UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP
DE DAKAR
FACULTE DES SCIENCES ET TECHNIQUES
INSTITUT DES SCIENCES DE L'ENVIRONNEMENT
DIPLÔME D'ETUDES APPROFONDIES (DEA)
DYNAMIQUE DE L'OCCUPATION DU SOL DES NIAYES DE LA
REGION DE DAKAR DE 1954 A 2003 : EXEMPLES DE LA GRANDE NIAYE DE
PIKINE ET DE LA NIAYE DE YEUMBEUL
PRESENTE ET SOUTENU LE 22 JUIN 2006 PAR :
AMINATA DIOP
JURY
Président : Amadou Tidiane BA, Professeur
Titulaire, Directeur de l'Institut des Sciences de l'Environnement (UCAD)
Rapporteur : Cheikh MBOW,
Maître-assistant, Institut des Sciences de l'Environnement (UCAD)
Membres :
- Amadou Tahirou DIAW, Maître de Conférence,
Département de Géographie (UCAD)
- Cheikh Ibrahima NIANG, Maître-Assistant, Institut des
Sciences de l'Environnement (UCAD)
- Année universitaire 2005 - 2006
Abdoulaye Daouda DIALLO, Direction de l'Urbanisme et de
l'Architecture
REMERCIEMENTS
Nous tenons à exprimer notre gratitude à
l'Institut des Sciences de l'Environnement (ISE) et à son directeur le
Professeur Amadou Tidiane BA qui a accepté de présider ce
jury.
Nous remercions le Laboratoire de Recherche et d'Enseignement
en Géomatique (LERG) et son directeur Monsieur Amadou Tahirou DIAW qui
nous a soutenu et intégré dans l'équipe du laboratoire.
Nous exprimons notre profonde gratitude à Monsieur
Cheikh MBOW qui a encadré ce travail, pour sa compréhension, son
soutien constant et la pertinence de ses conseils et critiques, nous disons
merci.
Merci à Monsieur Cheikh Ibrahima NIANG qui nous a
aidé à nous poser de nouvelles questions et à
améliorer notre travail. Votre patience et votre pertinence ne tomberont
jamais dans l'oubli.
Nous remercions Monsieur Abdoulaye Daouda DIALLO pour ses
encouragements et ses conseils
Merci à l'ensemble des enseignants de l'ISE pour la
qualité de la formation dispensée, grand merci aussi au personnel
administratif.
Merci à tout le personnel du LERG et l'ensemble des
stagiaires.
Merci à Monsieur Abdoulaye BA de la DTGC pour sa
disponibilité
Nous remercions Abdoulaye Tacko DIOP, Ngagne Gueye, Serigne
MBACKE DIOP et Moustapha Sokhna DIOP pour leur soutien et encouragements.
Nous ne saurions terminer sans adresser nos remerciements aux
collègues de la 26ème
Promotion de l'ISE.
DEDICACES
A la mémoire de Serigne Moussa Bachir Mbacké
père attentionné et guide éclairé
A la mémoire de mon oncle feu le Professeur Mbaye GUEYE
du département d'Histoire de la Faculté des Lettres et Sciences
Humaines. Il a guidé mes premiers pas à l'université et
m'a toujours soutenue.
A la mémoire de mon grand père EL Hadji
Moustapha DIOP
Je dédie ce travail à toute ma famille
A ma mère Adja Mame Fatma DIOP, mon père
Moustapha DIOP à mon époux Matar Anta DIOP à mes
frères et soeurs à mes neveux
A mes enfants Aminata Sassoum, Moustapha MBACKE et Ndeye
Fatou
A mes amis Serigne MBACKE, Yacine BANE, Marèma DIOP,
Ndeye Victor GUEYE.
AVERTISSEMENT :
« Par délibération la Faculté
des Sciences et Techniques et l'Institut des Sciences de l'Environnement ont
décidé que les opinions émises dans les dissertations qui
leur sont présentées doivent être considérées
comme propres à leurs auteurs et qu'ils n'entendent leur donner aucune
approbation ni improbation. »
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
PDU : Plan Directeur d'Urbanisme
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
IAGU : Institut Africain pour La Gestion Urbaine
DPS : Direction de la Prévision et de la
Statistique
SOPRIM : Société de Promotion
Immobilière
PASDUNE: Plan de Développement et d'Aménagement
pour la Sauvegarde des Zones humides et zones vertes de Dakar
UICN: Union Internationale pour la Conservation de la
Nature
IRD: Institut de recherche pour le Développement
ISE : Institut des Sciences de l'Environnement
SOTRAC : Société de Transport du Cap Vert
LERG : Laboratoire d'Enseignement et de Recherche en
Géomatique
DTGC: Direction des Travaux Géographiques et
Cartographiques
MNT: Modèle Numérique de Terrain
BP: Before Present
ASECNA : Agence pour la Sécurité de la
Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar
SONATEL: Société Nationale de
Télécommunication
GEEP: Groupe d'Etude et l'enseignement de la Population
GIE : Groupement d'Intérêt Economique
RESUME
Les niayes constituent un écosystème particulier
caractérisé par une grande diversité biologique et
géographique. Sa situation géographique explique sa richesse et
lui confère une valeur certaine, mais l'expose aussi à des
risques de dégradation C'est une zone qui offre de multiples
possibilités économiques mais elle est fortement convoitée
par l'habitat dans le contexte d'une urbanisation rapide dans un espace sans
réserve foncière importante.
L'étude présente une analyse de la dynamique de
l'occupation du sol dans la Grande Niaye de Pikine et dans la Niaye de Yeumbeul
de 1954 à 2003. Les outils de la géomatique, associés
à des outils de recherche qualitative (observation, interview, focus
group, profil historique) ont permis de mettre en exergue les facteurs qui
soutendent les mutations de l'espace et d'identifier les problèmes
environnementaux et sociaux qui découlent de l'occupation de zones
humides par le bâti.
Les changements d'occupation du sol sont marqués par
l'avancée du front d'urbanisation. Sur le site de la Grande Niaye de
Pikine, l'écosystème est mieux conservé, le type d'habitat
régulier, planifié y est plus répandu. les remblaiements
sont effectués par des sociétés immobilières. Sur
le site de Yeumbeul par contre, le développement de l'habitat
irrégulier a abouti à l'occupation d'importantes portions de
niayes. Les remblaiements se font de façon individuelle et
localisée par les populations elles-mêmes. L'occupation de ces
niayes pose de nombreux problèmes tels que les inondations,
l'inexistence ou la déficience du système d'assainissement. Ces
contraintes ont un impact négatif sur la santé des populations.
Elles affectent aussi l'image de la capitale.
Mots clés :
Dakar, niayes, dynamique de l'occupation du sol,
problèmes environnementaux.
INTRODUCTION
L'urbanisation rapide des pays africains a commencé
à se manifester depuis les années 1950. Cette période
correspond à la naissance mais surtout l'expansion des grandes villes
situées sur les zones littorales. Cette situation est née de la
concentration dans les centres urbains des services administratifs, des
entreprises et des marchés. Elle a entraîné d'importants
flux migratoires et a abouti à une macrocéphalie du tissu urbain.
Ainsi Vennetier (1991), analysant l'histoire de l'urbanisation des villes
africaines, a évoqué l'importante phase qu'est celle de
l'après seconde guerre mondiale. En effet, ce fut l'ère des
grands travaux mobilisant une forte main-d'oeuvre. Les villes africaines
notamment les villes portuaires, ont ainsi connu un essor notoire. Au
Sénégal, il y a un déséquilibre entre Dakar qui se
modernise et les villes de l'intérieur déclinantes. La capitale
dont la population a augmenté de 79,8 % entre 1955 et 1961, a accueilli
pendant cette période, des flux de 30000 personnes par an (Seck, 1970).
En 1980, sur les 270 entreprises industrielles du pays, 242 sont
installées dans la région de Dakar soit 90 % du tissu industriel.
L'agglomération regroupait aussi 20 % de la population du pays.
Toujours pour la même année, le taux d'urbanisation du
Sénégal est de 35 % (PDU, 2003). De 1970 et 1988 la population
est passée de 724462 à 1488941. En 2000, la capitale concentre 94
% des entreprises industrielles commerciales
nationales. En 2004, 54 % de la population urbaine vit à Dakar (DPS,
2004). Avec un taux de croissance annuel est de 4 %, la demande foncière
est devenue insoutenable : 100000 nouveaux arrivants chaque année, soit
une demande 10000 nouvelles parcelles (PASDUNE, 2002). Ce fait entraîne
l'augmentation des constructions par les sociétés
immobilières, de l'auto construction à Pikine et le
développement de l'habitat irrégulier. Il y a aussi la
construction des infrastructures nées de la demande sociale
(écoles, réseau d'adduction d'eau hôpital, marché,
station d'épuration des eaux et routes) mais aussi d'autres
infrastructures comme le futur technopôle. Selon Ndong (1990),
« 74,6 ha en moyenne sont conquis chaque année par
l'urbanisation entre 1973 et 1980 ».
L'extension des villes africaines s'est fait selon
Merlin (2000) «de façon spontanée et précaire avec le
développement de bidonvilles sur des terrains appartenant à
l'Etat ou achetés à des lotisseurs privés et vers les
périphéries et autres espaces qui naguère étaient
plus ou moins naturels ou à vocation agricole». Dans ce contexte
d'explosion démographique et d'intensification des activités
économiques, les espaces naturels jouent un rôle essentiel dans
l'espace urbain, leur existence est nécessaire à la production de
l'oxygène et au recyclage des rejets gazeux afin d'assurer un
équilibre écologique. Ils ont cependant subi de fortes
mutations. Ce sont généralement des phases de dégradation
qui se manifestent par leur régression spatiale et leur
altération qualitative sous l'influence de facteurs naturels mais
surtout à cause d'une urbanisation galopante. C'est ainsi que Niang et
al. (2004) soulignent la tendance à l'artificialisation des milieux
naturels à Dakar. Cette tendance aboutit à «la conversion
des zones de végétation naturelle en zone de cultures ou la
conversion des zones de cultures en zone d'habitation». Cette
évolution a fait qu'à partir de 1999, il n'y a pratiquement plus
d'espaces couverts par une végétation naturelle urbaine
excepté le domaine classé.
Les niayes constituent un écosystème particulier
situé sur la Grande Côte de Dakar à Saint-Louis. Sa
particularité est liée à sa topographie, à la
proximité de la nappe et de la mer dont il subit les influences
climatiques, à sa structure géomorphologique et à sa
biodiversité. En effet, selon Ndiaye P (1998), les niayes constituent un
important réservoir de biodiversité : prés de 419
espèces végétales soit 20 % de la flore
sénégalaise et 13 parmi les 31 espèces dites
endémiques du Sénégal se trouvent dans cette zone. Du
point de vue de la diversité animale les niayes ont une grande richesse
ornithologique. Reynaud (1998) cité par UICN (2002), affirme en effet,
que133 espèces d'oiseaux sont dénombrées dans la Grande
Niaye de Pikine dont 40 sont dites endémiques, 25 migratrices et 51
nidifiant dans ce périmètre. D'après la même source,
la niaye de Maristes est au moins deux fois plus riche en espèces que la
zone du centre géophysique IRD ex-ORSTOM de Mbour
protégée depuis 1954. Enfin les niayes qui constituent l'un des
derniers « poumons verts » de la capitale, ont aussi une
valeur esthétique certaine qui peut leur conférer une vocation
récréative et touristique.
Ces spécificités ont rendu cet
écosystème très attractif, fortement convoité par
l'habitat et les activités humaines, ce qui explique sa
vulnérabilité. Il y a en effet une conjonction de facteurs
naturels et anthropiques qui concourent à la disparition progressive des
niayes. La péjoration climatique des années 1970 a fortement
réduit le potentiel hydrique et a entraîné un début
de transformation de ces espaces en zone d'habitation.
Dakar connaît un problème d'espace auquel
s'ajoute la nature de son site. En effet, en plus d'être une
presqu'île, l'espace dakarois renferme des dunes dont certaines sont
encore vives et des zones humides impropres à l'habitat dont
l'occupation par les habitations pose des problèmes de cadre de vie.
Ceci justifie la préoccupation émise par Sall (1972) et reprise
par Tangara (1997) à propos de l'édification de quartiers sur les
dunes de Cambérène qu'on croyait stabilisées. Ces
quartiers ont non seulement fait disparaître la végétation
sur les dunes, mais ont aussi empiété sur une zone
dépressionnaire. Les constructions sont donc d'une part exposées
au risque d'effondrement et d'autre part aux inondations.
Ndong (1990) met aussi en évidence un certain
« retour à la vie des niayes en 1989 avec une
évolution positive de 18,3 % pendant la décennie
1980-1989 ». Cette tendance se confirme avec le retour de la
pluviométrie (244,1 mm en 1993, 463,2 en 1996) à la station de
Dakar. Cette évolution climatique et la proximité de la nappe,
exposent les quartiers construits dans les niayes aux inondations. Cette
situation est aggravée par l'insuffisance ou l'absence de réseau
d'évacuation des eaux pluviales et des eaux usées.
La « boulimie » d'espaces menace donc les
niayes et pose aussi le problème des normes urbanistiques et du cadre de
vie. Il convient dès lors de s'interroger d'abord sur l'évolution
de cet écosystème, ensuite sur les facteurs de changement et
enfin sur les problèmes qui sont associés aux changements
d'occupation dans les niayes de la région de Dakar.
Ce travail est structuré autour d'un objectif
général et de trois objectifs spécifiques. L'objectif
général : connaître la dynamique des niayes de la
région de Dakar de 1954 à 2003.
Objectif spécifique 1 : montrer les
changements de l'occupation du sol,
Objectif spécifique 2 : comprendre des
facteurs associés à ces changements
Objectif spécifique 3 : mieux
connaître les problèmes environnementaux et sociaux liés
aux changements d'occupation du sol dans les niayes de Dakar.
La démarche adoptée se veut pluridisciplinaire
et les résultats de la recherche sont structurés en trois
parties. Dans la première partie, nous allons présenter le cadre
de l'étude. Dans la deuxième partie, il s'agira d'analyser la
dynamique de l'occupation à travers les changements spatiaux et les
facteurs associés à ces changements. La troisième partie
sera consacrée aux problèmes environnementaux et sociaux
liés à cette dynamique.
Première partie : LE
CADRE DE L'ETUDE
Il s'agit dans cette partie de définir d'abord le
cadre conceptuel et la méthodologie élaborée pour
atteindre nos objectifs et ensuite de replacer la zone d'étude dans son
contexte physique et socio-économique
Chapitre I : LE CADRE
CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE
I. LE CADRE CONCEPTUEL
Dans l'étude de la dynamique de l'occupation du sol, il
s'agira en premier lieu décrire les changements observés dans la
zone étudiée et ensuite d'établir des relations et
d'expliquer les différents facteurs associés aux mutations
identifiées (figure 1).
Figure 1: Diagramme
conceptuel de la dynamique de l'occupation du sol dans les niayes
Dynamique de l'occupation du sol
Les changements
Les facteurs associés
Augmentation des surfaces bâties
Diminution ou disparition de niayes
Facteurs naturels
Facteurs socio-économiques
Facteurs politiques et institutionnels
La dynamique est « un changement
résultant d'un jeu de forces ...» Brunet (1992). Dans ce
contexte, la dynamique est un changement de l'occupation du sol entre deux
dates sous l'impulsion d'un ou de plusieurs facteurs.
L'occupation du sol est « la
couverture physique observable au sol par des techniques de relevés de
terrain ou par la télédétection. Elle comprend la
végétation (naturelle/cultivée) et l'aménagement du
territoire/l'habitat (bâtiments, routes) qui occupent la surface de la
terre ainsi que l'hydrographie... » FAO, 1997.
La description des changements d'occupation du sol est
basée sur l'utilisation des cartes et l'analyse des résultats
statistiques afin d'apprécier les modifications observées dans la
zone d'étude.
Les niayes : au sens large, les niayes peuvent
être considérées comme des paysages constitués de
dunes et de dépressions inter-dunaires qui s'échelonnent le long
de la Grande Côte du Sénégal. Au sens strict, ce sont des
dépressions inter-dunaires accentuées avec une
végétation spécifique et pouvant être
inondées en permanence ou temporairement.
Il s'agira donc dans ce cadre de décrire
l'évolution des espaces verts, des plans d'eau et du bâti. Les
espaces verts se réfèrent aux surfaces couvertes par la
végétation naturelle ou cultivée.
Les plans d'eau temporaires et permanents sont des
surfaces partiellement ou totalement recouvertes par l'eau. Ils peuvent
être des résurgences de nappes ou des mares salées ou
douces.
Les zones bâties sont artificielles et
résultent de l'aménagement. Elles regroupent les habitations et
les infrastructures.
Les zones non aedificandi sont des zones
impropres à l'habitat. Ce sont généralement des
dépressions, des dunes vives et des zones d'emprise. Cependant, on ne
peut pas affirmer qu'elles sont inhabitables, dans la mesure où elles
sont effectivement habitées. D'après Brunet (1992),
« le concept inhabitable n'a d'intérêt réel
que si l'on mesure l'effort que l'on accepte de consentir, les
inconvénients qu'il y a à s'y établir ». La
viabilisation des espaces non aedificandi nécessite un
investissement financier et technologique très important qui n'est pas
toujours soutenable.
Après avoir décrit les changements, il sera
ensuite question d'analyser les différents facteurs associés
à ces modifications. On s'est principalement intéressé
à trois catégories de facteurs : les facteurs naturels, les
facteurs socio-économiques et les facteurs politiques et
administratifs.
Les facteurs naturels sont liés à la variation
des précipitations et de leurs conséquences sur
l'écosystème. Les facteurs socio-économiques sont relatifs
aux populations. Il s'agit des facteurs démographiques, des types
d'habitat et de la perception des populations par rapport à la niaye.
Dans l'analyse des facteurs démographiques, il
s'agira d'établir les relations entre évolution des effectifs,
densification de la population et changements d'occupation du sol. Il faudra
à travers ces liens, voir l'historique de l'habitat sous
intégré généralement dit habitat spontané ou
habitat précaire. Il sera difficile de donner une définition
précise de l'habitat sous intégré. On peut toutefois noter
que le concept est tiré de l'expression « formes de
croissance urbaine sous intégrées » proposée
pour la première fois par le géographe Mohamed Naciri (1982)
cité dans cours de DEA ISE (2004). Elle permet de regrouper dans un
même ensemble taudis, bidonvilles et pseudo villages urbains. Certains
critères de sous intégration ont aussi été
retenus : « L'illégalité du statut foncier, le
manque d'infrastructure, l'occupation de zone non aedificandi, le manque de
viabilisation, le type de construction, la précarité des
matériaux, la densité et la pauvreté des
populations ».
Dans le cadre de cette étude il est important de voir
quelle est la perception des populations, comment se représentent-elles
les niayes ? Pour cela il faudrait voir comment elles l'utilisent ?
Quels sont les problèmes que posent l'existence mais surtout la
localisation des niayes?
Les facteurs politiques et institutionnels couvrent
les aspects liés à la planification de l'occupation du sol et des
projets d'extension de la ville. Ils relèvent de la volonté et
des choix politiques en matière d'urbanisme reflétés par
les différents plans directeur d'urbanisme. Les plans sont comme
l'indique le dictionnaire universel Hachette « un ensemble de
directives décidées par les pouvoirs publics, concernant les
orientations, les objectifs et les moyens d'une politique économique sur
plusieurs années ».
« Les plans directeurs d'urbanisme
sont des documents prévisionnels à long terme permettant
d'intégrer la politique d'urbanisme dans une politique
générale de développement économique et
social » (PDU, 2003).
Le premier plan directeur de la ville de Dakar fut
établi par Pinet Laprade en 1862, la dernière date de 2001. Les
différents plans ont tenté d'organiser l'occupation et
l'aménagement de la capitale.
L'autre élément important est la
décentralisation. Ce processus vise une gestion de proximité.
Elle s'est concrétisée avec la création des communes
d'arrondissement (code des collectivités locales) et le transfert de
certaines compétences notamment l'aménagement du territoire,
l'urbanisme et l'habitat (loi 96-07 du 22 mars 1996).
Il sera question dans la dernière partie, d'identifier
certains problèmes qui découlent des changements d'occupation du
sol (figure2). Il s'agit des inondations, des difficultés liées
à l'assainissement et de la santé publique.
Figure 2: Diagramme
conceptuel des problèmes environnementaux et sociaux liés aux
changements d'occupation du sol
Problèmes environnementaux et sociaux
Inondation des sites d'habitations
Déficiences des systèmes d'assainissement
Problèmes de santé publique
Une inondation est une submersion, rapide ou lente,
d'une zone habituellement hors d'eau. Le risque d'inondation est la
conséquence de deux phénomènes :
- L'eau qui peut déborder de son lit habituel
d'écoulement quand l'homme s'installe dans l'espace alluvial pour y
implanter toutes sortes de constructions, d'équipements et
d'activités.
- Après une ou plusieurs années pluvieuses,
il arrive que la nappe affleure et qu'une inondation spontanée se
produise : on parle d'inondation par remontée de nappe
phréatique. Ce phénomène concerne particulièrement
les terrains bas ou mal drainés. Sa dynamique est lente et perdure
plusieurs semaines.
L'assainissement est « le traitement des
effluents de la ville, de l'agriculture ou de l'industrie : les eaux
pluviales d'un côté, et les eaux usées de l'autre,
conduites par les égouts à des stations d'épuration ou de
lagunage » (Brunet, 1992).
« On parle de santé publique pour
évoquer les problèmes concernant la santé d'une
population, l'état sanitaire d'une collectivité, les services
sanitaires généraux et l'administration des services de
soins » (OMS, 2003).
Ce cadrage conceptuel est important dans le choix de
l'approche méthodologique et des outils à adopter pour atteindre
nos objectifs.
II. LE CADRE
METHODOLOGIQUE
En vue d'une meilleure
appréciation de la dynamique et de ses conséquences, nous avons
adopté une approche qui intègre des outils de la
géographie et de la sociologie.
1.
La recherche bibliographique
La recherche bibliographique a été menée
à la Bibliothèque centrale de l'Université, au LERG,
à la Direction de l'urbanisme et au bureau d'étude Senagrosol
Consult.
A la bibliothèque centrale de l'UCAD, les
thèses, les mémoires de fin d'étude et les ouvrages
généraux nous ont permis de circonscrire le cadre physique et
humain et les potentialités de la zone d'étude. Des ouvrages
généraux en géographie et en écologie, nous ont
aussi servi de base pour l'analyse et l'explication de beaucoup de
phénomènes observés sur le terrain. A la Direction de
l'Urbanisme, nous avons pu consulter des ouvrages présentant les
différentes options politiques en matière d'urbanisme.
Les informations relatives à la morbidité de la
population à Yeumbeul, ont été tirées du rapport
global du poste de santé de Aïnoumadhi SOTRAC de Yeumbeul. Ces
informations sont importantes dans la mesure où elles donnent
idée de la morbidité. Cependant, elles ne sont pas exhaustives
parce que tous ces cas de pathologies ne sont pas automatiquement
soignés dans le poste de santé.
2.
La cartographie
La cartographie a pour objectif de retracer l'évolution
de l'occupation à travers les cartes et le calcul des superficies des
classes identifiées.
2.1
Les données utilisées
Nous avons utilisé les données images
archivées à la DTGC et au LERG :
Ø Les photos aériennes
La mission aérienne de 1954 couvre toute la zone
d'étude. L'échelle fait ressortir les informations relatives au
bâti, aux espaces verts et à la voirie. Elle nous a ainsi
donné une vision générale des types d'occupation du sol
à une date reculée et de servir d'année de
référence pour l'étude multidate.
La mission aérienne au 1/60000ème de
1978 : son utilisation est dictée par le poids des changements
d'occupation du sol au cours de cette année. Les conditions de
conservation de ces images ont altéré sa qualité, c'est
pour cela que les images ont été converties en grilles pour
permettre une meilleure discrimination des classes.
Ø L'image satellite
Il s'agit d'une image satellitaire Quick Bird
résolution spatiale 0,64 mètre de la région de Dakar de
2003. Cette image, à très haute résolution spatiale, nous
a permis d'apprécier l'état actuel de l'occupation du sol avec
une plus grande précision.
2.2
Le traitement des données
Le traitement des données regroupe un ensemble
d'opérations visant à établir des cartes. Les photos
aériennes ont d'abord été numérisées. Des
coordonnées géographiques ont été collectées
avec un GPS Garmin 5, pour géoréférencer les photos
aériennes grâce au logiciel de traitement d'images ER MAPPER
version 6.4. Ce même logiciel a été utilisé pour
extraire les zones d'étude de l'ensemble des images de la région
de Dakar.
Les performances du logiciel ARCVIEW version 3.2 nous ont
permis de mener les opérations de vectorisation des classes d'occupation
du sol. Il s'agissait en fait de convertir les images raster en vecteurs par la
création des polygones, des lignes et points. Nous avons ainsi pu
réaliser des cartes, calculer les superficies des classes d'occupation
du sol et établir des comparaisons.
Nous avons effectué un traitement statistique des
données obtenues pour pouvoir mieux apprécier les changements.
C'est ainsi que nous avons calculé les taux de croissance des classes
d'occupation à partir de la formule suivante :
« pour une quantité Q connue aux dates i et
i+k,
(1+R) = Qi+k / Qi
R = [(Qi+k/Qi) -1] ».
(1+R) = coefficient multiplicateur
R = taux de croissance
« Le taux de croissance résultant = [(1+R1)
* (1+R2) * (1+Rn) - 1] » (Chamussy et al. , 1987).
Ce taux de croissance nous a permis de connaître la
variation de la classe elle-même au cours d'une période
déterminée et par rapport à une année de
référence. Aussi l'analyse des taux de croissance d'une
même classe entre deux périodes, peut aboutir à une
comparaison de rythmes d'occupation entre les périodes.
Une étape importante a été celle de
l'analyse topographique. Avec le logiciel ARC VIEW version 3.2, nous avons pu
dériver des courbes de niveau à partir du Modèle
Numérique de Terrain (MNT) pour mieux rendre compte des variations du
terrain et déterminer ainsi l'exposition des zones
étudiées aux inondations en fonction de l'altitude.
2.3
La vérification de terrain
La vérification est une étape fondamentale dans
la mesure où elle permet d'identifier avec exactitude certaines classes
d'occupation du sol. Pour plus de fiabilité, nous avons aussi pris des
points GPS sur le terrain avec leurs attributs; ils ont été
saisis sur Excel, convertis en données Dbase IV et projetés sur
les cartes.
Les outils cartographiques seront complétés et
associés à des outils qualitatifs pour voir d'une part,
l'appréciation des changements par les autorités locales et
populations d'autre part, la perception qu'elles ont de
l'écosystème.
3.
Les enquêtes de terrains
Les outils qualitatifs sont utilisés pour collecter des
données sur les changements d'occupation du sol mais surtout sur les
facteurs et les problèmes environnementaux et sociaux liés
à cette dynamique.
3.1 Les profils historiques
Les profils historiques sont faits par les populations. Il
s'agit de retracer l'histoire de l'occupation des sites par les populations et
de donner des dates repères caractérisées par des
évènements ayant une importance particulière. Nous avons
pour ce faire ciblé un communicateur traditionnel et des notables.
3.2 Les focus group
Nous avons constitué trois groupes pour administrer
les guides d'entretien : un groupe de six femmes dans le quartier
Aïnoumadhi II de Yeumbeul, une association de jeunes et un groupe de
personnes âgées habitant le quartier Darou Salam IV/C et
Aïnoumadhi (Pencüm Magni de Yeumbeul Nord). Les focus group
n'ont été réalisés qu'à Yeumbeul où
il y avait une plus grande disponibilité des personnes. Sur le site de
la Grande Niaye, il était plus difficile de trouver des personnes
disposées à répondre à nos questions.
3.3 Les interviews semi-structurées
Les interviews ont été réalisées
avec des autorités administratives locales et des populations. Des
personnes ressources ont été rencontrées sur les deux
sites. Il s'agit pour la zone de la Grande Niaye, du responsable de la cellule
environnement des communes d'arrondissements de la Patte d'Oie et de Hann
Maristes, du secrétaire municipal de la commune d'arrondissement de Hann
Bel-Air et de la Patte d'Oie, d'un responsable de la Direction des Eaux et
Forêts chargé de la gestion de la Niaye de Maristes et du
Directeur des espaces verts. A Yeumbeul, nous avons rencontré le Maire,
le Sous Préfet de l'arrondissement des niayes, l'infirmier chef du poste
de Aïnoumadhi SOTRAC et les délégués des quartiers
Darou Salam 4/A, Darou Salam 5/C et Médina Gazon. A Yeumbeul, Hann
Bel-Air, Dalifort et à la Patte d'Oie, 12 guides d'entretien individuels
ont été appliqués aux résidents et à des
maraîchers résidents ou non résidents.
4. L'observation directe
L'observation est fondamentale pour avoir une lecture directe
des réalités vécues et des problèmes exposés
par les populations. L'observation a commencé par une visite
exploratoire suivie par des visites répétées sur les sites
pour administrer des guides d'entretien et discuter de manière
informelle et élargie avec les populations.
Chapitre II : LE
CADRE PHYSIQUE
Le cadre physique des niayes explique la particularité
et la vulnérabilité du site. Dans ce chapitre, les zones
d'études ciblées seront présentées de même
que la structure géologique et son influence sur les formes de relief,
les disponibilités en eaux, les sols, le climat et la
végétation.
I. LA SITUATION DES ZONES ETUDIEES
Dans cette étude nous nous intéresserons plus
spécifiquement à une partie de la Grande Niaye de Pikine et
à la Niaye de Yeumbeul (figure 3).
- La Grande Niaye de Pikine
Le site choisi couvre la Niaye de la Patte d'Oie, la grande
dépression qui abrite le projet du technopôle, le couloir
inondable de Dalifort et les niayes de Hann Maristes. Il y a sur ce site, un
type d'habitat planifié avalisé par les autorités
politiques afin de décongestionner le centre ville, un type villageois
et un type irrégulier mais restructuré. Sur les cinq communes
d'arrondissement que couvre la zone d'étude, celles de Hann Bel air, de
la Patte d'Oie, de Dalifort et de Pikine régulier ont été
visités et ont fait l'objet d'observation.
- La Niaye de Yeumbeul :
La Niaye de Yeumbeul se trouve en grande partie dans la
commune d'arrondissement de Yeumbeul Nord située dans le
département de Pikine. Le choix de ce site se justifie d'abord par
l'importance de la population et par le développement de l'habitat
irrégulier. Nous avons travaillé dans les quartiers Darou Salam
IV/C, Darou Salam V, Médina Gazon, Léona Yeumbeul Nord
Aïnoumadhi I et II et la partie Nord de Yeumbeul Sud.
Figure 3 :
Localisation des zones d'étudiées
L'étude est diachronique et couvre les années
1954, 1978, 2003. Le choix de ces dates est d'abord dicté par la
disponibilité des images mais aussi par certains
événements marquants. En effet, le choix de la date de 1954 se
justifie par la forte urbanisation de la région de Dakar qui aboutit
à la création de Pikine Dagoudane en 1952 pour
désengorger certains quartiers de Dakar (Vernieres, 1973).
A partir des années 1970 le Sénégal a
connu une période de sécheresse. Dans ce contexte on retiendra le
sens hydrologique de la sécheresse c'est-à-dire
« quand il y a une occurrence soutenue à l'échelle
régionale, de précipitations en dessous de la moyenne se
traduisant par un niveau d'approvisionnement anormalement bas des cours d'eau
et /ou des réservoirs de surface ou souterrains »
(Bootsma et al 1996).
La sécheresse a atteint un niveau plus critique en
1972 avec un cumul de 116,7 mm à Dakar. La tendance s'est maintenue
jusqu'en 1977 avec 171,2 mm de précipitations. L'année 1978 est
aussi apparue comme une année de rupture qui marque la naissance de
beaucoup de quartiers irréguliers dans la zone de Yeumbeul.
L'année 2003 est intéressante parce qu'elle
permet d'avoir une vision plus récente de la situation et se trouve
être une période marquée par le retour de la
pluviométrie.
II. STRUCTURE ET
RELIEF
Les aspects géomorphologiques des niayes ont
été étudiés par de nombreux auteurs notamment
Michel (1965) et Sall (1971).
1. Les grandes unités géomorphologiques
Les dépôts des niayes datent essentiellement de
la période Quaternaire. Cette ère est marquée par de
fortes variations climatiques et chacune des différentes phases a
laissé son empreinte dans les formations des niayes.
- L'aride Ogolien
L'Ogolien se situe entre 22000 et 15000 ans BP. C'est une
phase sèche marquée par la prédominance des alizés
continentaux qui ont accumulé le sable en dunes longitudinales
d'orientation Nord-Est, Sud-Ouest. Ces formations dunaires ont remblayé
les vallées ce qui se traduit par un endoréisme du réseau
hydrographique.
- Le pluvial Tchadien
Le Tchadien se déroule de 11000 à 6800 ans BP.
Le retour des précipitations favorise la pédogenèse, la
remontée et la diversification d'espèces guinéennes vers
le Nord et la fixation du matériel dunaire par la
végétation. Cette phase humide est responsable du
caractère azonal de la végétation des niayes. En effet,
elle est à l'origine de la formation des niayes en tant
qu'écosystème humide doté d'une végétation
guinéenne dans une zone sahélienne. Il se développe aussi
un réseau d'étangs et de lacs. Cette période humide est
suivie d'une petite phase sèche marquée par la reprise de
l'érosion éolienne et par le remaniement du matériel
dunaire ogolien.
- Le Nouakchottien
Le Nouakchottien est une phase qui se déroule de 6800
à 4500 ans BP. Il est marqué par la transgression marine qui est
à l'origine de la submersion du littoral
sénégalo-mauritanien et de la formation de lagunes. Les terrasses
et les sols salés des dépressions constituent les témoins
de cette phase. Après cette importante phase, le climat devint plus
sec.
- L'évolution subactuelle
La période subactuelle a commencé à
partir de 2000 ans jusqu'à 1800 ans BP et est marquée par la
sécheresse et par les formations des dunes vives blanches qui ont
fermé les lagunes côtières.
L'étude de ces changements est importante dans la
mesure où elle permet de décrire et de caractériser les
types de reliefs, de sols et la végétation qui se trouvent dans
cette zone.
2. Le relief
On distingue deux grandes formes de relief : les dunes et
les dépressions (figure 4).
2.1 Les dunes
Selon Tricart cité par Ndong (1990), il y a deux
ensembles de dunes :
Ø Les dunes internes sont des dunes ogoliennes
constituées de sables fins de couleur rouge, fixés par la
végétation. Elles ont une orientation NE-SW et occupent la
majeure partie de la presqu'île du Cap Vert et peuvent atteindre une
hauteur de 50 m. les dunes rouges constituent les ergs de Pikine et de Keur
Massar.
Ø Les dunes côtières occupent une largeur
de 3 km et peuvent être classées en 2 types :
- Les dunes jaunes semi-fixées mais qui peuvent
être ravivées par endroit par les alizés. C'est
principalement l'erg de Cambérène qui culmine à 33 m au
quartier Sam Notaire.
- Les dunes récentes : ce sont des dunes vives
littorales dites blanches ; elles recouvrent à certains endroits
les dunes jaunes.
2.2 Les dépressions
Les niayes sont enserrées entre les dunes jaunes et les
dunes rouges et ont une orientation longitudinale. La Grande Niaye de Dakar qui
couvre une superficie de 4800 ha renferme la Grande Niaye de Pikine, les niayes
de Maristes Patte d'Oie et la Niaye de Thiaroye (PASDUNE, 2002). Dans la zone
de Yeumbeul, on note la cuvette du même nom, située au nord-est de
la Grande Niaye et trois dépressions fermées (lacs de
Tiourour, Ourouaye et Youi).
III. L'HYDROGEOLOGIE
La zone comprend deux grands systèmes de
nappes :
- la nappe des cordons littoraux qui s'écoulent vers
l'océan et vers les lacs et autres cuvettes ;
- la nappe de Thiaroye qui est exploitée depuis 1950
pour alimenter une partie de la ville de Dakar. Son écoulement vers
l'océan Atlantique est entravé par les constructions
édifiées dans sa partie méridionale.
Les nappes sont alimentées en eau douce par la pluie.
Les eaux de surfaces correspondent à des affleurements de la nappe qui
forment par endroits des lacs. Dans la Grande Niaye, les plans d'eau sont moins
étendus et moins pérennes avec de vastes zones inondables. Le
plan d'eau des niayes de Maristes est recouvert de Typha sp.
Dans la zone de Yeumbeul, le lac Ouarouaye est situé entre les
villages de Yeumbeul et Malika. C'est une dépression fermée avec
des terrains inondables, siège d'importantes activités
maraîchères. Le lac est de plus en plus pris en étau par
les habitations. Le lac Youi se trouve entre le village de Malika, les
dunes littorales externes et le lac Ouarouaye. Il a déjà
été menacé d'ensablement, et a reçu la
première phase du reboisement du littoral Nord.
Ces ressources en eau font en partie la richesse de la niaye
et son importance dans la production maraîchère de la capitale.
Cependant, en saison sèche, avec le déficit d'apport en eau
douce, on note une avancée du biseau salé.
IV. LES SOLS
La nature et les différents types de sols sont
profondément liés au contexte de la pédogenèse et
à la situation topographique (figure 4). C'est ainsi que l'on distingue
dans la zone des niayes les sols représentatifs des trois contextes
climatiques précités :
1. Les sols diors
Les sols diors sont des sols ferrugineux tropicaux non
lessivés qui se sont constitués pendant la phase sèche de
l'Ogolien. Ils ont une coloration jaune ou rouge et sont pauvres en
matière organique et en humus. Dans la région de Dakar, ils
constituent l'erg de Pikine et appartiennent à la série de
Bambilor (Ndong, 1990). La formation des sols diors s'est effectuée avec
libération de fer et de manganèse. Ils présentent une
texture sableuse avec une faible capacité de rétention de l'eau
ces sols sont par conséquent perméables et bien drainés.
Cette perméabilité des sols est essentielle pour la recharge de
la nappe.
2. Les sols hydromorphes
Les sols hydromorphes sont des sols « intra
zonaux » (Michel, 1965). Ils sont caractéristiques de la niaye
au sens strict et se sont formés en présence d'un excès
d'eau dans des conditions dites asphyxiantes. Ce sont des sols riches en
matière organique et sont de couleur plus ou moins noire. Ils peuvent
être légèrement salés à certaines
périodes de l'année. Ils appartiennent à la série
des niayes (Ndong, 1990). La durée et l'intensité de
l'hydromorphie peuvent varier suivant la position topographique et le niveau de
recharge de la nappe. On retrouve les sols hydromorphes dans les
dépressions ou dans les zones où la nappe est assez
superficielle.
3. Les sols halomorphes
Les sols halomorphes sont dits « intra
zonaux ». Ils couvrent des superficies peu importantes et
appartiennent à la série de Retba (Barretto, 1962 cité par
Ndong, 1990). Ils se sont formés en présence de sels (sodium et
magnésium). Le sel présent dans le profil freine
l'activité biologique à cause de la dispersion des
colloïdes. Les sols halomorphes sont donc difficilement utilisables sur le
plan agronomique mais peuvent être dessalés par des
procédés appropriés. La salure peut se manifester par des
efflorescences telles qu'observées au lac Ouarouaye en
début d'hivernage (mois de juin). Elle peut être liée
à la présence d'une nappe salée ou de résidus de
sel dans les roches.
4. Les sols minéraux bruts
Les sols minéraux bruts sont des sols peu
évolués dont la pédogenèse est marquée par
une faible altération de la roche mère et par la
prépondérance de l'érosion éolienne. On distingue
dans cette classe deux familles :
- Les sols minéraux bruts sur dunes vives
sont d'origine éolienne. Ils ont une coloration blanche, et une texture
sableuse d'où leur grande perméabilité. Ce sont des sols
profonds dépourvus de matière organique et pauvres en
éléments minéraux.
- Les sols minéraux sur dunes jaunes semi-fixées
sont plus anciens que les précédents. Ils sont sableux, profonds
et pauvres en matière organique en surface.
Figure 4:
Géomorphologie: Dunes et dépressions interdunaires. sols des
niayes.
Sols halomorphes
Sols Minéraux bruts
Sols ferrugineux tropicaux
Niveau de la nappe phréatique
Source : Michel (1965)
V. LE CLIMAT
La région de Dakar appartient à la région
« subcanarienne » marquée par les fortes influences
de l'anticyclone des Açores. L'alizé maritime issu de ce centre
d'action est une masse d'air de direction Nord à Nord-Ouest. Il
confère au littoral un climat azonal marqué par la
fraîcheur des températures, la faiblesse des amplitudes thermiques
et une forte humidité qui se matérialise par des
dépôts nocturnes même en saison sèche. Les
précipitations reçues à Dakar sont en partie
engendrées par la mousson qui en saison des pluies repousse
l'alizé maritime vers le Nord.
L'année est marquée par deux saisons mais avec
des nuances marquées par cinq types de temps définis de la
manière suivante par les populations wolofs :
- Le temps de Heug frais et humide, est influencé
par la présence de l'alizé maritime issu de l'anticyclone des
Açores de janvier à mars.
- Le « nor» est un temps frais et sec.
L'alizé maritime perd de sa puissance et s'assèche
progressivement au contact du continent. Il est par ailleurs repoussé
par l'harmattan.
- Le « tioron » est chaud et sec
marqué par les influences de l'alizé continental issu de
l'anticyclone saharo-libyen. Cette masse d'air est chaud, sec et chargé
de litho météores à cause de son parcours
désertique.
- Le « nawett » est marqué
par les influences de la mousson issue de l'anticyclone de Sainte
Hélène. Cette masse d'air génère des
précipitations pluvieuses en saison des pluies.
- Le « lolli » constitue une
période de transition entre la saison des pluies et le temps de Heug.
Elle correspond au retrait progressif du front intertropical.
1. Les précipitations
Les précipitations enregistrées en hivernage sur
près de trois mois sont en partie causées par la mousson issue de
l'anticyclone de Sainte Hélène. La région de Dakar est
comprise entre les isohyètes 500 et 600 mm. La pluviométrie a
connu une grande variabilité et une période de sécheresse
à partir des années 1970 (figure 5). Les précipitations
les plus importantes surviennent au mois d'août et septembre. En dehors
de cette saison pluvieuse, Dakar enregistre aussi des précipitations en
saison dite sèche. Ce sont des pluies de Heug engendrées par les
incursions de l'alizé maritime dont l'humidité est la force sont
renforcées par l'hiver boréal. Les pluies de Heug sont de faible
importance mais peuvent atteindre des valeurs exceptionnelles de l'ordre de 50
mm en décembre 1956 et en janvier 1979 (ASECNA, 2002).
Figure 5: Variation inter
annuelles des précipitations à la station de Dakar Yoff de 1951
à 2003
source ASECNA
2. Les températures
La Grande Côte enregistre les températures les
plus douces du pays du fait de l'influence de la mer. Entre 1954 et 2002, la
moyenne des températures minimales est de 20,9°C et de 28,4°C
pour les températures maximales. Les températures les plus
élevées surviennent en août (24,4°C), septembre
(24,2°C) et octobre (24, °C) et les plus basses en janvier
(17,20°C) et février (16.9°C). Les amplitudes diurnes et
annuelles sont peu élevées.
La zone des niayes s'individualise à
l'intérieur de la région de Dakar. L'intervention des facteurs
secondaires que sont le relief, la végétation et la
présence de points d'eau tels que les lacs et les marigots, y ont
crée un micro climat.
VI. LA VEGETATION
La végétation est le résultat de la
combinaison de plusieurs facteurs : climatique, topographiques,
édaphique, hydrologique et paléoclimatiques. Trois grands
ensembles peuvent être individualisés : la
végétation des niayes au sens strict, la végétation
des dunes rouges et celle des dunes blanches.
1. La végétation des niayes
La végétation des niayes est un héritage
des périodes humides du Quaternaire récent. La niaye proprement
dite est caractérisée par des sols humifères où
dominent Elaeis guineensis et Cocos nucifera. La strate
herbacée est assez importante et est composée de
graminées. Sur le plan d'eau se trouvent les espèces
aquatiques : Typha sp, Phragmites, Nymphea lotus.
2. La végétation des dunes rouges
Le tapis herbacé à
graminées (Cenchrus biflorus) est continu et
parsemé d'arbres et d'arbustes. On a ainsi entre autre
espèces : Euphorbia turicali, Leptadania
hastata, Euphorbia balsamifera, Opuntia
tuna . La strate arbustive est composée de
combretacées : Guiera senegalensis, Combretum glutinosum
et d'épineux. La strate arborée est constituée de
Faidherbia albida, Acacia raddiana. Les individus de Azadirachta
indica sont en plantations le long des axes routiers.
3. La végétation des dunes blanches et jaunes
La pauvreté du substrat en matière organique ne
favorise pas le développement du couvert végétal. La
végétation est très maigre et se limite aux plantations
mono spécifiques de Casuarina equisetifolia destinées
à fixer les dunes et à quelques touffes d'herbes ou de plantes
à stolon, de petites herbes comme Cyperus maritimus, Sporobolus
spicatus, Ipomaea sp Michel (1965). La strate arborée des dunes
jaunes comprend Neocarya macrophylla, Faidherbia albida.
Il faut signaler que ces différents ensembles
subissent des modifications soit à cause de facteurs naturels
(sécheresse), soit à cause de facteurs anthropiques
(défrichement et poussée urbaine), ou à cause de la
combinaison des deux types de facteurs.
Chapitre III : LE
CADRE SOCIO-ECONOMIQUE
Les populations et leurs activités constituent
d'importants vecteurs de changements d'occupation du sol. Concernant les
effectifs et la composition ethnique de la population, nous présentons
le cadre général de la région, pour ce qui est des
activités, il s'agit seulement de présenter les activités
dominantes dans les sites étudiés.
I. LES CARACTERISTIQUES
DEMOGRAPHIQUES
La région de Dakar abrite 2381426 habitants avec une
population urbaine de 2302644 soit 96,69 % (DPS, 2004). Les départements
de Dakar et de Pikine regroupent 76,06 % de la population de la région
(figure 6).
La région de Dakar est un carrefour ethnique où
sont représentés tous les groupes du pays. Les Wolofs
représentent 41,1% de la population, les Pulaar 18,4 %, les
Sèrères 12,7 %, les Lebou 9,1 %, les autres (Manding,
Sarakhollé, ....) moins de 19 % et les non sénégalais 2 %
(DPS, 2004). Cette diversité est le fait de sa fonction de capitale et
de métropole ouest africaine qui depuis la colonisation a vu son
hinterland s'étendre du fait de sa grande capacité de
polarisation.
Figure 6:
Répartition de la population de la région de Dakar selon les
départements.
source : DPS, 2002
II. LES ACTIVITES
ECONOMIQUES
Les niayes constituent une zone écogéographique
à vocation maraîchère.
1. Le maraîchage
Le maraîchage est l'activité dominante. Elle est
en pleine expansion, le secteur de Dakar couvre 29000 ha soit 24 % des surfaces
cultivées pour une production annuelle de 27000 tonnes soit 19 % de la
production totale de l'ensemble de la zone des niayes (Fall et
al. 2004). C'est généralement une activité
pratiquée par les hommes mais la commercialisation des produits est de
plus en plus une activité féminisée.
Le maraîchage est pratiqué dans les
dépressions mais aussi sur les dunes émoussées couvertes
de sols Diors, grâce à la proximité de la nappe
phréatique. Les spéculations dépendent des saisons. Ce
sont principalement: la salade, Allium porum (oignons), Brassica
sp (choux), Hibicuscus sabdariffa (bissap), Ipomea
batatas (patates douce), Mentha sp (nanas), Lycopersicum
esculentum (tomates cerises), Capsicum frutescens (piments).
2. L'arboriculture
L'arboriculture est une activité très
développée. Elle s'appuie principalement sur des espèces
introduites comme Cocos nucifera, Carica papaya, Manguifera indica, Achras
sapota, Citrus lemon, Annona muricata (carassolier). L'exploitation du vin
de palme est une activité en décadence à cause des menaces
qui pèsent sur les palmiers. Elle est pratiquée par les hommes,
plus particulièrement ceux de l'ethnie diola.
3. La floriculture
La floriculture est en pleine expansion dans la capitale. Elle
a eu de grandes avancées grâce au centre de recherche horticole de
Cambérène. Cette expansion est aussi le fait de la
promiscuité et du changement de mentalité. Ainsi, même si
les populations n'ont pas beaucoup d'espace, elles accordent une plus grande
importance aux plantes surtout aux espèces ornementales et à la
décoration intérieure.
4. La riziculture
La riziculture est une culture vivrière
pratiquée par les femmes Diolas dans la zone d'inondation du lac
Ouarouaye. Sa pratique nécessite un dessalement des sols
surtout en fin de saison sèche.
5. La pisciculture
La pisciculture en est encore à ces débuts. Elle
est pratiquée dans des bassins sur des parcelles occupées par
l'arboriculture autour du lac Ouarouaye. La pêche est une
activité qui a tiré partie du retour de la pluviométrie,
Tilapia est la seule espèce pêchée à cause
de la nature argileuse du substrat et de la salure des eaux.
6. L'extraction de sel
L'extraction du sel est pratiquée en saison
sèche avec le retrait des eaux. Elle est pratiquée dans la Grande
Niaye de Pikine sur le site du Technopôle et au lac Ouarouaye.
Elle a une importance moindre à cause du retour de la
pluviométrie.
La richesse et la diversité des sols autorisent la
production de plusieurs spéculations. Selon les saisons, les
maraîchers cultivent des produits dont la demande sur le marché
ne fait qu'augmenter. Les activités agricoles se déroulent toute
l'année et la diversification des cultures est une réalité
vécue par les maraîchers. Ces possibilités sont des atouts
majeurs de ce site.
Il y a cependant d'autres activités qui ne sont pas
directement liés au secteur primaire (commerce, artisanat), en ce sens
on peut considérer que la nature du site et ses potentialités ne
sont pas le seul facteur d'occupation. Certains résidents, surtout dans
Yeumbeul ne sont intéressés par la zone des niayes que pour des
besoins d'habitation. Ceci confirme le rôle de « cité
dortoir » de certains quartiers de la banlieue de Dakar.
La zone des niayes présente donc une grande
spécificité du fait du cadre urbain dans lequel elle se trouve.
Elle offre des possibilités multiples aussi bien pour l'habitat que pour
les activités. Cette situation géographique fait sa richesse et
lui confère une valeur certaine, mais l'expose aussi à une
mauvaise utilisation de ses ressources et à des risques de
dégradation. Cela traduit la difficulté de préserver des
espaces naturels dans des villes en pleine expansion.
DEUXIEME PARTIE : LA DYNAMIQUE DE L'OCCUPATION DU
SOL
DEUXIEME PARTIE : LA
DYNAMIQUE DE L'OCCUPATION DU SOL
De 1954 à 2003, les niayes de la région de Dakar
ont connu une forte évolution sous l'impulsion de plusieurs facteurs.
Dans cette partie, les résultats cartographiques et l'état de
l'occupation du sol de 1954, 1978 et de 2003 pour chaque site seront d'abord
exposés, ensuite les changements seront analysés et en dernier
lieu, les facteurs liés aux changements d'occupation du sol seront
identifiés et expliqués.
Chapitre I :
L'EVOLUTION DE L'OCCUPATION DU SOL DANS LA GRANDE NIAYE DE PIKINE
La zone cartographiée couvre une superficie de 2506 ha.
En dehors de la Grande Niaye de Pikine, elle couvre l'erg de
Cambérène, une partie de l'erg de Pikine et la zone de Hann. Elle
est limitée au nord et au sud par l'Océan Atlantique (figure 7).
I. LES RESULTATS CARTOGRAPHIQUES
Les différents faciès identifiés sont
définis dans le tableau 1 et constituent des éléments de
légende des cartes élaborées.
Tableau 1: Les classes
d'occupation du sol
Code
|
Type
|
Description
|
1
|
Dunes littorales
|
Dunes vives extérieures qui bordent le littoral
nord.
|
2
|
Bâti
|
Aménagements qui regroupent les habitations, les
industries, les infrastructures routières et ferroviaires.
|
3
|
Cultures
|
Sont regroupées dans cette classe : les cultures
maraîchères dans les dépressions et sur les dunes
intérieures à faible altitude et les cultures pluviales sur dunes
intérieures.
|
4
|
Végétation sur dunes
|
Les formations végétales sur dunes
intérieures fixées et sur dunes semi fixées.
|
5
|
Végétation de la niaye
|
Les formations dans les dépressions ou sur flanc de
dunes adaptées à l'hydromorphie.
|
6
|
Plan d'eau
|
Etendues d'eau plus ou moins pérennes, ces plans d'eau
peuvent être couverts par de la végétation.
|
7
|
Zones inondables
|
Situées à une basse altitude, elles peuvent
constituer le lit des plans d'eau ou des zones susceptibles d'être
inondées. Elles sont généralement le siège de
cultures maraîchères ou de formations végétales
adaptées à l'hydromorphie.
|
8
|
Sols nus
|
Ce sont des espaces à couverture
végétales faible voire nulle. Ils peuvent aussi être des
parcelles de cultures en jachères.
|
9
|
Plage
|
C'est l'estran essentiellement constitué de sable.
|
La figure 7 est un ensemble de trois planches :
l'occupation du sol de la Grande Niaye de Pikine en 1954 (a), en 1978 (b) et en
2003 (c) ; le regroupement des cartes permet de mieux percevoir les
modifications survenues au cours de l'intervalle de temps
considéré.
Figure 7: Cartes
d'occupation du sol de la Grande Niaye de Pikine en 1954 (a), 1978 (b) et en
2003 (c)
II. LES CHANGEMENTS
D'OCCUPATION DU SOL DANS LA GRANDE NIAYE DE PIKINE
Nous allons d'abord fournir les résultats statistiques
(tableau 2) et analyser les variations spatiales des classes d'occupation entre
1954 et 1978, entre 1978 et 2003 et pour l'ensemble de la période
c'est-à-dire entre 1954 et 2003.
Le tableau 2 fournit des résultats statistiques
calculés à partir des cartes d'occupation du sol. Il
représente les superficies des différentes classes et leur valeur
relative par rapport à la superficie totale de la zone d'étude.
Il fait ressortir aussi les taux de croissance des différentes classes
d'occupation du sol entre 1954 et 1978, entre 1978-2003 et le taux de
croissance résultant c'est à dire entre 1954 et 2003.
Tableau 2: Evolution
spatiale des classes d'occupation du sol de 1954 à 2003 dans la Grande
Niaye de Pikine
|
Occsol 1954
|
Occsol en 1978
|
Occsol en 2003
|
T C 1954-1978
|
T C 1978-2003
|
TC 1954-2003
|
TYPE
|
surf en ha
|
%
|
surf en ha
|
%
|
surf en ha
|
%
|
%
|
%
|
%
|
dune
|
107,03
|
4,27
|
40,17
|
1,60
|
46,25
|
1,85
|
-62,47
|
15,14
|
-56,79
|
bâti
|
219,91
|
8,78
|
616,64
|
24,60
|
1420,00
|
56,67
|
237,85
|
130,28
|
678,00
|
culture
|
131,90
|
5,26
|
384,85
|
15,36
|
201,19
|
8,03
|
191,77
|
-47,72
|
52,53
|
végétation sur dune
|
1213,86
|
48,44
|
603,11
|
24,06
|
62,50
|
2,49
|
-51,80
|
-89,64
|
-95,00
|
végétation de la niaye
|
218,75
|
8,73
|
209,37
|
8,35
|
274,73
|
10,96
|
-4,29
|
31,22
|
25,59
|
plan d'eau
|
302,33
|
12,07
|
172,17
|
6,87
|
59,38
|
2,37
|
-43,05
|
-65,51
|
-80,36
|
zone inondable
|
223,64
|
8,92
|
327,00
|
13,05
|
274,20
|
10,94
|
46,64
|
-16,15
|
22,96
|
sol nu
|
71,36
|
2,85
|
108,22
|
4,32
|
126,09
|
5,03
|
51,65
|
16,51
|
76,70
|
plage
|
17,00
|
0,68
|
13,52
|
0,54
|
7,00
|
0,28
|
-24,43
|
-48,22
|
-60,87
|
périmètre de reboisement
|
0,00
|
0,00
|
31,17
|
1,24
|
34,60
|
1,38
|
|
11,00
|
|
TOTAL
|
2506
|
100
|
2506
|
100,00
|
2506
|
100,00
|
|
|
|
Occsol : occupation du sol
TC : taux de croissance
1. La période 1954-1978
L'analyse des résultats cartographiques et
statistiques, fait ressortir d'une part, une dynamique progressive du
bâti, des cultures, des zones inondables, des sols nus et du
périmètre de reboisement et d'autre part une dynamique
régressive des dunes littorales, de la végétation sur
dune, des plans d'eau et de la plage (figure 8).
La superficie couverte par le bâti a augmenté de
434,1 ha soit 237 %. Ce changement découle de l'extension des quartiers
existants (Pikine Régulier, Cambérène) et de la
création de nouveaux quartiers notamment sur l'erg de
Cambérene : Golf, Patte d'Oie Builders, HLM Patte d'Oie et Grand
Médine. Il y a aussi le développement des infrastructures
routières qui a permis le désenclavement et l'occupation de la
zone située au nord et à l'est de la Grande Niaye.
L'intérieur de la grande dépression n'est pas encore
touché par ce type de changement.
Dans la partie méridionale, les modifications sont
moins importantes. Elles concernent les quartiers irréguliers (Hann
pêcheurs) et l'extension de la zone industrielle qui existait
déjà en 1954. Le bâti s'est ainsi étendu en
direction de la plage.
L'extension de la surface bâtie touche principalement
les dunes fixées et les dunes semi fixées au détriment de
la végétation qui les couvre (figure 7). La
végétation sur dune a ainsi diminué de 648 ha soit une
régression de 51,80 %.
La réduction des plans d'eau est assez importante, elle
est de 43,05 %. La superficie des plans d'eau de 1954 a régressé
de 130 ha, il ne reste plus que quelques mares séparées par de
vastes zones inondables nues ou couvertes de végétation. L'eau
occupe les points les plus bas de la dépression mettant en exergue leur
orientation longitudinale. La sécheresse, a aussi touché la
végétation de la niaye dont la superficie a diminué de 9,4
ha soit 4,29 %. Cette timide variation s'explique par la faible incursion du
bâti dans la dépression et par la présence de l'eau dans
les horizons superficiels.
Les espaces cultivés ont connu une hausse de 191,77 %.
Ces changements qui touchent principalement la grande dépression, sont
aussi liés à l'extension des zones inondables de l'ordre de
46,64 %. En effet, les cultures se sont étendues sur ces espaces et sur
les dunes intérieures. Cette croissance s'explique d'une part par la
disponibilité des sols et de l'eau et, d'autre part par
l'accessibilité du site et l'importance du marché.
Les sols nus ont connu une extension de 36 ha soit 51,65 %.
Cette hausse serait le résultat de la sécheresse et de la
viabilisation d'espaces antérieurement couverts par la
végétation. Ainsi, les sols nus situés à l'Est des
lotissements de Pikine sont entièrement occupés par les
constructions. Il y a cependant une grande extension de cette classe vers le
sud de l'autoroute à la place de la végétation des dunes
qui bordent de part et d'autre le couloir inondable de Dalifort.
Les variations les plus marquantes concernent donc le
bâti, les cultures et la végétation sur dunes.
2. La période 1978-2003
La progression concerne le bâti, la
végétation de la niaye, les sols nus et le
périmètre de reboisement tandis que les autres classes que sont
les cultures, la végétation sur dune, le plan d'eau et la zone
inondable ont régressé ( figure 8) . Les tendances de la
première période se maintiennent avec une avancée du
bâti de 802 ha soit 130,28 %. Elle aboutit en 2005, à
l'occupation de la quasi-totalité de la partie nord par les
constructions. Ainsi l'espace situé entre la limite nord de la Grande
Niaye et la limite sud des dunes et du périmètre de reboisement,
est entièrement bâti et s'explique par la création des
Parcelles Assainies et des cités Golf.
Dans la Grande Niaye, il y a une grande incursion du
bâti au détriment des plans d'eau dont la surface a baissé
de 112,8 ha, soit 65,51 % et des zones inondables qui ont aussi diminué
de 52 ha représentant une baisse de 16,15 %. Ces espaces ont
été remblayées pour créer de nouveaux
quartiers : cité Fayçal, Hann Maristes, Dalifort,
cité Hacienda, cité Elizabeth Diouf et des
marchés à la Patte d'Oie. Le site abrite aussi le projet du
Technopôle qui a déjà commencé à recevoir des
constructions : hôtels, services commerciaux, infrastructures
sportives. Cette situation a isolé des portions de niaye qui se trouvent
être enserrées entre les immeubles et les routes. Ce fait limite
les possibilités de recharge de la nappe qui inonde les
dépressions.
L'extension des surfaces bâties a aussi touché la
végétation sur dune et les cultures d'où leur diminution
respective de 89,6 % et 47,72 %. Ainsi dans le site de Hann Maristes, le sol
dunaire couvert principalement par Calotropis procera a
été utilisé pour remblayer des dépressions. Aussi
d'anciennes exploitations maraîchères ont disparu au profit
d'habitations ou d'autres constructions à utilisation commerciale. Un
maraîcher interrogé à la zone de captage nous a dit qu'il a
été déplacé pour la construction de l'actuelle
station services Elton situé sur l'autoroute. Deux autres
maraîchers (à Hann Maristes et à Dalifort) nous ont
confirmé ces mêmes pertes de champs. A la Direction des Eaux et
Forêts l'indemnisation des maraîchers propriétaires par la
société immobilière a aussi été
soulignée. Une partie de la Grande Niaye tend à la disparition
avec la construction de l'autoroute à péage.
Ces constructions nécessitent des opérations de
remblaiements et de terrassements, certes effectuées à un niveau
localisé, mais qui perturbent le système d'écoulement.
Elles aboutissent ainsi à l'assèchement d'autres zones
marécageuses mal alimentées.
La végétation de la niaye a connu malgré
le retrait du plan d'eau une hausse de 65 ha de sa superficie soit un taux de
croissance de 31,22 %. Ce changement s'explique par l'occupation du plan d'eau
par le Typha sp et par l'aménagement de la pelouse du terrain
de golf situé dans le technopôle. Cette dernière couvre
désormais certaines parties de la niaye et des dunes
émoussées.
Figure 8: Variation des
classes d'occupation du sol de 1954 à 1978, de 1978 à 2003 et de
1954 à 2003 dans la Grande Niaye de Pikine
3. L'évolution de l'occupation du sol sur l'ensemble
de la période 1954-2003
Le fait marquant est le recul de la totalité des
unités naturelles au profit des unités artificielles (figure 8).
C'est une anthropisation de l'espace qui aboutit à la croissance du
bâti de 1237 ha soit un taux de croissance de 678 % et 8 fois la surface
bâti de 1954 (figure 9). Ce taux de croissance résultant cache une
différence entre les deux périodes. Le taux exponentiel de la
première période s'explique par la non saturation du site et par
la disponibilité d'espace habitable. Par contre, entre 1978 et 2003, le
taux de croissance est plus réduit car l'ensemble des espaces aptes
à l'habitat sont déjà occupés par le
bâti ; les possibilités d'extension sont limitées par
le manque d'espace. La seule alternative reste la densification et les
constructions en hauteur. C'est ainsi qu'émergent les innombrables
immeubles dans presque tous les quartiers de Dakar. Cette situation
obéit à la loi de croissance des populations en présence
d'un facteur limitant évoqué par Ramade (2003). Dans ce contexte,
le facteur limitant pourrait être le manque d'espace habitable.
Figure 9: Evolution des
surfaces bâties dans la Grande Niaye de Pikine de 1954 à
2003
Les plans d'eau avec un taux de croissance résultant de
- 80,36 %, sont marqués par une régression constante sur toute la
période. Cette régression connaît une accentuation au cours
de la deuxième phase (1978- 2003). Les plans d'eau sont
fragmentés et séparés par les cultures, les constructions,
les sols nus et les zones inondables. Cette dernière classe n'a pas eu
une évolution homogène, son extension pendant la période
1954-1978 est surtout le fait de la sécheresse tandis qu'au cours de la
seconde phase l'importance des remblaiements par les sociétés
immobilières a réduit sa superficie.
La végétation de la niaye a augmenté de
25,59 %. Cette croissance liée à la prolifération du
Typha témoigne du changement de qualité des plans d'eau
confirmé par les maraîchers. En effet, avec l'isolement des
niayes il y a une réduction de la recharge et la nappe est
exposée à la forte évaporation qui accroît la
concentration du sel.
Dans la Grande Niaye de Pikine, les utilisations du sol en
2003 sont diverses et posent de plus en plus le problème de sa
conservation (figure 10).
La figure 10 illustre la diversité des utilisations de
la niaye. Il constitue aussi un exemple de niaye amputée par les
infrastructures routières et grignotée par les habitations.
Figure 10: Formes
d'utilisation d'une niaye exemple de la Patte d'Oie et de Hann
Chapitre II :
L'EVOLUTION DE L'OCCUPATION DU SOL DU SITE DE YEUMBEUL
I. LES RESULTATS CARTOGRAPHIQUES
La zone cartographiée couvre sur une superficie de 1003
ha, les dunes littorales, le périmètre de reboisement, les lacs
et mares mais aussi des zones de dunes intérieures et une partie du
village de Yeumbeul (figure 11). L'option de cartographier une zone qui
dépasse largement les niayes, répond à une volonté
de montrer l'avancée du front à partir des dunes qui constituent
une menace réelle pour la dépression.
Figure 11: Cartes
d'occupation du sol de la zone de Yeumbeul en 1954 (a), en 1978 (b), et en 2003
(c)
II. LES CHANGEMENTS
D'OCCUPATION DU SOL DANS LA ZONE DE YEUMBEUL
Il s'agit d'établir ici les superficies des
différentes classes d'occupation du sol (tableau 3) et de
procéder à l'analyser de l'évolution entre 1954 et 1978,
1978 et 2003 et 1954 et 2003.
Le tableau 3 représente les superficies
calculées à partir des cartes d'occupation du sol. Il fait
ressortir d'une part les superficies des classes et leur valeur relative par
rapport à la superficie totale de la zone d'étude et, d'autre
part les taux de croissance des différentes classes d'occupation de sol
pour la période 1954-1978, 1978-2003 et 1954-2003.
Tableau 3:
Evolution spatiale des classes d'occupation du sol dans la zone de
|
occsol 1954
|
occsol en 78
|
occsol en 2003
|
TC 1978-1954
|
TC 2003-1978
|
TC 2003-1954
|
type
|
surf en ha
|
%
|
surf en ha
|
%
|
surf en ha
|
%
|
%
|
%
|
%
|
dunes littorales
|
78,55
|
7,84
|
1,00
|
0,10
|
1,81
|
0,18
|
-98,73
|
81,00
|
-97,70
|
bâti
|
46,77
|
4,67
|
224,52
|
22,38
|
548,52
|
54,71
|
380,05
|
144,31
|
1072,80
|
cultures
|
136,61
|
13,66
|
316,16
|
31,52
|
183,8
|
18,33
|
131,43
|
-41,86
|
34,54
|
végétation sur dune
|
456,23
|
45,48
|
227,28
|
1,50
|
14,97
|
1,49
|
-50,18
|
-93,41
|
-96,72
|
végétation de la niaye
|
94,51
|
9,42
|
52,20
|
3,79
|
38,87
|
3,88
|
-44,77
|
-25,54
|
-58,87
|
plan d'eau
|
69,53
|
6,93
|
22,30
|
2,22
|
32,76
|
3,27
|
-67,93
|
46,91
|
-52,88
|
zone inondable
|
67,56
|
6,74
|
122,41
|
12,20
|
37,81
|
3,77
|
81,19
|
-69,11
|
-44,03
|
sol nu
|
39,96
|
3,99
|
14,16
|
7,70
|
77,17
|
7,70
|
-64,56
|
444,99
|
93,12
|
périmètre de reboisement
|
12,99
|
1,30
|
23,19
|
6,68
|
66,96
|
6,68
|
78,52
|
188,75
|
415,47
|
Total
|
1003
|
100
|
1003
|
100
|
1003
|
100,00
|
|
|
|
Yeumbeul de 1954 à 2003
Occsol : occupation du sol
TC : taux de croissance
1. La période 1954 -1978 :
La superficie des surfaces bâties, des zones de
cultures, des zones inondables et du périmètre de reboisement,
s'est considérablement accrue face au recul des espaces couverts par les
dunes littorales, la végétation sur dunes intérieures, la
végétation de la niaye, les plans d'eau et les sols nus (figure
12).
Le bâti a augmenté de 177,8 ha soit 380,05 %, le
long de la route des niayes, sur une dune cernée par deux
dépressions. Cette dune était occupée en 1954 par les
cultures pluviales et par une végétation constituée
d'euphorbiacées (d'après le délégué
de quartier de Aïnoumadhi I). Cette dernière unité a ainsi
perdu 50,18 % de sa superficie de 1954. La poussée du bâti
s'explique par la forte pression démographique. En effet, d'après
Wade (1996) la population de Yeumbeul est passée de 1164 en 1949,
à 3368 en 1970 à 7615 habitants en 1975. Toujours d'après
la même source, la superficie de Yeumbeul a connu la même tendance
évolutive avec 6,80 ha en 1952 et 43,75 ha en 1975.
L'extension des zones de cultures est un fait marquant, 131,43
%. Toutes les zones inondables des lacs sont occupées par les cultures
qui sont étendues sur les espaces dunaires où la nappe est
subaffleurante à certains endroits. Cette avancée est à
mettre en relation avec l'extension du périmètre de reboisement
dont la superficie a augmenté de 78,52 %. Des cuvettes
maraîchères ont ainsi pu être
récupérées et exploitées. Il y a aussi un facteur
socio-économique important évoqué au quartier
Aïnoumadhi II et au cours du groupe de discussion des hommes du quartier
de Aïnoumadhi I. Il s'agit de l'arrivée des migrants agriculteurs
au début des années 1970 et qui faisaient du maraîchage
dans toutes les zones inondables. La superficie de cette dernière
unité a progressé de 81,19 % à la faveur du retrait des
plans d'eau de 67,93 % de sa superficie en 1954. Dans la zone de Yeumbeul, les
lacs et mares étaient assez nombreux avant les années de
sécheresse : les lacs Tiourour, Ouarouaye,
Youi vers l'océan Atlantique ;
Reumbeut, Ganar, Yawax et
Ndianax étaient des marigots situés au sud-est des
lacs. Les anciens marigots sont asséchées et ont
libéré des espaces progressivement occupés par les
cultures et le bâti. Ainsi, le quartier Médina Gazon est construit
dans une partie du lit de l'ancien marigot de Yawax et le
quartier Darou Salam VI dans celui du Reumbeut (après le
communicateur traditionnel interrogé). Les marigots situés
à l'intérieur ont toutes disparu mais l'humidité du sol
est attestée sur la photographie aérienne, par la teinte
foncée des dépressions. Cependant, les personnes
interrogées (5) affirment qu'en 1978, le sol des dépressions
était fin et sec et que l'eau de pluie s'infiltrait facilement
« tout juste après les pluies l'eau, s'infiltrait, il ne
restait que de petites flaques, en saison sèche, le sable était
fin et facilement mobilisé par le vent ». Ils soulignent
même que la dépression était un point de passage qui
abritait même un marché aujourd'hui disparu et une école
abandonnée.
Figure 12: Variation des
classes d'occupation du sol dans la zone de Yeumbeul de 1954 à
2003
2. La période 1978-2003
Ce sont les dunes, le bâti et les sols nus qui ont
progressé sur les autres classes (figure 12). La progression du
bâti est remarquable avec une hausse de 324 ha soit 144,31 %. L'habitat
s'est étendu et densifié jusque en direction des plans d'eau dont
les surfaces ont augmenté de 46,9 %. Cette hausse s'explique par remise
en eau des mares. Cette revitalisation est confirmée par l'abandon
d'habitations situées dans la cuvette. Le bâti a enserré
les plans d'eau et leur zone d'inondation qui ont perdu 69,11 % de leur
superficie de 1978 à cause des remblaiements. Dans les zones inondables
des lacs Ouarouaye et Youi, se développent
riziculture, maraîchage et arboriculture grâce aux lentilles d'eau
douce dont l'alimentation dépend des fluctuations de la nappe.
Cependant, les espaces cultivés ont régressé de 41,86 %.
Les cultures sur dunes ont disparu le long de la route des niayes, l'espace est
entièrement occupé par les constructions, il ne subsiste que
quelques exploitations dans les petites dépressions.
La végétation située dans la niaye a
aussi diminué de 25,54 ha : les palmiers qui se trouvaient autour
du plan d'eau ont fortement reculé avec l'occupation humaine ; on
ne retrouve plus que quelques individus. Avec la remise en eau de certaines
cuvettes et la stagnation des eaux, il y a une prolifération de
Typha sp jusque dans les habitations.
La superficie des sols nus s'étend au nord des lacs
Tiourour et Ouarouaye, dans l'ancien centre ASECNA et dans le
camp de la Marine. Cependant, ces espaces sont destinés à
l'habitation dans le cadre du relogement des populations des zones
inondées et des attributions de parcelles aux agents de l'ASECNA.
3. L'évolution de l'occupation du sol de 1954 à
2003
Les changements sont marqués par la conquête de
l'espace par le bâti dont la surface s'est accrue de 501 ha soit
près de 12 fois sa surface en 1954, ce qui représente un taux de
croissance de 1072,80 % de la surface bâtie entre 1954 et 2003 ( figure
13). Le bâti couvre désormais les zones dunaires dont la
couverture végétale a diminué de 441 ha soit une baisse de
96,72 % par rapport à la surface de 1954. Il a aussi occupé des
zones inondables qui ont régressé de 44,03 %. Des mares
situées au sud de la route des niayes ont été en partie
remblayées ce qui fait que la superficie des plans d'eau a
diminué de 36,77 ha soit une baisse de 52,88 %.
Au cours de cette évolution, il y a eut une
diversification des types d'habitat. En effet, d'après Wade (1998), il y
a :
- un type villageois autour du noyau traditionnel qui, sur
8 ha, compte quatre quartiers (Santhiaba, Darou Salam,
Ndiobène, Mbayène) et regroupe 5% de la
population ;
- Des lotissements réguliers à
Bène Baraque et Wakhinane et à la cité
SONATEL, sur 75 ha avec 25% de la population de la commune
d'arrondissement ;
- Une zone non lotie dominée par l'habitat
spontané qui en 1996 couvrait une superficie de 160,5 ha et regroupait
70% de la population de Yeumbeul Nord.
Cette situation montre une densification de la population et
du bâti qui occupe plans d'eau et zones inondables. Le plan d'eau est
ainsi enserré par les constructions ; certaines habitations se
trouvant à l'intérieur même de la mare et
entièrement inondées (figure 14). En 2005, trois nouveaux
quartiers se sont ajoutés aux quatre vingt de 1996.
La figure 13 montre l'avancée du bâti d'abord sur
la dune, le long des axes routiers et ensuite vers les dépressions dont
certaines font l'objet d'une occupation effective entre 1978 et 2003.
Figure 13: Progression des
surfaces bâties dans la zone de Yeumbeul de 1954 à
2003
La végétation de la niaye et notamment Elaeis guinensis a subi un grand dommage dans le
processus d'assèchement et d'occupation des anciennes
dépressions par le bâti. Cette unité a ainsi perdu 55,6 ha
soit 58,87 % de sa superficie. D'après le communicateur traditionnel
interrogé à Yeumbeul, ce serait à cause de l'importance
des palmiers à huile que Dialy Bakeu, le fondateur du village avait fait
venir des Mandiagues pour l'exploitation de l'huile de palme. En 1954, la niaye
à Elaeis guinensis était encore humide en saison
sèche (UICN, 2002). Les photos 1 et 2 montre l'état des
palmeraies dans les années 1920 et sa situation actuelle (juin 2005)
Photo 1: Palmeraie dans la
zone périurbaine de Dakar dans les années 1920
Photo 2: Situation
actuelle des palmeraies de Yeumbeul (juin 2005)
.
Figure 14: Etat de
l'occupation de la Niaye de Yeumbeul
Chapitre III : LES
FACTEURS ASSOCIES AUX CHANGEMENTS D'OCCUPATION DU SOL
Dans ce chapitre, les facteurs naturels,
socio-économiques, politiques et administratifs seront analysés.
Il y a cependant une certaine imbrication entre ces différents
facteurs.
I. LES FACTEURS NATURELS
1. La sécheresse
L'évolution des précipitations de 1954 à
2003 indique une très grande variation des précipitations autour
d'une moyenne de 437 mm. Elle fait ressortir l'existence de deux grandes
périodes : une humide de 1951 à 1969 ; une autre plus
sèche de 1970 à 2000 (figure 5). Les déficits les
plus marqués sont survenus pendant la décennie 70-79 avec une
moyenne de 310,07 mm soit 126 mm de moins que la moyenne de la période
de référence. L'année 1972 s'individualise par la
faiblesse de la pluviométrie avec 116.7 mm de pluie. La comparaison
entre la moyenne de la période 1950-2002 et les moyennes
décennales montrent en fait que depuis 1960 toutes les moyennes
décennales sont inférieures à la moyenne 1950-2002, ce qui
confirme la tendance à la baisse.
2. Les conséquences de la baisse des
précipitations
Ø Assèchement de la dépression au cours
des années de sécheresse
Les quantités d'eaux reçues dans les
dépressions par infiltration et par ruissellement ont
considérablement diminué avec la baisse des pluies. Le niveau de
la nappe a donc baissé parce que cette dernière est
essentiellement alimentée par les eaux pluviales. Les inondations des
bas fonds se sont par conséquent estompées. Les sols de la
dépression qui sont habituellement hydromorphes, ont retrouvé
leurs caractéristiques primaires ce qui confirme le caractère
secondaire de l'hydromorphie. Les habitants du quartier Darou Salam IV/C
soutiennent qu'à leur installation en 1985, les sols étaient
très fins et sablonneux.
Ø Dégradation de la couverture
végétale
L'altération des conditions climatique et
édaphique, a entraîné la régression des
espèces ayant des exigences plus grandes en eau. Ce processus s'explique
par la succession d'années sèches qui ont fini par entamer la
résilience de certaines espèces et leur capacité de
régénération. En effet, pendant la période
1969-1985, la sécheresse est devenue un phénomène quasi
persistant (une seule année est excédentaire sur cette
série de 15 ans) hypothéquant ainsi la remise en eau de ces
cuvettes pour de longues années.
La régression des espèces guinéennes est
fortement accentuée par la coupe occasionnée par l'installation
des nouveaux quartiers. En effet les populations de Darou Salam IV/C ont dit
que beaucoup de palmiers situés autour de la dépression ont
été coupées lors de leur installation exposant ainsi les
terres à l'érosion.
Ø La reprise de l'érosion éolienne
Le couvert végétal joue un rôle essentiel
dans la fixation du sol et dans l'infiltration de l'eau de pluies grâce
au développement du système racinaire. La couverture foliaire
sert d'écran à la déflation éolienne et à
l'érosion pluviale protégeant le sol contre l'effet de battance.
Ces éléments favorisent ainsi l'infiltration des eaux aux
dépens du ruissellement. Avec la diminution du couvert
végétal, le sol est devenu de plus en plus exposé à
ces différents agents d'érosion aussi bien en saison sèche
qu'en hivernage. C'est ainsi que les particules sableuses, meubles et pauvres
en matières organiques des dunes sont facilement transportées par
les vents vers les cuvettes. Cet ensablement est un phénomène
très négatif sur le plan agronomique car les dunes sont
constituées de sols très pauvres en matières organiques
surtout dans les horizons de surfaces (PAEP, 2002).
Les effets induits par la sécheresse ont donc
entraîné la libération de vastes espaces nus ou à
très faible couverture végétale. Cette situation survenue
dans un contexte d'afflux de populations vers la capitale et par
conséquent de forte demande foncière a favorisé la vente
de ces espaces et leur occupation à des fins d'habitation.
II. LES FACTEURS
SOCIO-ECONOMIQUES
1. La croissance de la population de la région de
Dakar
Les villes offrent des opportunités économiques
et scientifiques. Elles attirent par conséquent un nombre sans cesse
croissant de populations (figure 15). En effet, au Sénégal, le
port de Dakar dans ces différentes politiques de développement a
permis l'essor de beaucoup d'activités liées aux services.
Simultanément, il s'est produit dans le pays une crise agricole assez
aiguë et un déclin des ports de l'intérieur (Kaolack,
Rufisque). Les populations ont ainsi migré vers la capitale
espérant y trouver de meilleures conditions d'existence et
d'épanouissement. Il y a aussi l'essor du secteur informel qui permet
aux nouveaux arrivants de s'intégrer dans la vie active. Le
développement démographique de Dakar s'est effectué au
détriment des autres villes et des villages (tableau 4). C'est dans ce
contexte que Dakar accueille chaque année prés de 36000 personnes
venues de l'intérieur du pays (GEEP, 1994).
La figure 15 a été réalisée
à partir des données de l'Atlas Jeune Afrique de 1984 et de la
DPS (2004). Il montre la croissance soutenue de la population de la
région de Dakar depuis la période coloniale
Figure 15: Evolution de la
population de la région de Dakar de 1955 à 2004
Source : Atlas Jeune Afrique
(1984), DPS (2004)
Entre 1951 et 1974, la population a augmenté de
114% ; en 1961, les immigrants constituaient près de 55% de la
population de la région de Dakar (Dubresson, 1984). Dans les quartiers
de Yeumbeul les personnes interrogées ne sont pas nées dans la
zone. Elles sont toutes originaires d'autres régions du pays.
Le tableau 4 illustre la part importante de la population
urbaine de Dakar et la macrocéphalie du tissu urbain
sénégalais.
Tableau 4: Evolution de la
population urbaine de Dakar de 1955 à 1993
Années
|
1955
|
1960
|
1976
|
1988
|
1993
|
Population de Dakar/ Population urbaine
|
43%
|
46%
|
45 %
|
47 %
|
54 %
|
Population de Dakar/ Population totale
|
11 %
|
12 %
|
16 %
|
19 %
|
21,5 %
|
Sources : Adjamagbo et al. , 2002
2. Le développement de l'habitat irrégulier
L'habitat irrégulier s'est étendu dans la
capitale suite à l'afflux de populations, aux déguerpissements
et à la vente des terres par les propriétaires coutumiers. Les
migrants venus à la recherche de meilleures conditions de vie, ne
disposent pas d'une stabilité économique leur permettant
d'être éligibles aux programmes immobiliers. C'est ainsi qu'ils se
retournent vers les propriétaires qui ont commencé à
parcelliser et à commercialiser des terres dont la majeure partie se
trouvait dans la dépression ou étaient des exploitations
agricoles. Ce type d'occupation s'est surtout développé dans la
périphérie de Dakar (figure 16).
D'après un notable de Yeumbeul, la vente des terres
serait due à la volonté des habitants d'avoir des voisins pour
agrandir leur village. Ainsi de terres auraient été
cédé contre du sucre aux allochtones. Cependant, les premiers
signes de sécheresse ont commencé à se faire sentir
à partir de 1966 et c'est à partir de 1970, que les ventes de
parcelles ont commencé. Ainsi avec la sécheresse et la
pauvreté, les propriétaires ont commencé à vendre
une partie de leurs terres pour pouvoir construire leurs maisons. Les cultures
suscitaient moins d'intérêt pour les populations autochtones et
les anciens propriétaires savaient que ces zones étaient
impropres à l'habitat. Ils ont donc profité de la demande pour
s'en départir. Par conséquent, les anciens champs situés
sur la dune et l'essentiel de ceux situés dans la dépression sont
devenus des habitations : « la situation a beaucoup
changé, du temps des français, de Malika jusqu'au Tollu Bour
(actuel parc de Hann) il n'y avait que des champs de manioc mais maintenant les
gens habitent partout. La maison est devenue plus important que le
champ » a dit une personne âgée de Aïnoumadhi
I.
La relative modicité des prix des parcelles (100
à 250 f CFA le mètre carré dans la zone d'extension de
Pikine en 1980), constitue un attrait certain pour les nouveaux arrivants.
L'importance de la demande foncière favorise la spéculation et
les prix augmentent de plus en plus. C'est ainsi qu'en 2001, le mètre
carré de sol nu coûte 1400 à 1500 f CFA dans Pikine
Irrégulier.
La conversion des espaces cultivés en zones
d'habitation pose le problème de l'illégalité
foncière. Certaines parcelles vendues n'avaient pas fait l'objet d'une
immatriculation. Ainsi en 1980, dans la première circonscription
urbaine de Dakar, 18 % des résidents occupaient illégalement leur
parcelle d'habitation, ce taux est de 35 % dans la deuxième
circonscription (PDU, 1980). Toutes les personnes interrogées à
Yeumbeul (10) ne disposent que d'acte de vente. Cette information a
été corroborée par les délégués des
quartiers Darou Salam IV/C et V. Les quartiers Darou Salam au nombre de cinq,
constituent tous des quartiers irréguliers. Dans l'ensemble
constitué les quartiers Aïnoumadhi, seul le quartier
Aïnoumadhi I (175 parcelles) cédé à la SOTRAC en 1973
par le chef de la communauté Lébou d'alors, dispose d'un titre
foncier. D'autres quartiers (5) se sont greffés à Aïnoumadhi
I sur des parcelles non immatriculés ce qui fait qu'actuellement il
existe six quartiers Aïnoumadhi qui s'étendent de la D103 au lac
Ourouaye jusqu'à l'entrée de Malika .
L'extension de l'habitat irrégulier dans les zones
proches des niayes est aussi liée au développement du
maraîchage. En effet, des agriculteurs sont venus principalement de
l'intérieur du pays pour répondre à la demande croissante
de produits maraîchers. Certains maraîchers occupent de
manière progressive et durable l'exploitation qui finit par abriter
toute la famille. Il y a toujours des tentatives de coupler le lieu de travail
au lieu d'habitation. Ce cas est fréquent dans la Niaye des Maristes,
de Dalifort et dans la zone de captage. Pour le premier cas un permis d'occuper
est octroyé aux maraîchers à condition qu'ils ne
construisent pas et qu'ils veillent sur le site mais d'après les agents
des eaux et forêts, il arrive que certains construisent derrière
une palissade qui sert à la fois d'abri et de moyen de cacher la
construction. Ainsi certains commencent par y faire un abri sommaire et
précaire pour surveiller le champ mais ils s'installent au fur et mesure
et construisent avec des matériaux plus durables. Ceci pose le
problème d'une occupation irrégulière embryonnaire.
La figure 16 fait ressortir la prépondérance de
l'habitat régulier dans le département de Dakar. La situation de
l'habitat à Pikine par contre confirme l'extension de l'occupation
irrégulière dans la périphérie. Ce sont des faits
qui mettent aussi en exergue d'une part l'impact des plans d'urbanisme dans
l'extension du bâti et d'autre part la conséquence du non respect
des plans dans certaines localités (construction dans les zones
impropres à l'habitat).
Figure 16: Typologie de
l'habitat dans les départements de Dakar et Pikine
source : PDU horizon 2025
3. Les perceptions des populations
Les perceptions des niayes sont diverses et restent
liées au niveau de vie des populations et à l'utilisation
qu'elles font de l'écosystème. Ainsi, à Hann Mariste, les
deux catégories de personnes interrogées, résidents et
maraîchers, ont une perception positive de la niaye
considérée comme un espace vert à protéger
malgré certains désagréments (moustiques). Des actions de
surveillance du site par l'interdiction de coupes d'arbres, de constructions
illicites et de dépôts d'ordures sont même établies
par la Direction des Eaux et Forêts, les maraîchers et les
résidents.
Les maraîchers de la Grande Niaye et de Yeumbeul que
nous avons interrogés, soutiennent que la disparition de la niaye
signifierait la perte de leurs activités économiques en pleine
expansion. Dans le contexte actuel de pauvreté, la niaye joue un
rôle primordial parce que les populations ont la possibilité de
pratiquer à la fois et sur un même espace plusieurs
activités. Sur le site de Yeumbeul, certaines femmes rencontrées
se sont organisées en vue de mettre en valeur la zone inondable du lac
Ouarouaye. A cet effet, elles ont suivi une formation en agriculture
au centre horticole de Cambérène. Dans le même ordre
d'idées, les maraîchers de la niaye des Maristes se sont aussi
regroupés en GIE (And SoukhaliNiaye) pour défendre leur
activité.
L'autre perception est très négative pour
l'avenir de la niaye. Pour une partie des résidents, la niaye ne
présente aucun intérêt, dès l'instant qu'ils n'en
tirent pas profit. Ils la considèrent alors comme un endroit qui
n'appartient à personne, un dépotoir d'ordures et qui doit
même disparaître parce que devenue une zone gênante et source
de désagréments. Cette même catégorie soutient que
face à la demande de logement, il est impératif de remblayer la
niaye et d'en faire des zones d'habitations. Cette préoccupation est
ressortie dans le groupe de discussion des hommes à Yeumbeul, dans un
guide d'entretien du quartier Aïnoumadhi II et dans les quatre guides
d'entretien administrés auprès des résidents de Darou
Salam IV/C et V de Yeumbeul. Cette perception négative se reflète
dans l'état actuel des niayes à Yeumbeul, devenues des espaces
rébarbatifs à cause des ordures, des odeurs et des mouches.
III. LES FACTEURS POLITIQUES ET INSTITUTIONNELS
Les différentes phases de la planification seront
abordées à travers les plans directeurs d'urbanisme de même
que l'impact de ces plans sur la structure spatiale et les limites de la
planification urbaine.
1. La planification urbaine
1.1 Le plan directeur d'urbanisme de 1946
Le plan de 1946 est approuvé par l'arrêté
5485 du 20 décembre 1946 et revu en 1957. Avec la reprise de
l'après-guerre, ce plan avait pour objectif de faire de Dakar un centre
économique et militaire. Il a servi de base à un vaste programme
d'équipement et organise le développement spatial du port de
Dakar par la création de nouvelles infrastructures industrielles et
commerciales.
1.2 Le plan directeur d'urbanisme de 1961
Le plan de 1961 est approuvé par décret 61050 du
3 février 1961. C'est une révision du plan de 1946. Avec
l'érection de Dakar en capitale en 1958 et sa modernisation, la ville
est devenue un pôle récepteur d'importants flux migratoires
d'où la nécessité d'inclure dans le
périmètre urbain des zones rurales.
Selon Seck (1970), ce plan avait la triple vocation de faire
de la capitale un point d'appui militaire, un grand port et une ville
multiraciale. Il a procédé à une division de Dakar en
zones : résidentielle, commerciale et administrative et
industrielle. Il délimitait aussi un ensemble de terrains
réservés comprenant des secteurs non aedificandi, des
espaces libres, des secteurs de cultures et de boisements des secteurs de
carrières et gisements et des zones d'emprise.
1.3 Le plan directeur d'urbanisme de 1967
Plus connu sous le nom de plan Ecochard, le plan de 1967 est
approuvé par décret n° 67.864 du 19 juillet 1967. Il est
élaboré dans une perspective de 1133000 habitants en 1980. Son
esprit était de bloquer l'urbanisation à l'est de Pikine pour
organiser l'extension de l'agglomération à partir de Dakar et
Pikine. Pour cela il fallait doter Pikine d'infrastructures polarisant et lui
créer une zone d'influence.
1.4 Le plan directeur d'urbanisme horizon 2000
Révisant celui de 1967, le plan de 1980 est
élaboré pour l'horizon 2001. Son principal objectif était
de créer une structure urbaine équilibrée et bien
articulée, de prioriser les transports de masse et de répondre
aux besoins fondamentaux des populations. Ce plan avait planifié les
besoins suivant trois scénarios : la première
hypothèse prévoyait pour l'horizon 2001, 2850000 habitants, la
seconde hypothèse, 4300000 habitants et la troisième
hypothèse, 2000000 habitants.
Concernant les besoins spatiaux, nous nous intéressons
aux deux premières circonscriptions urbaines de la région qui
couvrent les zones objet de notre étude. Pour la première
Circonscription Urbaine (ville de Dakar), les superficies à urbaniser
sont estimées à 880 ha pour les hypothèses 1 et 2 ;
et à 669 ha pour l'hypothèse 3. Pour la deuxième
Circonscription Urbaine (Guédiawaye et Pikine), elles sont de 2190 ha
pour les hypothèses 1 et 2 et de 2013 ha pour l'hypothèse 3.
1.5 Le plan directeur d'urbanisme horizon 2025
Le plan de 2001 est élaboré pour l'horizon 2025.
Ce plan s'est fixé cinq objectifs :
- Assurer l'équilibre spatial sur l'ensemble
régional
- Améliorer les liaisons physiques entre les
différentes entités territoriales
- Assurer aux populations un meilleur accès aux
services urbains de base
- Maîtriser le phénomène d'implosion
démographique que connaît l'agglomération
- Préserver et améliorer l'environnement urbain
`et les sites naturels.
Des besoins spatiaux ont été planifiés
pour 2010, pour la ville de Dakar, selon un objectif de population de 1093051
habitants et pour la ville de Pikine 1216208 habitants. Ces besoins tiennent
compte des besoins non satisfaits en 2001 et des nouveaux besoins
exprimés en 2001.
2. L'impact des plans d'urbanisme sur les changements
d'occupation du sol
Les différents plans se sont traduits de façon
concrète par l'extension des zones d'habitat et des infrastructures. A
partir du plan de 1946 déjà, on assiste à une urbanisation
vers l'est de la ville de Dakar et au « grignotage » de
l'espace rurale par la ville. L'histoire du peuplement de Pikine est
liée à celle de Dakar avec la création de Pikine Dagoudane
en 1952 sur un terrain de 223 ha à la suite de déguerpissements
de populations à Dakar. Pikine qui s'étendait sur 30 ha en 1954 a
vu sa superficie multiplier par plus de quatorze fois en atteignant 433 ha en
1960 (PDU, 1980). Cette tendance s'est maintenue jusqu'en 1968 car avec la
saturation du site loti de ICOTAF en 1964, une occupation
irrégulière de zones impropres à l'habitat a finit par
faire la jonction entre Pikine et les villages traditionnels de Thiaroye et
Yeumbeul.
De 1961 à 1980 un certain nombre de zone d'habitations
sont aménagées pour satisfaire la demande croissante de
logements. La cité Patte d'Oie est crée en 1969 par une
société américaine (Builders) après l'achat du
titre foncier en 1963 (TF 6800). Elle est suivie de la construction d'un
ensemble d'infrastructures sur le site. Ensuite, l'opération initiale
Parcelles Assainies est lancée sur 400 ha , un second projet est
programmé sur un terrain de 200 ha à Guédiawaye, sur un
autre de 100 ha à Dalifort et sur un troisième de 300 ha à
Keur Massar (PDU, 1980).
A partir des années 1980, les programmes se multiplient
et se concrétisent avec la création des cités SOPRIM,
Impôts et Domaines en 1987, de la cité Keur Damel en 1990. En
1992, la cité SOPRIM extension est crée et la cité Al Amal
en 1993. Ces créations ont complètement changé
l'occupation du sol dans la zone d'étude. Elles posent aussi le
problème de leur extension vers les niayes qui se trouvent
enserrées dans cet espace. La SCAT Urbam a construit entre 1995 et 2000,
4250 unités d'habitation à Hann Bel Air (IAGU, 2005).
La structure spatiale de la région de Dakar a ainsi
fortement changé de 1980 à 2001. En effet, sur un espace de 53640
ha, l'habitat est passé de 9,94 % à 36,29 % ; les espaces
boisés, agricoles, inondables et vacants de 78,16 % à 50,81 %
(PDU, 2001).
3. Les limites de la planification urbaine
Les différents plans sont confrontés à
des contraintes naturelles mais surtout des contraintes foncières vu la
particularité du système foncier de Dakar marqué par
l'existence d'anciens villages traditionnels.
La mise en pratique et le respect du plan d'urbanisme
constituent des faiblesses de la planification. En effet dans tous les plans
directeurs, les niayes sont considérées comme des zones non
aedificandi du fait de son humidité, de sa
vulnérabilité aux inondations et du rôle important qu'elles
jouent dans la recharge de la nappe phréatique. Cependant, les anciens
propriétaires terriens ont procédé à des ventes de
terrains non immatriculées ou dans des zones impropres à
l'habitat. Aussi avec la création de quartiers de déguerpis,
d'autres établissements humains de type irrégulier se sont
développés et bénéficient paradoxalement
d'électricité, du téléphone, d'infrastructures
sanitaires et éducatives qui finissent par pérenniser leur
occupation. Dans le cadre de la décentralisation, quelques quartiers
irréguliers sont même érigés en communes
d'arrondissement. C'est ainsi que les autorités ont adopté
maintenant les opérations de restructuration et de régularisation
foncière afin de conformer ces installations aux normes d'urbanisme.
La vocation commune à ces différents plans, est
de créer une structure urbaine structurée et
équilibrée et qui répond aux besoins d'une population
très dynamique. Cependant, son exécution ne manque pas de poser
des problèmes vu l'importance des contraintes naturelles et
foncières mais aussi par rapport à la multiplicité des
acteurs qui agissent et interagissent sur un même espace.
La principale conclusion qu'on peut retenir des changements
d'occupation pour les deux zones d'étude est l'avancée du front
d'urbanisation matérialisée d'une part par l'extension de
l'habitat et, d'autre part par le développement des infrastructures
routières. Cependant, ces changements ne se sont pas
opérés à un même rythme. La période 1954-1978
est marquée par la prépondérance du facteur naturel qu'est
la sécheresse et les mutations sont plus rapides. De 1978 à
2005, la progression du bâti est certes ralentie par la saturation des
sites mais s'est faite au détriment de toutes les autres classes
d'occupation du sol.
Dans le site de la Grande Niaye, l'extension spatiale dans la
dépression est moins importante, le type d'habitat régulier,
planifié y est plus répandu. Cependant, les moyens
utilisés pour le remblaiement sont plus importants. Par exemple dans la
Niaye des Maristes, 23 ha ont été remblayés entre 1998 et
2003 par une société immobilière. Ce qui reste de la niaye
est placé sous l'autorité de la Direction des Eaux et
Forêts et est ceinturée par une route destinée à la
protéger.
Dans le site de Yeumbeul, d'importantes portions de niayes
sont occupées par les habitations. Les remblaiements se font de
façon individuelle et localisée par les populations. C'est une
zone marquée par l'habitat irrégulier. La niaye ne fait l'objet
d'aucune protection de la part des autorités administratives et les
règles d'urbanisme ne sont pas respectées. Il y a aussi une
revitalisation des niayes qui fait que sur de vastes espaces, les habitations
sont occupées par les eaux.
TROISIEME PARTIE :
LES PROBLEMES ENVIRONNEMENTAUX ET SOCIAUX LIES AUX CHANGEMENTS D'OCCUPATION DU
SOL
L'extension des zones d'habitations dans la région de
Dakar a influencé négativement le cadre de vie des populations.
Il est certes difficile d'analyser tous les problèmes mais certains
d'entre eux sont directement et quotidiennement vécus par les
populations. Nous analyserons dans cette partie : les problèmes
liés aux inondations, à l'assainissement et à la gestion
des ordures ménagères ainsi qu'à la santé des
populations. Pour ce dernier aspect le cas de Yeumbeul sera uniquement
traité du fait de la remise en eau des dépressions depuis 2000.
Chapitre I : LES
INONDATIONS DES SITES D'HABITATIONS
Les inondations sont certes observées dans les deux
sites mais présentent des caractéristiques différentes. La
« recolonisation » des dépressions par l'eau
n'aurait pas été un problème en soi si la niaye en
question n'avait pas fait auparavant l'objet d'une occupation pas le
bâti.
I. LE CAS DE LA GRANDE NIAYE DE
PIKINE
La Grande Niaye comprend à ce niveau des sous
ensembles : la Grande Niaye de Pikine et la Niaye de Hann Maristes, et le
couloir inondable de Dalifort (PASDUNE, 2004).
1. La situation topographique
Dans la Grande Niaye de Pikine, les altitudes varient de 0
à 25 m. La dune qui surplombe dans sa partie Nord et Nord-Est la
dépression de Guenou Mbaw, a une altitude de 16 m, c'est
la dune de Tounde Ndargou ; le site de la Patte d'Oie a une altitude
de 19 m. Le quartier Khar Yalla qui constitue la limite occidentale de cette
niaye, se trouve entre 22 à 25 m d'altitude. Dans la limite
méridionale de la Niaye des Maristes, l'altitude est comprise entre 9 et
16 m.
Au coeur de ces dépressions les altitudes varient de 0
à 8 m ; les parties les plus élevées étant
des lambeaux de dunes ogoliennes. Les dénivellations sont plus
importantes dans la partie septentrionale de la dépression où
elles varient de 19 à 25 m. Le centre est occupé par un plan
d'eau salé. Cette grande dépression située au coeur de la
capitale, était un exutoire d'eaux de ruissellement et d'infiltration.
Avec l'évolution actuelle, elle se trouve enserrée dans
l'étau que constituent les quartiers des départements de Dakar,
Pikine et Guédiawaye.
2. Les inondations dans la Grande Niaye : cas de la
cité Belle Vue
La cité Belle Vue se trouve au Nord Est du parc
zoologique de Hann, au sud de l'autoroute et du quartier de Grand Yoff. Sa
topographie est fortement modifiée par le remblaiement, elle se trouve
entre 9 et 16 m d'altitude soit à la même altitude que la zone de
captage de Grand Yoff mais à une altitude plus élevée que
la zone du parc qui est comprise entre 2 et 8 m. C'est une zone de transition
entre les dunes qui jouxtent la Niaye des Maristes et la dépression du
parc de Hann. La cité Belle Vue est un quartier résidentiel
où toutes les habitations ont au minimum deux niveaux. La cité,
constituée d'une soixantaine d'habitations, est occupée par des
nationaux et des expatriés.
De l'autre côté de l'autoroute, se trouve la zone
de captage qui dans tous les plans directeurs de la capitale est
considérée comme une zone d'infiltration des eaux pluviales.
C'est une zone non aedificandi situé au coeur du
département de Dakar. Elle a la vocation naturelle de collecter les
eaux pluviales et de recharger la nappe phréatique. Cette vocation
conférée d'abord par sa position topographique et de sa situation
géographique était très capitale parce qu'empêchant
à une bonne partie de Dakar d'être inondée en saison des
pluies.
L'inondation de la cité Belle Vue est un fait assez
exceptionnel et même accidentel. En effet, la région de Dakar a
enregistré des pluies exceptionnelles de 255 mm en deux jours (20-21
août 2005). Ces précipitations se sont déroulées en
un moment où la capitale est le réceptacle d'un ensemble de
travaux visant d'une part à améliorer la mobilité urbaine
et d'autre part la disponibilité en logements. Les constructions
produisent un tassement du sol qui entrave l'infiltration des eaux pluviales.
Elles sont aussi, quelque fois exécutées dans des zones impropres
à l'habitat et dont l'aménagement nécessite des
remblaiements. Ces opérations effectués dans la zone de captage,
ont obstrué le passage les eaux de pluies et freiné leur
infiltration. La concentration en un temps réduit de cette
pluviométrie exceptionnelle, a accéléré le
ruissellement d'importants flux vers la cité Belle Vue où dans
certains points bas l'eau est arrivée à plus d'un mètre du
sol (photo 3). La cité se trouve en altitude par rapport au parc de Hann
ce qui explique l'écoulement et la stagnation des eaux dans le parc de
Hann.
L'analyse de ce qui s'est passé à la cité
Belle Vue en 2005, illustre cette pensée de Claval (1986) :
« l'articulation spatiale une fois fixée, dans un
système juridique de monde plein (limites de la mise de valeur
atteinte), il devient difficile de le modifier, car toutes les modifications
intervenues sur les limites d'une aire se répercutent sur les parcelles
voisines, menace leur équilibre... ». En effet, pendant
ces dernières années avec la pression de la demande
foncière et la responsabilisation des collectivités locales, il
se pose un problème de conflits de compétence qui font que
malgré l'opposition affichée de la Direction de l'Urbanisme, des
constructions ont été exécutées dans la zone de
captage. Ces changements ont rompu un équilibre préservé
pendant de longues années. La situation qui en découle
reflète d'une part l'existence de relations de dépendance entre
les zones contiguës et d'autre part l'impact négatif que peut avoir
le manque de coordinations des actions des différents acteurs dans un
même écosystème. La fragilité des équilibres
nécessite donc une prise en considération dans les études
d'impact, des multiples relations qui peuvent exister dans un espace
donné et le respect des règles d'aménagement.
Photo 3: Inondation de la
cité Belle Vue en août 2005
II. LE CAS DE LA
ZONE DE YEUMBEUL
Pour mieux comprendre le phénomène des
inondations à Yeumbeul, nous allons d'abord présenter la
situation topographique, ensuite parler du processus de remise en eau des
cuvettes et des stratégies des populations et des autorités
locales
Sur les 83 quartiers que compte la Commune d'Arrondissement de
Yeumbeul nord, deux ont été recensés comme étant
entièrement inondés. Ce sont les quartiers Médina Gazon et
Darou Rahman I. Nous nous sommes uniquement intéressée à
Médina Gazon. Sur les vingt quartiers partiellement inondés,
trois quartiers ont été visités : Darou Salam IV/C,
Darou Salam V/C et Léona Yeumbeul nord.
1. La situation topographique
Les altitudes varient de 0 à 16 m. Les altitudes les
plus basses sont rencontrées aux lacs Ouarouaye et
Youi. Les quartiers irréguliers de Darou Salam et Médina
Gazon sont dans des dépressions situées à 5 m du niveau de
la mer. Ils sont entourés de dunes culminant à 16m au Camp de la
Marine et à 12 m dans le village traditionnel de Yeumbeul. Cette
dénivellation justifie en partie la vulnérabilité aux
inondations.
2. La revitalisation des niayes et l'inondation d'habitations
Avant les années 70, le site sur lequel se trouvent les
quartiers Médina Gazon et Darou Salam IV/C et V/C s'appelait
Reumbeut ou Yawax selon les sources. Il était selon le
communicateur traditionnel interrogé, occupé par un marigot
entouré de champs. A partir de 1970, les pluies sont devenues moins
importantes et la dépression s'était considérablement
asséchée. Le niveau de la nappe s'était abaissé et
les sols sont progressivement devenus plus salés. Certains champs sont
abandonnés et les propriétaires ont progressivement vendu les
terres à des migrants venus en majorité de l'intérieur du
pays.
Le quartier Médina Gazon est crée en 1978 et
portait alors le nom de Darou Salam. Il regroupe principalement des migrants
venus de l'intérieur du pays. C'est en 1998 que le nom a changé
pour devenir Médina Gazon à cause du développement du
tapis herbacé. En effet, le quartier est situé au coeur d'une
dépression et sa caractéristique principale est l'importance du
couvert végétal aussi bien dans les maisons que dans les
rues.
C'est à partir de 1989 que les populations ont
remarqué le retour de la pluviométrie. En effet, la région
de Dakar a eu un cumul de 573,8 mm. Le site (Médina Gazon) a alors
retrouvé ses caractéristiques d'antan c'est-à-dire
l'humidité. Les populations ont vu leurs habitations être
envahies par les eaux en hivernage. A partir de 1998 avec un cumul de 342,8
mm, la situation s'aggrave et l'eau stagne pendant toute l'année. Avec
l'excédent pluviométrique des années suivantes, le
phénomène est devenu récurrent. En effet, 1999 a
enregistré 481,8 mm soit un excédent de 44 mm et 2000 un cumul de
580 mm soit un excédent de 143 mm par rapport à la moyenne de la
période 1950-2003. Ainsi dans certains quartiers de Yeumbeul comme Darou
Salam V et Médina Gazon les marigots sont complètement
revitalisés. « Tous les cours d'eau se sont
revitalisés, on dirait que maintenant on vit dans une
île » nous a dit un occupant. Cependant, selon une
personne âgée vivant dans le quartier de Aïnoumadhi I,
« il ne s'agit pas d'inondation car en vivant dans une maison
où on peut creuser et avoir de l'eau à moins de deux
mètres pour faire ses briques et faire du maraîchage, on doit
savoir que c'est une voie d'eau donc inhabitable, ces personnes sont venues
trouver l'eau et non le contraire »
La stagnation permanente de l'eau est aussi le résultat
d'une action anthropique. Il y a actuellement une imperméabilisation du
substrat dunaire par les constructions ce qui accentue le ruissellement au
détriment de l'infiltration. En effet, la texture sableuse des sols de
dunes favorisait une grande infiltration des eaux de pluies ; actuellement le
sol est à 54 % recouvert par des constructions et les eaux de pluies
ruissellent vers la dépression qui, elle aussi, est occupée par
des constructions.
Les dépressions ont une orientation longitudinale
Nord-Est Sud-Ouest. Or les populations ont procédé à des
remblaiements qui ont coupé la dépression en deux d'où la
stagnation des eaux de part et d'autre du cordon de sable ou d'ordures qu'est
le remblai. Cette situation entraîne la perturbation du réseau
hydrographique. Aussi la proximité de la nappe (à deux
mètres) explique la rapide saturation du sol et freine l'infiltration
des eaux de pluies qui stagnent pendant toute l'année.
A Léona Yeumbeul Nord, les habitants associent
l'inondation à la construction de la route. Des remblaiements ont
été effectués à l'entame des travaux pour
éviter l'inondation de la route par les eaux pluviales. Cette situation
a contribué à accentuer la pente vers la dépression et qui
y achemine toutes les eaux de ruissellement. Ainsi les constructions
situées au coeur de la dépression, sont en permanence
inondées; celles qui sont situées sur les flancs de dunes sont
partiellement et temporairement occupées par les eaux.
Les inondations sont aussi une des conséquences de
l'arrêt du pompage et de l'exploitation de la nappe de Thiaroye sur
laquelle repose le site de Yeumbeul. En effet cette nappe était
exploitée depuis 1950 pour alimenter une partie de la capitale. En 1980,
la nappe produisait 12000 m3 d'eau par jour; en 1993, 21000 m d'eau sont
pompés quotidiennement à partir de sept forages. Cependant, au
cours de ces dernières années, la nappe de Thiaroye est fortement
polluée ( Senagrosol, 2003). Ainsi, les autorités ont
décidé d'arrêter son exploitation. L'arrêt de ces
pompages a provoqué le relèvement du niveau de la nappe
même si par ailleurs le pompage a été prolongé pour
certains forages afin d'éviter les inondations des zones basses.
Les inondations posent des problèmes de
sécurité importants. En effet, les populations soulignent des
risques d'électrocution à cause des installations très
précaires. Dans le quartier de Darou Salam IV les poteaux
électriques se détériorent (photo 4). D'après le
délégué de quartier, la nappe était tellement
proche que les agents de la SENELEC étaient obligés de placer les
poteaux dans des supports métalliques remplis de sable avant de les
enfouir dans le sol. Actuellement, les poteaux sont penchés à
cause de la corrosion des supports qui ne parviennent plus à jouer leur
rôle.
Photo 4:
Détérioration des installations électriques à
Médina Gazon
La situation est similaire pour les habitations, constamment
exposées à l'humidité et à la corrosion des eaux
saumâtres. Ainsi, à Médina Gazon, murs humides,
fissurés et rongés par les eaux sont les manifestations de la
dégradation et menacent les habitants « Le mur peut
s'effondrer en pleine nuit et tuer nos enfants », nous
a dit une femme qui habite Darou Salam IV/C.
Photo 5: Corrosion des
constructions dans le quartier de Darou Salam IV/C
La revitalisation des anciens cours d'eau a isolé
certains quartiers et certaines voies sont occupées par l'eau pendant 6
à 7 mois. La circulation des véhicules et des piétons
devient ainsi de plus en plus difficile. Cette situation est en porte à
faux avec les normes en matière d'urbanisme. En effet,
« pour qu'une vie sociale soit possible, il faudrait que les
populations puissent se déplacer et se rencontrer »
(Claval, 1986).
Cet enclavement né de l'inondation des voies, porte
atteinte à une bonne prise en charge sanitaire des populations
résidents dans ces quartiers (Sané, 2003). Au poste de
santé de Aïnoumadhi SOTRAC, l'infirmier a souligné que les
évacuations des malades vers les structures de santé sont
impossibles pour certains quartiers ce qui explique l'importance des
accouchements à domicile. L'enclavement est accentué par
l'inondation de la station services située à l'entrée de
Yeumbeul qui gêne à certaines périodes de l'année
l'accès à Yeumbeul et Malika
Photo 6: Inondation
à l'entrée de Yeumbeul en 2005
3. Les réponses des populations
Les réponses des populations se résument d'une
part au remblaiement et à la modification des constructions et d'autre
part au déménagement.
Concernant les remblais, les populations utilisent les
ordures, les résidus de bois et le sable. Elles dépensent des
sommes importantes pour acheter du sable ou payer des charretiers pour
acheminer les ordures servant au remblaiement : « rien que
pour l'année 2002, mon mari a dépensé plus de 150 000F CFA
pour l'achat de charges de sable. Toutes ses économies sont
parties » nous a dit une femme de Darou Salam IV/C. Ces efforts
accentuent la paupérisation des populations qui vivent dans des
situations précaires et qui ont déjà investi dans
l'acquisition de la parcelle et sa construction. Elles s'appauvrissent
d'avantage avant d'aller trouver une autre maison qui dans la plupart du temps
est en location.
La modification des habitations est aussi une réponse
apportée par les personnes qui ont choisi de rester sur le site. Elle
consiste à augmenter chaque année de quelques centimètres
la hauteur de la maison en ajoutant des rangées de briques et en
remblayant le plancher. Ce sont des surcoûts que les populations sont
obligées de supporter pour pouvoir continuer à vivre sur le
site.
La stagnation permanente des eaux oblige certaines familles
à se déplacer. Ainsi d'après le
délégué de quartier, à Médina Gazon, 400
personnes ont déjà déménagé depuis 2000. Ce
déménagement n'est que l'ultime étape du processus car les
chefs de ménage déploient beaucoup de stratégies avant de
se résigner à quitter les lieux.
Le déménagement entraîne la dislocation du
tissu social. En effet l'une des caractéristiques de l'habitat
irrégulier est la solidarité qui trouve son explication dans les
origines de l'occupation. Les populations se sont regroupées par
affinités ou par relations ethnico-religieuses et finissent quelque fois
par reconstituer les liens du lieu d'origine. Le départ de quelques
familles crée une rupture mal vécue.
4. Les stratégies des autorités locales
La gestion de ce type de phénomènes pose
problèmes aux collectivités locales. En effet, malgré le
décret n° 96-1134 du 27 décembre 1996 portant application de
la loi sur le transfert de compétence aux régions, aux communes
et aux communautés rurales en matière d'environnement et de
gestion des ressources naturelles, les autorités municipales sont
impuissantes. La commune d'arrondissement de Yeumbeul Nord en particulier se
trouve être désarmée face à l'ampleur et à la
complexité des inondations qui concrètement dépassent
leurs moyens d'intervention et leur compétence territoriale :
« les populations ne peuvent pas comprendre que la mairie n'a
pas les moyens de lutter contre ces inondations »
d'après le maire de Yeumbeul Nord. En dehors des
remblaiements et de la désinfection effectués de façon
très ponctuelle et localisée avec l'appui des populations, elles
n'ont pas pu mener des actions d'envergure car les niayes en
général constituent un système qui s'étalent sur
plusieurs unités administratives et il n'y a pas de cadre de
concertation pour discuter de ce problème et essayer de trouver des
solutions durables.
La particularité de la région de Dakar en
général est cependant pris en compte dans le plan directeur
d'urbanisme de 2001, qui malgré le transfert de cette
compétence, est prise en charge par l'Etat. L'autre espoir est que l'un
de ces objectifs de ce plan est de créer un cadre pour l'harmonisation
des actions des différents acteurs et faciliter la prise en charge des
problèmes environnementaux.
Chapitre II :
L'ACCUMULATION DES ORDURES ET LES PROBLEMES D'ASSAINISSEMENT DES EAUX USEES
Ces deux aspects traduisent les limites de la gestion des
grandes villes africaines. Les difficultés qu'ils posent sont
liées entre autre à un problème de moyens, à la
configuration des sites et au non respect des normes d'urbanisme.
I. DANS LE SITE DE LA GRANDE NIAYE DE
PIKINE
1. La gestion des ordures
Il ressort de nos observations de terrains et des guides
d'entretien, que les ordures sont gérées de façon plus ou
moins acceptable qui n'exclut pas cependant certaines défaillances. En
effet, la Grande Niaye de Pikine se trouve dans une zone accessible à
tous les flux. Elle abrite aussi des zones d'habitations planifiées qui
disposent d'un réseau de collecte des ordures. Le camion de ramassage
passe tous les jours ouvrables et a un maillage qui permet à tous les
ménages d'évacuer les ordures. « On dispose
aussi de bacs à ordures qui permettent de stocker les ordures hors de la
maison si le camion ne vient pas » nous a dit un
maraîcher qui réside dans son champ.
Cependant, nous avons pu observer des amoncellements d'ordures
et de gravats le long de la Niaye des Maristes et même dans la
dépression qui abrite le technopôle. Il s'agirait selon les
personnes interrogées de dépôts nocturnes fait par des
charretiers. Des ordures sont aussi déversées sur les flancs de
dunes et entraînées par ruissellement vers la dépression.
Ces comportements néfastes pour la qualité des sols et des eaux
sont aussi observés vers la cité Fadia qui surplombe la Grande
Niaye de Pikine.
2. La gestion des eaux usées
Dans l'arrondissement de Grand Dakar, 97 % des parcelles
d'habitations sont raccordées à un réseau d'égout
(PDU, 2001). Cependant, la cité Belle Vue dispose d'un système
assez particulier car chaque maison dispose d'une fosse et toutes ces
unités individuelles sont raccordées à une fosse
collective qui se trouve au centre de la cité et périodiquement
vidangée
II. DANS LA ZONE DE
YEUMBEUL
1. L'accumulation des ordures ménagères
Les ordures ménagères sont constituées en
majorité de déchets alimentaires, de débris de vaisselles
et de sacs en plastique. Dans tous les quartiers de Yeumbeul visités,
les populations et mêmes les autorités locales soutiennent que les
camions de ramassage n'empruntent que l'axe principal qu'est la D103 menant
à Malika. La collecte ne se fait pas dans les quartiers comme Darou
Salam IV/C et Darou Salam V et même Ainoumadhi II. En effet, la
topographie et les rues étroites des quartiers non lotis ne permettent
pas aux camions de collecte d'accéder au site. Certaines populations
déposent alors les ordures ménagères dans les espaces
libres, au bord des mares ou les enfouissent (photo 7). La chaleur et le
contact permanent avec l'eau favorisent la décomposition des
déchets et servent de ferment aux vers, mouches et moustiques. Les
déchets rémanents, persistent sur le sol ou dans les horizons
superficiels, ou alors sont transportés par les eaux ou le vent.
Dans les quartiers inondés, les ordures sont
utilisées comme matériaux de remblaiement. Les populations
organisent périodiquement des nettoyages à grande envergure dans
le quartier, pratique qui ne fait que déplacer le
problème : « nous organisons des set setal mais
les ordures sont déposées plus loin dans la
dépression »
Photo 7:
Dépôts sauvages d'ordures prés des plans d'eau à
Yeumbeul
Face à l'acuité du problème, le maire de
la commune d'arrondissement, dit avoir sensibilisé les populations en
vue d'une meilleure organisation de la collecte plus adaptée au
contexte. La stratégie proposée comprend une pré-collecte
au niveau des ménages par les charretiers qui les acheminent vers l'axe
central pour que les camions les transférer en dernier lieu vers la
décharge de Mbeubeuss. Cependant les populations, devant leur refus,
donnent deux explications : d'abord, la collecte des ordures est du
ressort la commune et ensuite elles n'ont pas les moyens de prendre en charge
les frais de pré-collecte.
2. La gestion des eaux usées
Dans de l'arrondissement des niayes seulement 3 % des
ménages sont raccordés à un réseau d'égout
(PDU, 2001). A Yeumbeul Nord, seulement 5 % des parcelles sont
raccordés au réseau d'assainissement collectif (Wade, 1998). Les
ménages interrogés dans le quartier de Darou Salam IV/C, ont des
fosses septiques endommagées qui se remplissent très vite
à cause de la proximité de la nappe. Les fosses ne sont plus
fonctionnelles car ils disent que les eaux vannes se sont
mélangées aux eaux de la nappe. Dans les quartiers
Aïnoumadhi (de I à VI) situés plus en altitude, les fosses
sont certes fonctionnelles mais elles se remplissent très vite et sont
vidangées tous les deux à trois mois (les deux ménages
interrogés comptent 12 résidents pour le premier et 10 pour le
second). Dans tous les quartiers visités, les eaux usées
ménagères sont déversées dans les rues.
3. L'exposition de la nappe à la pollution
Les risques de pollution de la nappe découlent des
problèmes sus mentionnés, de la nature sablonneuse du substrat et
de la proximité de la nappe (figure 17). Il y a donc une
prépondérance de l'infiltration des eaux. Cette situation peut
être vue comme un atout dans la mesure où elle favorise et
facilite la recharge de la nappe, mais c'est aussi un facteur de
vulnérabilité car la nappe est facilement contaminée.
Avec l'absence de système d'assainissement
adéquat et la forte densité de la population (13215 hbts/km²
en 2004 à Yeumbeul), les résidents creusent des trous pour
l'évacuation des eaux usées domestiques et des eaux vannes. L'eau
souillée s'infiltre ainsi naturellement dans la nappe située
à une faible profondeur (1,5 à 2 m à certains endroits) et
accroît les menaces de contamination (à Darou Salam IV/C et Darou
Salam V/C les trois puits visitées ont un niveau pouvant
s'établir jusqu'à un mètre).
Aussi les dépôts anarchiques d'ordures
créent une pollution physique attestée par leur état de
décomposition avancée. Au quartier Darou Salam V/C nous avons
interrogé quatre ménages qui utilisent l'eau de puits
situé à moins de 15 m du remblai fait de sacs d'ordures et
d'ordures disposées en vrac près du plan d'eau.
Photo 8: Pollution d'une
nappe affleurante à Yeumbeul
Figure 17: Synthèse
des facteurs de pollution de la nappe phréatique à
Yeumbeul
Densification de quartiers non viabilisés
physique et exposition de la nappe à la
pollution
Pollution physique et exposition de la nappe à la
pollution
Déficience des systèmes de collecte des eaux
usées
Accumulation des ordures ménagères
Proximité de la nappe
Perméabilité du substrat
Chapitre III : LES
PROBLEMES DE SANTE PUBLIQUE:
Le poste de santé de Aïnoumadhi SOTRAC polarise 47
quartiers (situés entre Station TOTAL de Yeumbeul et Malika) et une
population de 33000 habitants en 2002. Nous nous sommes
intéressée aux affections les plus fréquentes et qui se
trouvent toutes liées à l'eau. Ce sont : le paludisme, les
dermatoses, les maladies diarrhéiques et dysenteries et les
helminthiases (cf. figure 18).
I. LE PALUDISME
Entre 1970 et 1996, dans la région des niayes, le
paludisme avait diminué de 80% à cause de l'assèchement
des mares (Mouchet, 2000). Cependant d'après la même source, il y
a une forme de « paludisme urbanisée » qui
est surtout le fait de l'Anophèle gambia. Ce vecteur
s'accommode presque de toutes les situations humides, ces larves peuvent se
développer dans des espaces très réduits comme une
boîte de conserve (Claval, 1980). A partir de 1998, les larves de
moustiques trouvent dans le site des niayes en général, un cadre
propice à leur développement. Il y a en effet en plus de l'eau
stagnante, la chaleur. La conjonction de ces deux facteurs pendant presque
toute l'année est suffisante pour assurer la prolifération des
moustiques et rendre le paludisme endémique. C'est ainsi que dans la
zone de Yeumbeul où il y a à la fois des eaux stagnantes et des
ordures à proximité des habitations, le paludisme sévit
pendant toute l'année surtout chez les enfants avec une recrudescence
en hivernage.
Ainsi pour l'année 2005, les cas d'accès de
paludisme grave sont signalés du mois d'août au mois d'octobre. En
août, 845 cas de paludisme ont été traités dans le
poste soit 51,8 % des consultations effectuées. Au mois de septembre
1138 cas sont recensés soit 71,5 % des consultations. Ce taux diminue en
octobre jusqu'à 61,9 %. Pour l'année 2005, les cas de paludisme
constituent 46,3 % des consultations effectuées.
D'après l'infirmier chef de poste, la morbidité
pour cause de paludisme est plus importante en 2005. Cette affirmation est
confirmée après comparaison avec les données recueillies
par Wade (1998). En effet, en juillet 1997, 327 cas de paludisme ont
été enregistrés contre 555 cas en 2005 ; au mois
d'octobre respectivement 352 et 969 cas. Les habitants des quartiers
visités soulignent aussi que le principal problème de
santé à Yeumbeul est le paludisme.
Sur les 111 postes de santé de la région de
Dakar, 215010 cas de paludisme ont été recensés en 2004
(DPS, 2004) soit une moyenne de 1937,02 cas par poste. Les cas de paludisme du
poste de santé de Aïnoumadhi sont trois fois supérieurs
à cette moyenne. Cette structure reçoit les 8,06 % des 75981 cas
de paludisme recensés dans les 40 postes de santé de la ville de
Pikine alors que la population de l'ensemble de la commune d'arrondissement
fait 13,5 % de la ville. Ce rapport montre la forte prévalence du
paludisme dans la zone de Yeumbeul et particulièrement dans la zone
polarisée par le poste de Aïnoumadhi SOTRAC.
II. LES
DERMATOSES
Il s'agit d'un ensemble de pathologies qui sévissent
surtout chez les enfants. Les mares et les tas d'ordures constituent l'aire de
jeux de ces enfants. Il y a ainsi le ferment idéal pour ces maladies qui
se propagent très facilement à cause de la promiscuité que
reflète la densité de 13215 hbts/km². Les cas de dermatoses
sont recensés pendant toute l'année.
Pour l'année 2005, 1072 cas de dermatoses ont
été diagnostiqués soit 8,1 % des consultations du poste de
santé. Le poste de Aïnoumadhi SOTRAC, reçoit 5,82 % des
18417 cas de dermatoses recensés dans les postes de santé de la
ville de Pikine en 2004 (DPS, 2004).
Photo 9: Exemple de
pathologies fréquentes à Yeumbeul
III. LES MALADIES DIARRHEIQUES
Dans le poste de santé de Aïnoumadhi SOTRAC, 524
cas de diarrhées ont été traités soit 4 % des
visites et 5,89 % des cas de diarrhées des postes de santé de la
ville. Les 60 cas de choléra signalés depuis le mois
d'Août 2005 ont été référés au
district de santé de Pikine. Selon l'infirmier chef de poste c'est une
situation assez exceptionnelle imputable à la pluviométrie et
à la présence de l'eau. Cependant, il faudrait aussi souligner
que la situation socio-démographique et environnementale de Yeumbeul est
un cadre idéal à la propagation rapide de cette maladie du fait
des déficiences des systèmes d'assainissement et de la
pauvreté.
IV. LES
DYSENTERIES
La dysenterie peut être provoquée par des
bactéries,
des
protozoaires,
ou des
parasites.
Son développement est favorisé par l'insalubrité, en
particulier lorsque les aliments et l'eau ne sont pas propres. Les dysenteries
sont plus fréquentes en saison humide. De juin à août, le
nombre de cas par mois est supérieur à 100. Les cas de
dysenteries constituent 14,03 % des cas recensés dans les postes de
santé de Pikine.
V. LES HELMINTHIASES
Les helminthiases sont des parasitoses intestinales
fréquentes chez les enfants de moins de 15 ans. Elles concernent 9 % des
consultations du poste de Aïnoumadhi SOTRAC et atteignent leur chiffre
record en saison des pluies (158 cas en juin, 145 cas en août). 1189 cas
sont traités dans le poste soit 7, 51 % des cas recensés dans les
postes de santé de la ville de Pikine.
Figure 18: Situation des
maladies liées à l'eau dans le poste de santé de
Aïnoumadhi SOTRAC en 2005
L'occupation des zones humides desséchées n'a
apporté qu'une solution très précaire à la crise du
logement. Actuellement, les problèmes générés par
les changements d'occupation du sol affectent l'image de la capitale et
entraîne une plus grande paupérisation des populations. Ces
populations présentent déjà une grande
vulnérabilité du fait de la pauvreté et du
sous-équipement de leur cadre de vie.
CONCLUSION ET
PERSPECTIVES
L'urbanisation galopante de la région de Dakar a
modifié la quasi-totalité des espaces naturels : mares,
végétation naturelle. Ce sont des types de mutations propres
à toutes les villes en pleine expansion. Dakar se développe avec
une contrainte majeure qui est l'existence en son centre et dans sa zone
d'extension d'une zone humide riche et importante. Les potentialités et
la situation géographique des niayes ont beaucoup influencé son
évolution. Ainsi de 1954 à 2003, cet espace fortement
convoité a subi d'importantes modifications, à des rythmes
différents selon la nature et l'intensité des facteurs. De 1954
à 1978, la sécheresse a eu une certaine
prépondérance parce qu'ayant eu des impacts directs sur
l'écosystème mais ayant aussi déclenché dans une
certaine mesure des facteurs anthropiques. En effet, l'assèchement et
l'ensablement des cuvettes se sont faits dans un contexte de croissance
démographique marqué par l'afflux de populations vers la capitale
entraînant l'occupation de ces espaces libérés par l'eau
par les habitations. Par contre les facteurs politiques se sont
davantage affirmés entre 1978 et 2005 avec la mise en application du
plan directeur d'urbanisme de 1980.
L'avancée du front d'urbanisation dans cet
écosystème a eu des conséquences :
- directe avec la disparition complète de
niaye ;
- indirecte avec la disparition d'un ou de plusieurs
maillons de la chaîne qui constitue l'écosystème
aboutissant ainsi au dysfonctionnement de l'ensemble.
La dynamique des niayes dans les deux sites présente
globalement les mêmes tendances avec l'artificialisation des espaces
naturels. Il y a cependant des différences marquées et
liées aux modes d'occupation et d'utilisation des sols et même
à la perception des populations. C'est ainsi que dans la Grande Niaye de
Pikine, où domine un habitat de type planifié, la niaye est plus
considérée comme une potentialité, un espace qui pose
problème certes, mais dont la préservation et
l'aménagement sont nécessaires. L'avancée des
constructions en direction de la dépression est une
réalité mais la niaye est mieux conservée. Dans cette
niaye se sont surtout les infrastructures qui constituent un grand facteur de
morcellement de l'écosystème.
Dans la zone de Yeumbeul, la réalité est tout
autre. En effet, le facteur naturel est important à plus d'un titre. La
sécheresse a motivé à partir de 1972, l'afflux de
populations venues de l'intérieur du pays et qui se sont
installées dans la périphérie de Dakar. Toujours pendant
cette période, l'habitat spontané s'est développé
progressivement jusque dans les niayes asséchées. Avec le retour
de la pluviométrie, toutes les constructions établies sur les
dépressions sont aujourd'hui partiellement ou entièrement
inondées et abandonnées ; l'acuité des
problèmes qui en découlent a entraîné une
réaction de rejet de la part de populations. Le souci de voir les
dépressions être comblées est ainsi né du visage
qu'elles offrent et des problèmes environnementaux et sociaux qu'elles
génèrent.
Dans la mise en pratique des politiques en matière
d'urbanisme, on a pourtant tenu compte des multiples contraintes physiques que
présente la région de Dakar, cependant, avec la tendance au
retour de la pluviométrie et les problèmes sociaux, beaucoup de
prévisions ont été faussées. La nature est ainsi en
train de rendre progressivement à la niaye sa nature première
qu'est l'humidité. Plusieurs portions de niaye se sont ainsi
revitalisées même à l'intérieur des habitations
faisant cohabiter sur un même espace très restreint homme, eau,
ordures et végétation.
Il est aussi ressorti de notre étude, qu'une politique
de gestion et de préservation efficiente de cet
écosystème, requiert à la fois une approche à la
fois pluridisciplinaire systémique et participative.
L'intérêt de cette recherche est d'avoir conduit
une étude diachronique qui montre grâce à la cartographie,
la dynamique de l'écosystème niaye à Dakar sur une longue
période (49 ans). Nous avons d'une part mis en exergue les mutations de
l'espace sous l'effet des variations de la pluviométrie et de la
poussée urbaine et, d'autre part identifier les problèmes
environnementaux et sociaux qui découlent de la conversion de certaines
parties cette zone humide en lieux d'habitation. L'analyse des faits dans deux
sites géomorphologiques similaires mais avec des appropriations assez
différentes, nous a aussi semblé avoir un intérêt
dans la mesure où elle fait ressortir le poids des facteurs anthropiques
dans l'évolution de l'espace.
Les résultats obtenus confirment d'abord
l'artificialisation du milieu évoquée dans les ouvrages
consultés. Elle est prouvée par la hausse constante et soutenue
du pourcentage des surfaces bâties et par la baisse des espaces plus ou
moins naturels sur les deux sites étudiés.
Les résultats confirment aussi la tendance à la
revitalisation de la niaye évoquée par Ndong (1990). Cette
revitalisation est attestée par la remise en eau des dépressions
asséchées en 1978 et par les inondations notamment sur le site de
Yeumbeul. On a aussi pu mettre en relation occupation
irrégulière, non respect des normes en matière
d'urbanisme, inondation et problèmes d'assainissement.
Il faut cependant souligner que l'étude aurait pu
être mieux affinée par une meilleure utilisation du Modèle
Numérique de Terrain (MNT). En effet un maillage plus fin du site nous
aurait permis non seulement de mieux apprécier l'impact des
aménagements et des remblaiements sur la perturbation de
l'écoulement, mais aussi de pouvoir identifier une altitude à
laquelle les risques d'inondation sont réels.
L'utilisation d'outils qualitatifs comme le diagramme de Venn,
le transect et les histoires de vie pourraient aussi donner des informations
plus fines et plus fiables sur les facteurs et les problèmes
environnementaux et sociaux.
ANNEXES
Annexe 1
GUIDE D'ENTRETIEN POPULATION
1. Identification :
1.1. Lieu
1.2. Date
1.3. N° d'identification
1.4. Sexe
1.5. Age
1.6. Situation matrimoniale
1.7. Ethnie
1.8. religion
2. Historique de l'occupation
2.1 Etes vous originaire de la localité ?
2.1.1 Si non quelle est la date de votre
installation ?
2.1.2 Pourquoi vous avez quitté votre localité
d'origine ?
2.1.3 Pourquoi avez-vous choisi ce site ?
2.2 Quelles étaient les limites du quartier ?
2.3 Combien de sous quartiers y avait-il ?
2.4 Quelles sont les populations trouvées sur
place ?
2.5 Quelles étaient les activités
pratiquées ?
2.6 Statut de l'occupation
2.6.1 Etes vous le propriétaire de la
parcelle ?
2.6.2 Si oui comment l'avez vous acquise ?
2.6.3 En quelle année ?
3. Description du milieu :
3.1 Avez vous remarqué une augmentation ou une
diminution des pluies :
3.2 Comment était la
végétation
-y a t-il des espèces qui ont disparues
3.3 Cours d'eau
3.3.1 Combien y avait il de mares et lacs ?
3.3.2 Comment s'appelaient ils ?
3.3.3 Ou se trouvaient ils ?
3.3.4 Quels sont ceux qui sont toujours là ?
3.3.5 Quels sont les mares et lacs qui ont
disparu ?
3.4 Faune
Quels sont les animaux sauvages qui étaient là
et qui ont disparu ?
3.5 Ressources :
3.5.1 Aviez-vous beaucoup de champs ?
3.5.2 Quelles étaient les espèces
cultivées ?
3.6 Contraintes rencontrées à
l'installation :
3.6.1 Etiez-vous enclavé ?
3.6.2 Aviez-vous des cas d'inondation ?
3.6.3 Quelles étaient les maladies les plus
fréquentes ?
3.6.4 Comment se faisait l'approvisionnement en
eau ?
4. Situation actuelle
4.1 Disposez-vous d'un titre foncier ?
4.2 Quelle est votre activité professionnelle ?
4.3 Combien de personnes vivent dans la maison ?
4.4 Combien de pièces habitables avez
-vous ?
4.5 Avez-vous
l'électricité ?
4.7 Est-ce que votre maison a déjà
été inondée ?
4.7.1 Si oui quelle est la date de la première
inondation ?
4.7.2 Quelle est la date de la dernière
inondation ?
4.7.3 Quels sont les problèmes que cela
pose ?
4.8 Avez-vous des difficultés liées à
la gestion des ordures ?
5. Perception actuelle la niaye :
5.1 A quoi sert la niaye ?
5.2 Est-ce que son existence est nécessaire ?
5.3Quels sont les problèmes qui sont liés
à son existence ?
Annexe 2
GUIDE D'ENTRETIEN MAIRIE
Thèmes
1. Caractérisation des types d'habitats
2. Problèmes d'urbanisme rencontrés
3. Niveau d'assainissement
4. Problèmes environnementaux
5. Mode de gestion des inondations
6. Les projets de la municipalité
7. Perception de la mairie par rapport à la
niaye : comment les autorités municipales se
représentent-elles la niaye ? Est ce une réserve
foncière ou une zone à grande valeur écologique à
préserver ?
Annexe 3 : Planches photographiques
Photo1 : Habitation de Médina Gazon envahie par
Typha . En premier plan, le remblaiement permet de traverser la zone
inondable. Cette situation perturbe l'écoulement et entraîne une
stagnation des eaux.
Photo : 2 Mare entièrement revitalisée
à Yeumbeul. Abandon d'habitations construites au milieu de la
dépression
Photo3 : Maison abandonnée par ses occupants
à cause des inondations. Cet abandon pourrait être temporaire
Photo 5 : puits avec une nappe à moins de 2 m
à Darou Salam V Yeumbeul. L'eau est utilisée pour certaines
activités ménagères (vaisselle et linge)
Photo 6 : Construction dégradée à
cause de l'humidité, du sel et du développement racinaire des
végétaux. Dans cette maison la fosse (dans la cour) est
complètement endommagée (2005).
Photo 7 : nappe affleurante contenant des ordures en
décomposition
Photo 8 : école primaire abandonnée au
quartier Darou Salam IV
Photo 9 : Habitation abandonnées à
Léona Yeumbeul Nord
Annexe 4
Points GPS pris pour la rectification et pour la
vérification de terrain
POINTS
|
X
|
Y
|
|
1
|
245979
|
1634821
|
Maternité Yeumbeul
|
2
|
240418
|
1632091
|
SONATEL technopôle
|
3
|
238969
|
1631537
|
croisement Cambèrène
|
4
|
238529
|
1632831
|
rond point Parcelles Assainies
|
5
|
240667
|
1633882
|
réservoir SDE Cité Fadia
|
6
|
238833
|
1631815
|
station d'épuration Cambéréne
|
7
|
240571
|
1631709
|
croisement citéLobatt Fall
|
8
|
237475
|
1630232
|
cité belle vue
|
9
|
242053
|
1631254
|
croisement Yarakh
|
10
|
236909
|
1631976
|
croisement 22 parcelles assainies
|
11
|
243968
|
1631554
|
poste Thiaroye
|
12
|
237820
|
1630100
|
rond point maristes
|
13
|
236309
|
1631348
|
rond point stade de l'amitié
|
14
|
235295
|
1629159
|
terminus liberté V
|
15
|
237366
|
1631174
|
Rond point Patte d'Oie
|
16
|
246609
|
1634927
|
limite champ AD
|
17
|
246730
|
1635360
|
médina gazon inondée
|
18
|
247006
|
1635472
|
Darou Salam IV inondée
|
19
|
245802
|
1634515
|
croisement route de Boune
|
20
|
246756
|
1636391
|
warouwaye
|
21
|
246747
|
1636364
|
maraîchage
|
22
|
246695
|
1636398
|
riziére
|
23
|
239085
|
1631839
|
champs maraîchers
|
24
|
239635
|
1632374
|
plan d'eau
|
25
|
239984
|
1632901
|
zone d'extraction de sel
|
26
|
240338
|
1632411
|
plan d'eau salée
|
27
|
240510
|
1632418
|
terrasse nouakchottienne
|
28
|
247088
|
1635845
|
Darou salam IV exondée
|
29
|
247075
|
1635791
|
Darou salam inondée
|
30
|
246752
|
1635338
|
zone de remblai Yeumbeul
|
BIBLIOGRAPHIE:
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au défi démographique, paru dans la société
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nord, faits et chiffres, Audit urbain d'une nouvelle collectivité
locale, 75p
LISTES DES FIGURES
Figure 1: Diagramme conceptuel de la dynamique de
l'occupation du sol dans les niayes
4
Figure 2: Diagramme conceptuel des problèmes
environnementaux et sociaux liés aux changements d'occupation du sol
7
Figure 3 : Localisation des zones
d'étudiées
13
Figure 4: Géomorphologie: Dunes et
dépressions interdunaires. sols des niayes.
18
Figure 5: Variation inter annuelles des
précipitations à la station de Dakar Yoff de 1951 à
2003
20
Figure 6: Répartition de la population de la
région de Dakar selon les départements.
22
Figure 7: Cartes d'occupation du sol de la Grande
Niaye de Pikine en 1954 (a), 1978 (b) et en 2003 (c)
28
Figure 8: Variation des classes d'occupation du sol
de 1954 à 1978, de 1978 à 2003 et de 1954 à 2003 dans la
Grande Niaye de Pikine
32
Figure 9: Evolution des surfaces bâties dans
la Grande Niaye de Pikine de 1954 à 2003
33
Figure 10: Formes d'utilisation d'une niaye exemple
de la Patte d'Oie et de Hann
36
Figure 11: Cartes d'occupation du sol de la zone de
Yeumbeul en 1954 (a), en 1978 (b), et en 2003 (c)
38
Figure 12: Variation des classes d'occupation du
sol dans la zone de Yeumbeul de 1954 à 2003
41
Figure 13: Progression des surfaces bâties
dans la zone de Yeumbeul de 1954 à 2003
44
Figure 14: Etat de l'occupation de la Niaye de
Yeumbeul
46
Figure 15: Evolution de la population de la
région de Dakar de 1955 à 2004
49
Figure 16: Typologie de l'habitat dans les
départements de Dakar et Pikine
52
Figure 17: Synthèse des facteurs de
pollution de la nappe phréatique à Yeumbeul
71
Figure 18: Situation des maladies liées
à l'eau dans le poste de santé de Aïnoumadhi SOTRAC en
2005
75
LISTE DES PHOTOS
Photo 1: Palmeraie dans la zone périurbaine
de Dakar dans les années 1920
45
Photo 2: Situation actuelle des palmeraies de
Yeumbeul (juin 2005)
45
Photo 3: Inondation de la cité Belle Vue en
août 2005
60
Photo 4: Détérioration des
installations électriques à Médina Gazon
63
Photo 5: Corrosion des constructions dans le
quartier de Darou Salam IV/C
64
Photo 6: Inondation à l'entrée de
Yeumbeul en 2005
65
Photo 7: Dépôts sauvages d'ordures
prés des plans d'eau à Yeumbeul
68
Photo 8: Pollution d'une nappe affleurante à
Yeumbeul
70
Photo 9: Exemple de pathologies fréquentes
à Yeumbeul
74
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Les classes d'occupation du sol
27
Tableau 2: Evolution spatiale des classes
d'occupation du sol de 1954 à 2003 dans la Grande Niaye de Pikine
29
Tableau 3: Evolution
spatiale des classes d'occupation du sol dans la zone de
39
Tableau 4: Evolution de la population urbaine de
Dakar de 1955 à 1993
50
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
1
Première partie : LE CADRE DE
L'ETUDE
4
Chapitre I : LE CADRE CONCEPTUEL ET
METHODOLOGIQUE
4
I. LE CADRE CONCEPTUEL
4
II. LE CADRE METHODOLOGIQUE
8
Chapitre II : LE CADRE PHYSIQUE
12
I. LA SITUATION DES ZONES ETUDIEES
12
II. STRUCTURE ET RELIEF
14
III. L'HYDROGEOLOGIE
16
IV. LES SOLS
16
V. LE CLIMAT
18
VI. LA VEGETATION
20
Chapitre III : LE CADRE SOCIO-ECONOMIQUE
21
I. LES CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES
22
II. LES ACTIVITES ECONOMIQUES
22
DEUXIEME PARTIE : LA DYNAMIQUE DE
L'OCCUPATION DU SOL
26
Chapitre I : L'EVOLUTION DE L'OCCUPATION DU
SOL DANS LA GRANDE NIAYE DE PIKINE
26
I. LES RESULTATS CARTOGRAPHIQUES
26
II. LES CHANGEMENTS D'OCCUPATION DU SOL DANS
LA GRANDE NIAYE DE PIKINE
29
Chapitre II : L'EVOLUTION DE L'OCCUPATION DU
SOL DU SITE DE YEUMBEUL
37
I. LES RESULTATS CARTOGRAPHIQUES
37
II. LES CHANGEMENTS D'OCCUPATION DU SOL DANS
LA ZONE DE YEUMBEUL
39
Chapitre III : LES FACTEURS ASSOCIES AUX
CHANGEMENTS D'OCCUPATION DU SOL
47
I. LES FACTEURS NATURELS
47
II. LES FACTEURS SOCIO-ECONOMIQUES
48
III. LES FACTEURS POLITIQUES ET
INSTITUTIONNELS
53
TROISIEME PARTIE : LES PROBLEMES
ENVIRONNEMENTAUX ET SOCIAUX LIES AUX CHANGEMENTS D'OCCUPATION DU
SOL
58
Chapitre I : LES INONDATIONS DES SITES
D'HABITATIONS
58
I. LE CAS DE LA GRANDE NIAYE DE PIKINE
58
II. LE CAS DE LA ZONE DE YEUMBEUL
61
Chapitre II : L'ACCUMULATION DES ORDURES ET
LES PROBLEMES D'ASSAINISSEMENT DES EAUX USEES
67
I. DANS LE SITE DE LA GRANDE NIAYE DE
PIKINE
67
II. DANS LA ZONE DE YEUMBEUL
68
Chapitre III : LES PROBLEMES DE
SANTE PUBLIQUE:
72
I. LE PALUDISME
72
II. LES DERMATOSES
73
III. LES MALADIES DIARRHEIQUES
74
IV. LES DYSENTERIES
74
V. LES HELMINTHIASES
75
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
77
ANNEXES
80
BIBLIOGRAPHIE:
87
LISTES DES FIGURES
89
LISTE DES PHOTOS
89
LISTE DES TABLEAUX
90
TABLE DES MATIERES
91
|