Université Omar Bongo
Mémoire de maitrise d'Histoire
Option : Histoire de l'Afrique
Thème :
Administration coloniale, chefferie indigène et
relations inter-ethniques dans la région de Franceville de 1880 à
1960
Elaboré et soutenu par
Serge Romuald ONGALA
Sous la direction de :
Pr Nicolas METEGUE N'NAH
Libreville, le 26 juillet 2005
En Afrique subsaharienne, l'expansion coloniale
s'était déjà effectuée bien avant la tenue de la
conférence de Berlin1(*), notamment avec les voyages de reconnaissance
entrepris par les chantres de la colonisation avec ou sans la subvention de
leurs Etats respectifs.
Ainsi, après la signature des premiers traités
entre le lieutenant de vaisseau Edouard Bouët-Willaumez et les chefs
gabonais Antchuwè Kowè Rapontyombo le 9 février
1839 et Louis Ré-Dowè le 18 mars 1842, le petit poste
français du Gabon2(*)
fut fondé le 18 juin 1843 à la suite d'une expédition
organisée par Edouard Bouët-Willaumez, alors gouverneur au
Sénégal3(*), et conduite par le capitaine de
corvette Monléon.
Installés sur la côte gabonaise, les
Français entreprirent d'étendre leur influence vers
l'intérieur du pays. Ainsi, au fil de la pénétration, la
petite possession française de l'estuaire du Como s'agrandit
considérablement jusqu'aux territoires environnants. Mais l'hinterland
restait méconnu des Européens qui traitaient avec les populations
du littoral, laissant à ces dernières le quasi monopole des
échanges commerciaux intérieurs.
Sous l'effet de la révolution industrielle qui a fait
triompher la société capitaliste au cours du XIXème
siècle, la France poursuivit une nouvelle politique d'expansion
impériale en Algérie et en Sénégambie pour
compenser les préjudices de la défaite que lui avait
infligée l'Allemagne en 1871, ce qui intensifia encore la
compétition coloniale entre les puissances européennes4(*). Cette politique provoqua ainsi
la ruée des Européens vers certaines régions du Gabon,
brisant, du même coup, les bases des économies tant de la
côte que de l'intérieur.
Après 1871, lors d'une première mission
d'exploration (août 1875-novembre 1878), Pierre Savorgnan de Brazza,
à la recherche des voies de pénétration vers le centre de
l'Afrique afin de joindre les sources du Nil, est arrêté par les
rapides de Masuku et la chute de Poubara. Il entre ainsi en contact avec les
peuples du cours supérieur du Lebani5(*). Il s'entend avec eux et installe son quartier
général sur la rive droite de la Pasa.C'est lors d'un
deuxième voyage (décembre 1879-juin 1881) que naîtra le
poste d'administration colonial de Franceville, dirigé à sa
création par le quartier-maître Gustave Noguez.
Parler de la « colonisation au Gabon » au
XIXème siècle, particulièrement pour le laps de
temps allant de 1880 à 1910, paraît inadmissible pour certains
historiens qui pensent que ce siècle, en Afrique équatoriale, est
celui des explorations. Il convient, ici, de préciser, comme l'indique
Pierre Guillaume, que, « si l'on se réfère aux
schémas métropolitains, les administrations coloniales
apparaissent toujours [...] comme des régimes d'exception, ce qui
s'explique par leurs origines mêmes [...]. L'entreprise coloniale n'a
jamais été la mise en place immédiate d'un système
administratif cohérent. Elle est soit acte de conquête, soit
implantation économique et, en premier lieu, commerciale. Tous les
territoires coloniaux sont donc passés par une phase transitoire au
cours de laquelle le pouvoir appartenait soit à l'armée et
à la marine, soit aux représentants des compagnies
privilégiées »6(*). Dans le même sens, le gouverneur
général Victor Augagneur écrivait que « ces
entreprises de colonisation passent fatalement par une première phase,
celle de l'occupation, qui ne va pas sans heurt avec les autochtones :
c'est la période, pendant laquelle, l'action est dévolue aux
militaires, aux explorateurs »7(*).
A la lumière de ce qui précède, parler
donc d'administration coloniale dans la région de Franceville entre 1880
et 1910 ne doit nullement paraître étonnant, car le fait colonial
c'est d'abord la présence d'une administration
étrangère.
En effet, dans cette région, non seulement la
direction du poste d'administration coloniale de Franceville est
confiée au quartier-maître de la marine Gustave Noguez en 1880
puis à ses successeurs à savoir : le mécanicien
de la marine Michaux (1882), le maréchal des logies de la Garde
républicaine Roche (1884), l'Adjudant d'infanterie de la marine Pieron
(1886), le Sous-officier Manas (1887) et le Sergent de la Garde
régionale Sar Raynald (1895-1896)8(*), mais aussi l'histoire coloniale nous apprend
que « Peu après la conférence de Berlin,
l'ancienne possession Française du Gabon et les acquisitions faites par
Pierre Savorgnan de Brazza dans le bassin du Congo sont réunies sous
l'autorité d'un commissaire général et prennent le nom de
« possessions du Congo français et dépendances",
dont Pierre Savorgnan de Brazza fut le premier commissaire
général de 1886 à 1898 »9(*).
Sans risque de nous tromper, le laps de temps allant de 1880
à 1910 est, pour nous, celui de la création des postes
français de l'Association Internationale Africaine (A.I.A.) et celui des
prémices de la colonisation que les pouvoirs publics français,
confrontés aux problèmes des moyens financiers, entendaient
réaliser par le biais des compagnies concessionnaires et des missions
religieuses. La création de l'Afrique Equatoriale Française
(A.E.F) n'est rien d'autre qu'une amélioration de l'administration du
Congo français.
Cela étant, pour expliquer le choix de notre sujet,
paraphrasons l'historien burkinabè Joseph Ki-Zerbo qui
écrit : « les meilleurs historiens connaissent aussi
qu'être historien, c'est choisir son sujet, ses centres de documentation,
ses sources, ses arguments, sa présentation, son style, son public. Tous
ces facteurs d'élection sans compter la force massive et obscure des
subconscients et la pensée subtile de l'environnement social et des
préjugés montrent assez la part de subjectivité du travail
historique, l'historien cherche non seulement la vérité, mais
aussi "sa" vérité...»10(*).
Ainsi, tout choix étant subjectif, il est probable que
le nôtre ne donnera pas forcément satisfaction à tous nos
lecteurs. En tout cas, un seul souci nous a guidé : celui de faire
oeuvre utile tant pour nos lecteurs que pour toute la communauté
scientifique.
L'histoire est l'explication de l'actuel par le plus
éloigné; elle s'efforce de dater les événements.
Or, tout événement dépend d'un contexte. Ainsi, est-il
justifiable de débuter une étude de l'histoire de la
région de Franceville sur l'« Administration coloniale,
chefferie indigène et relations inter-ethniques » en 1880 et
de l'arrêter en 1960 ?
Le propre de l'histoire, disait Henri Brunschwig, est de se
fonder sur la chronologie, un élément qui lui permet de
s'affirmer objectivement et scientifiquement11(*). Le choix de ces deux jalons
chronologiques, «1880» et «1960», n'est pas
fortuit : le premier, "1880", est une date très importante pour
l'Est-Gabon. En effet, cette année-là, Pierre Savorgnan de
Brazza, chargé par le comité français de l'Association
Internationale Africaine (A.I.A.) de choisir l'emplacement des
« stations hospitalières et scientifiques d'où
partiraient les missions d'explorateurs avides de préciser la
configuration du "continent mystérieux", et où se
réfugieraient les esclaves libérés par les
Européens »12(*), remonta l'Ogooué jusqu'à la Pasa
où il choisit le site du Quartier Général de
N'ghémi13(*). Il y
installa les esclaves qu'il avait libérés en
décrétant que tous les hommes y trouveraient un lieu de refuge et
de liberté, d'où le nom initial de "Francheville" donné au
nouveau poste ainsi créé. Dans le cadre de notre étude,
"1880", plus exactement le 13 juin 1880, est donc une date cruciale, car elle
indique l'année au cours de laquelle l'explorateur débaptisa le
lieu-dit « N'ghémi » et lui donna le nom de
"Francheville", qui prit la graphie de "Franceville" en avril 1881 parce que,
« le comité de l'A.I.A. manquant de ressource avait
décidé de céder ses stations au gouvernement
français »14(*). En outre, Franceville doit son nom à
cause de la ressemblance de la région aux paysages d'Auvergne15(*). En somme, «1880»
marque, par le biais de la création du poste d'administration coloniale
de Franceville, les prémices de l'occupation coloniale française
dans cette région du Haut-Ogooué dont Franceville deviendra le
chef-lieu en 1910, à la création de l'Afrique Equatoriale
Française (A.E.F.). La borne chronologique inférieure, "1960",
correspond à l'année durant laquelle les populations
rassemblées à l'intérieur des frontières
définies par le colonisateur français comme limites du Gabon ont
accédé à la souveraineté internationale. Autrement
dit, "1960" marque l'année de l'émancipation, de la
libération des peuples de la colonie du Gabon du joug colonial. A cette
date, la domination coloniale semble s'effacer avec ce qu'elle comporte comme
principe. C'est en 1960 que se ferme la "parenthèse coloniale". Les
populations de la région de Franceville reprenaient en main leur propre
destin. Elles héritent d'une région qui, au terme de
quatre-vingts ans d'exploitation avait complètement
changé16(*).
Notre étude relève du domaine de l'histoire
coloniale de l'Afrique. Pour parfaire, voire approfondir nos connaissances sur
le sujet relatif à nos investigations, nous avons eu recours à
une documentation fort variée. Nous avons retenu plus d'une vingtaine
d'ouvrages généraux sur l'Afrique et sur la colonisation, des
ouvrages généraux et études sur le Gabon et sur les
peuples de notre région d'étude, entre autres, des thèses
de doctorat de 3ème cycle, des mémoires de
maîtrise, des rapports de licence et des articles de revues.
En parcourant tous ces travaux consacrés à la
colonisation française au Gabon, en Afrique Equatoriale française
(A.E.F.) et ailleurs, nous constatons que, dans la question
générale du fait colonial, il y a ceux qui ont
étudié les colonisateurs, c'est-à-dire les explorateurs,
les missionnaires, les commerçants et les administrateurs. C'est ce que
fait Catherine Coquery-Vidrovitch17(*), lorsqu'elle parle de la mission de l'Ouest-Africain
et de l'exploration de l'intérieur du continent noir par les
Européens. C'est le cas aussi de Jean Lepebe18(*) qui, lui, retrace les grandes
étapes de la colonisation du bassin supérieur de l'Ogooué
et l'action des administrateurs français dans ladite région.
D'autres auteurs ont traité des aspects politiques, économiques,
culturels et financiers de la colonisation. Ainsi, Martin Alihanga19(*) a entrepris une analyse sur
les influences structurelles et économiques du colonialisme dans la
région du Haut-Ogooué. Gervais Raymond20(*), lui, s'est
intéressé à l'Afrique centrale et a publié un
article ayant trait à la fiscalité au Tchad. René
Charnay21(*), enfin,
décrit l'impact de la présence coloniale au sein de la population
noire de Franceville dans les années mille neuf cent cinquante.
La présente étude, nous l'avons dit, s'inscrit,
elle aussi, dans le cadre de l'étude du fait colonial mais elle aborde
plus spécialement l'aspect des collaborateurs autochtones des
colonisateurs. Dans ce sillage, il y a déjà eu quelques travaux,
notamment ceux de Nicolas Metegue N'Nah22(*), qui a étudié la formation et
l'évolution de la société gabonaise moderne, Henri
Brunschwig23(*) qui montre
que les Blancs (administrateurs, missionnaires, commerçants, etc.)
étaient profondément divisés et que la colonisation
dépendit largement de la collaboration des Noirs, tandis que Hubert
Binga24(*), lui, a,
à partir de l'organisation administrative, analysé certaines
relations sociétales ainsi que les structures spatio-politiques
africaines de base dans le Haut-Ogooué.
En ce qui concerne les collaborateurs autochtones de
l'administration coloniale, notre sujet pose le problème central de la
chefferie indigène. De fil en aiguille, d'après les bribes
d'informations glanées ici et là, il semble qu'autour des
années 1920, la plupart des chefs des groupes lignagers de Franceville
et quelques groupes ethniques voisins élirent un chef de l'ethnie
ndumu pour toute la subdivision de Franceville. Cette élection fut
entérinée par l'administration coloniale. Par la suite,
l'exercice de cette fonction fut pratiquement réservé aux
éléments du peuple ndumu. En fait, la question de la chefferie
ainsi posée entraîne deux autres problèmes, à savoir
celui ayant trait aux relations inter-ethniques et celui de l'action de
l'administration coloniale dans la région concernée. C'est
pourquoi nous viennent à l'esprit les interrogations suivantes :
- Quelles étaient les relations entre, d'une part, les
différentes ethnies de la région de Franceville et, d'autre part,
ces dernières et l'administration coloniale entre 1880 et 1960 ?
- Dans la région de Franceville, les relations
inter-ethniques ont-elles facilité l'action coloniale dans la
résolution du problème de la chefferie indigène ?
Autrement dit, l'administration coloniale s'est-elle appuyée sur les
relations inter-ethniques dans cette région pour résoudre son
problème de chefferie indigène, faisant ainsi de la chefferie
indigène coloniale l'héritière de la chefferie autochtone
traditionnelle ?
Qu'est-ce qui, ici, explique, dans le choix des chefs
indigènes, la reconnaissance du leadership du peuple ndumu ?
A priori, le fait que, vers 1920, il y ait eu ce consensus
entre les différents chefs lignagers ou claniques pour désigner
le chef ndumu Lendoyi-Li-Bangwali25(*) suppose que tous les peuples de la région de
Franceville entretenaient de bonnes relations et que la tâche de
l'administration coloniale s'en est trouvée facilitée, ce qui
donnait aux nouveaux chefs une apparente légitimité d'essence
coutumière. Mais, en fait, le choix des éléments ndumu
pour l'exercice des fonctions de chef durant toute la période coloniale
dans la région de Franceville devait moins aux relations
qu'entretenaient les différents peuples entre eux qu'aux exigences
desdites fonctions qui n'avaient rien à voir avec les critères
traditionnels de désignation des chefs dans les sociétés
autochtones.
Pour réaliser ce travail, nous nous sommes
appuyé sur les sources écrites et orales. En effet, après
avoir choisi notre sujet, nous avons d'abord mené des investigations
dans les différents centres de documentation et bibliothèques
existant à Libreville. Plus précisément, nous avons
compulsé des notes, archives et études diverses à la
Bibliothèque Nationale, malgré leur état de conservation
défectueux. La Fondation Raponda Walker, la bibliothèque
privée du Corps de la Paix, la bibliothèque universitaire
centrale, celles du département d'Anthropologie et du département
d'Histoire et Archéologie de l'Université Omar Bongo ainsi que
celle du Centre Culturel Français et du CI.CI.BA. nous ont aussi
été d'un apport considérable, dans la mesure où les
documents consultés dans leurs différents services (cas des
Archives Nationales du Gabon et du "fonds Gabon" du Centre culturel
Français Saint-Exupéry) nous ont permis de réunir des
informations utiles pour l'élaboration de notre travail.
Par ailleurs, il convient de souligner que l'analyse de ces
documents écrits nous a paru insuffisante pour décrypter ou, du
moins, reconstituer la vérité historique escomptée. Pour
saisir davantage notre sujet, nous avons complété les points
d'ombre constatés après nos premières lectures par les
données orales : notamment, par les sources rapportées sous
forme de récits, de contes (légendes, mythes), de jurements, de
proverbes, de généalogies, de toponymes, d'anthroponymes,
d'hydronymes, etc.
Pour la collecte des informations se rapportant à cette
étude, nous nous sommes rapproché, à l'occasion des
enquêtes orales que nous avons entreprises en 2003 en année de
licence et en 2004 en année de maîtrise, de quelques membres des
différentes ethnies de notre terrain d'étude.
Pour recueillir ces données orales, nous avons eu
recours aux exigences de l'oralistique26(*). En effet, nous avons appliqué une
méthode de collecte en deux phases, à savoir la
pré-enquête et l'enquête orale.
La pré-enquête consiste, dans le cadre du
travail que nous avons amorcé en avril 2003, lors de nos deux semaines
de terrain, à s'informer auprès des habitués de notre
milieu d'enquête. A cette occasion, suivant les faits liés
à notre problématique, elle nous permettait d'établir des
contacts préliminaires pour d'éventuels rendez-vous avec nos
informateurs. Cette pré-enquête visait aussi le choix de ces
derniers qui s'est fondé sur quelques critères de
sélection, entre autres : l'âge, la qualité, le statut
du témoin et l'opinion courante sur ces informateurs dans leurs
communautés respectives.
Quant à l'enquête orale, comme il est de
règle, elle s'est déroulée sous forme d'entretiens
enregistrés sur des bandes magnétiques avec les informateurs
retenus.
Dans la conduite de ces entretiens, après s'être
présenté et posé notre problème, nous avons
jugé utile de laisser parler l'informateur dans la langue de son choix
tout en évitant le plus possible de l'interrompre jusqu'au terme de son
récit.
En ce qui concerne les moyens humains, étant dans un
milieu dont nous comprenions certaines langues, notamment le lembaama, le
lendumu, le liwandji, le yindzébi, le lekanii et un peu le
latåãå, la nécessité d'user d'un
interprète ne s'est pas toujours imposée. Seuls, le
limbawå, le liwumvu, le lingom et le latåå de Leconi ont
nécessité un recours à des interprètes.
La réalisation effective de ce travail ne s'est pas
faite sans difficultés. Pour l'apprenti-chercheur que nous sommes, les
difficultés rencontrées sur le terrain pour une telle entreprise
ont été nombreuses.
D'abord, les difficultés d'information. Il y a, au
Gabon, des institutions qui ne tiennent pas compte de l'archivage des
données, ce qui a des conséquences néfastes sur la
recherche scientifique et, partant, sur le travail de l'historien. En plus, au
cours de nos lectures, le constat fait est que les nombreuses études que
nous avons compulsées sur les populations gabonaises font rarement
allusion aux relations inter-ethniques qui sont l'un des problèmes
posés par notre sujet. Notre difficulté majeure a
été liée aux archives de la période du rattachement
de la région de Franceville au Moyen-Congo (1925-1946) qui n'existent
plus à la mission Saint-Hilaire de Franceville et aux Archives
Nationales du Gabon. De même, aux Archives Nationales du Gabon, nous
n'avons pas pu accéder aux archives politiques de 1952 à 1960
parce que le décret n° 00791/ PR du 30 juin 1980 portant
création , organisation et attribution de la Direction
Générale des Archives, de la Bibliothèque et de la
Documentation (D.G.A.B.D.) stipule que, « sont communicables,
les archives publiques antérieures, à cinquante ans, à
compter de la date de l'acte des documents qui contiennent des informations
mettant en cause : la vie privée des particuliers; les documents
confidentiels concernant la diplomatie, la défense nationale et la
sûreté nationale ». Par ailleurs, l'état
défectueux de certains cartons et microfilms que nous avons pu compulser
a gravement gêné nos recherches.
Sur le terrain, nous avons éprouvé
d'énormes difficultés à faire le tour des
différentes populations de la région de Franceville, parce que le
temps imparti pour nos recherches a été trop court. En fait, au
lieu de deux mois de recherche, nous n'avons disposé que d'un mois (du
18 au 30 avril 2003 en année de licence et du 3 au 19 avril 2004 en
année de maîtrise) pour un aussi vaste terrain d'étude
regroupant près de dix groupes ethniques.
En outre, les problèmes posés par notre
sujet l'ont rendu difficile d'approche . Cela s'est traduit par le mutisme
de la majorité de nos informateurs qui ont poliment refusé, non
sans ironie, de nous fournir les informations spécifiques à la
chefferie traditionnelle et aux relations inter-ethniques.
Sur le terrain, nous avons eu notamment des difficultés
à avoir des informations sur les notions de
« fumu », « vefumu »
et « vekani » (piliers de la chefferie traditionnelle)
dans la mesure où ces deux notions ont un aspect
ésotérique et constituent pour les initiés, un
problème difficile à aborder avec un profane comme nous. Nos
préoccupations à propos de la sacralisation et de l'investiture
du « fumu » sont restées sans réponses.
D'ailleurs, partout où nous sommes passé, certains de nos
informateurs nous ont
dit : « vefumu ? oh !oh ! yia
ndjila m'oyaßi ?i »27(*), c'est-à-dire : «
vefumu ? oh ! oh ! ce chemin-là, je ne connais
pas » ou encore : « befumu, m'obunu
w'olålå âå [...] »28(*) soit,
littéralement : « befumu, je ne peux pas te
dire ». Ces propos traduisent la difficulté d'avoir de
sérieux renseignements sur les notions de fumu et
nkani. Cela nous a aussi permis de constater que, dans notre
région d'étude, le pouvoir politique était intimement
lié aux sociétés d'initiation dont la
caractéristique est le sceau du secret.
Enfin, des problèmes matériels, temporels et
financiers ne nous ont pas permis de nous rapprocher d'un grand nombre
d'informateurs des confins de notre région d'étude. Tout cela,
ajouté aux problèmes sociaux, constitue les facteurs
déterminant des manquements observés dans la préparation
de ce travail.
Toutefois, pour la clarté de notre argumentation, cette
étude adopte un plan binaire regroupant trois chapitres par partie qui
s'articule de la manière suivante :
- une première partie consacrée à
l'organisation socio-politique des peuples de la région de Franceville
à la veille de l'implantation coloniale (fin XIXème
siècle). Il s'agit, dans cette partie, de fournir des
éléments qui nous permettent de cerner notre sujet. En effet, il
nous a fallu d'abord présenter les peuples de la région de
Franceville au moment où les explorateurs européens
pénétraient en grand nombre dans le bassin supérieur de
l'Ogooué, afin de bien mesurer ensuite les mutations engendrées
par le contact de ces peuples bien assis sur leur tradition avec la
civilisation occidentale.
une deuxième partie axée sur
l'établissement de la domination coloniale et l'organisation de la
chefferie indigène (1910-1960).Cette partie vient à point
nommé éclairer le déracinement des populations locales
dû à l'influence de la civilisation occidentale sur les moeurs et
pratiques indigènes. Elle analyse et permet de comprendre comment le
subordonné, « le colonisé est devenu
colonisateur »29(*).
PREMIERE PARTIE :
L'ORGANISATION SOCIO-POLITIQUE DES PEUPLES DE LA REGION DE
FRANCEVILLE A LA VEILLE DE L'IMPLANTATION COLONIALE (FIN XIXème
SIECLE).
|
La région de Franceville a été, à
la fin de la période des explorations, l'une des parties du territoire
gabonais découvertes par Pierre Savorgnan de Brazza dans le bassin du
cours supérieur du Lebani au cours du dernier quart du
XIXème siècle. A son arrivée dans cette
région, les peuples qui s'y trouvaient occupaient chacun une aire
géographique précise. Malgré cela, l'organisation
socio-politique de ces derniers était, pour ainsi dire, la même,
car elle obéissait partout aux normes et aux prescriptions de la
société traditionnelle. Toutefois, ne pouvant vivre en autarcie,
ces peuples entretenaient des relations tous azimuts avec les
« pays » voisins au point où, à la fin du
XIXesiècle, ils s'interpénétraient
culturellement.
Chapitre I :
LES DIFFERENTS PEUPLES DE LA REGION DE FRANCEVILLE ET
LEUR ORGANISATION SOCIALE A LA FIN DU XIXème
SIECLE.
Dans la perspective d'atteindre le centre de l'Afrique,
Pierre Savorgnan de Brazza, arrivé dans le cours supérieur de
Lébani, découvre des populations organisées et
dotées d'une civilisation remarquable. Les conditions naturelles, les
« impératifs historiques »30(*) et humains aidant, ont
stimulé la volonté de l'explorateur de faire de ce lieu un
quartier général31(*) pour la suite de sa mission. Mais, il faut surtout
souligner qu'à l'arrivée de l'explorateur, dans la région
de Franceville vivaient déjà une mosaïque ethnique.
1. Une mosaïque ethnique
La région de Franceville, qui
constitue notre terrain d'étude, se situe dans l'actuelle province du
Haut-Ogooué qui couvre une superficie de 27.200 km² environ. Elle
s'étend sur 18300 km², soit 63,27 % de la superficie de la
province et 6,83 % de celle de l'ensemble de l'ancienne colonie du Gabon. Il
s'agit de l'espace limité au nord par le cours de la
Léconi jusqu'à son confluent avec l'Ogooué et,
de celui-ci jusqu'à son confluent avec la Leyu, par le cours de
la Loumou, depuis sa source jusqu'à son confluent avec
la Leconi. Cette limite nord forme une frontière naturelle avec la
région d'Okondja. Sa limite occidentale suit le cours de la Lekedi.
Il convient de souligner que cette limite fut repoussée jusqu'à
la Leyu (de son confluent avec l'Ogooué à sa source) en
191932(*). Au sud, la
région de Franceville est circonscrite par la frontière du
Moyen-Congo-Gabon, depuis les sources de la Leyu et de la Lekoko jusqu'à
celle de la Pasa. Enfin, sa limite du sud-est se situe entre la hauteur des
sources de la Loumou, celle de l'Alima-Lefini et de la Pasa et constitue une
frontière entre la colonie du Gabon et celle du Moyen-Congo.
La région de Franceville ou « osi
ãa Masuku », pour nous, correspond donc au pays compris
entre la Leyu, la Letili, la Djoumou, la Loumou, et la Leconi33(*). Cette région
présente trois aspects typiques : au centre, une zone de savane
à hautes herbes, parsemée d'îlots forestiers plus ou moins
étendus; à l'est, une pseudo-steppe sablonneuse se rattachant aux
« Plateaux Batékés », au nord, au sud, au
sud-est et à l'ouest la grande forêt équatoriale34(*). Elle est également
traversée par le Lébani dont les affluents sont la Leconi,
la Lekeï, la Mvuna, la Pasa, la Lebombi, la Lekedi, la Leyu et la
Letili.
La température de la région se situe entre
20° et 30°; son altitude varie de 300 mètres dans la
vallée de l'Ogooué à plus de 1000 mètres à
l'ouest dans les Monts du Chaillu et à 800 mètres à l'est
vers les sources de la Leconi35(*). Comme bien d'autres milieux, la région de
Franceville a une variété de ressources.
A la fin du XIXe siècle, la région
de Franceville est peuplée d'une multitude d'ethnies dont la
distribution est « en relation assez frappante avec les traits du
milieu physique »36(*).
Les différentes études menées sur les
peuples du sud-est du Gabon ainsi que les traditions orales recueillies
auprès de nos informateurs nous présentent des populations qui se
nomment elles-mêmes Ambaama, Bandumu, Atåãå,
Bakaniçi, Bandzèbi, Batsengi, Bawandji, Bewumvu, Bungom,
Mbaçi et BabüÞü ou Akula. Cette mosaïque d'ethnies
occupe des milieux spécifiques du paysage altogovéen depuis
« les derniers mouvements migratoires de grande ampleur qui se
situent entre le XVIe et le XVIIIe
siècle »37(*).
Ainsi, certains chercheurs, notamment des linguistes et des
historiens, ont, sur une base linguistique, établi des classifications
des différents groupes ethnolinguistiques de la région du
Haut-Ogooué. C'est le cas des classifications proposées par les
pères de la Congrégation du Saint-Esprit (le
Révérend père
Carte n°1 : La région de
Franceville
Alexandre Biton38(*) et le Révérend père
Jean-Jerôme Adam39(*)), par le docteur Milletto40(*), le médecin-colonel
A.J. Lotte41(*), par
l'historien Elikia M'bokolo42(*), les linguistes André Jacquot43(*) et Jerôme-Thomas
Kwendzi-Mikala44(*). Mais,
comme le rappelle François Gaulme, « le
critère linguistique à lui seul est insuffisant pour donner une
base que l'on pourrait utiliser dans tous les domaines »45(*).
Cela dit, dans le cadre de cette étude, nous avons
jugé utile de prendre en compte la classification adoptée par
Hubert Deschamps46(*),
conseillé par l'ethnologue français Marcel Soret : celle de
répartir les populations gabonaises en six zones de peuplement selon les
divisions historico-géographiques. La carte n°2 47(*) illustre cette distribution
géographique des différents groupes ethniques du Gabon qui
se repartissent en groupe du sud-ouest, groupe central, groupe du
sud-est, groupe du nord-est, groupe du nord, groupe de l'ouest et
groupes dispersés (groupe VII A et groupe VII B).
Nous apprécions cet effort de classification objective
des populations gabonaises en fonction de la filiation, des langues, du milieu
- disons de la géographie - et du passé commun,
c'est-à-dire de l'histoire, fait par Hubert Deschamps qui
considère que « les groupes appartenant à des langues
différentes, mais vivant depuis longtemps ensemble dans le même
milieu géographique, sont en fait beaucoup plus proches, du point de vue
ethnologique, et même parfois des traditions historiques, qu'ils ne le
sont de leurs parents linguistiques »48(*). Mais,lorsqu'il dit que « le clan
mbètè aurait la priorité »49(*), nous pensons qu'il se trompe
parce que le mbètè, mbédé ou mbéré,
ce n'est qu'une variété dialectale du lembaama, un parler du
peuple ambaama, qui n'est qu'une des composantes
de ce qu'Hubert Deschamps appelle le "goupe sud-est"50(*), dont font partie la
quasi-totalité des populations de la région de Franceville.
1-1. Le groupe du sud-est
Ce groupe rassemble les Ambaama, Ndumu,
Atåãå, Kani?i, Ndzèbi, Tsengi, Awandji, Wumvu qui,
démographiquement, sont les «nationalités» les plus
importantes de la région51(*). Si l'on s'en tient aux résultats du
recensement effectué par le médecin-colonel A. J. Lotte52(*) en 1951, sur 23 745 habitants
de la région de Franceville, le groupe du sud-est, à lui seul,
comptait 21603 habitants, soit 7906 Atåãå, 4478 Ambaama,
2108 Kani?i, 1790 Ndumu, 1782 Wumvu, 1711 Tsengi, 974 Awandji et 854
Ndzèbi, ce qui constituait près de 90,90% de la population de la
région. Dans la classification linguistique d'Hubert Deschamps53(*), Bandzèbi, Batsengi et
Bawandji sont en A1, les Ambaama, Ndumu et Kani?i en A2, tandis que les
Atåãå sont classés en A3 et les Wumvu en B.
Au moment de l'installation française dans la
région de Franceville, les Ambaama, qui se répartissent en
plusieurs dialectes, occupent une grande partie du Haut-Ogooué actuel,
de l'embouchure de la Léconi à celle de la Pasa jusqu'aux rives
de la Licona dans l'arrière-pays. Leurs clans implantés dans la
région de Franceville sont les Ampini, les Akwu, les Lolo et les
Ngwadi54(*). Ils occupent
précisément les forêts-galeries du nord-ouest et nord-est
de Franceville où ils sont respectivement voisins des Bakanigi-ba-Okolo,
des Ndumu et des Atåãå, à l'ouest de Franceville
(terre ombaama de Massango où ils sont appelés "Aduma").
Les Ndumu, eux, se composent alors de quatre
variétés dialectales ou sous-groupes, à savoir les Kuya
(Asi-Kuya), les KaÞandzüãü
(Asi-KaÞandzüãü), les Opiãi (Asi-Opiãi) et
les Nya?i (Asi-Nya?i) qui habitent les zones boisées et les savanes de
Franceville ainsi que ses environs, notamment le long de la rivière
Pasa.
Quant aux Atåãå, ils occupent tout le
territoire des savanes et des steppes sablonneuses de l'est de Franceville
appelé «les plateaux batékés» ainsi qu'une
partie de la zone forestière d'Akiéni. On distinguait ainsi les
Atåãå dits de la savane ou
« Atåãå-ba-tsåãå »,
c'est-à-dire ceux qui résident aux environs de Souba jusqu'aux
confins des territoires du Gabon et du Congo, et ceux dits de la forêt ou
« Atåãå-ba-swaãa », qui
habitent Akiéni, Ngouoni, Léwaï et Lekey. Il convient,
toutefois, de prendre en considération l'hypothèse avancée
par Solange Oligui55(*),
selon laquelle ces populations dites Atåãå-ba-swaa
seraient peut-être des populations ambaama qui, tout au long des
migrations, se sont
« tégéifiées »56(*), ce qui paraît
plausible, car ces deux peuples cohabitent dans cette zone depuis plus de deux
siècles.
Les Kanii, eux, se divisent en trois variétés
dialectales, selon les liens de parenté entretenus avec d'autres groupes
linguistiques : les Kanii-ba-ókòlô, encore
appelés Bakanii-ba-ul'a tsåãå,
les kanii-ba-tsiè, les
Kanii-ba-ngúnú ou Bakanii-ba-Lebani et les
Kanii-ba-'Ikòlò, qui peuplent la zone de savane
à hautes herbes parsemées d'îlots forestiers du territoire
d'Okolo57(*) au nord-ouest
de l'Ogooué, les croupes herbeuses séparées par les
forêts-galeries du centre ainsi que le sud de Franceville et l'est de
l'Ogooué, où ils sont respectivement voisins des Ambaama, des
Ndumu, des Wumvu et des Babo?o.
En outre, les Awandji et leurs frères de langue, les
Ndzébi et les Tsengi, occupent le nord-ouest de Franceville, dans les
zones de Moanda et Modinga, le sud-ouest de Franceville, entre la Lebombi et la
Lekoko (Batsengi) ainsi qu'une bonne partie des terres à l'Est de la
Leyu (Bandzébi).
Enfin, les Wumvu, eux, sont installés à l'ouest
et au sud de Franceville, le long de l'Ogooué et de la Lebombi. Ils sont
présents dans la vallée de la Lebani, plus
précisément sur la route de Franceville-Zanaga-Dolisie au
Congo58(*).
En dehors de ces nationalités, que l'on retrouve en
majorité dans le Haut-Ogooué, on note aussi la présence
d'autres groupes essaimés sur notre aire d'étude.
1-2 . Les groupes dispersés.
Il s'agit, ici, des groupes que l'on retrouve, à
quelques exceptions près, dans toutes les zones de peuplement
définies par Hubert Deschamps dans sa classification des peuples
gabonais59(*). Dans la
région de Franceville, ces peuples dispersés se
répartissent en deux ensembles : le groupe VII A formé des
Kélè et le groupe VII B uniquement composé des
Pygmées, localement appelés "Baboo" par certains et
"Akùla" par d'autres.
Les Kélè de la région de Franceville
comprennent les Bungom, qui vivent à l'ouest de Franceville, plus
précisément vers l'embouchure de la Lebombi où ils sont en
symbiose avec les Baboo (Pygmées), et les Mbai qui demeurent en petits
groupes à l'ouest et au sud de Franceville. Aux environs de l'embouchure
de la Lebombi, ils sont plus ou moins mêlés aux Wumvu sur les
lisières de zones de forêts60(*). Quant aux Babongo ou Akula, ils sont présents
un peu partout, par petits groupes, dans la région de Franceville ; ils
utilisent les langues des peuples qui les environnent et constituent un groupe
ethnique particulier.
Le terme « Babongo » serait donc la
désignation locale des peuples considérés comme
Pygmées dans le Haut-Ogooué. D'ailleurs, André
Raponda-Walker, qui s'est intéressé à ce peuple,
précise qu' « au Gabon, les Pygmées sont
désignés par plusieurs noms. Selon les régions, ils sont
Azongo, Akowa, Bakweya, Bekweyo, Béka, Bankwei, Barimba, Banbenga,
Babinga, Akula et Babongo »61(*). Cela confirme l'idée selon laquelle
« chaque peuple à son Pygmée ». A ce propos,
dans la région de Franceville, les Ambaama et les
Atåãå les appellent Akula ; pour les
Ndzébi, Awandji et Tsengi, ce sont les "Babongo", tandis que les Kani?i
et les
les Ndumu les nomment
« Baati-ba-swaãa », soit,
littéralement, « les gens de la forêt » ou
Babò?o. La même chose apparaît chez les Wumvu, Mba?ß
et Bungom qui les identifient par le nom " Babo?wu ".
A la veille de l'implantation coloniale, les peuples de la
région de Franceville avaient une organisation sociale remarquable.
2. Des sociétés
hiérarchisées.
La structure des sociétés de la région de
Franceville repose sur plusieurs critères de classification, parmi
lesquels la parenté joue un rôle considérable . Selon
Martin Alihanga, « la parenté se fonde sur la reconnaissance
des liens qui unissent génétiquement (filiation, descendance) ou
volontairement (alliance, pacte de sang) un ensemble d'individus. Ces liens
engendrent un réseau complexe de rapports entre des personnes de
différents âges, relations qui sont basées sur des droits,
des devoirs et des obligations explicitement définis et régis par
des normes et des prescriptions parfois très
strictes »62(*).
Ainsi, selon les critères de filiation ou d'alliance,
l'organisation sociale des peuples de la région de Franceville se
comporte quatre catégories ou classes sociales. Au sommet de la
hiérarchie se trouvent les hommes libres, suivis des semi-libres et des
étrangers, et enfin, à la base, les esclaves.
Ndumu les nomment
« baati-ba-swaaãa », soit
littéralement, « les gens de la forêt » ou
Baboo. La même chose apparaît chez les Wumvu, Mbai et Bungom, les
identifient par le nom "Babowu".
A la veille de l'implantation coloniale et des mutations dues
au contact avec la civilisation occidentale, les peuples de la région de
Franceville avaient une organisation sociale remarquable.
2. Des sociétés
hiérarchisées
Les structures des sociétés de la
région de Franceville reposent sur plusieurs critères de
classification, parmi lesquels la parenté joue un rôle
considérable. Selon Martin Alihanga, « la parenté
se fondent sur la reconnaissance des liens qui unissent
génétiquement (filiation, descendance) ou volontairement
(alliance, pacte de sang) un ensemble d'individus. Ces liens engendrent un
réseau complexe de rapports entre des personnes de différents
âges, relations qui sont basées sur des droits, des devoirs et des
obligations explicitement définis par des normes et des prescriptions
parfois très strictes »62(*).
Ainsi, selon les critères de filiation ou d'alliance,
l'organisation sociale des peuples de la région de Franceville comprend
quatre catégories ou classes sociales. Au sommet de la hiérarchie
sociale, se trouvent les hommes libres, suivis des semi-libres et des
étrangers, et enfin, à la base, les esclaves.
2.1. Les hommes libres
Les hommes libres jouissent de tous les droits civiques. Il
s'agit de tous ceux qui, dans un territoire donné, sont nés de
parents (père et mère) libres. Ils sont ainsi
considérés, selon les vocables, comme les "fum'a bola", "a
nga m'puyu", "ba nga puyu" ou "mebutu m'a puyu", autrement dit
" les chefs de village". A ce titre, tout homme libre,
dit George Mazenot, « est complètement indépendant dans
ses actes, il ne doit à son suzerain que son concours en cas de guerre.
L'influence et le rang d'un homme libre sont en raison directe de sa fortune,
c'est-à-dire du nombre de femmes et d'esclaves qu'il possède et
sur lesquels il a droit de vie et de mort »63(*).
2-2. Les semi-libres et les
étrangers
Les semi-libres et les étrangers occupent, dans la
classification sociale fondée sur la filiation ou l'alliance, une
condition ou une situation intermédiaire entre les hommes libres et les
esclaves. Sont considérés comme «semi-libres», tous
ceux dont l'un des parents est libre et l'autre esclave.
Par contre, les « étrangers » sont
« ceux qui n'appartiennent pas au pays où ils vivent, ceux qui
n'appartiennent pas à une famille, à un groupe dans un territoire
précis »64(*). De la même manière, étaient
considérés comme «étrangers», dans
l'organisation sociale des peuples de la région de Franceville, ceux
qui n'avaient pas de parents dans leur unité de résidence
habituelle. En un mot, ceux qui n'avaient pas de liens avec les
résidents permanents du village. Le membre d'un autre clan (dans le cas
des villages monoclaniques), d'une autre « nationalité » qui,
à cause des problèmes de sociabilité avec les siens ou
pour des raisons matrimoniales, avait élu domicile sur une terre autre
que celle de ses ancêtres ou de son lignage, intègrait aussi la
catégorie des étrangers. Pour autant, les étrangers
n'avaient pas de statut d'esclave et ne bénéficiaient pas des
mêmes droits que les hommes libres.
2-3. Les esclaves.
D'entrée, il convient de se poser les questions de
savoir : qu'est-ce qu'un esclave ? Qui est esclave ?
Répondre à de telles questions dans la région de
Franceville peut paraître prétentieux. C'est pourquoi, il nous
faut d'abord savoir dans quelle condition un individu pouvait être
réduit en esclavage.
Selon le dictionnaire encyclopédique Hachette, le terme
«esclave» désigne « toute personne qui est sous la
dépendance absolue d'un maître qui peut en disposer comme de tout
autre bien »65(*).
L'esclavage est une blessure qui a fait couler beaucoup
d'encre sur le continent africain. C'est une réalité
pratiquée par nombre de populations dont ceux de la région de
Franceville. Ici, avaient le statut juridique d'«esclave», les
esclaves, les enfants des esclaves qui appartenaient aux maîtres de leurs
parents, les personnes razziées en territoire étranger et celles
échangées ou vendues pour acquérir un bien (qui pouvait
être du sel, de l'huile ou tout autre chose). En d'autres termes, il
s'agit, comme le note Martin Alihanga, « d'une part les esclaves
capturés dans les guerres interethniques, et d'autre part ceux qui,
à cause de dettes non acquittées contractées par eux ou
par un membre de leur famille, sont devenus esclaves de leur créancier ;
entrent aussi dans cette catégorie les recidivistes impénitents
en matière de morale (vol ou adultère caractérisé)
lorsque ces actes couvrent d'une honte exceptionnelle toute la famille du
délinquant. Pour extirper le mal, on vend le coupable, en le troquant
contre des marchandises d'importation »66(*). Dans le même ordre
d'idées, Pierre Angango rapporte ce qui suit :
a . «oyiãa , aki mba m'vuru
m'ayeni a. «L'esclave, c'est quelqu'un qu'on allait
b. na saãa . wå baãi
abomo a wå, b. chercher. Tu as ta richesse,
c . ?a wå mi kaama o
baarß, c. mais il te manque les gens,
d. må, ?a na baarß a
må d. moi, j'ai mes gens.
e. mbßrß må na baarß
a må, e. Je dis que j'ai mes gens,
f. ?a må saãa m'vuru
f. mais je cherche que quelqu'un
g. oya na yaãa.
G. vienne prendre.
h. bo a mi vula ?a må kuna,
h. J'en ai assez,
i. wå ?'abomo a wå,
i. tu as ta richesse,
j. n'engwa , na maari ,
j. le sel, l'huile,
k. m'pini kila `o wå a
baãa, k. n'importe quelle chose que tu
gagnes
l. na wå yii na yaãa
oyiãa »67(*). l. alors tu viens pendre
l'esclave ».
De tout ce qui précède, on comprend
aisément que, dans les « sociétés
forestières » du sud-est du Gabon, l'individu n'était
pas responsable de sa vie et des actes répréhensibles qu'il
posait. C'est son oncle maternel, son père, son maître, le
notable du lignage ou de la famille qui assumait ses
responsabilités68(*). Cette idée est particulièrement
vérifiable à travers le proverbe awandji qui dit :
« nga bola indja toeiâi »69(*). Soit,
littéralement, « le chef du village doit manger les
selles ». Les selles étant, bien sûr, les actes et les
comportements déshonorants de tous ceux qui sont sous l'autorité
du « nga bola ».
Il faut dire que, dans la région de
Franceville, l'esclavage était une sorte de prison pour l'individu qui
troublait l'ordre social communautaire - celui qui se comportait mal ou qui
n'obéissait pas aux normes prescrites par la tradition -.Il perdait ses
libertés fondamentales. En cas de différend entre deux lignages
ou deux patriarches, l'indemnité était payable en esclaves.
L'esclave était, certes, facile à
acquérir, mais sa provenance restait mal connue selon toute
vraisemblance. En fait, les esclaves qui intégraient un nouveau lignage
ou une nouvelle famille créaient un vide dans leurs anciens villages
et comblaient les crises démographiques du segment de lignage qui les
accueillait. Ces esclaves, dans leurs différents points de chute,
étaient importants dans les rapports d'influence entre les nga
ndzo (chefs de lignage) d'un même village ou des villages
obéissant aux mêmes valeurs culturelles.
Par ailleurs, dans la région de Franceville
précoloniale, il y avait une règle d'or : celle de ne jamais
dévoiler les origines serviles d'un homme. Celui qui outrepassait cette
règle était immédiatement puni ou pénalisé
par la justice traditionnelle. Les origines serviles d'un individu
étaient donc camouflées, de peur qu'il ne nourrisse un complexe
d'infériorité. Seuls, les chefs de lignage savaient la provenance
d'un esclave. De cette manière, donc, les Babongo ou Akula ont
été inclus dans des familles comme des esclaves.
Ainsi, chaque culture, chaque peuple a sa
manière d'aborder la réalité sociale. Cette
réalité peut ne pas être la même d'une population
à une autre. Dans la région de Franceville, il est vrai que les
esclaves existaient mais, par respect du genre humain, leur condition
n'était pas socialement révélée. Cela, pour la
simple raison qu'il fallait tenir compte de leur dignité et surtout
éviter de les humilier. Dès lors, un esclave pouvait, à
certaines occasions, représenter politiquement son maître.
Il faut, au total, dire qu'au moment de l'installation
française dans la région de Franceville, les diverses
nationalités qui y habitent avaient une organisation sociale comportant
quatre catégories d'individus selon les critères de filiation ou
d'alliance. Ces classes sociales étaient « en
conséquence inter-reliées par une série d'obligations
diverses, de dettes, de responsabilités et de rapports affectifs qui
assurent la solidarité de la société globale et
empêchent son éclatement en groupes plus
restreints »70(*).
Alors, qu'en était-il de l'organisation politique des
peuples de la région de Franceville à la fin du
XIXème siècle ?
Chapitre II :
L'ORGANISATION POLITIQUE DES PEUPLES DE LA REGION DE
FRANCEVILLE A LA FIN DU XIXEME SIECLE.
Il est généralement admit que les
sociétés forestières de l'Afrique sont acéphales,
anarchiques et donc sans gouvernement. Contrairement à cette
idée, à la fin du XIXème siècle, ayant
une mentalité collective du pouvoir, les peuples de la région de
Franceville étaient organisés en chefferies et administrés
par un ensemble d'institutions politiques, des individus qui disposaient d'un
pouvoir de décision autour duquel étaient rassemblées des
personnes assez considérables.
1. Les différentes chefferies de la région
de Franceville
Comme le dit Hubert Deschamps, « la chefferie est un
groupement de lignages ou de familles étendues autour d'un chef qui est
soit un membre de la famille la plus anciennement établie dans le pays
soit un personnage religieux »71(*). Dans la région de Franceville, les formes
d'organisations politiques des sociétés, disons des regroupements
humains, vont des lignages aux confédérations en passant par les
chefferies. Toutefois, pour les peuples de cette région, le village
restait le cadre privilégié de l'organisation politique.
1-1. Une organisation en villages-Etats
L'Etat, nous apprend le dictionnaire
encyclopédique Hachette, est « la personne morale de droit
public qui personnifie la nation à l'intérieur et à
l'extérieur du pays dont elle assure
l'administration »72(*). En outre, selon le même dictionnaire, l'Etat
est « chacun des territoires plus ou moins autonomes qui constituent
une fédération »73(*). Par ailleurs, Guy Rossatanga-Rignault, citant
Guillien et Vincent, écrit : « au point de vue
sociologique, l'Etat est une espèce particulière de
société politique résultant de la fixation sur un
territoire déterminé d'une collectivité humaine
relativement homogène régie par un pouvoir
institutionnalisé comportant le monopole de la contrainte
organisée (spécialement le monopole de la force armée)
»74(*).
De ce qui précède, il faut donc entendre par la
notion d'«Etat», l'entité politique assise sur un territoire
administratif déterminé, pourvue des institutions
nécessaires à son fonctionnement et dont l'autorité
s'exerce sur les peuples qui ont la volonté de vivre ensemble.
L'observation des aspects généraux
des villages des sociétés précoloniales, notamment leur
organisation sociale, politique, juridique et économique voire
culturelle, nous amène à déduire que le concept de "
village-Etat" est applicable à cette forme d'organisation que l'on
retrouve dans la région de Franceville à la fin du
XIXème siècle. En effet, après leurs
migrations, les peuples implantés dans cette région
construisirent, dans leurs territoires respectifs, des unités de
résidence indépendantes, constituées d'un agrégat
de familles rassemblant plusieurs générations d'individus, dont
les relations parentales s'exerçaient au sein d' un réseau
complexe d'alliances. C'est donc en partant de ce constat et en tenant compte
de la filiation que, sur le plan politique, nous parlons d'une organisation en
villages-Etats.
Selon Nicolas Metegue N'Nah, qui a forgé
ce concept, « il s'agissait presque toujours d'une fraction d'un
clan dont on pouvait retrouver, en d'autres points du pays, des
éléments organisés sur la même base
d'indépendance totale des villages. C'était donc une forme
d'organisation politique que l'on rencontrait surtout chez les peuples dont les
éléments éparpillés se déplaçaient
souvent »75(*).
Cette forme d'organisation, à en croire cet auteur, rappelle celle des
cités de la Grèce antique.
Ainsi organisées, les
sociétés de la région de Franceville étaient sous
l'autorité des chefs héréditaires initiés aux
sociétés secrètes dites omfumu, befumu,
vefumu, bukumu, ou onkani, ukaanu, bukanu,
okuma, suivant les langues et les cultures76(*). C'est cette organisation en
villages-Etats qui faisait en sorte que, lorsqu'un élément des
villages environnants sortait de son cadre géographique, il
était vite identifié. Toutefois, les chefs qui administraient
chacune de ces unités de résidence étaient
désignés selon les bases et les critères traditionnels
distincts.
1.2. Les bases du pouvoir et les critères
traditionnels de choix des chefs
Dans la région de
Franceville, des termes symbolisent l'autorité supérieure du
système politique traditionnel. Les Kani?ß, Ndumu, Tsengi et
Awandji nomment leur chef par le terme "fumu" tandis que les
Atåãå utilisent le vocable "mfùmu" et les
Ndzèbi "kumu". Ces expressions dérivent de
befùmu, vefùmu, bufùmu,
omfùmu et bukumu, lesquels termes désignent non
seulement des sociétés secrètes de cette région
mais aussi l'équivalent du pouvoir exécutif des
sociétés actuelles. La langue étant l'un des
éléments culturels distinctifs des peuples, chez les Ambaama,
Wumvu, Mba?i et Bungom, le même pouvoir est appelé
onkani, ukaanu, ukaanu ou okuma. Ce n'est
donc ici qu'une question de graphie : la réalité
exprimée par les différents peuples est la même77(*). Ce que nous disons est
confirmé par le témoignage de Théodore Lendira qui
déclare :
a . « onkani, tí onkumu
! a. « onkumu, c'est onkani !
b. ?a prononciation andaãa b.
Mais c'est la prononciation des langues.
c. ndí ndå nkumu
c. On dit qu'il est nkùmu,
d. ndí ndå nkani
, d . on dit qu'il est nkani,
e. ndå chef, ålí dja ni
lí montu »78(*). e. il est chef, c'est le même
problème ».
Ce « problème » commun aux
peuples de la région de Franceville est davantage expliqué dans
le mythe d'origine du pouvoir de l'omfumu rapporté par Philippe
Endelet79(*) à
propos de l'abattage de l'antilope et de la panthère.
En effet, il nous fait observer que les techniques de prise
de ces deux animaux n'étaient pas similaires. Pour abattre la
panthère, dit-il, le chasseur doit faire preuve de courage, de ruse, de
souplesse et de prudence, qui sont les attributs de cet animal (car la
panthère incarne la force, l'autorité, la beauté, le
courage). Croyant fermement aux forces totémiques de leurs clans, de
leurs familles (au sens anthropologique), les hommes se sont inspirés
de ces attributs pour diriger leurs sociétés. Dès lors,
la panthère, dans certains cas, devient l'ancêtre de
l'autorité cheffale, magnifié par le biais des
sociétés initiatiques telles que le ngo ou
ngoyi, le mungala (ongala), etc.
Cette idée est renchérie par Anatole Lebama en
ces termes :
a. « mon mami ma ngo.
a. « Ce sont les choses de la panthère.
b. via bo vekani, ngo
b. Leur pouvoir, c'est la panthère.
c. via bisa bå vekani, vefumu
c. Notre pouvoir, c'est vefùmu
d. ?a, vefumu via bisa bå
d. Mais, notre pouvoir,
e. ka la fì nga Bamba?i ?a ,
e . on n'a pas donné les MbaÞi et
ì f. Bawumbu ?i
f. Bewumvu .
g. vefumu via bisa bå ,
g . Notre pouvoir ,
h .via bisa bå Bakani?í,
h. pour nous les Kani?í ,
i .Batsayi ba (...)
i . Les Tsayi, les (...) Atåãå,
j. vefumu ngulu Batåãå
j. le pouvoir du côté des
Batåãå,
k. ngulu Bakani?í
k. du côté des Kani?í,
l .ngulu Andumu l.
du côté des Ndùmu ,
m. vefùmu minß
m. le pouvoir en question ,
n. mandjil'olaãa.
n. beaucoup de conceptions,
o. mebini?í' olaãa .
o. beaucoup de difficultés.
p. mekoto, mekoto, mekoto, mekoto, p.
Beaucoup de tournures,
q. mami olaãa. Mendumu melí
q. trop de choses. Les Mendumu ont
r. ?a mia bo' esiãí.
r. leurs manières de faire.
s. bana så bali ?a mia bo' esiãi
s.Les autres aussi ont les leurs.
t. kumu : vefùmu
t . le nom est vefùmu
u. kumu : vefùmu »80(*).
u. le nom est vefùmu ».
La lecture des lignes a, b, c puis de k à t
nous laisse constater que, dans notre région d'étude, les
différents peuples, malgré leurs différentes conceptions
du pouvoir81(*), avaient
une représentation commune de celui-ci82(*).
De tout ce qui précède, il ressort que
l'omfùmu et l'onkani, autrement appelés
vefùmu et vekani, sont à la fois des
sociétés secrètes, initiatiques et des institutions du
pouvoir dont on ne peut se passer pour établir la domination d'un chef
sur le village, sur l'ensemble des administrés ou sur la famille. On est
ainsi tenté de considérer, avec Hubert Binga, que c'est «
une forme d'investiture qui donne le titre fumu à une
personne »83(*). C'est d'ailleurs ce que relève le
témoignage de Jean Mokikali dit Ossaâßãß
lorsqu'il rapporte que :
a . « vefumu, vefumu
[...] a. « Le pouvoir, le
pouvoir [...]
b. m' olaãa wå au fond ãà
vefumu, b.Si je te dis le fond du pouvoir,
c. vefumu mabutu.
c. le pouvoir ce sont les reliques.
d. mabutu, mabutu ma d.
Les reliques, les reliques que
e. bakutu ba kala ba naãß.
e. les ancêtres ont laissées.
f. wå, m'olaãi mon, ngana må,
f. Toi, pour te les montrer comme moi,
g. lo yß lo , ba viasi wå.
g. aujourd'hui, on va t'initier.
h. lo w'akitiãi fùmu, hein ?
h. Aujourd'hui, tu deviendras fùmu,
hein ?
i. lo ba viasi wå.
i. Aujourd'hui, on va t'initier.
j. ngana bu ndili yi ba ki sa bisi
j. Comme au temps qu'on nous faisait.
k. må k'amoni bu ?ß,
k. Je n'ai pas vu comme ça,
l. må li vångåâå.
l. j'étais encore petit.
m. ba ?ßsiãß må ndzo yina
m. On me fit entrer dans cette maison-là
n. na vångåâå.
n. quand j'étais petit.
o.w'omvå wå kaâß mutu
»84(*).
o. Il faudrait que tu sacrifies une personne ».
Ces propos démontrent à suffisance que
l'initiation au befumu ou à l'omfùmu, à
l'onkani ou à l'obagni?i est un moyen de faire
reconnaître l'autorité de celui qui a été
désigné «fumu», «nkani »
et «åbagni?i» aux mânes de ses
ancêtres.
Ainsi, les sociétés initiatiques
sus-mentionnées sont un des piliers sur lesquels repose le pouvoir.
C'étaitt dans des sociétés initiatiques comme le
mungala (ongala), le vefùmu, l'onkani, le
mawunda, le maâayí, le lisimbu, etc,
que l'on apprenait le commandement. C'était à la fois des formes
d'expression du pouvoir, des clefs du savoir et des écoles de la vie en
société. Le pouvoir d'un chef devait donc se fonder sur les
normes et les prescriptions traditionnelles. C'est ce qu'essaie de nous faire
comprendre jean Mokikali dit Ossaâßãß, chef du
quartier Mbaya, dans l'extrait de son témoignage cité
ci-dessus85(*).
En dehors des bases religieuses
constituées par les sociétés secrètes, l'occupation
antérieure de la terre par un ancêtre mythique, par un lignage ou
un segment de lignage constituait aussi l'un des éléments sur
lesquels s'appuiyait le pouvoir d'un chef. En fait, cette occupation primaire
de l'espace donnait, aux descendants du premier à s'être
installé sur les lieux, des droits juridiques et politiques
prééminents dans la gestion du territoire et de ses
résidents. A ce propos, un proverbe ambaama, cité par Pierre
Angango, dit :
a . « kuãa, kuãa,
a. « Rassembler, rassembler ,
b. ßyål' okusuãß baarß ni.
b. il ne manque pas un rassembleur de personnes.
c. m'puãu ` iyålå nkumu
ni »86(*).
c. Le village ne manque pas de chef ».
De même, Monique Mavoungou Bouyou l'exprime en ces
termes : « Dans le Gabon précolonial, la terre
était une propriété clanique ; elle l'était du fait
que l'un de ses membres fût arrivé le premier sur des terres non
habitées et qu'il les ait occupées »87(*). Il convient de
préciser ici que le territoire occupé par un peuple est d'abord
celui du segment de lignage ou du lignage. L'appartenance d'un lignage
à un clan spécifique fait en sorte que cet espace devienne, par
voie de conséquence, celui de son clan88(*).
Par ailleurs, le pouvoir se fonde sur la famille, sur
les liens de parenté. En effet, la famille constitue la cellule de base
de l'organisation socio-politique. Cela s'observe lorsqu'on étudie la
position occupée par un homme libre dans le réseau relationnel,
à l'exemple des rapports frère ainé-frère cadet,
oncle-neveu, grand-père-petit-fils et père-fils. Dans tous les
cas, il faut prendre en compte le système de filiation adopté par
le peuple en présence. C'est dans cette optique que Georges Mazenot
écrit : « l'autorité coutumière tire
sa légitimité de l'existence de ces groupements
intermédiaires entre la tribu et la famille stricto sensu, et la
chefferie clanique est assurément héréditaire puisque
liée au système de parenté »89(*). La même idée est
rapportée par Emmanuel Ndouomi qui l'exprime en ces termes :
a. « vefùmu mon mapuãu,
abí (...) a. «Le pouvoir dans les villages, c'était
(...)
b. ngana bu bata,
b. comme on appelle,
c. ngana baroi, c.
comme les rois.
d .abí famille mokíma'obun'owolo d.
une autre famille ne pouvait prendre
e. vefumu va puãu ?ì.
e. le pouvoir du village.
f. om'vå toujours ndzo mon. f.
Il faut toujours la même famille.
g. w'akali vefùmu vía puãu
yía, g. Celui qui reste l'autorité du village
là,
h. wua, babatwu puãu,
h.celui-là, ceux qui l'ont construit,
i. baba pasí puãu
»90(*).
i. ceux qui l'ont tracé ».
Comme fondement du pouvoir, nous pouvons enfin
retenir la parole.
En effet, dans les sociétés de la région
de Franceville comme partout en Afrique, la parole était au centre de
l'existence. En tant que « vecteur des messages essentiels à
la vie du groupe »91(*), la parole pouvait être préjudiciable
à la vie d'un individu comme elle pouvait aussi faire de lui un
dignitaire dans la société. A ce propos, Paul Ndjabimba
rapporte ce qui suit :
1. « ...djami låmon lí laví
?a bo, 1. « ...Un problème
survint entre eux,
2. lí ã'osi ãa tsami?ß bo .
2. et le pays fut abandonné,
3. lí ã'osi ãa tsami?ß Sayaka.
3. le pays fut abandonné à
Sayaka92(*).
4. osi kia, kumu Sayaka.
4. Ce pays-là, le nom est Sayaka.
5. ãa tsami?ß ?a bo .Hem (...)
5. s'est détruit avec eux. Hem (...)
6. fùmu Okolo, kumu :Kaliãa*.
6 . Le chef d'Okolo93(*), son nom est :
Kaliãa.
7. li ãa baãß ã'osi, li
ãa baãß baati. 7. Il eût le
pays, il eût les gens.
8. ?a ndå ã'osa silimbisa,
8. Mais, devenu héritier,
9. ngaãa ndå ye fa ã'okwa,
9. ses parents étant
décédés,
10. ka ã'aki sa volonté ?ß.
10. il ne faisait pas la volonté
générale.
11. ndå sí mbaâßri ngana gnamba
11. Il fît la violence comme le Blanc
12. ?a ba woro ba ki suku ?a bisi bu.
12. et les miliciens nous contraignaient.
13. bana ndi comment ?
13. Les autres se dirent comment ?
14. ndi ?a wå, ngaãa wå
14. Ils dirent, mais toi, tes parents
15. ya m'ofa m'okwa, bisi l'amosili
15. sont tous décédés, nous sommes restés,
16. ?a, wå , wå fùmu .
16. mais, toi, tu es chef.
17. li bawoli Tsaapi, balo masana.
17. Ils prirent le Tsãpi94(*), ils chargèrent.
18. ndi, ?a letswå lebumu ndå.
18. Ils dirent, mais tuons-le.
19. ndå mutu momon,.lebumu ndå,
19. Il est seul, tuons-le,
20. bisa bå lesili libre.
20. nous allons rester libre.
21. motí lí bu li lekoko bu ?a [...]
21.Un bois était comme l'est le cocotier-là
[...]
22. kumu moti wua, moyaâß.
22. Le nom de cet arbre est :
moyaâß 95(*).
23. bata ndå masana ?a tsa molåâå
?a, 23. On le fusilla dans le
molåâå96(*)-là,
24. ?a tsa molåâå ?a, tuuuuuu!!!
24. dans le
molåâå-là, tuuuuuu!!!97(*)
25. nd'osami (ãå! ãå!
ãå! ãå! ãå! ãå!
ãå!) 25. Il cria (pendant longtemps)
26. bå lebumu må?
26. « Vous me
tuez ? »
27. lí ãa yeni wåãß ?a
yulu 27. Il partit s'accrocher sur
28. mapaka ma moyaâß.
28. les fourches de moyaâß.
29. ndi, å! moluãu metí, bali/
29. Il dit, « oui! Je
croyais, que vous étiez /
30. ngaãa må ya kwi, bisa bå lesili
30. mes parents sont morts, nous sommes
restés
31. otoo mo tsuãu la lo,
31.arrivé aujourd'hui,
32. bå li m'ota må masana ?
32. vous m'avez fusilé ?
33. ã'osi ãa må ndi kia, lesili ?a ko,
33. mon pays est là, restez-en avec,
34. må mo yiå! ».
34. je suis parti ».
35. owåãå bu woão lí
ã'a kwi. 35. Il
s'écroula-là et mouru.
36. Alors, otoo ão swaaãa, li
ã'asuâu nguya. 36. Alors, il rassembla les
sangliers
37. nguya, yí bagnama.
37. le sanglier, celui des animaux.
38. batsiâßri, mon mangunu
ngångålå, 38. Les hérissons
envahirent les champs,
39. bia, bia, bia, bia, bia, bia.
39. totalement.
40. bo balo bu mbaaa,
40. Ils étaient incapables de résister,
41. mangunu mafì,
41. les champs furent dévastés,
42. mako, mon mbisi madzo
42. les bananiers, de derrière les maisons
43. mafì.
43. furent dévastés
44. b'oya' odja mbutu meti.
44. Ils mangeaient déjà les fruits sauvages.
45. balo bu mbaaa,
45. Ils étaient incapables de résister,
46. bobwesi tout,li bamati kwa.
46. tous, Ils quittèrent là-bas.
47. li ba yi .
47. Ils vinrent.
48. bo bamatí kwa
48. Ils sont quittés là-bas,
49. ndjala y'atsutu bo.
49. la faim les avait chassés.
50. Mba? ye yí .
50. Les Mba?ß et Wumvu sont venus.
51. ye yeni ngoo Bambama »
51. Ils sont allé
jusque chez les Ambaama »
52. Mba?ß yé yí ngoo puã'a
wå, 52. Les Mba?ß sont venus
jusqu' à ton village,
53. puã'a Lie?è*(Lienghet),
53. le village de Lie?è (Lienghet),
54. ngoo puã'a Salamba* »98(*).
54. jusqu'au village de Salamba » .
De la lecture de ce texte, il ressort que Kaliãa avait
proféré une sorte de malédiction à l'égard
de ses administrés99(*). Il convient de souligner que, pour les pleuples
sans écriture, la parole était sacrée, comme le fait
constater Jean Mokikali dit
Ossaâßãß : «
ndaãa bisa bå yiniyi, Ndzaami [...] ya, w'abuma baati ya
ndaãa [...] », soit, « notre parole-là,
c'est Dieu [...] Là, celui qui tue les gens-là, c'est la
parole [...]»100(*). Ainsi, à Sayaka, la malédiction du
chef (Kaliãa) se manifesta par la disette qui contraignit les habitants
dudit village à s'exfiltrer chez leurs voisins101(*).
En somme, nous pouvons dire que, dans les
sociétés de la région de Franceville, le pouvoir reposait
à la fois sur des bases religieuses, politiques et sociales.
En ce qui concerne les critères traditionnels
de désignation des chefs, il faut dire que le choix de ces derniers
donnait lieu à de multiples tractations. Malgré tout, la
réalité peut se trouver dans le témoignage de Fernand
Loungou :
1.« bufumu ?
1.« Le pouvoir ?
2 . bia ya bola, bísí ìtå kani.
2. Celui du village, nous
appelons kani.
3 . bísì Bawandji ítå
fùmu : kani . 3. Nous, les
Awandji, appelons le chef "kàni".
4 . kani ` y a bola .
4. Kani du village.
5 . bekani ?
5. Le pouvoir ?
6 . mu âå wå , mu âå
wå bukani , 6. Pour te donner, pour te le
donner,
7 . tsomí íba monon / (toux),
7. premièrement, on voit / (toux),
8. tsomí íba monon ,
8. premièrement, on voit,
9. bukani,mutåm'awå.
9. le pouvoir, c'est ton coeur.
10.babiti'wå,
10. Ils t'amènent,
11.bangwamutu baka gnugulu
11. les grandes personnes te jugent,
12.façon yi wålí ,
12. ta façon
d'être.
13.wå yìâß âå
,wå mala âå. 13.Tu ne
voles pas, tu ne mens pas,
14.wå lßyamba la bakaarì ba batu
âå, 14. tu ne désires pas les femmes
d'autrui.
15. wå mindjß?gß pindapindí
âå , 15 .Tu n'es pas un
bagarreur,
16. ndaãa' wå likeki.
16. ta parole c'est le sourire.
17. wå beirå bangwabatu ,
17. Tu obéis aux anciens,
18 .m'vå kå wå kå m'va mwana
må 18. peut-être que tu es comme mon
enfant
19 . wu lí ya l'andje la dix ans .
19. qui a l'âge de dix ans.
20 . ngwa` alamba wå bila ,
20. Si ta mère te fait à manger,
21 .wå tå ngwamutu w'alutunu wå ,
21. tu appelles un aîné,
22 . wå y'andja biela .
22. que viens manger.
23. ?a ngwamutu yo?a,
23. Et, cet aîné-là,
24. bo ba koto bwa,
24. s'ils te regardent comme ça,
25 .ba k'alålå taatà wå bo,
25. ils disent à ton père que
26. mwaní yu mbarì nga bola !
26. l'enfant-là sera un chef !
27 .bo, mwaní yu mbarì nga bola !
27. L'enfant-là sera un chef !
28 . å !å !âå
ndå bola. 28. Oui !
donnes-lui le village.
29 . bo ya gnungulu wå yana,
29. S'ils t'apprécient là,
30 . w'oboãa,
30. si tu grandis,
31. bi fu bía `wå isandjì
âå, 31. tes habitudes ne
changent pas,
32. bo ka lígnungulu wå bo :
32. Ils te disent que :
33. taa bakaasi, taa babaala
33. voici les femmes, voici les hommes,
34. kieli bola .
34. garde le village.
35. ?a bo be âå ?á (...)
35. Et, ils te donnent aussi (...)
36. bikoko be bo bi baana be be, 36.
Leurs biens et leurs totems,
37. bo íâå ka likumbu.
37. ils te donnent likumbu102(*).
38. o bola bí w'okålå ndå.
38. Ce village là, tu le
gardes.
39. ndå ikålå bakaasi,
39. Garde les femmes,
40. ndå ikålå babaala.
40. garde les hommes.
41. ?a, bo ka âåwå na ndaãa.
41. Et, ils te donnent aussi la parole.
42. mana bo ba ka âåwå na mangirì.
42. Après, ils te donnent aussi les
gages.
43. bo o bola íkålå bu ;
43. Ils disent : le village se garde
ainsi ;
44. ngåbå na' ìtoãì
wå, 44. même si un
enfant t'insulte,
45. w'emono ngeãß âå.
45. ne te fâche pas.
46. mukaasi na ítoãß wå ,
46. Même si une femme
t'insulte,
47. nga bola indja tsíâß (...)
47. le chef du village mange les selles (...)
48. wå beire bangåbe,
48 .Si tu respectes les enfants,
49. bangåbe baka beire na wå.
49. les enfants te respecteront aussi..
50. too w'obå na woâa woâß,
50. Mais si tu ne contrôles pas tes
mots,
51. m' otoãa bangåbe,
51. en insultant les enfants,
52. wå tsaka bangåbe,
52. tu méprises les enfants,
53. bangåbe ibeire wå âå.
53. les enfants ne te respecteront
pas.
54. ?a wå bukani âå.
54. Et, tu n'as pas de pouvoir.
55. bo ní bukani.
55. C'est ça le pouvoir.
56. bangwabata ba nangala wå bola,
56. Si les anciens te lèguent le village,
57. ba ka âå mabutu ma bo.
57. ils te donnent leurs reliques.
58. bìa ni bukani.
58. C'est ça le pouvoir.
59. wå `idjaãala na
mulåâå ». 59. Tu
restes au mulåâå103(*).
60. baatu baka beíre wå.
60. Et, les gens te respecteront.
61. w'okålå ka bola »104(*) .
61. Tu gardes maintenant le village ».
Dans le même ordre d'idées, Paul
Ndjabimba, chef du regroupement d'Okoloville, dit :
1. « bo ã'oswolí
ndå, 1. « Ils le
choisissent par ce qu'il,
2. ndå yaâß maami (...)
2. il connaît les choses (...),
3. yaâß la maami.
3. la connaissance des choses.
4. ka m'okumu` obuta,
4. Pas pour des raisons de naissance,
5. m'okumu vemueyi ?í.
5. pour des raisons de parenté,
6. w' oyaâß maami,
6. mais, quand tu connais les choses.
7. wå yaãß him...
7. Tu prends him...
8. surtout mo?wa,
8. Surtout la bouche,
9. surtout kwoão.
9. surtout la main.
10. w' omonì baatí bwesi tout
10. Tu vois tout le monde
11. ku motíma ` wå.
11. t'apprécier.
12. osa' ã'okala ?a wå
12. On veut avoir avec toi
13. motuma wu ? momon.
13. un même coeur.
14. yia, mbuãa yi banga wå puãu.
14. C'est là, qu'on te donne le village.
15. kili ãa wå ki ã'odja,
15. Ta chose à manger,
16. w'olieli' oti omvå må ngi
16. ne te dis pas qu'il faut que je donne
17. muta' ndzo `a må
17. quelqu'un de ma famille
18. oyålí bwa mbaãß wu
baani 18. ou bien l'ami que j'ai
désiré,
19. oyåli bwa mokarí wu mewolí
?í 19. ou bien la femme que j'ai
épousée,
20. pati, si mondzia .
20. n'importe qui, même un étranger.
21. nd'oya, w'okali Þa kila,
21. S'il arrive, si tu as quelque chose,
22. wå ngi ndå.
22. tu lui donnes.
23. ndili yia,
23. A cette époque,
24. w'okáli ?á verr
`amálí, 24. si tu as un verre
de vin,
25. wå ngí ndå.
25. tu lui donnes.
26. ?a w' akaâí ?a,
26. Lorsque tu partages là,
27. bakutu bamonon wå
27. les anciens te regardent
28. ?a bo bakåsí two.
28. et ils observent tranquillement.
29. ndi, oh ! mwani wu ?a,
29. Ils disent, oh! cet enfant-là,
30. ndå bu, bu bisa bå leli,
30. il est comme ça quand nous vivons,
31. nd`osili ndå nd`otu ,
31. s'il reste lui seul
32. ?a puãu yí,
32. avec ce village-là,
33. nd'abun'okiéli baatí.
33. il peut garder les gens.
34. ...m'alieli ?a mosiele.
34. ...Je dis là la vérité.
35. onga mutu puãu,
35. On donne quelqu'un le village,
36. ka mon vegnini ?í,
36. pas parce qu'on est gros,
37. ka mon vekutu ?í,
37. pas parce qu'on est grand,
38. kà mon mu(...) mosolo ?í.
38. pas à cause de (...) la fortune.
39. onga mutu puãu,
39. On donne quelqu'un le village
40. mon ndaãa bina l'intention.
40. à cause de la parole et l'intention.
41. onga mutu puãu
41. On donne quelqu'un le village
42. mon ndaãa bina kwoão.
42. à cause de la parole et la main.
43. ndaãa bina kwoão »105(*) .
43. la parole et la main ».
De ces deux témoignages, qui convergent
beaucoup plus qu'ils ne divergent106(*), il ressort que, dans l'ordre de succession, la
désignation du chef traditionnel par les «ba ngwa
batu« ou «bakutu» (les notables ou dignitaires du
village) réunis en conseil des «anciens» était
conditionnée par certains critères.
Ainsi, pouvait parfaitement être
légitimé chef, le descendant du patriarche, les descendants et
collatéraux privilégiés qui, tout au long de leur
existence, se distinguaient par leur vertu, leur courage, leur sens de
l'équité, leur respect de l'entourage et des institutions
communautaires. Etaient aussi pris en compte, l'esprit d'ouverture et le sens
communautaire symbolisés dans nombre de témoignages par les
termes « mo?wa, ndaãa et ãoão
(kwoão) », c'est-à-dire « la bouche, la
parole et la main ». En plus, il y avait l'initiation à des
sociétés secrètes telles que l'omfùmu,
l'onkani, le mungala (ongala), le
maâaóß, le mwiri, le mawunda, etc.,
qui, très influentes dans le milieu de vie des intéressés,
confèrent à l'impétrant la maîtrise de l'histoire du
lignage et du clan ainsi que des traditions. C'est ce que traduisent les
passages suivants : « óaâß la
mamì » ou « Babiti'wå,[...]
?a bo ka âå wå na ndaãa »107(*), soit,
littéralement : « la connaissance des
choses » ou « Ils t'amènent, [...] et ils te
donnent aussi la parole ».Tout cela, ajouté aux traits
caractéristiques de la panthère précités,
conditionne le choix du fùmu ou du nkani.
En général, l'ordre de succession des chefs
était déterminé par le système de filiation qui
prévalait dans la société concernée. En effet, dans
les sociétés matrilinéaires comme celles des Ambaama,
Atåãå, Kani?ß, Ndumu, Ndzébi, Tsengi et
Awandji, le choix se faisait parmi les neveux, les nièces (dans des cas
exceptionnels) et, dans une certaine mesure, les petits-fils du défunt
tandis que, pour les patrilinéaires (Bewumvu, MbaÞi, Bungom,
Babongo), les frères cadets et les fils étaient les
héritiers potentiels.
Toutefois, dans ces sociétés, avec
l'évolution des moeurs due probablement aux contacts inter-ethniques,
qui ont conduit à l'établissement des villages poly-ethniques, la
désignation d'un chef ne tenait pas seulement compte de
l'hérédité mais aussi des qualités
intrinsèques d'un des ressortissants du village, notamment l'esprit
d'ouverture (la largesse), d'organisation et d'équité, la
sagesse, le sens communautaire (la solidarité), le talent oratoire.
Autrement dit, le comportement social de l'individu joue un rôle dans le
choix du futur chef, ce que Paul Ndjabimba traduit en ces termes :
« surtout mo?wá, surtout
kwòãò »,
c'est-à-dire : « surtout la bouche, surtout la
main »108(*).
En fait, le choix du chef devait se faire avec l'assentiment de tous les chefs
des lignages qui composent le village, ce qui est une sorte de
« démocratie » consensuelle. A ce propos, Nicolas
Metegue N'Nah parle « d'une sorte de consensus qui
s'établissait entre les citoyens pour reconnaître à l'un
d'entre eux le droit de représenter l'ensemble du groupe social à
certaines occasions »109(*).
Tout porte donc à croire que le plus important, pour
les «ba ngwa batu« ou «bakutu» (les
notables ou dignitaires du village), était de laisser le
village sous l'autorité d'un rassembleur, de celui qu'ils jugeaient apte
à gérer les hommes pour que le village, après eux,
survive. C'est, du reste, ce que nous apprenons des lignes 27 à 33 de
l'extrait du témoignage de Paul Ndjabimba110(*).
Au-delà des critères de choix
sus-énumérés, existaient d'autres facteurs.
D'après certains de nos informateurs111(*), il y a des personnes qui sont
prédisposés à être fùmu (chef) ou
kani (notable). C'est le cas des enfants prédestinés
à exercer ces charges, surtout lorsque le chef s'apercevait de
l'inaptitude des premiers nés à assumer la fonction de chef
de village (fùm'a mpuãu), chef de lignage ou de
famille (fùm'a ndzo) au moment opportun. Ce qui fait que
l'usurpation de ce titre pouvait engendrer de sérieux problèmes
dans la chefferie. A ce propos, Michel Ngari, parlant de la succession du chef
de tribu Lendoyi-Li-Bangwali, rapporte que « les
problèmes d'instabilité politique survenus au sein de la
chefferie ndumu-kani?ß entre 1931 et 1960 étaient dus au fait
qu'à sa mort, il avait désigné sa fille Mbani comme
héritière potentielle. Mais, Mbani n'a pas régné
parce que Simba Philippe, neveu de Lendoyi-Li-Bangwali, avait pris le pouvoir
de force et, malgré la désignation de Langhi, celle de Paul
Kounda ou de François Kiki, rien ne pouvait marcher car seule Mbani
était préparée pour garder les reliques sacrées et
donc le pouvoir de son père »112(*).
Après sa désignation, le chef ne
régnait pas en maître absolu. En effet, pour prendre une
décision, il consultait le conseil des chefs de son village.
1-3. Le cadre de compétence de la
chefferie
Dans la région de Franceville, l'autorité
cheffale s'exerçait dans des cadres de compétence bien
précis : ã'osi, puãu et ndzo ou
mbaa.
Aloïse Mbumunu définit le ã'osi
en ces termes :
a.« ã'osi ngana bu ba gnamba
a . « ã'osi c'est comme
les Blancs
b.ba laãi ndì « le pays ».
b . disent « le
pays ».
c.On est dans le pays .
c . On est dans le pays.
d.bisa be motsiå leli, m'osi .
d. On est sur la terre, le pays.
e. ã'osi c'est dire le
pays »113(*). e.
ã'osi c'est dire le pays ».
A partir de cette définition, on peut estimer que le
terme « ã'osi » constitue non seulement le
territoire mais aussi le foyer du pouvoir d'un peuple ou d'un clan. C'est aussi
l'espace sur lequel on retrouve une population précise. Certains diront
tantôt ki ã'osi ã' Ambaama
(ceci est le territoire des Ambaama), ki' ã'osi
ãi Bakaniã?ß ou ki
ã'osi ã'Endumu. Pour exprimer la même
réalité, d'autres diront yi ntsengå Bawandji
ou yi ntsengå Bandzebi. Le ã'osi (ou
ntsångå) peut être le village ou tout
l'espace proche et lointain de celui-ci. Il comporte des espaces d'exploitation
agricole, de chasse et de prélèvement des ressources
naturelles.
En gros, le terme " ã'osi " désigne
l'espace qui comprend plusieurs unités de résidence ou une grande
agglomération rassemblant des peuples ayant en commun non seulement le
milieu de vie mais aussi l'histoire. Le ã'osi étant
compartimenté en villages indépendants, il reste, de ce fait, le
domaine de compétence de tous les chefs de village relevant du clan ou
du groupe ethnique qui s'y trouve. Malgré la dispersion des villages
sur cette unité géographique, le nga puãu (le
plus fort mystiquement et militairement) devenait le garant du patrimoine
communautaire que constitue le pays des ancêtres ou
ã'osi. Dans le cas où le ã'osi constitue le
territoire villageois, le « fum'a puãu »,
« nga puãu » ou « nga
bola » c'est-à-dire, « le chef ou
propriétaire du village », était aussi le
« fumu ã'osi » ou « nga
ã'osi », disons, « le chef
ou propriétaire du pays ».
Quant au terme " puãu ou mpuãu
", son explication nous est donnée par Jérôme
Ngayama qui dit :
a. mpuãu ebam ã'atswolo
a. mpuãu les Blancs appellent
b. ma le village.
b. par le village.
c. na onoíre ã'atswolo ma mpuãu.
c. mais le Noir appelle par mpuãu.
d. leburi baana,
d. On met au monde des enfants,
e. akari aburí baana.
e. les femmes enfantent.
f. alors mpuãu yìa
elaãß»114(*). f. Alors le
village s'agrandit ».
Dans le même sens, Aloïse Mboumounou déclare
:
1 « puãu, le nom de
puãu, 1. «
puãu, le nom de puãu,
2. ngana ba bagnamba
2. c'est comme les Blancs
3. balaãß ndí le village.
3. disent le village.
4. ?a bisì ota ndi puãu .
4. Mais nous disons puãu.
5. puãu, puãu
,puãu,puãu : 5.
puãu, puãu, puãu, puãu :
6. c'est le village,
6. c'est le village,
7. c'est le village.
7. c'est le village.
8. ?a puãu ?a wa bani yo,
8. Mais le village a un fondateur,
9. oyåli mokasi baliãa.
9. si ce n'est une femme, un homme..
10. mapuãu makå kala abì
10. Certains villages d'avant c'était
11. ba commandå bakasì,
11. les femmes qui commandaient,
12. ndå balìãa vegna?a ,
12. elle n'a pas d'homme,
13. bana ba ndå ba
comandå »115(*). 13. ses enfants
commandent ».
De ces deux définitions, il apparaît que le
vocable "puãu (mpuãu, mbuka ou bola)" renvoie
au village. Dans la région de Franceville comme partout dans
l'Est-Gabon, les villages étaient toujours éponymes. Cela se
traduisait par les expressions : puã'a Liån?å,
puã'a Nguimi, mpuã'Enkoro,
mpuã'å Legnongo, mbuka Nzigna, bola
bìa Bokoko.
Traduit au sens de "village", c'est-à-dire de
l'agglomération rurale de concentration humaine, puãu
était, par excellence, le lieu habituel de résidence qui, dans
le ã'osi, constituait une unité autonome dont
l'autorité supérieure était le nga puãu (
le fùm'a mpuãu ou nga bola ), c'est-à-dire
le chef ou propriétaire du village. Cette définition est
davantage explicitée par Martine Ngwalandji qui, tout en
épousant les propos de Fernand Loungou116(*), mentionne ce qui suit :
a. « puãu puãu,
a. le village, le village,
b. kieli la baatí »117(*).
b. c'est la manière de garder les
gens ».
A en croire cette informatrice, le village est
composé d'hommes, de femmes et d'enfants sur lesquels le nga
puãu (le fùm'a mpuãu ou nga bola) exerce son
autorité. C'est « un Argus auquel rien
n'échappe »118(*). A cet effet, le fùmu, à qui
chacun des pater familii avait choisi de s'allier, était
jugé selon sa manière de traiter ses égaux.
Enfin, le terme " ndzo ", encore appelé
"mbaa", littéralement, désigne la maison (la
case familiale). Ce vocable exprime l'idée de
sociabilité, le lien social qui explique les origines communes. "Ndzo"
constitue le lignage ou la famille, le cadre social et politique de base des
sociétés de la région de Franceville. C'était le
cadre de compétence du nga ndzo, du fùm'a
ndzo (chef de famille). En effet, dans ces sociétés,
à la tombée de la nuit, alors que chaque membre de la famille
s'était libéré de ses obligations journalières, le
nga ndzo ou fùm'a ndzo s'entretenait avec les siens
autour du feu (les enfants s'y retrouvaient non seulement pour se
réchauffer mais pour recevoir l'éducation, laquelle se
transmettait par le biais des contes et surtout des épopées qui
élevaient les ancêtres au grade de personnes illustres). La
désignation de la famille par le terme "ndzo" ou
"mbaa" serait donc issue de ce geste quotidien du pater
familias. Ainsi, de cette manière, fùm'a
ndzo contribuait à maintenir l'unité de sa famille et
le respect des gages de la famille et du village. Il faut surtout souligner que
ces différents cadres de l'autorité cheffale dénotent la
hiérarchie des chefs traditionnels.
2. La hiérarchie des chefs
Les peuples de la région de Franceville
présentaient une organisation politique à forme pyramidale. Au
sommet, se trouvait le fùmu ã'osi (
fùm'a tsyå, tsångå ou nga
ã'osi); il était secondé par le
fùm'a puãu, le kani et, à la
base, par le fùm'a ndzo (nga
ndzo, nga muyon?o ou nga baari). Chacune de ces
autorités avait des attributions propres.
2-1. Le fumu ã'osi ou
nga ã'osi
Le fùmu ã'osi (nga ã'osi,
fùm'a tsyå, nga tsångå), pris au sens de
« chef de terre », est un des membres du clan de
l'ancêtre ayant occupé le premier les lieux dits
« ã'osi ». Il est désigné par
ses pairs comme kani ã'osi pour être le garant de
l'unité du clan. Comme le rapporte un chef indigène
cité par Jean Autin : « il n'y a de grand roi nulle
part. Nous sommes tous rois ; chucun de nous est maître chez lui.
Aucun chef n'a autorité sur l'autre [...] »119(*). De ce fait, le
fùmu ã'osi n'avait donc que des fonctions purement
consultatives, car il faisait office de conseiller ou d'arbitre en cas de
conflit ou d'affaires menaçant le patrimoine du groupe ethnique. Martin
Alihanga, dans son étude, désigne la même autorité
par l'expression « super-kani »120(*).
Malgré cette position du fùmu
ã'osi au sommet de la hiérarchie politique,
l'autorité morale tangible du clan reconnu des morts et des vivants dans
chacun des villages-Etats restait le fùm'a puãu
ou nga-puãu.
2-2. Le fùmu'a puãu ou
nga mpuãu et le kani
Le « fùm'a
puãu », autrement appelé
« nkum'a mpuãu »,
« nga-puãu » ou « nga
bola », c'est-à-dire « le chef, le dignitaire
principal du village ou propriétaire du village », est le
descendant du fondateur du village. Désigné par ses pairs et
porté au titre de mfùm'a mpuãu lors de son
investiture et à la suite de son initiation aux sociétés
secrètes (omfùmu, onkani, mungala (ongala),
maâayi, Ngoyi, mawunda, obagni?ß), il
était l'incarnation des forces mystiques du village. Son autorité
s'étendait le plus souvent sur les savanes, les forêts et les
rivières de son terroir et non sur les familles qui habitent celui-ci.
Il était donc l'autorité morale de son ressort territorial. Il y
a lieu de souligner que, dans un village composite, le fùm'a
puãu, issu de la catégorie sociale des hommes libres,
est avant tout un fùm'a ndzo. A ce titre, son pouvoir
était beaucoup plus religieux que civil. Il incarnait le pouvoir de
l'omfùmu (ou des autres sociétés secrètes)
dont le principal objectif était d'assurer la cohésion du
village, la protection des terres ancêstrales et de tous ceux qui y
habitent- les vivants comme les morts- contre tous les dangers
éventuels.
Sur le plan religieux, le fùm' a
puãu était le grand prêtre de « l'ordre
de puãu ». Il lui incombait donc de diriger les
cérémonies d'initiation des ressortissants de son village aux
diverses sociétés secrètes, de veiller et de
préserver le patrimoine culturel de ses ancêtres. A ce propos,
André Even rapportant le serment d'un chef, écrit : «
Maintenant que mon père vient de trépasser, c'est moi qui le
remplace, qui suis le chef. Je vous offre le sang de ces cabris pour que vous
marchiez toujours près de moi, que vous me protégiez moi et mes
hommes afin que nous ne soyons pas malades, que nous ne nous querellions pas,
que nos chasses soient toujours heureuses, que nos plantations poussent bien et
que nous ne soyons pas tués à la guerre »121(*). Cela implique donc que le
fùm'a puãu est le prêtre du culte des
ancêtres ; il fait office d'oracle. Comme le souligne Hubert
Deschamps, « il est le prêtre des ancêtres mythiques, le
prêtre de la terre, le détenteur des totems avec lesquels il
s'identifie ; c'est ainsi qu'il a le monopole des peaux de
panthères, des sièges figurant des panthères, des cornes
de buffle, les défenses d'éléphants, autant de symboles de
la puissance. Il est aussi le maître des éléments, le
faiseur de pluie, l'intermédiaire entre les vivants et les morts, le
chef des associations religieuses. Temporellement, il est le chef de guerre, le
gérant de la communauté. On lui doit des prestations en nature et
en espèce : on construit et on entretient ses cases ; les
associations lui doivent un tribut ; enfin, tous ses sujets, y compris les
femmes (sur qui repose l'agriculture), lui paient une dîme
annuelle »122(*). En d'autres termes, le fum'a puãu,
c'est « la personnification de l'alliance entre les vivants et
les ancêtres »123(*). Investi de ce pouvoir, il contribue à la
prospérité économique du village en bénissant les
entreprises de chasse, de pêche et d'agriculture. D'une part, en
période de conflit fratricide, il lui revenait de contracter les
alliances avec les chefs de la même lignée que lui car il avait la
responsabilité des vies de ses administrés. De même, en sa
qualité de chef de guerre, son rôle « est non pas
de diriger les combats, mais d'assurer aux siens la victoire par les
prières qu'il adresse à ses ancêtres. Pendant la bataille,
il se tient à l'écart avec les ossements de ses aïeux, il
offre des sacrifices aux morts et les supplie de faire tuer beaucoup d'ennemis
à ses hommes et de protéger ceux-ci des coups de leurs
adversaires »124(*). D'autre part, c'est lui qui décidait de la
poursuite ou de la cessation du conflit.
Par ailleurs, lorsque le village connaît ou traverse
une période de crise (crise de subsistance ou démographique), le
fùm'a puãu, après consultation du conseil des
anciens et invocation des mânes des ancêtres procède
à la prospection d'un autre site dans son ã'osi
pour l'aménagement d'un nouveau village.
Sur le plan juridique, le fùm'a puãu
« est le juge suprême pour les cas graves, les conflits entre
notables, les litiges avec les étrangers ; il représente la
chefferie dans les palabres avec les autres chefs (les procès mineurs
sont jugés par les chefs de familles ou des
sociétés) »125(*). Il avait le droit de convoquer le conseil des sages
de son village : le kàni. Ensemble, ils statuaient sur les
problèmes urgents de l'heure tels que les différends entre les
villageois. Les sentences prononcées étaient rarement
discutées car, en tant qu'autorité morale, il pouvait attirer sur
les récidivistes les foudres des ancêtres.
Toutefois, le rôle du fùm'a
puãu étant plus religieux que civil dans la gestion du
village, il était assisté par le kani et les
mfùm'a ndzo ou nga ndzo, selon
qu'il s'agissait d'un village mono-ethnique, mono-clanique ou composite.
Le kani, quant à lui, se veut une
institution qui règle les problèmes pouvant porter atteinte
à la sécurité collective. On dit de celui qui en est
chargé qu'il est kani : celui qui résout les
différends, celui qui, dans le groupe social, se distingue par son
talent oratoire, qui « utilise l'arme secrète du proverbe
et de la fable lorsqu'il règle les différends familiaux ou
tribaux »126(*). En d'autres termes, c'est le
« nga mbadi » ou « nga ndaãa
», c'est-à-dire le « maître de la
parole ». Le vocable " kàni " peut aussi signifier
le notable ou celui qui, par une activité, un comportement social
honorable, valorise son être. Le kàni, quel que soit son cadre de
compétence (ã'osi, puãu, ndzo), est une
sorte « d'aéropage de sages, de légistes
traditionnels »127(*). Selon François Meye, repris par Juste-Roger
Koumabila, « nga-mpuãu était entouré
d'un conseil de village comprenant les meilleurs spécialistes des
questions sociales et des femmes réputées pour leur
sagesse »128(*). Il incarnait la voix des ancêtres
(ndaãa bakutu) et, par le biais des différents chefs de
lignage, de segments de lignage présents dans le village, il
décidait et orientait consensuellement les pratiques et les
activités de la communauté.
2-3. Le fùm'a ndzo ou nga
ndzo
Le fùm'a ndzo ou nga
ndzo encore appelé « nga muyon?o »
ou « nga baari »,
c'est-à-dire « le chef de lignage » ou le
« pater familii », était le dernier maillon
de l'organisation politique des peuples de la région de FrancevIlle. Il
avait les mêmes attributions que le fùm'a puãu,
à la seule différence que l'autorité du nga ndzo
s'exerçait seulement à l'échelle familiale : il
gère l'ensemble des composantes de la famille (la famille
nucléaire et la famille élargie) ainsi que son patrimoine
culturel (chaque famille avait son génie protecteur et ses reliques).
Les « nga mandzo » ou chefs de lignage constituent
le noyau du village ; c'est à eux qu'incombe l'éducation
civique des villageois. Aussi, en leur qualité de membres du conseil des
notables, ils assumaient les actes répréhensibles des membres de
leurs familles devant cette institution. Il faut dire que les femmes
répondant aux critères de désignation des chefs
sus-évoqués pouvaient recevoir l'onction des anciens du village
et être portées au titre de mfùm'a puãu
ou fùm'a ndzo, si les descendants masculins du
défunt chef avaient des comportements sociaux ignobles. Mais ce pouvoir
circonstanciel, la femme, mfùm'a puãu ou
fùm'a ndzo, devait le léguer à sa
progéniture mâle129(*) André Even souligne
qu'« en 1931, dans la subdivision de Franceville, Lendoye, chef
de la tribu des Mindoumbou, a donné l'Onkàni à sa fille
Mbani, bien qu'il eût de nombreux fils »130(*).
En outre, ayant les mêmes attributions et les
mêmes prérogatives juridiques et religieuses, le fùm'a
puãu et le fùm'a ndzo avaient chacun des
responsabilités devant leurs ancêtres respectifs. Ils avaient tous
les deux, dans leurs familles, le devoir de véhiculer la parole des
anciens (ndaãa bakutu) parmi les résidents soumis
à leur autorité.
L'autorité du nga puãu sur
le nga ndzo venait de l'antériorité d'occupation de
l'espace par le fùmu. Ainsi, le fùm'a puãu
règne sur l'espace villageois, tandis que l'autorité du
fùm'a ndzo se limite à sa sphère familiale.
Mais, dans la gestion du village, les décisions étaient prises de
façon collégiale.
Cependant, ne pouvant être omniprésent
(au risque d'être considéré comme un esclave), le
fùm'a puãu était toujours en harmonie avec le
fùm'a ndzo par le biais d'un réseau
d'intermédiaires qu'il choisissait parmi les semi-libres, les
étrangers et les esclaves (surtout les esclaves et les
étrangers). Ils faisaient office de messagers tant auprès de ses
pairs que de la population.
Véritables collaborateurs et
porte-paroles des autorités et des institutions du
ã'osi, du puãu ou ndzo, les
émissaires des chefs étaient désignés selon les
peuples et les cultures par le nom de misudi chez les Ndzébi
et Awandji, batuma ou mesami mya ba fùmu chez les
Ndumu et Kani?í, etc. Très discrets, ils étaient
chargés d'informer les autorités des incursions
étrangères sur l'espace villageois. En d'autres termes, ils
étaient, à des niveaux différents, à la fois les
yeux, la bouche et l'ouie des chefs. Ils étaient chargés de
transmettre à qui de droit les ordres et les messages du fùm'
a puãu, du kani ou du fùm'a ndzo.
Au demeurant, l'organisation politique des peuples de la
région de Franceville à la fin du XIXème
siècle est restée attachée au réseau relationnel
des individus dans la société. Comme l'explique Monique Mavoungou
Bouyou, « Ces personnes devenaient des chefs de lignages
propriétaires et responsables des espaces territoriaux. De même,
ils devenaient des hommes chargés de l'organisation et de
l'administration d'espaces territoriaux »131(*). C'est donc cette situation
politique qui prévalut dans la région de Franceville avant
l'implantation coloniale.
Chapitre III :
LES RELATIONS INTER-ETHNIQUES DANS LA REGION DE
FRANCEVILLE À LA FIN DU XIXème
SIECLE
Les relations inter-ethniques désignent l'ensemble des
rapports entre divers groupements humains au cours de leur existence. Ainsi,
l'implantation de plusieurs ethnies dans la région de Franceville a eu
pour conséquences majeures l'établissement, entre ces
dernières, de relations de natures diverses. Comme, par exemple, les
relations d'alliance (la parenté et l'amitié, les relations
politiques et les relations de corps à travers les
sociétés secrètes et initiatiques, etc.).
1. Les relations d'alliance
Comme l'écrit Hubert Binga, à la fin du
XIXème siècle, les relations entre les peuples de la
région de Franceville « forment des réseaux d'alliances
multiples et de diverses natures (affinité clanique, association de
défense ou d'attaque contre un ennemi commun, brassage des populations
dû aux alliances matrimoniales, « camaraderie »
d'échange, etc.) »132(*). Ces relations d'alliances, qui unissent des
villages, des familles et des ethnies ont tout d'abord lieu dans le cadre de la
parenté133(*)
dont le clan (ibandi, obani, kaãa) et le lignage
(ndzo) constituaient la pierre angulaire.
Au-delà de la parenté pouvait aussi s'ajouter
l'amitié.
1-1. La parenté et l'amitié
Avant leurs implantations provisoires ou
définitives dans l'oekoumène forestier qui constitue, depuis
1880, la région de Franceville, certaines ethnies, plus ou moins
distinctes les unes des autres, ont entretenu, dans un passé assez
lointain, des relations fraternelles. Cela est particulièrement soutenu
par la plupart des mythes qui font état de la parenté (bemweyi,
omwòn ou mótsiãá) des groupes ethniques de la
région étudiée. Ainsi, le mythe de la création des
peuples du sud-est ci-après affirme :
1 « bon, mu niveau a mitsiãa
1. « Bon, au niveau de la
parenté,
2. na Muwandji, na Mundzaâß,
2. de l'Awandji, Ndzabi,
3.na Mundumbu, na Mukani?ß
3. Ndumu, Kani?ß,
4.na Mutsengi , ndjii (...) Mupunu
4. Mutsengi, jusqu'au (...) Punu,
5. ndjii Muyaãa, ndjii (...)
5. Jusqu'au Muyaãà, jusqu'au
(...)
6. Ndjii him [...]
6. Jusqu'au him [...]
7. Muwandji'a Ngunu,
7. Le Wandji, descendant de Ngunu.
8. Muyaãa' Ngunu,
8. Le Yaãà descendant de Ngunu,
9. Muvili'a Ngunu,
9. le Vili est descendant de
Ngunu,
10. Muduma Ngunu,
10. le Duma est descendant de Ngunu,
11. Mukaningi'a Ngunu,
11. le Kani?ß est descendant de
Ngunu,
12. Mutåãå' a Ngunu (...)
12. le Tåãå
est descendant de Ngunu (...)
13. ndjii Mutåãå.
13. Jusqu'au
Tåãå.
14.bisa benu na ba kaãa,
14. Nous avons des grands-pères.
15.bisa benu na ba kaãa ba ...
15. Nous avons des grands-pères que...
16. ba Ndzmbi `a âangß :
16. Que Dieu a créés :
17. Manondzo* (...)
17. Manondzo (...)
18. Manondzò mú liwandji /
18. Manondzo en liwandji /
19. be fumu'a liwandji.
19. C'était le chef du liwandji.
20. ndå mwana Tsina* na Bungwandjí*.
20. Il est fils de Tsina et de Bungwandjí.
21. ndå mwana Tsina na Bungwandjí.
21. Il est fils de Tsina et de Bungwandjí.
22.ndå tsuli na batswi na muyondo.
22. Il créa et les poissons, et le manioc.
23. bagnama mifungu,
23. Les animaux ont des poils,
24. Batí ngana bisa be.
24. les gens sont comme nous.
25. ndå ni luãu makumbu.
25. Il les nomma,
26. ndå ni luãu makumbu,
26. Il les nomma.
27. ndå luãu manduãu na makumbu (...)
27. Il donna les noms et nomma (...)
28. ndå `a butu baana ba taatì.
28. Il engendra trois enfants.
29. baana ba taatì, nd'abutí.
29. Trois enfants, il engendra.
30. yunuyu : Mbalì*.
30. Celui-là :
Mbálì.
31. yunuyu : Ndzáâß*.
31. l'autre :
Ndzáâß.
32. yunuyu : Bangala*.
32. l'autre : Bangala.
33. baana ba taatu :
33. Trois enfants :
34. Mbali li noir. Ndzaâß li noir
34. Mbali est noir, Ndzaâß est noir
35. Bangala nyamba - ndå ni mafuka
35. Bangala est Blan - il est le benjamin,
36. taata ndå a bu tondri ndå -
36. son père l'avait aimé -
37. ãu ni ti profond ?
37. là-bas c'est profond ?
38. C'est profond là-bas, hein ?
38. C'est profond là-bas, hein ?
39. C'est profond !
39. C'est profond !
40. nyamba `a yendrå, a basi le premier
40. Le Blanc partit, il trouva le premier
41. habitant de l'Afrique : Mubongo.
41. habitant de l'Afrique : le Bongo.
42. Mbalì a yendrå, butu bana tsamba,
42. Mbalì partit et engendra sept enfants.
43. Ndzaâß a yendrå, butu baana tsambu
43. Ndzaâß partit, engendra lui aussi sept enfants,
44. Bangala a yendru, butu baana tsambu
44.Bangala partit, engendra lui aussi sept enfants.
45. bo bosi, yu tsambu, yu tsambu, 45.
Tous, celui-là sept, celui-là sept,
46. yu tsambu, otcha mutaatu' a bo. 46.
celui-là sept, tous les trois.
47. me tsambu mia mi yendå, mí
gnaãa ? 47. Les vingt-un là partirent, en
s'ouvrant,
48. Ndzaâß na wa ndå mutsambu,
48. Ndzaâß et ses sept,
49. baa, me na makumbu:
49. ceux-là, j'ai leurs noms :
50. yu, Mvuka* (Buka).
50. l'un d'eux s'appelle Mvuka (Buka).
51. yo mwaana Ndzaâß yua tsomi.
51. Il est le fils aîné de Ndzaâß.
52. mwaana maduka: Kombila*.
52. Celui qui le suit s'appelle Kombila.
53. yua maduka : N`dombi*.
53 Celui qui le suit : N'dombi.
54. Ya maduka: Boundzanga*.
54. Celui qui le suit : Boundzanga
55. Yua maduka: Mombo*.
55. Celui qui le suit : Mombo.
56. yua maduka: Mwålå*.
56. Celui qui le suit : Mwålå.
57. Yua maduka: Gnimbi*.
57. Celui qui le suit : Gnimbi.
58. yua ni mwaana Ndzaâß yu mafuka
58. Celui-là est le benjamin des enfants de
Ndzáâi.
59. Gnimbi ka yendrå (...)
59. Gnimbi s'en alla.
60.å Mbali, tsamba Mbali,
60. Mbali, les sept de Mbàli,
61. m'obasa ka paãå.
61. pour retrouver, c'est difficile.
62. Him (...) Mbali ka yendrå,
62.Him (...) Mbali s'en alla,
63. yi kwålìì bãana ba
Ndzáâß na 63.il épousa
les enfants et
64. ba tådu ba Ndzaâß.
64. les petits-fils de
Ndzaâß.
65. Ndzaâß'a yendri kwåli baana ba
65. Ndzaâß partit épouser les enfants de
66. Mbali na ba tådu ba Mbali.
66. Mbali et ses petits-fils.
67. yu la âå ' ikwele ká Bangala.
67. Celui qu'on n'a pas épousé est
Bangala.
68. yuna temi?í yendi
68. Celui-là s'en est allé
69. na wua ndå mukuna.
69. avec sa charge.
70. baana ba Mbàli ni ba sàlí
70. Les enfants de Mbali étaient
restés
71. yula l'Afrique.
71. en Afrique.
72.Mvuka : Toundi na Ludi.
72. Mvuka, Toundi et Ludi
73. yo mukona Mvuka,
73. sont la charge de Mvuka,
74. mwaana Ndzaâß wua tsomi.
74. le fils aîné de Ndzaâß.
75. Est-ce que c'est nécessaire ?
75. Est-ce que c'est nécessaire ?
76. må ya ka Ndzaâß gnangala
wå ! 76. Je suis entrain de te
dévoiler Ndzaâß !
77. Hem (...) ma ka mala mabo ba
77. Hem (...) ça, ce sont les villages qu'ils ont
78. tungi na taata bo.
78. bâti avec leur père.
79. bo ba gnaãß taata ãona.
79. Ils ont laissé leur père
là.
80. Chaque mwaana yendri
80. Chaque enfant s'en est allé
81.bwa ndå bola.
81. dans son village.
82. Chaque mwaana yendri
82. Chaque enfant s'en est allé
83.bwa ndå bola.
83. dans son village.
84. må reti ya
hein ? »134(*). 84.
J'arrête là hein ? »
Il renchérit en ces termes :
« 85. ?a bisa bena , na
Mutåãå na « 85. Mais
nous tous, le Tåãå et
86. Mumbaamba, na Mukota na Mundasa 86. l'
Ombaama, le Kota et le Ndasa,
87. na Mupa?í na (...) besa be ndi baana
87.le Fang et (...) Nous sommes les enfants
88. ba Mbalí na ba Ndzaâß.
88. de Mbalí et de Ndzaâß.
89. musi Mbalí aya akwålí
mukari'a, 89. Si un de Mbálí vient
épouser la femme de
90. Ndzaâß, mukasía Ndzaâß
ayenå na ndå, 90. Ndzaâß, la femme de
Ndzaâß, part avec,
91. abutini ka ya ndaãa ndå âå
? 91. naîtront les enfants de sa
langue ?
92. baana ba ão íwoâo ka ka lipa?u
âå ? 92. Ces enfants ne parleront désormais le
fang
93. Mutsengi ayiå akwålå Muwandji,
93. Si un tsengi part épouser une awandji,
94. ndå baana ba awoâo ka kí
litsengi. 94. ses enfants-là parleront désormais le
tsengi
95. Muwandji áyá tålå
Mundumbu, 95. Si un Wandji vient épouser une
Ndumu,
96. baana ba owoâo ka liwandjí.
96. ses enfants-là parleront liwandji.
97. Mundumbu akwålå Muwandji,
97. Si un Ndumu épouse une Wandji,
98. baana ba owoâo ka ka lindumbu.
98. les enfants-là parleront lindumu.
99.ya ni ya bu ã' íbandi ãß
lí 99.C'est comme ça que le clan
est
100. ãß lí ãu Bawandji,
100. chez les Awandji,
101. ãß lí ãu Bakani?i,
101. chez les Kani?i,
102. ãß lí ãu Mindumbu,
102. chez les Ndumu,
103. ãß lí ãu
Bandzaâß, 103. chez les
Ndzaâß
104. ãß lí ãu
Batåãå. 104. chez
les Atåãå.
105. baana ba Mbalí na ba Ndzaâß
105. Les enfants de Mbalí et de Ndzaâß,
106. C'est devenu comme ça là.
106. C'est devenu comme ça là.
107 seâß seâß seâß
seâß seâß. 107.
Entremêlé.
108. bisi mutu ndi ti yu ? Munmon ! 108.
Nous sommes tous ? Un !
109. wa âangi baatí ndili Manondzo (...)
109. Celui qui créa les gens est Manondzó (...)
110. yo ni mutsiãa. 110.
C'est ça la parenté.
111. (...) me lå må /
109. (...) Si je dis que/
112. wå lå wå,
110. Si tu dis que,
113. le clan la må li,
111. mon clan est celui-ci,
114. wå basi mut'a wå ya.
112. tu trouveras un des tiens
115. yu recevå wå bubwå bubwå
bubwå. 113. qui te reçoit très bien.
116. C'est pour cela que baatí
114. C'est pour cela que les gens
117. bali tswakda tswakda tswakda. 115.
sont partout, partout, partout.
118. Même si itsa Bapunu,
116. Même chez les Punu,
119. wå yoãa :
117. tu entendras dire que :
120. Mundzaâß' a Ngunu
118. le Ndzabi est descendant de Ngunu,
121. Mutåãå' a Ngunu
119. le Tåãå est descendant de
Ngunu,
122. Mupun'a a Ngunu
120. le Punu est descendant de Ngunu.
123. hein ?
121. Hein ?
124. Mukani?ß a Ngunu
122. Le Kani?ß est descendant de Ngunu,
125. Mundumbu a Ngunu
123. le Ndumu est descendant de Ngunu.
126. bisa bå bosi mutu ndili munmon
»135(*) 124.
Nous sommes une seule et même personne »
Du fait que l'histoire soit
mêlée au sacré dans les sociétés africaines,
il a été très difficile, pour nous, d'accéder
à certaines informations, notamment sur les origines (bibandi,
obani) qui, selon les traditions du sud-Gabon, ne doivent pas être
dévoilées aux profanes, aux personnes étrangères
au clan, au lignage ou à la famille. Les lignes 37 à 39 et
86 à 88 du récit cité ci-dessus en sont la
parfaite illustration.
Malgré cet obstacle, si l'on s'en tient
à cette version, qui converge plus qu'elle ne diverge avec les autres
informations que nous avons eues et celles recueillies par Théophile
Ngomo136(*) et Richard
Moubouyi137(*), on
pourrait penser que les peuples de la région de Franceville auraient
entretenu des relations fraternelles sinon de bon voisinage. Et par
conséquent, ils ont des affinités.
Ainsi, contrairement à l'idée selon
laquelle les populations de l'Afrique subsaharienne étaient
divisées en tribus guerrières, la lecture de ce mythe semble
révéler une parenté indéniable entre les peuples
de la région de Franceville à partir de leurs ancêtres
Manondzó (en liwandji), fils de Dieu (ndzembi), et de Ngunu.
Ngunu semble désigné l'ancêtre commun
de certaines ethnies du Sud et Sud-Est du Gabon malgré leur dispersion
sur l'étendue du pays138(*). A propos de leurs origines mythiques
communes139(*) et de
leur cohésion140(*) renforcée par des liens
matrimoniaux141(*),
Pierre Savorgnan de Brazza, l'un des premiers Occidentaux à avoir
été en contact avec ces derniers à la fin du
XIXème siècle, dit : « J'étais
étonné de l'entremêlement de ces peuplades »142(*).
En dehors de la parenté de sang liée
aux origines communes143(*), Fernand Loungou fait état d'une autre forme
de parenté : celle liée à l'alliance matrimoniale. En
effet, à défaut de trouver mieux ailleurs, on se marie entre
soi, comme ce fut le cas des relations entretenues entre les descendants de
Mbàli et Ndzaâß, tous deux fils de Manondzo144(*). Cette image du mariage
endogamique, qui se traduit par les termes "obali" (Ambaama,
Atåãå), mobali ou vendala (Ndumu, Kaniçi) ou "mutedu"
(Awandji et apparentés) se justifiait-elle ?
Pour nos ancêtres, la
fécondité était perçue comme une valeur primordiale
à laquelle l'amour était subordonné. En effet, bien
qu'ayant les mêmes origines mythiques, les peuples de la région de
Franceville se mariaient le plus souvent au sein de leurs ethnies. Cette
pratique est rapportée non seulement par certains de nos informateurs
mais aussi par le proverbe ambaama qui dit : « Lentsusu l'
ongumi ova tsin'ongumi ». Soit littéralement :
«la feuille de l'okumé tombe sous l'okumé ».
Par analogie à cette feuille qui, après
sa chute, reste sous le tronc de l'arbre qui l'a produite, la femme,
« ciment des civilisations » dans ces
sociétés, ne devait pas s'éloigner de son ethnie. Cette
endogamie se justifie du fait qu'elle permettait de maintenir la pureté
de l'ethnie (son homogénéité), c'est-à-dire
d'avoir des hommes et des femmes soumis aux mêmes us et coutumes;
c'était une pratique courante de certaines sociétés de
l'époque. Cette situation cessa avec l'ouverture à d'autres
peuples, qui était surtout le fait de l'amitié et des autres
formes d'alliances qui en découlent.
Enfin, le mythe rapporté ci-dessus et le
constat fait par Pierre Savorgnan de Brazza ont permis de comprendre non
seulement la parenté des peuples de la région de Franceville
mais aussi leur dispersion survenue à la suite des
événements divers (mariage, changement d'habitation) qui ont
beaucoup distendu leurs relations. Jean Mokikali dit
Ossaâßãß rapporte en effet que :
1. « bis'abi bunu ?
1. « Nous, c'était
comment ?
2. ba oba ãa bo ã'osi,
2. Ceux-là restent dans leur pays,
3. ba så oba ãa bo
ã'osi. 3. ceux-là aussi restent
dans leur pays.
4. yi, ya bo tsiå?å,
4. Celle-là, c'est leur terre,
5. yi så ya bo tsiå?å
5. celle-là aussi c'est leur terre.
6. oto ve to a to âå
6. On n'arrive pas n'importe comment,
7. m'obata mamvuru [...]
7. pour éviter les bagarres [...].
8. ka gnamba ofa ya,
8. Mais, quand le Blanc arriva,
9. ka la gnaãß bini biesi.
9. on abandonna tout ça.
10. ka mamvuru vegna?a 10. Les
bagarres n'existaient plus
11. ya gnamba ãa sí.
11. quand le Blanc arriva.
12. ka bo lwana mvuru, ba 12.
Si vous vous bagarrez, on
13. kwatí, ba ãarí
mesígna, 13. vous attrape, on vous attache les
cordes.
14. mesigna mina, okuta mon 14. Les
cordes-là, on vous les attache au
15. mabini na matsi?i »145(*). 15.
bassin et au cou ».
De ce témoignage, il apparaît qu'avant
l'arrivée des Européens, pour éviter les conflits avec les
voisins, les différents peuples de la région de Franceville
sortaient difficilement des limites de leur territoire (ã'osi)146(*). Ils ne se sont
véritablement ouverts aux autres que grâce au
colonisateur147(*) et
à l'amitié qui découle de leurs contacts.
En ce qui concerne l'amitié (ondiãß,
vembaãß, bembaãß), prise au sens cordial du
terme, elle a été à la base des relations inter-ethniques
dans la région de Franceville. C'était une forme d'alliance qui
permit aux peuples des contrées proches ou éloignées de
s'ouvrir aux autres. En d'autres termes, c'était le moyen le plus
sûr pour l'établissement de relations de bon voisinage entre des
peuples d'origines ou de cadres géographiques différents. Elle
naissait soit à la suite des différends entre deux lignages,
familles ou ethnies, tel que ce fut le cas pour les Kani?ß du
patriarche Mosasi-A-Tsala et les Ambaama du patriarche Legnongo
l'Andjoão dans la première moitié du
XIXème siècle (entre la fin du
XVIIIème et la première moitié du
XIXème siècle)148(*), soit lors de l'initiation à une
confrérie secrète ou des activités des
sociétés concessionnaires, notamment le portage, la
récolte de la gomme sauvage et des fibres
végétales149(*)-
En effet, lorsque deux personnes de familles, de
clans ou d'ethnies différents contractaient une amitié, cela
pouvait engendrer des rapports positifs. Selon Nicolas Metegue N'Nah,
« certaines amitiés aboutissaient parfois à la
création de véritables liens de parenté très
solides entre clans d'une même ethnie ou d'ethnies
différentes »150(*). Cela dit, l'amitié favorisait le
développement des relations humaines. Dans les sociétés
traditionnelles, elle devenait ainsi une forme de diplomatie qui reposait sur
une entente cordiale. Jérôme Ngayama le rapporte en ces
termes :
a. « la bwo ondiãß ba
a. « En se liant cette amitié,
b. ondiãß ba ka kabo,
b. cette amitié pour bien la vivre,
c. avå bisa wå la ki
c. il faut que nous soyons,
d. yulu wå ntsyå må (...)
d. en amont toi, en aval moi (...)
e. ?a bo li ba bwo'ondiãß
e. Quand existait l'amitié,
f. eki ?a wå ya m'puã'a må
f. c'était, si tu viens dans mon village,
g. me mpi wå'abomo,
g. je te donne des biens.
h. wårå så ka ya m'puã'a
må, h. Si je viens aussi dans ton
village,
i. wårå si vuti m'abomo
i. tu me donnes aussi des biens.
j. ?a yia mbuãa, ayeni bwa,
j. A ce niveau, ça continue comme ça,
k. ayeni bwa, a yeni
k. ça continue comme ça, ça continue.
l. Dziami*, ça omani bo lafu
l. Si Dieu le veut, c'est la mort qui met fin,
m. ndiãß kwui, ndiãß kafa kwa,
m. l'ami meurt. Et, l'ami en mourant,
n. nga buãa a biti antami
n. Le propriétaire de l'ami se déplace,
o. oyeni m'puã'a ndiãß
o . et part au village de l'ami défunt.
p. ndiã' a må m'a kwa ,
p . Mon ami est mort,
q. na wa siri na ?
q . mais qui est resté à sa place ?
r. ndi wa siri mwaana kel'a nd'awu. r.
C'est l'enfant de sa soeur qui est là
s. wå biri bwo sí ondiãß bwa
s. tu tisses de nouveau l'amitié avec
t. mwaana kel'a ndå, kuãu, kuãu mian.
t. le neveu, ainsi soit-il.
u. wå ka bila eloão wå mpi ndå.
u. Si tu amènes les choses, tu lui donnes.
v. eloão a liãi ka baãa
m'ondiãß, v. Les choses se gagnaient par
l'ami,
w. okali liãi kabaãa m'ondiãß,
w. la femme se gagnait par l'ami ,
x. andiãß så liãi ka ba
m'ondiãß. x. les amis se gagnaient par
l'ami,
y. ondiãß a liãi bwa oki
»151(*).
y.1'amitié, c'était comme
ça ».
De ce témoignage, il ressort que les
relations amicales impliquaient l'idée d'échange de toutes
sortes de biens152(*) et
unissaient les familles de ceux qui ont initialement tissé ce
lien153(*). A un
certain degré de l'amitié, certains donnaient à leur
progéniture le nom de l'ami, d'autres s'initiaient aux pratiques ayant
cours dans le milieu de vie de leurs alliés. Ces alliances
étaient le plus souvent consolidées par des pactes de sang, des
mariages entre les ressortissants des villages ou ethnies alliés.
Ainsi, sur les bases du mariage, plusieurs liens se sont tissés entre
les Kani?i, Ndumu, Bewumvu et Mba?i, entre Ambaama et Kani?i, Ambaama et
Atåãå, entre les frères et voisins bungom,
bewumvu, mba?i et babongo. Par le biais de l'amitié, certains
peuples parvenaient à développer d'autres techniques d'ordre
économique et pouvaient aisément résoudre un
différend en sollicitant les compétences de leurs amis.
Dès lors, des relations d'intérêts pouvaient
prévaloir. C'est ainsi que, dès qu'un des amis a failli à
ses devoirs, l'équilibre de la relation et même de la
société est rompu et la vie personnelle de ce dernier est, par
la même occasion, désaxée. Philippe Endelet dit, en
effet :
1. « wå ya m'puã'a må,
1. « Si tu viens dans mon village,
2. me ?i w'abomo.
2. je te donne des biens.
3. m'a ndja m'puã'a wå,
3. Je viens dans ton village,
4. wå må ã'abomo ã'a mpa ?i
4. tu ne me donnes pas des choses,
5. alors ondiãi etsami?i»154(*). 5.
alors notre amitié s'interrompt ».
Enfin, par les liens d'amitié, s'est
développée une intercompréhension entre certains peuples.
Les Awandji, Tsengi, Ndzèbi, Ndumu et Kani?ì pouvaient
communiquer sans interprète. Il en était de même pour les
Ndumu, Bewumvu, Mba?i et Bakani?i. Cette situation nous amène à
conclure, avec Hubert Deschamps, que, malgré « leurs
particularismes vis-à-vis des autres peuples [l'amitié] ne les
empêche pas d'ailleurs d'avoir avec certains d'entre eux des
parentés dues soit à la langue, soit aux origines, soit aux
alliances matrimoniales fréquentes »155(*).
1-2. Les relations politiques.
L'établissement des rapports avec les
différents clans et lignages du groupe ou des groupes voisins incombait
au dignitaire principal du village (nga-puãu ou fum'a mpuãu) et
à tous les ressortissants de ce dernier qui connaissaient les liens de
parenté (mutsiãa, omwon). Ils entendaient créer et
maintenir une heureuse harmonie communautaire avec les peuples ou villages
voisins, communier aux besoins et aux malheurs d'autrui et garantir le respect
des droits de chacun.
Toutefois, à la fin du XIXème
siècle, les rapports politiques entretenus par certains peuples
étaient fonction non seulement de la situation géographique et du
climat de cohabitation belliqueuse ou pacifique mais aussi et surtout du lien
qui unissait les peuples ou villages voisins. Hyppolite Gnamalengoungou le
signale en ces termes :
1. « La politique la bisi mo mapuãu,
1. « Notre politique dans les villages
2. o yulu motsiãa.
2. se base sur le lien de parenté.
3. Politique a bisa bå yuosi, motsiãa
3.Toute notre poitique c'est le lien de parenté.
4.wo yaâß ?ß ?
4. Tu ne connais pas ?
5. wå motsiãa ?a baati ?ß,
5. Si tu n'as pas de lien de parenté avec les
gens,
6. wo bun'oyiå la ?ß.
6. tu ne peux pas aller loin.
7. La politique la bisa bå motsiãa.
7. Notre politique c'est le lien de parenté.
8. wå motsiãi ?ß, wå kili
?ß. 8. Si tu n'as pas de lien de
parenté, tu n'as rien.
9. m'osi ndzaâß ba moviasi
9. Quelqu'un du clan ndzàâß est investi
10. fùmu puãu.yuyu kia så
obani ya wå 10. chef de village.Si c'est aussi ton clan,
11. wå ya mwaana mama
11. tu deviens un allié indispensable,
12. bå mutu momon.
12. vous êtes une seule personne.
13. bå ya mokari momon,
13. Vous aurez désormais la même femme,
14. le famille lemon,
14. la même famille.
15. puã'a ndå ?a ya wå djami lemon.
15. Son village et le tien coopèrent.
16. la puã'a ndå la wå.
16. Ce qui menace son village te préoccupe.
17. La politique la bisi, Bakani?ß,
17. Notre politique, les Kani?ß,
18. Batåãå, Bambaama,
Bandzaâß, 18. les
Atåãå, les Ambaama, les Ndzèbi,
19. Bandumu, Bawumbu ?a Bamba?i
19. les Ndumu, les Wumvu et les Mba?i,
20. motsiãa »156(*).
20. c'est le lien de parenté ».
Dans le même sens que Hyppolite Gnamalengoungou,
Pierre Savorgnan de Brazza souligne le rôle important du lien de
parenté (motsiãa, omwon) dans l'établissement des
relations politiques entre différentes chefferies lorsqu'il dit :
« je rencontrai là un jeune et influent
Oumbété157(*), venu
pour épouser une fille de N'ghimi ; on le traitait avec tous les
égards accordés ici aux chefs de cette tribu. Trop faibles
pour résister à leurs belliqueux voisins et amis, les
Ondoumbos158(*) espèrent
retarder les hostilités ouvertes en mariant avec eux leurs filles. Non
qu'ils fussent en mauvaise intelligence, au contraire »159(*). En effet, face aux incursions
répétées des guerriers ambaama et des Bungom
sur les territoires voisins, certains chefs de village voire des notables,
suivant leur secteur d'influence, parvenaient par mesure préventive
contre les dangers auxquels le village pouvait faire face ou après les
échauffourées entre deux villages à la conclusion des
relations politiques entre lignages, clans, villages ou ethnies.
Enfin, il convient de mentionner qu'à la fin du
XIXème siècle, tout comme l'amitié, les relations
politiques entre certaines chefferies de la région de Franceville
étaient raffermies soit par des pactes de sang soit par des alliances
matrimoniales entre les parties concernées ou par l'adhésion de
l'un à la société secrète et initiatique de
l'autre.
1.3. Les relations de corps à travers les
sociétés secrètes et initiatiques
Dans les sociétés traditionnelles de la
région de Franceville, la gestion des villages-Etats était non
seulement assurée par le « nga-bola ou fum'a
mpuãu » (autorité morale du village, maître
de l'ordre du mpuãu) mais aussi par l'ensemble des
nécromants désignés par les expressions
« nga, nga?a ou nganga ».
Cette gestion collégiale du village et ses habitants
reposait sur la croyance aux mânes des ancêtres incarnés par
les reliques (mabutu ou epundu). Il convient de rappeler que,
dans la région de Franceville comme partout ailleurs en Afrique
précoloniale, les croyances animistes étaient présentes.
En effet, pour ces peuples, la mort était considérée comme
un changement d'état : le passage du monde matériel au monde
surnaturel que les vivants pouvaient consulter en cas de
nécessité160(*). Cela ne signifie cependant pas que ces peuples ne
croyaient pas en un esprit supérieur. Au contraire, comme le souligne
Joseph Ambourouè-Avaro, « le problème de l'existence ou
de la non existence d'un Dieu unique est finalement subordonné à
une définition de la connaissance »161(*). Par ailleurs, le
Père Lossedat, cité par André Raponda-Walker et Roger
Sillans, justifie la croyance aux mânes des ancêtres en ces
termes : « les naturels, ne se rendant pas compte de la marche
générale de l'univers, et ne comprenant pas, de ce fait, que les
corps soient capables de se mouvoir, ils ont supposé un esprit, une
intelligence, partout où ils voyaient le mouvement. Comme tout est
mouvement dans la nature, ils l'ont peuplée de génies qui
président aux fleuves, aux rivières, aux forêts, aux
fourmilières, et par extension aux cavernes, montagnes
etc. »162(*). Ainsi, le contact des nga
mpuãu, des nga?a avec l'au-delà et les totems
(forces surnaturelles) était maintenu par le canal des
sociétés secrètes et initiatiques dont les plus
réputées dans la région de Franceville étaient le
mungala, le ngoyi et le lissimbu (des Ikota et
Bewumvu), le maâayí (des Ndumu), l'onkani (des
Ambaama), le ngåtå (des Bakani?ß),
l'ebagni?i (des Atåãå), le mwiri, le
mawunda (Ndzébi, Awandji et Tsengi) et l'omfumu (des
Atåãå, Bakani?ß et Ndumu).
De l'analyse des traditions orales, il ressort de certains
témoignages des habitués de ces sociétés
secrètes et initiatiques que le but était de permettre, dans un
premier temps, à l'homme de se connaître davantage, de dominer les
aspects matériels de son existence et surtout de préserver
l'équilibre écologique : la relation de l'homme avec la
nature lui permet de connaître les vertus des plantes pour assurer la
survie du corps biologique et, partant, du corps spirituel163(*). Vu ainsi, comme Tulu Kia
Mpansu Buakasa, nous pouvons dire que le but de ces sociétés
secrètes et initiatiques « est donc d'améliorer le sort
de l'homme et de consolider sa position dans l'univers, en lui montrant les
forces qui conviennent le mieux à son renforcement ou qui peuvent
écarter les dangers qui le menacent »164(*).
Ainsi, n'ayant pas des agents des eaux et forêts
à l'époque, cette préservation des essences
écologiques était assurée par les membres des
sociétés secrètes et initiatiques. Tous ceux qui
entravaient ces interdits étaient soit réduits en esclavage soit
sujets à des sanctions beaucoup plus graves.
Comparant le mwiri à certaines pratiques
religieuses ayant cours dans la région de Franceville, André
Raponda-Walker et Roger Sillans écrivent : « Le but
apparent est d'honorer les ancêtres. C'est en quelque sorte une
ligue pour la protection de la nature et l'entretien des lieux publics,
doublée d'une police secrète destinée à rechercher
et à punir les coupables quels qu'ils soient »165(*).
En gros, les sociétés secrètes et
initiatiques, véritables écoles de la vie où la
connaissance se mêle au sacré et aux institutions socio-politiques
traditionnelles, tout en imposant leur discipline au-delà des
localités d'origine, ont été de grands facteurs de
cohésion des peuples de la région de Franceville. Comme le
souligne Nicolas Metegue N'Nah, « leur rayonnement
dépassait les limites ethniques et l'on peut dire qu'elles
contribuaient, dans une certaine mesure, au rapprochement des différents
peuples, notamment par la diffusion de certaines langues »166(*).
Au regard de ce qui précède, nous pouvons dire
qu'à travers les sociétés secrètes et initiatiques,
une nouvelle forme de parenté ou de sociabilité aux connexions
invisibles s'est développée non seulement entre les
maîtres (ba nga koâo), les disciples (ba nga?a)
et les adeptes (ba m'vendi) de ces ordres mais aussi entre les
groupes ethniques de moeurs différentes. Les sociétés
secrètes ont, pour ainsi dire, beaucoup oeuvré à
l'édification des lois sociales et au maintien de l'ordre social - c'est
le cas avec les interdits. Outre les relations d'alliance, les peuples de la
région de Franceville entretenaient d'autres types de relations.
1. Les autres types de relations
La cohabitation des peuples de la région de Franceville
ne permit pas que l'établissement des rapports d'alliance. En effet,
entre ces peuples, on notait aussi des relations tumultueuses, beliqueuses,
conflictuelles, ou au contraire des contacts pacifiques et amicaux, en
fonction du milieu et de l'histoire, ayant débouché quelque fois
sur une sorte de fraternisation des rapports, laquelle fraternisation a ouvert
la voie à un véritable commerce entre ethnies ou
nationalités.
2-1. Les relations conflictuelles
A la fin du XIXème siècle, les
populations de la région de Franceville vivaient en parfaite harmonie.
A l'exception des bagarres (angrù, manvùru)
liées aux problèmes de femmes (abandon du domicile conjugal,
remboursement de dot, adultère) ou de violation des limites
territoriales voisines, les conflits entre certains lignages ou
« nationalités » étaient, pour l'essentiel,
causés par le besoin de se ravitailler en esclaves et en produits
naturels afin de maintenir les relations avec les peuples de l'Ogooué
(les Aduma).
En effet, pour certains peuples, vendre les esclaves
était une garantie de se procurer des biens
manufacturés167(*). Pierre Savorgnan de Brazza le signale en ces
termes : « les guerriers [ambaama]se réunissent assez
nombreux, traversent l'Ogôoué et parcourent le pays, dont ils
seront maîtres dans quelques années. Leur passage laisse des
traces sanglantes. Tout est ravagé, brûlé, et, quand la
nouvelle de leur arrivée a rendu toute une région déserte,
ils se portent inopinément sur une autre. Toute (sic) ce qui tombe dans
leurs mains, hommes, femmes, enfants, est pris et vendu, soit aux Adoumas de
l'ouest, soit aux Batékés de l'est. C'est ainsi que les Obambas
sont devenus de grands fournisseurs d'esclaves, et que toutes les peuplades,
sans cohésion, sont constamment en éveil, se déplacent et
ne peuvent se livrer en paix à leurs travaux
habituels »168(*). Le peuple ambaama, notamment la frange
dirigée par le chef Legnogo-L'Andjoão, était
réputé "guerrier". L'omniprésence des "guerriers
ravisseurs Mbédé"169(*) dans les territoires voisins se soldait par le
climat d'insécurité qui se traduit par les conflits
inter-lignages ou des bagarres rangées mentionnés dans les
traditions orales collectées auprès de certains de nos
informateurs170(*).
Le dernier conflit armé qui, à la fin du
XIXème siècle, opposa les Ndumu de la rive droite de
la Pasa et Ambaama du chef Legnogo-L'-Andjoão fut jugulé par la
présence française dans la région. Pour rendre compte de
la situation qui prévalut dans la région de Franceville à
la fin du XIXème, le docteur Milletto écrit :
« pendant une quarantaine d'années, et jusqu'en 1900, les
guerres plus ou moins localisées se succédèrent ;
d'abord chassés du nord de la Leconi, les N'Doumou perdirent ensuite la
plus grande partie de la région entre Leconi et Ogooué-M'Passa.
Ils ne furent sauvés de la destruction à peu près
complète que par le petit groupe français du poste qui fit donner
le canon pour leur défense car les N'Doumou s'étaient
déjà montrés de précieux auxiliaires au moment des
passages de Brazza et pour la fondation de la Mission catholique et du petit
poste militaire (1880-1890-1893).[...] Désormais, la présence des
Français qui, peu à peu vont s'installer et créer des
postes de contrôle en brousse, va interdire les guerres
inter-tribales »171(*).
Loin d'emprunter des raccourcis patriotiques, il convient de
souligner que certains de ces grands guerriers auxquels les traditions orales
font allusion, à en juger le contexte, peuvent être
considérés comme des rabatteurs, des vendeurs d'esclaves et,
selon la législation de l'époque, de grands brigands. Par
ailleurs, la terreur et l'insécurité constatées dans la
région de Franceville à la fin du XIXème sont
«...liées essentiellement à l'Etat d'esprit
général créé par le phénomène de la
traite des noirs et à la pénétration commerciale
européenne »172(*).
2.2. Les relations en fonction du milieu et de
l'histoire
Les travaux de certains auteurs tels qu'Adolf
Cureau173(*), Hubert
Deschamps174(*), Martin
Alihanga175(*), Claude
Cabrol176(*),
André Raponda-Walker177(*), Juste-Roger Koumabila178(*) ainsi que la plupart des
traditions orales que nous avons recueillies sur le terrain s'accordent
à dire que le point de départ des peuples essaimés dans la
région de Franceville serait la région de la Haute-Sanga, au
nord-ouest de l'actuel Congo-Brazzaville. Dans le même ordre
d'idées, Paul Ndjabimba rapporte que :
« Nous tous : Bakani?ì, Bambaama,
Måndumu, Bawumbu, Batsitsiãå (Tsayi), Bandjaâi,
Bawandji, Batsangi, Batåãå (silence), nous revenons
tous du Congo. Nous sommes tous revenus du Congo parce que les Mboshi mangent
les gens. Tous les jours, ils mangent les gens. C'est en ce moment que les
ancêtres décidèrent de quitter ce pays où les
hommes mangent les autres. C'est en ce moment qu'ils sont venus. En venant, de
là où nous étions, nous avons emprunté les sources
de l'Ogooué et de la Pasa, de la Lesiâß (Sebe). Tout le
monde qui descendait ici pour fuir les Mboshi, certains d'entre nous sont
passés par les canyons pour aboutir sur la route de Zanaga, d'autres
sont venus par la route de Ngàkà-na Mwuâà179(*), par le village de
Mekoto »180(*).
La région de la Haute-Sanga semble avoir
été un passage obligé pour les populations de la
région de Franceville. De là, elles auraient
pénétré dans le bassin supérieur de le Lebani
(Ogooué) par différentes voies dont les plus connues
sont :
la vallée de la Lesiâß, pour les
Kani?ì, une frange des Atåãå, les Ndumu, les Ambaama
et une frange des Wumvu ;
les savanes de l'est de Franceville (« les
plateaux batékés »), pour les Ndzèbi, Awandji,
Tsångi et les Atåãå181(*);
la vallée de l'Hindwé (Ivindo), pour une autre
frange des Wumvu et des Kèlé de la région de Franceville
(Mba?i et Bungom).
Ainsi, partis de la Haute-Sanga pour des raisons diverses,
les peuples de la région de Franceville, par leurs trajectoires
migratoires communes, pour certains, ont des affinités linguistiques.
En effet, bien que faisant partie du groupe du sud-est, pour
la majorité, Hubert Deschamps182(*) et, dans une certaine mesure, Juste-Roger Koumabila
et Guy Claver Loubamono183(*) distinguent une affinité linguistique entre
Ndzebi, Tsengi, Awandji, Ambaama, Bakani?ì, Atåãå et
Ndumu qui, « entre eux, ne diffèrent que de peu. La
grammaire est à peu près pareille. Il n'y a que des
différences phonétiques sensibles »184(*). C'est dire donc que,
malgré les distinctions qui se fondent sur des particularismes
ethniques, ces peuples communiquent entre eux sans interprète. De ce
fait, nous pouvons déduire que les peuples de la région de
Franceville ont eu, dans un passé assez lointain, des contacts
prolongés. Cela peut aussi signifier qu'au départ, ils ont eu la
même langue. Mais que, cette langue, à cause des
phénomènes culturels, des contacts avec d'autres peuples ou de
l'éloignement, a subi des modifications et donc a évolué.
Par ailleurs, lorsque les peuples s'éloignent de leur
foyer d'origine, par la suite d'événements divers, on constate
chez eux une évolution des mentalités différente. Ainsi,
le comportement d'un peuple (d'une ethnie) par rapport à un autre se
justifie par le fait qu'ils aient vécu ensemble ou non. Pour cela, si,
à la fin du XIXe siècle, l'on observe une
cohésion ou une parenté sauvegardée
entre Ndzèbi, Tsengi et Awandji, entre Ambaama et
Bakani?ì, entre Bakani?ì et Ndumu, entre Bewumvu, Mba?i
et Bungom ou entre Bakani?ì, Ndumu, Bewumvu et Mba?i c'est parce
que ces ethnies partagent toujours le même espace géographique, le
même milieu et, partant, la conservation de leur passé commun.
De même, à la fin du XIXe
siècle, en dépit « de fréquentes jalousies
commerciales et l'antagonisme de race qui les divisaient »185(*). Ambaama et
Bakani?ì du nord-ouest de Franceville ou Bakani?ì, Ndumu, Bewumvu
et Mba?i, qui sont voisins dans les environs de Franceville et au sud-est du
Lebani, voire les groupes awandji, tsengi et ndzèbi à l'ouest de
Franceville, semblent beaucoup plus proches les uns des autres. Tandis que la
situation apparaissait tout à fait différente entre ces
mêmes groupes (exceptés les Ambaama du nord-est de Franceville) et
les Atåãå des savanes de l'est car la distance n'a pas
facilité l'établissement de bons rapports. C'est cette
hypothèse qui fera dire à Julien Kabele que « les
Atåãå étaient moins appréciés par
d'autres ethnies de la région de Franceville. Pour montrer le
caractère négatif de cette société, leurs voisins,
les Ambaama les traitent des Andjini?í »186(*). Pierre Savorgnan de
Brazza, qui a étudié les traits caractéristiques de
certains peuples de cette région à la fin du XIXe
siècle, trouve que les peuples « Ondoumbos, Aoumbos
et Bakanikés paraissent avoir un certain passé par le nom
générique d'Andjicani »187(*). Mais que peut bien
vouloir signifier ces termes d' "Andjini?i", "Andjicani", "Banjicana", souvent
employés par les peuples de la région de Franceville ?
Il semble que les Ndumu, Wumvu, Ndasa et Kani?ì sont
censés avoir appartenu aux marches du vieux royaume d'Anzico ou
d'Andjicana188(*). Par
conséquent, le même terme est, « selon les
Pères Prat et Schickelé, missionnaires catholiques dans la haute
Alima à l'est de Franceville au tout début du XXe
siècle, celui qu'utilisent les Ambosi pour désigner leurs
voisins, les Atåãå de la savane, parce que ces derniers
consomment les termites (antsaama) et les Chenilles »189(*). André
Raponda-Walker, qui s'est, lui aussi, intéressé à l'usage
du mot "Andjininis" ou "Andjininghi" pense que c'est « un terme de
mépris, synonyme de poltron appliqué aux Bakaninghi qui ont
dû fuir devant la poussée des autres tribus »190(*). Il renchérit en
disant que « les Mbédé se servent d'ailleurs
de cette expression à l'endroit des Mindumu et même les
Mbédé de l'intérieur pour désigner ceux de leur
race qu'ils ont chassés »191(*). Cependant, pour nombre de nos informateurs, le
terme "Andjininii" ou "Banjicana" est un adjectif utilisé par les Wumvu
et Mba?i pour désigner tous les autres peuples de la région qui
ne maîtrisent ou ne comprennent pas leurs langues. Le mot
"Banjicani", au lieu d'être considéré comme une
injure, serait donc l'équivalent du terme grec
« barbare » ou du mot fang
« bilop », qui signifie l'inconnu, celui qui est
différent de nous. Ce nom générique était
le plus souvent utilisé lors des plaisanteries entre
éléments de groupes ethniques voisins. La réponse à
ceux qui l'employaient, notamment les Wumvu et Mba?i, était
« Bakuta ou Akura »,
référence au peuple Ikota parce qu'il était
considéré comme des « Babongo ». Cette
plaisanterie détendait l'atmosphère entre ces peuples aux
traditions différentes.
Tout compte fait, même si les mémoires
collectives des peuples de la région de Franceville se rappellent qu'ils
sont des peuples frères, les conceptions de relations de collaboration
fraternelle dépendaient, à la fin du XIXème
siècle, de la situation de leur cadre d'existence. Car, dit-on souvent,
« l'environnement économique détermine la
pensée » et, dans ce cas, met les peuples en situation de
solidarité.
Cela nous amène à examiner les relations
d'échanges des peuples de cette région à la fin du
XIXème siècle.
2.3. Les relations d'échanges
L'ethnie est une composante démographique qui s'adapte
à toute sorte d'environnement. Cependant, dans la recherche des moyens
propres à leur survie, les membres de certains peuples ont
été amenés, bien malgré eux, à se
déplacer. Ce qu'ils n'ont pu trouver dans leur environnement
immédiat, ils ont su l'avoir avec les peuples des contrées
voisines, parfois après avoirs traversé monts, rivières et
savanes. C'est ainsi que dans leurs multiples déplacements ou changement
d'habitation, ces membre ont été amené, parfois
volontairement et souvent accidentellement, à rencontrer des membres
d'autres ethnies ou nationalités. Sont ainsi nées des relations
d'échanges entre les membres appartenant à des ethnies ou
nationalités différentes.
Aussi, les différents échanges entre groupes
ethniques de la région de Franceville s'effectuaient-ils autour d'un
système d'échanges basé sur l'équivalence en nature
du produit échangé. Le principe ainsi défini était
le troc.
A cet effet, les objets de transaction allaient des produits
naturels aux marchandises de traite en passant par les échanges
socio-culturels. Il convient de souligner que les différentes relations
d'échanges avaient une destination précise, c'est-à-dire
des partenaires privilégiés.
En ce qui concerne les produits naturels, les
différentes populations de notre région d'étude tiraient
de leur milieu toutes les ressources utiles à leur subsistance. Ce qui
faisait qu'en général, nombre de villages étaient
indépendants les uns des autres. Par ailleurs, il y avait aussi des
espaces habités qui étaient dépourvus de certaines
matières premières ou n'étaient pas du tout favorables
à certaines cultures. Ces différences géographiques
imposaient aux communautés qui ne possédaient pas certains
produits de s'adresser à ceux qui en avaient. La spécialisation
de certains groupes ethniques dans les activités agricoles et
cynégétiques a permis l'établissement des couloirs
d'échanges permanents avec les peuples environnants. C'est ainsi que
les Akula (Babongo), peuples des milieux sylvestres, vivant des produits de
prélèvement et de chasse, étaient les principaux
fournisseurs des ressources forestières aux populations voisines.
Sur le plan socio-culturel, les relations
d'échanges restent marquées par le mariage de jeunes filles pour
l'acquisition de la dot. En effet, la dot jouait un rôle essentiel dans
les échanges inter-ethniques. Celle-ci, selon l'exigence du partenaire
donneur de sa fille en mariage, devait comprendre, des objets
de métal. Ce pouvait donc être, entre autres, le ndzundu ou
ndzunu (masse-enclume), symbole de l'autorité, signe de
reconnaissance des services que doit rendre la fille à la famille du
prétendant, le piâß (la hache), le mungungu
(casseroles en laiton), le ndula (la sagaie), l'ompei, le
motieni et le Kungà ou le Pri (bracelet de cuivre).
De même, par le biais de ces alliances matrimoniales circulait une
myriade de produits de beauté dont le véritable art de parure
se trouvait dans les bracelets de fer que les forgerons Tsengi fournissaient
à leurs voisins. C'est le cas des
célèbres milongo, kwåtå, batchika
(les boucles d'oreilles), des masamba (lames servant au rasage et
à la circoncision) et des mabata (les
matchettes)192(*) .Ces objets en métal
étaient d'une importance capitale, car ces populations tiraient, pour la
plupart, leurs moyens de subsistance de l'exploitation du milieu naturel sur
lequel elles s'étaient fixées. En se spécialisant dans la
fabrication de ces objets, les Tsengi, Ambaama, Bewumvu, Ndumu
présentés comme d'excellents forgerons et les populations
voisines ont tissé de solides relations économiques.
Pour mieux s'en rendre compte, il suffit de convenir avec Roland Pourtier
lorsqu'il écrit : « le fer, moyen indispensable pour
l'exploitation de la nature et instrument privilégié pour les
échanges commerciaux et matrimoniaux, fut à l'origine d'une
hiérarchisation entre les groupes métallurges et ceux qui ne
l'étaient pas. C'est ainsi que les Batsangui avaient accumulé des
biens en provenance de leurs voisins, pagnes, paniers et poteries bandjabi,
masques adouma, et surtout le bien par excellence, les femmes : " il
arrivait que dans le besoin un père échange sa fille contre
quelques outils et c'est ainsi que les Batsangui avaient parfois 20 femmes
" »193(*).
Par le couvert de la dot, le partenaire donneur de sa fille
en mariage pouvait exiger qu'on lui apporte aussi des objets comme l'huile de
noix de palme, l'okayi (le sel "indigène" fabriqué
à base d'extrait de la sève du palmier), ekala (des
nattes), le mopoão (le pagne de raphia) etc. A
travers les échanges sociaux ou matrimoniaux, circulaient, entre groupes
partenaires, des techniques de production, des pratiques cultuelles
et, bien sûres, certains emprunts terminologiques (cas du vocable
«kani», propre aux Ambaama, que l'on retrouve dans la
désignation d'une des structures politiques des peuples voisins. On peut
donc dire que, par les relations d'échanges, ces peuples ont
embrassé les cultures de leurs voisins.
Il faut, au total, dire que les relations entre les peuples de
la région de Franceville remontent à des périodes
immémoriales (obscures). Aussi, à la fin du XIXe
siècle, malgré quelques échauffourées et des
barrières ethniques, les rapports entre les différents peuples de
la région de Franceville sont restés des relations de
collaboration fraternelle. Toutefois, avons-nous dit, cette fraternité
est restreinte, préférentielle.
Cette étude des relations inter-ethniques dans la
région de Franceville, à la fin du XIXème
siècle, conforte notre hypothèse de recherche en ce sens
qu'elle nous a permis de mettre en lumière les différents
rapports qui existaient entre les peuples de notre aire d'étude avant
l'implantation effective de l'administration coloniale.
Globalement, ces relations apparaissaient positives, car
c'est sur elles que les chefs indigènes se sont appuyés pour
désigner le chef ndumu Lendoyi-Li-Bangwali comme leur
représentant auprès de l'administration coloniale au cours des
années 1920. En effet, si ces relations pré-existantes
n'étaient pas bonnes, le choix du chef ndumu n'aurait pas
été possible et chaque peuple serait resté dans ses
limites territoriales.
En définitive, la région de Franceville
présente une diversité de nationalités bien
assises sur leurs traditions et organisées chacune selon les normes et
les prescriptions de la société traditionnelle. Pierre Savorgnan
de Brazza, en créant le 13 juin 1880 le poste d'administration coloniale
de « Francheville »194(*) qui devint « Franceville »,
à partir d'avril 1881, s'est appuyé sur ces peuples qui ont
constitué un réservoir humain et une main-d'oeuvre tant pour
l'oeuvre évangélique des Missions catholiques et
l'activité des sociétés concessionnaires que pour l'action
de l'administration coloniale.
DEUXIEME PARTIE
L'ETABLISSEMENT DE LA DOMINATION COLONIALE ET
L'ORGANISATION DE LA CHEFFERIE INDIGENE (1910-1960)
|
La colonisation s'est déterminée d'abord par des
besoins économiques : acccroître les ressources
générales du monde en utilisant des produits du sol (produits
végétaux et minéraux) méconnus des populations
autochtones195(*).
Après la période d'exploration, la mise en
valeur des territoires occupés fut entreprise et codifiée ;
elle nécessita l'action des colons et de l'administration. Pour
l'administration, le premier devoir était de représenter, sur
ces terres lointaines, par son action persévérante, l'esprit
français, c'est-à-dire garantir, avant tout, à tous,
indigènes et Européens, les bénéfices de la
civilisation française196(*). L'établissement de l'administation coloniale
dans la région de Franceville fut à l'origine des nouveaux
rapports nés du contact des deux civilisations : la civilisation
autochtone et la civilisation occidentale.
Chapitre IV :
L'IMPLANTATION COLONIALE DANS LA REGION DE
FRANCEVILLE
Après les premiers voyages d'exploration, les
explorateurs européens prirent possession d'immenses territoires riches
en matières premières. Dans ces territoires, les colonisateurs
devaient répandre leur culture. L'implantation française dans la
région de Franceville, à partir de 1880, répond à
cette logique d'occupation des terres prétendues incultes.
1. L'exploration du cours supérieur de
l'Ogooué et la création du
premier poste colonial
Après l'exploration du bassin du Como et du
Bas-Ogooué par les marins, militaires, commerçants, naturalistes
et géographes européens, jusqu' en 1974, les régions du
cours supérieur de Libagny étaient considérées
comme terra incognitae dont il fallait découvrir et
conquérir.
1-1.L'exploration du cours supérieur de l'Ogooué
(Lebani)
L'exploration du cours supérieur de l'Ogooué
fut entreprise par le naturaliste Alfred Marche et par Louis Alphonse Victor
Dupont dit le Marquis de Compiègne. Ils atteignent, en effet, le
village Lopé197(*) le 28 janvier 1874. Un mois plus tard,
« ils se heurtèrent à l'hostilité grandissante
des Fang de la branche mekè dont les nasses avaient été
saccagées par l'équipage des deux voyageurs. L'opposition des
Mekè fut telle que Marche et Compiègne durent rebrousser chemin
à l'embouchure de l'Ivindo le 10 mars 1874. Cependant, effectué
à un moment où l'on parlait de l'abandon du Gabon et de son
échange contre la Gambie, ce voyage attira beaucoup l'attention des
Français sur les richesses naturelles des régions visitées
et contribua au maintien de la présence
française »198(*).
Au moment de la déconvenue d'Alfred Marche et de Louis
Alphonse Victor Dupont dit le Marquis de Compiègne, le cours
supérieur de l'Ogooué, plus précisément
au-delà de l'embouchure de l'Ivindo, était toujours terra
incognitae pour les explorateurs européens. A cette époque,
le commerce restait la seule activité reliant le littoral à
l'hinterland. La résistance des peuples riverains, soucieux de
préserver leurs droits de douane dans les échanges commerciaux,
fut d'autant plus farouche que l'Europe tentait de briser le système des
intermédiaires préétabli. C'est dans cette
atmosphère que Pierre Savorgnan de Brazza, inspiré par les
récits de voyage de ses prédécesseurs tels que le
lieutenant de vaisseau Aymès (qui atteignit Lambaréné en
1867), le naturaliste Alfred Marche et Louis Alphonse Victor Dupont dit le
Marquis de Compiègne projeta, lui aussi, de continuer leur oeuvre :
reconnaître le cours supérieur de l'Ogooué. Pierre
Savorgnan de Brazza pensait « qu'une sorte de mer intérieure
sise vers l'équateur alimente toute l'hydrographie
africaine »199(*). En outre, Pierre Savorgnan de Brazza "entendait par
là briser les monopoles commerciaux des peuples du littoral et entrer en
contact avec ceux de l'intérieur"200(*). De ce fait, il entreprit l'exploration des
régions inconnues du cours supérieur de l'Ogooué.
Au cours de son premier voyage, Pierre Savorgnan de Brazza
était accompagné de trois européens : Noël
Ballay (médecin de l'expédition), le naturaliste Alfred Marche
(qui avait une connaissance du terrain) et le quartier-maître de
manoeuvre Hamon, ainsi que dix sept africains, dont quatre interprètes
gabonais et une escorte de treize laptots sénégalais.
Partis de Libreville le 3 novembre à bord du
Marabout, Pierre Savorgnan de Brazza et ses nombreux compagnons
arrivent à Lambaréné le 13 novembre 1875. Après un
séjour de plusieurs semaines dans cette localité, ils remontent
le fleuve le 13 janvier 1876 et parviennent à Lopé le 10
février de la même année. A ce point, l'explorateur et ses
hommes établissent leur premier Quartier Général pour
quelques temps.
Par ailleurs, Pierre Savorgnan de Brazza apprend que le
docteur Oskar Lenz201(*)
se trouve à deux jours de son campement. Chemin faisant, l'explorateur
français et son équipage s'empressèrent de rattraper leur
devancier qui « n'avait encore pu dépasser la
rivière Ofoué. Après d'inutiles efforts pour se rendre
chez les Ossiébas et les Adoumas, il se résigna à une
attente forcée, sans espoir de solution possible »202(*).
En ralliant à leur cause les chefs indigènes
les plus influents des régions visitées (Ranoké et
Ndoundou, chefs okanda ; Mamiaca, Nze Aboghe dit "Zabouré" et
Naaman, chefs ossiéba ; Djoumba et Djokonda, chefs shaké,
etc.), Pierre Savorgnan de Brazza et Oskar Lenz « qui
profitent de la disposition générale favorable aux
Blancs »203(*)
explorèrent les pays okanda, ossiéba, shaké et aduma.
De Lopé, le Quartier Général fut
provisoirement transféré au village de N'ghemé, en pays
aduma. De fait, en l'absence de Pierre Savorgnan de Brazza, Noël Ballay
et Alfred Marche remontèrent le fleuve et atteignirent le pays aduma,
plus précisément les chutes Dumé, le 29 juin 1876. Ne
pouvant franchir cet obstacle, les compagnons de Pierre Savorgnan de Brazza s'y
établirent. Entre-temps, Oskar Lenz, délaissé par ses
pagayeurs au confluent de la Lisiâß (Sébé) et de
l'Ogooué qu'aucun autre explorateur n'avait atteint est contraint
d'interrompre sa mission le 11 juillet 1876. Dès lors, Pierre Savorgnan
de Brazza et les siens eurent les mains libres pour mener à terme leur
mission.
Le 31 mars 1877, Pierre Savorgnan de Brazza rejoint ses
compagnons de voyage à Dumé. Face à la réticence
des Aduma de fournir des pagayeurs, Alfred Marche partit de Dumé «
non par le fleuve toujours bloqué, mais par le sentier qui longe le
fleuve, il dépasse le confluent de la Sébé et de
l'Ogooué et atteint le rapide de Moledi sur la terre du chef Mapoco, le
24 septembre 1876 »204(*). Au comble du désespoir, il demande à
rentrer en France. C'est ainsi que le 16 mai1877, il quitte
l'expédition.
Remontant, à son tour, l'Ogooué jusqu'à
son confluent avec la Leconi, Noël Ballay « apprend l'existence
d'une grande chute nommée Poubara ou M'foumbara dont l'existence avait
été cachée à Marche. Le chef Obamba, Leboussi a
ainsi dévoilé ce secret à Ballay en ajoutant qu'autrefois
les Adouma remontaient en pirogue jusque-là »205(*). Pierre Savorgnan de Brazza
préconise alors de transférer le quartier général
de Dumé à Poubara.
Pour bénéficier du concours des
indigènes, il est contraint de collaborer avec les puissants chefs
aduma (cas de Duomalam-bomba). C'est ainsi que, le 29 juin 1877, Noël
Ballay et le quartier maître de manoeuvre Hamon continuèrent
l'expédition avec treize pirogues, cent vingt Aduma et presque toutes
leurs marchandises. Ils arrivent à l'embouchure de la Sébé
le 30 juin 1877. Le 1er et le 2 juillet de la même
année, ils s'entretiennent respectivement avec le grand chef ombaama,
Lebossi, le grand chef awandji, Mapoco (qui fit la connaissance de Alfred
Marche), le grand chef ndumu Balla puis le grand chef kani?ß
Mosasa-A-Tsala. Parvenus au confluent de l'Ogooué et la Pasa, le 9
juillet 1877, les explorateurs (Noël Ballay et le quartier maître
de manoeuvre Hamon) se dirigent vers les chutes de Fulåbå
(actuel Poubara). Fascinés par les rapides de
Motsåãå (future Masuku) en pays kani?ß, ils
s'y établirent provisoirement. Dominique Ndilendogho relate le contact
des explorateurs avec les populations du cours supérieur de Lebani comme
suit :
« 1. mu bo ba mati Bambochi,
« 1. Quand ils ont quitté le pays des
Bambosi,
2. fumu Bakani?ß bwosi ali Mukaãa
2. le chef de tous les Kani?i était Moukaãa.
3. Mukaãa ito isi ki,
3. Lorsque Moukaãa est arrivé dans ce pays,
4. ko ali bati ?i.
4. il était inhabité.
5. nd'okitiãa, ndi bisi ya
5. Lorsqu'il arriva, il clama nous sommes déjà
6. Bakani?i. bisi li mukana?a isi ki
6. les Kani?ß.Nous avons occupé ce pays.
7.yi bana ba banguãu ba bisi ba yi ya bia bisi
7. Dès lors, nos frères nous ont suivi.
8. ndå bo ba sa ya bia bisi,
8. Losqu'ils nous ont suivi,
9. ndå yi Ngimi* ba yi isi ki.
9. Nguimi vint dans ce pays.
10. ndå Mundumu, mosiKa?adzoão.
10. Il est Ndumu, un membre de Ka?adzoão
11. yiayi basaãa bisi,
11. Il est venu nous retrouvé,
12. ndå ngula Pasa,
12. il s'installa sur une rive de la Pasa
13. Moukaãa så ngula Pasa.
13. Moukaãa aussi était sur l'autre rive de la Pasa.
14. Moukaãa yi twa ?a. Mubuãu yi
14. Moukaãa construisit sur le lieu
15. ndå yie ndjwani ?a Mumbaama.
15. qu'il s'était battu avec l'Ombaama.
16. ndå lia kali tsina. Brazza yi a yiri,
16. Il s'implanta là. Brazza vint,
17. ndå ifa ya, lia si naãa lia ndzali,
17. en venant, il laissa la voie de la rivière,
18. lia tori ku puãu Musasi-A-Tsala.
18. il parvint au village de Moussassi-A-Tsala.
19. Ito kwa, ndi wå ?a itwa ?i,
19. Arrivée là-bas, il lui dit : " tu ne construit pas
ici,
20. wå Ikuyi. ye wå låle nana
20. tu es un albinos". Allez dire à mon frère
21. Mukaãa oti ikuyi ndu kia ãieya
21. Moukaga qu'un albinos est entrain d'arriver
22. fu boribori.
22. avec des cheveux mouillés.
23. bise bå imono ndå ?a ?ß.
23. Qu'on ne puisse plus le voir ici là.
24. yi Brazza* ayi naãa mu
24. C'est ainsi que Brazza vint en remontant par
25. ndzali e ndzali li ndå ato ?a Masuku ?a.
25. la voie fluviale et arriva à Masuku.
26. ndå kuâisi Libani, ndå moni
26. Il remonta l' Ogooué et rencontra
Samolårå
27. Samolårå* ?a Ngalifutu*.
27. Samolårå* et
Ngalifoutou.
28. li nd' amoni Ngalifutu.
28. il avait rencontré Ngalifoutou.
29. ndi ndå itwa ?a, yi ba
29. Il décida de construire là. Mais ces derniers
30. ba leri ndå ndi wå ?a itwa
?i. 30. lui ont dit de ne pas construire là.
31. kuâusa kiãa.
31. Remonte en amont.
32. ndå ikubusa yi ndå a moni mukutu ,
32. En remontant, il rencontra l'aîné,
33. mukuta wua kumi Ndzigna* 33.
le Kota qui se nomme Ndzigna-Ye-Kuvu.
34. Ndzigna yi yie leri ndå nde
34. Ndzigna-Ye-Kuvu lui dit que :
35. "buma kumvu ka Masuku
35." le nom de ce village était Masuku.
36. yi ibiti kia mulili. mulili
36. A cet endroit, il y avait un étang. Cet étang
37. a Ngwa-Ngwaraga".
37. appartenait à la mère de Ngwaraga".
38. yi Brazza asi ya kubusa masuku. 38.
Ainsi, Brazza remonta à Masuku.
39. ito ?a mbuãa yi nde yie twayi ?a
39. Arrivé à l'endroit qu'il avait construit à
40. Masuku. Ngwaraga ndi
40. Masuku. Ngwaraga lui dit :
41. me ?a we ikala ni, we Ikuyi.
41." je ne cohabite pas avec toi, tu es un albinos.
42. wa be mufu. sila ?a puãu,
42. Tu étais mort, reste avec le
village,
43. me muyie.
43. je m'en vais.
44. yi Ngwaraãa yie yeni kiãa
Ngå?å. 44. Ngwaraãa partit en amont
Ngå?å1(*)
45. Brazza yi nde ãa sili.
45. Brazza quant à lui est resté.
46. nd'osila, yi nde a vuni?i ?a Ngimi.
46. En restant, il rencontra Nguimi.
47. ndå isa vunu?a ?a Ngimi.
47. En rencontrant Nguimi,
48. Ngimi, yi Ngimi yie wi ndå tsiå.
48. Nguimi, Nguimi lui donna la terre.
49. isi ali Bakani?i.
49. Ce pays était celui des Kani?i.
50. mukutu Bakani?i ali Mukaãa,
50. Le grand des Kani?i était Moukaãa,
51. mukutu Bakani?ß ali Musasi,
51. le grand des Kani?i était Musasi,
52. mukutu Bakani?i ali Ngwaraãa.
52. le grand des Kani?i était Ngwaraãa.
53. Ngwaraãa ali mwana Mukaãa.
53. Ngwaraãa était l'enfant de Mukaãa.
54. mukutu Bakani?i ali Mbakoão*
54. Le grand des Kani?i était Mbakoão,
55. bakutu Bakani?i ali Bisari*
55. Les grands des Kani?i étaient Bissari
56. ?a Ngulu*
56. et Noulou.
57. Mindumu ngula Pasa.
57. Les Ndumu étaient à l'autre rive de la Pasa,
58. mio mbisa mia yi.
58. ils sont venus après.
59. Mindumu fumu ali Ngimi
59. Le chef des Ndumu était Nguimi.
60 .?a Bakani?i bo
ndßãß ». 60. Mais
avec les Kani?ß, ils sont amis »206(*).
Dans la même perspective, Sylvestre Okologho rapporte ce
choque de civilisation en ces termes :
1. « ?a na, nd' oya, nd' obasiãß
« 1.Quand il arriva, il trouva
2. Samolrê, Okani?ß.Ndi,
2. Samolrê, un kani?ß. Il dit,
3. ki kila, be itsisaãa oma ?
3. cette chose vous l'appelez comment ?
4. Bawumbu ?a Bandumu ?á 4.
Les Wumbu, les Ndumu et
5. Bamba?ß ba kitiãß yana.
5. les Mba?ß arrivèrent là.
6-ndi bisi itsisaãa : Puâa.
6. Il dit nous l'appelons : Puâa.
7. Bawumbu ndi bisi itsisaãa :
7. Les Wumvu dirent que nous l'appelons
8. iwuwa. ?a na, Bamba?ß
8. iwuwa. Mais, les Mba?ß
9. itsisaãa puâa mon Lisuku.
9. appellent la chute par Lisúku.
10. ?a na nde, eau lieu que, 10.
Mais, lui, au lieu que,
11. nd'a tende mo Lisuku, 11.
il écrit Lisuku,
12. nde ya itende Machogo »207(*). 12. il
écrivit maintenant Machogo »
Dans la même logique, André Ndouomi, rapporte
ce qui suit :
1. « Ah! Justement (...) Vålunu*
[...] « 1. Ah! Justement (...)
Vålúnu [...]
2. Masuku*, puã' a Djanga*.
2. Masuku, village de Djanga.
3. Vålunu, puãu yi yeli ?a
3. Vålunu, le village qui se situe à
4. Masuku. yia puãu Vålunu.
4. Masuku. Ce village est Vålunu.
5. Masuku, puâa.
5. Masuku, ce sont les chutes d'eau.
6. gnamba'oya ndi :
6. Le Blanc en arrivant dit :
7. puâa yi kumu na ?
7. Cette chute s'appelle comment ?
8. ndi : Motsåãå*!
8. Il dit :
Motsåãå !
9. ndi ka yia ?ß, «Masuku».
9. Il dit pas celui-là, « Masuku
».
10. wa luãu kumu yia
10. Celui qui baptisa ce lieu,
11. ya motangani : Brazza.
11. c'est le Blanc : Brazza.
12. wa ngi kùmu
12. Celui qui a donné ce nom
13. yi «Masuku» Brazza »208(*). 13. de
Masuku est Brazza ».
De ce qui précède, il ressort que les peuples
des environs du rapide de Motsåãå209(*) (Bakani?ß,
Bandumu, Bewumvu et Mba?ß) ont offert l'hospitalité à
l'expédition dirigée par Noël Ballay au village du chef
kani?ß Samolrê. Cette péripétie de voyage permit
à Noël Ballay de jeter les bases des relations franco-gabonaises
dans la région de Masuku. Puis, de Masuku, l'expédition parvint,
le 10 juillet 1877, « au pied d'une très forte chute que les
Aduma déclarent infranchissable.[...] Aussi, selon les instructions du
chef de mission, le docteur Ballay établit-il leur nouveau Quartier
Général entre les deux cours d'eau, c'est-à-dire sur la
rive droite de l'Ogooué et celle gauche de la Passa, à
MASUKU...»210(*).
Informé de l'exploit de Noël Ballay et
de son établissement à Masuku, Pierre Savorgnan de Brazza,
toujours retenu par les Aduma, décida lui aussi de remonter
l'Ogooué sans le concours de ces habitués des difficultés
des chutes et rapides. Avec le reste de ses hommes (Samba N'digou, qui
était redescendu avec les Aduma, son interprète Denis et cinq
autres Gabonais), il quitta définitivement Dumé le 22 juillet
1877211(*). Il parvient
le 24 juillet au confluent de la Lisiâß avec l'Ogooué. le 26
juillet, il est cordialement accueilli par les dignitaires ombaama Lebossi et
ndumu Balla. L'équipage atteint le confluent de la rivière
Pasa et de l'Ogooué le 6 août 1877 vers dix heures du matin,
comme le souligne l'explorateur : « ...vers dix heures du matin,
nous arrivons au confluent de la rivière Passa que nous laissons
à gauche. [...] Le soir, j'arrivais au pied d'un grand rapide qui barre
entièrement le fleuve ; nous étions à Machogo,
où j'eus la joie de retrouver en bonne santé MM. Ballay et Hamon
et tout le personnel. [...] Machogo se trouvait à environ huit cent
kilomètres de la côte, en suivant le cours de l'Ogooué, que
nous remontions si paisiblement depuis vingt mois » 212(*).
De Masuku, Pierre Savorgnan de Brazza parvint à la
chute de Poubara le 10 août 1877, soit un mois après Noël
Ballay et Hamon. Il réalisa que « ce fleuve
n'était pas [...] une grande route permettant de pénétrer
par eau au coeur même du continent noir »213(*). Dès
lors, l'explorateur jugea utile de se diriger vers le nord-est par le cours de
la Pasa.
Le 11 août 1877, Pierre Savorgnan de Brazza et
quelques-uns de ses hommes remontèrent la Pasa et arrivèrent au
village ndumu du chef Pongo. De là, ils apprirent l'existence d'autres
peuples en amont de la Pasa. Le 13 août 1877, la mission atteignit le
village Enaï du chef ndumu Nguimi-A-Mburu, où elle fut
majestueusement reçue214(*). Cette rencontre permit à Pierre Savorgnan
de Brazza d'acquérir, au terme d'un traité d'occupation avec le
chef ndumu Nguimi-A-Mburu, un immense territoire dont la description est faite
par Paul Ndjabimba en ces termes :
1.« mokutu a bisi ku, okiãa
kunu, 1.« Notre aîné
là-bas, en amont,
2. wu Mendumu Nguimi* .
2. celui des Ndumu est Nguimi.
3. lia, li ba yeni
3. De là, ils partirent.
4. li ba basiãß Nguimi,
4. Ils trouvèrent Nguimi,
5. li ba kusuãú baati.
5. et rassemblèrent les gens.
6. li ndå ã'awoli ko! ko! ko! ko!
ko! 6. Il s'expliqua longuement.
7. nd' otsusu pu.
7. Il passa la parole.
8. Nguimi li ã'atoli.
8. Nguimi la prit à son tour.
9. ndi oui! D' accord !
9. il dit oui ! D'accord !
10.yí ngulu Lebani,
10. De ce côté l'Ogooué,
11.yí ngulu Pasa.
11. de l'autre côté la Pasa.
12. hem'mm [..].oto ã' ovusu,
12. Hem'mm [...].Arrivé devant,
13. mo ndjila a Mba?ß ?a Djumu,
13. sur la route des Mba?ß et la Djoumou,
14. ?a wå ?a droit yí ã'osa
piquet. 14. tu as le droit de mettre un piquet.
15. Brazza li ã'akunu piquet
»215(*).
15. Brazza y planta un piquet ».
Hormis ces pourparlers, l'exploration de la Pasa permit
à Pierre Savorgan de Brazza de faire la reconnaissance de certains
villages des pays mba?ß, ambaama, bakani?ß et
atåãå des environs. Le 5 septembre, accompagné
d'hommes et de femmes offerts par Nguimi-A-Mburu pour effectuer les premiers
transports à dos d'hommes, Pierre Savorgnan de Brazza rentre au
Quartier Général de Masuku.
L'exploration de la rivière Pasa lui a, certes,
donné une satisfaction mais elle n'a apporté aucun
résultat à ses attentes. Comme l'Ogooué, la
« Passa ne pouvait être utilisée et qu'il fallait
désormais transporter les bagages à dos d'hommes »216(*). Dès lors, le
Quartier Général de Masuku fut très vite
transféré à Nghémi217(*), sur la rive droite de la
Pasa, que l'explorateur situe en ces termes : « Notre
établissement s'éleva ainsi à la limite des territoires
ondoumbos, oumbétés et bangoués. A deux kilomètres
à l'ouest, étaient les villages de N'ghémi et de Lindoui
; ceux de Madouma et de Leoumbo se trouvaient au nord-est. Les villages de
Liwolongo et d'Olende étaient au sud-est »218(*).
Du Quartier Général de N'ghémi, Pierre
Savorgnan de Brazza, Noël Ballay et Hamon se tournèrent vers l'est
et explorèrent le pays des Atåãå jusqu'à
l'Alima où, face à l'hostilité des Boubangui en juin 1878,
ils furent contraints de rebrousser chemin. Enfin, après avoir
exploré le nord de la Licona, ils rentrent en France le 5 janvier 1879.
Ainsi, le cours supérieur de l'Ogooué a
été visité par les Occidentaux. Cela a permis aux
Français d'entrer en contact avec l'hinterland et de faire un premier
sondage des potentialités économiques du Gabon.
1-2. La création du premier poste colonial (Futur
Franceville)
Les résultats des explorations de Pierre Savorgnan de
Brazza et de Stanley219(*) intéressèrent un grand nombre de
chantres de la colonisation tel que le roi des Belges, Léopold II, qui
présidait le comité central de l'Association Internationale
Africaine (A.I.A.), dont l'activité consistait surtout en la
création des stations hospitalières et scientifiques.
Stanley présenta l'Afrique centrale comme un riche et
immense territoire où les matières premières, croyait-on,
pouvaient être évacuées par trois voies essentielles :
celle des grands lacs et du Nil à l'est, celle du Zambèze au
sud et enfin du Congo à l'ouest220(*). Des trois voies indiquées par Stanley,
Pierre Savorgnan de Brazza entendait atteindre la dernière en suivant le
cours supérieur de l'Ogooué et de l'Alima.
En fait, Pierre Savorgnan Brazza était
«possédé par son projet, par sa passion nationaliste qui
l'incitait à donner une nouvelle colonie à sa patrie
d'adoption »221(*). Pour convaincre l'opinion publique et les milieux
d'affaires, il anima des conférences au cours desquelles il
évalua les potentialités économiques du Congo tels que
« le caoutchouc, l'ivoire, les bois, l'huile de palme, les minerais,
la fertilité du sol propice à la culture du café, du
cacao, de la canne à sucre, du coton, des arachides, et de tout ce qui
pourrait être vendu de produits français, d'une population qui
aura des besoins de plus en plus croissants à mesure qu'elle se
développera en civilisation »222(*). L'A.I.A. chargea, de ce
fait, l'explorateur de choisir, entre les cours de l'Ogooué et de
l'Alima, l'emplacement des « stations hospitalières et
scientifiques d'où partiraient les missions d'explorateurs avides de
préciser la configuration du "continent mystérieux", et où
se réfugieraient les esclaves libérés par les
Européens »223(*) alors que la mission de fonder lesdites stations
étaient confiée à Antoine Mizon, que le Ministère
de la marine avait détaché auprès de lui. Il reçut
une subvention de 20.000 francs.
Pour son deuxième voyage (1879-1881), Pierre Savorgnan
de Brazza pouvait compter sur la collaboration du deuxième maître
de manoeuvre Hamon, de l'élève mécanicien Michaux, du
quartier-maître Gustave Noguez et de l'assistance de quinze Africains,
dont dix laptots sénégalais et cinq Gabonais.
Avec ses compagnons, Pierre Savorgnan de Brazza s'empressa
d'atteindre les cours de l'Alima et du Congo en suivant le cours de
l'Ogooué qu'il connaissait bien, afin de freiner les ambitions de
Stanley. Il remonta la Pasa du 8 mars au 10 juin 1880 et s'arrêta sur le
site de l'ancien quartier général de N'ghémi qui, deux ans
auparavant, était devenu sa propriété224(*). En effet, quelques mois
avant d'arriver sur le site de la future station, Pierre Savorgnan de Brazza
écrivit à Marius Fontane, secrétaire général
du comité français de l'A.I.A. :
« La mission dont je suis chargé étant de
choisir l'emplacement des stations et ayant pour cela la disposition d'une
somme limitée, je n'ai pas le droit d'engager d'autre personnel ni de
dépasser la somme qui m'est allouée. Toutefois, voyant la
possibilité de non seulement choisir l'emplacement de la première
station, mais aussi de la fonder, j'ai pris sous ma propre
responsabilité d'engager un personnel plus nombreux et de faire, dans ce
but, un surcoît de dépense »225(*).
Ainsi, le 13 juin 1880, à l'issue des accords
passés avec les principaux dignitaires des environs de Masuku et de la
Haute-Pasa, entre autre : les Ndumu Pongo, Nguimi-A-Mburu, Lindoyi, les
Kaniñi Nguia, Samolèrê, Ngwariãa, les Wumvu et
Mbañi N'zinia-Ye-kuvu, Nembe, Olendé, Lewoumbou, Liwolongo, les
Tåãå et Ambaama N'jayolé, Niamanatchoué,
Madouma, il décida de créer la première station
hospitalière du comité français de l'A.I.A.. A ce propos,
l'explorateur mentionne ce qui suit :
« J'ai l'honneur de vous informer
qu'aujourd'hui, à environ 1 heure de l'après midi, j'ai, au nom
de la France, planté ici le pavillon de la première station que
j'ai fondée dans l'ouest africain [...].C'est au sommet d'un plateau qui
a 300 à 600 mètres de large et qui s'étend sur un espace
de 5 mille ou 6 en longeant la Pasa, puis son confluent avec l'Ogooué
[...]. J'ai planté le pavillon en présence des chefs des environs
qui ont reçu un cadeau. Le pavillon a été salué par
dix décharges de mousqueterie quand j'ai dit : " Au nom de la
France, je plante ici le pavillon. Vive la France, vive la
République !", les hommes ont ensuite mis les genoux à terre
et j'ai dit :"Que Dieu protège la première station
française de l'ouest africain" »226(*).
Cette station hospitalière et scientifique que Pierre
Savorgnan de Brazza appelle désormais "la première station
française de l'ouest africain" fut initialement dénommée
"Francheville" (la ville des franchises) en reconnaissance de l'oeuvre
philanthropique de l'explorateur, considéré comme le
"père des esclaves". En effet, Pierre Savorgnan de Brazza concevait
cette station comme « un lieu d'asile où tous les esclaves
évadés venant habiter son sol trouveront la
liberté »227(*). Par ailleurs, par cette appellation,
Francheville s'inscrivit dans la logique des cités émancipatrices
telles que Freetown et Libreville. Cependant, dans un rapport fait à
l'A.I.A., daté d'avril 1881, Pierre Savorgnan de Brazza
écrivit : « je suis arrivé à
Franceville...»228(*). Dès lors, la graphie de Franceville,
qui semblait être un lapsus, devint définitivement le nom de la
première station hospitalière et scientifique puis du premier
poste d'administration coloniale français de l'hinterland.
Il faut, toutefois, dire que c'est sur le site de l'ancien
Quartier Général « N'ghémi229(*) », à la
rive droite de la Pasa et non sur celui du Quartier Général de
Masuku, à la rive droite de l'Ogooué (Lebani), que Pierre
Savorgnan de Brazza fonda, le 13 juin 1880, la première stations
hospitalières et scientifiques qu'il donna le nom de "Francheville" (la
ville des franchises) et qui prit la graphie de "Franceville" en avril 1881
parce que, « le comité de l'A.I.A. manquant de ressource avait
décidé de céder ses stations au gouvernement
français »230(*). En outre, semble-t-il que Franceville doit son nom
à cause de la ressemblance de la région aux paysages
d'Auvergne231(*).
En effet, dans ces récits de voyage, Pierre Savorgnan
de Brazza parle indifféremment de Machogo (Masuku en
réalité), Nghimi, Nghémi, Francheville et Franceville
pour désigner la première station hospitalière et
scientifique ou le poste colonial qu'il a crée sur les rives de Lebani
(Ogooué) et de la Pasa, créant ainsi une confusion sur le plan
chronologique. Une telle attitude peut cependant s'expliquer. Il s'avère
que Pierre Savorgnan de Brazza attachait lui-même plus du crédit
au nom « Masuku », point par lequel il prit contact avec
les Kaniñi, les Mbañi, les Wumvu, les Ndumu et, partant, toutes
les nationalités ou ethnies du cours supérieur de Lebani.
Cependant, la survivance des noms français (Francheville puis
Franceville) peut s'expliquer par la nécessité que ressentait
Pierre Savorgnan de Brazza d'inciter les bailleurs de fonds à investir
au Congo, dans l'Ouest africain. Par contre, l'usage des noms locaux (Machogo
(Masuku en réalité), Nghimi, Nghémi) aurait dû avoir
pour raison, le souci d'associer les indigènes et de les pousser
à contribuer davantage à l'extension de l'entreprise coloniale.
Ainsi, après avoir ainsi jeté les
prémices de la présence française dans le cours
supérieur de l'Ogooué, le 22 juin 1880, Pierre Savorgnan de
Brazza quitta Francheville et, partant, le bassin de l'Ogooué pour
celui du Congo où il devait choisir l'emplacement de la deuxième
station de l'A.I.A. En attendant Antoine Mizon, il confia le commandement de la
station de Francheville au quartier-maître de la marine Gustave Noguez en
1880 puis à ses successeurs à savoir : le
mécanicien de la marine Michaux (1882), le maréchal des logis de
la Garde républicaine Roche (1884), l'Adjudant d'infanterie de la
marine Pieron (1886), le Sous-officier Manas (1887) et le Sergent de la Garde
régionale Sar Raynald (1895-1896)232(*). Mais à cause des difficultés
budgétaires, comme les autres postes du cours supérieur de
l'Ogooué, Franceville fut abandonné à son propre sort, en
1896. Il fallu attendre l'installation des sociétés
concussionnaires et celle de la mission catholique pour mettre en valeur cette
oecoumène forestier.233(*).
1-3. L'installation des sociétés
concessionnaires et des missionnaires dans la région de Franceville
Après avoir créé le poste
d'administration coloniale de Franceville et contribué, avec ses
compagnons, lors d'une troisième mission (mission de l'Ouest Africain),
à la création d'autres postes tels : Kinkouna en
février 1882, Madiville (Lastoursville) le 9 juillet 1883,
Diélé et Lékéty en décembre 1883, etc.,
« Brazza fut rappelé à Paris pour conférer sur
le parti à tirer de la nouvelle situation créée autant par
l'acte général de la conférence de Berlin de mai 1885 que
par la convention entre la France et l'Etat Indépendant du
Congo »234(*).
Pendant son absence, les actes de violence auxquels s'étaient
livrés les agents subalternes de ses intérimaires (Mizon,
Descazes, Michaux, Roche, Pieron) avaient créé un fossé
entre les populations autochtones et les membres de la mission de l'Ouest
Africain235(*).
Cependant, nommé commissaire général du
Congo français le 27 avril 1886, Pierre Savorgnan de Brazza voyant,
à son retour, le chaos dans lequel se trouvaient les postes de
l'Ogooué et de l'Alima, écrivit au ministre des colonies le 20
juillet 1887 pour lui expliquer la gravité de la situation. A propos du
personnel par exemple, il souligne qu'« il ne reste aucun des
400 indigènes laissés par moi au service
régulier »236(*). Cette situation se compliqua davantage. En effet,
en 1896, à l'hostilité des populations autochtones
s'ajoutèrent des difficultés d'ordre matériel et surtout
budgétaires237(*). Ainsi, la même année, on assistait
à la fermeture des postes de Franceville et de Lastoursville, sous
prétexte de réduire les dépenses budgétaires pour
1898.
Par ailleurs, à la suite du rappel de de Brazza,
accusé de malversation financière par son administration
d'origine en décembre 1897, le poste d'administration coloniale de
Franceville fut delaissé de 1898 à 1909. Mais comment les
autorités françaises s'en sont-elles prises pour compenser ce
déficite budgétaire ?
Dans l'espoir d'administrer le Congo français à
moindre frais et sous la pression de milieux d'affaires parisiens
pressés de percevoir des bénéfices238(*), le gouvernement
français partagea le Congo en 1899 entre de grandes compagnies
concessionnaires pour une période de trente ans, suivant un
système expérimenté par Léopold II dans l'Etat
Indépendant du Congo. Les quarante sociétés d'exploitation
ainsi créées reçurent le monopole de la commercialisation
des matières premières coloniales tels que le caoutchouc,
l'ivoire, les produits du palmier à huile, le sésame, etc., tout
en respectant les dispositions inscrites dans le cahier des charges. Il
convient de rappeler qu'en dehors des ressources naturelles, les compagnies
concessionnaires se devaient d'assurer le bien-être des
« malheureux humains qui y vivaient »239(*). A cet effet, la S.H.O.,
déjà présente dans la région de Franceville en
octobre 1893, obtint du gouvernement français une concession de 104.000
km² avec une étendue de 700 km de l'Ogooué. La convention du
30 octobre 1893 mit à sa disposition toutes les installations
officielles existant dans le bassin du Haut-Ogooué240(*). Dès lors, cette
société, attachée à la maison Dumas-Béraud,
commença officiellement la mise en valeur de son domaine de traite.
A Franceville, où elle fut représentée,
pour la première fois, par Monsieur Goulert, la S.H.O. entreprit la
mise en valeur de la région en s'appuyant sur la main-d'oeuvre locale.
Comme le souligne Martin Alihanga, « la S.H.O. exploite sans
vergogne la simplicité des indigènes en matière
d'économie de marché [...] La main-d'oeuvre locale que la
S.H.O.exploite à fond n'est pas constituée que de pagayeurs mais
aussi de tous les paysans, ses fourniseurs de caoutchouc, de palmistes (ou
amandes de palme), d'ivoire, ou les ouvriers qu'elle emploie dans ses champs de
cultures, paturages et dans ses coupes de bois, là où elle a pu
en amorcer quelques essais »241(*). L'installation de la S.H.O. dans la région
de Franceville fut suivie de celle des missionnaires.
1-4. L'installation des Missionnaires dans la région
de Franceville
L'installation des Missionnaires dans la région de
Franceville fut facilitée par le climat
d'insécurité242(*) qui prévalut à la mission catholique
Saint-Pierre Claver de Lastoursville. En effet, en 1886, Bamba, chef
awandji du village Madoukou - reliant le « pays » awandji
et le « pays » ndzèbi - instaura un blocus contre
ceux qui s'aviseraient de traverser ses terres afin de commercer directement
avec les Ndzèbi. Le refus par l'administration de s'acquitter du droit
de passage était à l'origine des attaques dont le clergé
catholique fut la première victime. En un temps record et au prix de
plusieurs ruses, Bamba remporta des succès spectaculaires. Cependant,
à la suite de l'arrestation de l'un de ses principaux
généraux, Mopema, et des menaces répétées de
la famille de ce dernier, Bamba se rendit à l'administration locale. Sur
le chemin du retour au village Madoukou, il fut tué par les gardes
laptos chargés d'escorter Mopema. Son action fut dynamiquement
poursuivie par son neveu Tsangou-A-Mbera243(*).
Cette guerre, qui dura presque dix ans, eut des
conséquences fâcheuses. En 1896, Pierre Savorgnan de Brazza
évoqua la possibilité de retirer ses agents que, seule,
l'obligation de protéger les missionnaires retenait. Face à ce
climat d'insécurité et lorsque les intentions de de Brazza furent
connues, Monseigneur Le Roy, promu supérieur
général de la Congrégation du Saint-Esprit, exprima au
commissaire général ses craintes pour les missionnaires de
Lastoursville. Il suggéra au gouverneur du Congo Français d'aider
les missionnaires à se transporter à Franceville244(*).
Ainsi, le 27 mai 1897, les Révérends
pères Dahin, Tritant et Aloïse Raphaël Stéphane
quittèrent Lastoursville pour Franceville où « La
S.H.O. céda à titre gracieux aux missionnaires un terrain de 1300
ha »245(*).
Ces derniers fondèrent la mission de Franceville sur la rive droite de
la Pasa en juin 1897. Le père Alexandre Biton les y rejoindra en mars
1899. Désormais transféréé à Franceville et
consacrée au Sacré-coeur de Jésus, la mission prit, le 21
juin 1901, le nom de Saint-Hilaire.
Tout comme l'installation de la S.H.O., celle des
missionnaires marque le début de la colonisation mentale des peuples de
la région de Franceville. Il faudrait dire que « la mise en
place des structures coloniales eut pour effet d'arrêter pratiquement les
migrations et de fixer les ethnies dans leurs limites
actuelles »246(*). Après la création de l'A.E.F.,
l'administration coloniale fut véritablement organisée.
2. L'organisation de l'administration
coloniale
De 1898 à 1909, l'administration coloniale fut
pratiquement inexistante dans la région de Franceville. Il fallut donc
attendre les années 1909 et 1910 pour voir ce poste du
Haut-Ogooué réoccupé.
2.1. La reprise du poste de Franceville (1910-1915)
Le poste d'administration coloniale de Franceville fut
réouvert le 22 février 1910. L'administrateur Potin et son
adjoint Dorrival entreprirent alors de l'organiser. Leur action fut
favorisée par les relations que les agents commerciaux de la S.H.O. et
les pères de la mission catholique entretenaient avec les populations
autochtones247(*).
L'administration mit cette situation à profit.
En 1911, toutes les populations ndumu (alliés des
Explorateurs, Commerçants, Missionnaires puis des Administrateurs)
recencées s'acquittèrent de l'impôt. Les
Atåãå réagirent de la même manière.
Seuls, les Kani?ß s'opposèrent à l'impôt, mais il
suffit de quelques punitions pour réduire à néant leur
timide velléité d'indépendance248(*). En dehors des environs du
poste, le reste de la région de Franceville n'avait jamais
été exploré depuis Pierre Savorgnan de Brazza. Aussi les
peuples voisins de ceux du poste furent-ils bienveillants, tandis que
« les tribus Awandji de l'ouest et les Batéké de
l'est étaient hostiles à l'impôt dont ils contestaient
l'utilité »249(*).
Cependant, les années 1912 et 1913 furent difficiles
pour les autorités coloniales. L'occupation irrationnelle de la
région favorisa l'état de liberté des populations
autochtones. Pour asseoir son pouvoir, l'administration coloniale occupa les
postes créés notamment à Saïak (voisin de l'actuelle
ville de Moanda), Opata (actuel Boumango) et dans les plateaux de la
Haute-Leconi qui, de concert avec les postes de l'Alima, devaient contraindre
les peuples Atåãå des alentours à se soumettre.
A partir de 1915, la résistance à la
pénétration coloniale commença à s'affaiblir. En
effet, après l'occupation de Saïak (Sayaka) et d'Opata en 1913,
l'adiministration coloniale avait assis progressivement son autorité et
la région nord-est de Franceville fut totalement
pénétrée les années suivantes.
En somme, la politique européenne dans ces
contrées fut le résultat de plusieurs systèmes coloniaux.
Dans la région des plateaux, à l'est de
Franceville, la situation politique était satisfaisante malgré
les premières hostilités qui éclatèrent entre
l'administration et les Atåãå en 1913. La répression
des Atåãå de l'est restaura la paix à Franceville.
Mais, la première guerre mondiale entraîna la dislocation du
Haut-Ogooué. Ainsi, « une partie de la circonscription de
Franceville fut rattachée le 16 janvier 1916 à la circonscription
des Bandjabi (chef-lieu Mbigou), et, en 1917, Franceville passa sous
l'autorité militaire et le resta jusqu'au 18 janvier
1920 »250(*).
En gros, la reprise du poste de Franceville et de sa
périphérie permit à l'autorité coloniale de
disposer d'un immense rayon d'action. Mais, pour atteindre cet objectif, elle
devait compter sur la la collaboration des chefs indigènes.
2.2. Le découpage administratif de la région de
Franceville (1909-1960)
En 1910, l'organisation administrative du «Congo
Français» fut modifiée. Le Congo Français devint
l'"Afrique Equatoriale Française", regroupant les colonies du Gabon, du
Moyen-Congo et de l'Oubangui-Chari-Tchad, administrées chacune par un
lieutenant-gouverneur. Le décret du 7 mars 1920 ajouta à cette
fédération la colonie du Tchad qui abandonna l'autorité
militaire pour être sous l'autorité civile251(*).
Partie intégrante de la colonie du Gabon suivant le
décret du 29 décembre 1903252(*), le découpage de la région de
Franceville est le résulte de l'oganisation administrative interne de
cette colonie. La première réforme est rendue officielle par
l'arrêté du 29 septembre 1909 du gouverneur général
du Congo Français, Martial Merlin, qui déterminait les
circonscriptions et les subdivisions de sa zone de compétence253(*). L'article 2 du même
arrêté fixait les limites des unités administratives
créées. Au terme de soixante-onze ans de présence
française, c'est-à-dire en 1910, le Gabon fut constitué
de vingt circonscriptions, dont seize circonscriptions civiles et quatre
militaires254(*).
Tableau n°1 :
Organisation administrative de la colonie du Gabon, 1909.
Circonscriptions civiles.
|
Circonscriptions militaires.
|
Como
|
Okano
|
Libreville
|
N'komis
|
Oroungous
|
Eshiras
|
Dilo-Lassio
|
Côte-Nord
|
Bas-Ogooué
|
Ivindo
|
Ofoué-N'gounié
|
Lastoursville
|
Bongo
|
Nyanga
|
Franceville
|
Kouilou
|
Okondja
|
Bakougnis
|
Woleu-N'tem
|
Lolo-Ouaya
|
Source: Tableau réalisé par l'auteur, à
partir des informations recueillies dans l'ouvrage de Marc Louis Ropivia et
Jules Djeki, Atlas de la formation territoriale du Gabon.
Frontières et unités administratives des origines à nos
jours, CERGEP/ ACCT, Libreville, 1995, pp32-33.
Ce tableau nous montre que la colonie du Gabon était
presque pacifiée, car elle était à 80 % administrée
par les civils.
D'abord, la circonscription de Franceville fut divisée
en deux subdivisions : Saïck (Sayaka) et Opata (Mopata). En 1910, le
poste d'administration coloniale de Franceville devint le chef-lieu de ladite
circonscription255(*).
Après 1910, la région de Franceville connue des
découpages successifs. En effet, en 1916, le poste de Franceville
devient le "Haut-Ogooué". Le 16 janvier 1916, alors que la colonie du
Gabon était en pleine guerre mondiale aux côtés de la
métropole, une partie de la circonscription du Haut-Ogooué
(Saïack) fut rattachée à la circonscription des Bandzabi -
qui eut pour chef-lieu Mbigou256(*) - et, le 31 mars 1917, Franceville passa sous
l'autorité militaire jusqu'au 18 janvier 1920. Entre-temps, le
1er décembre 1919, les archives mentionnent que la
circonscription du Haut-Ogooué est constituée de trois
subdivisions : Franceville, Opata et Zanaga257(*). A partir de cette date, la disparition de
Saïack est ainsi constatée et ses territoires englobant Moanda et
Bakoumba furent attribués à la circonscription de Franceville.
Dès 1922, faute de personnel administratif, Opata connue le même
sort que Saïack. Le chef-lieu Franceville devient, une fois de plus, la
bénéficiaire de ses territoires, et sa superficie dépassa
largement les limites initiales du poste.
Par ailleurs, le territoire de la circonscription du
Haut-Ogooué allant grandissant, et conformément à la
circulaire du gouverneur général Victor Augagneur au sujet de
l'utilisation des chefs et notables indigènes258(*), « la
première promotion de chefs de canton commença au Gabon le 12
février 1920 »259(*). Dans le Haut-Ogooué, ces fonctions
échurent à Lendoyi-Li-Bangwali, chef ndumu du village
Våmbålå, et à Nzinia-Yå-Gnågnå, chef
wumvu du village Packa. Entre 1920 et 1934, d'autres chefs furent investis de
ces charges. Ilconvient de souligner que cette réforme politique fut
codifiée en 1936 par le gouverneur général
Reste260(*).
En outre, en mai 1924, la partie orientale du
Haut-Ogooué, plus précisément la Zanaga et la Leconi -
devenus subdivisions entre 1919 et 1920 - furent rattachées à la
colonie du Moyen-Congo. De même, par les arrêtés du 15 avril
et du 1er juillet 1925, le reste de la circonscription fut
transféré. De la sorte, pendant vingt-un ans, les populations du
Haut-Ogooué furent soumises à l'autorité de Brazzaville.
Le lieutenant Turennes, en sa qualité d'administrateur de la
circonscription, mentionne dans son rapport annuel de 1925 ce qui suit :
« Le territoire de circonscription encore agrandi en octobre 1925 de
l'ancienne subdivision de Kimboto s'étend sur les plateaux de
l'Ogooué et de la Luli, ses limites sont communes avec les
circonscriptions du Djouah, des Adoumas relevant de la colonie du Gabon ; du
Pool, de l'Alima Lifini et de la Likouala Mossaka, ressortissant du
Moyen-Congo. Elle est divisée en trois subdivisions : Okondja au nord,
Franceville au centre, Zanaga Kimboto au sud.Total : 20000 km²
»261(*).
Cette période semble augurer un avenir obscur pour la
circonscription du Haut-Ogooué. Car, à peine ratachée au
Moyen-Congo, la Zanaga - une poche de cette circonscription - sera
intégrée à la circonscription de la Bouenza-Louessé
(chef-lieu Sibiti)., aux termes de l'arrêté du 15 novembre 1934
prenant effet à compter du 1er janvier 1935, la cirrconscription du
Haut-Ogooué en tant que telle fut supprimée et rattachée
au département du Niari, formant ainsi le département du
Niari-Ogooué avec, pour chef-lieu, Dolisie.
Par ailleurs, les terres de Dambi et de Boundzamba du poste de
contrôle administratif d'Okondja, comme le stipulent les dispositions de
l'arrêté du 23 janvier 1936, furent rattachées à la
subdivision de Lastoursville (département de l'Ogooué-Ivindo). De
ce fait, l'arrêté du 29 avril 1936, appliqué à
partir du 1er juillet de la même année, reconstitua
le département du Haut-Ogooué, qui ne comprenait plus que la
subdivision de Franceville et celle d'Okondja, tandis que la subdivision de
Zanaga demeura liée au département du Niari. En outre, à
la suite de la réorganisation politico-administrative entreprise par le
gouverneur général Jean-François Reste262(*), les populations de l'A.E.F.
furent regroupées dans des ensembles appelés "terres", "cantons"
ou "tribus". Ce fut la période du réamenagement territorial. De
ce fait, le Haut-0gooué disposa de 13 cantons désignés par
les ethnonymes numériquement prédominants. Dans la subdivision de
Franceville, « on dénombrait les unités ethniques
suivantes : les cantons des Mindoumbou, Bahoumbou, Obamba, Bandjabi, Mbahouins,
Bawandjis, Batéké-ndjinigui et Batéké. Le nombre de
terre quant à lui variait de 6 à 10 terres par
canton. »263(*).
Après avoir subi toutes ces modifications
territoriales, les limites du Haut-Ogooué, aux termes de
l'arrêté du 28 mars 1937, furent définies de la
manière suivante : « ... la ligne de partage des eaux de la Ngoko
et du bassin supérieur de l'Alima, d'une part, de celui de
l'Ogooué de l'autre, jusqu'à la source de la rivière
Djoumou. Le cours supérieur de la Djoumou, jusqu'à son confluent
avec la Bafifi ; le cours de Bafifi jusqu'à sa source. Une ligne
conventionnelle joignant cette source au confluent de la Létili et de
l'Ogooué ; le cours de la Létili jusqu'à sa source, la
ligne de crète séparant les bassins de la Likoko, de la Libombi
et de la Likiri de celui de la Louessé, jusqu'à la source de la
rivière Leyou. Le cours de la Leyou jusqu'à son confluent avec
l'Ogooué, le cours de l'Ogooué jusqu'à son confluent avec
la Sébé, le cours de la Sébé, en le remontant
jusqu'à sa rencontre avec la piste Okondja-Lastoursville. De ce point,
une ligne conventionelle rejoignant la source de l'Ambili (mont
N'gouadi)»264(*).
Par décret n°46-2-250 du 16 octobre 1946, portant
réorganisation administrative de l'A.E.F., le Haut-Ogooué est
détaché du Moyen-Congo et redevient gabonais.
Ainsi, de la création de l'A.E.F. jusqu'en 1934, la
région de Francevile a connu des réformes tant sur le plan
politique qu'administratif. La décision de son transfert au Moyen-Congo
répondait aux préoccupations géographiques et
économiques.
En effet, géographiquement éloignée des
centres de décisions administratives par le massif du Chaillu et la
dense forêt équatoriale, la région de Franceville
n'était reliée à Libreville et aux autres parties du pays
que par la voie très incommode de l'Ogooué : les pillages et les
naufrages étaient tellement fréquents que son usage fut toujours
préjudiciable à son ravitaillement. A cela s'ajoutait le
coût du transport et la durée du trajet265(*). L'Ogooué, en sa
qualité de principale voie de navigation, avait ainsi contribué
à l'isolement du Haut-Ogooué. Le rêve d'une grande voie de
communication de l'Ogooué, nourri par Pierre Savorgnan de Brazza, avait
définitivement échoué à cause des rapides du
fleuve. Dans ces conditions, l'enclavement de cette région
n'était tempéré que par son ouverture sur le Congo, lieu
par excellence où elle pouvait faire transiter la totalité de son
approvisionnement.
Sur le plan économique, la construction du chemin de
fer "Brazzaville-Océan Atlantique", dont le projet avait
été étudié durant la décennie 1880-1890 par
le capitaine Le Châtellier266(*), exigeait le recrutement d'une main-d'oeuvre
massive. La gestion du budget relatif à cette entreprise revenait de
droit à la colonie du Moyen-Congo, principale
bénéficiaire du chemin de fer. La région de Franceville,
avec sa mosaïque ethnique, constituait un important réservoir de
recrutement de mains-d'oeuvre pour l'aboutissement du grand chantier. Pour
saisir la portée de cette décision, il suffit de comprendre le
gouverneur général Victor Augagneur lorsqu'il déclarait en
1921 que « la rapidité avec laquelle l'entreprise sera poursuivie
dépendra de notre activité qui ne fera pas défaut, mais
aussi d'autre facteurs : argent, matériel, main-d'oeuvre
»267(*). Ainsi fut
décidé le rattachement du Haut-Ogooué au Moyen-Congo, car
les autorités coloniales y trouvaient un grand intérêt
pour le ravitaillement des chantiers du chemin de fer et le recrutement des
travailleurs. Dès lors, le Haut-Ogooué participa à la
réalisation de cette voie en fournissant en moyenne 1200 travailleurs
par an268(*).
Au-delà des nécessités immédiates, la
réorganisation territoriale ainsi opérée pouvait
paraître conforme à la conception d'un espace que le chemin de fer
était appelé à structurer269(*). Mais cette situation, qui
fit le bonheur du Moyen-Congo, entraîna des incidences tant
démographiques qu'économiques pour la colonie du Gabon.
En 1926, à la suite du détachement du
Haut-Ogooué, le Gabon perdit, à en croire Georges Bruel270(*), 15874 habitants, soit
5,5% de sa population. Or, sur le plan économique, le Gabon, à
l'instar des autres colonies de l'A.E.F, avait, à l'époque, pour
principale ressource financière l'impôt de capitation. Ce
départ constitue donc, pour lui, un manque à gagner énorme
au profit de la colonie du Moyen-Congo.
Mais comment comprendre qu'après la conférence
de Brazzaville et l'avènement de l'Union française en 1946, les
autorités coloniales décident du retour du Haut-Ogooué
à la colonie-mère ? Quelle a été la réaction
des autochtones au sujet de ce retour ?
La question du retour du Haut-Ogooué au Gabon a
été justifiée « par les besoins en main-d'oeuvre
de l'économie forestière gabonaise au lendemain de la guerre.
[...] Le Haut-Ogooué fut en effet mis à contribution pour aider
à la reprise des activités des chantiers du Bas-Ogooué :
le contingent des travailleurs recrutables en 1947 était fixé
à 2420, soit approximativement le quart des adultes mâles valides.
Le scénario est donc comparable à celui qui en 1925 avait mis
le Haut-Ogooué au service du Congo-Océan »271(*).
De plus, « en 1946 l'importance du gisement de
manganèse de Moanda était à tout le moins pressentie. Un
rapport du service des mines de Brazzaville établi pendant la guerre en
faisait état, tandis qu'en 1945, le géologue J. Nicault attirait
l'attention sur l'intérêt du gisement que devait visiter un an
plus tard (en 1949) D. Sinclair pour le compte de l'U.S.Steel. Les
autorités coloniales ne pouvaient pas ignorer les perspectives
minières du Haut-Ogooué et rien n'interdit de penser qu'elles
aient préféré que le manganèse fût
localisé au Gabon plutôt qu'au Congo dans la perspetive d'une
évolution amorcée vers l'autonomie des
colonies »272(*). Ces perspectives économiques qu'offrait la
région du Haut-Ogooué donnèrent lieu à un
débat au conseil représentatif gabonais, débat au cours du
quel le conseiller Paul Gondjout, après avoir rappelé que
« le Gabon avait souffert "non seulement dans son moral mais
aussi dans sa chair " depuis la création de
l'A.E.F. »273(*), déclara que « le Gabon ne
pourra jamais admettre, non seulement d'être insulté plus
longtemps, mais d'être démembré à nouveau
concluait-il, demandant la confirmation du rattachement du Haut-Ogooué
»274(*) au Gabon.
Ainsi, à la suite « des discussions, 21 conseillers
votèrent pour le maintenir du Haut-Ogooué dans le territoire du
Gabon, tandis qu'il y eut deux abstensions, celles des Conseillers du
Haut-Ogooué, Otha et Okikadi »275(*).
Comme le souligne Hubert Binga, « le retour de
la "région de Franceville" [...], au Gabon constitue un facteur
important qui annonce, pour le futur, le début de nouveaux types de
rapports entre l'administration coloniale et les populations locales.
C'était la première fois que pour une question
d'aménagement du territoire, le pouvoir colonial sollicitait l'avis des
populations (représentées par treize chefs de canton)
»276(*). De ce
fait, réunis en conseil de notables, Kiki François, chef de
canton ndumu, « demande la parole et déclare ne pas
comprendre pour quelles raisons un retour en arrière a été
décidé. Fortement appuyé par l'ensemble des notables, il
constate que pendant la période où le Haut-Ogooué
étant rattaché au Gabon rien ne fut fait et que le pays resta en
sommeil. Il s'étonne et avec lui N'zinia, chef des Bahoumbous et plus
violemment Bongo, chef des Batékés, que maintenant que deux
routes ont été ouvertes vers le chemin de fer et Brazzaville, une
décision "tourne le Haut-Ogooué vers la région sauvage et
sans voies d'accès du Gabon Est". Les notables demandent au chef de
Département d'intervenir auprès du Gouverneur
Général pour faire rapporter une mesure qui " va les ramener
dans la barbarie"»277(*). Malgré cette revendiction, et donc au
grand mépris du voeu des populations autochtones, la décision du
retour du Haut-Ogooué fut adoptée.
Somme toute, il sied de retenir que l'histoire du poste de
Franceville, de sa création à 1946, a été
émaillée d'une instabilité politico-administrative. Cette
instabilité est le résultat de plusieurs facteurs, à
savoir le manque de personnel, de matériel, et surtout les raisons
économiques, qui ont à la fois déterminé son
rattachement au Moyen-Congo et, vingt-un ans plus tard, son retour à la
mère- patrie
Cependant, après ce retour, la région de
Franceville subit encore quelques réaménagements territoriaux. En
effet, à chaque fois que l'administration coloniale constatait des vides
juridiques, elle introduisait des nouvelles réformes. C'est ainsi que,
par arrêté du 14 novembre 1947, il fut créé,
à l'ouest de la subdivision de Franceville, le poste de contrôle
administratif de Leconi. Ce poste devait réunir, en deux cantons, les
populations atåãå de Franceville et d'Okondja. Mais,
« son occupation fut en fait éphemère. M. Lief,
administrateur stagiaire, Docteur en droit, qui s'y installa de juin à
novembre 1947 l'abandonna subitement. On le confia à nouveau à un
sergent de la milice régionale chargé exclusivement du
dispensaire et du contrôle des transactions commerciales avec les
régions voisines. Il l'abandonna à son tour en décembre
suivant »278(*).
En 1948, sans affecter l'organisation cantonale du 28
décembre 1936 modifiée par les arrêtés du 26
novembre 1937 et du 17 juin 1939, les villages situés à la
périphérie du poste de Franceville (canton mindoumbou, terre
ondouama) furent organisés pour compter du 15 juin 1948 en douze
quartiers (ces quartiers étaient groupés en un village
appelé " Franceville")279(*). Deux ans plus tard, la réforme territoriale
de 1950 conduisit un changement d'appellation des unités administratives
du Gabon. Les termes "région" et "district" remplaçèrent
ceux de "département" et "subdivision". Puis, par arrêté
n°844/APAG du 29 mars 1957 portant réorganisation cantonale dans
la région du Haut-Ogooué, le district de Franceville comporta
désormais cinq cantons, à savoir :
le canton de la Leyou ;
le canton de la Lekei ;
le canton du Haut-Ogooué ;
le canton de la Haute-Leconi ;
le canton de la Djouya.
Comme nous le constatons, à la désignation des
cantons par les ethnonymes se sont substitués des hydronymes.
S'appuyant sur la lettre n°439 du 21 avril 1958 du chef de région
du Haut-Ogooué, quelques modifications furent apportées à
l'organisation du district de Franceville par Louis Raimbault, en sa
qualité de chef de district, le 30 juin 1958280(*). A partir de cette date, en
effet, cette unité administrative fut constituée de six
cantons281(*).
Tableau n°2
Cantons
|
Nombre d'habitants
|
Canton Nord
|
6368
|
Canton Ouest
|
5370
|
Canton Sud
|
3899
|
Canton (Atåãå) Lekei
|
5035
|
Canton (Atåãå) Djouya
|
1995
|
Quartiers de Franceville (poste)
|
1404
|
Réorganistion territoriale du district de
Franceville en1958
Source : A.N.G., Fonds
d'archives de Franceville, politique indigène, sous-série
2Db(I).52.1 : Commandement indigène
du Haut-Ogooué. Lettre n°16 du
chef du district Franceville à M. Le chef de Région du
Haut-Ogooué. 1948-1958. p. 2.
Enfin, dans une lettre non datée, le ministre de
l'intérieur recommande au chef de la région du Haut-Ogooué
de changer les appellations "Nord, Sud, Est, Ouest" données à
certains cantons par une dénomination plus imagée, rappelant soit
celle de la principale agglomération susceptible de devenir un "centre
cantonal", soit celle des plus importants cours d'eau s'inscrivant dans leurs
limites282(*). C'est
ainsi que, conformément à cette lettre, la région du
Haut-Ogooué fut répartie, en 1959, en huit cantons dont cinq
pour le district de Franceville283(*) et trois pour celui d'Okondja.
Alors, qu'est-ce que cela a donné concrètement
comme dénomination ?
Tableau n°3
Organistion territoriale du district de Franceville
en1959
Cantons
|
Nombre de village
|
Nombre d'habitants
|
Ogooué-Leyou
|
57
|
5398
|
Haut-Ogooué
|
67
|
5260
|
Ogooué-Lekei
|
70
|
6614
|
La Djouya
|
17
|
1778
|
Haut-Léconi
|
43
|
5041
|
Source: A.N.G., Fonds d'archives de Franceville, politique
indigène, sous-série 2Db (I)52 :
réorganisation cantonale, regroupement et
délimitation des chefferies, (carte), 1948-1958, .pp.2-5.
C'est donc ce dernier découpage adminisratif de la
région de Franceville qui demeura jusqu'en 1960. La carte n°4
résume cette organisation administrative.
2.3. La hiérarchie de l'administration coloniale
dans la région de Franceville
La région de Franceville présentait,
dans sa gestion, une organisation pyramidale comportant deux niveaux
d'encadrement des populations indigènes, à savoir la
circonscription - devenue ensuite département puis région - et la
subdivision - dénommée plus tard district -.
Le lieutenant-gouverneur du
Gabon, placé sous la haute autorité du gouverneur
général de l'A.E.F., résidait à Libreville,
capitale de la colonie du Gabon. Il était représenté dans
chacune des circonscriptions et subdivisions, respectivement, par le chef de
circonscription et le chef de subdivision.
Les chefs de circonscription étaient soit des
administrateurs soit des officiers désignés par le
lieutenant-gouverneur de la colonie. A ce titre, les attributions du du chef de
circonscription variaient selon les domaines de compétence.
Ainsi, sur le plan administratif, le chef de
circonscription ou de région était tenu de veiller à la
coordination du fonctionnement des services de la circonscription. Il en
rendait compte au lieutenant-gouverneur par des rapports périodiques,
des correspondances administratives et bien d'autres actes officiels.
Dans le domaine financier, le chef de circonscription ou de
région faisait office d'ordonnateur délégué ou
sous-coordonnateur des budgets du gouvernement local ou d'établissements
publics. Il avait la mission de procéder au recouvrement de
l'impôt collecté par les chefs indigènes qui, par le biais
des conseils des notables, décidaient de la fixation de la
quotité des impôts. Enfin, il était chargé de
contrôler, de surveiller les chefs indigènes et de fournir les
renseignements concernant les imposables et les indemnités de la
région qu'il administre.
Les circonscriptions étant divisées en
subdivisions, les chefs de subdivision étaient sous la tutelle du chef
de circonscription à qui ils rendaient compte du fonctionnement des
services publics placés sous leur autorité. Le chef de
subdivision donnait également son point de vue sur les
préoccupations locales touchant aussi bien à
l'instruction publique qu'à divers autres secteurs. Sur le plan
judiciaire, il avait la surveillance des tribunaux coutumiers. Dans ce domaine,
il devait empêcher tout empiètement de ces juridictions sur
les domaines réservés
respectivement aux tribunaux de 1er degré et
ceux de second degré. Il devait, en outre, procéder aux
inspections périodiques des tribunaux coutumiers284(*). Ils se faisait
présenter les registres "dit des conciliations" ou "dit des jugements"
et veillait à la régularité des procédures et
à l'observation des coutumes285(*). Dans les tribunaux coutumiers, il avait un droit
d'appel.
Désigné dans le jargon local par le terme
« commanda », les chefs de subdivision
étaient les collaborateurs d'un autre niveau de commandement
colonial : les chefs indigènes.
Les tableaux n°4 et 5 présentent
chronologiquement les différents chefs de station, de poste et de
circonscription, de subdivision et de district de la région de
Franceville de 1880 à 1960.
Tableau
n°4
Les différents chefs de station, de poste, de
circonscription,
de subdivision et de district de la région de
Franceville de 1880 à 1960.
Décision de nomination
|
Noms et Prénoms
|
Grade
|
Date de prise de service
|
|
Savorgnan de Brazza
Pierre (dit Bula- Matari ou Olumagnwi)
|
Lieutenant de Vaisseau
|
1880
(création de la station)
|
|
Noguez
|
Quartier maître de la marine
|
1880-1881
|
|
Michaux
|
Mécanicien de la marine
|
1882
|
|
Roche
|
Maréchal des logis de la Garde Rép.
|
1884
|
|
Pieron
|
Adjudant d'infanterie de la marine
|
1er septembre 1886
|
|
Manas
|
Sous- officier
|
|
Chefs de poste
|
|
|
Sar Raynald
|
Sergent de la Garde Régionale
|
1895-1895
|
Chefs de circonscription
|
8 décembre 1909
|
Potin
|
Administrateur adj.
|
12 septembre 1910
|
23 septembre 1911
|
Dubosc
|
|
|
23 mai 1911
|
Potin
|
Administrateur
|
|
25 mai 1914
|
Dubosc
|
Administrateur adj.
|
|
1916
|
Potin
|
Administrateur
|
|
|
Sillon
|
Adjudant
|
17 juin 1917
|
|
Degre
|
Lieutenant
|
30 juin 1919
|
3 décembre 1919
|
Parizot
|
Administrateur adjoint
|
|
20 janvier 1920
|
Berlan
|
Administrateur
|
|
18 novembre 1920
|
Bourdil
|
Administrateur
|
|
|
Gougis
|
Administrateur adjoint
|
9 septembre 1922
|
26 mai 1924
|
Turennes
|
Administrateur
|
|
16 avril 1926
|
Baudon
|
Administrateur
|
|
30 mars 1928
|
Collombet
|
Administrateur
|
|
2 mars 1929
|
De Bruchard
|
Lieutenant (promu capitaine en cours de séjour)
|
|
5 janvier 1932
|
Poli
|
Administrateur adj.
|
|
4 novembre 1933
|
Casmatta
|
Administrateur adj.
|
|
6 juin 1936
|
Robert
|
Administrateur
|
|
20 janvier 1937
|
Capagory André
|
Administrateur
|
|
16 janvier 1939
|
Helfrield Armand
|
Administrateur adj.
|
20 août 1939
|
10 octobre 1939
|
Capagory André
|
Administrateur
|
|
1940
|
Touhladjan Léon (dit Mouyamba )
|
Administrateur
|
1941
|
18 septembre 1945
|
Sabatte Pierre
|
Administrateur adj.
|
19 septembre 1945
|
31 janvier 1946
|
Moncoucut André
|
Administrateur adj.
|
25 février 1946
|
15 septembre 1948
|
Helfrield Armand
|
Administrateur
|
25 septembre 1948
|
12 mai 1950
|
Madec Réné
|
Administrateur p.i.
|
1erjuin 1950
|
27 mai 1952
|
Jagu-Roche Pierre
|
Administrateur
|
15 Juin 1952
|
8 novembre 1952
|
Granier Réné
|
Administrateur
|
15 novembre 1952
|
26 mars 1953
|
Reydel Henri
|
Administrateur
|
7 avril 1953
|
20 mars 1955
|
Lafont Francis
|
Administrateur
|
21 mars 1955
|
1er décembre1955
|
Reydel Henri
|
Administrateur
|
|
9 décembre 1955
|
Touboul Joseph
Reydel Henri
|
Administrateur p.i. Administrateur
|
|
21 mars 1958
|
Berge Philippe
Bitar Elie
|
Administrateur Administrateur
|
18 mars 1958
27 août 1959 p.i.
|
21 août 1959
|
Grandperrin Maurice (dit Boula Mbata )
|
Administrateur
|
1er septembre 1959
|
2 juin 1960
|
Raimbault Louis
|
Administrateur
|
5 juillet 1960
|
Sources :SONNET AZIZET,(R.G.),
Répertoire sous série 2 Db (I) Franceville
(1910-1965), op.cit., pp.13-18.
- CABROL (c.), Province du Haut-
Ogooué, op.cit., p.81-82
.
Tableau n°5
Les différents chefs de subdivisions
et de districts de la région de Franceville de 1910 à 1960
Décision de nomination
|
Noms et Prénoms
|
Grade
|
Date de prise de service
|
10 décembre 1910
|
Dorival
|
Sergent-chef adj.
|
|
|
Gougis
|
Sergent-chef adj.
|
|
9 octobre 1913
|
Couillard
|
Administrateur adj.
|
|
3 juin 1914
|
Olivier
|
Sergent-chef adj.
|
|
9 janvier 1915
|
Berck
|
Administrateur adjoint
|
|
9 mars 1916
|
Potin
|
Administrateur
|
|
15 janvier 1917
|
Sillon
|
Adjudant
|
|
10 novembre 1917
|
Triboulet
|
Sous-lieutenant
|
|
5 juin 1920
|
Roger
|
Administrateur adj.
|
|
31 mai 1921
|
Berlan
|
Administrateur adjoint
|
|
|
Bourdil
|
Administrateur adj.
|
|
|
Gougis
|
Sergent chef
|
|
|
Potevin de la Fregonnière
|
Sergent chef
|
15 janvier 1925
|
Janvier 1925
|
Turenne
|
Administrateur
|
6 mai 1925
|
1er juillet 1925
|
Courtois
|
Administrateur adjoint
|
10 juillet 1925
|
|
Durepaire
|
Sergent chef
|
3O octobre 1925
|
|
Bessac
|
Sergent chef
|
|
|
Clupot
|
Sergent chef
|
|
4 novembre 1928
|
Poli
|
Administrateur adjoint
|
|
5 mars 1929
|
Quastana
|
Sergent-chef adjoint
|
|
23 janvier 1930
|
Moulin Léon
|
Administrateur adjoint pl s.c.
|
|
17 octobre 1931
|
Poli
|
Administrateur
|
|
8 août 1932
|
Lagarde
|
Administrateur adjoint pl s.c.
|
|
|
Casmatta
|
Administrateur adjoint
|
|
29 juin 1935
|
Hillenvecck
|
Administrateur adjoint
|
|
19 septembre 1939
|
Sabate Pierre
|
Administrateur adjoint pl s.c .
|
|
18 septembre 1945
|
Charnay Réné
|
Administrateur adjoint
|
5 novembre 1945
|
|
Theodose Felix
|
Administrateur adjoint
|
1er septembre1948
|
|
Lalain Robert
|
Administrateur adjoint
|
1er janvier 1949
|
|
Madec Réné
|
Administrateur
|
12 octobre 1951
|
|
Ingrand Michel
|
Chef bureau Agom
|
21 novembre 1952
|
27 juin 1952
|
Lalain Robert
|
Administrateur adjoint
|
12 juillet 1952
|
23 mai 1954
|
Durand Claude
|
Administrateur adj.
|
17 juin 1954
|
13 octobre 1955
|
Raimbault Louis
|
Administrateur adj.
|
14 janvier 1956
|
|
Touboul Joseph
|
Administrateur adj.p.i.
|
|
|
Raimbault Louis
|
Administrateur adj
|
20 juillet 1957
|
28 août 1958
|
Touboul Joseph
|
Administrateur
|
28 août 1958
|
1er décembre 958
|
Bitar
|
Administrateur
|
8 janvier 1959
|
|
Raimbault Louis
|
Administrateur adj.
|
1er décembre 1959
|
Sources : SONNET AZIZET,(R.G.),
Répertoire sous série 2 Db (I) Franceville (1910-1965),
op.cit., pp.13-18.
- CABROL (c.), Province du Haut-
Ogooué, op.cit., p.81-82.
La lecture de ces tableaux nous amène à
constater la prédominance des militaires dans la gestion des
unités administratives de la région de Franceville. Cette
prédominance des officiers et sous-officiers répondait à
plusieurs nécessités dont la plus évidente était la
pénurie du personnel civil. Au lendemain de la défaite de 1870
face à l'Allemagne bismarckienne, la France n'entendait plus
dégager d'énormes capitaux pour la mise en valeur de ses
possessions d'outre-mer. En outre, dans cette vaste circonscription
les dépenses administratives dépassaient cinq ou six fois les
recettes qu'elle en procurait. En faisant appel aux officiers (militaires), le
budget local de la colonie voyait un allègement de ses dépenses,
car ces soldats recevaient leurs soldes du ministère de la
guerre286(*).
Au total, ce chapitre nous a permis de constater que la
région de Franceville est le résultat de réformes
territoriales diverses voulues par l'administration coloniale pour asseoir son
pouvoir et, par conséquent, maintenir dans cette région la
mosaïque ethnique qui s'y trouvait.
Chapitre V
L'ORGANISATION DE LA CHEFFERIE INDIGENE DANS
LA REGION DE FRANCEVILLE (1920-1960)
L'organisation des chefferies "obéit à la
logique de la maîtrise de l'espace et de sa mise en valeur. Tel est le
cas des chefferies administratives qui, dans le raisonnement du gouvernement
général de l'Afrique Equatoriale Française (A.E.F.),
constituent des unités spéciales d'encadrement des populations,
des lieux de prélèvement de l'impôt de capitation et des
zones de recrutement de la main-d'oeuvre"287(*).
1. Les chefs de l'administration
générale
La carence en personnel administratif et le manque de fonds
obligèrent les autorités supérieures de l'administration
coloniale à recourir, à partir des années 1920, à
l'utilisation des chefs autochtones288(*). Le but de cette entreprise, précisait
Raphaël Antonetti, était « de connaître les vrais
besoins et les aspirations de l'indigène, afin de l'aider á
s'élever suivant sa tradition à un degré de civilisation
qu'il ne saurait atteindre seul »289(*).
Ainsi, dans la région de Franceville
comme partout en A.E.F., l'autorité administrative était
secondée, dans le commandement de la population indigène, par les
chefs de cantons ou de tribus, les chefs de terres, les chefs de villages et
les chefs de quartiers.
1-1.Les chefs de terres, de cantons ou de tribus.
Créés par
arrêtés des chefs de région ou du gouverneur
général, selon le cas, après avis du chef de
département, « la terre, le canton ou la tribu sont
constitués par un groupement de villages et de territoires qui en
dépendent »290(*). Ces unités administratives étaient
placées sous l'autorité des chefs autochtones qui prenaient les
titres "de chef de terre, de canton ou de tribu, suivant la région et
la coutume locale"291(*).
Ainsi, nommés par
le lieutenant-gouverneur sur proposition du chef de subdivision, ces chefs -
qui reçurent une partie de l'autorité coloniale - avaient des
attributions non négligeables en matière administrative,
judiciaire et financière.
En effet, au niveau administratif, les chefs de terres, de
cantons ou de tribus étaient les agents de transmission et de liaison
entre le chef de département, le chef de subdivision ou de poste de
contrôle administratif et les chefs de villages. D'une façon
générale, ils devaient veiller à ce que les villageois et
leurs chefs exécutent les obligations qui leur incombaient. Et par la
suite, ils rendaient compte au chef de leur département du
résultat de leur contrôle. De même, ils dressaient et
enregistraient les actes d'état-civil indigène. Dans leurs
attributions administratives, les chefs de terres, de cantons, ou de tribus
tenaient à jour une liste de recensement, par village, des populations
sédentaire et flottante. Ils devaient aussi apporter leur aide à
la confection des listes de recensement établis à l'occasion des
opérations de recrutement et présenter les jeunes gens
portés sur ces listes devant les commissions villageoises ou cantonales.
Enfin, ils tenaient à jour la liste des réservices292(*).
Sur le plan judiciaire, les chefs
étaient les auxiliaires du chef de subdivision en matière de
police indigène. De ce fait, en cas de litige, ils étaient
investis du pouvoir de concilier les parties dans les tribunaux coutumiers de
leur juridiction. De même, il leur appartenait de veiller à
l'ordre et à la sûreté publique dans leur canton, terre ou
tribu et de rechercher et surveiller tous les agissements de nature à
troubler l'ordre et la sûreté publics. Dans le même sens,
enfin, ils devaient dénoncer les crimes et les délits et en
livraient les auteurs aux autorités, auxquelles ils fournissaient les
preuves qu'ils avaient pu rassembler293(*).
Dans le domaine financier, les chefs de terres, de cantons,
ou de tribus surveillaient le paiement de l'impôt et des diverses taxes
des villages de leur ressort ; ils avaient la mission de répartir,
le cas échéant, entre les différents villages, les charges
prestataires - que les autochtones appellaient
« passataire »- et les réquisitions. Pour
accomplir toutes ces tâches, les chefs de terres, de cantons ou de tribus
- qui étaient de véritables collaborateurs du chef de subdivision
- avaient, à leur disposition, un secrétaire et étaient
assistés d'une commission cantonale composée des
différents chefs de villages ou de terres294(*).
Retenons toutefois que, dans la
circonscription du Haut-Ogooué295(*), avant 1934, les chefs de terres avaient les
mêmes attributions administratives des chefs de cantons. Ils
exerçaient sous le contrôle du chef de tribu296(*), le véritable
collaborateur du chef de subdivision, qui s'éfforçait de
régler les affaires indigènes avant qu'elles ne soient
éventuellement portées à l'appréciation du
« commanda »297(*). Dans ce cas d'organisation, le chef de tribu devait
se rendre auprès des chefs de cantons pour leur
transmettre les recommandations des autorités supérieures et
veiller à leur exécution. Par ses prérogatives, il
était de droit assesseur titulaire près le tribunal
indigène. Examinons à présent les missions
dévolues aux chefs de villages.
1.2. Les chefs de villages
Nommés « par l'administrateur, chef de
département, sur proposition du collège des notables du village,
réunis en "commissions villageoise" »298(*), les chefs de villages
pouvaient être révoqués de ces fonctions par le chef de
département exceptionnellement pour des raisons de police et
désigner un remplaçant temporaire.
Les chefs de villages étaient pourvus de
certaines attributions en rapport avec leurs aptitudes traditionnelles. Ainsi,
en matière de police générale, l'autorité du chef
de village s'exerçait sur tous les habitants du village et sur les
individus de passage, sans distinction de race. Ils devaient maintenir l'ordre,
empêcher les rixes et les disputes ainsi que tout tumulte dans les lieux
d'assemblée publique. Lorsqu'ils avaient ils devaient
procédé à une arrestation (criminels, délinquants
ou prisonniers évadés, etc.), les chefs de villages devaient sans
tarder conduire ou faire conduire le criminel soit auprès du chef de
terre, du chef de canton ou du chef de tribu, qui le livrait
immédiatement soit à ces autorités elles-mêmes. Ils
devaient, dans l'intervalle, veiller aussi à ce que le prisonnier soit
nourri et éviter que ce dernier ne soit l'objet de mauvais
traitements299(*)
Aidés des résidents de leurs villages qu'ils
pouvaient réquisitionner à cet effet, les chefs de villages
devaient prêter leur concours aux victimes en cas d'accidents,
d'événements graves, de calamités ou de sinistres tels que
les incendies, les inondations, etc. En plus, ils devaient rendre compte
à leur chef de terre, du canton ou de la tribu et, en cas d'urgence, au
chef de subdivision et au chef de département, de tous faits de
propagande subversive tendant à troubler l'ordre public qu'ils
étaient amenés à constater300(*).
En ce qui concerne la police rurale, les chefs de villages
devaient veiller á la protection des cultures, des plantations et
des récoltes, en empêchant, notamment, qu'elles soient
abîmées par les feux de brousse, le bétail de passage,
etc.301(*) Autres
missions : les chefs de villages devaient empêcher la
divagation des animaux sur les terrains de culture, les grandes routes et, en
particulier, sur les portions de route qui traversaient leurs
villages. Ils devaient, entre autre, veiller à l'entretien des
pépinières établies sur le territoire de leurs villages,
à ce que les plantations vivrières soient toujours
d'étendue suffisante pour les besoins des habitants et à
l'entretien des greniers de réserve302(*).
Pour ce qui est de la voirie, les chefs de villages devaient
maintenir en état de propreté l'agglomération et ses
environs immédiats, veiller à la conservation et au bon entretien
des chemins et sentiers de leurs villages, des plantations faites en bordure
des voies qui parcourent leurs territoires respectifs, des plaques indicatrices
placées le long de ces voies. Ils rendaient compte sans délai des
détériorations qu'ils constataient à leurs chefs de
terres, de cantons ou de tribus, ou bien à l'autorité
administrative locale. Enfin, les chefs de villages devaient veiller à
la sûreté et à la commodité du passage dans les rues
et ruelles de leurs villages, à l'enlèvement des obstacles qui
entravaient la voie publique303(*).
En matière de salubrité, les
chefs de villages devaient signaler immédiatement à leurs chefs
de terres, de cantons ou de tribus, ou à l'autorité la plus
proche, le cas de maladies contagieuses constatées : variole ou
toute autre épidémie, etc. Ils prenaient sans retard les mesures
nécessaires pour assurer l'isolement des malades et la
désinfection des locaux contaminés304(*).
En matière d'hygiène enfin, les chefs
de villages surveillaient l'abattage des animaux de boucherie et signalaient
les épizooties (épidémies). Ils devaient veiller à
la propreté générale et prescrire de débrousser les
voisinages de leurs villages.
Sur le plan judiciaire, les chefs de villages étaient,
selon la coutume et en vertu des textes réglementaires, investis en
matière civile et commerciale du pouvoir de concilier les parties si
elles sont habitants de leurs villages305(*).
Concernant la perception des impôts indigènes,
les chefs de villages étaient chargés de rassembler l'impôt
de la population sédentaire du village et de le remettre entre les mains
des agents spéciaux ou des agents du Trésor. Ils tenaient
à jour la liste des contribuables et assuraient la répartition
des quotes-parts afférentes aux différentes familles. Ils
signalaient en même temps à leurs chefs de terres, de cantons ou
de tribus les étrangers qui devaient payer l'impôt au titre de la
population non sédentaire. Ils assuraient également la
distribution des charges collectives (prestations), réquisitions,
amendes306(*).
Dans la partie administrative de leur tâche, les chefs
de villages étaient chargés de recevoir les déclarations
d'état-civil des indigènes de leurs villages, notamment les
naissances, décès, mariages et divorces, et puis de veiller
à ce que celles de ces déclarations qui devaient être
faites obligatoirement à l'état-civil indigène le soient
dans les délais voulus ; ils transmettaient les autres à leurs
chefs de terres, de cantons ou de tribus pour enregistrement. Ils tenaient
à jour, dans leurs villages, la liste des étrangers qui y
séjournaient ou qui s'y fixaient. Ils aidaient leurs chefs de terres, de
cantons, ou de tribus à dresser les listes de recensement pour leurs
villages et leur rendaient compte périodiquement des modifications
à y apporter par suite des départs, arrivées,
décès, naissances, mariages, etc307(*).
Par ailleurs, les chefs et les habitants des
villages devaient satisfaire á toutes les obligations imposées
par les autorités en ce qui concerne l'application des règlements
administratifs. En outre, dans les limites de leur cadre de compétence,
les chefs de villages faisaient assurer, dans les cas urgents,
l'exécution des réquisitions, le transport des courriers rapides
(administratifs ou judiciaires), la remise des convocations.308(*)
Les chefs de villages étaient assistés par un
conseil de notables de leurs villages qui prenaient le nom de
« commission villageoise ». Cette dernière se
réunissait le plus souvent sur la convocation des chefs de village et
fonctionnait sous le contrôle des chefs de terre, de canton ou de
tribu309(*).
1.3 . Les chefs de quartiers
A la suite du développement de la ville de
Franceville, les populations venues des cantons environnants,
obligées, de par leurs activités, à résider
à proximité des lieux de travail, s'étaient
installées dans de petits villages d'ouvriers et de commerçants.
Cette situation provoqua des difficultés à Nanga, chef de la
terre ondouama et François Kiki, chef du canton ndumu dans
l'exécution de leurs tâches administratives, judiciaires et
financières. Pour remettre de l'ordre autour du poste, le chef de la
région du Haut-Ogooué apporta une modification à la
chefferie du district de Franceville310(*).
Le commandement des villages situés
entre la Pasa, la Mission, la Météo et le village Mangoungou fut
ainsi retiré au chef de terre ondouama et au chef de canton ndumu. Ces
villages furent organisés en douze quartiers311(*) groupés en un village
autonome appelé « Franceville »312(*).
Dans de tels centres urbains, les attributions du chef de
village pouvaient être confiées aux chefs de quartiers
nommés après consultation des notables par le chef de
département. Pour l'exercice de leurs fonctions, les chefs
étaient assistés d'une « commission de
quartier » qui fonctionnait sous le contrôle direct du chef de
district.
Il faut néanmoins préciser que, pour avoir des
chefs dignes de ce nom, il fallait leur accorder une certaine
rétribution. Celle-ci leur était allouée en fonction du
travail fourni dans leurs unités administratives respectives. C'est
d'ailleurs, le cas pour les chefs de villages qui étaient
rémunérés au moyen de remise sur le produit de
l'impôt de capitation prélévé sur les
indigènes de leurs limites administratives. Les chefs de tribus ou de
cantons et les chefs de terres autonomes étaient, quant à eux,
payés par une allocation annuelle fixe, payable mensuellement, par
douzième, et exclusivement de toute remise sur le montant des
impôts de capitation. C'est ainsi que pour se valoriser auprès des
autorités supérieures de la hiérarchie de l'administration
coloniale, ces chefs du commandement indigènes avaient obligation de
fournir des résultats satisfaisants aux consignes ou attributions
sus-mentionnées. Le revers de la médaille, pour ces derniers,
était l'application, à leur encontre, des mesures disciplinaires
draconiennes qui allaient de la réprimande par le chef de
département à la suspension temporaire du paiement de
l'allocation, de la réduction du taux de la remise sur l'impôt ou
l'allocation, qui constituait leur salaire, au retrait temporaire ou à
la révocation pur et simple de leurs fonctions313(*).
Ainsi, dans les faits, les chefs indigènes
étaient de véritables courroies de transmission, des agents de
liaison indispensables entre l'administration coloniale et les populations
autochtones.
En dehors de ces institutions administratives,
l'embrigadement ou le contrôle des populations autochtones s'est aussi
opéré par le biais des juridictions judiciaires soumises à
l'autorité des chefs des tribunaux coutumiers.
2. Les chefs des tribunaux
coutumiers
Avant l'installation de l'administration
coloniale dans la région de Franceville, les litiges entre autochtones
étaient tranchés selon les prescriptions de la tradition par le
"fùm'a puãu" ou "nga puãu", qui
était
juge-arbitre siégeant dans un
conseil des anciens du village dénommé "kani".
Il était assisté de quelques sages ou notables des
différents clans, lignages ou segments de lignages constituant le
village. Les prévenus étaient toujours accompagnés d'un
parent qui faisait office d'intercesseur. Après l'audition des parties
en conflit et leurs plaidoiries, le kani se retirait pour un
conciliabule afin de délibérer. Les sanctions étaient
variées et allaient de l'indemnité payable en esclaves à
la peine de mort dans le cas de crime non indemnisé314(*).
Mais, la colonisation engagée par la France en
Afrique, nous l'avons dit plus haut, avait pour objectif une assimilation
à la culture et à la société française des
peuples soumis. Concernant le cas précis de la justice indigène,
« la législation antérieure au décret du 29
avril 1927 ne faisait aucune distinction entre les crimes, délits et
contraventions ; elle instituait un tribunal unique, celui de la
circonscription, pour le jugement de toutes les infractions
considérées soit comme des attentats aux personnes soit comme des
attentats aux biens soit enfin comme des atteintes portées à
l'ordre public ou à une administration publique » 315(*).
Cet état de choses a été modifié
par le décret du 29 mai 1936, qui prévoyait que, « sur
toute l'étendue des territoires relevant du gouvernement
général de l'A.E.F., la justice est administrée à
l'égard des indigènes tels qu'ils sont définis à
l'article 2, par des juridictions indigènes, qui sont : des
tribunaux de conciliation, des tribunaux de premier degré, des tribunaux
de deuxième degré, une chambre spéciale
d'homologation »316(*).
A partir de cette date, il fut
précisé qu'« en matière civile et commerciale,
la tentative de conciliation est obligatoire. Les chefs de village ou tribus
sont investis du pouvoir de concilier les partis qui les saisissent de leurs (*)litiges lorsque ces partis
comptent parmi leurs ressortissants »3(*)08 et que, « dans
le cas contraire, les pouvoirs de conciliation sont
délégués à un assesseur du tribunal de premier
degré désigné par(*) le commandant du département ou par le chef de la
subdivision »3(*)09.
Par ailleurs, dans sa circulaire (N°I.686/ S.J.)
du 26 octobre 1945, le procureur général près de la cour
d'appel de l'A.E.F. demandait aux lieutenants gouverneurs, chefs de territoires
du Moyen-Congo, du Gabon, de l'Oubangui-Chari et du Tchad de
« prendre des arrêtés en vue de remplacer les tribunaux
dits de conciliation,(*) par
tribunaux coutumiers partout où ils (*)le jugeaient nécessaire »3(*)10. Ces institutions
prévues depuis 19443(*)11 entrèrent en application en 1950, notamment
par l'arrêté n° 80/APS du 13 janvier 1950 qui créait
un certain nombre de tribunaux coutumiers dans certains districts. C'est le cas
d'ailleurs du district de Franceville.
Il convient toutefois de noter, comme Latana, que
« ces juridictions n'ont pas supprimé les tribunaux de
conciliation et de premier degré aux civils prévus par le
décret du 29 (*)mai 1936
portant réorganisation de la justice indigène en
A.E.F. »3(*)12. On comprend aisément que l'administration
coloniale a mis en place deux types de justice. Le premier type s'adressait aux
Européens et assimilés. Il reposait sur la loi
métropolitaine. Le second pendant de cet encadrement judiciaire
arbitraire était spécialement conçu pour les autochtones
qui étaient régis par un certain nombre de réglementations
spécifiques qui, de temps en temps, faisaient appel à leurs
coutumes locales. Aussi est-il utile de rappeler que « la
compétence des tribunaux coutumiers ne s'étend pas aux questions
touchant l'état des personnes, à la famille, au mariage, au
divorce, à la filiation qui sont
réservées aux tribu(*)naux de 1er degré et il est
de même en cas de conflit de coutume »3(*)13.
Dès lors, les tribunaux coutumiers devaient se
contenter des jugements des affaires relevant de leur compétence -
"...les affaires civiles, commerciales ou criminelles dans lesquelles des
indigènes sont seuls intéressés"3(*)14 - et renvoyer au tribunal
de premier degré les matières qui étaient du ressort de ce
dernier.
Il va néanmoins de soi que des propositions
étaient faites à l'autorité supérieure de
l'administration coloniale pour étendre la compétence des
tribunaux coutumiers aux problèmes relatifs à l'état des
personnes, entre autres : les mariages, divorces, etc., ou bien admettre,
comme règlement de dette civile, le remboursement des dots qui
constituaient en effet, prè(*)s de 90 % des affaires à régler dans les
districts de l'intérieur3(*)15.
Ainsi, les chefs des tribunaux
coutumiers, notamment le président et les assesseurs étaient les
auxiliaires de justice de l'administration coloniale auprès des
populations autochtones. Ces tribunaux, selon les cadres géographiques
(quartier, village, terre, canton), étaient composés d'un
président, des assesseurs et d'une assistance technique composée
d'un interprète et d'un secrétaire. Mais quel était le
rôle dévolu à chacun d'eux ?
2-1. Le président
(juge-président) ou conciliateur
En parlant des attributions judiciaires des chefs de
village, de terre, de canton ou de tribu, nous avons dit ci-dessus qu'ils
étaient, en matière civile et commerciale, investis du pouvoir de
conciliation, d'arbitre dans leurs juridictions .
En effet, « le chef du
village, de terre, de canton ou de tribu, lorsque les parties sont toutes au
nombre de ces ressortissants, c'est-à-dire des gens qui, appartiennent
à sa tr(*)ibu, à sa
terre ou à son village, sont soumis à son autorité
administrative. »3(*)16. Cela laisse donc supposer que, dans les tribunaux
coutumiers (tribunaux ethniques ou tribunaux de conciliation), les chefs du
commandement indigène faisaient office de "juge-président".
A juste titre, en cas de litige entre les ressortissants d'un
même village, d'une même terre, d'un même canton ou de
villages, terres et cantons différents par exemple, le rôle de
"président " ou de "conciliateur" était dévolue au
chef du village, de terre, de canton ou de tribu qui, imprégné
des réalités (us et coutumes) de son cadre de compétence,
était investi des pouvoirs repressifs. Mais lorsque les matières
relevaient du ressort du tribunal du premier degré, « le
président du tribunal de premier degré est le chef de la
subdivision, ou tout autre fonctionnaire désigné à cet
effet par le chef de la colonie »3(*)17. Dans tous les cas, le président ou
juge-président ne pouvait en aucun cas siéger seul. Il
était, pour l'occasion, « assisté de deux assesseurs
qui n'ont que voix consultative »3(*)18.
2-2. Les assesseurs
Les fonctions d'assesseur dans les tribunaux
coutumiers étaient confiées aux notabilités
indigènes qui, dans leurs limites administratives, jouissaient de la
considération publique. Ces fonctions pouvaient être
exercées "pendant plusieurs années par les mêmes
personnes"3(*)19.
Dans chaque juridiction, la liste des assesseurs (au
moins quatre à six assesseurs par tribunal3(*)20) nommés par le chef
de région sur proposition du chef de district, devait être
composée de telle sorte que tous les différents assesseurs soient
représentatifs des coutumes, des groupes religieux ou ethniques. Ces
derniers devaient être porté dans l'ordre de leur âge. "
Parmi ces assesseurs, le lieutenant-Gouverneur désigne deux titulaires
pour l'année. Les autres prennent le titre d'assesseurs
adjoints"3(*)21.
Toutefois, lorsqu'un assesseur titulaire était
indisponible, c'est l'un des assesseurs adjoints présents qui le
remplaçait. Mais ce remplacement devait tenir compte de la coutume de
l'une ou l'autre des parties. Par ailleurs, si, de tous les assesseurs inscrits
sur la liste, aucun ne connaissait la coutume des protagonistes, le
président de la juridiction faisait appeler, dans les environs où
siège le tribunal, un notable indigène de l'une ou l'autre des
parties jouissant d'un estime publique. Mais ce dernier n'avait que voix et
mention de consultation. Rappelons, tout de même, que ces chefs de
tribunaux coutumiers n'étaient que de simples intermédiaires
judiciaires de tribunaux coutumiers car, comme le dit Georges Bruel, « On
doit appliquer les coutumes locales lorsqu'elles ne sont pas contraires aux
principes de la civilisation française »3(*)22.
Que valent alors ces différents chefs
coutumiers si la loi qu'ils sont censés faire appliquer ou respecter est
incomprise ou contestée par ceux qu'elle est supposée
régir ? C'est dans ce domaie que le rôle joué par les
agents ou assistants techniques de l'administration coloniale fut
indispensable.
2-3. Les assistants techniques
Pour le contrôle et l'homologation des jugements
rendus dans les juridictions coutumières, l'administration coloniale
exigea que soit tenu, au sein de chaque tribunal, « un registre, dit
des conciliations, qui sera côté et paraphé par le chef du
district et où seront indiqués pour chaque affaire les noms des
parties, la nature et l'objet de(*)s contestations, les termes des arrangements intervenus,
etc. »3(*)23.
Cette nécessité fit recourir dans toutes les juridictions
à l'assistance technique des interprètes et des
secrétaires qui avaient, auprès de ces chefs coutumiers (les
conciliateurs), un rôle déterminant.
En ce qui concerne le rôle dévolu aux
interprètes, notons d'entrée qu'ils étaient à la
fois « la bouche » et « l'oreille »
des chefs indigènes auprès de leurs supérieurs
hiérarchiques. A ce propos, Pierre N'Dombi, citant Jean Clauzel,
écrit : « le pouvoir de l'interprète
n'était pas seulement celui du traducteur, mais aussi celui de l'homme
de mémoire qui guidait le chef de subdivision dans le règlement
des conflits entre les(*) chefs de
village, de la façon de procéder de ses
prédécesseurs »3(*)24. Hormis ces interprètes de la subdivision
qui, en tant que fonctionnaires indigènes, prêtaient leurs
concours aux différentes audiences des tribunaux coutumiers, les parties
avaient aussi le droit de s'exprimer par le biais d'un interprète choisi
par elles et agréé par le tribunal. Le rôle assigné
à ces interprètes était de traduire fidèlement les
propos des protagonistes.
Quant aux secrétaires,
c'étaient des lettrés chargés de la tenue des registres
(registres dit des conciliations et registres dit des jugements) où
étaient transcrits intégralement tous les jugements. Pour
montrer leur importance, Lanata écrit qu'« au cas
où un greffier ne pourra être recruté sur place parmi les
ressortissants des villages, un écrivain du poste pourrait être
mis à date régulière, à(*) la disposition de divers présidents pour la tenue
des audiences »3(*)25.
D'ores et déjà, nous pouvons dire que,
dans les tribunaux coutumiers, l'assistance technique a joué un
rôle non pas subsidiaire mais capital pour la compréhension des
déclarations d'appels formulées soit par les parties soit par le
chef de subdivision ou de district. En d'autres termes, l'assistance technique
a joué un rôle non négligeable pour le fonctionnement
des juridictions.
En gros, ce chapitre nous a permis
de constater que, dans la région de Franceville comme partout où
l'administration coloniale française s'est implantée, sa
domination s'est réalisée par le truchement des institutions tant
politiques que juridiques. En effet, en s'appuyant sur le prolongement que
constituait les chefs locaux, l'administration coloniale a fait de ces derniers
une courroie de transmission pour pouvoir passer les " principes de la
civilisation française". Aussi, débarrassés de leurs
prérogatives et attributions traditionnelles, les chefs locaux ont-ils
ainsi cessé d'être les autorités indigènes pour
devenir simplement des agents administratifs. Ce qui est sûr c'est qu'ils
étaient, dès lors, grandement affaiblis et
éliminés.
Toutefois, examinons les différents chefs
indigènes supérieurs de la région de Franceville et leur
action.
Chapitre VI :
LES DIFFERENTS CHEFS INDIGENES SUPERIEURS DE LA REGION
DE FRANCEVILLE ET LEUR ACTION (1920-1960)
L'occupation de la région de Franceville s'est faite
avec la collaboration des chefs traditionnels qui, tout en maintenant leur
influence traditionnelle, reçurent des administrateurs coloniaux les
titres de chef de quartier, chef de village, chef de terre, chef de canton ou
de tribu. Toutefois, si certains de ces chefs ont su garder leur qualité
et leur dignité de chef, d'autres n'ont été que de
simples figurants. L'action de ces chefs au profit de l'administration
coloniale ne peut être comprise que par la connaissance des chefs
indigènes supérieurs, c'est-à-dire les chefs de tribu et
de canton, ayant exercé de 1920 à 1960.
1. Les chefs indigènes supérieurs de la
région de Franceville.
D'après les propos du notable ondasa Oloupi
rapportés par André Even (dit Warzangoye),
administrateur-adjoint des colonies en service à Okondja de 1932
à 1935 « Avant l'arrivée des Blancs dans le pays, il n'y
avait pas de chefs, il y avait seulement Onkani. Ce sont les Blancs qui ont
créé les chefs »3(*)26. Il convient donc, pour aborder cette question, de
donner une signification au vocable "chef " selon l'entendement du milieu
colonial. Autrement dit, que représente le chef pour l'administration
coloniale ?
La notion de "chef" trouve son explication dans la circulaire
n° II du 27 janvier 1937 du gouverneur géneral de l'A.E.F.,
Jean-François Reste aux lieutenants-gouverneurs. Selon lui, « Le
mot chef a pour nous un sens précis: celui qui le porte commande et
dirige. Dans les sociétés indigènes il n'en était
cependant pas toujours ainsi, et les ancêtres de nos «chefs»
n'avaient pas tous, entre leurs mains, l'autorité politique et
administrative. Bien souvent, notamment dans les tribus dont l'organisation
était rudimentaire, où la famille était la seule cellule
sociale connue, où les sentiments individualistes des indigènes
étaient les plus forts, le chef tel que nous l'imaginons était
inconnu. L'ancêtre possédait certains pouvoirs, d'ordre religieux
le plus souvent, mais sa puissance était insuffisante pour qu'il put
donner des ordres lorsque l'intérêt de plusieurs familles (sic)
était en jeu ; les notables avaient également une partie de
l'autorité, les féticheurs, les chef (sic ) de la terre de
même, et fréquemment, en cas de guerre par exemple, un chef
particulier était désigné pour la durée des
hostilités »3(*)27.
De ce qui précède, il ressort
que le vocable "chef " n'existe que pour l'intérêt de
l'administration coloniale qui non seulement nommait des agents auxiliaires
mais aussi les dignes représentants de l'autorité traditionnelle.
C'est donc sur cette base que nous convenons d'examiner les chefs et leurs
rayons d'action.
1-1. Les chefs indigènes supérieurs et leur
rayon d'action
Entre 1920 et 1960, grâce aux réformes
entreprises par le gouverneur général Jean François
Reste3(*)28 et à
celles de ses successeurs, les structures administratives furent
définitivement fixés. Dès lors, la région de
Franceville fut subdivisée en cantons. De 1936 à 1958, cette
région, nous l'avons vu précédemment, était
divisée en huit cantons, puis en cinq à partir de 1959. Ainsi
constitué, chaque canton était placé sous
l'autorité d'un chef indigène, représentant du
commandement auprès de la population indigène. Utilisés
pour la première fois en 1920, les chefs de canton ou de tribu avaient
chacun des pouvoirs qui s'exerçaient dans une unité
administrative précise.
Ainsi, Lendoyi-Li-Bangwali, chef ndumu du village
Våmbålå3(*)29, fut élu vers 1920 chef de la "tribu du
Haut-Ogooué"3(*)30. Cette élection lui conféra un
statut de chef indigène supérieur et le mit au-dessus des autres
représentants des chefferies indigènes de la subdivision de
Franceville pendant une décennie. Alors qu'en a t-il été
de son autorité ?
A ce propos, le chef de la subdivision de Franceville J.
André Capagorry écrit que « ... feu le chef de tribu
Lendoye [...] jouissait dans la subdivision d'une influence
incontestable »3(*)31. Et, dans le même sens, Jean Mokikali dit
Ossaâßãß déclare :
1. « Lendoyi* la taata a La?ß*
1. « Lendoyi, le père de Laghi,
2. yuna' abi, fumu a bisa bå bwesi
2.c'était notre chef, à nous tous.
3. djami ngångålå,
3. Si un problème nous préoccupe,
4. balo Mokani?ß,
4. il y a le Kani?ß,
5. balo Mombaama, 5.
il y a l'Ombaama,
6. balo Mowandji,
6. il y a l'Awandji,
7. balo Motsangi,
7 .il y a le Tsangi,
8. balo Mowumbu, 8. il
y a le Wumbu,
9. balo Modzabi, 9.
il y a le Ndzèbi,
10. balo mowandji, 10.
il y a le Mba?wu,
11. tsomi oy'amonon Lendoyi*. 11. on
consulte en premier Lendoyi.
12. li mo patiãß bunubu
12. Si un problème survient,
13 bisa bå lim'ayiå le renion,
13. nous partons d'abord en réunion,
14. tsomi le renion lina 14.
avant cette réunion là,
15. omato ã'uli Lendoyi*.
15. on arrive d'abord chez Lendoyi.
16. o Lendoyi, å moni djami li,
16. Ô Lendoyi, oui ! Regardes tel fait,
17. moni djami li, moni djami li 17.
regardes tel problème, regardes tel fait,
18. bisi djala m'osa djami li 18.
nous voulons faire cette chose.
19. ?a na abuna !
19. Et, c'est comme ça !
20. å ! oto na ngwali
20. Oui! Le lendemain matin,
21. ndå tå ba chef bwesi
21. il appelle tous les chefs,
22. ?a bo bwesi
22. tous.
23. bo' ombisa, ndå na
busu »3(*)32. 23. Ils sont derrière et lui
devant».
Comme nous le montre ces extraits de texte, l'autorité
du chef de tribu Lendoyi-Li-Bangwali dépassait les limites territoriales
de Våmbålå et du pays ndumu. Mais, pourquoi
Lendoyi-Li-Bangwali a t-il été choisi pour l'exercice de cette
fonction ? Comment ses successeurs ont-ils été choisis
à leur tour ? Et, qu'en a t-il été de leur
autorité ?
Selon Hubert Binga, l'élection de Lendoyi-Li-Bangwali
au commandement de la chefferie de la tribu du Haut-Ogooué
« fut favorisée par l'administration coloniale à cause
de certains facteurs, tels que :
- La langue ndumu, qui devenant officielle, constituait un
moyen de transmission, de communication entre l'administration et les
interlocuteurs autochtones ;
- La rapide intégration au sein des structures
coloniales des populations ndumu qui constituaient le gros de l'effectif de la
main d'oeuvre servile indispensable à l'administration et sur laquelle
le colonisateur prenait appui pour imposer le système fiscale
(impôt) à d'autres peuples »3(*)33.
Dans le même ordre d'idées, Sylvestre Okologho
rapporte :
1. « Brazza osa kitaãa wua,
1.« Dès que Brazza était
arrivé,
2. oworo okata tsuomi Ondumu ; 2.
le tout premier militaire était Ndumu
3. poyi (tipoyi) Ondumu ;
3. le tipoyeur était Ndumu
4. cousinier Ondumu ;
4. le cuisinier était Ndumu
5. interprète Ondumu,
5. l'interprète était Ndumu
6. jardinier Ondumu,
6. le jardinier était ndumu
7. maçon Ondumu.
7. le maçon était Ndumu.
8. ?an'Ondumu osa kala tuoo, 8.
Mais le Ndumu s'est dit :
9. djami lili sa kitaãa,
9. quand le problème là est arrivé,
10. fumu wa tsuomi Ondumu, 10.
le tout premier chef était un Ndumu,
11. oworo Ondumu,
11. le militaire un Ndumu aussi,
12. otuma ka gnamba kwosi Ondumu. 12.
L'émissaire du Blanc était un Ndumu.
13. ?ana bakitaãa, mami mana mwosi, 13.
Mais, à l'arrivée, toutes ces choses-là,
14. ?'Owumbu, ?'Omba?i, ?'Otåãå,
14. le Wumbu, le Mbahouin le Tåãå,
15. ?'Ombaama, ?'Owandji, ?'Ondzaâß,
15. l'Ombaama, le Wandji, le Ndzèbi,
16. bana bwosi tout mami mana mwosi,
16. tous ceux-là, ces choses-là,
17. bo iyaâa ?ß.
17. ils ne connaissaient pas.
18. oyaâß Ondumu
18.C'est le Ndumu qui connaissait
19. mami ma gnamba oya tswa 19.
les choses du Blanc dès son arrivée.
20. oyaâß Ondumu.
20. C'est le Ndumu qui connaissait.
21. ?ana mbuãa yi Bandumu
21. C'est à partir de là que les Ndumu
22. ba leli ndi : bisi agnamba.
22. se sont dit : "nous sommes les Blancs"
23. esi oba gnamba bisi » 3(*)34.. 23.
Sur ces terres, c'est nous qui incarnons le Blanc"»
Cependant, interrogé sur le choix de Lendoyi-Li-Bangwali,
Jean Mokikali dit Ossaâßãß , dit que c'est :
1. «ngana bu bisa bå la swoli,
1. «Comme nous choisissons
2. ba mapité. ba swoli ba (...)
2.les députés. On choisit les (...)
3. ba swoli siâß ti taata a ndå
3.On l'a choisit à cause de son père.
4. wa pa?ß oboão obiti ãß befumu
4.Celui qui fut le premier à être chef
5. taata a ndå Lendoyi
5.est son père Lendoyi.
6. taata a ndå abi Lendoyi
6. Son père Lendoyi a été
7. yua ban'okali mbuãa yina.
7.le premier à occuper cette place.
8. ?ana ndå ofa kwa,
8. Mais lorsqu'il est mort,
9. ka ndå li ãa kitiãß mo ma place
ma taata. 9. il est venu à la place du père.
10. ndå mobuta ba La?ß*
10. Il a donné naissance à Laghi.
11. Lendoyi mobuta ba Okumu* 11. Il donna
naissance à Okumu.
12. Lendoyi mobuta Mbani, 12. Il
donna naissance à Mbani.
13. motsiãß ti motsima âå.
13. Il n' y a pas un autre lien.
14. ba nga canton yuesi 14.
Tout le canton était
15. obiti ãßna,
15 sous cette chefferie-là,
16. obiti ãß Lendoyi ki
16. l'autorité de Lendoyi que
17. taata ndå
ã'aâß »3(*)35. 17.son
père lui avait donné ».
Il apparaît, de ces trois extraits de textes qui
concordent beaucoup plus qu'ils ne divergent, que les Ndumu ont
été les principaux alliés du Blanc3(*)36. De ce fait, au terme de
plus de trois décennies d'hospitalité, de contacts sporadiques
et permanents avec les Blancs (explorateurs, commerçants, missionnaires,
administratreurs et voyageurs), les éléments ndumu avaient acquis
certains comportements et pratiques de la civilisation occidentale. Le choix
de Lendoyi-Li-Bangwali comme chef de la tribu du Haut-Ogooué fut
conditionné non seulement par le fait que « C'est le Ndumu qui
connaissait les choses du Blanc dès son
arrivée »3(*)37 surtout parce que Lendoyi-Li-Bangwali
était descendant de la chefferie qui céda un pan de son
territoire - la rive droite de la Pasa - aux colonisateurs.
En ce qui concerne ses successeurs, il faut, néanmoins,
dire qu'avant sa mort en 1930, et comme l'avait fait avant lui son père
Lendoyi, le chef de tribu Lendoyi-Li-Bangwali désigna sa fille Mbani
comme héritière potentielle. Mais sa parole ne fut pas
respectée, car son neveu Simba Phillippe usurpa le pouvoir. Comme Mbani,
ce dernier ne fut pas reconnu par l'administration qui préféra
Langhi.
Il convient de rappeler que les réformes entreprises
par le gouverneur général Jean François Reste3(*)38 mirent fin à la
fonction de chef de tribu. A partir de 1930, les chefs autochtones furent
davantage désignés au commandement des cantons.
Ainsi, dans le canton Mindoumbou baptisé par la suite
canton Nord puis Ogooué-Lekeï, La?ß, fils aîné
du défunt chef de tribu Lendoyi-Li-Bangwali, donc le frère de
Mbani, fut désigné à l'unanimité pour
succéder à son père. Le chef La?ß, à en
croire l'administrateur J. André Capagorry, avait 22 ans, c'était
« un sujet intelligent, animé d'une réelle bonne
volonté, parlant parfaitement et écrivant correctement le
français »3(*)39. Mais, pour s'être « laissé
allé à gifler publiquement3(*)40 le chef de terre OTOUNDA qui soumettait à
son arbitrage une affaire de famille depuis longtemps en litige »3(*)41, il fut d'abord suspendu
de cette fonction puis condamné aux travaux forcés à
perpétuité et déporté, en 1931, en Oubangui-Chari.
L'administration coloniale le remplaça par le chef de la terre mbaya
Pierre Kounda (1931-1932) et ce dernier fut lui aussi remplacé par le
chef de la terre ondouama François Kiki. Entre temps, François
Kiki, lettré, fit asseoir son autorité et son influence morale
sur les populations ndumu et kani?ß de 1940 à 19523(*)42 et, enfin, de 1952
à 1960, ce canton évolua sous l'autorité du chef
Massendze.
Contrairement au rayon d'action du chef de tribu
Lendoyi-Li-Bangwali, l'unité administrative de Pierre Kounda,
François Kiki et Massendze, comme l'écrit Hubert Binga,
« comprenait deux "terres" : la "terre" Obamba et la "terre"
Mendumu-Bakanigß. La "terre" Obamba était constituée
des villages des anciennes terres Ondili, Andzogo, Omoï plus le
village Obwo de l'ancienne terre Obia. La "terre" Mendumu-Bakanigß
était constituée des populations des anciennes terres Ndumu
et Kanigß »3(*)43. Il convient de préciser qu'avec la
réorganisation des chefferies locales du 28 décembre 1936, la
terre ambaama sus-indiquée fut érigée en canton et ce
canton fut placé sous l'autorité du chef Mikoto Edouard.
Dans le canton Bahoumbou baptisé par la suite "canton
Sud" puis "canton du Haut-Ogooué", le chef était
N'zinia-Yå-Gnågnå. En 1937, la juridiction de ce chef
était composée des ressortissants wumvu, kani?i, mba?we, ongom et
Babo?o (Akula). Toutefois, dans cette unité administrative,
l'autorité du chef N'zinia-Yå-Gnågnå ne
s'exerçait sur aucune terre. Car, ne comprenant pas les mobiles de cette
division, ces peuples ne se souciaient pas des structures établies.
Mais, leur ignorance du découpage administratif fut de courte
durée, car les retentissements de l'action coloniale furent
immédiats. Les Mba?í revendiquèrent alors la
création d'un canton autonome. Leurs doléances furent
appréciées par les autorités compétentes et un
canton mba?í fut institué en 19403(*)44. C'est ainsi que
Maximilien Madjoupa fut investi chef de canton mba?í. Son rayon d'action
était constitué des quatre terres mba?í, à savoir
celles de Bibassa, Djoutou, Leniombi, Benioni3(*)45.
Les cantons Bandzabi et Bawandji, eux, étaient
respectivement administrés par le chef Matchoulou et le chef
Maïssa. Mais, à partir de mars 1957, ces deux cantons furent
réunis en un seul appelé d'abord "canton Ouest" puis "canton
de la Leyou" et enfin "canton Ogooué-Leyou". Il était
composé des terres de Moanda, Omoï et Massango. La terre de Moanda
regroupait toutes les unités de résidence awandji et tsengi des
anciennes terres de Moanda. La terre omoï rassemblait les habitants des
anciennes terres Omoï et Mandoundzi. Ce canton resta sous le commandement
du chef Matchoulou.
En outre, le canton Batéké-ndjinigui
appelé d'abord "canton Batéké I" puis "canton Lekei" et
enfin "canton de la Haute-Leconi" était sous l'autorité
d'Antoine Bongo. Le rayon d'action de ce chef comprenait les anciennes terres
de Lekei et de Leconi. La terre Lekei était constituée des
ressortissants tåãå des anciennes terres de Lekei et d'Obia.
La terre Leconi, quant à elle, regroupait les éléments des
anciennes terres Leconi et d'Ongali qui restait distincte. A sa mort, en 1956,
l'administration coloniale le remplaça par le chef Djemi.
Le canton Batéké baptisé par la suite
"canton Batéké II" puis "canton Djouya" était, de 1936
à 1957, administré par Kakogho. A sa mort, en 1958, il fut
remplacé par le chef coutumier Grégoire Samba. L'autorité
de ces chefs s'étendait sur l'ensemble du canton Djouya.
Enfin, les quartiers de Franceville (poste), regroupés
en un village autonome appelé "Franceville", étaient, du 15 juin
1948 à 1959, sous l'autorité du maître-ouvrier N'Gari (chef
du quartier Saint-Martin). Elu chef du village Franceville par ses
pairs, le maître-ouvrier N'Gari, avait rang de chef de canton.
D'après le chef de région du Haut-Ogooué de
l'époque, « le maître-ouvrier N'Gari, un excellent sujet
d'une correction et d'une tenue exemplaires [...] jouit auprés des
ouvriers, commerçants et autres habitants de Franceville d'une
autorité et d'un prestige certains »3(*)45.
De tous ces chefs, précise Pierre Jagu-Roche, seuls les
chefs Edouard Mikoto et le vieux chef coutumier Grégoire Samba avaient
de l'autorité. «Les autres ne sont que de la poussière de
chefs incapables de se faire obéir et ayant une propension à se
faire "entretenir" par leurs administrés à condition de ne rien
les faire »3(*)46.
1.2. Les exigences de l'administration coloniale
Généralement, les chefs supérieurs
(chefs de canton ou de tribu) étaient recrutés « parmi
les descendants des anciennes familles désignées par la tradition
ou la coutume pour exercer le commandement » 3(*)47. Mais avec la
réorganisation adminisrative du 28 décembre 1936, modifiée
par l'arrêté du 26 novembre 1937, la maîtrise de la langue
française constituait l'un des critères de désignation
des chefs indigènes. En plus de la langue, les personnes investies d'une
partie de l'autorité coloniale devaient assimiler les notions
élémentaires du fonctionnement de l'administration.
En outre, ces exigences de l'administration coloniale ont
relégué au second plan les chefs tradionnels qui, pour la
plupart, étaient soit âgés soit illétrés.
Dès lors, on assiste à l'émergence d'une nouvelle
catégorie de responsables indigènes : les notables
évolués qui, par leur degré d'instruction, leur
autorité ou leur influence auprès des populations locales,
pouvaient accomplir les missions assignées aux chefs indigènes
dans leurs rayons d'action. Etaient considérés comme notables
évolués « les secrétaires de
1ère classe des chefs de terre, de canton de tribu [...],
ayant exercé leurs fonctions pendant quatre ans au moins, et qui seront
reconnus aptes à exercer les fonctions de chef de terre, de canton ou
de tribu ; les anciens militaires ayant servi au-delà de la
durée légale du service et qui auront été
classés pour un emploi réservé, par application de la
réglementation sur les emplois réservés; les
fonctionnaires des cadres locaux supérieurs (expéditionnaires,
interprètes), ayant servi pendant quatre ans au moins en qualité
de titulaires dans les bureaux de l'administration de la
colonie »3(*)48.
En dehors de ces dévoués de l'administration
coloniale, la fonction de chef pouvait échoir aux anciens
employés d'Européens, tels que les jardiniers, les cuisiniers,
les maçons.
Cependant, quoique investis de ces attributions
administratives, les nouveaux chefs indigènes n'étaient pas
totalement acceptés par les populations. Pour celles-ci, les nouveaux
chefs administratifs ne relevaient pas de la hiérarchie des chefs au
sens traditionnel du terme.
D'ores et déjà, nous pouvons dire qu'avec
l'institution de ces exigences ou de ces nouvelles règles
d'"intronisation" pour étoffer le commandement indigène, la
chefferie traditionnelle ne put subsister. De fait, comme le font remarquer
E. Maquet, Ibrahim Baba Kaké et Jean Suret-Canale, « la
chefferie dite «coutumière» devint un simple rouage de
l'administration. Partout où la colonisation le jugea nécessaire,
les représentants des anciennes familles furent évincés au
bénéfice de nouveaux venus dévoués au
régime. La chefferie fut réduite au rôle de simple agent
d'exécution, au niveau inférieur : canton (tribu) ou village
»3(*)49. Ce qui,
autrement présenté, signifie que l'utilisation des règles
coutumières n'a été que partielle, car les colons ne se
sont pas préoccupés de ces règles pour asseoir leur
autorité. Une fois nommés par l'administration coloniale, les
différents chefs indigènes étaient jugés en
fonction de leur pratique.
2. La pratique des différents chefs
indigènes.
Après leur investiture, le programme d'action des
différents chefs indigènes visait à rendre à
l'administration coloniale les services les plus appréciables.
2.1. L'apport des différents chefs indigènes
à l'administration
coloniale
Le «chef colonial », avons nous dit, était la
pure création de l'administration coloniale. Partant de là,
chaque chef indigène investi de l'autorité coloniale avait
obligation de résultats profitables à cette dernière.
De fait, suivant leurs attributions, les chefs
indigènes ont rendu les services les plus appréciables à
l'administration coloniale. Pour s'en rendre compte, il suffit de voir le
rôle joué par ces derniers dans l'aboutissement des actes de
l'administration tels le recouvrement de l'impôt, la police, la voirie ou
l'hygiène, la construction et l'entretien des routes, l'entretien des
cultures vivrières, le recrutement de la main-d'oeuvre, la
désignation des ressortissants des villages pour les prestations, le
règlement des affaires d'intérêt, etc.
Ainsi, dans la région de Franceville, les chefs les
plus écoutés du commandement indigène, comme ce fut le cas
du chef ndumu Lendoyi-Li-Bangwali3(*)50, de l'Ombaama Edouard Mickoto, du
Tåãå Grégoire Samba et, dans une certaine mesure de
François Kiki, ont été, dans la pratique du
règlement des questions d'intérêt, des agents de liaison
indispensables entre l'administration coloniale et la masse de la population
indigène. A ce propos, voici ce que nous rapporte Théophile
Ndziami :
1. « nkani ? ontini eki him [...]
1. « nkàni ? à l'époque où
était him [...]
2. à la coloniale, nd'amaka
2. à la coloniale, il restait le
3. chef suprême a mampuãu yia,
3. chef suprême de ce village là,
4. a ma biri yia.. Mais,
4. de cette place là . Mais,
5. biri a ma duãa ndi,
5. lorsqu'on annonce que
6. commanda ayua aya, 6.
le chef de subdivision arrive,
7. mba nd'a (...) oduãa ndi
7. c'est qu'il...En disant que
8. mpa baari ma yiå na djandja.
8. donnes les gens qui iront travailler.
9. luâu, c'est lui qui
9. Aujourd'hui, c'est lui qui
10. nomme [...] Alors, 10.
nomme [...] Alors,
11. akaari' a må, lebula agnanga.
11. mes femmes, cassez les noix.
12. Pour aller vendre là-bas ple'otangani
(chez le Blanc).
13. Alors, il impose. Personne ne peut pas refuser hein ?
14. Alors, oduãa ndi yiå (quand on dit
part) passantaire,
15. passantaire3(*)51 là, c'est à leur appellation.
C'était les travaux forcés.
16. Hein ? Donc, c'est lui qui nomme. Hein ? C'est lui qui nomme.
17. C'est lui qui nomme et il impose.Et, là-bas, on te
donne un ticket
18. pour dire que tu as déjà servi. Au prochain
voyage, tu ne vas plus
19. retourner parce que tu es déjà fatigué.
On te donne un machin
20. comme un ticket comme quand tu as payé les
impôts, comme une
21. taxe et tu gardes ça sur toi.Faut pas perdre. Alors
prochainement,
22. il ne va pas me nommer. Il sait que je suis
déjà parti. On envoit
23. encore un autre pour 15 jours et puis, lui là part
souffrir . On lui
24. donne aussi un ticket. Donc, chaque rotation se passe comme
ça.
25. Donc, le chef surveillait toujours ces ordres là.
Hem...Hem... un
26. un exemple comme mon village.
27. taara må a duãu må kari,
28. Mon père me l'avait dit,
28. hem, bisi leki oka
29. Hem, nous habitions,
29. mangala, mangala, 30.
dans des campements, des campements,
30. mangala, mangala,
31.des campements, des campements,
31. mangala, mangala. 32.
des campements, des campements.
32. Baari, mvuru na tribu å ndå.
33. Les gens, chacun avec sa tribu.
33. Il va faire son campement là-bas. Il va faire son
campement là-bas.
34. Mais, là, les chefs Blancs lui ont tapé, lui
ont frappé à coups de
35. chicottes pour réunir son village là.
Maintenant il est allé les
36. recupérer [...] les chefs Blancs lui ont
tapé pour faire réunir tout
37. le village Okouma. Revenir dans les campements,
38. m' otwa mpuãu yi(...) montu »3(*)52 38. Pour
constituer (...) un seul village ».
Comme l'indique ce témoignage3(*)53, sous les ordres et le
contrôle du chef de subdivision, les chefs indigènes ont soumis
leurs semblables à un certain nombre de pratiques (prestations,
perception d'impôts, opération de recensement) qui n'avaient
jamais cours dans leur environnement immédiat. Pour montrer la
contrainte à laquelle les différents chefs faisaient face dans
l'exercice de leur fonction, Pierre Angango affirme que :
1. « djandja bla ?' etangani »
1. « Le travail avec les Blancs »
2. eki forcé, forcé buni ?
2. c'était forcé, forcé comment ?
3. mba agnanga a må duãa wå ba
3. Ce sont les noix que je te dit là,
4. imanga ni.
4. ça ne manque pas.
5. ndambu imanga ni. 5.
Le caoutchouc ne manque pas.
6. a maari imanga ni. 6.
Les huiles ne manquent pas.
7. agnama imanga ni. 7.
Les animaux ne manquent pas.
8. bibi bia omvå'oka en gros.
8. Ces choses là doivent être en gros.
9. be så iyålå djo ni.
9. Vous ne devez pas les manquer.
10. Chef iyålå m'e ndå mpuãu
ni. 10. un chef ne doit pas en manquer.
11. oyålå m'e ndå mpuãu pan,
11. Si ça manque dans son village,
12. ongånå?å.
12. la prison.
13. aleãß w' ongånå?å.
13. On te met en prison.
14. ?a w'otsuãa m' ongånå?å
kwa, 14. Si tu sors de la prison là-bas,
15. wå vuruã' o commence
ndjandja. 15.tu recommence le travail.
16. ndjandja wå yo chef ni
yo.»3(*)54.
16. Ton travail de chef c'est ça ».
A partir des faits relatés dans les témoignages
sus-mentionnés, on comprend que les chefs indigènes et leurs
administrés étaient tous soumis au diktat des autorités
coloniales.
Toutefois, il y a eu une complémentarité entre
l'action des représentants de la puissance coloniale et celle des chefs
locaux. La pratique des différents chefs indigènes a
facilité l'implantation de l'administration coloniale. En outre, il faut
dire que l'administration coloniale, en s'appuyant sur les chefs
indigènes, a pallié à plusieurs difficultés que les
chefs de circonscription, les chefs de subdivision et de cercle n'auraient pu
résoudre. En effet, dans leurs juridictions, certains chefs arrivaient
parfois à apaiser les tensions et autres incompréhensions qui
auraient été graves entre populations autochtones. C'est le cas
de l'action entreprise par Lendoyi-Li-Bangwali qui, en tant que chef de la
tribu du Haut-Ogooué, arrivait à régler certains
problèmes d'ordre civil et commercial voire de taxation ou de
recouvrement d'impôt avant que le chef de subdivision ne soit
contacté. C'est ainsi que Maximilien Madjoupa parvint à
regrouper les populations flottantes Mba?ß - en désaccord avec
les Bewumvu dans le canton Bewumvu - après l'organisation des
chefferies en 19343(*)55.
Mais il convient aussi de souligner qu'en changeant les
règles de recrutement ou d'intronisation des chefs indigènes, le
commandement indigène fut confronté aux problèmes sociaux
(insoumission des populations récidivistes, abandon de l'unité
administrative par ses ressortissants, etc.) qui eurent des conséquences
néfastes sur les attentes de l'administration coloniale. André
Even en témoigne en ces termes : « On conçoit que
lorsque les Européens ont voulu brusquement transformé ce gardien
des rites, ce personnage essentiellement religieux en collecteur d'impôt,
en agent voyer, en surveillant d'hygiène, l'incompréhension a
été complète de part et d'autre. D'un côté,
les Blancs ne pouvaient s'imaginer que le rôle de celui qui se
présentait comme le chef consistait en autre chose que l'exercice
purement matériel d'un commandement, et de l'autre côté, ce
même chef, intermédiaire entre le groupe et les forces
surnaturelles protectrices, ne pouvaient comprendre qu'il fût
chargé d'ordonner à un tel de débrousser la piste menant
au village, à tel autre d'aménager sa case selon les
prescriptions de l'hygiène, à d'autres enfin d'aller faire des
prestations au poste et de payer l'impôt, etc. Non seulement il ne le
comprenait pas, mais il était incapable de l'obtenir : cela sortait
trop de ses attributions traditionnelles. Peu à peu cependant (au bout
d'une ou deux générations) il eût été
possible d'arriver à des résultats satisfaisants. Mais, bien
souvent, faute de connaître les institutions indigènes on a
cherché un résultat immédiat et complet. On s'est
évidemment heurté à une réalisation impossible de
la part des chefs qui, taxés de mauvaise volonté, ont
été déposés. Leurs remplaçants, dans de trop
nombreux cas choisis en dehors de la famille des chefs coutumiers, ont pu
encore moins que leurs prédécesseurs. [...] Aucun lien religieux
ne lui attache les habitants du village : ses ancêtres ne
commandaient pas les leurs : peut-être même
n'étaient-ils que de vulgaires esclaves[...]. Parfois les chefs
légitimes ont bien été maintenus, mais par ignorance des
croyances indigènes on a attribué à toutes les
cérémonies cultuelles un caractère uniformément
cruel et l'on a poursuivi systématiquement toutes pratiques
« fétichistes » sans se rendre compte de ce qu'on
ôtait ainsi leur plus grande force aux chefs »3(*)56.
De ce qui précède, on peut déduire que
l'action des chefs indigènes en faveur de l'administration coloniale
était limitée. Mais, sur le plan économique,
conformément au principe de l'autonomie administrative et
financière des colonies, l'action ou la collaboration des chefs
indigènes a permis (par le biais des impôts et taxes) à
l'administration coloniale d'asseoir une économie monétaire que
les peuples de la région de Franceville ignoraient jusqu'alors. Les
chefs indigènes ont été, de par leurs attributions, les
agents de l'action coloniale. Toutefois l'action de ces chefs eut un impact
considérable sur les populations autochtones.
2-2. L'impact de l'action des chefs indigènes sur les
populations
autochtones
Le chef traditionnel (le nga puãu), avons nous dit,
était le descendant du fondateur du village. Il était
l'autorité morale de son ressort territorial. A ce titre, il incarnait
le pouvoir de l'omfumu - et /ou des autres sociétés
secrètes et initiatiques - dont le principal objectif était
d'assurer la cohésion du village et la protection des terres
ancestrales contre tous les dangers éventuels3(*)57. Le chef traditonnel,
tout comme celui investi de l'autorité coloniale, était, de ce
fait, respecté. Théophile Ndziami rapporte :
1. « bisi le ma mono otangani
1. « Nous avons rencontré le Blanc
2. ?a ya kuduãu. En attendant,
2. brusquement. En attendant,
3. on avait quand même les hommes, 3. on
avait quand même les hommes,
4. les hommes qui commandaient. 4. les hommes
qui commandaient.
5. bo aki oka mva' a chef vua,
5. Ils étaient comme les chefs comme ça,
6. otswolo m'ankani.
6. on les appelait les nkani.
7. ba' aki ankani.
7. Ils étaient des notables.
8. nkumi e chef yia e ya ?a
8. Le nom de chef là est
9. nkumu le Blanc.
9. le nom du Blanc.
10. ça, c'est le blanc qui dit a chef /
10. ça, c'est le blanc qui dit a chef /
11. mais sabå letiãß oyia ntini
11. mais, nous, à cette époque,
12. otswolo m'ankani.
12. les appelions les nkani,
13. nkani a ma biri yia.
13. nkani de ce lieu là.
14. Himm, mva m'aduãu ndi :
14. Himm, comme on disait :
15. mmm, Okuma o Tundangoyi*, 15.
mmm, Okouma de Toundangoyi,
16. Andjoão ma Legnongo*,
16. Andjoão de Legnongo,
17. c'étaient les chefs suprêmes
17. c'étaient les chefs suprêmes
18. de ces villages là, hein ? Ça, c'est
18. de ces villages là, hein ? Ça, c'est
19. comme ça : Okundja m'Olupi.
19. comme ça : Okundja d'Oloupi.
20. Donc le Blanc, par exemple, 20. Donc
le Blanc, par exemple,
21. nd'a ma découvre ?a, il y avait
21. il venait découvrir là, il y avait
22. des chefs de familles qui restaient 22. des
chefs de familles qui restaient
23. de génération en génération
23. de génération en
génération
24. pour gérer. Mais, ?a tine kala
24. pour gérer. Mais, mais à l'époque
25. eki la coloniale,
25. de l'administration coloniale,
26. e mbiri eli, eki taara må vua,
26. tel que vivait, était mon père,
27. avant que ma solo b'angunu,
27. avant de défricher la forêt pour les champs,
28. angunu a m'osiâß aya,
28. pendant la saison sèche,
29. a sa solo angunu,
29. on débroussait d'abord les parcelles
30. m'akari'a ndå d'abord
30. de ses épouses,
31. a sa solo angunu
31. on débroussait d'abord les parcelles
32. m'akari'a ndå pour imposer
32. de ses épouses pour imposer
33. son autoité. oduãa ndi
33. son autorité. Quand on décide de
34. m'atsala mpuãu, m'aya tswa
34. changer de village, on va bâtir
35. ndzo, andzo, b'oyiå mpa,
35. la maison, les maisons, s'ils partent,
36. o sa tswa andzo m'akali a ndå
36. ils bâtisent les maisons de ses épouses
37. d'abord (...). Avant que m'agnina 37.
d'abord (...). Avant qu'on entre dans
38. mpuãu e gnariãß,
nd'os'agnina 38. le nouveau village, il entre d'abord
39. levusu. omana bå ya otswa a bå
39. le premier.Après, vous bâtissez les vôtres,
40. ça, le chef était respecté.
40. ça, le chef était respecté.
41. obuma gnama, aya na ndå
41. Si on tue une bête, arrivé avec
42. ompuãu,okaâßãß
ndå, heim (...) 42. au village, c'est lui
qui partage, hein (...)
43. aya na gnama,
nd'okaâßãß, 43. Si on vient
avec une bête, il partage,
44. mpuãu eso edzi. donc, tout ça
41. tout le village mange. Donc, tout ça
45. dépend déjà de
lui »3(*)58
42. dépend déjà de
lui ».
Il faut, à en croire cet extrait du témoignage
qui converge plus qu'il ne diverge avec ceux receuillis auprès de
Mboumounou Aloïse3(*)59 et de Clotilde Ndagui3(*)60 ainsi qu'avec les
écrits d'André Even3(*)61, dire qu'avant l'implantation de l'administration
coloniale dans la région de Franceville, le chef traditionnel
- le fumu a puãu, nga puãu ou nkani - vivait
en harmonie avec ses administrés. Chez ces populations, l'action du chef
du village se limitait d'abord à la résolution des
problèmes qui menaçaient l'unité ou le patrimoine du
village, ensuite à favoriser - si on sollicite son implication - les
échanges entre les familles de son village, entre ces derniers et ceux
des villages voisins ou alliés et, enfin, à oeuvrer pour la
pérennité de son village. En gros, tout se résumait
à l'action communautaire3(*)62.
Dans la région de Franceville, lors des premiers
contacts, les explorateurs, furent reçus avec faste par certaines
autorités traditionnelles, tels que le chef ombaama Leboussi et les
chefs ndumu Balla, Pongo, Nguimi, Lendoyi et Nguia. Par leur présence,
les invasions en territoires voisins, les conflits entre lignages
baissèrent en intensité. Ils étaient, de fait,
considérés comme des alliés qui faciliteraient
l'épanouissement des populations autochtones. Cependant, comme le
souligne Martin Alihanga : « cette rencontre avec le Blanc est
d'ailleurs pénible parce que décommunautarisant, et partant
individualisant. Car dès la conquête, les villages les plus
isolés connaissent l'impôt non pas collectif mais capital [...].
En conséquence, chacun cherche avant tout à sauver sa tête
[...], ils s'individualisent »3(*)63.
En effet, au début de l'action coloniale, les
populations autochtones travaillaient pour payer l'impôt afin de
répondre au mot d'ordre d'autonomie administrative et financière
des colonies, car « meurtrie » par les campagnes militaires
contre l'Allemagne en 1870, la France ne pouvait plus affecter des finances
dans les territoires sous son contrôle. Dès lors, pour asseoir le
pouvoir des chefs indigènes, l'administration mit en place
« un moyen de répression et de dissuasion : la "prison",
[...] et une petite milice parallèle à celle de l'administration
coloniale »3(*)64. Ainsi, ces derniers commençèrent
à imposer à leurs populations des pratiques qui n'avaient pas
cours dans leurs sociétés respectives. En fait, l'introduction du
numéraire dans tous les territoires colonisés, comme le souligne
Anne Hugon, a entraîné trois conséquences principales,
à savoir :
« - faire reposer le financement de
l'administration des territoires sur les Africains ;
- intégrer une part croissante de la population
à une économie monétaire, les autochtones ayant besoin de
numéraire pour payer l'impôt ;
-développer le travail forcé,
« alternative » parfois proposée par les
autorités pour s'acquitter de l'impôt »3(*)65.
Ces impositions (impôts directs et indirects)
étaient à l'origine de la détérioration des
rapports non seulement entre les chefs et leurs administrés mais aussi
entre ces populations et les miliciens dans la région de Franceville.
En outre, l'action administrative poussait parfois les
populations récidivistes ou moins nanties - que certains de nos
informateurs désignent par le terme
« méchapa »3(*)66- à des abandons momentanés ou
définitifs des villages. Le principal résultat de l'action des
miliciens et des chefs indigènes sur les populations autochtones de la
région de Franceville est ainsi décrit par Martine
Ngwalandji :
1. « ... motini yia så ali,
1. « A cette époque là,
2. bisa bå les Noirs, bagnama, 2.
nous les Noirs, étions des bêtes,
3. okala mo swaãa.
3. nous restions dans la forêt.
4. olielå ndi moworo nduwu ayå,
4.Lorsqu'on dit qu'un milicien arrive,
5. puãu bogni?i.
5. le village se vide.
6. bu yiß wå bu, kini bisa bå
6.Tel que tu es arrivé, nos gens seraient
7. baati ?a bu leli ?a tsa molåâå bu/
7.comme nous sommes dans le molåâå/
8. - bu leli ?a tsa molåâå bu/
8. Comme nous sommes dans le molåâå/
9. kini kwesi ?a kwesi tsa ãß motsami?a 9.
Tout le monde aurait fui.
10. ?a bakasi ?a ba baliãa okali mo 10.Les
femmes et les hommes restent en
11. swaãa, m'obati ndå, mobati
moworo11forêt pour le fuir, pour fuir un milicien.
12. bun wå yii bu,
12. Tel que tu es arrivé comme ça,
13. wå ?a kini li moworo bu, 13. si
tu étais un milicien,
14. wå li bwa, wå bi oya ?a,
14. tu es comme ça, si tu venais,
15. ?a bisi la motsami?a puãu yuesi. 15. on se
serait sauvé, tout le village.
16. kumu mechapa. ba ba bati ba 16.Ce sont les
échappés. Ceux qui ont fui là,
17. kumu' a bo mechapa. 17. on les
appelle les échappés.
18. ba baati ba ba bati mo swaãa 18.Les gens
qui sont allés en forêt
19. m'obata, moworo omoni ?ß. 19. pour fuir,
ils ne voient pas le milicien /.
20. - ba ba yeli' otendi ku lepo. 20. Ceux qu'on
n'a pas recensés pour l'impôt.
21. baati ba ka ba tindi ?ß. 21.
Ces gens là ne sont pas enregistrés.
22. ka ba gnisiãß otsa livre la
22. Ils ne sont pas inscrits dans le livre du
23. le gouvrement li le mo laãa ndi 23.
gouvernement qui fait reconnaître que
24. meya otsa gnambi ?ß 24. je
suis déjà pleinement partisan du Blanc.
25. ba okala mo swaãa. 25.
Ceux-là reste en forêt.
26. wo kala ?a mwana, wo yiå ?a 26. Si tu as un
enfant, tu pars avec
27. mwana.wo bunu mwana onaãß ?ß 27.
l'enfant, tu ne peux pas laisser l'enfant,
28. wå naãa mwana wå ?a na ?
28. tu laisseras ton enfant avec qui ?
29. ?a tini yi wa s'aya, 29. Mais
lorsque tu reviendras,
30. moworo osa yisiãß wå,
30. si le milicien te surprend,
31. mo lia täuãu /
31. ce jour là /
32. - ?a ya okwata / 32. Si on
t'attrappe /
33. ka ba gnisiãß otsa livre la
33. Ils ne sont pas inscrits dans le livre du
34. le gouvrement li le mo laãa ndi 34.
gouvernement qui fait reconnaître que
35. meya otsa gnambi ?ß 35. je
suis déjà pleinement partisan du Blanc.
36. ba okala mo swaãa. 36.
Ceux-là reste en forêt.
37. wo kala ?a mwana, wo yiå ?a 37. Si tu as un
enfant, tu pars avec
38. mwana.wo bunu mwana onaãß ?ß 38.
l'enfant, tu ne peux pas laisser l'enfant,
39. wå naãa mwana wå ?a na ?
39. tu laisseras ton enfant avec qui ?
40. ?a tini yi wa s'aya, 40. Mais
lorsque tu reviendras,
41. moworo osa yisiãß wå,
41. si le milicien te surprend,
42. mo lia täuãu /
42. ce jour là /
43. - ?a ya okwata / 43. Si
on t'attrappe /
44. - ndi kum'a wå na ?
44. Il te dit quel est ton nom ?
45. ndi kum'a må yi.
45. Il répond que mon nom est tel.
46. ndi wå kunu akala ?
46. Il te dit : où étais-tu ?
47. ndi ndå ma swaãa ã'akala.
47. Tu répondras que j'étais en forêt.
48. ?a ba gnisiãi wå kumu otsa livre /
48. Et, on t `enregistre dans le livre /
49. o lo wå kumu, wå så ya o
payå lepo. 49. Si on t'inscrit, tu payeras l'impôt.
50. wå ya o paye lepo /
50. Tu payeras désormais l'impôt /
51. ba bumu ?a wå luâa.
51. On te bastonne aussi.
52. ?a yia mbuãa, lo djali li lo lebisi :
52. Dès lors, le problème est criard :
53. oyålå ?a bakasi magnanga.
53.ou bien les femmes font l'huile d'amande,
54. oyålå ?a ba baliãa ba ba sa
54. ou bien les hommes font les vêtements.
55. okwati bå ?a, bå bwesi,
55. Si on vous attrape là, vous tous,
56. bayeni mokutu mosia ?a mabini, 56. on vous
attache les cordes aux hanches,
57. ?a mabini ?a, ?a mabini ?a / 57. aux
hanches là, aux hanches là /
58. bisi ka' ali lefu »3(*)67.
58. Nous, c'était la mort ».
Comme nous le montre ce témoignage, l'administration
coloniale, par le biais des chefs indigènes, imposait aux populations
autochtones un rythme de vie empreint de violence et d'abus divers. En effet,
les chefs indigènes étaient contraints de coopérer
coûte que coûte avec l'administration coloniale ou bien ils
subissaient la loi de l'alliance. Selon Eugène Gnala, « pour
imposer le travail aux populations autchtones, il fallait qu'il y ait une
combine entre l'administration coloniale et les chefs indigènes.
L'action des chefs était plus imposée sur les chefs de famille.
Mais, quand on attrapait les gens, soit toi-même tu pars, soit tu envois
ton enfant ou quelqu'un de ta famille. Mais, pour les populations ce
n'était pas bon et les gens préféraient fuir en
brousse »3(*)68. Pour montrer l'effet de cette action de
l'administration coloniale sur les populations autochtones, A.J. Lotte
écrit : «les changements de noms sont habituels chez
l'Africain et parfois rituels. S'ils ne sont pas saisis à temps par des
contrôles périodiques, l'identité des individus ne peut
être rétablie. Les fausses déclarations sont
fréquentes...»3(*)69. Dans ces conditions, la dénonciation et la
manipulation devenaient des méthodes couramment utilisées par les
chefs indigènes pour se rapprocher des réfractaires.
Malgré les obligations imposées aux chefs indigènes par
l'administration, par respect des coutumes ancestrales, certains chefs "des
chefs parmi les chefs de village, les chefs de famille"3(*)70 qui se révoltaient
et allaient s'installer ailleurs. . Cette situation contribua à
affaiblir le pouvoir de certains chefs indigènes car le nombre des
chefs de famille récidivistes et des individus migrant vers les centres
d'attraction (Franceville, Dolisie, Pointe-Noire, Brazzaville, Libreville) et
d'exploitation forestière (Lambaréné, Port-Gentil)
augmenta tant que perdura le régime de l'indigénat3(*)71. Mais, comme le souligne
A.J. Lotte, à partir de 1946 « aucune pression ne
s'exerce en faveur des recruteurs [...] les races forestières ont pris
le pli de l'expatriation et continuent de se diriger librement vers les
exploitations, et, de plus en plus, vers les villes"3(*)72. Si l'on s'en tient
aux recensements effectués par A.J. Lotte, de 1948 à 1951, 4.271
individus de la région de Franceville ont émigré vers le
Moyen-Congo, soit le septième de la population existant en 1948. Il
convient, de rappeler que, dès 1946, avec le regroupement des
villages sur les routes et le recours de plus en plus fréquent à
l'autorité coloniale, conséquence de l'évolution
politique, le nombre de réfractaires est devenu infime3(*)73.
Par ailleurs, l'action de l'administration coloniale,
imposée aux sociétés traditionnelles de la région
de Franceville a été marquée par plusieurs mutations, qui
ont eu une influence considérable sur les rapports entre
colonisés. C'est dans ce sens que nous convenons avec Nicolas Metegue
N'Nah que « l'action coloniale, en brisant les anciens cadres
politiques autochtones, en entraînant les migrations
inter-régionales des travailleurs, en créant des villes et en
répandant la culture occidentale, eut essentielllement pour effet de
distendre les liens claniques qui unissaient les individus dans les anciennes
communautés autochtones et de provoquer la désagrégation
de ces dernières »3(*)74. En d'autres termes, l'action coloniale dont les
chefs indigènes sont la « courroie de transmission
obligée entre l'administration et l'adminitré »3(*)75, a été
à l'origine des bouleversements, du dérèglement et de la
spoliation des sociétés traditionnelles. Elle est, pour ainsi
dire, la cause immédiate de la nouvelle donne sociale.
2.3.La naissance de la nouvelle donne sociale
En imposant sa domination, sous prétexte d'apporter la
civilisation aux populations autochtones, le colonisateur a
systématiquement ébranlé un ordre socio-politique et
culturel bien structuré depuis des générations. En effet,
en voulant dégager les points de friction entre les coutumes ancestrales
et les tendances occidentales, l'administration coloniale a introduit une
nouvelle conception de l'autorité : celle de la chefferie
administrative qui consiste en une centralisation du pouvoir. En fait, la
désignation des chefs indigènes obéissait à
certaines exigences. A ce propos, Hubert Binga écrit :
« La chefferie administrative a constitué, pour les chefs
traditionnels, un enjeu politique et a engendré une situation de
rivalité croissante qui allait s'étendre même entre
pères et fils »3(*)76 (cas de Samba Philippe, Mbani et Langhi dans la
chefferie ndumu après la mort du chef de tribu Lendoyi-Li-Bangwali). La
rémunération des chefs ou « capitalisation du
pouvoir », a été un facteur de transformation non
seulement des structures socio-politiques mais également juridiques et
mentales.
Sur le plan social, comme le souligne Nicolas Metegue N'Nah
« les indigènes n'étant plus groupés par clans,
la naissance qui, dans les sociétés
néo-communautaristes était le principal critère de
classification sociale, ne joua plus aucun rôle dans ce domaine. De plus
en plus, avec la généralisation et le triomphe de
l'économie monétaire, la fonction occupée et la fortune
servirent à déterminer la place de l'individu dans la
société »3(*)77.
Sur le plan politique, la stratégie administrative de
domination se heurte à une double résistance : la
résistance à l'action des nouveaux chefs indigène et la
résistance aux principes de la civilisation européenne. Cette
double résistance eut pour effet la libération des populations
du joug colonial.
Sur le plan judiciaire, après la suppression du
régime de l'indigénat, l'administration coloniale a mis en place
deux types de justice : le tribunal de premier degré (qui concerne
les Européens, les assimilés et notables évolués et
reposait sur les lois métropolitaines) et le tribunal de second
degré qui était conçu pour les indigènes et
régi par un certain nombre de réglementations spécifiques
qui, de temps en temps, faisaient appel aux coutumes locales. La naissance de
ces nouvelles structures explique la dualité qui existe de nos jours
dans la région de Franceville entre tribunaux coutumiers et juridictions
modernes.
Cette nouvelle donne qui résulte des mutations des
sociétés traditionnelles est un des traits
caractéristiques des sociétés modernes de la région
de Franceville.
En gros, les chefs indigènes ont été d'un
apport considérable dans l'aboutissement des projets de l'administration
coloniale dans la région de Franceville. Concrètement, par leurs
attributions et l'autorité qui leur avaient été
conférées par les nouveaux occupants, les différents
chefs indigènes supérieurs ont été
contribués à la perte de leur propre identié culturelle.
In fine, il faut dire que, dans leurs rayons d'action
respectifs, le soutien des chefs indigènes à
l'administration coloniale a non seulement été décisif
dans le processus du renforcement la domination coloniale dans la
région de Franceville mais a également permis de compenser les
déficits de cette dernière tant en personnel métropolitain
d'encadrement, en moyens financiers et techniques qu'en forces de pression
suffisantes. Leurs pouvoirs, du fait de sa capitalisation, se sont
trouvés secoués et diminués par des contradictions dues
à l'évolution qui s'inscrivait dans le projet d'administration
coloniale.
Cette étude était sensée nous
éclairer sur l'administration coloniale, chefferie indigène et
relations inter-ethnique dans la région de Franceville de 1880 à
1960. En d'autres termes, il s'est agi de savoir quelles étaient les
relations entre, d'une part, les différentes ethnies de la région
de Franceville et, d'autre part, ces dernières et l'administration
coloniale entre 1880 et 1960, de savoir si dans cette région, les
relations inter-ethniques ont facilité l'action coloniale dans la
résolution du problème de la chefferie indigène. Autrement
dit, l'administration coloniale s'est-elle appuyée sur les relations
inter-ethniques dans cette région pour résoudre son
problème de chefferie indigène, faisant ainsi de la chefferie
indigène coloniale l'héritière de la chefferie autochtone
traditionnelle. Et, enfin, savoir ce qui, dans la région
concernée, explique, dans le choix des chefs indigènes, la
reconnaissance du leadership du peuple ndumu ?
Sur la base de ces interrogations, nous avons formulé
l'hypothèse selon laquelle : le fait que, vers 1920, il y ait eu ce
consensus entre les différents chefs lignagers ou claniques pour
désigner le chef ndumu Lendoyi-Li-Bangwali suppose que tous les peuples
de la région de Franceville entretenaient de bonnes relations et que la
tâche de l'administration coloniale s'en est trouvée
facilitée, donnant aux nouveaux chefs une apparente
légitimité d'essence coutumière. Mais, en fait, le choix
des éléments ndumu pour l'exercice des fonctions de chef durant
toute la période coloniale dans la région de Franceville devait
moins aux relations qu'entretenaient les différents peuples entre eux
qu'aux exigences desdites fonctions qui n'avaient rien à voir avec les
critères traditionnels de désignation des chefs dans les
sociétés autochtones.
Au terme de cette étude, il apparaît que notre
hypothèse de départ est confirmée. En effet, faute des
cadres administratifs, pour réaliser sa politique d'assimilation, dans
la région de Franceville, l'administration coloniale a assis son
autorité sur des collaborateurs indigènes qu'elle a investis
d'une parcelle de pouvoir colonial. Dans le Haut-Ogooué, l'attention se
porta sur le chef ndumu, Lendoyi-Li-Bangwali pour l'exercice des fonctions de
chef des tribus du Haut-Ogooué. Peu à peu d'autres dignitaires
indigènes accédèrent à la fonction de chef qui se
mit en place de 1920 à 1934.
En outre, il faut dire que les rapports entre les
différents peuples de la région de Franceville sont restés
des relations de collaboration fraternelle. Ce qui nous amène à
affirmer sans ambages que les administrateurs coloniaux se sont appuyés
sur ces bonnes relations pour faire de Lendoyi-Li-Bangwali une sorte
d'intermédiaire, de porte-parole des populations autochtones car
comparablement aux autres chefferies de la région, la chefferie
ndumu était souveraine sur un territoire reparti entre plusieurs
lignages et d'autres peuples voisins. En fait, si les relations entre les
populations autochtones n'étaient pas bonnes, aurait-il
été possible que le prestige et partant l'autorité du chef
ndumu dépasse les limites territoriales de son unité
administrative. Toutefois, il ressort de notre documentation que le choix des
éléments ndumu pour l'exercice de ces fonctions tient non
seulement des relations préexistantes mais aussi du fait que les Ndumu
furent les premiers alliés des explorateurs et des colonisateurs dans la
région de Franceville.
Le leadership du peuple ndumu, quant à lui,
s'explique par le fait que les différentes structures coloniales (poste,
mission catholique, maison de commerce, etc.) étaient implantées
en territoire ndumu.
En ce qui concerne les relations entre autochtones et
administration coloniale sont restées celles des dominés à
dominants. En fait, les autochones étaient des sujets français
alors que les administrateurs coloniaux étaient, eux, des citoyens
français. Autrement dit, le Blanc était supérieur à
l'autochtone.
Il faut, au total, dire que les chefs indigènes, par
leur collaboration avec les nouveaux occupants, ont, sous le poids de la
contrainte, non seulement financé leur propre assujettissement mais
aussi véhiculés la civilisation occidentale et, par
conséquent, contribué à la perte de leur propre
identité culturelle. Ces chefs devenus, avec la nouvelle donne, des
notables évolués - les prédestinés à la
gestion de la chose publique au moment où sonnent les cloches des
indépendances - vont-ils perpétuer la tradition coloniale ?
Annexe 1 :
La remontée de l'Ogooué (Lebani) par Pierre
Savorgnan de Brazza et La rencontre des peuples de la région de
Franceville, rapportée par Mokikali dit Ossabiyi Jean(*).
Transcription
Traduction littérale
Question : Brazza kunu bunu
ã'ato ? Comment Brazza est-il
arrivé ici ?
Réponse :
( Proverbe)
1. « ngondi na kusu
1. « Le Touraco et le Perroquet.
2. li ã'osi ã'akwi bo ndjala
2. La famine s'installa dans leur pays,
3. kusu okoto bu ndi aãa 3.
le Perroquet en conscient de la situation dit :
« non » !
4. oli ã'ayeni kata la.
4. Il s'en alla très loin.
5. ofa ya bu, ndi a ngondi 5. A son
retour, il dit au Touraco :
6. må mobasiãa vila, yina ngana .
6. « j'ai trouvé la nourriture, cela est une
surprise ».
7. bafa yiå bunubu, li kusu ãa (...)
7. Quand ils s'en allèrent, alors le Perroquet (...)
8. ngondi ãa temi?ß pa pa pa pa
8. Alors le Touraco se leva, s'envola longtemps,
9. pa pa pa pa, bayeni, 9.
s'envola longtemps, ils partirent,
10. bayeni ?a bakari ?a baana. 10. ils
partirent avec les femmes et les enfants.
11. bayeni, bayeni, babasiãß mosii,
11. Ils partirent, ils partirent, trouvèrent le mosii,
12. mosii: motsaãß'a bisa bå
12. Le mosii : c'est notre atangatier
13. wu mokå mokå wua.
13. qui est petit, petit-là.
14. bisa bå ota pangisii.
14. Nous l'appellons pangisii.
15. li ãa basiãß ndå,
15. Et, il le trouva,
16. ngondi a dja na baana 16. le
Touraco mangeait avec les enfants,
17. m'osi ki ã'akwa bo ndjala. 17.
pour le pays qui mourait de famine.
18. ngondi oyaâß mami tsi âå,
18. Le Touraco ne connaît pas bien les choses,
19. li ãa paâßãß ndi :
19. il s'exclama en disant :
20. o kusu ? kusu ndi å!
20. Oh ! perroquet ? Le Perroquet dit : oui !
21. ndi wå ãß' odja sii
21. Il dit, es-tu en train de manger ou
22. wå ki'obu?a ?
22. de gaspiller ?
23. kusu a dja a tsoso. 23.
Le Perroquet mange, il fait tomber.
24. ngondi ndi o kusu, 24. Le Touraco dit :
« Oh Perroquet ! »
25. kusu ndi o ngondi, 25. Le
Perroquet dit : « Oh Touraco ! »
26. ndi wå ndå motäwå 26. il
lui dit : « est- ce une tête que tu as
27. sii wå ndå motåtå ?
27. ou c'est un fardeau ? »
28. to bå Bakani?ß bå
28. Mais, vous les Bakani?ß, est-ce que vous
29. ã'odja sii bå ã'obu?a ?
29. mangez ou bien vous gaspillez ?
30. mosumbu a bå Bakani?ß,
30. Votre façon, vous les Kani?ß,
31. mbuãu yi bå la buãa,
31. dans le mileu que vous grandissez,
32. bå tsina na bangwabaati vegna?a? 32.vous ne
vous asseyez pas avec les vieux ?
33. yu må Mokakali* awoâo.
33. C'est moi Mokakali qui parle.
34. yu må Mokikali yua Mbaya 34.
C'est moi Mokakali de Mbaya
35. a woâo na moteriã'a må
35. qui parle avec mon petit-fils.
36. ka m'ata wå täßtäaâß yi
36. C'est pourquoi je lui cite ce proverbe.
37. meti, bå ãß' odja
37. Je dis, êtes-vous en train de manger
38. sii bå ãß obu?a ?
38. ou bien êtes-vous en train de gaspiller ?
39. bå, osi na bå tsii bunu ?
39. Vous, comment est le pays pour -vous ?
40. ta bisi, bangwabaati la ki kiålå.
40. Mais nous, nous avons gardé les vieux.
41. bisi lekieli mongwamutu... 41. Nous avons
gardé le vieux...
42. bangwabaati, lekomi molåâå, 42.
Les vieux, balayions la maison des hommes,
43. leboliãß lekuyu,
43. coupions le bois du foyer,
44. oto na mongumu,ngwamutu 44.
arrivé en soirée, le vieillard
45. omoãß ba wå na tsa
molåâå, 45. veille avec toi dans la
maison des hommes,
46. omoãß bi'okå baati tiii,
46. il veille jusqu'à ce que les gens se
taisent,
47. oto ba midi'a pfiâß
47. vous arrivez minuit,
48. wå bangwamutu yuna a yana. 48. le
vieillard-là et toi êtes-là.
49. ?ana wå fulu oti 49. Dès lors,
tu demandes que :
50. o ngwamutu yu, djami li bunu ? 50.
vieillard, le problème-là c'est comment ?
51. ngwamutu olieli wå. 51. Le vieillard
te le relate.
52. to bå, bå baputu batu 52. Mais
vous, vous êtes les maïs
53. be ngunu nderi? 53. votre plantation c'est la
barbe ?
54. bå putu w'ayela nderi, 54.Vous n'avez
pas de maïs sans barbe,
55. w'alåli ndi naãa må kuna
55. qui dit laisse-moi respecter
56. ngwamutu vegna?a ? 56. le vieux ?
57. to o mwani yu, wå moya, 57. Mais
l'enfant-là, tu es venu,
58. må funu âå, 58. je ne suis
pas mal intentionné,
59. m'ognaãa bagnaãß. 59. je
ne suis que celui qu'on a laissé.
60. bekåãß bi ndzaami a wangi må
60. Ce petit corps, c'est Dieu qui m'en a
créé,
61. må moãß na bakaãa ba må,
61. J'ai veillé avec mes grands-parents,
62. må moãß na bataata ba
må . 62. j'ai veillé avec mes
pères.
63. to w'aya fulu må,
63. Mais, tu viens me demander,
64. yina täßtäaâß yi metåli
wå 64. celui-là est le proverbe que je te
cite
65. meti bå, bå ãß'odja
65. en me disant : êtes-vous en train de
manger
66. sii bå ãß' obu?a ?
66. ou de gaspiller ?
67. ti w'aya fulu må,
67. Mais tu viens me demander,
68. å , gnaãß må låli
wå. 68. oui, laisse-moi te dire.
69. ?ß bu balåli ndi :
69. C'est comme lorsqu'on disaint que :
70. mwana mutu w'olo?on 70.
l'enfant de quelqu'un d'autre, tu conseilles
71. ãoão ba ãulu, w'ognaãa
71. la main et le pied, tu laisses
72. ãoão ba ãulu.
72. la main et le pied.
73. ta bå lebondo begna?a ?
73. Mais n'avez-vous pas de base ?
74. ta m' alaãa ya,
74. Si je parle ainsi,
75. wå mati kata ãu
75. c'est parce que tu es quitté loin là-bas.
76. pa pa pa pa pa pa, 76.
Parcourant des distances,
77. wåti m'ama to Mbaya,
77. en te disant que j'arrive d'abord à Mbaya,
78. m'aya monon pisa'otsiãa
78. voir un peu le seul héritier restant
79. ãß bagnaãß ãuna.
79. qu'on a laissé là-bas.
80. ta wå m'oya, w'afulu må
80. Mais tu es arrivé, tu me demandes
81. la Brazza, Brazza bunu ? 81.
l'histoire de Brazza, Brazza c'est comment ?
|
( Réponse
effective à la question posée plus haut
) :
1. bakutu ba bisi ota ndå
1. Nos anciens l'appellent
2 . molumagnuãu (...)
2. l'abeille mâle (...)
3. Mekanda meya na 2(*) 3.
Les Okandé en venant avec
4.Baduma baya kuma na ndå
4. Les Aduma en montant avec lui.
5.puyu yi nda pa?'opula. Mokaâa
5. Le village qu'il est sorti en premier est Mokaâa3(*)
6.bo ba basiya fumu mokaßa mokwa
6. Ils ont trouvé le chef mokaba est mort.
7.balili fumu mokaßa
7. On pleure le chef de mokaßa.
8.ndi bisi okoloyo ?a puyu ya
8. il dit nous dormons dans ce village.
9.nd'oya basiyi bu
9. Il vint trouver comme ça.
10.ndi yi oma ?
10. Il dit, ça c'est quoi ?
11.ndi nga puyu yi.
11. Ils dirent que c'est le chef de village.
12.fumu mokaßa, mokwa
12. Le chef de mokaßa est mort.
13.ndí bå ndå bunu la
swåyå 13. Comment allez-vous
le cacher ?
14.ndí bísi obita bila.
14. Nous allons creuser un trou.
15.bísi obo ndå, lesusi oyulu
15. Nous le prenons, le laisserons en haut.
16.oyulu motí
16. En haut d'un arbre.
17. ká nd'alieli ndí ayaa
yuni Brazza*, 17. Et il dit non ! C'est Brazza
18. ndí aãa, ka buni ßå,
18. qui dit non, ce n'est pas comme
ça,
19.lí ya ßí matsåtå,
19. il donna les pointes,
20.bakesí mbu?u ?a katí
20. on coupa la pirogue au milieu
21.ka, ã'abo pamí'a ngunga
21. Alors, il prit la cloche
22. yí gnini, y'a ßí.
22. La grosse, il donna.
23. obo piace, ßí
23. Il prit une pièce, donna
24.piace yina, ndína tsomí
24. Cette pièce là, avant
25.bisi otå yo monongo.
25. Nous l'appelons monongo4(*).
26. ka ndå y'aßí
26. Et il donna.
27.oboyí pami yí gnini
27. Il prit une grande cloche
28. ya ngunga ya ngo on
28.avec ngunga de ngo on !
29. yí bakí síya au la
mission 29. Celle qu'on chante à la mission
là.
30. ka ya ßí.
30. Puis, il donna.
31. Badjuma baya na ndå
31. Les Aduma en venant avec lui
32- bia, bia, bia, bia
32. doucement, doucement, doucement
33- baya, bakoloão
33. Ils viennent, ils dorment,
34- bamata Mokaâa
34. Ils quittèrent Mokaâa,
35- bato maali ma Pasa
35. Arrivèrent à l'embouchure de la Pasa
36- ba Lebani, ka ã'akoliãß
36. et Lebayi, il dormit.
37- nd'osuãß yana, ka ã'akumu
Lebani 37. De là, il remonta Lebayi
38- ka ã'ato ?a Masuku ya
38. et arriva à Masuku ici.
39- nd'ofa to Masuku,
39. En arrivant à Masuku,
40- Masuku mana, metålå ma
40. Masuku là, C'est l'appellation
41- Bawumbu. nd'oya basiãß
41. Bewuwvu. En venant, il trouva
42- mwana a (...) mmm Samolårå*
42. l'enfant de ...mmm Samolårå.
43- Samolårå fumu Masuku
43. Samolårå est le chef de Masuku
44- Samolårå ka ã'abo mokari
44. Samolårå avait épousé une
femme,
45- obo mokari, mokari mowumbu
45- il épousa une femme, une femme wumbu5(*).
46- bo bayeni ?'osu
46- Ils sont partis pendant la saison sèche.
47- bafa yiå ?'osu, osolo
47- En partant pendant la saison sèche, défricher
48- ?' okumu?a bunubu, 48-
et abattre comme ça,
49- ka ã'abasiãß mondjali
49- trouva le beau-frère,
50- mondjali yuna ?a ngayi'a kutu, 50- le
beau-frère là a la gâle,
51- Mowumbu. ndi, banga puyu yi ãuni ?
51- il lui dit, où sont les propriétaies de ce village ?
52- ndi bo bamoyiå,
52- il répondit, ils sont partis,
53- ba täå så swaka
53- ils sont parti en brousse.
54- ndi kum'a puâ' yina ?
54- Il lui dit, quel est le nom de cette chute d'eau ?
55- ndi kum'a puâ' yi Masuku.
55- il répondit que cette chute d'eau est Masuku.
56- ?ana Bawumbu ti'otå puâa yuosi
56- Mais, les Wumvu nomment toute chute d'eau
57- mon Masuku.
57- par " Masuku 6(*)".
58- bafa lo bu, bafa lo bu,
58- du coup, du coup,
59- li N'Zinia-A- Gnågnå*, Mowumbu,
59- N'Zinia-A-Gnågnå, un wumbu,
60- ka ã'abisiãß, å !
å ! 60- appela,
oui !oui !
61- ã'abisiãß, å !
å ! 61- Il appela,
oui ! oui !
62- ã'abisiãß, må så
(...) å! å ! 62- Il appela, moi
aussi (...) oui ! oui !
63- ah !ah ! Mondumu yu na Mokikali*?
63- Ah! Ah! Le Ndumu-là c'est qui Mokikali ?
64- taata'a Nguimi*.
64- Le père de Nguimi.
65- ka Nguimi ?ß (...)
65- Pas Nguimi (...)
66- ã'abisiãß Nguimi
66- Il appela Nguimi.
67- ka Nguimi yi âå, Nguimi ya mbisa
67- Pas ce Nguimi là, Nguimi de derrière.
68- ndi m'okuyu ãß m'oya må
ãunu. 68- Il lui dit : un albinos est
arrivé chez moi.
69- ndi bisa ão la luana
69- Nous allons nous battre.
70- bafa liålå Nguimi, Nguimi ndi kali.
70- Quand on dit cela à Nguimi, Nguimi dit non !
71- w'omonon modjiya wå luana ?
71- Si tu vois un étranger tu te bats ?
72- ndi bis'okuyu ãß
72- Il dit, cet albinos-là et moi,
73- må ndå oyaâa ãu nd'amata
âå 73- je ne sais pas d'où il vient.
74- bisa ndå le luana, ka ndå ãa
[...] 74- Nous allons nous battre, et il ...
75- Brazza ka ã'aâulu ndå ndi
75- Brazza lui demanda que
76- bisa wå la luana ?
76- nous allons nous battre ?
77- ndi å !
77- Il répondit : oui !
78- ndi bisa wå otol'oluana
78- Il dit : nous allons nous,
79- w'okuyu
79- tu es un albinos.
80- m'oyaâa ãu w'amati âå
80- Je ne connais pas d'où tu viens,
81- li ãa temi?ß
81- et il se leva.
82- pa! pa ! pa ! pa ! pa !pa !
pa ! 82- pa! pa ! pa ! pa !
pa !pa ! pa ! 7(*)
83- ka ãa yi kitiãa ?a Masuku ?ani?a
83- Il arriva à Masuku ici.
84- oyabasiãß bu ndi aãaa !
84- Il vint trouver comme ça, il dit :
non !
85- ndi må, må yiå ?
85- Moi, je pars ?
86- Brazza ndi bisa wå le luana ?
86- Brazza dit : nous allons nous battre ?
87- bisa wå ? w'abunu kiãß
ãa må ãß 87- Nous ? Tu peux
supporter ma chose-là ?
88- ndi ã' oma ?
88- Il dit : c'est quoi ?
89- ka ndå ã'awoli molum'a taâa,
89- il prit un cabri mâle,
90- ka ndå ã'akutu ngana buna,
90- il l'attacha à une distance,
91- nd'obo ndjari, nd'obulu bu tan !
91- il prit le fusil et tapa comme ça : tan8(*)!
92- molum'a taâa yiåå, futa
92- Le cabri s'écroula.
93- ndi wå na kiãß ãß
? 93- Il lui dit: tu as cette
chose-là ?
94- ti ongundu ã'a bisa bå
ãß, 94- Mais notre
ville-là,
95- ãa Masuku ãß,
95- de Masuku là,
96- Franceville, Masuku ?
96- Franceville, Masuku ?
97- yina kumu Bawumbu.
97- Celui-là, c'est le nom des Wumvu.
98- ka ã'abasiãß,
m'asisiãa 98- Il trouva, j'insiste,
99- afa sisiãa,
99- j'insiste encore,
100- ka ã'abasiãß mondjali a
Samolårå 100- il trouva le beau-frère de
Samolårå.
101- Samolårå Mokani?ß.
101- Samolårå est un kani?ß.
102- mubuãu ma Samolårå
102- Les anciens villages de Samolårå,
103- monon mon ya
103- regardes, c'est là.
104- wå bi yua ya bi må,
104- Si tu étais celui qui venait, je devais,
105- Masuku ya la vegna?a
105- Masuku-là n'est pas loin.
106- ka Brazza ã'abo piquet
106- Et, Brazza prit un piquet,
107- piquet, piquet otini ã'a molayi
107- le piquet, le piquet c'est un morceau de rail
108- ãa ngana machine wuna
108- Qui est comme la machine là.
109- kaã'alo.
109- Qu'il avait mis.
110- ka ã'asis'akoloão yana
âå. 110- Il n'avait plus dormi à
cet endroit là.
111- ka ã'akumu, ofa kumu bia, bia,
112- Alors il remonta. En remontant doucement,
113- ka ã'akumu Pasa, ofa kumu Pasa
113- il remontant la Pasa9(*), en remontant la Pasa,
114- osaâßãß Pasa .?'abi'oya
mo Pasa, 114-il traversa la Pasa. Mais, on venait par Pasa,
115- mo Pasa, mo Pasa, âå lekumu.
115- par la Pasa, par la Pasa, vous remontez.
116- ãßna' obiti ãß
Brazza ã'akoliãß. 116- c'est
à cet endroit que Brazza avait dormi.
117- lekaka li ndå ã'apa?'omonon
117- La race qu'il avait d'abord vu est
118- Mondumu, mosi Makaâa.
118- le ndumu, habitant de Mokaâa.
119- olieli bå ndi Brazza ayi ya
tsutu 119- Si on vous dit que Brazza avait suivi
120- lekaya li moyonon, mala
120- la feuille du manioc, c'est faux !
121- Brazza ka ã'akitiãß
yana. 121- Brazza était arrivé
là.
122- ofa kitiãß yana, batala tå
å å ndi, 122- Dès qu'il
arriva-là, ils regardèrent, on dit :
123- ongundu osa ?a taãß li Masuku ya.
123- la ville se fera en aval de Masuku-là.
124- bafa tala twuo
124- Mais quand observa tranquillement,
125- okoto buna ndi kali, ka basa yaniâå
125-en observant, il dit : on ne construit pas là.
126- ka ba y'asa' oyulu (...)
126- puis on est allé faire en haut (...)
127- oyul'ongundu ãuna,
127- En haut de la ville là-bas,
128- yali lekesi lina,
128- là où il ya le tournant là,
129- lekesi li basi him...
129- le tournant qu'on avait fait him...
130- li basi Venguia (...)
130- qu'on avait fait Venguia1(*)0 (...)
131- Venguia, basi Okolo
131- Venguia, ce sont les habitants d'Okolo.
132- lina lekaka la Okolo
132- Celle-là, c'est la race d'Okolo.
133- to bisa bå Mokani?ß
133- Mais, nous sommes Kani?ß,
134- yua yula ãunu.
134- celui d'en haut ici.
135- bisa bå levunu?u ?a
135- Nous nous sommes rencontré avec
136- Bambama, Bambama ba
136- Les Ambaama se sont
137- vunu?u ?a Batåãå.
137- rencontrés avec les
Atåãå.
138- bisa bå levunu?u na
138- Nous nous sommes rencontrés avec
139- Bambama ãu lebari la si
139- Les Ambaama là où la terreur eut lieu :
140- Mobuma, Babuma ka batsutu
140- le Mobuma1(*)1, les
Babuma ont pourchassé
141- Batåãå,
Batåãå ka batsutu 141- les
Atåãå, les Atåãå ont
pourchassé
142- Bambama, Bambama ka
142- les Ambaama, les ambaama, eux,
143- batsutu bisa bå.
143- nous ont pourchassé.
144- bisa bå m'okitiãß Morayi.
144- Nous sommes arrivé jusqu'à
Morayi.
145- leto Morayi, ka bisa bå leya
145- Arrivé à Morayi1(*)2, nous venions en
146- kuma Lebayi.
146- remontant l'Ogooué.
147- yua kesi le, le guerre la bisa bå
147- Celui qui déclencha la, notre guerre
148- na Bambama : Mosasi-A-Tsala*,
148- contre les Ambaama est Mosasi-A-Tsala,
149- Mosasi-A-Tsala Mokani?ß (...)
149- Mosasi-A-Tsala est un kani?ß (...)
150- ya Brazza ã'asi,
150- Lorsque Brazza arriva
151- li ã'avununu?u ?a Bambama,
151- il rencontra les Ambaama.
152- w'apa?' omoni
152- Celui qui a vu le premier
153- gnamba : Mondumu.
153- le Blanc : est le Ndumu.
154- Mekanda batswali Brazza,
154-Quand les Okande vinrent avec Brazza,
155- ka baâß na Badjuma.
155- ils le passèrent aux Aduma.
156- Badjuma batswali Brazza
156- Les Aduma ont amené Brazza
157- ka baâß na [...] na Mendumu.
157- Ils l'ont donné aux Mendumu.
158- buna bu Brazza ã'asi ».
158- C'est comme ça que Brazza est
venu ».
Question :
159.bå vekani'oma ?
159. Que signifie vekani chez vous ?
160. vefumu oma ?
160. Que signifie chez vous vefumu ?
Réponse :
161. « (...) vekani, vekani, bisi
vekani 161. « vekani, vekani, vekani pour nous?
162. vefumu, vefumu [...]
162. vefumu, vefumu [...]
163. m'olaãa wå au fond ãa vefumu
(...) 163. Si je te dis le fond de vefumu (...)
164. vefumu mabutu .
164. vefumu ce sont les reliques.
165. mabutu, bakutu bakala ba gnaãß.
165. Les reliques, les anciens ont laissé.
166. wå, m'olaãß mon ngana må,
166. Toi, pour te les montrer comme moi,
167. loyi lo ba viasi wå.
167. aujourd'hui même, on va t'initier.
168. lo w'akitiãß fumu, hein ?
168. aujourd'hui tu deviendras chef, hein ?
169. lo ba viasi wå ngana bu,
169. aujourd'hui, on t'initiera comme,
170. ndili yi ba kisa bisi.
170. au temps qu'on nous avait fait.
171. må k'amoni bu ?ß,
171. Je n'avais pas vu comme ça,
172. meli vengåâå.
172. j'étais petit.
173. ba gnisiãß må ndzo yina
173. On m'avait fait entrer dans cette maison-là
174. na bengåbå.
174. étant petit.
175. w'omvå we kaâß mutu [...]
175. Il faudrait sacrifier une personne [...]
176. to bekani bunu ?
176. Mais bekani c'est comment ?
177. bekani gnut'a wå må.
177. bekani c'est ton propre corps.
178. yuna kani, mwaana yuna kani, 178.
Tel est kani, cet enfant-là est kani,
179. gnut'a wå må, w'aâa le poids
[...] 179. ton propre corps, tu donnes la valeur [...]
180. bekani ?
180. bekani ?
181. wå ngwamutu otuãu âå,
181. Tu n'insultes pas une grande personne,
182. bekani, monwa ba ãoão.
182. bekani, c'est la bouche et la main.
183. ba ? bwolo.
183. Qui sont ? deux.
184. ãoão : lepoltik l'owoâo.
184. La main : la politique de parler.
185. monwa : kaâß.
185. La bouche : le partage.
186. w'omonon si mutu
186. Même si tu vois une personne
187. wa nga bangata, wa nga bakalikala 187. qui a
la lèpre, qui a le chaux-de-pisse,
188. aya bunubu, wå âa ndå obiti
188. arriver comme ça, donnes-lui la place
189. tina muyu mwaa yu. 189. au
temps du soleil l'enfant-là.
190. ti ?a dju?ß wå, monon
190. Même lorsque tu te balades, voilà
191. vemutu va mutu.
191. la grandeur d'une personne.
192. w'oyuãa : oh ! mwaana wuna
192. Tu entendras : oh ! cet enfant-là
193. mokitaãa mutu.
193. est devenu une personne.
194. ndaãa' bisa bå yiniyi, ndzaami.
194. Notre parole-là, c'est Dieu.
195. mwaana yuna, mwaana kara yuna ? 195.
L'enfant là, l'enfant de tel là ?
196. mwaana' kara yuna
196. L'enfant de tel là
197. nga puãu yina.
197. est le propriétaire du village là.
198. mwaana kara yuna ?
198. L'enfant de tel là ?
199. ti ãu la djandja
199. Même là où nous travaillons
200. ãu bagnamba bunubu
200. chez les Blancs comme ça.
201. bunu ?
201. Comment ?
202. ô, mwana, mwana yuna
202. Ô, l'enfant, cet enfant là
203. oba ayana [...]
203. restera là [...]
204. mutu yuna, wå yaâß oti
204. Cette personne là, tu sais que
205. ndaãa' a ngwamutu
205. la parole d'une grande personne
206. ya dja mabiri, mabiri,
206. a mangé les kola, les kola,
207. mabiri befumu bi w'amoni binibi. 207. les
kolas, c'est befumu que tu vois là.
208. Ah ! ah! mwana yu,
208. Ah ! Ah! l'enfant là,
209. Ah! ah ! yiå !
209. Ah! Ah! Pars!
210. Ah! ah ! mwana yu ?
210. Ah! Ah ! l'enfant là ?
211. mwan'Osu*,
211. L'enfant d' Ossou,
212. å ! yånå wå baliãa.
212. Oui! Pars, tu es un homme.
213. mwani wu, w'obuãu âå
213. L'enfant-ci, tu ne grandiras pas !
214. vekani va mutu ãoão,
214. vekani de quelqu'un c'est la main,
215. vekani va mutu (...) ndaãa.
215. vekani de quelqu'un (...) la parole.
216. ka binga mungwa âå m'alieli wå.
216. N'abuse pas du sel je te dis.
217. ya, w'abuma baati ya ndaãa,
217. Là, celui qui tue les gens là : la parole,
218. ti maari ba mungwa ?
218. c'est l'huile et le sel ?
219. w'osa' oyiå na bangwabaati [...]
219. Tu dois faire l'amitié avec les grands [...]
220. to befumu, ah ! ah !
220. Mais befumu, ah ! ah !
221. befumu, m'obunu w'olålå âå.
221. Befumu, je ne peux pas te dire.
222. bu si wå bunubu,
222. Tel que tu es venu comme ça,
223. bisi' abi kala bunå ?
223. jadis, nous étions comment ?
224. å ! mbisa mbari osasi,
224. Oui ! après demain c'est osasi1(*)3,
225. yi puãu mutu tåmi?ß,
225. dans tel village une personne se lève,
226. yi puãu mutu tåmi?ß,
226. dans tel autre village une personne se lève,
227. masina mwesi nga bwa 227.
l'origine c'est comme tu me
228. fulu må wå bu
228. le demande comme ça.
229. Mokikali ? å !
229. Mokikali ? Oui!
230. a mutu yuna,
230. Cette personne-là c'est qui ?
231. ndå ãunu ã'amati ?
231. D'où est-elle quittée ?
232. ndå masina mama ?
232. Quelles sont ses origines ?
233. lekaka la ndå lema ?
233. Quelle est sa race ?
234. ndå ãuni ã'amati ?
234. D'où est-elle quittée ?
235. må lieli wå koâß,
koâß, koâß. ... » 235. Je
le dit koâß, koâß, koâß1(*)4... »
Question :
236. Bakani?ß ?a Batåãå ?a
bana 236. Les Kani?ß, et les
Aatåãå, et les autres
237. abi' okali bunu ? mo tina ...
237. restaient comment ? A l'époque ...
Réponse :
238. Ah !ah ! non ! Putin ! mpf !
mpf ! 238. Ah !Ah ! Non ! Putin ! mpf !
mpf !
239. bisa bå abi,
239. Nous étions,
240. balo Mombaama, balo Mokanß?ß
240. on prend l'Ambaama, le Kani?ß,
241. na Motåãå okoloão
âå. 241. ils ne s'accouplaient pas
avec le Tåãå
242. Ah !ah ! naãa.
242. Ah ! Ah ! Laisse.
243. ndzo'awå så så
Motåãå ognini?ß âå. 243. Ta
maison aussi, le Tåãå n'entre pas.
244. Ah mwani yu, lesålåãå
na djandja 244. Ah l'enfant-là, continuez à
travailler
245. gniamba, lekwata na tsimi.
245. le Blanc, soyez-en intelligent.
246. w'abi koloão na
Motåãå ? 246. Pouvais-tu
t'accoupler avec un Tåãå ?
247. Ah ! ah ! Lesuku* keri !
247. Ah ! Ah ! Lessoukou ma soeur !
248. yu Mobo?o, yu Motåãå
248.Il y a le Pygmée, il y a le
Tåãå,
249. wå koloão ba bo ?
249. tu vas t'accoupler avec eux ?
250. Bakani?ß ?a Bambaama
250. Les Kani?ß et les Ambaama
251. okoloão na baati bana ?
251. vont s'accoupler avec ces gens-là ?
252. ndå ndzo' a ndå ognini?a ?
252. Peut-il même entrer dans sa maison ?
253. ndil'a bisa bå kala laki biti magnanga
253. A époque qu'on amenait les noix,
254. obit'oyulu mongo?o.
254. on les portait sur le dos.
255. oyiå na bo magnanga mana
Batåãå. 255.On les portait ça chez les
Atåãå.
256. bisa bå' ofa pfuu m'okwa [...]
256. Nous finisions tous en mourant [...]
257. djandja la bisa bå la kala,
257. Notre travail de jadis,
258. obiti magnaga oyulu mongo?o. 258.
on portait les noix de palmiers sur le dos.
259djandja la bisa bå la kala obiti ndimi
259.Notre travail de jadis, on amenait le caoutchouc
260. oyiå m'okeså ndimi otäa
maswaãa. 260. Nous partions couper le caoutchoue en
forêt.
261. ndimi yina olama mon vemoni. 261.Ce
caoutchouc là, on le préparait avec le citron.
262. ndjiri yeli oswaãa ãuna,
å ! » 262. Il y a des lianes dans la
forêt là-bas, oui ! »
Questions :
263.bå ?a Mba?i,
263.Vous et les Mba?i,
264. bå ?a Batåãå abi
bunu ? 264. vous et les
atåãå, comment étiez-vous ?
265. bå ?a Bandzaâß,
265. Vous et les Ndzebi ,
266. ?a Batsangi abi bunu ?
266. vous et les Tsangi, comment étiez-vous ?
Réponse :
267. « bisi abi bunu ba bo ? »
267. « Nous étions comment avec
eux ? »
Question ( reformulée)
268. mekaliãß ma bå ?
268. Quels étaient vos relations ?
269. ma liåli må ?a mekaliãß ma
bå. 269. Dis-moi d'abord quelles étaient vos
relations ?
Réponse :
270. « mekaliãß mi bisa bo
270. « Les relations que nous
271. li mofuruãu na paati ya ? »
271. avons transformé maintenant ? »
Question :
272. aãa, avant que bagnamba baya
272. Non, avant que les Blancs n'arrivent
273. motina gnamba, tina bagnamba. 273. A
l'époque du Blanc, au temps des Blancs
274. Avant que basa lepanda.
274. Avant qu'on ne soit indépendant.
Réponse :
275. « Oh !oh ! bisa bå
bunu ? 275. « Oh !oh! nous étions
comment ?
276. ba oba ã'abo osi
276. Ceux-là restent dans leur pays.
277. ba så oba ã'abo osi.
277. Ceux-là restent aussi dans leur pays.
278. yi ya bo tsiå?å,
278. Celle-ci est leur terre,
279. yi så ya bo tsiå?å.
279. l'autre aussi est la terre des autres.
280. oto veto'ato âå,
280. On n'arrive pas n'importe comment,
281. m'obata mamvuru.
281. par crainte de bagarre.
282. leguere la bisa bå la tsomi,
282. Notre première guerre,
283. oh ! bunu ? oh ! kara moto
283. Oh ! Comment ? Oh, tel est parvenu
284. puã'a kara,
284. au village de tel autre,
285. bo mokwati vekali,
285. il a été surprit avec l'épouse de quelqu'un,
286. moto puã'a kara,
286. il est parvenu au village de tel,
287. m'osa djami mon vekali 287.
il est l'auteur d'un problème d'adultère,
288. ba bumu.
288. on le tue.
289. ?ani yi ngulu ye temi?ß
289. Dès lors, ce côté se lève,
290. yi så ngulu ye temi?ß.
290. cet autre côté se lève.
291. mandjari ma bisa bå abi
291. Nos fusils étaient :
292. mabata na meboto. 292.
les machettes et les bâtons.
293. leyiå, lefayiå, lefayiå
293. Avec l'évolution,
294. ka gnamba ofa ya, 294.
quand le Blanc vint,
295. ka la gnaãß bina biesi.
295. on abandonna tout çà.
296. ka mamvuru begna?a. 296. Il
n'existait plus de bagarres.
297. ya gnamba ã'asi,
297. Quand le Blanc était arrivé,
298. ka baluana mvuru, bakwati, 298. si on
se battait, on attrappe,
299. baãari mesi?a.
299. on attache les cordes.
300. mesi?a mina, okutu 300.
Ces cordes-là, on attache
301. mo mabini na mo matsi?ß. 301.
aux hanches et aux cous.
302. bamata na yula yana, 302.
Tout en évoluant,
303. ka baki futa lipo.
303. on payait désormais l'impôt.
304. ka baati ba,
304. Puis les gens là,
305. bisa bo ka mutu yu ? monon. 305. nous
sommes devenu ? Un seul.
306. ya bisa bå yani ya,
306. Ce que nous sommes maintenant :
307. bisa bo ka odja lemon, 307.
nous mangeons en commun,
308. ka osåâå lemon,
308. rions déjà des mêmes choses,
309. ka otama lemon. 309.
s'amusons maintenant ensemble.
310. ka mbaãß oya na puãu,
310. Lorsque l'autre vient vient au village,
311. modjiya oya na puãu
311. si l'étranger vient au village :
312. oh !oh ! modjiya moya,
312. Oh ! oh ! L'étranger est arrivé,
313. oya o ndzo' a chef. 313.
est venu chez le chef .
314. a bana bo ?, modjiya mokitião !
314. Les enfants-là ? L'étranger est arrivé !
315. ?a ndili yina abi, ngana ya 315. A
cette époque-là, tel qu'est
316. molåâå a må yaniya, mutu
316. ma maison commune des hommes-là, quelqu'un
317. a bun'otswali gnama na mongumu, 317. peut
apporter la viande le soir,
318. mutu a basiãß tswui,
318. quelqu'un peut trouver du poisson,
319. a basiãß gnama na mongumu.
319. peut trouver de la viande le soir.
320. ?a yula yana ka, ka bisa bo l'avunu?u.320.
Là dessus, on tissait des liens,
321. ?a yula yana mokasi yu bisa bå
321. là dessus, la femme que nous
322. la ki koloão na bo tsomi kala (...)
322. nous marions avec jadis (...)
323. kala kala kala Mombaama. 323.
Avant, avant était l'Ombaama.
324. bisa bå Mokani?ß na Bambaama
324. Nous Kani?ß et les Ambaama,
325. kala abi obiti ki ? omon.
325. jadis nous demeurions ensemble.
326. Mokani?ß abo Mombaama 326.
Le Kani?ß marie l'Ombaama,
327. Mombaama abo Mokani?ß. 327.
l'Ombaama marie aussi le Kani?ß.
328. to Bakani?ß, Bawumbu na
328. Mais les Kani?ß, les Wumvu et
329. Bamba?ß na paati ya ba boãß.
329. les Mba?ß c'est récemment qu'ils les marient,
330. tina gnamba yiniyi.
330. à l'époque du Blanc là.
331. ta bisa bå, balo Mokani?ß,
331. Cependant, nous Kani?ß,
332. balo Mombaama, ndaãa lemba?ß
332. Ambaama, les langues dites : lemba?i
333. bina lewumbu oyuãu âå.
333. et le lewumvu, ne les comprenons pas.
334. batuãu bisa bå
334. On nous insulte,
335. bisa bå otali ya.
335. nous faisons comme si rien n'était.
336. ngana bisa bå kala,
336. C'est comme nous étions jadis,
337. Motåãå bina Mombaama,
337. le Tåãå et l'Ombaama,
338. Mombaama ba Mokani?ß baki lålå
338. l'Ombaama et le Kani?ß disaient
339. Batåãå ndi ma laãß
pulu 339. aux Atåãå que :
montre d'abord le pénis,
340. må âå (rire) mokama.
340. je te donne (rire) cinq cent francs.
341. (rire) bakaasi ba bisa bå
341. (rire) nos femmes :
342. na Mokani?ß na Mondumu, 342.
Kani?ß et Ndumu
343. na Mokani?ß na Mombaama 343.
ainsi que Kani?ß et Ombaama
344. ba sa Motåãå bu (rire)
344. firent le Tåãå comme çà
(rire).
345. Motåãå pulu olaãß
âå (rire) 345. Si le Tåãå
ne montre pas le pénis (rire)
346. mokasi nd'olaãa :
346. et qu'il dise à la femme :
347. " ana, mpa må lemburu,
347. " femme, donne-moi la graine,
348. mpa må lemburu ".
348. donne-moi la graine."
349. ?ani mokaasi ndi :
349. C'est ainsi que la femme lui dit :
350. " malaãß må pulu' a wå ti
350. " montre-moi d'abord ton pénis
351. må nga wå lemburu".
351. et je te donnerais la graine. "
352. ?a nd'opusu motäwå' a pulu,
352. Dès lors, il sort la tête du pénis,
353. olaãß ombari
353 il montre dehors
354. ?a mokaasi yuna kami bia (rire) 354. et
cette femme-là appuie (rire).
355. monon mami mwosi 355.
Voilà toute l'histoire,
356. ka ma ba fa (rire) laãß
?ß ». 356. je ne peux plus (rire)
dire ».
Question :
358- Baati bwosi bavunu?u ?
358- Tout le monde s'est rencontré ?
359. Mendumu ?a Bakani?ß,
359. Les Ndumu et les Kani?ß,
360. bavunu?u, bawoli ndi
360. se sont rencontré, ont dit que
361. fumu ya Lendoyi-Li-Bangwali ?
361. le chef est Lendoyi-Li-Bangwali ?
362. lo ?a må ã'ayuãu
?ß . 362. Cela, je n'ai pas
compris.
Réponse :
363.« bisa bå å ! (rire)
363. Nous, oui ! (rire)
364. balo Mombaama,
364. Il y a l'Ombaama,
365. balo Mokani?ß,
365. il y a le Kani?ß,
366. yu Batåãå fumu Pitty* (...)
366. le chef des Atåãå est Pitty (...)
367. wå så wå mami må ya ...
367. Toi aussi, les histoire là ...
368. -Papa, lieli må mon
368. - Papa, dis-les moi.
369. yua bo fumu Pitty,
369. Leur chef est Pitty.
370. yuna yua pa?ß'ovuna?a
370. C'est lui qui le premier se rencontra
371. ba gnamba. Yua bisa bå
371. avec le Blanc. Le notre est
372. Lendoyi* la taata a La?ß(Laghi)*
372. Lendoyi le père de La?ß (Laghi)
373. yuna' abi, bisa bå limobaãß
373. était, nous avons eu
374. djami ngångålå,
374. brusquement un problème,
375. balo Mokani?ß,
375. il y a le Kani?ß,
376. balo Mombaama, 376. il
y a l'Ombaama,
377. balo mowandji, 377.
il y a l'Awandji,
378. tsomi oy'amonon Lendoyi 378. on
consulte en premier Lendoyi.
379. li mo patiãß bunubu
379. Si un problème survient,
380. bisa bå lim'ayiå le renion,
380. nous partons d'abord en réunion,
381. le m'afula comanda djami, 381. on
demande le problème au commandant.
382. tsomi le renion lina 382.
Avant cette réunion là,
383. omato ã'uli Lendoyi*.
383. on arrive d'abord chez Lendoyi.
384. o Lendoyi, å moni djami li,
384. Oh Lendoyi, oui, regarde tel problème,
385. moni djami li, moni djami li 385.
regarde tel problème, regarde tel problème,
386. bisi djala m'osa djami li 386.
nous voulons faire ce problème là
387. ?a na abuna ?
387. Et, c'est comme ça ?
388. å ! oto na ngwali
388. Oui ! Le lendemain matin,
389. ndå tå ba chef bwuesi
389. il appelle tous les chefs :
390. ba Bakani?ß ba ãu
390. ceux des Kani?ß de là-bas,
391. ba Bambaama na 391.
ceux des Ambaama et
392. ba Bandjabi .
392. ceux des Ndzebi.
393. oto na ngwali,
393. Dès le matin,
394. loâo, loâo, loâo, loâo
394. ils arrivent en masse, en masse, en masse,
395. ovunu?u na motim' ongundu. 395. se
rencontrer au centre ville.
396. bo tsomi oya, tsomi ovunu?u 396. Il
viennent d'abord, d'abord se rencontrer
397. puãu Lendoyi (Våbålå).
397. au village de Lendoyi (Våbålå).
398. b'onunu?u yana, 398.
S'ils se rencontrent là,
399. ndi bisa bå mbari okuma
399. ils disent : demain on monte
400. l'heure li hein ? å !
400. à telle heure hein ? Oui !
401. ?a Lendoyi, bo, bo bwesi. 401. Et
Lendoyi, eux, eux tous.
402. bo' ombisa, ndå na busu
402. Ils sont derrière, lui en avant
403. na ofuãu ãa ngondi ãßna
(...) 403. avec le chapeau du Touraco là (...)
404. riooh, koâo, koâo, koâo,
404. Réunis, ils parlent pendant longtemps,
405. koâo, koâo, koâo, koâo,
405. parlent pendant longtemps,
406. koâo, koâo, koâo, koâo,
406. parlent pendant longtemps,
407. Commanda, moni li 407.
Commandant, voilà ce que
408. bisi lesi molo.
408. le but de notre venue.
409. ta bisi lina djami otwono âå.
409. Mais, nous ne voulons pas telle chose,
410. bisi osa bu ».
410. nous faisons comme ça ».
Question :
411. nd'owoâo bwa mon ndaãß
yini ? 411. Il parle comme ça dans quelle
langue ?
Réponse :
412. nd' owoâo mo lefala, Lendoyi. 412.
Il parle en français, Lendoyi.
413. nd' abi owoâo lefala,
413. Il parlait le français.
414. Lendoyi-Li-Bangwali 414.
Lendoyi-Li-Bangwali
415. abi' awoâo lafala.
415. parlait le français.
Question :
416.ndå l'école liba missionnaire
ã'asi ? 416. A-t-il fait l'école des
missionnaires ?
Réponse :
417.« La mission : la mission la bisa
bå 417. « La mission : notre mission
418. ya peri ya kala yina ».
418. à côté de celle d'avant
là ».
Questions :
419. bå ?a bo, lekuãu bwa,
419. Lorsque vous vous êtes réuni comme
ça,
420. bå bunu lasi oti leya owolo Lendoyi ?
420. qu'avez-vous fait pour prendre Lendoyi ?
421. ba bisi'owolo mutu mokimi moma ? 421.
Pourquoi n'avait-on pas prit un autre ?
422. Lendoyi, ndå moma baswoli ?
423. Lendoyi, lui, pourquoi l'avait-on choisi ?
424. ndå bunu baswoli ?
424. Comment l'avait-on choisi ?
Réponse :
425. « Ah ! ah ! bu må lieli
wå quoi. 425. « Ah !
Ah ! tel que je te l' ai déjà dit.
426.ngana bu bisa bå la swoli,
426. Comme nous avons choisi
427. ba mapité, ba swoli ba (...)
427. les députés, on choisit les (...)
428. ba swoli siâß ti taata a ndå
428. On choisit à cause de son père.
429. wa pa?ß oboão obiti ãß befumu
429. Celui qui fut le premier à être chef
430. taata a ndå Lendoyi
430. est son père Lendoyi.
431. taata a ndå abi Lendoyi
431. Son père Lendoyi a été
432. yua ban'okali mbuãa yina.
432. le premier à occuper cette place.
433. ?ana ndå ofa kwa,
433. Mais lorsqu'il est mort,
434. ka ndå li ãa kitiãß mo ma
place ma taata. 434. il a venu à la place du père.
435. ndå mobuta ba La?ß (Laghi)*
435. Il a donné naissance à La?ß
(Laghi).
436. Lendoyi mobuta ba Okumu*
436. Il donna naissance à Okumu.
437. motsiãß ti motsima âå.
437. Il n'a pas un autre lien.
438. ba nga canton yuesi
438. Tout le canton était
439. obiti ãßna,
439. sous cette autorité là,
440. obiti ãß Lendoyi ki
440. l'autorité de Lendoyi que
441. taata ndå
ã'aâß ».
441. son père l'avait donné ».
Annexe 2 :
Entretien avec un informateur anonyme1(*),
le 23 avril 2003 au quartier Angoubou, à
Franceville.
Transcription
Traduction
Question : onkumu oma ? onkani oma ?
onkumu c'est quoi ? onkani c'est quoi ?
Réponse :
1. « onkani ti' onkumu 1.
« onkani c'est onkumu !
2. ?a prononciation andaãa
2. Mais, c'est la prononciation des langues.
3. ndi ndå n'kumu, ndå n'kani, 3. On
dit qu'il est n'kumu, qu'il est n'kani,
4. ndå chef, eli dja ni li, montu.
4. qu'il est chef, c'est la même chose.
5. ?a, c'est pourquoi m'va' eli 5.
Mais, c'est pourquoi comme est
6. papa Théodore ontsi ?a, 6. papa
Théodore assis là,
7. nd'omibaãa akari hein 7.
il a eu les femmes, hein ?
8. nd'omikula baana, 8. Il a mis
au monde des enfants,
9. akuru' a ndå a gnaãß na
9. ces anciens ont laissé d'autres
10. baana, n'akari' ak'ma, 10. enfants,
d'autres femmes,
11. na tout ce qu'il faut. 11. Et
tout ce qu'il faut.
12. ?a bibi bia esiso 12. Mais, toutes ces
choses-là,
13. o dirige djo eya ndå 13.
celui qui les dirige, c'est déjà lui.
14. Tant que nd'akaãa a mikwa, 14. Tant
que ces grands-pères sont morts,
15. angubalaã'ami kwa, 15.
les oncles maternels sont morts,
16. ataar' a mikwa, 16. les
pères sont morts.
17. na ba' abo m'amignaãa 17. Et
tout ce qu'ils ont laissé :
18. n'andala na tout ce qu'il faut, 18. les
petits-fils et tout ce qu'il faut,
19. na e ndå mini awanga, 19.
même ce qu'il a lui-même créée.
20. ndzo esiso eya ?a 20. Toute la
maisonnée a désormais
21. n'kumu yu, omon. 21. un seul
chef.
22. C'est là, yia obiri eya' onkumu. 22. C'est
là, que débute de le pouvoir.
23. ?'omaduãa ndi
23. Dès lors, si l'on demande que :
24. ndå ?a mwaana na 24.
celui-là est l'enfant de qui ?
25. mwaana Lendira 25.
L'enfant de Lendira.
26. yu na
26. qui est-ce ?
27. mwaana Lendira 27.
L'enfant de Lendira !
28. Oh ! oh ! Lendira ?a dza n'kumu 28.
Oh !oh ! Lendira est donc un chef.
29. ndå na baari
29. Il a les gens.
30. bia bibi m'a Lendira ».
30. Ceux-là sont les biens de Lendira ».
Question : Donc ankumu aki
akunakuna ? Donc les chefs étaient nombreux ?
Réponse :
31. « å, mvuru na famille a
ndå, 31. « Oui, chacun à sa famille,
32. mvuru na quartier a ndå,
32. chacun à son quartier,
33. mvuru na mpuã' å ndå,
33. chacun à son village,
34. b'oka ompuãu.
34. ils restent au village,
35. ?a mpuãu' oka n'ognini 35. Mais, si le
village est grand,
36. mba baari na olåâå'abo,
36.ce que certains ont leur olåâå1(*),
37. baari na olåâå'abo.
37. les gens ont leur olåâå.
38. ?a olåâå yua,
38. Mais, cet olåâå,
39. a ma yaã' okuru' omon, 39.
on choisit un seul ancien,
40. ndå ya mvuru' a dirige. 40.
c'est désormais lui qui dirige.
41.a mba ayeni n'oluã' ankumu. 41. et on
donne les noms à ces dernières.
42.mva å bisi lekiãß
42.Comme nous l'avons quand nous étions
43.omvuã' Ondimba* 43.
dans l'ancien village d'Ondimba.
44.onkumu ni vua ». 44.
C'est comme ça le pouvoir ».
Annexe 3 :
Entretien avec Pierre Angango,
le 24 avril 2003 à Andjogo (à 64 km de
Franceville).
Transcription
Traduction
Question : onkumu oma ? onkani
oma ? onkumu c'est quoi ? onkani
c'est quoi ?
Réponse :
1. « onkumu, bisi iyani.
1. « Le pouvoir, nous ne savons pas.
2. onkumu mba tß otß
2. Le pouvoir, c'est une pratique.
3. onkumu tß mbiri'o sabå [...]
3. Le pouvoir, c'est comme nous [...]
4. onkumu'omaka na mvuru
4. Le pouvoir de quelqu'un
5. tí leya le mami
5. c'est la connaissance des choses
6. a m'osi aso tout
6. de tout le pays.
7. wå commandå baari
7. Tu commandes les gens
8. o côté etangani,
8. du côté des blancs,
9. bia enkumu å m'eyayi.
9. ça c'est le pouvoir que je connais.
10. ma le cutime ku,
10. Du côté de la coutume là-bas,
11. må iyani.
11. je ne connais pas.
12. onkumu o mvuru
12. Le pouvoir de quelqu'un
13. mba o?ß ni n'kumu.
13. c'est un chef qui donne.
14. onkani mba gnur'å mvuru.
14. L'autorité c'est l'être de quelqu'un.
15. wå ye mbiri abuãa baari,
15.Tu considère les autres comme des gens,
16. ?a baari så aye ndi wå mvuru.
16. Autant les autres te considèrent.
17. wå iya abuãa ni,
17. Si tu ignores les autres,
18. abuãa så ibun'oya wå ni
18. les autres aussi ne peuvent te
reconnaître.
19. mbiri leduã'etangani bu.
19. C'est comme nous disions des blancs-là.
20. ?a omana, bo'asi mami
20. Mais après, ils font d'autres choses
21. ak'ma o yul'onkumu .
21. sur le pouvoir.
22. w'oyala, o w'amiyalaãa
22. Si tu acceptes, dès que tu acceptes
23. mbiri wå mvuru (...)
23. que je suis quelqu'un (...)
24. ?a w'oka en tête.
24. Dès lors, tu restes en tête.
25. ?a ngwa wå bla taara'a wå
25. Et, ta mère et ton père
26. ali na mami'akala,
26. ont des pratiques anciennes,
27. bo ma bun' osa wå mon.
27. ils peuvent te les faire.
28. w' ayuãa
28. Tu comprends ?
29. wå mba' a yuãa
29. Tu comprends non ?
30. wå mba' a yuãa
30. Tu comprends non ?
31. ?a n'kani mba vua .
31. Mais, l'autorité c'est comme ça.
32. ?a w'atuãa må,
32. Mais, tu m'insultes,
33. w'a tsaka må,
33. tu me menaces,
34. w'a bårå må,
34. tu me frappes,
35. må ngwa wå,
35. je suis ta mère,
36. må taara' a wå,
36. je suis ton père,
37. est-ce que w'a bun'oma
37. est-ce que tu peux encore
38. pisa dja me duãu wå
38. me demander à savoir et je te le dis ?
39. onkani o mvuru ni vua.
39. L'autorité d'une personne c'est comme ça.
40. ?a oma yaãa wå ndi
40. Et lorsqu'on te dit que
41. wå commande parce que
41. tu commande parce que,
42. bo'amiya wå tout .
42. ils te connaissent bien.
43. amiya edji e wå,
43. Ils savent comment tu manges,
44. amiya omoni'owå,
44. ils savent ta manière de voir,
45. amiya etsiãß e wå tolo.
45. ils savent comment tu dors.
46. bo ?a, aduãß ndi oui,
46. Ils diront maintenant que oui !
47. o me kwa ?a,
47. Lorsque je serais mort,
48. mwaana må assila
48. mon enfant restera
49. na puãu å må yi
49. avec mon village-là est
50. Angango*. Parce que,
50. Angango. Parce que,
51. nd'omiya må tout.
51. il connaît tout.
52. må mi kula bla ndå,
52. J'ai grandi avec lui,
53. må mi kuâaãa bla ndå,
53. j'ai vieilli avec lui,
54. nd'oduãa må mami'a ndå (...)
54. il se confie à moi (...)
55. ?a, a viasi wå.
55. Et, on t'initie.
56. ?a ya' oduãa ndi wå commanda,
56. Dès lors, on dit que tu es commandant,
57. oya' oduãa ndi wå gouverneur.
57. on dira désormais que tu es gouverneur.
58. mva eli ba Mbongo bu, 58.
Tel que sont les Bongo là,
59. c'est comme ça.
59. c'est comme ça.
60. ka abiri a yeni,
60. On prenait, on partait,
61. a pasi otß, ampi wå,
61. on fait une pratique, on te donne,
62. wå n'kani.
62. tu es un chef.
63. ?a wå ka ?a mon [...]
63. Et, tu restes là pour [...]
Question :
64 - abo' ankumu ntsyå, chefs de terre,
64 - Leurs chefs de terre, chefs de terre,
65. a chef, bo' asuoli bo buni ?
65. les chefs, comment les choisissaient-ils ?
Réponse :
66. « osumbu aso a me duãa wå yu,
66. « La seule manière est celle que je t'ai
dite là,
67. ok'ma ? 67. une autre ?
68. obana bu,
68. Ça commence comme ça,
69. yu taara' wå'oye mami'a wå
69. si ton père connais tes problèmes :
70. wå iyiâa ni,
70. tu ne voles pas,
71. wå'iyiå m'pele n'kima ni,
71. tu ne pars pas ailleurs,
72. w'oyuãa mami' a ndå,
72. tu comprends ce qu'il te dit,
73. w'oka bla ndå,
73. tu restes avec lui,
74. w'odja bla ndå,
74. tu manges avec lui,
75. w'omna bla ndå,
75. tu avales avec lui,
76. ndjila e yiå ndå, wå' isila ni,
76. le chemin qu'il emprunte, tu ne restes pas.
77. nd'oduãß wå tout.
77. Il te dit tout.
78. Jusqu'à o wå'ama grandå,
78. Jusqu'à ce que tu grandisses,
79. mami ma wå a mabuna
79. ces histoires là, tu peux
80. obisa opsa na mvuru
80. ne plus demander à quelqu'un
81. ?a wå, n'tine w'ama kwa,
81. mais toi, quand tu vas mourir,
82. e nd'akwa ya a place wå.
82. dès lors qu'il sera mort, on te place.
83. wå mba' ayuãa ?
83. Tu comprends n'est-ce pas ?
84. onkani ni vua
84. onkani, c'est comme ça,
85. à cause mba obéir.
85. à cause n'est-ce pas de l'obéissance.
86. onkani obéir.
86. onkani, c'est l'obéissance.
87. onkani, onkani bunu ? obéir.
87. onkani, onkani c'est comment ?
L'obéissance.
88. o memi kula wå,
88. Tel que je t'ai engendré,
89. o memi kula wå,
89. tel que je t'ai engendré,
90. w'abéire må, ?a m'omayiå,
90. tu m'obéis, mais quand je partirais,
91. ?a m'omakwa yii,
91. si je meurs
92. mpuã'e må osila na wå.
92. mon village restera avec toi.
93. mon'obaãa, monon himm
93. Voilà la possession, voilà himm
94. bila, okuna.
94. les choses, l'héritage.
95. monon oyuâa ma lecutime ku.
95. Voilà les règles de la coutume.
96. yani bibi e kala e nd'ayiaâß,
96. Toutefois, les pratiques anciennes qu'il sait,
97. nd'olaãß wå.
97. il te montre.
98. ?a monon na mpuã'e må.
98. Et voici aussi mon village.
99. m'okwa y'osila na wå.
99. Si je meurs, il reste avec toi.
100. mvuru' okma'oyaãa yo,
100. Si quelqu'un d'autre le prend,
101. nd'omoni. wå ni w'okwa,
101. il verra. Si toi tu meurs,
102. ?a wå så gnaãß n'awå
mwaana 102. tu laisses aussi à ton enfant
103. u kali n'awå ndala. w' ayuãa ?
103. ou bien à ton petit-fils. Tu comprends ?
104. ?a, mami ma ?a
104. Mais ces histoires-là
105. a me yuãu na taara må,
105. sont celles que j'ai apprise de mon père,
106. nga mpuãu yi,
106. le propriétaire de ce village,
107. a nd'aduãu må.
107. ce qu'il m'avait dit.
108. me kuâßãß ?a bla ndå
108. J'ai vieilli là avec lui
109. ompuãu yi.
109. dans ce village.
110. må ka yiå lebreville ni,
110. Je ne suis pas allé à Libreville,
111. må ka yiå Port-Gentil.
111. je ne suis pas allé à Port-Gentil.
112. e må ongundu Onana,
112. Mes villes sont : Mounana,
113. Mwanda, Asuku ».
113. Moanda, Masuku ».
Question :
118- mpa må antäßtäami
118- Donnes-moi les proverbes
119. oyul'okumu
119. sur le pouvoir.
Réponse :
120. « tine kala, akuru a duãu
ndi 120. « Jadis, les anciens disaient que :
121. "w'obaã'akaasi,
121." Si tu possèdes les femmes,
122. wå baã'abalaãa.
122. tu possèderas également les hommes.
123. w'obaã'akaasi,
123. Si tu possèdes les femmes,
124. wå baã'abalaãa".
124. tu possèderas également les hommes".
125. "oti oyånå?å m'oya nkumi,
125. "On ne s'adosse qu'à l'arbre qu'on connait le nom,
126. mvuru omwon oyånå?å ondå
126. on ne s'attache qu'à quelqu'un
127. m'oya ombisa o ndå".
127. qu'on connaît l'ascendance"
128. "täwå ledja iyålå obwo ni,"
128. "Pour dire mangeons, il faut que l'un ait à
manger,
129. kuãa kuãa iyålå
129. Rassemblons-nous, rassemblons-nous, il faut d'abord
130. okusiãß baari ni,
130. un rassembleur de personnes.
131. mpuãu iyålå nkumu ni".
131. Il n'y a pas de village sans chef. "
132. " nkani baãß
ntäånãå, 132. " Le notable
possède la savane,
133. oyiãa baãß swaaãa,
133. l'esclave possède la forêt,
134. antini m'osi". 134. ce
sont les limites du pays".
135. " taara okwa, wå lila 137. " Si
ton père meurt, pleurs car
136. buãa taara ka a wå ni. 138.
l'ami de ton père n'est pas le tien.
137. nguãu okwa, wå lila
139. Si ta mère meurt, pleurs car
138. buãa nguãu ka a wå
ni" ». 140. l'amie de ta mère n'est pas la
tienne" ».
Annexe 4 :
Entretien avec Dominique Ndiliendogo, réalisé par
Obanda Jean Mathieu, le 15 avril 2004 au quartier Mingara, à
Franceville1(*).
Transcription
Traduction
1. « likaka lie bati ka lieli kaningi
ni 1. « La race des gens n'était pas
le kani?i
2. ?a Mumbosi ?a Mubuma,
2. mais Mumbosi et le Mubuma,
3. ?a Mukukuya ?a Mumbama, 3.
le Kukuya, l'Ombama
4.?a Mutåãå bo bwosi mutu mumu.
4. et le Tåãå sont tous une même
personne.
5.yi Mukaãa* ayi busu
5. C'est ainsi que Moukaãa est venu le premier.
6. kuma ndå Madju*.
6. son nom est Madjou.
7. ndå fa ya pala isi ki
7. Lui, en arrivant dans ce pays,
8. isi ki ali bati ?i, tiii.
8 . ce pays-là n'avait de gens. Il était
tranquille.
9. ndå må mupala ?a isi ki,
9. Il clama : je suis arrivé dans ce
pays-là,
10.bati ba musila ku ngulu Lisibi.
10. Les gens sont restés du côté de la Lisibi.
11. yi Moukaãa yie leli ndi må
11. C'est ainsi que Moukaãa avait dit que : " je
12. yiãa ?a akana?a isi ki,
12. vais maintenant défendre ce pays".
13. isi ki ãa Bakani?i.
13. Ce pays est désormain celui des
Kani?ß.
14. ndå ndi bisi li mukana?a ?ani?a.
14. Il dit " nous nous sommes imposé ici-là ".
15. wuo yi busu ?a isi ki
15. Celui qui est arrivé le premier dans ce pays
16. Moukaãa.
16. est Moukaãa.
17.ndå iya yi ndå yie vuni?i ?a
bangåâå2(*). 17. A son arrivée, il rencontra
les petits.
18.ndå kukuya yie fi.
18. Il est venu de la région des kukuya.
19.bati ba fa kuya,
19. Les gens en venant de la région des de Kuya,
20.?a Mubuma ?a Mumbochi, 20.
il y a le Buma, le Mbochi,
21.?a Mukukuya ?a Mukani?i ?a
Mutåãå 21. le Kukuya, le Kani?ß, le
Tåãå,
22. Mumbama, bwosi isi imo.
22. l'Ombaama, tous ont habité le même pays.
23. bo Bakani?ß bamati kuya mu bo
23. eux, les Kani?ß ont quitté le pays Kuya parce
24.ba bati libari li Bambochi mu
24. qu'ils avaient fui la guerre des Mbochi pour
25. iya kitiãa isi ki yi bo ba twayi
25. apparaître dans ce pays qu'ils ont construit
26. mala ma bo ?a.
26. leurs villages.
27.?a Bakani?i ba twayi mapuãu,
27. Mais les Kani?ß ont construit les villages,
28. yi bo ba twayi :
Mangaka-na-Muâa, 28. ils ont construit à
Mangaka na Muâa
29.så täåãå Mafutuãu.
29. et à la savane
dite Mafutuãu.
30.ba mata täåãå
Mafutuãu , yi bo 30. En quittant
la savane dite Mafutuãu, ils ont
31.ba saâiãßPasa.ba fa
saâaãa Pasa, 31. traversé la
Pasa.Après avoir traversé la Pasa,
32. li bo ba twayi ku täåãå
Mubu-na- 32. ils ont construit à la savane dite Mubu-na-
33. Mubugnu wuo ngwa
Ngwaraãa*. 33. Mubugnu de la
mère de Ngwaraãa.
34. bo batsama?a ku
matäåãå ma Tåãå, 34.
En se séparant dans les savanes Tåãå,
35. yi Bakani?ß batwayi ku
Lisiâi. 35. les Kani?ß ont construit dans la
vallée de la Lisiâi.
36.ba sa luta yi mvuru ?a Lignongo. 36.
Peu après, un conflit éclata avec Lignongo1(*)
37. yie vi bo ?a bambama
37. Il éclata entre eux et les Ambaama
38. mukamba Mukumba Mukiri*. 38. pour
l'insolence d'Okoumba Okri.
39. yi Bakani?ß ba tsami?i
39.C'est ainsi que les Kani?ß se sont dispersé.
40. ba bayeni Ikolo,bana basili kuni
40. Certains sont allé à Ikolo,d'autres sont
resté ici,
41.ndi bisi basi Ngunu*.
41. arguant que nous sommes habitants de Ngounou.
42.bana bayeni Okolo.
42. Les autres sont allés à Okolo.
43.itsa makaka ma mateti ma, 43.
Au nombre de ces trois fractions là,
44. bisie bo bwosi Bakani?i.
44. nous sommes tous Bakani?ß.
45. bisie bo mutu mumon.
45. Nous sommes tous un.
46. ?a Bakani?i bwosi mukutu Mukaãa
46. Et tous les Kani?ß ont pour aîné
Moukaãa.
47. mu bo ba mati Bambochi,
47.Quand ils ont quitté le pays des Bambosi,
48. fumu Bakani?ß bwosi ali Mukaãa 48. le
chef de tous les Kani?i était Moukaãa.
49.Mukaãa ito isi ki,
49.Lorsque Moukaãa est arrivé dans ce pays,
50. ko ali bati ?i.
50. il était inhabité.
51. nd'okitiãa, ndi bisi ya
51. Lorsqu'il arriva, il clama nous sommes déjà
52.Bakani?i. bisi li mukana?a isi ki
52.les Kani?ß.Nous avons occupé ce pays.
53.yi bana ba banguãu ba bisi ba yi ya bia
bisi 53. Dès lors, nos frères nous ont suivi.
54. ndå bo ba sa ya bia bisi,
54. Losqu'ils nous ont suivi,
55. ndå yi Ngimi* ba yi isi ki.
55. Nguimi vint dans ce pays.
56. ndå Mundumu, mosiKa?adzoão.
56. Il est Ndumu, un membre de Ka?adzoão
57. yiayi basaãa bisi,
57. Il est venu nous retrouvé,
58. ndå ngula Pasa,
58. il s'installa sur une rive de la Pasa
59. Moukaãa så ngula Pasa.
59. Moukaãa aussi était sur l'autre rive de la
Pasa.
60. Moukaãa yi twa ?a. Mubuãu yi
60. Moukaãa construisit sur le lieu
61. ndå yie ndjwani ?a Mumbaama.
61. qu'il s'était battu avec l'Ombaama.
62. ndå lia kali tsina. Brazza yi a yiri,
62. Il s'implanta là. Brazza vint,
63. ndå ifa ya, lia si naãa lia ndzali,
63. en venant, il laissa la voie de la rivière,
64. lia tori ku puãu Musasi-A-Tsala.
64. il parvint au village de Moussassi-A-Tsala.
65. Ito kwa, ndi wå ?a itwa ?i,
65. Arrivée là-bas, il lui dit : " tu ne construit pas
ici,
66. wå Ikuyi. ye wå låle nana
66. tu es un albinos". Allez dire à mon frère
67. Mukaãa oti ikuyi ndu kia ãieya
67.Moukaga qu'un albinos est entrain d'arriver
68. fu boribori.
68. avec des cheveux mouillés.
69. bise bå imono ndå ?a ?ß.
69. Qu'on ne puisse plus le voir ici là.
70. yi Brazza* ayi naãa mu
70. C'est ainsi que Brazza vint en remontant par
71. ndzali e ndzali li ndå ato ?a Masuku ?a.
71. la voie fluviale et arriva à Masuku.
72. ndå kuâisi Libani, ndå moni
72. Il remonta l' Ogooué et rencontra
Samolårå
73. Samolårå* ?a Ngalifutu*.
73. Samolårå* et Ngalifoutou.
74. li nd' amoni Ngalifutu.
74. il avait rencontré Ngalifoutou.
75. ndi ndå itwa ?a, yi ba
75. Il décida de construire là. Mais ces derniers
76. ba leri ndå ndi wå ?a itwa
?i. 76. lui ont dit de ne pas construire là.
77. kuâusa kiãa.
77. Remonte en amont.
78. ndå ikubusa yi ndå a moni mukutu ,
78. En remontant, il rencontra l'aîné,
79. mukuta wua kumi Ndzigna* 79.
le Kota qui se nomme Ndzigna.
80. Ndzigna yi yie leri ndå nde
80. Ndzigna lui dit que :
81. "buma kumvu ka Masuku
81." le nom de ce village était Masuku.
82. yi ibiti kia mulili. mulili
82. A cet endroit, il y avait un étang. Cet étang
83. a Ngwa-Ngwaraga".
83. appartenait à la mère de Ngwaraga".
84. yi Brazza asi ya kubusa masuku. 84.
Ainsi, Brazza remonta à Masuku.
85. ito ?a mbuãa yi nde yie twayi ?a
85. Arrivé à l'endroit qu'il avait construit à
86. Masuku. Ngwaraga ndi
86. Masuku. Ngwaraga lui dit :
87. me ?a we ikala ni, we Ikuyi.
87. " je ne cohabite pas avec toi, tu es un albinos.
88. wa be mufu. sila ?a puãu,
88. Tu étais mort, reste avec le
village,
89. me muyie.
89. je m'en vais.
90. yi Ngwaraãa yie yeni kiãa
Ngå?å. 90. Ngwaraãa partit en amont
Ngå?å1(*)
91. Brazza yi nde ãa sili.
91. Brazza quant à lui est resté.
92. nd'osila, yi nde a vuni?i ?a Ngimi.
92. En restant, il rencontra Nguimi.
93. ndå isa vunu?a ?a Ngimi.
93. En rencontrant Nguimi,
94. Ngimi, yi Ngimi yie wi ndå tsiå.
94. Nguimi, Nguimi lui donna la terre.
95. isi ali Bakani?i.
95. Ce pays était celui des Kani?i.
96. mukutu Bakani?i ali Mukaãa,
96. Le grand des Kani?i était Moukaãa,
97. mukutu Bakani?ß ali Musasi,
97. le grand des Kani?i était Musasi,
98. mukutu Bakani?i ali Ngwaraãa.
98. le grand des Kani?i était Ngwaraãa.
99. Ngwaraãa ali mwana Mukaãa.
99. Ngwaraãa était l'enfant de Mukaãa.
100. mukutu Bakani?i ali Mbakoão*
100. Le grand des Kani?i était Mbakoão,
101. bakutu Bakani?i ali Bisari*
101. Les grands des Kani?i étaient Bissari
102. ?a Ngulu*
102. et Noulou.
103. Mindumu ngula Pasa.
103. Les Ndumu étaient à l'autre rive de la Pasa,
104. mio mbisa mia yi.
104. ils sont venus après.
105. Mindumu fumu ali Ngimi
105. Le chef des Ndumu était Nguimi.
106 .?a Bakani?i bo ndßãß.
106. Mais avec les Kani?ß, ils sont amis.
107. bisi kuya ba si fa.
107. Nous sommes revenus de Kuya.
108. Bakutu ku kuya ba si fa.
108. Les anciens venaient de Kuya.
109. ku täåãå
Mafutuãu. 109. A la savane dite
Mafutuãu.
110. yi ba yi saâaãa nguluo kuni.
110. Puis, ils ont traversé de ce côté.
111.ka ba basiãi mutu mu isi ki ni.
111. nous n'avions trouvé personne dans ce pays.
112. bisi Bakani?i, ba ba
112. Nous sommes les Kani?i, ceux qui
113. kani?i isi ki.
113. se sont imposés dans ce pays là.
114. bisi li fa kuya, lisaâiãi
114. En venant de Kuya, nous avons traversé
115. ba ndzali lisaâiãi Likunu,
115. les rivières, nous avons traversé la Leconi,
116. lisaâiãi täåãå
Mafutuãu, 116. nous avons traversé
la savane dite Mafutuãu.
117. lisaâiãi Lisiâi,
117. nous avons traversé la
Lisiâi,
118. lisabigi Likeyi.
118. nous avons traversé la Likeyi.
119. bisi Kuya, Kuya, Lisiâi, Likeyß
119. Nous sommes Kuya, Kuya, Lisiâß, Likeyi.
120. Kuya ti ngulu li Kungu,
120. Kuya, c'est du côté du Congo,
121. ku ndjambala.. ?a Batåãå
?a bise be 121. à Djambala. Les Atåãå et
nous sommes
122. isi imo. bo yi ngulu,
122. du même pays. Ils sont de ce côté,
123. bise be så ngulu.
123. nous aussi de l'autre côté.
164. ali fumu mbiti bu bafumu
164. c'était le chef comme les chefs
165. ba si yaâa imbisa ki
bayiãa 165. connaissaient la
provenance des esclaves.
166. ba fumu ?a ba fumu bo bali
166. Dans les différents chefs, il y avait :
167. ba nga ndjo, ndzo,
167. les chefs de lignages, de familles,
168. ba nga puyu,
168. les pripriétaires de villages,
169. ba fumu ba bibani
169. les chefs des clans.
170. bati ba ba si kele bayiãa
170. Ces gens-là gardaient les esclaves.
171. bo bali ba fumu
171. Ils étaient les chefs.
172. bo ba basi yaâa ibani ki muyiga
172. Ils connaissaient le clan de l'esclave.
173. nga ndzo, nga puyu
173. le chef de famille, le propriétaire du village
174. nga muyiga
174. est le propriétaire de l'esclave.
175. ibani kie mutu ilele ?i
175. Le clan d'une personne ne se dévoile
pas.
176. nga ibani wu yaâi imbisa
176. le chef du clan est celui qui sait l'origine
177. ki bayiga ba bo ba si suma ».
177. des esclaves qu'ils ont achété ».
Annexe 5 :
Entretien avec Maurice Okomo,
le 11 avril 2004 au quartier Odjouma, à Leconi.
Transcription
Traduction
Question :
-Qu'est-ce qui se passe lors de la succession au pouvoir chez
les Atåãå ?
-Julien Kabele ( Interprète ).
1. « omfumu ompa na ?
1. « A qui donne-t-on le pouvoir ?
2. mwana u buni lesa
2. A l'enfant ou comment fait-on
3. kali bra bå Atåãå ?»
3. chez nous les Atåãå ?
»
Réponse :
4. « omfumu ?
4. La chefferie ?
5. omfumu ba taara ka mikwa,
5. La chefferie, lorsque le père meurt,
6. mfumu, mfumu ka kwa
6. le chef, le chef quand il meurt,
7. ka sila baana.
7. ce sont les enfants qui héritent.
8. omfumu ba ka mpa ?i,
8. La chefferie ne se donne pas,
9. ba ka mpa mwana nkeli ?i
9. on ne la donne pas au neveu.
10. ?a mwana keli kawolo,
10. Mais le neveu hérite,
11. mburu w'akwi wua kakama
11. dans le cas où le defunt n'a pas
12. baana. ?a kali ?a ndå baana.
12. d'enfants. Mais s'il a des enfants,
13. omfumu kawolo baana.
13. la chefferie revient aux enfants.
14.baana kakama, ndala woli,
14. S'il n'a pas d'enfants, c'est le petit-fils qui hérite,
15. ndi'omfumu ki
15. en disant que cette chefferie là
16. o nkaãa må. taala ! »
16. est de mon grand-père.
Voilà ! »
Question :
17.« bo, ba kina mpa ?ß
17. « Ne dansent-ils pas
18.u bo ba sa buni ? »
18. ou comment font-ils ? »
Réponse :
19.« him (...) nd'awolo,
19. « him (...) lorsqu' il
hérite,
20. bo bakina mpa,
20. ils dansent,
21.bo ba yiå swaaãa.
21. ils vont en forêt.
22.?a swaaãa, ka bo bayiå
22. Mais ils ne vont pas
23.tsa swaaãa wa ndjoâß ogna?a.
23. dans la forêt du
ndjoâß.
24.ême si tsina ongalaãa bu,
24. Même sous
l'ongalaãa1(*),
25.bo ayeni ; alors, bo akili ndå
25. ils partent ; alors, ils le consacrent
26.omfumu. ba kila bu,
26. chef. En le consacrant,
27.?a bo api ndå eloão beli
27. ils lui donnent tout ce qui fait
28.ndi yaãa mfumu, ba ngo,
28. de lui un chef, tel que la
panthère,
29. alari wå ndi wå
yaãa' kamonon wå
29. pour que, si on t'aperçoit,
30.bafa kima ?ß.
30. on ne s'étonne plus.
31.façon wa, m'va wa
31. De la même façon
32.ba sa eli luâu
32. qu'on le ferait aujourd'hui,
33.m'va må chef non,
33. comme je suis chef,
34. api ndå ... »
34. on le lui donne
... »
- Question ( de Julien Kabele):
35.m'va eli maire ?
35. Comme le maire ?
- Réponse :
36. « Voilà !
36. «
Voilà !
37.w'akima ndå ndi mburu
37. Personne ne sera étonner
38. wu mfumu ogna?a.
38. de le voir chef.
39.?a bo'ayeni täa swaaãa
39. Et, ils partent en forêt,
40.mbuãa ya yiå bo,
40. l'endroit où ils vont,
41 ya va bo ntsina yia, ibwa.
41. là où ils s'assieyent.
42.?a ndå woli så ; ba ntaâa,
42. Et, il prend aussi les
cabris,
43. ndå ?ß bo, bo' amani.
43. il leurs donne, et ils finissent.
44.bo amana sa mami ma,
44. S'ils terminent ces choses là,
45.ndå yaãa mfumu / »
45. il est désormais chef
/ »
- Question (de Julien Kabele):
46. Donc mfumu m'va ã'asa
46. Donc, le chef c'est tel que le font
47.Ambaama bwa ?
47. les Ambaama ?
Réponse :
48. « taala ! »
48.
« Voilà ! »
- Question :
49.mfumu a baãß nkani m'oma ?
49. En quoi le mfumu est-il supérieur au nkani
?
Réponse :
50.« mfumu ?
50. « le chef ?
51. ndå baãß ma baali.
51. Il l'est grâce aux gens .
52.?a baali ba baãß ndå
52. Mais ce ne sont pas les gens
53.ka ba kapari ?ß, b'osu.
53. d'aujourd'hui, mais ceux de jadis.
54 ba, ba bani ka täoão'osu.
54. Ceux-là qui l'ont
précédés ;
55.ba' api ndå omfumu ba
55. ce sont ceux-là qui lui ont donné le pouvoir.
56. ?a yia mbuãa, baali bwori
56. Dès cet instant, tout le monde
57. yiãa espoir /
57. n'espère qu'en lui /
58.bo yiãa, mpari yiãa mburu wua.
58. Ils n'ont foi qu'en lui.
59. Ah ! ah ! ?a Ambaama så,
59. Ah ! ah ! comme chez les Ambaama aussi,
60. mpari yiãa mburu wua..
60. ils n'ont foi qu'en cette personne là.
61. Eh ! Deux fois.
61. Eh ! Deux fois.
62. ankani aliãß ?a, w'åli nd'atiãa
62. Il y a des notables qui tranchent
63.ewoâo, nd'atiãa bie ewoâo
63. les palabres, qui ont l'art de la parole.
64.Mais, ewoâo ãaya ndå
tiãß. 64. Mais lorsqu'il y a
la palabre, il parle.
65.?a w'åli, w'åli onkani ba ndå
65. Il existe d'autres notables qui ont l'autorité
66. ba lara ndå e ngo, m'va
66. quand il porte la panthère comme
67. kaliãß m'bri bwa ka buãu
Mosånå 67. nous étions à
l'ancien village Mosånå.
68.?a mburu wa satiãa ewoâo,
68. C'est la personne qui parlait
69. liãß dja lava /
69. lorsqu'il y avait un problème /
70. nkani, nkani w'atiãa mami
70. nkani, nkani, c'est celui qui tranche les litiges.
71. ?a nkani så, w'omfumu,
71. Mais nkani fait aussi parti de la chefferie,
72. wua så nkumu så nkani.
72. celui-là aussi s'appelle nkani
73.?a wua façon okima.Taala..
73. mais ce dernier n'est pas comme l'autre.Voilà !
74. C'est que m'va ãa ndiåli må bwa,
74. C'est comme j'ai dis.
75.nkani åli ?a wa lara ngo,
75. Il y a le nkani qui porte la panthère.
76.?a ankani åli bå la baãa dja,
76. Il y a des nkani qui, lorsque vous avez un litige
77. la kawoâo, bå layi lawoâß.
77. à trancher, vous venez parler.
78. wua nkani quoi.
78. Celui-là c'est le nkani.
79.?a nkani, w'akiålå mpuãu..
79. Il ya le nkani qui garde le village.
80. mfumu w'oli wa lara ngo,
80. Le chef qui porte la panthère.
81.täuãu la ndå l'omfumu ka to,
81. Lorsque son jour de chef arrive,
82.ndå lari ngo bwa, hein ?
82. il porte la panthère, hein ?
83.wua m'va ã'aliålå bo ndi nkumu
83. Celui-là est comme ils disent nkumu
84.m'va ã'aliåli Ambaama bwa.
84. comme l'ont dit les Ambaama.
85.wua mfumu'a mpuãu..
85. Celui-là est le chef du village.
86?a nkani w'ali ndi, mini
86. Mais le nkani est celui qui,
87. täuãu la bra bå a ka la
mibaãa 87. lorsque nous avons
88.dja lawoâo, nd'atiãa ».
88. un problème à parler, il parle
».
Annexe n° 6 :
Témoignage de Jean Clovis Ossami
(Entretien réalisé par Mouandjouri Charlemagne
le 19 mars 2005 au village Eyuga, à Franceville).
1. « tini e bè ledugha mbiri bè
djalà 1. « Lorsque vous éprouvez de la rancoeur
pour
mvuru yu kali ba bè lé yiri
une tiers personne, vous allez faire une
tsumu mo buma ndè
conspiration pour le tuer.
bè o mana obuma ndè,
Après l'avoir fait,
bè le yeni na leghè okèlè.
Vous allez prêter serment.
bè ledughi mbiri mvuru o tiba
Vous proférez que la personne qui dénonce
dja lia ndjobi o bumi ndè sè
ce crime sera lui aussi tuée par le ndjobi.
mono okèlè ma dugha mvua.
Voilà, c'est ainsi qu'on prête un serment.
2. a ngà ndjobi a dughu ndi
2. Les initiés au ndjobi avaient déclaré que
okasi bila balagha isa abala la femme
et l'homme ne devaient pas s'accoupler
na mwi obala ni. bo adimi ndi la
journée. Ils avaient peur que leur femmes ne
akari a bo asa tsugha bila na bari
s'accouplent avec d'autres personnes dans la
akima tsa suagha. yia biri e bo brousse.
C'est ainsi qu'ils avaient fait cette
ma leghi okèlè kia.
interdiction là.
3.ma leghè okèlè ma ligha wè
dja 3. On fait un serment pour t'interdire une chose.
osa mva ba yu wè na tsaghi e mbira Par
exemple, si tu as le totême de l'aigle,
a yeni a leghi wè okèlè djua ndi
wè on va te mettre un tabou en proférant que tu ne
o ma dja mbira ni, wè o dja o bieli
mange plus l'aigle. Si tu mange, tu tombe
ngàa okèlè djua ma buna
otsièsè wè malade. Ce serment ne peut être
levé que quand
ndè ontini e wè a yiè na odjua ma
tu pars pour les villages des Blancs car on ne
pughu m'etangani. o ma yagha e wè sait
pas ce que tu seras appelé à consommer
a yira na odja kwa ni.
là-bas.
4. a nga ndjobi ma leghè okèlè
4. Les initiés au ndjobi prêtent serment
m'okièlè mami m'abi a bo m'asigha
pour garder entre eux le mal qu'ils font
tsa suagha sanki bari a kima a yughi en
brousse sinon d'autres y seront informé.
momvua ba yu bè le mi dja gonogho
Par exemple, si vous avez mangez un mille pattes,
mvuru a ma fusa lo o pughu ba bari aso si
quelqu'un le révèle au village, alors tout
a yiabi ndi ba nana a ma sa yi dja. le
monde saura que ceux-là ont fait telle chose.
5. bari ma mono vuogho m'okèlè obila
5. Les gens ont peur du serment parce qu'ils
bo ma mina oti. Si kali mbumi.
ingèrent un fétiche sinon la sorcellerie.
6. mpili eba tsa ndjobi kwa, mi ma 6.
Dans le ndjobi là-bas, je connais rien.
yagha ni m'eka va ndjobi. a nguiri
je ne me suis pas fait initié au ndjobi. Les interdits
a tsa kwa a ma yaghi bo na
de là-bas, ce sont eux qui les connaissent même
ekèlè e bo ma lèghè o ma yaghi
les serments qu'ils prêtent, ce sont eux qui
savent
bo a kulu
eux-même.
7.va e mè eli wè o djali a mè
7. Par exemple, comme je suis tà, toi tu es mon
beau-frère,
mè o ma va ndjobi ba mè dughi
si je m'initie au ndjobi, je déclarerais solennellement
o misi a bari aso mbiri mvuru devant
tout le monde que personne ne fera
osa mami a kamba m'odjali a mè ni »
n'importe quoi à mon beau-frère. »
Annexe n°7 :
Témoignage de Pierre Ngabolo
(Entretien réalisé par Mouandjouri Charlemagne
les 21 et 22 mars 2005 au village Omoï, à
Franceville).
1.« ma tsisigha sabè m'asi ampini m'obila o
1. « On nous a appelé les Ampini parce que
sabè leki oka tsa asuagha ma anini
nous habitions dans les grandes forêts.
na m'osumbu a sabe lesili lembisa l'abugha
Aussi, parce que nous sommes resté derrière les autres
tini e bo ma dimighi eta m'Ombochi.
lorsqu'ils fuyaient la guerre des Mbochi.
yia biri e bo m'a ma dugha ndi
C'est dès lors qu'ils se sont écriés que
a djiè "ba bari m'ampini".
" ce sont les gens des grandes forêts ".
2.sabè lewagha Wèlè
...letsièghè Wèlè 2. Nous
venions de Wèlè...En quittant de Wèlè,
lekirighi Tsanga-Tèbè. le
tèmèghè nous sommes
arrivé à Tsanga-Tèbè. Partis de
Tsanga-Tèbè, leto
Tsanga-Tèbè, nous sommes
arrivé
a gala a Sèrè. Sabè Ambaama
au campement à Sèrè. Nous les
Ambaama
levinighi bila e mbochi kwa
avions rencontré les Mbochi là-bas.
3. o Sèrè le tsughi pughu e nini :
3. A Sèrè, nous avons bâti un
grand village :
Ambaama aso, na asi mbèrè,
tous les Ambaama, ceux de mbèrè
na asi ngami, aso, aso.
et ceux de ngami, tous, tous.
bo o Sèrè vuru na o ndè otini
o pughu. Eux, à Sèrè, chacun a sa
partie du village.
Etogho( yia kumi e sabè e kala) pughu
Les Etogho (c'est notre ancien nom), au village de
Amundji
Amoundji.
4.Ambaama n'eta e bo oka
4. Les Ambaama belliqueux effectuaient
m'odja enghu ma bwa ompari
des razzia de porcs de leurs voisins. Un jour qu'ils
e ma to oyia djwè Ambochi
venaient d'en faire une, les Mbochi
mema bira nkala monon mva
se sont fâchés et voilà comment
eta m'eneni m'eva.
une grande guerre fut déclenchée.
5. bari kuna akwi m'eta m'Ombochi, 5. Plusieurs
personnes sont mortes lors de la guerre des Mbochi,
na ankani aso akwi na oyi pasi n'oyi des notables
aussi sont morts, dans les deux camps belliqueux.
aka aboma odjigha ebimi eso ni On ne
pouvait inhumer tous les cadavres.
m'emon obolo ni o yula tsièghè
Certains pourrissaient dans la savanes.
mono mva m'alughi biri e bari ba
Voilà comment on avait baptisé le lieu où ces
gens-là
m'akwi « ebolo me ebwimi »
sont mort « la putréfaction des
cadavres »
et ma yiè a yigha o tsisagha
et déjà on les appellent :
« ma m'abolo ».
« ceux qui sont pourri ».
6.Ambaama kuna akwa abolo 6.
Plusieurs Ambaama sont morts et putréfiés.
kari esi abugha m'amonon otima obi. Cela a
donné de l'amertume à certains d'entre eux.
esa vua akè tsa bo ma v'raha osagha De
surcroît, certains d'entre eux sont repartis chercher
eta mono biri e sabè le ma tsalagha la
guerre, voilà la cause de notre séparation à
Sèrè.
Sèrè. Ba ayeni ma ebo djila ba ma ebo.
Chaque groupe est allé dans sa direction.
7. Ampini asa sila m'odjuana 7.
Tous les Ampini sont restés a se battre
mvabu bla Ambochi e mana un
moment contre les Mbochi et par la suite,
ba sè atèmighi a bwa a kulu a
ils furent obligé eux aussi de migrer car les autres
mavula bo kuna.
étaient numériquement plus nombreux qu'eux.
8. bo awa Sèrè a kirighi Kèlè
e Ngwali. 8. Partis de Sèrè, ils sont arrivé
à Kèlè- Ngwali.
a tèmèghè Kèlè e
Ngwali a kirighi osièsè De
Kèlè-Nwali, ils sont parvenu la rive de la
Lesibi. bo asuri o yia biri etsughu na kuna.
Sébé. Ils se sont installé longtemps en ces lieux.
9.Ampini a m'atèmèghè oyia biri
m'obila 9. Les Ampini ont quitté ces lieux à cause de
l'appel
Okumba-Okiri bla na embochi m'ayi d'
Okumba-Okiri et les Mbochi qui avaient déclenché
n'eta ek'ma. mono mva a kièle a
sabè une autre guerre. Voilà comment nous avons
traversé
ma atini Lesibi.
la Sébé.
10. bo alani tihi Lekuni bo asièle o
pani 10. Ils ont marché jusqu'à la Leconi et se sont
arrêté aux
e wuba e nvua mè sièsè ma Lekuni
bords de la chute de la rivière nvua, aux bords de
Leconi.
bo atswi a pughu m'anini tsèghè
Osaï. Ils ont construit de grands villages dans la savane
Ossaï,
Tsèghè Omoï. Kala kala, bo atini Lekuni
la savane Omoï. Plus tard, ils
traversèrent la Leconi, de
gula Lekuni bo a tsalighi . asi obala
l'autre côté de la Leconi, ils se sont séparés. Les
gens d'obala
a yeni m'obo obiri leto lekèghè
sont allé de leur côté et sont
arrivé à Lekey.
le ma kirigha m'osièse Obombi. mono Omoï
Arrivé au bord d' Obombi, voilà Omoï
oyubu a bugha m'amonon ni a we a monon Le
groupe des autres est celui que tu vois à
Okangiville.bo ali kwa na asi Empassa na
Okangiville. Ils sont là-bas, les gens d'Empassa,
asi Alèlè na asi Ebori ».
les gens d'Alélé et les gens
d'Ebori ».
Annexe n° 8:
Témoignage de Patrick Ngoulou
(Entretien réalisé par Mouandjouri Charlemagne
le 23 mars 2005 au village Empassa, à Franceville).
1. « bon, l'objectif : le ndjobi a une base
éducationnelle
il fallait éduquer les gens. Leur enseigner les secrets
d'hommes, comment il faut réagir par rapport à
telle
ou telle situation.
2.wè o pisi l'origine lé
ndjobi ? 2. Tu as demandé
l'origine du ndjobi ?
ndjobi a kula ayi na ndè.
Le ndjobi, ce sont les Pygmées qui l'ont
amenés.
bo bari ma pagha sabè kwèrè e
ndjobi Ce sont eux qui ont commencé avec le
kwèrè du ndjobi
kwèrè la base lé
ndjobi. le
kwèrè qui est à la base du ndjobi.
C'est comme une caisse.
C'est comme une caisse.
On ne peut pas l'ouvrir.
On ne peut pas l'ouvrir.
mvuru a kièlè kwèrè o
mvè ndè o respectè La personne qui garde
ce Kwèrè doit respecter
a guiri a bo ma ma lèghè asiso.
tous les interdits qu'ils ont fait.
3. L'initiation osa ontini e wè aya abuna
3. L'initiation se fait lorsque tu peux
déjà
okièlè mami, c'est-à-dire
mpili e ba 18 ans kwa. garder les secrets
c'est-à-dire vers 18 ans.
nga ndjobi kumi a initiés.
nga ndjobi est le nom des
initiés.
Mvandi : ceux qui le servent de médiateur
Mvandi : ceux qui le servent de médiateur
mpani e bari bila na ndjobi.
entre les hommes et le ndjobi.
efumu ce sont les non-initiés.
efumu ce sont les non-initiés.
4. odugha ndi osugha bè leva ndjobi, 4. Quand
on dit que demain vous allez vous initié au ndjobi,
la veille asi o djuhu o nini. efumu eso la veille,
on organise une grande veillée.Tout les non-initiés
oka m'andjo. a asighi tihi intsièrè
restent enfermés dans leurs maisons. On chante jusqu'à l'aube
o djuhu djua mo avertissè ndjobi ndi
Cette veillée là, c'est pour avertir le ndjobi que
osugha bari m'aya n'amonon wè kwa. demain
les gens viendront te rendre visite là-bas.
5. mami a 8 h intsièrè a Mvandi
5. Pour les pratiques de 8 h du matin, ce sont les Mvandi
a minighi ndongui n'asagha ndjobi. qui vont au
sanctuaire chercher le ndjobi.
bè leva ndjobi, lesili ompughu.
Vous qui êtes candidats à l'initiation, vous restez au village.
bo omana mami a kwa aso. bo atumi Lorsqu'ils
ont fini tout ce qu'ils ont à faire là-bas, ils
mvuru m'oya n'ayagha omo otu tsa bè.
mandatent quelqu'un chercher l'un d'entre vous.
wè kini ova ndjobi ni, okèsè yua mima
Tu n'es pas encore initié, je ne peux donc pas te dire
dugha wè ni. W'omana mami osa, ce
passage. Dès que tu as fini de tout faire,
wè lèghi okèlè.
okèkè promessem biri e tu prêtes un serment en
promettant que
wè a respectè a nguiri a ndjobi aso.
tu vas respecter tous les interdits du ndjobi.
6. okèlè djua très
important. 6. Ce serment là est
très important.
Il faut que tu craignes que tu respectes Il faut que
tu craignes que tu respectes
ce que tu as juré. mva w'odugha
ce que tu as juré. Par exemple si tu dis
mbiri wè obuna oma sa mami m'abi ni
que « je ne ferai plus du mal »,
mvuru sè isa wè mami m'abi ni.
personne aussi ne te voudra du mal.
m'ompa mbari yia mpari a bugha Pour
rendre cette parole forte, les autres
adima oti ntini e wè a wobo.
frappent le bois au sol lorsque tu parles.
7. m'o materielisè serment djua,
7. Pour matérialiser ce serment là,
atini wè llekimba lé ndjobi. Comme
ça on te vaccine le Lekimba du ndjobi. Comme
ça,
ndjobi ayigha o m'aka bla wè antini aso.
le ndjobi demeure en toi pour toujours.
Lekimba lia otina o kwogho o m bogho. Ce
Lekimba se vaccine sur la main gauche.
ntini m'adugha wè ndi wè oki ovi ndjobi
Lorsqu'on te demande si tu t'étais déjà initié au
ndjobi ?
laba oyula ndè. w'osara kwogho kia.
Jures devant lui. Tu lèveras cette main là.
ntini e w'asagha odimi mvuru ati
Lorsque tu veux faire du mal à quelqu'un
parce que ndè mi sa wè dja lebi.
parce qu'il a fait une mauvaise chose,
w'oberi obiri m'atina yia,
tu frappes à l'endroit où on t'avait vacciné
là.
wè dughu dja e wè asagha mbiri Ndjobi
Tu demande ce que tu souhaiterais que le ndjobi
osa ndè.
le fasse subir.
8. w' ognura a gri a ndjobi,
8. Si tu enfreints les interdits du ndjobi,
ndè okwari wè. yu w'a m'alèghè
okèlè il t'attrape. Si tu avais
prêté serment pour ce
o dja lia, o buna osala wè ni. yu gri e
problème, on ne peut pas te guérir. Si c'est un tabou,
w'abuna ovugha. Omvè w'esi comboso. tu
peux être sauvé. Mais il faudrait que tu te confesses.
yughu wè kini' ova ndjobi ni, wè yeni
na Si tu n'est pas encore initié au ndjobi, tu iras
va ndè. Ontini e ndjobi a kwara wè,
omvè le faire. Quand le ndjobi te frappe, il faudrai qu'on
a mpi ndè atsusu, bila na antaba,
lui donne les poulets, la nourriture et les chèvres,
n'ekala, n'adoro.
Les nattes et de l'argent.
9. okèlè, mpil' e sabè, aki
otsièsè ntini 9. Le serment, chez nous, ne se
rompait que lorsque
e mvuru a kwa. « odugha ndi
m'atsièsè l'intéressé mourait.
Dès lors, «on dit qu'on va
osumu a nana ».
déraciner le piquet d'un tel ».
C'était difficile m'otsièsè wè
akul'a C'était difficile de l'enlever quand on
le désirait.
bari kuna m'ama tsièsè lekimba
lé ndjobi La plupart des gens l'on fait avec l'arrivée du
O tini a djiami a bo ba m'ama to tsa ampughu
christianisme qu'ils ont amènés dans les villages.
10. m'olèghè okèlè djua, ba
mimi a bugha 10. Lorsque je fais ce serment, est avec les
autres.
m'amo a yaghi ndi bari a ndè ba o buma
les autres savent désormais qu'on ne joue pas avec
otama bila bo ni.
sa famille ni avec ses choses.
o yigha biri o buna o m'ayusagha bè nga ni
Ainsi, personne ne peut vous faire du mal.
mvuru a gnura gri yia oti o djuani na ndè.
Celui qui enfreindra ce tabou aura à faire au ndjobi.
11. tini e bè lemi kuru tsumu,
11. Lorsque vous avez conspiré,
bè lé mi yiè na lèghè
okèlè tsa suagha. Vous êtes allé
ensuite prêter serment en brousse,
m'otsèsè kari omvè b'aso
levunighi. pour l'enlever, il faut la présence de
tous conspirants.
wè iyiè w'otu ni, guiri ».
Il est prohibé d'aller seul délier
un serment ».
Annexe n° 9
Récit de Paul Ndjabimba, 1(*) sur les migrations kani?i,
la fondation des premiers villages et celle d'Okoloville.
Transcription
Traduction
1. « kumu a må Djabimba Paul
1. « Mon nom est Djabimba Paul
2. taata må Salamba-A-Matsuãu
2. mon père est Salamba, le fils de Matsuãu.
3. ngwa må Mandimi. puã' a må,
3. ma mère est Mandimi. Mon village,
4- yi ba yi wolo ngwa må
4. celui qu'on est venu prendre ma mère
5-Mandimi Lekusuãa, Lekusuãa
5. Mandimi est Lekusuãa, Lekusuãa.
6- puã' a Ngabama*.
6. le village de Ngabama
7. må ku' Okoloville kunu
7. moi, je suis à Okoloville ici :
8- ndjo a taata, ndjo' a taata må.
8. la maison du père, ma famille paternelle.
9-obiti ki m'asili moko ki ãa Salamba
9. La place que j'ai hérité là, est de Salamba.
10. Salamba ?a Lien?å ?a Mbakoão
10. Salamba, Lien?å et Mbakoão.
11. puãu a bisa bå Okoloville,
11. notre village est okoloville,
12. bo ba taata ba må,
12. ce sont mes pères.
13. bisa bå bwosi, Bakani?i
l3. Nous tous : les Kani?i,
14. Bambaama, mendumu, Mba?i, 14. les
Ambaama, les ndumu, les Mba?i,
15. Bawumbu Batsitsåãå, Batchayi
15. les Wumbu, les Tsitsåãå, les Tsayi,
16. bisa bå Lekungu la fa
16. nous revenons du Congo.
17. bisa bå la fi Lekungu
17. Nous sommes venus du Congo,
18. Mombochi odja baati
18. le Mbochi mangeait les gens,
19. odja baati vetsuãu viesi .
19. mangeait les gens tous les jours.
20. nd'odja baati. yia ya mbuãa yi
20. Il mange les gens. C'est ainsi que
21. bakutu ba lieli ndi non
21. les anciens ont dit non,
22. baati ka bakala m'osi ki 22. les
gens ne vont pas rester dans le pays qu'on
23. badja babamo ?i. li ba bati,
23. mange les autres. Ainsi, ils fuirent,
24. li ba yii. ba tolo oya ku bisi
24. ils vinrent. En venant d'où nous
25. la satiãi Ku Lekungu
25. sommes quitté, au congo,
26. matsulu ma Lebani, matsulu ma 26. par
les sources de Lebani, les sources de
27. Lesiâi, ma Pasa . li bisi
27. la Lesiâß, de la Pasa. Nous nous sommes
28. la satiãi.bisi lesatßãß, Baati
bwosi 28. ainsi levé. En nous levant, tout le monde,
29.tout,baba yi kumunu kunu mobata 29.tous,
ceux qui sont descendu ici en fuyant
30. Mombochi.ba balutu
30. le Mbochi.Certains sont passés par
31. mambiè-kuyu m'okitiãa ndjila a
31. les canyons pour aboutir sur la route de
32. Zanaga. bana ba bayii mo ndjila 32. Zanaga.
D'autres sont venus par le chemin
33. a Ngaka-na-mwuâa, la puã'a
33. de a Ngaka-na-mwuâa, par le village de
34. Mikoto* m'okitãi (...) kuru,
34. Mikoto pour aboutir à (...) kuru.
35. m'osabiãi Lekori, m'okitiãi,
35. Ils traversèrent la Lekori et ils aboutirent,
36. m'okitiãi Paya bina Ngununini
36. ils aboutirent Paya et Ngounounini,
37. Mbwomolepuâa, 37.
Mbwomolepuâa,
38.mosa mosumbu å, Mambaliãa,
38. de la manière, oui, Mambaliãa,
39. wua motati ?a ãiri ãiri mo yiå
39. celui-là est le pont qui conduit de là
40. ngwo Lebani wua motati,
40. jusqu'à l'Ogooué, celui-là est le pont.
41. le mata ngulu basaâiãi Lekori
41. En quittant de l'autre côté, on traversa la Lekori
42. bakitiãi (...) mobunu a Lala 42.
et parvenions (...) à la montagne de Lala ou
43. mo twa o wusu, mo twa Mbari, 43. on
construisit Wusu, on construisit Mbari,
44. Makara ?a Vengomo. 44. Makara
et Vengomo.
45. Wusu wua Lekeyi ?a Mosasi. 45. Wusu est
le village de Lekeyi et de Mossassi.
46. Fuãa, wua Liå?å,
46. Fuãa, est fondé par Lienghet,
47. wua Liå?å ?a Mokinda ...
47. c'est le village de Lienghet et Mokinda ...
48. ?a ...oui... ?a Mbuo?o. 48. et
... oui...et Mbouo?o.
49. ba bakutu ba mo mapuyu ma. 49.
Ceux-là sont les dignitaires de ces villages là.
50. bo bafa kiya,ba ya m'otwa, 50. Venus
de l'amont, ils venaient en construisant,
51. ba ya m'otwa, 51.
ils venaient en construisant,
52. Lekungu, ba fa Lekungu, 52. Le
Congo, En venant du Congo,
53. ba ya m'otwa, 53.
ils venaient en construisant,
54. ba ya m'otwa, 54.
ils venaient en construisant,
55. li bakitiãi vebiti via.
55. et ils parvinrent sur ces lieux là.
56. Malima m'okitiãi Mbwomolepuâa, 56.
Malima parvint à Mbwomolepuâa,
57. Mbuma, yia puãu Lekeyi, 57.
Mbouma, c'est le village de Lekeyi,
58. yia puãu Mosasi.
58. c'est le village de Mossassi.
59. li batwu mo matsulu ma Kumu 59. Ils le
bâtirent aux sources de Kumu
60. ?a Mengali, puãu Wusu.
60. et de Mengali, ce village était Wusu.
61. bafa bakitiãa, Makara o kuma 61.
Dès qu'ils arrivèrent, Makara en montant
62. li ãa twu mo matsulu ma Djimi, 62.
bâti aux source de Djimi,
63. puãu yia kum'a yo Mbari.
63. ce village là s'appelle Mbari.
64. Mbari ! ?a yul'a Mbari, Vengomo. 64.
Mbari ! En amont de Mbari c'est Vengomo.
65. ma mabuãu ma bakutu ba bisi ba ba fi 65.
Ceux-là sont de nos ancêtres qui ont quitté
66. Lekungu. ba fa Lekungu basaâiãi
66. le Congo. En partant du Congo, ils traversèrent
67. Lekori. basaâiãi
Lekori li ba twu 67. Lekori. Ils traversèrent
Lekori et construisirent
68. mapuãu ma. ma makumu ma
68. ces villages là. Ceux-là sont les noms de
69. mapuãu ma bisi kata tsomi.
69. nos tous premiers villages.
70. å! Na mo tsuãu la loyi bisi
li 70. Oui, mais de nos jours, nous avons
71. m'omata mo mabuãu ma. 71.
quitté dans ces anciens villages.
72. bisi lemata mo mabuãu ma, 72.
Nous avons quitté ces anciens villages parce que
73. gnamba ndi ovusuãu mapuãu.
73. le Blanc nous demanda de regouper les villages.
74. ?a mo tsuãu la lo, bisi le li
74. Mais, au jour d'aujourd'hui, nous sommes
75. pani?i Mengali ?a Medjali. 75. entre
Mengali et Medjami.
76. puãu yia kumu a yo Okoloville. 76.
Ce village-là s'appelle : Okoloville.
77. mo le groupement la bisi: Makara, 77. Notre
regroupement comprend : Makara,
78. Olåâå,Mendili. Mapuãu ma
bisi ma 78. Olåâå et Mendili. Nos
villages-là sont à trois,
79. matati, bisi leli pani?i Medjami ?a Mengali. 79.
nous sommes entre Medjami et Mengali.
80. tsåãå yi, yi bisi la twa
80. Cette plaine-là, celle sur laquelle nous avons
bâtit
81. mo yo Mengomi.tsåãå yia Mengomi,
81. dessus est Mengomi. Cette plaine est Mengomi
82. tsåãå yia Mengomi ...
82. Cette plaine-là est Mengomi ...
83. Alors ?a li bisi,
83. Alors, là où nous sommes,
84. leli ?a motum' Okoloville... 84. nous sommes au
centre d'Okoloville ...
Annexe n° 10 :
Annexe 11 :
Lettre de Monsieur Kiki François à Monsieur le
gouverneur, chef du territoire du Gabon1(*),
Annexe 12:
Composition du tribunal indigènes, pour l'année
1925, de la de la circonscription du Haut-Ogooué et de la subdivision de
Franceville.1(*),
§ Tribunal indigènes, pour l'année 1925, de
la circonscription
du Haut-Ogooué.
Investis des povoirs répressifs :
Assesseur titulaires :
- M. Lindouye, chef de canton
- M. Yombi, chef de terre
Assesseur suppléants :
- M. Bakiri, chef de terre
- M. Tsounga, chef de terre
§ Tribunal indigènes, pour l'année 1925, de
la subdivision de Franceville
Assesseur titulaires :
- M. Yeye, chef de terre
- M. Bidira, chef de terre
Assesseur suppléants :
- M. Gobounda, chef de terre
- M. Ngongo, chef de terre
Annexe 13:
Les quartiers du village autonome Franceville et leur chef en
1948.1(*)
Annexe 14 :
circulaire n°II du gouverneur général de
l'A.E.F.Jean Fraçois Reste à Messieurs : le gouverneur
délégué à Libreville, le gouverneur
délégué à Bangui, le commandant de région
à Fort-Lamy, les chefs de département du Moyen-Congo et à
l'administrateur maire de Brazzaville.1(*)
Annexe 15 :
Extrait du decret du 29 mai portant réorganisation de la
justice indigène en A.E.F. 1(*)
Documents iconographiques
|
Annexe 16 :
Pierre Savoregnan de Brazza
Source : BRAZZA (P.S. de), Au coeur de l'Afrique.
Vers la source des grands fleuves 1875-1877, op.cit., p.65.
Annexe 17 :
La création de Franceville
Source : BRUSCHWIG (H.), L'Afrique noire au temps de
l'empire français : l'aventure coloniale de la France,
op.cit., p.65.
Annexe 18:
Fétiches de Pongo et la fille de Lebossi
présentant à Brazza un plat de chenille
Source : BRAZZA (P.S. de), Au coeur de l'Afrique.
Vers la source des grands fleuves 1875-1877, op.cit., p.192.
Annexe 19 :
Libération des esclaves par P.S. de Brazza, le
« père des esclaves », dans le bassin
supérieur de l'Ogooué.
Source : BRAZZA (P.S. de), Au coeur de l'Afrique.
Vers la source des grands fleuves 1875-1877, op.cit., p.193.
Dans ces rubriques, nous n'avons retenu que les sources et les
ouvrages consultés lors de la préparation de ce travail.
I- Sources
I.1. Identité des informateurs
Pour la collecte des informations se rapportant à
notre étude, nous nous sommes rapproché de certains
éléments des différentes communautés de la
région de Franceville et d'ailleurs, plus précisément
de :
v A Libreville.
Ø GNALA
(Eugène),
- Né le 10 janvier 1950 ( 55ans),
Kani?i du village Lekoussagha, terre Mbaya, élément du clan Moyo
; habitant et chef du quartier R.T.G-SOTEGA à Libreville ;
ingénieur retraité de la R.T.G.1.
Nombreux entretiens dont la principale, celle du 22 mai 2004
au quartier R.T.G-SOTEGA à Libreville, portait sur la chefferie
indigène,les chefs coutumiers, l'impact de l'action des chefs sur leurs
administrés, sur les relations inter-ethniques dans la région de
Franceville et sur les faits coloniaux.
Ø GNAMALENGOUNGOU
(Hypolithe),
- Né vers 1935 (69 ans environ) à Makara,
Kani?i, descendant de Lekeyi et de Mosasi-A-Tsala du village Mindili
(Okoloville), élément du clan Mbuma-A-Yoão. Ancien
vice-président du conseil départemental de la Pasa, postier
retraité ; polygame et père de plusieurs enfants ;
grand-père maternel de l'auteur.
Entretiens du 18 avril 2003 et du 28 novembre 2004 au
quartier Diba-Diba Charbonnages à Libreville ; ll nous a d'abord
entretenu sur la chefferie traditionnelle, ensuite sur les relations
inter-ethniques et, enfin, sur les démêlés entre
l'administration coloniale et les populations locales dans la région de
Franceville.
v A Franceville
Ø KOUATSI (Dominique),
- Né vers 1927 (76 ans) ; Muwumvu du village
Mouinga, chef du quartier Maboukou depuis 1985; membre du clan
Nzombo ; marié ; peintre retraité de COGEMAT;
initié au ndjobi et au mungala.
Entretien du mercredi 23 avril 2003 au quartier Maboukou
à Franceville. Informations sur : les relations des Bewumvu et
leurs voisins ; la chefferie indigène, notamment
l'éclaircissement des notions de "fumu" ,
"kanu" et "Muyika" et l'arrivée de Pierre
Savorgnan de Brazza à "Masuku".
Ø LENDIRA (Théodore),
- Né vers 1933 ; Ombaama du village Ondili ;
membre du clan Abolo ; retraité de SOCOBA ; chef du quartier
Angoubou à Franceville ; initié au ndjobi.
Entretien du 23 Avril 2003 au quartier Angoubou à
Franceville. Informations sur : les différents chefs de canton
ambaama sous l'ère coloniale, les critères de désignation
des chefs traditionnels et les différents faits qui ont favorisé
les contacts inter-ethniques.
Ø MBOU
(Thérèse) et WOUTOU-PIGA
(Emmanuel),
- Des jumeaux, nés vers 1939 (64 ans environ) ;
Bewumvu (de père) et Bakani?ß (de mère) du village Maba,
résident présentement au quartier Maba à Franceville dont
Mbou Thérèse dirige la chefferie alors que Woutou-Piga Emmanuel,
lui, est ouvrier retraité de l'hôtel Poubara ;
éléments du clan Be?ama; tous les deux sont mariés
à la coutume wumvu.
Entretien collectif, du dimanche 27 avril 2003 au quartier
Maba. Informations sur : le contact de Pierre Savorgnan de Brazza avec les
populations du bord de l'Ogooué, les noms des différents chefs
(kaanu) bewumvu et les relations des Bewumvu tant avec
l'administration coloniale qu'avec leurs voisins (Mba?i, Bakota, Bungomo,
Ndumu, Bakani?i, Bawandji et Batsengi). Témoignages enregistrés
sur une bande de microcassette audio de 60 minutes.
Ø MOKIKALI DIT
OSSAâÉãI (Jean),
- Né vers 1923 (80 ans environ) ; Kani?ß du
village Mbaya-A-Ndjiåãå, réside actuellement au
quartier Mbaya (Franceville) où il est chef du quartier ;
élément du clan Belunu ; marié à une femme
Mba?u ; ouvrier retraité de la SOACO ; initié au
mungala et au vefumu.
Entretiens réalisés les 25 et 26 avril 2003 au
quartier Mbaya. Informations sur : l'arrivée de l'explorateur,
Pierre Savorgnan de Brazza, à Masuku ; la chefferie
indigène (la chefferie traditionnelle), particulièrement sur les
notions de " fumu " et " kani " chez les Kani?ß, Ndumu,
Atåãå, Awandji et Ambaama. Ces entretiens sont
enregistrés sur une bande sonore de soixante minutes.
Ø NDAGUI
(Clotilde),
- Née vers 1935 (69 ans
environ) ; Kani?ß du village Olebe à Okoloville, membre du
clan Mayaãa, réside actuellement à Olebe
(Okoloville) ; grand-mère maternelle de l'auteur.
Entretien du Vendredi 16 avril 2004 au quartier Dialogue
(Franceville). Thèmes : les relations de parenté ; les
critères de choix des chefs traditionnels ; les rituels de
fondation et d'implantation dans un nouveau village.
Ø NDINGOUE
(Basile),
- Né vers 1926 (77 ans environ) ; Wumvu du
village Ouele, membre du clan Nzimvu ; réside actuellement à
Ouele (SUCAF-Gabon) ; marié, retraité de la
SO.SU.H.O. ; initié au djobi et au mungala.
Entretien du lundi 28 avril 2003 à Ouélé
(SUCAF-Gabon). Informations sur : les relations des Wumvu avec les peuples
voisins ; certains les faits coloniaux. l'espace wumvu dans la
région der Franceville.
Ø NDOUOMI
(André),
- Né vers 1920 (83 ans environ) ;
Kani?ß du village de Lebo?o (aujourd'hui, Motobo II) ;
élément du clan Malima ; réside actuellement
au quartier Dialogue à Franceville ; retraité de la C.F.G.,
initié au ndjobi.
Entretien du Vendredi 25 avril 2003 au quartier
Dialogue. Informations sur : les villages, les regroupements de villages
et les différents chefs kani?ß ; les relations
kani?ß-ndumu et Ambaama avant et pendant la période
coloniale ;les faits coloniaux ; l'administration coloniale et ses
différents collaborateurs. Cet entretien est enregistré sur une
bande sonore de soixante minutes.
v A Andjogo (à 64 Km, au nord de
Franceville)
Ø ANGANGO (Pierre),
- Né vers 1923 ; Ombaama du village Okouma ;
membre du clan Ondjangu ; cultivateur, initié au
ndjobi.
Entretien du jeudi 24 avril 2003 à Okouma.
Informations sur : les notions de Ø fumu Ø et de
Ø nkani Ø chez les Ambaama ; les relations
inter-ethniques et les relations autochtones-administration coloniale ;
les faits coloniaux ; les occupations des autochtones sous
l'administration coloniale. Cet entretien est enregistré sur une bande
sonore de soixante minutes.
Ø NDZIAMI
(Théophile),
- Né vers 1953 (50 ans environ) ; Ombaama du
village Okouma ; membre du clan Ondjangu ; sous-officier
retraité des forces armées gabonaise, initié au ndjobi.
Entretien du jeudi 24 avril 2003 à Okouma et le 4
mai 2003 à Franceville. Cet entretien s'est déroulé sous
forme d'entretien collectif avec les interventions sporadiques de Pierre
Angango. Les informations recueillies concernaient les notions de "
nkumu" et de " nkani ", sur les relations entre les Ambaama
et leurs voisins et sur le rôle joué par les chefs traditionnels
dans l'application des décisions de l'administration coloniale.
Témoignage enregistré en lembaama sur une bande sonore de
soixante minutes.
v A Okoloville (à 20 Km, au nord de
Franceville)
Ø MBOUMOUNOU
(Aloïse),
- Né vers 1927 (77 ans environ), Kani?i du village
Mendili, membre du clan Mbuma-A-Yoão, descendant des chefs
traditionnels Lekeyi, Mourou-A-Mbu?u, Oloâo, Mossassi-A-Tsala, Loyi,
Matsougou et du chef colonial Salamba ; retraité de la
COMILOG ; réside actuellement à Okoloville où il a
successivement occupé les fonctions de chef du village Okoloville
(1968-1975), chef du regroupement Okoloville (1975-2003). Il est, depuis
août 2003, le chef du canton Lekabi ; initié au ndjobi et au
vefumu ; grand-père maternel de l'auteur.
Entretien individuel, samedi 10 avril 2004 à Mindili
(Okoloville). Avec cet informateur, nous avons obtenu de précieux
renseignements sur les rituels de fondation d'un village ainsi que sur ceux de
l'implantation dans un nouveau village chez les Kani?i de Mindili et de
Makara ; sur la généalogie des chefs Kani?i du village
Mindili depuis 1650 environ jusqu'à 1968 ; sur les critères
de désignation d'un chef traditionnel et les rituels qui
précèdent l'inhumation d'un fumu.
Ø MOUTELE
(Antoine),
- Né vers 1934 (69 ans environ),
Kani?i du village Olebe, membre du clan Mbuma-Monguâulu, descendant des
chefs traditionnels Lienghet Ba mvuramvuru, Lienghet-A-Ndjoão et
du chef colonial Lienghet ; habitant et chef du quartier Dialogue
(Franceville); menuisier retraité de l'entreprise Mbadou, initié
au ndjobi ; grand-père de la mère de l'auteur.
Ø NDJABIMBA
(Paul),
- Né vers 1920 (83 ans environ), Kani?i du village
Mendili, petit-fils des clans Mbuma-A-Yoão (de son père)
et Mbali (de sa mère) ; descendant des chefs traditionnels
Lekeyi, Mossassi-A-Tsala, Loyi, Matsougou et du chef colonial Salamba ;
chef du regroupement Okoloville depuis août 2003 ; initié au
ndjobi ; grand-père de la mère de l'auteur.
Ø NGWALANDJI (Martine),
- Née vers 1935 (68 ans environ), Kani?i
du village Olebe, élément du clan Mbuma-Monguâulu,
réside actuellement à Mindili (Okoloville), épouse du
chef de regroupement Ndjabimba Paul.
Entretiens collectif et individuel du mercredi 30 avril 2003
et du jeudi 1er mai 2003 ; du 10 et du 17 avril 2004
(individuel avec Ndjabimba Paul) au village Mendili à Okoloville. Ils
sont tous enregistrés en lekani?i sur trois bandes sonores de soixante
minutes chacune.
Ces trois informateurs (Ndjabimba Paul, Ngwalandji Martine et
Moutélé Antoine) nous ont donné de précieuses
informations sur la chefferie traditionnelle, les notions de fumu et kani, les
relations entre les Kani?i et les autres groupes ethniques de la région
de Franceville. D'autres informations concernaient les occupations des
indigènes, les faits coloniaux et les différents chefs de canton
de notre aire d'étude. Des précisions nous ont également
été apportées sur les critères de
désignation des chefs indigènes et les délégations
du pouvoir cheffal ainsi que sur l'interaction entre les nominations
anciennes et celles observées sous l'administration coloniale.
v A Leconi
Ø ENDELET
(Philippe),
- Né vers 1937 (67 ans environ),
Otåãå du village Tsuo, membre du clan Edjuani,
réside actuellement au quartier Mbama à Leconi, marié,
initié à ebagni?ß.
Entretien du dimanche 11 avril 2004 au quartier Mbama à
Leconi. Cet informateur intervient (avec l'accord de Jérôme
Ngayama) pour nous relater le mythe des origines de l'omfumu.
Ø NGAYAMA
(Jérôme),
- Né vers 1937 (67
ans environ), Otåãå du village Mbala, membre du clan
Ngalakele, réside actuellement au quartier Mbama à
Leconi, marié, père d'une nombreuse enfants, initié
à l'omfumu.
Entretien collectif du dimanche 11 avril 2004 au quartier
Mbama à Leconi. Informations sur : l'ethnonyme
"Otåãå", l'origine de l'omfumu, la chefferie
traditionnelle, notamment les notions de nkani, de
mfumu ; les relations entre les Atåãå et
leurs voisins ainsi que celles des Atåãå et l'administration
coloniale. Cet entretien est enregistré sur une bande sonore de soixante
minutes.
Ø OKOMO (Maurice),
- Né vers 1934 (70 ans environ),
Otåãå du village Lekori, élément du clan
Ngalasa, marié à la coutume tåãå,
résidant et chef du quartier Odjouma à Leconi, initié
à l'omfumu.
Entretien du dimanche 11 avril 2004 au quartier Odjouma. Les
informations recueillies concernaient les notions de kani, onfumu,
ebagni?ß et l'ordre successoral des fumu. Entretien
enregistré sur une bande sonore de trente minutes.
v A Moanda
Ø LOUNGOU
(Fernand),
- Né vers 1932 (72 ans environ), Awandji du village
Bakamba, membre du clan Muyu, réside actuellement au quartier
Fumier (Moanda) où il occupe les fonctions de chef ; marié,
retraité de la Comilog.
Entretien du mercredi 14 avril 2004 au quartier Fumier
(Moanda). Au cours de cet entretien, l'auteur nous a apporté plusieurs
renseignements sur l'origine commune des peuples de la région de
Franceville, sur la chefferie traditionnelle : la notion de bukumu, de
kumu, les critères traditionnels de désignation des chefs et les
relations inter-ethniques. Cet entretien est enrégistré sur une
bande sonore de soixante minutes.
I-2. Sources écrites
I-2.1. Sources imprimées
1. BALLAY (Noël du), De l'Ogooué au
Congo, compte rendu des séances de la Société de
Géographie, n° 9 et 10, Paris, 1985, pp.279-288.
2. BRAZZA (Pierre Savorgnan de),
« Voyages d'exploration de Savorgnan de Brazza,
Ogooué-Congo ». In : Revue maritime et
coloniale, 1888, T.77 (1) : pp.509-569, T 77 (2) : pp.175,
670-691.
3. BRAZZA (Pierre Savorgnan de), Au coeur de l'Afrique.
Vers les sources des grands fleuves 1875-1877, Editions
Phébus, Paris, 1992, 206 p.
I-2.2. Sources d'archives
I-2.2.1. Archives Nationales du Gabon
· Fonds de la Présidence de la République
gabonaise
Ø Politique indigène
Affaires administratives
- Carton n°27 : Arrêté promulguant le
décret du 31 mai 1910 portant réglementation de
l'indigénat en A.E.F., 1921 ;
- Carton n° 148 : Cadeaux politiques aux chefs de
terre et nomination de secrétaire de canton 1956 ;
- Carton n° 373 : Affaire concernant la nomination
des chefs, 1957 ;
- Carton n° 809 : organisation des chefferies
indigènes ;
- Carton n° 981 : Chefferie indigène
-circulaire, 1917-1937 ;
- Carton n° 1036 : Allocation des chefs, 1949 ;
- Carton n°1634 :Correspondance, décisions
relatives à l'organisation des chefferies dans le département de
Djouha, 1937-1941; notes sur les chefs du Gabon, 55 P.G.E. S.O..
- Carton n° 1731 : Initiation des indigènes
évolués aux fonctions politiques, 1939-1946 ;
- Carton n°1735 : Territoire du Gabon ;
circulaires et extraits d'arrêtés fixant le taux des allocations
des chefferies indigènes, organisation et répartition des
tâches, 1934-1935 ;
- Carton n° 1882 : Organisation des chefferies
indigènes, 1937-1942 ;
- Carton n° 2686 : A.E.F., Arrêté du 28
décembre 1936 portant organisation et réglementation de
l'administration locale indigène, modifié par arrêté
du 26 novembre 1937
Affaires judiciaires
- Carton n°61 : Composition des tribunaux
indigènes du Gabon, 1925-1926.
- Carton n°203 : Circulaire sur le fonctionnement de
la justice indigène, 1910.
- Carton n° 707 : Assesseurs des tribunaux
indigènes, 1942-1948.
- Carton n°1101 : Tribunaux indigènes,
1929-1932.
- Carton n° 1609 : Organisation de la justice
indigène au Gabon, 1916-1924.
- Carton n° 1645 : Décret du 29 mai -
réorganisation de la justice indigène en A.E.F., 1936.
- Carton n° 1903 : Projet de statut des chefs
coutumiers, 1950.
· Fonds des archives de Franceville.
Ø Généralités
Actes officiels
- Sous-série 2Db(I) 2.1 : Répertoire
dactylographié des textes réglementaires en A.E.F. jusqu'en
1949.
Ø Rubrique Administration générale et
affaires politiques.
Etudes générales
- Sous-série 2Db(I) 39.1 : Documentation
générale - quelques renseignements généraux sur
Franceville (croquis) ; queques dates sur l'organisation administrative de
la région du Haut-Ogooué [1958]
Affaires administratives (1945-1960)
- Sous-série 2Db(I) 40.2 : Organisation
administrative des territoires, cercles et postes. - Chronologie de
l'organisation administrative du Haut-Ogooué depuis sa création
jusqu'en 1947.
- Sous-série 2Db(I) 40. 3 : Organisation
administrative des territoires, cercles et postes. - Ministère de
l'Intérieur : Décrets portant délimitations de la
région du Haut-Ogooué (carte).
Politique générale
- Sous-série 2Db(I) 48. 1 : Tournée
des chefs de circonscriptions, département, subdivision du
Haut-Ogooué - rapport de tournée dans les régions Obamba
et Batéké situées à l'est et au sud-est de
Franceville : situation économique - situation sanitaire (9 p.), 22
juillet-5 août 1911.
- Sous-série 2Db(I) 48. 2 : Tournée
des chefs de circonscriptions, département, subdivision du
Haut-Ogooué - rapport de tournée chez les Bawoumbu (17 p.),
9-23 novembre 1915.
- Sous-série 2Db(I) 48. 3 : Tournée
des chefs de circonscriptions, département, subdivision du
Haut-Ogooué - rapport de tournée : subdivision de
Franceville (17 p.) 23 juin-31 juillet 1915.
- Sous-série 2Db(I) 48. 4 : Tournée des
chefs de circonscriptions, département, subdivision du
Haut-Ogooué - rapport de tournée : subdivision de
Franceville (5 p.), 1-31 décembre 1918.
- Sous-série 2Db(I) 48. 5 : Tournée
des chefs de circonscriptions, département, subdivision du
Haut-Ogooué. - Remarques sur le rapport de tournée de Franceville
à Lékoni : route Franceville-Lekoni. - Chefs
indigènes. - Transfuges (2 p.), 6-8 janvier, 12 mars 1941.
- Sous-série 2Db(I) 48. 18 : Tournée
des chefs de circonscriptions, département, subdivision du
Haut-Ogooué - Mentalité, chefferie, état des villages,
situation économique (11 p.), 11-20 mai 1954.
- Sous-série 2Db(I) 49. 1 : Rapport politique
dans le Haut-Ogooué - chronologie des principaux
événements depuis 1911-1943.
- Sous-série 2Db(I) 49.2 : Rapport politique dans
le Haut-Ogooué. - Circonscription des Bandjabi, subdivision de
Franceville : rapport d'ensemble, 1919.
- Sous-série 2Db(I) 49.3 : Rapport politique dans
le Haut-Ogooué. - Subdivision de Kimboto-Zanaga : rapport annuel,
1925.
- Sous-série 2Db(I) 49.4 : Rapport politique dans le
Haut-Ogooué (1950, 1952-1957).
- Sous-série 2Db(I) 49.5 : Rapport politique dans
le Haut-Ogooué. - District de Franceville, 1951.
- Sous-série 2Db(I) 49.8 : Instructions
poloitiques dans le Haut-Ogooué.- Au sujet de l'emploi des mots
"colonie" et "colonial", circulaire n°7653 du 2 septembre 1949.
Politique indigène (1926-1958)
- Sous-série 2Db(I) 50.1 : Plaintes, palabres,
requêtes adressées au chef de région du Haut-Ogooué,
1926, 1936-1952.
- Sous-série 2Db(I) 51.1 : Commandement
indigène du Haut-Ogooué. - Conseil des notables :
réunions et procès-verbaux, 1936-1954.
- Sous-série 2Db(I) 51.2 : Commandement
indigène du Haut-Ogooué. - Carnet de contrôle nominatif des
chefs indigènes dans le département : recensement
numérique par village, terre et canton 1937, 1939, 1943, 1953.
- Sous-série 2Db(I) 51.3 : Commandement
indigène du Haut-Ogooué. - Chefferies : récompense
pour services rendus par les chefs (1937-1939, 1954) ; nominations
(1937-1956).
- Sous-série 2Db(I) 51.4 : Commandement
indigène du Haut-Ogooué.- Chefferie : allocations des chefs,
1937-1958.
- Sous-série 2Db(I) 51.5 : Commandement
indigène du Haut-Ogooué. - Insignes de chefs de villages (1939,
1951-1955).
- Sous-série 2Db(I) 51.6 : Commandement
indigène du Haut-Ogooué. - Demande d'accession à la
dignité de notable évolué, 1945-1948.
- Sous-série 2Db(I) 52.1 : Commandement
indigène du Haut-Ogooué. - Réorganisation cantonale :
regroupement et délimitation des chefferie, allocations des chefs
(carte), 1948-1958.
Ø Justice (1920-1958)
- Sous-série 2Db(I) 54.1 : Tribunal
indigène de Franceville : rapport sur un meurtre fétichiste,
22 octobre 1920.
- Sous-série 2Db(I) 54.2 : Instructions
complémentaires relatives à l'application du décret du 29
avril 1927 réorganisant la justice indigène - Brazzaville,
imprimée oficielle, 1928, 55 p.
- Sous-série 2Db(I) 54.3 : Tribunaux de
2ème degré de Franceville : jugement rendus
(1941-1955).
- Sous-série 2Db(I) 54.4 : Tribunaux
coutumiers : fonctionnement, accession au statut civil de droit commun.
1945-1954.
- Sous-série 2Db(I) 54.5 : Tribunal de
2ème degré de Franceville. - Justice civile :
jujement d'appel.
I-2.3. Publications officielles
- J.O.A.E.F. du 15 février 1921 : discours
prononcé par le gouverneur général de l'A.E.F., Victor
Augagneur, à l'occasion de l'ouverture des travaux du chemin de fer
Brazzaville à Océan.
- J.O.A.E.F. du 29 novembre 1930 : arrêté du
19 décembre 1930, portant réorganisation administrative du
commandement indigène en A.E.F., p.1136.
II- Bibliographie
II-1. Ouvrages de méthodologie
COLLECTIF, Histoire générale de l'Afrique,
Volume I : Méthodologie et préhistoire africaine. Sous
la direction de Joseph Ki-Zerbo, Présence Africaine / Edicef /
Unesco, Paris ,1986 ,416 p.
COLLECTIF, L'Histoire et ses méthodes.
Encyclopédie de la pléiade, volume 11, publié sous la
direction de Charles Samaran, Gallimard, Paris, 1961, 1771 p.
MARROU (H-I), De la connaissance historique,
Seuils, Paris, 1954, 320 p.
METEGUE N'NAH (N.), Principes de l'oralistique.
Méthodologie des sources orales. Editions Raponda-Walker / CERGEP
Editions, Libreville, 2004, 64 p.
QUIVY (R.) et VAN CAMPENHOUDT (L.), Manuel de recherche en
sciences sociales. Dunod, Bordas, Paris, 1986, 271 p.
II-2. Ouvrages généraux sur l'Afrique et sur
la colonisation
AUTIN (J.), Pierre Savorgnan de Brazza : un
prophète du Tiers Monde, Librairie académique Perrin,
Paris, 1985, 425 p.
BRUNSCHWIG (H.), Brazza explorateur : l'Ogooué
1875-1879. Mouton et Compagnie, Paris-La Haye, 1966, 215 p.
- Brazza explorateur : les traités Makoko
(1880-1882). Paris, Mouton et Compagnie, La Haye, 1972, 502 p.
- Noirs et Blancs dans l'Afrique noire française ou
comment le colonisé devient colonisateur (1870-1914). Flammarion,
Paris, 1983, 243 p.
- L'Afrique noire au temps de l'empire
français : l'aventure coloniale de la France.
Destin-Croisés, Editions Denoël, Paris, 1988, 280 p.
BRUEL (G.), L'Afrique Equatoriale Française.
Larose, Paris, 1930, 253 p.
- La France Equatoriale Africaine : le pays, les
habitants, la colonisation, les pouvoirs publics. Larose, Paris, 1935. 435
p.
COLLECTIF, Histoire
générale de l'Afrique, volume VI : L'Afrique au XIXe
siècle jusque vers les années 1880. Sous la direction de
J.F. Ade Ajayi, Présence africaine/ UNESCO, 1997, 447 p.
COLLECTIF, Racines bantu, sous la direction de
Théophile Obenga et Simão Souindoula, CICIBA, Libreville, 1991,
pp.175-189.
COQUERY-VIDROVITCH (C.), Brazza et la prise de possession
du Congo : la mission de l'Ouest Africain 1883-1885. Paris,
Mouton et Compagnie, La Haye, 1969, 502 p.
- Afrique noire. Permanences et ruptures. Edition
Payot, Paris, 1985, 440 p.
CUREAU (A.), Les sociétés primitives de
l'Afrique Equatoriale. Armand Colin, Paris,1912, 412 p.
DESCHAMPS (H.), Les institutions politiques de l'Afrique
noire. « Que sais-je ? » n° 549, Presses
Universitaires de France, 3ème édition, Paris, 1962,
126 p.
DUBOIS (C.), Le prix d'une guerre. Deux colonies pendant
la première guerre mondiale (Gabon-Oubangui-Chari),1911-1923.
Peuples et pays d'Afrique tropicale. Institut d'histoire des
pays d'Outre-Mer, Université d'Aix- en - Provence,
894 p.
GUILLAUME (P.), Le monde colonial
XIXe-XXe siècle. Armand Colin, collection U,
Paris, 1974, 295 p.
HUGON (A.), Introduction à l'histoire de l'Afrique
cotemporaine. Armand Colin, Paris, 1998, 95 p.
KALCK (P.), Histoire de la République
Centrafricaine. Editions Berger-Levrault, Paris, 252 p.
KI-ZERBO (J.), Histoire de l'Afrique noire d'hier
à demain.Hatier, Paris, 1978, 768 p.
MAQUET (J.), Pouvoir et société en
Afrique. L'Univers des connaissances, Hachette, Paris, 1970, 254 p.
MAQUET (J.), BABA KAKE (I.), SURET-CANALE (J.), Histoire
de l'Afrique centrale des origines au milieu du X Xe
siècle. Présence Africaine, Paris,
1971, 256p.
MAZENOT (G.), Likouala- Mossaka: histoire de la
pénétration du Haut-Congo 1878-1920.Mouton et Compagnie,
Paris, la Haye, 1970, 455 p.
SANMARCO (L.), Le colonisateur colonisé. Souvenir
d'un gouverneur de la France d'Outre-Mer. Editions Pierre-Marcel Favre,
Paris, 1983, 229 p.
SAUTTER (G.), De l'Atlantique au Fleuve Congo. Une
géographie du sous-peuplement. République du Congo,
République gabonaise. Paris-Mouton et Compagnie. La Haye, 1966, 582
p.
II-3. Ouvrages et études sur le Gabon
II-3.1. Ouvrages sur le Gabon
ALIHANGA (M), Structures communautaires traditionnelles et
perspectives coopératives dans la société
Altogovéenne (Gabon). Typographie de l'Université
Pontificale Grégorienne - Rome, 1976, 625 p.
AMBOUROUE-AVARO (J.), Un peuple gabonais à l'aube
de la colonisation. Le Bas-Ogooué au XIX ème
siècle. Paris, Karthala -CRA, 1981, 285 p.
CABROL (C.), La civilisation des peuples
Batéké. Monaco, Multipress-Gabon, 1974, 94 p.
- Province du Haut-Ogooué, Multipress-Gabon,
Libreville, 1980,195 p.
- La remontée de l'Ogooué et la
découverte du Haut-Ogooué, Libreville, sans date, 24 p.
DESCHAMPS (H.), Traditions orales et Archives au
Gabon. Contribution à l'ethno-histiore, Editions
Berger-Levrault, Paris, 1962, 172 p.
GAULME (F.), le Gabon et son ombre. Editions
Karthala, Paris, 1988, 210 p.
M'BOKOLO (E.), L'Epopée téké au
Gabon. Coproduction Groupe de Recherche et d'Etudes sur les civilisations
du Haut-Ogooué (GRECHO) et Radio France Internationale
(coopération), Paris, 1989, 19 p.
MERLET (A.), Vers les plateaux de Masuku (1886-1890).
Histoire des peuples du bassin de l'Ogooué au temps de Brazza et des
factoreries, Libreville, Centre Culturel Français Saint
Exupéry, 1990, 489 p.
METEGUE N'NAH (N.), Economies et sociétés au
Gabon dans la première moitié du XIX ème
siècle. L'Harmattan, Paris, 1979, 97 p.
- L'implantation coloniale au Gabon :
résistance d'un peuple. Tome1. Editions L'Harmattan, Paris, 1981,
119 p.
- Lumière sur points d'ombre.Contribution à
la connaissance de la société gabonaise. Imprimerie
Guéniot, Langres, France, 1984, 73 p.
MOUBOUYI (R.), La voix des Ancêtres. Tome1.
Proverbes, légendes et totems gabonais. Multipress-Gabon,
Libreville, 1986, 119 p.
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II-3.2. Etudes sur le Gabon
II-3.2.1. Thèses de doctorat de 3ème
cycle et Thèses de doctorat d'Etat
BINGA (H.), Chefferie et territoires dans le sud est
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II-3.2.3. Rapports de Licence
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(14916-1910). Rapport de licence d'histoire, F.L.S.H., U.O.B.,
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ONGALA (S.R.), Administration coloniale, chefferie
indigène et relations inter-ethniques dans la région de
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II- 6. Notes (disponibles à la Fondation
Raponda-Walker)
BITON (A.), Les tribus du Gabon
(classification-dénomination diverse), sans lieu ni date, 4p.
KOUMABILA (J-R.), L' Epopée Teke au Gabon :
une histoire bancale. Libreville, 1er juin 2002, 15
p.
- Brève histoire des Ambaama et des Ondasa
d'Okondja au Gabon. Lastoursville, 26 et 27 juillet 2003, 8 p.
KOUMABILA (J.R.) & LOUBAMONO BESSACQUE (G.C.), Les
populations de la région de Franceville. Notes complémentaires
aux études d'André Raponda-Walker sur l'histoire du Gabon,
17 p.
I- Table des cartes
Carte n°1 : La région de
Franceville......................................................17
Carte n°2 : Carte des peuples
gabonais....................................................19
Carte n°3 : Carte ethnique de la région de
Franceville..................................23
Carte n°4 : Les cantons du district de Franceville
en 1959............................100
II- Table des tableaux
Tableau n°1 : Organisation administrative de la
colonie du Gabon, 1909...........89
Tableau n°2 : Réorganisation territoriale du
district de Franceville, 1958...........97
Tableau n°3 : Organisation territoriale du district
de Franceville, 1959...............98
Tableau n°4 : Les différents chefs de
station, de poste et de circonscription......101
Tableau n°5 : Les différents chefs de
subdivision et de district de la région de Franceville de 1910 à
1960pp.116-120..........................................104
III. Table des matières
Sommaire........................................................................................I
Dédicace........................................................................................II
Remerciements..............................................................................III
Avertissements..............................................................................IV
Liste des
abréviations......................................................................VI
Epigraphe....................................................................................VII
Introduction
générale.......................................................................1
PREMIERE PARTIE : L'ORGANISATION SOCIO-POLITIQUE
DES PEUPLES DE LA REGION DE FRANCEVILLE A LA VEILLE DE L'IMPLANTATION COLONIALE
(FIN XIXeme SIECLE).....................13
Chapitre I : LES DIFFERENTS PEUPLES DE
LA REGION DE FRANCEVILLE ET LEUR ORGANISATION SOCIALE A LA FIN
XIXEME
SIECLE.......................................................................................15
1. Une mosaïque
ethnique.................................................................15
1-1.Le groupe du
sud-est....................................................................20
1-2.les groupes
dispersés...................................................................22
2. Des sociétés
hiérarchisées..............................................................24
2-1.Les hommes
libres......................................................................24
2-2.Les semi-libres et les
étrangers.......................................................25
2-3. Les
esclaves.............................................................................25
chapitre II : L'ORGANISATION POLITIQUE
DES PEUPLES DE LA REGION DE FRANCEVILLE A LA FIN XIXEME
SIECLE......................................29
1.Les différentes chefferies de la région
de Franceville............................29
1-1. Une organisation en
villages-Etats...................................................29
1-2. les bases du pouvoir cheffal et les critères
traditionnels de choix des chefs...31
1-3. Le cadre de compétence de la
chefferie.............................................40
2. La hiérarchie des
chefs.................................................................44
2-1. Le fumu ã'osi ou nga
ã'osi............................................................43
2-2. Le fum'a puãu ou nga puãu et le
nkani.............................................43
2-3. Le fum'a ndzo, nga ndzo ou nga
m'baa.............................................46
Chapitre III : LES RELATIONS
INTER-ETHNIQUES DANS LA REGION DE FRANCEVILLE A LA FIN XIXEME
SIECLE..................................49
1.Les relations
d'alliance..................................................................49
1-1. La parenté et
l'amitié..................................................................49
1-2. Les relations
politiques................................................................57
1-3. Les relations de corps à travers les
sociétés secrètes et initiatiques.............58
2. Les autres types de
relations..........................................................61
2-1. Les relations
conflictuelles............................................................61
2-2. Les relations en fonction du milieu et de
l'histoire................................64
2-3. Les relations
d'échanges..............................................................68
DEUXIEME PARTIE : L'ETABLISSEMENT DE LA
DOMINATION COLONIALE ET L'ORGANISATION DE LA CHEFFERIE INDIGENE
(1910-1960)...................................................................................71
Chapitre IV : L'IMPLANTATION COLONIALE DANS LA
REGION DE
FRANCEVILLE............................................................................73
1.L'exploration du cours supérieur de
l'Ogooué et la création du premier poste
colonial................................................................................73
1-1. L'exploration du cours supérieur de
l'Ogooué....................................73
1-2. la création du premier poste
colonial................................................79
1-3. L'installation des sociétés concesionnaires et
des missionnaires................85
2. L'organisation de l'administration
coloniale......................................87
2-1. La reprise du poste de Franceville
(1910-1915)...................................87
2-2. Le découpage administratif de la région de
Franceville (1910-1960)..........88
2-3. La hiérarchie de l'administration coloniale dans la
région de Franceville....101
Chapitre V : L'ORGANISATION DE LA
CHEFFERIE INDIGENE DANS LA REGION DE FRANCEVILLE
(1920-160).....................................106
1.Les chefs de l'administration
générale..............................................106
1-1. Les chefs de terre, de canton ou de
tribus..........................................106
1-2. Les chefs de
villages..................................................................109
1-3. Les chefs de
quartiers................................................................112
2. Les chefs des tribunaux
coutumiers...............................................113
2-1. Le président (juge-président) ou conciliateur
.....................................115
2-2. Les
assesseurs..........................................................................116
2-3. Les assistants
techniques............................................................118
Chapitre VI : LES DIFFERENTS CHEFS
INDIGENE SUPERIEURS DE LA REGION DE FRANCEVILLE ET LEUR ACTION
(1920-1960)...............120
1.Les chefs indigènes supérieurs de la
région de Franceville.....................120
1-1.Les chefs indigène supérieurs et leur rayon
d'action.............................121
1-2.Les exigences de l'administration
coloniale.......................................127
2. La pratique des différents chefs
indigènes.......................................129
2-1. L'apport des chefs indigènes à
l'administration coloniale......................129
2-2. L'impact sur les populations
autochtones.........................................133
2.3. La naissance d'une nouvelle
donne.................................................139
Conclusion
générale......................................................................141
Annexes....................................................................................144
Sources et
Bibliographie................................................................196
Tables
...........................................
............................................217
* 1 En 1884-1885, les
plénipotentiaires de la plupart des pays européens se
réunissent à Berlin afin de déterminer les possessions de
leurs Etats respectifs sur le continent africain.
* 2 Gabon: ici, c'est le pays
des Mpongwè et de leurs voisins. NB : Sur le littoral, d'autres
traités ont été signés, notamment le traité
du 27août 1843 avec Kaka Anguilè Rapono dit roi Quaben, celui du
28 mars 1844 entre le capitaine Darricau et Rendambo dit roi Glass.
* 3 GAULME ( F.), le
Gabon et son ombre. Editions Karthala, Paris, 1988, p.87.
* 4 COLLECTIF, Histoire
générale de l'Afrique, volume VI : L'Afrique au
XIXe siècle jusque vers les années 1880. Sous la
direction de J.F. Ade Ajayi, Présence africaine/ UNESCO, 1997, p.411.
* 5 C' est le nom
donné par les populations au cours supérieur de l'Ogooué.
Lebani est la direction vers laquelle toutes les populations du sud-est du
Gabon convergent. Principale voie de communication sur laquelle débouche
tout le réseau hydrographique de la région, Lebani ou
l'Ogooué a été, pour les uns, la voie de passage, pour
les autres, le but idéal, pour certains un obstacle et pour les autres
une défense.
* 6 Guillaume ( P.), Le
monde colonial XIXe-XXe siècle. Armand Colin,
collection U, Paris, 1974, pp. 137-138.
* 7 J .O .A. .E .F. du
15 février 1921: Discours prononcé par le gouverneur
général de l'A.E.F., Victor Augagneur à l' occasion de
l'ouverture des travaux du chemin de fer Brazzaville à l'Océan.
p.126.
* 8 Sonnet Azizet (R.G.
), Répertoire sous série 2Db(I) Franceville (1910-1965) ,
vol.1, Libreville, 2001, p.13.
* 9 MAQUET (E.), BABA KAKE
(I.), SURET- CANALE (J.), Histoire de l'Afrique centrale des origines au
milieu du X Xe siècle. Présence
Africaine, Paris, 1971, p.183.
* 10 KI-ZERBO ( J.),
l'Afrique noire d'hier à demain. Hatier, Paris, 1978, p. 27.
* 11 Brunschwig (H.),
L'Afrique noire au temps de l'Empire français : l'aventure
coloniale de la France. Destins-croisés. Ed. Denoël, Paris ,
1988 , p.14.0
* 12 Idem, p.119.
* 13 N'ghémi est la
déformation du nom de l'un des plus influents chefs ndumu de la
région : Nguimi (Nguimi-A-Mburu). Ce dernier, au terme de l'accord
avec Pierre Savorgnan de Brazza, lui offrit une portion de son territoire
et mit à sa disposition des hommes et des femmes pour effectuer les
premiers transports à dos d'hommes.
* 14 BRUNSCHWIG (H.),
L'Afrique noire au temps de l'Empire français : l'aventure
coloniale de la France, op.cit., p. 123.
* 15 Auvergne :
région française comprenant les départements de l'Allier,
du Cantal, de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme. L'Auvergne recouvre le
centre et une partie du nord du massif central ; le relief est
varié.
* 16 METEGUE N'NAH (N.),
L'implantation coloniale au Gabon : résistance d'un
peuple. Tome1. Editions L'Harmattan, Paris, 1981, p. 7.
* 17 COQUERY-VIDROVITCH
(C.), Brazza et la prise de possession au Congo : la mission de
l'Ouest Africain1883-1885. Paris, la Haye, Mouton, 1969, 502
p.
* 18 LEPEBE (J.),
Occupation coloniale française dans le Haut-Ogooué(Gabon)
1880-1946. Mémoire de maîtrise d'histoire, F.L.S.H.,
Université Omar Bongo, Libreville, septembre 1985, 215 p.
* 19 ALIHANGA (M),
Structures communautaires traditionnelles et perspectives
coopératives dans la société
Altogovéenne(Gabon). Typographie de l'Université Pontificale
Grégorienne-Rome, 1976, 625 p.
* 20RAYMOND (G.),
« la plus riche des colonies pauvres , la politique
monétaire et fiscale du Tchad 1900-1920 »,in revue
Canadienne des Etudes Africaines, vol . XVI, n° 1, pp. 93-102.
* 21CHARNAY ( R.), La
terre des adieux, Paris, Olivier Orban, 1983, 324 p.
* 22 METEGUE N'NAH (N.),
Histoire de la formation du peuple gabonais et de sa lutte contre la
domination coloniale 1839-1960. Thèse de doctorat d'Etat
ès lettres et sciences humaines. Université de Paris I, Sorbonne,
Paris, 1994, 852 p.
* 23BRUNSCHWIG (H.),
Noirs et Blancs dans l'Afrique noire française ou comment le
colonisé devient colonisateur (1870-1914). Flammarion, Paris, 1983,
243 p.
* 24 BINGA (H.),
Chefferie et territoires dans le sud-est du Gabon
(Haut-Ogooué). Thèse de doctorat de troisième
cycle en géographie et aménagement du territoire.
Université de Pau et des pays de l'Adour, 1998, 640 p.
* 25Lendoyi-li-Bangwali est
le premier chef de tribu le plus influent de la région du
Haut-Ogooué (subdivision de Franceville) nommé par
l'administration coloniale en 1920. Il convient de souligner que la notion
de « tribu » est utilisée par
l'administration coloniale afin de classer les peuples dans une région
précise. C'est ainsi que les Ambaama, Atåãå, Awandji,
Bakani?ß ,Bandjabi, Bandumu, Bungom, Bewumvu, Mba?ß,
Batsångi, etc.,vivant dans le Haut-Ogooué, constituaient la
tribu du Haut-Ogooué dont le chef ( de 1920 à 1931) fut
Lendoyi-li-Bangwali.
* 26 Le terme " oralistique"
a été conçu depuis 1980 par le Professeur Nicolas Metegue
N'Nah. Il l'a forgé à partir d'un mot latin qui en constitue la
racine. C'est le mot « os»,
« oris » qui se traduit en français par la
" bouche". Selon cet auteur, « l'oralistique peut, très
succinctement, être définie comme étant la science des
sources orales, c'est-à-dire comme une discipline dont l'objet principal
est d'étudier, en vue d'une meilleure connaissance et, bien sûr,
d'une meilleure utilisation, des actes oraux ».Voir Metegue N'nah
(N.), Principes de l'oralistique. Méthodologie des sources
orales. Editions Raponda-Walker / CERGEP Editions, Libreville, 2004.
p.19.
* 27 Ndouomi
(André), entretien du vendredi 25 avril 2003 au quartier Dialogue
(Franceville).
* 28 Mokikali dit Ossabigui
(Jean), entretien du 26 avril 2003 au quartier Mbaya (Franceville).
* 29 BRUNSCHWIG (H.),
Noirs et Blancs dans l'Afrique noire française ou comment le
colonisé devient colonisateur (1870-1914), op.cit., p.73.
* 30 Nous sommes dans un
contexte de concurrence, de rivalité entre Stanley et Pierre Savorgnan
de Brazza. C'est l'époque de la rivalité franco-anglaise dans la
course au domaine colonial.
* 31 BRAZZA (P.S), Au
coeur de l'Afrique : vers les sources des grands fleuves 1875-1877,
Editions Phébus, Paris, 1992, p.197.
* 32 POURTIER (R.) , Le
Gabon : Tome 2.Etat et développement. Editions l'Harmattan,
Paris, 1987, p.43.
* 33 Voir carte
n°1 : la région de Franceville, p. 17.
* 34 LOTTE (A.-J.),
« Situation démographique du district de Franceville
(Gagon) ». In Bulletin périodique de l'Institut d'Etudes
Centrafricaines, n°1 , 1950, p.163.
* 35 Idem ,
p.164.
* 36 SAUTTER (G.), De
l'Atlantique au Fleuve Congo. Une géographie du sous-peuplement
.République du Congo , République gabonaise . E.P.H.E. ,
Paris-Mouton , la Haye, 2 vol, 1966, Tome 1, p. 242.
* 37 BINGA (H.),
Chefferie et territoires dans le sud-est du Gabon
(Haut-Ogooué), op .cit., p.123.
* 38 BITON (A.), Les
tribu du Gabon (classification-dénomination diverse).Slnd, 4p.
* 39 ADAM (R.P.J.-J .),
« Dialectes du Gabon, la famille des langues
tékés ». In Bulletin d'Etudes Centrafricaines,
nouvelle série, n°5 ,7 et 8 , 1954, pp. 33-108.
* 40 MILLETTO
(Dr.), « Notes sur les ethnies de la région du
Haut-Ogooué ». In Bulletin d'Etudes Centrafricaines,
nouvelle série, n°6 , 1956 , ORSTOM , Paris, pp.
19-48.
* 41 LOTTE (A.-J.),
« Situation démographique du district de Franceville
(Gagon) », op.cit., pp. 68-69.
* 42 M'BOKOLO (E.),
L'Epopée téké au Gabon. Coproduction Groupe de
Recherche et d'Etudes sur les civilisations du Haut-Ogooué (GRECHO) et
Radio France Internationale (coopération), Paris, 1989, p. 19
* 43 JACQUOT (A.),
« Le Gabon ». In inventaire des études
linguistiques sur les pays d'Afrique noire d'expression française et sur
Madagascar, sous la direction de D.Barreteau, Paris, C.I.L.F., 1978,
pp.449-503.
* 44 KWENDZI-MIKALA (
J.-T.), Contribution à l'inventaire des parlers bantu du Gabon,
Pholia, vol.2, 1987, p.103.
* 45 GAULME ( F.), le
Gabon et son ombre, op.cit., p. 8.
* 46 DESCHAMPS ( H.),
Traditions orales et archives au Gabon. Contribution à
l'ethno-histiore, Editions Berger-Levrault, Paris, 1962, p.18.
* 47 Voir p.19.
* 48DESCHAMPS ( H.),
Traditions orales et archives au Gabon.Contribution à
l'ethno-histiore, op.cit., p.18.
* 49 Idem, pp. 60.
* 50 Idem, p18 et p. 50.
* 51 Voir carte n°3 :
carte ethnique de la région de Franceville, p. 25.
* 52 LOTTE (A.-J.),
« Situation démographique du district de Franceville
(Gagon) », op.cit., op.cit., pp. 68-69.
* 53 DESCHAMPS ( H.),
Traditions orales et archives au Gabon. Contribution à
l'ethno-histiore, op.cit., p.18.
* 54 ALIHANGA (
M .), Structures communautaires traditionnelles et perspectives
coopératives dans la société Altogovéenne
(Gabon), op.cit., p.65.
* 55 OLIGUI (S.),
L'histoire des Atègè des confins du Gabon et du Congo de la
fin du XV ème siècle au début du XX ème
siècle (14916-1910). Rapport de licence d'histoire, U.O.B.,
Libreville, septembre 1995, p.10.
* 56 Ibid.
* 57 Okolo,
littéralement « la fatigue », est le nom
donné au pays Bakani?í compris entre les rivières M'vuna
(affluent de l'Ogooué près de Franceville) et
Lekaâß, rivière qui se jette dans la Lekey (affluent de
l'Ogooué sur la rive droite).
* 58MILLETTO (Dr.),
« Notes sur les ethnies de la région du
Haut-Ogooué », op.cit., p.32.
* 59 Cf carte
n° 3, p.23.
* 60 MILLETTO (Dr.),
« Notes sur les ethnies de la région du
Haut-Ogooué », op.cit., p. 34.
* 61 RAPONDA WALKER
(A.), Notes d'Histoire du Gabon. Suivi de toponymie
de l'Estuaire, Libreville et topographie du Fernan-vaz , Port-Gentil.
Editions Raponda-walker / Multipress Libreville (Gabon), 1996, p. 235.
* 62 ALIHANGA (M.),
Structures communautaires traditionnelles et perspectives
coopératives dans la société Altogovéenne (Gabon),
op.cit, p.158.
* 63 MAZENOT (G.),
Likouala- Mossaka: histoire de la pénétration du Haut-congo
1878-1920.Mouton et Compagnie, Paris, la Haye, 1970, p.110.
* 64 Le petit Larousse,
Larousse / VUEF 2001, p. 335.
* 65 Dictionnaire
Encyclopédique Hachette, tome1.Editons alpha, Paris, 1992, p.460.
* 66 ALIHANGA ( M.),
Structures communautaires traditionnelles et perspectives coopératives
dans la société Altogovéenne (Gabon),
op.cit., p.248.
* 67 ANGANGO (P.), Entretien
du 24 avril 2004 à Okouma (district d'Andjogo) à 64 kms de
Franceville.
* 68 Idem, lignes d
à h.
* 69 LOUNGOU (F.), Entretien
du 14 avril 2004 au quartier Fumier, à Moanda.
* 70 ALIHANGA ( M.),
Structures communautaires traditionnelles et perspectives coopératives
dans la société Altogovéenne (Gabon),
op.cit., p.159.
* 71 DESCHAMPS (H.), Les
institutions politiques de l'Afrique noire. 3ème
édition, « Que sais-je ? » n°549, Presses
Universitaires de France, Paris, 1962, p.24.
* 72 Dictionnaire
Encyclopédique Hachette .Edition Alpha, Paris, 1992, p.468.
* 73 Ibid.
* 74 ROSSATANGA-RIGNAULT (G.),
L' Etat au Gabon : histoire et institutions . Editions
Raponda-Walker, Libreville, 2000, pp.10-11.
* 75 METEGUE N'NAH (N.),
Economies et sociétés au Gabon dans la première
moitié du XIXème siècle. L'Harmattan,
Paris, 1979, p.17.
* 76 Témoignages
concordants de Lebama Anatole (entretien du 9 février 2002 au quartier
Maba à Franceville) , de Lendira Théodore (entretien du 23 avril
2003 au quartier Angoubou , Franceville ), de Ndjabimba Paul (entretien du
1er mai 2003 au village Mindili à Okoloville, à 2O
kms de Franceville), de Loungou Fernand (entretien du 14 avril 2004 au quartier
Fumier à Moanda ) et de Jérôme Ngayama (entretien du
11 avril 2004 au quartier Mbama à Leconi).
* 77Les termes
"fumu", " mfumu", "kumu",
"nkani", "kaanu" et "kumà" désigne celui qui
règne, commande ou gouverne. En effet, l'initiation dans l' une des
sociétés secrètes,
"befumu", " omfumu", "onkani"
et "mungala", est une forme d'intronisation qui donne à
une personne le titre de "fùmu"ou de "nga". C'est le cas du
« fùm' osi » , « fùm' a
puãu», « fùm'a ndzo», soit,
littéralement : « chef de la terre »,
« chef du village », « chef de
famille » ou « nga puãu »,
« nga bola », c'est-à-dire : « chef
ou propriétaire du village ».
* 78 LENDIRA (T.), Entretien
du 23 avril 2003 au quartier Angoubou (Franceville).
* 79 ENDELET (P.), Entretien
du dimanche 11 avril 2004 à Leconi.
* 80LEBAMA (A.),Entretien
réalisé par Yabighui Philippe le 9 janvier 2002 au quartier Maba
(Franceville).
* 81Idem, ligne e
à s.
* 82 Idem, ligne t
et u.
* 83 BINGA (H.),
Histoire de la chefferie ndumu de 1879 à 1858. Mémoire
de maîtrise d'histoire , U.O.B., F.L.S.H., Libreville, septembre 1989,
p.44.
* 84MOKIKALI dit
ossaâßãß (J.), Entretien du 25avril 2003
au quartier Maya (Franceville).
* 85 Voir lignes a, b, c, d,
e, f et g.
* 86 ANGANGO (P.), Entretien
du 24 avril 2003 au village Okouma, district d'Andjogo (à 64 kms de
Francelle).
* 87 MAVOUNGOU BOUYOU (M.),
« La terre au coeur des conflits : cas du Gabon
(XVIIème-XXème siècle) ».
In les Cahiers d'Histoire et Archéologie, n°6, juin
2004, p.76.
* 88 Le clan constitue la
pierre angulaire des sociétés de l'Afrique équatoriale
précoloniale. Il se compose de tous les lignages se réclamant
d'un ancêtre commun et dont le fùm'osi est le descendant
le plus direct. En d'autres termes, le clan peut être
considéré comme une réalité sociale,
économique et religieuse. Il constituait et constitue encore, chez
certains peuples, la parenté essentielle des individus. Il dominait et
ordonnait toutes les relations sociales non seulement entre ses membres mais
également entre ceux-ci et les étrangers. C'est pourquoi, dans la
région de Franceville, chaque individu devait obligatoirement
décliner son identité, car le clan c'est la
nationalité.
* 89 MAZENOT (G.),
Likouala-Mossaka : histoire de la pénétration du Haut-Congo
1878-1920, op.cit., p.172.
* 90 NDOUOMI (E.), Entretien
du 14 avril 2003 au quartier Dialogue (Franceville).
* 91 COLLECTIF,
Histoire générale de l'Afrique : I.
Méthodologie et préhistoire africaine. Sous la direction de
KI-ZERBO (J.), Présence Africaine /
Edicef / Unesco, Paris ,1986 , p.89.
* 92 Sayaka (Saiak selon
l'administration coloniale) était l'une des subdivisions de la
circonscription du Haut-Ogooué. Elle se situait dans l'actuelle
région sud de Franceville et était riche en vivres. Cette
région était composée d'une population
hétéroclite, notamment les Kani?ß-ba-Ikòlò
dont le chef Kaliãa (ligne 6), les Mba?ß, les Wumvu et
probablement des Babongo (la partie ouest de cette région était
habitée par les Tsengi, Ndzèbi, Awandji et Bungom.) que la
disette illustrée dans le présent texte contraignit les peuples
du sud-Sayaka à la recherche des lieux plus hospitalières (lignes
40 à 54).
* 93 Nom du territoire
Kani?ß (Kani?ß-ba-Ikòlò) du sud de Franceville et
l' est de l'Ogooué, où ils sont respectivement voisins des
Mba?ß, Wumvu et Babongo.
* 94 Tsaapi est un
fusil de fabrication locale.
* 95 Le
Moyaâß ou Moabi est l'appellation locale
du Destemonatus benthamianus, qui est une essence appartenant à
la famille des Euphorbiacées.
* 96 Appellation de la
maison commune des hommes, siège de l'autorité cheffale que les
colonisateurs ou voyageurs européens ont improprement appelé
« corps de garde » ou « hangar ».
Bâtit en plein milieu de la cour, dans un village, elle était
représentative des différents segments de lignages ou de
lignages. C'était aussi des lieux de repas après les travaux
champêtres. C'était également le lieu de rencontre, le soir
venu, pour causer de tout; le lieu où les hommes passaient la
journée. En outre, elle servait de tribunal et parfois de pensionnat
pour les badauds et les étrangers. Les femmes se gardaient d'y
pénétrer surtout pendant leur période des menstrues car,
est-on encore convaincu qu'elles souillent, parce que impures.
* 97 C'est la détonation
d' un coup de feu.
* 98 NDJABIMBA (P.),
Entretien du 1er mai 2003 au village Mindili à Okoloville.
* 99 Idem, lignes
26 et 29 à 34.
* 100 MOKIKALI
dit Ossaâßãß (J.), Entretien
du 26 avril 2003 au quartier Maya (Franceville).
* 101NDJABIMBA (P.),
Entretien du 1er mai 2003 au village Mindili à Okoloville,
lignes 51 à 54.
* 102 Assentiment des anciens
du village . C'est un accord collectif, une justification qui va dans l'ordre
du respect du chef.
* 103 Voir note n°98,
p.36.
* 104 LOUNGOU (F.), Entretien
du 14 avril 2004 au quartier Fumier (Moanda).
* 105 NDJABIMBA (P.),
Entretien du 15 avril 2004 au village Mendili, regroupement d'Okoloville
(à 20Kms au nord de Franceville).
* 106 Lignes 6 à
12, 18, 22 à 28 et 43, 44, 58, 59 (de l'extrait de celui de Fernand
Loungou, pp. 37-38.) et lignes 3, 7 à 13, 25, 26 et 32 à 40 (de
celui de Paul Ndjabimba, pp. 38-39).
* 107LOUNGOU (F.) &
NJABIMBA (P.), témoignages sus-cités respectivement ligne
ligne 10 et 41 (p.37) et .3 ( p.38.) NB. Ces propos
rejoignent ceux de Pierre Angango lorsqu'il dit : «onkumu o
maka na m'vuru ti leya le mami 'a m' osi ` aso tout », soit,
littéralement, « le pouvoir (l'autorité, la
chefférie), c'est la connaissance de toutes les choses du
« pays » par une personne ».
* 108NDJABIMBA (P.),
Entretien du 15 avril 2004 au village Mendili, regroupement d'Okoloville
(à 20Kms au nord de Franceville). Voir l'extrait du témoignage
sus-cité, lignes 8 et 9, p.38.
* 109 METEGUE N'NAH (N.),
Economies et sociétés au Gabon dans la première
moitié du XIX ème siècle, op.cit, p.
27.
* 110 NDJABIMBA (P.),
Entretien du 15 avril 2004 au village Mendili, regroupement d'Okoloville
(à 20Kms au nord de Franceville). Voir l'extrait du témoignage
sus-cité, p.38-39.
* 111 Témoignages
concordants de Ndjabimba Paul (entretien du 15 avril 2004 au village Mindili
à Okoloville), Ndagui Clotilde(entretien du 16 avril 2004 au quartier
Dialogue à Franceville), Angango Pierre (entretien du 23 avril 2003 au
village Okouma , district d'Andjogo), Kouma Claude Thierry (entretien du 16
novembre 2004 à la biblithèque universitaire centrale de l'U.O.B.
(Libreville)), Boukala Paul Marie (entretien du 6 novembre 2004 au campus
universitaire de l'U.O.B. (Libreville)).
* 112 NGARI (M.), Entretien
du 2 octobre 2004 à Awendje (Libreville).
* 113MBOUMOUNOU (A.),
Entretien du 10 avril 2004 au village Mindili à Okoloville (20 Km de
Franceville).
* 114 NGAYAMA (J.) ,
Entretien du 11avril 2004 au quartier Mbama à Leconi.
* 115 Mboumounou (A.) ,
Entretien du 10 avril 2004 au village Mindili à Okoloville.
* 116LOUNGOU (F.),
Entretien du 14 avril 2004 au quartier Fumier ( Moanda), lignes 33 à 40,
l'extrait du témoignage cité aux pages 37-38.
* 117Ngwalandji (M.),
Entretien du 30 avril 2003 à Mindili, Okoloville (Franceville).
* 118 Pourtier (R.), Le
Gabon : tome1, Espace-histoire-société, op.cit.,
p.161.
* 119 Autin ( J.),
Pierre Savorgnan de Brazza : un prophète du Tiers Monde,
Librairie académique Perrin, Paris, 1985, p.92.
* 120 ALIHANGA ( M.),
Structures communautaires traditionnelles et perspectives
coopératives dans la société Altogovéenne
(Gabon), op.cit., p.243.
* 121 Even (A.),
« Le caractère sacré des chefs chez les Babamba et les
Mindassa d'Okondja (Moyen-Congo) ». In : Journal des
africanistes, tome VI, fascicule II, 1936, p.188.
* 122 Deschamps (H.),
Les institutions politiques de l'Afrique noire, op.cit., p.27.
* 123 Even (A.),
« Le caractère sacré des chefs chez les Babamba et les
Mindassa d'Okondja (Moyen-Congo) », op.cit., p. 191.
* 124 Idem.,
p.193.
* 125 Deschamps (H.),
Les institutions politiques de l'Afrique noire, op.cit., p. 27.
* 126 Moubouyi (R.), La
voix des Ancêtres. Tome1. Proverbes, légendes et totems
gabonais. Multipress-Gabon, Libreville, 1986, p.89.
* 127 Binga (H.),
Chefferie et territoire dans le Sud-Est du Gabon (Haut-Ogooué).
Tome1, op.cit., p.184.
* 128 Koumabila (J-R.),
L' Epopée Teke au Gabon : une histoire bancale.
Libreville, le 1er juin 2002, p.11. Inédit.
* 129Ndjabimba (P.),
Entretien du 29 avril 2003 à Okoloville (Franceville).
* 130 Even
(A.),« Le caractère sacré des chefs chez les Babamba et
les Mindassa d'Okondja (Moyen-Congo) », op.cit.,p.186.
* 131 MAVOUNGOU BOUYOU (M.),
« La terre au coeur des conflits : cas du Gabon
(XVIIème-XXème
siècle) », op.cit, p.77.
* 132 BINGA (H.),
Chefferie et territoire dans le Sud -Est du Gabon. Tome 1,
op.cit, p.192.
* 133 La parenté, au
sens courant, est l'ensemble des personnes considérées comme
parents par un individu donné (on dit encore la parentèle). Au
sens anthropologique, la parenté désigne l'ensemble des
relations définies par la filiation (descendants, ascendants consanguins
d'un même ancêtre) et par l'alliance et les relations qui en
découlent. Il s'agit ici d'une parenté élargie
englobant tant le côté maternel que le côté paternel
On peut ainsi être parent et être des villages, d'ethnies
différents. Cf le terme " osi " à la page 41.
* 134 LOUNGOU (F.),
Entretien du 14 avril 2004 au quartier Fumier (Moanda).
* 135Ibid .
* 136 NGOMO (T.),
Contribution à l'histoire des Tsengi. Mémoire de
maîtrise d'histoire, U.O.B., F.L.S.H., Libreville, octobre 1984, pp
11-13.
* 137 MOUBOUYI ( R.),
La voix des Ancêtres. Tome1. Proverbes, légendes et
totems gabonais, op.cit, pp. 91-92.
* 138 LOUNGOU (F.),
Entretien du 14 avril 2004 au quartier Fumier (Moanda), lignes 7 à 12
et 120 à 125.
* 139 Idem, lignes
14 , 15, 17 , 105, 108 , 109, 126.
* 140 Idem,
ligne 107.
* 141 Idem, lignes
73 à 77.
* 142 BRAZZA ( P. S. de),
Au sources de l'Afrique .Vers la source des grands fleuves
1875-1877. Editions Phébus, Paris , 1992, p.156.
* 143 LOUNGOU (F.),
Entretien du 14 avril 2004 au quartier Fumier (Moanda), lignes 1 à
84.
* 144 Idem, lignes
62 à 66.
* 145 Mokikali dit
Ossaâßãß (J.), Entretien du 25 avril 2003 au quartier
Mbaya à Franceville. Ce témoignage concorde avec ceux de Angango
Pierre (entretien du 24 avril 2003 au village Okouma (district d'Andjogo
à 64 kms de Franceville) et de Ndjabimba Paul (entretien 1er
mai 2003 au village Mindili à Okoloville (20 kms de Franceville).
* 146 Idem, Lignes
2 à 7.
* 147 Idem, lignes
8 à 15.
* 148Témoignages
concordants de Ndouomi A (Entretien du 25 avril 2003 au quartier Dialogue
Franceville), Ndjabimba P., Moutélé A. (entretien du 30avril 2003
au village Mindili, regroupement d'Okoloville), d'Okologho S. (entretien du 23
avril 2003 au quartier Menaye à Franceville, réalisé par
Yabighui Philippe) et Mboumounou A.(entretien du 10 avril 2004 au village
Mindili, regroupement d'Okoloville).
* 149 Témoignages
concordants de Moutélé A. (entretien du 30 avril 2003 au village
Mindili à Okoloville), Kouatsi D. (entretien du 23 avril 2003 au
quartier Maboukou à Franceville) et Angango P. (entretien du 24 avril
2003 à Okouma, district d'Andjogo à 64 kms de Franceville).
* 150 METEGUE N'NAH
(N.), Lumière sur points d'ombre. Contribution à la
connaissance de la société gabonaise . Imprimerie
Guéniot, Langres, France, 1984, p.24.
* 151 NGAYAMA
(J.), Entretien du 11avril 2004 au quartier Mbama à
Leconi.
* 152 Idem, lignes
g, i, u, v.
* 153 Idem, ligne
s.
* 154 ENDELET (P.) ,
Entretien du 11avril 2004 au quartier Mbama à Leconi.
* 155 DESCHAMPS (H.),
Traditions orales et archives au Gabon. Contribution à
l'ethno-histoire, op.cit, p.17.
* 156 GNAMALENGOUNGOU (H.),
Entretien du 28 novembre 2004 au quartier Diba-Diba-Charbonnages
(Libreville).
* 157 C'est une des
variété dialectale du lembama (on dit, en réalité
Mbedé ou Mbété)
* 158 Brazza appelait ainsi
les Ndumu (Mendumu).
* 159 Brazza (P. S. de),
Au coeur de l'Afrique. Vers la source des grands fleuves 1875-1877,
op.cit., p.179.
* 160NDJABIMBA (P.) &
MOUTELE (A.), Entretien du 30 avriil 2004 à okoloville ( Frnceville).
* 161 AMBOUROUE-AVARO (J.),
Un peuple gabonais à l'aube de la colonisation. Le Bas-Ogooué
au XIXè siècle. Paris Karthala -CRA, 1981,
p.74.
* 162 RAPONDA WALKER
(A .) & SILLANS (R.), Rites et croyances des peuples du
Gabon : essai sur les pratiques religieuses d'autrefois et
d'aujourd'hui. Présence Africaine, Paris, 1962, p. 21.
* 163 DIVASSA NYAMA (J.),
Entretien du 26 août 2004 à la Fondation Raponda-Walker
(Libreville).
* 164 TULU KIA MPANSU
BUAKASA, « Croyances et connaissances ». In :
COLLECTIF, Racines bantu Sous la direction de Théophile Obenga
et Simão Souindoula, CICIBA, Libreville, 1991, pp.186.
* 165 RAPONDA-WALKER (A.)
& SILLANS (R.), Rites et croyances des peuples du Gabon : essai
sur les pratiques religieuses d'autrefois et d'aujourd'hui,
op.cit., p.232.
* 166 METEGUE N'NAH (N.),
Histoire de la formation du peuple gabonais et de sa lutte contre la
domination coloniale 1839-1960, op.cit., p.43.
* 167 Selon De Brazza,
« le prix d'un esclave est minime : il coûte deux
kilogramme de sel, un bassin en cuivre, deux pagnes, des colliers : en
tout, environ dix francs, valeur d'Europe ». Voir BRAZZA (P.S. de),
Au coeur de l'Afrique. Vers la source des grands fleuves 1875-1877,
op.cit., p.145.
* 168 BRAZZA ( P.S. de ),
Au coeur de l'Afrique.Vers la source des grands fleuves 1875-1877,
op.cit., p.157.
* 169 ALIHANGA (M.),
Structures communautaires traditionnelles et perspectives
coopératives dans la société Altogovéenne
(Gabon), op.cit., p. 67.
* 170 Ndouomi A. (entretien
du 25 avril 2003 au quartier Dialogue Franceville), Ndjabimba P. ,
Moutélé A. (entretien du 30avril 2003 au village Mindili,
regroupement d'Okoloville), Lebama Anatole et Okologho S. (entretiens du 9
janvier 2002 au quartier Maba et du 23 avril 2003 au quartier Menaye
à Franceville, réalisé par Yabighui Philippe) et Loungou
Fernand (entretien du 14 avril 2004 au quartier Fumier à Moanda) et de
Kouatsi D. (entretien du 23 avril 2003).
* 171 MILLETTO (Dr.),
« Notes sur les ethnies de la région du
Haut-Ogooué», op.cit, pp.28, 30 et 31.
* 172 METEGUE N'NAH (N.),
Lumière sur points d'ombre. Contribution à la connaissance de
la société gabonaise, op.cit., p.28.
* 173 CUREAU (A.), Les
sociétés primitives de l'Afrique Equatoriale. Paris, A.
Collin, 1912, 412 p.
* 174 DESCHAMPS (H.),
Traditions orales et archives au Gabon.Contribution à
l'ethno-histoire, op.cit.,p.50-140.
* 175 ALIHANGA (M.),
Structures communautaires traditionnelles et perspectives
coopératives dans la société Altogovéenne
(Gabon), op.cit., pp.57-86.
* 176 CABROL ( C.),
Province du Haut-Ogooué. Multippress Gabon, Libreville, 1980,
pp. 47-60.
* 177 RAPONDA-WALKER
(A.), Notes d'Histoire du Gabon. Mémoire de l'Institut
d'Etudes Centrafricaines, n°9, 1969, pp. 49-54.
* 178 KOUMABILA (J.R.), "
L'épopée Téké au Gabon" :une histoire
bancale. Libreville, 1er juin 20002, Inédit,
pp.5-8.
* 179
Ngàkà-na Mwuâà : ce sont les deux montagnes
situées dans la région Est de Franceville proche des villages
Ondili (m'pùã'Enkoro ou village du chef de canton obamba Mikoto
Edouard) et Kellé. Ces deux grandes montagnes, aux dires de nos
informateurs, marquent une étape décisive de la migration du
peuple Kani?ì avant leur implantation sur le territoire d'Okolo entre
1650 / 1695 et 1730 environ. C'est sur ces montagnes que le groupement de
personnes fuyant les Mboshi construisirent leurs premiers villages et
portèrent l'ethnonyme et l'identité Bakani?ì. Ils
abandonnèrent ces habitations et se dispersèrent à cause
des différends, du désaccord avec le voisin Odjourou (patriarche
otåãå) qui avait la même barbarie que les Mboshi.
Mais, malgré tout, les Kani?ì et Atåãå
étaient très proches parents. Cette région aurait
été habitée par les Awandji, Ndumu, Ambama, Aduma et
Ndzébi. Lire aussi MOUTETE (B.), Contribution à l'histoire
du Gabon : les Wandji des origines à 1929. Mémoire de
maîtrise d'histoire, U.O.B., F.L.S.H., Libreville, septembre 1984, p.
25.
* 180 Cité par
ONGALA (S.R.), Administration coloniale, chefferie indigène et
relations inter-ethniques dans la région de Franceville de 1880 à
1960. Rapport de Licence d'histoire, U.O.B., F.L.S.H., Libreville,
septembre 2003. pp. 42-43. Ce témoignage concorde avec ceux que nous
avons recueillis à Leconi en avril 2004 auprès de Jerôme
Ngayama et de Endelet Philippe, ainsi que ceux de Pierre Angango (à
Okouma ) et Anatole Lebama (à Franceville).
* 181 KOUMABILA (J.R.)
& LOUBAMONO (G.C.), Les populations de la région de Franceville.
Notes complémentaires aux études d' André Raponda-Walker
sur l'histoire du Gabon, op.cit, pp. 4-5.
* 182 DESCHAMPS (H.),
Traditions orales et archives au Gabon. Contribution à
l'ethno-histoire, op.cit., pp.51 , 57, 58, 60, 61, 62.
* 183 Ibid.
* 184 CABROL (C.),
Province du Haut-Ogooué, op.cit., p.55
* 185 BRAZZA (P.S. de.),
Au coeur de l'Afrique.Vers la source des grands fleuves 1875-1877,
op .cit., p.152.
* 186 KABELE (J .),
Entretien du 11 avril 2004 à Leconi.
* 187 BRAZZA (P.S. de.),
Au coeur de l'Afrique.Vers la source des grands fleuves 1875-1877,
op.cit.,p.160.
* 188 Le royaume d'Anzico
ou d'Anzicana selon la carte de Dapper, publiée au au XVIIe
siècle, se situe au nord-ouest du royaume du Makoko ( dans l'actuel
République du Congo).
* 189 KOUMABILA (J.R.),
Brève histoire des Ambaama et des Ondasa d'Okondja au Gabon
.Lastoursville, les 26 et 27 juillet 2003. p.6. Inédit.
* 190 RAPONDA-WALKER
(A.), Notes d'Histoire du Gabon. Suivi de toponymie de
l'Estuaire, Libreville et topographie du Fernan-vaz , Port-Gentil,
op.cit., p.238.
* 191 Ibid.
* 192NGOMO (T.),
Contribution à l'histoire des Tsengi. Mémoire de
maîtrise d'histoire, U.O.B. F.L.S.H. , Libreville, octobre
1984, p.31.
* 193POURTIER (R.), Le
Gabon. Tome1. Espace-Histoire-Société, op.cit,
p.185
* 194 AUTIN(J.), Pierre
Savorgnan de Brazza : un prophète du Tiers-monde, op.cit,
p.63.
* 195 J.O.A.E.F. du 15
février 1921 : discours prononcé par le gouverneur
général de l'A.E.F., Victor Augagneur à l'occasion de
l'ouverture des travaux du chemin de fer Brazzaville à l'Océan,
p.126.
* 196Ibid.
* 197 Lopé
était un village en pays okanda. Selon de Brazza, c'était
« un lieu en temps habituel. Une fois par an, au mois de
février, les Inenga et les Galois s'y rendent pour tenir leur
marché d'esclaves avec les Okandas : aussitôt que les
trafiques sont réglés, tout le monde abandonne le
campement ». Lire Brazza (P.S. de), Au coeur de l'Afrique :
vers les sources des grands fleuves 1875-1877, Editions Phébus,
Paris, 1992, p.63.
* 198 METEGUE N'Nah (N.),
L'implantation coloniale au Gabon : résistance d'un peuple.
Tome 1, Editions L'Harmattan, Paris, 1981, p.21.
* 199BRAZZA (P.S. de),
Au coeur de l'Afrique : vers les sources des grands fleuves 1875-1877,
op.cit., pp.13-14.
* 200 LEPEBE (J.),
Occupation coloniale française dans le Haut-Ogooué (Gabon)
1880-1946, Op.cit., p.27.
* 201 Le naturaliste Oskar
Lenz était un sujet austro-allemand. Professeur de géographie, il
faisait partir de l'expédition du docteur Lux, organisée sous les
auspices de l' Association Africaine Allemande (A.A.A.. Il revenait d'une
expédition au Congo (actuel R.D.C.) et, pour prendre de vitesse ses
rivaux européens, il s'était installé en pays
okandé à Lopé afin de tenter la remontée de
l'Ogooué. Ainsi, faisant route avec Pierre Savorgnan de Brazza, il
parvint, avant lui, à l'embouchure de la rivière
Lisiâß (la Sébé). NB. La mission du docteur
Oskar Lenz dura de 1874 au 11 juillet 1876.
* 202 BRAZZA (P.S. de),
Au coeur de l'Afrique : vers les sources des grands fleuves 1875-1877,
op.cit., p.67.
* 203 Idem,
p.77.
* 204CABROL (C.), La
remontée de l'Ogooué et la découverte du
Haut-Ogooué, Libreville, sans date, p.13.
* 205 Idem,
p.14.
* 1 Nom d'une rivière
(affluent de la rive droite de l'Ogooué situé au sud de la
région de Franceville, dans les environs de Boumango).
* 206 Ndilendogho (D.),
Entretien réalisé par Jean Mathieu Obanda à
Franceville.
* 207 OKOLOGHO (S.),
Entretien réalisé par Yabighui Philippe Gildas, le 23 avril
2003, au quartier Menaye Epila (Enaï) à Franceville.
* 208 NDOUOMI (
A.),Entretien du 25 avril 2003 au quartier Dialogue (Franceville). Ce
témoignage converge avec ceux de: MOKIKALI dit
OSSAâßãß ( J.),Entretien du 26 avril 2003 au quartier
Mbaya; WOUTOU- PIGA (E.), Entretien du 27 avril 2003 au quartier Maba
(Franceville). NB : La confrontation de ce récit aux sources
écrites nous permet d'affirmer que c'est Ballay qui donna le nom de
Machogo (Masuku) au grand rapide dit »
Motsåãå» et non Brazza comme l'indique cet
informateur.
* 209 Nom de la plaine qui
côtoie, à la rive gauche, les rapides de l'Ogooué
appelés "Machogo" par Pierre Savorgnan de Brazza et "Masuku" par les
populations autochtones, les Mba?i en particulier.
* 210 ALIHANGA (M.),
Structures communautaires traditionnelles et perspectives coopératives
dans la société Altogovéenne (Gabon),. Typographie de
l'Université Pontificale Grégorienne-Rome, 1976, p.370.
* 211 BRAZZA (P.S. de),
Au coeur de l'Afrique. Vers les sources des grands fleuves 1875-1877,
op.cit., pp.149-151.
* 212 Idem,,
p.161.
* 213 Ibid.
* 214 Idem,
p.179.
* 215 NDJABIMBA (P.),
Entretien du 1er mai 2003 au village Mindili (regroupement d' Okoloville).
* 216 BRAZZA (P.S.de),
Au coeur de l'Afrique. Vers la source des grands fleuves1875-1877,
op.cit.,p.194.
* 217 N'ghémi est la
déformation du nom d'un des chefs Ndumu le plus influent :
Nguimi-A-Mburu, qui, avons-nous dit ci-dessus, offrit à Pierre Savorgnan
de Brazza des hommes et des femmes chargés d'effectuer les premiers
transports à dos d'hommes.
* 218 BRAZZA (P.S.de),
Au coeur de l'Afrique. Vers la source des grands fleuves1875-1877,
op.cit., p.197.
* 219 Journaliste
britannique, envoyé en Afrique à la recherche de l'explorateur
Livingstone qu'il retrouva en 1871. C'est, précisément, lors d'un
deuxième voyage (1874-1877) que Stanley traversa l'Afrique Equatoriale
d'Est en Ouest, découvrant le Congo. Il convient de noter que les
missions de Stanley, en Afrique, avaient eu un écho favorable en Europe.
* 220 LEPEBE (J.),
Occupation coloniale française dans le Haut-Ogooué (Gabon)
1880-1946, op.cit., p.30.
* 221 BRUNSCHWIG ( H.),
L'Afrique noire au temps de l'empire français: l' aventure coloniale de
la France, Destins-croisés .Ed. Denoël, Paris ,
1988., p.124.
* 222AUTIN (J.), Pierre
Savorgnan de Brazza : un prophète du Tiers Monde, Librairie
académique Perrin, Paris, 1985, p.57.
* 223 BRUNSCHWIG (H.),
L'Afrique Noire au temps de l'empire français : l'aventure
coloniale de la France, op.cit., p.119
* 224 Voir extrait du
témoignage de Ndjabimba Paul, lignes 10 à 15, p.6.
* 225 BRUNSCHWIG (H.),
Brazza explorateur : les traités Makoko 1880-1882. Paris,
Mouton & Compagnie., La Haye, 1972, p.133.
* 226 BRUNSCHWIG (H.),
L'Afrique Noire au temps de l'empire français: l' aventure coloniale
de la France, op.cit., p.120.
* 227 Idem,
p.122.
* 228 BRUNSCHWIG ( H.),
Brazza explorateur : les traités Makoko 1880-1882,
op.cit.,p.128.
* 229 N'ghémi est la
déformation du nom de l'un des plus influents chefs ndumu de la
région : Nguimi (Nguimi-A-Mburu). Ce dernier, au terme de l'accord
avec Pierre Savorgnan de Brazza, lui offrit une portion de son territoire
et mit à sa disposition des hommes et des femmes pour effectuer les
premiers transports à dos d'hommes.
* 230 BRUNSCHWIG (H.),
L'Afrique noire au temps de l'Empire français : l'aventure
coloniale de la France, op.cit., p.123.
* 231 Auvergne :
région française comprenant les départements de l'Allier,
du Cantal, de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme. L'Auvergne recouvre le
centre et une partie du nord du massif central ; le relief est
varié.
* 232 SONNET AZIZET (R.G.
), Répertoire sous série 2Db(I) Franceville (1910-1965) ,
vol.1, Libreville, 2001, p.13.
* 233 POURTIER (R.), Le
Gabon : Tome 1. Espace-histoire-société, Editions
l'Harmattan, Paris, 1987, p.78.
* 234LEPEBE (J.),
Occupation coloniale française dans le Haut-Ogooué ( Gabon)
1880-1946. op.cit., p.42.
* 235Idem, p.43.
* 236LEPEBE (J.),
Occupation coloniale française dans le Haut-Ogooué ( Gabon)
1880-1946. op.cit., p.43.
* 237CABROL (C.),
Province du Haut-Ogooué, op.cit., p.63.
* 238 MAQUET (E.), BABA
KAKE (I.), SURET- CANALE (J.), Histoire de l'Afrique centrale des origines
au milieu du X Xe siècle, op.cit.,p.185.
* 239 KALCK (P.),
Histoire de la République centrafricaine. Editions
Berger-Levrault, Paris, p.167.
* 240 A.N.G., Fonds
d'Archive de Franceville, Affaires administratives 1945-1954, carton 2 Db ( I )
40.2 : Chronologie de l'organisation administrative du
Haut-Ogooué depuis sa création jusqu'en 1947, p.1
* 241 ALIHANGA (M.),
Structures communautaires traditionnelles et perspectives coopératives
dans la société Altogovéenne
(Gabon),.op.cit., pp.508 et 510.
* 242 Idem,
p.434.
* 243 MOUGNONDZI (R.),
Entretien du 21 août 2003 à Angondjé (Libreville).
* 244LEOUMBOU ( S-R.),
Contribution à l' histoire de la ville de Franceville 1880-1946,
op.cit., pp.46-47.
* 245 KOUMABILA (J-R)
cité par LEOUMBOU ( S-R.), Contribution à l' histoire de la
ville de Franceville 1880-1946, op.cit., p.47.
* 246 CABROL (C.),
Province du Haut-Ogooué, op.cit., p.63.
* 247 A.N.G., Service
microfilm, bande 4 (1) D6 : résumé des rapports
mensuels des chefs de circonscription, 1911.
* 248 A.N.G., Fonds
d'Archive de Franceville, politique générale, carton 2Db (I)
48.1 : Tournées des chefs de circonscription,
département, subdivision du Haut-Ogooué, 22 juillet- 5
août 1911.
* 249 CABROL(C.),
Province du Haut-Ogooué, op.cit., p.65.
* 250 A.N.G., Fonds
d'Archives de Franceville, Affaires administratives, 1945-1954, carton 2Db (I)
40.2 : Organisation administrative des territoires, cercles et postes.
A.G.G. du 31 mars 1916.
* 251 J.O.A.E.F. du 17
mars 1917, pp.111-116.
* 252 BRUEL (G.), La
France Equatoriale Africaine : le pays, les habitants, la colonisation,
les pouvoirs publics, op.cit., p.435. Ce décret réorganisa
l'ensemble des possesions équatoriales, distingué en deux
colonies, le Gabon, administré par un lieutenant-gouverneur, le
Moyen-Congo, placé sous l'autorité direct du commissaire
général, et deux territoires : l'Oubangui-Chari ayant à sa
tête un délégué permanent et le Tchad,
administré par un officier commandant les troupes coloniales. Nb:
la partie gabonaise devait être formée de tous les territoires non
compris dans le bassin conventionnel du Congo. Toutefois, le 11 février
1906, un nouveau décret portant remaniement du CongoFrançais fut
promulgué. Il divisait ledit territoire en trois colonies, à
savoir le Gabon, le Moyen-Congo et l'Oubangui-Chari-Tchad. C'est d'ailleurs
cette réorganisation qui perdura jusqu'à l'arrêté du
29 septembre 1909.
* 253 SONNET AZIZET (R.G.) ,
Répertoire sous-serie 2Db(1) Franceville (1910-1965) , vol 1,
Libreville , 2001. p.10.
* 254 Voir tableau
n°1.
* 255 REMONDO (M.),
L'organisation administrative du Gabon de 1843 à nos jours.
Thèse de doctorat de droit public, Université de Paris, 1970,
pp. 253-254.
* 256 A.N.G., Fonds des
archives de Franceville, sous-série 2Db (I) 40.2, Affaires
administratives, Colonie du Gabon: organisation administrative des
territoires, cercles et postes-chronologie de l'organisation administrative du
Haut- Ogooué depuis sa création jusqu'en1947 : A.G.G. du
31 mars 1916, p.1.
* 257 Ibid.
* 258 A.N.G..Fonds de la
Présidence de la République, carton n°981 : Circulaire
n°2 du 23 août 1918, p.1.
* 259 CABROL (C.), Province
du Haut-Ogooué, op.cit., p.68.
* 260CABROL (C. ),
Province du Haut-Ogooué, op.cit., p.68.
* 261 Cité par
CABROL (C. ), Province du Haut-Ogooué, op.cit.,
p.67.
* 262 A.N.G., Fonds de la
Présidence de la République, carton n°2686,
op.cit., p1.
* 263 A.N.G., Fonds
d'archives de Franceville, politique indigène, sous-série
2Db (1) 52.1: Commendement indigène du Haut-Ogooué.
Réorganisation cantonale : regroupement et délimitation des
chefferies, allocation des chefs, 1948-1958.
* 264 CABROL (C.),
Province du Haut-Ogooué, op.cit., p. 108.
- POURTIER (R.), Le Gabon. Tome1:
Espace-Histoire-Société, op.cit., p. 121.
* 265 A.N.G., service
Microfilms, bande 4 (1) D 28 : rapport annuel : circonscription
du Haut-Ogooué et des Adoumas.
* 266 KALCK (P.),
Histoire de la République centrafricaine, op.cit., p.
166.
* 267 J.O.A.E.F. du 15
février 1921, op.cit., p.126.
* 268 POURTIER (R.), Le
Gabon. Tome1: Espace-Histoire-Société,
op.cit, p.121.
* 269 Ibid.
* 270 BRUEL (G.), La
France Equatoriale Africaine : le pays, les habitants, la colonisation,
les pouvoirs publics, op.cit., p.328.
* 271 POURTIER (R.), Le
Gabon. Tome1. Espace-Histoire-Société,
op.cit, p.133.
* 272 Idem, p.134.
* 273 Idem, p.136
* 274 Ibid.
* 275 Ibid.
* 276 BINGA (H.),
Chefferie et territoire dans le Sud-Est du Gabon (Haut-Ogooué).
Tome 1, op.cit., p.103.
* 277 A.N.G., Fonds
d'archives de Franceville, politique indigène, sous série 2Db (I)
51.1.: Région du Haut-Ogooué, conseils de notable,
procès-verbal de la réunion du conseil des notables du
département du Haut-Ogooué (1926-1958), pp.2-3
* 278 LEPEBE ( J.),
Occupation coloniale française dans le Haut-Ogooué (Gabon)
1880-1946, op.cit., p.119.
* 279 A.N.G., Fonds
d'archives de Franceville, politique indigène, sous-série 2Db
(I). 52.1: Commandement indigène du Haut-Ogooué,
réorganisation cantonale : regroupement et délimitation des
chefferies , allocations des chefs (carte) , 1948-1958, p.3.
* 280 A.N.G., Fonds
d'archives de Franceville, politique indigène, sous-série
2Db(I).52.1 : Commandement indigène du Haut-Ogooué.
Lettre n°16 du chef du district Franceville à M. Le chef de
Région du Haut-Ogooué. 1948-1958. p. 2.
* 281 Voir tableau n°
2, p.96.
* 282 A.N.G. Fonds des
Archives de Franceville, politique indigène, sous-série 2Db
(I).52.1 : Commandement indigène du Haut-Ogooué,
réorganisation cantonale : regroupement et délimitation des
chefferies (1948-1958), lettre MI-AG/CF, du ministre de l'Intérieur
à M. le chef de région du Haut-Ogooué, non datée
* 283 4 Voir
tableau n° 3. p.96.
* 284A.N.G., Fonds de la
Présidence de la République, Affaires politiques et sociales,
carton n° 1634 : Circulaire n°415 du 5 juillet 1948 du
Haut-commissaire de la République, gouverneur général de
l'A.E.F. à Monsieur le chef du territoire du Gabon, p.1-3.
* 285 Ibid.
* 286 DUBOIS (C.),Le
prix d'une guerre. Deux colonies pendant la première guerre mondiale
(Gabon- Oubangui-Chari),1911-1923. Peuples et pays d'Afrique tropicale.
Institut d'histoire des pays d'Outre-Mer, Université
d'Aix- En-Provence, p.37.
* 287 BINGA (H.),
Chefferie et territoire dans le Sud-Est du Gabon (Haut-Ogooué).
Tome 2, op.cit., p.510.
* 288 Il était hors
de propos pour l'administration coloniale d'exercer une autorité
directe sur les populations autochtones eu égard au manque de cadres
administratifs et de fonds car, les puissances coloniales ont
été prises de cour par les explorations dans la mesure où
la formation du personnel ne suivait pas, à la même vitesse, les
conquêtes qui se faisaient sur le terrain. En outre, la mise en valeur
des territoires conquis et leur administration exigeaient un certain nombre de
moyens que certaines puissances (comme la France), malheureusement, n'avaient
presque pas en ce moment-là. D'où l'utilisation des institutions
des indigène existantes.
* 289 A.N.G., Fonds de la
Présidence de la République, politique indigène, carton
n° 981 : circulaire n° 27 du 21 janvier 1927, p.3 .
* 290 A.N.G., Fonds de la
Présidence de la République, administration
générale, carton n°2686 : Article 9 de
l'arrêté du 28 décembre 1936 portant organisation et
réglementation de l'administration locale indigène en
A.E.F. , modifié par l'arrêté du 26 novembre 1937,
p. 6.
* 291A.N.G., Fonds de la
Présidence de la République, administration
générale, carton n°2686 : Article 10 de
l'arrêté du 28 décembre 1936 portant organisation et
réglementation de l'administration locale indigène en
A.E.F. , modifié par l'arrêté du 26 novembre 1937,
p. 6.
* 292 A.N.G., Fonds de la
Présidence de la République, administration
générale, carton n°2686 : Article 12 de
l'arrêté du 28 décembre 1936 portant organisation et
réglementation de l'administration locale indigène en
A.E.F. , modifié par l'arrêté du 26 novembre 1937,
pp.7-8.
* 293 Ibid.
* 294 Ibid.
* 295 La circonscription de
Franceville, aux termes des découpages successifs, devient, en 1916, la
circonscription du Haut-Ogooué.
* 296 La " tribu", nous
apprend le dictionnaire encyclopédique Hachette, est
« l'ensemble des membres d'une famille, d'un groupe
nombreux ». Selon le même dictionnaire, la tribu est
« un groupe présentant (généralement) une
unité politique, linguistique et culturelle, dont les membres vivent le
plus souvent sur un même territoire ». Dans notre travail, la "
tribu", est la classification proposée par André Raponda-Walker
dans sa description du peuple gabonais en 1924. Cette même notion
était utilisée par l'administration coloniale afin d'identifier
les peuples dans une région précise. C'est ainsi que les
Atåãå, Ambaama, Awandji, Batsengi, Bewumvu, Bungom,
Kani?ß, Mba?ß, Ndumu et Ndzèbi, vivant dans la
circonscription du Haut-Ogooué, constituèrent la tribu du
Haut-Ogooué dont les chefs, de 1920 à 1931, furent les chefs
ndumu Lendoyi-Li-Bangwali et son fils Langhi (voir p. 120)
* 297Information recueillie
auprès de Mokikali dit Ossaâßãß (J.), Entretien
du 25 avril 2003 au quartier Mbaya (Franceville).
* 298 A.N.G., Fonds de la
Présidence de la République, administration
générale, carton n°2686 : Article 4 de
l'arrêté du 28 décembre 1936 portant organisation et
réglementation de l'administration locale indigène en
A.E.F. , modifié par l'arrêté du 26 novembre 1937,
p.2.
* 299 Idem,p.3
* 300 Ibid.
* 301 Ibid.
* 302 Ibid.
* 303 Ibid.
* 304 Idem, p.4
* 305 Ibid.
* 306 Ibid.
* 307 Ibid.
* 308 Ibid.
* 309 Idem, p.5
* 310 A.N.G., Fonds d'archives
de Franceville, politique indigène, sous-série 2Db
(I).52.1: réorganisation cantonale : regroupement et
délimitation des chefferies , allocations des chefs ( 1948-1958),lettre
n°658/D du chef de région du Haut-Ogooué à Monsieur
le gouverneur du Gabon, Franceville, le 17 juin 1948. p.2
* 311 Voir annexe 6, p.
170.
* 312 A.N.G., Fonds
d'archives de Franceville, politique indigène, sous-série
2Db (I).52.1: réorganisation cantonale : regroupement et
délimitation des chefferies, allocations des chefs (1948-1958), note
n°654/D du chef de région du Haut-Ogooué à Messieurs
le chef de district, l'agent spécial et le médecin-chef de
Franceville, Franceville, le 15 juin 1948, pp.1.
* 313 A.N.G., Fonds de la
Présidence de la République, administration
générale, carton n°2686 : Article 14 de
l'arrêté du 28 décembre 1936 portant organisation et
réglementation de l'administration locale indigène en
A.E.F. , modifié par l'arrêté du 26 novembre 1937,
p.9.
* 314 A.N.G., Fonds de la
Présidence de la République, service judiciaire, carton n°
27 : tribunaux indigènes, jugements rendus,
peines disciplinaires, justice indigène (1928-1939), p.2 .
* 315A. N. G., Fonds des
archives de Franceville, service judiciaire, sous-série 2Db (I )
54.2 : Région du Haut-Ogooué, instructions
complémentaires relatives à l'application du décret du
29 avril 1927 réorganisant la justice indigène ( 1928 ),
adressées par le gouverneur de l'A.E.F. Raphael Antonetti à MM.
Les lieutenants-gouveneurs du Gabon, de l'Obangui-Chari et du Tchad,
p. 3.
* 316 A.N.G., Fonds de la
Présidence de la République, service judiciaire, carton
n°1645 : décret du 29 mai 1936 réorganisant la
justice indigène en A.E.F., article 1er, p.
5.
* 308 A.N.G., Fonds de la
Présidence de la République, service judiciaire, carton
n°1645: décret du 29 mai 1936 réorganisant la justice
indigène en A.E.F., article 3,p.6.
* 309 A.N.G., Fonds de la
Présidence de la République, service judiciaire, carton
n°1645: décret du 29 mai 1936 réorganisant la justice
indigène en A.E.F., alinéa 1 de article
3,p.6.
* 310 A.N.G., Fonds des
archives de Franceville, Affaires politiques, sous-série 2Db
(I.).54.4 : circulaire N° 415 du 5 juillet 1948 du
Haut-commissaire , au gouverneur général de l' A.E. F.,
p. 2.
* 311 A.N.G., Fonds des
archives de Franceville, Affaires judiciaires, sous-série 2Db
(I).54.4 : tribunaux coutumiers (mode de fonctionnement) 1945-1954.
Circulaire du 3 février1950 de M. LATANA (Secrétaire
général) à Monsieur les chefs de régions.
p.1.
* 312 A.N.G., Fonds des
archives de Franceville, Affaires judiciaires, sous-série 2Db
(I).54.4 : ordonnance du 26 juillet 1944 concernant l'organisation des
tribunaux coutumies.
* 313 Idem, p.2.
* 314BRUEL (G.), La
France Equatoriale Africaine, op. cit. p.444.
* 315 Idem,
p.3.
* 316 A. N. G., Fonds de la
Présidence de la République, Affaires judiciares, carton
n°203 : Instructions complémentaires relatives à
l'application du décret du 29 avril 1927 réorganisant la
justice indigène ( 1928), adressées par le gouverneur de
l'A.E.F. Raphael Antonetti à MM. Les lieutenants-gouveneurs du Gabon,
de l'Obangui-Chari et du Tchad, p.5.
* 317 Idem, p.9.
* 318 Idem, p.11.
* 319 Idem, p.13.
* 320 Voir annexe 7, p171.
* 321 A. N. G., Fonds de la
Présidence de la République, Affaires judiciares, carton
n°203, op.cit., p14.
* 322 BRUEL (G.), La
France Equatoriale Africaine, op. cit. p.444.
* 323 A.N.G., Fonds des
archives de Franceville, affaires judiciaires, sous-série 2Db ( I ).
54. 4 : tribunaux coutumiers, fonctionnement. Circulaire n°415 du
5 juillet 1945, du Haut- commissaire de la République gouverneur
général de l'A.E .F. , p.2.
324 N'Dombi (P.), L'administration publique de
l'A. E. F. de 1921-1956 .Histoire d'un Etat-providence colonial ?
Thèse de doctorat histoire 3ème cycle, Université
d'Aix-En-Provence Marseille, Tome 1, 1994-1996, 3 vol. p.97.
* 325 A.N.G., Fonds
d'archives de Franceville, affaires politiques et sociales, sous-série
2Db ( I ). 54. 4 : tribunaux coutumiers, fonctionnement, accession au
statut civil de droit commun.1945-1954.Circulaire n°496 /APS .du 3
février 1950 du Lieutenant-gouverneur du Gabon à Messieurs les
chefs de région, p.3.
* 326 EVEN (A.),
« Le caractère sacré des chefs chez les Babamba et
Mindassa d'Okondja (Moyen-Congo), op.cit, p.194.
* 327 A.N.G., Fonds de la
Présidence de la République, politique indigène, Carton
n°981: chefferie indigène, circulaire n°II du 27 janvier
1937, p.4.
* 328 J.O.A.E .F. du. 29
novembre 1930 : arrêté du 19 décembre 1930,
portant réorganisation administrative du commandement indigène en
A.E.F, p.1136..
-Circulaire n°II du 27 janvier 1937 du Gouverneur
général adressée à ses lieutenants-gouverneurs, 5
p.
-Circulaire n°38 du 20 juin 1936 du Gouverneur
général adressée à MM. Les chefs de
départements du Moyen-Congo. In : A.N.G., Carton n°981 . Fonds
de la Présidence de la République.: Chefferie
indigène, 5 p.
* 329 village
Våmbålå était situé sur la rive
droite de la Pasa, entre les installations actuelles de score Franceville et
l'hôtel intercontinetal Leconi Palace. C'est sur ce territoire que Pierre
Savorgnan de Brazza fonda, le 13 juin 1880, la station hospitalière
de Francheville.
* 330 Voir note de bas de page
n°288, p106.
* 331 A.N.G., Fonds de la
Présidence de la République, politique indigène, Carton
n°981: chefferie indigène, circulaire n°275 du 4 juin
1937, adressée par le chef du département du Haut-Ogooué
J. André Capogorry à Monsieur le gouverneur général
de l'A.E.F. p.1.
* 332 Mokikali dit
Ossaâßãß (J.), Entretien du26 avril 2003 au quartier
Mbaya à Franceville.
* 333 BINGA (H.), Histoire
de la chefferie ndumu de 1879 à 1958, op.cit., p.72.
* 334 OKOLOGHO (S.),
entretien réalisé par Yabighui Philippe Gildas le 23 avril 2003
à Menaye-Epila (Franceville).
* 335 Mokikali dit
Ossaâßãß (J.), Entretien du 26 avril 2003 au quartier
Mbaya à Franceville.
* 336 OKOLOGHO (S.), voir p.(
entretien réalisé par Yabighui Philippe Gildas le 23 avril 2003
à Menaye-Epila (Franceville), lignes 2, 4, 5, 6, 7, 12, 18, 19. et BINGA
(H.), Histoire de la chefferie ndumu de 1879 à 1958, op.cit.,
p.72.).
* 337 OKOLOGHO (S.), Entretien
réalisé par Yabighui Philippe Gildas le 23 avril 2003 à
Menaye-Epila (Franceville), lignes 18 et 19, p.121.
* 338 A.N.G., Fonds de la
Présidence de la République, politique indigène, Carton
n°981: chefferie indigène, circulaire n°II du 27 janvier
1937, p.4.
328 J.O.A.E .F. du. 29 novembre 1930 :
arrêté du 19 décembre 1930, portant réorganisation
administrative du commandement indigène en A.E.F, p.1136..
-Circulaire n°II du 27 janvier 1937 du Gouverneur
général adressée à ses lieutenants-gouverneurs, 5
p.
-Circulaire n°38 du 20 juin 1936 du Gouverneur
général adressée à MM. Les chefs de
départements du Moyen-Congo. In : A.N.G., Carton n°981 . Fonds
de la Présidence de la République.: Chefferie
indigène, 5 p.
* 339 A.N.G.,Fonds d'archives
de Franceville, politique indigène, (1926-1958 ). Sous-série 2Db
(I) 51.1 : Correspondance n°275 du chef du département du
Haut-Ogooué à Monsieur le gouveneur général de
l'Afrique Equatoriale Française, Franceville, le 4 juin 1937, p.1.
* 340 Le geste du chef de
tribu intérimaire Langhi à l'égard du chef de terre
Otounda fut commis au trbunal de conciliation qu'il présidait, le 2
juin 1931. En effet, selon le rapport de l'administrateur A. Capagorry, le
chef de terre Otounda avait, à l'issue de la palabre,
« manifesté son désappointement en ces termes : "
Vous avez mal jugé cette affaire". Voir A.N.G.,Fonds d'archives de
Franceville, politique indigène, (1926-1958 ). Sous-série 2Db
(I) 51.1, op.cit., p.1.
* 341 A.N.G.,Fonds d'archives
de Franceville, politique indigène, (1926-1958 ). Sous-série 2Db
(I) 51.1, op.cit., p.1.
* 342 A.N.G.,Fonds
d'archives de Franceville, politique indigène, (1926-1958 ).
Sous-série 2Db (I) 51.1 . Plaintes, palabres, requêtes
adressées au chef de région du Haut-Ogooué (
1936-1952) : Correspondance du 10 janvier 1954 de Kiki François
au Lieutenant-Gouverneur du Gabon (voir annexe 6, p 170.).
* 343 BINGA (H.), Histoire
de la chefferie ndumou de 1879 à 1958, op.cit., p.67.
* 344 LEPEBE (J.),
Occupation coloniale française dans le Haut-Ogooué (Gabon)
1880-1946, op.cit., p.122.
* 345 Ibid .
* 345 A.N.G., Fonds
d'archives de Franceville, affaires politiques, sous-série 2Db (I).
52.1. Commandement indigène du Haut-Ogooué :
Réorganisation cantonale - regroupement et délimitation
des chefferies (1948-1958, télégramme-lettre du chef de la
région du Haut-Ogooué à Monsieur le gouverneur du Gabon,
Franceville, le 17 juin 1948, p.2
* 346 A.N.G., Fonds
d'archives de Franceville, politique indigène, sous-série 2Db
(I). 52.1. Commandement indigène du Haut-Ogooué : Lettre
du 1er novembre 1952 du chef de région du Haut-Ogooué au
Lieutenant Gouverneur du Gabon.
* 347 A.N.G. , Fonds
d'archives de Franceville , politique indigène, sous-série 2Db (
I ). 51. 3 : Commandement indigène du Haut-Ogooué -
Chefferie : récompense pour service rendus par les chefs
(19376-1939-1954) , Nominations ( 1937-1956 ). Circulaire n°34 du
Gouverneur Général de l' A . E . F.
* 348 A.N.G. , Fonds de la
Présidence de la République, administration
générale, carton n°2686 : Arrêté du
28 décembre 1936 ,portant organisation et réglementation de
l'administration locale indigène en A.E.F.,modifié par
arrêté du 26 novembre 1937, p.7.
* 349 MAQUET (E.), BABA
KAKE (I.) et SURET-CANALE (J.), Histoire de l' Afrique Centrale des
origines au milieu du XIXème siècle, op.cit.,
p.213.
* 350 L'autorité du
vieux chef Lendoyi-Li-Banwali (chef de la tribu du Haut-Ogooué)
était incontestable dans toute la subdivision de Franceville . Son
influence dépassait les limites du canton Ndumu.
* 351 Il s'agit, ici, des
prestations ou les travaux forcés sur les chantiers jugés
d'utilité publique. Les villageois ou indigènes avaient 15 jours
par an d'exercice de travaux et parfois plus. Derrière tout cela, il y
avait toutes sortes d'abus.
* 352 NDJIAMI (T.),
Entretien du 24 avril 2003 au village Okouma (district d'Andjigo).
* 353 Idem, lignes
11, 19, 25, 32 à 41 et les lignes 43 à 57.
* 354 ANGANGO (P.),
Entretien du 24 avril 2003 à Okouma, district d'Andjogo ( à 64
kms de Franceville).
* 355 LEPEBE (J.),
Occupation coloniale française dans le Haut-Ogooué (Gabon)
1880-1946, op.cit, p.122.
* 356 Idem, p.194.
* 357 voir chapitre II (le
fumu'a puãu ou nga puãu et le kani), pp.44-46.
* 358 NDZIAMI (T.), Entretien
du jeudi 2003 à Okouma (Andjogo, à 64 km de Franceville).
* 359 MBOUMOUNOU (A.),
Entretien du samedi 10 avril 2004 a okoloville ( à 20 km de
Franceville).
* 360 NDAGUI (C.), Entretien
du vendredi 16 avril 2004 au quartier Dialogue (Franceville).
* 361 Even (A.),
« Le caractère sacré des chefs chez les Babamba et les
Mindassa d'Okondja (Moyen-Congo) », op.cit., pp.191-194.
* 362 Voir extrait du
témoignage de Théophile Ndziami ci-dessus (p.144) Lignes 41
à 45.
* 363 ALIHANGA (M.),
Structure communautaires traditionnelles et perspectives
coopératives dans la société altovéenne
(Gabon), op.cit, p.518.
* 364 BINGA (H.),
Chefferie et territoire dans le Sud-Est du Gabon (Haut-Ogooué),
Tome 1, op.cit., p.264.
* 365 HUGON (A.),
Introduction à l'histoire de l'Afrique cotemporaine. Armand
Colin, Paris, 1998, p.32.
* 366 Le terme
« méchapa » est une déformation du terme
français « échappé ». Les
« méchapa » sont donc les échappés,
ceux des habitants des villages qui se réfugient dans la forêt
pour fuir les ordres des miliciens. Pour Martine Ngwalandji (entretien du
mercredi 30 mai 2003 à Okoloville) et Eugène Gnala (entretien du
mardi 26 avril 2005 au quartier SOTEGA R.T.G., à Libreville),
les « méchapa » sont des personnes qui
refusaient de se soumettre à l'autorité du chef colonial. En
s'échappant, ils n'étaient pas enregistrés sur les listes
de recensement et, partant, étaient épargnés des
tracasseries de l'administration.
* 367 NGWALANDJI (M.),
Entretien du 30 avril 2003 au village Okoloville ( à 20 km de
Franceville).
* 368 GNALA ( E.),
Entretien du dimanche 24 avril 2005 au quartier R.T.G. SOTEGA à
Libreville.
* 369 LOTTE (A.J.),
« Situation démographique du district de Franceville
(Gabon) », op. cit, p.163.
* 370 DZIAMI (T.),
Entretien du jeudi 24 avril 2003 à Okouma (district d'Andjodo, 64 km de
Franceville).
* 371 Le régime de
l'indigénat est un ensemble des dispositions réglementaires
applicables principalement dans le domaine de la police générale,
aux "sujets français" , disons ceux des indigènes qui n'avaient
pas le statut de citoyen français. Ce régime fut imposé
aux populations de l'A.E.F. par le décret du 31 mai 1910 (voir
J.O.A.E.F. du 1er août 1910, p.377). Ce régime
prévoyait des infractions particulières, réprimées
par des peines spéciales infligées par l'autorité
administrative (le chef de subdivision ou de région) qui disposait des
pouvoirs disciplinaires et judiciaires étendus (..) Les réunions
non autorisées, le déplacement sans laisser-passer, le retard
dans le paiement des impôts, le refus de la corvée (...) Les
principales peines étaient la bastonnade, l'imposition (capitation,
prestation) les contraintes, des peines de prison et d'amende. Le régime
de l'indigénat fut officiellement supprimé en 1945.
* 372 LOTTE (A.J.),
« Situation démographique du district de Franceville
(Gabon) », op. cit, p. 175.
* 373 Idem, p.
162.
* 374 METEGUE N'NAH (N.),
Histoire de la formation du peuple gabonais et de sa lutte contre la
domination coloniale 1875-1960, op.cit., p.371.
* 375 COQUERY-VIDROVITCH
(C.), Afrique noire. Permanences et ruptures. Edition payot, Paris,
1985, p.120.
* 376 BINGA (H.),
Histoire de la chefferie ndumu de 1879 à 1958, op.cit., p.
93.
* 377 METEGUE
N'NAH (N.), Histoire de la formation du peuple gabonais et de sa lutte
contre la domination coloniale 1875-1960., op.cit., p.372.
* MOKIKALI dit OSSAâIãI
(Jean), Entretien du vendredi 25 avril 2003 au quartier Mbaya (Franceville).
* 2 Nom donné
à l'explorateur, Pierre Savorgnan de Brazza par les populations
autochtones, notamment les populations ambaama de l'est de Franceville, lors de
son premier voyage.
* 3 Mokaßa est
le nom d'un des villages ndumu . C'est dans ce village que Brazza rencontra le
dignitaire Bala et y passa la nuit avant de rejoindre Bellay et Hamon au
quartier général provisoire de Masuku.
* 4 Le monongo est la
désignation locale d'un pagne multicolore constitué d'une
association de pagnes différents.
* 5 La confrontation de ce
témoignage avec ceux d'autres habitués du terrain nous
amène à dire qu'il s'agit d'une confusion d'identité. En
fait selon toute vraisemblance, aux dires de nos informateurs, la femme et
partant le beau-frère du dignitaire kani?ß, Samolårå
était de nationalité Mbaçwå et non Bevumvu comme le
rapporte l'auteur du présent témoignage.
* 6 Il s'agit là
encore d'une mauvaise appréciation de la part de notre informateur car
le terme Masuku est l'appellation en lemba?ß de la chute d'eau. Les
Bewumvu, eux, nomment cette même réalité par le vocable
« iwuwa ». Nous pouvons donc, par souci de
vérité, dire que le terme Masuku est d'origine mba?wå et
non bewumvu comme le rapporte Jean Mokikali dit
Ossaâßãß (voir lignes 57 et 97).
* 7 C' est une figure
idiomatique qui exprime le fait de marcher longuement.
* 8 Par ce terme, l'auteur
exprime le retentissement du coup du fusil.
* 9 Rivière affluent de
la rive droite de l'Ogooué.
* 10 Village kani?ß (du
chef Mopassi) sis au bord de l'rOgooué à l'époque des
explorations de Pierre Savorgnan de Brazza.
* 11 Un des principaux groupes
ethnique qui habite la région de Dzambala au Congo Brazzaville.
* 12 Site des anciennes
occupations des peuples ndumu (entre la Lebombi et la Leyu) pourchassés
par les Ambaama puis les Atåãå dans la région de
Ngaka na Mwuâa (dans la zone des savanes de l'est de Franceville). Morayi
ou Murayi est une zone de forêt et de savanes appartenant aux peuples
ndumu des variétés dialectales dites Nya?ß et
Epiãß.
* 13 osasi :
épopée, récit d'une généalogie par un
connaisseur des liens de parentés.
* 14 koâß,
koâß, koâß : figure idiomatique qui traduit le
fait d'expliquer ou de relater un fait, une situation, une histoire pendant
longtemps.
* 1 Cet informateur à
préféré taire son nom parce que, selon lui, il a
été convié à l'entretien par le chef du quartier
Angoubou, M. Théodore Lendira, qui est responsable de l'entretien
collectif.
* 1 Maison commune des hommes,
siège du pouvoir cheffal qui sert de tribunal en période de
règlement de différent entre deux individus. Il est, à
tord, appelé corps de garde ou, improprement, hangar par les
colonisateur.
* 1 Selon Jean Mathieu
Obanda, cet entretien potait sur les migrations kani?ß, leur
arrivée à Masuku, les noms de certains de leurs chefs,
l'arrivée des explorateur à Masuku et les raisons de leur
séparation.
* 2 Le terme
Bangåâå signifie littéralement les petits.
Employé dans ce texte, l'auteur fait allusion aux Babongo encore
appelés Pygmées.
* 1 Lignongo ou Legnongo
était un des chefs Ambaama du village Andjoão.Il était
comme l'écrit Martin Alihanga : le « terrible fléau
que le ciel inventa pour la tribulation des groupuscules
altogovéens » (Voir Structures communautaires
traditionnelles et perspectives coopératives dans la
société altogovéenne (Gabon), op.cit,
p.67.)
* 1 Nom d'une
rivière(affluent de la rive droite de l'Ogooué situé au
sud de la région de Franceville, dans les environs de Boumango).
* 1 C'est un arbuste qui
pousse dans les savanes.
* 1 Ndjabimba (P.),
Moutélé (A.) et Ngwalandji (M.), Entretien collectif du 30 avril
et du 1er mai 2003 au village Okoloville (à 20 km de
Franceville).
* 1 A.N.G.,Fonds d'archives
de Franceville, politique indigène, (1926-1958 ). Sous-série 2Db
(I) 51.1 . Plaintes, palabres, requêtes adressées au chef de
région du Haut-Ogooué ( 1936-1952) : Correspondance du
10 janvier 1954 de Kiki François au Lieutenant-Gouverneur du Gabon
(voir annexe 6, p 170.).
* 1 A.N.G.,Fonds d'archives
de Franceville, affaires judiciaires,. sous-série 2Db (I) 54.1 :
arrêté du 25 mai 1925.
* 1 A.N.G.,Fonds des
archives de Franceville, politique indigène, (1926-1958 ).
Sous-série 2Db (I) 51.1 . Commandement indigène du
Haut-Ogooué, réorganisation cantonale : regroupement et
délimitation des chefferies, télégramma-lettre du chef de
région du Haut-Ogooué à MM. Le chef de district, l'agent
spécial et au médecin-chef de Franceville, Franceville, le 15
juin 1948, p.1.
* 1 A.N.G., Fonds de la
Présidence de la République, politique indigène,
Carton n° 981 : Chefferie indigène -circulaire,
1917-1937 , circulaire n°II de Jean Fraçois Reste, gouverneur
général de l'A.E.F.
* 1 A.N.G.,Fonds de la
Présidence de la République, affaires administratives, carton
n° 1645 : Décret du 29 mai - réorganisation
de la justice indigène en A.E.F., 1936.
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