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L'organisation des nations unies face aux conflits armes en afrique: Contribution a une culture de prevention

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par Jean-Désiré Harerimana-Kimararungu
Université de Liège - DEA en relations internationales et intégration européenne 2007
  

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SECTION II : LES CONSEQUENCES SOCIO-ECONOMIQUES

Les guerres civiles - conflits armés les plus répandus en Afrique - ont la caractéristique de s'étendre sur plusieurs années ponctuées de trêves et de reprise des hostilités. Elles évoluent très rarement de façon linéaire et oscillent entre détérioration, escalade, désordre, accalmie, espoir, retournement de situation... Ceci explique les profondes cicatrices qu'elles laissent sur les sociétés (§1) et la ruine infligée à l'économie (§2).

Paragraphe I : La déstructuration sociale

La guerre détruit toute société. Mais plus encore, elle la transforme profondément jusque dans ses valeurs sociales et culturelles. La violence qu'elle favorise devient un mode de vie ou de survie (A). Dans ces conditions le sort des enfants est beaucoup plus préoccupant (B).

A- Le développement d'une culture de violence

A l'avènement de la guerre, tout ce qui a pu unir les membres d'une société vole en éclat. La violence s'installe sous toutes ses formes. Cette caractéristique des sociétés post-conflictuelles est manifeste en Afrique où barbaries, atrocités et violations graves des Droits de l'Homme accompagnent les conflits armés.

La situation de guerre civile en Afrique du Sud durant l'apartheid a, par exemple, favorisé l'émergence d'une culture de violence qui prévaut jusqu'à aujourd'hui. En 1997, plus de 150 000 viols ont été signalés avec près de 25 000 meurtres24( *). En Afrique de l'Ouest, après cinq années d'une guerre civile particulièrement violente, 5 à 10 000 viols ont été commis en Sierre Léone25( *). La violence sexuelle à l'égard des femmes est, en effet, une façon immonde de blesser physiquement et psychiquement.

Cette violence est pour la plupart le fait des factions armées pour qui razzias, pillages, viols... sont le mode d'action quotidien. Les populations civiles sont leurs cibles privilégiées ; ce qui explique que ces dernières vivent une crainte effarée de ces factions.

La violence se développe dans un contexte social déjà très endolori. Les populations sont confrontées à la famine et vivent une situation traumatisante du fait de l'éclatement des familles ou des communautés, des relations brisées en raison de la mort, de la séparation, de la marginalisation.

Les conflits armés enferment les sociétés dans un cercle vicieux de la violence duquel il est difficile de sortir. Un tel contexte favorise des comportements morbides, sadiques et vengeurs. C'est ainsi que Amnesty International rapporte :

« Le 24 août 1998, pour venger la mort d'une trentaine de leurs compagnons et de militaires rwandais, des combattants du RCD [Rassemblement Congolais pour la Démocratie] ont tué plus de 850 civils non armés dans la paroisse catholique de Kasika et dans les villages environnants (province du sud Kivu). Ils ont tué un chef traditionnel à coup de couteau et lui ont arraché le coeur. Une femme enceinte a été éventrée. Des enfants tenus par les pieds ont eu la tête fracassée contre le mur ou un arbre ; beaucoup ont été jetés dans des latrines26( *)».

Lorsque les enfants ne sont pas tués, ils sont victimes de la guerre de diverses autres manières. L'avenir de la société se trouve alors compromis.

B- Les enfants dans la guerre : l'avenir de la société compromis

En Afrique, les enfants occupaient traditionnellement une place de choix dans la société. Ils étaient perçus comme l'espoir et l'avenir de la famille, de la communauté. A ce titre, ils bénéficiaient de toutes les affections. Avec leur cortège d'atrocités, les conflits armés ont bouleversé toutes ces valeurs.

La déstructuration sociale occasionnée par la guerre est plus dramatique pour les enfants. « Les conflits armés les affectent de bien de façons, et même s'ils ne sont pas tués ou blessés, ils peuvent être rendus orphelins ou être enlevés ou violés ou profondément marqués et traumatisés après avoir été mis directement en présence d'actes de violence ou avoir dû endurer un déplacement forcé, la pauvreté ou la perte d'êtres chers27( *) ».

Au Rwanda, 100 000 enfants ont été séparés de leur famille d'après l'Organisation des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF). Le génocide a également fait de nombreuses victimes en leur sein. Les maternités, les orphelinats, les foyers pour enfants ont, en effet, fait l'objet d'attaques systématiques.

(c) www.afrik.com

Les conflits engendrent par ailleurs le dysfonctionnement du système éducatif et les enfants, « ...parce que longtemps exposés à une culture de violence, voient et pensent leur avenir par la guerre28( *) ». Ils ne vont plus à l'école et se promènent avec des kalachnikovs.

Devant un tel fait, on ne peut qu'être stupéfait :

« Comble cynisme, on recrute ou kidnappe des enfants pour en faire des soldats. Certains d'entre eux, filles ou garçons n'ont que sept ou huit ans. On peut les manipuler facilement afin d'en faire des outils de combat impitoyables et inconditionnels. Ces enfants ont commis certaines des pires brutalités en Sierra Léone29( *) ».

Ce phénomène est né en Afrique de l'Ouest de la guerre en Sierra Léone et au Libéria. On en compte respectivement 10 000 et 15 000. Avec la crise en Côte d'Ivoire, il trouve son prolongement.

La réinsertion de ces enfants est une problématique complexe comme l'attestent les propos d'un enfant soldat membre des forces armées du président Kabila depuis l'âge de 13 ans : « Aller à l'école ne m'intéresse pas, j'ai combattu et tué de nombreuses personnes. Je suis un soldat, c'est la seule expérience dont j'ai besoin30( *) ».

Ainsi, lorsqu'ils ne sont pas tués, les enfants sont privés d'éducation et souvent attirés sinon capturés par des groupes rebelles. Dans de telles conditions, c'est par delà l'enfance, l'avenir de toute la société qui est compromis.

A cette déstructuration sociale s'ajoutent également sur le plan économique, des conséquences tout aussi désastreuses.

* 24 Graeme SIMPSON cité par Abdoul R. EDUI MOKA op.cit. p.30

* 25 Voir http://www.diplomatie.gouv.fr/actu/articletxt.asp?ART=44411

* 26 Informations citées par Abdoul R. EDUI MOKA, op.cit. p.33

* 27 UNICEF : La situation des enfants dans le monde 2005, p.41

* 28 Victor G. AHANHANZO et Modeste HOUEDJISSIN, op.cit. p.24

* 29 Propos du Représentant Spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la protection des enfants dans les conflits armés. Ibidem pp.24-25

* 30 Propos rapportés par Amnesty International et cités par Abdoul R. EDUI MOKA, op.cit. p.36

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