Analyse comparée du revenu et de sa distribution entre les producteurs de tomate utilisant les biopesticides et les pesticides chimiques en zone périurbaine du Sud Bénin( Télécharger le fichier original )par Christhel Sonia Jésugnon PADONOU Université de Parakou - Diplome d'ingénieur agronome 2008 |
UNIVERSITE DE PARAKOU (BENIN) FACULTE D'AGRONOMIE DEPARTEMENT D'ECONOMIE ET DE SOCIOLOGIE RURALES ANALYSE COMPAREE DU REVENU ET DE SA DISTRIBUTION ENTRE LES PRODUCTEURS DE TOMATE UTILISANT LES BIOPESTICIDES ET LES PESTICIDES CHIMIQUES EN ZONE PERIURBAINE DU SUD-BENIN THESE Pour l'obtention du diplôme d'ingénieur agronomeOPTION : Economie et Sociologie Rurales Présentée et soutenue par Christhel Sonia Jésugnon PADONOU Le 24 décembre 2008 Superviseurs Dr. Ir. Jacob A. YABI Dr. Ousmane N. COULIBALY Composition du jury Président : Dr. Ir. Simplice VODOUHE Rapporteur : Dr. Ir. Jacob YABI Examinateur : Dr. Ousmane COULIBALY Examinateur : Dr. Ir. François-Xavier BACHABI
UNIVERSITY OF PARAKOU (BENIN) FACULTY OF AGRONOMY DEPARTMENT OF RURAL ECONOMY AND SOCIOLOGY COMPARATIVE ANALYSIS OF INCOME AND ITS DISTRIBUTION BETWEEN TOMATO PRODUCERS USING BIO AND CHEMICAL PESTICIDES IN PERI-URBAN ZONE OF SOUTHERN BENIN THESIS Submitted to the requirement of Agricultural Engineer degree OPTION: Rural Economy and Sociology Presented and defended by Christhel Sonia Jésugnon PADONOU The December 24th, 2008
Supervisors: Dr. Ir. Jacob YABI Dr.Ousmane COULIBALY Composition of jury Chair man: Dr. Ir. Simplice VODOUHE Reporter : Dr. Ir. Jacob YABI Examiner : Dr. Ousmane COULIBALY Examiner : Dr. Ir. François-Xavier BACHABI CERTIFICATION Nous certifions que ce travail a été entièrement conduit et réalisé par Christhel Sonia Jésugnon PADONOU, étudiante au Département d'Economie et de Sociologie Rurales (DESR) à la Faculté d'Agronomie (FA) de l'Université de Parakou (UP), sous ma supervision. Pour le superviseur,
Dr. Ir. Jacob YABI Agro-Economiste, Professeur assistant Département d'Economie et de Sociologie Rurales (DESR) Faculté d'Agronomie (FA) Université de Parakou (UP)DÉDICACES Je dédie ce travail A § La gloire du seigneur Jésus-Christ, le roi des rois ; pour ton amour, ta miséricorde, ta fidélité à l'endroit de tous ceux qui placent en toi leur confiance ; § La sainte vierge Marie, pour ta protection ; § Mon bien-aimé Léon HOUNNOU, pour ton amour, ta confiance, ton soutien et tes conseils. Puisse Dieu purifier et exaucer toutes nos prières. REMERCIEMENTS Ce travail a été possible grâce au concours de personnes et d'organismes qui n'ont ménagé aucun effort pour sa réalisation. A tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de ce travail, nous tenons à leur adresser nos sincères et chaleureux remerciements. Ces remerciements vont en particulier : § A la Faculté d'Agronomie de L'Université de Parakou, pour sa contribution à notre formation ; § A l'Agence Autrichienne de Développement (ADA), pour le soutien financier nécessaire pour la réalisation du présent travail ; § A la Direction Générale de l'Institut International d'Agriculture Tropicale du Bénin (IITA- Bénin), pour le soutien logistique dont nous avons bénéficié pour la recherche ; § Au Dr. Ir. Jacob Afouda YABI, Professeur à la FA et au Dr. Ousmane COULIBALY, Economiste principal de l'IITA, nos maîtres de thèse, qui, malgré leurs multiples occupations, ont accepté de prendre la direction scientifique de ce travail qu'ils ont assurée avec beaucoup de compétence et de rigueur. Nous leur témoignons notre profonde gratitude et toute notre admiration ; § A Sounkoura SIDIBE ADETONAH, doctorante et associée de recherche du Dr. Ousmane COULIBALY, pour la disponibilité dont elle a fait preuve tout au long de ce travail. Son assistance morale et intellectuelle, ses conseils de mère nous ont galvanisés et resteront toujours gravés dans notre coeur ; § Aux associés de recherche de la section socio-économie de l'IITA-Bénin, en particulier à Eric SESSOU, Théodore NOUHOHEFLIN, Razack ADEOTI, Brice GBAGUIDI, Raymond ALLOMASSO, Fabienne ADIGOUN, Wilfried ALLOGNI, Casimir AITCHEDJI, Adémonla ARINLOYE, Moïse DJADE, Ghislaine SIMENI-TCHUINTE et Rémy AHOYO, pour leurs conseils, leurs orientations scientifiques, la documentation mise à notre disposition et pour leur franche collaboration ; § Au Dr.Ir. Guy NOUATIN, pour son soutien et pour ses précieux conseils ; § A Oscar AMOUSSOU, Marcel VODOUNOU, Eugène YOVOGAN, Apollinaire, tous agents du CeCPA Grand-popo pour leur précieux aide dont nous nous souviendrons toujours ; § A Prosper ZOHOUNGBOGBO et Laurel BONOU, pour leur inestimable aide ; § A Etienne ADANGO, Sem AKOWANOU, Arnold MISSINHOU respectivement RCPA et agents du CeCPA de la commune d'Adjohoun, pour leur soutien ; § A Désiré ABADJI et Guillaume BODJRENOU, tous agents de la mairie de la commune d'Adjohoun, pour leur aide et pour leurs précieux conseils ; § A toute l'équipe de la SNV-Bénin, bureau Parakou, pour leur inestimable aide ; § A Mon très cher père Eugène PADONOU. Je te remercie pour ton soutien, tes conseils et tes prières. Ce travail est le fruit des efforts et des sacrifices que tu as consentis pour faire de moi ce que je suis ; § A Ma très chère mère Albertine NOUATIN, pour les moments difficiles que je t'ai imposés depuis mon enfance jusqu'à aujourd'hui. C'est le moment pour moi de te féliciter et de te rendre un vibrant hommage pour ton courage et ton dévouement aux côtés de tes enfants. Tu fais notre joie et notre honneur ; § A Ma grand-mère Jacqueline Zinhoué TONA, pour ton amour. Reçois ici l'expression de ma profonde gratitude ; § A Mes chers frères et soeurs, que cet exemple soit pour vous l'inspiration d'une saine émulation et qu'il vous fasse comprendre que seul le travail paie ; § A mon oncle Noël PADONOU, pour sa gentillesse et pour son soutien financier; § A la famille KOUCHANOU et HOUETO, pour leur accueil ; § A la famille HOUNNOU, pour son soutien moral et financier ; § A tous les maraîchers du Sud-Bénin pour avoir accepté se mettre à notre service lors de nos enquêtes ; § Au corps professoral et aux équipes décanales successives de la Faculté d'Agronomie de l'Université de Parakou, pour leur contribution à notre formation ; § A tous nos collègues de la 3ème promotion, particulièrement à ceux de l'option Economie et Sociologie Rurales, pour l'ambiance conviviale qui a régné entre nous tout au long de notre cursus académique ; § A tous ceux qui nous ont soutenus de diverses manières, et dont nous n'avons pas pu citer les noms ici, et à qui nous présentons toutes nos excuses. Que le Seigneur Dieu Tout - Puissant les comble de toutes ses grâces. RESUME La tendance croissante à la pauvreté et à la détérioration des conditions socioéconomiques d'une part, et les nombreux problèmes sanitaires, environnementaux et économiques qu'engendre l'utilisation excessive et fréquente des pesticides chimiques de synthèse d'autre part ont conduit de nombreux gouvernements et la communauté des donateurs à réévaluer leurs stratégies de développement et d'aide du point de vue de la réduction de la pauvreté (Grootaert, et al., 1991). Au nombre de ces stratégies, il y a les technologies introduites en milieu paysan dans le but d'améliorer la production agricole afin de garantir la sécurité alimentaire et d'assurer la consommation d'aliments sains et de bonne qualité au sein des ménages. Dès lors, il devient important de jeter un regard rétrospectif sur l'utilisation de ces technologies pour savoir si celles-ci ont contribué à l'amélioration des niveaux de revenus et leur distribution au sein des bénéficiaires. C'est dans cette perspective que s'inscrit cette étude qui a pour but de comparer le revenu et sa distribution entre les producteurs de tomate qui utilisent les biopesticides et ceux qui utilisent les pesticides chimiques au Sud-Bénin. Une étude socio-économique a été menée dans deux grandes zones agroécologiques du Sud-Bénin : la zone de bas-fonds composée d'Adjohoun et de Gnito (Grand-Popo rural) et la zone du cordon littoral composée de Sèmè-podji et de Grand-Popo littoral. Au total, un échantillon de 55 producteurs de tomate a été constitué de façon raisonnée. Au niveau de l'accroissement des revenus, la présente étude a révélé que l'utilisation des biopesticides n'a pas engendré un surplus de revenus chez les producteurs de tomate de la zone d'étude comparativement aux producteurs qui utilisent les pesticides chimiques. Ces résultats s'expliquent d'une part par les doses inadéquates d'extraits aqueux de neem appliquées par les producteurs du fait de la pénibilité de la préparation des extraits aqueux et par les conditions socioéconomiques qui leur sont défavorables d'autre part. Les analyses effectuées au niveau du genre ont montré que l'utilisation des biopesticides a plus entraîné une baisse de revenus chez les femmes que chez les hommes. Ces pertes de revenus constatées au niveau des femmes s'expliquent par le fait qu'elles sont fréquemment confrontées au problème de la main d'oeuvre en raison de leurs ressources limitées. Le calcul du Taux de Rentabilité Interne (TRI) a permis de confirmer les résultats obtenus. L'utilisation des biopesticides a tendance à réduire les inégalités dans la distribution des revenus au niveau de l'ensemble de la zone d'étude comparativement à l'utilisation des pesticides chimiques. Les valeurs de l'indice de Gini sont de 0,37 et 0,39 respectivement pour les utilisateurs de biopesticides et de pesticides chimiques. Les différentes courbes de Lorenz tracées confirment les résultats obtenus par le calcul des indices de Gini. Le renforcement des capacités des maraîchers à travers des séances d'information et de formation sur les biopesticides, la semi-mécanisation de la production d'extraits aqueux botaniques, l'organisation de la filière biopesticide et l'octroi de crédit en espèce comme en nature aux maraîchers en général et aux producteurs de tomate en particulier, sont fortement recommandés, pour une meilleure utilisation des biopesticides. Mots clés: Biopesticides, pesticides chimiques, revenus, distribution du revenu, producteurs de tomate, Sud-Bénin. ABSTRACT The increasing trend of poverty and the deterioration of socio-economic conditions on the one hand, and many health, environmental and economic problems caused by huge use of synthetic pesticides on the other hand, led many governments and the donor communities to reassess their aid and development strategies in terms of poverty reduction (Grootaert et al., 1991). Among these strategies, there are technologies introduced in rural areas in order to improve crop production, to guarantee food security and to ensure the consumption of good quality and healthy food. Therefore, it appears very important to look back on the use of these technologies to see if they have contributed to improve income levels and their distribution among producers. In fact, this study aims to compare income and its
distribution among tomato producers who use biopesticides and those who use
chemical pesticides in southern Benin. Sample of 55 tomato producers was reasonably formed. About income increasing, this study revealed that the use of biopesticides has not augmented tomato producer incomes in the study area compared to producers who use chemical pesticides. These results are due to the inadequate doses of aqueous extracts of neem applied by producers because of the difficulty of preparing aqueous extracts and their socio-economic conditions which are unfavorable. Analysis of gender has shown that the use of biopesticides has caused reduction of women income than men income. These losses of women income are explained by the fact that they are frequently confronted with the problem of the workforce because of their limited resources. Indeed, they must play several roles and these factors caused lateness in processing crops. The calculation of internal rate of return confirmed these results. The use of biopesticides seems to reduce inequalities in
income distribution in the entire area of study compared to the use of chemical
pesticides. The values of the Gini coefficient are 0.37 and 0.39 for users of
biopesticides and chemical pesticide users respectively. TABLE DES MATIERES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
LISTE DES PHOTOS
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
PREMIERE PARTIE: GENERALITES CHAPITRE 1. INTRODUCTION GENERALE
Le nombre d'individus vivant avec moins de 1 dollar par jour en Afrique subsaharienne passera de 313 à 340 millions entre 2001 et 2015 selon le Rapport Mondial sur le Développement Humain RDMH (2005). Selon Yitzhki et Wodon (2002), une forte inégalité favorise une forte pauvreté dans la mesure où les plus pauvres recevront moins que les plus riches. La pauvreté touche encore une partie importante de la population, avec plus de 30% des Béninois vivant en dessous du seuil de pauvreté (RDMH, 2005). La lutte contre la pauvreté passe nécessairement par une réduction des inégalités, une sécurisation et une diversification de la production agricole, un accroissement de la productivité et de la compétitivité du secteur afin de générer des revenus stables et comparables à ceux de l'industrie et du commerce (FAO, 2004). Au Bénin, l'agriculture reste l'activité exercée par la majorité des actifs. Elle occupe 54% de la population active agricole, représente en moyenne 70,2% des exportations et contribue ainsi à près de 36% à la formation du Produit Intérieur Brut national (BDF, 2002). L'agriculture urbaine et périurbaine tente de répondre au problème de l'amélioration de l'insécurité alimentaire des citadins, face à la faiblesse des performances des systèmes de production rurale. Très diversifiée, elle demeure un secteur d'absorption de l'exode rural et connaît des performances de production qui tentent de réhabiliter la hiérarchie des activités économiques dans les villes (Tinker 1998, cité par Hounkponou, 2003). Le maraîchage qui est l'une des branches de l'agriculture urbaine contribue à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté des ménages et en particulier celle des femmes (James et al., 2005). A Cotonou, sur 263 ha de superficies cultivées en l'an 2000, le maraîchage a rapporté pour l'ensemble des producteurs, plus de trois cents (300) millions de francs CFA de marge brute, hormis leur propre consommation évaluée à trente pour cent (30%), voire quarante pour cent (40%) de la production (Hounkpodoté et Tossou, 2001). Malgré la forte proportion de la population active concernée par cette activité, la demande pour l'ensemble des produits maraîchers reste substantielle face à une offre largement inférieure. Par exemple, la demande annuelle du seul marché de Cotonou, représente environ cent vingt- cinq pour cent (125%) de l'offre pour la tomate et cent-vingt pour cent (120%) de l'offre pour l'oignon (LARES, 2001). Plusieurs contraintes limitent la production de légumes au Bénin. Il s'agit de la non maîtrise de la pression parasitaire, les difficultés d'accès à la terre, les difficultés d'approvisionnement en intrants agricoles (Atelier ADA/IITA, 2007). Pour lutter contre les parasites, les pesticides chimiques prohibés sont utilisés de façon excessive et les règles d'utilisation ne sont généralement pas respectées (Zossou, 2004). Cette utilisation abusive des pesticides chimiques compromet la qualité des légumes et présente des conséquences sur la santé des producteurs et consommateurs (Amoussougbo, 1993). Face à ces contraintes, il est important de trouver des moyens et méthodes de lutte qui améliorent la qualité des légumes, préservent la santé des consommateurs et assurent la sécurité alimentaire. Ainsi, les chercheurs de l'Institut International d'Agriculture Tropicale (IITA) - Bénin, en collaboration avec les structures nationales de recherche, ont développé et diffusé des technologies de gestion intégrée contre les ravageurs. Ces technologies comptent les variétés améliorées, les extraits botaniques (garlic, neem, papayer, hyptis), les techniques de stockage, les biopesticides à base de bactéries (Dipel et Biobit) et de virus (Cherry et al, 2006). La tomate (Lycopersicum esculentus) est le légume le plus cultivé de toutes les cultures maraîchères en République du Bénin (http://www.runetwork). La présente étude intitulée « Analyse comparée du revenu et de sa distribution entre les producteurs de tomate utilisant les biopesticides et les pesticides chimiques en zone périurbaine du sud-Bénin» permet de comparer la contribution des biopesticides et des pesticides chimiques au revenu et sa distribution au niveau des producteurs de tomate dans le sud du Bénin. Le présent document est structuré en quatre grandes parties. La première subdivisée en deux chapitres, présente l'introduction générale et la revue de littérature. La deuxième partie subdivisée en deux chapitres, présente la zone d'étude et le cadre méthodologique. La troisième partie divisée en quatre chapitres présente les résultats et les grandes conclusions tirées des analyses. La dernière partie présente les conclusions et suggestions issues de l'étude.
Le Bénin est un pays à faible niveau de développement humain. Il a été classé en 2006 au rang de 163 sur 177 pays avec un indicateur de 0,428 (RMDH 2005). L'amélioration des conditions de vie des populations des pays en développement demeure l'une des préoccupations majeures des gouvernements et des institutions d'aide au développement (Nouhoheflin, 2001). L'enjeu de développement des pays africains est d'assurer la sécurité alimentaire des villes et d'améliorer la qualité de vie de leurs habitants. A cet effet, plusieurs indicateurs ont été utilisés pour apprécier le niveau de développement. Selon Strong (1989), l'indicateur le plus important pour l'appréciation du succès d'un développement viable est la capacité d'éliminer de façon durable la faim. L'élimination de la faim suppose une amélioration quantitative et qualitative de la production agricole (FAO, 1996). L'importance et la qualité de la production agricole sont fonctions entre autres de l'efficacité de la protection des végétaux contre les différents ravageurs et certains facteurs abiotiques favorisant la baisse de la production (Paraïso, 2006). Dans le contexte de l'agriculture urbaine, les maraîchers utilisent des produits toxiques dont les doses d'applications varient en fonction du degré d'attaque (Amoussougbo, 1993 ; Adégbola et Singbo, 2001). En effet, les maraîchers béninois utilisent un grand nombre de produits chimiques inappropriés, en particulier les insecticides destinés aux ravageurs du coton, pour résoudre les problèmes des nuisibles des cultures maraîchères (Sikirou et al., 2001 ; James et al., 2005 cités par Atcha-Ahowé, 2005). L'application inadéquate de ces produits entraîne le phénomène de résistance des ravageurs. Les producteurs sont alors contraints d'augmenter les doses de pesticides chimiques pour venir à bout des ravageurs. En Inde, par exemple, des coûts de production élevés contribuent à l'endettement de milliers de producteurs. Les causes de cet endettement sont multiples. Parmi celles-ci figurent sans nul doute les dépenses croissantes consacrées par les paysans aux achats de pesticides chimiques (Manière de voir/Le Monde Diplomatique, 2007). Au Bénin, par exemple, le prix des insecticides chimiques a augmenté en moyenne de 86% entre 1999 et 2000 (Ferrigno et al., 2005). La lutte chimique présente beaucoup de risques sur la santé humaine et sur l'environnement (PAN, 1999). Le phénomène est d'autant plus préoccupant quand on sait que la plupart de ces produits sont consommés à l'état frais sans une transformation préalable. La pression parasitaire est donc devenue une contrainte majeure qui affecte la qualité et les rendements entraînant ainsi des manques à gagner aux producteurs. Le faible succès de cette méthode de lutte, explique alors la nécessité de développer d'autres méthodes de lutte alternatives, économiques, efficaces, saines et respectueuses de l'environnement et de la santé humaine. L'objectif principal de l'introduction des biopesticides dans les systèmes de production des légumes est de lutter contre les ravageurs des cultures tout en respectant les principes écologiques, la santé humaine et l'environnement. L'utilisation des biopesticides dans la maîtrise des ravageurs des cultures est considérée comme une partie intégrante d'un système de production durable (Ferron, 2005). Selon Vodouhê (2007), une des manières les plus adéquates pour produire des légumes sains et ne pas compromettre la biodiversité est de réduire au maximum l'emploi abusif des pesticides chimiques de synthèses ou d'opter pour d'autres méthodes alternatives de lutte contre les ravageurs. Parmi ces méthodes de lutte figurent les biopesticides. Ils sont économiques, efficaces, sains, respectueux de l'environnement et de la santé humaine. Ils valorisent au mieux les ressources locales, permettent la réduction des coûts de production et favorisent l'augmentation de la productivité, et par conséquent, la création et l'amélioration des revenus des producteurs. Ainsi, la lutte biologique est l'une des alternatives à la lutte chimique. Elle se base sur les principes écologiques et respecte la santé humaine et l'environnement (Coderre et Vincent, 1992). C'est dans cette perspective, que l'Institut International d'Agriculture Tropicale (IITA) en collaboration avec les structures nationales de recherche et de développement a développé et diffusé des technologies de gestion intégrée contre les ravageurs dont le but est de contribuer à l'augmentation de la production agricole et du revenu des maraîchers ainsi qu'à une réduction des inégalités dans la distribution de leurs revenus. Cette étude se propose de répondre aux questions suivantes: - Quels sont les différents systèmes de production de la tomate au Sud-Bénin ? - L'utilisation des biopesticides contribue-t-elle plus à l'amélioration des revenus des producteurs de tomate comparativement à l'utilisation de pesticides chimiques ? - L'utilisation des biopesticides contribue-t-elle à une meilleure distribution de ces revenus en comparaison avec l'utilisation des pesticides chimiques? 1.3. Justification L'agriculture urbaine et périurbaine contribue de façon significative au développement socio-économique des villes et cités en Afrique subsaharienne (Obuobie et al., 2006). Contrairement à la production saisonnière de vivriers dans les campagnes, la production maraîchère en zone périurbaine couvre toute l'année en utilisant des techniques de production intensive (irrigation/arrosage et équipements associés, engrais organiques et minéraux, lutte phytosanitaire, etc.) sur de petites surfaces. En conséquence, le maraîchage périurbain assure une offre constante de légumes divers pour satisfaire les demandes nutritionnelles de la population urbaine et contribue à la sécurité alimentaire de celle-ci. En outre, l'activité procure un revenu régulier à des producteurs d'origines diverses : migrants, anciens fonctionnaires, les licenciés de la fonction publique (Kouvonou et al., 1995). L'agriculture urbaine et périurbaine permet non seulement de préserver les ressources environnementales pour la communauté toute entière, mais aussi et surtout d'optimiser les coûts de production et les rendements au niveau de l'entreprise agricole individuelle (Steichen, 1994). Ceci constitue la garantie de la sécurité alimentaire, c'est-à-dire la possibilité pour les ménages de disposer ou de pouvoir se procurer à tout moment des aliments en quantité et en qualité (Kouvonou et al., op.cit.). Le Bénin à l'instar d'autres pays africains, a connu ces dernières années un développement de l'agriculture urbaine et périurbaine à la suite d'une forte croissance démographique induisant un accroissement des besoins alimentaires. L'agriculture urbaine est une activité informelle, génératrice de revenus et d'emplois, pratiquée par les couches vulnérables des régions urbaines et périurbaines (Assogba-Komlan et al., 2007). Le maraîchage constitue une branche de l'agriculture urbaine et figure parmi les douze filières retenues par l'Etat béninois, comme prioritaires (Tokannou et Quenum, 2007). Il joue un important rôle social et économique au sein de la population béninoise. En effet, la consommation nationale de légumes frais est très élevée et estimée en 2002 à 74.000 tonnes, soit environ 80 kg par personne et par an (PADAP, 2003). La tomate, culture maraîchère, qui fait objet de la présente étude revêt une importance économique considérable en raison de son utilisation abondante dans l'alimentation quotidienne. Bien qu'en valeur pondérale, elle ne représente qu'une faible part par rapport aux autres cultures, sa valeur marchande et nutritionnelle va en faveur de son développement pour assurer de meilleures conditions de vie à l'exploitant agricole et à sa famille (PTAA, 2001). La tomate joue un rôle prépondérant dans l'économie des ménages au Bénin. Contrairement aux autres spéculations tel que le maïs destiné en grande partie à l'autoconsommation domestique, la tomate est beaucoup plus destinée à la vente. Les résultats de nos enquêtes révèlent que la tomate est beaucoup plus vendue que consommée par les producteurs. Elle constitue ainsi une source potentielle génératrice de revenus aux producteurs et par conséquent à leurs ménages. La tomate fournit des quantités appréciables de vitamine C (10 à 20 mg aux 100 g), ainsi que de la provitamine A et de nombreuses vitamines du groupe B. Ses minéraux sont abondants (notamment le potassium, mais aussi le magnésium et le phosphore), et contribuent ainsi au bon équilibre acido-basique de l'organisme ( www.declic-bio.fr). La production de tomates est de loin la plus importante au Bénin, avec plus de 60% du tonnage maraîcher. Elle est produite principalement dans les départements de l'Ouémé (vallée de l'Ouémé : 35% de la production nationale ; production de décrue), du Mono (sur le plateau Adja : 25% de la production nationale, du Zou (12%) et de l'Atlantique dans la dépression de la lama (12%) (DAPS, 2001). Cependant les marchés béninois dépendent très nettement des importations en tomate : le Bénin a importé 2524 tonnes de conserves de tomate du 1er Janvier au 29 Février 2008 (ONASA, 2008). Dès lors, l'augmentation de l'offre nationale en produits maraîchers et surtout la tomate est nécessaire d'une part pour satisfaire la demande nationale et d'autre part pour réduire l'augmentation actuelle des importations officielles et informelles de ces produits et par conséquent de la sortie des devises (Tiamiyou et Sodjinou, 2003). Vu le rôle important que joue la tomate dans les ménages agricoles et considérant les technologies alternatives à la lutte chimique développées à cet effet, il est important d'entreprendre une étude afin d'évaluer la contribution de ces technologies à l'amélioration du niveau de revenus et leur distribution au sein des producteurs de tomate. 1.4. Objectifs de recherche Les objectifs de recherche se situent à deux niveaux. 1.4.1. Objectif principal L'objectif général de cette étude est d'effectuer une analyse comparée du revenu et de sa distribution entre les producteurs de tomate qui utilisent les biopesticides et ceux qui utilisent les pesticides chimiques. Pour atteindre ce principal objectif, trois objectifs spécifiques ont été formulés. 1.4.2. Objectifs spécifiques De façon plus spécifique, cette étude vise à : OS1 : Décrire les différents systèmes de production de la tomate. OS2 : Comparer le revenu des producteurs de tomate utilisant les biopesticides à celui des producteurs utilisant les pesticides chimiques. OS3 : Comparer la distribution du revenu des producteurs de tomate utilisant les biopesticides à celle des producteurs utilisant les pesticides chimiques. Pour atteindre ces objectifs, des hypothèses de recherche sont formulées.
Les hypothèses spécifiques relatives à cette étude sont : H1 : La gestion de l'eau et le type de pesticide utilisé permettent de caractériser les systèmes de production de la tomate. H2 : L'utilisation des biopesticides accroît le revenu des producteurs de tomate plus que celle des pesticides chimiques. H3 : L'utilisation des biopesticides améliore la distribution des revenus au sein des producteurs de tomate plus que celle des pesticides chimiques. La pertinence de cette hypothèse réside dans le fait que l'équité dans la distribution des revenus constitue l'un des facteurs capitaux pour la réduction de la pauvreté ; celle-ci se définit comme étant une conséquence de l'inégale répartition des ressources. Ainsi toute technologie dont le but est de contribuer à la réduction de la pauvreté devrait permettre une répartition plus équitable des revenus. Ce qui participe ainsi à la réduction des inégalités au sein des différentes catégories de maraîchers et de ce fait contribue à leur bien-être. CHAPITRE 2. REVUE DE LITTERATURE 2.1. Cadre conceptuel Pour mieux circonscrire l'étude, il paraît important de définir les différents concepts que comporte directement ou indirectement le sujet de recherche. Ø Biopesticides Ce sont des insecticides biologiques composés d'organismes vivants, ennemis naturels des ravageurs et des extraits de plantes... utilisés pour entraver, réduire ou éliminer les dommages causés aux cultures par les ravageurs (Lavabre, 1992). La méthode de lutte qui consiste à utiliser les biopesticides est appelée lutte biologique. |
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