SECTION 2 : LES OUTILS DE MESURE DU RISQUE
La stabilité et la solvabilité du système
bancaire sont une condition sine qua non pour le bon fonctionnement du
système financier. Le risque peut se définir comme un danger
éventuel plus ou moins prévisible. La caractéristique
propre du risque est donc l'incertitude temporelle d'un évènement
ayant une certaine probabilité de survenir et de mettre en
difficulté la banque. Le risque inhérent au secteur bancaire se
distingue par sa multiplicité et par son caractère
multidimensionnel ne pouvant être mesuré par un seul indicateur.
Les banques gèrent les risques de crédit et de taux par des
opérations sur les marchés de produits dérivés
où elles échangent différents instruments (contrats
financiers à terme, options sur instruments de dette, swaps de taux
d'intérêt, etc.). Elles effectuent aussi divers types
d'opérations, certaines de nature spéculative sur le
marché des changes.
Toutes ces activités de marché, bien que
hautement profitables sont dangereuses, un problème spécifique
à la gestion de ces activités réside dans le fait que les
courtiers qui effectuent des opérations sur les marchés peuvent
être incités à prendre des risques excessifs. Parmi ces
risques on peut citer le risque de la liquidité, le risque de
marché, le risque de taux d'intérêt, les risque de change,
le risque systématique, le risque de crédit et celui
opérationnel.
2.1. LE RISQUE DE LIQUIDITE
Le risque de liquidité est le risque auquel s'expose un
opérateur, dont la situation économique peut être saine,
mais qui n'est pas en mesure de faire face à ses obligations en raison
d'une perturbation du marché ou d'une profondeur insuffisante de ce
marché.
« La liquidité, c'est la confiance. Si la
confiance des investisseurs est particulièrement mise à mal, le
manque de liquidité lié à un choc peut se
révéler particulièrement imprévisible »
(Gouverneur de la FED de New York, Kevin Warsh.).
Durant une période de stress sur le marché,
déclenchée par une forte baisse des prix, selon Andrew Large, il
n'est pas certain que le système bancaire sera capable de faire face
à une augmentation temporaire de la demande de liquidité sans
entraîner des perturbations.
La manière la plus naturelle de justifier l'existence
des banques est leur rôle dans l'assurance de liquidité.
Néanmoins, cette structure fragile de capital n'est pas stable, car le
service de transformation de maturité est une source de
vulnérabilité, notamment quand un grand nombre de
déposants décident d'un coup de retirer. Habituellement, les
banques sont capables de répondre aux retraits à travers leurs
liquidités. Les retraits quotidiens sont généralement bien
anticipés et une réserve de fonds adéquate est
conservée. Le risque de liquidité n'est donc pas le risque qu'il
y ait beaucoup de retraits, mais le risque que ces retraits soient non
anticipés.
Car les besoins de liquidité ne sont pas parfaitement
corrélés entre les banques, la satisfaction des demandes de
retrait justifie la mise en place du marché interbancaire. Au niveau
microéconomique, c'est par le biais de ce marché que les
institutions financières redistribuent leur surplus de liquidité
vers les banques en déficit. Au niveau
macroéconomique, le marché interbancaire contribue
au développement de l'intermédiation financière et
à l'amplification des interdépendances entre les banques.
La contribution du marché interbancaire au renforcement
de la stabilité financière est incontestable, mais il faut
toutefois remarquer qu'il favorise la propagation des difficultés
expérimentées par une banque à d'autres institutions
financières.
C'est ce qu'on appelle le mécanisme de la boule de neige
ou du petit choc qui se propage dans toute l' 'economie bancaire.
2.2. LE RISQUE DE MARCHE
Le risque de marché est le risque de pertes auquel
s'expose une banque sur un marché du fait des variations des cours. Ce
risque est donc lié à la volatilité des cours et à
l'importance des positions prises par les opérateurs.
Les risques généraux d'exploitation : les
résultats d'une banque sont sensibles à différents
facteurs parmi les quels les plus significatifs sont le prix du pétrole
généralement exprimé en dollar, le taux de change,
notamment celui du dollar par rapport à l'euro. Toutes les
activités de la banque sont sensibles à des titres divers et dans
des proportions variables aux évolutions de la parité du dollar
contre l'euro.
Les risques relatifs aux activités de
trésoreries : la gestion des risques relatifs aux activités de
trésorerie et aux instruments financiers de taux et change obéit
à des règles strictes définies par la direction de la
banque et qui prévoient la centralisation systématique en
direction centrale des liquidités, des positions et de la gestion des
instruments financiers. La gestion s'organise autour des services
spécialisés d'intervention sur les marchés et de
contrôle des opérations de trésorerie. Le service
contrôle assure la surveillance quotidienne des limites, des propositions
et effets de variation des résultats. Il procède à la
validation des instruments financiers et le cas échéant, effectue
des analyses de sensibilité. Pour limité les risques, les banques
utilisent la plus du temps des instruments dérivés simple.
La gestion du risque de change : les banques on pour
politique de couvrir systématiquement leurs positions de change
bilancielle par rapport au monnaies fonctionnelles de chacune des
entités concernées qui sont principalement l'euro, le dollar
U.S.A, la livre sterling, le yen, la couronne
norvégienne... Pour les activités commerciales, la couverture de
revenu et coûts en devises étrangères s'effectue
essentiellement par des opérations de changes au comptant et parfois
à terme. Quant à la couverture des flux prévisionnels on
aura recours à des options.
2.3. LE RISQUE DE TAUX D'INTERÊT
La principale source de rentabilité d'une banque
réside dans le taux d'intérêt qu'elle applique à sa
clientèle. Plus ce taux est élevé plus est
élevé le rendement, mais il reste néanmoins un
problème de maintien de la clientèle et de faire face à la
concurrence. Pour que les clients restent fidèles, il faudra leur
accorder un taux d'intérêt sur les prêts inférieurs
à celui des concurrents et un taux supérieur sur leurs
placements. Pour pouvoir faire des bénéfices et rester
maître du jeu, les banques offres plus d'avantage sur les placements des
comptes courants et ainsi elles arrivent à maximiser leur profit tout en
gardant leur clientèle. Le risque de taux d'intérêt se
défini comme l'éventualité pour un établissement de
crédit de voir sa rentabilité affectée par
l'évolution des taux d'intérêts.
L'évolution des taux d'intérêt
présente la particularité d'avoir potentiellement des impacts
micro et macroéconomiques importants. La connaissance de leurs effets
sur les intermédiaires financiers est déterminante pour
l'appréciation de la stabilité financière. Mais cette
indispensable analyse globale du risque de taux d'intérêt et son
intégration dans une réglementation quantitative, à
l'instar de ce qui existe pour d'autres types de risque, est rendue
extrêmement délicate, voire impossible, par le lien étroit
entre la mesure de ce risque et les caractéristiques financières
(type d'activité, mode de financement) et stratégiques
(couverture des expositions ou prise de positions volontaires)
spécifiques à chaque établissement de crédit et
donc peu propices à un traitement uniformisé. Il n'en demeure pas
moins que l'importance relative de ce risque au sein de chaque
établissement et l'incidence potentielle d'une éventuelle
propagation à l'ensemble de l'économie appellent naturellement
les superviseurs bancaires et, plus généralement, l'ensemble des
autorités en charge de la stabilité financière à
suivre ces questions de très près. Cet intérêt est
accru aujourd'hui dans la mesure où l'évolution de
l'environnement financier, réglementaire et comptable est susceptible
d'accroître la sensibilité de certains établissements
à ce risque. Outre l'enrichissement des informations disponibles sur
la
gestion actif-passif (Assets Liabilities Management - ALM) des
établissements concernés (organisation, systèmes
d'évaluation du risque, stratégies de couverture), les analyses
réalisées ont consisté à apprécier, à
partir de simulations ad hoc (stress tests), leur capacité de
résistance à un retournement soudain et de grande ampleur des
taux d'intérêt, scénario dont la probabilité ne peut
pas être totalement écartée, en raison du niveau
historiquement bas de ces taux. L'éventualité d'une
matérialisation plus fréquente et plus large de ce risque via le
développement de valorisations comptables qui favorisent l'utilisation
de valeurs de marché justifie, toutefois, un besoin
d'amélioration, de rationalisation et d'harmonisation du suivi interne
du risque de taux, en particulier dans le cadre de la mise en oeuvre du pilier
2 du nouveau ratio de solvabilité.
2.3.1. PERTINENCE DU RISQUE DE TAUX
2.3.1.1. UN RISQUE INHERENT A L'ACTIVITE
BANCAIRE
Le rôle d'intermédiaire financier des
établissements de crédit les expose structurellement au risque de
transformation ou de taux, en finançant des actifs à long terme
avec des dépôts ou d'autres formes de financements souvent
libellés à court terme. Cette situation s'explique par deux
catégories d'arguments (réexaminés par Maes, 2004). En
premier lieu, les intermédiaires financiers subissent naturellement, du
fait de leur activité, des impasses de maturité et/ou de taux car
les acteurs non financiers sont adverses au risque (ils sont structurellement
prêteurs à court terme et emprunteurs à long terme) et ont
aussi, traditionnellement, peu facilement accès à l'information
sur la qualité des emprunteurs à long terme. Ils doivent passer
par des intermédiaires, les banques, mieux à même de
gérer les problèmes résultant de l'information imparfaite
sur les emprunteurs (Jaffe et Stiglitz, 1990), d'arbitrer différentes
demandes de prêts et d'assurer un suivi des projets d'investissement.
Cela permet de limiter le risque de voir mis en oeuvre un projet
«déviant» par rapport à celui qui a été
originellement contracté, et de protéger ainsi les fonds des
déposants (agents prêteurs). En outre, les déposants
disposent, en théorie, de moyens de pression sur la façon dont
les banques sélectionnent et gèrent les projets d'investissement:
ils sont en mesure de retirer leurs fonds à tout moment (« paniques
bancaires »). Ainsi, entre les activités de crédit, d'une
part, et la collecte des dépôts, d'autre part, il existe une
réelle complémentarité économique
(Diamond et Dybvig, 1983). En second lieu, les banques peuvent
choisir de s'exposer volontairement à des impasses de taux
potentiellement annulées ou réduites par une utilisation
d'instruments de couverture, soit parce que leur prévision
d'évolution de la courbe des taux d'intérêt diffère
de celle du marché, soit parce qu'ils jugent la prime de risque
attractive. Il est intéressant de noter que, bien que le risque de taux
d'intérêt ait toujours existé, puisqu'intrinsèque
à la fonction de transformation des banques, la gestion de ce risque n'a
été introduite qu'à une date relativement récente
dans les pratiques de gestion interne de ces dernières. En effet,
l'ampleur de ce risque s'est accrue en raison de la plus grande
volatilité des taux d'intérêt depuis la fin du
système de taux de change fixes de Bretton Woods et la libération
des mouvements de capitaux. La matérialisation du risque de taux dans le
compte de résultat intervient par le biais des marges
d'intérêt sur les opérations bancaires.
En outre, la valeur actuelle des actifs, passifs et
éléments de hors bilan est modifiée du fait de l'impact de
l'évolution des taux sur les valeurs des flux futurs de ces
différents éléments. Aussi une gestion efficace et
prudente du risque de taux est-elle un facteur essentiel de la qualité
de la gestion interne et, concomitamment, de la solidité des banques et
de la stabilité du système bancaire. Ce suivi interne est
d'autant plus important que la complexité du sujet, qui trouve son
origine dans la diversité des produits (options « cachées
») et des hypothèses comportementales (l'échéance
effective d'un dépôt à vue), ne permet pas de mettre en
oeuvre une réglementation relative au risque de taux harmonisée
au niveau européen ou international. Or, aujourd'hui, l'environnement de
la gestion de ce risque est susceptible d'évoluer rapidement et justifie
une attention accrue de la part des superviseurs bancaires et, d'une
manière plus générale, des autorités en charge de
la stabilité financière.
2.3.2. UN ENVIRONNEMENT NON STABILISE : UN
CONTEXTE DE TAUX D'INTRÊT BAS
La situation actuelle est marquée par des taux
historiquement encore très bas dans bon nombre de pays du G 10. Cette
configuration est inhabituelle ; les établissements doivent donc bien
apprécier leur capacité à absorber les effets d'un
éventuel retournement de tendance. Le déclenchement d'un
mouvement de hausse pourrait avoir des
conséquences immédiates sur les marges de
transformation en augmentant les coûts de refinancement
généralement plus rapidement que les rendements des actifs, en
raison de la transformation de maturité effectuée par les
banques. Or, les concours à taux fixe ou à taux variable avec une
période de révision supérieure à un an
représentaient 66 % de l'ensemble des concours (accordés aux
résidents et au bilan) au 30 septembre 2004. Surtout, la composante
principale et la plus dynamique de ces concours était constituée
par les crédits à l'habitat (50 % du total) et, de mi-2003
à mi-2004, les nouveaux crédits de ce type ont été
octroyés à des taux bas, situés généralement
dans une fourchette allant de 4,20 % à 4,30 %, contre des taux moyens de
4,76 % pour la zone euro en septembre 2004. Dans ce contexte, en l'absence
d'une gestion ALM adaptée permettant de mesurer finement leur exposition
et de couvrir le risque de taux, les établissements de crédit
pourraient, en cas de retournement des taux, subir un effet de ciseaux puisque
le coût des ressources augmenterait alors que les produits
d'intérêt seraient pour une large part figés.
2.3.2.1 UN CADRE REGLEMENTAIRE EVOLUTIF :
Tout comme leurs homologues européennes, les banques
françaises financent une proportion importante de leurs actifs par des
dépôts à vue et à terme. Les dépôts
(hors ceux des autres institutions financières et des administrations
centrales et hors zone euro) représentaient, au 31 octobre 2004, 24,1 %
du total de bilan agrégé des institutions financières et
monétaires (IFM) en France et 30,1 % de celui des I FM dans la zone
euro. Dans les deux cas, ce pourcentage est relativement stable depuis 1999.
Cette stabilité peut toutefois être amenée à
changer, notamment en raison d'évolutions structurelles touchant les
dépôts comme, par exemple, le volume de ces derniers ou
l'écart de rémunération entre les taux de marché et
ceux des dépôts. Si la nouvelle formule d'indexation des taux
réglementés offre une visibilité accrue, l'effet d'une
éventuelle rémunération des comptes courants exige un
effort de modélisation sur au moins deux aspects : les montants en
cause, d'une part, la fixation de leur rémunération, d'autre
part. Ainsi, une conséquence éventuelle de l'introduction de la
rémunération des comptes courants pourrait être
l'augmentation du montant des dépôts à vue.
niveau général de taux d'intérêt,
ainsi que de l'intensité de la concurrence sur ces produits.
L'indexation des taux de l'épargne réglementée et la
levée de l'interdiction de rémunérer les
dépôts à vue pourraient toutefois ne pas significativement
modifier les conditions de la gestion ALM en France. Si la
rémunération proposée était modérée,
compte tenu du niveau actuel des taux d'intérêt et de la
volonté déclarée de certains groupes de ne pas
rémunérer ou de rémunérer faiblement les
dépôts à vue, l'effet serait relativement faible au regard
du composant « taux fixe » représentée par le
coût de collecte (réseau d'agences, moyens alloués de
façon générale). En outre, il est probable que la
rémunération sera le plus souvent fixée par niveaux
ajustables de taux fixes, et non par référence automatique
à un indice externe, totalement variable, de taux. Il reste que la
façon dont la rémunération des dépôts sera
mise en oeuvre par les acteurs bancaires est encore incertaine. Des
comportements trop dé-corrélés des contraintes de
maîtrise du risque de taux global pourraient modifier sensiblement les
caractéristiques, voire l'ampleur, de celui-ci.
2.3.3. UN SUIVI POUR LE RISQUE DE TAUX
La préoccupation première des superviseurs
bancaires et, d'une manière générale, des autorités
en charge de la stabilité financière est de s'assurer que les
banques ont suffisamment de fonds propres pour se protéger d'une
matérialisation éventuelle du risque de taux qu'elles supportent
et que ce risque est correctement suivi et géré. Cette
préoccupation s'inscrit aujourd'hui dans un contexte comptable et
réglementaire renouvelé (cf. supra). En effet, le
développement de valorisations comptables qui favorisent l'utilisation
de données de marché, et donc l'éventualité d'une
matérialisation plus fréquente et plus large du risque de taux,
justifie un souci d'amélioration, de rationalisation et d'harmonisation
du suivi interne de ce risque, par exemple dans le cadre de la mise en oeuvre
du pilier 2 du nouveau ratio de solvabilité.
2.3.3.1. LES EXIGENCES ACTUELLES
L'amendement de Bâle I sur les risques de marché
de 1996 n'avait introduit d'exigences en fonds propres que sur le risque de
taux du portefeuille de négociation.
L'hétérogénéité des pratiques des
établissements en matière de risque de taux sur leur portefeuille
bancaire reflète naturellement la diversité de leurs
stratégies et de leurs structures de financement. La multiplicité
des méthodes, notamment quant à l'évaluation
du risque de taux sur les produits non
échéancés comme les dépôts à vue,
avait conduit les superviseurs à ne pas demander de charge en capital
réglementaire sur le risque de taux du portefeuille bancaire. Le
Comité de Bâle reste néanmoins convaincu de l'importance du
risque de taux d'intérêt sur le portefeuille bancaire. L'attention
des autorités de surveillance s'est donc portée sur la
définition de principes de gestion de ce risque (Comité de
Bâle, 1997). Ces principes ont été mis en oeuvre dans les
réglementations nationales, notamment en France dans le règlement
du CRBF n° 97-02 relatif au contrôle interne ; seules quelques
autorités de contrôle ont institué une remise
d'informations plus détaillées, dont l'Office of Thrift
Supervision (OTS) aux États-Unis, la Commission bancaire et
financière belge ou bien encore la Commission fédérale des
banques suisses.
2.3.3.2. APPORTS DU NOUVEAU RATION DE
SOLVABILITE
(RATIO Mc DONOUGH)
Le nouveau ratio de solvabilité (Bâle II)
améliore la prise en compte des risques (Thoraval et Duchateau, 2003),
mais n'exige pas, au titre du pilier 1, de fonds propres réglementaires
pour la couverture du risque de taux d'intérêt. En revanche, il
inclut le suivi de ce risque de taux sur le portefeuille bancaire dans le
pilier 2, dont l'objectif est de prendre en compte les risques dont le
traitement reste difficilement harmonisable ou formalisable dans le cadre du
pilier 1, avant d'aboutir, sous le contrôle du superviseur
concerné, à un calcul de capital économique regroupant
l'ensemble des risques, ceux couverts de manière harmonisée dans
le cadre du pilier 1, et les autres risques appréhendés au titre
du pilier 2. Dans ce cadre, les établissements financiers devront
fournir à leurs superviseurs les résultats produits par leurs
systèmes d'évaluation interne en anticipant un choc de taux
d'intérêt standard, en l'occurrence une translation
parallèle immédiate de 200 points de base. Aujourd'hui, 30 % des
groupes bancaires appliquent l'approche recommandée par le Comité
de Bâle, à savoir mesurer la sensibilité de leur capital
économique à des chocs de taux d'intérêt.
2.3.4. UNE SURVEILLANCE MACRO PRUDENCIELLE DU
RISQUE DE TAUX
d'indicateur universellement adopté pour la gestion
ALM, alors qu'en matière de risques de marché il existe un
consensus assez large, notamment pour utiliser des modèles de type VaR
et de stress scenarii. Il semble toutefois indispensable, dans un environnement
marqué par une volatilité certaine des valeurs
financières, que les superviseurs bancaires et, d'une manière
plus générale, les autorités en charge de la
stabilité financière aient la vision la plus précise
possible de la sensibilité du système bancaire au risque de taux,
et de sa capacité à transmettre les évolutions de taux
à l'ensemble de l'économie.
Dans ce contexte, l'intérêt du dispositif
Bâle II pour le suivi macro prudentiel du système bancaire est de
fournir une méthodologie qui permet des analyses comparatives
pertinentes relatives à la variation de la valeur économique des
établissements de crédit suite à l'application d'un choc
standard de taux d'intérêt. Il faut toutefois avoir conscience de
ce que les résultats obtenus par ce type de calcul dépendent
très largement des hypothèses sous-jacentes, elles-mêmes
fonction des choix stratégiques retenus par les établissements.
Il en est ainsi, par exemple, des conventions d'écoulement de certains
produits (dépôts à vue, prêts
épargne-logement), des modalités de prise en compte des options
cachées ou encore des choix de modélisation. Aussi la
standardisation des paramètres et la mise en place d'une fonction
détaillée destinée au superviseur afin qu'il calcule le
risque de taux sur le portefeuille bancaire ne font pas l'unanimité au
sein des contrôleurs bancaires. Cette standardisation pourrait, certes,
donner une mesure, homogène pour le système bancaire mais
beaucoup moins fine, voire éloignée de la situation individuelle
des banques. En effet, l'estimation des paramètres et le choix des
modèles comportementaux sont fondés sur des études
étayées par des données historiques adaptées
à la situation individuelle des établissements et à leurs
relations clientèle. La détermination et l'évolution de
ces paramètres internes doivent être évaluées
périodiquement par le contrôle interne des
établissements.
2.4. LE RISQUE DE CHANGE
Crise des Subprime, marchés volatiles,
accélération des changements : dans un contexte économique
de plus en plus incertain, les banques doivent gérer des risques
financiers croissants. Celles qui dépendent directement du commerce
mondial sont notamment exposées à des risques de change qui ont
un impact direct sur leurs résultats.
Une banque est en situation de risque de change lorsqu'elle
est en position de change ouverte. Le marché de change international se
tien tout les jours ouvrable 24h/24 par téléphone entre les
banques de la place. Soit directement de banque à banque soit par les
intermédiaires. Les banques peuvent agir pour leur propre compte ou pour
celui de leurs clients. Lorsqu'elles interviennent pour leur propre compte,
elles peuvent agir soit pour se couvrir contre le risque de change soit pour
réaliser des opérations d'arbitrage et de spéculation sur
des horizons de court terme. L'intervention des banques sur le marché de
changes se fait par l'intermédiaire des spécialistes appeler
« combistes ». Dans ce cas en effet, elle peut subir une perte ou
bénéficier d'un gain en raison d'une modification des taux de
change (dévaluation ou réévaluation en changes fixes,
appréciation ou dépréciation en changes flottants). Le 07
juillet 1997, les autorités tunisiennes franchissent le pas de la
libéralisation de la politique de change et instaurent le marché
de change à terme (forward). Ce nouveau mécanisme qui n'est plus
le monopole de la BCT permettra aux opérateurs tunisiens et
étrangers de couvrir leur risque de change inhérent aux
opérations commerciales et financières internationales.
2.4.1 LES OPERATIONS SUR LES MARCHES DES
CHANGES
· Couverture : protéger les créances et les
dettes commerciales et financières contre les risques de baisse ou de
hausse des cours des devises dans lesquelles elles sont libellées.
· Spéculation : tirer profit d'une évolution
anticipée du taux de change
· Arbitrage : tirer profit d'une divergence non
justifiée dans l'évolution des taux (réservées aux
opérateurs qui peuvent accéder directement au marché)
2.4.2 LA GESTION DES RISQUES DE CHANGE Les
risques
· On distingue 3 risques de change
- Transaction : effets des variations du cours de devises sur
des dettes/prêts commerciaux ou financier) effet sur le résultat
de l'entreprise exposée
- Consolidation : spécifique aux
sociétés qui consolident les résultats de filiales
étrangères dans leurs comptes ; s'effectuent au cours au comptant
au moment o `u le bilan est établi) déforme `a la hausse ou `a la
baisse les résultats des filiales
Economique : englobe les 2 précédents + effets
des fluctuations des changes sur les recettes (prix de vente) et les
dépenses (prix d'achat des inputs) ; effets immédiats et sur long
terme si mouvements longs des devises) affecte la valeur de l'entreprise
· La gestion du risque de change est un processus qui
comporte 5 étapes - détermination de la position de change
- surveillance en temps réel de la position
- évaluation de la probabilité de variation du taux
de change
- calcul des coefficients de risque
- mise en oeuvre des techniques de couverture
adéquates
1. Détermination de la position de change : conversion
dans une monnaie de référence des avoirs et engagements
libellées en devises
· Monnaie de référence : - si entreprise
cotée en bourse, la monnaie dans laquelle les actions sont
libellées
- si cotation sur plusieurs places financières, la
monnaie du marché où se réalise la majorité des
transactions, ou celle des actionnaires contrôlant l'entreprise
- si pas de cotation en bourse, monnaie du pays o`u l'entreprise
est implantée, ou monnaie de la société mère si
multinationale
2. Surveillance de la position en temps réel :
· nécessite d''etablir un tableau de la position de
change - facturations commerciales (clients & fournisseurs) -
opérations financières (prêts & emprunts en devises)
- autres opérations commerciales et financières
(redevances brevets/licences, soumissions aux appels d'offre,
versements/perceptions d'intérêts/dividendes,. . .)
- activité de négoce
- commandes signées mais pas encore facturées,
flux prévisionnels
· établie chaque semaine/mois/année selon
l'activité de la firme
· lorsque plus de dettes que d'actifs dans une devise,
la position de l'entreprise sur cette devise est qualifiée de courte
· l'entreprise subit une perte en cas d'appréciation
de la devise
· inversement, lorsque la firme possède plus
d'actifs que de dettes dans une devise, sa position est dite longue sur cette
devise
· l'entreprise enregistre un gain lorsque la devise
s'apprécie
· les positions diffèrent selon les devises et
selon les horizons ; par ex, une entreprise peut-être en position courte
sur le dollar `a 3 mois et longue `a 1 an et inversement sur le yen.
3. Evaluation des risques auxquels l'entreprise est
exposée
· estimation de la variation probable du cours de
chacune des devises constituant le tableau de position de change : `a 1 mois,
le dollar devrait se déprécier de 10%, le yen s'apprécier
de 15%, . . .
· estimation de la probabilité avec laquelle ces
évènements risquent de se produire (10%, 5%,. . .)
4. Calcul des coefficients de risque = pourcentage de variation
anticipée × probabilité affectée `a cet
évènement
5. Mise en oeuvre des opérations de couverture si
coûts de l'opération sont en proportion < coefficients de
risque.
2.5. LE RISQUE SYSTEMATIQUE
Selon D. Plihon, le risque systématique est la «
possibilité que les difficultés rencontrées par un acteur
ou marché financier dans un pays se propagent à l'ensemble du
système et entraînent son effondrement ». M. Aglietta (la
maîtrise du risque systématique international, 1998),
souligne que le risque systématique résulte de
l'agrégation des réponses rationnelles des agents
économiques aux risques qu'ils perçoivent. Dans certaines
conditions, l'agrégation de ces réponses accroît
l'insécurité financière et monétaire au lieu de la
réduire : on se trouve alors en situation de crise systématique.
Le krach financier et bancaire de 1929 et celui de 2008 aux Etats-Unis est un
exemple de
crise systématique. Quant à F. Mishkin «un
événement soudain et généralement inattendu qui
secoue les marchés financiers et les empêche d'acheminer
efficacement le flux de capitaux là où les opportunités
d'investissement sont les meilleures ». Lorsque cela se produit, les
entreprises et les investisseurs particuliers, à court de fonds, cessent
d'investir ou de dépenser, et il s'ensuit un ralentissement de
l'activité économique voire même une récession
(c'est ce qui est en traine de se passé dans les économies
développées et causé par la crise immobilière et
bancaire de 2008 connu sous le nom de « subprime »).
Dans un article qui sert aujourd'hui de
référence sur le sujet, Olivier De Bandt et Phillip Hartman
(2002) passent en revue les nombreuses définitions qui en sont
données dans les travaux théoriques et empiriques des
économistes. Cela les conduits à proposer une distinction entre
:
- le risque systémique au sens étroit
correspondant à la probabilité d'un choc idiosyncrasique
publication de « mauvaises nouvelles » sur une institution
financière, voire même l'annonce de sa faillite ; chute des cours
sur un marché financier à l'origine d'un phénomène
de contagion avec des effets négatifs sur une ou plusieurs autres
institutions financières ou marchés ;
- le risque systémique au sens large correspondant
à la probabilité d'un choc macroéconomique publication
d'informations déclenchant un effet sur l'ensemble de l'économie
ayant des effets sur un nombre important d'institutions financières et
de marchés.
2.5.1. LES EVENEMENTS SYSTEMATIQUES
« Un événement systémique, au sens
étroit du terme, consiste dans la publication de mauvaises nouvelles sur
la situation d'une institution financière, pouvant même aller
jusqu'à l'annonce de sa faillite, ou dans un krach sur un marché
financier ce qui conduit à des réactions en chaîne avec des
effets négatifs considérables sur une ou plusieurs autres
institutions ou sur des marchés financiers, c'est-à-dire leur
faillite ou leur krach » (De Bandt et Hartman, op. cit.). L'histoire
économique nous apprend que la plupart des crises financières aux
États-Unis ont commencé par la détérioration du
bilan des banques, une forte hausse des taux d'intérêt (souvent
provoquée par une hausse des taux d'intérêt à
l'étranger), une chute importante du marché boursier et un
accroissement de l'incertitude
résultant de la faillite d'une importante firme
financière ou non financière (Ohio Life Insurance & Trust
Company en 1857, Northern Pacific Railroad et Jay Cooke & Company en 1873,
Grant & Ward en 1884, National Cordage Company en 1893, Knickerbocker Trust
Company en 1907, Bank of the United States en 1930). Des cas comparables se
sont produits également dans les autres pays (par exemple, en Angleterre
Overend Gurney en 1866 et Barings en 1890 et, en France, Union
générale en 1882 et Banque nationale de crédit en 1932 en
France). Aujourd'hui, différentes raisons non exclusives peuvent
être à l'origine d'une crise bancaire
généralisée : une libéralisation excessive du
secteur, un choc négatif spécifique (par exemple, un choc
boursier ou l'éclatement d'une bulle immobilière « le cas le
plus récent est celui du subprime » aux Etats-Unis) ou une
ruée sur les dépôts (plus rarement dans les pays
développés).
2.5.2. LES PANIQUES BANCAIRES EXPLIQUEES PAR LA
THEORIE ECONIMIQUE
On distingue dans la théorie économique deux
grandes catégories de modèles pour expliquer les paniques
bancaires. Dans la lignée de Diamond et Dybvig (1983), une
première catégorie de modèles s'intéresse à
l'instabilité des banques individuelles dans un système de
réserve fractionnaire. Les banques y transforment des
dépôts à court terme en investissements à long
terme, avec une prime de liquidité, alors que les déposants font
face à une externalité de remboursement en raison de l'existence
due à une contrainte de service séquentiel (les retraits de
dépôts se font conformément à une règle,
premier arrivé, premier servi) et il n'y a pas de marché pour les
investissements effectués par les banques. Une partie des clients des
banques enregistrent un choc de liquidité et souhaitent retirer leurs
dépôts rapidement. L'élément important ici est que
la crainte de la multiplication de retraits préventifs par un nombre
très important de déposant soit à l'origine d'une
ruée aux guichets qui constitue une prophétie
auto-réalisatrice. En raison du caractère aléatoire des
retraits préventifs, une autre interprétation possible de ce type
de modèles est que les ruées bancaires constituent des
phénomènes aléatoires (dans le modèle de Diamond et
Dybvig, la fonction des banques est de fournir des services de liquidité
aux déposants en cas de chocs). Dans la seconde catégorie de
modèles, les ruées aux guichets sont causées par la
publication de nouvelles informations sur la viabilité des
investissements effectués par les banques. Gorton (1985) montre que,
dans une situation où l'information est
complète, des ruées aux guichets peuvent
être rationnelles et efficientes. Dans une situation d'information
imparfaite, un bruit peut parfois être à l'origine de ruées
rationnelles mais inefficientes.
2.6. LE RIQUE DE CREDIT
Le risque de crédit est le risque de pertes
consécutives au défaut d'un emprunteur face à ses
obligations, ou à la détérioration de sa solidité
financière ou de sa situation économique au point de
dévaluer la créance que l'établissement de crédit
détient sur lui. On comprend clairement qu'il existe donc deux types de
risque de crédit :
- Un risque de défaut : C'est le risque qu'un
emprunteur ne soit pas en mesure de faire face à ses engagements de
paiement (incapacité d'honorer ses obligations de paiement des
intérêts et/ou du principal d'une créance) ;
- Un risque de dépréciation de la qualité de
crédit : Ce risque est dû à la détérioration
de la solidité financière de la contrepartie et par
conséquent la qualité de la signature.
En face de ce risque crédit, nous sommes en
présence de deux natures de débiteur :
- Un risque émetteur : Il s'agit d'un risque lié
à un instrument "cash" : (obligations, billets de trésorerie,
prêts bancaires, certificats de dépôts...).
- Un risque de contrepartie : Ce risque est lié à
un instrument "non cash" : (produits dérivés, garanties...)
Le risque de crédit et la codification des relations
entre prêteurs et emprunteurs étaient déjà au coeur
des préoccupations des rois des premières civilisations. Il y a
de cela 3800 ans, Hammourabi, roi de Babylone, au paragraphe 48 de son Code des
lois, énonçait que, dans l'éventualité d'une
récolte désastreuse, ceux qui avaient des dettes étaient
autorisés à ne pas payer d'intérêt pendant un an. En
fait, ce paragraphe 48, qui est souvent attribué par erreur au
philosophe grec Thalès, qui a vécu 1200 ans après
Hammourabi, est le premier, contrat d'option qui n'ait jamais été
écrit. Le risque d'une mauvaise récolte était
transféré de l'emprunteur au prêteur, créant ainsi
un risque de crédit pour le prêteur.
Dans l'industrie bancaire, à l'aube du XXIe
siècle, le risque majeur demeure toujours et encore le risque de
crédit. Il est important de garder à l'esprit que c'est l'absence
de diversification et, pire encore, l'illusion de la diversification, qui sont
à l'origine des problèmes éprouvés par les banques.
Les mesures du risque de crédit sur des portefeuilles de prêts ont
considérablement progressé, notamment avec la méthode de
la VaR (Valu at Risk) qui représente la valeur en risque,
transposée de l'univers des marchés à celui du
portefeuille bancaire.
2.7. LE RISQUE OPERATIONNEL a
été officiellement défini et pris en compte dans le
document soumis à consultation par le comité de Bâle (2001)
comme le risque de pertes pouvant résulter de procédures internes
inadéquates ou non appliquées, des personnes, des systèmes
ou d'évènements externes. Ces évènements de risque
sont les fraudes internes ou externes, les risques qui touchent aux relations
clients, les problèmes liés à la gestion du personnel, les
dommages qui pourraient toucher les actifs physiques, l'interruption totale ou
partielle des systèmes ou des processus, et la mauvaise exécution
de certains processus qu'ils soient internes ou externes à la banque.
CONCLUSION:
La croissance notable des PNB depuis 2007, grâce
notamment au développement des produits bancaires aux particuliers et
aux bonnes perspectives économiques, a permis à la
majorité des banques de soutenir leurs efforts de provisionnement. Cette
croissance est contrebalancée par la nécessité de
moderniser les systèmes d'information des banques et densifier leurs
réseaux d'agences pour certaines d'entre elles. Le rendement de l'actif
(ROA) des banques tunisiennes tourne autour de 0,99% qui sont très loin
aux normes prudentielles qui sont de 2%. Le rendement des fonds propres (ROE)
des banques tunisiennes est de 8,45% qui sont d'une différence
significative par rapport à celui des banques européennes qui est
de 25%. Quand au ratio de couverture de risque, la tendance
générale du secteur est à la baisse depuis 2003. Parmi
toutes les banques qui constituent le secteur bancaire tunisien, seule la
Banque de Tunisie qui essaye de s'aligner autour des normes européenne
en ce qui concerne le ROA, c'est aussi la Banque de Tunisie qui à le ROE
qui la rapproche des banques européennes. De même pour le ratio de
couverture des risques, c'est la Banque de Tunisie qui gère très
bien son risque de crédit et c'est aussi la plus stable parmi les
restes. De ce fait, nous pouvions dire que la performance du secteur repose
principalement sur la performance de la banque de Tunisie. Nous devrions
assister à une amélioration notable des indicateurs de
rentabilité dans le secteur,
une fois que les niveaux de couverture requis seront atteints en
2009.
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