BURKINA FASO
Unité - Progrès - Justice
Institut de Recherche pour le Développement (IRD)
|
Ministère des Enseignements Secondaire,
Supérieur et de la Recherche scientifique.
Université de Ouagadougou
Unité de Recherche Conditions et Territoires d'Emergence
des Maladies (UR CTEM)
|
Unité de Formation et de Recherche
en Sciences Humaines (U.F.R./S.H.)
Département de Géographie
MÉMOIRE DE MAÎTRISE
L'ACCES A L'EAU POTABLE ET LES RISQUES DIARRHEIQUES
DANS LES ZONES IRREGULIERES DE OUAGADOUGOU :
LE CAS DE YAMTENGA
|
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Présenté par
KOMBASSERE Wênd-n Konté
Appolinaire
Sous la direction de :
Pr. François de Charles OUEDRAOGO Dr. Florence
FOURNET
(Université de Ouagadougou)
(IRD)
Année académique 2006-2007
TABLE
DES MATIERES
TABLE DES MATIERES
2
DEDICACE
5
REMERCIEMENTS
6
SIGLES ET ABREVIATIONS
8
RESUME
10
INTRODUCTION GENERALE
11
I. Définition du problème
12
I.1. Les hypothèses
14
I.2. Les objectifs
14
I.3. La revue de littérature
15
I.4. La définition des concepts
18
II. Le cadre méthodologique
24
II.1. Le contexte de l'étude et le choix du
thème
24
II.2. La justification du choix de la zone
d'étude
25
II.3. L'identification des variables
d'étude
27
II.4. Les populations cibles
29
II.5. L'échantillonnage
29
II.6. Les travaux de terrain
29
II.7. L'analyse des données
30
CHAPITRE I. L'ACCES A L'EAU POTABLE A
OUAGADOUGOU
32
I. L'inventaire des ressources en eau
32
I.1. Les ressources en eau souterraine
32
I.2. Les eaux de surface
33
II. Les contraintes et les politiques en
matière d'approvisionnement en eau
33
II.1. Les contraintes d'ordre naturel
33
II.2. Le poids de l'urbanisation
35
II.2.1. Accroissement démographique
urbain
35
II.2.2. La croissance spatiale
36
II.3. Les politiques en matière
d'approvisionnement en eau
39
II.3.1. Une politique en faveur des
branchements particuliers.
39
II.3.2. De la recherche d'un équilibre
subtil à une véritable politique sociale
40
III. L'inégal accès à l'eau
potable
42
III.1. Les disparités spatiales
42
III.2. Des disparités en terme de niveaux de
consommation
44
CHAPITRE II : L'ACCESSIBILITE A L'EAU DANS
LA ZONE IRREGULIERE DES SECTEURS 29 ET 30
45
I. Présentation de la zone
irrégulière des secteurs 29 et 30
45
I.1. Situation géographique
45
I.2. Les caractéristiques
démographiques
47
I.3. Les conditions de vie des ménages
50
II. L'accessibilité à l'eau
53
II.1. Les points d'approvisionnement en eau
53
II.1.1. Les sources d'eau non potable
55
II.1.2. Les sources d'eau potable
56
II.2. La répartition spatiale des points
d'eau
57
II.3. Les modes d'approvisionnement en eau
59
CHAPITRE III. L'ACCES A L'EAU POTABLE A
YAMTENGA
61
I. Les conditions d'accès à l'eau
potable
61
I.1. Les critères de choix de la source
d'approvisionnement en eau
61
I.2. Les contraintes de l'approvisionnement en
eau
63
I.2.1. Les contraintes liées au
temps
64
I.2.2. Les contraintes
économiques
65
I.2.3. Les contraintes liées à la
distance
67
II. Les volumes moyens de consommation individuels
et quotidiens
70
CHAPITRE IV. EVALUATION DU RISQUE
DIARRHEIQUE LIE A L'EAU DE BOISSON
79
I. Le profil épidémiologique des
secteurs 29 et 30
79
I.1. Définition de la diarrhée
79
I.2. Le poids des maladies diarrhéiques
80
I.3. Dynamique temporelle des maladies
diarrhéiques
81
II. Les indicateurs de risque de
diarrhée
82
II.1. La distance et les volumes moyens de
consommation d'eau
83
II.2. Les risques liés aux modes de gestion
de l'eau
84
II.2.1. La collecte et le transport
84
I.2.2. Les modes de conservation de
l'eau
86
III. Les facteurs d'aggravation du risque de
diarrhée
93
III.1. Les niveaux de scolarisation
93
III.2. Les comportements des populations en
matière d'hygiène et d'assainissement
94
III.2.1. L'évacuation des ordures
ménagères
94
III.2.2. Le rejet des eaux
usées
96
III.2.3. L'élimination des
excrétas humains
97
CONCLUSION GENERALE
100
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
102
ANNEXES
109
DEDICACE
A MA MERE
A MES FRERES
AUX FAMILLES KOMBASSERE et YOGO
REMERCIEMENTS
Nous voudrions remercier toutes celles et tous ceux qui ont
bien voulu apporter leur contribution à la réalisation de ce
mémoire.
Nos remerciements vont à Madame Florence FOURNET,
entomologiste médicale à l'IRD qui a bien voulu accepter de nous
accueillir et de nous encadrer durant notre stage au sein de l'UR CTEM. Pour la
qualité de l'encadrement scientifique et méthodologique dont elle
nous a fait bénéficier avec un suivi d'une grande rigueur
intellectuelle, nous ne pourrons jamais cesser de lui dire merci. Grâce
à elle, nous croyons avoir mieux compris le sens et la
méthodologie de la recherche. Nous exagérerions à peine en
disant qu'elle nous a réappris à écrire.
Nous remercions par la même occasion Aude MEUNIER
NIKIEMA, Jean François CORNU, Caroline BENARD, Yamba KAFANDO, Bakary
SANOU, Valentin BAYIRI, Isidore YANOGO et Boniface OUEDRAOGO, pour leur soutien
sans cesse renouvelé. Nous avons eu beaucoup de plaisir à
partager du temps agréable tant sur le plan du travail que sur le plan
social avec vous.
Nous adressons nos sincères remerciements au Pr.
François de Charles OUEDRAOGO, notre directeur de mémoire, pour
son encadrement. Nous le remercions pour la chance qu'il nous a donnée
en nous permettant d'intégrer cette institution en tant que
stagiaire.
Que tous les enseignants du département qui nous ont
donné envie de faire de la géographie acceptent nos
sincères remerciements. Nous disons infiniment merci à
André KONE pour son soutien, sa patience, ses conseils, sa grande
disponibilité et la justesse de ces remarques.
Parmi nos amis, nous voudrions remercier notre camarade de
bureau, Daouda KASSIE, fidèle complice et compagnon mémorable
pour ses soutiens multiformes et pour la bonne ambiance dans laquelle il nous a
permis de travailler. Merci à nos camarades étudiants, pour le
soutien inestimable qu'ils nous ont apporté.
A toute la population de Yamtenga, nous disons grandement
merci d'avoir bien voulu répondre à nos questions.
Nous remercions toute notre famille pour sa patience durant
toutes ces années.
Que toutes celles et tous ceux qui ont bien voulu nous aider
d'une manière ou d'une autre dans la réalisation de ce travail
acceptent le témoignage de notre profonde gratitude.
SIGLES
ET ABREVIATIONS
AEP : Approvisionnement en Eau
Potable.
AFD : Agence Française de
Développement.
CNR : Conseil National de la
Révolution.
CONED : Conférence des Nations Unies pour
l'Environnement et le Développement.
CREPA : Centre Régional pour l'Eau
Potable et l'Assainissement à faible coût.
DIEPA : Décennie Internationale de l'Eau
Potable et l'Assainissement.
EDS : Enquête Démographique de
santé.
EUTSAO : Environnement Urbain et Transition
Sanitaire en Afrique de l'Ouest.
FLASHS : Faculté des Lettres, des Arts et
de Sciences Humaines.
GPS : Global Positioning System.
IGB : Institut Géographique du
Burkina.
INSD : Institut National de la Statistique et de
la Démographie.
IPD/AOS : Institut Panafricain pour le
Développement/Afrique de l'Ouest et Sahel.
IRC : International Water and Sanitation
Centre.
IRD : Institut de Recherche pour le
Développement.
MAHRH : Ministère de l'Agriculture, de
l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques.
MEE : Ministère de l'Eau et de
l'Environnement.
MIHU : Ministère des Infrastructures, de
l'Habitat et de l'Urbanisme.
MDHU : Ministère
Délégué chargé de l'Habitat et de l'Urbanisme.
ONE : Office National de l'Eau.
ONEA : Office National de l'Eau et de
l'Assainissement.
ONU : Organisation des Nations Unies
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement.
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé.
ONPF : Office National des Puits et Forages.
ONG : Organisation Non Gouvernementale.
OPO : Observatoire de la Population de
Ouagadougou.
PEA : Poste d'Eau Autonome.
PEM : Point d'Eau Moderne.
PN-AEPA : Programme National pour
l'Approvisionnement en Eau Potable et Assainissement
PSEAU : Programme Solidaire Eau.
REMUAO : Réseau de Recherche Migrations
et Urbanisation en Afrique de l'Ouest.
RGPH : Recensement Général de la
Population et de l'Habitat
SAED : Société
d'Aménagement Et de Développement.
SNE : Société Nationale des
Eaux.
UNESCO : United Nations Educational, Scientific
and Cultural Organization.
UNICEF : United Nations Children's Fund.
UR CTEM : Unité de Recherche
« Conditions et Territoires d'Emergence des Maladies ».
RESUME
Ce mémoire examine l'un des
problèmes les plus importants qu'impliquent la démographie
galopante et l'extension de la ville de Ouagadougou au Burkina Faso. Il s'agit
de l'accès aux services essentiels de base, et particulièrement
celui de l'approvisionnement en eau potable. L'accès à cette
ressource indispensable à la vie, n'est pas assuré pour une
proportion importante de la population et la situation est plus
inquiétante dans les quartiers irréguliers, en marge de la ville.
Là, le dispositif d'approvisionnement en eau est
caractérisé par la présence de bornes fontaines
situées à la limite de la zone régulière, donc
relativement éloignées des ménages de la zone
irrégulière, et de forages plus accessibles en terme de distance
mais qui malheureusement fournissent de l'eau non potable. Dans ces conditions,
les contraintes liées à l'accès à l'eau se posent
avec acuité dans ces parties de la ville. Il s'en suit une exposition au
risque de maladies diarrhéiques.
La présente étude s'attelle à
évaluer l'accès à l'eau potable dans le quartier
irrégulier de Yamtenga.
Ne disposant pas de base de sondage démographique, nous
avons enquêté 80 ménages choisis aléatoirement et
répartis sur toute l'étendue de notre zone d'étude,
circonscrite à l'aide d'une image SPOT 5 de novembre 2002 et d'une
série de photographies aériennes de la ville de Ouagadougou prise
en avril 2003. Des entretiens ont été menés avec des
personnes ressources afin de mieux aborder notre thème.
Il ressort des analyses des données collectées
que l'accès à l'eau à l'eau potable est difficile à
Yamtenga. Au rang des principales contraintes, on peut citer le coût de
la ressource, la faiblesse des équipements, le temps d'attente,
l'éloignement des sources d'approvisionnement en eau par rapport aux
populations, les distances à parcourir pour s'approvisionner. En
conséquence, les quantités d'eau prélevées par les
ménages sont relativement faibles et même en dessous des normes
préconisées par l'OMS pour près de la moitié de la
population de ce quartier ce qui induit des risques sanitaires, notamment de
maladies diarrhéiques.
Mots clés : Géographie, eau
potable, diarrhée, Yamtenga, Ouagadougou, Burkina Faso.
INTRODUCTION GENERALE
En 1990, s'achevait la Décennie Internationale de l'Eau
potable et de l'Assainissement (DIEPA) dont l'objectif principal était
de fournir de l'eau potable pour tous, en quantité et en qualité
suffisantes (LE BEC-CABON M., 2002). Malheureusement, force est de
reconnaître que les progrès réalisés au cours de
cette décennie ont été insuffisants, surtout en milieu
urbain comme le souligne SERAGELDIN I. (1994).
Une douzaine d'années après cet échec,
la communauté internationale a élaboré les Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD), plus réalistes. A
travers son chapitre sept qui consiste à assurer un environnement
durable à toute la population mondiale, les Nations Unies se sont
engagées à réduire de moitié, d'ici à 2015,
le pourcentage de la population qui n'a pas accès de façon
durable à un approvisionnement en eau de boisson salubre et à des
services d'assainissement de base (ONU, 2005).
La mise en oeuvre de ces deux programmes et plus
récemment, l'organisation de plusieurs forums de l'eau (Marrakech en
1997, La Haye en 2000, Kyoto en 2003 et Mexico en 2006) dévoilent
l'ampleur des problèmes d'accès à l'eau potable dans les
pays en voie de développement, et notamment dans les pays d'Afrique
situés au Sud du Sahara. Dans ces pays, plus de 150 millions de
citadins, soit près de la moitié de la population urbaine totale,
n'ont en effet pas accès à un service d'eau potable. A cela
s'ajoute la faiblesse des taux de connexion au réseau
d'approvisionnement en eau potable de certaines capitales telles que Dakar
(16,7%), Bamako (10%), Nouakchott (25%), Conakry (15%), Niamey (33,2%) ou
Ouagadougou (22,8%) (ENDA, 2006 ; Care International Niger et ORC,
1999 ; EMIUB, 2002). Les principales causes de cette situation
résident dans la croissance démographique et spatiale importante
qu'ont connu ces villes ces trente dernières années.
Aux différences entre les villes, s'ajoutent des
différences au sein des villes. Ces disparités s'expriment en
termes de quantité et de qualité d'eau consommée entre les
zones régulières relativement bien équipées et les
zones irrégulières, faiblement équipées. Nous
verrons plus loin comment définir ces différents espaces intra
urbains.
Les conséquences immédiates de cette situation
sont la limitation de la consommation d'eau potable pour la boisson,
l'insuffisance d'eau pour la satisfaction des besoins d'hygiène de base
(se laver les mains, faire sa toilette personnelle, etc.), le recours à
des points d'eau non potable plus facilement accessibles et l'augmentation des
durées de conservation de l'eau collectée. Or, les
difficultés qu'éprouvent les ménages à disposer du
minimum vital d'eau entraînent des risques sanitaires qu'il convient
d'aborder. Divers indices de mortalité - surtout infantile - existent et
mettent en évidence la réalité et l'importance de ces
risques. Chez les enfants, cette mortalité est inextricablement
liée aux maladies diarrhéiques, problème majeur de
santé publique avec deux millions de décès par an (UNICEF,
2003).
I.
Définition du problème
Plus de la moitié de la
population mondiale vit actuellement en ville et d'ici 2050, plus de 50% de la
population africaine sera urbaine (ONU, 2004). « Chaudières
urbaines », « urbanisation galopante »,
« urbanisation incontrôlée » sont les
expressions les plus couramment employées pour caractériser le
rythme de l'urbanisation que connaissent les villes du Sud, et notamment celles
d'Afrique.
Le taux d'urbanisation en Afrique subsaharienne a connu une
augmentation très rapide ces dernières années. De 12% en
1950, il est passé à 30% en 1980 puis à 37% en 2000,
soit un triplement en 50 ans (ONU, op. cit.). Selon les estimations de
la Banque Mondiale, ce taux devrait encore s'accroître dans les
prochaines décennies (BANQUE MONDIALE, 2005).
Le Burkina Faso, pays sahélien et enclavé, n'est
pas en marge de ce processus, même si comparé aux autres pays de
la sous région, il connaît un taux d'urbanisation relativement
plus faible : avec 15,5% selon le Recensement Général de la
Population et de l'Habitat (RGPH) de 1996, le Burkina Faso occupait en effet,
le dernier rang des pays les moins urbanisés du Réseau de
Recherche « Migration et Urbanisation en Afrique de
l'Ouest » (REMUAO1(*)), derrière le Niger et le Mali dont les taux
d'urbanisation étaient respectivement de 18 et de 25% (OUATTARA A.,
2004). Néanmoins, la croissance urbaine du pays a été
rapide : 2,5% en 1960, 6,5% en 1975, 12,7% en 1985 et 15,5% en 19962(*) (INSD, 2000).
Ouagadougou, la capitale, recensait 709 736 habitants en 1996
soit 41,5% de la population urbaine totale. Elle constitue la ville la plus
importante du pays. Cette croissance démographique est essentiellement
soutenue par :
§ Le taux de croissance annuel moyen évalué
à 6,4% contre une moyenne nationale de 3,2% (ATLAS DU BURKINA
FASO, 2005) ;
§ L'intégration par extension des villages et
petits centres périphériques ;
§ Un solde migratoire qui était responsable des
deux tiers de la croissance démographique de la ville de Ouagadougou
entre 1975 et 1985, et du tiers entre 1985 et 1996.
C'est dans un tel contexte d'accroissement que s'est
modelé l'espace urbain de Ouagadougou dont la caractéristique la
plus saisissante est constituée par les extensions
périphériques (OUATTARA A., 2004) qui soulèvent de
multiples problèmes de gestion urbaine dont ceux de l'approvisionnement
en eau potable et de l'assainissement.
Les nombreux quartiers irréguliers de la capitale du
Burkina, du fait de leur statut illégal, ne peuvent
bénéficier d'un véritable réseau
d'approvisionnement en eau potable. Les bornes fontaines, mode collectif
d'approvisionnement en eau potable (AEP) par excellence de la capitale
burkinabè, qui sont donc situées uniquement en zone lotie,
subissent une forte polarisation puisqu'en périphérie, elles sont
fréquentées à la fois par les ménages des quartiers
réguliers qui ne dispose pas d'eau courante à domicile et par
ceux des zones irrégulières qui n'ont guère d'autres
choix. Il s'en suit des difficultés quotidiennes d'approvisionnement
avec des files d'attente aux bornes fontaines parfois très longues, des
spirales inflationnistes saisonnières et des mécanismes
spéculatifs qui pénalisent les ménages les plus
vulnérables (JAGLIN S., 2001). DOS SANTOS S. (2005) estime ainsi que le
coût d'un litre d'eau à Ouagadougou peut être jusqu'à
dix fois moins élevé pour un ménage disposant d'un robinet
d'eau courante à domicile que pour un ménage faisant appel
à un revendeur ambulant. La consommation d'eau potable s'en trouve
réduite tandis que les risques sanitaires, notamment
diarrhéiques, liés à la quantité et à la
qualité de l'eau consommée, croissent.
Yamtenga est un quartier irrégulier relativement
récent situé au Sud-Est de la ville de Ouagadougou. Son faible
niveau d'équipement en infrastructures d'approvisionnement en eau
potable en fait un lieu privilégié pour étudier
l'accès à l'eau potable dans les quartiers irréguliers de
la capitale.
Les questions suivantes peuvent alors être posées
:
§ Quel est le niveau d'accès à l'eau
potable dans le quartier de Yamtenga ?
§ Quel est l'impact des problèmes
d'approvisionnement en eau sur les niveaux de consommation d'eau des
ménages ?
§ Quelles sont les pratiques à risque par rapport
aux maladies diarrhéiques ?
Plusieurs hypothèses qui répondraient aux
questions posées peuvent être suggérées.
I.1.
Les hypothèses
Nous partons de l'hypothèse selon laquelle les
conditions d'accès à l'eau à Yamtenga sont
préoccupantes et cette situation détermine la quantité et
la qualité de l'eau consommée par les ménages.
De cette hypothèse principale se dégagent deux
hypothèses spécifiques :
§ Les difficultés en matière
d'approvisionnement en eau potable contribuent à réduire les
volumes d'eau consommés par personne et par jour au niveau des
ménages.
§ Les modes d'approvisionnement et de gestion de l'eau
à Yamtenga sont de nature à exposer la population à des
risques de diarrhées.
Pour confirmer ou infirmer ces hypothèses, nous nous
sommes fixés des objectifs à atteindre.
I.2.
Les objectifs
La présente étude s'attellera principalement
à évaluer l'accès à l'eau potable à
Yamtenga. Spécifiquement, nous nous attacherons à :
§ Décrire et analyser l'accessibilité et
l'accès à l'eau potable
§ Elaborer des indicateurs de risques pour les maladies
diarrhéiques.
Nous avons été éclairé dans le
choix de nos objectifs par la littérature existante.
I.3. La
revue de littérature
Les études sur l'accès à l'eau potable ne
sont pas récentes au Burkina Faso. Jusqu'alors plutôt
orientées vers le milieu rural où la situation semblait plus
préoccupante, les recherches de ces dernières années
s'intéressent de plus en plus au milieu urbain du fait de la croissance
démographique et spatiale des villes et des problèmes
d'équipement qui en découlent. L'exploitation de ces travaux
s'est avérée la technique la plus adéquate pour cerner les
aspects relatifs à notre problématique de recherche.
A l'échelle du
monde
De nombreuses publications sont disponibles sur ce sujet. La
synthèse de la table ronde sur l'eau et la santé dans les
quartiers urbains défavorisés organisée par la
Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le
Développement (CONED) et le Programme « solidaire
eau » (PSEAU) à Sophia Antipolis du 21 au 23 février
1994, retient deux constats (CONED/PSEAU, 1994). D'une part, l'étalement
des villes expose les populations à de graves dangers liés
à la dégradation de l'environnement sous le regard inconscient
des autorités. D'autre part, les conditions de vie précaires dans
les zones irrégulières sont fatales à la vie, à la
santé, aux valeurs sociales et morales de plusieurs centaines de
millions de personnes dans le monde.
Cette synthèse estime que 80% des maladies et plus d'un
tiers des décès dans les pays en développement sont dus
à la consommation d'eau de mauvaise qualité. Le rapport montre
que les efforts conjugués de la communauté internationale au sein
de la DIEPA qui s'est achevée en 1990, a permis une amélioration
très significative de l'accès à l'eau potable en milieu
rural mais qu'en revanche, la situation dans les zones
périphériques des villes demeure préoccupante. Ce sont
d'ailleurs ces zones qui sont les plus exposées et les plus
vulnérables aux risques sanitaires en raison de leur pauvreté.
Ces résultats sont confirmés par les
études du « India Institute of Medical Sciences »
réalisées en 1996 qui révèlent qu'en moyenne, les
enfants de moins de cinq ans ont jusqu'à trois épisodes de
diarrhées par an, tandis que ceux qui vivent dans les zones
irrégulières urbaines en ont jusqu'à huit (BHAN M.K.,
2000). Posant toujours la question de la disponibilité de l'eau, GORTER
A.C. et al. (1991) soulignent à travers des études
réalisées au Nicaragua que les enfants qui habitent dans des
maisons où la disponibilité en eau est faible ont eu un taux plus
élevé de 34% de diarrhée par rapport à ceux
bénéficiant d'un meilleur approvisionnement.
A l'échelle des
villes africaines
Dans son ouvrage « La santé dans la ville,
géographie d'un petit espace dense : Pikine
(Sénégal) », SALEM G. (1998) procède à
une caractérisation de l'espace urbain. La santé y apparaît
comme un puissant révélateur des inégalités intra
urbaines. Considérant l'espace comme un distributeur de facteurs de
risques, l'auteur montre que l'inégal équipement des villes
africaines, et particulièrement de Pikine, expose plus les populations
des zones irrégulières à ces facteurs. Il retient le
faible niveau d'accès à l'eau potable comme un facteur de risque
sanitaire, notamment diarrhéique, très important. Toujours
à Dakar, LAYOUSSE T. (1983) dans sa thèse de doctorat en
pharmacie sur « L'alimentation en eau potable d'une grande ville
ouest africaine » estime que la consommation d'eau à Dakar est
satisfaisante, aussi bien quantitativement que qualitativement. L'auteur
évoque cependant avec insistance les difficultés croissantes
d'alimentation en eau potable et la nécessité de prévoir
d'autres sources de captage au regard du rythme actuel de consommation. La
question de la qualité de l'eau ressort aussi dans l'oeuvre de ADELINE
T. (1997), à travers des analyses chimiques et bactériologiques
effectuées sur les eaux souterraines en milieu périurbain au
Cameroun. L'auteur a établi un lien entre la qualité de l'eau, le
type d'adduction et le type d'aménagement avant de conclure que les
populations qui ont recours aux forages consomment de l'eau très souvent
fortement polluée. Dans sa thèse de géographie de la
santé intitulée « Environnement urbain et
santé : la morbidité diarrhéique des enfants de moins
de cinq ans à Yaoundé au Cameroun », BANZA NSUNGU A.
(2004) révèle que le niveau d'accès à l'eau potable
est plus préoccupant dans les zones d'habitat spontané que dans
les zones d'habitat planifié. L'auteur note que les risques sanitaires,
notamment diarrhéiques, sont liés aux niveaux de consommation et
à la qualité de l'eau.
REMIS-THOMAS N. (1995), en abordant la question de la
croissance urbaine à Bamako (Mali) et des modifications de
l'environnement qui en résultent, révèle que les quartiers
irréguliers sont très mal ou pas du tout approvisionnés en
eau potable et subissent de ce fait « un calvaire quotidiennement
renouvelé ». Il estime néanmoins que les
difficultés d'approvisionnement de ces zones reposent surtout sur leur
configuration générale discontinue, très
étalées et formées de nombreux espaces inoccupés
(bas-fonds, terrains vagues, etc.).
A l'échelle du
Burkina Faso
- En milieu semi urbain ou
rural
DIOMA K. (1990) s'est
intéressé à l'analyse des aspects sanitaires liés
à l'approvisionnement en eau en milieu semi urbain (Boromo). Il
relève que la consommation d'eau issue du réseau de l'Office
National de l'Eau et de l'Assainissement (ONEA) est faible et que cette
situation est imputable à des contraintes économiques (coût
du service) mais aussi au nombre élevé de puits privés que
les populations préfèrent utiliser. Or, en zone urbaine, l'eau
des puits traditionnels est généralement impropre à la
consommation (présence de coliformes en quantités
supérieures aux normes préconisées par l'Organisation
Mondiale de la Santé (OMS)). Il souligne que l'eau potable perd de sa
qualité au cours de son circuit dans le réseau, au cours du
transport après sa collecte et pendant son stockage ce qui a pour
conséquence, l'émergence de maladies hydriques, notamment
diarrhéiques. En se penchant aussi sur la qualité de l'eau en
milieu rural, GUILLEMIN F. (1984) a montré à travers des analyses
sur 918 points d'eau au Burkina Faso, que les forages, sources supposées
potables, sont bien souvent polluées. Il constate par ailleurs que les
points d'eau traditionnels sont les plus pollués et que cette pollution
est imputable à des facteurs physiques (structure géologique et
topographique), techniques (absence de margelle et parois non
aménagées) et humaines (comportements et mentalités).
- En milieu péri urbain
OUEDRAOGO M. (1993) qui a
travaillé en milieu périurbain de Ouagadougou, à
Kamboinsé, a évalué le degré de
responsabilité de l'eau dans l'émergence ou la persistance de
certaines maladies. Abordant essentiellement la question de la qualité
de l'eau, il souligne que seulement 6% des points d'eau
échantillonnés peuvent être considérés comme
potables si l'on se réfère aux normes de l'OMS en matière
d'eau de boisson
- En milieu urbain
BRICOUT F. (1988) s'est
intéressée à l'accès à l'eau potable dans
les villes africaines occidentales en comparant les problèmes de
mobilisation et d'adduction que connaissent Ouagadougou et Abidjan. Cette
étude met à nu les difficultés auxquelles faisaient
déjà face il y a près de 20 ans, les responsables du
secteur pour assurer une desserte adéquate en eau. L'auteur souligne que
la pauvreté est l'un des principaux facteurs limitant l'accès
décent aux services d'approvisionnement en eau potable car elle oblige
les populations à payer le strict minimum d'eau potable ou à se
rabattre sur les points d'eau gratuits comme les puits.
Plus récemment, dans sa thèse de doctorat
intitulée « Koom la viim : enjeux socio sanitaires de
la quête de l'eau à Ouagadougou (Burkina Faso) », DOS
SANTOS S. (2005) procède à une analyse du fort taux
d'accès à l'eau potable observé à Ouagadougou (97%)
et montre que ce taux cache de nombreuses disparités en terme de
quantité d'eau consommée par les ménages. Par ailleurs,
elle aborde les enjeux sanitaires liés à la faiblesse
généralisée des volumes d'eau consommés par
personne et par jour. Selon ses résultats, le fait de disposer de
faibles volumes d'eau ne facilite pas l'adoption de mesures d'hygiène
adéquates. Cette situation rend du même coup les ménages
qui n'ont pas accès à l'eau potable plus vulnérables aux
maladies liées au péril fécal, notamment les
diarrhées.
De tout ce qui précède, on constate que peu
d'études ont été menées récemment dans la
ville de Ouagadougou sur l'eau et la santé. Les études qui
existent ont été entreprises le plus souvent au lendemain de la
décennie internationale de l'eau et de l'assainissement,
c'est-à-dire dans les années 1990. Par ailleurs, elles abordent
le problème de l'eau sous l'angle de la potabilité plutôt
qu'en terme d'inégalités sociales ou spatiales qui sont fortement
associées aux processus d'urbanisation. En s'intéressant aux
inégalités sociales et spatiales de l'accès à l'eau
potable et à leurs conséquences sanitaires dans les zones
irrégulières de Ouagadougou, notre problématique de
recherche montre ainsi son originalité.
I.4.
La définition des concepts
La définition des concepts constitue une étape
importante de notre étude. Elle présente leurs différentes
acceptions et précise celle que nous retenons dans le cadre de notre
travail.
Eau potable
L'OMS définit l'eau potable comme étant celle
dont la consommation est sans danger pour la santé. Pour que l'eau soit
qualifiée de potable, elle doit satisfaire à des normes relatives
aux paramètres organoleptiques (couleur, turbidité, odeur,
saveur), physico-chimiques (température, pH, etc.), microbiologiques
(coliformes fécaux et totaux, streptocoques fécaux, etc.) et
à des substances indésirables et toxiques (nitrates, nitrites,
arsenic, plomb, hydrocarbures, etc.). Pour chaque paramètre, des valeurs
limites à ne pas dépasser sont établies. Le fait qu'une
eau soit potable ne signifie pas qu'elle soit exempt d'agents pathogènes
mais que leur teneur a été jugée insuffisante pour
déclencher une maladie. Les normes de potabilité de l'eau
diffèrent d'un pays à l'autre et celles proposées au
Burkina Faso par l'ONEA répondent aux exigences de l'OMS. Dans le cadre
de notre étude, est considérée comme potable, l'eau issue
des canalisations de l'ONEA parce qu'ayant subi des traitements.
L'accessibilité et l'accès à
l'eau potable
L'accessibilité est une notion qui rend compte de la
plus ou moins grande facilité avec laquelle on peut accéder
à un service. Appliquée à l'eau potable, elle se
décline en termes de disponibilité de la ressource, de
permanence, de distance qui sépare le ménage de son point d'eau
et de qualité, En terme de distance, on entend par accessibilité
raisonnable, l'existence d'un point d'eau potable permanent à une
distance inférieure à 200 mètres de la concession (OMS,
2003). En terme de coût, l'accessibilité à l'eau potable
est plus difficilement mesurable puisque le prix de l'eau varie en fonction des
villes, des quartiers, des saisons, du type d'infrastructure, etc.
La notion d'accès à l'eau potable est un
indicateur qui représente la quantité et la qualité de
l'eau dont dispose chaque personne par jour. La norme fréquemment
citée pour la quantité est celle de l'OMS qui s'établit
à 20 litres par personne et par jour pour la satisfaction de tous les
besoins de base (boisson, lessive, vaisselle, douche, etc.). La qualité
de l'eau est d'autant plus importante qu'elle a des implications sur la
santé de la population et particulièrement celle des enfants.
D'une manière générale, l'accès à l'eau
potable est un indicateur de santé très important puisqu'il est
avéré que « plus on dispose d'eau, plus on adopte
facilement des mesures d'hygiène adéquates »
(CURTIS V., 1995 ; SATTERHWAITTE D., 1995).
Dans le cadre de cette étude, nous évoquerons
l'accès à l'eau potable en faisant référence aux
normes ci-dessus précisées.
Le risque
La notion de risque occupant une place non négligeable
dans notre travail, l'acception qu'elle revêt mérite d'être
précisée. BONNARD R. (2001) définit le risque comme
étant le résultat de l'exposition à un
phénomène dangereux ou à un danger, ce danger étant
plus ou moins prévisible selon SEIGNEUR V. (2004). Le lien entre le
risque et le danger est aussi évoqué par BAILLY J.D. (2005), qui
pense que le risque est la probabilité de voir se manifester la
présence d'un danger dans son environnement ou dans son alimentation.
Le risque désigne l'existence des facteurs pouvant
contribuer à faire naître et/ou persister la source du danger et
dont la preuve n'est pas démontrée à travers des tests.
C'est à ce risque que nous intéresserons dans la présente
étude.
La santé
En 1949, l'OMS a défini la santé comme un
« état complet de bien être physique, mental et social
et pas seulement une absence de maladie ou d'infirmité ». Avec
cette définition, la notion de santé passe de
« l'absence de maladie » à un concept plus
vaste, en revêtant du même coup un caractère
multidimensionnel, idéaliste voir utopique. Elle implique que tous les
besoins fondamentaux de la personne soient satisfaits, qu'ils soient affectifs,
sanitaires, nutritionnels, sociaux ou culturels, du stade de l'embryon, voire
des gamètes, à celui de la personne âgée. Cette
définition de l'OMS n'est cependant pas la seule.
Pour BERGSON H. (1932), « la santé est la
capacité de s'investir, d'entreprendre ce que l'on a envie de
réaliser ». La santé est aussi la condition
nécessaire pour un individu ou un groupe d'individus, au
développement de ses potentiels de vie (CHOUCKROUN O., 2003). On peut
donc considérer la diarrhée comme un fait de santé qui
empêche l'épanouissement personnel.
Dans le cadre de cette étude, nous adopterons une
définition de la santé correspondant à l'absence de
maladie parce que nous ne saurions prendre en compte les autres dimensions
qu'elle peut revêtir.
La santé publique
Les origines de la santé publique remontent à la
fin du dix neuvième siècle. En découvrant par observation
la notion de contamination, Semmelweiss inaugure la santé publique
(CHOUKROUN O., op. cit.). Mais, c'est sous l'ère de Pasteur que
l'on voit apparaître la notion de santé publique au sens du
dépistage, de la vaccination et de l'organisation sanitaire.
En 1952, l'OMS définit la santé publique comme
étant « l'art et la science de prévenir les maladies,
de prolonger la vie, d'améliorer la santé physique et mentale des
individus par le moyen d'actions collectives pour assainir le milieu, de lutter
contre les épidémies, d'enseigner l'hygiène corporelle,
d'organiser les services médicaux et infirmiers, de faciliter
l'accès aux soins précoces et aux traitements
préventifs ». En 1973, cette définition est
élargie et on parle désormais de santé publique pour
évoquer les problèmes concernant la santé d'une
population, l'état sanitaire d'une collectivité, les services
sanitaires généraux et l'administration des services de soins
(MENGUE G. S., 2006).
C'est à partir de cette époque que la
santé publique devient une discipline autonome qui s'intéresse
à la santé sous tous ses aspects curatifs, préventifs,
éducatifs et sociaux. Selon MALEK K. et al. (1996), cette
discipline se donne pour objet l'amélioration, la préservation,
la restauration et la promotion de l'état de santé de la
population. Dans ce sens, elle fait appel à un ensemble de disciplines
variées et complémentaires : médecine,
épidémiologie, économie, sociologie, géographie,
etc. Selon KHAYAT D. (2003), la plupart des grandes pathologies et des grandes
épidémies a un lien avec l'espace. Il pense notamment que les
maladies infectieuses ont un lien évident avec la géographie. Une
meilleure utilisation de l'information géographique pourrait changer
profondément les méthodes d'alerte précoce en
épidémiologie, mais aussi les modalités de prise en charge
des disparités de santé.
Nous définissons donc la santé publique comme
une science au carrefour de toutes les sciences, s'intéressant aux
facteurs qui conditionnent la santé de la population. De ce fait, elle
n'est pas l'apanage des médecins. Les sciences sociales, notamment la
géographie, apportent leur savoir faire en construisant des indicateurs
de risque de maladies et en proposant éventuellement des solutions
d'aménagement afin de réduire les risques sanitaires.
La géographie de la
santé
Selon Picheral, la géographie de la
santé est « l'étude spatiale de la qualité de la
santé des populations, de leurs comportements et des facteurs de leur
environnement qui concourent à la promotion ou à la
dégradation de leur santé » (SALEM G., 1998). Elle
s'inscrit dans une démarche géographique et considère
l'espace comme un distributeur de facteurs de risques endogènes
(physiques, biologiques, génétiques, etc.) et exogènes
(environnementaux, sociaux, économiques). Elle correspond à la
« medical geography » des pays anglophones et
à la « geomedizin » des germanophones.
Selon SALEM G. (op. cit.), il s'agit de montrer les
combinaisons de facteurs qui exposent différentiellement des populations
à certains risques sanitaires dans un espace donné. Dans ce sens,
la géographie de la santé s'intéresse aux
disparités spatiales qui génèrent des faits de
santé, par exemple l'insalubrité de l'environnement,
l'accès à l'eau potable ou aux soins. C'est SNOW J. (1855) qui
démontra le premier que la répartition des cas de choléra
lors de l'épidémie de Londres de 1849 était liée
à celle des bornes fontaines publiques.
Nous considérons la géographie de la
santé comme la science qui s'attelle à la description de
l'environnement sur le plan sanitaire, à la localisation des maladies et
l'explication de leur répartition spatiale.
L'hygiène
Le mot dérive du nom de la déesse grecque
Hygie, qui était la déesse de la santé et de la
propreté. Fille d'Asclépios, dieu de la médecine,
Hygie symbolise la prévention.
LE PETIT LAROUSSE (1998) considère l'hygiène
comme la partie de la médecine s'intéressant aux moyens
individuels et collectifs, aux principes et pratiques visant à
préserver et favoriser la santé.
Nous retiendrons de cette définition toute mesure
permettant d'éviter la pollution de l'eau de boisson. Il s'agit dans ce
cas principalement du lavage des mains au savon avant les repas, après
être allé aux toilettes ou avoir accompagné un enfant aux
toilettes, et du lavage des récipients de stockage de l'eau de
boisson.
L'assainissement
C'est un processus par lequel des personnes peuvent vivre dans
un environnement plus sain. Pour cela, des moyens physiques, institutionnels et
sociaux sont mis en oeuvre dans différents domaines tels que
l'évacuation des eaux usées et celle des déchets solides,
l'évacuation des excréta et le traitement de tous ces
éléments. L'assainissement est fortement lié à la
santé publique en raison des nombreuses maladies qui peuvent être
dues à un mauvais assainissement : maladies à transmission
fécale et orale telles que les maladies diarrhéiques. En ville,
il devrait être inclus dès la planification des nouveaux
quartiers.
Au cours de notre recherche, nous emploierons surtout la
notion d'assainissement pour évoquer le manque de latrines et les
mauvaises conditions d'évacuation des eaux usées et des
déchets.
Les quartiers irréguliers
Les quartiers irréguliers
sont le fruit d'une croissance urbaine incontrôlée, d'une
installation anarchique de populations d'origines diverses à la limite
de la zone régulière. Cette croissance incontrôlée
contribue selon les régions et les pays, de 20 à 80% de la
croissance urbaine et concerne entre 15 et 70% des citadins dans les pays en
développement, les moyennes se situant aux alentours de 40%
(DURAND-LASSERVE A., 1996).
La notion de quartier irrégulier recouvre une
diversité de situations locales qu'il convient de préciser. Elle
désigne généralement des quartiers
périphériques non reconnus par les autorités et de ce
fait, non équipés. C'est le cas des quartiers irréguliers
de Ouagadougou. Elle peut aussi désigner des zones d'habitat
bénéficiant d'une existence juridique qui trouve des formes de
reconnaissance allant jusqu'à l'installation d'équipement
collectifs : électricité, bornes fontaines. C'est le cas de
l'ancienne zone irrégulière de Pikine (ville située
à une douzaine de kilomètres de Dakar au Sénégal)
qui disposait en 1987 de 219 bornes fontaines publiques sur les 387 que
comptait toute la ville (SALEM G., 1992).
L'expression la plus courante à Ouagadougou pour désigner ces
espaces irréguliers est celle de « non loti »
qui regroupe tous les espaces de la ville n'appartenant pas aux espaces lotis.
A travers la photo 1, on constate que la zone irrégulière (en
bas) se distingue bien de la zone dite régulière (en haut) par
son aspect plus désordonné.
Photo 1 : Vue
aérienne de la partie ouest de la ville en limite d'urbanisation
régulière (Cliché ONEA, 2003)
Formés d'habitat édifié en dehors de
toute norme et évoluant de manière anarchique, les quartiers
irréguliers présentent une physionomie disparate avec de fortes
proportions de constructions en matériaux précaires,
contrairement aux quartiers réguliers qui se mettent en place selon un
cadre planifié et un plan en damier.
II. Le
cadre méthodologique
La démarche méthodologique adoptée
comporte plusieurs étapes :
§ Présentation du contexte dans lequel s'inscrit
la présente étude ;
§ Justification du choix de la zone d'étude ;
§ Identification des variables d'étude ;
§ Choix de la population cible et
l'échantillonnage ;
§ Travaux de terrain ;
§ Analyse des données.
II.1.
Le contexte de l'étude et le choix du thème
Selon les Nations Unies, d'ici à 2025 plus de la
moitié de la population ouest africaine sera urbaine (ONU, 2005). Cette
croissance urbaine rapide n'est pas soutenue par une croissance
économique capable de satisfaire les besoins en infrastructures de base,
emploi, etc. Parmi les dimensions déconcertantes de la croissance
urbaine des pays africains, les aspects sanitaires sont les moins
étudiés (SALEM G., 1998). Or, l'urbanisation n'est pas sans
conséquence sur la santé des citadins. En effet, elle apporte
d'importants changements dans le mode de vie des populations, changements
susceptibles d'entraîner de profondes modifications de la
santé.
Le présent travail s'inscrit dans le cadre du programme
de recherche « Environnement Urbain et Transition Sanitaire
en Afrique de l'Ouest (EUTSAO) » initié par
l'unité de recherche « Conditions et Territoires d'Emergence
des Maladies » (CTEM) de l'Institut de Recherche pour le
Développement (IRD) au Burkina Faso.
Fort du constat que le milieu de vie influence l'état
de santé de la population, ce programme poursuit les objectifs
suivants :
§ Décrire et expliquer les disparités socio
spatiales de santé
§ Décrire et expliquer les besoins de soins des
populations
§ Croiser les profils d'espace à risques avec ceux
de populations à risques
L'hypothèse de départ est qu'une transition
démographique (diminution de la mortalité, diminution de la
natalité et augmentation de l'espérance de vie), nutritionnelle
(les citadins modifient leurs comportements alimentaires et toxiques en
consommant plus de sucres, de protéines animales et de substances
toxiques), épidémiologique (les causes de mortalité et de
morbidité évoluent) est en cours à Ouagadougou. Cette
transition contribue à voir apparaître de nouvelles pathologies
comme l'hypertension artérielle sans que les pathologies infectieuses et
parasitaires disparaissent. En s'appuyant sur l'environnement urbain, la
connaissance des états de santé des populations et celles des
besoins de soins, les travaux de l'équipe pluridisciplinaire CTEM
visaient à une meilleure connaissance de l'épidémiologie
urbaine et à fournir une aide à la décision aux
responsables de la santé publique et de l'aménagement du
territoire.
Deux principales raisons militent en faveur du présent
thème de recherche :
§ Au sein de l'unité de recherche, notre
problématique est l'une des meilleures illustrations des défis du
développement des villes africaines, et de Ouagadougou en particulier.
Elle s'inscrit en droite ligne du premier objectif du programme EUTSAO qui est
de décrire les inégalités de santé. Le niveau
d'accès à l'eau potable est un important facteur de
différenciation spatiale, le lien entre l'eau et la santé ayant
été démontré par plusieurs auteurs (CONED/PSEAU,
1994 ; PROST A., 1996 ; OMS, 2007) on peut conclure que notre travail peut
contribuer à expliquer les disparités socio spatiales de
santé.
§ A un moment où le Ministère de
l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques (MAHRH) consacre
plus de 500 Milliards de francs CFA à la mise en place du Programme
National d'Approvisionnement en Eau Potable et d'Assainissement (PN-AEPA)
(MAHRH, 2007) pour la période 2007-2015, et où le risque de voir
le fossé entre l'offre et la demande en eau s'élargir davantage
compte tenu de la croissance urbaine, notre thème montre par ailleurs
son actualité.
II.2.
La justification du choix de la zone d'étude
Notre zone d'étude est l'un des huit sites retenus par
l'unité de recherche CTEM dans le cadre du programme EUTSAO.
Il s'agit de Yamtenga (Carte 1).
Ces sites ont été choisis après
stratification de la ville en tenant compte de deux critères :
§ Le type de lotissement (quartiers lotis versus
non lotis) qui renvoie à la notion de vulnérabilité pour
les populations résidant en marge de la ville ;
§ La densité du bâti qui renvoie à la
densité de la population et à ses conséquences en
matière de diffusion des pathologies du fait notamment de la
promiscuité.
Carte 1 : Localisation
des zones d'étude du programme EUTSAO

A partir de ces deux critères, quatre strates
représentatives de différentes situations d'urbanisation ont
été définies, au sein desquelles les quartiers lotis de
Dapoya, Patte d'Oie, Gounghin, Tanghin, et les quartiers non lotis de
Pissy-Burundi, Zongo, Somgandé et Yamtenga ont été
choisis. Dapoya et Patte d'oie représentent des quartiers lotis denses
tandis que Gounghin et Tanghin constituent les quartiers lotis peu denses.
Yamtenga et Somgandé forment la strate des quartiers non lotis denses
tandis que Zongo et Pissy-Burundi forment celle des quartiers non lotis peu
denses.
D'après les estimations faites par l'UR CTEM en 2004,
la population de Yamtenga s'élève à 27 300 habitants, soit
une densité de 106 hab/ha. Cette densité est largement
supérieure à la densité moyenne de la ville de Ouagadougou
qui est de 57 hab/ha (INSD, 2000). Cette forte densité n'est pas propre
à toutes les zones irrégulières de la ville puisque dans
des quartiers comme Zongo à l'Ouest de la ville, elle est de l'ordre de
36 hab/ha. Distante du centre ville d'environ 5 kilomètres, Yamtenga est
l'une des zones irrégulières les plus accessibles contrairement
à Zongo par exemple ou Somgandé, distantes d'environ 8 km du
centre ville. Cette accessibilité devrait en outre s'améliorer
avec le bitumage des principales voies d'accès au quartier, prévu
dans le cadre du projet d'aménagement des quartiers périurbains
de la ville de Ouagadougou. Au regard de cette facilité d'accès,
de sa proximité avec les centres de décision, ce quartier en
cours de lotissement constituera certainement une destination de choix pour les
classes moyennes au cours des prochaines années.
II.3.
L'identification des variables d'étude
L'identification des variables de l'étude constitue une
étape très importante dans la validation des hypothèses de
travail. Les variables sont fonction des objectifs de l'étude et
définissent ainsi les besoins d'information à satisfaire.
En ce qui concerne l'analyse de l'accès à l'eau
potable, nous nous intéresserons à la répartition des
points d'eau, à leur typologie, aux distances parcourues par les
ménages et au volume d'eau consommé par jour et par personne.
Pour élaborer les indicateurs de risques
diarrhéiques liés à l'eau de boisson, nous
considérons les variables suivantes :
§ Le type de points d'eau auquel ont recours les
ménages
§ Le type de récipients utilisés pour
collecter l'eau de boisson.
§ La salubrité des points d'eau (environnement du
point d'eau)
§ Les conditions de collecte, de transport et de stockage
de l'eau
Tableau 1 : Matrice du
cadre conceptuel
|
Questions de
recherche
|
Hypothèses de
recherche
|
Objectifs
|
Variables d'étude
|
Moyens
|
Echelle d'analyse
|
Population cible
|
Principale
Quel est le niveau d'accès à l'eau potable dans
à Yamtenga ?
|
Les conditions d'accès à l'eau sont
préoccupantes et cette situation détermine la quantité et
la qualité de l'eau consommée par les ménages.
|
Evaluer l'accès à l'eau potable à Yamtenga.
|
|
|
- Yamtenga
|
-Chefs de ménage
-Ménagères
-Revendeurs d'eau
|
Secondaire 1
Quel est l'impact des problèmes d'approvisionnement en eau
sur les niveaux de consommation des ménages ?
|
Les difficultés en matière d'approvisionnement en
eau potable contribuent à réduire les niveaux de consommation par
personne et par jour au niveau des ménages.
|
Décrire et analyser l'accessibilité et
l'accès à l'eau potable.
|
-Sources d'approvisionnement en eau de boisson
-Distances parcourues
-Fréquentation des bornes fontaines
-Type de récipient utilisé pour recueillir l'eau de
boisson
-Temps mis pour collecter l'eau
-Prix de l'eau
|
-Questionnaire
-Guide d'entretien
-Observation
|
- Domicile
|
-Chefs de ménage
-Ménagères
|
Secondaire 2
Quelles sont les pratiques à risques par rapport aux
maladies diarrhéiques ?
|
Les modes d'approvisionnement et de gestion de l'eau en
périphérie sont les facteurs déterminant sa
qualité.
|
Elaborer des indicateurs de risques diarrhéiques.
|
-Qualité d'eau recueillie par personne
-Type de points d'eau auquel ont recours les ménages
-Type de récipients utilisés pour collecter l'eau
de boisson.
-Salubrité des points d'eau (environnement du point
d'eau)
-Conditions de collecte, de transport et de stockage de l'eau
|
-Revue de littérature
-Questionnaire
|
-Domicile
|
-Chefs de ménage
-Ménagères
|
II.4.
Les populations cibles
Plusieurs acteurs constituent la chaîne d'utilisation de
l'eau. Les ménages, et plus particulièrement les femmes et les
enfants, constituent la première population cible. Bien qu'ayant la
possibilité d'aller chercher l'eau personnellement, les ménages
peuvent aussi recourir à des revendeurs du secteur informel. Cela nous
amène à considérer les revendeurs et les gérants
des points d'eau comme une autre population cible.
II.5.
L'échantillonnage
Nous avons généré aléatoirement
200 couples de coordonnées géographiques répartis sur
toute l'étendue de notre zone d'étude, circonscrite à
l'aide d'une image SPOT 5 de novembre 2002 et d'une série de
photographies aériennes de la ville de Ouagadougou prises en avril 2003.
Nous avons ensuite retenu 120 couples de coordonnées qui correspondaient
exactement à des concessions que l'on pouvait repérer sur les
photographies aériennes. Notre objectif étant d'enquêter 80
concessions afin d'avoir une diversité suffisante de cas à
analyser, nous avons retenu ces 120 couples de coordonnées pour pallier
à l'éventuelle absence des ménages et/ou l'abandon de
certaines concessions. Les coordonnées ont été
intégrées dans un GPS (Global Positioning System) afin de
retrouver les concessions choisies sur le terrain. Cette technique
d'échantillonnage a été privilégiée parce
que nous ne disposions pas de base de sondage démographique.
II.6.
Les travaux de terrain
Géoréférenciation des
photographies aériennes
Les travaux de terrain se sont déroulés du 10
juin au 22 juillet 2006. Il s'est d'abord agi de
géoréférencer les photographies aériennes qui
devaient nous permettre de déterminer les concessions à
enquêter. La géoréférenciation consiste à
attribuer des coordonnées géographiques à un ensemble de
points afin de les localiser exactement par rapport à un système
de référence géodésique (WGS 1984, UTM zone 30P).
Pour réaliser cette étape, nous avons procédé
à des relevés de points remarquables (carrefours de pistes,
bornes fontaines, lieux de culte, etc. que l'on pouvait repérer sur les
photographies aériennes) à l'aide du GPS. Nous avons à cet
effet eu recours au logiciel ARC GIS 9.0(c). Nous avons ensuite
procédé aux enquêtes domiciliaires et directives.
Les enquêtes domiciliaires
Nous avons utilisé un questionnaire agencé en
cinq parties suivant les trois objectifs spécifiques que nous nous
étions fixés (Annexe). Une première enquête a permis
de tester le questionnaire et de constituer des listes de réponses
possibles à certaines questions de sorte à mieux gérer la
saisie. Le questionnaire s'adressait prioritairement à la
ménagère ou à défaut, au chef de ménage.
Certaines questions sur les pratiques d'hygiène ont été
directement posées aux enfants.
Les enquêtes directives
Outre les enquêtes domiciliaires, nous avons eu recours
à des enquêtes directives et semi directives au moyen de guides
d'entretien (Annexe), afin de mieux appréhender notre thème de
recherche. Nous nous sommes entretenus avec huit gérants de bornes
fontaines, un gérant de poste d'eau autonome, six gérants de
forages équipés de pompe à motricité humaine,
quatorze revendeurs d'eau, deux responsables d'associations, le
délégué élu du quartier et le chef de terre de
Yamtenga.
II.7.
L'analyse des données
Les données collectées lors des enquêtes
domiciliaires ont été saisies sous le logiciel Excel. Cette
saisie a fait l'objet d'une vérification par une tierce personne afin de
réduire les erreurs. Nous sommes ensuite passés à
l'intégration des données sous le logiciel Access afin de mieux
les stocker et les analyser. Cette analyse a été renforcée
par les informations que nous avons recueillies à l'issue de nos
enquêtes directives.
Outre les données issues de nos enquêtes, nous
avons eu recours à deux autres sources d'informations. D'une part les
données brutes du RGPH de 1996 sur lesquelles nous nous sommes
appuyés pour analyser l'approvisionnement en eau à
l'échelle de la zone irrégulière des secteurs 29 et 30,
espace dans lequel se situe notre zone d'étude, Yamtenga. D'autre part,
les données collectées en 2004 et 2005 par l'UR CTEM
auprès des structures de santé de la ville de Ouagadougou. Cette
enquête qui a recueilli les diagnostics et certaines
caractéristiques des patients nous a permis d'analyser le poids des
diarrhées parmi les autres affections pour la tranche d'âge des
moins de cinq ans.
La restitution des résultats sera structurée en
quatre chapitres. Le premier abordera les conditions d'accès à
l'eau à l'échelle de la ville de Ouagadougou, le second
s'attellera à présenter l'accessibilité à l'eau
à l'échelle de la zone irrégulière des secteurs 29
et 30. Dans le troisième chapitre, nous évaluerons le niveau
d'accès réel à l'eau dans la zone enquêtée de
Yamtenga en nous fondant sur les données collectées au cours de
nos enquêtes. Nous terminerons en analysant les comportements des
populations en matière d'approvisionnement et de gestion de l'eau par
rapport aux maladies diarrhéiques afin d'élaborer des indicateurs
de risques sanitaires.
CHAPITRE I. L'ACCES A L'EAU POTABLE A OUAGADOUGOU
Le présent chapitre comprend trois grandes parties : la
première porte sur la présentation des ressources en eau à
Ouagadougou, la deuxième s'attelle à l'analyse des contraintes et
des politiques en matière d'approvisionnement en eau potable de la ville
de Ouagadougou. Dans la troisième et dernière partie, nous
proposons une analyse des inégalités de l'accès à
l'eau.
L'objectif consiste à mettre en relation les processus
d'urbanisation avec les disparités socio économiques et spatiales
en matière d'accès à l'eau qu'ils ont
engendrées.
I.
L'inventaire des ressources en eau
I.1.
Les ressources en eau souterraine
L'exploitation des ressources en eau souterraines constitue un
appoint non négligeable pour l'approvisionnement en eau de la ville de
Ouagadougou, surtout pour les quartiers irréguliers. Il s'agit
essentiellement des stations de captage de Pissy I et II, de Nioko I et II qui
dépendent de l'ONEA et dont le volume d'eau débité par an
est de 2,5 millions de m. A ces installations, s'ajoutent les forages munis
d'une pompe à motricité humaine dont le nombre est passé
de 200 à 154 entre 1980 et 2004, et les puits traditionnels (UR CTEM,
2006). Selon L'HUISSIER A.M. (1997), la contribution des ressources en eau
souterraines dans le système de l'alimentation en eau est de 10%.
L'exploitation de cette ressource n'a cependant pas grand avenir puisque des
recherches ont montré que la nappe aquifère existante
était discontinue et de faible capacité (JAGLIN S., 1995). A ces
ressources souterraines s'ajoutent les eaux de surface.
I.2.
Les eaux de surface
Située à 12°12' N et 1°24' W,
Ouagadougou tire l'essentiel de ses ressources en eau de surface :
§ Des barrages intra urbains, qui ont constitué la
principale source d'alimentation en eau de la ville de 1955 à 1971. De
nos jours, ils ont une capacité de stockage de 6,87 millions m (MAHRH,
2002) ;
§ Du barrage de Loumbila, situé à une
vingtaine de kilomètres au Nord Est de la ville qui assurait avant 2005
l'essentiel de l'approvisionnement en eau de celle-ci. Créé en
1947 et agrandi en 1971, il avait pour principal objectif de pallier
l'insuffisance d'eau enregistrée au cours des années 1960. Sa
capacité totale de stockage est de 36 millions de m.
§ Du barrage de Ziga, d'une capacité de 200
millions de m qui a été mis en eau en 2000 (MEE, 2007). Au regard
de son coût financier qui s'élève à 19 milliards de
francs CFA (29 millions d'euros), ce barrage est l'un des plus gros financement
jamais réalisé au Burkina Faso en matière
d'approvisionnement en eau.
Au delà de cette disponibilité apparente, il
existe des contraintes liées à la mobilisation de l'eau qui
méritent d'être abordées.
II.
Les contraintes et les politiques en matière d'approvisionnement en
eau
II.1.
Les contraintes d'ordre naturel
La nature du climat est l'une des principales contraintes en
matière d'approvisionnement en eau de la ville de Ouagadougou.
Caractérisé par une longue saison sèche d'octobre à
mai et une saison pluvieuse de juin à septembre, le climat conditionne
le remplissage des barrages et la réalimentation de la nappe
phréatique. La ville a reçu en moyenne 720 mm d'eau par an entre
1988 et 1998, selon les données fournies par la station
météorologique de l'aéroport international de Ouagadougou.
Au regard de ces données, on remarque qu'il y a une baisse tendancielle
des apports pluviométriques (Graphique 1). On constate par ailleurs de
grandes variabilités interannuelles.
Si les précipitations évoluent globalement
à la baisse, les températures par contre ont sensiblement
augmenté entre ces deux dates (Graphique 1). Cette hausse qui peut
s'expliquer par le réchauffement climatique à l'échelle
mondiale, est susceptible de réduire par évaporation les apports
pluviométriques dont dépend l'approvisionnement en eau de la
ville de Ouagadougou. Selon CECCHI P. et al. (2005), cette
réduction atteint la valeur de 84%. A ces difficultés s'ajoutent
celles liées à la nature du socle.
Graphique 1:
Pluviométrie et température moyennes annuelles de Ouagadougou
entre 1988 et 1998

Source : Données météorologiques de
l'aéroport de Ouagadougou, 2007
|
Sur le plan géologique, Ouagadougou repose sur un socle
granito gneissique précambrien recouvert par des cuirasses
ferrugineuses. Cette structure implique l'affaiblissement de la recharge
phréatique déjà évoqué.
Toutes ces difficultés dans la mobilisation de la
ressource entretiennent le spectre d'une pénurie d'eau à
Ouagadougou. Eu égard aux conditions d'urbanisation de la ville, le
risque de la pénurie d'eau est d'autant plus réel.
II.2.
Le poids de l'urbanisation
Pour bien comprendre la pression qu'exerce la croissance
urbaine sur les ressources en eau, il est indispensable de décrire
l'évolution spatiale et démographique de la ville.
II.2.1. Accroissement démographique urbain
Du bourg qu'elle était il y a un peu plus d'un
siècle, Ouagadougou est devenue progressivement une agglomération
importante même si elle n'égale pas les autres capitales de la
sous région telles que Dakar et Abidjan. La croissance
démographique qu'elle connaît peut être
appréhendée à travers le tableau 2 suivant.
Tableau 2 : Evolution de
la population de 1960 à 2003
Années
|
Population (nombre d'habitants)
|
Taux d'accroissement moyen (%)
|
1960
|
59 126
|
-
|
1965
|
75 000
|
4,9
|
1975
|
172 661
|
7,4
|
1985
|
441 514
|
9,4
|
1996
|
709 736
|
4,3
|
2003
|
1 200 000
|
4,4
|
Source : INSD, 20003(*)
La lecture du tableau révèle que Ouagadougou
double presque son effectif tous les dix ans. La décennie 1975-1985
constitue le véritable moment de l'accélération du
processus de peuplement de la ville avec un taux de croissance moyen de l'ordre
de 9,4%. Cet accroissement s'explique par les sécheresses qu'ont subi
les pays sahéliens au début des années 1970. La ville a en
effet suscité alors de nombreux espoirs pour les immigrants (en
provenance des villages et des centres urbains secondaires) qui
affluèrent en masse dans la capitale à la recherche d'un mieux
être dans un milieu plus diversifié. Ce phénomène
contribua à porter l'effectif de la ville à 441 514 habitants en
1985. Aujourd'hui, la population de Ouagadougou est plus de vingt fois
supérieure à ce qu'elle était à la veille de
l'indépendance avec 1 060 000 habitants. Quoiqu'en baisse
depuis 1985, le taux d'accroissement moyen (4,4%) demeure élevé
et permettrait à la ville de compter près de 2 546 000
d'habitants en 2015 selon la révision 2000 des perspectives mondiales
des Nations Unies (ONU, 2005). La traduction la plus visible et la plus
évidente de cette impressionnante croissance démographique,
réside dans le phénomène d'expansion spatiale qui
caractérise la ville.
II.2.2. La croissance spatiale
Il nous est quasiment impossible de décrire et
d'analyser l'évolution spatiale des villes africaines, notamment
Ouagadougou sans faire référence au modèle sur lequel
elles ont été érigées. Le 1er mars 1919,
Ouagadougou devenait la capitale de la nouvelle colonie de Haute Volta. Sous
l'impulsion du premier gouverneur, le Lieutenant François Charles Alexis
Edouard Hesling, de profondes modifications s'opérèrent dans le
paysage urbain. Afin de mieux étendre son pouvoir, il procéda
à une différenciation fonctionnelle des quartiers qui
constituaient la ville (RICARD A., 2002). Il fut ainsi construit un quartier
administratif et un quartier commercial, nettement séparés des
quartiers traditionnels et du centre historique de la ville (RICARD A., op.
cit.). Les quartiers administratifs ou européens se
différenciaient des quartiers traditionnels par leur niveau
d'équipement et d'aménagement (larges rues droites,
édifices rectangulaires). Cette différenciation de l'espace en
quartiers centraux privilégiés en matière
d'équipements par rapport aux quartiers périphériques, a
fini par influencer fortement la répartition des services sociaux de
base, et par s'imposer comme une approche d'urbanisme. Elle aura des
implications sur les conditions d'approvisionnement en eau de la ville que nous
évoquerons dans les lignes à venir.
La croissance accélérée de la population
a entraîné un développement rapide du tissu urbain. La
ville de Ouagadougou s'étend à une allure inquiétante
depuis les années 1970. Comme nous l'avons déjà
évoqué, cette extension est imputable à deux dynamiques
parallèles : l'une dite légale parce que planifiée et
contrôlée par l'Etat et l'autre dite irrégulière
produisant les zones irrégulières. Ces deux dynamiques ont pour
point commun un mode de construction horizontal qui se traduit par une
superficie qui passe de 32,7 km² en 1960 à 87,6 km² en 1980,
pour atteindre 170,5 km² en 1990 et 201 km² en 2000 (UR CTEM, 2006).
L'évolution spatiale peut se percevoir à travers la carte 2.
Avant 1960, la croissance spatiale de la ville était
modérée puisque le flux migratoire était faible et plus
orienté vers le centre ville (Bilibambili, Dapoya, Paspanga, Ouidi).
De 1960 à 1984, à la faveur de
l'indépendance et des sécheresses des années 1970, le
phénomène migratoire prit une ampleur considérable,
engendrant une extension démesurée de l'espace urbain avec pour
corollaire, le développement des quartiers irréguliers. Au cours
de cette période, les rares opérations de lotissement ne
s'inscrivaient dans aucune logique ou programme d'ensemble. A peine plus de 1
000 ha ont été restructurés, soit 20 ha par an (YRA A.,
2002), bien que la nécessité s'en soit faite
énormément sentir.
Carte 2: Croissance
spatiale de Ouagadougou de 1932 à 2003
La période allant de 1984 à 1991 a
été caractérisée par les lotissements populaires
à grande échelle, organisés par le pouvoir
révolutionnaire. Cela a permis de dégager 64 000 parcelles sur un
espace de 3 000 ha (MIHU, 1999, cité par YRA A., 2002) et contribua
à accroître de façon considérable l'espace urbain en
changeant sa physionomie. Cependant, cela a introduit une spéculation
foncière qui a relégué les pauvres en
périphérie et maintenu les pratiques d'occupation illégale
de l'espace urbain (OUATTARA A., 2004).
De 1991 à 2003, d'énormes efforts furent
consentis par les autorités à travers le plan de
développement des villes moyennes sensé retenir les populations
rurales et freiner l'extension démesurée qui avait repris corps
depuis le début des années 1990. Comme la
précédente opération, le succès fut passager. En
effet, l'intégration des villages périurbains dans le territoire
communal a favorisé l'extension des limites de l'urbanisation
régulière et irrégulière (Graphique 2).
Graphique 2 : Evolution de
la surface urbaine

Source : UR CTEM, 2006
|
La lecture de la figure révèle que les espaces
irréguliers représentaient près de la moitié de la
surface urbaine totale au cours des années d'indépendance. Ils se
sont développés à partir de cette date, en témoigne
leur taux de croissance en 1975, plus de trois fois supérieur (11%)
à celui des zones régulières (3%) selon la SAED
(Société d'Aménagement et de Développement) (YRA
A., 2002). Ils représentaient 75% de la superficie urbaine totale au
début des années 1980, chiffre révélateur de la
forte croissance de ces espaces qui accueillaient alors plus de 60% de la
population. L'opération de restructuration entreprise par le CNR
(Conseil National de la Révolution) a permis de les réduire
considérablement à la fin des années 1980. Cependant,
l'urbanisation irrégulière qui avait repris dès le
début des années 1990, concernait plus de 6 000 ha en 1996 et
s'est accompagnée à partir de cette date d'une densification plus
significative (JANIQUE E., 2006). La population qui y résidait
était alors estimée à plus de 300 000 habitants soit plus
du tiers de la population totale (MDHU, 1996, cité par YRA A., 2002).
D'une manière générale, on peut retenir
que les plans d'urbanisme qui se sont succédés depuis 1960
(étude d'urbanisme de 1961, schéma de structure de 1973,
schéma d'aménagement de la banlieue de Ouagadougou, projet Grand
Ouaga) sont restés sans effet satisfaisant sur la croissance des zones
irrégulières. Ces espaces n'étant pas officiellement
reconnus, ils ne bénéficient pas d'équipement de base.
II.3.
Les politiques en matière d'approvisionnement en eau
Pour comprendre la situation actuelle à l'eau potable
dans la ville de Ouagadougou, il est indispensable de décrire et
d'analyser les différentes orientations qui l'ont sous-tendu.
II.3.1. Une politique en faveur des branchements
particuliers.
La croissance démographique que la ville de Ouagadougou
a connu au lendemain des indépendances était telle que les
barrages intra urbains s'avérèrent insuffisants pour satisfaire
la demande sans cesse croissante en eau. La digue du réservoir de
Loumbila fut rehaussée en 1970 afin d'accroître la capacité
de stockage et d'améliorer l'approvisionnement en eau de la capitale
(CECCHI P., 2004).
Dans le même temps, la Société Nationale
des Eaux (SNE) fut mise en place afin de rentabiliser le service
d'approvisionnement en eau. Durant ses sept années d'existence, la SNE a
en effet privilégié les branchements particuliers aux
dépens des bornes fontaines (L'HUISSIER A.M., 1997). Cette politique
s'est traduite spatialement par la densification du service dans les quartiers
centraux, puisque selon la même source, 65% des branchements y
étaient localisés en 1978. Cette politique désavantageait
ainsi donc aussi bien les ménages démunis des quartiers centraux
que ceux vivant dans les quartiers périphériques et
irréguliers.
II.3.2. De la recherche d'un équilibre subtil à
une véritable politique sociale
Après sept ans de fonctionnement de la SNE,
l'idée d'une réorientation de la politique en matière
d'approvisionnement en eau potable s'est imposée aux autorités.
En effet, la politique qui a sous tendu la création de l'Office National
de l'Eau (ONE) va permettre de desservir les quartiers
périphériques réguliers par des bornes fontaines et des
postes d'eau autonomes dès 1977. L'intégration des quartiers
périphériques dans le schéma d'approvisionnement de la
ville tient plus de la recherche d'un équilibre entre la faiblesse de la
capacité financière à étendre le réseau de
branchements privés et la rareté de la ressource dont les signes
étaient déjà perceptibles. En effet, à la fin des
années 1970, la majorité des ménages disposant d'un
branchement privé se plaignait de fréquentes baisses de pression
de l'eau à la sortie des canalisations. C'est ainsi que les
autorités optèrent pour la desserte du plus grand nombre par le
biais des équipements collectifs (borne fontaine et poste d'eau
autonome). JAGLIN S. (1995) parle d'une gestion partagée de la
pénurie d'eau.
Il a fallu cependant attendre le début des
années 1990, pour que l'équipement des quartiers
périphériques réguliers en infrastructures collectives
d'approvisionnement en eau potable prenne une ampleur plus grande.
L'évolution du nombre des bornes fontaines dans la ville illustre assez
bien notre propos (Graphique 3).
Graphique 3 : Evolution du
nombre de bornes fontaines de 1972 à 2007
Sources : JAGLIN S., 1995 et LE PAYS, 20044(*)
On constate qu'à partir de 1994, le nombre de bornes
fontaines a considérablement évolué. Cette
évolution est le résultat d'un programme d'urgence visant
à accroître l'offre en infrastructures collectives
d'approvisionnement en eau potable. Après ce programme, plusieurs autres
actions ont été entreprises afin d'améliorer le niveau de
l'accès à l'eau.
La politique nationale de l'eau est élaborée en
1998 avec pour objectif de satisfaire de façon durable les besoins en
eau - en quantité et en qualité - d'une population croissante et
d'une économie en développement (MEE, 2000).
Le projet de renforcement du réseau d'approvisionnement
en eau potable de la ville de Ouagadougou a été mis en oeuvre en
2004 grâce au barrage de Ziga. Ce projet a porté la
capacité de stockage de l'ONEA à 40 millions de m, ce qui donne
une capacité de production de 2 400 m/h contre 900 m/h auparavant. On
estime à 50 000 branchements sociaux et 400 nouvelles bornes fontaines,
les réalisations rentrant dans le cadre du projet et directement
profitables aux populations (LE PAYS, 2004).
Parallèlement, de nouvelles approches devraient
être expérimentés dans les zones irrégulières
sur financement de l'Agence Française de Développement (AFD). Il
s'agit principalement d'une part d'inclure les branchements privés
à moindre coût et d'autre part de déléguer le
service à un opérateur privé chargé d'acheter l'eau
en grande quantité à l'ONEA pour la revendre aux ménages
des quartiers irréguliers.
Cette campagne de branchements sociaux qui comporte des
avantages certains, peut cependant susciter des interrogations au regard d'un
certain nombre de constats. Dans une ville où la population s'est
paupérisée et où la vulnérabilité des
ménages s'est accrue selon LACHAUD D. (2003, cité par DOS SANTOS
S., 2005), on est en droit de se demander si le seul fait de disposer d'un
robinet peut contribuer à accroître les volumes moyens de
consommation d'eau par personne et par jour. A Ouagadougou, la conservation
d'un branchement privé ou semi privé est en effet une bataille
permanente pour certains ménages. Selon l'ONEA (2002), près de
30% des abonnés particuliers ont vu leur livraison d'eau potable
suspendue temporairement ou définitivement en 2002 par manquements
successifs au paiement de la facture. Ce chiffre montre que pour
améliorer le niveau d'accès à l'eau, il est indispensable
de baisser son prix.
Si le nombre des actions entreprises est important, dans la
réalité il parait insuffisant. En effet, la répartition
spatiale des infrastructures mises en place à Ouagadougou à la
faveur de ces politiques fait ressortir de grandes disparités spatiales
intra urbaines qui impliquent un accès inéquitable en eau
potable.
III.
L'inégal accès à l'eau potable
Les inégalités en matière d'accès
à l'eau à Ouagadougou peuvent être perçues en termes
de niveau d'équipement et de distances parcourues, mais aussi en termes
de coût et de quantité d'eau consommée par les
ménages.
III.1.
Les disparités spatiales
Pour bien comprendre l'inégal équipement de la
ville, il importe de rappeler que tous les investissements en matière
d'approvisionnement (installation de bornes fontaines, de postes d'eau
autonomes, de branchements privés ou semi privés) reposent sur la
différenciation de l'espace en zone lotie (reconnue et
équipée) et non lotie (non reconnue et non
équipée). Cette dualisation de l'espace en matière
d'approvisionnement en eau potable trouve ses origines dans le
développement centrifuge de la ville de Ouagadougou. En effet, le noyau
urbain grandit du centre vers la périphérie. Le réseau se
construit en suivant la dynamique spatiale de la ville. L'équipement de
la ville se fait en fonction des moyens dont disposent les autorités
chargées de l'approvisionnement en eau. Les zones anciennement loties
sont généralement prioritaires par rapport aux espaces
nouvellement lotis. C'est ce qui explique que les points d'eau potable ne
s'étendent pas au delà de la limite de la zone lotie (Carte 3).
La première conséquence de cette situation est la polarisation
des bornes fontaines et des postes d'eau autonomes, situés à
proximité de la zone irrégulière qui sont
sollicités par les ménages des deux types de zone. Selon les
données de l'UR CTEM collectées en 2003, les bornes fontaines
représentent 73% des modes d'approvisionnement collectifs contre 21%
pour les forages équipés d'une pompe à motricité
humaine.
Cet inégal équipement oblige les ménages,
ceux vivant en périphérie irrégulière surtout,
à parcourir de longues distances pour avoir de l'eau potable.
Carte 3 :
Répartition des modes collectifs d'approvisionnement en eau de la
ville
D'après les données fournies par l'enquête
nationale « Dynamique migratoire, insertion urbaine et environnement
au Burkina Faso » (EMUIB) menée en 2000, les ménages
qui s'approvisionnent aux points d'eau collectifs parcourent en moyenne 700 m
pour atteindre le point d'eau potable le plus proche (DOS SANTOS S., 2005). Du
centre à la périphérie non lotie, les distances moyennes
parcourues évoluent sensiblement. La moitié des ménages en
zone régulière disposent d'un point d'eau à 200
mètres ou moins de leur résidence, alors qu'en zone
irrégulière, cette valeur médiane est de 400
mètres.
III.2.
Des disparités en terme de niveaux de consommation
Les études qui ont été menées sur
les niveaux de consommation à Ouagadougou ont
révélé qu'ils dépendaient surtout de la
capacité financière des ménages, du type
d'approvisionnement et de la zone d'habitat.
En 2002, l'Observatoire de Population de Ouagadougou (OPO)
estimait la consommation quotidienne moyenne à 34 litres par personne
dans les quartiers de Taabtenga en zone irrégulière et Wemtenga
en zone régulière (DOS SANTOS S., op. cit.). Cette
moyenne cache cependant de fortes disparités. En effet, les
données fournies par l'EMIUB montrent que les ménages qui
disposent d'un robinet privé ou semi privé consomment deux fois
plus d'eau que les ménages qui sont obligés de recourir aux
points d'eau collectifs. Selon la même source, 50% des ménages
raccordés consomment près de 50 litres par personne et par jour
alors que ce volume d'eau est réduit de moitié pour 50% des
ménages non raccordés.
En ce qui concerne la zone d'habitat, on constate que trois
ménages sur quatre en zone lotie consomment plus de 50 litres tandis
qu'en zone non lotie, ce volume est inférieur à 35 litres.
D'une manière générale, l'accès
à l'eau à Ouagadougou est caractérisé par de vastes
inégalités au regard des relations entre niveaux de consommation,
type d'approvisionnement et zone d'habitat des ménages.
Les données du RGPH de 1996 dont nous disposons offrent
la possibilité d'une analyse des modes d'approvisionnement en eau dans
la zone irrégulière des secteurs 29 et 30. Aborder
l'accessibilité à l'eau à l'échelle de cet espace,
dans lequel se situe notre zone d'étude (Yamtenga) nous est apparu comme
une approche pouvant faciliter la compréhension de l'acuité des
difficultés d'accès à l'eau.
CHAPITRE II : L'ACCESSIBILITE A L'EAU DANS LA ZONE IRREGULIERE
DES SECTEURS 29 ET 30
Ce chapitre comprend deux grandes parties : la
première s'attelle à présenter la zone
irrégulière des secteurs 29 et 30 tout en faisant une comparaison
avec la zone régulière. Une telle description est essentielle
dans la mesure où les conditions socio démographiques et
économiques sont des déterminants importants des conditions de
vie d'une manière générale et jouent un rôle
important sur les niveaux d'accès à l'eau en particulier. Dans la
deuxième partie, nous nous intéresserons à
l'accessibilité à l'eau dans la zone
irrégulière.
I.
Présentation de la zone irrégulière des secteurs 29 et
30
I.1.
Situation géographique
Situé au Sud-Est de la ville, la zone
irrégulière des secteurs 29 et 30 est délimitée
à l'Est par le village de Balkuy, au Sud par le secteur 15, à
l'Ouest par le quartier de San Yiri et au Nord par le secteur 28 (Carte 4).
Carte 4 : Localisation de
la zone irrégulière des secteurs 29 et 30
Cette zone relève de l'arrondissement de Bogodogo et
s'étend sur une superficie de 24951 ha, soit le onzième de la
superficie de toute la ville de Ouagadougou.
La tonalité rurale, l'absence d'organisation spatiale
cohérente, la présence de plusieurs
bancôtières5(*)
et les rues en forme de labyrinthe sont les caractéristiques les plus
remarquables de cet espace irrégulier (Photos 2 et 3).
Photo 2 : Vue
partielle de la zone irrégulière (cliché
Kombasséré, juillet 2006)
|
Photo 3 : Un espace
parsemé de bancôtières (cliché
Kombasséré, juillet 2006)
|
|
|
I.2.
Les caractéristiques démographiques
Les données du dernier recensement
réalisé en décembre 2006 n'étant pas encore
disponibles, nous utiliserons les résultats du RGPH de 1996. Ainsi, les
indicateurs et les analyses qui renseignent sur la situation
démographique de la zone irrégulière des secteurs 29 et 30
n'ont qu'un caractère indicatif, la situation ayant évolué
depuis 1996. A cette date, la zone irrégulière des secteurs 29 et
30 regroupait 13 551 habitants, soit une densité moyenne de 83,2 hab/ha.
Cette densité est supérieure à celle de la zone
régulière des mêmes secteurs (59,7 hab/ha.) et à
celle de toute la ville qui s'établissait à 57 hab/ha. Comme nous
l'évoquions précédemment, cette densité importante
n'est cependant pas propre à toutes les zones irrégulières
de la ville de Ouagadougou, les travaux de l'UR CTEM ayant
révélé que des quartiers irréguliers comme Zongo,
à l'Ouest de la ville, avait une densité de 36 hab/ha (UR CTEM,
données non publiées). Or la concentration de la population dans
un espace peut constituer un facteur de propagation des maladies infectieuses,
notamment les diarrhées.
Les données dont nous disposons nous permettent de
présenter la structure de la population par tranche d'âge et par
sexe (Graphiques 4 et 5).
Notre analyse sera faite en fonction des grands groupes
d'âges : 0 à 4 ans, 5 à 9 ans, 10 à 29 ans, 30
à 54 ans et plus de 60 ans. De prime abord, on remarque que les deux
pyramides présentent globalement le même profil.
La tranche d'âge de 0 à 4 ans représente
18,1% et 13,3% de la population respectivement en zone
irrégulière et régulière. L'élargissement de
la base de la pyramide en zone irrégulière traduit une forte
fécondité. On remarque cependant qu'entre 0-4 ans et 5-9 ans, la
population de la zone irrégulière baisse de 20%, situation qui
pourrait traduire une surmortalité des enfants de moins de 5 ans et
révéler l'existence de problèmes de santé tels que
les diarrhées, première cause de mortalité infantile selon
l'OMS.
Entre 10 et 29 ans, on remarque qu'il y a globalement autant
d'hommes que de femmes, aussi bien en zone régulière
qu'irrégulière. De 30 à 54 ans, la tendance évolue
en faveur des hommes. Ce surnombre peut s'expliquer par la migration
sélective qui touche plus les hommes que les femmes. En effet,
l'ambition d'accéder à la propriété privée
qui guide les populations dans leur choix de s'installer en
périphérie est plus une préoccupation masculine que
féminine. En outre, on constate qu'un peu plus d'un individu sur deux
(52,8% en zone irrégulière et régulière) a moins de
20 ans. Ce chiffre illustre assez bien la jeunesse de la population, une
jeunesse qui assure un fort potentiel d'accroissement démographique.
Comme toutes les pyramides caractérisant une
mortalité élevée aux âges avancés (plus de 60
ans), nous observons des sommets effilés. Par ailleurs, il n'y a pas de
déséquilibre remarquable entre les pourcentages des deux sexes
dans ces tranches d'âges.
Graphique 4 : Pyramide des
âges de la zone irrégulière des secteurs 29 et
30
Source : INSD, 2000
|
Graphique 5 : Pyramide des
âges de la zone régulière des secteurs 29 et 30

Source : INSD, 2000
|
Sur l'ensemble de la population, on constate une
prédominance du sexe masculin. En effet, le rapport de
masculinité s'élève à 100 hommes pour 90 femmes et
100 hommes pour 93 femmes respectivement en zone irrégulière et
régulière.
Si l'on se limite à la tranche d'âge des adultes
(15-54 ans selon la définition de l'INSD), ce rapport chute
jusqu'à 100 hommes pour 80 femmes en zone irrégulière.
L'enquête démographique de santé de 2003 a
révélé un rapport de masculinité de 100 hommes pour
96 femmes pour toute la population de Ouagadougou (INSD et ORC MACRO,
2003), ce qui est assez similaire à nos données.
Ces résultats suggèrent que la zone
irrégulière des secteurs 29 et 30 est plutôt une zone
d'accueil des migrants en provenance du milieu rural.
I.3.
Les conditions de vie des ménages
Il convient avant tout propos de définir le terme
« ménage ». Nous souscrivons à la
définition de l'INSD qui considère le ménage comme
« une unité socio économique de base au sein de
laquelle les différents membres apparentés ou non vivent ensemble
dans la même maison ou dans la même concession, mettent en commun
leurs ressources et satisfont à l'essentiel de leurs besoins
alimentaires et autres besoin vitaux » (INSD, 2000). Concernant les
conditions de vie des ménages, nous nous sommes d'abord
intéressés à la nature des matériaux de
construction des habitations (Tableau 3).
Tableau 3 : Nature des
matériaux de construction relevée en 1996 au sein des
ménages des secteurs 29 et 30
Nature des matériaux
|
Zone irrégulière (%)
|
Zone régulière (%)
|
Dur
|
4,46
|
22,8
|
Semi dur
|
1,69
|
20,5
|
Banco amélioré
|
26,09
|
32,6
|
Banco
|
61,48
|
21,1
|
Paille
|
2,09
|
0,2
|
Autres
|
4,19
|
2,7
|
Total
|
100
|
100
|
Source : INSD, 2000
On constate que le banco est le matériau le plus
utilisé en zone irrégulière (61,5%). Cette
prédominance est liée à l'illégalité du
statut des habitants d'une part et au souci d'économiser parce que ces
constructions peuvent être détruites au cours des
opérations de lotissement.
Afin de mieux apprécier les conditions de vie des
ménages, il nous est apparu intéressant de montrer une concession
de la zone irrégulière (Photo 4).
Photo 4: Vue partielle
d'une parcelle de la zone irrégulière des secteurs 29 et 30
(Cliché Kombasséré, juillet 2006)
En ce qui concerne le mode d'éclairage, on constate que
plus de 93% des ménages utilisent la lampe à pétrole en
zone irrégulière, du fait de l'absence d'équipement
électrique (Tableau 4).
Tableau 4 :
Répartition des modes d'éclairage
Mode d'éclairage
|
Zone irrégulière (%)
|
Zone régulière (%)
|
Electricité
|
1,79
|
25,3
|
Lampe à gaz
|
0,35
|
0,3
|
Lampe à pétrole
|
93,53
|
71,4
|
Lampe à huile
|
0,11
|
0,1
|
Lampe torche
|
0,3
|
0,6
|
Bougie
|
1,36
|
0,4
|
Bois/paille
|
0
|
0,1
|
Autres
|
2,56
|
1,8
|
Total
|
100
|
100
|
Source : INSD, 2000
L'hygiène et l'assainissement sont des facteurs qui
peuvent nous permettre d'apprécier le niveau et les conditions de vie
des ménages. Il importe ainsi de présenter les modes
d'évacuation des ordures qui prévalent en zone
irrégulière et irrégulière (Graphique 6).
Graphique 6 : Modes
d'évacuation des ordures

Source : INSD, 2000
|
La lecture du graphique montre que l'évacuation des
ordures dans la zone irrégulière est plus orientée vers la
rue et les tas d'immondices. Seulement 7,2% des ménages ont recours aux
poubelles contre plus de 30% dans la zone régulière.
De la même manière, très peu de
ménages ont des pratiques satisfaisantes en matière de rejet des
eaux usées puisque plus d'un tiers des ménages de la zone
irrégulière rejette ses eaux usées directement dans la rue
(Tableau 5).
Tableau 5 : Modes
d'évacuation des eaux usées
Modes d'évacuations des eaux
usées
|
Zone irrégulière (%)
|
Zone régulière (%)
|
Cour
|
44,88
|
32,7
|
Rue
|
35,34
|
48,7
|
Puits
|
4,73
|
4,9
|
Caniveaux
|
0,3
|
0,8
|
Fosses septiques
|
3,72
|
8,6
|
Autres
|
11,04
|
4,3
|
Total
|
100
|
100
|
Source : INSD, 2000
Nous nous sommes aussi intéressés au type
d'aisance dont disposent les ménages (Tableau 6). Il ressort que
près des deux tiers des ménages utilisent les latrines
ordinaires. Cependant, en zone irrégulière, un ménage sur
trois ne possèdent pas de toilettes dans sa concession et est contraint
de recourir à la nature ou à d'autres types d'aisance. Cette
situation a des conséquences sur la propagation des maladies notamment
diarrhéiques, fortement associées au péril
fécal.
Tableau 6 :
Répartition des types d'aisance
Type d'aisance
|
Zone irrégulière (%)
|
Zone régulière (%)
|
Chasse d'eau avec fosse septique
|
0,3
|
3,2
|
Latrine à fosse ventilée
|
3,18
|
1,9
|
Latrine ordinaire
|
64,72
|
85,5
|
Nature
|
20,6
|
5,5
|
Autres
|
11,2
|
3,9
|
Total
|
100
|
100
|
Source : INSD, 2000
D'une manière générale, si l'on se limite
aux caractéristiques ci-dessus évoquées, on peut retenir
que les conditions de vie dans la zone irrégulière des secteurs
29 et 30 sont très difficiles. La réalité quotidienne en
ce lieu peut se résumer en quelques mots : précarité et
insalubrité de l'habitat, absence des services publics et des
infrastructures de base, économie informelle
généralisée (petit commerce, revente d'eau, fabrication de
briques en banco, etc.). Cette pauvreté ne risque t elle pas
d'être l'une des plus importantes contraintes limitant l'accès
à l'eau.
II.
L'accessibilité à l'eau
Il convient de noter qu'entre 1996 et 2004, la densité
de la zone irrégulière est passée de 83,2 hab/ha à
106 hab./ha (INSD, 2000 ; URCTEM, 2004). Cette croissance de la population
ne s'est pas accompagnée d'une augmentation du nombre des
infrastructures d'AEP. La première conséquence de cette situation
est l'inadéquation croissante entre l'offre et la demande en eau et la
polarisation des points d'eau existants.
II.1.
Les points d'approvisionnement en eau
Dans les secteurs 29 et 30, les points d'approvisionnement en
eau se repartissent selon la carte 5.
Carte 5 : Localisation des
points d'approvisionnement en eau dans la zone irrégulière des
secteurs 29 et 30
II.1.1. Les sources d'eau non potable
Si l'on se réfère aux définitions du
PN-AEPA pour le milieu urbain, les points d'eau que l'on retrouve dans la zone
non lotie sont des points d'eau modernes (PEM), c'est-à-dire des points
permanents d'exhaure de l'eau souterraine, soit donc des forages
équipés d'une pompe à motricité humaine (Photo 5).
Une fois pompée ou captée, l'eau des forages n'est pas potable,
elle doit subir un traitement destiné à la rendre exempt de tout
danger pour la santé. C'est pourquoi, dans le cadre de la
présente étude, nous considérons l'eau
débitée par ces infrastructures comme étant non potable.
Photo 5 : Vue d'un forage
équipé d'une pompe à motricité humaine
(Cliché Kombasséré, juillet 2006)
Au nombre de 13, les forages équipés d'une pompe
à motricité humaine représentent plus de la moitié
(54%) des points d'eau situés dans la zone irrégulière des
secteurs 29 et 30, et à la limite de la zone régulière.
Souvent qualifiées d'équipement rural, ces infrastructures
constituent une source d'approvisionnement importante en zone
irrégulière. Ils ont été réalisés par
des Organismes Non Gouvernementaux (ONG), par le biais de la coopération
étrangère ou par la municipalité à travers les
projets d'aménagements urbains.
Deux aspects inhérents au fonctionnement de ces
infrastructures ont retenu notre attention et méritent d'être
évoqués. Il s'agit de la fermeture de l'ONPF (Office National des
Puits et Forages), responsable du fonctionnement de ces ouvrages. Cette
fermeture implique l'absence de suivi et de contrôle de la qualité
de l'eau débitée. Deuxièmement, il s'agit de l'absence de
comité de gestion au niveau de certains forages. Le manque
d'organisation est susceptible d'allonger la durée des pannes et de
réorienter les ménages vers d'autres points d'eau,
éventuellement plus éloignés. L'environnement
immédiat des forages laisse par ailleurs souvent à désirer
du fait de la mauvaise qualité de la maçonnerie (lavoirs hors
d'usage, absence de clôture, absence de trottoir, canal
d'écoulement et réservoir de collecte des eaux en mauvais
état). La conséquence de cette situation est la stagnation des
eaux usées à proximité du point d'eau, d'où le
risque de pollution de la nappe. D'une manière générale,
la gestion de ces infrastructures soulève donc la question de la
gouvernance locale de l'eau.
A ces points d'eau non potable, s'ajoutent les bornes
fontaines et les postes d'eau autonomes dont la gestion et le fonctionnement
présentent plus d'enjeux.
II.1.2. Les sources d'eau potable
Il s'agit des bornes fontaines et des postes d'eau autonomes
(PEA). Le PEA est un système compact d'équipement hydraulique qui
assure à la fois le pompage, le stockage, éventuellement le
traitement et la distribution de l'eau potable. Le pompage est effectué
par une pompe immergée alimentée en énergie soit par le
réseau de basse tension de la ville soit par un groupe
électrogène ou encore par des panneaux solaires. Un seul PEA
existe à proximité de la limite de la zone lotie
Les bornes fontaines sont au nombre de 10 et se localisent
à la limite de la zone régulière. Localement
appelée « robinet », la borne fontaine se compose
d'un plot équipé d'au moins deux robinets connectés au
réseau de desserte de l'ONEA, d'un compteur et d'un auvent (Photo 6).
Ces ouvrages fonctionnent en moyenne de 7h à 18h30
chaque jour. Dans la majorité des cas, ils sont gérés par
des individus qui ont été recrutés localement et à
qui l'ONEA a confié la gestion par affermage. Ils reçoivent un
salaire mensuel minimum de 10 000 francs CFA avec des variations en fonction de
la différence entre à la facture de l'ONEA et la recette.
Photo 6:
Vue d'une borne fontaine
(Cliché Kombasséré, juillet 2006)
II.2.
La répartition spatiale des points d'eau
La répartition spatiale des points d'eau
révèle que seuls les ménages situés à la
limite de la zone lotie ont une accessibilité satisfaisante en terme de
distance, selon les normes de l'OMS (Carte 6). Selon les normes de
l'approvisionnement en eau potable en milieu urbain au Burkina Faso, une borne
fontaine doit en effet alimenter 1 000 personnes. L'absence de données
actualisées sur la population ne nous permet pas d'évaluer la
disponibilité théorique des ressources en eau. Néanmoins,
au regard de la densité de population et de la natalité que
révèle la pyramide des âges, on peut émettre
l'hypothèse selon laquelle les infrastructures d'approvisionnement en
eau sont insuffisantes dans cet espace.
Les zones tampons qui représentent
l'accessibilité théorique ne couvrent qu'une petite partie de la
surface totale de la zone irrégulière. Même si la
densité de population baisse au fur et à mesure que l'on
s'éloigne de la limite de la zone lotie, il n'en demeure pas moins que
la quasi absence de points d'eau potable dans la zone irrégulière
a une incidence sur les distances parcourues par les ménages. Par
ailleurs, la faiblesse des équipements entraîne une forte
polarisation des sources existantes, d'où la formation de longues files
d'attente. Cette polarisation est d'autant plus importante que les
ménages ont besoin de s'approvisionner aux mêmes moments. La
répartition des points d'eau est l'un des premiers facteurs susceptible
d'influencer l'approvisionnement en eau des populations de cette zone.
Carte 6 :
Accessibilité théorique à l'eau dans la zone
irrégulière des secteurs 29 et 30
II.3.
Les modes d'approvisionnement en eau
Si l'on se réfère aux données fournies
par le RGPH de 1996, on peut regrouper les modes d'approvisionnement en eau des
ménages des secteurs 29 et 30 selon le graphique 7.
Graphique 7 : Modes
d'approvisionnement en eau des ménages des secteurs 29 et 30

Source : INSD, 2000
|
Le graphique révèle que plus d'un ménage
sur trois (37,5%) s'approvisionne à des points d'eau non potable
(forage, puits et autres sources comme les barrages) en zone
irrégulière, tandis qu'en zone régulière, cette
proportion baisse à 14,1%. On remarque que 11,4% des ménages ont
encore fréquemment recours aux puits et même aux barrages. Le
recours à l'eau courante est le mode d'approvisionnement qui marque
sensiblement la différence entre zone régulière (23%) et
zone irrégulière (1,2%). Le pourcentage de 1,2% peut s'expliquer
par les possibilités qu'ont certains ménages de la zone
irrégulière de pouvoir s'approvisionner auprès de leurs
voisins qui disposent d'un branchement privé et qui sont situés
dans la zone régulière.
La répartition des ménages selon les modes
d'approvisionnement en eau, nous amène à nous intéresser
aux critères de choix de la source d'approvisionnement en eau, aux
contraintes et pratiques quotidiennes en matière d'accès à
l'eau. Nous aborderons ainsi le thème de l'accès à l'eau
potable dans le chapitre suivant, en nous appuyant sur les données
collectées auprès des 80 enquêtés dans notre zone
d'étude.
CHAPITRE III. L'ACCES A
L'EAU POTABLE A YAMTENGA
Ce chapitre comprend deux grandes parties : la
première présente les contraintes auxquelles sont
confrontés les ménages de cet espace dans leur quête de
l'eau ; une deuxième analyse les quantités d'eau
consommées par jour et par personne. Nous tenterons ensuite de montrer
comment ces contraintes agissent sur les niveaux de consommation d'eau par
personne et par jour avec les risques sanitaires que cela implique.
I. Les
conditions d'accès à l'eau potable
I.1.
Les critères de choix de la source d'approvisionnement en eau
L'accès à l'eau potable se décline
essentiellement en termes de volume et de qualité d'eau consommée
par jour et par personne. Les résultats de nos enquêtes
révèlent que 7,5% des ménages de Yamtenga ont recours aux
forages équipés d'une pompe à motricité humaine
tandis que la majorité (92,5%) préfère s'approvisionner
à la borne fontaine ou au poste d'eau autonome.
Plusieurs critères fondent en réalité le
choix de la source d'approvisionnement des ménages. Afin de
déterminer ces facteurs, nous présentons la répartition
spatiale des ménages et des points d'eau auquel ils ont recours (Carte
7)6(*). Les ménages
ont le choix entre la fréquentation des points d'eau potable
(situés à la limite de la zone irrégulière et
relativement plus éloignés des concessions) et les points d'eau
non potable parfois plus facilement accessibles en terme de distance, pour les
ménages situés à l'intérieur de la zone
irrégulière.
De prime à bord, nous écartons le prix de l'eau
à la collecte comme contrainte du choix, puisqu'il ne varie pas selon
que l'on fréquente une borne fontaine, un poste d'eau autonome ou un
forage équipé d'une pompe à motricité humaine.
Carte 7
: Localisation des ménages et de leur point
d'eau
En terme d'accessibilité ou de proximité, la
carte révèle que 48% des ménages enquêtés
sont à moins de 200 mètres d'un forage. Parmi eux, seulement 13%
y ont recours. Aucun des ménages qui disposent d'une borne fontaine dans
un rayon de 200 mètres, n'a recours à un forage. On constate que
les ménages qui sont situés à moins de 200 mètres
d'un forage comme ceux qui sont éloignés de tout point d'eau,
préfèrent recourir à des points d'eau potable (borne
fontaine ou PEA).
On peut au regard de ces résultats conclure que les
ménages ont une préférence pour les bornes fontaines. Ce
choix peut s'expliquer par les facilités liées à la
collecte et les temps d'attente que l'on observe au niveau des forages
équipés d'une pompe à motricité humaine et la bonne
qualité de l'eau de ces infrastructures.
L'analyse des données révèlent par
ailleurs qu'il n'y a pas d'alternance entre différents points de
collecte de l'eau (borne fontaine ou forage) en fonction des saisons ou des
disponibilités financières. Le choix de la source
d'approvisionnement en eau ne dépend pas non plus de l'usage qui va en
être fait : on collecte de l'eau potable pour boire mais aussi pour faire
la lessive, se laver ou faire la cuisine.
La fréquentation des points d'eau peut dépendre
des facteurs tels que le temps d'attente à la collecte ou les moyens
financiers dont disposent les ménages. Le choix de la source
d'approvisionnement peut d'une manière générale
résulter de la combinaison des conditions ou des contraintes
liées à l'accès de la ressource.
I.2.
Les contraintes de l'approvisionnement en eau
Les habitants du quartier sont confrontés à
plusieurs contraintes qui sont susceptibles de réduire le volume d'eau
consommé par personne et par jour. Environ 95% des ménages
enquêtés ont affirmé rencontrer des difficultés dans
leur approvisionnement en eau. Les différentes contraintes
évoquées ont été regroupées en cinq grandes
catégories qui se repartissent selon le graphique 8.
Graphique 8 : Les
difficultés d'approvisionnement évoquées par les
ménages

Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., Juillet
2006
|
Le graphique révèle que le temps d'attente et le
prix de l'eau sont les principales contraintes évoquées par les
ménages. Nous analyserons ces contraintes par ordre d'importance. Faute
de données, nous n'évoquerons pas celles liées aux
coupures et aux baisses de pression.
I.2.1. Les contraintes liées au temps
Le temps mis pour la collecte de l'eau est
évoqué par un ménage sur trois (36%). Cette
déclaration illustre parfaitement l'insuffisance du nombre de points
d'eau dans un quartier où la densité de population est
élevée. Les difficultés d'exhaure de l'eau au forage
peuvent être considérés comme un facteur aggravant cette
insuffisance. A titre d'exemple, le temps moyen de remplissage d'un bidon de 20
litres au forage est estimé à deux minutes contre 20 secondes
à la borne fontaine. Les longues files d'attente que l'on observe au
niveau des bornes fontaines ou des forages équipés d'une pompe
à motricité humaine sont synonymes de perte de temps et de
fatigue, particulièrement pour les femmes qui sont le plus souvent
chargées de la corvée de l'eau. Outre son corollaire de sous
consommation, cette perte de temps empêche les femmes de vaquer à
d'autres occupations susceptibles d'améliorer leurs conditions de vie.
Les longs temps d'attente et la volonté de s'approvisionner rapidement
sont à l'origine des multiples querelles que l'on observe
fréquemment au niveau des points d'eau.
A ces contraintes s'ajoutent celles liées au prix de
la ressource.
I.2.2. Les contraintes
économiques
Elles représentent un facteur important dans
l'approvisionnement en eau du quartier. L'accessibilité
économique à l'eau potable dépend des capacités
économiques des ménages. Dans un quartier où la
majorité des chefs de ménage mène des activités
informelles et précaires, on imagine à quel point la
cherté de l'eau évoquée par un ménage sur quatre
(27.2%) représente une forte contrainte.
Selon les entretiens que nous avons pu conduire, le bidon de
20 litres coûte 15 francs en zone non lotie au lieu de 10 francs en zone
lotie, tandis que la barrique de 200 litres passe de 60 à 65 ou
même 75 francs. Il ressort des entretiens que cette majoration servirait
à compenser les pertes liées au déversement de l'eau au
cours de la collecte et à payer du pétrole pour éclairer
les lieux la nuit.
VENNETIER P. (1988), en évoquant les conditions
d'accès à l'eau dans les quartiers irréguliers, affirme
que la quête de l'eau se solde généralement par la mise en
place d'un système de revente en cascade qui entraîne une hausse
sensible de son prix. En effet, le prix de l'eau à la borne fontaine est
parfois supérieur à celui pratiqué dans les quartiers
lotis. Pour les ménages qui ont recours aux revendeurs, la contrainte du
coût de l'eau se pose avec plus d'acuité puisque qu'il varie selon
la distance et la saison (Tableau 7).
Tableau 7 : Evolution du
prix de la barrique d'eau en francs CFA avec un revendeur
Distance
|
Saison sèche
|
Saison pluvieuse
|
Inférieure à 500 m
|
210
|
205
|
Comprise entre 500 et 1000 m
|
260
|
250
|
Supérieure à 1000 m
|
290
|
280
|
Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A.,
juillet 2006
La baisse des prix en saison des pluies peut s'expliquer par
le fait que les ménages collectent l'eau de pluie pour les
activités domestiques ce qui contribue à faire baisser la demande
en eau et donc son prix. Faute de données sur le revenu des
ménages enquêtés, il nous est impossible d'évaluer
la part que représente le budget de l'eau au sein des dépenses de
la famille. On peut cependant imaginer que pauvreté va de pair avec
manque d'eau à Yamtenga.
L'évolution du prix de la barrique d'eau de 200 litres
est intimement liée à l'activité des revendeurs d'eau.
L'activité des revendeurs d'eau est très importante dans le
quartier puisque 37,8% des ménages ont recours à leurs services.
Ceci n'a d'ailleurs pas échappé à la municipalité
qui les taxent de 3 000 francs CFA par an. La revente d'eau s'est
développée du fait de l'incapacité financière de
certains ménages à se procurer le matériel de collecte de
l'eau. Le type d'équipement couramment utilisé est un ensemble
composé d'une barrique de 200 litres issue de la
récupération, montée sur un châssis muni de deux
roues au minimum (Photo 7). La revente de l'eau est une activité qui
occupe un grand nombre de femmes et de jeunes. Sur les quatorze revendeurs que
nous avons rencontrés, la moitié était des femmes
âgées en moyenne de 33 ans.
Photo 7 : Vue d'un
pousse-pousse (Cliché Kombasséré, juillet
2006)
Les ménages que nous avons enquêtés
dépensent en moyenne 2 230 francs CFA par mois pour l'achat de l'eau.
Cette moyenne cache de fortes disparités puisque les budgets vont de 210
à 7 500 francs CFA. Environ un ménage sur trois (40%) consacre
plus de 2 000 Francs CFA par mois à l'achat d'eau (Graphique 9).
En effet, les budgets alloués à l'achat de l'eau
par mois varient selon le mode d'approvisionnement. Les ménages qui
s'approvisionnent personnellement dépensent en moyenne moins (2 180
francs CFA) que ceux qui alternent un approvisionnement personnel et un recours
aux revendeurs (2 230 francs CFA). Les ménages qui achètent l'eau
exclusivement chez les revendeurs dépensent un peu plus que les deux
autres catégories (2 290 francs CFA).
Graphique 9 :
Répartition des ménages selon le budget mensuel alloué
à l'eau

Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
|
Dans un milieu où la majorité des chefs de
ménages mène des activités précaires, on peut
imaginer à quel point le coût de l'eau peut représenter une
contrainte pouvant contribuer à réduire les volumes moyens d'eau
consommés par personne et par jour.
Les
données collectées au cours de nos entretiens avec les revendeurs
d'eau révèlent en outre que les ménages situés
à moins de 200 mètres de leur point d'eau qui recourent à
des revendeurs, dépensent en moyenne 3 310 francs CFA par mois tandis
que ceux qui sont au delà de cette distance dépensent 3 780
francs CFA. Le prix de l'eau augmentant avec la distance, on peut affirmer que
la proximité d'une borne fontaine présente un avantage certain en
terme de dépenses liées à l'achat d'eau.
La précarité de la situation économique
des ménages explique assez bien le fait que le prix de l'eau soit
considéré comme la deuxième principale contrainte en
matière d'accès à l'eau.
I.2.3. Les contraintes
liées à la distance
Avant tout propos, il convient de préciser que 83% des
ménages qui s'approvisionnent à des forages sont situés
à moins de 200 mètres de leurs points d'eau. Nos analyses sur les
distances ne tiennent donc pas compte d'eux. En terme d'accessibilité,
on se rend compte que la distance moyenne entre les ménages et leur
point d'approvisionnement en eau potable est de 388 mètres : un
tiers à peine des ménages à sa source d'eau dans un rayon
de 200 mètres (Graphique 10). En comparant cette distance moyenne avec
la norme OMS (200 mètres), on peut dire que l'accessibilité des
ménages de Yamtenga aux points d'approvisionnement en eau potable est
peu aisée alors que nous sommes en milieu urbain réputé
plus favorable que le milieu rural, notamment pour la question de
l'approvisionnement en eau potable. Si l'on se réfère à la
typologie de HOWARD G. et BARTRAM J. (2003), selon laquelle une
accessibilité raisonnable ou relativement bonne à l'eau se
définit comme le fait de disposer d'un point d'eau potable à 100
mètres, on trouve alors qu'environ un ménage sur 10 (9%)
seulement accède facilement à l'eau potable.
A titre de comparaison, l'étude réalisée
à Ouagadougou par DOS SANTOS S. (2005) a révélé que
les ménages parcouraient en moyenne 350 mètres pour
s'approvisionner directement au point d'eau collectif. Les deux
résultats ne sont pas très différents l'un de l'autre.
Graphique 10 :
Répartition des ménages en fonction de la distance qui les
sépare de leur
point d'eau.

Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
|
Si l'on tient compte de la fréquence de
l'approvisionnement par jour, la moyenne des distances parcourues par les
ménages pour s'approvisionner en eau potable s'élève
à 1,1 kilomètre. Cette moyenne cache des disparités
importantes puisque les extrêmes vont de 114 mètres à 7,7
kilomètres. Environ un ménage sur deux (51,5%) parcourt une
distance supérieure ou égale à un kilomètre par
jour (Graphique 11). On peut au regard de ces chiffres conclure que les
ménages de Yamtenga parcourent de longues distances pour pouvoir
disposer d'eau potable.
Graphique 11 :
Répartition des ménages selon les distances réellement
parcourues

Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
|
Si dans la majorité des études qui ont
été menées dans le domaine de l'accès à
l'eau, la distance entre le service et l'habitat est l'une des normes les plus
utilisées, force est de reconnaître que son application dans une
zone à forte densité de population telle que Yamtenga
présente des limites certaines qu'il convient d'aborder. La distance
entre le point d'eau et la concession est différemment vécue par
les ménages du fait des disparités socio économiques et
démographiques entre ceux-ci. A niveau d'éloignement égal,
un ménage aisé qui dispose d'un pousse-pousse ou d'un vélo
ne percevra pas de la même manière la distance parcourue qu'un
ménage où la personne chargée de la collecte d'eau est
obligée de porter son récipient sur la tête. En outre, un
ménage qui était par exemple habitué à parcourir un
kilomètre pour s'approvisionner en eau potable (comme c'est le cas de
nombreux ménages en provenance du milieu rural), percevra un
éloignement de la borne fontaine de 400 mètres, comme un
privilège que lui offre la ville. Les opinions sur les distances
parcourues peuvent aussi varier en fonction du nombre de femmes dans le
ménage.
Toutes les contraintes auxquelles les ménages sont
confrontés quotidiennement se répercutent sur la quantité
d'eau réellement consommée par jour et par personne. Or la
faiblesse des volumes moyens de consommations a d'importantes
conséquences sanitaires, notamment diarrhéiques.
II.
Les volumes moyens de consommation individuels et quotidiens
L'adage « L'eau, c'est la vie » montre
à quel point l'eau est une ressource essentielle et indispensable
à la vie humaine. C'est pourquoi le droit pour chaque être humain
de disposer pour son usage personnel et domestique d'eau en quantité
suffisante et de qualité acceptable, à laquelle il peut
facilement accéder, a été reconnu comme droit fondamental
en 2002 par les Nations Unies. HOWARD G. et BARTRAM J. (2003) estiment qu'une
consommation minimale de 4,5 litres par jour et par personne est
nécessaire à un adulte pour maintenir une bonne hydratation. Ce
minimum vital atteint 20 litres si l'on tient compte des besoins liés
à l'hygiène personnelle (lavage des mains et toilette) et
à la cuisson des aliments. Ce volume est présenté par
l'OMS comme « suffisant » pour définir
l'accès à l'eau mais d'autres auteurs proposent des
quantités plus élevées : FEACHEM R.G. (1995, cité
par ROMBA N., 2005) l'évalue à 25 litres tandis GLEICK P. H.
(1996) estime qu'il en faut deux fois plus (50 litres).
Les résultats de notre enquête montrent que la
quantité moyenne d'eau consommée par personne et par jour est de
23,9 litres, ce qui est donc légèrement supérieur aux
normes de l'OMS. Les ménages qui s'approvisionnent à la borne
fontaine consomment en moyenne plus d'eau (24,3 litres) que ceux qui ont
recours au forage équipé d'une pompe à motricité
humaine (19,3 litres) mais près d'une personne sur deux consomme moins
de 20 litres par jour (Graphique 12).
Graphique 12 :
Répartition des quantités d'eau par personne et par
jour

Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
|
Sur la base d'une comparaison avec les volumes moyens de
consommation d'eau Taabtenga et Wemtenga (34 litres/personne/jour), on peut
dire que les habitants de notre zone d'étude consomment globalement
moins d'eau. Cette faiblesse des volumes d'eau consommés par personne et
par jour met en évidence l'acuité des problèmes
d'approvisionnement en eau que nous avions développés dans la
partie précédente. La carte 8 permet de mieux apprécier la
répartition spatiale des volumes moyens de consommation d'eau. Sa
lecture révèle par ailleurs que les ménages qui ont
recours aux forages ont de faibles volumes moyens de consommation. Les
ménages dont la population a un volume moyen de consommation
supérieur à 30 litres ont dans la majorité des cas recours
aux barriques pour la collecte de l'eau. La moitié de ces ménages
s'approvisionnait personnellement. La distance moyenne qui les sépare de
leurs points d'eau est de 526 mètres.
Carte 8 : La
consommation d'eau journalière moyenne par personne au sein des
ménages enquêtés
En ce qui concerne la distance parcourue, nos résultats
montrent que les volumes moyens de consommation d'eau augment globalement
jusqu' à une distance de 1200 mètres. Après ce seuil, les
volumes consommés baissent sensiblement. La distance peut donc
être considérée comme un facteur limitant l'accès
à l'eau dans une certaine mesure seulement à Yamtenga.
Graphique 13 :
Répartition des volumes moyens de consommation en fonction des distances
réellement parcourues

Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
|
Dans le but de faire une typologie des ménages selon
leur accès à l'eau, nous nous sommes intéressés
à des caractéristiques telles que la fréquence et le mode
d'approvisionnement, la nature du récipient de collecte et
l'activité du chef de ménage.
§ En terme de fréquence, on remarque que les
ménages qui s'approvisionnent une seule fois par jour collectent plus
d'eau que ceux qui ont une fréquence d'approvisionnement
supérieure ou égale à deux fois par jour (Graphique 14).
Graphique 14 : Evolution
du volume d'eau consommée selon la fréquence de
l'approvisionnement

Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
|
On peut ainsi dire qu'il y a une relation entre les
quantités d'eau consommées par personne et par jour au sein du
ménage et la fréquence de l'approvisionnement. La
répartition spatiale des ménages permet de mieux comprendre cette
relation (Carte 9).
La carte nous permet de voir que les ménages qui
s'approvisionnent aux forages équipés d'une pompe à
motricité humaine collectent l'eau plus de trois fois par jour. Ceci
peut s'expliquer par le fait que ces ménages situés à
proximité de leur point d'eau, prennent le minimum d'eau dont ils ont
besoin puisqu'ils peuvent se réapprovisionner facilement. En revanche,
les ménages qui sont éloignés de leur point d'eau
s'approvisionnent généralement une seule fois par jour en
collectant une grande quantité d'eau afin de ne pas avoir à
effectuer une deuxième collecte. La distance limiterait donc la
fréquence de l'approvisionnement en eau.
Carte 9 : La
fréquence de l'approvisionnement en eau des ménages
enquêtés
§ Nous avons pu constater par ailleurs que le niveau de
consommation par personne et par jour variait selon la nature du
récipient de collecte de l'eau (Graphique 15). Les ménages qui
utilisent la barrique comme récipient de collecte de l'eau consomment en
moyenne plus d'eau (25,7 litres par personne et par jour) que les autres. Or,
les ménages qui utilisent les barriques peuvent être
considérés comme ayant un niveau de vie relativement
supérieur aux autres compte tenu du coût d'une barrique. Leur
niveau de vie leur permettrait donc de consommer plus d'eau.
Graphique 15 : Evolution
du volume d'eau consommé selon le récipient de collecte

Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
|
§ Le mode d'approvisionnement en eau joue
également un rôle sur les volumes moyens d'eau consommés
par personne et par jour comme nous l'avions déjà constaté
en nous intéressant aux contraintes économiques. Le niveau de
consommation moyen des ménages qui ont exclusivement recours aux
revendeurs pour s'approvisionner est de 26,3 litres tandis que celui des
ménages qui s'approvisionnent personnellement s'élève
à 22,6 litres. On constate cependant que ce sont les ménages qui
alternent l'approvisionnement personnel et le recours aux revendeurs qui
consomment en moyenne le plus d'eau (27,6 litres) par rapport aux deux autres
catégories. Les ménages qui ont recours aux revendeurs ne sont
donc pas forcements les plus aisés.
§ En terme d'activité du chef de ménage, la
répartition des volumes moyens de consommation d'eau par personne et par
jour montre que les ménages dont le chef de ménage dispose d'un
revenu mensuel stable (salarié) ont un meilleur accès à
l'eau (Graphique 17).
On peut ainsi dire que l'accès à l'eau à
Yamtenga est lié au niveau de vie des ménages.
Graphique 16 : Evolution
du volume moyen de consommation d'eau par personne et par jour selon
l'activité du chef de ménage

Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
|
§ Notre deuxième hypothèse selon laquelle
les difficultés en matière d'approvisionnement en eau potable
contribueraient à réduire les volumes d'eau consommés par
personne et par jour trouve des pistes de vérification dans
l'évolution des volumes moyens de consommation en fonction de la
provenance (Graphique 18). Les ménages dont le chef est né dans
le quartier enregistrent les plus faibles volumes moyens de consommation d'eau.
D'une manière générale, on peut retenir
que les populations ont une préférence pour les bornes fontaines
à cause de la qualité de l'eau et des facilités qu'offre
cette infrastructure en terme de collecte (facilité de remplissage). Les
principales contraintes évoquées sont les temps d'attente et le
prix de l'eau. La distance moyenne qui sépare les ménages de
leurs points d'eau est de 388 mètres. Bien que l'on soit en ville, 15%
de la population parcourent quotidiennement une distance supérieure ou
égale à 2000 mètres pour pouvoir s'approvisionner. La
faiblesse de l'accès à l'eau témoigne d'une manière
générale de l'indigence des ménages. Disposer de
quantités d'eau satisfaisantes représente un combat quotidien
pour beaucoup et cette situation n'est pas sans conséquences sur la
santé de la population
Ainsi aborderons nous dans le chapitre suivant, les risques de
diarrhées liés à la faiblesse des niveaux de consommation,
à la qualité de l'eau de boisson et plus
généralement aux comportements des populations en matière
d'approvisionnement en eau.
CHAPITRE IV. EVALUATION DU RISQUE DIARRHEIQUE LIE A L'EAU DE
BOISSON
A travers le présent chapitre, nous ferons une analyse
des facteurs de risque de diarrhées liés aux niveaux
d'accès à l'eau et aux comportements des populations en
matière de gestion de cette ressource. Structuré en trois grandes
parties, ce chapitre présente le profil épidémiologique
des patients de moins de cinq ans qui proviennent des secteurs 29 et 30 de la
ville de Ouagadougou avant de déterminer les pratiques à risques
diarrhéiques. La troisième partie sera consacrée à
l'analyse des facteurs d'aggravation de ces risques.
I. Le
profil épidémiologique des secteurs 29 et 30
La présentation du profil
épidémiologique des patients de moins de cinq ans en provenance
des secteurs 29 et 30 de la ville de Ouagadougou s'appuie sur les
données collectées au cours du dépouillement des registres
de consultations de 2004 et 2005 réalisé par l'UR CTEM dans une
soixantaine de structures de soins de la capitale et sur les données que
nous avons collectées au cours de nos enquêtes.
I.1.
Définition de la diarrhée
Etymologiquement, la diarrhée est composée du
préfixe [dia] qui signifie à travers en grec et
du suffixe [rhenan] qui désigne à l'origine,
l'écoulement des humeurs.
La diarrhée est définie par des émissions
quotidiennes fréquentes de selles abondantes, liquides ou très
molles d'une masse supérieure à 300 g/l. On entend par selle
molle, une selle qui prend la forme du récipient. Elle est souvent
accompagnée de nausées, de crampes, de douleurs abdominales et
péri anales, de vomissements et de gargouillements intestinaux. En
pratique, selon l'OMS, on parle de diarrhée lorsqu'il y a au moins trois
selles très molles à liquides par jour.
En terme de santé publique, les diarrhées
constituent l'une des principales causes de mortalité et de
morbidité infanto juvénile, selon l`OMS et l'UNICEF (2004).
L'UNESCO estime que chaque année, plus de deux millions d'enfants de
moins de cinq ans meurent de maladies diarrhéiques dans les pays les
plus pauvres (ce qui représente plus de 6 000 décès par
jour). Dans plus de 90% des cas, la mauvaise qualité de l'eau et les
moyens d'assainissement sont en cause (UNICEF, 2003). Un bébé
né en Afrique subsaharienne court pratiquement 520 fois plus de risques
de mourir de la diarrhée qu'un bébé né en Europe ou
aux Etats-Unis (OMS/UNICEF, 2005). La diarrhée a tué plus
d'enfants durant les dix dernières années que les conflits
armés depuis la fin de la seconde guerre mondiale (UNESCO, 2003).
Au-delà de cet aspect, la diarrhée empêche les malades
d'exercer normalement leurs activités et contribue ainsi à
freiner les efforts de développement.
Il ressort de l'examen des différentes Enquêtes
Démographiques de Santé (EDS) réalisées en 1993,
1998 et 2003 que la prévalence des diarrhées à Ouagadougou
est en légère hausse ces 15 dernières années. De
19,4% en 1993, elle est passée à 20,7% en 1999 puis à
23,5% en 2003. Cette forte prévalence peut refléter la
dégradation croissante des conditions de vie dans la capitale (INSD
et ORC MACRO, 2004).
I.2.
Le poids des maladies diarrhéiques
Les maladies diarrhéiques représentent 15,7%
des diagnostics établis pour les enfants de moins de cinq ans en
provenance des secteurs 29 et 30 de la ville de Ouagadougou et ayant
consulté dans des structures de santé. Ce pourcentage nous semble
sous évalué dans la mesure où les diarrhées sont
généralement considérées comme un état banal
qui passe au bout de quelques jours. Le recours à la structure de
santé n'est donc observé que lorsque les symptômes
persistent. En effet, une étude menée en 1996 sur les aspects
épidémiologiques, cliniques et évolutifs des
diarrhées en milieu hospitalier pédiatrique a
révélé que 33% des enfants étaient conduits
à la consultation dans un délai de un à trois jours tandis
que 43% avaient consulté dans un délai de quatre à sept
jours et 24% n'avaient été amenés en consultation
qu'après la première semaine (SANOU I. et al., 1999).
L'analyse du poids des maladies diarrhéiques peut
être complétée par les données que nous avons
collectées à Yamtenga. Sur les 80 ménages qui ont
été enquêtés, 37,5% ont déclaré avoir
enregistré au moins une épisode morbide au cours des deux
dernières semaines ayant précédé notre passage. Ces
épisodes concernent tous des enfants de moins de 5 ans. Les
différentes affections qui ont été déclarées
par les ménages enquêtés se répartissent selon le
graphique 19.
Graphique 17 : Principales
affections déclarées par les ménages

Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
|
I.3.
Dynamique temporelle des maladies diarrhéiques
Selon les données collectées entre 2004 et 2005
dans les structures de soins, c'est au mois d'avril que la part des
diarrhées est la plus importante (15%) (Graphique 20). D'une
manière générale, la fréquence des diarrhées
est élevée entre avril à juillet. Ces mois correspondent
à des périodes chaudes au cours desquelles les difficultés
d'accès à l'eau se posent avec plus d'acuité, la demande
en eau augmentant généralement sans accroissement de l'offre. La
première conséquence de cette situation est l'augmentation du
prix de l'eau. Les ménages ayant un revenu très bas voient leurs
volumes moyens de consommation d'eau baisser. L'eau disponible au sein du
ménage est alors généralement réservée aux
activités les plus importantes telle que la cuisine, les pratiques
d'hygiène de base étant reléguées au second plan.
Plus de la moitié des cas de diarrhées sont survenus durant cette
période. Il apparaît en outre que la part des diarrhées
parmi les autres affections est plus élevée au cours de la saison
des pluies. Cette situation laisse penser qu'il y a une corrélation
entre la pluviométrie et l'incidence des diarrhées, du moins au
regard des données dont nous disposons.
Graphique 18 :
Répartition moyenne mensuelle du poids des diarrhées parmi les
diagnostics établis pour les enfants de moins de 5 ans des secteurs 29
et 30

Source : UR CTEM, 2005
|
Dune manière générale, les
données collectées montrent que les diarrhées
représentent une importante cause de morbidité pour les patients
en provenance des secteurs 29 et 30 de Ouagadougou. Le fait que les maladies
diarrhéiques constituent la pathologie la plus évoquée
à Yamtenga peut souligner l'acuité des difficultés que
rencontre la majorité des ménages pour avoir de l'eau potable en
quantité suffisante. Ces résultats montrent donc que les risques
liés aux diarrhées sont présents à Yamtenga et
qu'ils méritent d'être analysés.
II.
Les indicateurs de risque de diarrhée
De prime à bord, il convient de souligner que les
ménages qui s'approvisionnent aux forages (7,5%) sont plus
exposés aux risques de diarrhées que ceux qui s'approvisionnent
aux bornes fontaines compte tenu du fait que l'eau débitée par
ces infrastructures n'est pas traitée.
II.1.
La distance et les volumes moyens de consommation d'eau
Il ressort du précédent chapitre que
jusqu'à 27, 5% des ménages sont obligés de parcourir plus
de 200 mètres pour atteindre leur point d'eau. La distance constitue un
risque de pollution de l'eau et donc un risque accru de contracter une
diarrhée. En effet, une étude réalisée au
Bengladesh a montré qu'au-delà d'une distance de 200
mètres entre l'habitat et le point d'eau potable collectif, l'impact
sanitaire de l'adduction d'eau cesse d'être sensible (PROST A., 1996).
C'est donc dire que le risque de pollution de l'eau augmente
simultanément avec le l'éloignement du point d'eau.
Jusqu'à la fin des années 1980, l'idée
que la qualité de l'eau était la principale cause de maladies
diarrhéiques était largement répandue. Il a fallu que les
interventions en faveur de l'amélioration des quantités d'eau
disponibles par personne et par jour aient plus d'impacts positifs sur les
diarrhées que celles qui prônaient un approvisionnement
répondant à des normes élevées de pureté
(CAIRNCROSS S., 1990, cité par CURTIS V. et al., 2000).
Plusieurs études ont par la suite confirmé le caractère
prépondérant de la quantité d'eau disponible par rapport
à sa qualité en matière de réduction de la
prévalence des diarrhées (ESREY S.A. et al., 1991,
cité par CURTIS V., et al., 2000). Pour s'en convaincre, il est
important de citer SATTERHWAITTE D. (1995) qui évalue assez bien
l'impact du manque d'eau sur l'hygiène du milieu et la santé des
populations en ces termes : « Le temps et l'effort
à consentir pour transporter l'eau sur une distance importante
signifient que plus la source est éloignée, moins la
quantité d'eau utilisée sera grande (...). La limitation de cette
quantité signifie, à son tour, une insuffisance d'eau pour se
laver et assurer l'hygiène personnelle, ainsi que pour laver les
denrées alimentaires, les ustensiles de cuisine ».
L'insuffisance de l'eau crée des conditions qui permettent le
développement des maladies liées au péril fécal,
notamment les diarrhées.
En ce qui concerne le risque sanitaire lié au volume
d'eau consommé, les données collectées
révèlent que 38,75% des ménages ont une consommation
inférieure à 20 litres par jour et par personne, volume minimal
selon l'OMS pour satisfaire les besoins d'hygiène de base (Tableau
8).
Si l'on se réfère à ces normes, au regard
des volumes d'eau consommés par personne et par jour, on peut donc
affirmer que 38,75% des ménages sont exposés à un risque
sanitaire élevé, 60% à un risque faible et seulement 1,25%
des ménages à un risque très faible.
Etant donné qu'il est avéré que des
quantités d'eau plus importante contribuent à prévenir le
péril fécal, nous pouvons nous appuyer sur la faiblesse de
l'accès à l'eau potable pour affirmer que le risque de contracter
la diarrhée est élevé à Yamtenga.
Tableau 8 : Accès
à l'eau et impact sanitaire
Volume d'eau consommé par personne et par jour
|
Couverture des besoins
|
Risque sanitaire
|
Pas d'accès
(< 5 litres)
|
Insuffisant pour la consommation
Pas de pratique d'hygiène
|
Très élevé
|
Accès basique
(< 20 litres)
|
Consommation assurée
Hygiène : besoins minimums couverts
Bain : ressource insuffisante
|
Elevé
|
Accès immédiat
( 50 litres)
|
Consommation assurée
Hygiène : besoins basiques assurés
Bain et lavage possible
|
Faible
|
Accès optimal
(> 100 litres)
|
Tous les besoins sont couverts
|
Très faible
|
D'après HOWARD G. & BARTRAM J., 2003.
Aux risques de diarrhées liés à
l'accès à l'eau potable, s'ajoutent ceux inhérents aux
modes de gestion de l'eau.
II.2.
Les risques liés aux modes de gestion de l'eau
Les modes de gestion de l'eau sont tributaires des normes et
valeurs spécifiques à chaque société. L'eau
considérée comme étant potable à la sortie des
canalisations suit un parcours susceptible d'altérer sa qualité
et d'exposer les populations aux risques de diarrhée.
II.2.1. La collecte et le transport
Le risque de pollution de l'eau est principalement lié
à la nature du récipient de collecte et aux mesures
d'hygiènes qu'adoptent les individus aux points d'eau. Nous pouvons
ainsi citer les multiples transvasements qui contribuent à augmenter le
contact mains sales-eau pour les ménages (18%) qui utilisent les
récipients ouverts (seaux et bassines) (Photo 8 et 9).
Photo 8 : Vue des
récipients de collecte de l'eau au forage
(Cliché Kombasséré, juillet 2006)
|
Photo 9 :
Aperçu sur les conditions de collecte de l'eau au forage (Cliché
Kombasséré, juillet 2006)
|


A ce niveau il est important de souligner que même si la
collecte de l'eau de pluie n'apparaît pas comme une source
d'approvisionnement en eau de boisson, son utilisation reste
développée et constitue un risque de consommation d'eau
polluée surtout pour les ménages qui ne font pas de
différence entre le récipient de stockage de l'eau de boisson et
celui de l'eau servant aux usages domestiques.
Le risque de pollution au cours de la collecte et du
transport est d'autant plus élevé que 34,24% des mères
ayant au moins un enfant de moins de cinq ans déclarent ne pas se laver
les mains au savon après la toilette anale de leurs enfants. Selon
CURTIS V. et al. (1995), ces enfants sont à double titre le
groupe le plus vulnérable aux diarrhées.
L'usage des bassines auxquelles la majorité des
ménages (83,33%) qui s'approvisionnent à des forages
équipés d'une pompe à motricité humaine recourt,
constitue un risque de pollution de l'eau puisque n'étant pas couverts,
ces récipients sont exposés à la poussière et aux
mouches. Généralement dépourvus d'anses, ils sont
hissés sur la tête de sorte que des doigts peuvent souiller l'eau.
Cette pratique exposant l'eau à une pollution d'origine fécale
peut constituer un risque de diarrhée. En effet, une étude
récente entreprise auprès de 400 ménages d'un camp de
réfugiés au Malawi a indiqué que le seul fait d'utiliser
un récipient couvert muni d'un bec diminuait considérablement la
contamination de l'eau et réduisait de 31% les cas de maladies
diarrhéiques chez les enfants de moins de cinq ans (OMS, 2007). On peut
ainsi conclure que le risque diarrhéique est très
élevé chez les ménages qui s'approvisionnent au forage.
Il est par ailleurs fréquent de voir les tuyaux de
prise de l'eau à la borne fontaine traîner à même le
sol. Le rinçage auquel le gérant et les clients affirment avoir
recours n'est pas capable d'éliminer tous les agents pathogènes
qui s'y sont peut-être accrochés.
L'usage des barriques par les ménages et les
revendeurs présente des risques qu'il convient également
d'évoquer :
§ La vidange incomplète des barriques favorise
l'accumulation de traces d'eau susceptibles d'entraîner des
réactions avec le métal et de conserver les germes
pathogènes (CREPA, 1997).
§ Les tuyaux raccordés à la barrique sont
rarement bouchés, ce qui favorise le dépôt d'une couche
noire de déchets polluant l'eau.
Nos observations sont confirmées par une étude
réalisée en 1997 par le Centre Régional pour l'Eau Potable
et l'Assainissement à faible coût (CREPA), sur la variation de la
qualité de l'eau dans les barriques des revendeurs au secteur 28 de
Ouagadougou. Cette étude a révélé que le taux de
coliformes fécaux (CF) atteignait 32 unités pour 100 ml, tandis
que celui des streptocoques fécaux (SE) s'élevait jusqu'à
29 unités pour le même volume (CREPA, op. cit.), 1997).
Alors que selon les normes internationales de l'OMS, une eau est potable si
CF=0 et SF=0 pour 100ml d'eau (MONJOUR L., 2006).
I.2.2. Les modes de conservation de l'eau
Tous les ménages enquêtés procèdent
à un stockage de l'eau avant sa consommation. Les récipients
utilisés pour ce faire diffèrent d'un ménage à
l'autre et se répartissent selon le tableau 9.
Tableau 9 :
Répartition des modes de stockage de l'eau de boisson
Récipient de stockage de l'eau de boisson
|
Effectif des ménages
|
Pourcentage
|
Jarre en terre
|
70
|
83,33
|
Barrique en plastique
|
9
|
10,71
|
Plat
|
2
|
2,38
|
Bidon de 20 litres
|
2
|
2,38
|
Réfrigérateur
|
1
|
1,19
|
Total
|
84
|
100
|
Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
Le stockage de l'eau de boisson constitue une étape
importante dans la préservation ou la dégradation de la
qualité de l'eau. Selon MONJOUR L. (2006), si l'eau est potable à
la collecte au niveau des points d'eau potable (0 CF/100 ml), elle devient un
véritable bouillon de culture microbien dans les jarres de stockage
(30 000 CF/100 ml). Une étude réalisée en 1985 a
révélé que 100% des récipients de puisage et 62%
des récipients de stockage présentaient un taux de pollution en
coliformes fécaux de plus de 206 unités pour 100 millilitres,
malgré un approvisionnement en eau potable (REQUILLART J.C., 1985).
Selon OUEDRAOGO F.C. (1993), c'est l'homme qui par son ignorance et/ou par le
manque d'hygiène qui assure directement et indirectement la pollution ou
la contamination de l'eau.
L'observation des conditions de conservation parmi les
ménages que nous avons enquêtés révèle que
13,75% des récipients de stockage de l'eau de boisson ne sont pas
couverts et sont donc exposés aux facteurs de pollution tels que le
vent, la poussière, les mouches et d'autres insectes (Photo 10). Plus de
la moitié des ustensiles servant à puiser l'eau de boisson
n'étaient pas à l'abri de la saleté (déposé
à terre ou sur un tabouret), ustensiles qui sont
généralement plongés dans le récipient sans lavage
préalable. On constate en outre qu'environ un ménage sur quatre
(22,25%) ne fait pas de différence entre le récipient de stockage
de l'eau de boisson et celui servant à l'eau pour les usages
domestiques. Cette indifférence montre que la population n'est pas assez
informée des risques encourus.
En terme de risque lié au stockage prolongé de
l'eau de boisson, on constate que plus de deux ménages sur trois (76,5%)
stockent l'eau de boisson pendant plus de 24 heures. Or, de nombreuses
études montrent qu'il y a un lien entre la durée de stockage et
la pollution de l'eau. En effet, des recherches effectuées en 1988 par
le ministère de l'eau du Burkina Faso ont révélé
qu'au bout de 18 heures de stockage, tous les récipients de stockage
présentent un taux moyen de coliformes fécaux supérieur
à 22 unités par 100 millilitres, quelque soit le récipient
utilisé pour le transport et le stockage (Ministère de l'eau,
1988). Parallèlement à ces pratiques à risques, on notera
en outre que 15% des ménages ne lavent les récipients de stockage
qu'une fois tous les trois jours.
Photo 10: Une jarre
en terre non couverte pour le stockage de l'eau de boisson
(Cliché Kombasséré, juillet
2006)
Au sein des ménages qui résident à moins
de 200 m de leur point d'approvisionnement en eau, plus de la moitié
(55%) conserve l'eau deux jours durant et même plus alors que parmi les
ménages qui résident à plus de 200 m de leur point
d'approvisionnement en eau, la part des ménages qui conservent l'eau
plus de 2 jours au moins s'élève à 67%.
La répartition spatiale des ménages selon la
durée de stockage de l'eau permet de bien apprécier la relation
entre le temps de conservation et l'éloignement du ménage (Carte
10). L'éloignement du point d'eau apparaît comme un facteur
prolongeant la durée de stockage de l'eau ce qui suggère que les
ménages qui sont à plus de 100 mètres de leur point d'eau
sont plus exposés aux risques de diarrhées liées à
un stockage prolongé de l'eau de boisson que ceux disposant d'un point
d'eau plus proche.
Carte 10 :
Répartition des ménages selon la durée de stockage de
l'eau de boisson
Les facteurs de risque de pollution fécale de l'eau de
boisson qui ont été recensés à Yamtenga peuvent
être résumés dans la Figure 1.
Figure 1 : Facteurs de
risque de pollution de l'eau de boisson à Yamtenga

(Inspiré du schéma de BARNEL S., 1990,
cité par ROMBA N., 2005)
Nous pouvons établir une cartographie des
ménages les plus exposés aux risques de diarrhée, en nous
appuyant sur les pratiques à risque de diarrhée telles que :
§ L'usage de bassines comme récipients de collecte
de l'eau de boisson au lieu d'une barrique
§ Le fait de ne pas couvrir le récipient de
stockage de l'eau de boisson
§ Le fait de ne pas ranger l'ustensile servant à
puiser l'eau de boisson à l'abri de la saleté
§ Le fait de ne pas faire de différence entre le
récipient de stockage de l'eau de boisson et celui servant à
conserver la ressource destinée aux autres usages domestiques
§ Le fait de stocker l'eau de boisson pendant une
durée supérieure ou égale à deux jours
§ Le fait d'avoir un volume moyen de consommation d'eau
inférieur à 20 litres par personne et par jour,
Nous avons choisi de représenter les ménages en
fonction du nombre de facteurs à risque de diarrhée. (Carte 11).
De prime abord, on constate que les ménages les plus
exposés au risque de diarrhée sont concentrés dans la
partie sud de Yamtenga. La majorité de ces ménages (83%)
fréquente les bornes fontaines 8 et 9. On remarque par ailleurs que la
moitié des ménages qui a recours à un forage
équipé d'une pompe à motricité humaine est
exposée à un fort risque de diarrhée. En terme de
distance, les ménages plus exposés aux risques liés
à la diarrhée, sont globalement situés à plus de
200 mètres de leurs points d'eau. On peut donc dire que
l'éloignement de la source d'approvisionnement favorise l'adoption des
comportements à risque de diarrhée.
Carte 11 :
Répartition des ménages selon leur degré d'exposition au
risque de diarrhée
III.
Les facteurs d'aggravation du risque de diarrhée
Le risque de contracter les maladies diarrhéiques est
exacerbé par des facteurs tels que le niveau de scolarisation et les
pratiques des populations en matière de gestion de leur environnement
physique (BANZA-NSUNGU A., 2004).
III.1.
Les niveaux de scolarisation
Les résultats de nos enquêtes montrent que plus
d'un chef de ménage sur deux (56,3%) ne sait ni lire et écrire
(Graphique 21). Cette proportion est plus élevée chez les femmes
que nous avons interrogées (65%).
Graphique 19 :
Répartition des chefs de ménages et des ménagères
selon leur niveau
d'instruction

Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
|
On remarque que jusqu'au premier cycle, les femmes qui ont
été scolarisées sont plus nombreuses à avoir
achevé leurs cycles mais la tendance s'inverse à partir du
secondaire. Globalement, nous relevons que les femmes ont un faible niveau de
scolarisation alors que « l'éducation assure une protection
contre la maladie en influençant les systèmes de vie et les
habilités de décision face à certains
problèmes » (HOWARD M.A. & ANDERSON R.J., 1978). Une
mère instruite saura mieux protéger son enfant contre les
maladies évitables en se rendant fréquemment au centre de
santé et en lui donnant des aliments propres et nutritifs. OUEDRAOGO C.
(1994) précise à cet effet qu'une scolarité de huit
années minimum semblerait requise dans les pays à faibles revenus
pour favoriser des changements dans les comportements. Elle estime que le
nombre d'années de scolarisation primaire est insuffisant en terme
d'acquisition de connaissances pour comprendre les mécanismes de
transmission des maladies. Si l'on se réfère à ces
résultats, très peu de ménagères
enquêtées sont susceptibles d'adopter des comportements
influençant positivement la santé de leurs enfants.
III.2.
Les comportements des populations en matière d'hygiène et
d'assainissement
L'hygiène et l'assainissement sont parmi les
principaux facteurs qui favorisent l'apparition et la propagation des maladies
infectieuses, notamment diarrhéiques, selon l'OMS. Ces deux facteurs se
joignent aux difficiles conditions d'accès à l'eau potable qui
prévalent généralement dans certaines zones
irrégulières pour exacerber les risques liés aux maladies
diarrhéiques. Il importe donc d'analyser les pratiques des populations
en la matière.
III.2.1. L'évacuation des ordures
ménagères
L'évacuation des ordures ménagères et des
déchets des rues constitue des éléments essentiels
à la salubrité d'un quartier. La majorité des
ménages enquêtés déclare balayer leur concession au
moins deux fois par jour et 55% montre un souci d'embellissement de leur
parcelle. Cet apparent souci de d'hygiène et de propreté ne
s'exprime malheureusement pas au-delà de l'espace domiciliaire.
Les ordures produites au cours des diverses activités
domestiques sont collectées et gérées de manières
diverses (Tableau 10)
Le recours à la rue pour l'évacuation des
ordures demeure la pratique la plus répandue. Elle concerne 40% des
ménages. Les ordures sont généralement stockées
dans un angle de la concession avant d'être évacuées dans
la rue. Les espaces vacants dans le quartier sont traités comme des
dépotoirs naturels. Ils sont considérés comme la brousse
ou les champs en milieu rural, lieux naturels d'évacuation. Parmi les
populations qui souscrivent à ces pratiques, on retrouve des
ménages de toutes les catégories sociales. Seulement 16,25% des
ménages sont abonnés à la structure locale de collecte des
ordures qui, malheureusement n'étend pas ces prestations à
l'ensemble de la zone irrégulière compte tenu de
l'étroitesse des rues et de l'absence d'abonnés potentiels
Tableau 10 : Modes
d'évacuation des ordures ménagères des ménages
enquêtés à Yamtenga
Modes d'évacuation des ordures
ménagères
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Incinération
|
20
|
25
|
Rue
|
32
|
40
|
Trou dans la concession
|
6
|
7,5
|
Poubelle pour collecte
|
9
|
11,25
|
Bancôtière
|
13
|
16,25
|
Total
|
80
|
100
|
Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
Le recours à la rue pour l'évacuation des
ordures demeure la pratique la plus répandue. Elle concerne 40% des
ménages. Les ordures sont généralement stockées
dans un angle de la concession avant d'être évacuées. Les
espaces vacants dans le quartier sont traités dans les faits comme des
dépotoirs naturels. Ils sont considérés comme la brousse
ou les champs en milieu rural, lieux naturels d'évacuation. Parmi les
populations qui souscrivent à ces pratiques, on retrouve des
ménages de toutes les catégories sociales. Seulement 16,25% des
ménages sont abonnés à la structure locale de collecte des
ordures qui, malheureusement n'étend pas ces prestations à
l'ensemble de la zone irrégulière compte tenu de
l'étroitesse des rues et de l'absence d'abonnés potentiels.
Plus de la moitié de la population (51,25%)
évoque l'absence de système adéquat d'évacuation
des ordures pour justifier l'évacuation des ordures dans la rue tandis
que 18% estiment que ces pratiques sont liées à l'insuffisance
d'éducation environnementale. Ces nombreux dépotoirs qui marquent
l'espace urbain présentent d'importants risques sanitaires pour la
population et particulièrement pour les enfants, puisque les
matières fécales humaines et les autres types d'ordures y sont
déversés sans aucune mesure de prévention. Ces
décharges constituent les aires de jeux favorites des enfants et des
trieurs de déchets. Certaines femmes s'installent même à
proximité de ces tas d'immondices pour vendre des mets prêts
à être consommés. Les mouches vectrices de maladies
diarrhéiques font aisément le trajet tas d'ordures - repas,
polluant ainsi les aliments. Selon les conclusions d'une étude
réalisée par l'université fédérale de Bahia
à Salvador au Brésil sur les effets des déchets sur la
santé des enfants en bas âge, la proximité des enfants avec
les déchets constitue une source importante de diarrhée (IRC,
2005).
Le bas niveau de scolarisation des ménagères que
nous avons précédemment évoqué est susceptible
d'empirer les risques de diarrhées liés à ce type
d'environnement.
III.2.2. Le rejet des eaux usées
Situé en zone irrégulière, le quartier
ne dispose d'aucun système aménagé pour
l'évacuation des eaux usées. Les pratiques des ménages en
matière de gestion de ces eaux peuvent être regroupées en
trois catégories (Tableau 11).
Tableau 11 : Modes de
rejet des eaux usées des ménages enquêtés à
Yamtenga
Lieux de rejet des eaux usées
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Rue
|
67
|
83,75
|
Concession
|
10
|
12,5
|
Puisard
|
3
|
3,75
|
Total
|
80
|
100
|
Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
Pour la grande majorité des ménages, le recours
à la rue pour l'évacuation des eaux usées produites au
cours de la vaisselle, de la lessive ou de la cuisine semble être l'une
des solutions les mieux adaptées. Seulement 3,75% des ménages
disposent de puisard pour l'évacuation des eaux usées.
Quant aux eaux usées issues des douches, elles sont
généralement rejetées dans un puisard à travers un
trou petit trou creusé à la base du mur qui ceinture les
habitations. Le plus souvent, il s'agit d'une simple excavation d'une
profondeur de moins de 2 mètres recouverte dans le meilleur des cas de
matériaux de récupération (vieilles tôles,
planchettes, bidon, etc.). Généralement de faible
capacité, ces puisards se remplissent rapidement et nécessitent
une vidange, ce qui ne va pas sans soulever des difficultés du fait du
coût de l'opération qui s'élève à environ 2
000 francs CFA. Faute d'entretien, le puisard déborde et répand
son contenu sur la voie publique en dégageant des odeurs
nauséabondes (Photo11). En saison sèche, ces puisards attirent
les animaux tels que les porcs à la recherche d'humidité. Ils
deviennent ainsi des vecteurs potentiels de dissémination d'agents
pathogènes par contact avec les gobelets ou les plats qui traînent
sur le sol. Les enfants en bas âge sont les plus exposés aux
risques sanitaires liés à ces pratiques.
Photo 11: Eaux de
douche recueillies dans un puisard non recouvert
(Cliché Kombasséré, juillet 2006)
III.2.3. L'élimination des excrétas humains
Sur les 80 ménages qui ont fait l'objet de notre
enquête, 88,75% disposent de latrines dans leur concession tandis que
11,25% ont recours aux cours voisines ou aux espaces vacants
(bancôtières, parcelles et maisons inhabitées).
D'un point de vue sanitaire, l'évacuation
hygiénique des selles est probablement l'aspect le plus important au
niveau domestique. Selon l'OMS et l'UNICEF (2006), si les déchets et les
eaux usées peuvent être rejetés dans la rue en l'absence de
système de gestion adéquat, la défécation dans la
nature est une source importante de maladies diarrhéiques et de
gêne dans la vie quotidienne. L'exposition aux risques de contracter les
maladies diarrhéiques est d'autant plus importante que les enfants en
bas âge défèquent dans la concession ou dans la rue. En
effet, nous avons vu dans certaines cours que les selles des enfants
traînaient sur le sol. Ces selles sont généralement
recouvertes avec des cendres avant d'être évacuées au cours
du balayage. Les enfants qui marchent ont, quant à eux, le plus souvent
recours aux tas d'immondices les plus proches de la concession (Photo 12).
Photo 12 :
Décharge publique à proximité des concessions
(Cliché Kombasséré, juillet 2006).
Cette méthode s'avère facile puisque l'enfant
peut aller où il veut quand il veut, ce qui n'implique pas de travail
supplémentaire à la mère qui n'a alors rien à
laver.
La proximité des concessions avec les selles, au
delà des désagréments liés aux odeurs
pestilentielles, peut constituer un risque de diarrhées à travers
les mouches également. Ces insectes sont susceptibles d'emporter les
agents pathogènes sur leurs pattes, leurs tubes digestifs et les rejeter
ensuite sur l'eau ou les aliments (OOKHIN N. et al., 1989 ;
ESREY S.A., 1991).
La propreté tant revendiquée par les populations
en termes de bienséance ou de santé publique (thématique
de plus en plus abordée par les ménages suite à
l'épidémie de choléra de 2005) ne se traduit donc pas dans
les actes. Le quartier est dans une situation de pollution permanente et les
conditions d'hygiène qui y prévalent sont très
préoccupantes. Conscients de cette pollution, certains responsables
d'associations avec lesquelles nous nous sommes entretenus ont entrepris des
campagnes de sensibilisation afin de convaincre les populations de changer de
comportements. Mais leurs efforts sont restés vains jusqu'alors.
Nous avons donc pu constater la faiblesse de l'accès
à l'eau favorisait l'apparition de risques sanitaires. En effet, 38,75%
des ménages sont exposés à un risque sanitaire
élevé, 60% à un risque faible et seulement 1,25% des
ménages à un risque très faible. Manifestement, de
nombreux facteurs s'ajoutent à Yamtenga aux faiblesses des volumes
moyens de consommation d'eau pour favoriser l'apparition et la propagation des
diarrhées. Ces facteurs sont les modes de gestion de l'eau, la faiblesse
du niveau d'éducation des populations et la dégradation du cadre
de vie.
CONCLUSION GENERALE
Le présent mémoire a permis de présenter
et d'analyser les difficultés qu'éprouvent les ménages des
zones irrégulières pour s'approvisionner en eau potable avec le
cas de la zone irrégulière de Yamtenga en
périphérie des secteurs 29 et 30. Ce travail a en outre permis
d'aborder la question de la relation entre les pratiques à risque de
diarrhées, les modes d'approvisionnement et les modes de gestion de
l'eau.
Il ressort de l'analyse des données qu'à
Yamtenga, les conditions d'accès à l'eau restent marquées
par plusieurs contraintes : les longs temps d'attente à la source
d'approvisionnement, le coût, les baisses de pression et les distances
parcourues.
La distance moyenne entre les ménages et leur point
d'eau potable est de 388 mètres. Seulement 31% de ces ménages ont
leur source d'eau dans un rayon de 200 mètres. Si l'on tient compte de
la fréquence de l'approvisionnement par jour, la moyenne des distances
parcourues par les ménages pour s'approvisionner en eau potable
s'élève à 1,1 kilomètre. Sur le plan
économique, on se rend compte que les ménages qui ont le meilleur
accès à l'eau sont ceux dont le chef dispose d'un revenu mensuel
stable (salarié). Par ailleurs, les ménages les plus
démunis consacrent finalement globalement plus d'argent pour l'achat de
l'eau que les ménages plus aisés mais, malheureusement,
consomment de plus faibles quantités d'eau. Plus que la distance, la
précarité de la situation économique des ménages
est apparue comme le principal facteur limitant l'accès à l'eau
à Yamtenga. En effet, si la quantité moyenne d'eau
consommée par personne et par jour s'établit à 23,9
litres, plus de la moitié de la population dispose quotidiennement d'un
volume inférieur ou égal à 20 litres.
Au regard de la présentation de l'impact des
contraintes que connaît la population de Yamtenga en matière
d'accès à l'eau, on peut conclure que notre première
hypothèse est vérifiée : la situation actuelle en
matière de distribution d'eau dans la zone irrégulière de
Yamtenga est particulièrement inquiétante.
Notre deuxième hypothèse selon laquelle les
modes d'approvisionnement et de gestion de l'eau sont de nature à
exposer la population, et particulièrement les enfants, aux risques de
diarrhées est aussi confirmée. En effet, nous avons pu mettre en
évidence l'existence de pratiques qui ont des conséquences sur la
prévalence des maladies diarrhéiques selon nos sources
bibliographiques. A l'échelle domestique, le non lavage des mains, la
durée de conservation de l'eau de boisson, l'absence de couverture des
récipients de stockage et la faible fréquence du lavage des
récipients de stockage sont les principaux indicateurs de risques de
pollution de l'eau.
Ces pratiques à risques peuvent s'expliquer par la
précarité des conditions de vie des ménages
enquêtés mais aussi par des facteurs socio culturels comme le
niveau d'éducation que des études plus orientées sur les
comportements des populations pourront aborder.
D'une manière générale, l'étude
que nous avons menée témoigne de l'existence de véritables
difficultés d'accès à l'eau potable et de
l'actualité des pratiques à risque de diarrhée à
Yamtenga. La recherche du minimum vital d'eau à Yamtenga est un souci
quotidien pour la majorité des ménages. Outre les aspects
directement liés à l'eau, on a pu constater que l'environnement
de la zone d'étude est dans une situation de dégradation continue
et permanente.
Cette recherche ouvre la voie à une réflexion
plus générale sur la nécessité d'élaborer de
nouvelles approches pour une meilleure desserte en eau potable des zones
irrégulières.
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Institut Panafricain Pour le Développement, Afrique de l'Ouest et Sahel,
Ouagadougou, 165 p.
ANNEXES
DESCRIPTION DE LA CONCESSION
Enquêteur : __________________________
Date : /______//__________/ 2006
Langue d'entretien :
______________________________
Q1.
|
Nombre de ménages occupant la
concession
|
|
Q2.
|
Localisation
Coordonnées GPS X : /_______________/
Y : /_________________/
Numéro de la concession dans le GPS :
n°E0 .
|
Q3.
|
Noter le type de maison
|
|
|
Célibatorium
|
|
|
Maison
|
|
Q4.
|
Noter le type de construction
|
|
|
Dur (parpaings, ciment, béton)
|
|
|
Semi-dur (banco amélioré, crépi, etc.)
|
|
|
Pas dur (banco, paille, autres)
|
|
Q5.
|
Noter l'état de la construction
|
|
|
Achevé
|
|
|
Inachevé
|
|
Q6.
|
Noter le type de concession
|
|
Concession familiale à un ménage
|
|
|
Concession familiale à plusieurs ménages
apparentés
|
|
|
Concession à plusieurs ménages non
apparentés
|
|
Q7.
|
Y a t il de la végétation dans la
concession ?
|
Oui
|
Non
|
Q8.
|
Notez vous un souci d'embellissement de la
concession ?
|
Oui
|
Non
|
Q9.
|
Y a t il un puits dans la concession ?
|
Oui
|
Non
|
Q10.
|
Si oui, est ce que vous buvez l'eau du puits
?
|
Oui
|
Non
|
Q11.
|
Mesurer la distance (m) séparant le puits du lieu
d'aisance
|
|
Q12.
|
Y a t-il des animaux présents dans la
concession ?
|
Oui
|
Non
|
Q13.
|
Si oui, est-ce que ce sont [(1)
quelques animaux ; (2) élevage]
|
|
Poules, canards, pintades
|
|
|
Chèvres, moutons
|
|
|
Zébus, boeufs, ...
|
|
|
Chevaux
|
|
|
Anes
|
|
|
Porcs
|
|
Q14.
|
Taille de la concession
|
|
0-5 ans
|
6-15 ans
|
15-50 ans
|
> 50 ans
|
F
|
|
|
|
|
M
|
|
|
|
|
Total
|
|
|
|
|
DESCRIPTION DU MENAGE CHOISI
Q1.
|
Nom et prénoms de la personne
enquêtée :
|
Q2.
|
Nom et prénoms du chef de ménage
:
|
Q3.
|
Date de naissance ou âge
|
|
Q4.
|
Sexe
|
M
|
F
|
Q5.
|
Ethnie
|
|
Q6.
|
Religion
|
|
Animiste
|
|
Protestant
|
|
Catholique
|
|
Musulman
|
|
Autres
|
|
Q7.
|
Votre ménage a-t-il été
enquêté par les équipes du programme EUTSAO en 2004 ?
|
Oui
|
Non
|
Q8.
|
Situation de résidence
|
|
Locataire
|
|
|
Hébergé gratuit
|
|
|
Propriétaire
|
|
|
Autres
|
|
Q9.
|
Niveau d'instruction
|
|
Non scolarisé
|
|
|
Primaire
|
|
|
Premier cycle
|
|
|
Second cycle
|
|
|
Supérieur
|
|
|
Autres
|
|
Q10.
|
Type de ménage
|
|
Monogame
|
|
|
Polygame
|
|
Q11.
|
Taille du ménage
|
|
0-5 ans
|
6-14 ans
|
15-50 ans
|
> 50 ans
|
F
|
|
|
|
|
M
|
|
|
|
|
Total
|
|
|
|
|
Q12.
|
Le chef de ménage est-il né dans le
quartier ?
|
Oui
|
Non
|
Q13.
|
Si non, depuis combien d'années habite t il
ici ?
|
|
Q14.
|
Où habitait il
avant (écrire les
informations) ?
|
|
Quartier (ou à défaut secteur)
|
|
|
Ville (autre que Ouagadougou)
|
|
|
Village
|
|
|
Pays voisins
|
|
|
Autres
|
|
Q15.
|
Pour quelles raisons le CM est il installé
ici ?
|
|
Economiques
|
|
|
Professionnelles
|
|
|
Familiales
|
|
|
Volonté d'avoir une parcelle
|
|
|
Autres
|
|
Q16.
|
Revenu mensuel approximatif du ménage :
|
Q17.
|
Existence de latrines ?
|
Oui
|
Non
|
Q18.
|
Si oui, les latrines se vident elles dans :
|
|
La rue
|
Oui
|
Non
|
|
Une fosse
|
Oui
|
Non
|
Q19.
|
Si dans une fosse, la vidange est elle
:
|
|
Manuelle
|
Oui
|
Non
|
|
Mécanique
|
Oui
|
Non
|
Q20.
|
Si la vidange est manuelle, que faites vous des
excréta ?
|
APPROVISIONNEMENT EN EAU DU MENAGE
Q1.
|
Où prenez vous votre eau de boisson
(cocher la case correspondante) ?
|
|
|
Juin à septembre
|
Octobre à janvier
|
Février à mai
|
|
Borne fontaine
|
|
|
|
|
Puits moderne
|
|
|
|
|
Puits traditionnel
|
|
|
|
|
Forage
|
|
|
|
|
Barrage
|
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
Q2.
|
Localisation du point d'eau le plus utilisé
actuellement (juin 2006)
|
|
X
|
Y
|
Q3.
|
Comment vous procurez vous l'eau
(plusieurs réponses possibles) ?
|
|
a
|
Personnellement ou quelqu'un de la cour
|
|
b
|
Revendeur
|
|
c
|
Autres (à précisez)
|
|
Q4.
|
Quel récipient utilisez vous pour prendre
l'eau ?
|
|
Bidon jaune (20 l)
|
|
|
Bassine (40 l)
|
|
|
Barrique avec une charrette ou un pousse-pousse (200 l)
|
|
|
Autres
|
|
Q5.
|
Utilisez vous un stabilisateur ?
|
Oui
|
Non
|
SO
|
Q6.
|
Si oui, quelle est sa nature ?
|
|
Plastique
|
|
|
Feuilles
|
|
|
Autres
|
|
Q7.
|
Combien de fois prenez-vous de l'eau en moyenne par
jour ?
|
|
|
Une fois
|
|
|
Deux fois
|
|
|
Trois fois
|
|
|
Plus de trois fois
|
|
Q8.
|
Quel récipient utilisez vous pour le stockage de
l'eau de boisson (plusieurs réponses
possibles) ?
|
|
Barrique (200 l)
|
|
|
Jarre
|
|
|
Plat
|
|
|
Autres
|
|
Q9.
|
Notez si les récipients de stockage sont
couverts
|
Oui
|
Non
|
Q10.
|
L'ustensile utilisé pour enlever l'eau du
récipient est-il rangé à l'abri de la
saleté ?
|
Oui
|
Non
|
Q11.
|
Y a-t-il une différence entre le lieu de stockage
de l'eau de boisson et les autres eaux ?
|
Oui
|
Non
|
Q12.
|
Quelle est la fréquence de lavage de votre
récipient de stockage d'eau de boisson ? (cocher la
case correspondante)
|
|
|
Avant chaque remplissage
|
|
|
Une fois par jour
|
|
|
Une fois tous les deux jours
|
|
|
Moins de une fois par semaine
|
|
Q13.
|
Quelle est la durée de stockage ?
|
|
|
Un jour
|
|
|
Deux jours
|
|
|
Supérieur ou égale à trois jours
|
|
|
Autres
|
|
Q14.
|
Actuellement traitez vous l'eau avant de la
boire ?
|
Oui
|
Non
|
Q15.
|
Procédés de traitement de l'eau
|
Connu
|
Déjà pratiqué
|
Pratiqué actuellement
|
|
Javellisation
|
|
|
|
|
Ebullition
|
|
|
|
|
Décantation
|
|
|
|
|
Filtration
|
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
Q16.
|
Quels sont vos problèmes d'approvisionnement en
eau ?
|
|
Distance au point d'eau
|
|
|
Longue file d'attente
|
|
|
Prix élevé de l'eau
|
|
|
Coupures
|
|
|
Baisses de pression
|
|
|
Mauvaise qualité de l'eau
|
|
|
Autres
|
|
Q17.
|
Estimation du nombre de litres pris chaque
jour
|
|
Q18.
|
Estimation du budget mensuel hors saison sèche
(à estimer)
|
|
Q19.
|
Estimation du budget mensuel en saison sèche
(à estimer)
|
|
Q20.
|
Estimez la quantité d'eau consommée dans le
ménage par jour et par personne
|
|
HYGIENE ET ASSAINISSEMENT
Q1.
|
Quelle est la fréquence de nettoyage de votre
cour ?
|
|
|
Chaque matin
|
|
|
Tous les deux jours
|
|
|
Tous les trois jours et plus
|
|
Q2.
|
Quel est votre mode d'évacuation des eaux
usées ?
|
|
|
Concession
|
|
|
Puisard ou puits
|
|
|
Rue
|
|
|
Autres
|
|
Q3.
|
Quel est votre mode d'évacuation des ordures ?
|
|
|
Incinération
|
|
|
Rue
|
|
|
Bac
|
|
|
Puits perdu
|
|
|
Poubelle pour collecte
|
|
|
Autres
|
|
Q4.
|
Selon vous pourquoi les gens évacuent-ils les
ordures et eaux usées dans la rue ?
|
|
Par manque de système de collecte
|
|
|
Par manque d'éducation environnementale et
d'information
|
|
|
Autres
|
|
Q5.
|
Pensez vous que les eaux et les ordures laissées
au vent peuvent causer des maladies ?
|
Oui
|
Non
|
Q6.
|
Si oui, lesquelles ?
|
Q7.
|
Pensez vous que les diarrhées peuvent être
liées à la saleté ?
|
Oui
|
Non
|
Q8.
|
Vous lavez vous les mains au savon avant chaque
repas ?
|
Oui
|
Non
|
Q9.
|
Après la toilette anale des enfants, vous lavez
les mains au savon ?
|
Oui
|
Non
|
Q10.
|
Si l'enfant va seul au toilettes se lave-t-il les mains
après les selles
|
Oui
|
Non
|
SANTE
(Ce questionnaire s'adresse à la
ménagère)
Q1.
|
Niveau d'instruction de la ménagère.
|
|
Non scolarisée
|
|
|
Primaire
|
|
|
Premier cycle
|
|
|
Second cycle
|
|
|
Supérieur
|
|
|
Autres
|
|
Q2.
|
Avez-vous enregistré un épisode morbide
dans votre ménage ces deux dernières semaines ?
|
Oui
|
Non
|
Si oui, remplir le tableau suivant
:
|
Recours
|
Lieu d'obtention du médicament
|
Niveau d'instruction du malade
|
|
|
Centre
public
|
Centre
privé
|
Centre
conf.
|
Rien
|
Voisin
|
Rue
|
Public
|
Privé
|
NS
|
P
|
S1
|
S2
|
S3
|
Age
|
Sexe
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Conf : confessionnel ; Rien : n'a rien
fait face à la maladie ; NS : non scolarisé ;
P : primaire ; S1 : premier cycle ; S2 : second
cycle ; S3 : supérieur.
Q3.
|
Précisez le nom de la structure sanitaire qui a
été consultée à cet effet.
|
1
|
|
2
|
|
3
|
|
Q4.
|
Comment reconnaissez vous une diarrhée ?
|
Q5.
|
S'il y a eu un cas de diarrhée ces deux
dernières semaines et s'il a donné lieu à un recours,
après combien de jours le malade a t-il été conduit
à la structure de soins ?
|
|
Q6.
|
Pendant l'épisode diarrhéique, lui
avez-vous donné à boire ?
|
|
Autant que d'habitude
|
|
|
Plus que d'habitude
|
|
|
Moins que d'habitude
|
|
Q7.
|
Lui avez-vous donné un liquide
préparé à partir de
|
|
Eau plus sel
|
|
|
Solution de réhydratation orale (SRO)
|
|
Q8.
|
Quelles sont les causes de la
diarrhée à votre avis ?
|
Q9.
|
Pensez vous que les diarrhées sont imputables
à l'eau que vous utilisez ?
|
Oui
|
Non
|
Q10.
|
Si oui, cela est-il dû :
|
|
|
A des agents pathogènes qui sont dans l'eau
|
|
|
Aux génies de l'eau
|
|
|
A une insuffisance d'eau
|
|
|
Au manque d'hygiène
|
|
|
Autres
|
|
Q11.
|
Quelles sont les conséquences de la
diarrhée à votre avis ?
|
Q12.
|
Selon vous quels sont les moyens de prévention de
la diarrhée ?
|
Q13.
|
Avez-vous déjà été
sensibilisée aux maladies que peuvent causer l'usage d'une eau de
mauvaise qualité.
|
Oui
|
Non
|
Q14.
|
Si oui, de quelle structure de sensibilisation
s'agissait-il ?
|
Q15.
|
Quelles suggestions pourriez vous faire pour
améliorer l'accès à l'eau ?
|
|
Baisse des prix
|
|
|
Augmentation du nombre de bornes fontaines
|
|
|
Autres
|
|
Q16.
|
Les gens ont-ils prêté attention à ce
que vous disiez ?
|
Oui
|
Non
|
Q17.
|
Vous ont-ils donné l'impression de dire la
vérité ?
|
Oui
|
Non
|
Q18.
|
Y a-t-il eu des réticences ?
|
Oui
|
Non
|
POINTS D'EAU (FORAGE)
Certaines questions sont à remplir directement et
non à poser
DATE
ENQUETEUR .
COORDONNEES : X
Y .
N° Identification : .
Q1.
|
Forage fonctionnel
|
Oui
|
Non
|
Q2.
|
Si non, pourquoi ?
|
|
Panne
|
|
|
Conflit de gestion
|
|
|
Autres
|
|
Q3.
|
Année de réalisation
|
|
Q4.
|
Coût de réalisation
|
|
Q5.
|
Réalisé par :
|
Q6.
|
Participation locale :
|
Q7.
|
Autres participations :
|
Q8.
|
Aménagement de surface
|
Oui
|
Etat
|
Bon
|
Mauvais
|
|
Canal
|
|
|
|
|
Trottoir
|
|
|
|
|
Abreuvoir
|
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
Q9.
|
Qualité visuelle de l'eau
|
|
Limpide
|
Oui
|
Non
|
|
Dépôt
|
Oui
|
Non
|
|
Trouble
|
Oui
|
Non
|
Q10.
|
Couleur
|
|
Claire
|
Oui
|
Non
|
Q11.
|
Existe-t-il un comité de
gestion ?
|
Oui
|
Non
|
Q12.
|
Si oui, est il fonctionnel ?
|
|
Q13.
|
Si non, pourquoi n'est il pas
fonctionnel ?
|
Q14.
|
Quel est le mécanisme d'accès à
l'eau ?
|
|
Libre
|
Oui
|
Non
|
|
Payant
|
Oui
|
Non
|
Q15.
|
Si l'eau est vendue, donner le prix unitaire
|
|
Seau
|
|
|
Bidon
|
|
|
Bassine
|
|
|
Barrique
|
|
Q16.
|
Heures de fonctionnement : De .............
à ...........................h
|
Q17.
|
Quelles sont les formes d'utilisation de cette
eau ?
|
|
|
Boisson
|
|
|
Domestique
|
|
|
Animaux
|
|
|
Construction
|
|
|
Autres
|
|
Q18.
|
Estimer la pression en litres par heure
(nombre de personnes qui remplissent leurs contenants par heure)
|
|
POINT D'EAU (BORNE FONTAINE)
Certaines questions sont à remplir directement et
non à poser
DATE
ENQUETEUR .
COORDONNEES : X
Y .
N° identification :
.
Compléter la grille tarifaire en
FCFA
|
Juin à septembre
|
Octobre à janvier
|
Février à mai
|
20 l
|
|
|
|
40 l
|
|
|
|
200 l
|
|
|
|
Q1.
|
Heures de fonctionnement : De
.............à ...........................h
|
Q2.
|
Y a-t-il des querelles autour du point d'eau
|
Oui
|
Non
|
Q3.
|
Si oui, pourquoi :
|
|
Non respect de la file d'attente
|
|
|
Autres
|
|
Q4.
|
Apprécier l'environnement général du
point d'eau
|
Acceptable
|
Bon
|
Mauvais
|
Q5.
|
Quelles sont les formes d'utilisation de cette
eau ?
|
|
|
Boisson
|
|
|
Domestique
|
|
|
Animaux
|
|
|
Construction
|
|
|
Autres
|
|
Q6.
|
Estimer la pression en litres par heure (nombre
de personnes qui remplissent leurs contenants par heure)
|
|
Q7.
|
Nom et prénom du gérant de la borne
fontaine ?
|
Q8.
|
Comment est il choisi ?
|
Q9.
|
Quel est le revenu mensuel d'un
gérant ?
|
FICHE REVENDEURS D'EAU
Enquêteur :
.
Date : .
Noms et Prénoms de l'enquêté :
.
Age ou date de naissance : .
Q1.
|
Etes vous propriétaire de la
charrette ?
|
Oui
|
Non
|
Q2.
|
Si non, quel est votre statut ?
|
|
Salarié
|
|
|
Copropriétaire
|
|
Q3.
|
Existe- t-il une organisation de votre
profession ?
|
Oui
|
Non
|
Compléter les grilles tarifaires en
FCFA
Jour normal
|
Saison sèche
|
Saison pluvieuse
|
< 500 m
|
> 500 m
et <1000 m
|
> 1000 m
|
< 500 m
|
> 500 m
et <1000 m
|
> 1000 m
|
20 l
|
|
|
|
|
|
|
40 l
|
|
|
|
|
|
|
200 l
|
|
|
|
|
|
|
Jour férié
|
Saison sèche
|
Saison pluvieuse
|
< 500 m
|
> 500 m
et <1000 m
|
> 1000 m
|
< 500 m
|
> 500 m
et <1000 m
|
> 1000 m
|
20 l
|
|
|
|
|
|
|
40 l
|
|
|
|
|
|
|
200 l
|
|
|
|
|
|
|
Q4.
|
Combien de personnes pouvez vous servir en moyenne par
jour ?
|
|
Q5.
|
Quel est votre salaire moyen par jour ?
|
|
Q6.
|
Rencontrez vous des problèmes dans votre
métier ?
|
Oui
|
Non
|
Q7.
|
Si oui, lesquels ?
|
|
Longue file d'attente
|
|
|
Coupures
|
|
|
Baisses de pression
|
|
|
Bénéfice insuffisant
|
|
|
Palabres avec les clients
|
|
Q8.
|
Quelles sont les mesures d'hygiène que vous
adoptez au cours du processus d'approvisionnement en eau ?
|
|
Q9.
|
Avez-vous déjà été
sensibilisé aux maladies que peut causer l'usage d'eau de mauvaise
qualité ?
|
Oui
|
Non
|
Q10.
|
Si oui, de quelle structure de sensibilisation
s'agissait-il ?
|
|
Q11.
|
Quelles suggestions pouvez vous faire pour
améliorer la qualité de l'approvisionnement en
eau ?
|
|
GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AU DELEGUE DU
QUARTIER
NOM PRENOMS
...
1. Depuis quand êtes vous
délégué (année) ?
2. Quelles sont vos attributions ?
3. Pouvez vous nous retracer l'histoire de votre
quartier ?
4. Comment percevez vous l'environnement de votre
quartier ?
5. Que pensez vous de l'approvisionnement en eau de votre
quartier ?
6. Pensez vous que les problèmes de santé y
trouvent leurs origines ?
7. Quelles suggestions pouvez vous donc faire à cet
effet ?
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Matrice du
cadre conceptuel
28
Tableau 2 : Evolution de la
population de 1960 à 2003
35
Tableau 3 : Nature des
matériaux de construction relevée en 1996 au sein des
ménages des secteurs 29 et 30
50
Tableau 4 :
Répartition des modes d'éclairage
51
Tableau 5 : Modes
d'évacuation des eaux usées
52
Tableau 6 :
Répartition des types d'aisance
53
Tableau 7 : Evolution du
prix de la barrique d'eau en francs CFA avec un revendeur
65
Tableau 8 : Accès
à l'eau et impact sanitaire
84
Tableau 9 :
Répartition des modes de stockage de l'eau de boisson
87
Tableau 10 : Modes
d'évacuation des ordures ménagères des ménages
enquêtés à Yamtenga
95
Tableau 11 : Modes de rejet
des eaux usées des ménages enquêtés à
Yamtenga
96
LISTE DES GRAPHIQUES ET FIGURES
Graphique 1:
Pluviométrie et température moyennes annuelles de Ouagadougou
34
Graphique 2 : Evolution de
la surface urbaine
38
Graphique 3 : Evolution du
nombre de bornes fontaines de 1972 à 2007
40
Graphique 4 : Pyramide des
âges de la zone irrégulière des secteurs 29 et 30
49
Graphique 5 : Pyramide des
âges de la zone régulière des secteurs 29 et 30
49
Graphique 6 : Modes
d'évacuation des ordures
52
Graphique 7 : Modes
d'approvisionnement en eau des ménages des secteurs 29 et 30
59
Graphique 8 : Les
difficultés d'approvisionnement évoquées par les
ménages
64
Graphique 9 :
Répartition des ménages selon le budget mensuel alloué
à l'eau
67
Graphique 10 :
Répartition des ménages en fonction de la distance qui les
sépare de leur
68
Graphique 11 :
Répartition des ménages selon les distances réellement
parcourues
69
Graphique 12 :
Répartition des quantités d'eau par personne et
par jour
71
Graphique 13 :
Répartition des volumes moyens de consommation en fonction des distances
réellement parcourues
73
Graphique 14 : Evolution du
volume d'eau consommée selon la fréquence de
l'approvisionnement
74
Graphique 15 : Evolution du
volume d'eau consommé selon le récipient de collecte
76
Graphique 17 : Evolution du
volume moyen de consommation d'eau par personne et par jour selon
l'activité du chef de ménage
77
Graphique 19 : Principales
affections déclarées par les ménages
81
Graphique 20 :
Répartition moyenne mensuelle du poids des diarrhées parmi les
diagnostics établis pour les enfants de moins de 5 ans des secteurs 29
et 30
82
Graphique 21 :
Répartition des chefs de ménages et des ménagères
selon leur niveau
93
Figure 1 : Facteurs de
risque de pollution de l'eau de boisson à Yamtenga
92
LISTE DES CARTES
Carte 1 : Localisation
des zones d'étude du programme EUTSAO
26
Carte 2: Croissance
spatiale de Ouagadougou de 1932 à 2003
37
Carte 3 :
Répartition des modes collectifs d'approvisionnement en eau de la
ville
43
Carte 4 : Localisation de
la zone irrégulière des secteurs 29 et 30
46
Carte 5 : Localisation des
points d'approvisionnement en eau dans la zone irrégulière des
secteurs 29 et 30
54
Carte 6 :
Accessibilité théorique à l'eau dans la zone
irrégulière des secteurs 29 et 30
58
Carte 7: Localisation des
ménages et de leur point d'eau
62
Carte 8 : La
consommation d'eau journalière moyenne par personne au sein des
ménages enquêtés
72
Carte 9 : La
fréquence de l'approvisionnement en eau des ménages
enquêtés
75
Carte 10 :
Répartition des ménages selon la durée de stockage de
l'eau de boisson
89
Carte 11 :
Répartition des ménages selon leur degré d'exposition au
risque de diarrhée
92
LISTE DES PHOTOS
Photo 1 : Vue
aérienne de la partie ouest de la ville en limite d'urbanisation
régulière (Cliché ONEA, 2003)
23
Photo 2 : Vue partielle de
la zone irrégulière (cliché
Kombasséré, juillet 2006)
47
Photo 3 : Un espace
parsemé de bancôtières (cliché
Kombasséré, juillet 2006)
47
Photo 4: Vue partielle
d'une parcelle de la zone irrégulière des secteurs 29 et 30
51
Photo 5 : Vue d'un forage
équipé d'une pompe à motricité humaine
55
Photo 6: Vue d'une borne
fontaine
57
Photo 7 : Vue d'un
pousse-pousse (Cliché Kombasséré, juillet 2006)
66
Photo 8 : Vue des
récipients de collecte de l'eau au forage (Cliché
Kombasséré, juillet 2006)
85
Photo 9 : Aperçu sur
les conditions de collecte de l'eau au forage (Cliché
Kombasséré, juillet 2006)
85
Photo 10: Une jarre en
terre non couverte pour le stockage de l'eau de boisson
88
Photo 11: Eaux de douche
recueillies dans un puisard non recouvert
97
Photo 12 : Décharge
publique à proximité des concessions (Cliché
Kombasséré, juillet 2006).
98

* 1 Le REMUAO regroupe le
Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Mali, le Niger, le
Nigeria, la Mauritanie et le Sénégal.
* 2 Selon les normes du
Burkina Faso, le milieu urbain comprend toutes les localités ayant un
minimum d'infrastructures socio-économiques et administratives
(écoles, services administratifs, réseau de distribution d'eau
potable et d'électricité). L'effectif de population n'est pas
considéré comme un critère d'urbanité, de sorte que
des localités de moins de 5 000 habitants peuvent être
qualifiées d'urbaines. Il faut remarquer qu'au recensement de 1985,
aucune localité de moins de 10 000 habitants n'avait été
considérée comme urbaine et en 1996, trois localités
urbaines sur 26 avaient moins de 10 000 habitants.
* 3 Les chiffres de 2003 sont
des projections.
* 4 Le chiffre de 2007 est une
projection.
* 5 Les
bancôtières sont des espaces servant à la confection des
briques de banco. Elles constituent des gîtes à moustiques
à cause de la stagnation des eaux et elles servent de dépotoirs
pour les structures chargées de la collecte des ordures.
* 6 Il convient de souligner que
suite à des erreurs de précision liées au GPS, cinq de nos
ménages se sont retrouvés à quelques mètres de la
limite est de notre zone d'étude