UNIVERSITE DE PARAKOU (BENIN)
FACULTE D'AGRONOMIE
DEPARTEMENT D'ECONOMIE ET DE SOCIOLOGIE
RURALES
ANALYSE COMPAREE DU REVENU ET DE SA DISTRIBUTION ENTRE
LES PRODUCTEURS DE TOMATE UTILISANT LES BIOPESTICIDES ET LES PESTICIDES
CHIMIQUES EN ZONE PERIURBAINE DU SUD-BENIN
THESE
Pour l'obtention du diplôme
d'ingénieur agronome
OPTION :
Economie et Sociologie Rurales
Présentée et soutenue par
Christhel Sonia Jésugnon
PADONOU
Le 24 décembre 2008
Superviseurs
Dr. Ir. Jacob A. YABI
Dr. Ousmane N.
COULIBALY
Composition du jury
Président
: Dr. Ir. Simplice VODOUHE
Rapporteur
: Dr. Ir. Jacob YABI
Examinateur : Dr.
Ousmane COULIBALY
Examinateur : Dr. Ir. François-Xavier
BACHABI
UNIVERSITY OF PARAKOU (BENIN)
FACULTY OF AGRONOMY
DEPARTMENT OF RURAL ECONOMY AND SOCIOLOGY
COMPARATIVE ANALYSIS OF INCOME AND ITS DISTRIBUTION
BETWEEN TOMATO PRODUCERS USING BIO AND CHEMICAL PESTICIDES IN PERI-URBAN ZONE
OF SOUTHERN BENIN
THESIS
Submitted to the requirement of Agricultural Engineer
degree
OPTION: Rural Economy and
Sociology
Presented and defended
by Christhel Sonia Jésugnon PADONOU
The December 24th, 2008
Supervisors:
Dr. Ir. Jacob YABI
Dr.Ousmane COULIBALY
Composition of jury
Chair man: Dr. Ir.
Simplice VODOUHE
Reporter : Dr. Ir. Jacob
YABI
Examiner : Dr.
Ousmane COULIBALY
Examiner : Dr. Ir.
François-Xavier BACHABI
CERTIFICATION
Nous certifions que ce travail a été
entièrement conduit et réalisé par Christhel
Sonia Jésugnon PADONOU, étudiante au
Département d'Economie et de Sociologie Rurales (DESR) à la
Faculté d'Agronomie (FA) de l'Université de Parakou (UP), sous ma
supervision.
Pour le superviseur,
Dr. Ir. Jacob YABI
Agro-Economiste, Professeur assistant
Département d'Economie et de Sociologie Rurales
(DESR)
Faculté d'Agronomie (FA)
Université de Parakou
(UP)DÉDICACES
Je dédie ce travail
A
§ La gloire du seigneur Jésus-Christ, le roi des
rois ; pour ton amour, ta miséricorde, ta fidélité
à l'endroit de tous ceux qui placent en toi leur confiance ;
§ La sainte vierge Marie, pour ta protection ;
§ Mon bien-aimé Léon HOUNNOU, pour ton
amour, ta confiance, ton soutien et tes conseils. Puisse Dieu purifier et
exaucer toutes nos prières.
REMERCIEMENTS
Ce travail a été possible grâce au
concours de personnes et d'organismes qui n'ont ménagé aucun
effort pour sa réalisation.
A tous ceux qui, de près ou de loin, ont
contribué à la réalisation de ce travail, nous tenons
à leur adresser nos sincères et chaleureux remerciements. Ces
remerciements vont en particulier :
§ A la Faculté d'Agronomie de L'Université
de Parakou, pour sa contribution à notre formation ;
§ A l'Agence Autrichienne de Développement (ADA),
pour le soutien financier nécessaire pour la réalisation du
présent travail ;
§ A la Direction Générale de l'Institut
International d'Agriculture Tropicale du Bénin (IITA- Bénin),
pour le soutien logistique dont nous avons bénéficié pour
la recherche ;
§ Au Dr. Ir. Jacob Afouda YABI, Professeur à la FA
et au Dr. Ousmane
COULIBALY, Economiste principal de l'IITA, nos maîtres
de thèse, qui, malgré leurs multiples occupations, ont
accepté de prendre la direction scientifique de ce travail qu'ils ont
assurée avec beaucoup de compétence et de rigueur. Nous leur
témoignons notre profonde gratitude et toute notre admiration ;
§ A Sounkoura SIDIBE ADETONAH, doctorante et
associée de recherche du Dr.
Ousmane COULIBALY, pour la disponibilité dont elle a
fait preuve tout au long de ce travail. Son assistance morale et
intellectuelle, ses conseils de mère nous ont galvanisés et
resteront toujours gravés dans notre coeur ;
§ Aux associés de recherche de la section
socio-économie de l'IITA-Bénin, en particulier à
Eric SESSOU, Théodore NOUHOHEFLIN, Razack ADEOTI,
Brice GBAGUIDI, Raymond ALLOMASSO, Fabienne ADIGOUN, Wilfried ALLOGNI, Casimir
AITCHEDJI, Adémonla ARINLOYE, Moïse DJADE, Ghislaine
SIMENI-TCHUINTE et Rémy AHOYO, pour leurs conseils, leurs orientations
scientifiques, la documentation mise à notre disposition et pour leur
franche collaboration ;
§ Au Dr.Ir. Guy NOUATIN, pour son soutien et pour ses
précieux conseils ;
§ A Oscar AMOUSSOU, Marcel VODOUNOU, Eugène
YOVOGAN, Apollinaire, tous agents du CeCPA Grand-popo pour leur précieux
aide dont nous nous souviendrons toujours ;
§ A Prosper ZOHOUNGBOGBO et Laurel BONOU, pour leur
inestimable aide ;
§ A Etienne ADANGO, Sem AKOWANOU, Arnold MISSINHOU
respectivement RCPA et agents du CeCPA de la commune d'Adjohoun, pour leur
soutien ;
§ A Désiré ABADJI et Guillaume BODJRENOU,
tous agents de la mairie de la commune d'Adjohoun, pour leur aide et pour leurs
précieux conseils ;
§ A toute l'équipe de la SNV-Bénin, bureau
Parakou, pour leur inestimable aide ;
§ A Mon très cher père Eugène
PADONOU. Je te remercie pour ton soutien, tes conseils et tes prières.
Ce travail est le fruit des efforts et des sacrifices que tu as consentis pour
faire de moi ce que je suis ;
§ A Ma très chère mère Albertine
NOUATIN, pour les moments difficiles que je t'ai imposés depuis mon
enfance jusqu'à aujourd'hui. C'est le moment pour moi de te
féliciter et de te rendre un vibrant hommage pour ton courage et ton
dévouement aux côtés de tes enfants. Tu fais notre joie et
notre honneur ;
§ A Ma grand-mère Jacqueline Zinhoué TONA,
pour ton amour. Reçois ici l'expression de ma profonde
gratitude ;
§ A Mes chers frères et soeurs, que cet exemple
soit pour vous l'inspiration d'une saine émulation et qu'il vous fasse
comprendre que seul le travail paie ;
§ A mon oncle Noël PADONOU, pour sa
gentillesse et pour son soutien financier;
§ A la famille KOUCHANOU et HOUETO, pour leur
accueil ;
§ A la famille HOUNNOU, pour son soutien moral et
financier ;
§ A tous les maraîchers du Sud-Bénin pour
avoir accepté se mettre à notre service lors de nos
enquêtes ;
§ Au corps professoral et aux équipes
décanales successives de la Faculté d'Agronomie de
l'Université de Parakou, pour leur contribution à notre
formation ;
§ A tous nos collègues de la 3ème
promotion, particulièrement à ceux de l'option Economie et
Sociologie Rurales, pour l'ambiance conviviale qui a régné entre
nous tout au long de notre cursus académique ;
§ A tous ceux qui nous ont soutenus de diverses
manières, et dont nous n'avons pas pu citer les noms ici, et à
qui nous présentons toutes nos excuses. Que le Seigneur Dieu Tout -
Puissant les comble de toutes ses grâces.
RESUME
La tendance croissante à la pauvreté et à
la détérioration des conditions socioéconomiques d'une
part, et les nombreux problèmes sanitaires, environnementaux et
économiques qu'engendre l'utilisation excessive et fréquente des
pesticides chimiques de synthèse d'autre part ont conduit de nombreux
gouvernements et la communauté des donateurs à
réévaluer leurs stratégies de développement et
d'aide du point de vue de la réduction de la pauvreté (Grootaert,
et al., 1991). Au nombre de ces stratégies, il y a les
technologies introduites en milieu paysan dans le but d'améliorer la
production agricole afin de garantir la sécurité alimentaire et
d'assurer la consommation d'aliments sains et de bonne qualité au sein
des ménages.
Dès lors, il devient important de jeter un regard
rétrospectif sur l'utilisation de ces technologies pour savoir si
celles-ci ont contribué à l'amélioration des niveaux de
revenus et leur distribution au sein des bénéficiaires.
C'est dans cette perspective que s'inscrit cette étude
qui a pour but de comparer le revenu et sa distribution entre les producteurs
de tomate qui utilisent les biopesticides et ceux qui utilisent les pesticides
chimiques au Sud-Bénin.
Une étude socio-économique a été
menée dans deux grandes zones agroécologiques du
Sud-Bénin : la zone de bas-fonds composée d'Adjohoun et de
Gnito (Grand-Popo rural) et la zone du cordon littoral composée de
Sèmè-podji et de Grand-Popo littoral.
Au total, un échantillon de 55 producteurs de tomate a
été constitué de façon raisonnée.
Au niveau de l'accroissement des revenus, la présente
étude a révélé que l'utilisation des biopesticides
n'a pas engendré un surplus de revenus chez les producteurs de tomate de
la zone d'étude comparativement aux producteurs qui utilisent les
pesticides chimiques. Ces résultats s'expliquent d'une part par les
doses inadéquates d'extraits aqueux de neem appliquées par les
producteurs du fait de la pénibilité de la préparation des
extraits aqueux et par les conditions socioéconomiques qui leur sont
défavorables d'autre part.
Les analyses effectuées au niveau du genre ont
montré que l'utilisation des biopesticides a plus entraîné
une baisse de revenus chez les femmes que chez les hommes. Ces pertes de
revenus constatées au niveau des femmes s'expliquent par le fait
qu'elles sont fréquemment confrontées au problème de la
main d'oeuvre en raison de leurs ressources limitées. Le calcul du Taux
de Rentabilité Interne (TRI) a permis de confirmer les résultats
obtenus.
L'utilisation des biopesticides a tendance à
réduire les inégalités dans la distribution des revenus au
niveau de l'ensemble de la zone d'étude comparativement à
l'utilisation des pesticides chimiques. Les valeurs de l'indice de Gini sont de
0,37 et 0,39 respectivement pour les utilisateurs de biopesticides et de
pesticides chimiques.
Les différentes courbes de Lorenz tracées
confirment les résultats obtenus par le calcul des indices de Gini.
Le renforcement des capacités des maraîchers
à travers des séances d'information et de formation sur les
biopesticides, la semi-mécanisation de la production d'extraits aqueux
botaniques, l'organisation de la filière biopesticide et l'octroi de
crédit en espèce comme en nature aux maraîchers en
général et aux producteurs de tomate en particulier, sont
fortement recommandés, pour une meilleure utilisation des
biopesticides.
Mots clés: Biopesticides, pesticides
chimiques, revenus, distribution du revenu, producteurs de tomate,
Sud-Bénin.
ABSTRACT
The increasing trend of poverty and the deterioration of
socio-economic conditions on the one hand, and many health, environmental and
economic problems caused by huge use of synthetic pesticides on the other hand,
led many governments and the donor communities to reassess their aid and
development strategies in terms of poverty reduction (Grootaert et al.,
1991). Among these strategies, there are technologies introduced in rural
areas in order to improve crop production, to guarantee food security and to
ensure the consumption of good quality and healthy food. Therefore, it appears
very important to look back on the use of these technologies to see if they
have contributed to improve income levels and their distribution among
producers.
In fact, this study aims to compare income and its
distribution among tomato producers who use biopesticides and those who use
chemical pesticides in southern Benin. A socio-economic study was conducted
in two major agro-ecological zones in southern Benin. These areas of
investigation include the area of lowland composed of Adjohoun and Gnito
(Grand-Popo rural) and the coastal area composed of Sèmè-podji
and Grand-Popo Littoral.
Sample of 55 tomato producers was reasonably formed.
About income increasing, this study revealed that the use of
biopesticides has not augmented tomato producer incomes in the study area
compared to producers who use chemical pesticides. These results are due to the
inadequate doses of aqueous extracts of neem applied by producers because of
the difficulty of preparing aqueous extracts and their socio-economic
conditions which are unfavorable.
Analysis of gender has shown that the use of biopesticides has
caused reduction of women income than men income. These losses of women income
are explained by the fact that they are frequently confronted with the problem
of the workforce because of their limited resources. Indeed, they must play
several roles and these factors caused lateness in processing crops. The
calculation of internal rate of return confirmed these results.
The use of biopesticides seems to reduce inequalities in
income distribution in the entire area of study compared to the use of chemical
pesticides. The values of the Gini coefficient are 0.37 and 0.39 for users of
biopesticides and chemical pesticide users respectively. The different
Lorenz curves drawn confirm the results obtained by calculating the Gini index.
Capacity building of vegetables through briefings and training on
biopesticides, semi-mechanization of the production of aqueous botanical
extracts, the organization of biopesticide industry and the granting of credit
in cash or in kind to producers in general and tomato producers in particular,
are highly recommended for better use of biopesticides.
Keywords: Biopesticides, chemical pesticides, income,
income distribution, tomato producers, Southern Benin.
TABLE DES MATIERES
|
Pages
|
Certification..................................................................................
|
i
|
Dedicaces.....................................................................................
|
ii
|
Remerciements..............................................................................
|
iii
|
Resumé.......................................................................................
|
vi
|
Abstract......................................................................................
|
viii
|
Table des
matières.........................................................................
|
x
|
Liste des
tableaux...........................................................................
|
xiv
|
Liste des
figures.............................................................................
|
xvi
|
Liste des
photos..............................................................................
|
xiii
|
Liste des sigles et
abréviations............................................................
|
xix
|
PREMIERE PARTIE:
GENERALITES..............................................
|
1
|
CHAPITRE 1. INTRODUCTION
GENERALE.....................................................
|
1
|
1.1.
Introduction........................................................................
|
1
|
1.2.
Problématique......................................................................
|
3
|
1.3.
Justification.........................................................................
|
5
|
1.4. Objectifs de
recherche.............................................................
|
7
|
1.4.1. Objectif
principal.....................................................................
|
7
|
1.4.2. Objectifs
spécifiques.................................................................
|
7
|
1.5. Hypothèses de
recherche.............................................................
|
8
|
CHAPITRE 2. REVUE DE
LITTERATURE............................................
|
9
|
2.1. Cadre
conceptuel......................................................................
|
9
|
2.2. Revue de littérature sur le
maraîchage...........................................
|
17
|
2.3. Cadre
théorique........................................................................
|
25
|
DEUXIEME PARTIE : ZONE D'ETUDE ET
METHODOLOGIE.............
|
31
|
CHAPITRE 3. PRÉSENTATION DE LA ZONE
D'ÉTUDE.........................
|
31
|
3.1. Délimitation de la zone
d'étude.....................................................
|
31
|
3.1.1. Zone de
bas-fonds....................................................................
|
31
|
3.1. 2. Zone du cordon
littoral.............................................................
|
32
|
3.2. Caractéristiques
physiques..........................................................
|
33
|
3.2.1. Données
climatiques.................................................................
|
33
|
3.2.2. Données
pédologiques...............................................................
|
35
|
3.3. Caractéristiques
humaines..........................................................
|
35
|
CHAPITRE 4. CADRE
MÉTHODOLOGIQUE........................................
|
38
|
4.1. Choix de la zone d'étude, des villages et
sites....................................
|
38
|
4.2. Phases de collecte des
données......................................................
|
40
|
4.2.1. Revue
documentaire.................................................................
|
40
|
4.2.2. Phase
exploratoire..................................................................
|
40
|
4.2.3 Phase d'enquête
approfondie.......................................................
|
41
|
4.3.
Echantillonnage........................................................................
|
42
|
4.3.1. Critères d'identification des
systèmes de production de la zone d'étude...
|
43
|
4.4. Méthodes et outils de collecte des
données.......................................
|
44
|
4.5. Méthodes de traitement et d'analyse des
données..............................
|
45
|
4.5.1. Calcul des
revenus...................................................................
|
45
|
4.5.2. Distribution du
revenu...............................................................
|
50
|
4.6. Limites de la
recherche...............................................................
|
51
|
TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET
DISCUSSION........................
|
53
|
CHAPITRE 5. CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET
SOCIOECONOMIQUES DES
PRODUCTEURS.......................................
|
53
|
5.1. Caractéristiques
démographiques................................................
|
53
|
5.1.1. Genre des producteurs de
tomate..................................................
|
53
|
5.1.2. Provenance des producteurs de
tomate...........................................
|
54
|
5.1.3. Origine des
producteurs............................................................
|
54
|
5.1.4. Age des producteurs de
tomate.....................................................
|
55
|
5.1.5. Taille des unités de
production....................................................
|
55
|
5.1.6. Religions des
producteurs..........................................................
|
56
|
5.2. Caractéristiques
socioéconomiques................................................
|
56
|
5.2.1. Niveau d'instruction des producteurs de
tomate...............................
|
57
|
5.2.2. Statut matrimonial des
producteurs..............................................
|
57
|
5.2.3. Activités menées par les
producteurs de tomate.................................
|
58
|
5.2.4. Expérience dans la production de
tomate........................................
|
59
|
|
|
5.3. Généralités sur la
production dans la zone d'étude...........................
|
60
|
5.3.1. Facteurs de
production............................................................
|
60
|
5.3.1.1.
Terre.................................................................................
|
60
|
5.3.1.2. La main
d'oeuvre...................................................................
|
61
|
5.3.1.3. Equipements de production
......................................................
|
62
|
5.3.2. Techniques de
cultures..............................................................
|
63
|
5.3.2.1. Modes de préparation de la
terre................................................
|
63
|
5.3.2.2. Irrigation des
cultures..............................................................
|
63
|
5.3.2.3. Gestion de la fertilité du
sol.......................................................
|
64
|
5.3.2.4. Protection phytosanitaire des cultures
..........................................
|
65
|
5.3.3. Commercialisation des tomates
...................................................
|
67
|
5.4. Relations avec les structures
d'intervention.....................................
|
69
|
5.4.1. Encadrement
technique............................................................
|
69
|
5.4.2. Accès au crédit
agricole............................................................
|
70
|
5.5. Conclusion
partielle...................................................................
|
71
|
CHAPITRE 6. DESCRIPTION DES SYSTEMES DE PRODUCTION DE LA ZONE
D'ETUDE............................................................................
|
73
|
6.1. Système de culture irrigué +
pesticides chimiques..............................
|
73
|
6.2. Système de culture irrigué +
biopesticides.......................................
|
74
|
6.3. Système de décrue + pesticides
chimiques........................................
|
74
|
6.4. Système de décrue +
biopesticides..................................................
|
75
|
6.5. Conclusion
partielle...................................................................
|
76
|
CHAPITRE 7. COMPARAISON DES REVENUS DES PRODUCTEURS DE
TOMATE.....................................................................................
|
77
|
7.1. Comparaison des revenus des
producteurs......................................
|
77
|
7.1.1. Comparaison des revenus au niveau de
la zone d'étude.......................
|
77
|
7.1.2. Comparaison des revenus au niveau de la
zone côtière........................
|
82
|
7.1.3. Analyse d'impact des biopesticides au
niveau de la zone de bas-fonds......
|
83
|
7.2. Conclusion
partielle...................................................................
|
88
|
CHAPITRE 8. COMPARAISON DE LA DISTRIBUTION DES REVENUS DES
PRODUCTEURS DE
TOMATE....................................................
|
90
|
8.1. Analyse de la distribution de revenus au niveau
de l'ensemble de la zone
d'étude........................................................................................
|
90
|
8.2. Analyse de la distribution des revenus à
l'intérieur des zones
agroécologiques.............................................................................
|
95
|
8.2.1. Analyse de la distribution des revenus dans
la zone côtière..................
|
95
|
8.2.2. Analyse de la distribution des revenus dans
la zone de bas-fonds...........
|
99
|
8.3. Conclusion
partielle...................................................................
|
104
|
CHAPITRE 9. CONCLUSION
GÉNÉRALE............................................
|
105
|
9.1.
Conclusion........................................................................
|
105
|
9.2.
Suggestions.............................................................................
|
106
|
9.3. Implications
futures...................................................................
|
107
|
RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES..............................................
ANNEXES....................................................................................
|
109
122
|
LISTE DES TABLEAUX
Tableaux
|
Titres
|
Pages
|
Tableau 1:
|
Valeur nutritionnelle moyenne pour 100g de tomate
crue........
|
22
|
Tableau 2:
|
Répartition des unités de recherche par
zones et par villages ou
sites.......................................................................
|
43
|
Tableau 3:
|
Caractérisation démographique des chefs
d'exploitation par zone de
production........................................................
|
53
|
Tableau 4:
|
Provenance des producteurs par zone de
production..............
|
54
|
Tableau 5:
|
Ethnies des producteurs de la zone
d'étude..........................
|
54
|
Tableau 6:
|
Age moyen (en années) des producteurs suivant
le genre.........
|
55
|
Tableau 7:
|
Taux de dépendance au sein des ménages
des producteurs......
|
56
|
Tableau 8:
|
Religions pratiquées par les
producteurs............................
|
56
|
Tableau 9:
|
Niveau d'instruction des
producteurs................................
|
57
|
Tableau 10:
|
Situation matrimoniale des
producteurs............................
|
59
|
Tableau 11:
|
Expérience en années des
producteurs...............................
|
60
|
Tableau 12:
|
Superficies emblavées en tomate suivant les
zones
agroécologiques............................................................
|
61
|
Tableau 13:
|
Coûts des différentes opérations
culturales par zone de
production..................................................................
|
62
|
Tableau 14:
|
Modes de préparation du sol et superficie des
planches..........
|
63
|
Tableau 15:
|
Catégorisation de la proportion des producteurs
de tomate selon les méthodes de
lutte..............................................
|
66
|
Tableau 16 :
|
caractéristiques des différents
systèmes de production
identifiés.....................................................................
|
75
|
Tableau 7.1.1:
|
Revenus nets obtenus par les producteurs au niveau de
la zone
d'étude........................................................................
|
78
|
Tableau 7.1.1a:
|
Détermination du Taux de Rentabilité
Interne au niveau de la zone
d'étude................................................................
|
78
|
Tableau 7.1.2:
|
Revenus nets obtenus par les producteurs au niveau de
la zone
côtière........................................................................
|
82
|
Tableau 7.1.2a:
|
Détermination du Taux de Rentabilité
Interne au niveau de la zone
côtière.......................................................................................
|
83
|
Tableau 7.1.3:
|
Revenus nets obtenus par les producteurs en zone de
bas-fonds..........................................................................
|
84
|
Tableau 7.1.3a:
|
Détermination du Taux de Rentabilité
Interne au niveau de la zone de bas
fonds..........................................................
|
84
|
Tableau 8.1:
|
Distribution de revenus des producteurs de tomate au
niveau de l'ensemble de la zone
d'étude...............................................
|
91
|
Tableau 8.2.1:
|
Distribution de revenus des producteurs de tomate au
niveau de la zone
côtière.............................................................................
|
95
|
Tableau 8.2.2:
|
Distribution de revenus des producteurs de tomate au
niveau de la zone de
bas-fonds...................................................
|
99
|
LISTE DES FIGURES
Figures
|
Titres
|
Pages
|
Figure 1:
|
Activités secondaires menées par les
producteurs de
tomate...................................................................
|
58
|
Figure 2:
|
Mode d'acquisition de la terre par les producteurs de
tomate au
Sud-Bénin.................................................
|
60
|
Figure 3:
|
Evolution du prix de la tomate à Comè et
Azowlissè en
2007......................................................................
|
69
|
Figure 4:
|
Degré d'encadrement des producteurs de tomate
en zones côtière et de bas-fonds au
Sud-bénin..............................
|
70
|
Figure 5:
|
Accès au crédit des producteurs de
tomate au Sud-Bénin...
|
71
|
Figure 6:
|
Accès au crédit des producteurs selon
les méthodes de lutte
utilisées.................................................................
|
71
|
Figure8.1a:
|
Distribution des revenus entre les utilisateurs de
biopesticides et les utilisateurs de pesticides chimiques de la zone
d'étude............................................................
|
92
|
Figure8.1b:
|
Distribution des revenus entre les hommes utilisateurs
de biopesticides et les hommes utilisateurs de pesticides chimiques de la zone
d'étude ......................................
|
93
|
Figure 8.1c:
|
Distribution des revenus entre les femmes
utilisatrices de biopesticides et les femmes utilisatrices de pesticides
chimiques de la zone
d'étude.......................................
|
94
|
Figure8.2.1a
|
Distribution des revenus des producteurs en zone
côtière...................................................................
|
96
|
Figure8.2.1b
|
Distribution des revenus entre les hommes
utilisateurs de biopesticides et les hommes utilisateurs de pesticides
chimiques de la zone côtière
.......................................
|
97
|
Figure8.2.1c
|
Distribution des revenus entre les femmes
utilisatrices de biopesticides et les femmes utilisatrices de pesticides
chimiques de la zone côtière
.......................................
|
98
|
Figure8.2.2a
|
Distribution des revenus des producteurs en zone de
bas-fonds.....................................................................
|
100
|
Figure8.2.2b
|
Distribution des revenus entre les hommes utilisateurs
de biopesticides et les hommes utilisateurs de pesticides chimiques de la zone
de bas-fonds.................................
|
101
|
Figure8.2.2c
|
Distribution des revenus entre les femmes
utilisatrices de biopesticides et les femmes utilisatrices de pesticides
chimiques de la zone de bas-fonds.................................
|
102
|
LISTE DES PHOTOS
Photos
|
Titres
|
Pages
|
Photo1:
|
Processus d'obtention d'extraits aqueux de
neem...............
|
11
|
Photo 2:
|
Motopompe à moteur
électrique..........................................
|
62
|
Photo 3:
|
Motopompe à moteur
électrique..........................................
|
62
|
Photo 4:
|
Arrosage de
planches...................................................
|
64
|
Photo 5:
|
Raccords
flexibles.......................................................
|
64
|
Photo 6:
|
Bouse de
vache...........................................................
|
65
|
Photo7 :
|
Pesticides chimiques (Cypercal et Topsin
M......................
|
66
|
Photo 8:
|
Paniers de tomate (25kg) prêts pour la
vente.....................
|
68
|
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
Sigles et abréviations
|
Définitions des sigles et
abréviations
|
ACDI :
|
Agence Canadienne pour le Développement
International
|
ADA :
|
Austrian Development Agency
|
BDF :
|
Banque De France
|
BIDOC :
|
Bibliothèque Centre de Documentation
|
CeCPA :
|
Centre Communal pour la Promotion Agricole
|
CeRPA :
|
Centre Régional pour la Promotion Agricole
|
Cf :
|
Confer
|
CF :
|
Coûts Fixes
|
CFA :
|
Communauté Financière Africaine
|
CQFD :
|
Comité Québécois Femmes et
Développement
|
CV :
|
Coûts Variables
|
DAD :
|
Distributive Analysis / Analyse Distributive
|
DAPS :
|
Direction de l'Analyse, Prévision et de la
Synthèse
|
DESR :
|
Département d'Economie et de Sociologie Rurales
|
ECVR :
|
Enquêtes sur les Conditions de Vie des Ménages
Ruraux
|
ELAM :
|
Enquêtes Légères Auprès des
Ménages
|
EPA :
|
Environmental Protection Agency
|
FA :
|
Faculté d'Agronomie
|
FAO :
|
Food and Agriculture Organisation of United Nations
|
FFS :
|
Farmer Field School
|
FIPA :
|
Forum interparlementaire des Amériques
|
FSA :
|
Faculté des Sciences Agronomiques
|
G :
|
Indice de Gini
|
H :
|
Hypothèse
|
Ha :
|
Hectare
|
IDH :
|
Indice du Développement Humain
|
IITA :
|
International Institut of Tropical Agriculture
|
IFAID :
|
Institut de Formation et d'Appui aux Initiatives de
Développement
|
IFPRI :
|
International Food Policy Research Institute
|
INRAB :
|
Institut National pour la Recherche Agricole au
Bénin
|
INSAE :
|
Institut National de la Statistique et de l'Analyse
Economique
|
Kg :
|
Kilogramme
|
Km2 :
|
Kilomètre carré
|
K2SO4 :
|
Sulfate de potassium
|
LARES :
|
Laboratoire d'Analyse Régionale et d'Expertise
Sociale
|
LISA-SAR:
|
Lettre d'Information sur la sécurité Alimentaire
dans le cadre du Système d'Alerte Rapide.
|
MAEP :
|
Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la
Pêche
|
MAP :
|
Matrice d'Analyse des Politiques
|
MDEF :
|
Ministère du Développement, de l'Economie et des
Finances
|
MEHU :
|
Ministère de l'Environnement, de l'Habitat et de
l'Urbanisme
|
Mm :
|
Millimètre
|
NPK :
|
Azote Phosphore Potassium
|
ONASA :
|
Office National D'Appui à la Sécurité
Alimentaire
|
ONG :
|
Organisation Non Gouvernementale
|
OS :
|
Objectifs Spécifiques
|
PADAP :
|
Programme d'Appui au Développement de l'Agriculture
Périurbaine au Sud du Bénin
|
PADSA :
|
Projet d'Appui au Développement du Secteur Agricole
|
PAN :
|
Pesticide Action Network
|
PB :
|
Produit Brut
|
PEDUNE :
|
Protection Ecologique Durable du Niébé
|
PIB :
|
Produit Intérieur Brut
|
PNUD :
|
Programme des Nations Unies pour le Développement
|
PROGEL :
|
Projet de PROmotion de la Gouvernance Environnementale
Locale
|
PTAA :
|
Programme de Technologies Agricole et Alimentaire
|
PVD :
|
Pays en Voie de Développement
|
RCPA :
|
Responsable Communal pour la Promotion Agricole
|
RDMH :
|
Rapport Mondial sur le Développement Humain
|
RGPH :
|
Recensement Général de la Population et de
l'Habitat
|
SBEE :
|
Société Béninoise d'Electricité et
d'Eau
|
SPSS :
|
Statistical Package of Social Sciences
|
SPV :
|
Service Protection des Végétaux
|
TRI :
|
Taux de Rentabilité Interne
|
ULMAGA :
|
Union des Maraîchers du Littoral
Grand-Popo-Agoué
|
UP :
|
Université de Parakou
|
VIMAS :
|
Village Maraîcher de Sèmè-podji
|
PREMIERE PARTIE: GENERALITES
CHAPITRE 1. INTRODUCTION GENERALE
1.1. Introduction
Le nombre d'individus vivant avec moins de 1 dollar par jour
en Afrique subsaharienne passera de 313 à 340 millions entre 2001 et
2015 selon le Rapport Mondial sur le Développement Humain RDMH
(2005).
Selon Yitzhki et Wodon (2002), une forte
inégalité favorise une forte pauvreté dans la mesure
où les plus pauvres recevront moins que les plus riches.
La pauvreté touche encore une partie importante de la
population, avec plus de 30% des Béninois vivant en dessous du seuil de
pauvreté (RDMH, 2005).
La lutte contre la pauvreté passe nécessairement
par une réduction des inégalités, une sécurisation
et une diversification de la production agricole, un accroissement de la
productivité et de la compétitivité du secteur afin de
générer des revenus stables et comparables à ceux de
l'industrie et du commerce (FAO, 2004).
Au Bénin, l'agriculture reste l'activité
exercée par la majorité des actifs. Elle occupe 54% de la
population active agricole, représente en moyenne 70,2% des exportations
et contribue ainsi à près de 36% à la formation du Produit
Intérieur Brut national (BDF, 2002).
L'agriculture urbaine et périurbaine tente de
répondre au problème de l'amélioration de
l'insécurité alimentaire des citadins, face à la faiblesse
des performances des systèmes de production rurale. Très
diversifiée, elle demeure un secteur d'absorption de l'exode rural et
connaît des performances de production qui tentent de réhabiliter
la hiérarchie des activités économiques dans les villes
(Tinker 1998, cité par Hounkponou, 2003).
Le maraîchage qui est l'une des branches de
l'agriculture urbaine contribue à la sécurité alimentaire
et à la réduction de la pauvreté des ménages et en
particulier celle des femmes (James et al., 2005). A Cotonou, sur 263
ha de superficies cultivées en l'an 2000, le maraîchage a
rapporté pour l'ensemble des producteurs, plus de trois cents (300)
millions de francs CFA de marge brute, hormis leur propre consommation
évaluée à trente pour cent (30%), voire quarante pour cent
(40%) de la production (Hounkpodoté et Tossou, 2001).
Malgré la forte proportion de la population active
concernée par cette activité, la demande pour l'ensemble des
produits maraîchers reste substantielle face à une offre largement
inférieure. Par exemple, la demande annuelle du seul marché de
Cotonou, représente environ cent vingt- cinq pour cent (125%) de l'offre
pour la tomate et cent-vingt pour cent (120%) de l'offre pour l'oignon (LARES,
2001).
Plusieurs contraintes limitent la production de légumes
au Bénin. Il s'agit de la non maîtrise de la pression
parasitaire, les difficultés d'accès à la terre, les
difficultés d'approvisionnement en intrants agricoles (Atelier ADA/IITA,
2007). Pour lutter contre les parasites, les pesticides chimiques
prohibés sont utilisés de façon excessive et les
règles d'utilisation ne sont généralement pas
respectées (Zossou, 2004).
Cette utilisation abusive des pesticides chimiques compromet
la qualité des légumes et présente des conséquences
sur la santé des producteurs et consommateurs (Amoussougbo, 1993).
Face à ces contraintes, il est important de trouver
des moyens et méthodes de lutte qui améliorent la qualité
des légumes, préservent la santé des consommateurs et
assurent la sécurité alimentaire. Ainsi, les chercheurs de
l'Institut International d'Agriculture Tropicale (IITA) - Bénin, en
collaboration avec les structures nationales de recherche, ont
développé et diffusé des technologies de gestion
intégrée contre les ravageurs. Ces technologies comptent les
variétés améliorées, les extraits botaniques
(garlic, neem, papayer, hyptis), les techniques de stockage, les biopesticides
à base de bactéries (Dipel et Biobit) et de virus (Cherry et
al, 2006).
La tomate (Lycopersicum esculentus) est le
légume le plus cultivé de toutes les cultures
maraîchères en République du Bénin
(http://www.runetwork).
La présente étude intitulée
« Analyse comparée du revenu et de sa distribution entre les
producteurs de tomate utilisant les biopesticides et les pesticides chimiques
en zone périurbaine du sud-Bénin» permet de comparer la
contribution des biopesticides et des pesticides chimiques au revenu et sa
distribution au niveau des producteurs de tomate dans le sud du
Bénin.
Le présent document est structuré en quatre
grandes parties. La première subdivisée en deux chapitres,
présente l'introduction générale et la revue de
littérature. La deuxième partie subdivisée en deux
chapitres, présente la zone d'étude et le cadre
méthodologique. La troisième partie divisée en quatre
chapitres présente les résultats et les grandes conclusions
tirées des analyses. La dernière partie présente les
conclusions et suggestions issues de l'étude.
1.2. Problématique
Le Bénin est un pays à faible niveau de
développement humain. Il a été classé en 2006 au
rang de 163 sur 177 pays avec un indicateur de 0,428 (RMDH 2005).
L'amélioration des conditions de vie des populations
des pays en développement demeure l'une des préoccupations
majeures des gouvernements et des institutions d'aide au développement
(Nouhoheflin, 2001).
L'enjeu de développement des pays africains est
d'assurer la sécurité alimentaire des villes et
d'améliorer la qualité de vie de leurs habitants. A cet effet,
plusieurs indicateurs ont été utilisés pour
apprécier le niveau de développement. Selon Strong (1989),
l'indicateur le plus important pour l'appréciation du succès d'un
développement viable est la capacité d'éliminer de
façon durable la faim. L'élimination de la faim suppose une
amélioration quantitative et qualitative de la production agricole (FAO,
1996). L'importance et la qualité de la production agricole sont
fonctions entre autres de l'efficacité de la protection des
végétaux contre les différents ravageurs et certains
facteurs abiotiques favorisant la baisse de la production (Paraïso,
2006).
Dans le contexte de l'agriculture urbaine, les
maraîchers utilisent des produits toxiques dont les doses d'applications
varient en fonction du degré d'attaque (Amoussougbo, 1993 ;
Adégbola et Singbo, 2001). En effet, les maraîchers
béninois utilisent un grand nombre de produits chimiques
inappropriés, en particulier les insecticides destinés aux
ravageurs du coton, pour résoudre les problèmes des nuisibles
des cultures maraîchères (Sikirou et al.,
2001 ; James et al., 2005 cités par
Atcha-Ahowé, 2005). L'application inadéquate de ces produits
entraîne le phénomène de résistance des ravageurs.
Les producteurs sont alors contraints d'augmenter les doses de pesticides
chimiques pour venir à bout des ravageurs. En Inde, par exemple, des
coûts de production élevés contribuent à
l'endettement de milliers de producteurs. Les causes de cet endettement sont
multiples. Parmi celles-ci figurent sans nul doute les dépenses
croissantes consacrées par les paysans aux achats de pesticides
chimiques (Manière de voir/Le Monde Diplomatique, 2007). Au
Bénin, par exemple, le prix des insecticides chimiques a augmenté
en moyenne de 86% entre 1999 et 2000 (Ferrigno et al., 2005).
La lutte chimique présente beaucoup de risques sur la
santé humaine et sur l'environnement (PAN, 1999). Le
phénomène est d'autant plus préoccupant quand on sait que
la plupart de ces produits sont consommés à l'état frais
sans une transformation préalable. La pression parasitaire est donc
devenue une contrainte majeure qui affecte la qualité et les rendements
entraînant ainsi des manques à gagner aux producteurs.
Le faible succès de cette méthode de lutte,
explique alors la nécessité de développer d'autres
méthodes de lutte alternatives, économiques, efficaces, saines et
respectueuses de l'environnement et de la santé humaine. L'objectif
principal de l'introduction des biopesticides dans les systèmes de
production des légumes est de lutter contre les ravageurs des cultures
tout en respectant les principes écologiques, la santé humaine et
l'environnement. L'utilisation des biopesticides dans la maîtrise des
ravageurs des cultures est considérée comme une partie
intégrante d'un système de production durable (Ferron, 2005).
Selon Vodouhê (2007), une des manières les plus adéquates
pour produire des légumes sains et ne pas compromettre la
biodiversité est de réduire au maximum l'emploi abusif des
pesticides chimiques de synthèses ou d'opter pour d'autres
méthodes alternatives de lutte contre les ravageurs. Parmi ces
méthodes de lutte figurent les biopesticides. Ils sont
économiques, efficaces, sains, respectueux de l'environnement et de la
santé humaine. Ils valorisent au mieux les ressources locales,
permettent la réduction des coûts de production et favorisent
l'augmentation de la productivité, et par conséquent, la
création et l'amélioration des revenus des producteurs.
Ainsi, la lutte biologique est l'une des alternatives à
la lutte chimique. Elle se base sur les principes écologiques et
respecte la santé humaine et l'environnement (Coderre et Vincent,
1992).
C'est dans cette perspective, que l'Institut International
d'Agriculture Tropicale (IITA) en collaboration avec les structures nationales
de recherche et de développement a développé et
diffusé des technologies de gestion intégrée contre les
ravageurs dont le but est de contribuer à l'augmentation de la
production agricole et du revenu des maraîchers ainsi qu'à une
réduction des inégalités dans la distribution de leurs
revenus.
Cette étude se propose de répondre aux questions
suivantes:
- Quels sont les différents systèmes de
production de la tomate au Sud-Bénin ?
- L'utilisation des biopesticides contribue-t-elle plus
à l'amélioration des revenus des producteurs de tomate
comparativement à l'utilisation de pesticides chimiques ?
- L'utilisation des biopesticides contribue-t-elle à
une meilleure distribution de ces revenus en comparaison avec l'utilisation
des pesticides chimiques?
1.3. Justification
L'agriculture urbaine et périurbaine contribue de
façon significative au développement socio-économique des
villes et cités en Afrique subsaharienne (Obuobie et al.,
2006).
Contrairement à la production saisonnière de
vivriers dans les campagnes, la production maraîchère en zone
périurbaine couvre toute l'année en utilisant des techniques de
production intensive (irrigation/arrosage et équipements
associés, engrais organiques et minéraux, lutte phytosanitaire,
etc.) sur de petites surfaces. En conséquence, le maraîchage
périurbain assure une offre constante de légumes divers pour
satisfaire les demandes nutritionnelles de la population urbaine et contribue
à la sécurité alimentaire de celle-ci. En outre,
l'activité procure un revenu régulier à des producteurs
d'origines diverses : migrants, anciens fonctionnaires, les
licenciés de la fonction publique (Kouvonou et al., 1995).
L'agriculture urbaine et périurbaine permet non
seulement de préserver les ressources environnementales pour la
communauté toute entière, mais aussi et surtout d'optimiser les
coûts de production et les rendements au niveau de l'entreprise agricole
individuelle (Steichen, 1994). Ceci constitue la garantie de la
sécurité alimentaire, c'est-à-dire la possibilité
pour les ménages de disposer ou de pouvoir se procurer à tout
moment des aliments en quantité et en qualité (Kouvonou et
al., op.cit.).
Le Bénin à l'instar d'autres pays africains, a
connu ces dernières années un développement de
l'agriculture urbaine et périurbaine à la suite d'une forte
croissance démographique induisant un accroissement des besoins
alimentaires.
L'agriculture urbaine est une activité informelle,
génératrice de revenus et d'emplois, pratiquée par les
couches vulnérables des régions urbaines et périurbaines
(Assogba-Komlan et al., 2007). Le maraîchage constitue une
branche de l'agriculture urbaine et figure parmi les douze filières
retenues par l'Etat béninois, comme prioritaires (Tokannou et Quenum,
2007). Il joue un important rôle social et économique au sein de
la population béninoise. En effet, la consommation nationale de
légumes frais est très élevée et estimée en
2002 à 74.000 tonnes, soit environ 80 kg par personne et par an (PADAP,
2003).
La tomate, culture maraîchère, qui fait objet de
la présente étude revêt une importance économique
considérable en raison de son utilisation abondante dans l'alimentation
quotidienne. Bien qu'en valeur pondérale, elle ne représente
qu'une faible part par rapport aux autres cultures, sa valeur marchande
et nutritionnelle va en faveur de son développement pour assurer
de meilleures conditions de vie à l'exploitant agricole et à sa
famille (PTAA, 2001).
La tomate joue un rôle prépondérant dans
l'économie des ménages au Bénin. Contrairement aux autres
spéculations tel que le maïs destiné en grande partie
à l'autoconsommation domestique, la tomate est beaucoup plus
destinée à la vente. Les résultats de nos enquêtes
révèlent que la tomate est beaucoup plus vendue que
consommée par les producteurs. Elle constitue ainsi une source
potentielle génératrice de revenus aux producteurs et par
conséquent à leurs ménages.
La tomate fournit des quantités appréciables de
vitamine C (10 à 20 mg aux 100 g), ainsi que de la provitamine A et de
nombreuses vitamines du groupe B. Ses minéraux sont abondants (notamment
le potassium, mais aussi le magnésium et le phosphore), et contribuent
ainsi au bon équilibre acido-basique de l'organisme (
www.declic-bio.fr).
La production de tomates est de loin la plus importante au
Bénin, avec plus de 60% du tonnage maraîcher. Elle est produite
principalement dans les départements de l'Ouémé
(vallée de l'Ouémé : 35% de la production
nationale ; production de décrue), du Mono (sur le plateau
Adja : 25% de la production nationale, du Zou (12%) et de l'Atlantique
dans la dépression de la lama (12%) (DAPS, 2001).
Cependant les marchés béninois dépendent
très nettement des importations en tomate : le Bénin a
importé 2524 tonnes de conserves de tomate du 1er Janvier au
29 Février 2008 (ONASA, 2008). Dès lors, l'augmentation de
l'offre nationale en produits maraîchers et surtout la tomate est
nécessaire d'une part pour satisfaire la demande nationale et d'autre
part pour réduire l'augmentation actuelle des importations officielles
et informelles de ces produits et par conséquent de la sortie des
devises (Tiamiyou et Sodjinou, 2003).
Vu le rôle important que joue la tomate dans les
ménages agricoles et considérant les technologies alternatives
à la lutte chimique développées à cet effet, il est
important d'entreprendre une étude afin d'évaluer la contribution
de ces technologies à l'amélioration du niveau de revenus et leur
distribution au sein des producteurs de tomate.
1.4. Objectifs de recherche
Les objectifs de recherche se situent à deux
niveaux.
1.4.1. Objectif principal
L'objectif général de cette étude est
d'effectuer une analyse comparée du revenu et de sa distribution entre
les producteurs de tomate qui utilisent les biopesticides et ceux qui utilisent
les pesticides chimiques.
Pour atteindre ce principal objectif, trois objectifs
spécifiques ont été formulés.
1.4.2. Objectifs
spécifiques
De façon plus spécifique, cette étude
vise à :
OS1 : Décrire les
différents systèmes de production de la tomate.
OS2 : Comparer le revenu des producteurs
de tomate utilisant les biopesticides à celui des producteurs utilisant
les pesticides chimiques.
OS3 : Comparer la distribution du revenu
des producteurs de tomate utilisant les biopesticides à celle des
producteurs utilisant les pesticides chimiques.
Pour atteindre ces objectifs, des hypothèses de
recherche sont formulées.
1.5. Hypothèses de recherche
Les hypothèses spécifiques relatives à
cette étude sont :
H1 : La gestion de
l'eau et le type de pesticide utilisé permettent de caractériser
les systèmes de production de la tomate.
H2 : L'utilisation des biopesticides
accroît le revenu des producteurs de tomate plus que celle des pesticides
chimiques.
H3 : L'utilisation des biopesticides
améliore la distribution des revenus au sein des producteurs de tomate
plus que celle des pesticides chimiques.
La pertinence de cette hypothèse réside dans le
fait que l'équité dans la distribution des revenus constitue l'un
des facteurs capitaux pour la réduction de la pauvreté ;
celle-ci se définit comme étant une conséquence de
l'inégale répartition des ressources. Ainsi toute technologie
dont le but est de contribuer à la réduction de la
pauvreté devrait permettre une répartition plus équitable
des revenus. Ce qui participe ainsi à la réduction des
inégalités au sein des différentes catégories de
maraîchers et de ce fait contribue à leur bien-être.
CHAPITRE 2. REVUE DE LITTERATURE
2.1. Cadre conceptuel
Pour mieux circonscrire l'étude, il paraît
important de définir les différents concepts que comporte
directement ou indirectement le sujet de recherche.
Ø Biopesticides
Ce sont des insecticides biologiques composés
d'organismes vivants, ennemis naturels des ravageurs et des extraits de
plantes... utilisés pour entraver, réduire ou éliminer les
dommages causés aux cultures par les ravageurs (Lavabre, 1992). La
méthode de lutte qui consiste à utiliser les biopesticides est
appelée lutte biologique.
Aho et Kossou, 1997 définissent la lutte biologique
comme l'ensemble des méthodes par lesquelles peuvent être
limités, les effets des organismes végétaux et animaux
nuisibles sur les cultures, le bétail et leurs produits, en exploitant
les ennemis naturels de ces organismes. La lutte biologique se base sur des
concepts écologiques et son évolution suit de près celle
de l'écologie. L'emploi des biopesticides à base de
microorganismes entomopathogènes fait partie de cette lutte.
L'Agence de protection environnementale EPA (2007)
définit les biopesticides comme des pesticides dérivés des
animaux, des bactéries, des champignons, des plantes et de certains
minéraux. Nous distinguons les pesticides biochimiques
(phéromones sexuels et extraits de plantes) qui procurent des substances
naturelles (peu toxiques à l'homme) pour contrôler les ravageurs
des cultures ; les pesticides à base de microbes (bactéries,
champignons, virus entomopathogènes ou protozoaires) qui peuvent
contrôler les différents types de ravageurs et les
protecteurs systémiques tels que Bt, Dipel, Biobit
(Coulibaly et al., 2006).
L'utilisation des biopesticides dans la lutte parasitaire a
l'avantage de diminuer les risques de santé surtout chez les enfants et
les femmes et les risques de pollution de l'environnement (Adétonah,
2005). Par exemple, le neem (Azadirachta indica A. Juss) est un
produit naturel et non toxique à l'homme, il est 100%
biodégradable, protège mieux l'environnement et a un large
spectre d'action sur plus de deux cents (200) espèces de ravageurs (EPA,
2007).
Dans le cadre de cette étude, les biopesticides
utilisés pour la protection des cultures maraîchères
concernent essentiellement l'utilisation des extraits aqueux des feuilles de
neem (Azadirachta indica).
Les extraits aqueux sont obtenus à partir de plusieurs
plantes qui possèdent des propriétés insectifuges. Il
s'agit entre autres du neem, du papayer (Carica papaya), du piment
(Peper guineense), de l'ail (Allium sativum)...
L'obtention d'extraits aqueux pour 1 ha de culture consiste
à piler une quantité de 15kg de feuilles fraîches à
laquelle on ajoute 1 litre d'eau et un morceau de savon pour permettre à
la solution obtenue d'être adhésive aux cultures à traiter.
Le récipient contenant le mélange obtenu est fermé avec
une bassine. On laisse reposer ce mélange pendant douze heures environ.
Ensuite, on procède au filtrage.
Le filtrat ainsi obtenu est dilué dans 9 litre d'eau et
est utilisé pour traiter les cultures. La pulvérisation sur les
cultures de tomate se fait soit à l'aide de pulvérisateur ou avec
des tiges de plantes que le producteur plonge dans la bassine contenant le
filtrat (PEDUNE- Bénin, 2000).
Les extraits de neem (encore appelé margousier sont les
plus utilisés). L'azadirachtine est la matière active que l'on
retrouve dans les amandes des graines du margousier (Neem tree). Cet extrait
contient plusieurs ingrédients actifs qui affectent les insectes soit en
les repoussant, en inhibant leur alimentation ou leur développement. Il
est très peu toxique pour les mammifères et se décompose
rapidement dans l'environnement (
www.creer.qc.).
La photo1 montre le circuit d'obtention des extraits aqueux de
neem.
Photo1 : Processus d'obtention
d'extraits aqueux de neem
Source : PEDUNE - Bénin, 2000
Ø Impact des biopesticides
Lorsque toutes les méthodes de prévention ont
échoué et qu'il est indispensable d'utiliser un pesticide, le
premier choix devrait être orienté vers des produits qui ont le
moins d'impact sur l'environnement et la santé humaine. Les
biopesticides font partie des pesticides à faible impact sur la
santé et l'environnement. Ils ont les caractéristiques
suivantes:
- ils présentent les plus faibles risques, à
court et long terme, pour la santé humaine ;
- ils ont peu d'impact sur les organismes non
visés ;
- ils sont très spécifiques à la cible
visée ;
- ils présentent les plus faibles risques pour
l'environnement pendant leur manipulation et leur élimination ;
- ils permettent de restreindre ou d'éliminer
l'utilisation d'insecticides chimiques ;
- ils sont moins toxiques que les pesticides
chimiques ;
- ils favorisent les cultures sous serre ;
- ils diminuent les risques de développement de la
résistance des ravageurs ;
- ils ont une plus grande spécificité
d'action ;
- ils améliorent la qualité de vie des
travailleurs agricoles ;
- ils offrent aux consommateurs des produits sains ;
- ils se dégradent rapidement et diminuent ainsi les
risques de pollution ;
- ils maintiennent la biodiversité des biotopes
(www.creer.qc.).
Ø Système de
production
Ruthemberg (1980) considère chaque exploitation comme
une hiérarchie de systèmes appartenant premièrement au
large système de la zone rurale et consistant dans un second temps en
des activités variées qui sont elles aussi des systèmes
(cultures, élevage, tracteurs, etc.). L'exploitation est par
conséquent un système « homme-biologie-machine »
c'est-à-dire un système hybride et encore plus complexe que les
systèmes de cultures ou d'élevage qui sont stochastiquement
déterminés.
Les instruments politiques de mesure se basent sur des
agrégats qui nécessitent de regrouper en classes, les
exploitations qui sont similaires dans leurs structures et qui sont
supposées se retrouver au niveau de la même fonction de
production.
Le système de production peut se définir comme
étant un regroupement de systèmes individuels d'exploitation
disposant à peu près d'un même niveau de ressources,
pratiquant les mêmes modes de production, bénéficiant des
mêmes sources de subsistance et assujettis aux mêmes contraintes
pour lesquelles des stratégies et interventions de développement
similaires peuvent être élaborées (Dixon et Gulliver,
2001).
Par ailleurs, Jouve cité par Daane et al.,
(1992) définit le système de production comme un ensemble
structuré de moyens de production (force de travail, terre,
équipement, etc.) combinés entre eux pour assurer une production
végétale et/ou animale en vue de satisfaire les objectifs des
responsables de l'exploitation agricole.
Selon Dixon et Gulliver (2001), les analyses des
systèmes de production peuvent permettre de déterminer les
priorités régionales en matière d'investissement rural et
de recherche, contribuer à identifier et à diffuser les
meilleures pratiques dans un système de production et à
surveiller leur impact. Ces applications intéresseront probablement le
secteur privé et les autres utilisateurs non gouvernementaux. Mais, le
secteur privé y compris l'industrie des engrais, peut aussi tirer des
informations utiles des données déjà disponibles, par
exemple en considérant le niveau d'intensification et de diversification
dans chaque système afin de déterminer les domaines où les
demandes en engrais seront importantes.
Une étude récente de la (FAO, 2001 cité
par Simeni- Tchuitè, 2005) a défini des catégories de
systèmes de production agricole et à un niveau plus
étendu, de grands systèmes de production, définis comme
des ensembles de systèmes de production individuels dirigés par
des ménages comparables en termes de ressources, de moyens d'existence,
de vulnérabilités, d'opportunités et de contraintes, et
pour lesquels il serait approprié d'appliquer des stratégies et
des interventions de développement analogues.
Carloni (2001) a défini quinze (15) grandes
catégories de systèmes de production agricole en Afrique
subsaharienne parmi lesquels le système irrigué. D'après
cet auteur, le système irrigué possède un potentiel
élevé de croissance en agriculture et dans la réduction de
la pauvreté. Les projections de la FAO pour l'année 2030
indiquent que dans les trente prochaines années, la production provenant
des terres irriguées pourrait s'accroître de 100 à 200
%.
Dans le cadre de cette étude, le système de
production maraîcher défini par Jouve sera utilisé car
cette définition s'applique aux systèmes d'exploitation
identifiés dans la zone d'étude
Ø Le revenu agricole
Le revenu agricole est la différence entre la
production et les charges liées à cette production. Ainsi, nous
distinguons deux types de revenu : le revenu net et le revenu brut.
Le revenu agricole brut est la différence entre la
production brute et les charges réelles payées pour cette
production. Les charges comprennent les coûts d'intrants variables
(semences, différents engrais, insecticides, coût de la main
d'oeuvre). Il est calculé pour une seule campagne agricole
(Adégbidi, 1994).
Le revenu agricole net est la différence entre le
revenu agricole brut et les amortissements des matériels et
équipements agricoles utilisés pour la production. Ce revenu
prend en compte l'autoconsommation, l'accumulation en nature et le revenu
monétaire (Adégbidi, op.cit.).
C'est ce revenu qui sera calculé dans la
présente étude.
Ø Distribution du revenu
La distribution des revenus aussi bien à
l'intérieur des ménages qu'entre les ménages (riches comme
pauvres) est un critère sur lequel on devrait se baser pour justifier de
la pertinence d'une technologie (Nouhoheflin, 2001).
La distribution de revenu entre les personnes
économiquement actives est influencée par les différences
de rémunération relatives au sexe. La dispersion des revenus des
hommes diffère souvent de celles des femmes (Lecaillon et al.,
1984). La disparité de rémunération entre les hommes et
les femmes est due aussi bien aux différences dans les activités
qu'aux pratiques discriminatoires. Dans bien de cas, les femmes effectuent les
activités agricoles les moins rémunératrices parce que
leur niveau de formation et d'éducation est souvent inférieur
à celui des hommes. Les différences en termes de qualification
qui déterminent les disparités des revenus entre les sexes sont
elles-mêmes dues au statut des femmes dans la société
(Nouhoheflin, 2001).
Les petits exploitants, bien qu'ils constituent la plus grande
partie de l'offre des produits agricoles, disposent des revenus très
faibles dans leurs exploitations en raison de la nature des intrants
utilisés et surtout de leurs conditions de vie. L'éminent
problème de l'inégale distribution des revenus provient justement
de ces facteurs évoqués (Nouhoheflin, op. cit.).
Dans la présente étude, la distribution du
revenu sera étudiée au niveau des utilisateurs de biopesticides
et des utilisateurs de pesticides chimiques de l'ensemble de la zone
d'étude et des différentes zones agroécologiques.
Ø Pauvreté et
inégalité
Le concept de pauvreté a considérablement
évolué suivant les différentes périodes de la
théorie économique. Plusieurs approches ont été
utilisées pour définir la pauvreté.
Kiros (1993), définit la pauvreté comme une
situation de non satisfaction des besoins alimentaires. Ces besoins sont
exprimés en termes de quantité d'aliment nécessaire pour
un sujet. Or, parmi les méthodes proposées pour la mesure du
besoin minimum, les plus importantes sont la quantité d'aliment
disponible et le nombre de calories par tête et par jour, les
données anthropométriques (Glewwe et al., 1998).
Une autre définition de la pauvreté est celle
basée sur le concept des « besoins de base ». Cette
approche soulève beaucoup de questions en ce qui concerne la
détermination complète des besoins de base. Toutefois, elle a
permis de distinguer deux groupes de besoins à savoir : les besoins
physiques tels que l'habillement, le logement et les besoins sociaux tels que
les services de santé et d'éducation (Streeten, 1977 ;
Streeten et al., 1981). Pour ces auteurs, le pauvre est défini
comme toute personne ou groupes de personnes privées de l'un de ces
besoins. Cette approche pourrait fournir des indicateurs utiles de mesure de
pauvreté si les niveaux de ces besoins peuvent être objectivement
spécifiés. Ceci constitue une autre contrainte pour
l'appréciation du niveau de vie d'un individu donné. Ainsi
l'approche centrée sur les besoins de base ne permet donc pas
d'apprécier de façon précise le phénomène de
pauvreté.
Autre approche est celle basée sur l'utilisation des
indicateurs démographiques. Ces indicateurs incluent l'espérance
de vie à la naissance et la mortalité infantile. Mais ces types
de données sont rarement disponibles sous forme
désagrégée pour des régions spécifiques ou
pour des groupes sociaux à l'intérieur d'un pays. Ces indicateurs
peuvent connaître une amélioration bien que les conditions de vie
des populations demeurent inchangées.
D'autres conceptions sur la pauvreté sont basées
sur l'utilisation des indices composites tels que « Physical
Quality of life index ». De nos jours, l'indicateur le plus
utilisé pour la mesure de la pauvreté est « l'Indice du
Développement Humain (IDH) ». Cet indice regroupe
l'espérance de vie, l'alphabétisation, l'éducation, la
santé et le revenu par habitant. Les études
réalisées par le Programme des Nations Unies pour le
Développement en 2001 et qui utilisent ce dernier indicateur ont
révélé que les niveaux de pauvreté sont plus
élevés dans les pays situés au Sud du Sahara.
De façon générale, nous constatons que
les différentes approches utilisées pour mesurer la
pauvreté présentent toutes des insuffisances. D'une part, elles
sont basées sur des considérations étroites et statiques
de la pauvreté alors que le problème de pauvreté devrait
être analysé dans un contexte socioéconomique. Par ailleurs
l'assertion selon laquelle les pauvres constituent un groupe homogène
avec des caractéristiques identiques est loin d'être une
réalité. Selon Kiros (1993), les pauvres des pays africains
situés au Sud du Sahara constituent des groupes
hétérogènes du point de vue caractéristiques
socioéconomiques. On y distingue des paysans sans terre, des
pastoralistes, des salariés, des auto-employés, des
réfugiés, des pêcheurs, etc...(Bibangambah, 1985).
Par ailleurs, il existe une relation évidente entre
pauvreté et inégalité. Selon World Bank (2001),
l'inégale répartition des revenus à l'intérieur des
pays n'a pas diminué ni augmenté ces 30 dernières
années. Pour une même vitesse de croissance, les pays ayant au
départ une forte inégalité réduiraient moins la
pauvreté que ceux présentant au départ une faible
inégalité. Et si la croissance est accompagnée par une
forte inégalité, son impact sur la pauvreté sera
réduit. C'est pourquoi les différentes stratégies de lutte
contre la pauvreté doivent avant tout chercher à réduire
les inégalités existant au sein de la population. De plus,
partout où des succès significatifs ont été
remportés dans la lutte contre la pauvreté, les conditions
suivantes étaient réunies : le pays connaissait une
croissance économique soutenue et équitable (PNUD, 2001).
Dès lors, l'inégalité dans la distribution des revenus est
un facteur important pour la compréhension du phénomène de
pauvreté.
L'une des causes de la pauvreté est la diminution de la
production agricole et du revenu par habitant. La production et le revenu sont
deux indicateurs très importants d'évaluation de la
pauvreté en milieu rural
Dans le cadre de cette étude, l'indicateur qui sera
pris en compte pour l'évaluation de la pauvreté est le revenu des
producteurs.
Ø Approche Genre
Le mot « genre », de l'expression anglaise
« gender » a été introduit dans le
vocabulaire du développement dès les années 1970 (IFAID
Aquitaine, 2001).
Le terme genre n'est pas synonyme de femme ! Le genre ne
désigne pas les femmes mais les relations entre les hommes et les
femmes, puisqu'il fait référence aux différences sociales
entre les femmes et les hommes (www.tanmia.ma.htm).
Le genre est donc plus large que la promotion des femmes
seulement et se centralise sur la relation entre les hommes et les femmes,
entre les générations, entre les classes socioprofessionnelles,
soulignant leurs rôles, l'accès et le contrôle sur les
ressources productives (terre, capital, travail qualifié), la division
du travail, et les besoins (Igué, 2005). Il est un concept d'analyse
sociale qui prend en compte, dans une communauté donnée,
l'existence des différentes catégories socio-économiques
et les liens qu'elles développent entre elles.
Par ailleurs, le concept genre implique deux notions
fondamentales : la notion d'équité et celle de
l'égalité (ACDI, 1999 ; CQFD, 2004) :
- l'équité est le fait d'être juste non
seulement envers les femmes et les hommes, mais également envers toutes
les autres fractions de la société. Elle vise un juste
équilibre entre toutes les fractions de la société dans
l'accès et le contrôle des ressources et avantages, aux
bénéfices du développement, aux mécanismes de
décision. Autrement dit, il faut donner les mêmes chances à
toutes les composantes de la société. L'équité
entre les sexes est le moyen par lequel on atteint l'égalité
entre les genres.
- l'égalité suppose que toutes les composantes
de la société ont le même statut et qu'elles jouissent des
mêmes conditions pour réaliser pleinement leurs droits humains et
des mêmes aptitudes pour contribuer au développement et
bénéficier des résultats.
En effet, l'égalité de genre signifie l'absence
de discrimination basée sur le sexe ; un traitement similaire pour
les hommes et les femmes tant dans la répartition des ressources et des
bénéfices, que dans l'accès aux services, dans la
concrétisation des droits, dans les chances d'avoir des
responsabilités significatives. Elle implique une égalité
de chances pour les femmes et pour les hommes, à jouer un rôle
clé dans les processus majeurs de développement (Niang, 2004).
Les inégalités du genre sont reflétées dans
les activités et comportements ; modelées par la
société et influencées par la religion, l'économie,
les normes, les valeurs culturelles et le système politique et
dynamiques et varient d'une culture ou d'une société à
l'autre (Spiller, 2000).
Dans cette étude, l'aspect genre s'évaluera en
considérant le sexe des producteurs bien que le concept genre va
au-delà de ces considérations.
2.2. Revue de littérature sur le
maraîchage
- Zones de production des cultures
maraîchères.
Sagbohan (1998) distingue cinq grandes zones de production
maraîchères au Bénin :
- Malanville et Karimama à l'extrême nord, zones
en activité d'octobre à avril avec des cultures irriguées
de pomme de terre, d'oignon à gros bulbes et de tomate de
variété Roma auxquelles sont associées les
cultures de piment, de gombo, de courgettes et de manioc ;
- La région de Natitingou au Nord-Ouest avec la culture
irriguée de tomate, de pomme de terre, oignon, piment et gombo ;
- Le plateau Adja au Sud-Ouest (Klouékanmè,
Toviklin, Lalo, Dogbo et des sites environnants) avec de petites exploitations
paysannes sur lesquelles sont produits la tomate locale, le piment et le gombo
en saison de pluies ;
- La région du Sud-Est regroupant Sèhouè,
Pobè et la vallée de l'Ouémé. Les deux
premières localités produisent exclusivement de la tomate en
saison de pluies tandis que la vallée de l'Ouémé se
caractérise par les cultures de décrue où la tomate et les
légumes feuilles sont surtout produits ;
- Les zones périurbaines constituées de
ceintures de cultures maraîchères : Cotonou,
Porto-Novo, Parakou, Natitingou, Djougou produisent des
légumes locaux et exotiques (laitue, haricot vert, carotte, chou,
concombre, betterave, etc.) durant toute l'année grâce à un
arrosage manuel.
- Systèmes de production maraîchers
au Sud-Bénin.
Pour Tiamiyou (1995), les productions
maraîchères se réalisent essentiellement à travers
quatre systèmes de cultures lorsque qu'on se réfère
à la source d'approvisionnement en eau.
Il s'agit :
- des systèmes de cultures pluviales. Ils sont les plus
importants en superficie et en production avec des cultures extensives de
gombo, tomate, piment et légumes-feuilles locaux. On les rencontre dans
le Mono, le Borgou, le Zou-nord et l'Atlantique ;
- des systèmes de cultures de bas-fonds. Ils sont
prédominants dans les trois départements du Sud,
particulièrement autour des villes pour la presque totalité des
spéculations maraîchères ;
- des systèmes de cultures de décrue qui
concernent particulièrement la tomate, les
légumes-feuilles locaux (amarante, grande morelle,
crin-crin, célosie), le gombo et le piment.
Ils sont réalisés essentiellement dans les
deltas des fleuves Mono et Ouémé et dans le département de
l'Atlantique à So-Ava ;
- des systèmes de cultures irriguées dans le
Borgou, au niveau des Sous-préfectures de
Karimama et de Malanville. Les principales spéculations
conduites sous ce système sont l'oignon et la pomme de terre.
Le PADAP, (2003) distingue au Sud du Bénin, quatre (4)
systèmes de production maraîchers, en fonction des
caractéristiques agroécologiques, de la taille des exploitations,
des systèmes d'irrigation, des périodes de production et des
systèmes de culture et d'élevage. Cette étude
présente une des plus importantes catégorisations des
systèmes de production maraîchers au Sud-Bénin. Elle
distingue:
- Les systèmes de production des terres de barre
Ils sont caractérisés par un seul type de
maraîchage. La principale culture observée est la tomate à
laquelle s'ajoute le piment. Les légumes feuilles locaux tels que le
Célosie, la Grande morelle, et l'Amarante sont également produits
par certaines exploitations. La moyenne des surfaces exploitées en
légumes est de 7.000 m². Le piment est généralement
repiqué après la tomate. Il bénéficie de la
protection du feuillage des pieds de tomate et se développe lorsque le
cycle de la tomate est achevé. La tomate est essentiellement produite
pendant la grande saison des pluies. Les apports de matière organique et
des engrais minéraux sont quasiment inexistants. La grande
majorité des producteurs n'utilise aucun pesticide sur les cultures
légumières.
- Les systèmes de production de décrue en basse
vallée de l'Ouémé
Ils sont basés sur des activités
saisonnières. Les cultures maraîchères se pratiquent en
périodes de basses eaux. Les surfaces exploitées sont
situées dans la plaine d'épandage de crue. Les cultures
légumières sont peu diversifiées. La majorité des
surfaces est plantée avec des légumes fruits (la tomate, le
piment et le gombo). Les producteurs pratiquent des cultures pures. Les
rotations concernent principalement le gombo, le piment et la tomate et
permettent de limiter les problèmes sanitaires.
- Les systèmes de production maraîchers en zone
sableuse du littoral de Grand-Popo
Les systèmes de production en zone sableuse du littoral
de Grand-Popo, sont caractérisés par le maraîchage à
base de l'oignon. Cette activité agricole s'est développée
au cours des quinze dernières années. Les surfaces
exploitées varient entre 100 m² et 7 ha. La disponibilité en
terres est encore assez élevée, mais celle-ci reste difficilement
accessible aux maraîchers.
- Les systèmes de production maraîchers en milieu
intra-urbain.
Les systèmes de production maraîchers en milieu
intra-urbain, sont caractérisés par la pratique exclusive du
maraîchage très intensif, permettant de produire une forte valeur
ajoutée sur des surfaces limitées. L'offre globale en
légumes est très diversifiée. On y rencontre des
légumes feuilles (locaux et exotiques), des plantes aromatiques, des
légumes fruits et des légumes bulbes et racines. Mais il existe
une spécialisation au niveau de certains maraîchers. La
majorité des légumes cultivés ont des cycles de production
de moins de trois mois ou permettent des récoltes
régulières. Les exploitations de ces systèmes se
caractérisent par la présence presque permanente de
légumes feuilles notamment la grande morelle.
- Importance des cultures
maraîchères
Les cultures maraîchères de par les vitamines et
les éléments minéraux qu'elles fournissent à
l'organisme, occupent une place essentielle dans l'alimentation. Elles
constituent une source importante d'emploi et de revenus pour de nombreux
producteurs dans les zones périurbaines et rurales du Bénin
(Sikirou et al., 2001).
D'après le PADAP (2003), les exploitations axées
sur le maraîchage sont porteuses de plus de 60.000 emplois directs au sud
Bénin (chefs d'exploitation, actifs familiaux, salariés et main-
d'oeuvre temporaire) et 25.000 emplois indirects en amont et en aval de la
filière. En outre, les revenus générés par le
maraîchage permettent à des milliers de familles de vivre.
Une étude spécifique effectuée par
Soumahoro (1999) a examiné dans quelle mesure la production
maraîchère urbaine et périurbaine pourrait contribuer
à la résolution de l'épineux problème du
chômage des jeunes à Cotonou. Les résultats obtenus
à l'aide des tableaux de synthèse des informations des
enquêtes, des outils de statistique descriptive montrent que les 522
exploitations maraîchères recensées dans la circonscription
urbaine de Cotonou, à Godomey et à Abomey-Calavi sont mises en
oeuvre par des jeunes de moins de 40 ans dont 52,6% constituent les chefs
d'exploitation et 47,4% des emplois d'ouvriers salariés permanents. En
général, une exploitation crée deux emplois. Cependant, le
niveau d'instruction est bas de même que la formation en agriculture, ce
qui constitue un handicap dans la gestion efficace de leurs exploitations. Les
contraintes majeures à la promotion de l'emploi dans ce sous-secteur
sont l'étroitesse des débouchés des produits
maraîchers de type européen ; l'insuffisance d'informations de la
population sur les plans du revenu et de la valeur nutritive des légumes
; les problèmes fonciers (précarité, insuffisance et
cherté des terrains de culture).
- Importance de la tomate
La tomate (Lycopersicum esculentus) ou (Solanum
lycopersicum L. ou Lycopersicon lycopersicum (L.) Karsten ex Farw ) est
une plante annuelle de la famille des Solanacées, originaire du Mexique.
Le terme désigne aussi ce fruit charnu, qui est l'un des aliments les
plus importants dans l'alimentation humaine et qui se consomme frais ou
transformé (article de Wikipédia, l'encyclopédie libre du
9 septembre 2008).
Cultivée sous presque toutes les latitudes, sur une
superficie d'environ 3 millions d'hectares, ce qui représente
près du tiers des surfaces mondiales consacrées aux
légumes, la tomate est le légume le plus consommé dans le
monde après la pomme de terre. Plus de 100 millions de tonnes de tomates
sont récoltées chaque année dans le monde (FAO, 2006).
La tomate est le légume le plus cultivé de toutes
les cultures maraîchères en République du Bénin et
rentre dans la plupart des préparations culinaires
(http://www.runetwork).
Riche en eau (93 à 95 %), la tomate ne renferme que de
faibles quantités d'éléments énergétiques
(environ 3 % de glucides, moins de 1 % de protéines, des traces de
lipides). De ce fait, elle ne fournit guère plus de 15 kcalories aux 100
g, soit 63 kJoules. Les teneurs maximales en vitamine C (20 mg et plus) se
rencontrent dans les tomates de plein champ, en pleine saison. C'est un apport
appréciable, puisque le besoin quotidien en vitamine C de l'adulte est
de 80 mg (http://www.declic-bio.fr).
La tomate est également riche en lycopène, ce
qui lui donne sa couleur rouge. Cet antioxydant diminuerait le risque de
maladies cardiaques et de certaines formes de cancer, dont celui de la prostate
(http://www.declic-bio.fr). Le tableau 1 présente la valeur
nutritionnelle moyenne pour 100g de tomate crue. La tomate tient une place
importante dans l'alimentation humaine. Elle s'utilise en frais, en salade et
en jus, ou transformée, sous forme de purée, de concentré,
de condiment et de sauce.
Il faut signaler que si le fruit possède de nombreuses
vertus culinaires et diététiques, il n'en est pas de même
des tiges et des feuilles qui sont toxiques (De Broglie et al.,
2003)
Tableau 1 : Valeur nutritionnelle
moyenne pour 100g de tomate crue
Composants de la tomate crue
Valeur nutritionnelle pour 100g
|
Eau
|
93,8g
|
Valeur calorique
|
19Kcal
|
Eléments énergétiques
|
Protides
|
0,8g
|
Glucides
|
3,5g
|
Lipides
|
0,3g
|
Vitamines
|
Provitamine A
|
0mg
|
Vitamine B1
|
0,06mg
|
Vitamine B2
|
0,05mg
|
Vitamine B6
|
0,08mg
|
Vitamine C
|
18mg
|
Vitamine PP
|
0,6mg
|
Minéraux
|
Fer
|
0,4mg
|
Calcium
|
9mg
|
Magnésium
|
11mg
|
Phosphore
|
24mg
|
Potassium
|
226mg
|
Sodium
|
5mg
|
Fibres
|
1,2g
|
Source: (Favier et al., 2003)
- Rentabilité des cultures
maraîchères
En se basant sur les systèmes
précédemment définis par le PADAP (2003), Singbo et
al., (2004) ont réalisé une étude financière
qui a porté sur l'évaluation du budget partiel. L'utilisation du
taux marginal de rentabilité a montré que la tomate procure la
meilleure rentabilité dans la vallée de l'Ouémé et
dans les villages de Gnito et Sazué de la Commune de Grand-Popo. Les
principales cultures dans ce système sont la tomate, le piment et la
grande morelle. Les résultats obtenus montrent que dans la zone
côtière (Communes de Grand-Popo, de Sèmè-podji et de
Ouidah), l'oignon, le piment et la tomate constituent les principales cultures
dans les systèmes identifiés. A l'instar de la tomate dans la
basse vallée de l'Ouémé, c'est l'oignon qui
représente ici la culture la plus rentable pour les maraîchers.
Enfin, pour ce qui est des systèmes très
intensifs des zones urbaines de Cotonou et Porto-Novo, la laitue et la grande
morelle apparaissent comme étant les cultures les plus importantes et
dans une moindre mesure l'amarante. L'amarante est plus rentable que les deux
autres cultures.
Contrairement au Sud Bénin, la rentabilité des
différents systèmes et des spéculations qui fournissent
les revenus substantiels n'a pas été déterminée
pour le Nord. Toutefois, ces systèmes sont relativement plus
mécanisés qu'au Sud.
Il ressort des études effectuées sur le
maraîchage en Afrique que les types de légumes cultivés
sont reliés aux objectifs de trésorerie des exploitations. Ainsi,
Moustier et al., (2004) distinguent :
- les légumes-feuilles à cycle court (moins d'un
mois) comme l'amarante, le chou chinois et l'oseille locale qui sont peu
sensibles aux parasites et ne demandent que peu d'intrants. Ils s'adressent
à une large clientèle qui les consomme
régulièrement et assurent ainsi une rentrée d'argent
quasi-quotidienne au producteur. Leurs marges par hectares sont les plus
faibles ;
- les légumes-feuilles à cycle long (un à
deux mois) comme les morelles, les choux, la ciboule et les épinards
permettent de disposer de fortes recettes périodiques qui peuvent
répondre à des besoins financiers importants : problème de
santé, épargne pour construction d'une maison ;
- les légumes tropicaux et les légumes d'origine
tempérée à cycle court (moins de deux mois) comme la
laitue et le persil qui peuvent servir de tête de rotation pour financer
le reste de la campagne maraîchère ;
- les légumes d'origine tempérée à
cycle long (plus de deux mois) comme les tomates, les carottes, les aubergines
violettes et les concombres présentent des risques liés à
la production et à la commercialisation. Leurs marges par hectare sont
cependant les plus élevées.
Des spéculations spécifiques ont fait l'objet
d'une étude de rentabilité. On note des études
sous-régionales et des études localisées au
Bénin.
Le LARES (2004) s'est appuyé sur une analyse de la
compétitivité prix, des coûts de revient (coûts de
production et coûts de commercialisation) des filières tomate et
pomme de terre au
Bénin, au Niger et au Nigéria pour montrer que
les coûts de production de tomate augmentent fortement au Bénin en
contre-saison. Dans le bassin de Lalo, la technique d'arrosage avec de l'eau
achetée à l'ex-Société Béninoise
d'Electricité et d'Eau (SBEE) est très coûteuse ; à
Natitingou, l'augmentation des coûts provient de la faiblesse des
rendements de cette période, due à l'absence d'un système
performant d'irrigation ; à Guéné, la culture de
contre-saison implique l'utilisation de la motopompe qui représente
alors 75% du coût de production et le fait augmenter de plus de 60% par
rapport à la saison pluviale.
En saison des pluies, le prix de revient de la tomate
béninoise est plus bas que ceux des produits provenant des bassins
concurrents. On note que les tomates issues du bassin de Guéné au
Bénin présentent un coût de revient inférieur aux
autres quel que soit le marché et la saison considérée.
Pour ce qui est de la pomme de terre, celles en provenance du Nigéria
sont plus compétitives que celles originaires du Bénin.
La Matrice d'Analyse de Politique (MAP) a été
utilisée par l'IITA (2002b) pour déterminer la
compétitivité des systèmes de production de la tomate et
du chou au Bénin et au Ghana. Les résultats obtenus stipulent que
le système de production de chou le plus rentable au Bénin est
celui qui utilise la motopompe pour l'irrigation et assure les traitements
phytosanitaires par un biopesticide (Dipel ou biotit). Au Bénin, la
tomate produite dans un système utilisant les pesticides chimiques et
les engrais est la plus rentable ; mais ses coûts sont aussi les plus
élevés.
Dans le cas des recherches localisées au Bénin,
Ando (1985) a effectué dans la basse vallée du fleuve
Ouémé une étude sur le problème de l'allocation
rationnelle des facteurs de production dans les systèmes de production
maraîchère en rapport avec les autres cultures vivrières.
L'approche de programmation linéaire a été
utilisée. Ce modèle a révélé que les
productions de piment et de gombo ne sont suffisantes que pour
l'autoconsommation ; seule la tomate permettrait de réaliser un surplus
commercialisable, le gombo procurant les revenus marginaux les plus faibles. Au
même moment, la détermination des marges a montré que le
piment représentait 40% du revenu total par hectare et la tomate 36%.
D'autre part, les enquêtes ont établi que le piment avait la
préférence des paysans. Ces derniers résultats ont
été confirmés par Singbo et al., (2004).
Gonroudobou (1985) a réalisé une étude
portant sur l'économie de la production maraîchère dans les
quartiers périphériques de Porto-Novo. Cette étude avait
plusieurs objectifs : la détermination des coûts de production et
de commercialisation des légumes, le calcul des marges des
maraîchers et des commerçantes, l'étude des circuits de
distribution et l'identification des contraintes liées à la
production et à la commercialisation et enfin, l'étude de la
consommation des légumes. Les outils utilisés sont ceux de la
statistique descriptive pour la caractérisation des producteurs, des
commerçantes et des consommateurs. Une analyse
économétrique utilisant le modèle de régression
portant sur l'estimation du produit brut a montré que ce dernier
augmente quand la superficie augmente et que celle-ci n'est pas
conditionnée par le nombre d'années de maraîchage et la
charge engagée dans la production.
A travers le calcul des coûts et des marges, il ressort
que ce sont les grossistes détaillants et les détaillantes qui
perçoivent les marges les plus élevées et les pertes les
plus élevées.
2.3. Cadre théorique
- Facteurs affectant la distribution de
revenu
Selon Nouhoheflin (2001), la distribution de revenu au sein
d'une couche de la population est influencée par deux facteurs : le
groupe socioéconomique et le genre.
Les petits exploitants, bien qu'ils constituent la plus grande
partie de l'offre des produits agricoles, disposent des revenus très
faibles dans leurs exploitations en raison de la nature des intrants
utilisés et surtout de leurs conditions de vie. L'éminent
problème de l'inégale distribution des revenus provient de ces
facteurs évoqués. Par conséquent, la production totale de
l'exploitation est affectée et la productivité est souvent faible
(Nouhoheflin, op.cit).
Aboyadé (1973) en réalisant une étude de
revenu sur l'économie nigériane a utilisé un
échantillon de 1635 personnes et a trouvé sur le plan
professionnel que l'économie nigériane était
concentrée dans la production primaire pour environ 76,27%. Sa courbe de
Lorenz de la distribution des revenus a indiqué une grande
inégalité. 90% des ménages ont gagné environ 61% du
revenu total pendant que les 10% du groupe supérieur ont
concentré presque les 39% du revenu total. Il a aussi trouvé que
certaines variables telles que la profession, la taille des exploitations et
l'éducation étaient positivement corrélées avec le
revenu.
Selon Paukert et Lecaillon (1984), la profession et le statut
social jouent un rôle important dans la distribution des revenus. Dans
beaucoup de cas, ce rôle correspond à une stratification des
catégories socioprofessionnelles. Ces auteurs affirment que la relation
entre la distribution des revenus et la stratification socioprofessionnelle est
particulièrement claire dans les pays en développement.
Selon (Lecaillon et al., 1984), la dispersion de
revenu à l'intérieur de chaque groupe joue de plus en plus un
rôle important dans la concentration totale des revenus. Ils concluent
que les disparités dans le revenu moyen entre groupes
socio-économiques comptent pour 60 à 80% de
l'inégalité des revenus dans les pays en développement.
Par ailleurs, Byrelee (1973) dans une étude sur la
croissance de l'emploi direct et du revenu au Nigéria a observé
que le coefficient de Gini, un coefficient de mesure d'inégalité,
a indiqué une grande disparité dans la distribution de revenu. Il
souligne que l'augmentation du revenu du secteur agricole n'est pas
équitablement distribuée.
Essang (1971) dans son étude sur la distribution du
revenu entre les paysans producteurs de caféiers, a trouvé que
80% de ces producteurs ont reçu seulement 20% du revenu total et a
observé que l'inégalité de revenu était
considérée comme l'inégalité d'accès aux
sources de crédit, aux services de vulgarisation et aux nouvelles
technologies. Le coefficient de Gini qu'il a obtenu au sein des paysans est
très élevé (0,7).
Nouhoheflin (2001), dans son étude sur l'impact de
l'adoption des nouvelles technologies de niébé sur
l'amélioration et la distribution des revenus dans les
sous-préfectures de Savè et de Klouekanmè (Bénin) a
trouvé que l'indice de Gini pour l'ensemble de la zone d'étude
est de 0,489 chez les adoptants et de 0,524 chez les non-adoptants des
nouvelles technologies. L'indice de Gini est plus élevé chez les
non-adoptants que chez les adoptants. Il s'en suit donc que
l'inégalité est beaucoup plus prononcée chez les
producteurs non-adoptants.
Au niveau du genre, cette étude a montré que
l'indice d'inégalité présente la même tendance que
précédemment. Toutefois, l'inégalité est beaucoup
plus amoindrie chez les hommes que chez les femmes. En somme l'étude
montre que l'inégalité observée dans la distribution du
revenu a diminué après l'adoption des nouvelles technologies qui
incluent les extraits aqueux et les variétés
améliorées du niébé.
Les nouvelles technologies ont alors tendance à
réduire les inégalités dans la distribution des revenus au
niveau de la zone d'étude.
- Impact des technologies alternatives sur le
revenu des exploitations agricoles.
Selon Aitchédji (2001), en dehors des économies
d'autosubsistance où l'augmentation de la production physique peut
être suffisante pour justifier la pertinence sociale d'une nouvelle
technologie, dans une économie marchande, la préférence
d'une nouvelle technologie à celle déjà existante
dépend de son avantage en termes de coût de production, de revenu
et de profit.
Kpangon (2002) ressort dans son étude portant sur
l'impact socio-économique de l'adoption des nouvelles technologies du
niébé sur la réduction de la pauvreté dans le
département des collines (BENIN) que le revenu du niébé
n'est contrôlé par la femme que si elle le cultive sur son propre
champ. L'étude révèle que plus de 60% du travail familial
consacré à la production de niébé provient de la
femme que ce soit sur son propre champ ou sur le champ de son mari. Cette
étude montre également que les nouvelles technologies de
niébé ont induit un revenu supplémentaire sensible chez
les adoptants et aussi qu'elles ont induit une amélioration du niveau de
vie des adoptants.
Allogni (2002), dans son étude sur l'impact des
nouvelles technologies de la culture de niébé sur le revenu et
les dépenses des ménages agricoles au Bénin, montre d'une
part que l'adoption des nouvelles technologies contribue à
l'accroissement de 13% des revenus nets des producteurs de niébé
et d'autre part que les nouvelles technologies du niébé ont
contribué à l'amélioration des conditions de vie des
adoptants.
- Théories relatives à la mesure des
inégalités
Les professionnels utilisent trois mesures principales de
l'inégalité : les indices de Gini, de Theil et d'Atkinson.
L'indice de Gini standard mesure deux fois la surface comprise
entre la courbe de Lorenz (qui représente la part des revenus
accumulés sur l'axe vertical en fonction de la distribution de la
population sur l'axe horizontal) et la ligne de distribution uniforme. Selon
Félicie (2006), un grand nombre d'expressions mathématiques ont
été proposées pour l'indice de Gini, mais la plus
aisée à utiliser est fondée sur la covariance entre le
revenu Y d'un individu ou d'un ménage et le rang F que
cet individu ou ce ménage occupe dans la distribution du revenu (la
valeur de ce rang va de 0 pour le plus pauvre à 1 pour le plus riche).
Si on représente par y, le revenu moyen,
l'indice de Gini standard est défini comme
G= 2 cov (Y, F) / y .avec F, la fonction de
distribution et Y.
Pour une population de taille n et de moyenne où les revenus sont représentés par
yi et yj (i et j représentant les
sous-groupes = 1,...,n et = 1,...,n), Gini (1912) définit son indice comme
suit :
L'indice de Gini élargi utilise un paramètre v
pour renforcer certaines parties de la distribution. Plus la pondération
est élevée et plus la partie inférieure de la distribution
voit son importance renforcée (í = 2 pour l'indice de Gini
standard) :
Une autre famille de mesures de l'inégalité est
la mesure d'entropie générale, qui se définit comme
suit :
avec ; et
GE(1) correspond à l'indice de Theil.
Les mesures de la classe GE sont sensibles aux changements
dans la partie inférieure de la distribution pour des valeurs de
á proches de 0 ; elles sont également sensibles aux changements
qui affectent l'ensemble de la distribution pour á égal à
1 et aux changements dans la partie supérieure de la distribution pour
des valeurs supérieures à 1.
Atkinson a proposé une troisième classe de
mesures de l'inégalité. Cette classe utilise également un
paramètre å (qui mesure l'aversion à
l'inégalité), et certaines de ses propriétés
théoriques sont similaires à celles de l'indice de Gini
élargi. 0<å<8: plus la valeur de å est
élevée plus grande est l'inégalité dans la
population (Atkinson, 1970).
La classe d'Atkinson se définit comme suit :
Le coefficient de Gini est à la fois une mesure
purement statistique de la variabilité et une mesure normative de
l'inégalité. Les principaux avantages de l'indice de Gini sur les
autres mesures de l'inégalité sont décrits
ci-après.
En tant que mesure statistique de la variabilité,
l'indice de Gini peut traiter un revenu négatif, propriété
que certaines autres mesures de l'inégalité ne possèdent
pas. Ce point est important lorsqu'il s'agit de traiter l'impact d'un
changement apporté à une politique sur l'inégalité
de revenu parce que le revenu de certains ménages peut être
négatif. Autre avantage de cet indice provient des concepts qui lui
sont liés (comme l'élasticité de l'indice de Gini par
rapport au revenu, définie plus loin) : ces mesures possèdent des
propriétés statistiques mieux connues que celles d'autres mesures
de l'inégalité. On peut ainsi juger si l'impact d'un changement
apporté à une politique sur l'inégalité de revenu
ou de consommation est statistiquement significatif à la marge. Ce n'est
pas le cas aujourd'hui pour la plupart des autres mesures de
l'inégalité. Par ailleurs, l'indice de Gini peut être
représenté graphiquement comme une fonction de la courbe de
Lorenz. Cette représentation géographique permet de visualiser
les différences d'inégalité entre les autres types de
répartitions, de même que l'impact différentiel des
diverses sources de revenu ou de consommation.
L'indice de Gini repose sur de solides fondations
théoriques, ce qui n'est pas le cas de certaines autres mesures de
l'inégalité. En qualité d'indice normatif, le coefficient
de Gini représente la théorie de la privation relative (Runciman
1966), qui est une théorie sociologique expliquant les sentiments de
privation entre des individus de la société (Yitzhaki 1979,
1982). L'indice de Gini peut également être une mesure de
l'inégalité découlant d'axiomes sur la justice sociale
(Ebert et Moyes, 2000).
Il existe plusieurs interprétations intuitives de
l'indice de Gini qui permettent de mieux comprendre la signification de ce que
l'on mesure.
La valeur de l'indice de Gini représente la
différence attendue dans les revenus de deux individus ou ménages
choisis au hasard dans la population globale. Par exemple, un indice de 0,60
signifie que si le revenu moyen par habitant de la population est de 1 000
dollars (tous les montants en dollar sont exprimés au taux actuel), la
différence attendue dans le revenu par habitant de deux ménages
choisis au hasard sera de 600 dollars (60 % du revenu moyen de 1 000
dollars).
Pour toutes ces différentes raisons, nous utiliserons
dans cette étude l'indice de Gini pour apprécier
l'inégalité comme l'on fait plusieurs autres auteurs (Zhu,
2002 ; Pyatt et Fei, 1980, Nouhoheflin, 2001
etc.).
DEUXIEME PARTIE : ZONE D'ETUDE ET
METHODOLOGIE
CHAPITRE 3. PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE
Cette section a pour objectif de présenter l'espace
géographique et l'environnement socioéconomique et culturel de la
zone d'étude dans laquelle se sont déroulées les
enquêtes.
3.1. Délimitation de la zone
d'étude
La présente étude s'est déroulée
au Sud du Bénin. Cette zone est comprise entre 6°10 et 6°45
de latitude Nord, et 1°34 et 2°48 de longitude Est. Selon le zonage
agroécologique du Bénin réalisé par le MEHU en
2003, la zone d'étude couvre la zone sableuse littorale et
fluvio-lacustre. Les enquêtes ont été menées dans
les communes d'Adjohoun (vallée de l'Ouémé), de
Sèmè-podji (département de l'Ouémé) et de
Grand Popo (département du Mono).
Ces milieux d'investigation sont répartis en trois
zones de production. Il s'agit de :
- la zone des bas-fonds : Adjohoun et Gnito (Grand-Popo
rural) ;
- la zone intra urbaine : Porto-Novo et Cotonou et
- la zone du cordon littoral située sur la bande
littorale : Sèmè-Podji et Grand-Popo.
Seules les zones de bas-fonds et du cordon littoral ont
été concernées par cette étude.
Adjohoun, Sèmè-podji et Grand-Popo sont
considérées comme des zones de production périurbaines car
ces localités se situent à la périphérie des
villes.
La diversité de l'écosystème de la zone
d'étude conjuguée aux caractéristiques
socio-économiques et démographiques des différentes
localités sus-citées traduit les différents types de
maraîchage observés sur l'ensemble de la zone et les
catégories d'individus qui s'adonnent à cette activité.
3.1.1. Zone de bas-fonds
Cette zone est composée des villages d'Agonli
Lowé et de Dannou, commune d'Adjohoun, situés dans la
vallée de l'Ouémé et de Gnito situé dans une
partie rurale de Grand-Popo.
Située au Sud-Est du Bénin, la commune
d'Adjohoun couvre une superficie de 308 km2 et est située à 32 km
de Porto-novo, la capitale politique du Bénin. Le relief est
composé de deux (02) unités géomorphologiques :
- un plateau de faible altitude dont le modèle
présente des ondulations moyennes fortes,
- une plaine inondable d'axe Nord-Sud qui, dans la
topo-séquence Est-ouest jouxte le plateau. Elle s'étend de part
et d'autres du fleuve Ouémé qui l'inonde annuellement les mois de
juillet et de novembre.
Gnito est l'un des villages de l'arrondissement de
Sazué dans la commune de Grand-popo. Il présente les mêmes
caractéristiques que les villages d'Agonli Lowé et de Dannou dans
la commune d'Adjohoun.
La particularité de la zone de bas-fonds est que le sol
est à dominance argileux, ce qui amène les maraîchers
à produire seulement à des périodes précises de
l'année.
3.1. 2. Zone du cordon littoral
La zone du cordon littoral encore appelée zone
côtière regroupe le site VIMAS dans la commune de
Sèmè-podji et les sites de Grand-Popo littoral et d'Agoué
dans la commune de Grand-Popo.
Sèmè-Podji se trouve dans un ensemble
géomorphologique homogène : la plaine côtière
située dans le département de l'Ouémé. D'une
superficie de 250 km2, elle se présente comme une plate-forme
constituée des dépôts récents fluvio-lacustres, des
cordons littoraux anciens et de cordons littoraux récents issus d'une
sédimentation littorale. Coincée entre le complexe mer-lac
Nokoué et la lagune de Porto-Novo, le relief de Sèmè-Podji
varie par endroits, entre le niveau de la mer et 6 m d'altitude environ.
Grand-Popo est situé au Sud-Ouest du département
de Mono entre 6°17' de latitude Nord et 1°49' de longitude Est. D'une
superficie de 289 km2, Grand-Popo s'étend sur une longueur de 20km en
bordure de la ligne côtière située entre Grand-Popo et
Hilacondji, de part et d'autre de la route inter-Etats Cotonou-Lomé.
Cette commune est située à une altitude de 5 m au-dessus de la
mer, avec une nappe phréatique proche, rarement plus de 3 m, parfois 1,2
à 2 m de profondeur. L'eau est douce jusqu'à une profondeur de 8
à 10 m de profondeur et à couleur jaunâtre au-delà
de cette profondeur.
3.2. Caractéristiques physiques
3.2.1. Données climatiques
La pluie et l'humidité relative font parties des
données climatiques les plus importantes en
production maraîchère. En effet, en dehors des
incidences directes que ces facteurs exercent sur les
cultures (inondations des périmètres maraîchers,
pourrissements des fruits etc.), la
prolifération des parasites est également
liée à ces facteurs (Hounkponou, 2003).
- Pluviométrie
Les régions du Sud-Bénin jouissent d'un climat
subéquatorial de type guinéen caractérisé par la
succession annuelle de 4 saisons, le climat subéquatorial règne
au Sud-Bénin jusqu'à la latitude de Savè. Nous distinguons
:
- une grande saison des pluies de mi-Mars à
mi-Juillet ;
- une petite saison sèche de mi-Juillet à
mi-Septembre ;
- une petite saison des pluies de mi-Septembre à
mi-Novembre ;
- une grande saison sèche de mi-Novembre à
mi-Mars.
La pluviométrie annuelle (1.400 mm à l'Est et
900 mm à l'Ouest) et sa répartition autorise une période
de croissance des végétaux de 240 j/an. Les températures
varient peu (25 à 30 °C). Le relief est uniforme et peu
marqué, la bande sableuse est une plaine alors que les vallées se
présentent sous forme de dépressions ouvertes ou
encaissées.
On y retrouve des sols d'origine alluviale ou colluviale. Les
sols hydromorphes sont fertiles, mais inondables par les crues des fleuves,
tandis que les sols sableux sont peu fertiles, et favorables aux plantations
de cocotiers et de filao.
Les principales formations végétales sont :
la savane herbeuse, le fourré arbustif et les prairies. Les principales
cultures sont : le maïs, le niébé, le manioc, le
palmier à huile et le cocotier. La densité de population rurale
par km² de superficie cultivable est de 174 habitants/km².
Les communes de Sèmè-podji, Adjohoun et Grand
Popo qui ont servi de cadre pour cette étude se retrouvent dans cette
zone.
Le climat connait beaucoup de modifications qui sont
caractérisées par des pluies irrégulières suivant
les années. Ce phénomène constitue une entorse pour
l'agriculture pluviale, faute d'aménagements appropriés
susceptibles de favoriser la maîtrise de l'eau. En effet, la zone de la
Vallée de l'Ouémé enregistre une pluviométrie
moyenne de 1122,19 mm d'eau par an irrégulièrement
répartie tout au long des saisons pluvieuses. En ce qui concerne la zone
du cordon littoral, les hauteurs annuelles moyennes sont de 1500mm d'eau pour
Sèmè-Podji et 900 mm d'eau pour Grand-Popo. De l'Est à
l'Ouest, on note une évolution en dents de scie (1122,19 mm à 900
mm) de la pluviométrie moyenne annuelle. Les deux différentes
saisons des pluies observées au Sud-Bénin déterminent les
périodes de fortes productions maraîchères grâce
à la disponibilité de l'eau. Le phénomène est
contraire à Adjohoun, et dans la zone rurale de Grand-Popo (Gnito)
où la crue inonde les terres cultivables. L'exploitation de ces terres
cultivables n'est possible qu'en période de décrue qui
généralement a lieu au cours des saisons sèches.
3.2.2. Données
pédologiques
Les principaux types de sols rencontrés au
Sud-Bénin sont caractérisés par une couverture
sédimentaire qui comprend plusieurs classes de sols (PADAP, 2003).
- La classe des sols peu évolués. Cette classe
regroupe les sols du cordon littoral. Ces sols sont chimiquement pauvres et ne
peuvent être utilisés pour la production agricole, à moins
que l'on apporte des amendements organiques. Ils se rencontrent à
Sèmè-poji et à Grand-Popo.
- La classe des sols faiblement ferralitiques encore
appelée terre de barre. Ce sont des sols roux, bien pourvus en
matières organiques à cause de la crue saisonnière. Ces
sols se retrouvent à Adjohoun et Gnito et sont riches et propices pour
la culture du riz et certains cultures de contre-saison comme le maïs, le
niébé, le manioc et pour la production
maraîchère.
3.3. Caractéristiques humaines
La population de la commune d'Adjohoun est
estimée en 2002, à environ 56.455 habitants, avec une
densité globale de 189,9 habitants/km² (RGPH3, 2002). Elle est
composée de 48,14 % d'hommes et 51,86 % de femmes. La répartition
par âge indique que la population est très jeune, avec plus de 80
% de personnes âgées de moins de 40 ans.
Au plan économique, l'agriculture est la principale
activité qui occupe environ 80 % de la population. Les principales
cultures sont : le maïs, le manioc, l'arachide, le palmier à huile,
les cultures maraîchères et le niébé. D'autres
activités telles que le commerce, les transformations agro-alimentaires,
les petits métiers, la pisciculture, le petit élevage,
l'élevage de porcs, la production de plantes ornementales et l'artisanat
constituent après l'agriculture les occupations des populations.
Dans la commune de Sèmè-podji, la population est
estimée en 2002 à environ 55.928 habitants. La diversité
socio-culturelle à Sèmè-podji est assez remarquable. Les
groupes socio-culturels dominants sont les Xwla, les Défi et les Goun.
L'économie de la commune de Sèmè-podji
est assez diversifiée avec cependant une prédominance remarquable
des secteurs primaire et tertiaire. Le secteur primaire occupe environ 30 % des
actifs dans l'agriculture, la pêche et l'élevage. Quant au secteur
tertiaire, il occupe environ 53 % des actifs (RGPH3, 2002). Les
activités commerciales et celles de transit sont les deux pôles
essentiels de ce secteur. Il est peu développé et surtout
informel.
La population de la Commune de Grand Popo a été
évaluée en 2002 à 40.335 habitants, soit une
densité moyenne de 140 habitants/km². Elle compte environ 9.633
ménages avec une taille moyenne de 4,2 individus. La répartition
spatiale de la population est peu homogène, avec près de 45 % de
la population concentrée dans les deux arrondissements urbains de la
Commune ( Grand Popo et Agoué).
En 2002, le rapport de masculinité était de 100
femmes pour 92,7 hommes. La répartition par âge indique que plus
de 50 % de la population appartiennent à la tranche d'âge de 0
à 9 ans (RGPH3, 2002).
Le peuplement de Grand Popo s'est construit autour des groupes
socio-culturels majoritaires que sont les Xwla, les Xwéda et les Mina,
tous dérivant du grand groupe socio-culturel Adja.
Au plan économique, les principales activités
pratiquées à Grand Popo sont : l'agriculture, la
pêche, l'élevage, la transformation des produits agricoles,
l'artisanat et le commerce. On y pratique aussi du petit élevage, une
intense activité de commercialisation des produits agricoles, des
activités artisanales de transformation des produits agricoles.
Le secteur agricole occupe plus de 40 % des ménages.
Le domaine de production concerne les céréales (maïs, riz),
les cultures maraîchères (oignon, tomate, carotte, piment,
légumes feuille), les légumineuses (niébé,
arachide) les tubercules (manioc) et les cultures industrielles (canne à
sucre, palmier à huile etc.).
CHAPITRE 4. CADRE MÉTHODOLOGIQUE
Ce chapitre retrace la méthodologie suivie pour
aboutir aux objectifs fixés.
Dans un premier temps, le choix de la zone d'étude sera
justifié, suivi de la description des différentes
méthodes de collecte, de traitement et d'analyse des données.
4.1. Choix de la zone d'étude, des villages et
sites
L'enquête s'est déroulée dans les zones
situées le long de la côte du Sud-Bénin. Il s'agit de la
zone de bas-fonds (Adjohoun et Gnito) et la zone du cordon littoral
(Sèmè-podji et Grand-Popo littoral).
Les cultures maraîchères sont produites dans
toutes les régions du Bénin à des proportions
différentes. Dans les zones urbaines et périurbaines du sud
Bénin, la dynamique du maraîchage est nettement plus intense.
Le maraîchage est une activité à
caractère intensif au sud du Bénin (Hounkpodoté
et Tossou, 2001). La pratique très ancienne des producteurs dans les
activités de maraîchage (Baba, 1989), la demande de plus en plus
forte en produits maraîchers en raison de la croissance
démographique et de la proximité des zones productrices avec le
Nigeria (pour ce qui est de la région de la vallée de
l'Ouémé) et du Togo et du Ghana (pour ce qui est de la
région de Grand Popo) sont entre autres des critères qui
justifient le choix de cette zone pour l'étude.
Par ailleurs les zones de production du Sud Bénin ont
bénéficié de la diffusion des nouvelles technologies de
protection des cultures contre les pestes grâce aux divers projets
(ADA /IITA, INRAB, SPV...).
Le choix de Grand-popo, d'Adjohoun et de
Sèmè-poji est également lié au fait que ces zones
produisent la tomate.
Enfin le choix des zones du Sud Bénin est lié
à la diffusion de la technologie de production biologique sur les
cultures maraîchères. Ces zones ont été
également choisies parce qu'elles constituent le cadre
d'exécution des travaux du projet ADA.
Le choix de ces deux grandes zones nous permettra
d'éviter les effets d'homogénéité qu'on rencontre
souvent avec une seule zone et qui porteraient des limites aux résultats
de la recherche.
Les principaux critères qui ont présidé
le choix des villages et sites sont :
- la zone de production : ce critère
répond à la nécessité de représentation des
catégories retenues à l'issue du découpage. Il offre une
garantie suffisante de fiabilité et de validité des
résultats.
- l'importance relative du maraîchage au
niveau des villages et des sites : cette importance est
appréciée à partir de la combinaison de deux
paramètres à savoir les superficies exploitées, et le
nombre d'exploitations maraîchères.
- l'accessibilité du village ou du site
pendant la période d'étude : ce critère
permet d'éviter les pertes de temps, de ressources et les risques
inutiles.
- les différentes catégories de producteurs
de tomate dont les utilisateurs de biopesticides et les utilisateurs
de pesticides chimiques (chefs d'exploitation hommes comme femmes) ont permis
de comparer le revenu et sa distribution entre ces différentes
catégories de producteurs.
Les études antérieures sur le maraîchage
au Sud-Bénin (PADAP, 2003 ; Adorgloh-Hessou, 2006), distinguent
globalement trois grandes zones de production maraîchère en
se basant sur des critères tels que le site agroécologique, les
caractéristiques socio-économiques du milieu, les principales
spéculations développées, etc. Ces résultats ont
été confirmés par la phase exploratoire de notre
étude. Nous avons alors retenu pour l'échantillonnage, un
découpage en deux zones de production maraîchère, à
savoir :
- la zone de bas-fonds qui regroupe la Vallée de
l'Ouémé représentée par la commune d'Adjohoun et
la zone rurale de la commune de Grand Popo (Gnito). Les systèmes de
production sont basés sur des activités saisonnières. La
culture maraîchère concerne presque exclusivement les
légumes locaux qui se pratiquent une seule fois dans l'année,
lors de la décrue.
- la zone côtière regroupe les communes de
Sèmè-podji et la partie sableuse de Grand-Popo. L'oignon, le
piment, la tomate, et la carotte sont au coeur des différents
systèmes de production cette zone. Les cultures se pratiquent sur la
bande sableuse du littoral et tout au long de l'année.
Ce découpage de la zone d'étude, a servi de
point de départ pour l'échantillonnage.
4.2. Phases de collecte des données
L'étude s'est déroulée en trois phases
séquentielles à savoir : la revue documentaire, la phase
exploratoire et l'enquête approfondie.
4.2.1. Revue documentaire
La revue documentaire constitue la base de la recherche. Elle
a débuté depuis la phase d'élaboration de la proposition
de recherche jusqu'à la rédaction complète de la
thèse. Cette étape a été consacrée à
la collecte, à l'exploitation, à l'analyse et à la
synthèse de la documentation disponible sur les cultures
maraîchères, dans le monde, en Afrique et au Bénin. Elle a
permis de faire le point des connaissances sur le maraîchage en
général et sur la production de tomate au Sud-Bénin en
particulier. La revue documentaire a été également utile
dans l'analyse et les interprétations des résultats. Plusieurs
bibliothèques et centres de documentation ont été mis
à contribution pour la collecte de l'information. Il s'agit entre autres
du centre de documentation de l'IITA, la BIDOC de la FSA et les
bibliothèques du Ministère de l'Agriculture de l'Elevage et
de la Pêche (MAEP), de l'Institut National pour la Recherche Agricole au
Bénin (INRAB), des centres de documentations des Centres Communaux pour
la Promotion Agricole (CeCPA), de l'Institut National de la Statistique et de
l'Analyse Economique (INSAE) et de personnes ressources.
L'internet a été une source d'informations
très importante tout au long de cette étude.
4.2.2. Phase exploratoire
Elle a permis de faire l'état des lieux des zones de
production de la tomate, et d'améliorer le questionnaire
structuré. Elle a duré environ deux semaines. Des entretiens de
groupe ont été organisés avec des maraîchers des
différents villages et sites visités, afin de recueillir des
informations générales sur les sites de production (superficie
totale du site, nombre d'exploitants, principales spéculations, les
contraintes, les différentes méthodes de lutte utilisées
contre les ravageurs et maladies des légumes etc.). Quelques entretiens
individuels avec les maraîchers ont permis de tester le questionnaire
afin de mieux l'affiner pour la phase d'enquête. Ces entretiens ont
également permis d'identifier les utilisateurs de biopesticides parmi
les producteurs de tomate dans les différentes localités. Les
structures d'encadrement (CeRPA, CeCPA, ONG etc.) ont été, elles
aussi, sillonnées pendant cette phase.
4.2.3 Phase d'enquête approfondie.
Des informations qualitative et quantitative ont
été collectées individuellement auprès des
maraîchers sélectionnés à l'issue de la phase
exploratoire. Les méthodes utilisées regroupent les entretiens
structurés avec comme outil principal le questionnaire et les entretiens
semi-structurés. Les principales informations recueillies ont
été relatives :
- aux caractéristiques socioéconomiques,
culturelles et sociodémographiques des producteurs (sexe, âge,
ethnie, origine, religion, statut matrimonial, nombre de personnes par
ménage, nombre d'actifs agricoles, nombre d'inactifs, niveau
d'instruction...) ;
- aux caractéristiques des différentes
exploitations (Superficies emblavées, différents systèmes
de cultures, techniques culturales, quantité produite, statut du
foncier) ;
- à l'estimation des coûts et de la
quantité des intrants agricoles (semences, engrais minéraux:
urée, NPK; engrais organique : bouse de vache et fientes de volailles;
pesticides chimiques et extraits aqueux de neem).
- à l'estimation de la quantité et du type de
main d'oeuvre utilisée par activité (défrichement,
préparation des planches, semis ou repiquage, sarclage/binage, arrosage,
traitements phytosanitaires, épandage d'engrais, récolte et
vente);
- à l'estimation du capital (coût et mode
d'acquisition de la terre, coût d'achat de tout le matériel
utilisé au champ et la durée de vie de ce matériel pour le
calcul des amortissements) ;
- à l'estimation des recettes brutes issues de la vente
des paniers de tomate ;
Cette phase a abouti au traitement des données
collectées, puis à l'analyse des résultats obtenus.
4.3. Echantillonnage
Le choix des exploitations maraîchères, a
été dans un premier temps, raisonné de façon
à prendre en compte la diversité des situations
géographiques et des systèmes de production dans les
différentes localités et les sites de production. Pendant la
phase d'enquêtes fines, une pré-typologie est
systématiquement élaborée au niveau de chaque site ou
village pour identifier les systèmes existants et estimer leur
importance relative. Elle se base sur des critères tels que la
superficie emblavée en tomate, le niveau d'équipement des
exploitations, l'âge et le sexe des maraîchers qui semblent plus
discriminatoires au niveau des exploitations. La proportion de chaque
système permet alors de définir sur la base du quota
préalablement fixé pour le site ou le village la part de chacun
des groupes dans l'échantillon final.
Dans un second temps, on a fait intervenir le critère
d'aléa pour le choix des unités de recherche à
l'intérieur des catégories identifiées. Il nous
paraît important de préciser que les producteurs
interviewés sont ceux qui étaient présents lors de
l'enquête.
Au total, cent trente six producteurs de tomate (136) ont
été enquêtés. Cinquante cinq (55) producteurs de
tomate ont été retenus pour l'enquête fine à raison
de 21 dans la zone de bas-fonds et 34 dans la zone côtière. Le
taux de réalisation des prévisions est égal à 84%.
L'écart de 15 % non réalisé est surtout dû à
la non disponibilité des maraîchers et au temps relativement court
imparti à la phase d'enquête. Le tableau 2 présente la
répartition de l'échantillon suivant les localités
retenues.
Tableau 2 :
Répartition des unités de recherche par zones et par
villages ou sites
Zones de production
|
Communes
|
Villages ou sites
|
Nombre prévu
|
Nombre realisé
|
Taux de réalisation (%)
|
Zone de bas-fonds
|
Adjohoun
|
Agonlin Lowé
|
8
|
6
|
75
|
Dannou
|
7
|
7
|
100
|
Grand Popo
(Zone rurale)
|
Gnito
|
10
|
8
|
80
|
Zone côtière
|
Sèmè Podji
|
VIMAS
|
15
|
14
|
95
|
Grand Popo
(littoral)
|
Grand Popo
|
20
|
16
|
80
|
Agoué
|
6
|
4
|
67
|
Total
|
66
|
55
|
84
|
Source: Enquêtes
socioéconomiques, Juillet - Août 2008
4.3.1. Critères d'identification des
systèmes de production de la zone d'étude.
Les typologies rencontrées dans la littérature
suggèrent deux principaux critères qui permettent de
différencier les systèmes de cultures maraîchères.
Ce sont :
Ø la source d'approvisionnement en eau qui distingue
les cultures pluviales, de bas-fonds, irriguées et de décrue
(Tiamiyou (1995) ; Mbaye et Renson (1997) et PADSA (2001). De même
Tiamiyou et Sodjinou (2003) ont décrit des systèmes similaires
sur les bords du fleuve Niger.
Ø le critère de l'analyse financière par
Singbo et al. (2004).
On peut noter que ces paramètres permettent de
caractériser à une échelle géographique plus
importante que la ville ou la Commune, les systèmes de cultures
semblables rencontrés dans plusieurs régions.
Ø Assogba (2007) a distingué 5 types
d'exploitations maraîchères au Sud-Bénin en se basant sur
les critères telles que la zone de production, la superficie
exploitée, la main-d'oeuvre disponible, le site écologique, le
régime foncier, l'équipement d'irrigation, l'équipement de
traitement, la méthode de protection des cultures contre les ravageurs
et maladies, l'encadrement technique, l'accès au crédit agricole,
et les caractéristiques des maraîchers (âge, sexe,
principale activité). Ces exploitations sont :
- Petites exploitations modernes en milieux intra-urbain et
suburbain ;
- Exploitations modernes de taille moyenne en milieu
suburbain ;
- Grandes exploitations modernes en milieu suburbain ;
- Grandes exploitations traditionnelles en milieu
rural ;
- Petites exploitations traditionnelles en milieu rural.
Les critères de différenciation décrits
par Tiamiyou (1995), Mbaye et Renson (1997), PADSA (2001) et Assogba
(2007) seront utilisés pour réaliser la typologie des
systèmes de production de notre zone d'étude parce que les
systèmes de production qui y sont rencontrés (systèmes de
cultures irriguée et de décrue) s'identifient parfaitement
à ceux décrits par ces auteurs.
4.4. Méthodes et outils de collecte des
données
La qualité des données obtenues dépend
des méthodes et outils mis en oeuvre pour la collecte. Dans le cadre de
cette étude, différentes méthodes faisant appel à
des outils variés ont été utilisées pour la
collecte des données. La démarche méthodologique
adoptée a été une combinaison d'approches qualitative et
quantitative.
· Les entretiens non
structurés : Cette méthode de collecte des
données a été utilisée pendant la phase
exploratoire pour recueillir des informations d'ordre général
auprès des groupes de maraîchers ou des agents des CeRPA, des
CeCPA et autres structures d'encadrement des maraîchers.
· Les entretiens semi-structurés :
Cette méthode a surtout été utilisée pour les
entretiens de groupe réalisés avec les différents acteurs
de la production pendant la phase exploratoire. Les résultats de la
revue documentaire et les termes de référence ont permis
d'élaborer deux guides d'entretien semi-structurés. Le premier
à l'endroit des maraîchers (en focus-group), et l'autre à
l'endroit des structures d'interventions identifiées dans les
différentes zones.
· Les entretiens structurés : Un
questionnaire a été élaboré et suivi lors de
l'entretien. Cette méthode a été utilisée au cours
de la phase de collecte des données. Elle permet d'obtenir des
données d'un niveau de précision plus élevé,
auprès des maraîchers individuels.
D'autres méthodes telles que les observations
participantes ont été utilisées tout au long de la
collecte des données sur le terrain.
Les données collectées au niveau de chaque
producteur couvrent la période d'un cycle de production de tomate ;
celui de Mars 2008-Juin 2008.
4.5. Méthodes de traitement et d'analyse des
données
L'étude a été en grande partie
quantitative. Toutefois, il a été nécessaire de
compléter l'interprétation des résultats, d'études
qualitatives afin de pouvoir expliquer certains faits d'ordre institutionnel,
sociologique et culturel. L'analyse des données a débuté
par la codification et le dépouillement des fiches d'enquête. Les
données dépouillées ont été
enregistrées sous forme de maquette dans le logiciel Excel. Ensuite, le
nettoyage des données saisies a été fait avant leur
traitement statistique à l'aide du logiciel Excel et du logiciel
Statistical Package of Social Sciences (SPSS version 16). Le logiciel DAD 4.4 a
permis de tracer les courbes de Lorenz et le logiciel Excel a permis de faire
les statistiques descriptives par le calcul de certains paramètres
statistiques tels que les moyennes, les fréquences, les
écarts-types, les amortissements, les charges variables et fixes, le
revenu brut, le revenu net et les indices de Gini.
4.5.1. Calcul des revenus
L'évaluation du budget cultural a permis de calculer
les revenus des différents producteurs de tomate.
La budgétisation agricole est un simple outil d'analyse
des coûts et bénéfices. Elle est utilisée pour
fournir des informations sur la rentabilité des technologies agricoles,
des cultures et de l'exploitation entière. Pour ce qui est de la
rentabilité financière des systèmes de production,
Coulibaly et Nkamleu (2004) proposent trois méthodes d'analyse à
savoir : budget cultural, budget partiel et budget total.
Le budget partiel estime la rentabilité des nouvelles
activités introduites dans l'exploitation et montre la nette croissance
ou décroissance du revenu agricole résultant du changement
proposé.
Le budget d'une culture consiste à l'évaluation
des coûts des intrants utilisés pour la produire et à
l'estimation des revenus du produit obtenu évalué au prix bord
champ. Les intrants incluent l'engrais, la main-d'oeuvre salariée, les
pesticides et les semences. Le capital fixe est constitué des outils
tels que : les houes, arrosoirs, binettes, panier, forage et tuyauterie
flexible, râteaux, motopompe, pommes d'arrosoirs, pulvérisateurs,
machettes...
Le résultat est la production issue de la parcelle
utilisée pour la culture en question.
§ Le Produit Brut ou PB
Cet indicateur représente la quantité physique
obtenue à la fin du cycle de production de la tomate. Il est
exprimé en nombre de paniers, un panier contenant en moyenne 25Kg. Le
produit brut considéré pour le calcul des revenus est le nombre
de paniers vendus par le producteur. Les paniers pourris et consommés ne
sont pas pris en compte.
§ Calcul du rendement
Les rendements moyens de la culture de tomate dans les
différentes zones et au sein des différentes catégories de
maraîchers ont été calculés suivant la formule
ci-après :
Rend = Prod brut / Sup où
Rend : rendement de la culture de tomate en
Kg/ha ;
Prod brut : moyenne de la production de tomate au sein de
chaque catégorie de producteurs de tomate.
Sup : superficie emblavée pour la production de
tomate.
§ Estimation des prix
Le prix moyen pondéré a été pris
en compte pour le calcul des revenus des cultures. Le prix moyen
pondéré a été calculé afin de prendre en
compte les prix de vente réels des paniers de tomates. Il est obtenu
à partir de la formule suivante :
Pp = Ó Pi Pri (en Fcfa/Kg)
Ó Pri où
Pp : Prix moyen pondéré ;
Pi : prix de vente du panier de tomate ;
Pri : Proportion vendue de tomate de chaque
maraîcher ;
§ Le revenu des cultures ou produit brut en
valeur
Il est calculé en multipliant le rendement moyen par le
prix moyen pondéré. Il est exprimé en Fcfa/ha.
§ Calcul des charges variables de production
(CV)
Les Coûts Variables sont exprimés en Fcfa
avec CVi la valeur en Fcfa/ha du coût variable i
de production.
-Terre : la rente foncière
annuelle payée a été prise en compte pour les producteurs
dont le mode de faire-valoir est la location. Quant aux autres producteurs dont
les terres ont été héritées ou achetées,
l'évaluation du coût de la terre a été faite en
considérant le coût de la location de la terre dans la zone
considérée.
- Main d'oeuvre : la main d'oeuvre
familiale a été évaluée à partir du
coût d'opportunité des différentes opérations
culturales. Le coût d'opportunité a été
calculé à partir des coûts de la main d'oeuvre salariale
obtenus auprès des producteurs. Quant à la main d'oeuvre
salariée, les coûts des opérations culturales donnés
par les producteurs ont été pris en compte.
- Les semences : les quantités
achetées ainsi que le prix d'achat sont directement obtenus
auprès des producteurs.
- Les engrais et les pesticides
chimiques : les quantités utilisées, la
fréquence d'épandage /de pulvérisation ainsi que les prix
d'achat sont directement obtenus auprès des producteurs.
- Les extraits aqueux de neem : le
coût de la préparation des extraits aqueux et de la
pulvérisation a été estimé à partir
du temps mis pour effectuer ces opérations et du coût
d'opportunité de la main d'oeuvre familiale.
- Les opérations culturales (labour,
confection de planches, semis, repiquage, désherbage, sarclage,
binage) : le coût de ces opérations par superficie a
été obtenu auprès des producteurs. Le tableau14
présente le coût de quelques opérations culturales par zone
agroécologique.
- L'irrigation des cultures : le nombre
de litres d'essence utilisés et le temps d'arrosage pour toutes les
spéculations sont obtenus auprès des producteurs. Ensuite, le
nombre d'heures d'arrosage par jour pour la culture de tomate a
été obtenu auprès des producteurs. Nous avons alors pu
estimer le nombre de litres d'essence utilisés pour la culture de la
tomate uniquement. Le nombre de litres d'essence utilisés
multipliés par le prix d'un litre d'essence donne le coût de
l'irrigation.
- La récolte : quant aux
coûts de récolte, ils ont été uniquement pris en
compte dans la zone de bas-fonds, ces coûts étant totalement pris
en charge par les acheteurs en zone côtière. Les prix par panier
récolté ont été obtenus auprès des
producteurs.
§ Calcul des charges fixes de production
(CF)
Les matériels et équipements utilisés
pour les activités agricoles sont essentiellement: la houe, le
coupe-coupe, la binette, la motopompe, les paniers, le râteau, les
forages/bassins, la tuyauterie flexible et fixe...
Pour le calcul de l'amortissement des matériels et
équipement de production, la méthode de calcul utilisée
est celle de l'amortissement linéaire. Le coût des outils
utilisés, de même que leur durée d'utilisation sont
directement obtenus auprès des producteurs.
La part sur 10 consacrée à la production de
tomate a été obtenue par la méthode des cailloux. Elle
consiste à donner 10 cailloux au producteur en lui demandant de choisir
le nombre de cailloux qu'il estime pouvoir consacrer à la production de
tomate en considérant que les 10 cailloux représentent toutes les
spéculations de l'exploitation.
L'amortissement a été calculé à
l'aide de la formule suivante :
Ami = (ni*Pi/Di)*Ti
où Ami = amortissement de l'outil pour le
maraîcher i
ni = le nombre d'exemplaires de l'outillage
considéré chez le même maraîcher ;
Pi = le prix d'achat unitaire ;
Di = la durée d'utilisation de l'outillage ;
Ti= la part du temps sur 10 consacrée à la
production de la tomate.
A l'amortissement du matériel agricole s'ajoutent les
intérêts payés des crédits pris pour la production
de la tomate.
avec CFj la valeur du coût fixe j de production
en Fcfa/ha.
§ Le revenu brut
est la différence entre le
produit brut en valeur évalué au prix bord champ et le coût
des intrants.
§ Quant au revenu net, elle est
la différence entre le revenu brut et les coûts fixes
associés.
Les données budgétaires peuvent être et
sont souvent le départ de calculs d'indices de rentabilité plus
raffinés. L'un des indices le plus connu est le Taux de
Rentabilité Interne (TRI).
TRI = RN/CT avec
RN: revenu net;
CT : coûts totaux. Ces coûts prennent en
compte toutes les charges de production, y compris la valeur de la main
d'oeuvre familiale utilisée par les producteurs et le coût
lié à l'utilisation de la terre.
Le système de production qui présente le Taux de
Rentabilité Interne le plus élevé est le système le
plus rentable.
Dans cette étude, c'est le budget cultural qui a
été évalué puisque c'est la tomate qui a
été la seule spéculation prise en compte. La comparaison
des systèmes de culture a été complétée par
le calcul du TRI.
4.5.2. Distribution du revenu
Pour l'analyse de la distribution des revenus au sein des
catégories de maraîchers, le coefficient d'inégalité
de Gini et la courbe de Lorenz ont été utilisés.
§ Présentation du coefficient de
Gini
Le coefficient de Gini est une mesure du degré
d'inégalité de la distribution des revenus dans une
société donnée, développée par le
statisticien italien
Corrado Gini.
Le coefficient de Gini est un nombre variant de 0 à 1
ou de 0 à 100, où 0 signifie l'
égalité
parfaite (les revenus sont équitablement répartis) et 1 ou 100
signifie l'inégalité totale (une personne a tout le revenu, les
autres n'ont rien) (Foster,
1996).
Durant ces 80 dernières années, l'indice de Gini
a évolué progressivement et est devenu l'un des principaux outils
de mesure des inégalités en économie (Kuan Xu, 2004).
L'indice de Gini peut être utilisé pour mesurer
la dispersion de la distribution du revenu, ou de la consommation, ou du
bien-être. Mais l'indice de Gini est surtout utilisé pour mesurer
la distribution du revenu. La distribution du revenu peut être
mesurée pour différents types de revenus : Les revenus des
ménages et les revenus individuels. La préférence
d'utilisation de l'indice de Gini par plusieurs économistes est
liée au fait qu'il peut être interprété de
façon graphique à travers la courbe de Lorenz (Bellù
et al., 2006).
Dans le contexte de la distribution de revenu, Anand (1983) a
montré que l'indice de Gini peut être calculé par la
formule de covariance. L'avantage de l'approche de la covariance est qu'elle
rend le calcul de l'indice de Gini plus aisé en ce sens que la formule
de covariance existe déjà dans des logiciels.
C'est cette formule de covariance utilisée par Zhu
(2002) et Félicie (2006) qui sera utilisée pour
l'évaluation de la distribution des revenus dans cette étude. Les
calculs s'effectueront à l'aide du logiciel Excel.
G = 2 Cov (y, F(y)) / Y
avec
y = revenu de chaque producteur ;
F(y) = fonction de distribution cumulée ;
F(y) =i/n avec i le rang qu'occupe le revenu de chaque
producteur enquêté et n le nombre total d'observations ;
Cov (y, F(y)) = [E(y F(y))] -[E(y) E (F(y))] avec E,
l'espérance mathématique;
Y= revenu moyen.
§ La courbe de Lorenz
La courbe de Lorenz est un outil de représentation des
distributions de revenus proposé par Lorenz (1905). Elle indique la
proportion du total des revenus détenue par un pourcentage donné
de la population. Conceptuellement très proche de celle des quantiles,
cette méthode fournit le rapport entre la proportion cumulée des
revenus et la proportion cumulée des individus, plutôt que des
parts de revenus.
Il y a dominance de Lorenz entre deux
distributions de revenus lorsque, pour n'importe quelle proportion
cumulée donnée d'une population p, la courbe de Lorenz
d'une distribution se situe au-dessus de la courbe de Lorenz de l'autre
distribution. Compte tenues des propriétés de la courbe de
Lorenz, la courbe dominante signale une distribution des revenus moins
inégaux. Lorsque deux courbes de concentration se coupent, on ne peut
pas dire quelle distribution est la plus inégalitaire (Bellù
et al., 2006).
4.6. Limites de la recherche
Les problèmes majeurs rencontrés lors de la
collecte des données sont relatifs à la disponibilité des
maraîchers et à la fiabilité des données
collectées.
Les maraîchers deviennent de plus en plus
réticents à donner des informations puisqu'ils reçoivent
tous les ans des enquêteurs qui leurs font de fausses promesses (aides
financières et matérielles). Les informations recueillies dans le
cadre de cette étude proviennent essentiellement des déclarations
des maraîchers enquêtés. Les informations pourraient
comporter des biais parce que ces informations ont été obtenues
par jeu de question-réponses où les maraîchers sont
obligés de faire recours à leur mémoire surtout en ce qui
concerne les éléments de coûts.
Les revenus calculés ne prennent en compte qu'un seul
cycle de production. Il serait souhaitable de prendre les revenus sur une
période appréciable afin de tenir compte de la variabilité
dans le temps des différents cycles de production.
L'appréciation du niveau de pauvreté des
producteurs enquêtés par les seuls revenus de la tomate est
délicate. Les tendances observées peuvent significativement
différer lorsqu'il s'agira du revenu agricole total (c'est-à-dire
pour toutes les spéculations).
Ces imperfections n'entachent en rien la
crédibilité de l'étude puisque les informations
recueillies constituent une bonne base de données nécessaire aux
interventions futures, relatives à la vulgarisation à une grande
échelle des biopesticides pour la production des légumes en
général et de la tomate en particulier.
TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET DISCUSSION
CHAPITRE 5. CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET
SOCIOECONOMIQUES DES PRODUCTEURS.
5.1. Caractéristiques
démographiques
Elles regroupent le genre, l'âge, l'origine, la religion
et le statut familial des producteurs enquêtés.
5.1.1. Genre des producteurs de
tomate
Une prédominance des chefs d'exploitations hommes (67%)
par rapport aux chefs d'exploitation femmes (33%) est observée sur
l'ensemble des producteurs enquêtés. La proportion des femmes est
plus élevée (20%) en zone côtière qu'en zone de
bas-fonds (13%).
Le tableau 3 montre les caractéristiques
démographiques des chefs d'exploitation par zone de production.
Tableau 3 : Caractérisation
démographique des chefs d'exploitation par zone de production.
Zones agroécologiques
|
Genre du producteur
|
Démographie
|
Effectif
|
Pourcentage (%)
|
Zone côtière
|
Homme
|
23
|
42
|
Femme
|
11
|
20
|
Ensemble
|
34
|
62
|
Zones de bas-fonds
|
Homme
|
14
|
25
|
Femme
|
7
|
13
|
Ensemble
|
21
|
38
|
Total
|
Homme
|
37
|
67
|
Femme
|
18
|
33
|
Ensemble
|
55
|
100
|
Source : Enquête
socioéconomique Juillet-Août 2008
5.1.2. Provenance des producteurs de
tomate
La plupart des producteurs de tomate sont autochtones dans les
zones de productions (62% dans la zone côtière et 100% dans la
zone de bas-fonds).
Cependant, il existe quelques maraîchers allochtones
(38%) dans la zone côtière. (Cf tableau 4). La présence
des allochtones dans la zone côtière s'explique par le fait que la
majorité des maraîchers du site de Sèmè (VIMAS)
provient de Cotonou. A cause de l'urbanisation de cette ville, l'Etat a
délocalisé certains sites maraîchers vers
Sèmè et quant à Grand-Popo littoral, une partie importante
des producteurs provient du Togo et du Ghana.
Tableau 4 : Provenance des producteurs par
zone de production
Zones agroécologiques
|
Provenance (%)
|
Total (%)
|
(×2 2df)
|
P
|
Autochtone
|
Allochtone
|
|
|
|
Zone côtière
|
62
|
38
|
100
|
8,27
|
< 0,04
|
Zone de bas-fonds
|
100
|
0
|
100
|
|
|
Source : Enquête
socioéconomique Juillet-Août 2008
5.1.3. Origine des producteurs
Les ethnies dominantes dans la zone d'étude, sont le
goun (22%), le kotafon (14%), le mina (14%) et le wémé (14%).
Le fon et le xwla viennent ensuite avec une proportion de 13%
chacune. On rencontre aussi des Haoussa, et des Aizo en des proportions
négligeables (Cf. Tableau 5).
Tableau 5 : Ethnies des producteurs de
la zone d'étude.
Fon
|
Goun
|
Adja
|
Mina
|
Yoruba
|
Xwla
|
Wémè
|
Kotafon
|
Autres
|
Total
|
13%
|
22%
|
2%
|
14%
|
4%
|
13%
|
14%
|
14%
|
4%
|
100%
|
Source : Enquête
socioéconomique Juillet-Août 2008
5.1.4. Age des producteurs de
tomate
La tomate est produite par toutes les tranches d'âges.
L'âge minimum des producteurs est de 25ans et le maximum de 66ans pour
l'ensemble de la zone d'étude.
L'âge moyen des producteurs enquêtés est de
44ans (ó = 12,452) dans la zone de bas-fonds et 42 ans (ó =
8,031) en zone côtière (Cf. tableau 6).
Tableau 6: Age moyen (en années)
des producteurs suivant le genre.
|
Zone côtière
|
Zone de bas-fonds
|
Hommes
|
42
(ó = 8,480)
|
47
(ó =13,756)
|
Femmes
|
44
(ó = 7,198)
|
37
(ó = 5,178)
|
Total
|
42
(ó = 8,031)
|
44
(ó = 12,452)
|
Source : Enquête
socioéconomique Juillet-Août 2008 ; ( ) :
Ecarts-types
5.1.5. Taille des unités de
production
Le taux de dépendance est le rapport entre le nombre
d'inactifs sur le nombre d'actifs. Plus le taux de dépendance est
élevé, plus la charge qui pèse sur les actifs est
importante. Ceci affecte le revenu par tête au niveau de l'unité
de production.
Dans la zone d'étude, le nombre moyen d'inactifs est de
2 personnes (ó = 1,548 personnes) pour 3 actifs (ó = 2,322
personnes). Un actif devra théoriquement nourrir 0,67 personne, soit un
taux de dépendance de 67% (Cf. tableau 7). Ce taux de dépendance
relativement élevé observé pour l'ensemble de la zone, est
l'une des causes de la pauvreté. Par conséquent, les revenus de
ces ménages subissent une forte pression à cause du nombre
élevé de bouches à nourrir.
Par ailleurs, le taux de dépendance est plus
élevé chez les producteurs qui utilisent les biopesticides que
chez ceux qui utilisent les pesticides chimiques. Ce qui voudrait dire que les
utilisateurs de biopesticides sont plus pauvres que les utilisateurs de
pesticides chimiques.
Tableau 7 : Taux de dépendance au
sein des ménages des producteurs
|
Nombre d'inactifs
|
Nombre d'actifs
|
Taux de dépendance %
|
Zone côtière
|
1,94
(ó = 1,455)
|
2,38
(ó = 1,985)
|
81
|
Zone de bas-fonds
|
1,52
(ó = 1,692)
|
2,95
(ó = 2,801)
|
51
|
Ensemble zone
|
2
(ó = 1,548)
|
3
(ó = 2,322)
|
67
|
Utilisateurs de biopesticides
|
1,67
(ó = 1,303)
|
2,25
(ó = 1,603)
|
74
|
Utilisateurs de pesticides chimiques
|
1,92
(ó = 1,634)
|
2,95
(ó = 2,525)
|
65
|
Source : Enquête
socioéconomique Juillet-Août 2008 ; ( ) : Ecarts-type
5.1.6. Religions des producteurs
Dans l'ensemble de la zone d'étude, les producteurs
enquêtés sont majoritairement chrétiens (83%). (9%) sont
animistes et (4%) sont islamistes. 4% des producteurs enquêtés
sont athés, c'est-à-dire qu'ils ne pratiquent aucune religion
(Cf. tableau 8)
Tableau 8: Religions pratiquées par
les producteurs
Religions
|
Pourcentages (%)
|
Christianisme
|
83
|
Islam
|
4
|
Animisme
|
9
|
Aucun
|
4
|
Total
|
100
|
Source : Enquête
socioéconomique Juillet-Août 2008
5.2. Caractéristiques
socioéconomiques
Les caractéristiques socioéconomiques des
unités de production choisies dans le cadre de cette étude
concernent l'instruction, la situation matrimoniale, les activités
menées au sein des ménages, le degré d'encadrement,
l'appartenance à un groupement ou association et l'accès au
crédit.
5.2.1. Niveau d'instruction des producteurs de
tomate
Le niveau d'éducation est un facteur important dans
l'adoption des biopesticides. Dans la zone de bas-fonds, la proportion des
producteurs n'ayant jamais reçu une éducation est de 52% tandis
qu'elle est de 9% en zone côtière.
Cet écart important du niveau d'instruction entre ces
deux zones peut s'expliquer par le fait que les producteurs de la zone
côtière viennent des milieux urbains. En effet, au Bénin le
taux de scolarisation est plus élevé en zones urbaines qu'en zone
rurales. Le Taux de Scolarisation Brut en 2002 a été de 60% en
milieu urbain et de 46,3% en milieu rural (BenInfo, 2003).
Par ailleurs, il apparaît que les producteurs qui
utilisent les pesticides chimiques ont un niveau d'instruction plus
élevé que les producteurs qui utilisent les biopesticides. Cette
situation pourrait s'expliquer par le fait que la majorité des
producteurs qui utilisent les pesticides chimiques proviennent des milieux
urbains.
Le tableau 9 présente le niveau d'instruction par zone
de production et selon les méthodes de lutte utilisées.
Tableau 9 : Niveau d'instruction des
producteurs
Niveau d'instruction
|
Zone côtière
(%)
|
Zone de bas-fonds(%)
|
(X2 2df)
|
P
|
Utilisateurs de biopesticides (%)
|
Utilisateurs de pesticides chimiques (%)
|
(X2 2df)
|
P
|
Aucun
|
9
|
52
|
14,97
|
< 0,02
|
4
|
20
|
4,47
|
ns
|
Primaire
|
50
|
48
|
18
|
30
|
Secondaire
|
32
|
0
|
2
|
20
|
Supérieur
|
9
|
0
|
0
|
6
|
Source : Enquête
socioéconomique Juillet-Août 2008
5.2.2. Activités menées par les
producteurs de tomate
Le maraîchage demeure la principale activité de
la majorité des enquêtés (98%). Les activités
secondaires peuvent être regroupées en deux
catégories : les activités para-agricoles telles que la
transformation des produits agricoles et les activités non agricoles
telles que le commerce, la pêche, l'artisanat.
La figure 1 montre les différentes activités
secondaires menées par les producteurs.
Figure 1 : Activités secondaires
menées par les producteurs de tomate
Source : Enquête
socioéconomique Juillet-Août 2008
5.2.3. Expérience dans la production de
tomate
L'expérience dans la production de la tomate est
importante dans cette étude en ce sens qu'elle pourrait servir de
critères pour justifier les différences de production
observées au sein des différentes catégories de
producteurs. Pour l'ensemble de la zone, l'expérience moyenne des
producteurs de tomate est de 12,56ans (#177;9,78ans). Dans la zone
côtière, elle est de 9,24ans (#177;6,24ans) contre 18ans
(#177;12,03ans) en zone de bas-fonds.
Les producteurs qui utilisent les biopesticides ont une
expérience moyenne de 9,83ans (#177;5,18ans) tandis que ceux qui
utilisent les pesticides chimiques ont une expérience moyenne plus
élevée. Elle est de 14,18ans (#177;11,02ans) (Cf. tableau10).
Selon Singbo et al (2004), les producteurs qui ont une longue
expérience dans la pratique des cultures maraîchères
utilisent fortement les produits phytosanitaires chimiques pour lutter contre
les ravageurs. En effet, ces producteurs auraient déjà confiance
en l'efficacité des pesticides chimiques.
Tableau 10 : Expérience en
années des producteurs
Zones agroécologiques
|
Expérience dans la production de tomate
(en années)
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
(X2 2df)
|
P
|
Zone côtière
|
2
|
25
|
9,24
|
21,01
|
ns
|
Zone de bas-fonds
|
3
|
45
|
18
|
Ensemble de la zone
Utilisateurs de
Biopesticides
Utilisateurs de pesticides chimiques
|
2
2
2
|
45
22
45
|
12,56
9,83
14,18
|
12,85
|
ns
|
Source : Enquête
socioéconomique Juillet-Août 2008
5.2.4. Organisation des maraîchers
Contrairement aux maraîchers des zones
côtières, les maraîchers des zones de bas-fonds pour qui la
production de légumes reste généralement une
activité de contre saison, sont rarement constitués en
groupements. On compte seulement quelques groupements, en l'occurrence des
groupements de femmes maraîchères. En zones côtières,
les groupements de maraîchers sont plus nombreux (Cf. tableau 11) Ces
groupements ont généralement pour rôle, la recherche de
crédits agricoles pour les maraîchers, et parfois
l'approvisionnement en intrants agricoles (semences, fertilisants organiques
etc.). La plupart de ces groupements ont été créés
sous l'incitation des CeRPA, afin de faciliter aux maraîchers,
l'accès au crédit agricole. En dehors des groupements de
maraîchers à la base, il existe des regroupements
faîtières, à l'image de l'ULMAGA : l'Union des
maraîchers du littoral Grand-Popo-Agoué.
Cependant, il est important de mentionner que malgré
l'existence de ces regroupements de maraîchers, le secteur
maraîcher est très peu organisé car la plupart des
regroupements de maraîchers ne sont pas fonctionnels.
Tableau 11: Situation du regroupement en
association ou groupement
Regroupement en association
|
Zone côtière (%)
|
Zone de bas-fonds (%)
|
Total (%)
|
Appartiennent à une association
|
82
|
18
|
100
|
N'appartiennent pas à une association
|
29
|
71
|
100
|
Source: Enquête socioéconomique
Juillet-Août 2008
5.3. Généralités sur la
production dans la zone d'étude
5.3.1. Facteurs de production
5.3.1.1. Terre
La terre constitue un facteur très important en
production agricole et dans le maraîchage. Elle constitue le premier
facteur de production dans les exploitations agricoles. Mais son accès
est confronté à des contraintes variant suivant les zones
agroécologiques. Au Sud-Bénin, les deux modes d'acquisition de la
terre sont le mode de faire-valoir direct et le mode de faire-valoir indirect.
Le mode de faire-valoir direct regroupe l'héritage, le don et l'achat.
Le mode de faire-valoir indirect regroupe l'emprunt, la location, le gage et le
métayage. Les modes d'accès à la terre prédominants
dans l'ensemble de la zone d'étude sont la location (59%) et l'achat
(24%). La figure 2 montre les différents modes d'acquisition de la terre
par les producteurs de tomate au Sud du Bénin.
Figure 2 : Mode d'acquisition de la terre
par les producteurs de tomate au Sud-Bénin
Source : Enquête socioéconomique Juillet-Août
2008
Les superficies exploitées sont très variables
d'une zone à une autre. Selon les données relatives à
notre échantillon (Cf. tableau12), les superficies emblavées en
tomate sont plus grandes en zones côtières avec une moyenne
d'environ 0,4 ha. La zone de bas-fonds présente une superficie moyenne
de 0,25 ha.
Tableau 12:
Superficies emblavées en tomate suivant les zones
agroécologiques
Zones
|
Minimum (en ha)
|
Moyenne (en ha)
|
Maximum (en ha)
|
(X2 2df)
|
P
|
Bas-fonds
|
0,020
|
0,250
|
0,400
|
38,51
|
< 0,08
|
Zone côtière
|
0,020
|
0,380
|
1,120
|
|
|
Source : Enquête
socioéconomique Juillet-Août 2008
5.3.1.2. La main d'oeuvre
La main d'oeuvre familiale et salariée sont les
principaux types de main d'oeuvre utilisés par les producteurs.
La Main d'oeuvre familiale est principalement utilisée
par les femmes.
Quant à la main d'oeuvre salariée, elle est la
plus utilisée au sein de toutes les exploitations, malgré les
différentes contraintes. Elle comprend la main-d'oeuvre salariée
permanente et la main d'oeuvre salariée occasionnelle. Les ouvriers
occasionnels se chargent le plus souvent du défrichement des terres, de
la confection des planches, du semis, du repiquage et de la récolte et
quelques rares fois de l'arrosage. Cette dernière activité ainsi
que la fertilisation et les traitements phytosanitaires sont effectués
par les ouvriers permanents. Ces ouvriers sont payés par mois à
raison de 15000 à 20000Fcfa en moyenne. La contrainte majeure est la
disponibilité des ouvriers (cités par 75% des
enquêtés). La main d'oeuvre salariée se fait
généralement rare en périodes de saisons pluvieuses qui
constituent des périodes de pointe pendant laquelle chaque producteur
s'occupe de sa propre parcelle.
Le tableau 13 présente les coûts de quelques
opérations culturales.
Tableau 13: Coûts des
différentes opérations culturales par zone de production
Opérations culturales
|
Zone côtière
|
Zone de bas-fonds
|
Labour
|
-
|
4000F/ kanti
|
Confection de planches
|
250F/planche
|
-
|
Semis
|
600F/boîte
|
-
|
Repiquage
|
150F/planche
|
-
|
Désherbage/sarclage
|
75F/planche
|
1500F/kanti
|
Récolte
|
-
|
500F/panier
|
Source : Enquête
socioéconomique Juillet-Août 2008
NB : 1 kanti= 300m2
5.3.1.3. Equipements de production
La production maraîchère au Sud-Bénin
utilise le petit outillage manuel. (houe, coupe-coupe). Les exploitations des
zones côtières utilisent un petit outillage
spécialisé comprenant entre autres : les binettes, les
râteaux, les arrosoirs. Au-delà de ce premier pallier
d'équipements des exploitations, les maraîchers utilisent en zone
côtière, des équipements d'irrigation et de traitement
phytosanitaire assez performants. Ces équipements ont pour vocation de
rendre plus efficients l'arrosage des cultures et la pulvérisation des
produits phytosanitaires. Deux principaux équipements sont
utilisés pour l'irrigation des cultures, en dehors des arrosoirs
manuels. Il s'agit des motopompes à essence (moteur thermique) et des
motopompes électriques. La photo 2, montre un dispositif d'irrigation
comportant un moteur électrique, tandis que la photo 3, présente
un dispositif à moteur thermique.
Photo 2: Moteur
électrique Photo 3 : Moteur thermique
Cliché : PADONOU, 2008
Cliché : PADONOU, 2008
Par contre, en zones de bas-fonds, les producteurs de tomate
disposent pour tout équipement, du petit outillage manuel utilisé
sur les exploitations agricoles traditionnelles (houe et coupe-coupe).
5.3.2. Techniques de cultures
5.3.2.1. Modes de préparation de la
terre
Diverses pratiques sont utilisées par les
maraîchers pour la préparation du sol. En zones de bas-fonds, les
maraîchers ont recours au labour à plat. Par contre, en zone
côtière, les cultures sont installées sur des planches. La
dimension des planches est très variable d'une localité à
une autre. Le tableau 14, présente les différents modes de
préparation du sol suivant les zones de production, et la superficie des
planches selon les zones de production.
Tableau 14: Modes de
préparation du sol et superficie des planches
Zones de production
|
Mode de préparation du sol
|
Superficies des planches (m²)
|
Zones de bas-fonds
|
Labour à plat
|
-
|
Zones côtières
|
Planches
|
9,6 à 45
|
Source: Enquête socioéconomique
Juillet-Août 2008
5.3.2.2. Irrigation des cultures
L'irrigation représente un facteur important
d'intensification de la production maraîchère. Diverses
méthodes sont utilisées sur les exploitations
maraîchères pour l'arrosage des cultures. Cette diversité
est liée à la nature du sol, la source d'alimentation en eau et
le pouvoir d'achat des exploitants. Ces méthodes impliquent des niveaux
d'équipement de plus en plus grands. On distingue suivant le niveau
d'intensification, quatre méthodes :
- L'utilisation de bassine + boîte : cette
méthode est utilisée dans les zones de bas-fonds, où les
arrosages sont peu fréquents. Ce sont des systèmes de productions
extensifs.
- L'utilisation du complexe «motopompe + bassin +
arrosoir manuel» : Elle se retrouve dans les zones
côtières (Sèmé podji et Grand- Popo littoral).
- L'utilisation du complexe «motopompe + canal + raccord
flexible + forage» : cette méthode est également
utilisée par les producteurs de tomate de la zone côtière.
- L'utilisation du complexe « pompes
électriques + canal + raccord flexibles» : Elle se retrouve
également à Grand-Popo, en zones côtières.
L'arrosage des planches de tomate commence depuis la
pépinière jusqu'à la maturation des fruits. Il se fait
durant 2 à 3heures par jour. La photo 4 montre un ouvrier qui arrose des
planches en utilisant le complexe «motopompe + canal + raccord
flexible».
Photo 4: Arrosage de planches
Photo 5 : Raccords flexibles
Cliché : PADONOU, 2008
Cliché : PADONOU, 2008
5.3.2.3. Gestion de la fertilité du sol
En zone de bas-fonds, aucune culture n'est fumée. La
production de tomate comme tout autre culture est pratiquée en
période de décrue afin que le sol puisse bénéficier
des limons et éléments nutritifs qu'auraient apporté les
cours d'eau.
Contrairement à la production maraîchère
en bas-fonds, qui se réalise à travers des systèmes
très extensifs et sur des sols assez fertiles, les systèmes
culturaux des zones côtières utilisent diverses méthodes
pour la fertilisation du sol. En effet, les sols dans ces zones sont
très pauvres en éléments minéraux et ne peuvent
couvrir les besoins des cultures. Cette situation rend incontournable le
recours aux apports extérieurs d'éléments nutritifs.
Ainsi, les maraîchers de ces zones combinent dans les systèmes de
culture, la fertilisation minérale et la fertilisation organique.
L'épandage d'engrais se fait soit : à la volée sur des
planches ; au pied des plants à une certaine distance du collet des
plants ; en ligne dans le sillon creusé à proximité de la
rangée des plants ou soit mélangé à l'eau
d'arrosage.
- La fertilisation minérale
L'utilisation des engrais minéraux est une pratique
très répandue dans les systèmes culturaux. Les engrais
minéraux fréquemment utilisés sur les planches de tomate,
sont: NPK (14 -23 -14), urée (46 %) et très rarement la potasse
(K2SO4).
- La fertilisation organique
Divers produits organiques sont utilisés pour la
fertilisation des sols. Il s'agit essentiellement de la bouse de vache et des
fientes de volailles. Ces engrais sont épandus sur les planches avant le
repiquage de la tomate à raison d'un sac de 50kg par planche.
La photo 6 montre un tas de bouse de vache prêt à
l'emploi
Photo 6 : Bouse de
vache
Cliché :
PADONOU, 2008
5.3.2.4. Protection phytosanitaire des cultures
La forte pression parasitaire est la contrainte majeure
rencontrée par tous les maraîchers et maraîchères des
sites. Le Sud-Bénin bénéficie d'un climat
subéquatorial qui favorise la prolifération des ravageurs.
Ainsi, le recours à des techniques de protection phytosanitaire reste un
impératif pour les maraîchers. Différentes méthodes
sont utilisées pour la protection des cultures contre les maladies et
ravageurs. Certains maraîchers utilisent exclusivement les biopesticides
à base d'extraits botaniques ; d'autres utilisent exclusivement les
pesticides chimiques de synthèse et enfin ceux qui n'utilisent aucun
pesticide. (Cf. tableau 15).
Tableau 15 : Catégorisation de la
proportion des producteurs de tomate selon les méthodes de
lutte.
Catégories de producteurs
|
Hommes (%)
|
Femmes (%)
|
Ensemble de la zone d'étude (%)
|
Utilisateurs d'extraits aqueux de neem
|
9
(5)
|
13
(7)
|
22
(12)
|
Utilisateurs de pesticides chimiques
|
54
(30)
|
15
(8)
|
69
(38)
|
N'utilisent rien
|
5
(3)
|
4
(2)
|
9
(5)
|
Total
|
31
(38)
|
69
(17)
|
100
(55)
|
Source: Enquête socioéconomique
Juillet-Août 2008 ; ( ) = effectif absolu
La lutte chimique est la plus utilisée des
méthodes de lutte. Environ 70 % de l'échantillon utilisent les
pesticides chimiques. Il s'agit aussi bien des pesticides chimiques
recommandés que non recommandés. En effet, les pesticides
chimiques utilisés sur les exploitations sont, pour la plupart,
destinés à la production cotonnière. Ils constituent donc
de véritables facteurs à risque pour les consommateurs. La photo
7 montre deux des pesticides chimiques utilisés par les producteurs de
tomate (Cypercal et Topsin-m).
Photo7 : Pesticides chimiques
Cypercal et Topsin-M
Cliché : PADONOU, 2008
Les pesticides présentant moins de risques, et
cependant moins utilisés par les maraîchers, sont les
biopesticides.
Ceci se justifie par le fait que les biopesticides sont peu
connus et la préparation des extraits aqueux botaniques est souvent
jugé très harassante. Environ 22 % des enquêtés
utilisent ces méthodes. 10% n'utilisent aucun pesticide sur les champs
de tomate.
Toutefois la proportion de femmes qui utilise les extraits
botaniques est supérieure à celle des hommes (13% contre 9%). Cet
état de chose pourrait s'expliquer par le fait que les travaux
liés à la préparation des extraits des plantes sont
perçus comme des activités réservées aux femmes,
selon les coutumes africaines. En effet, dans la zone côtière du
Sud-Bénin, les hommes se voient mal en train de passer de rue en rue et
sous les arbres de neem, pour ramasser les graines et feuilles, et de les
piler. Ils considèrent ce type de travail mieux adapté aux
femmes. Les hommes préfèrent alors utiliser les pesticides
chimiques de synthèse (74%). Ces résultats confirment ceux de
Adétonah (2005) qui a montré que les femmes utilisent plus les
extraits aqueux botaniques que les hommes et ceux de Vodouhè (2007) qui
a montré que les hommes préfèrent laisser l'utilisation
des extraits botaniques au profit des pesticides chimiques et microorganiques
à cause des facteurs socio-culturels.
Ces analyses montrent que la lutte chimique est nettement plus
utilisée pour la production de tomate au Sud-Bénin.
5.3.3. Commercialisation des tomates
Le producteur ou sa femme est chargé du regroupement du
produit sur le jardin ou sur le premier marché de collecte. Les
grossistes interviennent déjà à ce stade et conditionnent
la marchandise en paniers de 15, 25, et 35 Kg qui sont acheminés sur les
marchés de consommation. La photo 8 montre quelques paniers de tomate
prêts pour la vente.
Le prix du panier de tomate varie en fonction de la
période de production. La coexistence de deux systèmes de
production, implique une régulière évolution des zones
d'abondance dans la sous-région. Les tomates de contre saisons (Niger,
Nord Nigeria, Nord Cameroun) sont sur le marché de Novembre à
Mai, alors que les tomates pluviales (sud Bénin, sud Nigeria, centre
Cameroun) sont disponibles de Juin à Octobre. Au Bénin, quelques
tomates produites dans le Sud sont mises sur le marché en
Février-Mars. Il s'agit des cultures de décrues. Ces
particularités agroécologiques se retrouvent dans
l'évolution des prix des tomates et des oignons (David, 1995).
La production saisonnière est abondante pendant une
courte période de récolte (trois mois). La demande étant
nettement inférieure à l'offre pendant cette période (le
prix de vente du panier de tomate va parfois en dessous de 500FCFA), on assiste
à une saturation du marché. Le panier de tomate de 25 kg
coûte entre 300 et 500FCFA. Il en découle une perte de production
d'environ 40% chaque année. Cette courte phase d'abondance est suivie
d'une longue période de pénurie. La même quantité de
tomate coûte jusqu'à 15.000 voire 18.000 FCFA.
(http://www.runetwork)
La figure 3 montre l'évolution du prix de la tomate en
2007 au niveau de deux marchés (Azowlissè et Comè)
situés dans la zone d'étude.
Photo 8: Paniers de tomate (25kg) prêts
pour la vente.
Cliché : PADONOU, 2008
Figure 3 : Evolution du prix de la tomate
à Comè et Azowlissè en 2007
Source: ONASA, LISA-SAR (2007)
5.4. Relations avec les structures
d'intervention
On distingue en ce qui concerne les interventions
auprès des maraîchers, l'encadrement technique et le crédit
agricole.
5.4.1. Encadrement technique
Diverses structures assurent l'encadrement des
maraîchers au Sud-Bénin. Au nombre de ces structures, figurent les
Centres Régionaux de Promotion Agricoles (CeRPA). Ces centres
représentent les principales structures chargées d'assurer
l'encadrement technique des exploitants agricoles au Bénin. Plus de 80 %
des maraîchers de l'échantillon ont affirmé être en
contact avec le CeRPA. Cependant lorsqu'on s'intéresse au degré
d'encadrement des maraîchers, on se rend compte qu'il varie
énormément entre maraîchers, et d'une zone à une
autre. Le degré d'encadrement des producteurs de tomate est
apprécié ici à travers la fréquence des visites des
agents du CeRPA sur les exploitations maraîchères. La figure 4
montre, par zone de production, la répartition des exploitations
maraîchères selon le degré d'encadrement.
Figure 4 : Degré
d'encadrement des producteurs de tomate en zones côtière et de
bas-fonds au Sud- bénin.
Source: Enquête
socioéconomique Juillet-Août 2008
De l'analyse de ce graphe, il ressort qu'en zones de
bas-fonds, l'encadrement des maraîchers est globalement faible. La
majorité des exploitants reçoit la visite des agents de
façon occasionnelle. On y note également une forte proportion
d'exploitations ne bénéficiant pas des services du CeRPA.
En zones côtières, le degré d'encadrement
des maraîchers est nettement meilleur par rapport aux exploitations des
zones de bas-fonds. Les exploitations reçoivent pour la plupart, la
visite des agents du CeRPA suivant une périodicité hebdomadaire.
En dehors du CeRPA, les structures telles que l'IITA, l'INRAB,
le SPV et plusieurs ONG (Oxfam Quebec, Ecosanté etc.), interviennent
dans l'encadrement technique des maraîchers au Sud-Bénin.
5.4.2. Accès au crédit agricole
L'accès au crédit agricole est un
problème crucial en production maraîchère au
Sud-Bénin. Le degré d'accès au crédit est
très variable suivant les zones de production (Cf. figure 5). Les
résultats de nos enquêtes indiquent qu'en zones
côtières, les maraîchers ont relativement plus accès
au crédit agricole que dans les zones de bas-fonds (87% en zone
côtière contre 13% en zone de bas-fonds). Par ailleurs, les
utilisateurs de pesticides chimiques ont plus accès au crédit que
les utilisateurs de biopesticides (Cf. figure 6)
Quatre principaux facteurs ont été
identifiés par les maraîchers comme étant les plus
contraignants en matière d'accès au crédit agricole. Il
s'agit :
- du taux d'intérêt souvent jugé
exorbitant ;
- l'exigence d'une garantie qui constitue très souvent
un facteur d'exclusion des plus démunis ;
- des conditions de remboursement des crédits qui ne
sont pas trop souvent adaptées au contexte de la production de
tomate ;
- et enfin du montant des crédits que certains
maraîchers jugent assez faibles pour couvrir les besoins
d'investissements.
Figure 5 : Accès au crédit
des producteurs Figure 6: Accès
au crédit des producteurs selon
de tomate au Sud-Bénin
les méthodes de lutte utilisées
Source: Enquête socioéconomique
Juillet-Août 2008
5.5. Conclusion partielle
Le mode d'accès à la terre prédominant
est la location et la main d'oeuvre salariée est la plus utilisée
au sein de toutes les exploitations. La lutte chimique est la plus
utilisée car les biopesticides sont peu connus et la préparation
des extraits aqueux botaniques est souvent jugé très harassante.
Le secteur maraîcher est très peu organisé car la plupart
des regroupements de maraîchers ne sont pas fonctionnels. Le degré
d'encadrement des producteurs est relativement faible. En zones
côtières, les maraîchers ont relativement plus accès
au crédit agricole que dans les zones de bas-fonds et les utilisateurs
de pesticides chimiques ont plus accès au crédit que les
utilisateurs de biopesticides.
Les producteurs de tomate du Sud-Bénin sont des
autochtones. Ils sont surtout chrétiens et relativement
expérimentés dans la production de tomate (la moyenne est de
douze années).Une prédominance des chefs d'exploitations hommes
par rapport aux chefs d'exploitation femmes est observée sur l'ensemble
des producteurs enquêtés. Dans la zone d'étude, le nombre
moyen d'inactifs est de 2 personnes pour 3 actifs. Par ailleurs, le taux de
dépendance est plus élevé chez les producteurs qui
utilisent les biopesticides que chez ceux qui utilisent les pesticides
chimiques.
CHAPITRE 6. DESCRIPTION DES SYSTEMES DE PRODUCTION DE LA ZONE
D'ETUDE
Les critères de différenciation décrits
par Tiamiyou (1995), Mbaye et Renson (1997), PADSA (2001) et Assogba
(2007) ont permis d'identifier quatre systèmes de
production de la tomate dans la zone d'étude :
Ø Système de culture irrigué + pesticides
chimiques ;
Ø Système de culture irrigué +
biopesticides ;
Ø Système de décrue + pesticides
chimiques ;
Ø Système de décrue + biopesticides.
Le tableau 16 résume les caractéristiques des
différents systèmes de production identifiés.
Les producteurs qui n'appliquent aucun traitement
phytosanitaire n'ont pas été pris en compte dans
l'établissement de ces systèmes de production. Ils sont au nombre
de cinq (5). L'échantillon devient alors N= 50.
6.1. Système de culture irrigué +
pesticides chimiques
Il se pratique en zones côtières
(Sèmè-poji et Grand-popo littoral). Ce système de
production se caractérise par l'utilisation des pesticides chimiques
pour la protection des cultures. L'irrigation est la méthode d'arrosage
la plus utilisée par les producteurs.
L'équipement utilisé pour l'arrosage des
cultures dans ces systèmes est moderne. Il est composé de
motopompe thermique ou motopompe électrique + forage ou bassin +
raccords flexibles. Les traitements phytosanitaires se font à l'aide de
pulvérisateurs. Les producteurs appartenant à ce système
de production jouissent d'un bon encadrement de la part du CeRPA, des ONGs et
de divers projets (visites mensuelles ou hebdomadaires des agents
chargées du suivi des producteurs, formations techniques etc.), et des
services des structures de crédit. Le mode de faire-valoir dominant dans
ce système est la location. Les superficies emblavées sont en
moyenne de 0,4ha. Les producteurs de ce système sont pour la plupart de
sexe masculin et utilisent intensément la force de travail humaine (10
Equivalents-homme par hectare). Cela est lié au caractère
intensif de la production. Les légumes exotiques aussi bien que les
légumes locaux y sont produits.
6.2. Système de culture irrigué +
biopesticides.
Les producteurs appartenant à ce système de
production emblavent moins de superficie, engagent de ce fait moins de
main-d'oeuvre, ont un accès au crédit et un degré
d'encadrement plus faible que les producteurs du système de production
décrit précédemment. La protection des cultures de tomate
se fait à l'aide des extraits aqueux de neem.
6.3. Système de décrue + pesticides
chimiques
Ce système de cultures se pratique en zone de bas-fonds
pendant la période de décrue.
La tomate ainsi que les autres légumes locaux sont
produits de façon saisonnière. Il n'y a pas de cultures de
légumes exotiques. Les modes de faire-valoir sont directs (achat et
héritage).Les exploitations de ce système exploitent moins de
main-d'oeuvre (4 Equivalents-homme par hectare). Cela est lié au
caractère extensif de la production au niveau des exploitations des
zones de bas-fonds où la main-d'oeuvre se réduit essentiellement
à la main d'oeuvre familiale.
Ces exploitations présentent un niveau
d'équipement faible. Les équipements de production se
réduisent au petit outillage, concomitamment utilisé pour la
production céréalière pendant la saison des pluies. Les
cultures ne sont pas arrosées. Les traitements phytosanitaires se font
à l'aide de bassines associées à des spaths de maïs.
Il apparaît clairement que le niveau d'investissement en capital est
très faible au niveau de ces exploitations.
En ce qui concerne les méthodes de lutte contre les
ravageurs des cultures, les producteurs des zones de bas-fonds utilisent
intensément les pesticides chimiques non recommandés en
l'occurrence les pesticides destinés aux ravageurs du coton.
Les producteurs appartenant à ce système
d'exploitation bénéficient d'un faible encadrement (visites
occasionnelles des agents chargés du suivi des producteurs, aucune
formation technique etc.) et accèdent difficilement au crédit
agricole.
Les superficies exploitées y sont réduites.
6.4. Système de décrue +
biopesticides
Les caractéristiques de ce système sont
identiques à celles décrites dans le système de culture de
décrue + pesticides chimiques, sauf que les producteurs de ce
système de production emblavent moins de superficie, engagent de ce fait
moins de main-d'oeuvre, ont un accès au crédit et un degré
d'encadrement plus faible. L'utilisation des extraits aqueux de neem remplace
l'utilisation des pesticides chimiques.
Tableau 16: Caractéristiques des
différents systèmes de production de la tomate au
Sud-Bénin.
Critères
|
Système de culture irrigué
+
pesticides chimiques
N= 26
|
Système de culture irrigué
+
Biopesticides
N=8
|
Système de décrue
+
pesticides chimiques
N=12
|
Système de décrue
+
biopesticides
N= 4
|
Superficie moyenne exploitée
|
0,4ha
|
0,3ha
|
0,3ha
|
0,2ha
|
Site écologique
|
Sable
|
Sable
|
Bas-fonds
|
Bas-fonds
|
Mode de faire-valoir
|
Location
|
Location
|
Achat et héritage
|
Achat et héritage
|
Main-d'oeuvre
|
10Equivalents-homme par hectare
|
7 Equivalents-homme par hectare
|
4 Equivalents-homme par hectare
|
3 Equivalents-homme par hectare
|
Niveau d'équipement
|
Elevé
|
Moyen
|
Moyen
|
Faible
|
Degré d'encadrement
|
Elevé
|
Elevé
|
Faible
|
Faible
|
Accès au crédit
|
Elevé
|
Moyen
|
Moyen
|
Faible
|
Types de légumes cultivés
|
Légumes locaux et
Exotiques
|
Légumes locaux et
exotiques
|
Légumes locaux
|
Légumes locaux
|
Méthode de protection des cultures.
|
Pesticides chimiques
|
Biopesticides
|
Pesticides chimiques
|
Biopesticides
|
Localisation
|
Grand Popo et Sèmè-podji en zones
côtières
|
Grand Popo et Sèmè-podji en zones
côtières
|
Vallée de l'Ouémé et Grand Popo (zone
rurale)
|
Vallée de l'Ouémé et Grand Popo (zone
rurale)
|
N : Effectif
6.5. Conclusion partielle
Les systèmes de production identifiés pour la
production de la tomate au Sud-Bénin sont les systèmes de culture
irrigués avec pesticides chimiques d'une part et avec biopesticides
d'autre part qui se rencontrent au niveau de la zone côtière et
les systèmes de culture de décrue avec pesticides chimiques d'une
part et avec biopesticides d'autre part qui se rencontrent dans les zones de
bas-fonds.
Les systèmes de production identifiés se
discriminent par le type d'irrigation et le type de pesticides utilisé.
L'hypothèse 1est vérifiée.
CHAPITRE 7. COMPARAISON DES REVENUS DES PRODUCTEURS DE
TOMATE
Selon Nouhoheflin (2001), la diffusion d'une technologie
mérite d'être encouragée, si elle permet aux producteurs
d'avoir un gain supplémentaire de revenus.
Dans cette étude, la comparaison du revenu se fera
entre les utilisateurs de biopesticides et les utilisateurs de pesticides
chimiques de l'ensemble de la zone d'étude et des zones
agroécologiques avec une référence au genre.
Les revenus obtenus sont exprimés par unité de
superficie (ha) afin de ramener toutes les unités de production sur une
même base de comparaison.
7.1. Comparaison des revenus des producteurs
Ce paragraphe nous permettra de comparer les revenus des
producteurs qui utilisent les biopesticides aux revenus des producteurs qui
utilisent les pesticides chimiques.
7.1.1. Comparaison des revenus au niveau de
la zone d'étude
Le tableau 7.1.1 présente une analyse comparée
des revenus nets obtenus par les producteurs de tomate au niveau de l'ensemble
de la zone d'étude.
Tableau 7.1.1 : Analyse comparative des
revenus moyens par hectare des utilisateurs de biopesticides et des
utilisateurs de pesticides chimiques au niveau de la zone d'étude
Catégories de producteurs
|
Revenus nets (par ha)
|
|
Utilisateurs de pesticides chimiques
|
Utilisateurs de biopesticides
|
Différence de revenu
|
Tc
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Hommes
|
3.462.887
|
1379680,001
|
2.830.275
|
364946,936
|
632.612 (ns)
|
Tc = 1,007
Pr = 0,321
|
Femmes
|
2.829.300
|
818624,237
|
2.396.300
|
394762,209
|
433.000 (ns)
|
Tc = 1,281
Pr = 0,221
|
Ensemble zone
|
3.670.545
|
1317321,614
|
2.757.270
|
507987,762
|
913.275**
|
Tc = 2,334
Pr = 0,024
|
Source: Enquête socioéconomique
Juillet-Août 2008
(ns) = non significatif au seuil de 5% ; ** =
significatif au seuil de 5%
Tableau 7.1.1a : Détermination du
Taux de rentabilité interne au niveau de la zone d'étude
Catégories de producteurs
|
Utilisateurs de pesticides chimiques
|
Utilisateurs de biopesticides
|
Revenus nets
|
Coûts totaux
|
TRI
|
Revenus nets
|
Coûts totaux
|
TRI
|
Hommes
|
3.462.887
|
328433
|
10,54
|
2.830.275
|
307730
|
9,19
|
Femmes
|
2.829.300
|
288120
|
9,82
|
2.396.300
|
290330
|
8,25
|
Ensemble zone
|
3.670.545
|
341805
|
10,74
|
2.757.270
|
298480
|
9,23
|
Source: Enquête socioéconomique
Juillet-Août 2008
Les études de Adégbola et al., (2004)
portant sur la rentabilité financière des cultures
maraîchères à Grand-popo révèlent que les
petits producteurs du littoral utilisant les motopompes obtiennent des revenus
nets d'exploitation de l'ordre de 2.421.450 FCFA avec des coûts de
production de l'ordre de 715.334 FCFA pour une superficie emblavée de
0,05 ha en tomate. Ces résultats sont similaires à ceux obtenus
par la présente étude en production de tomate.
L'analyse des résultats de ces tableaux montre de
façon générale qu'au niveau de l'ensemble de la zone
d'étude les producteurs qui utilisent les biopesticides enregistrent des
pertes de revenus de l'ordre de 913.275 FCFA à l'hectare comparativement
aux utilisateurs de pesticides chimiques. Cette différence
observée au niveau des revenus est significative au seuil de 5%. Nous
concluons alors que les utilisateurs de biopesticides obtiennent des revenus
moins élevés que les utilisateurs de pesticides chimiques.
Au niveau des hommes, l'analyse des tableaux montre que les
hommes qui utilisent les pesticides chimiques obtiennent des revenus plus
élevés que ceux qui utilisent les biopesticides. Cependant, ces
différences de revenus observées ne sont pas significatives au
seuil de 5%. Ces mêmes constats ont été faits pour les
revenus des femmes.
L'utilisation des biopesticides a entraîné une
baisse de la marge bénéficiaire chez les femmes que chez les
hommes. Ces résultats sont confirmés par le calcul du Taux de
Rentabilité Interne pour chaque catégorie de producteurs. Ce taux
est de 10,74 pour la catégorie des producteurs qui utilisent les
pesticides chimiques et de 9,23 pour les producteurs qui utilisent les
biopesticides. La production de tomate au Sud-Bénin avec l'utilisation
de pesticides chimiques est donc plus rentable que la production de tomate avec
biopesticides.
Au niveau des hommes et des femmes, ce même
résultat est obtenu. Mais les hommes ont des revenus nets plus
élevés que les femmes.
Au niveau de l'ensemble de la zone
d'étude, les différences de revenus observées entre les
utilisateurs de biopesticides et les utilisateurs de pesticides chimiques
pourraient se justifier à plusieurs niveaux :
- Au niveau du rendement : les producteurs qui
utilisent les pesticides chimiques ont des rendements beaucoup plus
élevés que les utilisateurs de biopesticides.
Cet écart entre les rendements peut se justifier par
le fait que les niveaux d'intrants utilisés par les utilisateurs de
pesticides chimiques sont plus élevés que ceux des utilisateurs
de biopesticides. En effet, les utilisateurs de pesticides chimiques
pulvérisent leurs champs de tomate 2 à 3 fois plus que les
utilisateurs de biopesticides. Ces derniers ne respectent pas la
fréquence de pulvérisation et les doses recommandées pour
l'utilisation des extraits aqueux car ils affirment que l'extraction des
extraits aqueux est un travail très pénible. Les producteurs
n'arrivent donc pas à produire la quantité requise pour le
traitement de leurs champs. Aussi, le côté périssable des
extraits aqueux explique ce non respect des doses requises pour l'utilisation
des extraits aqueux.
Ce même constat a été fait par
Vodouhè (2007) qui a montré que la faible disponibilité
des espèces végétales, la pénibilité du
pilage des graines ou feuilles des plantes insecticides surtout le neem, est
une raison fondamentale de l'utilisation incorrecte des biopesticides par les
maraîchers. Ces principales contraintes sont aussi relevées par
les études de Adéoti, (2003), et de Idrissou (2002).
Le nombre d'années d'expérience dans la
production de la tomate est plus élevé chez les utilisateurs de
pesticides chimiques que les utilisateurs de biopesticides. Ce facteur pourrait
également expliquer les différences de rendement entre les deux
catégories de producteurs.
Les producteurs qui utilisent les pesticides chimiques
traitent de grandes superficies par rapport à ceux qui utilisent les
biopesticides. Ceci pourrait aussi expliquer la différence de revenu.
- Au niveau du prix de vente des produits : la
comparaison des prix, de la quantité de production et de la
rentabilité entre les systèmes agricoles conventionnel et
biologique, n'a pas pris en considération les impacts environnementaux
associés aux deux systèmes en question. Ainsi, les tomates
produites à l'aide des biopesticides sont vendues au même prix sur
le marché béninois car la plupart des clients ne font pas la
distinction entre les tomates traitées aux biopesticides et celles
produites avec les pesticides chimiques. Or, la rentabilité de
l'agriculture biologique est due essentiellement à la valeur
ajoutée que les producteurs reçoivent pour leurs productions.
Cette valeur ajoutée reflète les bénéfices que le
consommateur perçoit dans les pratiques agricoles biologiques (Khalil,
2008).
Tous ces facteurs défavorisent les producteurs qui
utilisent les biopesticides et leur entraînent des manques à
gagner.
- Le manque de formation et l'accès limité
au crédit : Les producteurs qui utilisent les biopesticides
reçoivent moins de formation que les producteurs qui utilisent les
pesticides chimiques. Ceci explique aussi l'écart de revenus
relevés entre les deux catégories de producteurs. L'accroissement
du nombre de producteurs de biopesticides formés permettra sans doute
une utilisation plus correcte des biopesticides et par conséquent un
accroissement de leurs marges bénéficiaires. À l'issue
d'une formation sur l'emploi de la lutte intégrée pour la
production légumière, dans des « Champs-écoles pour
agriculteurs » (FFS) au Ghana, les 74 participants, des agriculteurs, ont
cessé d'utiliser des pesticides chimiques, et ont vu leurs revenus
augmenter de 70 %. En outre, les agriculteurs ont été formels: la
qualité de leur récolte s'était améliorée,
et ils obtenaient des produits plus sains et se conservant mieux, plus
goûteux et contenant moins de résidus de pesticides (PAN-uk,
2003).
Par ailleurs, selon Nkamleu et Coulibaly (2000) et
Adétonah (2005), la vulgarisation a un effet positif sur l'utilisation
des extraits botaniques à base de neem et de papayer. Ceci explique la
différence de revenus entre les producteurs utilisateurs et non
utilisateurs de biopesticides.
Selon Vodouhè (2007), le niveau d'instruction, la
formation sur les biopesticides et l'accès au crédit (en nature
et en espèce) affectent positivement le choix des biopesticides. En
effet, l'accès au crédit permet aux utilisateurs non seulement de
pouvoir recruter de la main d'oeuvre pour la préparation des extraits
aqueux, mais aussi, de faire face aux dépenses qu'ils engendreraient,
telles que celles liées à l'achat de pulvérisateur, au
sarclage fréquent.
Par ailleurs, les résultats des enquêtes ont
montré que les utilisateurs de pesticides chimiques ont plus
accès au crédit que les utilisateurs de biopesticides. Ceci
explique alors les doses inadéquates d'extraits aqueux appliquées
par les producteurs et par conséquent les écarts de revenus
observés.
- Le niveau d'instruction : il participe
favorablement à l'utilisation des biopesticides, puisque leur mode de
préparation et d'emploi exige un certain niveau d'instruction. Il faut
savoir lire en français, puisque les différentes phases de
préparation de l'extrait aqueux de neem sont en français. Le
producteur instruit peut appliquer les itinéraires techniques du produit
et évaluer sa rentabilité. Dans la zone d'étude, les
utilisateurs de pesticides chimiques ont un niveau d'instruction plus
élevé que les utilisateurs de biopesticides. Cette situation
pourrait également expliquer les faibles niveaux de revenus
rencontrés par les producteurs qui utilisent les biopesticides. Une
amélioration du niveau d'éducation au niveau des producteurs de
cette catégorie permettrait une utilisation efficiente des
biopesticides et par conséquent une réduction substantielle des
risques provenant de l'utilisation des pesticides chimiques.
On peut alors conclure que l'utilisation des extraits aqueux
de neem n'a pas engendré un surplus de revenus au niveau des
producteurs de tomate.
7.1.2. Comparaison des revenus au niveau de la
zone côtière
Le tableau 7.1.2 montre les revenus nets obtenus par les
producteurs de tomate en zone côtière.
Tableau 7.1.2 : Analyse comparative des
revenus moyens par hectare des utilisateurs de biopesticides et des
utilisateurs de pesticides chimiques au niveau de la zone
côtière.
Catégories de producteurs
|
Revenus nets (par ha)
|
|
Utilisateurs de pesticides chimiques
|
Utilisateurs de biopesticides
|
Différence de revenu
|
Tc
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Hommes
|
3.566.311
|
669954,043
|
2.990.750
|
200818,326
|
575.561 (ns)
|
Tc = 1,187
Pr = 0,249
|
Femmes
|
2.827.713
|
707734,827
|
2.539.800
|
323730,884
|
287.913 (ns)
|
Tc = 0,897
Pr = 0,393
|
Ensemble zone
|
3.117.495
|
369525,127
|
2.598.665
|
344328,960
|
518.830**
|
Tc = 4,338
Pr = 0,000
|
Source: Enquête socioéconomique
Juillet-Août 2008
(ns) = non significatif au seuil de 5% ; ** = significatif
au seuil de 5%
Tableau 7.1.2a : Détermination du
Taux de Rentabilité Interne au niveau de la zone côtière
Catégories de producteurs
|
Utilisateurs de pesticides chimiques
|
Utilisateurs de biopesticides
|
Revenus nets
|
Coûts totaux
|
TRI
|
Revenus nets
|
Coûts totaux
|
TRI
|
Hommes
|
3.566.311
|
579869
|
6,15
|
2.990.750
|
571750
|
5,23
|
Femmes
|
2.827.713
|
529302
|
5,34
|
2.539.800
|
518250
|
4,9
|
Ensemble zone
|
3.117.495
|
498300
|
6,25
|
2.598.665
|
441430
|
5,88
|
Source: Enquête socioéconomique
Juillet-Août 2008
De l'analyse de ces tableaux, il ressort qu'en zone
côtière les utilisateurs de pesticides chimiques ont des revenus
plus élevés que ceux qui utilisent les biopesticides. Le test T
de student utilisé pour la comparaison de ces revenus montre que la
différence de revenus relevée entre ces deux catégories de
producteurs est significative au seuil de 5%. Ce qui permet de conclure que les
utilisateurs de pesticides chimiques obtiennent des revenus nettement plus
élevés que les producteurs qui utilisent les biopesticides en
zone côtière. La même tendance est observée au
niveau des hommes et des femmes, seulement que les différences de
revenus observées entre les utilisateurs de pesticides chimiques et les
utilisateurs de biopesticides ne sont pas significatives au seuil de 5%.
7.1.3. Analyse d'impact des biopesticides au
niveau de la zone de bas-fonds
Le tableau 7.1.3 montre les revenus nets obtenus par les
producteurs de tomate en zone de bas-fonds.
Tableau 7.1.3 : Analyse comparative des
revenus moyens par hectare des utilisateurs de biopesticides et des
utilisateurs de pesticides chimiques au niveau de la zone de bafonds
Catégories de producteurs
|
Revenus nets (par ha)
|
|
Utilisateurs de pesticides chimiques
|
Utilisateurs de biopesticides
|
Différence de revenu
|
Tc
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Hommes
|
4.410.422
|
1914784,553
|
4.116.305
|
396808,025
|
294.117 (ns)
|
Tc = 0,256
Pr = 0,803
|
Femmes
|
4.003.445
|
762533,766
|
3.714.240
|
-
|
289.205 (ns)
|
Tc = 0,328
Pr = 0,774
|
Ensemble zone
|
4.403.846
|
2010795,128
|
4.001.906
|
563565,327
|
401.940 (ns)
|
Tc = 0,386
Pr = 0,705
|
Source: Enquête socioéconomique
Juillet-Août 2008 ;
(ns) = non significatif au seuil de 5%
Catégories de producteurs
|
Utilisateurs de pesticides chimiques
|
Utilisateurs de biopesticides
|
Revenus nets
|
Coûts totaux
|
TRI
|
Revenus nets
|
Coûts totaux
|
TRI
|
Hommes
|
4.410.422
|
64320
|
68,57
|
4.116.305
|
63695
|
64,62
|
Femmes
|
4.003.445
|
60475
|
66,2
|
3.714.240
|
58400
|
63,6
|
Ensemble zone
|
4.403.846
|
62210
|
70,79
|
4.001.906
|
58125
|
68,85
|
Tableau 7.1.3a : Détermination du
Taux Interne de Rentabilité au niveau de la zone de bas-fonds
Source: Enquête socioéconomique
Juillet-Août 2008
En zone de bas-fonds, on constate que les producteurs
obtiennent des revenus nettement supérieurs par rapport aux producteurs
de la zone côtière quelque soit la méthode de lutte
utilisée. Aussi, les différences de marges observées entre
les utilisateurs de pesticides chimiques et de biopesticides sont
réduites comparativement à celles observées au niveau de
la zone côtière. Ces résultats sont confirmés par le
test T de Student qui a montré qu'il n'y a pas de différences
significatives entre les revenus des utilisateurs de pesticides chimiques et
des utilisateurs de biopesticides.
Au niveau des zones agroécologiques, les producteurs de
la zone de bas-fonds réalisent des profits plus élevés que
les producteurs de la zone côtière. Aussi, les écarts de
revenus entre les utilisateurs de biopesticides et ceux qui utilisent les
pesticides chimiques sont réduits. Les revenus nets élevés
obtenus par les producteurs de la zone de bas-fonds pourraient s'expliquer par
le niveau d'intensification de la production. En effet, les producteurs de la
zone de bas-fonds ne dépensent rien pour la fertilisation car cette zone
dispose de plusieurs avantages ; les terres y sont naturellement fertiles.
En effet, les limons et alluvions drainés par les affluents du fleuve
Ouémé en période de crue viennent s'accumuler dans la
vallée de l'Ouémé. Ces engrais organiques profitent aux
producteurs de la zone de bas-fonds en période de décrue pendant
laquelle les cultures sont mises en place. Selon les études
réalisées en 2008 dans le cadre du Projet de PROmotion de la
Gouvernance Environnementale Locale (PROGEL), la vallée de
l'Ouémé fait partie des zones humides appelées
communément les « reins » de la terre, car elles
possèdent des écosystèmes d'intérêt
stratégique à cause de leurs rôles écologiques,
économiques et parfois culturels. La vallée de
l'Ouémé est aussi classée site Ramsar1(*), témoignant de son
intérêt patrimonial planétaire. Les producteurs de cette
zone sont alors épargnés des dépenses liées
à la fertilisation des terres contrairement aux producteurs de la zone
côtière.
Ce niveau de revenu élevé observé au
niveau des producteurs de la zone de bas-fonds pourrait également
s'expliquer par le fait que l'agriculture y est pluviale alors qu'en zone
côtière les champs de tomate sont irrigués à l'aide
d'un système d'irrigation qui s'avère très onéreux.
Selon Singbo et Nouhoheflin (2004), la zone de la vallée supporte des
coûts de production plus faibles que celle des autres zones. Cela signale
la faible intensification du maraîchage dans la vallée. En effet,
pour chaque unité monétaire (Fcfa) investie dans la production
des légumes, le producteur obtient 5,71 Fcfa de bénéfice
additionnel pour la tomate (Singbo et Nouhoheflin Op.cit). Le
maraîchage donne donc un meilleur taux marginal de rentabilité
dans la vallée.
La faible différence de revenus relevée entre
les utilisateurs de biopesticides et les utilisateurs de pesticides chimiques
pourrait s'expliquer par le fait que les utilisateurs de biopesticides
respectent beaucoup plus la fréquence et les doses recommandées
pour l'utilisation des extraits aqueux de neem.
En effet, les zones de bas-fonds sont sujettes à une
forte pression parasitaire, liée en partie aux conditions climatiques.
Les producteurs se voient alors obliger de pulvériser leurs champs avec
une fréquence relativement élevée.
Ce qui permet de dire que le respect des itinéraires
techniques portant sur l'utilisation des extraits aqueux, permettra aux
producteurs d'avoir des revenus nets beaucoup plus élevés.
En dehors des contraintes énumérées
ci-dessus, cette différence de revenus observée au niveau des
hommes et des femmes pourrait s'expliquer par le fait que ce sont les femmes
et les enfants du chef d'exploitation qui préparent les extraits aqueux.
Les femmes sont fréquemment confrontées au problème de la
main d'oeuvre en raison de leurs ressources limitées. En effet, elles
doivent jouer plusieurs rôles à la fois. Les données
recueillies par l'IFPRI ( 1998) indiquent que les femmes africaines
accomplissent 90 % du travail de transformation des cultures vivrières
et des corvées d'eau et de bois de feu, assurent 80 % du stockage des
aliments et de leur transport depuis 1'exploitation agricole jusqu'au village,
effectuent 90 % des travaux de sarclage et de désherbage, et 60 % du
travail lié à la récolte et à la commercialisation.
Elles accusent alors un retard dans le traitement phytosanitaire des cultures.
Or, un retard dans les traitements phytosanitaires peut avoir des
répercussions considérables sur le rendement avec ses
conséquences sur le revenu.
Ces différences de revenus pourraient également
s'expliquer par le fait que les femmes sont désavantagées par
rapport aux hommes, du point de vue de l'accès aux actifs et ressources
de base nécessaires (terre, intrants agricoles...). Des études
portant sur les pays de l'Afrique subsaharienne ont montré que les
régions dans lesquelles prévalent ces inégalités
entre hommes et femmes ne réalisent pas pleinement leur potentiel de
croissance économique. En effet, ces différences fondées
sur le sexe influent sur l'offre, la répartition des ressources au sein
des ménages et, dans une large mesure, sur la productivité du
travail. Elles ont des incidences sur la flexibilité et le dynamisme des
économies de l'Afrique subsaharienne et freinent la croissance (
http://www.worldbank.org)
En conclusion, il faut retenir que l'utilisation des extraits
aqueux de neem ne génère pas un profit substantiel aux
producteurs. Ceci est lié au non respect des itinéraires
techniques du fait des contraintes liées à l'extraction des
extraits aqueux de plantes.
Cependant, ces pertes encourues par les utilisateurs de
biopesticides par rapport aux utilisateurs de pesticides chimiques sont
compensées par la qualité des légumes produits.
En effet, l'utilisation des extraits botaniques, même si
ces derniers nécessitent une force de travail importante et demandent
assez de temps pour la préparation, mettent d'une part les producteurs
à l'abri des risques liés à la mauvaise utilisation des
pesticides chimiques et leur permettent de réduire les coûts des
traitements phytosanitaires à base de pesticides chimiques et de
préserver par ailleurs leur santé et celle des consommateurs
d'autre part.
L'un des avantages liés à l'utilisation des
biopesticides est aussi la sauvegarde de l'environnement à travers la
préservation de la biodiversité. Les pauvres sont en
réalité fortement dépendants de leur environnement
physique, pour leurs besoins de base tels que la nourriture, l'eau,
l'énergie...La dégradation de cet environnement contribuera
à renforcer davantage la pauvreté au sein des producteurs.
Pour pallier à cette situation, la production
maraîchère doit être durable tant sur le plan
économique qu'écologique. La durabilité au sens
économique fait référence à la capacité de
l'exploitation à être rentable et à se reproduire au fil du
temps. La durabilité au sens écologique fait
référence à la préservation des ressources
naturelles de base utilisées par l'exploitation ou affectées par
les ressources agricoles (Robin, 2000 cité par Moustier et al.,
2004). Selon Nahal (1998), l'agriculture durable assure la conservation et
l'utilisation des ressources internes et externes aussi efficacement que
possible. Elle améliore l'environnement naturel, n'y procure aucune
nuisance et est économiquement viable en ce sens qu'elle assure des
revenus raisonnables relatifs aux investissements agricoles.
L'utilisation des extraits aqueux de neem sur les cultures de
tomate au Sud-Bénin rend durable les systèmes de production. Ces
mêmes résultats ont été trouvés par Khalil
(2008) au Liban qui dans son étude portant sur la contribution de
l'agriculture biologique au développement durable des pays du Sud, a
conclu que l'agriculture biologique est un outil adéquat de
développement durable pour les pays en développement car, elle
assure aux producteurs des meilleures conditions socio-économiques et
améliore leur performance environnementale.
7.2. Conclusion partielle
L'élaboration du budget cultural et le calcul du Taux
Interne de Rentabilité ont permis de comparer les revenus des
producteurs qui utilisent les biopesticides aux revenus de ceux qui utilisent
les pesticides chimiques en production de tomate au Sud-Bénin.
Au niveau de l'ensemble de la zone d'étude les
producteurs de biopesticides enregistrent des pertes de l'ordre de 913.275 FCFA
à l'hectare comparativement aux utilisateurs de pesticides chimiques.
Ces résultats s'expliquent généralement par l'utilisation
incorrecte des biopesticides due aux contraintes liées à
l'extraction des extraits aqueux de neem. Les tomates produites à l'aide
des biopesticides sont vendues au même prix sur le marché
béninois car la plupart des clients ne font pas la distinction entre les
tomates traitées aux biopesticides et celles produites avec des
pesticides chimiques ; le manque de formation, l'accès
limité au crédit et le niveau d'instruction faible des
utilisateurs de biopesticides expliquent aussi les pertes de revenus encourues
par les utilisateurs de biopesticides.
Au niveau des zones agroécologiques, les producteurs de
la zone de bas-fonds réalisent des profits plus élevés que
les producteurs de la zone côtière. En effet, les producteurs de
la zone de bas-fonds sont épargnés des dépenses
liées à la fertilisation et à l'irrigation des terres
contrairement aux producteurs de la zone côtière. Aussi, le faible
écart relevé entre les revenus des deux catégories de
producteurs s'explique par le fait que les utilisateurs de biopesticides en
zone de bas-fonds respectent beaucoup plus la fréquence et les doses
recommandées pour l'utilisation des extraits aqueux de neem.
L'utilisation des biopesticides a entraîné une
baisse de la marge bénéficiaire chez les femmes que chez les
hommes parce que les femmes sont fréquemment confrontées au
problème de la main d'oeuvre en raison de leurs ressources
limitées Elles accusent alors un retard dans le traitement
phytosanitaire des cultures.
En conclusion, il faut retenir que l'utilisation des extraits
aqueux de neem n'a pas accru les revenus des producteurs qui l'utilisent. Ceci
est surtout lié au non respect des itinéraires techniques du fait
des contraintes liées à l'extraction des extraits aqueux de
plantes.
L'hypothèse 2 est alors rejetée.
Cependant, ces pertes encourues par les utilisateurs de
biopesticides sont compensées par la qualité des légumes
produits.
CHAPITRE 8. COMPARAISON DE LA DISTRIBUTION DES REVENUS DES
PRODUCTEURS DE TOMATE
Le chapitre précédent a comparé les
revenus des producteurs de tomate. Le présent chapitre vise à
comparer la distribution des revenus entre les utilisateurs de pesticides
chimiques et les utilisateurs de biopesticides. Il nous permettra de savoir
si l'utilisation des biopesticides sur les cultures de tomate permet une
réduction des inégalités au sein des producteurs.
Le but de toute innovation technologique est
d'améliorer les conditions de vie des bénéficiaires.
Même si elle ne génère pas un profit substantiel,
l'innovation devrait pouvoir contribuer à la réduction des
inégalités existantes puisque le phénomène de
pauvreté réside surtout dans les inégalités
observées dans la distribution des revenus (Nouhoheflin, 2001).
L'analyse de la distribution de revenus se fera entre
les utilisateurs de biopesticides et les utilisateurs de pesticides chimiques
au niveau de la zone côtière, de la zone de bas-fonds et de
l'ensemble de la zone d'étude avec une référence au
genre.
8.1. Analyse de la distribution de revenus au niveau
de l'ensemble de la zone d'étude
Les coefficients de Gini calculés au niveau de la zone
d'étude sont consignés dans le tableau ci-dessous :
Tableau 8.1 : Distribution de revenus
des producteurs de tomate au niveau de l'ensemble de la zone
d'étude.
Catégories de producteurs
|
Indice de Gini
|
Utilisateurs de biopesticides
|
Utilisateurs de pesticides chimiques
|
Hommes
|
0,2646 (0,0988)
|
0,3498 (0,0651)
|
Femmes
|
0,4259 (0,1109)
|
0,3712 (0,0833)
|
Ensemble zone d'étude
|
0,3746 (0,0762)
|
0,3885 (0,0584)
|
Source: Enquête socioéconomique
Juillet-Août 2008 ; ( ) : Écarts-types
Les résultats de ce tableau nous indiquent que l'indice
de Gini pour l'ensemble de notre zone d'étude est de 0,3746 chez les
utilisateurs de biopesticides et de 0,3885 chez les non utilisateurs. L'indice
de Gini est plus élevé chez les utilisateurs de pesticides
chimiques que chez les utilisateurs de biopesticides. Il s'en suit donc que
l'inégalité est beaucoup plus prononcée chez les
utilisateurs de pesticides chimiques.
Par conséquent, les biopesticides ont tendance à
réduire les inégalités dans la distribution des revenus
issus de la production de la tomate au niveau de la zone d'étude.
Ces résultats corroborent avec ceux de Nouhoheflin
(2001) qui a montré que l'utilisation des extraits aqueux de plantes
permet une réduction des inégalités dans la distribution
des revenus provenant du niébé dans les communes de Savè
et de Klouékanmè.
Par ailleurs, le tableau 8.1 indique qu'au niveau du genre,
l'indice de Gini présente la même tendance que
précédemment chez les hommes. Ainsi, les revenus sont mieux
distribués chez les hommes utilisateurs de biopesticides que chez les
hommes qui utilisent les pesticides chimiques. Au niveau des femmes, l'indice
d'inégalité est plus élevé chez les utilisatrices
d'extraits aqueux de neem (0,43 contre 0,37 chez les femmes non
utilisatrices).
De ce fait, l'utilisation des biopesticides a permis une
amélioration de l'équité dans la distribution des revenus
chez les hommes que chez les femmes pour l'ensemble de la zone d'étude.
Ces mêmes résultats ont été obtenus
par Nouhoheflin (2001) pour le niébé
Les courbes de Lorenz 8.1a, 8.1b et 8.1c ont confirmé
ces précédentes observations.
La figure 8.1a présente la distribution des revenus
entre les utilisateurs de biopesticides et les utilisateurs de pesticides
chimiques de l'ensemble de la zone d'étude; les figures 8.1b et
8.1c présentent respectivement la distribution des revenus au niveau des
hommes utilisateurs et non utilisateurs et au niveau des femmes utilisatrices
et non utilisatrices de biopesticides.
Figure 8.1a : Distribution des revenus
entre les utilisateurs de biopesticides et les utilisateurs de pesticides
chimiques de la zone d'étude
L'observation de la figure 8.1a montre que les courbes de
Lorenz se croisent. On ne peut alors juger des inégalités entre
elles. Cependant, l'inégalité est amoindrie lorsque les
producteurs utilisent les biopesticides et ce, pour des valeurs de percentile
supérieures ou égales à 80%.
Figure 8.1b : Distribution des revenus
entre les hommes utilisateurs de biopesticides et les hommes utilisateurs de
pesticides chimiques de la zone d'étude
La figure 8.1b présente la distribution des revenus au
niveau des hommes de la zone d'étude. L'observation de cette figure
révèle que la courbe de distribution des revenus des utilisateurs
de biopesticides est dominée en inégalité par celle des
utilisateurs de pesticides chimiques. L'analyse de la courbe des utilisateurs
de pesticides chimiques indique que 60% de la couche inférieure de la
population détiennent 35% des revenus issus de la production de la
tomate tandis que la couche supérieure représentant 40% de la
population détient 65% des revenus.
Par contre, la courbe de Lorenz des hommes utilisateurs de
biopesticides montre que 80% de la population possèdent 65% des revenus
et les 20% restant possèdent 35% des revenus de la tomate.
Ces observations permettent de conclure que l'utilisation des
extraits aqueux de neem sur les cultures de tomate a contribué à
la réduction de l'inégalité chez les hommes puisque la
plus grande partie de la population détient plus de la moitié des
revenus disponibles issus de la tomate.
Figure 8.1c : Distribution des revenus
entre les femmes utilisatrices de biopesticides et les femmes utilisatrices de
pesticides chimiques de la zone d'étude.
La figure 8.1c montre au niveau des femmes une situation
contraire à la précédente. Les revenus issus de la tomate
sont mieux distribués au niveau des utilisatrices de pesticides
chimiques qu'au niveau des utilisatrices de biopesticides. La courbe de Lorenz
des utilisatrices de biopesticides montre que 85% des revenus sont
détenus par 42% des producteurs alors qu'au niveau des femmes qui
utilisent les pesticides chimiques, 70% de la population détiennent la
moitié des revenus.
En somme, il faut retenir qu'au niveau de l'ensemble de la
zone d'étude, l'utilisation des biopesticides a permis une
réduction de l'inégalité des revenus au sein des
producteurs utilisateurs de biopesticides. Toutefois, la réduction de
l'inégalité est beaucoup plus remarquable chez les hommes que
chez les femmes.
8.2. Analyse de la distribution des revenus à
l'intérieur des zones agroécologiques
Cette section consistera à expliquer les
inégalités observées au sein de chaque zone
agroécologique.
8.2.1. Analyse de la distribution des revenus dans
la zone côtière
Le tableau 8.2.1 présente les résultats obtenus
en zone côtière
Tableau 8.2.1 : Distribution de revenus
des producteurs de tomate au niveau de la zone côtière.
Catégories de producteurs
|
Indice de Gini
|
Utilisateurs de biopesticides
|
Utilisateurs de pesticides chimiques
|
Hommes
|
0,3395 (0,1743)
|
0,4674 (0,0547)
|
Femmes
|
0,4761 (0,1154)
|
0,3099 (0,0881)
|
Ensemble zone côtière
|
0,4354 (0,0937)
|
0,4428 (0,0493)
|
Source: Enquête socioéconomique
Juillet-Août 2008 ; ( ) : Écarts-types
L'examen de ce tableau montre que les utilisateurs de
biopesticides de la zone côtière présentent une
distribution plus égalitaire (G =0,43) que les utilisateurs de
pesticides chimiques (G=0,44). On peut donc affirmer que les biopesticides ont
amélioré la distribution des revenus au sein des producteurs de
cette zone agroécologique.
Au niveau du genre, la réduction de
l'inégalité est beaucoup plus remarquable chez les hommes en zone
côtière. En effet, les producteurs de sexe masculin utilisateurs
de pesticides chimiques ont un indice de Gini plus élevé que
ceux qui utilisent les biopesticides (G=0,47 contre G=0,34).
Chez les femmes, c'est une situation contraire à la
précédente (G=0,31 chez les utilisatrices de pesticides chimiques
contre 0,48 chez les utilisatrices de biopesticides).
Ces résultats permettent d'affirmer qu'en zone
côtière, l'utilisation d'extraits aqueux de neem sur les planches
de tomate a contribué de façon globale à une
répartition plus égalitaire des revenus issus de la production de
la tomate. Au niveau du genre, les biopesticides ont plus contribué
à une amélioration de l'équité dans la distribution
des revenus chez les hommes que chez les femmes.
Les résultats obtenus précédemment sont
illustrés à travers les figures 8.2.1a, 8.2.1b et 8.2.1c. Elles
présentent respectivement la distribution des revenus au niveau de
l'ensemble de la zone côtière, au niveau des hommes et au niveau
des femmes.
Figure 8.2.1a : Distribution des revenus
des producteurs en zone côtière
Figure 8.2.1b : Distribution des revenus
entre les hommes utilisateurs de biopesticides et les hommes utilisateurs de
pesticides chimiques de la zone côtière
Figure 8.2.1c : Distribution des revenus
entre les femmes utilisatrices de biopesticides et les femmes utilisatrices de
pesticides chimiques de la zone côtière.
Ces figures montrent que les courbes de distribution des
revenus des utilisateurs de biopesticides sont dominées en
inégalité par celles des utilisateurs de pesticides chimiques
pour l'ensemble de la zone côtière. Ceci confirme les observations
faites au niveau des valeurs de l'indice de Gini. Cependant, certaines
précisions méritent d'être apportées. En effet, une
étude comparative de ces figures révèle que la
réduction de l'inégalité est très perceptible chez
les hommes que chez les femmes.
Chez les femmes, les 32% de la proportion des utilisatrices de
biopesticides détiennent à elles seules 75% des revenus
disponibles tandis qu'au niveau de celles qui utilisent les pesticides
chimiques cette même proportion de productrices détient seulement
35% des revenus de la tomate.
Toutefois il est à noter qu'au niveau des hommes, la
situation de l'inégalité est pratiquement la même au niveau
des deux groupes de producteurs (90% de la population de producteurs
détient 70% des revenus issus de la tomate au niveau des utilisateurs de
pesticides chimiques tandis qu'au niveau des utilisateurs de biopesticides,
cette même proportion de producteurs détient 75% des revenus).
Les tendances observées dans la deuxième zone
agroécologique sont présentées dans le tableau 8.2.2.
8.2.2. Analyse de la distribution des revenus dans
la zone de bas-fonds
Le tableau 8.2.2 présente les résultats obtenus
en zone de bas-fonds.
Tableau 8.2.2 : Distribution de revenus
des producteurs de tomate au niveau de la zone de bas-fonds.
Catégories de producteurs
|
Indice de Gini
|
Utilisateurs de biopesticides
|
Utilisateurs de pesticides chimiques
|
Hommes
|
0,2906 (0,2105)
|
0,4039 (0,0748)
|
Femmes
|
0 (0)
|
0,2728 (0,0853)
|
Ensemble zone de bas-fonds
|
0,2646 (0,1430)
|
0,5025 (0,0624)
|
Source: Enquête socioéconomique
Juillet-Août 2008 ; ( ) : Écarts-types
Le tableau 8.2.2 montre les différentes valeurs des
indices de Gini pour les producteurs de tomate en zone de bas-fonds.
L'observation de ce tableau suggère les analyses suivantes :
Au niveau de cette zone, les valeurs des indices sont de 0,50
et 0,26 respectivement pour les utilisateurs de pesticides chimiques et les
utilisateurs de biopesticides. Il s'en suit que les revenus sont mieux
distribués au niveau des utilisateurs de biopesticides.
Au niveau des hommes, la même situation est à
signaler. Quant aux femmes, l'indice de Gini des utilisatrices de biopesticides
est de G=0 contre G=0,27 pour les femmes utilisatrices de pesticides chimiques.
Cette valeur de l'indice de Gini au niveau des femmes utilisatrices de
biopesticides s'explique par le fait qu'il y a une seule productrice de tomate
dans le système d'exploitation qui lui correspond (système de
culture de décrue+biopesticides). Cela veut dire que les 100% de revenus
générés par la tomate sont détenus par une seule
personne.
Ces résultats sont confirmés par les courbes de
Lorenz des figures 8.2.2a, 8.2.2b et 8.2.2c.
Figure 8.2.2a : Distribution des revenus
des producteurs en zone de bas-fonds
L'observation de la figure 8.2.2a montre qu'au niveau de
l'ensemble de la zone de bas-fonds, 20% des revenus de la tomate sont
partagés entre 50% des producteurs qui utilisent les pesticides
chimiques tandis que 30% des revenus sont partagés par la même
proportion de producteurs au niveau des utilisateurs de biopesticides.
Figure 8.2.2b : Distribution des revenus
entre les hommes utilisateurs de biopesticides et les hommes utilisateurs de
pesticides chimiques de la zone de bas-fonds
La figure 8.2.2b indique que 90% des hommes qui utilisent les
pesticides chimiques partagent entre eux 60% des revenus de la tomate alors que
la même proportion de ceux qui utilisent les biopesticides détient
85% des revenus.
Figure 8.2.2c : Distribution des revenus
entre les femmes utilisatrices de biopesticides et les femmes utilisatrices de
pesticides chimiques de la zone de bas-fonds
Au niveau des femmes de la zone de bas-fonds, il y a une seule
femme au niveau du système de production avec biopesticides. Ce qui
explique le fait qu'elle détient tous les revenus. Ainsi sa courbe de
Lorenz se confond avec la droite d'équidistribution.
En conclusion, les revenus sont mieux répartis au sein
des producteurs qui utilisent les biopesticides que ceux qui ne les utilisent
pas en zone de bas-fonds.
En définitive, il faut retenir que l'utilisation des
biopesticides comparativement à l'utilisation de pesticides chimiques a
permis une amélioration de la distribution des revenus des producteurs
de tomate dans les deux zones agroécologiques.
Les résultats obtenus pourraient s'expliquer par la
faible variation entre les rendements obtenus par les utilisateurs de
biopesticides.
Ces résultats peuvent également être
liés à la zone d'étude. Selon FIPA (2006), les
localités les plus pauvres ne sont pas nécessairement les plus
inégales en matière de distribution des revenus; plus
poussé est le niveau de désagrégation -
c'est-à-dire plus petite est la zone géographique
étudiée - plus ressort l'incidence d'inégalité
entre les groupes et moins à l'intérieur des groupes.
La majorité des producteurs qui utilisent les
pesticides chimiques se situent dans les milieux proches des villes. Selon
Hausmann (1999), l'inégalité tient aux différences entre
le milieu rural et le milieu urbain. Dans les campagnes, les ruraux se
partagent de façon égale leurs ressources.
Par ailleurs, les contrastes relevés au niveau du genre
en matière de revenus dénotent une asymétrie importante en
défaveur des femmes dans les deux zones agroécologiques. Une
bonne part de leur travail n'est pas rémunérée. Ceci
limite le plus souvent leur efficacité pour les activités
agricoles. De plus, la plupart d'entre elles sont tenues de s'occuper des
champs de leur mari avant les leurs.
La dispersion des revenus des hommes diffère souvent de
celles des femmes (Lecaillon et al., 1984). La disparité de
rémunération entre les hommes et les femmes est due aussi bien
aux différences dans les activités qu'aux pratiques
discriminatoires. Dans bien de cas, les femmes effectuent les activités
agricoles les moins rémunératrices parce que leur niveau de
formation et d'éducation est souvent inférieur à celui des
hommes Mais aussi parce qu'elles sont physiquement plus faibles. Les
différences en termes de qualification qui déterminent les
disparités des revenus entre les sexes sont elles-mêmes dues au
statut des femmes dans la société. Selon le Rapport 2005
sur le développement humain du Programme des Nations Unies
pour le développement, en Afrique comme ailleurs, l'appartenance au sexe
féminin constitue un facteur majeur d'inégalité. Les
femmes, qui détiennent généralement moins de pouvoir sur
le plan politique et social que les hommes, ont un accès bien moindre
aux facteurs de production et ont moins de possibilités d'action. Selon
les données de la Banque mondiale, réunies à partir
d'enquêtes auprès des ménages, au Bénin, au Burkina
Faso, en République Centrafricaine, en Guinée, au Niger, au
Sénégal, en Afrique du Sud et au Togo, le nombre d'années
d'études suivies par les femmes est en moyenne inférieure de
moitié au moins à celui des hommes. Tous ces facteurs expliquent
les inégalités relevées dans la distribution des revenus
au niveau des femmes.
8.3. Conclusion partielle
Le calcul de l'indice de Gini et le tracé des courbes
de Lorenz ont permis d'apprécier la distribution des revenus au niveau
des producteurs de tomate au Sud du Bénin.
Pour l'ensemble de la zone d'étude,
l'inégalité est beaucoup plus prononcée chez les
utilisateurs de pesticides chimiques que chez les utilisateurs de
biopesticides. Au niveau du genre, l'utilisation des biopesticides a permis une
amélioration de l'équité dans la distribution des revenus
chez les hommes que chez les femmes pour l'ensemble de la zone d'étude.
Ces mêmes résultats sont obtenus au niveau des
deux zones agroécologiques.
En résumé, il faut retenir que bien que les
extraits aqueux ne génèrent pas un surplus de revenus aux
producteurs qui les utilisent, ils favorisent une distribution plus
équitable des revenus au sein des producteurs de tomate au
Sud-Bénin. L'hypothèse 3 est acceptée.
CHAPITRE 9. CONCLUSION GÉNÉRALE
9.1. Conclusion
Cette étude a permis d'avoir une idée sur la
contribution des biopesticides à l'amélioration des revenus des
producteurs de tomate au Sud-bénin.
L'objectif de cette étude a été de
comparer les revenus générés par l'utilisation des
extraits aqueux de neem aux revenus générés par
l'utilisation des pesticides chimiques en production de tomates. Les
conclusions afférentes à l'étude sont les suivantes:
Les systèmes de production identifiés pour la
production de tomate se discriminent par le type de traitement
phytosanitaire utilisé et par le système d'irrigation
utilisé.
Les systèmes de production identifiés
sont :
- Système de culture irrigué + pesticides
chimiques ;
- Système de culture irrigué +
biopesticides ;
- Système de décrue + pesticides
chimiques ;
- Système de décrue + biopesticides
L'utilisation des extraits aqueux n'a pas engendré un
surplus de revenus au niveau des producteurs de tomate du fait des doses
insuffisantes appliquées. Ceci est dû à la
pénibilité de la production des extraits aqueux et au prix de
vente des tomates qui ne prennent pas en compte la qualité des produits
biologiques.
Les contraintes majeures évoquées pour
l'utilisation pratique des extraits aqueux botaniques sont : la faible
disponibilité des plantes insecticides et la pénibilité
liée à l'extraction manuelle et au pilage des graines et feuilles
de ces plantes insecticides.
Cependant, ces maraîchers ont mentionné que les
biopesticides sont moins toxiques à l'homme et à l'environnement.
C'est-à-dire que ces biopesticides ne constituent pas une menace pour la
santé humaine ni pour la biodiversité, contrairement aux effets
des pesticides chimiques de synthèse.
Au niveau des zones agroécologiques, les revenus nets
obtenus par les producteurs sont plus élevés en zone de bas-fonds
qu'en zone côtière. Les raisons qui l'expliquent sont les faibles
coûts de production supportés par les producteurs de la zone de
bas-fonds du fait de la faible intensification de leur système de
production contrairement en zone côtière où le niveau
d'intensification est des plus élevés.
Par ailleurs, pour les analyses effectuées au niveau du
genre, les résultats de l'étude ont montré que
l'utilisation des biopesticides a entraîné une diminution de marge
nette chez les femmes. Les hommes quant à eux ont
bénéficié d'un gain supplémentaire
L'étude a également montré que les femmes
sont les plus disposées à utiliser les biopesticides à
base d'extraits botaniques parce qu'elles ne disposent pas d'assez de
ressources financières et aussi à cause des normes sociales qui
relèguent les travaux de pilage et de ramassage des graines de neem aux
femmes.
En résumé, on retient que l'utilisation des
extraits aqueux pour le contrôle des ravageurs de la tomate donne
satisfaction aux producteurs sur plusieurs plans. Toutefois, des actions
doivent être menées afin, de réduire les contraintes
inhérentes à leur préparation
Les résultats obtenus sur la distribution des revenus,
indiquent que les extraits aqueux de neem ont tendance à réduire
les inégalités dans la distribution des revenus au niveau de la
zone d'étude comparativement aux pesticides chimiques.
9.2. Suggestions
Au terme de ce travail, une série d'actions
méritent d'être menées par les divers acteurs du
sous-secteur maraîcher pour la diffusion à grande échelle
des biopesticides. Nous suggérons ce qui suit :
Ø A l'endroit des ONGs et services techniques
intervenant dans le domaine agricole
- Intensifier les campagnes d'information et de
sensibilisation des maraîchers et des maraîchères sur les
dangers liés à l'utilisation des pesticides chimiques de
synthèse sur la santé humaine et sur l'environnement.
- Insérer dans les campagnes de reboisement telles que
les journées de l'arbre, la plantation des essences insecticides.
- Renforcer les capacités des maraîchères
et des maraîchers par l'organisation régulière de
séances de formation sur les biopesticides pour une meilleure
utilisation. La formation constitue l'un des axes d'intervention pour une
meilleure dissémination des biopesticides.
- Promouvoir la semi-mécanisation de la production des
extraits aqueux botaniques.
Ø A l'endroit des institutions de micro
finance
- Mettre en place des lignes de crédit conformes aux
réalités des maraîchers. Les biopesticides peuvent
être également octroyés aux maraîchers sous forme de
crédit en nature.
- Faciliter l'accès des femmes et des hommes
démunis aux techniques de production et à des services financiers
adaptés, y compris un ensemble de biens, comprenant la terre et le
travail pour assurer que les femmes tirent profit de l'investissement
Ø A l'endroit des autorités
étatiques
- Redynamiser le système éducatif dans nos
milieux ruraux, vu l'état peu reluisant dans lequel il se trouve. La
promotion de l'instruction dans nos milieux ruraux pourrait favoriser
l'adoption des biopesticides.
- Confectionner les étiquettes des produits
phytosanitaires en langues nationales.
- Organiser la filière des biopesticides pour les
rendre plus disponibles et accessibles aux maraîchers et mettre en place
un mécanisme différentiel de prix, en faveur des légumes
sains.
Nous espérons que les résultats de la
présente étude serviront à éclaircir et à
orienter les programmes et actions d'aide au développement. La prise en
compte de ces recommandations pourrait contribuer à l'utilisation
à grande échelle des biopesticides au Sud-Bénin et par
conséquent dans les autres régions du pays.
9.3. Implications futures
Cette étude comparée des revenus et de leur
distribution au sein des producteurs de tomate a montré que les
biopesticides ne génèrent pas un surplus de revenus aux
producteurs comparativement aux pesticides chimiques mais par contre ils
contribuent à une réduction des inégalités et
à la durabilité de la production. Cette étude a seulement
pris en compte l'aspect revenu et sa distribution pour l'évaluation de
l'incidence des biopesticides et des pesticides chimiques. Pour une diffusion
à grande échelle des biopesticides, il faut aussi prendre en
compte d'autres aspects tels que les dépenses de consommation,
l'accès aux services de santé, l'accès à
l'éducation. Des études écologiques doivent
également être menées pour l'évaluation des risques
liés à l'utilisation des biopesticides. Cette même
étude pourrait être menée dans le Nord du Bénin pour
une vision plus complète de la situation des revenus et de leur
distribution au Bénin.
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consulté le 9septembre 2008.
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Numrub=21 consulté le 9 Septembre 2008).
ANNEXES
Annexe 1: Questionnaire individuel
adressé aux producteurs de tomate
UNIVERSITE DE PARAKOU (UP)
-----------------------------
FACULTE D'AGRONOMIE (FA)
-----------------------------
DEPARTEMENT D'ECONOMIE ET DE SOCIOLOGIE RURALE (ESR)
---------------------------------
QUESTIONNAIRE INDIVIDUEL
Thème : Analyse d'impact des
biopesticides sur le revenu et sa distribution au sein des producteurs de
tomate en zones périurbaines du Sud- Benin
Note : Ce questionnaire est administré aux
producteurs de tomate. Toute information recueillie dans cette
étude sera tenue dans la confidentialité stricte.
Pays : BENIN
Zone : SUD-BENIN
Date : ____ /JUILLET/2008 N° Fiche
Chef d'exploitation n°
Nom du maraîcher :
.....................................................................
Nom de l'enquêteur :
.....................................................................
I. Généralités
Rubriques
|
Modalités et codes
|
Réponses
|
Observations
|
Département (DEPART)
|
1=Ouémé ; 2=Littoral ; 3= Mono
|
|
|
Zones de production (ZPROD)
|
1=Zone de bas-fonds ; 2= Zone côtière ; 3=
zone intra-urbaine
|
|
|
Commune (COMM)
|
1=Adjohoun ; 2= Grand-popo
(rural) ;3=Sèmè Podji; 4= Grand Popo
(littorale) ; 5= Cotonou ; 6= Porto-novo
|
|
|
Village /Périmètres maraîchers(VILG) ou
quartier de ville (QUARTV)
|
1=Agonlin Lowé; 2= Dannou ; 3= Gnito ; 4=
VIMAS ; 5= Grand Popo; 6= Agoué ; 7= Houéyiho; 8=
Sokomè; 9= Acron
|
|
|
II. Identification et Caractéristiques
socio-démographiques du maraîcher enquêté
Rubriques
|
Modalités et codes
|
Réponses
|
Observations
|
Genre (SEXE)
|
0 = femme ; 1 = homme
|
|
|
Age (AGE)
|
Inscrire l'âge en années
|
ans
|
|
Provenance (PROV)
|
0 = allochtone (migrant) ; 1 = autochtone
(résident) ;
|
|
|
Ethnie (ETHN)
|
1=fon ; 2=goun ; 3=adja ; 4=mina ;
5=yoruba ; 6=tori ; 7=nago ; 8=aïzo ; 9=xwla ;
10=wémènou ; 11=pila-pila ; 12=Autre (à
préciser)
|
|
|
Religion (RELIG)
|
1=chrétien ; 2=musulman ; 3=animiste ;
4=Autres (à préciser)
|
|
|
Statut matrimonial (MSTATU)
|
1=Marié (e) ; 2=Célibataire ;
3=Veuf/veuve ; 4=Divorcé (e)
|
|
|
Niveau d'instruction (INSTRU)
|
0=Aucun ; 1=Primaire (préciser) ;
2=Secondaire (préciser) ; 3=Supérieur
(préciser) ; 4=Formation Professionnelle ;
5=Alphabétisé en langue locale
|
|
|
Nombre de femmes (NWIFE)
|
Nom
1..................
2..................
3..................
4..................
|
Age
|
Education (idem)
|
|
|
........
........
........
........
|
..................
..................
..................
..................
|
Nombre d'enfants en charge
|
|
|
|
Répartition des âges des inactifs
(NINACTIF)
|
0-5ans
|
homme
|
femme
|
Total
|
|
5-10ans
|
|
|
|
|
10-15ans
|
|
|
|
|
50ans et plus
|
|
|
|
|
III. Caractéristiques socio-économiques des
maraîchers
Rubriques
|
Modalités et codes
|
Réponses
|
Observations
|
Activités menées au sein du ménage
(ACTIV)
|
1= Agricole ; 2= Para-agricole ; 3= Non
agricole
|
|
|
Activité principale (PRINACT)
|
1= maraîchage ; 2= autres cultures ; 3=
transformation ; 4= pêche ; 5= Elevage ;
6=Artisanat ; 7= commerce ; 8=Autres (préciser)
|
|
|
Pourquoi est-elle considérée comme principale ?
|
1=rapporte plus de revenu ; 2= temps consacré
élevé 3= autres (à préciser)
|
|
|
Nombre d'années d'expérience dans le
maraîchage (FEXPERIM)
|
Inscrire le nombre d'années
|
|
|
Part sur 10 du revenu annuel qui provient de la production
maraîchère (RPART)
|
Inscrire le chiffre
|
|
|
Contact avec vulgarisation
|
Avez-vous participé à une restitution de
résultat de recherche ou d'expérimentation, ces 5 années
passées ? (TYFORMAT)
|
1=Oui ; 0=Non
|
|
|
Avez-vous participé à une expérimentation ou
une formation dans le domaine de la production de légumes ces 2
années passées ? (FORMLEG)
|
1=Oui ; 0=Non
|
|
|
Inscrire le type de formation et la structure
|
|
|
Quelles structures viennent ? (TYPSTRUCT)
|
1=CeCPA 2=INRAB 3= IITA 4=OBEPAB 5= SPV ; 6= autre (à
préciser)
|
|
|
Degré d'encadrement du maraîcher par l'agent de
vulgarisation (TIMECONTACT)
|
1=visite occasionnelle ; 2=visite hebdomadaire ;
3=visite bihebdomadaire ; 4=visite mensuelle ; 5=visite
bimensuelle ; 6=visite trimestrielle ; 7=visite semestrielle 8= autre
(à préciser)
|
|
|
Êtes-vous membre d'un groupement ou d'une association de
maraîchers ? (GROUPASS)
|
1=Oui ; 0=Non
|
|
|
Si oui, inscrire le nom du groupement
|
|
|
Statut dans le groupement (STATGROUP)
|
1=Membre du bureau ; 2=Membre simple ; 3 = Autre
(à préciser)
|
|
|
Si membre du bureau, préciser le poste occupé
(POST)
|
1=président(e) ; 2= secrétaire ; 3=
trésorier ; 4=organisateur ; 5=simple membre ; 6=autre
(à préciser)
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Quelle est l'activité principale du groupement ?
(ACTIPGR)
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1=Production agricole ; 2=Approvisionnement en semences
3=Approvisionnements en intrants (engrais, pesticides biologiques/ chimiques,
herbicides, etc.) ; 4= Crédits intrants ; 5=gestion des
matériels ; 6=gestion de l'eau 7=commercialisation ; 8=
transformation ; 9=Autres (Préciser)
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IV. Système de production
Eléments pour le calcul du revenu des cultures
Rubriques
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Modalités et codes
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Réponses
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Observations
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Quelles sont les dimensions de vos planches ? Pour quelle
période de l'année ?
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Quel est le nombre total de vos planches ?
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Combien de paniers de tomates récoltez-vous /
planche ?
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Quelle est votre production totale ?
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Quelle quantité consommez-vous ? (QTEC)
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Quelle quantité vendez- vous ? (QTEV)
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Quel est le prix de vente du panier de tomate/ planche ?
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A combien avez-vous vendu votre production totale ?
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Eléments de coûts variables
Opérations culturales
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Quantité utilisée
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Coût de la main d'oeuvre
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Coût unitaire
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Coût total
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Salariée
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Fami
liale
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Coût d'opportunité
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Préparation du sol
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Labour
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Préparation des planches
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Préparation de la pépinière
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Semences
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Repiquage
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Démariage
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Dispositif d'ombrage
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Arrosage
Qté d'eau utilisée
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Fertilisation
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Minérale
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NPK
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Urée
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Potasse
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Organique
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Bouses de vaches
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Fientes de volailles
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Compost
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Gadoue
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Traitements Phytosanitaires
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Pesticides chimiques
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Decis
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Dipel
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Triazophos
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Biopesticides
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Extraits botaniques
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A base de microorganismes
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Biobit
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Irrigation des cultures
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Arrosage manuel
(Quantité d'eau utilisée par planche)
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Motopompe thermique (Nombre de litres d'essences
utilisées)
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Motopompe électrique (montant mensuel de la facture
électrique)
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Récolte
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Récolte proprement dite
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Mise en panier
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Transport du champ vers la maison du producteur
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Eléments de coûts fixes
Matériels et équipements
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Mode d'acquisition
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Quantité
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Cout unitaire
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Cout total annuel
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Durée moyenne d'utilisation
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Cout annuel D'entretien
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Part sur 10 du temps consacré à la mise en
location
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Part sur 10 du temps consacré à la production de
la tomate
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Houe
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Coupe-coupe
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Binette
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Roulette
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Arrosoir manuel
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Motopompe
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Electrique
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Thermique
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Bassines
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Paniers
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Râteau
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Pulvérisateurs
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Tuyau flexible
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Terre
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* 1 Site Ramsar :
Conférence Internationale tenue à Ramsar en Iran en 1971
et qui a permis par la suite la mise au point d'une convention portant ce nom
afin de protéger les zones humides.
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