ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION ET DE
MAGISTRATURE
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DEPARTEMENT GESTION DES SERVICES SOCIO-
ECONOMIQUES
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LA POLITIQUE FISCALE DE L'UNION ECONOMIQUE
ET MONETA IRE OUEST AFRICAINE (UEMOA) ET OPTIMISATION DES RECETTES
FISCALES INTERIEURES AU BURKINA FASO
Mémoire
pour l'obtention du diplôme de
Conseiller des Affaires Economiques
Présenté et soutenu publiquement par
:
POROGO Amadou
Devant le jury composé de :
Président : Mr Fidèle YOUGBARE
Membre : Mr Issouf TRAORE
Membre : Mr Patrice S.D. NYAMWEOGO
Mention : Très Bien Sous la direction de
:
1 6/20 M. Patrice S. D. NYAMWEOGO
Inspecteur des impôts
Mars 2009
ENAM 03 BP 7024 Ouagadougou 03 E-mail :
enam@cenatrin.bf Téléphone
: (226) 50.31 .42.64/65 Télécopie: (226) 50.30.66.11
L'ENAM n'entend donner aucune approbation ou
improbation aux idées émises dans ce
mémoire.
DEDICACE
Ce mémoire est particulièrement
dédié à «ceux qui m'ont
permis d'aller à l'école alors
qu'eux-mêmes n'ont jamais eu
cette chance» :
A mon père POROGO SOKAYA
Et à ma mère SIKE
KADISSO
REMERCIEMENTS
Ce mémoire n'aurait pas pu voir le jour sans l'aide de
certaines personnes. Il s'agit notamment de :
· Notre encadreur M. Patrice S. D.
NYAMWEOGO pour sa disponibilité et le suivi rigoureux du
travail ;
· M. Rock Moussa KABORE, Personne
Responsable des Marchés du Ministère de l'Economie et des
Finances pour ses conseils ;
· M. SIE Tioye, Directeur des
Prévisions et des Analyses Macroéconomiques du Ministère
de l'Economie et des Finances pour ses conseils et son appui dans la collecte
de données ;
· Aux personnels du Service d'Analyse,
de Prévision et des Projets de la Direction des Etudes et de la
Planification du Ministère de l'Economie et des Finances ;
· Aux personnels de la Direction
Générale des Impôts et de la Direction
Générale des Douanes du Burkina Faso pour son appui dans la
collecte de données ;
· M. Idrissa OUEDRAOGO, enseignant
à l'UFR/SEG de l'Université de Ouagadougou pour ses conseils ;
· M Souleymane OUEDRAOGO, Inspecteur de
douane à la retraite qui à bien voulu lire et apprécier ce
travail ;
· Messieurs ROAMBA Adama,
Cinéaste et ROUAMBA Mamadou, Greffier en Chef
qui malgré les nombreuses charge ont bien voulu nous soutenir
financièrement ;
· M. SANON Dramane à la
bibliothèque du Comité National de Politique Economique pour ses
conseils ;
· Tous les amis et frères (Mathieu, Noufou,
Josiane, Siguenam, Jéremie et j'en passe..) qui nous ont
soutenu d'une façon ou d'une autre ;
· Tous ces camarades qui ont sans cesse voulu lire et
apprécier ce travail (pour des raisons purement personnelles nous ne
citerons pas de noms) ;
· Tout le corps professoral de l'ENAM pour
toutes ces années consacrées à l'enseignement des
étudiants ;
Et enfin, toutes ces personnes qui de près ou de loin ont
participé à l'élaboration de
ce mémoire.
SIGLES ET ABRE VIA TIONS
ALENA : Accord de Libre Echange Nord
Américain
BIC : Impôt sur le Bénéfice
Industriel et Commercial
BNC : Impôt sur le Bénéfice
Non Commercial
BRAFASO : Brasserie du Faso
BRAKINA : Brasserie du Burkina
CEDEAO : Communauté Economique des Etats
de l'Afrique de l'Ouest
CEE : Communauté Economique
Européenne
CET : Code de l'Enregistrement du Timbre et de
l'Impôt sur les Valeurs
Mobilières
CI : Codes des Impôts
CM : Conseil des Ministres
CNLCF : Coordination Nationale de Lutte Contre
la Fraude
CSB : Contribution du Secteur des Boissons
CSE : Contribution du Secteur de l'Elevage
CSI : Contribution du Secteur Informel
DD : Droit de Douane
DGD : Direction Générale des
Douanes
DGE : Direction des Grandes Entreprises
DGEP : Direction Générale de
l'Economie et de la Planification
DGI : Direction Générale des
Impôts
DGTCP : Direction Générale du
Trésor et de la Comptabilité Publique
DIP : Direction de l'Informatique et de la
Prévision
DLC : Direction de la Législation et du
Contentieux
DME : Division des Moyennes Entreprises
DPAM : Direction des Prévisions et des
Analyses Macroéconomiques
DRI : Direction Régionale des
Impôts
FAIR : Fonds d'Aide à
l'Intégration Régionale
IMFPIC : Impôt Minimum Forfaitaire pour
les Professions Industrielles et
et Commerciales
IRF : Impôt sur le Revenu Foncier
IRVM : Impôt sur le Revenu des Valeurs
Mobilières
I
IUTS : Impôt Unique sur les Traitements et
Salaires
II
NTS : Nomenclature Tarifaire et Statistique
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
OPCVM : Organismes de Placement Collectif en
Valeurs Mobilières
PCS : Prélèvement Communautaire
de Solidarité
PIB : Produit Intérieur Brut
PTF : Programme de Transition Fiscale
RS : Redevance Statistique
SDI : Schéma Directeur Informatique.
SINTAX : Système Informatisé de
Taxation
SONABEL : Société Nationale
Burkinabé d'Electricité
TCA : Taxe sur le Chiffre d'Affaires
TCI : Taxe Conjoncture à
l'Importation
TDP : Taxe Dégressive de Protection
TEC : Tarif Extérieur Commun
TMEI : Taux Marginal Effectif d'Imposition
TPA : Taxe Patronale d'Apprentissage
TPC : Taxe Préférentielle
Communautaire
TSB : Taxe Sur les Boissons
TUPP : Taxe Unique sur les Produits
Pétroliers
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
UE : Union Européenne
UEMOA : Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine
UMOA : Union Monétaire Ouest
Africaine
LISTES DES TABLEAUX
III
Tableau 1 : Taux appliqué dans les
Etats membres avant et après les
reformes 15 Tableau 2 : Taux des
droits d'accises par produit proposé par
l'UEMOA 16 Tableau 3 : Evaluation
des moins-values de recettes
douanières 34 Tableau 4 :
Compensation des moins-values de recettes douanières
accordée au Burkina Faso 36 Tableau
5 : Evolution des recettes de droits d'accises du Burkina de
1998 à 2007 40 Tableau 6 :
Evaluation de la capacité compensatrice des impôts
indirects intérieurs 42 Tableau
7 : Situation des dépenses d'exonérations et de
subventions
sur la période 2000-2005 .51
IV
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : Evolution des recettes
fiscales du Burkina Faso de 1996
à 2007 30
Graphique 2 : Evaluation de la
transition fiscale au Burkina Faso 41
Graphique 3 : La courbe de Laffer 50
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE 1
Première partie : La politique fiscale
de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) 4
Chapitre I : Les tenants et les aboutissants de la politique
fiscale de l'UEMOA 5
Section 1 : L'harmonisation de la fiscalité de porte 5
Section 2 : L'harmonisation des fiscalités
intérieures 13
Chapitre II : La transposition des mesures fiscales
communautaires dans le système fiscal Burkinabé et
l'évolution des recettes fiscales du Burkina Faso de
1996 à 2007 19
Section 1 : Bref aperçu sur le système fiscal
burkinabé 19
Section 2 : L'évolution des recettes fiscales du Burkina
Faso de 1996 à
2007 27
Deuxième partie : Optimisation des
recettes fiscales intérieures au Burkina Faso 32
Chapitre I : Les incidences des réformes fiscales
communautaires sur les recettes fiscales au Burkina Faso 33
Section 1 : L'impact de la libéralisation du commerce de
l'UEMOA sur les
recettes douanières du Burkina Faso 33 Section 2 : Les
incidences sur les performances de la fiscalité indirecte
intérieure au Burkina Faso 37
Chapitre II : Les propositions d'amélioration du niveau
des recettes fiscales intérieures au Burkina Faso .43
Section 1 : La mise en oeuvre des réformes
adéquates 43
Section 2 : La recherche de l'amélioration de la
qualité et de la quantité des moyens de l'administration fiscale
54
CONCLUSION GENERALE 59
BIBLIOGRAPHIE 61
ANNEXE A
1
INTRODUCTION GENERALE
Depuis les années 90, l'environnement
économique international est marqué par le
phénomène de la mondialisation qui se caractérise par la
libéralisation croissante des économies. Cette
libéralisation des économies induit entre autres, une
exacerbation de la concurrence entre les Etats, l'internationalisation des
activités économiques, la multiplication et/ou le renforcement
des blocs économiques sous- régionaux telle la mutation de la
Communauté Economique Européenne (CEE) en l'Union
Européenne (UE) en 1993 et la naissance de l'Accord de Libre Echange
Nord Américain (ALENA) en 1994.
Face à cette nouvelle configuration de
l'économie mondiale, la construction d'organisations économiques
plus solides s'avère nécessaire, surtout pour les pays en
développement.
C'est dans ce contexte que l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) a été instituée
par le Traité du 10 Janvier 1994 à Dakar et signée deux
(02) jours avant la dévaluation du CFA, en remplacement de l'Union
Monétaire Ouest Africain (UMOA) créée en 1962. Cette
Union, aujourd'hui regroupe huit (08) pays à savoir le Bénin, le
Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Niger, le Mali, le
Sénégal, le Togo et la Guinée Bissau (depuis 1997). Elle
s'est assignée entre autres, les objectifs suivants :
· Renforcer la compétitivité des
activités économiques et financières des États
membres dans le cadre d'un marché ouvert et concurrentiel et d'un
environnement juridique rationalisé et harmonisé ;
· Assurer la convergence des performances et des politiques
économiques des États membres par l'institution d'une
procédure de surveillance multilatérale ;
· Créer entre Etats membres un marché commun
basé sur la libre circulation des personnes, des biens, des services,
des capitaux et le droit d'établissement des personnes exerçant
une activité indépendante ou salariée, ainsi que sur un
tarif extérieur commun et une politique commerciale ;
· Instituer une coordination des politiques
sectorielles nationales par la mise en oeuvre d'actions communes ;
· Harmoniser, dans la mesure nécessaire au
bon fonctionnement du marché commun, les législations des
États membres et particulièrement le régime de la
fiscalité.
Le processus d'intégration sous-régionale
engagé dans le cadre de l'UEMOA a nécessité la mise en
place d'un certain nombre de mesures fiscales à caractère
communautaire.
Cependant, la lecture de ces mesures laisse présager
une réduction où pour le moins, un ralentissement du taux
d'accroissement des recettes de porte susceptible d'affecter
négativement le niveau des prélèvements publics. Quand on
sait que le Burkina Faso, à l'instar des autres pays en
développement tire l'essentiel de ses ressources budgétaires des
recettes générées par les impôts et taxes, que le
pays a mis en oeuvre une stratégie de lutte contre la pauvreté
qui induit des charges récurrentes de plus en plus importantes.
Il y a lieu de se demander comment dans un tel contexte, le
Burkina Faso peut-il arriver à optimiser de manière durable le
niveau de recouvrement de ses recettes fiscales intérieures pour
compenser les moins-values qui pourraient résulter de la nouvelle
politique fiscale de l'Union.
Telle est la question principale de notre réflexion.
Concrètement il s'agira de répondre aux questions
spécifiques suivantes : Quelles sont les différentes mesures
fiscales rendues nécessaires par la politique fiscale de l'UEMOA ?
Quelles sont les modifications intervenues dans l'évolution des recettes
fiscales burkinabé suite à la mise en oeuvre des mesures fiscales
communautaires ? Quelles actions stratégiques et opérationnelles
y a-t-il lieu d'entreprendre en vue d'améliorer de façon
significative le niveau des recettes fiscales intérieures ?
De telles interrogations ont conduit à mener la
réflexion à travers la présente étude qui
s'intitule : « La politique fiscale de l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et optimisation des recettes fiscales
intérieures au Burkina Faso »
Cette étude s'inscrit dans la dynamique de recherche
des voies et moyens, capables de favoriser une mobilisation suffisante de
recettes fiscales intérieures au profit du budget de l'Etat et des
collectivités territoriales, la croissance économique et la lutte
contre la pauvreté. Elle relève aussi de l'anticipation quant aux
effets probables des accords commerciaux en cours, à venir et de
l'impact futur de l'harmonisation de la fiscalité intérieure
directe au sein de l'UEMOA sur les finances publiques du Burkina Faso.
Dans le souci de donner une direction à notre
étude, deux hypothèses de départ ont été
formulées :
Hypothèse 1 : la mise en oeuvre de la
politique fiscale de l'UEMOA a entraîné une inversion des
tendances entre les recettes fiscales douanières et les recettes
fiscales intérieures du Burkina Faso.
Hypothèse 2 : les moins-values de
recettes de porte sont suffisamment
compensées par les réformes de la fiscalité
intérieure.
Le présent mémoire a pour objectif principal
d'étudier l'impact des réformes fiscales initiées par
l'UEMOA sur les recettes fiscales budgétaires du Burkina Faso. Cela
passe nécessairement par certains objectifs secondaires qui sont :
l'analyse de l'évolution des recettes fiscales burkinabé à
l'épreuve des mesures fiscales communautaires, et la formulation
à l'endroit de l'administration financière burkinabé, des
propositions lui permettant d'améliorer ses performances en
matière de mobilisation de recettes fiscales tout en se conformant aux
exigences communautaires.
Pour atteindre lesdits objectifs, il à
été jugé utile de s'appuyer essentiellement sur les
statistiques fiscales de la période 1996-2007 et de procéder
à la collecte et à l'analyse quantitative des données
recueillies auprès des régies de recettes (DGI, DGD, DGTCP),
à des entretiens avec les responsables desdites administrations,
à une étude documentaire basée sur des mémoires,
ouvrages et travaux divers et des recherches sur internet.
3
Le développement du présent thème
s'articulera autour de deux grandes parties : la première partie porte
sur la politique fiscale mise en oeuvre par l'UEMOA ; la seconde partie a trait
à l'optimisation des recettes fiscales intérieures au Burkina
Faso.
PREMIERE PARTIE : LA POLITIQUE FISCALE DE L'UNION
ECONOMIQUE ET MONETA IRE OUEST AFRICAINE (UEMOA)
La présente partie est subdivisée en deux (2)
chapitres. Le premier chapitre présente la politique fiscale de l'UEMOA
à travers l'harmonisation de la fiscalité de porte et celle des
fiscalité intérieures et le second a trait à la
transposition des mesures fiscales communautaires dans le système fiscal
burkinabé et à une analyse de l'évolution des recettes
fiscales du Burkina Faso de 1996 à 2007.
5
CHAPITRE I : La présentation de la politique
fiscale de l'UEMOA
Le processus d'intégration sous régionale
amorcé dans le cadre de l'UEMOA a nécessité l'adoption
d'un certain nombre de mesures fiscales communautaires.
En effet, C'est à partir de 1996, lors de la
première Conférence des Chefs d'Etats et de Gouvernement des pays
membres de l'UEMOA que les premières mesures fiscales communautaires ont
été élaborées.
Ainsi, la politique fiscale de l'UEMOA à la suite de
cette conférence s'est bâtie autour de deux axes bien connus : la
fiscalité de porte et la fiscalité intérieure.
Avant d'examiner les différents impôts et taxes
visés par l'harmonisation des fiscalités intérieures
(section 2), il est certainement important de mettre en évidence les
mesures fiscales concernant la fiscalité de porte (section 1).
Section 1 : L'harmonisation de la fiscalité de
porte
L'objectif principal de l'Organisation Mondiale du Commerce
(OMC) est de permettre par des règles transparentes et
équilibrées, l'ouverture des marchés à tous les
produits et services qui font l'objet d'échanges commerciaux. Pour cette
raison, l'OMC prône la prévisibilité en demandant aux Etats
de rendre publics les taux des droits et taxes ainsi que les surtaxes
appliquées lors de l'importation des marchandises. Elle prône
également la baisse des tarifs douaniers pour promouvoir une plus grande
ouverture des marchés.
C'est en application de ces principes que l'un des objectifs
visés par l'UEMOA est d'intensifier les échanges entre les pays
membres de l'Union d'une part, avec le reste du monde, d'autre part.
La fiscalité de porte renvoie essentiellement au
processus de libéralisation des échanges intra-communautaires
(§-1) et à la libéralisation du commerce extra -
communautaire (§-2).
§-1 : La libéralisation des
échanges intra-communautaires
Il s'agit d'intensifier les échanges entre les pays
membres de l'Union. Cette intensification des liens commerciaux suppose une
suppression totale des barrières douanières entre les Etats
membres. C'est dans cette optique que la Conférence des Chefs d'Etats,
lors de sa première session tenue au mois de mai 1996, avait pris la
décision par acte additionnel n°04/961, en date du 10
mai 1996, d'instaurer un régime tarifaire préférentiel
transitoire en faveur des produits échangés au sein de l'UEMOA.
La mise en place de ce régime préférentiel s'est faite en
plusieurs étapes, selon un calendrier qui s'est étalé de
juillet 1996 à janvier 2000.
a) Le calendrier de mise en oeuvre et la
catégorisation des produits
> Dès le 1er juillet 1996, le
désarmement tarifaire était total pour tous les produits du
crû et de l'artisanat traditionnel originaires des pays membres de
l'Union. Les produits du crû sont les produits de l'Union relevant du
règne animal, minéral et végétal n'ayant subi
aucune transformation à caractère industriel. Les produits de
l'artisanat concernent des articles faits à la main ou sans l'aide
d'outils, d'instruments ou de dispositifs actionnés directement par
l'artisan.
> Du 1er juillet 1996 au 30 juin 1997, une
réduction de 60% sur les droits et taxes d'entrée avait
été consentie par tous les Etats membres, sur les produits
agréés à la taxe préférentielle
communautaire (TPC).
Ces produits sont :
· les produits industriels dans la fabrication desquels
sont incorporés des matières premières communautaires
représentant 60% des matières premières
utilisées.
· Les produits industriels obtenus entièrement ou
partiellement à partir des matières premières
importées de pays tiers, à condition que la valeur ajoutée
du produit final, soit au moins égale à 40% du prix de revient en
usine, évalué hors taxe.
6
1 L'Acte Additionnel N°01/97 du 23
juin 1997 modifiant celui du 10 mai 1996 a été modifié par
l'Acte Additionnel N°04/98 du 30 décembre 1998
> Du 1er juillet 1997 au 31 décembre
1998, l'abattement des droits et taxes d'entrée a été
portée à 60% sur les produits agréés à la
taxe préférentielle communautaire (TPC).
> Du 1er janvier 1999 au 31 décembre 1999,
cette réduction a été portée à 80%.
> Depuis le 1er janvier 2000, cette
réduction a été portée à 100% et consacre
ainsi le désarmement tarifaire total et effectif sur tous les produits
agréés.
Quant aux produits industriels non agréés, ils
sont constitués par l'ensemble des produits du domaine de l'industrie ne
remplissant pas toutes les conditions requises pour bénéficier de
l'agrément. Ces produits ne bénéficient pas logiquement du
traitement préférentiel réservé aux échanges
intra-communautaires. Néanmoins, lors de leur importation dans un Etat
membre, ces produits font l'objet d'une réduction de 5% des droits
d'entrée applicables aux produits de l'espace en provenance de pays
tiers.
Il convient de noter que l'application du régime
préférentiel obéit à un certain nombre de
conditions à savoir la reconnaissance de l'origine du produit et le
régime de faveur accordée aux produits (agrément à
la TPC). En effet, «sont considérés comme produits
originaires des Etats membres de l'UEMOA, les produits entièrement
obtenus ou ayant fait l'objet d'une ouvraison ou d'une transformation
suffisante dans les Etats2».
b) Les conditions d'application du régime
préférentiel
L'application du régime préférentiel
liée, à l'origine, des marchandises se traduit par l'accord
d'agrément aux produits, la délivrance de certificat d'origine
ainsi qu'une possibilité d'identification des produits par une
procédure de marquage.
· l'agrément
Les produits reconnus originaires agréés
bénéficient de la taxe préférentielle communautaire
par décision de la Commission après avis des experts de
l'UEMOA.
7
2 Protocole Additionnel N° O3-2001
du 19 décembre 2001 instituant les règles d'origines des produits
de l'UEMOA
· le certificat d'origine
C'est un document commercial qui atteste et qui constitue la
preuve irréfutable de l'origine communautaire d'une opération
d'expédition de marchandises intracommunautaires.
· le marquage
Pour les besoins d'identification des produits
agréés à la TPC, le marquage des marchandises est
exigé dès lors que cela est techniquement possible.
Les caractéristiques de ce marquage sont alors
communiquées aux instances de contrôle aux fins de faciliter
l'identification des produits agréés.
Ainsi, il est à retenir que la libéralisation
du commerce intra-communautaire se distingue par la classification des produits
de la communauté selon des règles d'origine bien précises.
Cette classification a permis de procéder à un traitement
préférentiel d'un certain nombre de produits en vue de restaurer
dans une certaine mesure un climat favorable à la construction d'un
marché commun.
Toutefois, les mesures au niveau interne de l'UEMOA sont
certes des conditions nécessaires mais pas suffisantes pour la
libéralisation des échanges dans leur globalité. Il est
donc important de faciliter les échanges, entre les pays membres de
l'UEMOA et les pays tiers grâce notamment à l'application du tarif
extérieur commun.
§-2 : La libéralisation du commerce
extra- communautaire
Il s'agit ici d'organiser le commerce de l'Union avec le
reste du monde, autour d'un Tarif Extérieur Commun (TEC). Le TEC/UEMOA
en vigueur depuis le 1er janvier 2000 constitue avec le
régime préférentiel communautaire, les composantes de
l'union douanière au niveau de l'UEMOA. Le TEC, comme son nom l'indique,
est un tarif douanier commun aux Etats membres de l'UEMOA et institué
par eux afin de protéger et d'assurer la croissance de leurs
économies. La mise en place du TEC vise principalement trois objectifs
:
8
- la volonté d'ouverture de l'espace UEMOA vers
l'extérieur : le TEC consacre la volonté de l'Union de
marquer son ouverture vers l'extérieur et
son encrage au processus de libéralisation et de
mondialisation tel que défini par l'OMC dont font partie les pays de
l'Union.
~ La protection de la production
communautaire : c'est pour marquer leur volonté d'assurer une
protection effective des produits originaires des Etats membres que les
autorités ont adopté des taux de droits différents selon
la nature du produit et selon qu'il est fabriqué ou non dans l'Union.
~ La lutte contre le détournement de
trafic : quand les pays membres d'un regroupement comme l'UEMOA
appliquent des tarifs différents à l'égard des
importations hors zone, il existe un risque que les exportateurs des pays tiers
fassent entrer leurs produits dans l'Union par le pays à tarif
extérieur le moins élevé pour les réexporter par la
suite vers les pays à tarif extérieur élevé. La
mise en place d'une fiscalité uniforme quel que soit le point
d'entrée dans l'Union limitera les risques de détournement de
trafic.
Ainsi, pour atteindre ces objectifs, il est prévu une
architecture bien structurée qui repose sur :
· une catégorisation des produits ;
· des droits et taxes permanents ;
· des droits et taxes à caractère
temporaire.
a) La catégorisation des
produits
Elle consiste à une répartition technique des
produits entre différentes catégories selon des critères
préalablement définis. Elle a été formalisée
suite à un état des lieux de la fiscalité des pays membres
de l'Union qui a permis de constater l'existence d'une flopée de mesures
et tarifs de douane énormes. Le classement des produits en quatre (04)
catégories résulte des règlements relatifs à la
Nomenclature Tarifaire et Statistique (NTS) du tarif extérieur commun de
l'UEMOA3. La NTS de l'UEMOA est basée sur la NTS de la
Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ainsi
que sur le système harmonisé de désignation et
9
3 Plusieurs règlements ont
été adoptés dans le cadre de la Nomenclature Tarifaire et
Statistique du TEC - UEMOA dont le dernier est le règlement N°
1/2004/CM/UEMOA du 18 mai 2004 portant modification de l'annexe du le
règlement N° 23/2002/CM/UEMOA du 18 novembre 2002 .
de codification des marchandises4. La
catégorisation répond au souci de l'application d'une
fiscalité uniforme, précédemment annoncée au niveau
des objectifs du TEC. A cet effet, cette catégorisation adoptée
pour la première fois le 02 juillet 1998 et modifiée par le
règlement N° 01/2004/CM/UEMOA du 18 mai 2004 se présente
comme suit :
· Catégorie 0 : cette
catégorie concerne les biens sociaux essentiels relevant d'une liste
limitative aussi bien dans le domaine sanitaire (médicaments,
préservatifs pour des raisons de santé publique, appareils de
rééducation, prothèse, stimulants cardiaques, chaises
roulantes pour handicapés) que dans le domaine éducatif (livres,
journaux) ;
· Catégorie 1 : elle est
constituée des biens de première nécessité (lait en
poudre, céréales) ;des matières premières de base
(semence agricole, pétrole brut, bois brut, matières textiles
brutes, pierres brutes, métaux bruts. etc.) ; des biens
d'équipements (pour l'essentiel des machines industrielles et des
ordinateurs) et des intrants spécifiques ( intrants essentiels non
susceptibles d'être produits à court et à moyen terme dans
la zone, intrants du secteur plastique, du secteur caoutchouc, la pâte
à papier, les produits chimiques organiques) ceci afin de réduire
les exonérations accordées au titre des codes des investissements
;
· Catégorie 2 : ce sont les
intrants autres que ceux cités dans la catégorie 1 et les
produits intermédiaires (huile brute, beurre et graisse de cacao,
contreplaqués, papier en rouleau, tissus, métaux en rouleau etc.)
;
· Catégorie 3 : elle regroupe
les biens de consommation finale et autres produits non repris ailleurs. C'est
la catégorie qui regroupe le plus grand nombre de produits (viandes,
poissons, lait, fruits et légumes, huile raffinée, confections,
chaussures, électroménagers, ouvrage en matière plastique,
etc.).
Cette catégorisation des produits au sein de la
communauté a permis l'application du TEC.
10
4 Ce système harmonisé a
été élaboré sous l'égide du Conseil de
Coopération Douanière (CDD), également appelé
Organisation Mondiale des Douanes.
b) Les droits et taxes en vigueur
5 UEMOA
11
Il a été mis en place une architecture tarifaire
comprenant les droits et taxes à caractère permanent applicables
aux produits importés et les droits et taxes à caractère
temporaire.
> Les droits et taxes permanents applicables aux
produits importés
Il s'agit des Droits de Douane (DD), de la Redevance
Statistique (RS) et du Prélèvement Communautaire de
Solidarité (PCS) qui se distinguent les uns des autres tant par leur
champ d'application que par leur taux de liquidation.
Les droits de douane sont assis sur la valeur en douane du
produit et varient selon le degré de transformation du produit
c'est-à-dire que plus le produit est élaboré plus sa
taxation est élevée (Cf annexe 1).
Pour ce qui est de la redevance statistique, c'est une taxe
fixée pour service rendu. Elle ne comprend qu'une seule valeur : 1%.
Elle est applicable à tous les produits y compris ceux
exonérés des droits de douane.
Quant aux prélèvements communautaires de
solidarité, c'est une taxe d'un taux de 1% sur tous les produits tiers
de l'Union. Ce prélèvement sert en partie à la
compensation des pertes de recettes, au fonctionnement de la Commission de
l'UEMOA et au financement des projets communautaires (FAIR : Fonds d'Aide
à l'Intégration Régionale). Les taux des droits et taxes
permanents (annexe 1) sont applicables depuis le 1
er janvier 2000.
> Les droits et taxes
temporaires
Le législateur communautaire5 a pressenti
dès le départ que l'application du TEC peut engendrer des
difficultés pour les entreprises de la zone ; ce qui ne va pas
contribuer à l'atteinte des objectifs de développement
économique et social poursuivis par l'Union. Afin de prévenir ces
cas de situation, il est apparu nécessaire de prévoir un
dispositif de protection ou de sauvegarde à travers les droits et taxes
temporaires.
Les droits et taxes temporaires sont constitués par la
Taxe Dégressive de Protection (TDP) et la Taxe Conjoncturelle à
l'Importation (TCI).
La TDP6 est destinée à compenser les
baisses importantes de protection tarifaire liée à la mise en
place du TEC. C'est une taxe ad valorem, temporaire et dégressive et son
application est nationale. Cette taxe est perçue sur les produits
relevant de l'industrie ou de l'agro-alimentaire. La TDP est
déterminée de sorte qu'elle ne s'applique dans les Etats
où un besoin de protection se fait sentir. L'agrément à la
TDP est accordé par une décision de la Commission de l'UEMOA.
Initialement prévue pour prendre fin en 2003, la TDP a
été prorogée en décembre 2003 par le Conseil des
ministres de l'Union jusqu'au 31 décembre 2005.
Deux taux de TDP sont prévus :
· une TDP base de 10%, si la baisse du taux de protection
effective est comprise entre 25% et 50%.
· une TDP base de 20%, si la baisse du taux de protection
effective est supérieure ou égale à 50%.
Ces taux de base sont dégressifs pour disparaître
à terme selon un calendrier défini (Cf annexe
2).
La Taxe Conjoncturelle à l'Importation
(TCI)7 est fixée pour compenser les baisses importantes de
protection tarifaire liées à la variation erratique des
cours mondiaux. En effet, les flux de marchandises sont
généralement tributaires des cours mondiaux. De façon
spécifique, la variation imprévisible et instable des prix
internationaux de certains produits peut avoir un impact très
prononcé sur les importations de l'Union et dans une certaine mesure,
sur la production communautaire dans sa globalité et par
conséquent sur les recettes budgétaires des pays membres.
La TCI est une taxe ad valorem, temporaire et
dégressive. Elle concerne les produits de l'agriculture, de
l'agro-industrie, de l'élevage et des pêches, à l'exception
du poisson et des produits à base de poisson. Son taux est de 10% du
prix de déclenchement ou péréquation pour les produits
à prix garanti.
6 Les bases juridiques de la taxe
dégressive de protection sont constituées de règlements
dont le dernier est le règlement N° 19/2003/CM/UEMOA du 22
décembre 2003 modifiant le règlement N° 03/1999/CM/UEMOA du
25 mars 1999 portant adoption de la taxe dégressive de protection au
sein de l 'UEMOA.
12
7 Le règlement N° 06/CM/UEMOA
du 17septembre 1999 portant adoption du mécanisme de la Taxe
Conjoncturelle à l'Importation au sein de l'UEMOA.
La relation de complémentarité qui existe entre
la fiscalité intérieure et la fiscalité de porte conduit
à se pencher sur les réformes fiscales à
l'intérieure.
Section 2 : L'harmonisation des fiscalités
intérieures
En adoptant le traité instituant l'UEMOA, le Burkina
Faso, à l'instar des sept autres pays membres s'est engagé dans
un processus d'intégration par les marchés. A terme, cette
démarche devrait se traduire par l'édification d'un marché
commun marqué par la libre circulation des personnes, des biens et des
services. Le bon fonctionnement de ce marché suppose, entre autres, la
levée de toutes les entraves d'ordre fiscal afin d'instaurer entre les
systèmes fiscaux une cohérence de nature à assurer
l'égalité de traitement des opérateurs économiques
au sein de l'Union et à améliorer le rendement des
différents impôts.
C'est à cette fin que la Décision
N°1/98/CM/UEMOA du 30 juillet 1998 portant harmonisation des
fiscalités intérieures indirectes a été
édicté. Cette harmonisation apparaît comme un
complément indispensable aux réformes tarifaires prévues
dans le cadre de l'unification des espaces économiques nationaux. C'est
ainsi qu'ont été retenus : la Taxe sur la Valeur Ajoutée
(TVA), les droits d'accises, les prélèvements des produits
pétroliers, etc. Par ailleurs, le Programme de Transition Fiscale
(PTF)8 au sein de l'Union à son article 2 a chargé la
Commission d'élaborer et de proposer des projets d'actes communautaires
nécessaires à la mise en oeuvre de cet ambitieux programme.
Pour les besoins de l'analyse qui va suivre, ces
différents impôts et taxes sus cités seront rangés
en deux axes d'harmonisation suivant d'une part l'harmonisation des
impôts intérieurs indirects (§-1) et d'autre part
l'harmonisation des impôts intérieurs directs (§-2) .
13
8 Décision N°
10/2006/CM/UEMOA du17 mars 2006 portant adoption du programme de transition
fiscale au sein de l'UEMOA.
14
§-1 : L'harmonisation des impôts
intérieurs indirects
a) La taxe sur la valeur ajoutée
(TVA)
Dans le cadre de la politique d'harmonisation des
fiscalités au sein de l'UEMOA, la TVA est apparue comme l'impôt le
plus intégrateur et cela pour deux raisons majeures : d'abord, la TVA
est un impôt général sur la dépense et touche tout
le tissu économique (les secteurs de la production, de la distribution
et des services) ; ensuite, jouissant d'une réputation de
neutralité économique, elle semble le mieux appropriée
pour compenser les pertes de recettes fiscales sans nuire à la
compétitivité des entreprises tout en favorisant la dynamique de
l'intégration.
Outre cela, la TVA est généralisée
à l'ensemble des livraisons de biens et des prestations de services
ainsi qu'aux importations avec une stricte limitation des exonérations
et des exemptions9.
La généralisation est toutefois progressive en
ce qui concerne le secteur agricole, le secteur de transport, les banques et
assurances. D'où le choix de les exclure temporairement du champ
d'application de la TVA. Cette situation constitue une limite au rendement de
la TVA et une inégalité de traitement des consommateurs de
l'Union.
La Commission de l'UEMOA propose comme axe d'harmonisation de
la TVA, la stratégie suivante : l'élargissement du champ
d'application, l'élargissement du seuil d'imposition,
l'élargissement de la base d'imposition, le rapprochement des
modalités d'imposition et de remboursement des crédits. Le
tableau suivant donne les taux de la TVA appliqués dans les Etats
membres avant et après les réformes.
Tableau 1 : Taux appliqué dans les Etats membres
avant et après les réformes.
9 Article 21 & 22 de la
Directive N° 02/98/CM/UEMOA portant harmonisation des législations
des Etats membres en matière de taxe sur la valeur
ajoutée.
Etats
|
Taux avant l'harmonisation
|
Taux après l'harmonisation
|
Bénin
|
18%
|
18%
|
Burkina Faso
|
18%
|
18%
|
Côte d'Ivoire
|
11,11 et 20%
|
18%
|
Guinée-Bissau
|
-
|
-
|
Mali
|
10 et 15%
|
18%
|
Niger
|
17%
|
19%
|
Sénégal
|
10 et 20%
|
18%
|
Togo
|
18%
|
18%
|
|
Source : UEMOA/Législation fiscale
communautaire
La directive N° 02/98/CM/UEMOA portant harmonisation des
législations des Etats membres en matière de TVA, recommande une
fourchette de taux compris entre 15% et 20%. A l'exception du Niger et de la
Guinée-Bissau (taux inconnu), tous les pays appliquent actuellement la
TVA à un taux de 18%.
b) Les droits d'accises
Les droits d'accises désignent les impôts
indirects qui frappent de manière spécifique tel ou tel produit.
Il s'agit en réalité de surtaxes qui sont destinées non
seulement, à fournir au Trésor public des ressources
additionnelles, mais surtout à influer sur le comportement des
particuliers. Par exemple, décourager la consommation d'alcool ou de
tabac. Les droits d'accises sont appliqués dans tous les pays de l'UEMOA
et comme tous les impôts indirects, ils ont des répercussions sur
les transactions internationales. En effet, ils augmentent le prix des produits
et diminuent le pouvoir d'achat des consommateurs ; ce qui peut provoquer une
baisse de la demande.
Mais tenant compte de l'objectif de mise en cohérence
des systèmes internes de taxation et d'égalité de
traitement des opérateurs économiques au sein de l'Union, une
harmonisation de cette catégorie d'impôts s'est
avérée nécessaire. A cet effet, un certain nombre de
produits sont soumis aux droits d'accises au sein de l'UEMOA (boissons
alcoolisées et non alcoolisées à l'exclusion de l'eau). Au
demeurant, les Etats membres ont la faculté de soumettre
également à un droit d'accise au maximum quatre autres produits
sélectionnés parmi ceux figurant sur une liste communautaire
(café, cola, farine de blé, huiles et corps gras, thé,
armes et
16
munitions et produits de parfumerie et cosmétiques). Le
tableau ci-dessous donne la fourchette des taux recommandés par
produit.
Tableau 2 : Taux des droits d'accises par produit
proposés par l'UEMOA.
Produits imposables
|
Taux minimal
|
Taux maximal
|
Boissons non alcoolisées à l'exclusion de
l'eau
|
0%
|
20%
|
Boissons alcoolisées
|
10%
|
45%
|
Tabac
|
10%
|
40%
|
Café
|
1%
|
12%
|
Cola
|
10%
|
30%
|
Farine de blé
|
1%
|
30%
|
Huiles et corps gras
|
1%
|
15%
|
Thé
|
1%
|
12%
|
Armes et munitions
|
15%
|
40%
|
Produits de parfumerie et cosmétiques
|
5%
|
15%
|
|
Source : UEMOA / Législation
communautaire sur la fiscalité.
c)La fiscalité des produits
pétroliers
L'harmonisation des fiscalités intérieures a
porté également sur les prélèvements des produits
pétroliers. Les produits pétroliers étaient
caractérisés par une taxation complexe au sein des pays membres
de l'UEMOA. En effet, en plus des droits de douane, on y rencontre de la TVA,
des accises spécifiques ou ad valorem (au Niger ou en Côte
d'Ivoire et en partie au Togo) et des taxes implicites associées aux
opérations de péréquation, des prélèvements
tenant compte soit de l'évolution des cours mondiaux, soit pour
compenser les différences de coûts de transport des produits en
fonction du lieu de consommation.
En réalité, c'est pour simplifier la taxation
que l'UEMOA propose qu'une taxe spécifique unique (droits d'accises
consolidés), se substitue progressivement aux différents
prélèvements effectués (autres que les droits de douane et
la TVA). Cette restriction pourrait améliorer le bien-être des
populations. En effet, ces taxes qui représentaient parfois 20% du prix
du produit étaient incorporées dans les coûts de revient
des marchandises des pays enclavés tels que le Burkina Faso, le Mali, le
Niger.
§-2 : L'harmonisation des impôts
intérieurs directs
Le second axe de l'harmonisation des fiscalités
intérieures des pays membres de l'UEMOA concerne les impôts
directs.
Un impôt direct est un impôt dont le paiement est
effectué ou supporté par la personne sur qui repose la charge de
l'impôt. Les impôts directs sont nombreux et frappent
généralement les revenus réalisés par les
entreprises et les ménages.
Les impôts directs ne sont pas moins disparates que les
impôts indirects, cela, tant du point de vue du champ d'application, des
exemptions, du seuil d'imposition que de la base d'imposition ; des taux et
déductions des impôts directs d'un pays à l'autre de
l'Union. Aussi, pour se conformer à l'esprit de l'Union, il était
devenu impérieux après l'harmonisation des fiscalités
intérieures indirectes de poursuivre l'harmonisation des impôts
directs.
C'est ainsi que la Décision N°10/2006/CM/UEMOA du
17 mars 2OO6 portant adoption du Programme de Transition Fiscale au sein de
l'UEMOA à son article 2 a chargé la Commission de l'UEMOA
d'élaborer et de proposer les projets d'actes communautaires
nécessaires à la mise en oeuvre du programme de transition
fiscale. Il s'agira concrètement pour la Commission :
· d'évaluer le niveau du Taux Marginal
Effectif d'Imposition (TMEI) du capital et des revenus du capital, du travail
et de l'épargne, et aussi de l'ouverture du chantier de l'harmonisation
de la fiscalité des valeurs mobilières dans le cadre de
l'approfondissement du marché financier régional, en sus de
l'étude en cours sur l'harmonisation de la fiscalité directe ;
- d'assurer la mise en place d'outils de mesure de
fiscalité optimale qui concilie l'impératif de mobilisation des
ressources publiques et l'exigence d'un environnement propice à
l'investissement et à la croissance économique ;
- de veiller à l'adoption par les Etats membres de
l'Union du taux marginal effectif d'imposition, comme concept opératoire
;
18
- d'évaluer le régime fiscal des services
financiers, y compris les nouveaux instruments financiers (banques, assurances,
crédit-bail, capital-risque, transfert d'argent, affacturage, Organismes
de Placement Collectif en Valeurs Mobilières (OPCVM) ;
- d'étudier l'adoption d'une convention
multilatérale de non double imposition et d'assistance réciproque
entre les Etats membres de l'UEMOA.
L'harmonisation des impôts intérieurs directs
est encore à l'étape embryonnaire mais dans le souci
d'opérer un examen complet de la politique fiscale de l'UEMOA, il
était apparu nécessaire d'en faire cas.
En somme, ce premier chapitre a permis d'appréhender
les différentes mesures fiscales rendues nécessaires par la
politique fiscale de l'UEMOA. Il s'agit, entre autres, du schéma de
libéralisation des échanges intracommunautaires, du plan de
convergence du TEC, du TEC lui-même, des mécanismes de protection
complémentaires (TDP et TCI) et l'harmonisation de certains impôts
et taxes intérieurs à savoir la TVA, les droits d'accises, la
taxation des produits pétroliers.
Toutefois, la transposition des mesures fiscales
communautaires dans le système fiscal Burkinabé mérite une
attention particulière, afin de se faire une idée du degré
d'intégration des textes fiscaux de l'Union par le Burkina Faso.
Chapitre II : La transposition des mesures fiscales
communautaires dans le système fiscal Burkinabé et
l'évolution des recettes fiscales du Burkina Faso de 1996 à
2007
La mise en oeuvre des réformes entreprises dans le
cadre de l'union douanière est globalement effective dans les Etats
membres de l'UEMOA. Il s'agit, entre autres, du schéma de
libéralisation des échanges intracommunautaires, du plan de
convergence du TEC, du TEC lui-même, des mécanismes de protection
complémentaires (TDP et TCI) et l'harmonisation de la fiscalité
intérieure.
Comment la transposition de ces séries de mesures
s'est faite au Burkina Faso ? C'est à cette question que l'on
s'emploiera à répondre à travers un bref aperçu sur
le système fiscal burkinabé (section 1). Ensuite, l'on
procédera à l'analyse de l'évolution des recettes fiscales
du Burkina Faso de 1996 à 2007 (section 2).
Section 1 : Bref aperçu sur le système
fiscal Burkinabé
Utilisé subsidiairement comme un moyen d'intervention
de l'Etat dans le domaine économique et social, le système fiscal
(ou fiscalité) peut être défini comme l'ensemble des
impôts et taxes en vigueur dans un pays à un moment donné.
Impôts et taxes étant toute prestation pécuniaire
exigée des contribuables ou redevables par la puissance publique, selon
les règles légales. En effet, « l'impôt est une
prestation pécuniaire requise des particuliers par voie
d'autorité, à titre définitif et sans contrepartie, en vue
de la couverture des charges publiques10». «La taxe est
une rémunération d'un service offert par l'administration, elle
correspond donc à une activité
déterminée»11
Le système fiscal Burkinabé est
caractérisé, entre autres, par la multiplicité des
impôts et taxes12 qui le composent. Plusieurs classifications
peuvent en être faites, mais pour les besoins de l'analyse, il est retenu
la répartition entre la fiscalité de porte (§-1) et la
fiscalité intérieure (§-2)
10 Gaston Jezé
11 YARO N Amadou, cours de droit fiscal,
ENAM, 2001(Administration Générale)
12 On dénombre 30 impôts et
taxes liquidés et recouvrés par la DGI, 26 à la DGD et 22
à la DGTCP
§-1 : La fiscalité de
porte
La fiscalité de porte qui est du ressort de la
Direction Générale des Douanes (DGD) est régie par le Code
des Douanes13. Ledit Code, en fait, est complété par
le Code Communautaire des Douanes adoptés par le règlement
N° 09-2001-CMUEMOA du 29 novembre 2001. Cette fiscalité regroupe
les droits de douane et les taxes d'effets équivalents qui s'appliquent
aux produits qui franchissent le cordon douanier.
a) Les droits de douane
En général, les droits de douane sont
considérés comme des impôts ou des
prélèvements assis, sans préjudice de l'application des
impôts nationaux de consommation, sur les marchandises importées,
dans le but principalement de protéger les produits nationaux mais aussi
de faire des recettes pour le Trésor public. Les droits de douane au
sens large peuvent être rangés en trois (3) rubriques : les droits
à l'importation ; les droits à l'exportation et les autres droits
sur le commerce et les transactions internationales.
> Les droits à l'importation
Principalement constitués des droits de douane stricto
sensu,les droits à l'importation sont perçus au taux de 0%, 5%,
10% ou 20% selon que la marchandise correspond à la catégorie 0,
1, 2 ou 3.
Ces droits sont aussi constitués de RS, du PCS et la TDP.
La TCI n'est pas appliquée en raison de la complexité de la
procédure.
La TDP, elle a été tardivement instaurée
(2004) et couvre quelques produits (huile végétale
raffinée, sucre, cigarettes, allumettes, piles et sacs en PP). La RS,
quant à elle est appliquée au taux de 1% sur tous les produits y
compris ceux exonérés des droits de douane. Enfin, le PCS est
appliquée à 1% sur tous les produits tiers de l'Union.
> Les droits à l'exportation
20
13 Code des Douanes du Burkina Faso : Loi
N°O3/92/ADP du 03 décembre 1992 portant révision du Code des
Douanes.
On retrouve dans cette rubrique la contribution du secteur de
l'élevage (CSE). La CSE frappe l'exportation du bétail ou de
peaux à raison de 3000F par tête de bovin, 250 F par tête
d'ovins et caprins, 50 F par volaille et 100 F par kilogramme de peaux et
cuirs. La CSE a survécu à la suppression des autres taxes
à l'exportation en 1994. Par cette suppression partielle, le
législateur entendait promouvoir le négoce des produits
d'exportations ; ceci dans l'optique de faire gagner des devises profitables
aux producteurs et avantageux pour la balance commerciale structurellement
déficitaire du Burkina Faso.
> Les autres droits sur le commerce et les
transactions
internationales
Il s'agit entre autres, des amendes douanières, les
ventes en douanes, les arriérés des transitaires, les taxes de
péage (ciments, sels, sucre, farine imposé à 75 FCFA la
tonne, les produits métallurgiques à 150 FCFA la tonne, etc.).
b) Les taxes d'effets
équivalents
Les taxes d'effets équivalents ou les autres taxes
perçues à la porte sont des taxes de consommation
intérieure et assimilées. Ces taxes relèvent en principe
de la DGI mais lorsqu'elles s'appliquent aux produits importés,
censés être mis en consommation dès leur franchissement du
cordon douanier, il est logique que par commodité, leur perception se
fasse par l'administration des douanes en même temps que les droits et
taxes de douanes y afférents. Il s'agit principalement de la TVA de
porte, des droits d'accises et des taxes sur les produits pétroliers.
> La Taxe sur la Valeur Ajoutée de
porte
Depuis 1993, les importations sont désormais soumises
à la TVA qui a succédé à la Taxe sur le Chiffre
d'Affaires (TCA). La TCA burkinabé introduite pendant la période
coloniale (en 1952), a été appliquée jusqu'en fin
décembre 1992. La TCA à l'importation était assise sur la
valeur en douane majorée du droit de douane stricto sensu et du droit
fiscal à l'importation14. Elle comportait une
multiplicité de taux : le taux zéro (exonération), le taux
normal (22%), le taux réduit (7,5%) et le taux majoré
21
14 L'article 3 du Code des Douanes
entendait par droits et taxes fiscaux ceux dont l'objet est d'assurer des
recettes au Budget et dont les taux sont invariables quelles que soient
l'origine et la destination des marchandises importées ou
exportées.
(33,33%). Mais depuis lors, la TVA est applicable à
18% sur la valeur hors taxe des importations. Toutefois, il convient de
signaler qu'une gamme importante de produits échappe à cette
taxation. Il s'agit essentiellement des produits pharmaceutiques, des
équipements d'hôpitaux ou des biens de consommation culturelle,
etc. On peut d'ailleurs se demander si la TVA burkinabé en vigueur
à l'époque de l'adoption de la directive15 n'a pas
fortement inspiré le législateur communautaire. L'on soulignera
d'emblée que la TVA burkinabé a pris en compte les exigences de
cette directive.
> Les droits d'accises.
Les droits d'accises sont l'ensemble des taxes
intérieures indirectes spécifiques appliquées sur certains
biens particuliers tels que les boissons, le tabac, les cigares et les
cigarettes, le café, le thé et la colas etc.
Depuis l'adoption de la Loi N° 01-94/ADP du 12 janvier
1994, la taxe sur les tabacs, les cigares et les cigarettes est devenue une
taxe ad valorem. Elle s'applique à la fabrication et à
l'importation de ces produits. Le taux en vigueur est de 17% pour les produits
bas de gamme et de 22% pour les produits haut de gamme.
Instituée en 1986, la taxe sur le café et le
thé destinés à être consommés au Burkina,
frappe aussi bien les produits destinés à la vente que ceux
réservés à la consommation personnelle de l'importateur.
Le taux est fixé à 10% de la valeur en douane.
Aussi, la taxe sur la colas frappe la colas destinée
à la vente ainsi que celle destinée à la consommation
finale. Le taux retenu est de 10% sur la valeur des marchandises. Ce taux de
10%, ad valorem existe depuis 1993 par la Loi N° 32- 93/ADP du 3
décembre 1993.
En définitive, les taux des droits d'accises sur les
boissons, le tabac, les cigares et les cigarettes, le café, le
thé et la colas sont conformes à ceux prévus par
l'UEMOA.
> La fiscalité des produits
pétroliers
22
15 Directive N°2/98/CM/UEMOA du 22
décembre 1998 portant harmonisation des législation des Etats
membres en matière de taxe sur la valeur ajoutée (TVA)
Avant 199416, s' appliquait la taxe sur les
carburants et les lubrifiants qui était une taxe spécifique et
non une taxe ad valorem en ce sens qu'elle frappait les produits
pétroliers suivant des tarifs différenciés (2F par litre
pour le diesel, 30F par kilogramme pour les graisses industrielles...).
Cette taxe a été supprimée et la Taxe
Unique sur les Produits Pétroliers (TUPP) fut instituée. Mais la
Loi N° 042/2000/AN du 20 décembre 2000 vint remplacer le dispositif
légal précédent pour compter du 1er janvier
2000. L'appellation est dorénavant Taxe sur les Produits
Pétroliers (TPP).
Au Burkina Faso, la TPP est un impôt qui alimente le
budget de l'Etat et frappe les produits pétroliers importés
destinés à la vente où à la consommation finale.
Les produits pétroliers regroupent une gamme variée de produits.
Quant aux tarifs, ils sont fixés au litre : 100 F pour le Super
carburant et 50 F pour l'essence auto (ordinaire). La nouvelle taxe a pris en
compte la directive de la taxation des produits pétroliers en ce sens
que la TPP n'exclue pas l'application de la TVA. Les taux sont aussi conformes
à ceux de la directive portant sur l'imposition des produits
pétroliers dans l'espace UEMOA.
Au Burkina Faso, la fiscalité de porte (annexe
3) est confondue au Tarif Extérieur Commun (TEC) , elle est
entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2000.
§- 2 : La fiscalité
intérieure
La fiscalité intérieure est l'ensemble des
impôts et taxes liquidés et recouvrés à
l'intérieur du pays par la Direction Générale des
Impôts (DGI) et accessoirement par la Direction Générale du
Trésor et de la Comptabilité Publique (DGTCP). Elle est
régie essentiellement par le Code des Impôts (CI) et le Code de
l'Enregistrement du Timbre et de l'impôt sur les valeurs
mobilières (CET).
La fiscalité intérieure distingue les impôts
indirects et les impôts directs.
a) Les impôts indirects
23
16 Date de la création de
l'UEMOA
Un impôt indirect est un impôt dont la charge
repose sur le consommateur final. Ces impôts sont assis, liquidés
et recouvrés au même moment. Ils comprennent la TVA, la taxe sur
les boissons, la taxe sur les tabacs, la contribution du secteur des boissons
etc.
> La TVA
Instituée par la loi N° 04/92/ADP du 03/12/1992
et entrée en vigueur le 01/01/1993, en lieu et place de la Taxe sur le
Chiffre d'Affaires (TCA). La TVA est une taxe indirecte sur la consommation en
ce sens qu'elle est incorporée aux prix des biens taxables et est
supportée par le consommateur final. Elle est régie par les
articles 318 à 386 du Code des Impôts. Elle s'applique aux
affaires faites au Burkina Faso par les personnes qui accomplissent des actes
relevant des activités autres que salariées.
En rappel, le taux unique de 18% est à ce jour
applicable à toutes les opérations taxables. La TVA sur les
activités intérieures est recouvrée par les services de la
DGI tandis que le recouvrement de la TVA afférente aux opérations
d'importation incombe à la DGD. Les articles 325 à 331
septiès du Code des Impôts donnent la liste des opérations
et des produits exonérés.
> La taxe sur les boissons (TSB)
Cette taxe est prévue par les articles 332 à
338 du Code des Impôts. La taxe sur les boissons est assise sur la vente
de boissons fabriquées localement ou importées pour la
consommation. Elle est liquidée au taux de 25% pour les boissons
alcoolisées et 10% pour les boissons non alcoolisées. Elle est
due principalement par les deux sociétés de brasseries que sont
BRAKINA et BRAFASO. Sont exemptées de cette taxe, la fabrication et
l'importation portant sur :
- les vins destinés à la célébration
de culte ; - les produits médicamenteux alcoolisés ;
- les produits destinés à l'exportation.
> La taxe sur les tabacs, cigares et
cigarettes
25
La taxe sur les tabacs, cigares et cigarettes est régie
par la loi N°001/94/ADP du 12 janvier 1994 et modifiée par la Loi
N°042/2000/AN du 20/12/2000. L'impôt était obtenu par
application des taux de 17% et de 22% sur la valeur des produits
fabriqués ou importés (tabacs, cigarettes et cigarillos) selon
qu'ils sont classés respectivement « bas de gamme » ou «
haut de gamme ».Mais avec la Loi N°062/2008/AN du 03/12/2008,
l'impôt est désormais obtenu par application des taux de 17%, 25%
et 30% sur la valeur des produits fabriqués ou importés selon
qu'ils sont classés respectivement « bas de gamme » «
standard »ou « de luxe ». Cette taxe fait l'objet de retenue
à la source par la MABUCIG pour le compte du Trésor public.
Après avoir fait un bref aperçu sur les
impôts indirects, il sied de voir à présent les
impôts directs.
b) Les impôts directs
Un impôt direct est un impôt dont le paiement est
effectué ou supporté par la personne sur qui repose la charge de
l'impôt. Les impôts directs sont nombreux et frappent
généralement les revenus réalisés par les
ménages et les entreprises.
Concernant les impôts directs, on peut citer entre
autres, les Impôts sur les Bénéfices Industriels,
Commerciaux et Agricoles (BIC), les Impôts sur les
Bénéfices non Commerciaux (BNC), l'Impôt sur les Revenus
des Valeurs Mobilières (IRVM) , la Contribution du Secteur des Boissons
(CSB) etc. En effet, les taux des impôts directs sus cités ont
fait l'objet d'abaissement à travers la Loi n° 033-2007 portant Loi
de finances - Gestion 2008 adoptée le 06 décembre 2007. Ces
mesures tout en visant l'amélioration du climat des affaires,
s'inscrivent également dans le projet d'harmonisation de la
fiscalité intérieure directe au sein de l'UEMOA.
> L'impôt sur les bénéfices
industriels, commerciaux et agricoles (BIC)
L'impôt sur les bénéfices industriels,
commerciaux et agricoles est perçu annuellement sur les
bénéfices nets des charges d'exploitation réalisés
par des personnes physiques ou morales exerçant des activités
commerciales, industrielles, artisanales, minières ou forestières
au terme d'un exercice comptable. Régi par les
articles 1 à 40 du Code des Impôts, cet
impôt est liquidé actuellement à 30%17. La
poursuite de l'abaissement graduel du taux d'imposition des
bénéfices industriels, commerciaux et agricoles tout en
s'inscrivant dans l'optique d'une fiscalité favorable au climat des
affaires, relève aussi de l'anticipation par rapport au projet
d'harmonisation de la fiscalité intérieure directe au sein de
l'UEMOA.
> Les impôts sur les
bénéfices non commerciaux (BNC)
Le BNC est établi au profit du budget national. Il est
dû par les personnes physiques exerçant les professions
libérales, qui perçoivent des revenus non soumis à un
impôt spécial sur le revenu. Il s'agit des charges et des offices
dont les titulaires n'ont pas la qualité de commerçant. Il est
régi par les articles 41 à 54 du Code des Impôts. Les
contribuables du BNC sont astreints à des obligations
déclaratives et de paiement. Le bénéfice imposable est
déterminé selon la comptabilité de l'encaissement
c'est-à-dire que seuls sont pris en compte les revenus encaissés
et les dépenses effectivement payées au cours d'une année
donnée. Le BNC s'obtient par application de taux progressifs par tranche
de revenu. La réduction de 5 points du taux marginal d'imposition des
bénéfices non commerciaux qui passe de 35% à 30%,
s'explique par les mêmes raisons ci-dessus évoquées pour le
BIC.
> L'impôt sur le revenu des valeurs
mobilières (IRVM)
Cet impôt est prélevé à la source
sur les dividendes, jetons de présence, tantièmes, autres revenus
des actions, parts sociales et obligations mis à la disposition des
bénéficiaires. Il est régi par les articles 648 à
678 du Code de l'Enregistrement, du Timbre et de l'Impôt sur les Valeurs
Mobilières. L'impôt est perçu trimestriellement par
application d'un tarif comprenant deux (02) taux qui sont fonction de la nature
du revenu. Ainsi les intérêts, arrérages et autres produits
des obligations émises au Burkina Faso sont taxés à 6%
tandis que pour tous les autres produits (dividendes, jetons de
présence, etc.), le taux est fixé à 12,5% au lieu de 15%
(ancien taux). La baisse du taux de l'IRVM qui passe de 15% à 12,5%,
s'inscrit dans l'optique de l'alignement graduel de la fiscalité
intérieure directe sur un taux de 10% fixé par une
décision de l'UEMOA18.
> La contribution du secteur des boissons
(CSB)
17 De 35% depuis le 1 er janvier
2001, ce taux est passé à 30% par la Loi n° 033-2007 portant
loi de finance gestion 2008
18 DGI, Note de présentation des
prévisions de recettes budgétaires, Gestion 2001, p8
27
La contribution du secteur des boissons est régie par
la loi n° 37/93/ADP du 03 décembre 1993 qui prévoit une
fiscalité globale représentative de l'ensemble des droits et
taxes exigibles dans ce secteur de distribution des boissons, à
l'exception toutefois de l'impôt unique sur le traitement des salaires
(IUTS) des employés. La CSB est obtenue par l'application du taux
unique de 5% au prix de cession des boissons aux grossistes et aux
demi-grossistes. Elle fait l'objet de retenue à la source par la BRAKINA
et la BRAFASO pour le compte du Trésor public.
En plus de la TVA, la taxe sur le secteur des boissons, la
taxe sur les tabacs, cigares et cigarettes, le BIC , le BNC, l'IRVM et la CSB,
il y a lieu de mentionner que la fiscalité intérieure comporte
d'autres types d'impôts indirects et directs (annexe
4).
Section 2 : L'évolution des recettes
fiscales du Burkina Faso de 1996 à 2007
Il s'agit d'analyser l'évolution des recettes fiscales
du Burkina Faso de 1996 à 2007. Pour les besoins de l'analyse, il
s'avère nécessaire de scinder les recettes totales en recettes
douanières et en recettes fiscales intérieures.
L'analyse de l'évolution des recettes
douanières (§-1) précédera celle des recettes
fiscales intérieures (§-2).
§-1 : L'évolution des recettes
douanières
Les recettes douanières sont constituées des
droits de douane et des taxes d'effets équivalents.
a) Les droits de douane
Sur la période d'observation, les recettes
douanières étaient de 121 milliards de FCFA en moyenne annuelle.
Elles ont enregistré un accroissement annuel moyen de 8,05% passant de
77,1 milliards de FCFA en 1996 à près de 184 milliards de FCFA en
2007. Cette croissance régulière a été interrompue
en 2000 (-16,8%) suite à la mise en oeuvre des mesures liées au
TEC.
La structure des recettes douanières est
essentiellement dominée par les taxes intérieures que collectent
les services de la douane burkinabé. Elles représentent en
moyenne 54% des recettes douanières par rapport aux droits de douane qui
enregistrent 37,21% (annexe 5).
Après avoir connu une période de forte
dépression en 2000, avec un niveau de 25,5 milliards de FCFA, les droits
de douane ont progressivement rattrapé leur niveau de la période
1996-1999 pour se situer à 44,8 milliards de FCFA en 2004 et 62,7
milliards de FCFA en 2007. Cette évolution est en grande partie due aux
efforts de restructurations internes (réorganisation administrative,
lutte contre la fraude, etc.). Prépondérante en 1996, avec un
niveau de 52,6%, la part des droits de douane dans les recettes
douanières a progressivement décliné pour se situer 32,6%
en 2000, 29,7% en 2004 et 34,1% en 2007.
b) Les taxes d'effets
équivalents
Les autres recettes douanières, ont augmenté en
importance car leur part est passé de 47,4% en 1996 à 70,3% en
2004 puis à 65,9% en 2007. Cette hausse s'est faite sous l'impulsion de
la TVA collectée par les services de la douane. Le niveau de la TVA au
cordon douanier est passé de 20,1 milliards de FCFA en 1996 à
34,5 milliards de FCFA en 2000 et 84,7 milliards de FCFA en 2007. Les recettes
de la TVA ont connu une hausse régulière entre 1996 et
2007(+13,15% en moyenne annuelle).
Après avoir dressé l'évolution des
recettes douanières qui somme toute a donné lieu à une
redistribution des parts entre droits de douane et les taxes d'effets
équivalents, il sied de se pencher sur l'évolution des recettes
fiscales intérieures dans la période allant de 1996 à
2007.
§-2 : L'évolution des recettes
fiscales intérieures
Les impôts indirects et les impôts directs sont
regroupés sous l'appellation de recettes fiscales intérieures.
29
a) Les impôts intérieurs
directs
Les recettes fiscales intérieures ont connu une
progression régulière avec un taux de croissance moyen de 10,04%.
Leur niveau est passé de 73,1 milliards de FCFA en 1996 à 116
milliards de FCFA en 2000, à 167 milliards de FCFA en 2004 avant
d'atteindre 221 ,3 milliards de FCFA en 2007.
La structure des recettes fiscales intérieures a connu
une inversion des tendances entre 1996 et 2007. Prépondérante sur
la période 1996-2003, avec une part moyenne de l'ordre de 5,17%, les
impôts directs ont chuté pour ne représenter que 47,2% de
l'ensemble des recettes fiscales intérieures en 2007 (annexe
6).
Les impôts directs ont connu une
élévation progressive et régulière de leur niveau.
Le taux de croissance moyen s'est établi à 8,16%. Sur la
période 1996-2007, l'évolution du niveau des impôts directs
a connu deux phases de hausse (1 996-2000 et 2001-2007) entrecoupées par
une baisse de 8% en 2000. Ainsi, de 41,9 milliards de FCFA en 1996, le niveau
des impôts directs s'est établi à 65 milliards de FCFA en
2000 et 104,6 milliards de FCFA en 2007.
b) Les impôts intérieurs
indirects
Les impôts indirects ont atteint 87 milliards de FCFA
en 2004 contre 59,8 milliards de FCFA en 2000 et 31,2 milliards de FCFA en
1996. En moyenne, la progression a été de 12,5% sur la
période. Les impôts indirects sont dominés par la TVA dont
la part est passée de 26,5% en 1996, à 22,4% en 2000 puis
à 32,4% en 2007.
Globalement, les recettes fiscales du Burkina Faso sont
passées de 150,2 milliards de FCFA en 1996 à 405 milliards de
FCFA en 2007. La progression moyenne a donc été de l'ordre 9% par
an sur la période. En dehors de l'année 2000 où le taux de
croissance est faible (2,57%), la progression des recettes fiscale totales a
oscillé entre 2,57% et 12,99% (annexe 6).
La hausse continue de l'ensemble des recettes s'est
accompagnée d'une inversion des tendances entre les recettes fiscales
douanières et les recettes fiscales intérieures. En effet, depuis
1998, on note une prépondérance des recettes fiscales
intérieures avec un pic en 2000 (Voir graphique N° 1 à la
page suivante).
Nonobstant le «bouleversement de la
hiérarchie», la part des recettes de porte a connu une forte
augmentation en 2002 et 2003 du fait de la crise ivoirienne. En effet,
l'inaccessibilité momentanée des produits d'origine ivoirienne et
le déroutage du trafic principalement sur les ports ghanéens ont
eu pour effet de soumettre une grande quantité de marchandises
déchues du bénéfice de l'agrément à la TPC
aux pleins tarifs de la douane. En 2007, la douane du Burkina a
réalisé des recettes douanières de 183,7 milliards de FCFA
contre 78,1 milliards de FCFA en 2000 et 93,9 milliards de FCFA en 1999 , 77,1
milliards de FCFA en 1996. On note donc une forte baisse entre 1999 et 2000
(-16,8%) lors de la mise en oeuvre du TEC. Malgré cette baisse, le taux
de croissance moyen s'est situé à 8,05% sur la période
1996- 2007.
Graphique1 : Evolution des recettes fiscales du
Burkina Faso de 1996 à 2007 (en Milliards de FCFA)
450
400
350
300
250
200
150
100
50
0
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Années
Evolution des recettes fiscales du Burkina Faso de 1996
à 2007
Recettes fiscales de porte Recettes fiscales intérieures
Recettes fiscales totales
SOURCE : Construit par l'auteur à partir
des données de l'annexe 7 et 8.
De façon générale, l'effet
combiné des réformes de la fiscalité intérieure et
de l'union douanière sur les recettes fiscales totales est positif, en
se sens que les recettes fiscales budgétaires sont restées sur
une dynamique de croissance continue. Son niveau a presque triplé au
regard du bond de 150,2 Milliards de FCFA
en 1996 à 405 Milliards de FCFA en 2007. Toutefois, on
observe un tassement de leur niveau préjudiciable au taux de pression
fiscale (12,5%) dans la mesure où le Produit Intérieur Brut (PIB)
connaît une hausse plus rapide. Il y a sans doute des insuffisances dans
la mobilisation des ressources potentielles : le secteur agricole est entre
autre insuffisamment fiscalisé alors qu'il contribue pour beaucoup (40%)
à la formation du PIB.
Conclusion partielle
Cette première partie de l'étude a permis de
passer succinctement en revue les différentes mesures fiscales prises
par l'UEMOA et la structure de la fiscalité au Burkina Faso.
La quasi-totalité des mesures fiscales
annoncées par les actes de l'Union sont donc prises en compte par le
Burkina Faso et font l'objet d'application. En effet, la mise en oeuvre du
schéma de libéralisation des échanges intracommunautaires
demeure conforme au programme prévu. Le plan de convergence vers le TEC
a été mis en place en 1999 et le TEC effectif depuis le
1er janvier 2000. Les mécanismes de protection
complémentaires au TEC ont été mis en application sauf la
TCI en raison de la complexité de la procédure. La TDP a
été instaurée tardivement (2004) et concerne quelques
produits. La fiscalité intérieure quant à elle tient aussi
compte des réformes fiscales communautaire.
L'analyse de l'évolution du niveau des recettes
fiscales par grandes rubriques (recette de porte, recettes intérieures)
révèle un renversement de l'ordre d'importance de la structure
des recettes fiscales. Ce sont les recettes fiscales intérieures qui se
montrent désormais de plus en plus prépondérantes.
31
La régression systématique des recettes
douanières n'a-t-elle pas une répercussion sur les recettes
budgétaires de l'Etat burkinabé à même de
compromettre ses engagements? Quel est alors l'impact des mesures fiscales
communautaires ? Quelles actions supplémentaires mériteraient
d'être entreprises pour optimiser le niveau des recettes fiscales
intérieures ? Les éléments de réformes à ces
questionnements constitueront la seconde et dernière partie de ce
mémoire de fin d'étude.
DEUXIEME PARTIE : OPTIMISATION DES RECETTES FISCALES
INTERIEURES AU BURKINA FASO
Dans cette présente partie, notre étude se
consacrera à étudier l'impact des réformes fiscales UEMOA
sur les finances publiques du Burkina Faso au regard de l'évolution des
recettes fiscales au sens large (Chapitre I). C'est à l'issue de cet
exercice que les propositions de solutions qui semblent appropriées
pourront être formulées (Chapitre II).
33
CHAPITRE I : Les incidences des réformes
fiscales communautaires sur les recettes fiscales au Burkina
Faso
Les différents aspects tarifaires initiés au
sein de l'UEMOA qui ont été développés dans la
première partie de ce mémoire pourraient avoir des
répercutions sur les recettes budgétaires des pays membres en
général et du Burkina Faso en particulier. Quelles pourraient
être alors ces incidences ? Et quelles sont les mesures compensatoires
proposées par la Commission de l'UEMOA ?
C'est à ces questions que s'emploiera à
répondre ce chapitre structuré en deux sections ci-après :
l'impact de la libération du commerce de l'UEMOA sur les recettes
douanières du Burkina Faso (section 1) ; les incidences de
l'harmonisation sur les performances de la fiscalité intérieures
indirectes au Burkina Faso (section 2).
Section 1 : L'impact de la libéralisation
du commerce de l'UEMOA sur les recettes douanières du Burkina
Faso
Il s'agira dans cette section d'évaluer les
moins-values de recettes fiscales dans le cadre de l'intégration
(§:1) et d'examiner les mesures compensatoires initiées par l'UEMOA
(§ :2).
§ -1. L'évaluation des moins-values de
recettes fiscales
L'évaluation des moins-values de recettes
douanières est faite à travers l'étude de l'impact de
l'union douanière UEMOA sur les économies des pays membres
menée par la Commission de l'Union (mars 2007).
Selon cette étude faite à partir d'un
modèle dynamique, trois (03) types effets peuvent être
isolés. Il s'agit des effets mécaniques, des effets dynamiques et
des effets résiduels qui peuvent être appréhendé
à partir des droits de douane, de la redevance statistique et des autres
taxes perçues par les services de douanes.
Les résultats de l'étude ici analysés sont
reproduits dans le tableau suivant.
Tableau 3 : Evaluation des moins-values de recettes
douanières (en Milliards de FCFA) .
Années
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
Total
|
Moyenne
|
Recettes réalisées (Rt)
|
75,1
|
93,8
|
116,5
|
135,8
|
145,7
|
566,9
|
113,4
|
Recettes attendues(R't)
|
92,5
|
104,5
|
113,7
|
124,1
|
133,8
|
568,5
|
113,7
|
Effets mécaniques (EFM)
|
3,0
|
3,4
|
3,7
|
4,1
|
4,4
|
18,7
|
3,7
|
Effets dynamiques (EFD)
|
-0,3
|
-5,4
|
-8,8
|
-5,5
|
-7,6
|
-27,6
|
-5,5
|
Effets résiduels (EFR)
|
-20,1
|
-8,7
|
7,9
|
13,2
|
15,2
|
7,4
|
1,5
|
Effet global (EFM+EFD+EFR)
|
-17,4
|
-10,7
|
2,9
|
11,8
|
11,9
|
-1,5
|
-0,3
|
|
Source : Etude de l'impact de l'union
douanière UEMOA sur les finances publiques des Etats membres.
Les données ci-dessus révèlent qu'en
2000, la mise en oeuvre des mesures liées au TEC a fait subir à
la douane du Burkina Faso une perte de l'ordre de 17 milliards de FCFA. Le
nouveau tarif douanier s'est traduit pour le Burkina par un désarmement
tarifaire avec une baisse du taux moyen d'imposition des importations qui est
passée à 21% en 2000, la perte cumulée est de 1 ,5
milliards de FCFA pour la période 2000 à 2004, soit 0,3 milliards
de FCFA par an.
On note que les pertes de recettes du fait du
désarmement tarifaire interne et l'adoption du TEC inhérent au
processus d'unification des marchés nationaux et à l'insertion
des économies de l'Union au marché mondial se sont très
vite estomptées. En effet, dès 2002, on note un effet global
positif même s'il ne suffit pas pour compenser les effets négatifs
de 2000 (-17,4) et 2001 (-10,7). Cette évolution positive est en grande
partie due aux efforts de restructuration interne (réorganisation
administrative, lutte contre la fraude, etc.). L'accroissement des taxes (TVA,
TPP, droits d'accises, etc.) a eu pour effet de réduire le manque
à gagner accusé au niveau des autres taxes en douane.
L'effet global total des mesures fiscales de l'UEMOA sur les
droits de douane sur la période 2000 - 2004 a été un solde
négatif (-1 ,5 milliards de FCFA).Les pertes de recettes
douanières ainsi enregistrées ne sont pas sans effets
négatifs sur le
35
niveau des prélèvements publics de l'Etat, donc
susceptibles de compromettre les engagements étatiques.
Face à ces conséquences budgétaires de
plus en plus inquiétantes pour la plupart des pays membres de l'UEMOA,
il a paru urgent de mettre en place un mécanisme de correctif des
coûts de l'union douanière de la zone. C'est en vertu de toutes
ces considérations que le Traité de l'UEMOA a prévu des
dispositifs de compensation de ces pertes à travers les articles 58
Traité. L'article 58 stipule que « les moins-values de recettes
douanières subies par certains Etats membres du fait de la mise en place
de l'union douanière font l'objet d'un traitement spécifique
temporaire ».
§-2 : Les mesures
compensatoires
Aux termes des actes 04/96 du 10 Mai 1996 et 06/96 du 08
décembre 1999, la compensation des fonds au niveau communautaire est
mise en oeuvre grâce au système de prélèvement
communautaire de solidarité constitué de 1% sur la valeur en
douane des marchandises importées des pays tiers. Il convient de noter
qu'il s'agit de compensation financière des pertes de recettes
douanières résultant du régime tarifaire interne.
La durée du dispositif de compensation
financière fixée à six (6) ans pour compter du
1er janvier 2000 a pris fin le 31 décembre 2005, ce qui
signifie qu'il n'y a
plus de compensation financière depuis le 1er
janvier 2006.
Les montants à compenser sont fonction des taux
dégressifs suivants :
· 100% des moins-values subies, en 2000, 2001 et 2002 ;
· 80% des moins-values subies, en 2003 ;
· 60% des moins-values subies, en 2004 ;
· 30% des moins-values subies, en 2005 ;
· 0% des moins-values subies, pour compter du
1er janvier 2006.
Les moins-values de recettes douanières subies par le
Burkina, Etat importateur de produits industriels originaires des autres pays
membres de l'Union, du fait de l'application du régime
préférentiel des échanges intra-communautaires sont
consignées dans le tableau ci-après.
Tableau 4 : Compensations des moins-values de recettes
douanières accordées au Burkina Faso (en Milliers de
FCFA)
Années
|
Nombre de déclarations
|
Compensations de MV sollicitées
|
Compensations de MV accordés
|
Pertes
|
Taux de
remboursement
|
1999
|
435
|
773.355,46
|
82.266,76
|
191.088,70
|
7,27%
|
2000
|
1.385
|
433.029,01
|
4.070.252,38
|
26.477,63
|
93,89%
|
2001
|
1.417
|
342.287,89
|
3.122.029,56
|
300.258,32
|
90,08%
|
2002
|
3.980
|
7.451.822,57
|
7.053.810,83
|
398.011,74
|
94,66%
|
2003
|
3.416
|
6.697.791,91
|
6.623.250,83
|
74.541,07
|
98,89%
|
2004
|
4.797
|
8.689.649,58
|
8.526.352,49
|
163.297,09
|
98,89%
|
2005
|
3.469
|
6.913.708,77
|
6.612.169,55
|
301.539,22
|
96%
|
2006
|
3.778
|
3.223.571,51
|
3.189.555,28
|
34.016,26
|
99%
|
Total
|
22.677
|
41.507.416,73
|
39.779.687,71
|
17.277.290,01
|
93,24%
|
|
Source : Tableau réalisé par
l'auteur à partir des données de la comptabilité DGD/
DLR
Les montants accordés sont fonction du nombre de
déclarations UEMOA et du volume des pertes en recettes
dégagées et transmises à la Commission.
Les reversements au Trésor public burkinabé au
titre des compensations des moins- values de recettes douanières de 1999
à 2006 s'élèvent à 39.779.687, 71 milliers de FCFA.
Il convient donc de souligner que toutes les pertes liées à
l'application de la taxe préférentielle communautaire ne sont pas
totalement compensées (17.277.290,01 milliers de FCFA). En effet, la
Commission après arbitrage des déclarations écarte
certaines d'entre elles jugées non conformes. Les compensations
accordées sont donc inférieures à celles
sollicitées par les services de la douane.
Une analyse simple du poste "compensation des moins values"
dans le budget du Burkina Faso aboutirait à la conclusion selon laquelle
la fin des compensations constituerait un manque à gagner au budget de
l'Etat Burkinabé. D'où toute l'importance qui devrait être
accordée à l'amélioration du niveau de la fiscalité
intérieure dans le but de combler progressivement ces manques à
gagner. Mais l'amélioration du niveau de la fiscalité
intérieure doit tenir compte de l'harmonisation des fiscalités
intérieures initiées au sein de l'UEMOA
37
La conjugaison du TEC avec le désarmement tarifaire
interne pour les produits industriels agrées à la TPC n'a-t-elle
pas eu une incidence sur les recettes fiscales intérieures indirectes du
Burkina Faso ? Cette interrogation trouvera réponse dans la section
suivante.
Section 2 : Les incidences sur les performances de
la fiscalité indirecte intérieure au Burkina
Faso
Un certain nombre d'impôts indirects ont fait l'objet
d'une harmonisation au sein de l'UEMOA. Il s'agit entre autres de la TVA, des
droits d'accises et la taxation des produits pétroliers. L'harmonisation
de ces impôts comporte des conséquences sur l'évolution des
recettes budgétaires aux Burkina Faso. De quoi s'agit-il exactement ?
§-1 : Les impôts
indirects
Les impôts indirects ont atteint 87 milliards de F CFA
en 2004 contre 59,8 milliards de FCFA en 2000 et 31,2 milliards de FCFA en
1996. En moyenne la progression a été de 12,5% sur la
période. Les impôts indirects sont dominés par la TVA dont
la part est passée de 26,5% en 1996 à 22,4% en 2000 et 32, 4% en
2007. Rapportée aux recettes totales intérieures, la part des
impôts indirects a variée en hausse constante sur la
période considérée : 42,6% en 1996, 47,9% en 2000 et 52,7%
en 2007.
L'harmonisation des impôts indirects au sein de l'UEMOA
a permis d'améliorer les recettes fiscales intérieures
indirectes. Cela n'aurait pas été possible sans la mise en oeuvre
des mesures d'accompagnement suivantes:
· la création du comité de suivi
rapproché du recouvrement de recettes budgétaires de l'Etat
(CSRBE) par la lettre N° 2002 - 353/MEF/MDCFB/CAB du 25 Février
2002.
· la création du comité de suivi de la
mise en oeuvre des recommandations issues des débats budgétaires
et relative à la gestion des recettes de service (CSMR) par
l'Arrêté N° 2003 -1 27/MFB/SG/DGTCP du 14 Avril 2003 ;
· la mise en place d'une brigade mixte DGI et DGD par
l'Arrêté N° 774/MFB/SG/DGI/DGB du 24 décembre 2004
;
· la création de la direction des grandes
entreprises (DGE) par Arrêté N° 0163/MFB/SG/DGI du 09 avril
2004 portant organisation et fonctionnement de la DGI.
L'application des mesures communautaires en matière de
fiscalité intérieure indirecte a induit des effets positifs sur
le rendement des impôts indirects intérieurs. Mais comment se
présentent maintenant le taux, le champ d'application de la TVA et les
droits d'accises post - réformes?
a) Les effets en matière de
TVA
En rappel, la TVA occupe une place importante dans la
mobilisation des recettes fiscales au Burkina Faso. En matière de TVA,
la réforme communautaire a consisté principalement à
harmoniser le taux et le champ d'application.
> L'incidence sur le taux
La directive N° 02/98/CM/UEMOA, portant harmonisation des
législations des Etats membres en matière de TVA recommande une
fourchette de taux compris entre 15% et 20%. Pour le Burkina Faso qui
appliquait un taux de 18% depuis 1994, cette directive était
pratiquement sans objet.
De l'instauration anticipée du taux unique, il s'est
dégagé de nombreux avantages tant pour le contribuable que pour
l'administration Burkinabé.
Au niveau du contribuable, on note :
- une simplification de la déclaration fiscale. Le
contribuable n'a plus besoin d'identifier les produits taxés au taux
réduit et ceux à soumettre au taux normal ;
- une réduction des problèmes de crédits
structurels et de rémanence de taxe qui découlaient de
l'application de multiples taux ;
- le respect du principe de neutralité de la TVA
Au niveau de l'administration, on constate :
- une hausse des recettes fiscales ;
- une simplification des contrôles et un gain de temps
dans la mesure où l'administration ne se soucie plus de ventiler les
produits par rapport au taux qui leur est applicable ;
- une réduction des montants des crédits de TVA
et du nombre de demandes de remboursement de taxe.
Si le du taux unique a certes des avantages bien connus, il
n'en demeure pas moins que l'application d'un tel taux ne se prête pas au
traitement discriminatoire des réalités sociales,
économiques et culturelles du Burkina Faso où la fiscalité
pouvait très souvent être utilisée comme outil de politique
socio-économique pour aider les couches sociales les plus
démunies, et les secteurs économiques peu porteurs mais non moins
utiles.
> Les effets sur le champ d'application
Le Burkina Faso obligé de se conformer à la
directive, applique la TVA sur les produits de grande consommation ou
assujettit des secteurs dits sensibles tels que l'agriculture pour les
exonérer de nouveau en vue de tenir compte de certaines pressions,
élargissant du coup le champ des exonérations. Les
exonérations constituent une limite et un handicap sérieux
à l'amélioration du niveau des recettes fiscales, à la
gestion administrative de l'impôt ainsi qu'à l'amélioration
de la neutralité.
Fort de ce constat, le Burkina Faso gagnerait à
réduire le champ des exonérations qui reste pour le moment
très vaste. La limitation des exonérations contribuera fortement
à l'élargissement de l'assiette qui permet une meilleure
répartition de la charge fiscale.
L'application des mesures communautaires en matière de
TVA constitue une aubaine pour les recettes issues de cette taxe. En effet, la
part de la TVA dans les impôts intérieurs est passée de
26,5% en 1996 à 22,4% en 2000 et 32, 4% en 2007.
b) Les effets sur les droits
d'accises
39
L'UEMOA a proposé une imposition à un taux
minimal de 0% à 15% et un taux maximal de 18% à 45% (Cf. tableau
2). C'est en respect de ces recommandations que le Burkina Faso a adopté
ses taux largement inférieurs aux
40
taux maxima proposés par l'UEMOA (annexe
7). Les taux et les rendements des droits d'accises étant
liés, il est opportun de suivre l'évolution des recettes des
droits d'accises.
Tableau 5 : Evolution des recettes de droits d'accises du
Burkina Faso de 1998 à 2007 (en milliards de FCFA).
Années
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Montant
|
7,78
|
8,80
|
8,54
|
9,90
|
10,97
|
7,96
|
13,54
|
14,32
|
34,07
|
37,65
|
Source : DGEP / DPAM.
Exception faite de 2003 où les droits d'accises ont
chuté à 7,96 milliards de FCFA, on remarque qu'ils enregistrent
une croissance continue et très importante. "Les fêtes religieuses
et celles de fin d'année avec leur promesse de forte consommation de
boissons et l'augmentation des débits de boissons constituent une
aubaine pour cette taxe". De plus, cette performance s'explique par le fait que
les recettes provenant de la contribution du secteur des boissons sont retenues
à la source par BRAKINA et BRAFASO pour le compte du Trésor. Les
droits d'accises ont connu une évolution notable grâce aux mesures
prises par l'UEMOA. La révision à la hausse de certains taux
d'imposition appliqués à certains produits pourrait constituer
une solution palliative aux pertes de recettes subies par la fiscalité
de porte.
Il faut noter que dans ce sens la Loi des finances 2009 a revu
à la hausse la taxe sur les tabacs, cigares et cigarettes au taux de
17%, 25% et 30% selon que le produit soit classé «bas de
gamme», «standard» ou «de luxe» (Cf article 354 bis
nouveau). Elle a aussi créé une nouvelle taxe spécifique
sur les produits de la parfumerie et des cosmétiques (Cf article 371
septiès nouveau). Il est fait application d'un taux unique de 10%.
§-2 : L'évaluation de la transition
fiscale
La mise en oeuvre des réformes initiées au plan
communautaire et nationale a permis d'améliorer les recettes fiscales
intérieures indirectes comme indiquées
précédemment. A l'opposé, les droits de douane ont connu
une hausse sur la
période 1996-1999 et une baisse en 2000. Les efforts
d'amélioration des recettes douanières ont contribué
à relever le niveau des droits de porte dès 2001 nonobstant leur
reclassement au second plan.
On note, en 2007, comparativement en 1999, une profonde
modification de la structure des droits de douane et des recettes
intérieures indirectes. Cette évolution est favorable aux
recettes fiscales intérieures indirectes dont la progression a
été examinée plus haut.
Le graphique suivant illustre d'une autre manière les
modifications intervenues dans les recettes issues des droits de douane et les
recettes indirectes intérieures.
Graphique 2 : Evaluation de la transition fiscale
au Burkina Faso
40,00%
60,00%
50,00%
30,00%
20,00%
10,00%
0,00%
Evaluation de la transition fiscale au Burkina
Faso
Droits de Douanes Impôts indirects intérieurs
Années
Source : Graphique construit par l'auteur
à partir des données de l'annexe 5 et 6.
41
De ce qui précède, on peut retenir que la
fiscalité burkinabé a connu une sorte de transfert de son centre
de gravité qui fait dire à juste titre que le Burkina Faso est
en transition fiscale. La transition fiscale c'est le
transfert progressif de la pression fiscale, de la fiscalité de porte
vers la fiscalité intérieure.
Toutefois, cette modification ne semble pas être la
conséquence de la seule mise en oeuvre des mesures liées à
l'union douanière de l'UEMOA. Le phénomène a
été amorcé depuis 1996. En effet, l'on constate une
modification lente et régulière de
la structure croisée des recettes fiscales indirectes
et les droits de douane entre 1996 et 1999. Prépondérante en 1996
(52,6%), la part des droits de douane dans les recettes totales
douanières s'est réduite progressivement pour tomber à
32,6% en 2000 à 29,7% en 2004 et à 34,1% en 2007.
La transition fiscale étant suffisamment
amorcée, dans quelle mesure la fiscalité intérieure
peut-elle compenser le manque à gagner accusé par le cordon
douanier ? La capacité compensatrice de la fiscalité
intérieure indirecte en particulier est mesurée par
l'écart entre les recettes différentielles
générées par cette fiscalité et les pertes de
recettes de porte.
Une analyse critique de l'évolution en hausse des
recettes des impôts indirects intérieurs montre les recettes
différentielles générées au cours de l'année
du fait de la modification des taux d'imposition ont été
négatives en 2000, 2001 et 2002 et ne peuvent couvrir
immédiatement les pertes prévisibles (tableau 6).
La capacité compensatrice également
négative en 2000 et 2001 accuse respectivement un déficit global
de 30,1 milliards de FCFA et 14,3 milliards de FCFA. A partir de 2002, la
capacité compensatrice devenue positive avec 1,6 milliards de FCFA, 17,6
milliards de FCFA en 2003 et 38,5 milliards de FCFA en 2004 joue relativement
bien son rôle vicariant.
Globalement, les impôts indirects intérieurs
n'ont pas permis de compenser suffisamment les gaps des recettes de porte. En
outre, la fin des compensations de moins values et la baisse continue des
droits de douane vont minorer les recettes budgétaires de l'Etat. Cette
perspective invite donc à la recherche d'autres voies et moyens capables
de favoriser une mobilisation suffisante de recettes fiscales
intérieures
Tableau 6 : Evaluation de la capacité contributive
des impôts indirects intérieurs (en Milliards de FCFA)
Années
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
Recettes différentielles
|
- 12,9
|
- 3,6
|
- 1,3
|
5,8
|
26,6
|
Pertes ou gains de recettes de porte
|
- 17,4
|
- 10,7
|
2,9
|
11,8
|
11,9
|
Capacité compensatrice
|
- 30,1
|
- 14,3
|
1,6
|
17,6
|
38,5
|
SOURCE : Construit par l'auteur à partir
des données de l'annexe 5 et 6
43
L'analyse économique de la fiscalité ne se
contente pas de décrire les conséquences des
prélèvements sur le comportement des agents économiques et
sur l'équilibre macro-économique. Elle propose aussi les
solutions jugées les meilleures en tentant de répondre aux
questions suivantes : existe t-il un taux d'imposition optimal ? Quelle est la
structure fiscale optimale ? Comment y parvenir en réformant la
structure existante, c'est-à-dire quelle est la réforme fiscale
la plus souhaitable ?
CHAPITRE II : Les propositions d'amélioration du
niveau des recettes fiscales intérieures au Burkina Faso
Les droits de douane vont inévitablement
décroître dans l'avenir et le Burkina doit trouver les moyens de
compenser cette diminution en améliorant le rendement de ses ressources
provenant de la fiscalité intérieure.
C'est dans cette perspective, qu'il sera formulé
à travers ce dernier chapitre des propositions de mesures
stratégiques et opérationnelles à même de contribuer
à l'amélioration conséquente du niveau des recettes
fiscales intérieures au profit du budget de l'Etat burkinabé.
Aussi, certaines de ces propositions visent la mise en oeuvre
de réformes adéquates (section 1). D'autres se rapporteront
à l'amélioration de la qualité et de la quantité
des moyens l'administration fiscale burkinabé (section 2).
Section 1 : La mise en oeuvre des réformes
adéquates
Les propositions formulées ci-après visent d'une
part, l'efficacité du système fiscal burkinabé (§-1),
et d'autre part, l'élargissement de l'assiette fiscale (§-2).
§-1 : Les réformes visant
l'efficacité du système fiscal
Il s'agit de réformes qui portent sur la science et la
technique fiscale. Leur caractère général permettrait
d'agir sur l'ensemble du système fiscal de notre pays afin de lui
insuffler un nouveau dynamisme.
Ainsi, trois (03) recommandations peuvent être
formulées en vue d'obtenir un système fiscal transparent,
flexible et simple, un contrôle fiscal plus renforcé qui
intègre la lutte contre la fraude et l'évasion
fiscale et une amélioration du recouvrement de l'impôt.
a) Un système fiscal transparent, flexible et
simple
Un « bon système fiscal» ou un système
fiscal optimal doit être fondé sur trois grands principes : la
transparence, la flexibilité et la simplicité19.
> Un système fiscal transparent
L'efficacité d'un système fiscal dépend
d'abord de sa transparence. En effet, la transparence du système veut
que chaque contribuable puisse connaître le montant des impôts
payés par les autres contribuables. Cette nécessité vient
du fait que tous les contribuables sont des consommateurs de services publics
et ils doivent être informés de ce que chacun paye en
échange des services fournis. Malheureusement certains ne remplissent
pas ce critère. C'est le cas de la TVA où il est difficile de
chiffrer avec exactitude le montant payé à l'administration
fiscale par chaque citoyen.
Il serait plus que nécessaire que l'administration
fiscale fasse chaque année la désignation des meilleures
redevables selon des critères objectifs et compris par tous afin de
mettre en évidence les contribuables fiscalement corrects. Toute chose
qui aura un impact motivateur et sensibilisateur sur l'amélioration du
civisme fiscal, et partant de l'amélioration du niveau des recettes
fiscales. Tout en étant transparent, le système fiscal
burkinabé ne doit pas être non plus rigide.
> Un système fiscal flexible
La politique fiscale d'un pays doit s'adapter en permanence
aux changements de l'économie et aux transformations sociales. En effet,
comme la conjoncture économique change, il est souhaitable de modifier
les taux d'imposition. Plus, la base d'imposition est sensible à
l'évolution de l'activité économique, plus l'impôt
joue son rôle de régulateur automatique.
L'une des grandes faiblesses du système fiscal
burkinabé est son manque de flexibilité. A titre d'illustration
certaines dispositions du Code des Impôts et du Code
19 STIGLITZ E Joseph, Principes
d'économie moderne, page 357.
de l'Enregistrement et du Timbre et l'Impôt sur les
Valeurs Mobilières datent de la période des
indépendances20 où elles avaient été
calquées sur les Codes français notamment. Or dans un
environnement économique en perpétuelle mutation, la
fiscalité au risque de devenir inefficace doit à son tour
s'adapter. Les modifications ponctuelles ne suffisent plus et il est
impérieux de faire évoluer l'éparpillement des codes
fiscaux vers le Code Général des Impôts non sans revisiter
les dispositions desuètes. A ce sujet, il faut signaler qu'un projet de
Code Général des Impôts attend d'être adopté
par l'Assemblée Nationale.
> Un système fiscal simple
Le système fiscal cédulaire qui est en vigueur
au Burkina Faso crée une multitude d'impôts et de taxes, et comme
ce système est déclaratif, le contribuable est soumis à
plusieurs déclarations à la fois. L'abondance d'impôts et
de déclarations doublée de la complexité du langage fiscal
produit des effets négatifs sur le consentement de l'impôt ou fait
le lit de la fraude. La fraude est un véritable facteur limitatif de
recouvrement des recettes fiscales. Dans un sens comme dans l'autre, le
système cédulaire produit un effet multiplicateur qui s'exerce
tant sur la taxation que sur les exonérations sélectives et
indispose considérablement. Or, avec un «bon système
fiscal», il devrait être difficile d'échapper aux
impôts. Un auteur affirme qu' « une fiscalité complexe
est répulsive, soulève des résistances et aiguise
l'hostilité des contribuables, surtout lorsque ceux-ci sont
analphabètes et peu avertis des méthodes modernes de gestion. Il
en résulte que le contribuable ne peut être un partenaire
qualitatif et actif du fisc »21.
En considération de cette affirmation, la
simplification du système fiscal burkinabé est donc une
nécessité si l'on veut avoir des impôts acceptés,
payés spontanément parce que compris par tous les contribuables
ou tout au moins par une grande partie d'entre eux.
Actuellement, le législateur est engagé dans un
chantier de définition de stratégie de réforme de la
politique fiscale. L'option pour la réinstitution d'un impôt
général sur le revenu (IGR) apparaît sérieuse.
20 Le code des impôts adopté
par la loi 6-65/AN du 26 mai 1965 et le code de l'enregistrement et du timbre
adopté par la loi 26-63/ AN du 24 juillet 1963
45
21 Actes du Centre des Rencontres et
d'Etudes des Dirigeants Administrations fiscales (CREDAF), 1989 sur la
communication, P. 72.
b) Le renforcement du contrôle fiscal et la
lutte contre la fraude et l'évasion fiscale
> Le renforcement du contrôle fiscal
Le contrôle fiscal est l'ensemble des procédures
et moyens légaux que l'administration met en oeuvre pour vérifier
la sincérité des déclarations des contribuables. Il
constitue aussi une occasion pour informer le contribuable de ses droits et
obligations tels que prévus par la législation fiscale. Le
contrôle fiscal est le moyen le plus approprié pour relever les
manquement à la loi fiscale. En principe l'impôt devrait
être portable, mais les défiances en ces temps-ci l'ont rendu
quérable. Même à ces conditions, les commis de l'Etat sont
mal accueillis par les contribuables. Ce n'est que sous la contrainte ou pour
éviter les sanctions applicables en cas de non paiement (majoration des
droits, non participation aux marchés publics, fermeture d'entreprises,
sanctions pénales, etc.) que les contribuables s'acquittent de leurs
obligations de contribuer aux charges de l'Etat.
Par conséquent, il est recommandé que tous les
moyens légaux soient déployés dans le cadre du
renforcement du contrôle fiscal afin d'assurer une meilleure
rentabilité des impôts. En effet, au-delà de son
caractère répressif, le contrôle fiscal a aussi un
rôle éducateur (pour les contribuables vérifiés) et
un rôle de dissuasion (pour ceux qui ambitionnaient frauder). En tout
état de cause, l'adage qui dit que la confiance n'exclut le
contrôle justifiera le renforcement et l'affinement du dispositif de
surveillance des opérations fiscales.
> la lutte contre la fraude et l'évasion
fiscale
La lutte contre la fraude et l'évasion fiscale va de
paire avec le renforcement du contrôle fiscal. La fraude et
l'évasion fiscale font partie des actes ou des comportements qui ont
pour finalité la contestation du pouvoir fiscal, c'est-à-dire le
refus de l'impôt.
La fraude fiscale peut être définie comme «
une infraction à la loi commise dans le but d'échapper
à l'imposition ou d'en déduire le montant
22».
Les causes de la fraude et l'évasion fiscale sont
multiples et extrêmement variées qu'il serait hasardeux de se
risquer à déterminer quelle cause est la plus la
46
22 P. Beltrame, l'impôt,
édition M.A, 1987
plus déterminante. Néanmoins les causes
couramment citées sont : l'inadaptation du système fiscal, le
refus de contraintes (dans le sens du caractère obligatoire ou
contraignant de l'impôt), les mentalités, le goût du risque,
la conjoncture économique, la pression fiscale ou même
l'appât du gain.
Les manifestations de la fraude fiscale sont aussi
variées. Au regard des constats, on peut citer, entre autres, les cas
suivants :
- l'omission volontaire de déclarations ; le
contribuable ne déclare pas par exemple l'IUTS de ses employés
dans le délai légal ;
- la dissimulation de revenus ; le contribuable ne
déclare pas tous les revenus ou ne déclare rien du tout ;
- l'omission de passation d'écritures ou passation
d'écritures inexactes ou fictives même si le résultat
fiscal est différent du résultat comptable ;
- d'autres manifestations sont aussi perceptibles et touchent
de manière spécifique certains impôts tels que la TVA, la
production de fausses pièces ou inexactes en vue de
bénéficier d'une exonération fiscale, etc.
En ce qui concerne l'évasion fiscale, il n'est pas
inutile de rappeler qu'elle est voisine d'une autre notion qui est la fraude
fiscale. A la différence de la fraude fiscale qui est une violation
grossière de la loi fiscale, l'évasion fiscale est l'exploitation
raffinée des failles de la loi fiscale par le contribuable. Le
contribuable parvient à échapper à l'impôt, soit en
augmentant ses charges, soit en diminuant ses recettes. Dans tous les cas
(fraude et/ou évasion fiscale), l'objectif est de minimiser le montant
de la charge fiscale, donc un manque à gagner pour le budget de
l'Etat.
Il est évident, que dans un contexte de
libéralisation des échanges et d'harmonisation des
législations fiscales, il est à craindre que les effets des ces
fléaux ne connaissent une amplification. Il faut donc chercher à
intensifier la lutte contre ce phénomène qui gangrène
notre système fiscal.
Certaines causes citées ci-dessus étant connues,
il convient maintenant de dégager quelques axes de réflexion,
susceptibles de réduire fortement ou de contrôler la fraude.
L'administration fiscale burkinabé s'est déjà
engagée à :
- multiplier et améliorer les recensements fiscaux et
l'immatriculation des
contribuables ; ces recensements permettraient de mettre
à jour les fichiers et
48
d'avoir des informations en temps réel sur les
contribuables et sur leurs activités ;
- multiplier et améliorer les contrôles fiscaux
à travers l'organisation des contrôles mixtes (brigade mixte.
DGI/DGD ou DGI/CNLCF) ;
- privilégier la vérification ponctuelle en
doublant le nombre de vérificateurs ou
en fixant à chaque vérificateur un objectif en
nombre de vérifications annuelles 8 vérifications
générales ou 20 à 30 contrôles ponctuels) ;
- générer la liste des déclarants
retardataires et les non déclarants de la division des grandes
entreprises pour la TVA, le BIC, l'IRVM, l'IRF et la systématisation de
la date limite de déclaration.
Certes, ces propositions ne vont pas enrayer totalement la fraude
fiscale dans son ensemble, mais elles peuvent contribuer à la
réduire fortement ou à la contrôler.
c) L'amélioration du recouvrement de
l'impôt
Après avoir déterminé et
évalué la matière imposable, puis calculé le
montant de l'impôt, il reste à le recouvrer. Il existe une grande
variété de modes de recouvrement. Le paiement de l'impôt
peut être fait globalement en une seule fois, sous forme de versements
provisionnels ou par versements périodiques (mensuels, trimestriels,
annuels). Le versement peut être opéré directement par le
contribuable (cas des impôts directs) ou, pour son compte, par des tiers
(cas de la TVA).
Concernant l'impôt sur le revenu, on peut pratiquer la
retenue à la source. Le fisc dispose aussi de privilèges et
prérogatives (recouvrement forcé qui se décline en avis
à tiers détenteur, fermeture administrative,
saisie-arrêt).
Au sujet de l'amélioration du recouvrement de
l'impôt, la simplification du régime fiscal et
l'élargissement de l'assiette fiscale contribuent à
alléger l'administration fiscale et améliorent le système
de recouvrement.
Pour accroître le taux de recouvrement des impôts, il
est proposé :
- une amélioration de la simplification et la diffusion
des procédures fiscales à travers la poursuite du
télétraitement (déclaration, disponibilité des
imprimés,
base de données accessibles etc.) à partir du
portail fiscal (Site Web de la DGI) ;
- la poursuite de la sécurisation des paiements en
encourageant les paiements par virements bancaires en cours d'implantation
à la DGE et dans les Divisions des Moyennes Entreprises (DME) du Centre
et des Hauts Bassins pour certaines entreprises.
Le recouvrement optimal des ressources fiscales passe aussi
par bien d'autres canaux que sont la sensibilisation, la formation et
l'information des contribuables, l'amélioration de la qualité des
services aux usagers.
L'action en recouvrement menée tant bien que mal ne
donne pas souvent les résultats escomptés. Cela peut s'expliquer
par l'absence d'une application informatique rigoureuse. La bataille de la
rigueur dans le déploiement des outils informatiques s'avère
indispensable et doit être engagée sans délai.
Parallèlement au renforcement des procédures,
les relations avec les contribuables supposent le recours à la
communication externe sur le rôle de l'impôt et les obligations
fiscales.
La communication en direction des contribuables devra se faire
avec tous les outils qui prennent en compte les attentes des contribuables. Les
points d'amélioration doivent être centrés sur les
modalités d'accueil du public (accueil physique,
téléphone, courrier écrit et électronique),
traitement des demandes, l'information et l'écoute des usagers.
§-2 L'élargissement de l'assiette
fiscale
Pour mieux exploiter qualitativement et quantitativement le
potentiel fiscal par une réduction des pertes fiscales, il faudrait
élargir l'assiette fiscale. Bien que l'élargissement de
l'assiette fiscale vise l'accroissement des recettes fiscales, et du même
coup, le relèvement de la pression fiscale jusqu'à la norme
communautaire de 17% du Produit Intérieur Brut (PIB), il importe
d'assurer une bonne corrélation entre l'assiette fiscale et des taux
d'imposition car "trop d'impôt tue l'impôt". En effet, le
modèle de Canto, Jones et Laffer appelé modèle CJL,
formalisé à travers la courbe de Laffer a montré les
limites d'une corrélation positive entre le taux d'imposition et le
50
niveau des recettes fiscales. Le modèle met en
évidence un niveau optimal de pression fiscale au-delà duquel les
recettes fiscales baissent comme le montre la courbe de Laffer (Cf graphique
3).
Graphique 3 : La courbe de Latter.
Une même recette fiscale peut être obtenue en
appliquant deux taux différents. (T1 pour t1 et t3). Entre t0 et t*,
toute augmentation du taux d'imposition améliore le niveau des recettes
par contre au-delà de t*, toute augmentation diminue les recettes.
Ainsi, tout taux situé au-delà de t* (taux de
prélèvement optimal) est défavorable à une hausse
de recettes fiscales. C'est fort des ces constats que l'on ne doit pas perdre
de vue l'adage selon lequel « trop d'impôt tue l'impôt ».
Par conséquent, il est souhaitable de penser à
l'élargissement de la base taxable qu'à une augmentation des taux
d'imposition et dans le pire des situations envisager le création de
nouveaux impôts et taxes à défaut d'un impôt
général sur le revenu.
Malgré les efforts qui sont déjà faits
dans le cadre de l'élargissement de la base taxable par l'administration
fiscale, il reste encore des efforts à faire. Dans ce sens, il est
proposé :
- la réduction du nombre des exonérations et des
exemptions ; - une meilleure fiscalisation des activités informelles
;
- et la fiscalisation du secteur agricole.
a) La réduction des exonérations et des
exemptions
La pratique d'exonérations ou d'abattement de la taxe
sur les importations pour certaines catégories d'agents
économiques et d'institutions telles que les missions diplomatiques, ou
en rapport avec les projets financés sur l'aide extérieure
conduit aussi à rétrécir l'assiette fiscale ; donc des
pertes de recettes assez substantielles pour les recettes du budget de l'Etat.
En effet, depuis 2003, on assiste à un accroissement des dépenses
d'exonérations et de subventions aux hydrocarbures. Cet accroissement
est essentiellement lié entre autres à la hausse drastique du
prix des hydrocarbures sur le marché international et à la non
maîtrise des quantités annuelles nécessaires au
fonctionnement de la Société Nationale Burkinabé
d'Electricité (SONABEL) et du circuit de distribution.
Tableau 7 : Situation des dépenses
d'exonérations et de subventions sur la période 2000-2005 (en
milliards francs CFA)
Années
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
DGD*
|
20,01
|
24,87
|
15,68
|
16,49
|
19,23
|
23,37
|
DGI
|
8,24
|
10,77
|
6,40
|
11,40
|
16,33
|
15,11
|
Total
|
28,25
|
35,64
|
22,08
|
27,89
|
35,56
|
38,48
|
* Les données au niveau de la DGD prennent en compte les
dépenses aux exonérations douanières et aux subventions
aux hydrocarbures.
Source : Extrait du rapport sur les finances
publiques 2000-2005
Le total des exonérations et subventions
octroyées est passé d'une moyenne de 29,88 milliards de francs
CFA sur la période 2000-2004 à un montant de 38,48 milliards en
2005, soit un accroissement de 28,8%.
En ce qui concerne la subvention aux hydrocarbures, pour une
prévision de 14 milliards de francs CFA en 2005, on note un niveau de
décaissement de 19,66 milliards de francs CFA, soit un
dépassement de 5,66 milliards de francs CFA.
Mais force est de constater avec Gérard Chambas que
« la prolifération des exonérations diverses constitue
la cause majeure du rétrécissement de l'assiette fiscale des
pays ».
Le renforcement de l'efficience de la politique
d'élargissement de la base taxable passe par la réduction ou la
suppression de toutes les possibilités de trêve
52
fiscale concernant les BIC, IMFPIC, IRVM, la patente, TPA,
BNC, de toutes les exonérations de la TVA dans le code des
investissements actuel et par une amélioration de la gestion des
exonérations. La collaboration impôts/douane reste à
renforcer même si des efforts récemment engagés dans ce
domaine sont orientés dans la bonne direction.
Il faudrait aussi restaurer l'égalité des citoyens
devant l'impôt et améliorer les recettes par les actions suivantes
:
- limiter le nombre de dispositifs dérogatoires
à la fiscalité de droit commun et intégrer ces textes dans
le Code des Impôts. A ce niveau, la démarche actuelle du
législateur est difficilement compréhensible au regard du
traitement inique autorisé en matière d'IRF qui fait la part
belle en faveur des retraités des secteurs public et privé ;
- renforcer le suivi des régimes d'exonérations
par le recensement exhaustif des bénéficiaires, le suivi des
montants d'exonérations accordées et le développement des
contrôles des bénéficiaires de ces exonérations.
Par ailleurs, l'élargissement de l'assiette fiscale passe
aussi par une meilleure gestion du secteur informel.
b) Une meilleure fiscalisation des activités
informelles
Il existe une pluralité de définitions du
secteur informel en raison de son caractère
hétérogène. Mais compte tenu du domaine d'étude, il
à été jugé utile de retenir la définition
donnée par l'Administration fiscale burkinabé. Ainsi, elle
définit le secteur informel comme étant « l'ensemble des
opérateurs économiques manipulant un faible volume d'affaires et
exerçant en marge des méthodes modernes de gestion ».
Il se caractérise par :
- la forte mobilité des acteurs qui exercent dans ce
domaine ne facilite pas leur localisation par l'administration;
- des méthodes de gestion archaïques, d'où la
difficulté d'appréhender le revenu.
Par la loi n° 033-2007 portant loi de finances gestion 2008,
il a été procédé à une relecture du Code des
Impôts (baisse des tranches ou barèmes d'imposition) sur
la Contribution du Secteur Informel (CSI) afin de lutter
contre ce que d'aucuns appellent « le faux secteur informel ». Une
telle disposition23 risque de faire glisser de nombreux
contribuables dans le champ d'application de la CSI.
Malgré une baisse relative des tranches ou
barèmes d'imposition (annexe 8), le secteur informel
tel qu'il est fiscalisé, constitue un manque à gagner pour l'Etat
et principalement pour les collectivités locales. Certains
opérateurs économiques se réfugies dans le secteur
informel, ne versent que des forfaits qui n'ont aucun rapport avec leurs
revenus réels.
Une des solutions consisterait à modifier les tranches
ou barèmes d'imposition par lesquels les entreprises sont
classées dans le secteur informel ou formel. On pourrait abaisser les
tranches du chiffre d'affaires pour faire entrer le maximum de contribuables
dans le régime formel.
Toujours dans l'optique d'élargir l'assiette fiscale
afin de mieux repartir la charge fiscale, la fiscalisation du monde agricole
s'avère aussi nécessaire.
c) La fiscalisation du monde
agricole
La place importante du secteur agricole au Burkina Faso (40%
du PIB) augmente les difficultés de l'administration fiscale tant au
plan conceptuel qu'administratif. Le monde agricole est selon toute
vraisemblance insuffisamment pris en compte dans le prélèvement
fiscal au Burkina Faso c'est-à-dire qu'il est sous imposé en
réalité. Bien que le législateur l'a assujettit à
l'impôt sur les bénéfices industrielles, commerciaux et
agricoles, il en échappe dans la réalité parce que les
dispositions ne sont pas appliquées simplement.
Et pourtant, les critères de taxation suivant le train
de vie en vue de la détermination du bénéfice imposable,
mis à jour ont pris en compte les détenteurs et les
propriétaires de vergers. Cette disposition ne constituerait pas une
nouveauté.
S'agissant du paiement de l'impôt direct par le monde
paysan, c'est un sujet sensible qu'il faut aborder avec prudence et
intelligence. Une bonne approche de la fiscalisation du monde paysan
s'avère nécessaire.
53
23 Le chiffre d'affaire
est inférieur à 30 millions de FCFA pour les activités
d'achat revente et de 15 millions de FCFA pour les autres
activités.
54
Le secteur agricole doit contribuer en fonction du type
d'agriculture pratiqué. C'est dans ce sens qu'il est
bénéfique de soumettre à l'impôt sur les
bénéfices industriels, commerciaux et agricoles les entreprises
agricoles dont les chiffres d'affaires atteignent les limites prescrites. Les
cotonculteurs semblent mieux organisés et peuvent être soumis
à un impôt modulé. De manière opérationnelle,
la fiscalisation de l'agriculture peut s'orienter vers la TVA sur les
consommations finales des produits alimentaires et une fiscalité
tarifaire sur les intrants agricoles et non sur les intrants spécifiques
de l'agriculture.
En somme, la mise en oeuvre de ces différentes mesures
examinées pourrait contribuer à améliorer le niveau des
recettes fiscales intérieures au Burkina Faso. Toutefois, le
succès effectif de ces réformes dépend largement de la
qualité des moyens de l'administration fiscale.
Section 2 : La recherche de l'amélioration
de la qualité et de la quantité des moyens de l'administration
fiscale.
La Direction Générale des Impôts (DGI)
dont le rôle stratégique est désormais de mobiliser le
maximum de recettes intérieures pour compenser la baisse des ressources
de la fiscalité de porte et porter par la même occasion le taux de
pression fiscale jusqu'à la norme communautaire de 17%, doit
améliorer ses performances par le renforcement des capacités
(§-1) et la gestion administrative de l'impôt
(§-2).
§-1 : L'amélioration des performances
par le renforcement des capacités
Il s'agit d'améliorer la qualité et l'effectif des
ressources humaines et matérielles et procéder à une
informatisation complète et stabilisée de la gestion des
impôts.
a)Le renforcement qualitatif et quantitatif des
ressources humaines et matérielles
On admet généralement que le développement
de toute organisation est lié à la qualité des hommes qui
l'animent. Dans le contexte actuel de la mondialisation de
l'économie qui fixe des standards de qualification de
plus en plus élevés pour les travailleurs, l'administration
fiscale doit elle aussi s'inscrire dans cette dynamique de valorisation des
ressources humaines.
Les missions de l'administration fiscale sont multiples et en
perpétuelle évolution puisque la fiscalité est en prise
directe avec l'activité économique, elle- même en mutation
permanente.
Pour y faire face, le législateur opère chaque
année des modifications des textes fiscaux (mesures fiscales nouvelles
en 2007 relatives aux retenues à la source, admission de la
déductibilité des primes d'assurances, etc.) Dans ces conditions,
les agents ont besoin d'être régulièrement formés
afin de mieux cerner le contenu des textes fiscaux pour les appliquer et
pouvoir les expliquer aux contribuables. La promotion de la technicité
et de la compétence doit passer par des formations professionnelles et
continues adéquates. Les curricula doivent être
révisés de façon à promouvoir entre autres
l'enseignement des applications fiscales dans les différents
services.
En outre, la modernisation de la gestion des ressources
humaines passe aussi par un déploiement rationnel des effectifs. En
effet, les besoins en effectifs supplémentaires sont exprimés par
des unités opérationnelles qui sont des centres de produits
(générant des recettes), mais également par les
unités d'appui (qui sont les centres de coût : Direction de la
Législation et du Contentieux (DLC), Division des Grandes Entreprises
(DGE), Direction Régionale des Impôts (DRI), Direction de
l'Informatique et de la Prévision (DIP) etc.). Aussi, la gestion
rationnelle de l'augmentation des agents de l'administration fiscale ne doit
pas exclure les recrutements supplémentaires pour les insuffisances
manifestes.
Au vu de l'importance de l'administration fiscale dans la
mobilisation des recettes fiscales intérieures, ses agents
méritent un plan de carrière et une motivation davantage
adéquate. Sinon le manque de moyens financiers peut inciter certains
agents à la corruption qui est un véritable facteur de
perturbation de l'efficacité du recouvrement des impôts,
d'où la nécessité de motiver les agents. Autrement dit, la
satisfaction morale ne suffit pas. Il faut la compléter par un minimum
de moyen financier et semblerait-il que « ce minimum financier, les
agents ne l'ont
pas, même s'il y a eu des avancées
importantes par rapport au passé 24».De même,
les Codes d'éthique et de déontologie de l'administration fiscale
sont à promouvoir.
Enfin, les ressources matérielles doivent être en
adéquation avec les objectifs de qualité et de quantité.
L'administration fiscale qui mobilise la plus importante part des recettes
fiscales intérieures doit procéder à la rénovation
et à l'extension des infrastructures (déconcentration des
services), assurer l'équipement des structures (en matériels et
mobiliers, matériels de transport) et investir fortement dans les
technologies de l'information et de la communication, si elle veut jouer
pleinement ce rôle.
b) L'informatisation complète et
stabilisée de la gestion des impôts
L'amélioration de la performance de l'administration
fiscale en matière d'émissions, de recouvrements et de
vérifications passe inévitablement par la poursuite de
l'informatisation. En l'état actuel du processus d'informatisation, les
modules de réception des déclarations et du recouvrement du
Système Informatisé de Taxation (SINTAX) implantés
à la DGE et dans les DME du Centre et des Hauts Bassins sont
opérationnels en ce sens qu'ils permettent le calcul automatique des
pénalités et des intérêts de retard,
l'édition de statistiques fiscales, la validité des
données collectées, le suivi des déclarants retardataires,
des déclarants non payeurs, les périodes d'exonérations,
de suspension. La poursuite de l'informatisation sur la base du
3ème Schéma Directeur Informatique (SDI) du
Ministère chargé des finances et surtout du 1er SDI
sectoriel de la DGI permettra le renforcement des opérations fiscales en
vue de soustraire les agents du traitement manuel au profit de tâches
à valeur ajoutée majeure comme le contrôle fiscal.
L'amélioration de l'informatisation devra
nécessiter aussi une stratégie de sécurisation des
liaisons informatiques, pour éviter les perturbations et les pertes des
données et une formation des utilisateurs.
56
24 Guissou Madi, le système
d'information et de communication au sein de la DGI, mémoire de fin
d'études, ENAREF, mars 2001, 128 pages
§-2 : La modernisation de la gestion
administrative de l'impôt
57
Elle doit passer par la simplification et la diffusion des
procédures et l'amélioration de la qualité des prestations
fournies aux usagers.
a) La simplification et la diffusion des
procédures fiscales
La conséquence de l'homogénéisation du
système fiscal est la simplification des procédures fiscales. Les
procédures fiscales doivent être suffisamment diffusées.
Afin d'établir durablement de nouvelles relations avec les usagers du
service public fiscal et foncier et de faciliter l'accomplissement de leurs
obligations fiscales, une administration fiscale moderne, plus accessible,
réactive et qui prend toute sa part dans les enjeux de
compétitivité économiques et de mobilisation des
ressources devrait proposer aux contribuables des démarches
facilitées et simplifiées. L'insatisfaction actuelle des usagers
au regard des procédures fiscales conduit à encourager :
- la finalisation diligente de la technique du paiement par
virement bancaire pour certaines entreprises avec des procédures
sécurisées, toutes choses qui participent à la
sécurisation des recettes de l'Etat, des collectivités locales et
aussi à la bancarisation des opérations financières,
à la maîtrise du potentiel fiscal.
- une réduction du nombre de contacts
déclaratifs à travers les déclarations en ligne
(télétraitement). Ces déclarations en ligne rendront les
imprimés et de la documentation mis à la disposition des
contribuables plus accessibles.
b) L'amélioration de la qualité des
prestations avec les usagers
Il s'agit de tous les outils pour satisfaire les besoins et
les attentes des contribuables. Les points d'amélioration devront
être centrés sur les modalités d'accueil du public (accueil
physique, téléphone, courrier écrit et
électronique), le traitement des demandes dans les délais
réduits, l'information et l'écoute des usagers. Il serait
judicieux de renforcer les modes d'accès habituel au service public par
la création d'un centre d'accueil dans tous les services
opérationnels pour servir, informer et orienter les contribuables.
Dans un contexte technologique et économique en pleine
mutation, l'administration fiscale devrait offrir de nouveaux canaux
d'accès en développant les services d'accès en ligne et
à distance pour rendre la gestion courante des impôts plus facile
et moins coûteuse en temps comme en déplacement. Il serait aussi
judicieux pour l'administration fiscale de :
- traiter rapidement les opérations fiscales ;
- renforcer les cadres de concertations avec les contribuables
en prenant le relais des initiatives ministérielles et gouvernementales
(rencontre Etat/ secteur privé, par l'organisation annuelle de
journées portes ouverts) ;
- élaborer un plan de formation et de sensibilisation
des usagers ; il s'agira de mettre en oeuvre un programme d'information et de
formation pour faire comprendre aux citoyens le bien-fondé des
réformes et développer chez ces derniers le civisme fiscal ;
- améliorer la communication externe à travers
les principaux relais (Centre de Gestion Agrée, la Maison de
l'entreprise, la chambre de commerce etc.) ;
- ralentir la cadence des réformes fiscales afin de mieux
"amortir" les changements.
CONCLUSION GENERALE
La politique fiscale de l'UEMOA amorcée dans le cadre
du processus d'intégration sous-régionale a
nécessité la mise en oeuvre d'un certain nombre de mesures
fiscales. Il s'agit entre autres, du schéma de libéralisation des
échanges intracommunautaires, du plan de convergence du TEC, du TEC
lui-même, des mécanismes de protection complémentaires (TDP
et TCI) et de l'harmonisation de certains impôts et taxes
intérieures à savoir la TVA, les droits d'accises, la taxation
des produits pétroliers.
La mise en oeuvre de ces réformes fiscales est
globalement effective au Burkina Faso. A l'entame de l'harmonisation de la
fiscalité intérieure directe et à l'épreuve de
l'impact probable des accords commerciaux en cours et à venir, il a donc
paru utile de jeter un regard rétrospectif sur les effets induits par
les réformes fiscales communautaires sur les recettes fiscales des Etats
membres de l'UEMOA et du Burkina Faso en particulier.
La première hypothèse de notre travail selon
laquelle la mise en oeuvre de la politique fiscale de l'UEMOA a
entraîné une inversion des tendances entre les recettes fiscales
douanières et les recettes fiscales intérieures est
vérifiée. En effet, les résultats obtenus montrent que la
politique fiscale de l'Union a eu un impact global positif sur les
réalisations des recettes fiscales totales. Cette hausse de l'ensemble
des recettes fiscales s'est accompagnée d'une évolution
remarquable des recettes fiscales intérieures et d'une baisse
significative des taux nominaux de porte (baisse de recettes
douanières).
La seconde hypothèse selon laquelle les moins values de
recettes de porte sont suffisamment compensées par les réformes
de la fiscalité intérieure est infirmée. Malgré les
bonnes performances de la fiscalité intérieure, elles n'ont pas
encore réussi à couvrir les gaps de recettes enregistrés
au cordon douanier.
Les mécanismes de compensations prévus par
l'UEMOA et destinés à couvrir les moins values de recettes
douanières n'y arrivent que partiellement. Du reste, ces compensations
ont pris fin le 31 décembre 2005 et font place à des manques
à gagner pour le budget de l'Etat.
59
La transition notée au sein des régies des recettes
fiscales budgétaires et la libéralisation marquée par la
baisse des droits de porte au profit des ressources
provenant de la fiscalité intérieure invitent
donc au renforcement des dispositifs internes de mobilisation quand on sait que
le financement des politiques économiques et sociales induit des charges
récurrentes de plus en plus importantes.
Dans cette perspective, tout en se conformant aux exigences
communautaires, il est proposé entre autres, l'élargissement de
l'assiette fiscale par la réduction des exonérations et des
exemptions, la fiscalisation du secteur agricole et la fiscalisation des
activités informelles , l'intensification de la lutte contre la fraude
et l'évasion fiscale , la poursuite de l'informatisation complète
et stabilisée de la gestion des impôts , la simplification et la
diffusion des procédures fiscales , l'amélioration de la
qualité des prestations aux usagers et le renforcement des
capacités de l'administration fiscale au triple point de vue
financier,matériel, qu'humain.
Dans l'ensemble, il faut reconnaître que les
résultats des réformes sont satisfaisants, cependant des efforts
restent à faire quant à une meilleure application de ces
réformes. Les réformes qui se poursuivent peuvent être un
espoir si les autorités, l'administration fiscale et les contribuables
conjuguent leurs efforts. Les mesures stratégiques et
opérationnelles indiquées dans ce mémoire sont à
même de contribuer à l'amélioration du niveau des recettes
fiscales intérieures au profit du budget de l'Etat burkinabé.
L'UEMOA s'exprime essentiellement par des directives dont on
s'accorde à dire que leur grand mérite est d'indiquer les
objectifs à atteindre. A l'opposé, elles pèchent par leur
mutisme quant aux voies et moyens pour y parvenir. Cette lacune peut bien
expliquer pourquoi les Etats de la communauté affichent des indicateurs
aussi disparates comme par exemple le taux de pression fiscale. En effet, si la
norme communautaire de 17% est même dépassée par certains
pays (Sénégal avec 18%) et d'autres en revanche peinent à
s'en approcher (Burkina Faso avec 12,5%). Cette hiérarchie repose les
questions sur le bien-fondé de l'uniformisation des mesures fiscales et
de la pertinence des outils de surveillance de la convergence
multilatérale applicables à des pays dont les atouts
économiques ne sont pas du tout homogènes. Une certaine doctrine
et non des moindre à estimé, démonstration à
l'appui que l'optimum du taux de pression fiscale pour les pays en voies de
développement de la sous région ouest africaine se situe autour
de 14%. L'objectif de 17% comme taux de pression fiscale est-il vraiment
indiqué pour tous les pays de l'Union ?
61
BIBLIOGRAPHIE
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Compétitivité et croissance économique, orientation,
stratégies et actions, Banque mondiale et MEF, 2001, 325 pages.
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pages.
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1984,281 pages.
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II- Rapports et revues
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pages. > CERDAF, L'optimisation du rendement de la
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2015 de la Direction Générale des Impôts, juin 2007,
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douanière sur les finances publiques des pays membres, mars 2007,
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sur la fiscalité, collection DTE, Edition GIRAF, septembre 2003, 41
pages.
III - Mémoires et Cours
> BONZI .Z (Bernard), Impact de
l'entrée en vigueur du TEC de l'UEMOA sur les recettes fiscales
budgétaires du Burkina Faso : cas de la fiscalité de porte,
mémoire de fin d'études, ENAREF, mars 2006, 65 pages.
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d'information et de communication au sein de
la DGI, mémoire de fin d'études, ENAREF,
mars 2001, 128 pages.
> HIEN (Lin), Cours de système
fiscal et fiscalité comparées, ENAM - ECOFI,
2007, 36 pages.
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Extérieur Commun sur les finances publiques du Burkina Faso,
mémoire de fin d'étude, END, Avril 2007, 89 pages.
> ZANGA (Julien), Impact de l'UEMOA
sur les échanges commerciaux : une approche par le modèle de
gravité appliquée au Burkina Faso, mémoire de DEA,
2005, 60 pages.
IV - Textes de lois et règlements
> Annexe du règlement
N°17/2006/CM/UEMOA portant modification de l'annexe du Règlement
N° 23/2002/CM/UEMOA du 18 novembre 2002 portant amendement de la
nomenclature tarifaire et statistique TEC de l'UEMOA.
> Décision N° 01/98/CM/UEMOA du
3 juillet 1998 portant adoption du programme d'harmonisation des
fiscalités indirectes intérieures au sein de
> Directive n° 02/98/CM/UEMOA du 22
décembre 1998 portant harmonisation des législations des Etats
membres en matière de Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA)
> Directive n° 03/98/CM/UEMOA du 22
décembre 1998 portant harmonisation
des législations des Etats membres en matière de
droits d'accises.
> Directive n° 06/2001/CM/UEMOA du 26
novembre 2001, portant
harmonisation de la taxation des produits pétroliers au
sein de l'UEMOA.
63
TABLE DES MATIERES
SIGLES ET ABREVIATIONS I
LISTES DES TABLEAUX III
LISTE DES GRAPHIQUES IV
SOMMAIRE V
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : LA POLITIQUE FISCALE DE L'UNION
ECONOMIQUE ET MONAITAIRE OUEST AFRICAINE (UEMOA) 4
CHAPITRE I : La présentation de la politique fiscale de
l'UEMOA 5
Section 1 : L'harmonisation de la fiscalité de porte 5
§-1 : La libéralisation des échanges
intra-communautaires 6
a)Le calendrier de mise en oeuvre et la catégorisation des
produits 6
b)Les conditions d'application du régime
préférentiel 7
§-2 : La libéralisation du commerce extra-
communautaire 8
a)La catégorisation des produits 9
b) Les droits et taxes en vigueur 11
Section 2 : L'harmonisation des fiscalités
intérieures 13
§-1 : L'harmonisation des impôts intérieurs
indirects 14
a)La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) 14
b) Les droits d'accises 15
c)La fiscalité des produits pétroliers 16
§-2 : L'harmonisation des impôts intérieurs
directs 17
Chapitre II : La transposition des mesures fiscales
communautaires dans le système fiscal Burkinabé et
l'évolution des recettes fiscales du Burkina Faso de 1996 à 2007
19
Section 1 : Bref aperçu sur le système fiscal
Burkinabé 19
§-1 : La fiscalité de porte 20
a)Les droits de douane 20
b)Les taxes d'effets équivalents 21
§- 2 : La fiscalité intérieure 23
a)Les impôts indirects 23
b) Les impôts directs 25
Section 2 : L'évolution des recettes fiscales du Burkina
Faso de 1996 à 2007 27
§-1 : L'évolution des recettes douanières
27
a) Les droits de douane 27
b) Les taxes d'effets équivalents 28
§-2 : L'évolution des recettes fiscales
intérieures 28
a) Les impôts intérieurs directs 29
b) Les impôts intérieurs indirects 29
CONCLUSION PARTIELLE 31
DEUXIEME PARTIE : OPTIMISATION DES RECETTES FISCALES
INTERIEURES AU BURKINA FASO 32
CHAPITRE I : Les incidences des réformes fiscales
communautaires sur les recettes fiscales au Burkina Faso 33
Section 1 : L'impact de la libéralisation du commerce de
l'UEMOA sur les recettes
douanières du Burkina Faso 33
§ -1. L'évaluation des moins-values de recettes
fiscales 33
§-2 : Les mesures compensatoires 35
Section 2 : Les incidences sur les performances de la
fiscalité indirecte intérieure au
Burkina Faso 37
§-1 : Les impôts indirects 37
a) Les effets en matière de TVA 38
b)Les effets sur les droits d'accises 39
§-2 : L'évaluation de la transition fiscale 40
CHAPITRE II : Les propositions d'amélioration du niveau
des recettes fiscales intérieures au Burkina Faso 43
Section 1 : La mise en oeuvre des réformes
adéquates 43
§-1 : Les réformes visant l'efficacité du
système fiscal 43
a) Un système fiscal transparent, flexible et simple
44
b) Le renforcement du contrôle fiscal et la lutte contre
la fraude et l'évasion
fiscale 46
c) L'amélioration du recouvrement de l'impôt 48
§-2 L'élargissement de l'assiette fiscale 49
a) La réduction des exonérations et des exemptions
51
b) Une meilleure fiscalisation des activités informelles
52
c) La fiscalisation du monde agricole 53
Section 2 : La recherche de l'amélioration de la
qualité et de la quantité des moyens de
l'administration fiscale. 54 a)Le renforcement qualitatif et
quantitatif des ressources humaines et
matérielles 54
b) L'informatisation complète et stabilisée de la
gestion des impôts 56
§-2 : La modernisation de la gestion administrative de
l'impôt 57
a)La simplification et la diffusion des procédures
fiscales 57
b) L'amélioration de la qualité des prestations
avec les usagers 57
CONCLUSION GENERALE 59
BIBLIOGRAPHIE 61
TABLE DES MA TIERES 63
ANNEXES A
A
ANNEXES
B
Annexe 1 : Droits et taxes permanents
applicables depuis le 1er janvier 2000
Catégorie
|
Droits de douane (DD)
|
Redevance statistique (RS)
|
Prélèvement communautaire
de solidarité (PCS)
|
0
|
0%
|
1%
|
1%
|
1
|
5%
|
1%
|
1%
|
2
|
10%
|
1%
|
1%
|
3
|
20%
|
1%
|
1%
|
Source : Commission de l'UEMOA
Pour tous ces droits et taxes, l'assiette est constituée
de la valeur CAF
Annexe 2 : Droits et taxes à caractère
temporaire
Période
|
TDP basse
|
TDP haute
|
Du 01/07/1 999 au 31/1 2/1 999
|
10%
|
20%
|
Du 01/07/2000 au 31/12/2000
|
7,5%
|
15%
|
Du 01/07/2001 au 31/12/2001
|
5%
|
10%
|
Du 01/07/2002 au 31/12/2005
|
2,5%
|
5%
|
Source : Commission de l'UEMOA
C
Annexe 3 : Tableau des droits et taxes perçus
par la douane
A L'IMPORTATION
DROIT DE DOUANE
|
Marchandises concernées
Toutes
|
Taux
0%, 5%, 10% ou 20%
|
Base taxable Valeur CAF
|
REDEVANCE STATISTIQUE
|
Toutes marchandises soumises
|
1%
|
Valeur CAF
|
TAXE SUR LES BOISSONS
|
Boissons non alcoolisées Boissons
alcoolisées
|
10% 25%
|
Valeur CAF
|
TAXE SUR LA COLA
|
Colas fraîches
|
10%
|
Valeur CAF
|
TAXE SUR LES TABACS
|
Tabacs bas de gamme Tabacs hauts de
gamme
|
17% 22%
|
Valeur CAF
|
TAXE SUR LE CAFE ET LE THE
|
Café et thé
|
10%
|
Valeur CAF
|
TAXE SUR LES PRODUITS PETROLIERS
|
Gasoil Super 91
|
50 FCFA 125 FCA
|
Litre "
|
TAXE DE PEAGE
|
Ciments, sel, sucre, farine, riz et
engrais
Produits métallurgiques Autres marchandises
Véhicules
|
75 CFA
150 FCFA 500 FCFA 3000 FCFA
|
Tonne "
" unité
|
PRELEVEMENT COMMUNAUTAIRE DE SOLIDA RITE
(UEMOA)
|
Produits tiers à l'UEMOA
|
1%
|
Valeur CAF
|
PRELEVEMENT COMMUNAUTAIRE (CEDEAO)
|
Produits tiers à la CEDEAO
|
0,5%
|
Valeur CAF
|
CONTRIBUTION AU PROGRAMME DE VERIFICATION
*
|
Toutes marchandises soumises
|
1%
|
Valeur FOB
|
TVA
|
Toutes marchandises soumises
|
18%
|
Valeur CAF + autres droits et taxes
|
Avance BIC
|
Hydrocarbures
Ciments hydrauliques, sucre, farine de froment, noix
de colas
Autres marchandises
|
0,2%
1% 2%
|
Valeur CAF +autres droits et taxes
" "
|
TAXE DEGRESSIVE DE PROTECTION (jusqu'au 3
1/12/05)
|
Huiles végétales, sucre, cigarettes,
allumettes, sacs en polypropylène, piles
|
5%
|
Valeur CAF
|
A L'EXPORTATION
Marchandises concernées Taux Base taxable
|
CONTRIBUTION AU
|
Volailles
|
50 FCFA
|
tête de bétail
|
SECTEUR DE L'ELEVAGE
|
Ovins et caprins
|
250 FCFA
|
«
|
|
Bovins
|
3000 FCFA
|
«
|
|
Peaux brutes
|
100 F CFA
|
kg
|
Annexe 4 : Les différents impôts et taxes
perçus par la DGI
LES IMPOTS DIRECTS
· Impôt sur les Bénéfices Industriels,
Commerciaux et Agricoles (BIC);
· Impôt sur les Bénéfices des
professions non Commerciales (BNC);
· Impôt Unique sur les Traitements et Salaires
(IUTS)
· Impôt sur les Revenus des Valeurs Mobilières
(IRVM)
· Impôt sur le Revenu des Créances,
dépôts et cautionnements (IRC)
· Impôt sur les Revenus Fonciers (IRF)
· Contribution des patentes
· Taxe des Biens de Mainmorte (TBM)
· Taxe sur les Plus-values Immobilières (TPVI)
· Taxe Patronale et d'Apprentissage (TPA)
· Taxe de résidence
LES IMPOTS SUR LA PROPRIETE
· Droits d'Immatriculation et d'Inscription
Foncières (DIIF)
· Droits de Mutation (DM)
· Droits de Succession (DS)
· Droits de Donation (DD)
· Droits d'enregistrement
LES TAXES SUR LES BIENS ET SERVICES
· Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA)
· Taxes Sur les Boissons de fabrication locale (TSB)
· Taxe sur les tabacs, cigares et cigarettes (T/Tabacs)
· Contribution du Secteur Boissons (CSB)
· Contribution du Secteur Informel (CSI)
· Contribution du Secteur Elevage (CSE)
· Taxe Sur les Contrats d'Assurance (TSCA)
· Taxe sur les jeux de hasard
· Licence des boissons à consommer sur place
· Droits de Timbre (DT)
· Taxe de Développement Touristique (TDT)
· Taxe sur les produits pétroliers (TPP)
· Taxe sur le café et le thé
· Taxe intérieure sur les colas
· Taxe de transit sur le bétail
· Taxe sur les armes
· Taxe de soutien au développement des
activités audiovisuelles
· Taxe de voirie
· Taxe de balayage
· Taxe de développement communal
LES TAXES DOMANIALES ET FONCIERES
· Taxe de Jouissance (T/J)
D
Source :
www.impots.gov.bf
Annexe 5: Evolution de la structure des recettes
douanières du Burkina (en Milliards de FCFA)
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Moyenne
|
Droits de Douanes et RSAT
|
Droits de Douanes (I)
|
40,6
|
43,7
|
43,9
|
41
|
25,5
|
31,1
|
34,5
|
40,7
|
44,8
|
51,7
|
57,6
|
62,7
|
43,15
|
Part des DD /RTD (en %)
|
52,66
|
50,23
|
49,27
|
43,66
|
32,65
|
31,90
|
28,70
|
29,60
|
29,79
|
30,56
|
33,39
|
34,13
|
37,21
|
Taux d'accroissement
|
|
7,6
|
0,5
|
-6,6
|
-37,8
|
22,0
|
10,9
|
18,0
|
10,1
|
15,4
|
11,4
|
8,9
|
5,02
|
Autres recettes douanières
|
Taxes intérieures collectées
|
Taxes intérieures collectés dont TVA
(II)
|
29,8
|
35,2
|
36,8
|
46,1
|
46,2
|
55,2
|
73,8
|
81,8
|
94
|
97,7
|
104
|
113,5
|
67,80
|
Part T intérieures /RTD (en %)
|
38,65
|
40,46
|
41,30
|
49,09
|
59,15
|
56,62
|
61,40
|
59,49
|
62,50
|
57,74
|
60,00
|
61,79
|
54,02
|
Taux d'accroissement
|
|
18,1
|
4,5
|
25,3
|
0,2
|
19,5
|
33,7
|
10,8
|
14,9
|
3,9
|
5,9
|
9,7
|
12,22
|
|
TVA de porte
|
20,1
|
24,9
|
27,3
|
32,9
|
34,5
|
47,6
|
54,8
|
60,7
|
70
|
72,6
|
77,6
|
84,7
|
50,64
|
Part de TVA /RTD (en %)
|
26,07
|
28,62
|
30,64
|
35,04
|
44,17
|
48,82
|
45,59
|
44,15
|
46,54
|
42,91
|
44,99
|
46,11
|
40,30
|
Taux d'accroissement (en %)
|
|
23,9
|
9,64
|
20,51
|
4,863
|
37,97
|
15,13
|
10,77
|
15,32
|
3,714
|
6,89
|
9,1495
|
13,15
|
Autres taxes en douanes(III)
|
6,7
|
8,1
|
8,4
|
6,8
|
6,4
|
11,2
|
11,9
|
15
|
11,6
|
19,8
|
11,4
|
7,5
|
10,40
|
Part autres T en douanes/RTD (en %)
|
8,69
|
9,31
|
9,43
|
7,24
|
8,19
|
11,49
|
9,90
|
10,91
|
7,71
|
11,70
|
6,61
|
4,08
|
8,77
|
Taux d'accroissement (en %)
|
|
20,9
|
3,7
|
-19
|
-5,88
|
75
|
6,25
|
26,05
|
-22,7
|
70,69
|
-42,4
|
-34,21
|
6,53
|
Total Recettes Douanières (I+II+III)
|
77,1
|
87
|
89,1
|
93,9
|
78,1
|
97,5
|
120,2
|
137,5
|
150,4
|
169,2
|
173
|
183,7
|
121,35
|
Taux d'accroissement (en %)
|
|
12,8
|
2,41
|
5,387
|
-16,8
|
24,84
|
23,28
|
14,39
|
9,382
|
12,5
|
1,95
|
6,4928
|
8,05
|
Annexe 6: Evolution des recettes fiscales
intérieures du Burkina (en Milliards de FCFA)
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Moyenne
|
Impôts directs
|
Impôts directs (I)
|
41,9
|
42,6
|
47,2
|
57
|
65
|
59,8
|
65,8
|
72,2
|
81
|
85,8
|
92,7
|
104,6
|
67,97
|
Part impôts directs/ RTI (en %)
|
57,32
|
52,53
|
49,74
|
54,86
|
52,08
|
51,55
|
54,5
|
54,3
|
48,2
|
50,12
|
48,84
|
47,27
|
51,78
|
Taux d'accroissement (en %)
|
|
1,671
|
10,8
|
20,76
|
14,04
|
-8
|
10
|
9,73
|
12,2
|
5,926
|
8,042
|
12,84
|
8,16832
|
Impôts indirects
|
Impôts indirects dont TVA (II)
|
31,2
|
38,5
|
47,7
|
46,9
|
59,8
|
56,2
|
54,9
|
60,7
|
86,9
|
85,4
|
97,1
|
116,7
|
65,17
|
Part impôts indirects/ RTI (en %)
|
42,68
|
47,47
|
50,26
|
45,14
|
47,92
|
48,45
|
45,5
|
45,7
|
51,8
|
49,88
|
51,16
|
52,73
|
48,22
|
Taux d'accroissement (en %)
|
|
23,4
|
23,9
|
-1,68
|
27,51
|
-6,02
|
- 2,31
|
10,6
|
43,2
|
-1,73
|
13,7
|
20,19
|
12,5563
|
|
TVA intérieure
|
19,4
|
25,5
|
31,5
|
30,6
|
28
|
37,1
|
32
|
43,2
|
49,6
|
52,3
|
49,3
|
72,1
|
39,22
|
Part TVA / RTI (en %)
|
26,54
|
31,44
|
33,19
|
29,45
|
22,44
|
31,98
|
26,5
|
32,5
|
29,5
|
30,55
|
25,97
|
32,58
|
29,39
|
Taux d'accroissement (en %)
|
|
18,48
|
5,566
|
-11,3
|
-23,8
|
42,55
|
- 17,1
|
22,6
|
-9,1
|
3,411
|
- 14,97
|
25,43
|
3,48
|
Total Recettes intérieures (I+II)
|
73,1
|
81,1
|
94,9
|
103,9
|
124,8
|
116
|
121
|
133
|
168
|
171,2
|
189,8
|
221,3
|
133,13
|
Taux d'accroissement (en %)
|
|
10,94
|
17,02
|
9,484
|
20,12
|
-7,05
|
4,05
|
10,1
|
26,3
|
1,965
|
10,86
|
16,6
|
10,04
|
3
Annexe 7 : Tarifs en vigueur sur les droits d'accises au
Burkina Faso
Produits
|
Tarifs
|
Taxe sur les boissons alcoolisées
|
25%
|
Taxe sur les boissons non alcoolisées
|
10%
|
Taxe intérieure sur les tabacs, cigares et cigarettes (bas
de gamme)
|
17%
|
Taxe intérieure sur les tabacs, cigares et cigarettes
(haut de gamme)
|
22%
|
Taxe sur le thé et le café
|
10%
|
Taxe intérieure sur la cola
|
10%
|
Source : l'auteur
Annexe 8 : Tarif de CSI par zone et par classe, en
FCFA
Classe zone
|
1
|
|
2
|
3
|
|
4
|
5
|
|
6
|
|
7
|
|
8
|
A
|
400
|
000
|
320 000
|
240
|
000
|
160 000
|
12
|
000
|
60
|
000
|
40
|
000
|
20 000
|
B
|
320
|
000
|
240 000
|
160
|
000
|
12
|
000
|
84
|
000
|
40
|
000
|
24
|
000
|
12 000
|
C
|
240
|
000
|
160 000
|
108
|
000
|
84
|
000
|
60
|
000
|
24
|
000
|
18
|
000
|
4 200
|
D
|
160
|
000
|
96 000
|
36 000
|
36
|
000
|
28
|
000
|
12
|
000
|
6 400
|
2 400
|
Source : Loi N°033-2007 portant loi de
finances gestion 2008 du 06 décembre 2007.
· Pour les activités exercés en
ambulant.
Le tarif est déterminé en fonction du moyen de
déplacement du contribuable. Annexe 8 : Tarif de la CSI en
fonction du moyen de déplacement du contribuable (en FCFA).
Moyen de déplacement
|
Montant
|
|
Véhicules automobiles
|
80
|
000
|
Véhicules à moteur à deux roues ou à
trois roues ou charrettes
|
24
|
000
|
vélo
|
18
|
000
|
Autres moyens
|
12
|
000
|
Pied
|
8
|
000
|
Source : Loi N °033-2007 portant loi de
finances gestion 2008 du 06 décembre 2007.
|