INTRODUCTION GENERALE
Le Ministère de l'Economie et des Finances (M.E.F.)
s'est lancé dans une réforme de gestion des finances publiques en
élaborant en février 2007 une Stratégie de Renforcement
des Finances Publiques (S.R.F.P.). Cette stratégie répond aux
enjeux et aux défis liés à la lutte contre la
pauvreté d'une part et aux exigences internationales et
régionales d'autre part. L'objectif de la S.R.F.P. est de
« contribuer à la mise en oeuvre efficace des
actions de lutte contre la pauvreté contenues dans le Cadre
Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (C.S.L.P.) par
l'établissement d'un système de gestion des Finances Publiques
performant, conforme aux standards internationaux. »
Huit (08) résultats ont été fixés pour permettre
d'atteindre cet objectif global et cela à travers la mise en oeuvre de
programmes prioritaires dans le cadre de Plans d'Actions Sectoriels Triennaux
(P.A.S.T.). Composé de neuf (09) programmes, le P.A.S.T. comporte un
volet opérationnalisation de la déconcentration et accompagnement
de la décentralisation qui est constitué à son tour de
deux (02) volets : la déconcentration budgétaire et la
déconcentration des services du Ministère des Finances et du
Budget (M.F.B.) aujourd'hui M.E.F.
Elément fondamental dans le processus de
décentralisation, la déconcentration vise à mettre
à la disposition des services déconcentrés, les moyens
nécessaires à leur bon fonctionnement. Au niveau de la
déconcentration budgétaire, ces moyens concernent les finances et
particulièrement le budget à travers le circuit de la
dépense et notamment l'ordonnancement des dépenses. Si au
Burkina, la déconcentration budgétaire existe à travers la
procédure de délégation de crédits, il reste que
son champ d'application est encore très réduit. Aussi, est-il
nécessaire d'élargir et d'approfondir le processus de
déconcentration budgétaire en vue d'un meilleur accompagnement du
processus de décentralisation.
Quant au processus de décentralisation, il vise
à mieux responsabiliser les acteurs locaux dans la prise en charge du
processus de développement. A cet effet, la communalisation
intégrale du territoire intervenue suite aux élections
municipales de 2006 traduit cette option irréversible. Par
conséquent, le M.E.F., de par ses missions, est appelé à
accompagner de façon efficace le processus en organisant de façon
sécurisée et progressive le transfert des ressources, corollaire
indispensable au transfert de compétences qu'implique la
décentralisation. Cela nécessite également des services de
proximité et le département doit organiser son déploiement
au niveau régional pour rendre le service public plus accessible. Mais
avant tout quel sens donne-t-on à la déconcentration ?
Quelles relations entretient-elle avec le concept de la
décentralisation ?
La déconcentration est une technique d'organisation qui
consiste à distribuer les agents et les compétences au sein d'une
même personne morale, depuis une administration centrale vers ses
services déconcentrés. Cette notion s'oppose à celle de
concentration qui est un système administratif dans lequel le pouvoir de
décision est concentré au sommet de l'appareil d'Etat. La
déconcentration se distingue de la décentralisation dans le sens
où il s'agit d'un système de délégation vers des
échelons inférieurs internes ne possédant pas de
personnalité
morale propre, tandis qu'une décentralisation délègue
vers des
collectivités
territoriales possédant une personnalité morale propre. La
déconcentration a pour but de décongestionner l'administration
centrale et ainsi d'accélérer les prises de décisions au
niveau local, comme le traduit bien Odilon BARROT dans cette expression
métaphorique: « C'est le même marteau qui frappe mais on
en a raccourci le manche ». La caractéristique fondamentale du
pouvoir déconcentré, c'est sa dépendance
hiérarchique vis-à-vis du pouvoir central. Elle est
assimilée au découpage territorial qui est son aspect le plus
visible.
Le concept de déconcentration va toujours de pair avec
celui de décentralisation. En effet, l'Etat incarne la
collectivité nationale dans son ensemble. Il est compétent en
tous domaines sur l'ensemble du territoire national. Décentraliser c'est
donc créer, en dessous de la collectivité nationale, des
collectivités territoriales plus restreintes dotées de pouvoirs
autonomes. Pour que ces nouvelles entités soient de véritables
collectivités territoriales décentralisées, il faut
qu'elles remplissent trois (03) conditions cumulatives. Elles doivent
être dotées de la personnalité juridique, jouir de
l'autonomie financière et être gérées par des
conseils élus.
Au Burkina Faso, ces deux (02) concepts vont également
de pair. En effet, le code général des collectivités
territoriales qui détermine l'orientation de la décentralisation,
les compétences et moyens d'action, les organes et l'administration des
collectivités territoriales, dispose en son article 3 :
« La décentralisation doit être accompagnée d'une
déconcentration des services de l'Etat dans le but de renforcer les
capacités d'action des collectivités territoriales ».
Deux (02) ans après les élections municipales
dans toutes les communes du pays (urbaines et rurales), il est important de
s'interroger sur la déconcentration des services de l'Etat pour appuyer
ces entités territoriales. Il s'agit surtout de s'intéresser
à la déconcentration du M.E.F. qui assure la tutelle
financière des collectivités territoriales pour accompagner ces
dernières. Certains services ont déjà fait l'objet de
déconcentration (Direction Générale du Trésor et de
la Comptabilité Publique, Direction Générale des
Impôts, Direction Générale des Douanes). Mais cela
demeurait insuffisant vu le rôle que jouent d'autres services du
Ministère dans la gestion et le contrôle des fonds publics
(Direction Générale des Marchés Publics, Direction
Générale du Contrôle Financier). C'est pourquoi, avec le
remaniement ministériel intervenu en juin 2007, des modifications ont
été opérées avec la fusion du Ministère de
l'Economie et du Développement (M.E.DEV.) et celui des Finances et du
Budget pour donner à nouveau le Ministère de l'Economie et des
Finances et l'érection de la Direction Centrale du Contrôle
Financier (D.C.C.F.) en Direction Générale du Contrôle
Financier (D.G.C.F.) suivant le décret n°2008 - 154/PRES/PM/M.E.F.
du 02 avril 2008. Ce décret donne également naissance aux
Directions Régionales du Contrôle Financier (D.R.C.F.) et marque
le véritable point de départ d'une volonté réelle
d'accompagner la communalisation intégrale du territoire.
C'est dans cet ordre d'idée que nous avons opté
de traiter du thème : « la
déconcentration de la Direction Générale du Contrôle
Financier : une alternative pour mieux accompagner la communalisation
intégrale du territoire au Burkina Faso ».
La déconcentration du contrôle financier a
toujours été l'objet de recommandations à travers
plusieurs mémoires de fin de cycle à l'Ecole Nationale des
Régies Financières (E.NA.RE.F.) ou à travers des grandes
rencontres d'échanges entre autorités en charge du contrôle
financier. Ainsi, ZONGO S. Hamado en 2002 traitait de la problématique
même de la déconcentration du Ministère de l'Economie et
des Finances en faisant ressortir la nécessité de
déconcentrer tous les services principaux du ministère pour
être plus proches des acteurs locaux des collectivités locales.
SIDIBE Fousséni et Madame BOULSA/NIKIEMA Nicole en 2004 faisaient
également la recommandation d'une déconcentration du
contrôle financier afin de mieux couvrir le territoire à travers
leurs thèmes respectifs : « le contrôle sur les
ordonnateurs des collectivités locales et des Etablissements Publics de
l'Etat : efficacité et limites » et « la
responsabilité des contrôleurs financiers dans l'exécution
des opérations budgétaires : réalités et
perspectives ». Enfin, en mai 2000 lors de leur forum tenu à
Ouagadougou sous le thème « la mise en oeuvre des options et
des changements intervenus dans la gestion publique », les
contrôleurs financiers soulignaient la nécessité d'une plus
grande déconcentration des services du contrôle.
Cependant, de tous ces auteurs et acteurs cités, aucun
ne s'est intéressé au volet déconcentration de la D.G.C.F.
comme alternative pour accompagner la communalisation intégrale du
territoire. Il faut également souligner que la communalisation
intégrale du territoire n'est intervenue qu'en 2006 (date des
élections municipales dans tous les départements du pays) et la
création de la D.G.C.F. en 2007 suite au remaniement gouvernemental.
Tout cela montre l'intérêt d'un tel thème.
Le contrôle des finances publiques a toujours
été un élément incontournable dans tous les pays du
monde en général et au Burkina Faso en particulier où les
ressources sont rares pour couvrir des besoins immenses. C'est pourquoi
dès son accession à l'indépendance, le Burkina Faso a mis
en place un dispositif afin de mieux protéger les deniers publics contre
les infractions de tous ordres. Ainsi, le contrôle financier a vu le
jour. Si par ses attributions le contrôle financier n'a pas connu un
profond changement, la structure quant à elle a connu des
révolutions profondes pour s'adapter au contexte socio-politique du
pays. Ces révolutions ont donc conduit aujourd'hui à une
déconcentration plus large du contrôle financier pour s'adapter au
contexte de la décentralisation en marche dans notre pays avec les
communes rurales. Mais la question principale que l'on peut se poser est la
suivante : cette déconcentration du contrôle financier
est-elle suffisante pour accompagner la communalisation intégrale du
pays ?
Pour vérifier cette problématique, nous posons
comme hypothèses :
v La déconcentration actuelle de la D.G.C.F. permet une
couverture de tous les services de l'administration sur le territoire national,
notamment les communes et en particulier les communes rurales ;
v Par ses attributions, les acteurs du contrôle
financier (contrôleurs financiers) sont des maillons indispensables pour
la communalisation intégrale du territoire.
Pour vérifier ces hypothèses, des investigations
ont été menées à travers plusieurs
méthodes :
v La recherche documentaire : elle nous a permis de
parcourir toute la documentation ayant traité du thème de la
déconcentration de la D.G.C.F. ainsi que de la communalisation
intégrale du Burkina Faso ;
v Les entretiens : ils nous ont permis de percevoir les
réalités sur le terrain à travers des entrevues avec des
personnes ressources, bien outillées sur le thème. Il s'est agi
surtout des acteurs de la D.G.C.F. (contrôleurs financiers), des maires
et des acteurs du Ministère chargé des Collectivités
Territoriales (M.A.T.D.).
Ces investigations nous ont donc permis une récolte de
l'information sur le thème et d'arriver à une organisation de
notre travail en deux (02) parties :
Première partie : La
création de la D.G.C.F., une volonté d'accompagner la
communalisation intégrale du territoire.
Deuxième partie : Les
entraves à l'exercice de la fonction du contrôleur financier
municipal et perspectives.
PREMIERE PARTIE : LA CREATION
DE LA DIRECTION GENERALE DU CONTRÔLE FINANCIER, UNE VOLONTE D'ACCOMPAGNER
LA COMMUNALISATION INTEGRALE DU TERRITOIRE
CHAPITRE 1 : LE
CONTEXTE HISTORIQUE DU CONTRÔLE FINANCIER AU BURKINA FASO
L'évolution des institutions financières dans
notre pays avant les indépendances trouve ses fondements juridiques dans
les textes en application en France. Mais avec l'avènement de l'Union
Economique et Monétaire Ouest Africaine (U.E.M.O.A.), la
législation financière burkinabé va évoluer pour
s'adapter aux normes en vigueur dans l'espace. En effet, la
nécessité d'instituer un contrôle préalable des
dépenses publiques en France est apparue au XIXème siècle.
La loi du 26 décembre 1890 posa le principe du contrôle
préalable rendu effectif par la loi du 10 août 1922 au terme de
laquelle est placé auprès des ministres un agent, nommé
par le Ministre des Finances et ne relevant que de lui, responsable du
contrôle préalable.
Le décret du 23 janvier 1956 substitua au titre de
« contrôleur des dépenses engagées » le
titre de « contrôleur financier ». Auprès de
chaque grand service de l'Etat, fonctionne un service de contrôle
financier qui intervient avant l'engagement mais aussi avant l'ordonnancement
des dépenses.
Le contrôleur financier est nommé par le Ministre
des Finances. Il est recruté parmi les fonctionnaires justifiant d'au
moins dix (10) années de services effectifs dans un corps de
catégorie A appartenant aux corps suivants: Magistrats de la Cour
des comptes, Inspecteurs des finances, Directeurs, Chefs de service, Directeurs
adjoints, Sous Directeurs et Administrateurs civils de première classe
en fonction dans l'administration centrale du ministère de l'Economie,
des Finances et du Budget.
Cette évolution du contrôle a priori des finances
publiques en France va servir de base pour notre pays, autrefois colonie
française. Ainsi, de la période coloniale jusqu'après les
indépendances, le contrôle financier a connu une évolution
significative. Du Bureau des engagements à la D.G.C.F., le
contrôle financier s'est adapté aux mutations
socio-économiques intervenues dans le pays, tant dans sa forme que dans
ses attributions. Mais l'essentiel du contrôle financier débute
avec l'adoption du Décret n°285/PRES/M.F. du 19 août 1966.
Depuis, nous sommes passés du Bureau des engagements
à la Direction Centrale du Contrôle Financier (Section 1) et
aujourd'hui à la Direction Générale du Contrôle
Financier (Section 2).
Section 1 : Du Bureau des
engagements à la Direction Centrale du Contrôle Financier
Dans cette section, nous nous donnons pour tâches de
retracer l'organisation institutionnelle du contrôle financier et ses
missions (Paragraphe1). Toutefois, nous porterons un accent
particulier sur ses moyens financiers, matériels et humains
(Paragraphe2) afin de cerner cette nécessité de
déconcentration du contrôle financier et sa volonté
d'accompagner la communalisation intégrale du territoire.
Paragraphe1 :
Organisation institutionnelle
Le contrôle financier tel qu'il existe aujourd'hui, ne
l'a cependant pas été au cours de son évolution. Son
organisation (A) a connu des mutations au cours de l'histoire même du
pays. Quant à ses missions (B), elles n'ont pas évolué au
même rythme avec la structure.
A. Le passage du Bureau des engagements
à la Direction du Contrôle Financier
Avant les Indépendances et jusqu'en 1962, la
nécessité d'un contrôle a priori était bien
perçue par les autorités, en témoignent les dispositions
de l'article 357 du Décret du 30 décembre 1912 et reprises par la
circulaire n°872 du 11 mai 1959 qui stipule que « tout projet
d'arrêté ou projet de décision ayant pour
conséquence d'engager des dépenses nouvelles ou de modifier
l'emploi des crédits doit être communiqué
préalablement au Contrôleur des dépenses
engagées ». C'est donc l'époque de la création
d'un Bureau des engagements. Le Décret n°114/PRES/M.F. du 21mars
1961 portant organisation des secteurs impartis au Ministère des
Finances rattache le contrôle financier au Cabinet du Ministre.
Cependant, ce décret n'aura qu'une année d'effet car en 1962 le
contrôle financier sera rattaché à la Direction du budget
en tant que sous direction de celle-ci.
Suite à la crise financière qui a secoué
le pays et qui a conduit aux événements du 03 janvier 1966, la
nécessité de renforcer le contrôle des finances publiques
s'est avérée indispensable pour sortir le pays du marasme
économique. Ainsi, l'année 1966 sera une étape
décisive dans l'autonomisation du contrôle financier avec
l'éclatement de la Direction du budget et du contrôle en Direction
du budget d'une part et en Direction du Contrôle Financier d'autre part.
Cette autonomie sera consacrée par le Décret
n°285/PRES/M.F.C. du 19 août 1966 portant organisation du
Ministère des Finances et du Commerce. Ce même décret
précise que le Bureau des dépenses engagées initialement
rattaché à la Direction du budget relève désormais
du contrôle financier. Le Décret n°69-197/PRES/M.F.C. du 19
septembre 1969 portant régime financier de la Haute Volta consacre le
contrôle financier comme un corps de contrôle.
Pour embrasser tous les domaines de contrôle
préalable des dépenses, le Raabo N°420/MF/SEFB/S.G. /D.C.F.
du 10 mai 1989 organise le contrôle financier en services centraux et en
services extérieurs.
v Les services centraux
- Le bureau du Directeur du contrôle financier: il
était le service de décision et d'organisation des
activités de contrôle tant au niveau central qu'au niveau
extérieur. C'est le Directeur du contrôle financier qui avait la
charge d'animer ce service ;
- Le Service des Dépenses
Engagées (S.D.E.): ce service était scindé en
dépenses de matériel, dépenses de personnel et
contrôle de la dette publique. Il était chargé du
contrôle de la légalité, de la régularité et
de la moralité de toute proposition de dépenses publiques. Il
était en outre chargé de la tenue de la comptabilité des
engagements de dépenses de l'Etat, et de la production des situations
trimestrielles des engagements ;
- Le Service des Etudes, de la Documentation et de
l'Exploitation : il était chargé de l'étude de tout
projet d'acte règlementaire ou non, pouvant avoir une incidence
financière sur les finances publiques (contrats, ordonnances,
décrets, statuts particuliers, etc.). Il participait aux réunions
de concertation avec le Ministère du Travail, de la
Sécurité Sociale et de la Fonction Publique. En outre, il axait
ses études sur les projets venant du Ministère de la Fonction
Publique et des autres ministères (arrêtés
d'intégration, titularisations, avancements, reclassements, mises en
position de stage, reconstitutions de carrière, décisions de
congé et d'affectation) ;
- Le Service de Contrôle des Marchés
Publics : il était chargé de l'étude des
marchés administratifs, de la préparation des décisions
d'agrément des fournisseurs de l'Etat. Ce service participait à
toutes les réunions de la Commission Nationale des
Marchés ;
- Les Services délégués auprès des
Institutions et Ministères : ils étaient chargés de
donner leur avis sur les projets de budget des Institutions et
Ministères auprès desquels ils étaient
délégués et d'apporter toutes les informations ou
suggestions nécessaires à l'exécution des
opérations financières ;
- Le Service Administratif et Financier (S.A.F.): ce
service relevait de l'organisation interne de la D.C.F. Il était
chargé de l'élaboration, de l'exécution et du suivi du
budget de la D.C.F.
A côté de ces services et pour un souci de
décentralisation, il avait été créé des
services extérieurs.
v Les Services Extérieurs
Ils étaient organisés dans un souci de couvrir
tout le territoire par les services du contrôle. Ainsi, la province, la
commune et les établissements publics étaient sous la direction
du contrôle financier.
- Les services de contrôle provinciaux : ils
étaient dirigés par des contrôleurs provinciaux
nommés par décret sur proposition du Ministre des
Finances ;
- Les services de contrôle communaux : ils
étaient dirigés par des contrôleurs financiers qui
veillaient au contrôle de l'exécution des budgets
communaux ;
- Le contrôle financier des Etablissements
Publics : ce sont les contrôleurs financiers des Etablissements
Publics qui dirigeaient les contrôles financiers de ces derniers.
Ainsi, la D.C.F. est restée une direction jusqu'au 27
avril 2000, date à laquelle elle sera érigée en D.C.C.F.
suivant le Décret n°2000-154/PRES/PM/M.E.F.
B. La Direction Centrale du Contrôle
Financier
Elle était née de la volonté des
autorités de dynamiser davantage la fonction de contrôle
financier. Ainsi, l'organisation de la D.C.F. connaîtra quelques
mutations. Le Directeur Central du Contrôle Financier sera assisté
d'un Contrôleur Financier Suppléant, tous deux (02) nommés
en Conseil des ministres sur proposition du Ministre de l'Economie et des
Finances. Le Service des Etudes, de la Documentation et de l'Exploitation
devient Service des Etudes et de la Législation Financière. Le
Service de Contrôle des Services Extérieurs (S.C.S.E.), nouveau
service, viendra en renforcement des anciens services avec pour missions le
suivi-évaluation des services extérieurs de la Direction,
l'appui-conseil et le contrôle de ces services.
En outre, les services extérieurs du contrôle
financier ont été réorganisés pour prendre en
compte les Ministères et Institutions ainsi que les dépenses
financées sur ressources extérieures. Tous ces services
étaient dirigés par des chefs de service.
Paragraphe2- Missions
Les missions du contrôle financier n'ont pas
évolué au même rythme que sa structuration durant cette
période (Bureau des engagements à la D.C.C.F.). En effet, les
attributions du contrôle financier définies à l'article 2
du Décret n°155/PRES du 16 mai 1962 fixant les attributions du
contrôleur financier et déterminant la nature et le domaine de son
intervention n'ont pas changé : « Le contrôleur
financier remplit auprès de l'Inspection Générale des
Finances une mission de contrôle proprement dite d'abord, une mission de
surveillance et d'information ensuite ». Par contre la structure est
passée du Bureau des engagements à la D.C.C.F.
v La mission de contrôle proprement
dite
Trois aspects caractérisent ce contrôle : le
contrôle des engagements, le contrôle des opérations de
trésorerie et le contrôle des actes à incidence
financière sur les finances publiques.
- Le contrôle des engagements : le contrôleur
financier doit s'assurer, avant d'accorder son visa, de la
légalité, de la régularité et de la moralité
de chaque proposition de dépense1(*). Cette forme de contrôle est exercée au
sein du S.D.E.
- Le contrôle des opérations de
trésorerie : il a pour objectif de s'assurer que l'administration
à travers ceux qui sont chargés de recouvrer les fonds publics,
perçoit l'intégralité des recettes prévues dans les
documents budgétaires et que la perception est régulière.
- Le contrôle des actes à incidence
financière sur les finances publiques : cette forme de
contrôle est rappelée par de nombreux textes dont la loi
N°006/AN du 24 janvier 2003 relative aux lois de finances en son article
72 qui dispose que : « Tous les actes portant engagement de
dépenses ou de nature à exercer des répercussions sur les
finances de l'Etat ou de tout autre organisme public et notamment les
décrets en Conseil des ministres, les arrêtés, les
contrats, les conventions, les instructions, les mesures ou les
décisions émanant d'un Ministre ou d'un Président
d'Institution ou d'un fonctionnaire des administrations sont soumis au visa
préalable du contrôleur financier ».
En plus de ces missions qui sont propres à la fonction
du contrôleur financier, d'autres fonctions lui sont confiées. Ce
sont les fonctions de comptable, d'information et de conseiller financier.
v La mission de comptable
Le contrôle de régularité des
dépenses incombant au contrôleur financier serait inefficace si
celui-ci ne pouvait apprécier la disponibilité des
crédits, le montant engagé et éventuellement les
dépassements, suite à une dépense sur une ligne
budgétaire. C'est pour tenir compte de cette nécessité que
la tenue d'une comptabilité dite comptabilité des engagements
s'est imposée et est consacrée par la circulaire 13/M.F.C./CAB du
18 janvier 1967. Cette comptabilité consiste à enregistrer
méthodiquement les propositions de dépenses, et repose sur la
tenue d'un fichier des dépenses engagées.
v La mission d'information
Le contrôleur financier est appelé à
adresser périodiquement au Ministre des Finances un rapport d'ensemble
sur la situation financière de l'Etat et des autres organismes
publics.
v La mission de conseiller financier
Le contrôleur financier est appelé à
donner son avis sur les projets de textes ayant une incidence financière
sur le budget de l'Etat. De par les avis qu'il donne, il joue un rôle
prépondérant de conseiller financier du Ministre des Finances au
niveau de l'administration centrale. Il joue le même rôle au
niveau des collectivités territoriales2(*) et institutions auprès desquelles il est
placé.
En vue d'accompagner la communalisation intégrale du
territoire, les autorités ont jugé utile de déconcentrer
davantage le contrôle financier afin de le rendre plus proche des
ordonnateurs et administrateurs qu'ils soient au niveau central ou local. C'est
ce qui a conduit à la fusion du Ministère des Finances et du
Budget et du Ministère de l'Economie et du Développement pour
donner à nouveau le Ministère de l'Economie et des Finances.
Ainsi, la D.C.C.F. devient D.G.C.F.
Section 2 : La
création de la Direction Générale du Contrôle
Financier
La D.G.C.F. est née de la réorganisation
gouvernementale intervenue en 2007 et qui a vu la fusion du M.F.B. et du
M.E.DEV. pour donner le M.E.F. Ainsi le Décret organisant le
M.E.F.3(*) érige la
D.C.C.F. en D.G.C.F. avec une organisation et des attributions prenant en
compte la décentralisation en marche dans le pays notamment les communes
rurales (Paragraphe1).
Aussi, les dispositions financières, matérielles
et humaines vont-elles connaître une évolution significative pour
tenir compte des nouveaux postes qui seront créés avec la
communalisation intégrale du territoire (Paragraphe2).
Paragraphe1- Organisation
et attributions
L'organisation et le fonctionnement de la D.G.C.F. sont
régis par le Décret n°2008-154/PRES/PM/M.E.F. du 2 avril
2008 portant organisation du M.E.F. et l'arrêté
n°2008-205/M.E.F. /SG/D.G.C.F. du 02 juillet 2008 portant attributions,
organisation et fonctionnement de la D.G.C.F. Ainsi, au terme de cet
arrêté, la D.G.C.F. comprend des structures centrales (A) et des
structures déconcentrées (B).
A. Les structures centrales
Les structures centrales de la D.G.C.F. connaîtront une
responsabilisation plus accrue que celles de la D.C.C.F. d'autrefois. Les
services de la D.G.C.F. seront érigés en directions avec des
fusions ou des dénominations nouvelles des services de la D.C.C.F.
Ainsi, le Directeur Central du Contrôle Financier devient Directeur
Général du Contrôle Financier, le Contrôleur
Financier Suppléant garde sa dénomination d'antan. Le Service
Administratif et Financier (S.A.F.) reste également le même. Les
autres services seront érigés en directions. Les nouvelles
directions deviennent :
v La Direction du Contrôle des Opérations
Budgétaires (D.C.O.B.)
Elle reprend les attributions du Service des Dépenses
Engagées de la D.C.C.F. Elle est organisée en quatre (04)
services que sont le Service du Contrôle des Dépenses Ordinaires,
le Service du Contrôle des Dépenses en Capital, le Service du
Contrôle des Dépenses Spécifiques et le Service
Informatique et Statistique.
v La Direction des Etudes et de la Documentation
Financière (D.E.D.F.)
Elle reçoit les attributions du Service des Etudes et
de la Législation Financière. Elle comprend deux (02)
services : le Service des Etudes et le Service de la Documentation et des
Archives.
v La Direction du Contrôle Physique et des
Services (D.C.P.S.)
Ses attributions englobent celles du Service de Contrôle
des Marchés et du Service de Contrôle des Services
Extérieurs de la D.C.C.F. Elle est organisée en trois (03)
services : le Service du Contrôle des Ministères et
Institutions et des Etablissements Publics, le Service du Contrôle des
Collectivités Territoriales et le Service du Contrôle Physique.
En plus de ces directions, la D.G.C.F. dispose d'un
Secrétariat Particulier et d'une Cellule d'Appui Technique.
B. Les structures
déconcentrées
Elles comprennent les contrôles financiers des
Ministères, Institutions et des E.P.E., et les Directions
Régionales et Provinciales du Contrôle Financier. Les
contrôleurs financiers des Ministères, Institutions et des E.P.E.
contrôlent les opérations budgétaires et les projets
d'actes administratifs relevant de leur Ministère, Institution ou E.P.E.
Les projets d'actes administratifs impliquant plusieurs Ministères ou
Institutions ne sont pas soumis à leur visa. Les Directions
Régionales et Provinciales du Contrôle Financier ont pour
attribution le contrôle des opérations budgétaires et des
projets d'actes administratifs relevant de leur région ou province et
des communes rattachées. Les structures déconcentrées de
contrôle financier comprennent trois (03) services : le service de
contrôle des opérations budgétaires, le service de
contrôle des actes administratifs et le service du contrôle
physique.
Paragraphe2- Les
dispositions financières, matérielles et humaines
Les moyens dont dispose la D.G.C.F. depuis sa création
pour accomplir ses missions ont évolué de façon sensible
au fil des ans mais d'énormes efforts restent toujours à
entreprendre afin d'être plus indépendant et mieux accomplir ces
missions. Une déconcentration efficace voire efficiente ne peut
s'opérer sans moyens financiers, matériels et humains. Ainsi, du
point de vue des ressources financières, matérielles (A) et
humaines (B) des changements significatifs sont intervenus au niveau du
contrôle financier. Ces changements ont été plus visibles
ces dernières années où le contrôle financier a
connu véritablement son autonomie.
Dans ce paragraphe, nous analyserons les moyens du
contrôle financier afin de mieux cerner son engagement à appuyer
la décentralisation au Burkina Faso.
A. Les dispositions financières et
matérielles
La qualité du contrôle a priori est fonction de
la disponibilité des moyens financiers et matériels
alloués à la D.G.C.F. Les dispositions financières
s'analyseront à travers le budget de la D.G.C.F. au cours des
dernières années. Pour des raisons pratiques et de
disponibilités de données chiffrées, notre analyse se
portera sur la période 2000 - 2008, période de la mise en oeuvre
effective de la décentralisation avec la création des
régions en 2001 et des communes rurales en 2004.
Toutefois, d'autres informations se rapportant à des
années antérieures à notre intervalle d'étude
pourraient venir en renforcement à nos analyses.
Toute politique de développement, pour être mise
en oeuvre, doit s'accompagner surtout de moyens financiers conséquents.
Le contrôle financier, depuis les années 2000, a connu une
croissance de son budget.
Le tableau suivant donne l'évolution du budget du
contrôle financier de 2000 à 2008. Ces données ont
été possibles grâce au Circuit Intégré de la
Dépense (C.I.D.), outil de travail efficace pour le contrôleur
financier.
Tableau 1 : Evolution du budget du
contrôle financier4(*)
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
15915193
|
21895818
|
7000000
|
13378000
|
14355000
|
54764027
|
63372150
|
127714362
|
152641664
|
|
SOURCE : Service d'Elaboration du Budget
de la D.G.B.
Graphique 1 : Evolution du budget du
contrôle financier
-
20 000 000
40 000 000
60 000 000
80 000 000
100 000 000
120 000 000
140 000 000
160 000 000
180 000 000
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
Années
Montant
L'évolution du budget du contrôle financier
montre une disparité au cours du temps. De 15 915 193 FCFA en
2000 et 21 895 818 FCFA en 2001, ce budget connaîtra une
régression au cours des trois (03) années suivantes. Ce n'est
qu'à partir de 2005 que le budget du contrôle financier
connaîtra à nouveau une croissance qui va se poursuivre au cours
des trois (03) années suivantes. Cette croissance peut s'expliquer par
le passage de la D.C.C.F. à la D.G.C.F. avec la création des
directions en lieu et place des services, chose qui engendre de nouvelles
dépenses tant sur le plan humain que matériel.
Par ailleurs, cette croissance peut s'expliquer aussi par la
mise en place des communes rurales et la création des Directions
Régionales de Contrôle Financier. En effet, le nombre de communes
à contrôler connaît un boom. De 105 communes (49 communes
urbaines et 56 communes rurales) en 2001, l'on est passé à 351
communes (49 communes urbaines et 302 communes rurales) à partir de
2004. Le nombre de communes s'est triplé, par conséquent des
efforts devraient être déployés pour accompagner ces
communes aussi bien sur le plan matériel que sur le plan des ressources
humaines. L'accroissement du budget de la D.G.C.F. est donc lié au
nombre croissant des budgets communaux à contrôler. Il faut noter
que l'année 2007 marque le début véritable de
fonctionnement des communes rurales qui ont vu les élections de leurs
instances dirigeantes en 2006.
Mais l'évolution du budget pourrait cacher des
disparités. Pour cela, une analyse de leurs affectations est
jugée utile. Le tableau qui suit donne un détail sur les
affectations de ces différents budgets. Ces données ont
été recueillies grâce au C.I.D.
Tableau 2 : Affectations des différents
budgets du contrôle financier
Affectations
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Fournitures de bureau
|
4000000
|
6915218
|
7000000
|
-
|
-
|
10936323
|
-
|
-
|
13112000
|
Séminaire - session - conférence interne
|
8000000
|
9500000
|
|
9900000
|
-
|
13351966
|
17000
|
16378000
|
35000000
|
Formation
|
-
|
-
|
-
|
3478000
|
4005000
|
-
|
-
|
-
|
|
Manifestations culturelles nationales
|
-
|
-
|
-
|
-
|
10350000
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Armoires, chaises, fauteuils, bureaux, tables...
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
2478000
|
-
|
7483000
|
12190000
|
Acquisitions nouvelles de matériel informatique de
bureau
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
26237738
|
38872150
|
18208020
|
30500000
|
Acquisitions nouvelles - moto
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
11224000
|
22400000
|
Machines à calculer
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
4500000
|
-
|
4000000
|
Photocopieuse
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
74421342
|
21550000
|
Fonds d'intervention
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
7572498
|
Autres achats biens et services
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1760000
|
3000000
|
-
|
6317166
|
Divers
|
3915193
|
5480000
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
TOTAL
|
15915193
|
21895818
|
7000000
|
13378000
|
14355000
|
54764027
|
63372150
|
127714362
|
152641664
|
SOURCE : Service d'Elaboration du Budget de la
D.G.B.
Une analyse du tableau 2 montre que l'essentiel du budget du
contrôle financier a été affecté à l'achat
des fournitures de bureau, du matériel et mobilier de bureau, du
matériel informatique de bureau, des acquisitions nouvelles de motos et
de photocopieuses. Cet état de fait est dû sans doute à la
décentralisation avec la mise en place des régions en 2001 et la
communalisation intégrale du territoire en 2004. Les besoins du
contrôle financier devenaient alors de plus en plus énormes et
l'accroissement des ressources financières de la structure devenant
obligatoire. Si autrefois, le problème des infrastructures, des outils
de travail (ordinateurs, consommables informatiques, mobiliers de bureau, etc.)
et des moyens de transport se posait avec acuité au niveau du
contrôle financier, avec la décentralisation, des solutions
palliatives ont été trouvées surtout avec la
création de la D.G.C.F. En effet, sur les quarante cinq (45) postes de
contrôle financier au niveau décentralisé, trente deux (32)
sont logés dans leurs propres bâtiments. Les treize (13) autres
cohabitent soit avec le maire (mairie) soit avec le haut-commissaire
(haut-commissariat).
En outre, du côté informatique, la D.G.C.F. a mis
à la disposition de tous ses services au niveau
décentralisé, des micros ordinateurs en vue de faciliter leurs
tâches. Tous les services de la D.G.C.F., même au niveau central et
dans les E.P.E disposent au moins d'un (01) ordinateur de bureau5(*). Dans les zones non encore
électrifiées, la D.G.C.F. a mis à la disposition de ses
agents d'ordinateurs portables. Ces contrôleurs financiers se servent
donc de ces outils pour leurs travaux tels que les rapports (uniquement la
saisie). L'impression de ces travaux se fait en zone électrifiée.
Par ailleurs, toutes les Directions Régionales du
Contrôle Financier sont équipées chacune d'un (01)
véhicule à quatre (04) roues, à l'exception de celle de la
région du Centre qui s'est vue affecter une moto compte tenu de sa
proximité avec la D.G.C.F. Certains contrôleurs financiers
provinciaux sont également équipés en véhicule
à quatre (04) roues au regard de la distance à parcourir pour
atteindre la D.G.C.F. C'est le cas des provinces de la Tapoa, de la
Léraba, de l'Oudalan, de la Bougouriba et du Bam.
Au niveau central (D.G.C.F.), le parc automobile est
composé de huit (08) véhicules à quatre (04) roues dont
trois (03) de fonction. Cela demeure insuffisant mais permet un tant soit peu
à la D.G.C.F. d'être présente à toutes les
réunions et commissions traitant de questions à caractère
financier notamment les réunions des Commissions d'Attributions des
Marchés (C.A.M.) ou pour la constatation du service fait. Ces
fournitures de véhicules à quatre (04) roues sont
complétées par des engins à deux (02) roues. Ainsi, tous
les services provinciaux de la D.G.C.F. disposent chacun d'au moins une (01)
moto, ce qui leur permet de couvrir les communes rurales dont les budgets sont
soumis à leur contrôle. Au regard de l'importance du service,
certains postes de contrôle financier provinciaux se sont vus affecter
deux (02) à trois (03) motos.
Les efforts de la D.G.C.F. du point de vue financier et
matériel sont à louer même si des efforts
supplémentaires restent à faire. Cependant, la qualité du
travail du contrôle financier ne se limite pas seulement aux moyens
financiers et matériels. Le travail du contrôle financier
dépend en grande partie de son effectif tant en quantité qu'en
qualité. C'est pourquoi nous abordons dans les lignes qui suivent
l'étude des ressources humaines de la D.G.C.F.
B. Les ressources humaines
L'importance des ressources humaines dans la croissance
économique avait été développée dans les
années 1960 sous la bannière de la « théorie du
capital humain » par SCHULTZ T.W, BECKER G.S. et MINCER. Ainsi, on
appelle ressources humaines un « ensemble de facteurs objectifs qui
tendent à altérer la qualité du facteur travail, ou de
façon générale, à modifier le comportement de
l'homme dans la croissance et le développement. »6(*) L'importance des ressources
humaines dans la croissance économique se justifie par quelques faits et
exemples.
v Des pays disposant d'importants facteurs naturels et des
ressources humaines qualifiées ont vu leur croissance évoluer
rapidement ;
v Des pays n'ayant pas d'importantes ressources naturelles,
mais se sont développés grâce à une importante
quantité de ressources humaines qualifiées ;
v Des pays ayant des ressources naturelles mais sont
sous-développés par manque de ressources humaines
qualifiées.
Les ressources humaines en quantité et en
qualité sont donc indispensables pour le développement d'une
nation. Dans le contexte du contrôle financier, la situation des
ressources humaines était un problème crucial dans le
passé. Cette situation était plus critique au niveau
déconcentré. En effet, en 2003 la couverture des provinces par
les services du contrôle financier était assurée à
hauteur de trente deux (32) sur quarante cinq (45). Certains contrôleurs
financiers étaient obligés de parcourir des kilomètres
pour couvrir plusieurs provinces. Cette difficulté était
également ressentie au niveau des E.P.E. La même année, sur
cinquante huit (58) E.P.E, cinquante cinq (55) disposaient de contrôleurs
financiers dont la plupart étaient non résidents.
Avec la déconcentration de la D.G.C.F. et en vue
d'être au service de la communalisation intégrale du pays, de
nombreux efforts ont été consentis afin de renforcer les
différents services du contrôle financier en contrôleurs
financiers. Ainsi, des Directions Régionales de Contrôle Financier
ont été créées. Elles sont dirigées à
l'heure actuelle par des contrôleurs financiers de la catégorie A
(Administrateurs des Services Financiers)7(*) et nommés en Conseil des Ministres sur
proposition du Ministre de l'Economie et des Finances. Les Directions
Régionales sont appuyées par les directions provinciales de
contrôle financier qui couvrent les provinces et les communes rurales
rattachées. La nécessité de renforcer les effectifs du
contrôle financier s'est avérée indispensable dans cette
communalisation où certains élus locaux ignorent leurs
rôles. Le tableau suivant fait une comparaison entre les effectifs du
contrôle financier en 1996 et au cours des années 2007 et
2008.
Tableau 3 : Comparaison des effectifs du
contrôle financier (1996 et 2007, 2008)
Catégorie
|
Effectif
|
1996
|
2007
|
2008
|
A
|
14
|
97
|
113
|
B
|
27
|
82
|
87
|
C
|
17
|
76
|
84
|
D
|
6
|
13
|
18
|
E
|
16
|
-
|
-
|
Total
|
80
|
268
|
302
|
SOURCE: D.C.F./M.E.F. 1996, S.A.F/D.G.C.F.
2008
Le tableau 3 montre les efforts fournis par la D.G.C.F. pour
accroître ses différents services en personnel. Entre 1996 et
2008, l'effectif du personnel du contrôle financier s'est presque
quadruplé au regard des tâches dévolues à la
D.G.C.F. Ces efforts sont plus visibles pour la catégorie A qui en douze
(12) années a vu son nombre s'accroître considérablement.
Le tableau 3 laisse apparaître cette volonté d'accompagner la
communalisation intégrale du territoire en mettant au profit de chaque
commune un contrôleur financier aussi bien sur le plan qualitatif que
quantitatif.
Les effectifs du personnel sont également
accompagnés d'un renforcement des compétences. Différentes
sessions de formation sont organisées en vue de remettre à niveau
tous les agents de la D.G.C.F. et aussi sur les thèmes du moment
(décentralisation, gestion axée sur les résultats, audit
interne, etc.). La nécessité de donner une place importante
à la formation des agents du contrôle financier est ressentie
à travers l'évolution des budgets de formation de la D.G.C.F.
Graphique 2 : Evolution des budgets de
formation de la D.G.C.F.
0
5 000 000
10 000 000
15 000 000
20 000 000
25 000 000
30 000 000
35 000 000
40 000 000
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
Années
Montant
L'allocation des ressources financières aux formations
est allée croissante depuis 2000 et a connu une véritable hausse
à partir de 2005 et cela jusqu'en 2008. Il faut noter que malgré
ces chiffres, certains contrôleurs financiers, surtout au niveau central
ont en charge plusieurs postes de contrôle.
De plus, ces chiffres ne sont pas définitifs car dans
la fonction publique, les mutations des agents sont fréquentes.
Après analyse de l'évolution structurelle du
contrôle financier, il ressort cette volonté manifeste
d'être plus proche des communes. Cela s'est traduit concrètement
par la redynamisation de la structure elle-même qui a abouti aujourd'hui
à la création de la D.G.C.F. Cette redynamisation structurelle
s'est accompagnée d'un renforcement des différents services en
contrôleurs financiers afin de mieux appuyer les ordonnateurs locaux dans
l'exécution de leurs budgets.
CHAPITRE 2 : LE
CONTRÔLE FINANCIER AU SERVICE DE LA COMMUNALISATION INTEGRALE
La décentralisation en marche actuellement dans notre
pays trouve son origine dans la Constitution de juin 1991. Elle est une
technique d'administration du territoire national à la disposition des
gouvernants. Elle consacre le droit des collectivités territoriales
à s'administrer librement et à gérer des affaires propres
en vue de promouvoir le développement à la base et de renforcer
la gouvernance locale. Dès lors, pour promouvoir ce développement
à la base, les élus locaux sont amenés à mettre en
oeuvre des politiques de développement adéquates qui concourent
avec la politique gouvernementale au développement harmonieux de la
nation toute entière. Pour ce fait, ils disposent d'un outil efficace de
mise en oeuvre de ces politiques : le budget communal. Aux termes de
l'article 2 du Décret n°2006-204/PRES/P.M. /M.F.B. /M.A.T.D. du 15
mai 2006 portant régime financier et comptable des collectivités
territoriales au Burkina Faso, le budget communal se définit comme
« l'acte par lequel sont prévues et autorisées par le
Conseil de la collectivité territoriale, les recettes et les
dépenses d'un exercice ». Son exécution fait intervenir
deux (02) catégories d'agents que sont le maire et le receveur
municipal. Quant au contrôle des opérations financières de
la commune, il est assuré par un ensemble de corps de contrôle
parmi lesquels le contrôle financier occupe une place stratégique.
Son intervention au niveau du budget de la commune est a priori (Section
1) ; et il contribue à cet effet à améliorer les
finances au niveau local (Section 2).
Section 1 : Le
contrôle a priori des opérations budgétaires de la
commune
Le contrôle a priori des opérations
budgétaires de la commune est assuré par le contrôleur
financier municipal ayant compétence sur la commune. Placé
auprès de l'ordonnateur de la commune, il relève directement de
l'autorité du Ministre chargé des Finances. Ses attributions
(Paragraphe1) sont dictées par des textes réglementaires
notamment l'arrêté n°2008-205/M.E.F. /SG/D.G.C.F. du 02
juillet 2008 portant attributions de la D.G.C.F. et le Décret
n°2006-204/PRES/P.M. /M.F.B. /M.A.T.D. du 15 mai 2006 portant
régime financier et comptable des collectivités territoriales au
Burkina Faso. Quant à ses mécanismes d'intervention (Paragraphe2)
au niveau du budget de la commune, ils sont définis surtout par le
régime financier et comptable des collectivités territoriales
ainsi que le Code général des collectivités
territoriales.
Paragraphe1 : Les
attributions propres au contrôleur financier municipal
L'exécution du budget communal est, nous le rappelons,
assurée par le maire qui est l'ordonnateur et le receveur municipal qui
joue le rôle de comptable de la commune.
Mais dans la réalité, cette exécution
fait intervenir également le contrôleur financier municipal non
pour l'exécution proprement dite mais sous la forme de contrôle et
de conseils. A l'instar de la D.G.C.F., le contrôleur financier municipal
exerce un contrôle a priori qui porte sur la légalité, la
régularité et la moralité de la dépense de
l'ordonnateur. A cet effet, il joue un double rôle de contrôleur et
de comptable (A) car le contrôleur financier est amené à
tenir une comptabilité des engagements et des liquidations. Grâce
à cette comptabilité, le contrôleur financier joue
également d'autres rôles que sont le rôle de conseiller pour
le maire et d'informateur pour la tutelle (B).
A. Le rôle de contrôleur et de
comptable
v Le rôle de contrôleur
Le contrôleur financier municipal est chargé du
contrôle des opérations budgétaires et des projets d'actes
administratifs relevant de sa commune. Comme la D.G.C.F., il assure un
contrôle a priori des opérations de dépenses du maire. Ce
contrôle porte sur la légalité, la régularité
et la moralité des opérations de dépenses.
- Le contrôle de
légalité
Ce contrôle consiste pour le contrôleur financier,
à s'assurer que la proposition de dépense ou le projet de texte
du maire rencontre les termes et conditions établis par les lois et
règlements en vigueur. C'est la base légale qui définit
l'existence de la dépense c'est-à-dire que sans elle la
dépense n'a pas sa raison d'être, elle n'a pas d'existence. Pour
cela, le contrôleur financier n'aura pas trop de difficultés
à rejeter une telle dépense. Le contrôle de
légalité permet pour ainsi dire « une
réelle transparence des opérations de
dépense »8(*).
- Le contrôle de
régularité
Il s'opère au stade de l'engagement et consiste pour le
contrôleur financier municipal à s'assurer de l'exactitude de
l'imputation budgétaire de la dépense, de la disponibilité
des crédits, de l'exactitude des calculs et de l'authenticité des
pièces justificatives. A travers ce contrôle, le contrôleur
financier municipal vérifie si la dépense est imputée
à la section, au chapitre et paragraphe prévus pour la supporter.
Cette technique répond aux impératifs de la
spécialité des crédits qui exige que chaque dépense
soit imputée aux crédits correspondants.
- Le contrôle de moralité
Il implique de s'assurer que la dépense proposée
à l'engagement rencontre tous les critères du principe d'une
saine moralité dans la gestion des finances locales. Le contrôleur
financier doit alors apprécier les prix et les quantités
demandées. Il doit refuser les dépenses exagérément
coûteuses en se basant sur les prix du marché ou s'en
référer à son fichier des prix unitaires qu'il tient en
son sein. Celui-ci lui permet de juger les prix qui lui sont proposés.
Par ailleurs, ce contrôle de moralité consiste pour le
contrôleur financier à écarter les propositions de
dépenses présentant un caractère ostentatoire afin de
privilégier le caractère utilitaire de la dépense.
L'exercice des différents contrôles sur les
opérations de dépenses débouche sur la prise de
décisions par le contrôleur financier à savoir l'accord du
visa ou le refus du visa. Ces trois types de contrôle sont cumulatifs.
Pour qu'une dépense soit visée par le contrôleur financier,
il faut qu'elle ait rempli toutes les conditions ci-dessus.
v Le rôle de comptable des
engagements
L'article 119 du décret n°2006-204/PRES/P.M.
/M.F.B. /M.A.T.D. du 15 mai 2006 portant régime financier et comptable
des collectivités territoriales au Burkina Faso attribue au
contrôleur financier municipal une fonction comptable. Il dispose
que : « Le contrôleur financier suit en permanence
l'exécution des opérations budgétaires et de
trésorerie de la collectivité territoriale. Il tient la
comptabilité des engagements et des liquidations... ». Cette
comptabilité a pour objet de déterminer à chaque
période (trimestre) la situation d'exécution des dépenses
dans les phases d'engagement et de liquidation. Elle fait connaître par
rubrique budgétaire :
- La situation des crédits ouverts ou des autorisations
de programme ;
- La situation des engagements ;
- La situation des liquidations ;
- Les crédits disponibles pour engagement.
Le contrôleur financier tient donc un fichier de
dépenses engagées et liquidées. Ce fichier est
alimenté par les situations périodiques établies par les
services du maire et du receveur municipal portant sur les droits
constatés, les recouvrements effectués, les dépenses
engagées, les mandatements, la balance des opérations
budgétaires et de trésorerie faisant ressortir les
disponibilités de la commune. Ainsi, le contrôleur financier
connaît à tout moment la situation du budget qu'il surveille, et
notamment le montant des crédits restant disponibles pour chaque
chapitre.
B. Un conseiller pour le maire, un
informateur pour la tutelle
v Un conseiller pour le maire
Le contrôleur financier est surtout connu par le
contrôle préalable qu'il effectue sur la proposition de
dépense avant que celle-ci ne produise des effets financiers. En plus de
son rôle de contrôleur et de comptable, le contrôleur
financier municipal exerce une autre fonction, moins visible peut-être,
mais tout aussi déterminante qui est celle de conseiller qu'il remplit
auprès du maire, ordonnateur du budget communal. En effet, le
contrôle qu'il exerce sur les opérations budgétaires de la
commune serait partiel si le contrôleur financier n'avait pas
connaissance de tout acte administratif entraînant directement ou
indirectement des charges financières pour la commune d'une part, et
s'il ne jouissait pas d'une entière liberté d'action et
d'appréciation dans son travail d'autre part. Par ses fiches
d'observations, le contrôleur financier relève les
irrégularités et les corrections à apporter. Cela permet
au maire de se corriger, toute chose qui contribue à protéger sa
responsabilité.
En outre, de par sa position administrative et du fait de
l'expérience acquise dans la surveillance des consommations de
crédits, le contrôleur financier municipal peut efficacement aider
le maire à faire des choix de développement profitables à
toute sa commune.
v Un informateur pour la tutelle
Le Code général des collectivités
territoriales définit deux (02) types de tutelle au niveau des
collectivités territoriales : la tutelle administrative et la
tutelle financière9(*). La première est assurée par le
Ministère en charge des collectivités territoriales et la seconde
par le Ministère chargé des Finances. La mission d'information du
contrôleur financier s'exerce de deux (02) manières :
- Au moyen des avis qu'il peut être appelé
à donner sur l'aspect financier des actes administratifs du maire et du
conseil municipal ;
- Au moyen d'un rapport d'ensemble sur la situation
financière de la commune. Ce rapport est établi à la fin
de chaque trimestre civil. Il est accompagné de la situation
trimestrielle des dépenses engagées, liquidées et
ordonnancées, de la situation de trésorerie ainsi que des
observations sur la situation des crédits budgétaires.
Paragraphe2 : Les
modalités d'intervention du contrôleur financier municipal
Les interventions du contrôleur financier au niveau du
budget de la commune dépendent avant tout de la configuration de ce
contrôle au niveau déconcentré (A). De plus, aux termes des
dispositions de l'article 13 du décret portant modalités de
contrôle des opérations financières de l'Etat et des autres
organismes publics et de l'article 118 du régime financier et comptable
des collectivités territoriales, le contrôleur financier municipal
intervient principalement au niveau du budget communal par des visas et des
avis (B).
A. La configuration du contrôle
financier municipal
Notons que les communes n'ont pas un service de contrôle
financier propre à elles. Le contrôleur financier qui y intervient
est celui de la province qui couvre à la fois la province et les
communes rattachées. La configuration du contrôle financier
municipal prend alors la forme de celui de la province. Ce dernier comprend
trois (03) services au regard des dispositions de l'article 26 de
l'Arrêté n°2008-20510(*) de la D.G.C.F. Ce sont :
v Le service de contrôle des opérations
budgétaires ;
v Le service de contrôle des actes
administratifs ;
v Le service du contrôle physique.
Ces différents services reçoivent les
mêmes attributions que les services au niveau central.
B. Les visas et les avis
Le contrôleur financier utilise ces deux
procédés pour le contrôle du budget de la commune.
v Les visas
Viser un acte dans le milieu financier est une technique par
laquelle le contrôleur financier apprécie la
régularité d'une dépense ou d'un acte ayant une incidence
financière sur le budget de l'Etat ou des autres organismes publics que
sont les collectivités territoriales et les E.P.E. Le visa est
matérialisé par la signature et le cachet du contrôleur
financier sur une proposition de dépense ou du texte ayant une
répercussion sur les finances publiques. Ainsi, dans le cas de la
commune, tout acte qui l'engage financièrement n'est valide que s'il est
revêtu du visa du contrôleur financier municipal. C'est le cas
essentiellement des mandats de paiement. Ils ne peuvent être
présentés à la signature du maire qu'après avoir
été soumis au visa du contrôleur financier. A cet effet, il
est interdit au receveur municipal d'effectuer des paiements de mandats non
revêtus de ce visa.
Le contrôleur financier, avant d'apposer son visa, doit
vérifier la légalité, la régularité et la
moralité de l'acte de dépense. Ce visa peut revêtir trois
(03) formes :
- Le visa accordé
Le contrôleur utilise cette technique lorsque l'acte
d'engagement ne soulève aucune faille du point de vue de sa
légalité, de sa régularité et de sa
moralité. Dès lors, c'est un feu vert accordé pour que
l'engagement s'effectue sans problème.
- Le visa assorti de réserves
Cette technique permet au contrôleur financier
d'inventorier tous les points faisant l'objet de réserve et de les
soumettre pour régularisation à l'autorité ayant
initié la dépense. Le visa ne sera définitif
qu'après régularisation des points jugés
irréguliers. C'est donc un feu orange adressé au maire sur son
acte de dépense.
- Le refus du visa
Selon la gravité de l'irrégularité
constatée, le contrôleur financier peut refuser son visa. La
dépense ne peut être entreprise dans ces conditions. C'est donc un
feu rouge adressé au maire et il ne peut passer outre le refus de visa
du contrôleur financier que sur décision du Ministre chargé
des Finances.
La procédure du visa entraîne un rigoureux
contrôle a priori de la dépense au niveau communal et il est
certain qu'elle permet d'éviter de nombreuses
irrégularités. En plus de son visa, le contrôleur financier
municipal donne des avis sur les projets de décision de sa commune.
v Les avis
En droit, l'avis est un terme s'appliquant « au
résultat de consultations, facultatives ou obligatoires selon le cas,
demandées aux organes les plus divers (personnes ou commissions,
conseils, fonctionnaires qualifiés, Conseil d'Etat, etc.)11(*). Ces consultations n'ont que
rarement un caractère obligatoire dans leur contenu. L'avis dans le
domaine financier est une technique qui s'identifie matériellement au
visa, dès lors qu'il requiert du contrôleur financier une
apposition de signature.
Cependant, il s'écarte du visa quant à son
domaine d'application. Les articles 13 du Décret 2005-258 du 12 mai 2005
et 118 du Décret n°2006-204/PRES/P.M. /M.F.B. /M.A.T.D. du 15 mai
2006 portant régime financier et comptabilité des
collectivités territoriales traduisent cette notion de l'avis dans le
cadre du Burkina Faso. Il s'en suit que le contrôleur financier peut
adopter deux (02) attitudes : donner un avis favorable ou donner un avis
défavorable. Les avis du contrôleur financier sont exprimés
à l'occasion du visa. S'il accepte de viser l'acte, c'est qu'il
émet un avis favorable. A l'inverse, l'avis défavorable doit
être donné et motivé dans un délai de huit (08)
jours à compter de la date de transmission du projet pour avis. Il ne
peut être passé outre l'avis défavorable du
contrôleur financier que sur décision du Ministre chargé
des Finances.
Le mécanisme de l'avis aboutit à des
résultats forts différents. Le contrôleur financier, au
terme de discussions approfondies avec le maire, aboutit
généralement à un accord avec lui. Il devient alors le
défenseur et l'avocat du maire devant le Ministre des Finances, et non
pas son censeur. Cette évolution aboutit ainsi à une
véritable cogestion de l'activité financière du maire.
Section 2 : Contribution
du contrôleur financier à l'amélioration des finances
locales
Selon le cadre stratégique de mise en oeuvre de la
décentralisation, la communalisation intégrale du territoire
burkinabé a vu se mettre en place des élus locaux à plus
de 60% illettrés. Cet état de fait amène le
contrôleur financier de la commune à jouer plusieurs rôles
en vue de la protection des deniers publics au niveau local. Ainsi, il est
amené à accompagner le maire dans l'élaboration et
l'exécution de son budget (Paragraphe1). Aussi, de par ses attributions
de contrôleur, de comptable, de conseiller du maire, et d'informateur de
la tutelle, il devient un agent incontournable pour le maire dans ses prises de
décisions à caractère financier (Paragraphe2).
Paragraphe1 :
L'accompagnement des maires dans l'élaboration et l'exécution de
leurs budgets
La gouvernance au niveau de la commune est principalement
assurée par le Conseil municipal élu au suffrage universel direct
et le maire et ses adjoints élus par le Conseil municipal. Cependant,
toutes les responsabilités de l'administration reposent sur le maire qui
se voit attribuer plusieurs fonctions12(*). Il élabore le budget de sa commune et le
soumet au Conseil municipal pour délibération. Après
délibération par le Conseil, le budget de la commune est
arrêté par les autorités de tutelle. Le budget
approuvé, son exécution revient encore au maire sous la
supervision du Conseil municipal. Cependant, le développement actuel des
communes, surtout rurales et les problèmes qui s'en suivent font du
contrôleur financier un maillon incontournable dans l'élaboration
du budget de la commune (A). Aussi, dans l'exécution du budget (B)
est-il est encore sollicité par le maire pour ses conseils, son
contrôle de la légalité, de la régularité, et
de la moralité des actes de dépenses et pour ses avis.
A. L'élaboration des budgets
Le budget de la commune tout comme le budget de l'Etat doit
respecter les principes budgétaires.
v L'annualité budgétaire
Elle signifie que le budget communal est établi dans un
cadre temporel annuel. Le budget de la commune est voté chaque
année pour une durée d'une année civile (1er
janvier au 31 décembre). Cette durée s'appelle un exercice. Ce
principe est consacré par l'article 2 du régime financier et
comptable des collectivités territoriales.
v L'antériorité
Au terme de ce principe, le budget de la commune doit
être voté avant le début de l'exercice auquel il s'applique
c'est-à-dire au plus tard le 31 décembre. Ce principe s'explique
par le fait que pour que des dépenses soient réalisées et
des recettes encaissées, il faut que des crédits aient
été préalablement ouverts et des ressources
prévues. Ce principe découle du principe du consentement à
l'impôt. Dans le contexte de la commune burkinabé, l'article 5 du
décret portant régime financier et comptable des
collectivités territoriales dispose que : « le budget
primitif est préparé par l'ordonnateur,
délibéré par le conseil de la collectivité
territoriale et arrêté par les autorités de tutelle avant
le 15 décembre de l'année précédant celle pour
laquelle il est établi ».
v L'unité budgétaire
Selon ce principe, la totalité des dépenses et
des recettes doit apparaître dans un document unique ; donc à
un budget correspond un document c'est-à-dire qu'un seul état des
dépenses et des recettes doit être adopté. Les
assemblées délibérantes visualisent donc globalement
l'activité financière, économique et sociale de la
commune.
Mais les organes pléniers sont appelés à
se prononcer sur plusieurs documents à savoir le budget primitif, le
budget supplémentaire et les autres décisions modificatives.
v L'universalité
Ce principe est la conjonction de deux (02) règles
à savoir la non affectation et la non compensation. La non affectation
signifie qu'une recette particulière ne peut être attribuée
à une dépense précise. Le bloc des dépenses et
celui des recettes sont distincts. Quant à la non compensation (ou
règle de non contraction ou du produit brut), elle défend
d'opérer une compensation entre les dépenses et les recettes
c'est-à-dire pour une opération donnée de ne faire
apparaître qu'un solde. Ce principe et ses deux (02) règles
corollaires se traduisent au niveau comptable par l'unicité de caisse et
l'unicité de trésorerie. Il est consacré par l'article 35
du décret portant régime financier et comptable des
collectivités territoriales au Burkina Faso.
v La spécialité
Ce principe indique comment les crédits
budgétaires doivent être utilisés ; il précise
l'objet, la nature ou la destination des dépenses. Il signifie en outre
que les crédits doivent être subdivisés en unités
relativement précises et affectées à des dépenses
données. Au Burkina Faso, le budget de la commune est subdivisé
en sections. Chaque section est présentée par chapitre, par
article et par paragraphe selon la nomenclature et les modalités
déterminées par décret pris en Conseil des Ministres sur
proposition du Ministre en charge des Finances.
v L'équilibre budgétaire
L'équilibre budgétaire exige que dans
l'élaboration du budget, le montant global des dépenses soit
exactement égal au montant des recettes. L'équilibre doit
être réel c'est-à-dire que les dépenses ne doivent
pas être sous-évaluées et les recettes
sur-évaluées. Les prévisions doivent être
sincères. Les articles 6 et 7 du régime financier et comptable
des collectivités territoriales consacrent ce principe de
l'équilibre budgétaire.
Le rôle du contrôleur financier dans
l'élaboration du budget communal est sans commune mesure. En effet,
gardien du respect des normes en matière de gestion des finances
locales, le contrôleur financier, de par son intervention, constitue pour
le maire une référence pour ses prévisions
budgétaires. La sincérité dans les prévisions des
recettes et des dépenses est soulignée dans le Décret
portant régime financier et comptable des collectivités
territoriales au Burkina Faso en son article 7. Cette sincérité
ne peut être respectée que si les prévisions
budgétaires sont faites par des agents dotés de
compétences en matière d'élaboration et d'exécution
budgétaire. Or, au niveau de la commune, le maire apparaît
l'élément capital pour ces opérations. Elu politique,
celui-ci ne dispose pas de rudiments solides en matière de
prévisions budgétaires. Alors, l'acteur de
référence au niveau local capable d'apporter son concours au
maire reste entre autres le contrôleur financier municipal. Son
intervention est peu visible car formulée sous forme de conseils, mais
elle est indéniable dans une communalisation rurale où plus de
60% des élus sont illettrés.
B. L'exécution des budgets
C'est à travers l'exécution du budget communal
qu'apparaît le véritable rôle du contrôleur financier.
Son intervention vise essentiellement à améliorer la gestion des
finances locales. L'exercice du contrôle a priori des dépenses
dans les communes ne signifie pas un manque de confiance à
l'exécutif local ou son incapacité à gérer
convenablement les ressources de la commune. Mais, c'est une marque
d'intérêt que le législateur a manifesté à
l'égard de l'ordonnateur local. En effet, l'accord du visa du
contrôleur financier constitue en quelque sorte cette marque de
confiance. Les observations formulées par le contrôleur financier
rappellent au maire cette ferme volonté du législateur de savoir
que le budget dont il assure la gestion sera exécuté
conformément aux prévisions et aux normes budgétaires.
Cela permet au maire d'éviter les dérapages à même
de compromettre la bonne gestion financière au cours de son mandat.
En outre, le contrôle a priori permet de réguler
les dépenses par rapport aux recettes, évitant ainsi les
dépassements de crédits. Le contrôleur financier municipal
veille aussi à une utilisation rationnelle des recettes locales qui
demeurent insuffisantes par rapport aux multiples besoins des populations.
Paragraphe2 :
L'accompagnement des maires dans la prise des décisions à
caractère financier
Les élections municipales sont fonction du programme de
société que présentent les différents candidats.
Une fois élu et, pour s'assurer d'une réélection, le
candidat doit exécuter son programme.
Cependant, ce programme de société ne peut
s'exécuter sans ressources financières. Là encore,
intervient le budget avec ses multiples contrôles dont celui a priori
exercé par le contrôleur financier municipal. Ce dernier
apparaît comme une référence dans les prises de
décision du maire (A) permettant ainsi au maire d'orienter sa vision de
développement vers des projets de développement viables pour sa
commune (B).
A. Le contrôleur financier comme
référence dans la prise de décision du maire
Le contrôleur financier est un conseiller pour le maire.
Ce rôle est acquis grâce à ses attributions d'informateur et
de comptable. Ainsi, il devient un technicien averti des problèmes
financiers et est à même de donner des solutions adéquates.
Ce rôle de conseiller tend à se développer de plus en plus
dans notre pays et en particulier au niveau local où les ressources
humaines sont insuffisantes et moins qualifiées. Principal acteur au
niveau du contrôle de l'exécution du budget communal, le
contrôleur financier est de plus en plus sollicité par les
ordonnateurs des budgets communaux sur toutes les questions à
caractère financier. Il acquiert à cet effet une nouvelle
légitimité vis-à-vis de l'administration
contrôlée. Sa formation et son expérience lui permettent de
prévenir les irrégularités et d'accroître
l'efficacité des procédures administratives. Ainsi, il
apparaît comme un pédagogue placé auprès du maire,
une référence pour ce dernier dans ses prises de
décisions.
En outre, le contrôleur financier s'apparente à
un diplomate placé entre deux (02) administrations aux volontés
antagonistes : la dépense d'un côté
représentée par l'administration communale et le carcan
budgétaire de l'autre côté représenté par le
Ministère chargé des Finances. Le contrôle de la
régularité de la dépense apparaît dans ce cas comme
le moment de discussion, du dialogue entre les services et in fine, de la
négociation entre ordonnateur du budget communal et le Ministre des
Finances. Dans cette discussion, l'avocat du maire demeure à nouveau le
contrôleur financier qui devient cogestionnaire du budget communal. Et en
tant qu'avocat du maire, il est le référent pour les prises de
décisions de ce dernier.
B. La réorientation des politiques
des élus vers des projets de développement viables
La collectivité territoriale est une subdivision du
territoire dotée de la personnalité juridique et de l'autonomie
financière. Elle constitue une entité d'organisation et de
coordination du développement. Les collectivités territoriales
sont la région et la commune. Selon l'article 9 du Code
général des collectivités territoriales, la
collectivité territoriale (la commune dans notre cas) peut entreprendre
toute action en vue de promouvoir le développement économique,
social, culturel, environnemental et participer à l'aménagement
du territoire. Ce qui signifie que les autorités locales ont en charge
leur propre développement et à cet effet, doivent mettre en place
des projets de développement soutenables qui puissent booster le
développement de leur collectivité à un niveau acceptable.
Mais qu'entend-t-on par projet ?
Un projet est une conjugaison de moyens financiers, humains,
matériels et ressources naturelles en vue d'atteindre un objectif
donné. 13(*) Le
projet consomme des ressources rares et l'on attend à la fin de celui-ci
un accroissement du produit national ou local, d'où
l'intérêt de bien définir les objectifs et de bien
évaluer les projets afin d'éviter tout gaspillage.
La mise en oeuvre des projets de développement de la
commune est confiée au maire par le Conseil municipal. Celui-ci a le
devoir d'identifier des projets viables et de les exécuter pour
promouvoir le développement économique et social de sa commune.
La bonne exécution de ces projets conditionne également un
nouveau mandat pour le maire. Alors, ces projets qui, pour se financer
nécessitent une mobilisation des ressources financières, doivent
être inscrits à nouveau au budget communal. Mais l'ordonnateur,
grâce aux multiples appuis reçus auprès du contrôleur
financier est à même de proposer des actions de
développement efficaces voire efficientes pour sa population, des
actions qui permettront de minimiser les dépenses donc un emploi moindre
des ressources de la commune.
En d'autres termes, les multiples conseils du contrôleur
financier (contrôle de régularité et de moralité de
la dépense, avis) sont autant d'éléments qui permettront
au maire de focaliser ses actions sur des dépenses d'utilité
publique.
Le contrôleur financier, à travers ses multiples
attributions, apparaît comme un agent incontournable sur lequel le maire
peut fonder tout son pouvoir. Cependant, de nombreux ordonnateurs locaux
trouvent dans le contrôle financier un obstacle à leur pouvoir.
Ainsi, ces deux (02) acteurs se livrent-ils à une bataille sans fin et
compromettent ensemble la bonne exécution du budget communal. Il
apparaît alors nécessaire de cerner les principales entraves
à la fonction du contrôleur financier municipal.
DEUXIEME PARTIE : LES
ENTRAVES A L'EXERCICE DE LA FONCTION DU CONTRÔLEUR FINANCIER MUNICIPAL ET
PERSPECTIVES
CHAPITRE 1 : LES
ENTRAVES A LA FONCTION DU CONTRÔLEUR FINANCIER MUNICIPAL
La déconcentration de la D.G.C.F. est apparue
nécessaire pour mieux accompagner les collectivités territoriales
en général et les communes en particulier. Cependant, cette
déconcentration trouve sur son chemin des obstacles qu'il convient de
souligner. Ils se situent principalement à deux (02) niveaux : Au
niveau de la mise en oeuvre de la décentralisation (section 1) et au
niveau de l'exécution du budget de la commune (section 2).
Section 1 : Les
difficultés liées à la mise en oeuvre de la
décentralisation
La décentralisation consacre le droit des
collectivités territoriales à s'administrer librement. Elle exige
pour ce faire des élections au niveau de la collectivité afin de
mettre en place des organes délibérants. Au Burkina Faso, les
élections municipales de 2006 ont permis de mettre en place des conseils
municipaux dans les 351 communes urbaines et rurales que compte le pays. De ces
conseils municipaux, des maires ont été élus et
placés au dessus des communes. Cela a pour objectif principal de
développer le pays en partant de la base. Mais des difficultés
notoires sont apparues, liées d'une part à l'exercice du pouvoir
des élus locaux (Paragraphe1). D'autre part ces difficultés sont
liées à la viabilité financière des communes,
à l'insuffisance et à la qualité des ressources humaines
de l'administration locale (Paragraphe2).
Paragraphe1 : Le pouvoir des élus
locaux
Les élections municipales d'avril 2006 ont permis
d'élire dix sept mille neuf cent seize (17 916) conseillers
municipaux sur toute l'étendue du territoire, aussi bien dans les
communes urbaines que rurales14(*). Ces élus locaux, à plus de 60%
illettrés soulèvent deux (02) problèmes principaux
à savoir le manque de compétences (A) pour une prise de
décision conséquente et la méconnaissance du rôle
(B) que l'élu local doit jouer.
A. Le manque de compétences
La population burkinabé est caractérisée
par son analphabétisme surtout en milieu rural. La candidature aux
élections municipales n'est cependant pas fonction du niveau
d'instruction mais une affaire politique. Ainsi, tous les niveaux d'instruction
étaient invités à la compétition électorale.
La conséquence qui s'en est suivie est la mise en place d'élus
dont la grande partie est illettrée.
Cependant, la gestion des collectivités territoriales
est une affaire d'interprétation de textes législatifs et
règlementaires. Comment alors des personnes analphabètes
pourront-elles comprendre ou analyser des lois, des décrets ou des
arrêtés élaborés par d'autres personnes à
niveau intellectuel élevé ? Cela ne fera que se ressentir
sur la gestion des communes qui se traduirait par des sous-évaluations
des dépenses et des sur-évaluations des recettes ou vis versa.
En outre, cela pose le problème dans le montage des
dossiers de dépenses qui seront rejetés par le contrôleur
financier et créant ainsi des tensions entre ce dernier et le maire.
Enfin, le manque de compétences des élus n'est
pas un facteur à favoriser une bonne mobilisation des ressources (dans
certaines communes rurales, des conseillers refusent de se joindre au maire
pour recenser le potentiel fiscal de leur commune, craignant leur
non-réélection) ou pour la mise en oeuvre de projets de
développement viables au profit des populations locales.
B. La méconnaissance de leur
rôle
Nombreux sont les conseillers qui ont été
élus sans pour autant savoir le rôle que doit jouer un conseiller.
Certains voyaient dans le rôle de conseiller une opportunité
d'affaire. Or, le rôle de conseiller est tout autre. Regroupés au
sein du conseil municipal, les élus locaux élisent le maire et
à cet effet suivent et évaluent la gestion de celui-ci. Ils
définissent les grandes orientations en matière de
développement de leur commune, discutent et adoptent les plans de
développement communaux et contrôlent leur exécution. Ils
règlent par leurs délibérations les affaires de la
commune, etc. Le rôle de l'élu local comme le pensent certains
conseillers est donc complexe.
D'autre part, les élus locaux trouvaient dans le poste
de conseiller, l'accès à une fonction à l'image des agents
de la fonction publique. Ils y attendaient alors une rémunération
permanente.
Pourtant, le conseiller ne dispose que d'indemnités qui
ne lui sont versées que dans le cadre des sessions du conseil
municipal.
Paragraphe2 : La
viabilité financière des communes, l'insuffisance et la
qualité des ressources humaines de l'administration locale
A. La viabilité financière
des communes
Les finances locales sont le reflet des finances publiques
vues sur le plan local, c'est-à-dire au niveau de la région ou de
la commune. L'instrument privilégié pour asseoir les objectifs
des collectivités territoriales à cour terme est le budget. Il
est un document financier qui prévoit et autorise pour chaque
année civile l'ensemble des ressources et des charges de la
collectivité. Selon l'esprit du décret portant régime
financier et comptable des collectivités territoriales au Burkina Faso,
les budgets des communes doivent être présentés en
équilibre. Mais, au regard des besoins énormes des communes, il
leur est difficile dans leur grande majorité de couvrir leurs charges
par leurs ressources propres. Cette rareté des ressources s'explique par
plusieurs facteurs :
v La nature de l'économie
L'économie des communes rurales au Burkina Faso repose
sur l'agriculture et l'élevage. L'agriculture pratiquée est
surtout une agriculture de subsistance qui ne peut procurer des revenus aux
populations. L'élevage est pratiqué dans toutes les
régions du pays mais son intensité varie au fur et à
mesure que l'on va du sud du pays vers sa partie sahélienne. Or ces deux
(02) activités principales sont frappées par des aléas
climatiques tels que l'irrégularité de la pluviométrie et
la faiblesse des rendements. De ces faits découlent la famine et la
sécheresse avec une dégradation des ressources naturelles,
principaux supports des ressources animales et végétales.
A côté de ces deux (02) activités, on
rencontre dans certaines communes le développement d'autres
activités à caractère artisanal : la forge, le
tissage, la sylviculture, etc. Mais ces activités sont
saisonnières et à l'état embryonnaire qu'elles ne
permettent pas aux acteurs de créer une véritable richesse. Le
petit commerce y est également pratiqué mais surtout en saison
sèche lorsque les travaux champêtres ont pris fin.
Tous ces aspects laissent apparaître des communes
rurales sans ressources financières viables.
v Les ressources financières des
communes
Selon le Code général des collectivités
territoriales, les ressources nécessaires à l'exercice des
missions des communes leurs sont dévolues soit par transfert de
fiscalité, soit par dotations, soit par les deux à la fois. Ces
ressources, constituées en deux (02) catégories comprennent les
recettes ordinaires ou de fonctionnement et les recettes extraordinaires ou
d'investissement. Les recettes ordinaires proviennent du produit des recettes
fiscales, de l'exploitation du domaine foncier et des services locaux, des
subventions, des ristournes accordées par l'Etat ou d'autres
collectivités publiques sur le montant des impôts et taxes
recouvrées à leur profit, des recettes temporaires ou
accidentelles et de la répartition annuelle des fonds de dotation des
collectivités territoriales.
Les recettes fiscales dans les communes rurales sont
dérisoires dues à l'absence d'une matière imposable
conséquente. Les activités en milieu rural sont basées sur
l'agriculture et cette agriculture n'est pas orientée vers
l'agro-business, mais plutôt vers la subsistance. Les quelques rares
activités commerciales sur lesquelles l'imposition pouvait être
effective échappent une fois encore au contrôle des
autorités locales.
Tous ces éléments concourent à rendre
certaines communes rurales dépendantes de la tutelle étatique.
C'est dire que les budgets de la plupart des communes reposent sur les
dotations annuelles accordées par l'Etat.
A ces deux (02) principaux facteurs, vient se greffer un
troisième, celui du transfert des compétences. En effet, le Code
général des collectivités territoriales en son livre II au
chapitre 1 mentionne les différents domaines de compétences des
collectivités territoriales. Constituées de onze (11) blocs, ces
compétences constituent des sources sur lesquelles les communes peuvent
bâtir leur développement. Leur transfert réel aux communes
s'opère à partir de deux (02) principes à savoir la
subsidiarité et la progressivité. Ainsi, selon le deuxième
principe, le transfert des compétences et des ressources
nécessaires à l'exercice des communes devrait être effectif
trois (03) ans après la mise en place des organes
délibérants. Mais qu'en est-il deux (02) ans après les
élections municipales ?
Le transfert des compétences souffre actuellement de
plusieurs maux à savoir la conduite du processus de
décentralisation et des contraintes spécifiques qui peuvent
être résumées en deux (02) points
v La nécessité de la prudence au niveau
de l'Etat : l'Etat prend des précautions car le transfert
est une opération dont les effets sont décisifs pour la suite du
processus de décentralisation ;
v La complexité du sujet : le
transfert de compétences et de ressources constitue l'opération
la plus complexe du processus de décentralisation tant dans le fond que
dans la forme. Dans le fond, le principe de la répartition des
compétences entre l'Etat et les collectivités territoriales est
codifié et généralement accepté. Mais les
modalités opératoires pour assurer cette répartition ne
sont pas expressément définies. C'est pourquoi il a
été entrepris l'élaboration des protocoles pour la gestion
des services transférés et l'extension du transfert de
compétences à toutes les communes du Burkina Faso.
A l'heure actuelle, le transfert des compétences aux
communes est plus théorique que pratique. Tous ces facteurs contribuent
à rendre les communes rurales moins nanties en ressources
financières pour amorcer un réel décollage
économique local.
B. L'insuffisance et la qualité des
ressources humaines
Les ressources humaines s'analysent comme étant le
potentiel humain susceptible de contribuer au développement
socio-économique d'un pays, d'une collectivité territoriale.
Celles des communes au Burkina Faso sont très diversifiées d'une
commune à l'autre du point de vue du nombre et du niveau de
qualification. Le constat général est que dans la grande
majorité des communes le personnel est très peu qualifié.
Dans l'administration locale le niveau de qualification est donc disparate. On
y trouve quelques ingénieurs, des secrétaires de bureau, des
matrones, des manoeuvres, etc.15(*) Ces agents recrutés n'ont aucune notion en
matière d'élaboration ou d'exécution budgétaire.
Toutes les tâches sont regroupées entre les mains du maire.
A cette difficulté principale, s'ajoute une autre non
moins importante, la non résidence des maires. Plus de la
majorité des maires ne résident pas dans leur commune car
occupant des postes de responsabilité ailleurs, le plus souvent dans la
capitale du pays. Cela amène certains maires à s'absenter
plusieurs jours de leur commune laissant ainsi les tâches entre les mains
de leurs adjoints qui dans la plupart des communes sont illettrés. Tous
ces facteurs concourent à rendre difficile l'exécution du budget
de la commune et à créer des tensions entre ordonnateur et
contrôleur financier.
Toutefois, les ressources humaines de l'administration locale
ne constituent pas les seules difficultés qui entravent la fonction du
contrôleur financier. Il y a également le problème
soulevé par l'exécution même du budget de la commune.
Section 2 : Les
difficultés liées à l'exécution du budget
communal
La préparation, l'exécution et le contrôle
du budget communal sont au coeur des préoccupations des autorités
budgétaires. Le caractère précaire des ressources
communales commande de ce fait une très grande rationalité dans
les choix budgétaires et une plus grande rigueur dans leur gestion si
l'on veut parvenir à des résultats probants. Cela passe alors par
la recherche des insuffisances liées au processus budgétaire
notamment en matière de recettes (Paragraphe1) et en matière de
dépenses (Paragraphe2).
Paragraphe1 : Les
opérations de recettes
En matière de recettes, le contrôle exercé
par le contrôleur financier est souvent théorique. Il est peu
décisif (A) et la comptabilité qu'il produit à cet effet
est approximative (B).
A. Un contrôle peu
décisif
L'article 119 du Décret n°2006-204/PRES/P.M.
/M.F.B. /M.A.T.D. du 15 mai 2006 portant régime financier et comptable
des collectivités territoriales au Burkina Faso fait du contrôleur
financier municipal un comptable. Le contrôleur financier suit en
permanence l'exécution des opérations budgétaires et de
trésorerie de la commune. Il tient à cet effet une
comptabilité alimentée par celles du maire et du receveur
municipal. Le régime financier et comptable fait également
obligation au maire et au receveur municipal de communiquer au contrôleur
financier toutes situations périodiques sur les opérations de
recettes et de dépenses. Ces situations doivent porter sur les droits
constatés, les recouvrements effectués, les dépenses
engagées, les mandatements, la balance des opérations
budgétaires et de trésorerie faisant ressortir les
disponibilités de la commune. Au regard des éléments qui
précèdent, le contrôleur financier ne participe pas aux
opérations de recouvrement des recettes municipales. Il est juste
informé des situations de recouvrement effectuées par le receveur
et des situations périodiques du maire qui lui sont adressées
trimestriellement. Cet état de fait ne permet pas au contrôleur
financier municipal de jouer pleinement son rôle. Il ne travaille en ce
moment que sur la situation de recouvrement qui lui est présentée
par le receveur.
En outre, Il est vrai qu'il existe un contrôle a
posteriori qui vient renforcer le contrôle a priori mais cela ne demeure
pas efficace dans un pays comme le nôtre. Il est alors
préférable d'élargir les pouvoirs du contrôleur
financier pour assurer un contrôle préventif efficace afin
d'éviter les malversations financières. Car en l'état
actuel de la communalisation rurale, les ressources locales sont rares et leur
contrôle doit être rigoureux pour éviter la fuite des
deniers publics vers des deniers privés. A cet effet nous nous accordons
avec TROTABAS Louis lorsqu'il affirme que : « il est plus
sûr de multiplier les précautions qui permettront d'éviter
une irrégularité d'un milliard que d'échafauder les plus
belles procédures pour récupérer ce
milliard »16(*).
B. Une comptabilité
approximative
Le contrôleur financier municipal tient
régulièrement une comptabilité des recettes pour lui
permettre d'apprécier la santé financière de la commune et
l'opportunité d'accorder ou non son visa. Le décret
n°2006-204/PRES/P.M. /M.F.B. /M.A.T.D. du 15 mai 2006 portant
régime financier et comptable des collectivités territoriales au
Burkina Faso en son article 107 invite le receveur de la commune à
adresser mensuellement la situation de recouvrement au contrôleur
financier municipal avec qui il exécute conjointement le même
budget. La disposition n'est pas respectée dans sa totalité. Cela
occasionne des retards considérables dans la production des situations
trimestrielles de recettes et de dépenses exécutées par le
contrôleur financier. Dans le cas où ces situations de
recouvrement ne lui parviennent pas, le contrôleur financier ne peut que
fournir une comptabilité approximative à son supérieur
hiérarchique.
Paragraphe2- Les
opérations de dépenses
En matière de dépenses, les problèmes que
rencontre le contrôleur financier sont principalement du
côté de l'ordonnateur du budget communal. En effet, tout le monde
rechigne à l'idée d'être contrôlé et les
ordonnateurs voient en premier lieu le contrôle a priori non pas comme un
contrôle des procédures mais plutôt comme un contrôle
exercé sur leur propre personne (A). En outre, les difficultés
liées à l'exécution du budget de la commune pourraient
être imputables au contrôleur financier et cela du fait de ses
compétences (B).
A. Un visa diversement
apprécié
Mis au point en France vers la fin du XIXème
siècle pour lutter contre les dépassements de crédits et
les imputations budgétaires erronées, le contrôle financier
a connu plusieurs étapes dans son évolution. Il exerce un
contrôle préventif sur les procédures budgétaires.
Son contrôle n'est pas, comme le prétend une certaine opinion, un
contrôle sur la personne des maires mais plutôt une attestation de
régularité des opérations budgétaires que les
maires initient.
Cependant, le maire, élu politique et ordonnateur du
budget communal a des objectifs politiques à atteindre au cours de son
mandat. Il trouve inconcevable de soumettre ses projets de dépenses au
visa d'un fonctionnaire. Il pense qu'un tel contrôle tend à ne pas
le rendre véritablement responsable devant les citoyens dont il est le
représentant en tant qu'exécutif local. Par ailleurs, les
élus locaux sont jugés sur les acquis engrangés au cours
de leur mandat ; leur réélection dépend donc de la
qualité de leur gestion de la commune.
Vu ainsi, le contrôle financier apparaît pour
l'exécutif local comme superflu voire redondant, à moins que ce
ne soit la traduction d'un manque de confiance quant à son sens de
responsabilité en matière d'autodiscipline budgétaire.
C'est pourquoi les observations faites par le contrôleur financier
municipal sont perçues comme un frein à la réalisation
rapide des dépenses de leur commune.
Du reste, les ordonnateurs locaux pensent que les
vérifications effectuées par le receveur municipal avant le
paiement constituent des garanties suffisantes pour la sécurité
des fonds de la commune, étant donné que c'est à eux que
revient la charge de répondre devant la Cour des Comptes en cas de
fautes. De leur point de vue, la responsabilité du contrôleur
financier dans la procédure de la dépense est inexistante. De
façon générale, toutes ces critiques trouvent leur
justification dans le désir ardent des ordonnateurs locaux de se savoir
responsabilisés en tant qu'exécutifs locaux et élus des
citoyens.
B. Les compétences du
contrôleur financier
Le contrôleur financier est un fonctionnaire
placé auprès de l'ordonnateur municipal mais qui ne dépend
pas de ce dernier. Il est un agent du M.E.F. auprès de qui il rend
compte des missions qui lui sont assignées. Cet état de fait est
rappelé par la circulaire N°14/M.F. /CAB du 19 janvier 1967 qui
dispose que « le contrôleur financier est un fonctionnaire qui
jouit entièrement d'une liberté d'action et d'appréciation
dans son travail ». Cette indépendance du contrôleur
financier vis-à-vis du maire a pour objectif d'éviter certaines
exactions telles que la corruption.
Cependant, certains contrôleurs financiers, du fait de
leur incompétence se trouvent en difficulté face à
certains dossiers délicats du maire. Ils refusent de se
référer au niveau central pour plus d'éclaircissements. La
conséquence qui en résulte est le refus de visa au maire ou le
visa des dossiers mal montés par le maire. En outre, dans cet
état de pauvreté généralisée, certains
contrôleurs financiers se laissent corrompre par des maires remettant
ainsi en cause le rôle et la place du contrôleur financier comme
garant de l'orthodoxie financière.
Le contrôleur financier municipal rencontre plusieurs
obstacles dans sa fonction. Ceux-ci sont d'une part liés à la
mise en oeuvre de la décentralisation et, d'autre part à
l'exécution du budget communal. C'est pourquoi, nous proposons dans les
lignes qui suivent des perspectives de solutions en vue d'améliorer la
fonction du contrôleur financier en général et du
contrôleur financier municipal en particulier.
CHAPITRE 2 : LES
PERSPECTIVES
Les perspectives à envisager pour une plus grande
efficacité de la fonction du contrôleur financier se situent d'une
part au niveau du contrôle financier lui-même (section 1) et
d'autre part au niveau de l'administration locale (section 2).
Section 1 : Au niveau du
contrôle financier
Pour que le contrôle financier joue pleinement son
rôle de garant de la bonne exécution et de la bonne utilisation
des finances publiques locales, il faut alors dynamiser la structure
elle-même. Cela passe alors par envisager des perspectives au niveau de
la D.G.C.F. (Paragraphe1) et des structures au niveau
décentralisé (Paragraphe2).
Paragraphe1- La Direction
Générale du Contrôle Financier
Le contrôle financier s'est lancé davantage dans
une plus grande déconcentration afin d'être plus proche des
administrateurs de crédit. C'est pourquoi les autorités en charge
de la structure doivent poursuivre cette déconcentration (A). Cependant,
cette déconcentration ne peut produire des effets que si elle est
accompagnée d'un renforcement matériel, humain et logistique
(B).
A. La poursuite de la
déconcentration de la fonction de contrôle financier
La poursuite de la déconcentration du contrôle
financier a toujours été l'objet de recommandations dans les
mémoires de fin d'études à l'E.NA.RE.F traitant du
contrôle financier. De même, lors des rencontres des acteurs de la
structure (fora des contrôleurs financiers), le volet
déconcentration a toujours été soulevé. Ainsi, au
regard des options actuelles de gestion des finances publiques au Burkina Faso,
nous jugeons nécessaire la poursuite de la déconcentration du
contrôle financier vers tous les Ministères, qu'ils soient grands
dépensiers ou non. Dans la mesure où des deniers publics sont mis
à la disposition d'agents pour un but donné, il convient de
s'imprégner de sa réelle utilisation. Couvrir alors les
Ministères permettra de rapprocher le contrôle financier de ces
structures afin de raccourcir le délai de traitement par une circulation
rapide des dossiers. Certains administrateurs de crédit sont
obligés de se déplacer à la D.G.C.F. pour y déposer
ou retirer leurs dossiers de dépense. Un rapprochement du contrôle
financier de ceux-ci permettra de réduire le délai de
transmission des dossiers.
En outre, cette déconcentration permettra au
contrôle financier de jouer un rôle de formateur auprès des
structures gestionnaires de crédits qui la plupart du temps, les
dossiers sont rejetés pour des erreurs de montage.
Enfin, cette déconcentration permettra de
décongestionner la D.G.C.F. et lui permettre de jouer
véritablement un rôle de conception et de supervision des services
déconcentrés.
B. Le renforcement des capacités
matérielles, humaines et logistiques
La D.G.C.F. est logée au sein du M.E.F. dans l'immeuble
donnant face à la Télévision Nationale du Burkina Faso
(T.N.B.). Tous ses services centraux y sont également logés. Le
constat général qui se dégage de ces services est
l'exiguïté des locaux. Cela est plus ressenti à la D.C.O.B.
ou plusieurs agents occupent le même bureau. Cette situation ne favorise
pas la réflexion intellectuelle donc la production d'un travail de
qualité. Il est donc souhaitable que des solutions soient
trouvées pour pallier cette exiguïté des locaux.
Sur le plan du matériel informatique, tous les agents
de la D.G.C.F. n'en disposent pas. Pourtant, nul ne doute de
l'efficacité de cet outil de travail en ce XXIème siècle.
Il permet non seulement de gagner en temps mais aussi permet aux agents,
grâce à la connexion internet, de s'auto-former dans plusieurs
domaines, ce qui accroît considérablement leur rendement.
En outre, la ressource humaine est un problème ressenti
au niveau de la D.G.C.F. même si ces trois (03) dernières
années le nombre de son personnel a connu une évolution
significative. L'insuffisance du personnel amène certains agents
à cumuler plusieurs postes de responsabilité. Un renforcement de
la structure en moyens humains permettra de responsabiliser d'autres agents.
Enfin, sur le plan logistique (matériel de transport),
la D.G.C.F. ne dispose que de huit (08) véhicules à quatre (04)
roues dont trois de fonction. Pourtant elle doit être présente
à toutes les réunions traitant de questions financières.
Il est donc souhaitable que des efforts soient faits pour renforcer le parc
automobile de la D.G.C.F. en véhicules.
Toutes ces perspectives énumérées ne sont
pas exhaustives, mais demeurent celles que nous jugeons pressantes pour que la
D.G.C.F. joue véritablement son rôle « d'oeil et
d'oreille » du Ministre de l'Economie et des Finances.
Paragraphe2- Au niveau
déconcentré : les communes
Les perspectives en vue de renforcer la visibilité du
contrôle financier doivent s'étendre également aux
communes. Au niveau de ces dernières, cela passe par un renforcement des
compétences des contrôleurs financiers (A) et le renforcement des
capacités matérielles, humaines et logistiques (B).
A. Le renforcement des
compétences des contrôleurs financiers
Plusieurs éléments de perspectives sont
possibles pour renforcer les compétences des contrôleurs
financiers de manière générale et ceux des communes en
particulier. Mais de tous ces éléments nous n'en retiendrons que
deux (02) principaux que nous jugeons nécessaires dans un contexte
actuel où les Etats recherchent plus d'efficacité dans la gestion
des finances publiques locales. Il s'agit du passage du contrôle
effectué actuellement par les contrôleurs financiers vers l'audit
interne d'une part et, l'application du suivi-évaluation axé sur
les résultats d'autre part. Mais avant tout qu'entend-t-on par ces deux
(02) notions ou concepts ?
v L'audit interne
Le mot audit vient du latin « audio »,
« audire » qui signifie écouter. Selon Jacques
RENARD « L'audit interne est une activité indépendante
et objective qui donne à une organisation une assurance sur le
degré de maîtrise de ses opérations, lui apporte ses
conseils pour les améliorer, et contribue à créer de la
valeur ajoutée. Il aide cette organisation à atteindre ses
objectifs en évaluant, par une approche systématique et
méthodique, ses processus de management des risques, de contrôle
et de gouvernement d'entreprise et en faisant des propositions pour renforcer
son efficacité ».
L'audit interne s'appuie sur le contrôle interne pour
mieux s'imprégner de l'efficacité du système mis en place
et éventuellement le corriger le cas échéant. Le
contrôle interne est l'ensemble des sécurités contribuant
à la maîtrise de l'entreprise. Il a pour but d'un
côté d'assurer la protection, la sauvegarde du patrimoine et la
qualité de l'information. De l'autre côté, le
contrôle interne permet l'application des instructions de la Direction et
de favoriser l'amélioration des performances.
De la définition de l'audit interne, il apparaît
donc opportun de doter les contrôleurs financiers en compétences
pour une application de l'audit dans leur fonction. Il s'agit de les doter
d'une autonomie beaucoup plus large dans l'accomplissement de leur mission de
contrôle. C'est en cela qu'ils pourront véritablement accompagner
les ordonnateurs locaux et leur permettre d'atteindre les objectifs de
développement qui leurs sont dévolus.
v Le suivi-évaluation axé sur les
résultats
Il s'est répandu à l'échelle
planétaire depuis que les partenaires nationaux et internationaux au
développement cherchent à obtenir plus de responsabilité,
de transparence et de résultats de la part des gouvernements. L'appui
politique et financier aux gouvernements et à leurs programmes est de
plus en plus lié à leur capacité à mettre en oeuvre
de bonnes politiques, à prouver leur efficacité dans
l'utilisation des ressources et à livrer des résultats concrets.
Sur le plan interne, les gouvernements sont confrontés aux défis
de la déréglementation, de la commercialisation et de la
privatisation de leurs fonctions, de même qu'à ceux qui
découlent de budgets et de ressources incertains. Toutes ces raisons
poussent les gouvernements à se tourner vers le suivi-évaluation
axé sur les résultats qui va au-delà du
suivi-évaluation traditionnel axé sur les intrants et les
extrants. Un bon système de suivi-évaluation accumule un capital
de connaissances en permettant aux gouvernements de développer une base
de savoir sur les types de projets, programmes et politiques qui ont du
succès et, plus généralement, sur ce qui fonctionne, ce
qui ne fonctionne pas et pourquoi. Il contribue aussi à promouvoir une
plus grande transparence et une responsabilisation accrue.
Notre pays a intégré le concept de gestion
axée sur les résultats dans son développement actuel. La
gestion axée sur les résultats contribue à une recherche
d'efficacité dans la gestion budgétaire. C'est pourquoi il semble
nécessaire d'avoir des outils pour mesurer l'impact de cette nouvelle
forme de gestion ou plutôt des compétences pour le suivi et
l'évaluation de cette gestion.
Et en matière de contrôle budgétaire qu'il
soit national ou local, le contrôleur financier est la personne la mieux
indiquée pour s'imprégner des nouvelles démarches de
contrôle.
B. Le renforcement des capacités
matérielles, humaines et logistiques
La création des Directions Régionales et
Provinciales de Contrôle Financier est apparue avec la fusion du M.E.DEV.
et du M.F.B. La nomination des Directeurs Régionaux de Contrôle
Financier date également de septembre 2008. La nouvelle
déconcentration de la D.G.C.F. est donc à ses débuts.
Mais, si elle se veut une volonté d'accompagner la communalisation
intégrale du territoire, il convient de renforcer davantage les
capacités matérielles, humaines et logistiques de ses structures
au niveau décentralisé. Cela passe d'abord par
l'indépendance de ces structures sur le plan des infrastructures. Trente
deux (32) sur les quarante cinq (45) postes de contrôle financier au
niveau décentralisé disposent de leurs propres bâtiments,
le reste étant logé soit à la mairie soit au haut
commissariat. Des efforts doivent être fournis afin de doter les
contrôleurs financiers au niveau local en bâtiment personnel. Cela
évitera la grande proximité entre contrôleur et
contrôlé, toute chose qui pourrait faire naître des
sentiments de haine à l'égard du contrôleur financier ou de
corruption.
Ensuite, un renforcement des structures locales de
contrôle financier en outils de travail tels que les ordinateurs
permettra d'améliorer davantage le travail des contrôleurs
financiers.
En outre, il est utile de renforcer les moyens humains des
structures de contrôle financier au niveau local. Dans les provinces, les
contrôleurs financiers couvrent aussi bien la commune urbaine et les
communes rurales rattachées. Or, il arrive que dans certaines provinces
le contrôleur financier soit en présence de deux (02) ou trois
(03) communes urbaines et plusieurs communes rurales à couvrir (cas de
la province du Boulgou avec trois communes urbaines, du Kouritenga avec deux
communes urbaines et de la Comoé avec deux communes urbaines). Le
renforcement de ces structures en personnel permettra de responsabiliser ces
derniers et de gagner du temps dans le traitement des dossiers. Ce renforcement
en personnel doit aussi s'accompagner d'un appui en moyens de transport.
Section 2 : Au niveau de
l'administration locale
Les communes rurales ont été
créées en vue de propulser le développement du Burkina
Faso en partant de la base. C'est pourquoi l'administration locale doit
être le maillon essentiel autour duquel les communes rurales doivent se
fonder en partant de ses élus locaux (Paragraphe 1) et de ses
capacités organisationnelles et humaines (Paragraphe 2).
Paragraphe 1- Les
élus locaux
Les élus locaux sont les pierres angulaires sur
lesquelles les communes rurales doivent se construire. Toutes les
décisions de développement de la commune doivent avoir leur
accord. Le maire, ordonnateur du budget communal et élu local, peut voir
ses décisions rejetées par le Conseil municipal. Alors, pour
être crédible devant ce Conseil et devant sa population, il est
opportun de créer un espace de collaboration entre maire et
contrôleur financier (A), principaux acteurs de l'exécution et de
contrôle du budget communal.
Aussi, un renforcement des compétences des élus
(B) sera-t-il un atout considérable pour un meilleur
développement de la commune.
A. La sensibilisation pour une
collaboration avec le contrôleur financier
Aujourd'hui, nul ne peut nier l'importance de la
décentralisation comme moteur de propulsion du développement
local. C'est pourquoi les principaux acteurs à la base doivent unir
leurs efforts afin de permettre à cette décentralisation de jouer
pleinement son rôle. Dans nos communes en général et les
communes rurales en particulier, on assiste à des tensions entre
ordonnateur et contrôleur financier. Plusieurs raisons expliquent cette
situation :
v La non maîtrise de la gestion budgétaire par
certains maires, ce qui les amène à ne pas cerner tous les
contours des procédures budgétaires. La conséquence qui en
découle est l'incohérence dans le montage des dossiers et le
rejet par le contrôleur financier ;
v Certains contrôleurs financiers se mettent à la
place des maires pour dicter les règles, frustrant ainsi ces
derniers ;
v Le comportement de certains contrôleurs financiers qui
cherchent les gains financiers (pots de vin) en bloquant les dossiers des
maires même si la législation financière est
respectée.
Tous les ordonnateurs s'accordent à reconnaître
leurs faiblesses en matière d'élaboration et d'exécution
budgétaire. C'est pourquoi, leur principal recours demeure le
contrôleur financier. Il faut alors créer un espace propice de
communication entre maire et contrôleur financier par une sensibilisation
des deux (02). Le contrôleur financier compétent doit
reconnaître les insuffisances du maire et être véritablement
son conseiller financier au niveau de la commune. En retour, le maire doit
reconnaître ses limites et se laisser éclairer par le
contrôleur financier. Car celui-ci a aussi une lourde
responsabilité vis-à-vis de sa hiérarchie, celle de garant
de l'orthodoxie financière, qu'il soit au niveau central ou local. C'est
dans un tel climat de collaboration que la déconcentration de la
D.G.C.F. jouera son rôle d'accompagnement de la communalisation
intégrale du territoire.
B. Le renforcement des
compétences des élus
La mobilisation des ressources locales est la principale
difficulté que connaissent nos communes. Pour relever ce défi,
certains maires sollicitent le concours de leurs conseillers pour
l'évaluation des potentialités de leurs communes ou pour les
recouvrements vu le manque de personnel. Mais ces conseillers refusent souvent
d'adhérer à la décision par crainte de la population. Cela
entraîne alors une faiblesse dans les recouvrements des recettes fiscales
de la commune.
En outre, le niveau d'instruction des conseillers est
disparate au niveau des communes. On distingue des agents hautement
qualifiés (docteurs, ingénieurs, etc.), mais aussi des agents
à faible qualification ou illettrés (matrones, cultivateurs,
etc.). Cette disparité de niveau ne favorise pas une bonne
compréhension des procédures budgétaires par tous les
acteurs. Pour pallier cette situation, un renforcement des compétences
des élus locaux en matière d'élaboration,
d'exécution et de contrôle budgétaire s'avère
nécessaire. Il est vrai que le M.A.T.D. a initié des formations
au profit des élus locaux mais cela demeure insuffisant. Il faut alors
que ces efforts soient redoublés afin de faire de ces élus locaux
des piliers du développement à la base. En outre, un renforcement
des compétences des élus locaux sur la décentralisation
elle-même sera un atout considérable. Cela leur permettra de
comprendre le bien-fondé de la décentralisation et une
appropriation de celle-ci par les populations car à l'heure actuelle
plus de 80% de la population rurale ignorent ce qu'est la
décentralisation.
Paragraphe2- Le
renforcement des capacités organisationnelles et humaines des
communes
La grande majorité des communes connaît des
difficultés sur le plan infrastructurel et humain. L'Etat a entrepris un
chantier de construction qui consiste à doter chaque commune rurale en
bâtiment administratif. Mais ce chantier doit se poursuivre dans un
élan rapide afin de renforcer les capacités organisationnelles
des communes (A). Aussi, les communes ne peuvent-elles pas atteindre l'objectif
fixé par les autorités à travers la communalisation
intégrale si leurs ressources humaines ne sont pas renforcées
(B).
A. Les capacités
organisationnelles
Deux (02) ans après les élections municipales,
la difficulté principale demeure le manque d'infrastructures pour
abriter les mairies. En effet, certains occupent à l'heure actuelle des
anciens bâtiments délaissés. Ces bâtiments, souvent
très étroits ne sont souvent pas en bon état. Cela ne
permet pas aux communes d'asseoir une bonne organisation. Pour l'heure, aucune
commune rurale ne peut se prendre en charge pour effectuer des investissements
lourds, vu la rareté des ressources financières locales. Les
dotations globales d'équipement de l'Etat ne suffisent pas non plus
à réaliser des gros investissements17(*).
En outre, sur le plan des transferts des compétences,
l'Etat doit s'atteler à ce qu'il soit effectif. Le transfert des
compétences apparaît comme l'élément fondamental qui
permettra de renforcer les ressources financières des communes surtout
celles rurales. C'est en cela qu'elles pourront mieux s'organiser et mieux se
gérer.
B. Les ressources humaines locales
Nous avons souligné plus haut l'importance des
ressources humaines pour le développement d'une nation. Cette importance
s'applique également aux collectivités territoriales.
L'administration municipale burkinabé souffre d'une carence en personnel
aussi bien en quantité qu'en qualité. Avec la suppression de la
province comme collectivité territoriale, le personnel a
été reversé aux régions et aux communes (nouvelles
collectivités territoriales).
Cependant, ce personnel n'est qu'un personnel de soutien avec
un niveau de qualification très faible ou parfois sans
qualification18(*). Il ne
peut donc pas appuyer techniquement le maire pour l'élaboration et
l'exécution du budget de la commune. On ne rencontre que des agents de
bureau, quelques comptables, des matrones, des manoeuvres, des gardes meubles,
des secrétaires dactylographes, etc. Ce n'est pas un personnel qui peut
apporter une valeur ajoutée à la commune. C'est pourquoi l'Etat
doit appuyer davantage les communes rurales en personnel qualifié pour
aider les ordonnateurs locaux dans leurs tâches.
Sur le plan de la gestion financière il serait
souhaitable d'envisager un comptable pour chaque commune. Pour le moment, les
comptables peuvent provenir des élèves sortant de l'option
comptabilité de l'E.NA.RE.F.
En outre des affectations accrues de secrétaires
administratifs (Elèves de l'Ecole Nationale d'Administration et de
Magistrature, E.N.A.M.) pourraient appuyer les maires sur le plan de la gestion
administrative.
Enfin, pour les provinces à plusieurs communes rurales
ou urbaines, il est souhaitable que le contrôle financier renforce son
effectif dans ces communes en nommant au moins deux (02) contrôleurs
financiers par province avec des communes bien définies à couvrir
par chacun d'eux. Tous ces aspects consistent à soutenir surtout les
communes rurales qui sont des novices en matière de
décentralisation.
Les perspectives en vue de rendre le contrôle
financier plus crédible aux yeux de tous se situent principalement
à deux (02) niveaux. Il s'agit de renforcer les capacités
organisationnelles de la D.G.C.F. elle-même, et ensuite, de ses
structures déconcentrées.
CONCLUSION
GENERALE
En somme, que pouvons-nous dire de notre réflexion
autour du thème « la déconcentration de la Direction
Générale du Contrôle Financier: une alternative pour mieux
accompagner la communalisation intégrale du territoire au Burkina
Faso » ? Nous voudrions reconnaître la difficulté
et la pertinence du thème traité car il a toujours fait l'objet
de discussion lors des fora des contrôleurs financiers, lors des
rencontres entre acteurs de l'exécution des budgets locaux, et en 2007,
il apparaissait comme un principal volet de la Stratégie de Renforcement
des Finances Publiques du M.E.F. Mais, il n'est pas certain que nous ayons pu
prendre en compte tous les aspects que les uns et les autres jugeraient
indispensables.
Aussi, pour parvenir à nos objectifs visés,
avons-nous présenté le contrôle financier dans sa
globalité et la communalisation intégrale sans oublier
d'évoquer les difficultés rencontrées par le
contrôleur financier municipal dans l'exécution de ses missions.
Cependant, malgré toutes ces difficultés, il convient de
reconnaître que la déconcentration de la D.G.C.F. permet
d'accompagner efficacement les élus locaux, d'où la
nécessité de son renforcement. C'est pourquoi, cette
déconcentration doit se poursuivre avec une meilleure organisation des
structures du contrôle financier dans les communes. Pour
l'accomplissement de ses missions, le contrôle financier a besoin de
locaux propres et d'équipements adéquats.
Par ailleurs, l'option de gouvernance actuelle du Burkina Faso
est la Gestion Axée sur les Résultats et il convient de renforcer
les compétences du contrôleur financier dans le
suivi-évaluation axée sur les résultats. Aussi,
pensons-nous qu'une évolution du contrôle actuel vers l'audit
interne apportera une valeur ajoutée dans la gestion des finances
publiques en général et communales en particulier.
En outre, pour renforcer l'exercice du contrôle
financier au niveau communal, il convient d'instaurer un climat de parfaite
collaboration entre le contrôleur financier municipal et l'ordonnateur du
budget local. Nous restons persuadés que dans une société
où les valeurs sociales (honnêteté, dignité,
honneur, etc.) régressent et que la paupérisation va croissant,
le contrôleur financier, même s'il s'avère indispensable,
fera toujours l'objet de critiques, voire de rejet.
Aujourd'hui notre pays a opté pour une réforme
globale de l'administration publique. Ne convient-il pas alors que tous les
grands services en général, et ceux du M.E.F. en particulier
emboîtent les pas de la D.G.C.F. pour un développement harmonieux
de notre pays ?
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III- Cours dactylographiés et autres
publications
v DA Dakor, Techniques budgétaires,
E.NA.RE.F., 2007-2008.
v OUEDRAOGO Sylvestre, Evaluation des projets de
développement, Université de Ouagadougou, 2002-2003.
v SIMPORE Michel, La Gestion Axée sur les
Résultats, E.NA.RE.F., Septembre 2008.
v SOMDA Prosper, Economie des ressources humaines,
Université de Ouagadougou, 2003-2004.
v ZONGO Blaise, Dépenses publiques,
E.NA.RE.F., 2007-2008.
IV- Rapports
M.E.F. /D.G.E.P., Rapport sur l'économie,
décentralisation au Burkina : viabilité des communes et
lutte contre la pauvreté », 2007.
V- Textes législatifs et
administratifs
v Arrêté N°2008-205/M.E.F. /S.G/D.G.C.F. du
21 juillet 2008 portant attributions, organisation et fonctionnement de la
Direction Générale du Contrôle Financier.
v Arrêté conjoint N°2006-68/M.A.T.D/M.F.B.
du 20 novembre 2006 portant création, composition, attributions et
fonctionnement d'une Commission Technique Interministérielle et de
Commissions Techniques Régionales chargées de l'examen et de
l'approbation des documents budgétaires et de l'appui aux
collectivités territoriales.
v Décret N°69-197/PRES/M.F.C du 19 septembre 1969
portant régime financier de la Haute Volta.
v Décret N°2008-154/PRES/P.M/M.E.F. du 02 avril
2008 portant organisation du Ministère de l'Economie et des Finances.
v Décret N°2000-154/PRES/P.M/M.E.F. du 27 avril
2000 portant organisation du Ministère de l'Economie et des Finances.
v Décret N°2006-204/PRES/P.M/M.F.B./M.A.T.D du 15
mai 2006 portant régime financier et comptable des collectivités
territoriales au Burkina Faso.
v Décret N°2005-258/PRES/P.M/M.F.B. du 12 mai 2005
portant modalités de contrôle des opérations
financières de l'Etat et des autres organismes publics.
v Décret N°155/PRES/M.F.C du 19 août 1966
portant réorganisation du Ministre des Finances et du Commerce.
v Décret N°78-56/PRES/M.I.S/M.F du 21
février 1978 déterminant le régime financier et comptable
des communes.
v Décret N°83-20/C.S.P/PRES/ du 07 janvier 1983
portant définition des Secteurs Ministériels.
v Loi N°21-60/A.N du 02 février 1960 portant
institution des collectivités rurales
v Loi N°004/93/A.D.P du 12 mai 1993 portant organisation
municipale.
v Loi N°003/93/A.D.P du 07 mai 1993 portant organisation
de l'administration du territoire au Burkina Faso.
v Loi N°013-2001/A.N du 02 juillet 2001 portant
modification des lois N°04/98/A.N du 03 août 1998 ;
N°041/98/A.N du 06 août 1998 ; N°043/98/A.N du 06
août 1998.
v Loi N°006-2003/A.N du 24 janvier 2003 relative aux lois
de finances.
v Loi N°055-2004/A.N du 21 décembre 2004 portant
code général des collectivités territoriales.
VI- Sites WEB
v
www.inforoute-communale.gov.bf
v www.finances.gov.bf
v www.ambf.bf
v www.legiburkina.bf
ANNEXES
1. Liste des contrôleurs financiers des
collectivités territoriales
2. Dotations budgétaires de l'Etat aux communes rurales
pour l'année 2008
3. Organigramme de la D.G.C.F.
4. Fiches d'entretien
5. Liste des personnes rencontrées
6. Effectifs des personnels redéployés dans les
collectivités territoriales
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE
1
CHAPITRE 1 : LE CONTEXTE HISTORIQUE DU
CONTRÔLE FINANCIER AU BURKINA FASO
6
Section 1 : Du Bureau des engagements
à la Direction Centrale du Contrôle Financier
7
Paragraphe1 : Organisation
institutionnelle
7
A. Le passage du Bureau des
engagements à la Direction du Contrôle Financier
7
B. La Direction Centrale du
Contrôle Financier
9
Paragraphe2- Missions
9
Section 2 : La création de la
Direction Générale du Contrôle Financier
11
Paragraphe1- Organisation et
attributions
12
A. Les structures centrales
12
B. Les structures
déconcentrées
13
Paragraphe2- Les dispositions
financières, matérielles et humaines
13
A. Les dispositions
financières et matérielles
13
B. Les ressources humaines
18
CHAPITRE 2 : LE CONTRÔLE
FINANCIER AU SERVICE DE LA COMMUNALISATION INTEGRALE
22
Section 1 : Le contrôle a priori
des opérations budgétaires de la commune
22
Paragraphe1 : Les attributions propres
au contrôleur financier municipal
23
A. Le rôle de contrôleur
et de comptable
23
B. Un conseiller pour le maire, un
informateur pour la tutelle
25
Paragraphe2 : Les modalités
d'intervention du contrôleur financier municipal
26
A. La configuration du
contrôle financier municipal
26
B. Les visas et les avis
26
Section 2 : Contribution du
contrôleur financier à l'amélioration des finances
locales
28
Paragraphe1 : L'accompagnement des
maires dans l'élaboration et l'exécution de leurs budgets
29
A. L'élaboration des
budgets
29
B. L'exécution des
budgets
31
Paragraphe2 : L'accompagnement des
maires dans la prise des décisions à caractère
financier
32
A. Le contrôleur financier
comme référence dans la prise de décision du maire
32
B. La réorientation des
politiques des élus vers des projets de développement viables
33
CHAPITRE 1 : LES ENTRAVES A LA
FONCTION DU CONTRÔLEUR FINANCIER MUNICIPAL
36
Section 1 : Les difficultés
liées à la mise en oeuvre de la décentralisation
36
A. Le manque de
compétences
36
B. La méconnaissance de leur
rôle
37
Paragraphe2 : La viabilité
financière des communes, l'insuffisance et la qualité des
ressources humaines de l'administration locale
38
A. La viabilité
financière des communes
38
B. L'insuffisance et la
qualité des ressources humaines
40
Section 2 : Les difficultés
liées à l'exécution du budget communal
41
Paragraphe1 : Les opérations de
recettes
41
A. Un contrôle peu
décisif
41
B. Une comptabilité
approximative
42
Paragraphe2- Les opérations de
dépenses
42
A. Un visa diversement
apprécié
42
B. Les compétences du
contrôleur financier
43
CHAPITRE 2 : LES PERSPECTIVES
45
Section 1 : A niveau du contrôle
financier
45
Paragraphe1- La Direction
Générale du Contrôle Financier
45
A. La poursuite de la
déconcentration de la fonction de contrôle financier
45
B. Le renforcement des
capacités matérielles, humaines et logistiques
46
Paragraphe2- Au niveau
déconcentré : les communes
46
A. Le renforcement des
compétences des contrôleurs financiers
47
B. Le renforcement des
capacités matérielles, humaines et logistiques
48
Section 2 : Au niveau de
l'administration locale
49
Paragraphe1- Les élus locaux
49
A. La sensibilisation pour une
collaboration avec le contrôleur financier
50
B. Le renforcement des
compétences des élus
50
Paragraphe2- Le renforcement des
capacités organisationnelles et humaines des communes
51
A. Les capacités
organisationnelles
51
B. Les ressources humaines
locales
52
CONCLUSION GENERALE
54
BIBLIOGRAPHIE
55
ANNEXES
60
TABLE DES MATIERES
61
* 1 Ces points feront l'objet
d'un développement au chapitre second.
* 2Confère chapitre
second.
* 3 Décret
n°2008-154/PRES/PM/M.E.F. du 2 avril 2008.
* 4 Ces chiffres sont les
montants engagés et pour 2008, l'année financière
n'était pas encore close.
* 5 A cause des changements
de S.A.F., nous n'avons pas pu avoir les données chiffrées
exactes de ces micros ordinateurs.
* 6 SOMDA Prosper,
« Economie des ressources humaines », cours de
4ème année M.G.D. Université de Ouagadougou,
2003-2004.
* 7 Voir annexe 1.
* 8 COMPAORE Michel,
« Le contrôle administratif des dépenses de
l'Etat », Mémoire ENAREF, 1992, p100.
* 9 Art. 54 du Code
général des collectivités territoriales.
* 10 Op. Cit. p12
* 11 GUILLIEN R. et VINCENT
J. « Lexique de termes juridiques »,
14ème édition, Dalloz, Paris 2003, p64.
* 12 Art 256 et suivants du
Code général des collectivités territoriales.
* 13 OUEDRAOGO Sylvestre,
« Evaluation des projets de développement », cours
de 3ème année UFR/SEG, 2002-2003.
* 14 M.A.T.D.
« Les collectivités territoriales en chiffres »,
juin 2008.
* 15 Cf. annexe 6
* 16 TROTABAS Louis et
COTTERET Jean-Marie «Droit budgétaire et comptabilité
publique», Dalloz, Paris, 1991, P183.
* 17 Confère annexe
2: Dotations de l'Etat aux communes rurales pour l'année 2008.
* 18 Confère annexe
6 : Personnel reversé aux collectivités territoriales.
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