ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION ET DE
MAGISTRATURE
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BURKINA
FASO Unité-Progrès-Justice
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DEPARTEMENT GESTION DES
SERVICES SOCIO-ECONOMIQUES
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PROBLEMA TIQUE DE L'ACCES A LA TERRE ET DE A
SECURISATION FONCIERE : CAS DES CULTURES MARAICHERES A NOUNA
Mémoire
pour l'obtention du diplôme
de Conseiller en aménagement du territoire et
développement local
Présenté et soutenu publiquement par
: Monique Bassénewindé OUEDRAOGO
Mention : Très Honorable avec
Félicitations du Jury
Jury :
Conseiller des Affaires Economiques, Abel
NONYARMA : Président
Docteur, Boubacar OUEDRAOGO : Directeur de mémoire
Magistrat, Issiaka ZERBO : Membre
juin 2009
ENAM 03 BP 7024 Ouagadougou 03 E-mail :
enam@cenatrin.bf
Téléphone : (226) 50.31.42.64/65 Télécopie : (226)
50.30.66.11
MENTION REGLEMENTAIRE
L'ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION ET DE MAGISTRATURE
(ENAM) N'ENTEND DONNER AUCUNE APPROBATION NI IMPROBATION AUX IDEES EMISES DANS
CE MEMOIRE QUI N'ENGAGENT QUE LEURS AUTEURS.
DEDICACE
A ma mère, Jeanne OliEDZAOÇO
Mère à quije dois fa vie,
Mère qui s'est
beaucoup battue pour fa réussite de ses
en"ants.
lin proverbe moaga affirme que
«Lorsque Ça rivière est p~eine et déborde,
etre doit un grand remerciement à fa pluie ».
Maman, ce travait est e fruit de tes
e""orts.
Maman Jeanne, repose en pai(. Que fa terre libre du
Burkina te soit Légère ,
REMERCIEMENTS
Un proverbe du Gulmu (Est du Burkina Faso) affirme que
« Quand la chèvre mange du karité, elle doit un grand
remerciement au vent qui a fait tomber le fruit ». C'est pourquoi, je
tiens d'abord à remercier mon Directeur de mémoire, Docteur
Boubacar OUEDRAOGO dont la connaissance, la rigueur scientifique et les
conseils appropriés m'ont permis d'aboutir à ce résultat.
Je lui témoigne toute ma reconnaissance et mon admiration car il est
pour moi un modèle.
Mention spéciale à mon époux, Monsieur
Atina YARGA dont la compréhension, le soutien affectif, matériel
et financier sans faille m'ont donné le courage de travailler avec
acharnement pour que les efforts et la patience consentis ne soient pas vains.
A ma fille Manikoamba Rose Anita, je te remercie pour les joies quotidiennes
apportées, notamment, lorsque la fatigue se lisait sur mon visage. Merci
aussi d'avoir supporté le temps consacré au travail alors que tu
avais besoin d'une oreille attentive à tes désirs. Trouve ici une
invite à te battre dans la vie par le travail bien fait pour ton avenir,
celui de ta famille et celui de ton pays.
A mon père, à mes oncles et tantes, je dis Merci
pour l'éducation reçue et les conseils prodigués depuis ma
tendre enfance à ce jour.
Un clin d'oeil à mes frères et soeurs (Brigitte,
Louise, Apollinaire, Marc, Aimé), qui m'épaulent et
m'accompagnent par leur soutien fraternel.
Merci à Monsieur Romain COULIBALY, Directeur Provincial
de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques (DPAHRH) de
la Kossi pour les conseils prodigués durant le stage et le contact avec
les maraîchers. Merci à toute son équipe (Madame Isabelle
DEHOUN/MAGNINI, Messieurs Pascal SYMBORO, Dofini TÉ, Victor GOUSSA et
Alexandre OUIYA).
Merci et bravo à tous ces maraîchers qui
travaillent avec acharnement pour vivre et faire vivre des familles, faisant
reculer les frontières de l'insécurité alimentaire et
apportant leur pierre à l'édification d'un Burkina
prospère et émergent. Leur activité est le support de ce
travail et par leur disponibilité, ils l'ont rendu possible.
SIGLES ET ABREVIATIONS
AOF : Afrique Occidentale Française
CIRD : Centre d'Information et de Recherche sur
le Développement
CONAPO : Conseil National de Population
CVD : Conseil Villageois de
Développement
CVGT : Commission Villageoise de Gestion des
Terroirs
DFN : Domaine Foncier National
DGAT/DLR : Direction Générale de
l'Aménagement du Territoire, du Développement Local et
Régional
DPAHRH : Direction Provinciale de l'Agriculture,
de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques
ENAM : Ecole Nationale d'Administration et de
Magistrature
FAO : Organisation des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture
INSD : Institut National de la Statistique et de
la Démographie
MAHRH : Ministère de l'Agriculture, de
l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PCD : Plan Communal de Développement
PIV : Petite Irrigation Villageoise
PNSFMR : Politique Nationale de
Sécurisation Foncière en Milieu Rural
PUH : Permis Urbain d'Habiter
PV : Procès Verbal
RAF : Réorganisation Agraire et
Foncière
RGPH : Recensement Général de la
Population et de l'Habitation
SDAU : Schéma Directeur
d'Aménagement et d'Urbanisme
SNAT : Schéma National
d'Aménagement du Territoire
SOFITEX : Société des Fibres et
Textiles
SREH : Service Ressources en Eau et ressources
Halieutiques
UAT : Unité d'Animation Technique
ZAT : Zone d'Appui Technique
LISTE DES TABLEAUX ET DES FIGURES
Tableau 1 : Types d'équipement utilisé par les
maraîchers à Nouna 31
Tableau 2 : Coût des engrais au comptant et à
crédit à la DPAHRH/Kossi 32
Tableau 3 : Spéculations des cultures
maraîchères à Nouna 33
Tableau 4 : Compte d'exploitation du maraîcher O.S., sur
une période de 12 mois 36
Tableau 5 : Références des personnes
enquêtées 50
Tableau 6 : Répartition de la population résidente
par commune selon le sexe dans la
province de la Kossi en 2006 B
Tableau 7 : Classification culturale des cultures
maraîchères, selon l'organe consommé B
Tableau 8 : Coûts des matériels de maraîchage
C
Figure 1: Ethnies 11
Figure 2: Occupation des chefs de ménage 13
Figure 3 : Quelques spéculations et instruments de travail
de maraîchage (secteur 1) D
SOMMAIRE
MENTION REGLEMENTAIRE ii
DEDICACE iii
REMERCIEMENTS iv
SIGLES ET ABREVIATIONS v
LISTE DES TABLEAUX ET DES FIGURES vi
SOMMAIRE 1
INTRODUCTION GENERALE 2
PREMIERE PARTIE : ETAT DES LIEUX DE L'ACCES A LA TERRE ET
DE LA SECURISATION FONCIERE : CAS DES CULTURES MARAICHERES A NOUNA
8
CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE 9
CHAPITRE II : ACCES A LA TERRE ET SECURISATION FONCIERE AU
BURKINA FASO ET A NOUNA 17
DEUXIEME PARTIE : ANALYSES DE L'ACCES A LA TERRE ET DE LA
SECURISATION FONCIERE SUR LES SITES MARAICHERS A NOUNA 37
CHAPITRE I : ANALYSES CRITIQUES 38
CHAPITRE II: SUGGESTIONS POUR UN ACCES SECURISE AUX TERRES
DE MARAICHAGE A NOUNA 44
CONCLUSION GENERALE 48
BIBLIOGRAPHIE 51
TABLE DES MATIERES 53
ANNEXES A
INTRODUCTION GENERALE
« La terre nous en apprend plus long sur nous que les
livres. Parce qu'elle nous résiste. L'homme se découvre quand il
se mesure avec l'obstacle. Mais, pour l'atteindre, il lui faut un outil. Il lui
faut un rabot, ou une charrue. Le paysan, dans son labour, arrache peu à
peu quelques secrets à la nature, et la vérité qu'il
dégage est universelle. Antoine de Saint-Exupéry (1939),
Terre des hommes, Editions du groupe « Ebooks libres et gratuits
», 2004, page 5.
I : Contexte général
L'alpha des besoins fondamentaux de l'homme, c'est la
satisfaction des besoins alimentaires comme le montre la pyramide de
Maslowl. Ces aliments qui font partie du cycle
naturel de la vie nécessitent pour leur production des facteurs
favorables dont la terre en est le socle tandis que les semences et l'eau en
sont les ingrédients.
Objet cultuel et empreint de sacralité,
élément de cohésion sociale, instrument de
développement économique, la terre est tout simplement un sujet
d'une complexité inouïe et en même temps, un bien
économique d'une importance capitale. En effet, en milieu urbain comme
en milieu rural, les terres sont aménagées pour l'habitat,
l'agriculture, l'élevage, le commerce, l'industrie, l'artisanat, la
pisciculture, etc.
L'objectif cardinal, c'est la lutte contre
l'insécurité alimentaire qui constitue une préoccupation
pour la communauté nationale et internationale. La dégradation
progressive de la fertilité des sols, le morcellement croissant des
unités familiales de production agricole, la forte croissance
démographique et partant celle des besoins économiques dans un
contexte marqué par la crise économique mondiale actuelle sont
autant de facteurs qui contribuent à exacerber la compétition sur
les ressources foncières, supports de toute production
agro-sylvo-pastorale et halieutique. Or, si l'homme veut vivre, il doit
empêcher la terre de périr. Telle est le credo défendu par
Edouard Bonnefous2, il y'a bientôt un
demi-siècle et corroborée par l'Organisation des Nations Unies
pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). En 2005 en effet, la FAO signalait,
dans ses études sur le foncier, que l'accès sûr à la
terre est un moyen déterminant pour éradiquer la faim et la
pauvreté3.
1Dans la pyramide de Maslow, le premier groupe de
besoins correspond aux besoins de se nourrir, de se loger et de se
protéger.
2 Edouard Bonnefous, La terre et la faim des
hommes, Librairie Arthème Fayard, Paris XIVe, Collection
Les idées et la vie, 1960, 394 pages.
3
FAO. Etudes sur les régimes fonciers. Accès
à l'espace rural et administration foncière après des
conflits violents. Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture. Rome, 2005, 83 pages.
Dans la même foulée, De Schutter"
a rappelé en novembre 2008 qu'il y a près d'un milliard
de personnes qui souffrent de la faim dans le monde, dont 80% sont des
producteurs de nourriture, soit des petits paysans, des travailleurs sans terre
ou des éleveurs de bétail. Pour lui, « La crise alimentaire
est la goutte qui a fait la preuve que le système actuel ne fonctionne
plus »5. Et pour preuve, la crise
financière actuelle a des relents immobiliers et fonciers dans un
contexte d'exaltation du libéralisme.
Pays sahélien, pauvre et très endetté, le
Burkina Faso vit de plein fouet la crise alimentaire mondiale connue sous le
jargon national de « vie chère ». Bien que l'agriculture et
l'élevage occupent environ 85% de la
population6, cette agriculture demeure
marquée par une faible productivité en raison de son
caractère extensif, des aléas climatiques et de l'emploi d'outils
archaïques de production. Notons que la production agricole est à
dominante pluviale et vivrière et se pratique essentiellement sur de
petites exploitations familiales. La destination première de
l'agriculture burkinabè, qu'elle soit vivrière ou de rente, est
l'autoconsommation.
Il : Problématique
Dans le contexte burkinabè et spécifiquement sur
le plan agricole, la terre peut être aménagée à des
fins de cultures de subsistance et de cultures de rente. Si l'essentiel de ces
cultures sont pratiquées durant la saison pluvieuse (agriculture
pluviale), se développe à proximité une agriculture de
contre-saison. Les cultures maraîchères font partie de cette
branche d'agriculture irriguée car elles contribuent à «
stimuler une agriculture tributaire des aléas climatiques et [à]
améliorer la production alimentaire » Basga Emile Dialla
(2002)7.
A première vue, le champ du « maraîchage »
semble être le pré-carré des maraîchers, des
pédologues, des professionnels de l'irrigation, des agronomes.
4 Olivier de Schutter est rapporteur spécial
des Nations Unies sur le droit à l'alimentation. Ses affirmations sont
extraites d'une conférence qu'il a donnée à
Montréal, le 8 novembre 2008 devant quelques 200 personnes.
D'après un article du 13 novembre 2008, de Jean-Charles Gagné
intitulé : La Terre de chez nous. Informations
rapportées par abc Burkina n°306 in
www.abcburkina.net
5 Olivier de Schutter (Op.cit.).
6
Politique nationale de population du Burkina Faso,
Ministère de l'Economie et des Finances, Conseil national de population
(CONAPO), décembre 2000, page 5.
« La sécurité foncière sur les
périmètres irrigués du Burkina Faso : cas de la
vallée du Sourou »
Basga Emile Dialla in Afrique et Développement,
Vol. XXVII, Nos.1&2, 2002, pp 62-83.
J
A contrario, ce champ intéresse, peu ou
prou, les agents de l'agriculture, les sociologues, les nutritionnistes...
ajoutons-y les conseillers en aménagement du territoire et
développement local, notamment dans ses aspects « accès
à la terre » et « sécurisation foncière
».
A Nouna, les terres de maraîchage sont rares, surtout
avec l'extension de la ville et donc la prolifération des parcelles
à usage d'habitation. Les terres de maraîchage se trouvent surtout
aux secteurs 1 et 4. Les parcelles sont de petites superficies et la
majorité est octroyée par les responsables coutumiers terriens.
De plus, ces terres ne font pas l'objet d'une sécurisation
réglementaire. En effet, la plupart des exploitants ne disposent pas de
papiers administratifs ou de titres de jouissance. Toute chose qui ne
sécurise pas l'activité à long terme et limite les
investissements conséquents sur les parcelles.
Ce sont, entre autres, les raisons qui nous ont conduits
à mener une étude sur l'accès à la terre et la
sécurisation foncière sur les sites maraîchers à
Nouna.
III : Justification et délimitation du
thème
Le premier cadrage de l'étude sur le Schéma
national d'aménagement du territoire (SNAT) affirme que « L'option
des cultures maraîchères devrait être prise pour alimenter
les marchés urbains avec des circuits commerciaux appropriés.
»8. D'où notre intérêt
pour les cultures maraîchères, en particulier dans la commune
urbaine de Nouna où le maraîchage est pratiqué
essentiellement dans deux (2) sites et les exploitations sont à
majorité des unités familiales. La production est biannuelle et
se fait préférentiellement de septembre à mars ; ce qui
pose le problème d'approvisionnement des ménages en produits
maraîchers durant l'hivernage.
Dans le même temps, la demande de produits
maraîchers est croissante vue l'augmentation de la population urbaine. En
effet, la population nounalaise9 a presque doublé en une
décennie. Selon l'Institut national de la statistique et de la
démographie (INSD), du Burkina Faso, elle est passée de 44 035
habitants en 1996 à 73 006 habitants en 2006, selon le dernier
recensement de la populationm.
8 Schéma national d'aménagement du
territoire (SNAT). Premier cadrage de l'étude, MEDEV/DGATDLR,
Dirasset-G2 Conception, octobre 2006, 74 pages.
9 Appellation consacrée pour la population de
Nouna. On dit un Nounalais, une Nounalaise.
10 Recensement général de la population
et de l'habitation (RGPH) 1996 et résultats définitifs du RGPH
2006, INSD, juillet 2008.
Par ailleurs, la production en milieu maraîcher a besoin
d'être sécurisée tant par la détention de titres de
jouissance que par des circuits de commercialisation réguliers, gages
d'une production pérenne et d'investissements consistants.
Concernant les sites maraîchers de Nouna, il est
loisible sinon légitime de formuler les interrogations suivantes :
quelles sont les modalités d'accès à la terre ? Qu'en
est-il de l'accès aux sites maraîchers des groupes
vulnérables comme les femmes, les jeunes et les migrants ? Les
exploitants ont-ils des titres de jouissance ?
Ce sont autant d'interrogations qui se posent avec
acuité et auxquelles nous voudrions apporter des éclaircissements
en intitulant notre thème de recherche : « Problématique de
l'accès à la terre et de la sécurisation foncière :
cas des cultures maraîchères à Nouna
».
IV : Objectifs
/ : Objectif principal
L'objectif global de cette étude est de contribuer
à l'aménagement du territoire de la commune urbaine de Nouna, en
particulier des sites maraîchers à Nouna.
2 : Objectifs secondaires
1. Faire l'état des lieux de l'accès à la
terre et de la sécurisation foncière dans le cadre des cultures
maraîchères à Nouna ;
2. Analyser cet état des lieux et faire des suggestions
en vue d'un accès équitable et d'une meilleure
sécurisation des sites maraîchers.
V : Hypothèses
/ : Hypothèse principale
Le régime coutumier est la principale voie d'accès
et de « sécurisation » des terres de maraîchage à
Nouna.
2 : Hypothèses secondaires
1. L'accès aux terres de maraîchage à Nouna
se fait principalement selon le régime coutumier ;
2. A Nouna, les producteurs maraîchers ne disposent pas de
titres de jouissance. Ils comptent sur la sécurisation par la voie
coutumière.
VI : Méthodologie et annonce du plan
L'approche méthodologique comporte trois phases:
1. Une phase préparatoire de collecte d'informations
par une pré-enquête, une recherche documentaire et
l'élaboration des guides d'entretien et des questionnaires (cf.
annexes). La pré-enquête a concerné les maraîchers,
les services techniques de la Direction provinciale de l'agriculture, de
l'hydraulique et des ressources halieutiques (DPAHRH) de la Kossi et un
responsable coutumier. Quant aux recherches documentaires, elles se sont
déroulées dans les bibliothèques de l'Ecole nationale
d'administration et de magistrature (ENAM), du Centre d'information et de
recherche sur le développement (CIRD) et sur Internet. Cette phase s'est
déroulée pendant notre stage à la Direction provinciale de
l'agriculture, de l'hydraulique et des ressources halieutiques (DPAHRH) de la
province de la Kossi, du 1er au 31 août 2008.
2. Une phase de terrain (recherche in situ)
où nous avons réalisé vingt-sept (27) entretiens dont
vingt-un (21) entretiens semi-directifs et six (6) questionnaires. Les langues
de l'enquête ont été le Français, le Mooré
(nous- même) et le Dioula (avec le concours d'un interprète) avec
des personnes ressources. De façon explicite, les entretiens ont
concerné quinze (15) maraîchers, le Secrétaire
général de la mairie de Nouna, un coutumier de Nouna, le DPAHRH
de la Kossi et ses quatre chefs de service (Ressources en eau et halieutiques,
Service technique, Service planification et le comptable chargé de la
gestion des engrais). Quant aux questionnaires, ils ont été
administrés à trois (3) restaurateurs et à trois (3)
vendeuses de légumes à Nouna. Cette phase de terrain s'est
déroulée en trois (3) étapes : la première a lieu
en septembre 2008, période à laquelle, nous avons obtenu des
informations avec le personnel de l'agriculture ; la deuxième
étape s'est déroulée de fin décembre 2008 à
début janvier 2009, période où l'activité de
maraîchage est au faîte de son rayonnement ; la troisième
étape s'est déroulée en avril 2009, au moment où la
disponibilité en eau se posait avec acuité. Toutes ces
étapes ont permis d'avoir une vision diachronique de l'activité
de maraîchage en rapport avec l'accès à la terre et la
sécurisation foncière, sur des périodes
différentes.
3. Une phase finale de traitement des données, de
synthèse mais aussi de rédaction du présent document.
Cette dernière phase s'est déroulée tout le long de
l'année 2008 et durant le premier semestre de l'année 2009.
Notons que nous avons achevé la rédaction de ce document dans la
première quinzaine du mois de mai 2009.
L'ossature de ce mémoire de fin de cycle est la suivante
:
Une première partie qui porte sur l'état des lieux
de l'accès à la terre et de la
sécurisation foncière dans le cadre des cultures
maraîchères à Nouna ;
Une seconde partie qui porte sur l'analyse de cet état
des lieux, suivie de suggestions, en vue d'un accès équitable et
sécurisé aux terres de maraîchage à Nouna.
PREMIERE PARTIE : ETAT DES LIEUX DE L'ACCES A LA TERRE
ET DE LA SECURISATION FONCIERE : CAS DES CULTURES MARAICHERES A
NOUNA
Dans cette partie, il sera question d'un diagnostic de la zone
d'étude, de l'accès à la terre et à la
sécurisation foncière au Burkina Faso en général et
dans le cadre des cultures maraîchères à Nouna, en
particulier.
CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
Ce chapitre présente la zone de notre étude qui est
la commune urbaine de Nouna et la thématique abordée, les
cultures maraîchères.
Section I Présentation de la commune urbaine de
Nouna
En aménagement du territoire, l'étude des
milieux physique et humain revêt une importance cardinale étant
entendu que, pour aménager, il faut connaître les
potentialités et les contraintes de l'espace en question. D'où la
nécessité de présenter notre zone d'étude.
La commune urbaine de Nouna appartient à la province de
la Kossi et à la région de la Boucle du Mouhoun.
Paragraphe I Caractéristiques physiques et
découpage administratif
A : Caractéristiques physiques
La ville de Nounall, chef-lieu de
la province de la Kossiu, est située au
nord-ouest du Burkina Faso, au croisement des routes internes venant du centre
et du sud et se poursuivant vers la République soeur du Mali. Elle est
à 284km de Ouagadougou, la capitale politique. Elle s'étend sur
une superficie d'environ 65km2.
La commune de Nouna se caractérise par un relief de
plaine dont l'altitude varie de 200 à 300m avec par endroits des
dépressions. Les eaux de pluie ont tendance à s'écouler
vers les zones basses qui se trouvent au centre-ville. Ce qui explique en
partie les stagnations et les inondations des eaux pluviales et des eaux
usées.
Située dans la zone soudanienne et dans le bassin
versant du fleuve Mouhoun, la commune de Nouna est arrosée par le cours
d'eau « Kossi », située à 1km des limites de la
commune. Les pluies sont acceptables puisque, la moyenne septennale de la
pluviométrie (1998-2004) est de 717,14mm, passant de 797,5mm en 1998
à
11Plan communal de développement de Nouna
(2004-2008), Commune de Nouna, Sahelconsult, version définitive,
février 2005, 168 pages sans les annexes.
12 Kossi est une déformation de « kossein
» qui, en langue dafing, veut dire « pied de la rivière
».
740,7mm en 200413. Par contre, la
répartition des pluies, dans le temps et dans l'espace, n'est pas
homogène ; toute chose qui a des répercussions sur le niveau de
la production agricole.
Concernant les sols, le sable semble être
l'élément structural dominant dans l'ensemble, bien qu'on note
une forte teneur en argile. Les zones situées légèrement
en altitude sont gravillonnaires ou latéritiques. Ces
caractéristiques permettent ainsi de pratiquer les cultures suivantes :
sorgho, mil, maïs, riz, fonio, arachide, voandzou, les cultures
légumières et fruitières.
Le couvert végétal se compose de ligneux
conservés dans les zones de jachère où dominent
Butyrospermum parkii (karité), Lannea microcarpa
(raisinier), Sclerocarya birrea (prunier) ; des essences
grégaires telles, Guiera senegalensis, Diospyros
mespiliformis. Il existe aussi des césalpiniacées et des
combrétacées qui forment le taillis sur une grande superficie. Le
centre-ville Nouna et les zones périphériques comportent des
essences exotiques composées de Mangifera indica,
Eucalyptus camaldulensis, Azadirachta indica, Gmelina
arborea, Cassia siamea. Quant à la couverture
herbacée ou tapis graminéen, elle est constituée de
Loudetia togoensis, Pennisetum pedicellatum, Dactyloctenum
egyptienne, Schoenefeldias gracilis...
B : Découpage administratif : Nouna, hier et
aujourd'hui
La subdivision de Nouna vit le jour en décembre 1933,
par Arrêté Général du 16 décembre 1933
(J.O.AOF, page 1096) et fût rattachée au cercle de Tougan.
De nos jours, la province de la Kossi est dirigée par
un Haut commissaire nommé en conseil des ministres. Elle compte dix (10)
départements qui sont : Nouna, Barani, Bomborokuy, Bourasso, Djibasso,
Dokuy, Doumbala, Kombori, Madouba et Sono. Chaque département a à
sa tête un préfet nommé en conseil des
ministres14.
En outre, la province compte dix (10) communes, dont une (1)
urbaine et 274 villages15. Toutes les communes sont
administrées par des maires élus. Actuellement,
l'agglomération de Nouna est composée de sept (7) secteurs
géographiques dont six (6) forment le tissu urbain et un village
rattaché (Koussiri).
13
Plan communal de développement de Nouna (2004-2008),
Commune de Nouna, Sahelconsult, version définitive, février 2005,
168 pages sans les annexes.
14
Ibid., page 115 (annexes).
15 280 villages selon le Rapport de mise en oeuvre du
programme d'activités 2008, DPAHRH/ Kossi, décembre 2008, 33
pages.
Chaque secteur est constitué de quartiers
administrativement reconnus mais qui sont des zones d'occupation anciennes de
groupes patrilinéaires dont les populations s'identifient par un
sentiment d'appartenance.
Paragraphe II : Caractéristiques socio- culturelles
et économiques
A : Caractéristiques socio-
culturelles
Historiquement, les Marka se sont établis à
Nouna, bien avant le 18ème siècle. Ils viennent du
Mali, d'où ils ont hérité d'une civilisation musulmane. La
tradition rapporte que les premiers venus à Nouna sont originaires de la
région de TikanTchériba (située sur l'axe
Dédougou-Koudougou), habitée par les Nounouma, ethnie autochtone
de cette région. A leur arrivée, ils trouvèrent sur les
lieux les Bwaba que l'on considère comme les premiers occupants.
Plus de la moitié des habitants (58,73%) de la commune
de Nouna sont des Marka et des Dafing. Viennent, ensuite, les Samo et les Mossi
qui totalisent un pourcentage d'environ 25% de la population.
Le graphique suivant illustre les proportions (pourcentage) des
groupes ethniques.
Figure 1: Ethnies
7,24
14,16
10,1
4,58 2 3,22
Ethnies
58,73
Marka-dafing Samo
Mossi Bobo
Peuhl Bwaba Autres
Source : Plan communal de développement de Nouna,
février 2005.
A Nouna, sur le plan religieux, l'islam compte 60,3%
d'adeptes, le catholicisme 34,5%, l'animisme 3,3% et le protestantisme 1,8%.
Les autres religions et les « sans religion » occupent une position
très marginale, soit 0,4% de la population.
Bien que 94,8% de la population soit de religion musulmane et
chrétienne, l'on note un certain encrage du syncrétisme
religieux.
B : Caractéristiques
économiques
L'agriculture est la principale activité, soit 44,30%
des chefs de ménages à Nouna. En effet, elle contribue à
la subsistance des ménages agricoles et permet de dégager des
surplus sur le marché local.
D'autres activités sont également menées.
Il s'agit de l'élevage, de l'artisanat, du commerce, sans oublier les
salariés du public et du privé, comme le montre le graphique
ci-dessous. Notons que la pluriactivité est une pratique courante dans
la commune et permet aux populations d'avoir des occupations sur une bonne
partie de l'année.
Figure 2: Occupation des chefs de ménage
Agriculture Elevage Artisanat Commerce Salariés Autres
Agriculture Elevage Artisanat Commerce Salariés Autres
50,00%
45,00%
40,00%
35,00%
30,00%
25,00%
20,00%
15,00%
10,00%
5,00%
0,00%
44,30%
14,60% 14,20% 14%
8,30%
4,20%
Source : Plan communal de développement de Nouna,
février 2005.
Bien que l'élevage, la pêche, l'artisanat et le
commerce soient des secteurs d'activités importants, nous nous
focaliserons sur l'agriculture, spécifiquement sur les cultures
maraîchères, objet de notre travail.
Section II : Les cultures maraîchères
Paragraphe I : Considérations
sémantiques, techniques et humaines
A : Acception du concept de « cultures
maraîchères »
Pour son alimentation, l'homme a toujours
réservé une place de choix pour les légumes parce qu'il
les apprécie pour leur saveur et les effets bienfaisants qu'ils ont sur
son organisme, écrit HIEMA D. Félix16.
A l'origine, le maraîchage désignait la mise en
exploitation de marais situés à proximité des villes pour
l'approvisionnement rapide en légumes frais. En effet, la production
n'est pas autoconsommée par les producteurs car une grande partie est
destinée à la commercialisation en vue de disposer de revenus
financiers.
Le maraîchage recouvre la culture des légumes
frais sous abris ou en plein champ. C'est la culture de légumes et de
certains fruits, voire de certaines fleurs ornementales, à usage
alimentaire de manière intensive et professionnelle1'. Il
existe une grande variété de cultures maraîchères
dont la classification dépend de certains critères comme l'organe
consommé. Au Burkina Faso, la classification en légumes bulbes,
en légumes fruits, en légumes feuilles, en légumes
racines, en légumes tubercules et en légumes rhizomes est
généralement utilisée18.
Par ailleurs, la réalisation des cultures
maraîchères nécessite qu'un certain nombre de conditions
soient réunies. Ce sont, les facteurs techniques, humains...
B : Les facteurs techniques et humains de
réalisation des cultures maraîchères 1 :
Les facteurs techniques
Du matériel de travail adapté et performant, des
semences à haut rendement et de qualité, de l'engrais et des
ressources financières sont indispensables à la réussite
et à la pérennisation des cultures maraîchères. Le
matériel de travail des cultures maraîchères peut
être regroupé en fonction de l'utilisation à laquelle est
affecté chaque outil. Nous distinguons les outils de préparation
du terrain (charrue, hache, bêche...), de transport (brouette), de
traitement antiparasitaire (pulvérisateur, atomiseur), etc.
16 HIEMA D. Félix, Cours sur les cultures
maraîchères, notes de Pascal SYMBORO, DPAHRH/ Kossi.
17
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mara%C3%AEchage
18 Confère la classification de HIEMA D.
Félix en annexes (tableau 7).
Les semences des cultures maraîchères
dépendent des variétés cultivées. Certaines sont
des graines que l'on enfouit dans le sol, d'autres sont repiquées ou
cultivées par bouturage, etc. Les maraîchers achètent
généralement des variétés à haut rendement
pour produire en quantité et en qualité. De plus, ils ont recours
à des fertilisants qui peuvent être naturels ou chimiques. Les
fertilisants naturels ont trait aux matières fécales animales
et/ou végétales comme la bouse de vache et la fumure organique.
Quant aux fertilisants chimiques communément appelés engrais, il
y a lieu de distinguer l'urée qui est un engrais simple (azote) et le
NPK qui est un engrais composé car contenant de l'azote, du phosphore,
du potassium et des oligoéléments (magnésium, bore,
soufre).
2 : Les facteurs humains
L'homme est le moteur et la vie de toute activité de
maraîchage. Quelque soit la qualité de la terre, des semences, de
l'engrais, la disponibilité de l'eau, les outils de travail les plus
sophistiqués, le meilleur atout dans le travail de maraîchage
reste l'homme. Ses compétences, son expérience et sa
volonté de travailler avec abnégation sont essentielles pour
obtenir une excellente production maraîchère.
Paragraphe II : Considérations hydrologiques et
édaphiques
Pour vivre et prospérer, tout organisme animal ou
végétal a besoin qu'un certain nombre de conditions soient
réalisées. Deux éléments abiotiques sont
considérés comme axiomatiques dans la réalisation des
cultures maraîchères. Il s'agit des facteurs hydrologiques, d'une
part et des facteurs édaphiques, d'autre part.
A : Les facteurs hydrologiques
L'eau est l'alpha et l'oméga de toute activité
de maraîchage. Pour PORGO Amidou (mars 2006)19, l'eau et les
équipements conditionnent la nature et la vie des hommes. Au plan
écologique par exemple, l'eau assure une fonction essentielle dans le
métabolisme de tous les êtres vivants : photosynthèse,
respiration, croissance, reproduction, mouvements.
19 PORGO Amidou (mars 2006),
L'aménagement du territoire au Burkina Faso : contribution du Fonds de
l'Eau et de l'Equipement rural (FEER), sous la direction de M. Sididki
GUIRE, Mémoire ENAM soutenu pour l'obtention du diplôme
d'Administrateur Civil, 60 pages.
La production de légumes se déroule la plupart
du temps en saison sèche, période au cours de laquelle le
degré d'humidité du sol et de l'air est très bas.
D'où la nécessité impérieuse d'irriguer.
« Irriguer signifie que l'on se procure de l'eau
là où elle est particulièrement abondante, pour l'amener
sur les lieux des besoins », écrit Hal Hellman
(1976)20
.
B : Les facteurs édaphiques
Les facteurs édaphiques sont des facteurs liés
au sol. Ces facteurs ont trait aux propriétés physiques et
chimiques des sols qui ont une action écologique sur les êtres
vivants. Nous nous intéresserons aux sols propices aux cultures
maraîchères. D'abord, les sols hautement favorables aux cultures
irriguées sont les vertisols et les sols hydromorphes à cause de
leur potentiel chimique. Pour COULIDIATI D. Laurent (mars 1990)21 et
HIEMA D. Félix22, ils ont un potentiel chimique très
élevé et se prêtent le mieux aux cultures irriguées,
dont celle du maraîchage. Cependant, ces terres, du fait de leur nature
gonflante, sont difficiles à travailler et exigent une
mécanisation adéquate. C'est pourquoi, elles sont souvent
délaissées par les paysans au profit des sols en hauteur.
Ensuite, les sols hydromorphes ou glysols apparaissent partout
où se produit une inondation temporaire ou une remontée de la
nappe phréatique. Les illustrations parfaites sont les vallées
des fleuves et les grandes plaines déprimées. Ce sont des sols
très hétérogènes mais dans des conditions
favorables de texture et d'hydromorphie, ils sont utilisables pour la culture
du riz en saison des pluies et du maraîchage en saison sèche.
Enfin, les sols argileux, calcaires, humifères peuvent
être exploités à condition d'apporter les corrections
nécessaires et d'y cultiver les plantes qui s'y accommodent. Notons que
la plupart des légumières préfèrent les sols
acides.
20 Hal Hellman (1976), Nourrir l'homme de
demain, Editions Nouveaux Horizons, New York, 270 pages.
21COULIDIATI D. Laurent (mars 1990),
Contribution des aménagements hydro-agricoles à la
sécurité alimentaire au Burkina Faso, sous la direction de
M. THIOMBIANO Jérôme, Mémoire de fin de cycle
supérieur ENAM, section Economie et Finances.
22 Notes de M. SYMBORO Pascal, agent SREH à la
DPAHRH/ Kossi, qui a suivi le cours sur Les cultures
maraîchères de HIEMA D. Félix.
CHAPITRE II : ACCES A LA TERRE ET SECURISATION
FONCIERE AU BURKINA FASO ET A NOUNA
Section 1: Accès à la terre et
sécurisation foncière au Burkina Faso Paragraphe 1: La
question de l'accès à la terre
A : Définition de l'accès à la
terre
Le terme « accès » vient du latin
accessus qui veut dire arrivée. L'accès, c'est ce qui permet
d'accéder à un lieu, une situation, etc. L'accès à
la terre est donc la possibilité, voire la facilité de disposer
et de jouir d'une terre de la manière la plus absolue. Mais
qu'entend-ton par terre et par foncier ?
Dans le jargon courant, foncier et terre sont synonymes.
Pourtant, il existe une différence de degré entre ces deux
concepts.
Terme générique, le foncier est souvent
résumé à la terre alors qu'il prend en compte l'ensemble
des rapports entre individus et groupes d'individus pour l'appropriation et
l'utilisation des ressources naturelles : eau, sol, faune, flore, etc.
C'est, également, l'ensemble des dispositions
juridiques applicables à la terre et aux ressources naturelles qui
existent sur cette terre. De manière explicite, c'est la concession de
droits sur des terres; la délimitation des limites des parcelles pour
lesquelles ces droits sont concédés; le transfert des droits par
la vente, l'octroi d'un bail ou d'un prêt, une donation ou un
héritage; et le règlement des contestations et des
différends concernant les droits ou la délimitation d'une
parcelle23.
La notion « terre » est donc restrictive car elle se
limite à un élément du substrat abiotique en l'occurrence
l'aspect sol tandis que « le foncier, c'est à la fois la terre et
les ressources naturelles qui en découlent. C'est également
l'ensemble des relations entre les individus ou les groupes pour
l'appropriation et l'utilisation de ces ressources » BARA Boukaré
Khalil (avril 1995)24.
Dans le cadre de la présente étude, nous allons
employer le concept « foncier » qui est beaucoup plus large.
Toutefois, nous emploierons à certains moments le concept terre, mais
dans une vision large, à savoir un terme « synonyme de foncier
».
23
http://www.fao.org/docrep/005/Y4307F/y4307f05.htm
24 BARA Boukaré Khalil (avril 1995),
Problématique foncière et décentralisation :
l'accès à la terre en zones urbaines et rurales, sous la
direction de M. BENON T. Pascal, Mémoire ENAM, section Administration
Générale, page 5.
B : Les modes d'accès à la terre 1
: Le régime foncier coutumier
Le droit foncier coutumier ou vécu est un droit qui est
non écrit. Droit foncier pratique ou « l'existant », il est
constitué par les pratiques foncières coutumières,
lesquelles ont surtout cours en milieu rural. Le régime foncier
traditionnel se caractérise par une propriété collective
et non individuelle et par l'exercice du droit de propriété
collective par le même personnage qu'est le chef de terre, gardien des
institutions foncières et administrateur des terres de la
communauté.
Les droits coutumiers s'acquièrent souvent par la hache
ou par le feu. On parle alors de droit de hache et de droit de feu.
Coutumièrement, ce sont des droits inaliénables. Espace de
rencontre entre les vivants et les morts dont le chef de terre en est
l'intermédiaire incontournable, la terre est un donc un bien
inaliénable et une source d'enracinement culturel et religieux. C'est
pourquoi, « elle ne doit pas avoir une finalité vénale,
marchande vu son caractère sacré », estime un coutumier
de Nouna25.
L'atout principal du régime foncier coutumier, c'est
son encrage dans les schèmes traditionnels. C'est dire que la
spiritualité qui entoure la terre fait que la parole donnée est
généralement irréversible.
Cependant, le pouvoir de l'écrit dans nos
sociétés contemporaines fait que les relations contractuelles
orales, sans aucun enregistrement sonore en vue de disposer d'une preuve,
comportent des risques. Et pour cause, le temps est favorable à l'oubli,
surtout quand il y a décès de l'un ou de tous les contractants.
Ce qui peut affecter à long terme, les termes du contrat et mettre
l'exploitant ou ses héritiers dans une situation
d'insécurité foncière. Autrement dit, dans tout
système d'oralité, les droits du passé peuvent être
contestés dans le présent ou dans le futur car comme le dit
l'adage populaire « La parole s'envole tandis que l'écrit demeure
».
De plus, le régime foncier coutumier ne reconnaît
pas un droit de propriété foncière à la femme car
la terre reste une affaire d'hommes. La situation de la femme est donc
précaire en cas de dissolution des liens du mariage.
25 Monsieur Pascal SYMBORO, coutumier de Nouna et
agent SREH à la DPAHRH/ Kossi.
2 : Le régime foncier
réglementaire
Le droit légiféré est un droit
écrit et légal. Il confère des droits au
propriétaire titulaire d'un titre de jouissance ou de
propriété. Même dans les cas extrêmes d'expropriation
pour cause d'utilité publique, l'exploitant, sauf cas de force majeure,
a droit à une juste et préalable compensation dans les conditions
prévues par les textes en vigueur. C'est donc une sécurité
offerte par la loi. De plus, la loi en tant que règle écrite, est
placée sous le double sceau de l'unilatéralité et de la
généralité. Elle s'applique à tous, sans
discrimination aucune.
L'article 2 de la loi 014/96/ADP du 23 mai 1996 portant
Réorganisation agraire et foncière stipule qu'il est
créé un Domaine foncier national (DFN) du Burkina Faso.
De plus, l'article 38 de ladite loi opère une
distinction entre les terres urbaines et les terres rurales, en fonction de la
situation et de la destination des terres en question.
D'une part, les terres urbaines, aux termes de l'article 39 de
la loi portant RAF de 1996, sont celles situées dans les limites
administratives ou celles du Schéma directeur d'aménagement et
d'urbanisme (SDAU) des villes et localités. Ces terres sont
destinées principalement à l'habitation, au commerce, à
l'industrie, à l'artisanat, à l'installation des services publics
et d'une manière générale aux activités
liées à la vie urbaine.
En outre, les terres urbaines non encore
aménagées ou terres suburbaines sont celles situées
à la périphérie des villes et qui n'ont pas fait l'objet
d'aménagement. Nous entendons par aménagement, les
opérations de bornage, d'immatriculation, de viabilisation et de mise en
valeur des terres concernées par l'Etat et/ou ses démembrements.
Les terres suburbaines ne peuvent être occupées qu'à titre
exceptionnel et sur autorisation de l'administration. Toute occupation sans
titre est interdite et le déguerpissement ne donne lieu ni à un
recasement, ni à une indemnisation.
La commune de Nouna étant urbaine, les terres qui s'y
trouvent sont soumises aux dispositifs législatifs et
réglementaires de l'urbanisme.
D'autre part, selon l'article 40 de la loi portant RAF, les
terres rurales sont celles situées en dehors des limites administratives
des villes et localités ou le cas échéant du schéma
d'aménagement et d'urbanisme. Notons que dans les centres où ces
limites ne sont pas encore déterminées, les terres
destinées à des activités rurales
ne peuvent être attribuées à moins de deux
(2) ou quatre (4) Km des agglomérations suivant l'importance de
celles-ci. Les terres rurales sont destinées principalement à
l'agriculture, à l'élevage, à la sylviculture, à la
pisciculture et plus généralement à toutes les
activités liées à la vie rurale.
L'article 46 de la loi portant RAF de 1996, de même que
le décret N°97- 054/PRES/PM/MEF portant conditions et
modalités d'application de la loi RAF au Burkina Faso, en son article
126 disposent tous que « Dans les villages, l'attribution,
l'évaluation et le retrait des terres relèvent de la
compétence des commissions villageoises de gestion des terroirs
organisées en sous commissions spécialisées ».
Cependant, depuis la dissolution de la Commission villageoise de gestion des
terroirs (CVGT), certaines de ses compétences sont dévolues au
Conseil villageois de développement (CVD). Par exemple, l'article 10
dispose que le CVD est chargé particulièrement de « (...)
participer à la recherche des solutions aux problèmes fonciers et
de gestion de l'espace villageois (...) ».
La principale insuffisance du régime
réglementaire demeure le grand vide juridique laissé à
propos des terres des terroirs ou terres rurales. Certes, les occupants de ces
terres ont l'avantage de ne pas être soumis au paiement des droits et
taxes et à la possession d'un titre administratif, selon l'article 52 de
la loi portant RAF de 1996. Il dispose que « (...) l'occupation et
l'exploitation des terres rurales non aménagées dans le but de
subvenir aux besoins de logement et de nourriture de l'occupant et de sa
famille ne sont pas subordonnées à la possession d'un titre
administratif ». Cependant, les occupants de ces terres ne
bénéficient pas des garanties qu'offre la loi aux terres qui sont
astreintes à ces conditions.
Paragraphe II : La question de la sécurisation
foncière
A : Définition de la sécurisation
foncière
La sécurisation est un processus visant à
garantir, à tranquilliser ou à mettre quelque chose à
l'abri du danger. C'est encore un dispositif ou des dispositions,
destinés à rendre quelque chose sûre ou plus
sûre26.
Quant à l'Organisation des Nations Unies pour
l'alimentation et l'agriculture (FAO), elle estime que « La
sécurité des droits fonciers est la certitude que les droits
d'une
personne seront reconnus par les tiers et
protégés en cas de contestation spécifique. Si cette
sécurité n'est pas garantie, les droits correspondants risquent
d'être menacés par des revendications concurrentes et même
d'être perdus par suite d'une expulsion »27.
Nous retiendrons avec la Politique nationale de
sécurisation foncière en milieu rural du Burkina Faso que la
sécurisation foncière est « (...) l'ensemble des processus,
actions et mesures de toute nature, visant à permettre à
l'utilisateur et au détenteur de terres rurales de mener efficacement
leurs activités productives, en les protégeant contre toute
contestation ou trouble de jouissance de leurs droits »28.
B : Les modes de sécurisation
foncière
1 : La « sécurisation » par le
régime foncier coutumier
La sécurisation foncière par les
autorités coutumières est une sécurisation de fait qui
réside dans la légitimité sociale du don, du prêt ou
de l'achat de la terre dans le système traditionnel. Dans le
régime foncier coutumier, la sécurisation étant verbale,
il n'y a pas d'écrits. On ne peut donc pas parler de titre de jouissance
ou de propriété mais de droits relatifs aux terres. En somme, la
sécurisation des terres dans le régime traditionnel comporte des
avantages sociaux, en ce sens qu'il y a une légitimité sociale et
coutumière rarement violée. C'est cette valeur sociale et
culturelle qui fait que les gens continuent d'y recourir, soit pour
accéder à la terre, soit pour résoudre leurs
différends fonciers. Pour BARA B. Khalil (avril 1995)29,
« Du reste malgré l'uniformisation des règles
foncières par la RAF, il reste qu'un régime foncier coutumier de
fait a subsisté jusqu'à nos jours et continue de régir les
rapports des sociétés urbaines et rurales ».
2 : La sécurisation par le régime
foncier réglementaire
Le droit foncier légiféré regroupe
l'ensemble des règles juridiques écrites. Au Burkina Faso, il
est issu de la Constitution et des textes législatifs et
réglementaires ayant le sol pour objet. Nous pouvons citer, par
exemple, la Réorganisation agraire et
27
http://www.fao.org/docrep/005/Y4307F/y4307f05.htm
28 Décret n°2007-610/PRES/PM/MAHRH du 04
octobre 2007 portant adoption de la Politique nationale de sécurisation
foncière en milieu rural.
29 BARA Boukaré Khalil (avril 1995),
Problématique foncière et décentralisation :
l'accès à la terre en zones urbaines et rurales, sous la
direction de M. BENON T. Pascal, Mémoire ENAM, section Administration
Générale, page 21.
foncière de 1984, ses différentes
révisions (1991, 1996), la Politique nationale de sécurisation
foncière en milieu rural30. La loi portant RAF de 1996, en
son article 51 dispose que tout occupant d'une terre du DFN doit être
titulaire d'un titre de jouissance (arrêté d'affectation,
arrêté de mise à disposition, permis d'occuper, permis
urbain d'habiter (PUH), permis d'exploiter, bail) ou d'un titre de
propriété. Toutefois, il est impossible d'obtenir directement la
propriété d'une terre du DFN. Il faudrait d'abord requérir
un titre de jouissance avant de solliciter la transformation de ce droit de
jouissance en propriété pleine et entière.
Il faut distinguer les titres de jouissance à
caractère temporaire, tels que le permis d'occuper et le bail, des
titres de jouissance à caractère permanent, comme
l'arrêté d'affectation, l'arrêté de mise à
disposition, le permis d'exploiter, le PUH. Dans le cadre du maraîchage,
nous allons nous intéresser au permis d'exploiter et au bail.
D'une part, l'article 58 de la loi portant RAF de 1996 dispose
que le permis d'exploiter est un titre de jouissance permanent
délivré aux personnes physiques ou morales pour l'occupation
à des fins lucratives des terres du DFN avec possibilité
d'aliénation définitive desdites terres dans les conditions
déterminées par la présente loi. Le permis d'exploiter est
délivré après paiement des taxes et droits. Il
confère à son titulaire un droit de superficie qui peut faire
l'objet de publicité foncière.
D'autre part, dans le jargon populaire, parler de bail, c'est
parler de location, de loyer ou de fermage. « Le bail est un contrat par
lequel on donne à quelqu'un la jouissance d'une chose, moyennant un prix
convenu et pour un temps déterminé » 31.
L'on distingue le bail à loyer, le bail à
cheptel, le bail sous seing privé, le bail emphytéotique...
Selon l'article 59 de la loi portant RAF de 1996, le bail est
un contrat de courte ou longue durée qui confère aux personnes
physiques et morales, publiques ou privées, un droit de jouissance sur
des terres du DFN. Il précise la durée et les conditions
d'occupation et de jouissance. Lorsque sa durée est comprise entre 18 et
99 ans, il confère à son titulaire un droit d'emphytéose
devant faire l'objet de publicité foncière.
30 Décret n°2007-610/PRES/PM/MAHRH du 04
octobre 2007 portant adoption de la Politique nationale de sécurisation
foncière en milieu rural.
Section II : L'accès à la terre et la
sécurisation foncière sur les sites maraîchers à
Nouna
Paragraphe I: Les modes d'accès et de
sécurisation des terres de maraîchage à
Nouna
Il existe plusieurs formes d'accès à la terre
à Nouna : l'héritage, le don, le prêt, le fermage, le
métayage, l'achat. Dans le cadre du maraîchage, nous allons nous
intéresser aux principales formes d'accès à la terre que
sont l'héritage et l'achat.
A : Les modes d'accès aux terres de
maraîchage à Nouna 1 : L'accès par
héritage
Pour comprendre le foncier traditionnel et ce qu'il
véhicule comme systèmes de représentations à Nouna,
il faut procéder à une exégèse du processus
incrémental de la société nounalaise car l'histoire de
peuplement est bien souvent le « sésame ouvre toi » de la
compréhension de l'accès à la terre et de la
sécurisation foncière. Le passé territorial devient un
référentiel pour comprendre le présent territorial autour
de la terre, mère nourricière, alpha et oméga de tout
être vivant, car poussière nous sommes et à la
poussière, nous retournerons. En effet, comme le dit l'adage populaire,
l'oiseau a beau voler loin dans les airs, ses os appartiennent à la
terre.
A Nouna, la terre appartient aux autochtones. Ce sont les
grandes familles Symboro, Goussa, Kiénou, Zoromé, Dama et
Konaté. Chacune de ces familles dispose de terres qui constituent son
patrimoine foncier. Chaque individu issu de ces familles a un droit prioritaire
d'accès à la terre, sous la forme d'un droit d'usage ou
d'usufruit, transmissible à sa descendance.
Dans le système d'héritage, les terres de
maraîchage sont léguées de père en fils. Bien
patrilinéaire, les femmes n'héritent pas des terres. Les jeunes
aussi, car étant sous la tutelle du chef de famille, ils contribuent
à l'entretien et à l'exploitation des terres de la famille mais
ils ne les possèdent pas au sens plein du terme.
La plupart des quartiers de la commune urbaine de Nouna ne
sont pas lotis ou le sont à moitié. Les concessions dans les
zones non loties sont bâties selon un plan d'alignement donnant parfois
des allures de quartiers lotis.
C'est au secteur 1, quartier traditionnel, appelé
actuellement « quartier Obama », que se recrute la majorité
des enquêtés qui ont hérité des terres de
maraîchage. L'année du legs dépend de la période
récente ou éloignée du décès du père.
La date la plus récente déclarée sur le site est de 2 ans
tandis que la plus ancienne est de 30 ans.
Ce qui caractérise ces terres héritées,
c'est la petitesse des superficies des parcelles qui tournent autour de 0,25
hectares. La raison principale, c'est que les héritiers sont parfois
nombreux et l'exploitation de la terre tendant à être
individuelle, cela conduit à l'émiettement du patrimoine foncier
familial.
Les détenteurs y font deux productions par an, entre
octobre et mai et utilisent des outils archaïques de production : binette,
arrosoir, seau, puisette, brouette. Par ailleurs, la quasi-totalité des
ouvriers sur le site sont issus de la même famille et, de ce fait, ne
perçoivent aucune rémunération de l'activité qu'ils
mènent. Bien que ces maraîchers déclarent être
souvent confrontés aux maladies et/ou ennemis de culture, ils ne font
pas recours aux services techniques de l'agriculture. Tous affirment recourir
à l'automédication avec des produits phytosanitaires qu'ils
nomment, Master, Batik WG, Décis EC. Pour K.B., « mon
problème, c'est les criquets, les mouches blanches et les chenilles. Je
traite moi-même avec Décis EC (...) Je manque d'argent pour
acheter une motopompe et l'eau du puits tarit vite. Le maraîchage
rapporte beaucoup mais ça dépend des périodes car il y a
des moments où je manque d'acheteurs ».
En somme, les rendements sur les terres héritées
sont faibles : 40 à 60 sacs de 100kg de production par an, soit une
moyenne de 20 à 30 sacs par récolte. Quant au chiffre d'affaires,
il oscille entre 250 000 et 550 000F.CFA.
2 : L'accès par achat
La vente de terres a longtemps été bannie des
sociétés traditionnelles. Pourtant, ce phénomène se
développe, de plus en plus, à cause de la pauvreté.
A Nouna, 80% des maraîchers ont acquis leur terrain en
l'achetant aux autochtones. Cet achat peut rester dans un cadre informel
basé sur la bonne foi des parties liées au contrat mais, il peut
faire l'objet d'une reconnaissance à la mairie sous la forme d'un
Procès Verbal (PV) de palabre.
Pour K.I., « c'est facile d'avoir la terre. Il suffit
d'avoir l'argent ». Dans la même lancée, B.K., avance
que « ce n'est pas trop compliqué en tout cas ». En
revanche, O.S., affirme que « les terres sont de plus en plus rares et
de plus en plus chères ».
Les maraîchers qui ont acquis leur terre par achat
peuvent être regroupés en trois (3) catégories.
Primo, nous dénombrons les petits
détenteurs de terre. Ils ont des superficies réduites (0,11
hectares), des équipements archaïques (puisette, binette, arrosoir)
et produisent une ou deux fois par an. Toutefois, ils ont l'avantage de se
spécialiser ou de se focaliser sur deux ou trois types de
spéculations : oignon, chou et laitue.
Secundo, il y a les moyens détenteurs qui
constituent la majorité des maraîchers. La plupart dispose de
superficies de 0,25 hectares. La production se chiffre à 13, 16 voire
300 sacs de 100kg par an. Tout dépend du nombre de production par an :
annuelle ou bi-annuelle. Certains mettent l'accent sur deux ou trois
spéculations tandis que d'autres se diversifient : oignon, chou, laitue,
concombre, épinard...
Tertio, il y a ceux-là qui peuvent être
considérés comme de gros producteurs car ils disposent d'une
superficie allant de 1 à 4 hectares. La majorité d'entre eux est
regroupée en association. La production se fait
préférentiellement d'octobre à mai et ils récoltent
deux à trois fois par an. Ces producteurs disposent d'équipements
modernes tels que les motopompes, les tuyaux de canalisation, les
matériels de traitement phytosanitaire. Dans un tel contexte, les
ouvriers sont plus nombreux comparativement aux cas précédents :
5 au minimum et 45 pour un groupement féminin soutenu par une ONG
allemande. Notons que ce groupement féminin a à sa disposition
des puits à grand diamètre dont la nécessité
s'observe pendant la période d'assèchement des puits ordinaires,
peu profonds. Une autre particularité, c'est la présence
d'ouvriers salariés qui n'appartiennent pas au giron familial dont les
rentes tournent autour de 15 000F.CFA par mois. Pour O.S., « cinq
personnes travaillent avec moi. 4 sont de ma maison et l'autre, je lui donne 15
000 francs chaque mois ». K.A. nous situe : « J'ai 4
ouvriers qui sont tous de la famille. Au moment de la récolte, si
ça va, je remets à chacun 10 000 francs ».
Ces gros producteurs font de bons chiffres d'affaires,
même si certains ont passé sous silence ce qu'ils gagnent.
Toutefois, les estimations des montants des ventes vont de 550 000 à 15
millions de francs CFA par an et par producteur.
Qu'ils soient petits, moyens ou gros producteurs, les
maraîchers de Nouna ont acquis leur terrain moyennant le paiement d'un
montant qui oscille entre 5 000 et 250 000 F.CFA avec une moyenne de 60
000F.CFA.
Cependant, avec la raréfaction des terres en
général et de celles du maraîchage en particulier, la terre
devient de plus en plus onéreuse. Les maraîchers eux-mêmes
déclarent qu'un hectare de parcelle, actuellement, coûterait au
minimum 25 000F.CFA et au maximum 750 000F.CFA avec une moyenne de 250
000F.CFA, selon la qualité des sols et la grandeur de la superficie
demandée. Or, ces mêmes terres étaient moins chères
il y a de cela une décennie, une génération, un demi-
siècle. M.S. affirme, « j'ai acheté mon terrain à
5 000 francs, il ya de cela 50 ans ».
B : Les modes de sécurisation des sites
maraîchers à Nouna
La sécurisation foncière qui prévaut sur
les sites maraîchers à Nouna est d'ordre coutumier. En effet, les
terres sont octroyées par les autorités coutumières et
sécurisées par les mêmes autorités. Les
autorités administratives n'interviennent donc pas dans la gestion des
périmètres maraîchers, ni au moment de l'accès
à la terre, ni dans la délivrance de titres de jouissances. La
seule intervention concerne la délivrance de Procès verbal (PV)
de palabre en cas d'achat signalé aux autorités communales. Selon
le Secrétaire général de la mairie de Nouna, « La
mairie de Nouna n'intervient pas sur les sites maraîchers. C'est
l'affaire des coutumiers ».
Globalement, il y a deux types de droits dans le régime
foncier coutumier : le droit total pour les détenteurs et le droit
partiel pour les exploitants. Coutumièrement, le détenteur ou
propriétaire de la terre a des droits d'exploitation, de don, de legs,
de prêt, etc. En revanche, l'exploitant, dans la majorité des cas,
a des droits d'utilisation de la terre en vue de produire et de récolter
des produits utiles à sa subsistance et à celle de sa famille.
1 : Le droit total
Le droit total coutumier est, dans une certaine mesure,
comparable au titre de propriété dans le droit
légiféré. Ce droit couvre surtout les familles des
populations autochtones notamment les familles installées en premier
à Nouna. Parce qu'ils ont hérité des terres de leurs
pères, ces détenteurs de droits coutumiers s'appuient sur cette
légitimité sociale et ne trouvent pas urgent, sinon
indispensable, de sécuriser
leurs terres par la détention d'un papier
administratif. K.B. affirme «j'ai hérité de cette terre
de mon père, il y a de cela 30 ans. Je ne vois pas pourquoi, j'aurai
besoin d'un papier pour le prouver encore ». Pourtant, les
problèmes ne manquent pas, surtout les dégâts de culture
par les animaux en divagation.
Le propriétaire terrien est,
généralement, le chef de lignage et de plus en plus le chef de
ménage homme. Ce dernier a beaucoup de prérogatives sur la terre
de ses ancêtres : droit d'usage, de disposition et de transfert.
Le droit d'usage a trait à l'utilisation du terrain
pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. Le droit de
disposition veut dire, tout simplement, que le propriétaire peut prendre
des décisions relatives à l'utilisation du bien et à sa
gestion. Quant au droit de transfert, il a trait à la possibilité
de céder le terrain à une tierce personne à titre
onéreux, en nature ou en espèces, ou même gratuitement.
Toutefois, le droit coutumier, dans ses principes d'antan,
n'admettait pas un droit de transfert définitif des terres à
autrui ; une manière de ne pas morceler et dilapider l'héritage
collectif de manière irréversible.
De nos jours, ce droit total concerne aussi les personnes
ayant acheté la terre au chef de terre. Certains affirment être en
sécurité, même sans papier administratif. S.A. nous confie
: « J'ai acheté ma parcelle au chef de terre il y a 9 ans. Ils
sont venus délimités et me donner le terrain. Je ne sais pas
combien il mesure. Nous nous sommes entendus et j'ai payé 25 000F. Je
n'ai pas peur qu'ils me retirent le terrain demain car ils ont donné
leur parole pour toujours ».
D'autres acheteurs, bien qu'ils se disent tranquilles, n'en
cherchent pas moins une relative sécurité par la loi. En effet,
50% des détenteurs de terres achetées ont pris le soin de
s'entourer d'un minimum de garanties en demandant des Procès verbaux de
palabre à la mairie que certains confondent avec le titre de jouissance
ou l'arrêté d'attribution. Cependant, les 50% n'ont aucun papier
administratif, alors que certains producteurs ont fait des investissements
conséquents sur d'assez grandes superficies (1 hectare). Pour O.S.
détenteur d'un site d'un (1) hectare, payé à 250 000F.CFA,
il y a de cela 20 ans, affirme : « Ce sont les responsables de terres
qui donnent la terre ou la mettent en location. La durée de la location
peut aller de 5 à 10 ans ; mais c'est dans les zones non loties. Je n'ai
pas de papier mais j'ai confiance qu'il n'y aura pas de problème. Le
seul problème que j'ai eu, c'est une fois,
tard dans la nuit, des gens sont rentrés voler mes
carottes, de même que des animaux parce que je n'ai pas de mur
». Quant à K.A., il affirme : « Le jardin
m'appartient. J'ai payé les 3 parcelles jumelées, il y a 6 ans,
à 45 000F soit 15 000F par parcelle au dougoutigui (chef de terre). Je
n'ai pas reçu de papier pour ça ». K.L., plus conscient
du risque de ne détenir aucun papier administratif, nous confie :
« Le plus souvent, je veux aller à la mairie pour demander des
papiers. Mais j'ai peur d'aller, car je ne sais pas combien cela va me
coûter ».
2 : Le droit partiel
Les exploitants des terres de maraîchage selon le
système de don, de prêt, de fermage ou de métayage
exploitent le fonds de terre en vue d'en tirer des produits utiles à
leur subsistance. Deux cas sont à expliciter. D'un côté, il
y a ceux qui exploitent gratuitement la terre et de l'autre, ceux qui
rémunèrent modestement le détenteur de terre. Ces
personnes qui ont emprunté la terre n'ont qu'un droit d'usage,
fût-il illimité sur les terres prêtées. Droit
précaire et révocable, le droit partiel comme son nom l'indique
n'est donc pas un régime sécurisé dans le cadre du
maraîchage car il limite les possibilités d'investissements
élevés sur la terre prêtée. Quant au fermage
à Nouna, il n'est pas du tout rentable, ni au prêteur, ni à
l'emprunteur. S.C. qui a loué la terre sur laquelle il travaille depuis
6 ans raconte : « Il m'a donné sa parcelle et je fais le
jardinage là-dessus. On s'est entendu et chaque année, je vais
lui donner 2 000F. Je sais que la terre ne m'appartient pas en totalité
car à tout moment, il peut la retirer ». En effet,
l'exploitant n'étant pas détenteur de la terre a peur que les
terres prêtées lui soient retirées à un moment
donné.
Pourtant, tous les maraîchers sont unanimes pour
affirmer que nul ne peut retirer une terre sur laquelle des investissements ont
été faits. Est-ce une conviction sociale issue des
expériences vécues ou juste une manière de s'auto-rassurer
?
Toujours est-il que, à Nouna, les terres
prêtées, d'une manière générale, peuvent
faire l'objet de retrait pour l'une ou l'autre des raisons suivantes, affirme
un coutumier de Nouna32 :
Si l'acquéreur retire la femme d'un autochtone.
L'immigrant peut faire le copinage ; c'est dire que les relations
adultérines sont tolérées. Par contre,
32 Entretien avec un coutumier de Nouna, M. Pascal
SYMBORO, SREH à la DPAHRH/ Kossi.
l'étranger n'a pas le droit de retirer et de garder
pour lui une quelconque des femmes de ceux qui lui ont donné la terre
sur laquelle il travaille pour gagner sa pitance. Ce serait une ingratitude
punie par le retrait de la terre prêtée au cas où il ne
restitue pas la femme. Il arrive même qu'on le chasse du village. Si
l'acquéreur a des relations sexuelles avec une femme en brousse. L'acte
sexuel est interdit au champ et en brousse d'une manière
générale. En cas de flagrant délit, le coupable doit se
soumettre à certains rites dont le refus entraîne le retrait des
terres prêtées.
Si l'acquéreur ne respecte pas cet aspect suivant des
coutumes, martèle un coutumier de Nouna : « Pour certains
sacrifices, les vieux de Nouna attrapent tout poulet en divagation hors des
concessions familiales. En ce moment, ils ne demandent pas l'aval du
propriétaire du poulet. Si les vieux attrapent un poulet en divagation
et que son propriétaire, qui se trouve avoir emprunté des terres
aux autochtones, se plaint que son poulet est dans le lot des poulets du
sacrifice et refuse que son poulet soit emporté, alors le retrait de sa
terre est imminent ».
Si l'acquéreur refuse aux femmes de la
communauté de ramasser ou de cueillir les amandes des arbres fruitiers
(karité, néré, etc.) dans son champ33.
Paragraphe II : Les problèmes d'accès
et de sécurisation des terres de maraîchage à
Nouna
A : Les problèmes d'accès aux terres de
maraîchage à Nouna / : Les problèmes d'accès
des femmes aux sites maraîchers à Nouna
Les femmes sont présentes sur les sites
maraîchers à Nouna. Toutefois, elles y travaillent, la plupart,
comme exploitantes, aux côtés des hommes : époux,
frère, père, etc. Elles n'ont pas une facilité
d'accès à la terre, laquelle s'acquiert, le plus souvent, par
héritage ou par achat. Sur le plan héritage, les femmes
n'héritent pas de la terre, laquelle est un bien patrilinéaire
qui se transmet de père en fils. Sur le plan achat, les femmes n'ont pas
un pouvoir d'achat leur permettant de s'octroyer des parcelles sur les sites
maraîchers. Celles-ci coûtent, par hectare, au minimum
33 Cas des champs de brousse ; ceci ne s'appliquant
pas aux terres des cultures maraîchères.
25 000F.CFA et au maximum 750 000F.CFA. Toutefois, la
majorité des enquêtés estime que l'hectare coûte,
environ, 250 000F.CFA.
Néanmoins, le groupement féminin «
Sababouyouma » a permis à quarante-cinq (45) femmes de travailler
sur un site d'un (1) hectare acquis en 1995 à 60 000F.CFA, grâce
à l'aide d'une ONG allemande ; ce qui a permis à ces femmes de
subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles
respectives.
2 : La question de l'accès à
l'eau
Après la terre, l'accès à l'eau est le
premier élément important dans toute entreprise de
maraîchage. A Nouna, 1/5e des maraîchers disposent d'un
système d'irrigation « moderne », avec des motopompes et des
systèmes de canalisation, qui conduit l'eau jusqu'aux plantes. Les
autres pratiquent un système d'exhaure traditionnel à travers le
puisage manuel de l'eau des puits à l'aide de puisettes et l'arrosage
manuel à l'aide de seaux et d'arrosoirs. Quelque soit le système
en place, la majorité des maraîchers est confrontée au
tarissement rapide de l'eau des puits qui freine les activités ; ce
d'autant plus que les puits ne sont pas profonds34. Or, la
disponibilité en eau est un facteur de sécurisation de
l'activité de maraîchage. C'est pourquoi, nombre de
maraîchers souhaitent vivement la construction d'un barrage dans la zone
de Babikolon et à défaut des retenues d'eau.
B : Les problèmes de sécurisation de
l'activité de maraîchage à Nouna 1 : La
sécurisation des terres et des intrants a : La
contiguïté des sites maraîchers avec les zones
d'habitation
Au nombre de cinquante (50)35, les maraîchers
à Nouna sont surtout présents aux périphéries des
secteurs 1 et 4. Au secteur n°1, la terre est disponible et
octroyée moyennant un certain montant à ceux qui la demandent.
D'où, la prolifération de maisons à usage d'habitation.
Or, si la ville se développe, elle attaque en même temps ces zones
situées en périphérie. Jadis éloignés des
habitations, les sites maraîchers sont désormais contigus aux
parcelles à usage d'habitation. Or, la proximité des hommes
menace la survie de l'activité, à long terme.
34 Cf. la figure 3 dans les annexes, qui
présente un puits de maraîchage au secteur 1 de Nouna, au mois de
janvier.
35 Programme des activités de Petite Irrigation
Villageoise (PIV) 2008/2009, Direction provinciale de l'agriculture, de
l'hydraulique et des ressources halieutiques (DPAHRH) de la Kossi, septembre
2008, 14 pages.
En effet, la priorité risque d'être
accordée au logement des ménages au détriment de la
culture des légumes, lesquels alimentent pourtant la commune urbaine de
Nouna et ses alentours.
De plus, la proximité des logements entraîne une
proximité des animaux qui, généralement, sont
laissés en divagation. Or, les animaux sont cités, par les
maraîchers, comme les premiers responsables des dégâts de
champs, suivis des vols.
b : L'accès aux intrants agricoles
D'abord, la pratique des cultures maraîchères
exige l'acquisition d'un matériel de travail adéquat en vue
d'optimiser les rendements. Or, le matériel de travail employé
par les maraîchers sur les sites à Nouna est assez désuet
et inadapté, nonobstant la présence de quelques motopompes.
Pourtant, l'acquisition de matériels modernes de travail permettra
d'augmenter la production et de prospecter de nouveaux marchés.
Tableau 1 : Types d'équipement utilisé par
les maraîchers à Nouna
Nature de l'équipement Nature de
l'équipement (suite)
Arrosoir Daba
Binette Pioche
Brouette Pic
Puisette Tuyau de canalisation PVC
Seau Appareil de traitement phytosanitaire
Motopompe
Sources : Enquête de terrain, janvier 2009.
NB : Cf. le coût du matériel de travail des
maraîchers en annexes.
Ensuite, les semences sont des facteurs non
négligeables dans la réalisation des cultures
maraîchères. Elles sont achetées, en boîte ou en
sachet, sur la place du marché. Quelques maraîchers s'en procurent
à Dédougou ou à Ouagadougou. La boîte de semences
d'oignons varie entre 12 000 et 12 500F.CFA, selon les producteurs, tandis que
la boîte de chou coûte 32 500F.CFA.
Enfin, les engrais permettent une plus grande et meilleure
production. Les plus utilisés à Nouna sont le NPK (engrais
composé) et l'urée (engrais simple).
Ces engrais sont disponibles sur la place du marché et
dans les boutiques en gros (sac de 50kg) ou en détail (sachet). Le prix
varie selon que l'achat se fait au
comptant ou à crédit, selon la
disponibilité de l'engrais et la qualité recherchée. Le
prix au comptant du sac de 50kg, varie de 15 000 à 20 000F.CFA pour le
NPK et de 14 000 à 16 000F.CFA pour l'urée. Cependant, la
qualité des engrais est souvent décriée. En effet, les
maraîchers se sentent souvent arnaqués tant pour les engrais que
pour les produits phytosanitaires. Ainsi, Pour K.L., « Si nous avons
du bon engrais, ça nous arrange. Pas de bon engrais, pas de bonne
production. Les revendeurs nous vendent parfois du mauvais engrais. Le bon
engrais est celui de la Sofitex36 ».
Notons que la DPAHRH de la Kossi a été
dotée en engrais NPK et en urée pour la saison hivernale
2007-2008 afin de soutenir les activités des producteurs. Cependant, cet
engrais n'était destiné qu'aux riziculteurs, amenant des
maraîchers à passer par ceux-là pour commander de l'engrais
qui ne leur est pas destiné.
Le tableau suivant donne les deux modes de cession des engrais et
les coûts y correspondants à la DPAHRH/Kossi.
Tableau 2 : Coût des engrais au comptant et à
crédit à la DPAHRH/Kossi
Nature de l'engrais Vente au comptant (F.CFA) Vente
à crédit (F.CFA)
NPK 13 500 14 500
Urée 12 500 13 500
Source : DPAHRH, Régisseur, août 2008.
En somme, le matériel de travail, les semences et les
engrais sont des gages d'une production en quantité et en
qualité. Aussi, il est important que les maraîchers aient
accès à des outils de travail subventionnés et à
des circuits fiables et réguliers pour le secteur des intrants que la
contrefaçon n'épargne pas.
2 : La sécurisation par la formation des
hommes et la commercialisation des
produits maraîchers
a : Connaissances et formation des
maraîchers Du sophiste Protagoras d'Abdère qui affirmait
que « l'homme est la mesure de toute chose » à
l'économiste Théodore Schultz qui titrait son ouvrage
emblématique « Il n'y a de richesse que d'hommes », il est
admis que l'homme est au début et à la fin
36 Société de fibres et textiles
(SOFITEX) du Burkina Faso.
de tout processus économique et en conditionne le
succès. Pour que la ressource humaine puisse jouer le rôle qui est
le sien, il faut qu'elle soit formée et en bonne santé.
La formation, dans le cadre des cultures
maraîchères a trait à la connaissance des techniques
culturales, des moments de préparation des parcelles, des
variétés à cultiver en fonction de la saison (cf. tableau
ci-dessous), du type de sol, de la capacité à détecter les
maladies et à combattre quelques unes avant l'arrivée des
techniciens d'agriculture.
Tableau 3 : Spéculations des cultures
maraîchères à Nouna
Noms scientifiques
|
Spéculations
|
Spéculations les
plus pratiquées
|
Allium cepa
|
Oignon
|
Oignon
|
Brassica oleracea
|
Chou
|
Chou
|
Solanum anonalum
|
Aubergine locale (goyo)
|
Aubergine locale (goyo)
|
Solanum melongena
|
Aubergine améliorée
|
|
Daucus carota
|
Carotte
|
|
Lactuca sativa
|
Laitue
|
|
Lycopersicum esculentum
|
Tomate
|
|
Phaseolus vulgaris
|
Haricot vert
|
|
Cucumis sativus
|
Concombre
|
|
Capsicum frutescence
|
Piment
|
|
Spinacia oleracea
|
Epinard
|
|
Hibiscus sabdariffa
|
Oseille de Guinée
|
|
Cucurbita pepo
|
Courgette
|
|
Hibiscus esculentus
|
Gombo
|
|
Sources : Enquêtes de terrain, janvier 2009.
NB : Ce tableau montre que les cultures fruitières sont
très peu prospectées sur les sites maraîchers à
Nouna.
La qualité des hommes a aussi une dimension «
formation continue » à travers des causeries-débats et des
séances de démonstration in situ avec les services
d'encadrement technique du Ministère en charge de l'agriculture. A ce
propos, les Unités d'animation technique (UAT) et les Zones d'appui
technique (ZAT) font un travail appréciable d'animation en
matière agricole avec les producteurs de la Kossi. Toutefois, en ce qui
concerne le maraîchage à Nouna, leur contribution est presque
mitigée. En effet, les maraîchers de notre échantillon,
déclarent n'avoir aucun appui technique, ne reçoivent aucune
formation ou encadrement dans le cadre de leurs activités de
maraîchage.
Or, les maraîchers à Nouna rapportent les
maladies (et ennemis) des cultures maraîchères suivantes : les
chenilles, les mouches blanches, les criquets, les pucerons, les sautereaux et
les termites. Celles-ci sont combattues au moyen de divers produits sanitaires,
dont Batik WG, Master et Décis EC, sans recours aux services techniques
d'agriculture. Une situation dommageable qui a fait souvent perdre des
quantités énormes de production, comme ce fût le cas de la
parcelle de tomates d'un maraîcher qui, désormais, hésite
à réinvestir dans cette spéculation, pourtant porteuse.
Il en est de même pour K.L., maraîcher au secteur
1 de Nouna : « J'ai vu les choux d'un jardinier en très mauvais
état. Il a appliqué un produit qui a arrêté la
croissance des choux. C'était horrible à voir. Moi-même,
j'ai eu ce problème. Cette année, j'avais une
variété d'oignons touts petits qui pourrissaient sans mûrir
à terme. J'étais obligé de les arracher et de les vendre
pour sauver le peu qui me restait. Souvent, la solution vient des anciens.
Entre nous jardiniers, il y en a qui ont duré dans ce métier.
Alors, je leur demande et ils me donnent des conseils ». Moins
loquace, K.A. affirme tout simplement que « Le traitement ne prend pas
toujours ».
En revanche, la DPAHRH de la Kossi estime mener des
séances de sensibilisation à l'endroit des maraîchers. Par
la voix de son Directeur, M. Romain COULIBALY, elle avance que 15
maraîchers ont bénéficié d'une formation d'une
journée en 2008. Lors de cette rencontre, une formation en
sécurisation foncière a été dispensée et par
la suite cinq (5) conflits fonciers ont été résolus,
grâce à leur médiation.
La DPAHRH devra travailler à élargir sa cible et
à diversifier les thèmes, lors des prochaines séances de
sensibilisation.
b : Commercialisation des produits maraîchers
Si les hommes sont le moteur de toute activité humaine,
les ressources financières en sont le carburant. Nerf de la guerre mais
aussi tendon d'Achille, l'argent favorise l'accès à la terre,
l'acquisition du matériel de travail, des fertilisants, des semences, le
paiement des rentes des ouvriers agricoles, etc. Grâce à la
commercialisation de leur production, les maraîchers arrivent à
stabiliser ou à augmenter leur fond de roulement. Mieux, les
bénéfices engrangés leur permettent de subvenir à
leurs besoins et à ceux de leurs familles.
Notons que la commercialisation des cultures
maraîchères est locale (Nouna) mais concerne aussi les villages
autour de Nouna et d'autres chefs lieux de province, tels Solenzo et
Dédougou. La principale difficulté, pour la commercialisation des
produits maraîchers dans les zones situées hors de la ville de
Nouna, reste celle du déplacement, à cause du mauvais état
des routes, surtout en hivernage. Notons que la vente se fait au comptant mais,
le plus souvent, à crédit auprès des restaurateurs et des
vendeuses de légumes au marché. Ces dernières,
après avoir vendu les légumes, déduisent leurs
bénéfices pour reverser le montant dû aux producteurs.
Malheureusement, certaines d'entres elles n'honorent pas toujours le contrat,
mettant le maraîcher dans une situation délicate pour le
recouvrement de ses fonds. A ce propos, D.O., vendeuse de légumes au
marché de Nouna37 raconte : « J'achète
à crédit et je rembourse au bout de 3 à 4 jours. J'ai
déjà rencontré des difficultés. Une fois, je
manquais d'argent pour rembourser. J'ai dû prendre l'argent chez une
autre personne pour rembourser en attendant de gagner l'argent ».
Plus chanceuse, S.B.38 avoue « Je n'ai jamais
rencontré de problème de remboursement. J'achète à
crédit et je rembourse au bout de 4 jours ».
Ces vendeuses de légumes s'approvisionnent
généralement auprès des maraîchers à Nouna
mais en période de pénurie, elles prospectent d'autres
fournisseurs à BoboBoura, Dédougou et Sono. Mais ces longs
trajets grèvent les recettes dans la mesure où elles perdent
entre 5 000 et 10 000F.CFA de bénéfices par mois.
Il en est de même pour les restaurateurs de la ville de
Nouna. Gérant du restaurant « NF » situé au secteur 6,
K.A.W., avance : « Nous achetons les légumes au comptant,
parfois à crédit quand on est bloqué. Quand c'est à
crédit, la personne passe chaque jour prendre quelque chose. C'est comme
une tontine. Avec le système de crédit, nous avons
déjà rencontré quelques petits problèmes. Certes,
on a pu vendre les repas et gagner l'argent mais on attendait les
bénéfices. On ne pouvait pas prendre le fonds de roulement pour
rembourser et s'assoir. On a donc duré un peu avant de payer notre
dette. Mais comme c'est un fournisseur qui est là en permanence avec
nous et qu'il y a la confiance, on s'est compris et on continue de travailler
ensemble ». Embouchant la même trompette, S.N. du Restaurant
« LT » situé au secteur 3 affirme : « Une fois, j'ai
rencontré une difficulté de remboursement.
37 Dafing, Mariée, monogame, 2 enfants, Secteur
1, musulmane, études coraniques.
38 Samo, Célibataire, sans enfant, Secteur 2,
non scolarisée.
Comme vous savez, dans tout métier, il y a des hauts
et des bas. Mais avec la confiance, on a surmonté ce problème
entre mon fournisseur et moi ».
Il n'est pas besoin d'être clerc pour savoir que la
sécurisation de l'activité de maraîchage à Nouna
passe aussi par la commercialisation de la production. Si les crédits
contractés par les clients ne sont pas remboursés à temps
et entièrement, si des légumes pourrissent faute d'acheteurs, il
est à craindre que les maraîchers rencontreront des
difficultés à recouvrer leur fonds de roulement, a
fortiori engranger des bénéfices.
Tout compte fait, les maraîchers à Nouna se
battent, comme le montre ce compte d'exploitation de O.S., gros producteur
d'Allium cepa (les oignons) bulbes et de Brassica oleracea (les choux) au
secteur 4.
Tableau 4 : Compte d'exploitation du maraîcher O.S.,
sur une période de 12 mois
Rubrique
|
Quantité
|
Montant unitaire
|
Montant total
|
Dépenses d'investissement
|
|
|
1 545 000
|
Engrais
|
|
|
150 000
|
NPK (sac de 50kg)
|
6
|
20 000
|
120 000
|
Urée (sac de 50kg)
|
2
|
15 000
|
30 000
|
Semences
|
|
|
1 165 000
|
Oignon (boîte)
|
30
|
28 000
|
840 000
|
Chou (boîte)
|
10
|
32 500
|
325 000
|
Traitement phytosanitaire
|
20
|
2 500
|
50 000
|
Ouvrier (paiement de la rente)
|
12
|
15 000
|
180 000
|
Chiffre d'affaires
|
|
|
12 000 000
|
Oignons (sac de 100kg)
|
475
|
20 000
|
9 500 000
|
Chou (sac de 100kg)
|
200
|
12 500
|
2 500 000
|
Résultat Net (Solde)
|
|
|
10 455 000
|
Sources : Enquête de terrain, janvier 2009.
Ce compte d'exploitation, que nous avons tenté de
reconstituer à partir des données de l'enquête, ne rend pas
exactement compte de la situation réelle. De plus, il concerne un
maraîcher qui fait d'excellentes productions (675 sacs par an). Enfin,
certains frais ne sont pas comptabilisés, même s'ils s'amortissent
pendant un certain temps : coût de la parcelle, du matériel de
travail (motopompe, tuyau de canalisation, arrosoir, binette), etc. Toutefois,
il donne une idée de la rentabilité financière de
l'activité, soit un bénéfice net de plus de 10 millions de
francs CFA par an.
DEUXIEME PARTIE : ANALYSES DE L'ACCES A LA TERRE ET
DE LA SECURISATION FONCIERE SUR LES SITES MARAICHERS A NOUNA
Dans cette partie, nous allons d'abord analyser les situations
que sont l'accès à la terre et la sécurisation
foncière sur les sites maraîchers à Nouna ; puis nous
proposerons des solutions en vue d'une meilleure exploitation desdits sites.
CHAPITRE I : ANALYSES CRITIQUES Section 1 De la
question des groupes spécifiques
Principale richesse des populations en zone rurale,
l'accès à la terre n'est pas pour autant « la chose la mieux
partagée » à Nouna. Depuis la loi portant RAF de 1984 et son
décret d'application de 1985, la terre est un droit pour ceux qui
l'exploitent.
Embouchant la même trompette, la Constitution du 2 juin
1991 en son article 15 alinéa 1, dispose que « le droit de
propriété est garanti » pour chaque Burkinabè. Ce
droit est donc reconnu à tous, quelque soit le sexe, la situation
matrimoniale, la religion, l'ethnie...
Enfin, l'article 62 de la loi portant RAF de 1996 dispose que
« les terres urbaines ou rurales du domaine foncier national sont
attribuées aux personnes physiques, sans distinction de sexe ou de
statut matrimonial et aux personnes morales dans les conditions fixées
par les textes en vigueur ».
Mais dans la réalité, il n'y a pas toujours une
correspondance mécanique et effective entre les prescriptions de la loi
et les réalités sur le terrain.
Paragraphe 1 De la situation des femmes
Les femmes constituent 49,6% de la population nounalaise,
selon les résultats définitifs du Recensement
général de la population et de l'habitation (RGPH)
200639. Cependant, elles sont très souvent
marginalisées sur le plan économique, politique et social. A
Nouna, l'accès aux terres de maraîchage se fait
généralement par héritage ou par achat.
L'héritage est patrilinéaire, excluant de
facto la gente féminine. La raison évoquée, c'est que
la femme, par l'acte de mariage, quitte sa famille pour rejoindre celle de son
mari40. Une fois mariée, la femme est
considérée comme une étrangère au niveau de la
famille de son époux et échappe une fois de plus au
système d'héritage.
39 Résultats définitifs du recensement
général de la population et de l'habitation (RGPH) 2006, INSD,
juillet 2008. Cf. le tableau 6 en annexes pour les détails sur la
population de Nouna.
40 Les sociologues qualifient ce système de
logement où la femme quitte son domicile pour celui du conjoint de
« virilocalité ».
De plus, Nouna est une ville fortement islamisée. Selon
l'islam, la femme a droit à l'héritage mais elle n'est pas sur le
même pied que l'homme puisqu'elle reçoit, en
général, le tiers ou la moitié de ce que l'homme
reçoit.
De plus, les femmes n'ont pas un droit d'appropriation mais
plutôt un droit d'exploitation provisoire, précaire, qui peut
cesser à tout moment. En effet, écrit Mme GUINGANI née
ZOURE Aminata (2001-2002)4', les
femmes n'ont pas le droit d'accéder à la propriété
de la terre car celle-ci est intimement liée aux rites familiaux et aux
cultes voués aux ancêtres, apanage des hommes dans les
sociétés patrilinéaires dagara, gourmantché, mossi,
bissa et sénoufo. Le droit foncier coutumier reste alors une affaire
d'hommes. C'est pourquoi, elle résume le statut foncier des femmes en
trois termes : « incertitude, inégalité et
insécurité ».
Sauf dans le cas de l'achat, la femme, à Nouna, ne peut
accéder à la terre que par le biais de son époux ou d'une
tierce personne. A ce moment, elle travaille la terre aux côtés de
son mari ou de ses frères. Même dans le cas de l'achat, nombreuses
sont les femmes qui ne sont pas nanties économiquement et donc capables
de s'acheter une parcelle. C'est pourquoi, elles s'unissent souvent dans le
cadre associatif. C'est le cas du groupement « Sababouyouma » de
Nouna. Sur un site de un (1) hectare, acheté il y a 14 ans à 60
000FCFA aux détenteurs de droits fonciers coutumiers, quarante-cinq (45)
femmes y travaillent et subviennent aux besoins de leurs familles, grâce
aux bénéfices engrangés. Elles récoltent deux fois
par an, en moyenne, 450 sacs de 100kg de spéculations diverses.
Ces femmes battantes, on les retrouve également comme
vendeuses de légumes au marché de Nouna. Grâce à
leur travail, elles s'occupent mieux du repas de la famille, pourvoient
à certains besoins, scolarisent les enfants, s'achètent des
vêtements, des moyens de locomotion... Le visage souriant, T.F., vendeuse
de légumes au marché de Nouna affirme fièrement :
« Avec la vente des légumes, j'ai acheté un vélo
».
Certes, la situation des femmes sur les sites maraîchers
à Nouna n'est pas reluisante. Somme toute, l'activité leur permet
de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles
respectives.
41 Mme GUINGANE/ZOURE Aminata (2001-2002), Le
statut de la terre et son accessibilité par la femme au Burkina
Faso, sous la direction de M. Valentin OUOBA, Mémoire ENAM, section
Administration Générale.
Paragraphe II : Du cas des migrants et des jeunes
La province de la Kossi est une zone d'accueil des migrants,
par excellence. Ces derniers sont venus surtout du nord Ouahigouya pour ce qui
est des Mossi, du delta intérieur du Niger, du manding pour les Samo et
les Dogon et du Macina (Mali) pour les peulh des départements de Barani
et de Dokuy42.
Sur le site maraîcher de Nouna, les migrants ont leur
place, de façon individuelle ou collective. De plus, ils affirment,
comme G.M., « être bien insérés dans la
société nounalaise. Il s'agit, surtout, des Mossi
originaires du Nord du Burkina Faso.
Au secteur 4 par exemple, il existe un groupement mossi qui
dispose d'un (1) hectare de terrain, depuis deux décennies. La
production est mécanisée avec des motopompes. La récolte
est satisfaisante, sinon l'une des meilleures à Nouna, avec trois
récoltes par an et environ 675 sacs de 100kg de spéculations
diverses, dont l'oignon bulbe, principalement. Le chiffre d'affaires est
très intéressant car, il tourne autour de 15 millions de francs
CFA par an.
Malheureusement, ces producteurs migrants ne disposent d'aucun
papier administratif qui témoigne de leur droit de détention ou
d'exploitation de la terre. C'est également le cas des jeunes
nounalais.
C'est un fait que la population burkinabè est
essentiellement jeune, puisque 78,22% de cette population a moins de 35
ans43. Paradoxalement, les adolescents et les jeunes sont
généralement sans emploi et bénéficient de moins en
moins de réseaux traditionnels de solidarité à cause de la
crise économique.
De structuration gérontocratique, la
société nounalaise donne la suprématie aux hommes,
notamment aux aînés, de sorte que les cadets et les femmes
occupent une position marginale dans la prise de décision, bien que ce
soit une couche nombreuse, disponible à toute épreuve et
dynamique44.
Bras valides, les jeunes ne sont pas payés pour aider dans
l'entreprise familiale de maraîchage, bien qu'ils soient une main
d'oeuvre disponible à toute épreuve.
42
Plan communal de développement, 2004-2008, Commune de
Nouna, Sahelconsult, version définitive, février 2005, 168 pages
sans les annexes.
43 La population de 0 à 34 ans est de 10 963
979 sur 14 017 262, pour la population totale du Burkina Faso. Source :
Résultats définitifs du Recensement général de la
population et de l'habitation (RGPH) 2006, I NSD, juillet 2008.
44 Plan communal de développement, 2004-2008,
Commune de Nouna, Sahelconsult, version définitive, février 2005,
168 pages sans les annexes.
Les jeunes représentent plus de 80% de la main d'oeuvre
travaillant sur les sites maraîchers mais seulement 5% d'entre eux
reçoit une rémunération contre le travail fourni.
Socialement, tout jeune a le devoir de travailler sans
paiement monétarisé dans le champ familial. Et pour cause, le
fait de se nourrir de ce gagne-pain familial est amplement suffisant. B.K.
maraîcher au secteur 4, trouve choquant de payer les jeunes qui
travaillent avec lui : « Ce sont des enfants, des neveux et des
cousins. On est tous ensemble. Je ne vois pas pourquoi, je les payerai comme
s'ils sont des étrangers. Je satisfais à leurs besoins et on
s'entend bien ».
Le problème se pose quand un membre de la famille brade
la terre familiale au détriment des intérêts du groupe. De
plus, les sols ne sont plus fertiles comme par le passé et le
morcellement croissant des terres de cultures entre les différentes
unités familiales, en cas d'héritage, rendent la situation
davantage problématique.
Section II : Des difficultés liées au
transport et à la commercialisation des produits
maraîchers
La rentabilité d'une exploitation agricole ne
dépend pas seulement de l'accès à la terre et de la
sécurisation foncière, dans leur stricte acception. Elle
dépend aussi de l'état des routes et de l'écoulement de la
commercialisation. Or, à Nouna, les dures réalités du
transport et des débouchés sont un inconvénient de taille
pour la réussite de la filière « maraîchage ».
Paragraphe I: Du transport des produits maraîchers
« Je m'approvisionne au marché de Nouna mais
souvent, je me tourne vers Bobo et le Sourou surtout en cas de rupture. Mais la
principale difficulté pour le Sourou, c'est quand il y a une panne sur
la route. Avec le mauvais état des routes, aucun transporteur ne veut
mettre un bon véhicule. Les pannes sont donc fréquentes et
parfois les tomates pourrissent en cours de route. Par exemple, pendant la
saison des pluies, je préfère faire Nouna-Dédougou-Bobo
pour acheter mes condiments et revenir vite en dépensant plus que de
faire la directe Nouna-Bobo car il y a des chances que je reste bloquée
par des pannes pendant des jours ». Cette affirmation de la
restauratrice S.M. est révélatrice de l'état des routes
dans la Kossi et de façon
générale dans la région de la Boucle du
Mouhoun, qualifiée de parente pauvre en dispositif de transport routier
de qualité.45 L'accessibilité difficile handicape le
développement de la région en général et celui des
provinces en particulier. Dans la Kossi, par exemple, nombreuses sont les
localités qui sont inaccessibles, voire enclavées en hivernage.
On peut citer, Dokuy, Madouba, Kombori et Sono.
Nombreux sont les auteurs qui se sont penchés sur cette
question de transport comme Hal Hellman (1976)46, Mme Nabollé
née Kaboré Marie Denise Panogb- Né
(2002-2003)47 et Paul Nyaméogo (1983-1984)48, sans
oublier les textes existants en matière de transport49. Paul
Nyaméogo (1983-1984)5°, par exemple, estime que «
des routes doivent être créées et entretenues pour
permettre aux producteurs des zones rurales de joindre facilement les centres
d'écoulement de leurs produits ».
Et pour preuve, la route du développement passe par le
développement de la route. Néanmoins, il n'y a aucune fermeture
territoriale absolue et définitive. C'est le cas actuellement, avec la
construction de la route Koudougou-Dédougou dont le démarrage est
prévu pour novembre-décembre 20095'.
Paragraphe II : De la commercialisation des produits
maraîchers
Au 30 juin 2007, écrit Madi Savadogo (avril-juin 2007),
la production agricole totale dans la région de la Boucle du Mouhoun
faisait état de 62 912 tonnes dont 47 165 pour les cultures
maraîchères. On note donc une nette domination des cultures
maraîchères qui représentent, à elles seules, 75%
des productions engrangées.
45 Le chef-lieu de la région de la Boucle du
Mouhoun (Dédougou) n'est pas relié à Ouagadougou par une
ligne directe entièrement bitumée.
46 Hal Hellman (1976), Nourrir l'homme de
demain, Editions Nouveaux Horizons, New York, 270 pages. Dans
l'épilogue de son ouvrage, il insiste sur la nécessité de
diriger la construction de routes au même titre que la construction des
réseaux d'irrigation.
47 Mme NABOLLE/KABORE Marie Denise Panogb-Né
(2002-2003), La problématique du transport rural au Burkina
Faso, sous la direction de M. LOYA T. Bruno, Mémoire de fin de
cycle pour l'obtention du diplôme de l'ENAM, Section Administration
Générale.
48 NYAMEOGO Paul (1983-1984), Cultures de rente et
développement rural en Haute-Volta, Sous la direction de M. YODA B.
Alain, Mémoire ENA, Section Conseiller des Affaires Economiques.
49 Adoption d'un document de stratégie
nationale du transport rural par Décret n°2003-
138/PRES/PM/MITH/MAHRH/MATD/MFB/MCPEA du 14 mars 2003.
50 NYAMEOGO Paul (1983-1984), Cultures de rente et
développement rural en Haute-Volta, Sous la direction de M. YODA B.
Alain, Mémoire ENA, Section Conseiller des Affaires Economiques, page
45.
51 Journal télévisé, session de
20heures du lundi 9 mars 2009 présenté par Alfred Nikièma.
Interview du Ministre des infrastructures et du désenclavement, Monsieur
Seydou KABORE.
Quant à la Kossi, poursuit-il, sur une production
totale de 2 076,6 tonnes, les cultures maraîchères se sont
taillé la part du lion avec 1 302 tonnes, soit 63% de la production
engrangée52.
A Nouna, pour la campagne de Petite irrigation villageoise (PIV)
2008-2009, la superficie totale emblavée en maraîchage est de 19
hectares53.
Tous les maraîchers de Nouna sont unanimes sur le fait
que les cultures maraîchères ont une très bonne
rentabilité financière. Leur production est écoulée
à Nouna et dans les villages voisins. Quelques maraîchers ont des
circuits de vente plus élaborés, allant de Nouna à
Dédougou, en passant par Solenzo. La vente se fait, par ordre
décroissant, en gros, demi-gros et en détails. Les principaux
clients sont les restaurateurs et les vendeuses de légumes au
marché de Nouna. Les maraîchers, sauf ceux du groupement
féminin « Sababouyouma », ne sont pas organisés en
association pour vendre, de façon concertée, leur production.
Chacun développe des stratégies individuelles pour maximiser ses
bénéfices. Dans ces conditions, il arrive que les légumes
pourrissent à cause de l'absence d'acheteurs ou encore, ce sont des
acheteurs à crédit qui rechignent à payer leurs dettes.
Les maraîchers à Nouna ne tiennent pas toujours
compte de certains facteurs rationnels qui dictent les choix des consommateurs.
Ce sont, entre autres, la disponibilité du produit, sa qualité et
son coût. Par exemple, la diversification de la production est le
principal noeud. Chacun cultive de l'oignon ou des choux, à la
même période, pour vendre aux mêmes clients. Au
finish, l'on assiste à un déficit chronique ou a
contrario à une abondance de la même spéculation.
C'est ainsi qu'en situation d'abondance, le producteur peut subir des pertes en
nature (pourriture des légumes non payés) ou en espèces
(achat au bas prix des spéculations proposées).
Les solutions pourraient résider dans le regroupement des
maraîchers, dont l'expérience des producteurs de tomates de
Illa54, en la matière, est enrichissante.
52 « Physionomie de la campagne agricole 2007-2008 au 30
juin 2007 » Madi SAVADOGO, in Echo 002, avril-juin 2007, DRAHRH/
Boucle du Mouhoun, pages 3-5.
53 Programme des activités de Petite Irrigation
Villageoise (PIV) 2008/2009, Direction provinciale de l'agriculture, de
l'hydraulique et des ressources halieutiques (DPAHRH) de la Kossi, septembre
2008, 14 pages.
54Illa est un village situé à l'est
de la commune rurale de Barani, dans la province de la Kossi. Les
maraîchers ont produit de la tomate hors saison (mois de mai),
période à laquelle les prix sont rémunérateurs,
grâce à l'appui technique et à la recherche de
débouchés par la DPAHRH/Kossi. Sur une superficie de 36 hectares,
les producteurs ont obtenu 320 tonnes de tomates et ils ont
commercialisé la totalité de la production à des
commerçantes venues du Ghana à des prix très
rémunérateurs. Confère « Le défi des
producteurs de Illa », Romain COULIBALY, DPAHRH/Kossi, in Echo
n°006, avril-juin 2008, DRAHRH/ Boucle du Mouhoun, page 19.
CHAPITRE II : SUGGESTIONS POUR UN ACCES SECURISE
AUX TERRES DE MARAICHAGE A NOUNA
Section 1 De l'accès à la terre
L'accès à la terre et la sécurisation
foncière sur les sites maraîchers sont des conditions essentielles
pour un développement de la filière légumes à
Nouna. Encore faut-il que certaines contraintes soient levées.
D'où les présentes suggestions.
Paragraphe 1 Propositions d'ordre général
A Nouna, l'accès à la terre par le biais des
coutumiers demeure le principal recours. L'accès aux terres de
maraîchage devient de plus en plus problématique car, elles
deviennent rares. L'héritage et l'achat sont les principales formes
d'accès. Comment faciliter l'accès et la valorisation des terres
de maraîchage ?
L'organisation en groupement pourrait être une
alternative salvatrice. Certes, les groupements de maraîchers ne manquent
pas. Selon K.A.W. « Ce n'est pas que les associations n'existent pas ;
c'est plus fictif que réel. C'est juste pour disposer d'un fonds
à un moment donné, se le partager et après, rien
». Néanmoins, il reconnaît : « Il faut une
solution collective. Les maraîchers sont nombreux et font du bon travail
mais individuellement, chacun dans son coin, pour avoir son gain. S'ils se
retrouvaient, il y'aurait plus d'avantages ». Plus
découragé des structures associatives, S.A. avoue d'une voix
triste : « Je ne fais plus partie des groupements. Avant, j'en faisais
partie mais, ça n'a pas marché. On m'a pris pour un idiot.
Maintenant, je suis indépendant ».
Pourtant, une saine organisation des producteurs, en groupement,
permettrait :
· D'agrandir les superficies emblavées ;
· De moderniser les équipements ;
· De conjuguer les connaissances pour produire en
quantité et en qualité ;
· D'octroyer des terres aux couches
défavorisées, en l'occurrence aux femmes ;
· De commercialiser en groupe, pour gagner plus de
bénéfices ;
· De contrôler les transactions foncières sur
les sites maraîchers, entre les propriétaires coutumiers et les
exploitants.
Paragraphe II Propositions d'ordre spécifique
L'accès des femmes aux sites maraîchers à
Nouna reste difficile. Elles dépendent grandement des hommes, dans ce
domaine. Pour une réelle émancipation, les femmes pourraient :
Se regrouper dans des cadres associatifs pour accéder,
plus aisément, à la terre, surtout que leur pouvoir
économique est faible pour leur permettre des achats individuels de
terres de maraîchage ;
Donner l'exemple dans leurs sites de maraîchage. Cela
passe par un travail bien fait et un investissement des bénéfices
de l'activité, par exemple, dans la scolarisation des enfants. Ainsi,
les hommes pourraient mieux les soutenir dans leur accès aux bonnes
terres, dans la mesure où, le résultat final profite à
toute la famille.
Quant aux migrants et aux jeunes, ils ne rencontrent pas de
grandes difficultés, comme les femmes. Toutefois, le problème
crucial pour ces groupes, comme pour les autres, reste la raréfaction
des terres de maraîchage, avec l'extension de la ville et l'absence de
titres de jouissance pour sécuriser leurs terres.
Section II De la sécurisation
foncière Paragraphe I Propositions d'ordre
général
La meilleure sécurisation sur les sites
maraîchers à Nouna viendrait des titres de jouissance. Il est
admis que lorsque la terre est sécurisée, sa valeur augmente. La
commune de Nouna pourrait demander l'élaboration d'un schéma
directeur d'aménagement des bas-fonds de la ville. Une fois la situation
diagnostiquée, elle pourrait procéder à l'octroi de titres
de jouissance aux maraîchers. Ces derniers pourraient se regrouper en
associations dynamiques, en vue de bénéficier de grandes
superficies pour l'exploitation.
De plus, il y a lieu de trouver une solution de
complémentarité, telle que la constatation des droits coutumiers,
en vue de leur officialisation. La coutume, au Burkina Faso, ne doit pas
être perçue comme rétrograde, à formes multiples,
donc difficile à prendre en compte dans la législation. Nous
prônons une anthropologie juridique, dans le cadre de l'accès
à la terre et de la sécurisation coutumière, mais de
manière clarifiée, c'est-à-dire un
dispositif crédible à côté du dispositif juridique
officiel. En attendant donc la délivrance de titres de jouissance aux
maraîchers à Nouna, il est nécessaire d'établir des
attestations de prêts, de vente ou d'héritage aux
détenteurs de droits coutumiers sur les sites maraîchers et
préciser, par la même occasion, leur nature et leur
durée.
Paragraphe II : Propositions d'ordre spécifique
La sécurisation n'est pas un état. C'est un
processus complexe et multiforme. Elle concerne tant la sécurisation de
la terre décrite ci-dessus, la sécurisation des groupes
spécifiques tels que les femmes, les migrants, les jeunes, mais aussi,
la question de l'eau, du transport et de la commercialisation des produits
maraîchers.
A : De la sécurisation des droits des groupes
vulnérables sur les sites maraîchers
La sécurisation des droits fonciers des femmes, des
migrants, des jeunes sur les sites maraîchers à Nouna passerait
par :
La clarification de leurs droits sur la terre. Il y a lieu de
connaître la nature de ces droits (exploitants ou détenteurs),
leur durée, etc. ;
La délivrance de titres de jouissance ou de tout autre
papier administratif aux
groupes vulnérables, qu'ils soient détenteurs ou
exploitants de la terre.
B : De la sécurisation de l'activité de
maraîchage 1 : La sécurisation par un meilleur accès
à l'eau, aux routes et aux
débouchés a : Un meilleur accès
à l'eau
L'activité de maraîchage pourrait perdurer toute
l'année, en fournissant des légumes à tout moment aux
consommateurs et en apportant des revenus élevés aux
maraîchers grâce :
Au creusage de puits maraîchers à grand
diamètre, au profit des groupements de maraîchers ;
A la construction d'un barrage, ou à défaut d'une
retenue d'eau, pour la commune ; ce qui profiterait, par la même
occasion, aux maraîchers à Nouna.
b : Des routes en bon état
Nous estimons que le développement de la ville
entraînerait certaines évolutions positives qui, par ricochet,
pourraient également profiter aux maraîchers. Il s'agit :
De l'aménagement d'un bon réseau de routes et
de pistes. Il s'agit surtout de la route Koudougou-Dédougou-Nouna et des
routes internes, reliant la commune urbaine de Nouna aux neuf (9) communes
rurales de la Kossi. Cela permettrait de dynamiser les activités de
production et de commercialisation des produits maraîchers à Nouna
et dans les villages environnants ;
Du renouvellement des véhicules de transport en
commun, désuets et sujets à de nombreuses pannes. Notons que
l'aménagement du réseau routier pourrait encourager les
opérateurs économiques à renouveler leur parc
automobile.
c : L'écoulement des produits maraîchers
La résolution du problème de débouchés
pourrait venir de :
l'identification de spéculations porteuses ;
la diversification des spéculations et des
périodes de production ;
l'identification des acheteurs locaux et extérieurs ; la
négociation de prix rémunérateurs, etc.
2 : Recommandations pour sécuriser les
sites maraîchers face à l'extension de la ville
A long terme, l'accroissement des parcelles, à usage
d'habitation, menace la survie des sites maraîchers. C'est pourquoi, il
serait judicieux de :
Recenser les maraîchers, les superficies emblavées
et les sites potentiels de maraîchage à Nouna ;
Délimiter d'ores et déjà les sites de
maraîchage et les préserver des opérations de lotissement
à usage d'habitation. Il est à espérer que
l'élaboration du futur Schéma directeur d'aménagement et
d'urbanisme (SDAU) de Nouna résolvera cette question.
CONCLUSION GENERALE
Aux termes de notre étude, nous savons que le
régime foncier coutumier est la principale voie d'accès et de
sécurisation des terres de maraîchage à Nouna
(Hypothèse principale). En effet, l'accès aux terres de
maraîchage se fait, principalement, selon le régime foncier
coutumier. De plus, la sécurisation des sites se fait toujours selon le
régime foncier coutumier sauf que certains producteurs qui ont
acheté la terre aux autochtones prennent le soin de demander un
Procès verbal de palabre. En effet, 50% des producteurs maraîchers
disposent d'un PV de palabre, contre 50% qui n'en ont pas.
C'est dire que notre hypothèse principale est
confirmée. Néanmoins, la relation de cause à effet entre
mode d'accès à la terre et mode de sécurisation
foncière n'est pas rigidement mécanique. Nous avons une situation
hybride à Nouna où le traditionnel est sollicité pour
l'accès à la terre et où le réglementaire est
parfois contacté pour « la sécurisation », à
travers le PV de palabre. En somme, les exploitants des sites maraîchers
ne comptent pas seulement sur la légitimité coutumière.
Ils veulent aussi une sécurisation, de leur droit sur la terre
achetée aux coutumiers, par la loi à travers une entité
administrative, qui est dans notre cas, la mairie de Nouna.
Il existe, principalement, deux formes d'accès aux
périmètres maraîchers à Nouna : l'héritage et
l'achat ; et tout passe par les coutumiers. En termes de sécurisation de
ces droits, tous comptent sur la parole donnée lors de l'héritage
ou de l'achat de la terre.
En outre, tous les groupes sont présents, peu ou
prou, sur les sites maraîchers à Nouna : autochtones,
immigrants, hommes, femmes, jeunes... Toutefois, l'accès des femmes,
comme détentrices foncières sur les sites maraîchers, reste
faible.
Par ailleurs, la question de l'extension de la ville de
Nouna, de l'accès à l'eau, aux semences, aux engrais, aux
matériels de travail, au marché local ou régional sont des
sujets préoccupants pour le monde maraîcher à Nouna. Si
l'on veut aider l'activité à grandir, il est nécessaire
que des réponses idoines et durables soient trouvées à ces
inquiétudes.
En définitive, la loi portant Réorganisation
agraire et foncière (RAF) au Burkina Faso, dans sa révision
future, doit tenir compte des habitudes culturelles de la
société
burkinabè. En effet, une législation
foncière qui ne tient pas compte de nos us et coutumes se
révèlera inefficace à long terme et les relectures des
textes se succéderont les unes aux autres, sans apporter des
réponses justes, sécuritaires et durables.
En définitive, en termes d'accès à la
terre et de sécurisation foncière, nous reprendrons l'expression
suivante de Deininger, relatée par le site web de la Banque Mondiale :
« Pour élaborer et appliquer des politiques foncières
effectives, il est indispensable de les adapter aux conditions locales et d'y
associer toutes les parties concernées »55. C'est dire
qu'il n'existe pas de solution toute faite ou de standard aux politiques du
foncier. Tenir compte des habitudes socioculturelles des habitants est donc la
devise cardinale.
En outre, il faudrait éviter d'arriver à des
situations où l'exploitant d'un site maraîcher ne peut recourir,
ni aux législations nationales en vigueur, ni aux règlements
coutumiers pour résoudre ses différends fonciers. Ce serait une
situation conflictuelle grave, car là où l'homme n'a ni recours
ou secours, soit il se résigne, soit il se rend justice comme dans la
jungle.
Une véritable sécurité foncière
passe par la prise en compte des intérêts de tous, depuis
l'agro-businessman, avec ses motopompes, au petit producteur de légumes,
avec ses puisettes. En outre, les droits des groupes spécifiques doivent
être clarifiés et reconnus, en particulier ceux des femmes, des
jeunes et des migrants.
Des études ultérieures pourraient se pencher
sur les méthodes de clarification des droits fonciers coutumiers
à Nouna, surtout dans le cadre des cultures maraîchères.
C'est seulement à ce titre que le développement se fera de
manière plus harmonieuse, plus durable et plus sécurisée,
pour tous les habitants du Burkina Faso.
55
www.web.worldbank.org
Tableau 5 : Références des personnes
enquêtées
Numéro
|
NOM et prénom (s)
|
Fonction
|
Adresse
|
1
|
COULIBALY Romain
|
Directeur Provincial de l'Agriculture, de l'Hydraulique et
des Ressources Halieutiques (DPAHRH) de la Kossi
|
DPAHRH/Kossi
|
2
|
TÉ Dofini
|
Service Technique
|
DPAHRH/Kossi
|
3
|
SYMBORO Pascal
|
Coutumier de Nouna ;
Service Ressources en Eau et
ressources Halieutiques
|
DPAHRH/Kossi
|
4
|
GOUSSA Victor
|
Régisseur
|
DPAHRH/Kossi
|
5
|
Mme DEHOUN/ MAGNINI
Isabelle
|
Service des Etudes et de la Planification
|
DPAHRH/Kossi
|
6
|
KIENOU Blaise
|
Maraîcher
|
Secteur 1
|
7
|
KOUSSE Karim
|
Maraîcher
|
Secteur 1
|
8
|
KIENOU Ibrahima
|
Maraîcher
|
Secteur 1
|
9
|
BAN HORO Karim
|
Maraîcher
|
Secteur 4
|
10
|
Groupement féminin
« Sababouyouma », représenté
par COULIBALY Aramata
|
Maraîchère
|
Secteur 4
|
11
|
Groupement Mossi représenté
par OUEDRAOGO Saïdou
|
Maraîcher
|
Secteur 4
|
12
|
OUEDRAOGO Karim
|
Maraîcher
|
Secteur 1
|
13
|
ZERBO Mahamadou
|
Maraîcher
|
Secteur 4
|
14
|
SYMBORO Constant
|
Maraîcher
|
Secteur 4
|
15
|
SANGARE Moronkê
|
Maraîcher
|
Secteur 1
|
16
|
GANSONRE Sayouba
|
Maraîcher
|
Secteur 1
|
17
|
GUIRE Moussa
|
Maraîcher
|
Secteur 4
|
18
|
SOSO Adama
|
Maraîcher
|
Secteur 1
|
19
|
KONDE Laurent
|
Maraîcher
|
Secteur 1
|
20
|
KONATE Amadou
|
Maraîcher
|
Secteur 1
|
21
|
SAMA Noêlie
|
Restaurant « Le Touba »
|
Secteur 3
|
22
|
Mme ZALLA née ZERBO Bintou
|
Restaurant « Bien manger, mieux
vivre »
|
Secteur 2
|
23
|
KEÏTA Abdoul Wahab
|
Restaurant « New Forest »
|
Secteur 6
|
24
|
TRAORE Fatimata
|
Vendeuse de légumes
|
Secteur 6
|
25
|
SEREME Bibata
|
Vendeuse de légumes
|
Secteur 2
|
26
|
DRABO Orokia
|
Vendeuse de légumes
|
Secteur 1
|
27
|
GANDEMA Adama
|
Secrétaire général
|
Mairie de Nouna
|
|
Sources : Enquêtes de terrain, août &
septembre 2008 ; janvier & avril 2009.
BIBLIOGRAPHIE
1. Ouvrages généraux
· Antoine de Saint-Exupéry (1939), Terre des
hommes, Editions du groupe « Ebooks libres et gratuits »,
2004.
· Edouard Bonnefous (1960), La terre et la faim des
hommes, Librairie Arthème Fayard, Paris XIVe, Collection Les
idées et la vie, 394 pages.
· (Sous la direction de), Emile Le Bris, Etienne Le Roy,
Paul Mathieu (1991), L'appropriation de la terre en Afrique noire. Manuel
d'analyse, de décision et de gestions foncières, Editions
Karthala, Paris, 360 pages.
· Hal Hellman (1976), Nourrir l'homme de demain,
Editions Nouveaux Horizons, New York, 270 pages.
· Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'agriculture (2005), Accès à l'espace rural et
administration et administration foncière après des conflits
violents, Rome, FAO, 83 pages.
2. Articles
· Basga Emile Dialla, « La sécurité
foncière sur les périmètres irrigués du Burkina
Faso : cas de la vallée du Sourou », in Afrique et
Développement, Vol. XXVII, Nos.1&2, 2002, pp 62-83.
· Madi Savadogo, « Physionomie de la campagne agricole
2007-2008 au 30 juin 2007 », in Echo 002, avril-juin 2007,
DRRAHRH/Boucle du Mouhoun, pages 3-5.
· Romain Coulibaly, DPAHRH/Kossi, « Le défi des
producteurs de Illa », in Echo n°006, avril-juin 2008,
DRRAHRH/Boucle du Mouhoun, page 19.
3. Rapports et autres textes
· Plan communal de développement de Nouna
(2004-2008), Commune de Nouna, Sahelconsult, version définitive,
février 2005, 168 pages sans les annexes.
· Politique nationale de population du Burkina Faso,
Ministère de l'Economie et des Finances, Conseil national de population
(CONAPO), décembre 2000, page 5.
· Programme des activités de Petite Irrigation
Villageoise (PIV) 2008/2009, DPAHRH/ Kossi, septembre 2008, 14 pages.
· Rapport de mise en oeuvre du programme d'activités
2008, DPAHRH/ Kossi, décembre 2008, 33 pages.
· Recensement général de la population et de
l'habitation (RGPH) 2006, résultats définitifs, INSD, juillet
2008.
· Schéma national d'aménagement du territoire
(SNAT). Premier cadrage de l'étude, MEDEV/DGAT-DLR, Dirasset-G2
Conception, octobre 2006, 74 pages.
4. Mémoires
· BARA Boukaré Khalil (avril 1995),
Problématique foncière et décentralisation :
l'accès à la terre en zones urbaines et rurales, sous la
direction de M. BENON T. Pascal, Mémoire ENAM, section Administration
Générale.
· COULIDIATI D. Laurent (mars 1990), Contribution
des aménagements hydroagricoles à la sécurité
alimentaire au Burkina Faso, sous la direction de M. THIOMBIANO
Jérôme, Mémoire ENAM, section Economie et Finances.
· Mme GUINGANE/ZOURE Aminata (2001-2002), Le statut
de la terre et son accessibilité par la femme au Burkina Faso, sous
la direction de M. Valentin OUOBA, Mémoire ENAM, section Administration
Générale.
· Mme NABOLLE/KABORE Marie Denise Panogb-Né
(2002-2003), La problématique du transport rural au Burkina
Faso, sous la direction de M. LOYA T. Bruno, Mémoire ENA, section
Administration Générale.
· NYAMEOGO Paul (1983-1984), Cultures de rente et
développement rural en Haute- Volta, Sous la direction de M. YODA
B. Alain, Mémoire ENA, Section Conseiller des Affaires Economiques.
· PORGO Amidou (mars 2006), L'aménagement du
territoire au Burkina Faso : contribution du Fonds de l'Eau et de l'Equipement
rural (FEER), sous la direction de M. Sididki GUIRE, Mémoire ENAM,
section Administrateur Civil, 60 pages.
5. Textes législatifs et
réglementaires
· Loi n°014/96/ADP du 23 mai 1996 portant
Réorganisation agraire et foncière au Burkina Faso.
· Décret n°97-054/PRES/PM/MEF du 6
février 1997 portant Conditions et modalités d'application de
la loi portant Réorganisation agraire et foncière au Burkina
Faso.
· Décret n°2007-610/PRES/PM/MAHRH du 04 octobre
2007 portant Adoption de la Politique nationale de sécurisation
foncière en milieu rural.
· Décret
n°2003-138/PRES/PM/MITH/MAHRH/MATD/MFB/MCPEA du 14 mars 2003 portant
Adoption du document de stratégie nationale du transport rural.
6. Sites web consultés
· www.abcbu
rkina. net
www.e-dico.fr
www.fao.or g
www.fr.wikipedia
www.web.worldbank.org
TABLE DES MATIERES
MENTION REGLEMENTAIRE ii
DEDICACE iii
REMERCIEMENTS iv
SIGLES ET ABREVIATIONS v
LISTE DES TABLEAUX ET DES FIGURES vi
SOMMAIRE 1
INTRODUCTION GENERALE 2
I : Contexte général 2
II : Problématique 3
III : Justification et délimitation du thème 4
IV : Objectifs 5
1 : Objectif principal 5
2 : Objectifs secondaires 5
ü : Hypothèses 5
1 : Hypothèse principale 5
2 : Hypothèses secondaires 5
VI : Méthodologie et annonce du plan 6
PREMIERE PARTIE : ETAT DES LIEUX DE L'ACCES A LA TERRE
ET DE LA
SECURISATION FONCIERE : CAS DES CULTURES MARAICHERES A
NOUNA 8
CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE 9
Section I : Présentation de la commune urbaine de
Nouna 9
Paragraphe I : Caractéristiques physiques et
découpage administratif 9
A : Caractéristiques physiques 9
B : Découpage administratif : Nouna, hier et aujourd'hui
10
Paragraphe II: Caractéristiques socio- culturelles et
économiques 11
A : Caractéristiques socio- culturelles 11
B : Caractéristiques économiques 13
Section II: Les cultures maraîchères 14
Paragraphe I : Considérations sémantiques,
techniques et humaines 14
A : Acception du concept de « cultures
maraîchères » 14
B : Les facteurs techniques et humains de réalisation des
cultures maraîchères 14
1 : Les facteurs techniques 14
2 : Les facteurs humains 15
Paragraphe II : Considérations hydrologiques et
édaphiques 15
A : Les facteurs hydrologiques 15
B : Les facteurs édaphiques 16
CHAPITRE II : ACCES A LA TERRE ET SECURISATION FONCIERE AU
BURKINA FASO ET A NOUNA 17
Section I : Accès à la terre et
sécurisation foncière au Burkina Faso 17
Paragraphe I : La question de l'accès à la
terre 17
A : Définition de l'accès à la terre 17
B : Les modes d'accès à la terre 18
1 : Le régime foncier coutumier 18
2 : Le régime foncier réglementaire 19
Paragraphe II : La question de la sécurisation
foncière 20
A : Définition de la sécurisation foncière
20
B : Les modes de sécurisation foncière 21
1 : La « sécurisation » par le
régime foncier coutumier 21
2 : La sécurisation par le régime foncier
réglementaire 21
Section II : L'accès à la terre et la
sécurisation foncière sur les sites maraîchers
à Nouna 23
Paragraphe I: Les modes d'accès et de
sécurisation des terres de maraîchage à Nouna 23
A : Les modes d'accès aux terres de maraîchage
à Nouna 23
1 : L'accès par héritage 23
2 : L'accès par achat 24
B : Les modes de sécurisation des sites maraîchers
à Nouna 26
1 : Le droit total 26
2 : Le droit partiel 28
Paragraphe II : Les problèmes d'accès et de
sécurisation des terres de maraîchage à Nouna 29
A : Les problèmes d'accès aux terres de
maraîchage à Nouna 29
1 : Les problèmes d'accès des femmes aux sites
maraîchers à Nouna 29
2 : La question de l'accès à l'eau 30
B : Les problèmes de sécurisation de
l'activité de maraîchage à Nouna 30
1 : La sécurisation des terres et des intrants
30
a : La contiguïté des sites maraîchers avec
les zones d'habitation 30
b : L'accès aux intrants agricoles 31
2 : La sécurisation par la formation des hommes et la
commercialisation des produits maraîchers 32
a : Connaissances et formation des maraîchers
32
b : Commercialisation des produits maraîchers
34
DEUXIEME PARTIE : ANALYSES DE L'ACCES A LA TERRE ET DE LA
SECURISATION FONCIERE SUR LES SITES MARAICHERS A NOUNA 37
CHAPITRE I : ANALYSES CRITIQUES 38
Section I : De la question des groupes spécifiques
38
Paragraphe I : De la situation des femmes 38
Paragraphe II : Du cas des migrants et des jeunes 40
Section II: Des difficultés liées au transport
et à la commercialisation des produits maraîchers 41
Paragraphe I : Du transport des produits maraîchers
41
Paragraphe II : De la commercialisation des produits
maraîchers 42
CHAPITRE II: SUGGESTIONS POUR UN ACCES SECURISE AUX TERRES
DE MARAICHAGE A NOUNA 44
Section I : De l'accès à la terre 44
Paragraphe I : Propositions d'ordre général
44
Paragraphe II : Propositions d'ordre spécifique
45
Section II : De la sécurisation foncière
45
Paragraphe I : Propositions d'ordre général
45
Paragraphe II : Propositions d'ordre spécifique
46
A : De la sécurisation des droits des groupes
vulnérables sur les sites maraîchers
46
B : De la sécurisation de l'activité de
maraîchage 46
1 : La sécurisation par un meilleur accès
à l'eau, aux routes et aux débouchés46
a : Un meilleur accès à l'eau 46
b : Des routes en bon état 47
c : L'écoulement des produits maraîchers
47
2 : Recommandations pour sécuriser les sites
maraîchers face à l'extension de la ville 47
CONCLUSION GENERALE 48
BIBLIOGRAPHIE 51
1. Ouvrages généraux 51
2. Articles 51
3. Rapports et autres textes 51
4. Mémoires 52
5. Textes législatifs et réglementaires
52
6. Sites web consultés 52
TABLE DES MATIERES 53
ANNEXES A
ANNEXES
Tableau 6 : Répartition de la population
résidente par commune selon le sexe dans la province de la Kossi en
2006
Commune
|
Total
|
Population
Masculin
|
résidente
Féminin
|
Nombre d'hommes
pour 100 femmes
|
% de femmes
|
Barani
|
47 991
|
23 942
|
24 049
|
100
|
50,1
|
Bomborokuy
|
14 465
|
7 187
|
7 278
|
99
|
50,3
|
Bourasso
|
11 746
|
5 785
|
5 961
|
97
|
50,7
|
Djibasso
|
52 157
|
25 593
|
26 564
|
96
|
50,9
|
Dokuy
|
27 760
|
13 923
|
13 837
|
101
|
49,8
|
Doumbala
|
27 353
|
13 399
|
13 954
|
96
|
51,0
|
Kombori
|
10 155
|
4 877
|
5 278
|
92
|
52,0
|
Madouba
|
6 596
|
3 262
|
3 334
|
98
|
50,5
|
Nouna
|
73 006
|
36 808
|
36 198
|
102
|
49,6
|
Nouna rural
|
50 840
|
25 563
|
25 277
|
101
|
49,7
|
Nouna urbain
|
22 166
|
11 245
|
10 921
|
103
|
49,3
|
Sono
|
7 317
|
3 683
|
3 634
|
101
|
49,7
|
Total
|
278 546
|
138 459
|
140 087
|
99
|
50,3
|
Source : RGPH 2006, résultats définitifs, I
NSD, juillet 2008.
Tableau 7 : Classification culturale des cultures
maraîchères, selon l'organe consommé
Groupe
|
Dénomination usuelle
|
Famille
|
Genre
|
Espèce
|
Légumes bulbes
|
Oignon
|
Liliacées
|
(llium
|
cepa
|
Ail
|
sativum
|
Echalote
|
escalonicum
|
Légumes fruits
|
Tomate
|
Solanacées
|
Lycopersicum
|
esculentum
|
Aubergine améliorée
|
Solanum
|
melongena
|
Aubergine locale
(Goyo)
|
Solanum
|
anonalum
|
Poivron
|
Capsicum
|
annuum
|
Piment
|
Capsicum
|
frutescence
|
Concombre et
cornichon
|
Cucurbitacées
|
Cucumis
|
sativus
|
Melon
|
Cucumis
|
melo
|
Pastèque
|
Citrullus
|
vulgaris
|
Courge
|
Cucurbita
|
maxima
|
Courgette
|
Cucurbita
|
pepo
|
Fraisier
|
Rosacées
|
Fragaria
|
rosae
|
Gombo
|
Malvacées
|
Hibiscus
|
esculentus
|
Haricot vert
|
Papilionacées
|
Phaseolus
|
vulgaris
|
Légumes feuilles
|
Corète potagère
|
Tiliacées
|
Corchorus
|
olitorius
|
Laitue
|
Composées
|
Lactuca
|
sativa
|
Chicorée frisée
|
Composées
|
Cichorum
|
endiva crispa
|
Chore
|
Cruciferacées
|
Brassica
|
oleracea
|
Chou pommé cabus
|
Cruciferacées
|
Brassica
|
oleracea capitata
|
Chou pommé de
Milan
|
Cruciferacées
|
Brassica
|
oleracea bullata
|
Chou pommé de
Bruxelles
|
Cruciferacées
|
Brassica
|
oleracea gemmifera
|
Chou fleur
|
Cruciferacées
|
Brassica
|
oleracea botrytio
|
Epinard
|
Chénapodiacées
|
Spinacia
|
oleracea
|
Grassé
|
Portulacées
|
Talinum
|
triangular
|
Poireau
|
Liliacées
|
Allium
|
porrum
|
Oseille de Guinée
|
Malvacées
|
Hibiscus
|
sabdariffa
|
\Alî -- vî
|
Capparidacées
|
Gynandropsis
|
gynandra
|
Légumes racines
|
Carottes
|
Ombellifères
|
Daucus
|
carota
|
Navet
|
Cruciferacées
|
Brassia
|
napus
|
Radis
|
Cruciferacées
|
Raphanus
|
sativus
|
Légumes tubercules
|
Pomme de terre
|
Solanacées
|
Solanum
|
tuberosum
|
Patate douce
|
Convolvulacées
|
Hypomea
|
batata
|
Légumes rhizomes
|
Gingembre
|
Zingiberacées
|
Zinziber
|
officinale
|
Source : Cours de HIEMA D. Félix, notes de SYMBORO
Pascal, SREH, DPAHRH/Kossi, août 2008
Tableau 8 : Coûts des matériels de
maraîchage
Nature
|
Coût
|
Charrue
|
66 000
|
Charrette
|
200 000
|
Brouette
|
20 000
|
Râteau
|
3 000
|
Bêche
|
3 000
|
Pelle
|
3 000
|
Arrosoir
|
10 000
|
Daba
|
500
|
Total
|
305 500
|
Source : Direction provinciale de l'agriculture, de
l'hydraulique et des ressources halieutiques de la Kossi (DPAHRH/Kossi),
janvier 2009
Figure 3 : Quelques spéculations et instruments de
travail de maraîchage (secteur 1)
Puits de maraîchage au mois de janvier
Quelques outils de travail : arrosoirs, bidons
Parcelle de laitue Parcelle d'oignons. Bonne montaison des
feuilles
Parcelle de choux Parcelle de carottes
Source des photographies : Monsieur Atina YARGA,
Gestionnaire des hôpitaux au District Sanitaire de Nouna, février
2009.
Guide d'entretien avec les maraîchers
I. Généralités sur les cultures
maraîchères
1. Les cultures maraîchères pratiquées
à Nouna
2. Les cultures maraîchères les plus
pratiquées
3. Sites maraîchers à Nouna :
aménagés par l'exploitant ? par un organisme ? par l'Etat ?
4. La superficie de l'exploitation
5. Les mois où les cultures maraîchères sont
pratiquées
6. Le nombre de production par an
7. La quantité (tonnes, sacs) de production par an
8. Coût des semences pour les spéculations telles
les oignons, les tomates, les choux
9. Où trouvent-ils les semences ? coût
10.Difficultés liées à l'accès aux
semences
11.Nature des engrais utilisés : NPK, urée, Burkina
phosphate, fumure organique 12.0ù trouvent-ils les engrais ? coût
du sac de NPK, d'urée, de Burkina phosphate, de fumure organique
13.Difficultés liées à l'accès aux
engrais
14.Ennemis des cultures maraîchères les plus
pratiquées
15. Traitement et recours aux services techniques
16.Formation sur les techniques de culture, d'irrigation, les
ennemis de culture. Autres types de formation
17. Formation assurée par qui ? financée par qui
?
18.Bénéficiaires de la formation ?
19.Rôle des services techniques de l'agriculture dans la
formation des maraîchers 20.Nombre des ouvriers travaillant sur le
site
21.0uvriers de la famille ?
22.Gages des ouvriers
23.Type d'équipement
24.Coût des équipements : motopompes, canalisations,
matériel de maraîchage 25.Matériel acquis au comptant ou
à crédit
26.Si crédit, type de crédit : individuel,
groupement ?
27.Si crédit, nombre d'années de remboursement et
modalités de règlement 28.Difficultés liées
à l'accès aux équipements
29.Difficultés liées à l'accès
à l'eau
II. Accès à la terre
1. Vous exploitez ce site depuis combien de temps ?
2. Comment avez-vous acquis ce terrain où vous pratiquez
le maraîchage ?
3. Si achat, à combien de francs CFA vous l'avez
acheté ?
4. Etes-vous détenteur de ce terrain ou exploitant ?
5. Si exploitant, quel type de contrat avez-vous passé
avec le propriétaire ?
6. Est-ce un contrat écrit ? oral ?
7. Délai de validité du contrat ?
8. Prix d'un hectare sur un site maraîcher actuellement
9.
Qu'en est-il de l'accès des jeunes, des femmes et des
migrants ?
10. Comment ces groupes vulnérables accèdent
à la terre ? Par le biais de qui ?
11. Difficultés liées à l'accès aux
sites maraîchers
III. Sécurisation foncière et
règlement des litiges
1. Le droit d'exploitation dure combien de temps ?
2. Peut-on retirer une terre prêtée et sur laquelle
existent des investissements ?
3. Dans quel contexte cela est-il faisable ?
4. Avez-vous un papier administratif : arrêté
d'attribution, titre de jouissance, de propriété ?
5. Votre site est-il clôturé ? type de
clôture
6. Avez-vous déjà subi des pertes sur votre site :
dégâts par des animaux ? ou autre type de dégâts ?
7. Comment cela est-il arrivé ?
8. Comment le problème a-t-il été
résolu ? et par qui ?
9. Avez-vous déjà entendu parler de politique
nationale de sécurisation foncière en milieu rural ? à
quelle occasion ? qu'avez-vous retenu de cette politique ?
10.Difficultés liées à la sécurisation
foncière sur les sites maraîchers
11.Quelles solutions proposez-vous pour les résoudre
IV. Commercialisation des produits
1. Ecoulement de la production
2. Marché local : Nouna, villages
3. Marché régional
4. Marché à l'extérieur du Burkina Faso
5. Disposez-vous de circuits d'informations sur les
marchés internes : marchés de produits agricoles, journées
promotionnelles de filières, formation en marketing, contrats de vente
de produits.
6. Commercialisation en gros, demi-gros, détails ?
7. Combien de tonnes ou sacs de production par
récolte
8. Combien de récoltes par an ?
9. Combien vous vendez le sac d'oignons, de tomates, de choux
?
10.Etes-vous regroupés en association pour
l'écoulement de votre production ? 11.Existe-t-il une ou des
unités de conservation et/ou de transformation de produits
maraîchers à Nouna : séchoirs solaires, etc.
12.Difficultés liées à la commercialisation
de la production
13.Tentatives pour résoudre ces difficultés :
individuelle, collective (groupement) ? 14.Autres types d'informations que vous
souhaitez nous partagé.
Guide d'entretien avec le Directeur Provincial de
l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques de la
Kossi
I. Equipements des producteurs maraîchers
1. Type d'équipement
2. Coût des équipements
3. Modalités de règlement
4. Conditionnalités
Il. Formation/information des agents
d'agriculture
1. Activités des ZAT et UAT auprès des
maraîchers
2. Types d'accompagnement des producteurs
3. Nombre d'agents bénéficiaires de formations sur
la sécurisation foncière
4. Durée de la formation
5. Lieu de la formation
6. Textes législatifs et réglementaires
vulgarisés
7. Médiation de conflits fonciers réussis
III. Formation/information des maraîchers
1. Nombre de producteurs bénéficiaires
2. Niveau d'instruction
3. Durée de la formation
4. Textes législatifs et réglementaires
vulgarisés
5. Médiation de conflits fonciers réussis
6. Formation à la sécurisation foncière
IV. Liaison production/marché
1. Existence d'unités de conservation et/ou de
transformation de produits maraîchers ?
2. Informations sur les marchés internes : villages,
départements
3. Mercuriales communiquées aux producteurs ? Par quel
canal ?
· Radio
· Séances de causeries débats
· Groupement des producteurs de cultures
maraîchères
V. La sécurisation foncière en milieu rural
· superficies des terres destinées au
maraîchage
· superficies des sites maraîchers
délimitées, bornées et immatriculées
VI. Règlements des litiges fonciers
· Structures de conciliation mises en place
· Responsables coutumiers consultés
· Constats de dégâts.
Questionnaire à l'attention des restaurateurs de
la ville de Nouna
I : Identification de
l'enquêté
1. Nom et prénoms !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!.
2. Appellation du restaurant !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!.
3. Secteur de localisation du restaurant !!!!!!!!!!!!!!!
4.
Type de clientèle (cochez la ou les case(s)
correspondant à votre réponse) Particuliers Services ONG
Autres (précisez)!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!..
II. Restauration et cultures
maraîchères
1.
Lieu d'approvisionnement des condiments (cochez la case
correspondant à votre réponse) Marché de Nouna
Maraîchers de Nouna
Autres sources (précisez)
2. Type d'achat (cochez la case correspondant à votre
réponse)
En gros En détail
3. Estimation des coûts et des quantités des
achats (précisez si c'est en sac, boîte ou kilo)
Oignons bulbes!!!!!!!!!!!!!!!! FCFA
Oignons feuilles FCFA
Tomates
|
!!!!!!!!!!!!!!!!. FCFA
|
Choux
|
!!!!!!!!!!!!!!!!. FCFA
|
Aubergine
|
!!!!!!!!!!!!!!!!. FCFA
|
|
Aubergine locale (goyo).....!!!!!!!!!!! FCFA
Laitue
|
!!!!!!!!!!!!!!!!. FCFA
|
Concombre
|
!!!!!!!!!!!!!!!!. FCFA
|
Courgettes
|
!!!!!!!!!!!!!!!!. FCFA
|
Carottes
|
!!!!!!!!!!!!!!!!..FCFA
|
Piment
|
.FCFA
|
|
4.
Comment trouvez- vous ces coûts ? (Cochez la
case correspondant à votre réponse) Très bas Bas
Moyen Cher Très cher
5. L'activité de restauration vous est-elle
bénéfique ?
Oui Non
8. Comment achetez- vous les légumes (cochez la case
correspondant à votre réponse)
Au comptant A crédit
9. Si achat à crédit
a- Quel est le délai et les modalités de
remboursement ?
b- Avez- vous déjà rencontré des
difficultés dans le remboursement des condiments ?
i- Oui ii-Non
iii- Si oui, quelle a été la difficulté ?
iv- Comment avez- vous résolu ce problème ?
10.
Est-ce que vous rencontrez certaines difficultés dans
l'approvisionnement des produit maraîchers ? Oui Non
11. Si oui, quelles sont ces difficultés ?
12. L'activité de maraîchage connaît un
ralentissement durant certaines périodes, en particulier pendant la
saison des pluies. En ce moment, quels sont vos points d'approvisionnement ?
13. Au cas où vous vous approvisionnez hors de Nouna,
quels sont les coûts supplémentaire que vous subissez ?
14. Est- ce que la difficulté d'approvisionnement joue
sur les aspects suivants de votre activité ?
a- La qualité de vos repas Oui Non
b-
Le respect des délais de commande Oui Non
c-
Les bénéfices de votre activité Oui
Non 17. Autre information ou suggestion
Merci pour votre contribution !
Questionnaire à l'attention des vendeuses de
légumes au marché central de Nouna
I : Identification de
l'enquêté
1. Nom et prénom !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!.
2. Secteur de ré idence !!!!!!!!!!!!!!!
3.
Situation matrimoniale (cochez la case correspondant à
votre réponse) Célibataire Mariée *Monogamie
*Polygamie
Séparée Veuve
4. Nombre de enfant !!!!!!!!!..
5. Ethnie (cochez la case correspondant à votre
réponse)
Dafing Bwaba Mo i Dioula Autre (précisez)
6. Religion (cochez la case correspondant à votre
réponse)
Animi te Mu ulmane Catholique Prote tante
7. Niveau d'in truction
Ecole coranique Primaire Secondaire Supérieur
II. Restauration et cultures
maraîchères
1. Lieu d'approvi ionnement de condiment (cochez la case
correspondant à votre réponse) Maraîcher de Nouna
Autre ource (précisez)!!!!!!!!!!!!.
2.
Type d'achat (cochez la case correspondant à votre
réponse)
En gro En détail
3. Nature de la quantification de achat
Achat par ta (citer un exemple) !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Achat
par boîte (citer un exemple) !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Achat par ac (citer
un exemple) !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Achat par planche (citer un exemple)
!...!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!.
4. E timation de coût et de quantité de achat
Oignon bulbe !!!!!!!!!!!!!!!! FCFA
Oignon feuille FCFA
Tomate !!!!!!!!!!!!!!!!. FCFA
Choux !!!!!!!!!!!!!!!!. FCFA
Aubergine !!!!!!!!!!!!!!!!. FCFA Aubergine locale
(goyo).....!!!!!!!!!!! FCFA Laitue !!!!!!!!!!!!!!!!. FCFA Concombre
!!!!!!!!!!!!!!!!. FCFA Courgette !!!!!!!!!!!!!!!!. FCFA Carotte
!!!!!!!!!!!!!!!! FCFA
Piment .FCFA
5. Comment trouvez- vou ce coût ? (Cochez la case
correspondant à votre réponse)
Trè ba Ba Moyen Cher Trè cher
6. Quel ont le légume que vou vendez au marché
?
7. La vente de légume vou e t-elle bénéfique
?
Oui Non
Si oui, qu'e t-ce que vou avez pu réali er en vendant le
légume ?
8. Comment achetez- vou le légume ? (cochez la case
correspondant à votre réponse)
Au comptant A crédit
9. Si à crédit, quel est le délai et les
modalités de remboursement ?
10. Avez- vous déjà rencontré des
difficultés dans le remboursement des condiments ?
b- Si oui, quelle a été la difficulté ?
a- Oui Non
c- Comment avez- vous résolu ce problème ?
11. Est-ce que vous rencontrez certaines difficultés dans
l'approvisionnement des produit maraîchers ? Oui Non
12. Si oui, quelles sont ces difficultés ?
13. Savez- vous pourquoi les maraîchers font parfois des
ruptures d'approvisionnement à Nouna ? (cochez la case correspondant
à votre réponse)
a-
Oui Non
b- Si oui, expliquez
14. L'activité de maraîchage connaît un
ralentissement durant certaines périodes, en particulier pendant la
saison des pluies. En ce moment, quels sont vos points d'approvisionnement ?
15. Au cas où vous vous approvisionnez hors de Nouna,
quels sont les coûts supplémentaire que vous subissez ?
16. Est- ce que la difficulté d'approvisionnement joue
sur la rentabilité de votre activité ? Oui Non
17.
A combien estimez- vous le manque à gagner en cas de
rupture de certains produit maraîchers (par exemple, oignon, chou,
tomate en manque)?
Guide d'entretien avec le Secrétaire
général de la mairie de Nouna
1. Accès à la terre
- La mairie intervient-elle dans l'attribution des sites
maraîchers ?
- Si une personne veut acquérir une parcelle sur un site
maraîcher, quelle est la procédure à suivre pour
acquérir ladite terre ?
- Y a-t-il des taxes et impôts à payer ?
- Combien coûtent ces taxes et impôts ?
- Ces coûts varient-t-il en fonction du nombre d'hectares
et du type d'exploitation ? - Les coutumiers interviennent-t-ils dans ce
processus ?
- Estimation du nombre de demandes de parcelles en vue
d'exploiter un site maraîcher dans la commune urbaine de Nouna.
2. Sécurisation foncière
- Quels sont les arrêtés d'attribution et les
titres de jouissance délivrés sur les sites maraîchers
à Nouna ?
- Quels sont les droits que ces titres confèrent ?
- Les sites maraîchers à Nouna sont-ils
délimités, bornés et immatriculés ?
- S oui, qui a procédé à cette
opération de délimitation, de bornage et d'immatriculation ?
- Animez vous des séances d'information sur la
sécurisation foncière des terres agricoles, en particulier celles
relatives au maraîchage
- Que faites-vous à titre préventif pour minimiser
les risques de conflit fonciers dans l'exploitation des sites maraîchers
?
3. Commercialisation de la production
maraîchère
- Les maraîchers sont-ils organisés en groupement,
en association ?
- Avez-vous une idée sur la manière dont les
maraîchers commercialisent leur production ?
- Quels sont leurs circuits de commercialisation ?
- Bénéficient-ils d'aide de la mairie dans la
prospection ou dans la conclusion de marché local, régional ou
à l'extérieur du Burkina Faso ?
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