1.1.2 L'approche non
monétaire
L'approche non monétaire, défendue par les non
welfaristes ou non utilitaristes est celle qui traduit le côté
multidimensionnel de la pauvreté. Elle est multidimensionnelle dans le
sens où la seule focalisation sur le revenu est abandonnée au
profit d'une vision plus large du bien-être qui fait entrer en ligne de
compte une multitude de composantes (Bertin A., 2006). Pour Coudouel A. et al
(2002), la pauvreté n'est pas seulement liée au manque de
revenu ou à une insuffisance de consommation, mais aussi à des
performances insuffisantes en matière de santé, d'alimentation et
d'alphabétisation, à des déficiences de relations
sociales, à l'insécurité, à une faible estime de
soi-même et à un sentiment d'impuissance.
La pauvreté non monétaire est encore connue sous
le vocable « pauvreté en condition
d'existence » et se subdivise en deux approches : celle
dite par les capacités « capabilities »
dont l'économiste Armatyar Sen apparaît comme l'un des principaux
tenant, et celle dite par les besoins de base.
Pour Djoke et al (2006), l'approche par les capacités
de Sen traduit le bien-être à travers les droits positifs des
individus et tente à l'aide du concept de fonctionnement
« fonctionning », de transposer ces droits dans un
espace mesurable. L'individu doit avoir certaines capacités
jugées fondamentales. Á cet effet, l'individu doit être
adéquatement nourrit, avoir une éducation, être en bonne
santé, être adéquatement logé, prendre part à
la vie communautaire et apparaître en public sans avoir honte. Alors que
l'approche par les besoins de base considère que l'individu doit pouvoir
satisfaire certains besoins fondamentaux qui sont nécessaires à
l'atteinte d'une certaine qualité de vie : éducation,
santé, hygiène, assainissement, eau potable, habitat,
accès aux infrastructures de base, etc.
Selon qu'ils retiennent l'approche monétaire ou non
monétaire de la pauvreté, les analystes et les instituts en
charge de la mesure et du suivi de la pauvreté adoptent principalement
deux postures empiriques de mesure de la pauvreté. Ces deux postures
sont méthodologiquement dictées par les
spécificités et les caractéristiques liées à
chaque approche.
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