de ciblage des foyers les plus préoccupants et de
suivi/évaluation des actions sont aujourd'hui disponibles. Au total, ces
propositions et instruments devront bénéficier d'un leadership
permanent de la part des pays et à tous les niveaux pour être
possibles et pérennes.
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