Université Paris 1 - UFR 02 Sciences Economiques - Master
2 Expertise Economique du Développement En partenariat avec l'Agence
Française de Développement et l'Université de
Polynésie Française
ANALYSE ECONOMIQUE DES EFFETS DU DISPOSITIF
DE
DEFISCALISATION LOCAL EN POLYNESIE
FRANCAISE:
UN PREMIER ESSAI SUR LE SECTEUR
HÔTELIER
« L'Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
n'entend donner aucune approbation, ni désapprobation aux opinions
émises dans ce mémoire; elles doivent être
considérées comme propre à leur auteur»
Introduction5
I Présentation du dispositif de défiscalisation
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1.1 Défiscalisation métropolitaine: la loi Pons
(1986), Paul (2001) et Girardin (2003)
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1.1.1 Motivation
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1.1.2 Principes
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1.1.3 Le dispositif applicable à l'hôtellerie et au
secteur du tourisme
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1.1.4 Mécanisme-type de la Loi Girardin appliqué
à un projet hôtelier
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1.2 Défiscalisation locale : la loi Flosse (1995)
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1.2.1 Motivations
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1.2.2 Principes
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1.2.3 Les conditions d'application du dispositif « Flosse
» au secteur hôtelier
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1.2.4 Le mécanisme-type du dispositif « Flosse »
appliqué à un projet hôtelier
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13
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1.2.5 Cumul défiscalisation métropolitaine et
défiscalisation locale
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II Le secteur du tourisme
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2.1 Caractéristiques du marché touristique en
Polynésie Française
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2.1.1 Spécificités de la demande touristique
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2.1.2 Evolution de l'offre
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2.2 L'économie polynésienne : une économie
touristique ?
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2.2.1 Poids moyen du secteur dans l'emploi
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2.2.2 Poids faible du secteur dans le PIB polynésien
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19
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2.2.3 Une vision territoriale du développement
focalisée sur ce secteur
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2.3 Dispositif d'incitation à l'investissement dans le
secteur du tourisme
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2.3.1 Le cumul des dispositifs d'incitation à
l'investissement essentiel au financement du secteur
touristique
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2.3.2 Le secteur hôtelier au coeur de la promotion
touristique
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III Pourquoi de focaliser sur le secteur de l'hôtellerie ?
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21
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3.1 La volonté gouvernementale de dynamiser ce secteur
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3.2 Le premier bénéficiaire du dispositif de
défiscalisation
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3.3 Des résultats ambigus
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IV Modélisation en équilibre partiel des effets de
la politique de défiscalisation: un premier essai sur le secteur de
l'hôtellerie
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4.1 Contexte de mise en place de la politique de
défiscalisation
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4.2 Problèmes méthodologiques
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4.3 Modélisation de l'offre
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4.3.1 Hypothèses retenues concernant le marché
hôtelier
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4.3.2 Formalisation de l'offre
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4.4 Modélisation de la demande
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.29
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4.4.1 Quantification de la demande hôtelière
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4.4.2 Les déterminants de la demande
hôtelière
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30
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4.4.3 Forme fonctionnelle
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32
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4.5 Equilibre partiel
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4.6 Contrefactuel : Diminution de la masse salariale
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Conclusion
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Bibliographie
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43
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Annexe 1: Schéma simplifié de la
défiscalisation locale
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Annexe 2: Synthèse des aides à l'investissement
dans le secteur hôtelier et résidences de tourisme
international
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Annexe 3 : Exemple de montage de défiscalisation
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.49
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Annexe 4 : Estimation des déterminants de la demande
hôtelière
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Annexe 5 : Econométrie appliquée
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Annexe 5 : Graphique des séries
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Annexe 6 : Résultats des simulations
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59
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Introduction
Déjà le chancelier Helmut Schmidt
énonçait l'importance des investissements dans le cycle
économique puisque selon sa fameuse citation «les profits
d'aujourd'hui font les investissement de demain et les emplois d'après
demain ». Cette vision économique centrée sur les
investissements comme moteur de développement, loin d'être
novatrice, reste au coeur des politiques de développement. Cependant,
les pays en développement, caractérisés par une
épargne insuffisante, tentent d'attirer les investissements
étrangers pour renouer avec le schéma néo-classique de
développement du type Rostow. Dès lors, les politiques nationales
d'incitation à l'investissement se concurrencent et donnent lieu
à de nombreuses études économiques (C.Oman 2000). Si
la littérature économique à ce sujet est
dense (Zee, Stotsky, et Ley 2002, Sosa 2006), ceci est justifié par la
diversité des politiques d'incitation à l'investissement:
exemption de taxes, subventions, systèmes juridiques flexibles,
etc. Les incitations fiscales sont une des modalités
utilisée afin de stimuler l'investissement et d'éviter la fuite
de l'épargne locale. Cette politique est au coeur de la stratégie
de développement de nombreux pays, et notamment de la France. Soucieux
du manque d'investissement outre marin, le gouvernement français a,
depuis les années 1980, adopté un système fiscal incitatif
afin de pallier cette insuffisance, souvent décrite comme une
conséquence de l'insularité.
Les politiques d'incitations fiscales à
l'investissement en France se caractérisent par un crédit
d'impôt variable concernant l'impôt sur les revenus, sur les
sociétés ou sur les transactions. Depuis 1986, date
d'entrée en vigueur de la loi Pons, complétée en 2001 puis
2003 par, respectivement, les lois dites Paul et Girardin, certains
investissements réalisés outre-mer peuvent
bénéficier de mesures incitatives de défiscalisation. Ce
dispositif a pour but de pallier le déficit d'investissement subi par
ces économies insulaires au marché étroit et par
conséquent confrontées à des problèmes
d'économie d'échelle, d'équilibre en dessous de
l'efficience, etc. Constatant que les investisseurs locaux n'avaient
que peu recours à ce dispositif de défiscalisation dite
métropolitaine, les autorités de Polynésie
française, qui bénéficient d'une autonomie fiscale, ont
décidé de le compléter par un dispositif de
défiscalisation locale, entré en vigueur en 1995 (« loi
Flosse »). Depuis 1995, le montant cumulé consacré par le
gouvernement polynésien à cette aide s'élève
à 76 milliards de F CFP.
À l'heure actuelle, aucune évaluation des effets
du dispositif de défiscalisation locale sur l'investissement en
Polynésie n'a été effectuée. Or, ces politiques
font l'objet de critiques virulentes du fait de leur coût
élevé et de leur efficacité remise en cause. Aussi, les
difficultés méthodologiques ont freiné la mise en place de
telles études. Outre un problème de données,
évaluer un dispositif de défiscalisation, locale comme
métropolitaine, est en effet délicat. Dans leur «Rapport sur
l'évaluation de l'impact socio-économique du dispositif de
défiscalisation des investissements outre-mer », qui concernait la
défiscalisation métropolitaine, l'Inspection
générale des Finances et l'Inspection générale de
l'Administration notaient ainsi que «Même si les données
statistiques détaillées avaient existé, et si un outil
fiable de suivi avait été mis en place, l'analyse des impacts
aurait de toute façon posé de sérieux problèmes
méthodologiques, qui tiennent surtout à la difficulté de
discerner dans l'évolution de l'économie locale ce qui est
imputable à la défiscalisation et ce qui relève des autres
facteurs pouvant avoir un impact similaire. Cette difficulté est accrue
par l'instabilité des mécanismes de défiscalisation. En
effet, le chevauchement et la succession de ces dispositifs ne peuvent que
biaiser les hypothèses qui se fondent sur la pérennité des
mesures et une certaine stabilité de l'économie.» (p. 20,
juillet 2006).
Nous avons donc tenté de surmonter les
difficultés citées ci-dessus grâce à une
réflexion profonde sur les outils méthodologiques
appropriés à l'évaluation d'une telle politique
économique. Pour ce faire, nous nous sommes concentrés sur
l'analyse du secteur hôtelier. Celui-ci attire notre attention pour deux
raisons. Tout d'abord, il est le premier bénéficiaire du
dispositif de défiscalisation locale (50 milliards de F CFP sur les 76
milliards dépensés en 10 ans), constat justifié par la
logique gouvernementale de développer les ressources extérieures
issues du tourisme. D'autre part, l'évolution du secteur hôtelier
engendre un certain nombre de question compte tenu du montant des
investissements réalisés. En effet, le nombre de chambres (+500)
n'a que peu évolué du fait d'une orientation qualitative; car si
le parc hôtelier est passé de 3000 à 3500 chambres, il est
monté en gamme, confirmant la spécialisation du Fenua dans le
tourisme de luxe: le luxe représente désormais plus de 50% (2005)
du parc hôtelier contre 30% en 1997.
Malgré ces difficultés, analyser les dispositifs
de défiscalisation, en particulier locaux, en Polynésie
française demeure un enjeu central pour l'amélioration de
l'efficacité des politiques publiques qui y sont menées. L'objet
de notre mémoire est donc de s'interroger sur les outils
méthodologiques nécessaires à l'analyse des effets du
dispositif de défiscalisation locale sur l'investissement
polynésien, afin de modéliser les effets sur l'équilibre
d'un secteur. Dans ce dessein, nous répondrons à la question
suivante: Comment modéliser l'effet du dispositif de
défiscalisation locale sur l'équilibre d'un secteur
hôtelier?
Pour ce faire, notre mémoire s'articule autour de
quatre parties. Les trois premières parties se veulent descriptives,
alors que la dernière est analytique. En effet, nous décrirons
les dispositifs de défiscalisation métropolitaine et locale dans
une première partie, puis mettrons en lumière les
caractéristiques principales du secteur touristique polynésiens
dans une seconde partie, avant de justifier notre focalisation sur le secteur
hôtelier. La quatrième partie présente notre
modélisation des effets de la défiscalisation locale sur
l'équilibre du secteur hôtelier.
I Présentation du dispositif de
défiscalisation
1.1 Défiscalisation métropolitaine: la loi
Pons (1986), Paul (2001) et Girardin (2003)
1.1.1 Motivation
La prise en compte des handicaps structurels de l'outre-mer
(marchés étroits, coûts élevés du capital,
peu de possibilités d'économies d'échelles, accès
aux crédits restreints, éloignements des marchés
dynamiques...) a fait émerger des mesures favorables à
l'investissement dans les DCOM1. L'idée sous-jacente est donc
d'attirer les capitaux dans des secteurs qui souffrent d'un manque
d'attractivité du fait de la rentabilité faible voire
négative de certains investissements.
1.1.2 Principes
Le dispositif de défiscalisation métropolitaine
octroi une réduction d'impôt significative aux résidents
fiscaux métropolitains qui investissent dans des secteurs
éligibles.
Le principe central est de partager la réduction
d'impôt proposée entre le promoteur des DCOM et l'investisseur
métropolitain. Le bénéficiaire rétrocède au
minimum 60% de sa réduction d'impôt au promoteur. L'aide fiscale
bénéficie donc directement à des contribuables fiscalement
domiciliés en métropole lorsqu'ils participent au financement des
investissements en outre-mer. Elle bénéficie indirectement aux
promoteurs outre-marins sous forme de rétrocession de l'avantage fiscal
et constitue à ce titre une aide financière importante au
développement des entreprises des DCOM.
Du point de vue polynésien, le dispositif
métropolitain s'articule autour de deux axes : d'une part, il permet une
déduction de l'investissement réalisé en Polynésie
du résultat imposable des sociétés métropolitaines,
et d'autre part, il offre une réduction d'impôt sur le revenu
à hauteur de 50% du montant investi.
Notons, que l'investissement doit présenter un
intérêt économique pour la Polynésie, en plus de
respecter certaines modalités d'éligibilité. En outre, il
doit s'intégrer dans une politique de création d'emplois et
d'aménagement du territoire dans une optique de développement
durable. Par ailleurs, l'investissement doit garantir la protection des
investisseurs ainsi que des tiers. De son côté, le
bénéficiaire doit respecter
certaines
obligations.
Les dispositions de la loi Girardin sont pour l'essentiel
inscrites dans les articles 199 undecies A - 1 99undecies B - 217 undecies de
la loi de finances.
Concernant les secteurs éligibles à la Loi
Girardin, nous nous devons de différencier: l'immobilier et le secteur
industriel.
a. Eligibilité2
L'immobilier (art. 199 undecies A)
Logement libre (sans contraintes):
L'investissement réalisé dans un projet de
construction immobilière destiné à la location permet
l'octroi d'une réduction d'impôt de 40%. N'est
considérée comme base de financement que le montant dit «
éligible », calculé en fonction de la superficie de
l'immeuble selon les critères de la Loi Carrez3.
1 Départements et collectivités d'Outre-mer.
2 Notons que pour accéder à la Loi Girardin, il est
nécessaire d'obtenir au préalable l'agrément de la
Direction Générale des Impôts (DGI) si le montant total du
projet est supérieur à 4.600.000 €uros (environ 550 MF.CFP)
dans le cas de l'immobilier et 300.000 €uros (environ 36 MF.CFP) pour le
secteur industriel.
C'est ce montant «éligible» qui est retenu si le
montant total de l'investissement est supérieur à ce dernier.
Dans le cas contraire, c'est le montant total de l'investisseme nt qui est
retenu.
Le bénéficiaire de la réduction
d'impôt rétrocède au promoteur une partie de cet avantage
(on estime que le promoteur bénéficiera au minimum d'environ 20%
du montant éligible).
Dans une optique de développement durable, il est
accordé aux résidents fiscaux métropolitains une
réduction supplémentaire de 4% si le projet requiert
l'utilisation d'énergies renouvelables (type chauffe eau solaire). Une
partie de ces 4% est reversée au promoteur (sur le montant total
éligible).
Aussi, le bénéficiaire du projet s'engage à
louer l'immeuble dans les 6 mois qui suivent la fin de la construction et doit
le conserver pendant 5 ans.
Le logement intermédiaire (2
contraintes):
A la différence du logement libre, le logement
intermédiaire nécessite de deux contraintes :
- Respecter un plafond de loyer annuel par mètre
carré habitable (charges non comprises) de 173 €uros (environ 1720
F.CFP / m2 / mois) - soit environ 137.629 F.CFP pour un 80
m2.
- Respecter un ressources pour locataires 4
plafond de les
|
:
|
Personne seule
|
3.008.590
|
Couple marié
|
5.564.556
|
Personne seule ou couple marié ayant une personne à
charge
|
5.886.394
|
Personne seule ou couple marié ayant deux personnes
à charge
|
6.208.351
|
Personne seule ou couple marié ayant trois personnes
à charge
|
6.638.422
|
Personne seule ou couple marié ayant quatre personnes
à charge
|
7.068.613
|
Majoration par personne à charge à partir de la
cinquième
|
+451.312
|
Par ailleurs, le logement intermédiaire permet au
résident fiscal métropolitain qui investit dans un tel projet de
bénéficier d'une réduction d'impôt de 50%. De
même le promoteur bénéficie lui aussi d'un avantage
rétrocédé plus important (environ 27%).
Le montant éligible est calculé en fonction de la
superficie de l'immeuble calculé selon les critères de la Loi
Carrez sur le même principe que décrit précédemment
pour les logements libres.
Attention, dans ce cas précis, le
bénéficiaire s'engage à louer l'immeuble dans les 6 mois
qui suivent la fin de la construction et doit le conserver pendant 6 ans.
· Le secteur industriel (article 199 undecies B)
Une réduction d'impôt est accordée pour les
résidents fiscaux métropolitains qui investissent dans un secteur
industriel hors :
- Commerce;
- Restauration, à l'exception des restaurants de tourisme
classés, les cafés, débits de tabacs et débits de
boisson; - Conseil et expertise ;
- Recherche et développement;
- Education, santé et action sociale;
- Banque, finance et assurance;
- Toutes activités immobilières;
- La navigation de croisière, les locations sans
opérateur, à l'exception de la location de véhicules
automobiles et de navires de plaisance, la réparation automobile;
- Les services fournis aux entreprises, à l'exception de
la maintenance, des activités de nettoyage et de conditionnement
à façon et des centres d'appel;
3 Le montant retenu est la surface loi Carrez multipliée
par 1.800 Euros HT (soit environ 214.797 F.CFP) auquel on ajoute la TVA moyenne
sur le projet afin d'obtenir une base TTC. Notons que la loi Carrez ne retient
que les parties des locaux d'une hauteur d'au moins 1m80.
4 Par an en F.CFP
- Les activités de loisirs, sportives et culturelles
à l'exception, d'une part de celles qui s'intègrent directement
et à titre principal à une activité hôtelière
ou touristique et ne consistent pas en l'exploitation de jeux de hasard et
d'argent et, d'autre part, de la production et de la diffusion audiovisuelle et
cinématographiques;
- Les activités associatives;
- Les activités postales.
La réduction d'impôts accordée 50%
excepté pour la rénovation d'hôtel qui permet de
bénéficier d'une réduction d'impôt de 60%.
Dans le cadre d'un
développement durable, il est accordé aux
résidents fiscaux métropolitains une réduction
supplémentaire de 10% si le projet requiert l'utilisation
d'énergies renouvelables (type chauffe eau solaire). Une partie de ces
10% est reversée au promoteur (sur le montant total éligible).
Le bénéficiaire de la réduction
d'impôt rétrocède au promoteur une partie de cet avantage
(on estime que le promoteur bénéficiera au minimum d'environ 30%
du montant éligible).
b. Une utilisation restreinte
Du fait de l'existence d'un régime fiscal autonome en
Polynésie, le dispositif de défiscalisation métropolitain
ne peut passer que par des intermédiaires qui mettent en contact
contribuables métropolitains et entreprises polynésiennes. Cette
nécessité d'intermédiation et les caractéristiques
structurelles et institutionnelles de la Polynésie expliquent le recours
limité à ce dispositif. Selon le bilan macro-économique du
Cerom, il semblerait que ce dispositif fut réellement exploité
qu'après la mise en place du dispositif local. Dès lors, la
possibilité de cumuler cette double défiscalisation a permis de
diminuer significativement les risques et le cout de l'investissement (et de
fait le ratio risque pays/rentabilité financière).
1.1.3 Le dispositif applicable à
l'hôtellerie et au secteur du tourisme
L'ensemble des investissements nécessaires à la
réalisation des activités d'hébergement et de restauration
ouvre droit à l'aide fiscale, de même que les travaux de
rénovation d'hôtels réalisés depuis le 1er janvier
2001 et les travaux de rénovation et de réhabilitation
d'hôtels, de résidences de tourisme et de villages classés
réalisés depuis le 24 juillet 2003 5 .
Afin d'encourager les investissements hôteliers, les
personnes physiques résidentes en France métropolitaine
bénéficient d'un crédit d'impôt de 50 % de
l'investissement réalisé dans un projet de construction
hôtelière, à condition que cet inves tissement ait
été préalablement agréé par le
Ministère des Finances. La réduction est calculée sur la
base du prix de revient, y compris le coût de réalisation ou
d'acquisition d'aménagements incorporés à la construction
et nécessaires au fonctionnement de l'exploitation
hôtelière ou para hôtelière (les ascenseurs par
exemple). Cette réduction est portée à 70 % pour les
travaux de réhabilitation et de rénovation d'hôtels, de
résidences de tourisme et de villages de vacances classés,
réalisés à compter du 24juillet 2003.
1.1.4 Mécanisme-type de la Loi Girardin
appliqué à un projet hôtelier
a. La vente
A la fin de la construction hôtelière, la
société polynésienne promotrice vend à une
société métropolitaine les constructions. Cette
dernière les achète à hauteur de 30 % minimum de leur
valeur, ce pourcentage pouvant évoluer en fonction de la valeur de
l'investissement. Les 70 % restant devront être constitués de
fonds propres ou d'autres moyens de financement.
b. La location Dès la mise en
exploitation de l'hôtel, la société métropolitaine
le donne en location à la société locale.
5 Les travaux de rénovation d'hôtels supposent la
reprise totale ou importante des structures intérieures de
l'hôtel, ou doivent permettre de doter les bâtiments
concernés des normes actuelles de confort. Les travaux de
réhabilitation consistent, quant à eux, en la remise aux normes
d'habitabilité actuelles d'un bâtiment ancien.
c. L'achat à la valeur résiduelle
Après cinq années d'exploitation, la
société promotrice rachète l'hôtel à une
valeur équivalente au solde du compte, soit 70 % auxquels sont
soustraits les loyers cumulés pendant 5 ans. Ainsi, la
société locale aura bien reçu 30 % de la
société métropolitaine et redevient juridiquement
propriétaire de l'hôtel au bout de cinq ans.
Depuis la mise en place des différents dispositifs
défiscalisant, de plus en plus de sociétés y ont eu
recours pour financer leurs investissements. Entre 2000 et 2003, 29 des 55
demandes déposées ont été agréées par
la Direction générale des impôts dont 11 concernaient des
projets hôteliers. En 2003, 18 demandes d'agrément en
défiscalisation dans le secteur touristique ont été
déposées auprès de la Direction générale des
impôts, représentant un montant total d'investissements
projetés de 16,8 milliards de F CFP. Les projets hôteliers
représentaient 44 % des dossiers déposés (8 demandes) et
près de 70 % des investissements globaux envisagés (11,3
milliards de F CFP). Huit projets ont été agréés,
portant le montant d'investissement accordé à 2,8 milliards de F
CFP et 4 ont reçu un accord de principe. Quant aux autres,
excepté un projet qui a été abandonné, ils sont en
attente de décision. Le secteur touristique représentait ainsi,
en 2003, 31 % de l'ensemble des demandes d'agrément (59) et plus de 50 %
du montant total des investissements projetés.
Le rapport d'information du Sénat sur la
défiscalisation dans les départements et territoires d'outre-mer
réalisé en novembre 2002, a mis en évidence le fait que la
défiscalisation a permis de rendre viables des projets qui n'auraient
pas été réalisés dans des conditions normales. Elle
serait donc bien une compensation aux handicaps structurels que connaissent les
économies d'outre-mer. Par ailleurs, tout en permettant le
décollage de certains secteurs et plus particulièrement celui du
tourisme en Polynésie française, les outils de
défiscalisation permettent de diminuer de manière significative
le seuil de rentabilité des investissements.
Il est difficile de chiffrer l'impact économique et
social de la défiscalisation, notamment en raison d'un manque de
données et de la quasi-impossibilité d'isoler les effets de la
défiscalisation de ceux d'autres dispositifs. Toutefois, il est
évident que son impact sur l'économie est loin d'être
négligeable dans la mesure où elle rend possible des
investissements conséquents financés à moindre coût
qui, outre le développement du secteur touristique, ont des effets
d'entraînement sur l'ensemble de l'économie polynésienne
tant sur l'emploi que sur la masse salariale, le secteur de la construction ou
encore l'accroissement des recettes fiscales. C'est ce que notre étude
tentera de démontrer.
1.2 Défiscalisation locale: la loi Flosse (1995)
1.2.1 Motivations
Du fait du bilan mitigé concernant le dispositif de
défiscalisation métropolitaine en Polynésie, la mise en
place d'un dispositif local s'est imposée. En effet, il semblerait que
celui-ci pourrait être un moteur indispensable, notamment en
intégrant les entreprises polynésiennes à l'effort
d'investissement.
1.2.2 Principes
Le texte de la Loi Flosse est intégré dans le
"Code des Contributions Directes de la Polynésie Française"
(Articles 911.1 à 930.25). Cette loi permet à des
sociétés ou personnes soumises à l'impôt (sur les
sociétés ou sur le CA) en Polynésie française et
investissant dans des projets éligibles de bénéficier d'un
crédit d'impôt proportionnel à leur investissement. Ainsi,
investisseurs et promoteurs se partagent ce crédit d'impôt
accordé par le Territoire. Cet avantage fiscal proportionnel au montant
de l'investissement permet de récupérer entre 15 et 70% de
l'investissement HT réalisé selon les textes en vigueur, en
cumulant les deux dispositifs de défiscalisation.
Le crédit d'impôt bénéficie aux
personnes physiques ou morales redevables de l'impôt sur les
bénéfices des sociétés ou de l'impôt sur les
transactions (impôt sur le CA) qui réalisent un financement dans
un projet d'investissement relevant des secteurs d'activité
éligibles.
Les projets d'investissement doivent faire l'objet d'un
agrément accordé par le Président du gouvernement
après avis de la commission consultative des agréments
fiscaux.
Le crédit d'impôt est imputable dans la limite de
65% de l'impôt sur les sociétés ou de l'impôt sur les
transactions dû, établi au titre de l'exercice de
réalisation du financement. Le solde éventuel du crédit
d'impôt est imputable dans la même limite sur les cinq exercices
suivants.
Notons que tous les projets sont désormais soumis à
un agrément préalable prenant en compte leur intérêt
économique, leur impact sur l'emploi et sur l'environnement en plus des
conditions initiales d'éligibilité.
a. Secteurs éligibles
La défiscalisation locale constitue un crédit
d'impôt pour le financement de tout projet d'investissement
réalisé en Polynésie française dans les secteurs
:
- de la construction de logements et de résidences pour
les personnes âgées,
- de la construction de logements intermédiaires
destinés à l'accession directe à la
propriété,
- de la construction de logements intermédiaires
destinés à la location,
- de la construction, de la rénovation ou de
l'agrandissement d'hôtel,
- de la construction de parking,
- des autres constructions immobilières,
- de la construction de navire de croisière, - de la
création de golf international,
- de la construction de clinique privée, - de l'industrie
extractive,
- de l'industrie agroalimentaire,
- de l'aquaculture et de la pisciculture,
- de la construction de navires de pêche.
b. Modalités d'investissement
Pour ouvrir droit au crédit d'impôt, le montant du
financement réalisé dans le projet d'investissement
agréé doit être égal ou supérieur
à:
- 10 millions de francs CFP pour les personnes soumises à
l'impôt sur les bénéfices des sociétés; - 5
millions de francs CFP pour les personnes soumises à l'impôt sur
les transactions.
c. Avantages de la loi Flosse
Secteur éligibles
|
Seuil d'investissement
|
Crédit d'impôt
|
Avantage minimum promoteur
|
Construction de logement et de résidences pour personnes
âgées
|
1 milliard (hors foncier)
|
30%
|
18%
|
Construction de logements intermédiaires destinés
à l'accession directe à la propriété
|
150 millions
|
45%
|
27%
|
Construction de logements intermédiaires
destinés à la location
|
150 millions
|
45%
|
27%
|
Construction, agrandissement et rénovation
d'hôtels
|
Construction: 1 milliard (hors terrain)
|
60%
|
36%
|
|
Rénovation: 200 millions
|
|
|
Construction de parking
|
100 millions
|
Aérien : 40%
|
24%
|
|
|
Souterrain:
|
36%
|
|
|
60%
|
|
Autres constructions immobilières
|
500 millions hors foncier plusieurs tranches possibles
|
30%
|
18%
|
Construction de navires de croisière
|
<50 millions par cabine <2 milliards
|
40%
|
24%
|
Construction de golf international
|
1 milliard (assise foncière incluse)
|
50%
|
30%
|
Construction de clinique privée
|
1 milliard cinq cent millions
|
40%
|
24%
|
|
(hors terrain)
|
|
|
Investissement dans l'aquaculture et la pisciculture
|
100 millions terrain pris pour 1/4 du montant gloabl
|
40%
|
24%
|
Investissement dans l'industrie extractive
|
1 milliard (hors foncier)
|
40%
|
24%
|
Investissement dans l'industrie agroalimentaire
|
300 millions (hors terrain)
|
40%
|
24%
|
Construction de navires de pêche
|
100 millions
|
25% si = 20
|
15%
|
|
|
mètres
|
30%
|
|
|
50% si >20 mètres
|
|
1.2.3 Les conditions d'application du dispositif «
Flosse » au secteur hôtelier
Le financement réalisé dans un projet de
construction, d'agrandissement, de rénovation, d'amélioration, de
transformation ou de modernisation d'hôtel ouvre droit à un
crédit d'impôt représentant 60 % du montant de
l'investissement. Toutefois, l'obtention d'un tel crédit d'impôt
est soumise à certaines conditions. Le coût total du projet, hors
la valeur du terrain qui n'est pas prise en compte, doit être égal
ou supérieur à un milliard de F CFP pour la construction d'un
hôtel et à 200 millions de F CFP pour ce qui concerne les
dépenses de rénovation, d'amélioration, de transformation,
ou de modernisation de la structure hôtelière existante. En outre,
tout projet d'agrandissement d'hôtel existant doit porter sur la
construction de 20 % au moins de chambres supplémentaires.
L'investissement ouvrant droit à crédit
d'impôt comprend le coût du terrain ou la valeur cumulée sur
les cinq premières années des loyers et du droit d'entrée
en cas de location du terrain, la construction, l'installation, les
agencements, le mobilier et les matériels concourant à
l'exploitation, mais ne comprend ni le mobilier de loisirs, ni les
matériels de transport et de loisirs. Le bénéfice du
crédit d'impôt est par ailleurs subordonné à
l'engagement pris par la société réalisant le projet de
maintenir l'affectation de l'immeuble à sa destination
hôtelière pendant une période minimum de cinq années
suivant celles du début de son exploitation.
Lorsque des investissements sont réalisés dans
le cadre de la loi de défiscalisation métropolitaine Girardin, la
société polynésienne qui exploite effectivement
l'hôtel (directement, au travers d'un contrat de location ou d'un mandat
de gestion) peut obtenir une exonération du paiement de l'impôt
sur les transactions, de l'impôt sur les sociétés ou de
l'impôt minimal forfaitaire. Cette exonération s'applique au
résultat induit par l'opération de cession initiale de l'ensemble
immobilier achevé, aux produits de gestion de l'hôtel
et aux produits financiers6.
1.2.4 Le mécanisme-type du dispositif «
Flosse » appliqué à un projet hôtelier
Une société « investisseur »,
détentrice de positions fiscales significatives, se rapproche d'un
promoteur polynésien réalisant un projet d'investissement
hôtelier éligible au dispositif «Flosse ».
Une convention est signée entre les deux parties :
l'investisseur s'engage d'une part à investir une certaine somme dans le
projet, en contrepartie de laquelle il obtient un crédit d'impôt
correspondant à son investissement, et d'autre part à abandonner
une fraction de cet investissement au profit du promoteur. Le
bénéfice du crédit d'impôt est acquis au titre de
l'année au cours de laquelle l'investissement est
réalisé.
Il convient de noter que l'investisseur est tenu de maintenir
son investissement jusqu'à réception du certificat de
conformité. Dès la réception de ce certificat,
l'investisseur rétrocède au promoteur la totalité des
actions ou du compte courant représentatif de son investissement
moyennant une décote permettant ainsi le partage de l'avantage fiscal
entre le promoteur et l'investisseur.
Ainsi, l'investisseur qui désire
bénéficier de ce crédit d'impôt prend une
participation minoritaire dans une société hôtelière
et le promoteur du projet s'engage à racheter, dès la fin de la
construction, les actions de la société « investisseur
» à un prix fixé par contrat (environ 68 % de la somme
investie) de telle sorte que l'investisseur gagne 60 % de crédit
d'impôt moins 32% (100 - 68=3 2) et la société
hôtelière 32 % de la somme provisoirement investie par
l'investisseur.
L'intervention de l'investisseur n'est que provisoire puisqu'il
cède ses parts à la fin de la construction. Elle aura permis de
réduire le coût de l'investissement de 32 %.
Normalement, afin d'optimiser le bénéfice de ces
opérations, les sociétés apportent leur financement en fin
d'année afin de pouvoir imputer directement le crédit
d'impôt obtenu. Mais d'autres modalités peuvent être
envisagées comme celle qui prévoit un investissement quelques
semaines voire quelques jours avant la délivrance du certificat de
conformité. Ainsi, à quelques jours de l'échéance,
le risque de non-aboutissement du projet est quasi -nul et l'obtention du
crédit d'impôt devient donc immédiatement
définitive.
6 Seuls les produits financiers générés par
les sommes données en garantie et prévues dans l'agrément
bénéficient de cette exonération
De 1996 à 2003, les investisseurs ont pu
bénéficier d'un montant global de crédits d'impôt
dans le secteur de l'hôtellerie de 28,95 milliards de F CFP, soit plus de
65 % de l'ensemble des crédits tous dispositifs compris. En 2003, 249
millions de F CFP de crédits d'impôt ont été
autorisés dans le cadre de l'application du dispositif «Flosse
» au secteur de l'hôtellerie, soit près de 90 % de l'ensemble
des crédits tous secteurs confondus.
Source : IEOM- Les notes de l'institut d'émission- Le
tourisme en Polynésie Française de 1996 à 2003
1.2.5 Cumul défiscalisation métropolitaine
et défiscalisation locale
Ainsi un promoteur pourra bénéficier d'une aide
allant jusqu'à 66% de son investissement. Les 34% restants devant
être financés par ces propres moyens (fonds propres, emprunts,
É).
On constate dans les deux cas, que les secteurs qui en profitent
le plus sont: l'hôtellerie et les activités liées au
tourisme, l'industrie, la pêche, les transports, le logement et les
énergies renouvelables.
Notons que les dispositifs de défiscalisation ne sont
pas simultanés: si l'aide locale arrive au début des travaux,
l'aide métropolitaine se manifeste à la fin (sauf exception faite
par la DGI). En outre, compte tenu des contraintes territoriales, si
l'enveloppe consacré à la défiscalisation et trop
importante, l'ensemble des fonds liés à la défiscalisation
locale risque d'être débloqués sur plusieurs
année.
II Le secteur du tourisme
2.1 Caractéristiques du marché touristique
en Polynésie Française
2.1.1 Spécificités de la demande
touristique
a. L'évolution des entrées touristiques
Au cours de l'année 2007, la Polynésie
française a accueilli 218 241 visiteurs dont 42 793
croisiéristes, portant ainsi sa densité 7 à
près de 0,86 touriste pour un habitant. Un tel ratio met en
évidence l'importance de la fréquentation touristique
malgré l'éloignement des grands marchés
émetteurs.
La rupture et le retournement de tendance survenus en 2001
invitent à distinguer trois périodes : la première allant
de 1996 à 2000,
marquée par une croissance continue des entrées
de visiteurs (9 %), et la seconde commençant en 2001 qui apparaît
comme «une année noire» pour le tourisme polynésien, la
fréquentation touristique s'inscrivant en retrait de près de 10%
sur l'ensemble de l'année. La tendance s'est inversée ensuite: en
2003, alors que le tourisme mondial enregistrait sa plus forte baisse (- 1,2
%), la Polynésie française a affiché de meilleurs
résultats qu'en 2002, même s'ils se sont avérés
inférieurs à ceux attendus par les professionnels.
b. La typologie de la clientèle
S'il n'existe pas de touriste « type » se rendant
en Polynésie française, il est toutefois possible de distinguer
plusieurs catégories notamment en termes de classe d'âge, de
catégorie socioprofessionnelle ou de motif de séjour.
La nette prédominance des 25-34 ans qui
représentent près de 30 % des visiteurs sur la période
1996/2007 peut être expliquée par la forte présence des
« honeys mooners »8.
La répartition par catégorie
socioprofessionnelle révèle la part importante des cadres
supérieurs et des professions libérales qui ont, dès 1999,
dépassé les employés et ont représenté, en
moyenne entre 1996 et 2007, 25% des visiteurs. Cette part importante d'une
clientèle jugée «haut de gamme» s'explique
essentiellement par l'effet dissuasif de la multipl ication des hôtels
« Grand tourisme » et de « Luxe » 9 et de la pratique de
prix élevés.
Les visiteurs évoquent quatre motifs principaux de
voyage : vacances, voyages de noces, visites d'amis ou de famille et tourisme
d'affaires. Les vacanciers ont représenté en 2003, d'après
l'enquête menée auprès des touristes internationaux par
l'ISPF, plus de 60 % de l'ensemble des visiteurs.
c. La prépondérance des marchés
métropolitain et américain
Lorsqu'on observe l'origine des touristes en Polynésie
Française, force est de constater la prédominance des
marchés européens et nord-américains qui
représentent respectivement 39% et 34% des touristes en 2007.
7 La densité touristique correspond au nombre de touristes
rapporté au nombre d'habitants
8 Les visiteurs en lune de miel
9 Respectivement 3 et 4/5 étoiles
Fig. 2 Part des marchés émetteurs en
2007
Amérique du nord
Amérique du sud
Amérique centrale
Europe hors France
France
Pacifique
11%
34%
12%
20%
19%
3%
1%
Source : ISPF
d. les dépenses des touristes
Le tourisme international représente la première
ressource de la Polynésie française. Selon les chiffres de
la
Balance des paiements de la Polynésie française,
publiés conjointement par l'IEOM et la Banque de France, les
recettes
du poste « voyage » se sont élevées à 51,8
milliards de F CFP en 2003, ce qui représente un
10
accroissement de 7,6 % par rapport à l'année
précédente . D'après l'ISPF, le tourisme international a
rapporté, en 2003, près de 42 milliards de F CFP, soit plus de
trois fois le montant des exportations de produits locaux. On peut ainsi
évaluer la dépense moyenne par touriste à près de
200.000 F CFP.
Entre 1997 et 2003, les dépenses des
touristes11 internationaux ont progressé de 12,3 %, ce qui
semble cohérent avec l'orientation haut de gamme de l'offre.
Fig.3 Evolution des arrivées des touristes
Source rapport IEOM 2003
2.1.2 Evolution de l'offre
a. La desserte internationale
La desserte internationale de Tahiti est très
irrégulière: si le nombre de compagn ies fluctue du fait de la
rigidité
de leur structure de coût, l'évolution du
nombre de passagers semble être influencée par les
évènements
10 Toutefois, il convient de noter que les données
extraites de la Balance des paiements couvrent un périmètre plus
large que les simples recettes touristiques.
11 Les dépenses des touristes correspondent aux
dépenses locales des non-résidents (hébergements,
restaurants, commerces, transports locaux...) et ne prend pas en compte les
dépenses réalisées hors de la Collectivité dont
notamment l'achat des billets d'avions internationaux.
internationaux (attentats du 11 septembre,
épidémie du SrasÉ). Notons, qu'en 1998 la compagnie Air
Tahiti Nui (ATN) à vue le jour et que les compagnies Air Liberté
et Corsair ont arrêté de desservir la Polynésie
Française respectivement en 2002 et 2003.
Fig. 4 Evolution de la desserte aérienne
Source : IEOM rapport 2004
Quant au prix du trajet, ils semblent subir des
évolutions saisonnières de même nature que le nombre de
touristes arrivés. Néanmoins, même si ce graphique tend
à dessiner une corrélation entre prix du vol international et
arrivées des touristes, il est indispensable d'être prudent face
à l'interprétation rapide et erronée des statistiques
descriptives. En effet, celles-ci nous permettent d'identifier une tendance
commune et non de conduire à l'existence d'une corrélation. Cette
dernière ne peut être mise en exergue rigoureusement que par une
analyse économétrique. Seule notre modélisation de la
demande nous permettra de nous prononcer de manière fondée sur le
lien entre prix du vol international et arrivées de touristes. De ce
fait, nous présentons ce graphique comme un outil statistique descriptif
et non comme une analyse économétrique. La suite de notre travail
se propose de vérifier cette intuition.
Fig. 5 Statistique descriptive:
prix et coefficients de
remplissage dans le secteur aérien
Source : IEOM rapport 2004
b. Une offre d'hébergement orientée vers
le haut de gamme
L'offre hôtelière s'articule autour de deux types
d'hébergement: l'hôtellerie classée et la petite
hôtellerie. La première, le plus souvent liée à de
grands groupes multinationaux, est essentiellement tournée vers les
marchés extérieurs, très friands des structures
classées «luxe». Le classement s'effectue comme suit: Luxe
(4/5 étoiles); Grand tourisme (3 étoiles) ; Tourisme (2
étoiles). La seconde (petits hôtels, pensions de famille...),
attirant principalement les résidents et touristes affinitaires, est
moins soumise aux chocs externes.
L'observation de la répartition des nuitées
confirme la tendance «luxe» de l'hébergement décrite
plus tôt.
Fig.6 Les hôtels classés
Source : IEOM rapport 2004
On constate en outre que la capacité
hôtelière n'a que peu progressé . Néanmoins, on peut
expliquer cette stagnation apparente par la restructuration de l'offre vers le
haut de gamme.
Fig.7 La capacité hôtelière
Source : IEOM rapport 2004
c. La multiplication des activités touristiques
Si la nature est l'une des premières attentes des
touristes, la demande en loisirs n'en demeure pas moins forte en
Polynésie française. Afin de répondre au mieux aux
attentes des touristes, les professionnels de la Collectivité, auxquels
il a souvent été reproché d'offrir trop peu
d'activités, s'efforcent d'étoffer l'offre d'activités
nautiques, terrestres et culturelles.
Fig. 8 Activités touristiques proposées
Source : IEOM rapport 2004
2.2 L'économie polynésienne: une
économie touristique?
2.2.1 Poids moyen du secteur dans l'emploi
Le secteur touristique employait, en 2006, 14 % de l'emploi
non marchand déclarés à la Caisse de prévoyance
sociale (CPS), contre 12,4 % en 1996. Par ailleurs, la branche «tourisme
» totalisait plus de 17 % de l'ensemble des emplois du secteur tertiaire,
premier employeur local (79% de l'emploi) , ce qui la place en troisième
position derrière l'administration publique et le commerce.
Fig. 9 Part du secteur dans l'emploi
Primaire Industrie Construction
Tourisme
Tertaire Hors tourisme, Hors APU
10%
11%
59%
14%
6%
Source : ISPF- Graphique de l'auteur
2.2.2 Poids faible du secteur dans le PIB
polynésien
Le chiffre d'affaire de l'industrie touristique
(communément appelé recettes touristiques), constitué de
l'hébergement, de la restauration, du transport aérien, de la
location de véhicules et de diverses activités
récréatives ne représente en 2005 que moins de 10% du PIB
marchand de la Polynésie. A titre de comparaison, ce n'est qu'un peu
plus du quart de la part du chiffre d'affaire du commerce dans le PIB
marchand.
En outre, on constate une importance amoindrie du secteur
touristique dans le PIB marchand.
Fig. 10 Part du secteur dans le PIB marchand
18,00%
16,00% 14,00% 12,00% 10, 00% 8,00% 6,00% 4,00% 2,00% 0,00%
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Source : ISPF. Graphique de l'auteur
Avec des recettes touristiques représentant seulement
12 % du PIB et 14 % de l'emploi marchand en 2004, l'économie
polynésienne n'apparaît pas une économie touristique. Une
observation rigoureuse de l'économie polynésienne laisse
apparaitre une grande dépendance vis-à-vis des versements publics
de la Métropole qui représentent 30% du PIB.
Pourtant le gouvernement et le monde économique
polynésiens considèrent le tourisme comme un moteur de
l'autonomie et du développement économique polynésien.
2.2.3 Une vision territoriale du développement
focalisée sur ce secteur
Dans cette sous-partie nous présentons la vision
territoriale du développement afin de comprendre la logique de promotion
du secteur touristique comme moteur de l'autonomie et du développement
économique polynésien. En effet, les politiques d'incitation
fiscale à l'investissement s'appuient sur l'idée selon laquelle
le tourisme représente une part importante des ressources
extérieures ayant un impact non négligeable sur
l'évolution du PIB.
Cette idée est fondée sur les résultats
d'une étude sectorielle des déterminants du développement
économique polynésien. Le schéma suivant
élaboré par C.Vernaudon au cours d'une analyse de
l'économie polynésienne représente le fil conducteur des
politiques de développement mises en place. De cette étude
comptable, les auteurs identifient un certain «coefficient multiplicateur
» des ressources extérieures qui serait compris entre 2.5 et 2.7.
Dans cette optique, le tourisme semblerait donc avoir un impact important sur
le développement
12
polynésien puisqu'il représente 35,4% des
ressources extérieures . Dès lors, le tourisme et les transferts
de l'Etat sont considérés comme les moteurs principaux du
développement économique polynésien. Or, dans une
volonté d'autonomie politique et économique, le tourisme apparait
-compte tenu des ces calculs comptables- comme la réponse aux
problématiques de développement du Pays.
Alors que la Polynésie Française n'apparait pas
comme une économie touristique -en comparaison avec les principales
destinations concurrentes où les touristes sont trois fois plus nombreux
pour des recettes touristiques représentant au moins 30% du PIB marchand
(IEOM rapport 2008)-, les politiques de développement s'orientent vers
une extension du secteur. Ceci est justifié par un calcul comptable qui
donne un poids déterminant au tourisme.
Fig. 11 La vision territoriale de l'économie
Polynesienne
Source : Le développement du tourisme en Polynésie
Française - Présentation 2008
12 Notons que les retraités sont considérés
dans cette étude comme des touristes à l'année.
2.3 Dispositif d'incitation à l'investissement
dans le secteur du tourisme
2.3.1 Le cumul des dispositifs d'incitation à
l'investissement essentiel au financement du secteur touristique
Le secteur du tourisme étant un des principaux moteurs
de la politique de développement et d'autonomisation
polynésienne, les dispositifs d'incitation à l'investissement
sont définis pour satisfaire les besoins d'investissement du secteur.
Les mécanismes sont très présents dans les modes de
financement de l'activité, et notamment la double défiscalisation
et l'aide fiscale à l'exploitation (H.Bagnis 2005). En effet, en 2002,
39% des demandes d'agrément à l'aide fiscale à
l'exploitation concernait un projet de ce secteur, soit 77% du volume global
d'investissement agrée à l'ancien Code des investissements. De
même le secteur touristique est le troisième destinataire de la
défiscalisation métropolitaine et le premier pour la
défiscalisation locale.
Le tourisme comprend d'un part les activités
touristiques et d'autre part l'hébergeme nt. La politique du
gouvernement s'est principalement traduite par un soutien au mode
d'acheminement des touristes et à leur logement (H.Bagnis 2005). Les
dispositifs d'incitations à l'investissement se sont alors
focalisés dans le secteur hôtelier.
2.3.2 Le secteur hôtelier au coeur de la promotion
touristique
L'ambition déclarée par le Territoire
était fixé à 350 000 touristes en 2005. Pour satisfaire
cet objectif ambitieux, l'hébergement se devait d'évoluer. Or,
compte tenu de la structure des coûts rigide, d'une triple concurrence
(entre îles, entre hôtels et entre destinations) et des exigences
en termes d'offre de services, la rentabilité des investissements dans
ce secteur semblait peu propice à inciter les investissements et ceux
d'autant plus que le Polynésie cible un segment de niche: le luxe. Les
dispositifs d'incitations à l'investissement sont alors apparus comme
les outils principaux afin de répondre aux ambitions fixées. En
outre, les hôtels
appartenaient jusqu'en 1986 principalement à des
étrangers ce qui rendait ce secteur vulnérable aux chocs
externes, alors que le tourisme est déjà un secteur fortement
exposé à la concurrence et aux aléas de la conjoncture
internationale.
Les dispositifs tels qu'ils se présentent aujourd'hui
permettent alors de lancer un projet hôtelier avec 15% de fonds propres,
le reste étant financé par la défiscalisation locale,
métropolitaine et les crédits bancaires à hauteur de 25%,
30% et 30% respectivement13. On voit alors que grâce au cumul
des dispositifs, on dépasse le surcoût estimé à
30%14 et donc l'objectif premier des incitations à
l'investissement qui était de compenser les handicaps structurels du
Pays.
III Pourquoi de focaliser sur le secteur de
l'hôtellerie?
3.1 La volonté gouvernementale de dynamiser ce
secteur
Tout d'abord ce choix peut être justifié du fait
que l'hôtellerie (plus précisément la construction,
l'agrandissement et la rénovation d'hôtels)
bénéficie du taux de crédit d'impôt le plus
élevé (60%). Ce taux traduit la volonté de
développer le secteur touristique qui constitue la principale ressource
extérieure de la Polynésie Française , comme décrit
ci-dessus. En effet, en 2005 les recettes touristiques représentent la
moitié des ressources propres du Pays. L'autre moitié
étant constituée des exportations (notamment des produits
perliers) et des retraites et pensions des fonctionnaires d'Etat. L'idée
sous-jacente est que non seulement l'hôtel crée de
l'activité et donc de l'emploi pendant sa construction mais aussi lors
de son exploitation.
13 Chiffres indicateurs peuvent changer selon le projet.
14 Rapport sur la défiscalisation et l'emploi cité
par Hinano Bagnis
Fig. 12 Evolution des ressources propres
en million de F CFP
Exportations de produits locaux Recettes touristiques Retraites
et pensions
100 000 80 000 60 000 40 000 20 000 0
|
|
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
|
Source : Bilan Macroéconomique CEROM 2007
3.2 Le premier bénéficiaire du dispositif
de défiscalisation
En outre, sur la décennie, l'enveloppe
dédiée à ce secteur est de plus de 50 milliards
sur 76 milliards au total, soit plus des deux tiers des
crédits d'impôts consentis15 entre 1995 et 2005. C'est
de loin, l'activité la plus soutenue par le dispositif de
défiscalisation locale.
Fig. 13 Enveloppe de défiscalisation 2005
Repartition de l'enveloppe en 2005
Montant total : 8 242 638 578 F OEP
Logement intermédiaire
destiné à la
location
15%
Immobilier
0%
Hôtellerie
69%
Parkings
3%
Logement intermédiaire
3%
Autres constructions
immobilières
4%
Navires de pêche
1%
0%
Industrie agro-alimentaire
5%
Golf
Source: SPPE 2005
Aussi il est important de noter que le nombre de projets
financés dans l'hôtellerie a subi des fluctuations importantes
passant de 78 en 1996 à 161 en 2005, avec un pic en 2003 (283 projets
financés). Ainsi, l'impact de la défiscalisation sur le montant
d'investissement global dans ce secteur phare constitue une
problématique cruciale pour l'économie polynésienne. De
même l'observation de l'évolution de l'enveloppe consacrée
à l'hôtellerie nous informe sur le caractère incontournable
de ce secteur.
15 Source : service des contributions.
Fig. 14 Enveloppe de la défiscalisation dans le
secteur de l'hôtellerie
Enveloppe consacrée à la
défiscalisation pour le secteur de
en milion de francs CFP
l'hôtellerie
10 000 9 000 8 000 7 000 6 000 5 000 4 000 3 000 2 000 1
000
|
|
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Source: SPPE 2005
3.3 Des résultats ambigus
Néanmoins, ce qui constitue à notre sens
l'intérêt porté à ce secteur est lié aux
aspects équivoques. En effet, il semblerait qu'en dépit du
soutien public (métropolitain et local), la capacité
hôtelière ait peu évolué: elle s'inscrit toujours
entre 3000 et 3500 chambres.
Fig. 15 Evolution de la capacité
hôtelière
Capacité hotelière en hotels classés
Capacité par hotel classé
4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1
000 500 0
|
|
80 70 60 50 40 30 20 10 0
|
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Source : Bilan macroéconomique CEROM 2007
Néanmoins, il serait simpliste de penser à
priori que l'enveloppe de la défiscalisation ait été
dissipée. Une analyse plus profonde nous permet d'observer une
montée en gamme de l'offre: si la défiscalisation a eu un impact
moindre sur le parc hôtelier, elle a eu pour effet direct de
spécialiser l'hôtellerie polynésienne dans le luxe (4/5
étoiles). En effet, on constate un transfert d'environ 900 chambres de
la catégorie «tourisme» (3 étoiles) à la
catégorie «luxe» (cf. Fig.5). L'enveloppe consacrée
à la défiscalisation dans le secteur de l'hôtellerie a
permis l'ouverture d'environ 1000 chambres entre 1997 et 2005,
répertoriées dans la catégorie « luxe ». Ainsi,
en 2005, plus de la moitié des chambres appartiennent à cette
catégorie.
Fig. 16 Evolution de la part des hôtels classés
dans le parc hôtelier
Répartition de la capacité
hôtelière par classe en 1997 Répartition de la
capacité hôtelière par classe en 2005
901
1283
828
471
969
1886
Luxe (4/5 étoiles)
Grand tourisme (3 étoiles) Tourisme (2 étoiles)
Luxe (4/5 étoiles)
Grand tourisme (3 étoiles) Tourisme (2 étoiles)
Source : Bilan macroéconomique CEROM 2007
Il semble donc justifier de focaliser notre analyse sur le
secteur de l'hôtellerie compte tenu des points évoqués: +
C'est une ressource extérieure majeure pour l'économie
polynésienne ce qui justifie le recours à un taux de
crédit d'impôt élevé afin de dynamiser
l'activité et de générer des externalités positives
en termes d'emplois et d'entrée de devises.
+ C'est le secteur qui capte la majeure partie de l'enveloppe
consacrée à la défiscalisation locale.
+ L'évolution du parc hôtelier non pas en termes
quantitatifs mais qualitatifs attire la curiosité.
IV Modélisation en équilibre partiel des
effets de la politique de défiscalisation: un premier essai sur le
secteur de l'hôtellerie
4.1 Contexte de mise en place de la politique de
défiscalisation
Dans un contexte économique incertain, il est
nécessaire diversifier les investissements pour diminuer le risque.
Celui-ci est donc un déterminant de l'investissement au même titre
que le rendement espéré. Il s'agit alors dans un contexte de
globalisation financière de pouvoir à la fois attirer les
capitaux étrangers et éviter la fuite des capitaux domestiques.
C'est dans cette optique que ce sont développées les incitations
fiscales comme outils d'incitation à l'investissement. Elles constituent
aujourd'hui une des politiques de développement qui fait l'objet d'une
recherche importante compte tenu de ses nombreuses manifestations. Les
incitations fiscales sont considérées par la littérature
économique comme des instruments de compensation dans la mesure
où elles ont pour objectifs d'attirer des investissements et donc de
pallier le manque d'attrait naturel du Pays (Oman 2000).
Les politiques de défiscalisation locale et
métropolitaine furent mises en place afin de pallier les handicaps
structurels de la France d'outre mer. En effet, l'étroitesse des
marchés, leur éloignement des marchés dynamiques (surtout
pour la Polynésie Française qui se situe à 6000 km de
l'Australie, 17 000 de la métropole...) et l'éclatement insulaire
polynésien minent la rentabilité financière des
investissements au profit notamment de la métropole.
En effet, les capitaux privés - sous l'hypothèse
de parfaite mobilité- sont attirés par les placements à
forte rentabilité financière, compte tenu du risque pays
estimé. Or, la rentabilité financière n'entraîne pas
forcément les retombées économiques et sociales attendues
par les politiques et les populations. En effet, les capitaux se
déplacent en fonction des rendements -compte tenu du risque- et non en
fonction des emplois et des externalités crées. Autrement dit, la
myopie des marchés se manifestent dans une allocation des capitaux
satisfaisant l'intérêt privé, loin des
problématiques de bien être, sans se préoccuper de
l'intérêt général. Il semble dès lors
justifié de mettre en place des politiques d'incitation aux
investissements afin d'orienter ceux-ci vers les secteurs productifs ayant des
retombées économiques -notamment en termes d'emploi et de
devises- compatible avec les objectifs définis par le Pays.
Dans cette optique, l'autonomie financière du territoire
de Polynésie lui permet la mise en place de politique d'incitation
propre à ses objectifs
de développement. En effet, la politique fiscale ne se
limite pas à un objectif d'équilibre budgétaire mais se
présente comme un instrument économique à part
entière visant un développement équilibré et
soutenable à long terme.
L'idée sous-jacente de cette politique de
défiscalisation est de canaliser la capacité financière de
l'économie polynésienne en limitant notamment la fuite de
l'épargne. A cet effet, le dispositif de défiscalisation «
Flosse» vise à augmenter la rentabilité financière
des secteurs à fortes retombées économiques sur lesquels
le Pays veut appuyer son développement économique autonome.
Le schéma16 ci-dessous permet de comprendre la
stratégie préconisée.
La politique de défiscalisation a donc pour objet de
pallier ce manque d'attrait en diminuant le coût du capital et de fait le
seuil de rentabilité et le point mort associé. Ainsi, les
capitaux -toute chose égale par ailleurss'orientent vers les secteurs
considérés comme prioritaire pour la politique de
développement du Pays qui profite alors des externalités
crées par les activités productives concernées.
16 Extrait des termes de références de
l'étude AFD. Schéma de Franky Sacault.
Encadré n°1 : Termes de
référence de l'étude AFD par V.Reboud et F.Sacault
L'économie polynésienne est
caractérisée par:
Taux de rentabilité financière
X1 Y1
X2 Y2
- une sphère (Y) à forte rentabilité
financière protégée de la compétitivité
extérieure (services, banques, commerce d'importations, énergie
thermique, BTP, etc.) et profitant pleinement des transferts financiers
extérieurs : Cette bulle de prospérité entraîne un
surcoût macroéconomique qui se répercute sur les conditions
d'exploitation de l'ensemble des secteurs.
- une sphère (X) exposée à la concurrence
internationale qui entraîne un taux de rentabilité financier
faible. Les secteurs concernés sont ceux généralement qui
s'appuient sur les ressources propres du pays: tourisme, agriculture,
pêche, industries, etc.
Une fois chaque secteur identifié, il s'agit de
transférer la capacité de financement des secteurs à forte
rentabilité financière Y1 au secteu r à forte
rentabilité économique 17X2. Or ceci suppose une
incitation du Pays puisque les secteurs visés (X2) n'ont pas les
caractéristiques suffisantes pour attirer les capitaux.
4.2 Problèmes méthodologiques
L'évaluation d'une politique économique quelle
qu'elle soit pose de nombreux problèmes méthodologiques
liés notamment au fait qu'il est difficile de distinguer les effets de
cette politique de l'impact des autres instruments économiques ou des
évolutions conjoncturelles. L'annexe au projet de loi des finances pour
2006 souligne elle-même le problème de la façon suivante:
«les résultats d'une politique ou d'un programme de
développement ne peuvent s'apprécier que globalement, au regard
de l'ensemble des instruments mis en oeuvre. Et, parmi des instruments qui
convergent vers le même objectif, il s'avère impossible de
rattacher tel résultat, ou telle partie de résultat, à un
instrument spécifique ». Et d'ajouter «Même si les
données statistiques détaillées avaient existé, et
si un outil fiable de suivi avait été mis en place, l'analyse des
impacts aurait de toute façon posé de sérieux
problèmes méthodologiques, qui tiennent surtout à la
difficulté de discerner dans l'évolution de l'économie
locale ce qui est imputable à la défiscalisation et ce qui
relève des autres facteurs pouvant avoir un impact similaire. Cette
difficulté est accrue par l'instabilité des mécanismes de
défiscalisation. En effet, le chevauchement et la succession de ces
dispositifs ne peuvent que biaiser les hypothèses qui se fondent sur la
pérennité des mesures et une certaine stabilité de
l'économie.» (p. 20, juillet 2006)
Et ici le problème est d'autant plus important qu'il
existe de nombreuses incitations à l'investissement sur le territoire
polynésien (défiscalisation métropolitaine, aides fiscales
à l'exploitation...) même si elles ont un impact
infinitésimale par rapport à notre objet principal
d'étude.
De fait, notre évaluation de la défiscalisation
reste limitée à cette première difficulté
méthodologique. Néanmoins, une analyse
économétrique rigoureuse nous permettra dans la mesure du
possible, d'être le plus précis tant qu'à l'analyse de
l'impact de la défiscalisation locale sur l'équilibre de
marché du secteur hôtelier.
En outre, l'évaluation ex-post de l'impact de la
défiscalisation soulève un autre problème lié
à l'instabilité des mécanismes de défiscalisation,
ce qui surenchérit la limite citée précédemment. En
effet, s'il est déjà difficile de distinguer ce qui est imputable
à la défiscalisation et ce qui relève des autres facteurs
pouvant avoir un impact similaire et des effets conjoncturels, cette tache
s'avère d'autant plus difficile que les dispositifs
métropolitains et locaux sont très changeants18.
Dès lors, le chevauchement et la succession
de ces dispositifs ne
17 Comprise ici comme une mesure des retombées
économiques en termes d'emploi
18 21 textes entre 1995 et 2004 pour la défiscalisation
«Flosse »
peuvent que biaiser l'analyse. Il semble donc difficile de
mesurer précisément l'impact de cette politique dans un tel
contexte.
Enfin, on peut soulever des difficultés
liées aux données statistiques comme dans tout travail
économique. 4.3 Modélisation de l'offre
Afin de spécifier la forme de l'équation de
l'offre de nuitées hôtelières, il est nécessaire de
justifier les hypothèses choisies. En effet, celles-ci
détermineront dans quelle mesure la défiscalisation et la baisse
du coût du capital qu'elle engendre est répercutée sur le
prix à la consommation ou dans les marges des offreurs.
4.3.1 Hypothèses retenues concernant le
marché hôtelier
L'hypothèse centrale de notre modèle repose sur
la supposition suivante: le marché polynésien de
l'hôtellerie est concurrentiel à long terme. Cette
hypothèse est primordiale pour notre effort de modélisation dans
la mesure où elle permet de connaitre les mécanismes de
transmission de la baisse des coûts sur les prix mais aussi de
définir la forme de la courbe d'offre.
L'hypothèse de marché concurrentiel peut tout
d'abord être justifiée par la libre entrée /sortie dont est
caractérisé le secteur. En effet, nous supposerons qu'il n'y a ni
coût d'entrée ou de sortie, ni barrière à
l'entrée. Ainsi, l'existence d'un profit positif attire de nouveaux
offreurs jusqu'à ce que le profit soit nul à long terme. Or si
à long terme le profit est nul alors il y a égalisation du
Coût moyen et de la recette moyenne.
11 = Px * Qté - C * Qté = Qté *(Px - C) = RM
- CM Or 11=0, d'où à long terme RM = CM 19.
L'hypothèse de marché concurrentiel peut tout aussi être
justifiée
par la présence d'une tripl e concurrence. En effet,
les hôtels polynésiens sont soumis à la fois à la
concurrence des autres destinations proposant le même type de bien
(hôtel de luxe sur pilotisÉ) comme les Maldives ou les Seychelles,
mais aussi à une concurrence inter et intra iles. Si les hôtels
d'une marque concurrencent ceux d'une autre sur une même ile, la
compétition reste rude au sein même de la marque entre les
différentes iles. C'est pourquoi les professionnels de
l'hôtellerie parlent d'une triple concurrence. Cette triple pression et
le nombre d'offreur (51) nous amènent à supposer que le pouvoir
de fixation des prix des offreurs est relativement faible. Le principe
d'atomicité semble donc être respecté puisqu'aucun
hôtel ne semble avoir un pouvoir de marché tel qu'il puisse
influencer la formation des prix d'équilibre de long terme.
A cette caractéristique organisationnelle du
marché s'ajoute la question de l'élasticité de l'offre. En
effet, celle- ci doit pouvoir s'ajuster aux variations à la hausse de la
demande pour éviter toute tension sur le marché et donc toute
hausse des prix. Or, compte tenu des coefficients de remplissage (en moyenne de
60% selon le rapport 2008 de l'IEOM), les tensions sur le capital physique
apparaissent comme très faibles. Enfin, le secteur hôtelier est
fortement travaillistique (l'hôtellerie est un service). La main-d'oeuvre
étant abondante, il ne semble pas y avoir de problèmes
liés à la flexibilité de l'offre. Il semble pertinent de
supposer que l'offre s'ajusterait aux fluctuations de la demande par une
augmentation de l'utilisation du facteur travail sans friction sur les prix.
Compte tenu de ce contexte on peut logiquement supposer que le
marché de l'hôtellerie en Polynésie Française est
concurrentiel d'autant plus que le bien offert tend à
s'homogénéiser du fait d'une certaine spécialisation dans
le luxe. De plus, la part des salaires dans la valeur ajoutée du secteur
est relativement élevée (61% selon les données comptables
de l'IEOM) ce qui tendrait à renforcer l'hypothèse de
marché concurrentiel.
Nous adopterons une hypothèse de concurrence
monopolistique compte tenu des caractéristiques énoncées
ci- dessus. En effet, nous considérons qu'à court terme les
hôtels sont dans une position de monopole alors qu'à long terme la
concurrence prévaut. La concurrence monopolistique est un régime
de concurrence hybride, entre le monopole et la concurrence pure et parfaite.
La différenciation des produits (malgré cette
homogénéisation vers le luxe) peut être expliquée
par les effets de réputation et de marque. Celle-ci est la justification
première
19 Où Qté = quantité, Px = prix, C =
coût unitaire, RM= recette moyenne de long terme, CM= coût moyen de
long terme, 11 = profit
de notre recours à la concurrence monopolistique.
Chaque entreprise d'une industrie propose un produit différent de ceux
de ses concurrents (taille, forme, couleurs, caractéristiques) mais de
qualité et de prix comparables. Il y a concurrence monopolistique
lorsque les trois conditions suivantes sont réunies:
· Il y a libre entrée et libre sortie des firmes
dans l'industrie. La concurrence aboutit donc inexorablement dans le long terme
à l'égalisation de la recette moyenne et du coût moyen
(équilibre à profit nul).
· Chaque firme dispose de sa propre clientèle
(demande résiduelle). L'importance de cette clientèle
dépend du nombre de concurrents sur le marché et du degré
de différenciation de leurs produits.
· Contrairement à la concurrence pure et
parfaite, la concurrence monopolistique reste compatible avec l'existence de
firmes exhibant des coûts moyens décroissants : en effet, aucune
firme ne peut capter l'intégralité de la clientèle de ses
concurrentes, en raison de la différenciation des biens régnant
sur le marché.
Nous supposerons donc que le marché est concurrentiel
et que l'offre s'ajustera à la demande de nuitées
hôtelières. Ainsi, la baisse du coût du capital et donc du
coût moyen d'une nuitée se répercutera entièrement
sur le prix à la consommation. Dès lors, l'équilibre est
déterminé par les caractéristiques de la demande.
Autrement dit plus l'élasticité-prix de la demande sera
élevée plus la défiscalisation -en tant que baisse du prix
du capital- aura d'effets sur la demande de nuitées
hôtelière et sera donc susceptible de relancer l'investissement
sur le territoire et de créer des emplois et de la croissance.
4.3.2 Formalisation de l'offre
Compte tenu de notre hypothèse de concurrence
monopolistique, nous supposerons que l'offre est une courbe horizontale
égale au coût moyen de long terme. Cette forme de la courbe
d'offre est fidèle à la théorie microéconomique du
producteur selon laquelle la courbe d'offre, issue de la maximisation du
profit, est égale au minimum du coût moyen de long terme.
La défiscalisation est donc considérée
comme une baisse du coût du capital qui se manifeste dans la baisse du
coût moyen d'une nuitée. Celles-ci se concrétisent par une
baisse du coût moyen de long terme d'une nuitée
hôtelière. On considère alors un déplacement de la
courbe d'offre due à la baisse du coût moyen de long terme
engendrée par la défiscalisation. Modéliser les effets des
dispositifs de défiscalisation sur l'offre hôtelière
revient donc à estimer la variation du coût moyen de long terme
d'une nuitée.
Or, en concurrence monopolistique, à long terme le
coût moyen est égal à la recette moyenne, puisque les
profits sont nuls. Ainsi, nous considérons que le coût moyen d'une
nuitée correspond à la recette moyenne par chambre occupée
(RMCO ch) qui est le quotient du chiffre d'affaire hébergement par le
nombre de nuitées chambre.
En outre, le coût moyen est la somme du coût
d'exploitation d'une nuitée chambre d'une part et du coût
d'opportunité du capital d'autre part. En effet, le coût de
revient pour un hôtelier correspond aux diverses charges d'exploitation
eng endrées par l'activité. Pour l'investisseur, le coût
correspond au coût d'opportunité du capital, hypothèse
conforme à la théorie économique traditionnelle du
comportement d'investissement. Le coût d'opportunité peut
être défini comme le coût estimé en termes
d'opportunités non-réalisées (et les avantages qui
auraient pu être retirés de ces opportunités), ou encore la
valeur de la meilleure option non- réalisée. Plus trivialement,
c'est la mesure des avantages auxquels on renonce en affectant les ressources
disponibles à un usage donné. Alors, le coût
d'opportunité d'un investissement est le coût de la
non-réalisation de celui-ci. Il est mesuré par la
rentabilité attendue des fonds investis (ou de l'affectation
d'immobilisations) à d'autres utilisations. Ce critère est l'un
de ceux utilisés dans les choix d'investissement. Nous
considérons donc le cout d'opportunité du capital comme la
rentabilité qu'aurait un placement de même risque que celui
réalisé ou envisagé, compte tenu des arbitrages
possibles.
Compte tenu de la confidentialité de certaines
données et du fait que la défiscalisation cache une partie des
coûts d'immobilisation dans les charges d'exploitation (paiement des
loyers crédit-bail), il n'est pas possible d'identifier le coût du
capital à partir des bilans ou compte de résultats. Nous nous
sommes donc basé sur une estimation du montant d'investissement faite
par un groupe hôtelier -ayant bénéficié de la
défiscalisation lors de la construction des hôtels- lors de la
valorisation de son parc hôtelier.
Cette méthodologie est certes discutable mais ne peut
être rejetée. En effet, faute de données fiables, nous
n'avons pu utiliser l'échantillon représentatif fourni par
l'IEOM. Exclure les méthodes d'échantillonnage probabiliste
suppose alors le recours à la méthode « du choix
raisonné ». C'est une procédure d'échantillonnage
empirique et non probabiliste. Faute de pouvoir construire un
échantillon probabiliste, on choisit un individu, ou un groupe
d'individu, représentatif par une «logique issue du terrain, une
forme de bons sens face au phénomène étudié, en
quelque sorte, ou de raison» (Bernard 2007 La statisque sans formule
mathématique). On ne procède donc pas à un tirage à
partir d'une base de sondage parce qu'elle est n'existe pas ou qu'elle est trop
couteuse ou trop difficile à obtenir. Par connaissance du terrain on
sélectionne un individu ou un groupe d'individu représentatif.
Par la méthode du «choix raisonné»
nous avons identifié un hôtel représentatif de l'offre
hôtel ière polynésienne. A partir de celui-ci, nous avons
déterminé le coût moyen de long terme d'une nuitée
comme étant de 40 100. Puis nous avons calculé le coût
d'opportunité du capital en utilisant un taux d'intérêt
moyen de 6% (moyenne sur 2000/2007 des tau x fixe sur 1 an pour le secteur
privé) et une prime de risque de 4% (moyenne utilisée par la
théorie économique pour des pays notés BBB+ par les
agences de notation20). La prime de risque est introduite dans le coût
d'opportunité du capital puisque que le rendement d'un actif
dépend du risque perçu, c'est-à-dire de la
probabilité de ne pas être rémunéré au taux
escompté (Hicks 1939). Le capital pris en compte
21
ici est celui qui bénéficie de la
défiscalisation à savoir les investissements estimés .
Trois hypothèses ont été retenues afin déterminer
un intervalle tenant compte d'une possible erreur d'estimation.
Nous obtenons alors l'équation suivante:
Charges d'Exploitation + Cout d'Opportunité du Capital
Coût moyen LT d'une nuitée = Nombre de Nuitées
Avec
Coût d'opportunité du capital = Investissement * (1
+ Taux d'intérêt + Prime de Risque)
Nous obtenons alors un coût par nuitée hors capital
compris entre 31 009 F CFP et 33 736 F CFP; et un coût
d'opportunité du capital de 6363 F CFP et 9090 F CFP, pour un coût
moyen d'une nuitée de 40 100 F CFP.
Sachant que la défiscalisation permet de diminuer le
coût du capital de 2/322 et que le capital représente
entre 14% et 19.7% du coût moyen d'une nuitée
hôtelière, on peut supposer que la défiscalisation a
diminué de 9.6% à 13% le coût moyen de long terme.
Or, comme annoncé plus haut, nous supposons que le
marché est concurrentiel et que l'offre s'ajustera à la demande
de nuitées hôtelières. Ainsi, la baisse du coût moyen
d'une nuitée se répercutera entièrement sur le prix
à la consommation. Dès lors, l'équilibre est
déterminé par les caractéristiques de la demande.
Autrement dit plus l'élasticité-prix de la demande sera
élevée plus la défiscalisation -en tant que baisse du prix
du capital- aura d'effets sur la demande de nuitées
hôtelière et sera donc susceptible de relancer l'investissement
sur le territoire et de créer des emplois et de la croissance.
La modélisation de la demande de nuitées
hôtelières est donc la prochaine étape de notre
étude. 4.4 Modélisation de la demande
Fin de modéliser la demande de nuitée
hôtelière, il est nécessaire d'identifier ses
déterminants avant d'estimer les élasticités prix de la
demande.
20 Note attribuée à la Polynésie
Française en octobre 2007 par l'agence Standard & Poor's.
21 Nous supposerons par souci de simplification et de
précision que l'ensemble du capital est emprunté. En effet,
l'ensemble du capital investi dans cette construction d'hôtel aurait pu
être investi dans un placement plus rentable et plus sûr, qu'il
soit emprunté ou détenu sous forme de fonds propres.
22 Nous prenons ici la baisse occasionnée par le cumul des
dispositifs métropolitains et locaux puisque notre analyse nous a permis
d'affirmer que la défiscalisation «Flosse » ne serait pas
utiliser sans la défiscalisation métropolitaine. En outre,
laplupart des projets agréés font l'objet d'une double
défiscalisation.
4.4.1 Quantification de la demande
hôtelière
Pour évaluer les performances du secteur
hôtelier, les professionnels utilisent le nombre de nuitées des
touristes comme approximation significative de la demande touristique
hôtelière. Ainsi, de par son caractère d'indicateur de
"l'intensité touristique" d'une destination, le nombre de nuitées
reflète la durée de séjour et permet d'évaluer
l'infrastructure hôtelière offerte à l'hébergement.
Il semble donc pertinent de retenir cette variable comme une approximation
quantitative de la demande adressée au marché hôtelier
polynésien .
Nos premières intuitions supposaient que l'origine des
touristes pouvait avoir un impact sur le poids des divers déterminants
de la demande hôtelière. En effet, nous avons testé
l'hypothèse selon laquelle les touristes japonais ou américains
sont respectivement plus sensibles aux évolutions des prix en yen ou en
dollar que les touristes européens qui ne subissent pas les fluctuations
de change. De ce fait, les premières estimations ont
différencié les touristes selon le pays émetteur.
Néanmoins, les résultats vont à l'encontre de ces
intuitions : le poids des coefficients restent globalement identiques d'une
zone à l'autre (zone €uro, zone $, zone Yen) et le pouvoir
explicatif de certaines variables -notamment le prix de la nuitée- et
leurs significativités augmentent lorsqu'on prend l'échantillon
complet (exception faite des taux de change). Or, l'objectif de ce travail est
d'estimer l'élasticité-prix de la demande hôtelière
en Polynésie Française et non d'identifier de manière
rigoureuse ses déterminants. Dès lors, les résultats
présentés ci-dessous ne reprennent que les estimations
considérées comme pertinentes, à savoir celles utilisant
l'échantillon global des touristes venus en Polynésie
française hors résidents et affinitaires.
4.4.2 Les déterminants de la demande
hôtelière
Dans notre analyse nous supposerons que la demande
hôtelière est une sous-fonction de la demande touristique. De ce
fait, leurs déterminants sont identiques. Cette idée peut
être justifiée du fait de la complémentarité des
biens : en effet, l'offre d'hébergement polynésienne s'articule
principalement autour des hôtels, des pensions de famille et bateau de
croisière. Néanmoins, l'hôtellerie de luxe reste notre
cible principale et capte la majorité des touristes (70%).
Il s'agit donc ici de cerner les principaux indicateurs qui
fondent les motivations et le choix du touriste d'une destination potentielle
et de supposer que ces déterminants incitent la demande
hôtelière. La plupart des auteurs considèrent que la
demande touristique est étroitement liée au revenu, aux prix mais
aussi à l'offre touristique, notamment aux dotations en facteurs
naturels (climat, plages, environnement...) et à la capacité
d'accueil (White 1985, Witt et Witt 1995). A cela, il convient d'ajouter le
degré d'accessibilité aux lieux par le biais de la
capacité en sièges offerts par les compagnies aériennes
desservant la destination et le prix du trajet, qui contrairement aux autres
destinations concurrentes constitue jusqu'à 50% du coût du
séjour. Les dépenses de promotion et de marketing en
général sont également à intégrer dans
l'analyse. Cette identification nécessite aussi de prendre en
considération les effets des variations monétaires et notamment
du $, compte tenu de la forte proportion de touristes américain dans une
zone libellée en francs CFP ayant une parité fixe avec
l'€uro.
a. Le facteur revenu
L'analyse économique accorde une grande importance au
facteur revenu comme indicateur pouvant affecter la demande. Dans ce cas,
l'étude de l'élasticité-revenu permet en particulier
d'élaborer des diagnostics sur la demande touristique suite aux
variations dans les distributions de revenu et l'évolution de la
conjoncture mondiale. Notons, que le budget consacré aux loisirs est le
reliquat disponible après la couverture des besoins vitaux. Depuis
quelques années, grâce à l'amélioration du niveau de
vie dans beaucoup de pays émetteurs, on constate que la consommation
touristique occupe une place de plus en plus importante dans les budgets
familiaux. La demande hôtelière dépend donc du revenu du
touriste.
N'oublions pas que la majorité des touristes (36%, 22%
respectivement) sont d'origine nord -américaine ou
européenne.
De fait, le PIB par tête US et de l'Union Européenne seront
utilisés pour approximer l'effet revenu.
b. Le facteur prix
La théorie économique standard pose comme
hypothèse que la demande est une fonction inverse des prix. Les prix
affectent donc la demande hôtelière au niveau global.
Ce facteur englobe le prix de l'hôtel et le budget global
consacré au séjour.
Nous intégrerons donc le prix des nuitées
hôtelières dans nos régressions. Or, compte tenu des
difficultés de collecte des informations statistiques concernant les
prix affichés par les hôtels ou les prix moyens, ces prix seront
mesurés par la recette touristique à la nuitée.
L'indicateur utilisé sera donc le RMC (recette moyenne par chambre).
Recettes globales = PrixQuantité (Recette à la
nuitée)Nombre de nuitées
Le budget global consacré au séjour regroupe
l'ensemble des prestations complémentaires hors vols internationaux
(dépenses d'alimentation, de transports internes, d'activités...)
En effet, par rapport à ces principales destinations concurrentes, la
Polynésie Française subit son coût élevé de
la vie. Cette donnée n'étant pas estimable puisqu'il n'existe pas
de calcul de ppa23 (parité de pouvoir d'achat), nous
utiliserons pour l'approximer les dépenses moyennes des touristes
déflatées par l'IPC.
En ce qui concerne le prix du transport, on s'attend à
ce qu'il y ait une relation inverse entre l'indice du prix du transport
aérien international calculé sur le marché
polynésien et la fréquentation touristique en Polynésie
française. Pourtant selon le rapport de l'IEOM sur les
déterminants du tourisme en Polynésie Française (Mars
2008), si le prix des transports semble influencer négativement la
demande touristique française et de fait la demande
hôtelière française, il semblerait que la demande
américaine n'y soit pas sensible.
Néanmoins, nous intégrerons cette variable dans nos
estimations àa travers l'indice des prix aériens
internationaux.
c. Les indicateurs de l'offre touristique
La capacité d'accueil hôtelière et la
capacité aérienne internationale constitue nt une composante
cruciale de l'offre touristique. Elle semble influencer la demande potentielle
sous deux angles: (i) elle reflète la qualité du produit et
transmet l'image et la notoriété du pays et (ii) du fait que
l'offre de «ce produit» change de qualité et de
quantité, elle peut donc être planifiée selon les
aspirations de la demande (Borooah 1999).
Nous intégrerons donc la capacité d'accueil
hôtelière et la capacité aérienne internationale
dans notre modélisation de la demande.
d. Les fluctuations monétaires
L'originalité de la Polynésie Française
tient notamment à sa monnaie. Dans le principe d'une zone CFA, la
parité €uro / Francs CFP est fixée par le Trésor
Français et l'IEOM (institut d'émission d'outre-mer) a les
fonctions d'une banque d'émission.
De ce fait, la compétitivité -prix du Pays est
parfaitement corrélée aux fluctuations monétaires entre
l'€uro et les autres devises (principalement le $ US). Or, cette
parité fixe dans un contexte d'appréciation de l'€uro a deux
effets : (i) elle freine la demande hôtelière du fait de la
cherté de la destination pour les touristes américains et
japonais qui subissent directement l'effondrement du $ US et du Yen et (ii)
elle constitue une justification au comportement de report pour les touristes
européens pour qui les destinations libellées en $ US sont
attrayantes (d'autant plus que cette situation ne durera pas
éternellement).
Pour tenir compte de ce double impact, nous introduirons
alors le taux de change réel qui décrit le pouvoir d'achat
externe de la monnaie en question sur les biens étrangers et nous permet
d'étudier l'effet du taux de change tout en tenant compte du
différentiel d'inflation entre la Polynésie française et
les différents marchés émetteurs.
e. La promotion
Les dépenses en marketing constituent un
déterminant de la demande touristique globale. Nous utiliserons
alors
les dépenses du secteur public via le GIE tourisme et non des
hôtels en particulier, considérant qu'elles
conditionnent la
notoriété de la Polynésie française. L'absence de
prise en compte des dépenses du secteur
23 Les PPA sont les taux de conversion monétaire qui
permettent d'exprimer dans une unité commune les pouvoirs d'achat des
différentes monnaies en éliminant les différences de
niveaux de prix existant entre les pays.
privé suit l'idée selon laquelle ces
dépenses n'ont que peu d'impact sur l'arrivée des touristes mais
seulement sur le choix de l'hôtel. Ici, loin d'avoir une vision
stratégique, nous adoptons une vision analytique qui ne nécessite
pas de prendre en compte l'efficacité du processus marketing du secteur
privé mais bien de comprendre les déterminants de la demande
hôtelière.
Les chiffres de la promotion du GIE seront donc les seuls
retenus. 4.4.3 Forme fonctionnelle
Les générations des formes fonctionnelles
utilisées pour représenter la demande touristique
hôtelière sont résumées dans les trois formes
suivantes (Martin et Witt, 1987 et Witt et Witt 1992) :
- une forme linéaire
- une forme logarithmique : Log-linéaire
- une forme semi-logarithmique
Des estimations rigoureuses et fiables de la demande
hôtelière constituent une étape importante dans la
modélisation des politiques économiques alternatives relatives au
tourisme. Une approche de modélisation mettant l'accent sur les
caractéristiques de la demande adressée au Pays est
proposée. Le modèle à correction d'erreurs (MCE) sera
utilisé pour estimer la fonction de demande touristique
hôtelière. Mais tout d'abord nous nous devons de vérifier
la stationnarité des séries temporelles utilisées dans
notre analyse.
Cependant, avant de se lancer dans l'analyse à proprement
parler des séries stationnaires, il est indispensable d'observer les
séries (cf. graphique, annexe 6) afin d'identifier la présence de
variations saisonnières.
Or, le tourisme polynésien, et l'hôtellerie en
particulier, souffrent d'une forte saisonnalité de la demande. Il est
alors nécessaire de traiter des données corrigées des
variations saisonnières (CVS) afin d'éviter d'interpréter
des résultats biaisés.
Une fois les modèles bien spécifiés,
estimés et validés, on peut, indépendamment de la
prévision les utiliser à d'autres fins, notamment:
- Faire de l'analyse de politiques et de chocs externes;
- Faire des études rétrospectives ou historiques
;
- Réaliser des travaux de contrôle optimal
a. Correction des variations saisonnières des
séries temporelles24
On peut considérer une série chronologique comme
la résultante de l'action de plusieurs facteurs que l'on groupe
généralement sous trois rubriques: (i) le mouvement «
extra-saisonnier» ou tendance (on utilise aussi le mot anglais:
trend), exemple : tendance de fond observée dans une entreprise
à une hausse de la production de 3 % par an en moyenne
au cours d'une période; (ii) les variations
saisonnières, qui affectent régulièrement les
séries mensuelles, trimestrielles
etc. au cours de chaque année
(exemple : creux de la production industrielle du mois d'août dû
aux vacances, boom de la vente des huîtres à chaque fin
d'année . . .); (iii)les variations accidentelles (ou «
résiduelles »). Lorsque la cause est parfaitement
identifiée (par exemple lorsqu'un accident climatique a
entraîné un arrêt de production pendant quelques jours . .
.), il faut - avant tout traitement de la série par les
procédés statistiques habituels - corriger les chiffres bruts
pour éliminer l'influence de cet accident. Mais ces variations
résultent souvent d'un ensemble nombreux d'événements non
identifiables en pratique, dès lors il n'est plus possible de recourir
à cette simple correction.
L'interprétation d'une série chronologique qui
comporte un mouvement saisonnier exige que l'on procède à une
"correction des variations saisonnières" : sans quoi
l'interprétation elle-même serait saisonnière. La
correction des variations saisonnières est donc une technique que les
statisticiens emploient pour éliminer l'effet des fluctuations
saisonnières normales sur les données, de manière à
en faire ressortir les tendances fondamentales (trend et composante
irrégulière).
24 Inspiré de B.Delmas, Statistique descriptive, Nathan
Université (2002)
La CVS25 consiste à lisser les
données brutes ou autrement dit à éliminer les «dents
de scie» qui représentent l'influence des variations
saisonnières et accidentelles en faisant apparaitre un mouvement
conjoncturel du phénomène étudié.
26
b. Stationnarité des séries et le
modèle à correction d'erreur (MCE)
Nous travaillons sur des séries chronologiques
(séries temporelles en langage économétrique). Celles-ci
sont le résultat de processus stochastique (aléatoire)
indexé en fonction du temps. Dès lors, des problèmes
apparaissent notamment en raison de la corrélation du terme d'erreur
entre les observations (autocorrélation27) et de la
possibilité de changement du processus générateur de
données d'une époque à l'autre (Brockwelle 1997).
Après avoir effectué un test
d'autocorrélation, nous nous penchons sur les caractéristiques
stationnaires de nos séries. Pour travailler sur des données
temporelles, elles doivent conserver une distribution constante dans le temps :
c'est le concept de stationnarité. Une série chronologique
stationnaire admet une distribution des variables constante dans le temps
(Bourdonnais 1998).
Il existe trois sources principales de non
stationnarité: le changement structurel indique que la fonction de
régression change dans le temps, par exemple dans le cas d'un changement
politique; la tendance déterministe suppose que les données
suivent une tendance ayant une fonction définie (t,
t2,É); la tendance stochastique (racine unitaire)
décrit le fait que les données suivent une marche
aléatoire et de fait la variance n'est pas constante.
C'est cette dernière situation qui nous concerne. Ceci fut
détecté par les tests Dickey-Fuller (DF) et Dickeyfuller
Augmenté (ADF)28. Ceux-ci testent s'il y a une racine
unitaire dans le processus générateur de données.
Compte tenu de la non-stationnarité des séries, la
correction apportée revient à différencier le
modèle (c'est-àdire soustraire à chaque observation la
valeur de la période précédente).
En outre, le traitement de séries longues impose de
tester une éventuelle cointé gration entre les variables car le
risque d'estimer des relations « fallacieuses» et
d'interpréter les résultats de manière erronée est
très élevé. Une approche de cointégration par le
biais d'un modèle à correction d'erreurs sera donc
utilisée à cette fin.
La cointégration est une situation rencontrée
lorsque deux séries possédant une racine unitaire ont une
même tendance stochastique. Or, si ces variables sont bel et bien
cointégrées alors l'estimateur des moindres carrées
ordinaires est convergent et il n'y a pas de correction à apporter. Dans
le cas contraire, il faut suivre la démarche pour une racine unitaire et
estimer le modèle en différences premières de
logarithme.
L'analyse de la cointégration, présentée
par Granger (1983) et Engel et Granger (1987) est considérée par
beaucoup d'économistes comme un des concepts nouveaux les plus
importants dans le domaine de l'économétrie et de l'analyse de
séries temporelles. Aussi, avant d'estimer le modè le à
correction d'erreurs, il est important de tester l'ordre d'intégration
des variables via le test Dickey-Fuller. En effet, une condition
nécessaire de cointégration est que les séries doivent
être intégrées de même ordre. Si les séries ne
sont pas intégrées de même ordre, elles ne peuvent pas
être intégrées. Il conviendra donc par les tests de
Dickey-Fuller de déterminer très soigneusement le type de
tendance déterministe ou stochastique de chacune des variables, puis
l'ordre d'intégration des chronique s étudiées. Si la
condition nécessaire est vérifiée, on estime par les MCO
la relation de long terme entre les variables. Pour que la relation de
cointégration soit acceptée, le résidu issu de cette
régression doit être stationnaire. La stationnarité du
résidu est testée à l'aide des tests DickeyFuller.
25 Cf. Annexe 4
26 Cf. Annexe 4
27 Un test d'autocorrélation sera alors
effectué.
28 ADF est utilisé s'il y a autocorrélation des
données.
Dans l'hypothèse de la non -stationnarité des
séries issues du test Dickey-Fuller, nous appliquerons un modèle
logarithme 29
estimé en différence première de . Les
résultats après correction peuvent s'interpréter de la
manière
suivante: les coefficients f3 i représente
l'impact d'une variation de la variable indépendante sur la variation de
la variable dépendante. Notons que, puisque nous sommes en
différence première de logarithme, la variation peut
s'interprét er comme une variation en pourcentage.
c. Liste des données
Les variables explicatives utilisées dans notre
modèle à correction d'erreurs sont les suivantes: le PIB
réel Français (Yf) (le marché Français à lui
seul représente environ 22% des arrivées en Polynésie
Française en 2005) et US (Yus) (36%) ; le prix moyen des nuitées
de l'hôtellerie de luxe (P) et le coût du séjour (C) ainsi
que l'indice de prix des transports aériens internes et internationaux
(IPA) et l'indice de prix à la consommation (IPC); la capacité
d'accueil hôtelière (Oh) et aérienne internationale
(Oa); le taux de change $US/Francs CFP
30
($) ; les dépense de promotion du GIE tourisme (GIE) .
31
Les PIB par tête sont exprimés en $ constant et
en parité de pouvoir d'achat . Ces données annuelles sont issues
de l'OCDE. Après discussion avec les statisticiens de l'ISPF, il a
été décidé de faire une moyenne mensuelle du PIB
sachant que les variations saisonnières sont très faibles. Le
prix des nuitées fut approché par la recette moyenne par chambre
occupée syndicats s UPHO et CPH 32
calculée par les hôtelier(Union
Polynésienne de l'Hôtellerie; Conseil des
Professionnels de l'Hôtellerie). Pour tenir compte de l'inflation, les
prix ont été déflatés par l'indice de prix à
la consommation. Le coût du séjour fut estimé par les
dépenses moyennes touristiques mensuelles. On y a ajouté l'indice
de prix aérien pour tenir compte de l'influence du prix des vols
internationaux. En effet, les dépenses touristiques ne prennent pas en
compte le cout du transport aérien. Les autres données sont
issues de la base de données de l'ISPF (nombre de nuitées,
dépenses des touristes, Indice de Prix à la consommation, indice
de prix aérien, capacité aérienne, capacité
hôtelière, taux de change) ou de
l'IEOM (Dépenses de promotion du GIE)33.
d. Spécifications du modèle
Trois spécifications du modèle seront
proposées avec des variables exprimées en logarithme. Ces
spécifications se présentent comme suit :
N= f(Pn) Modèle (1) représente le
modèle standard de la
demande fonction du prix du bien hôtelier
N= f(Pn, C) Modèle (2) représente le
modèle standard de la
demande fonction du prix du bien hôtelier
et du cout du séjour
N= f(Yus, Yf, C, Pn,) Modèle (3)
représente le modèle standard de la
fonction de demande prix-revenu prenant en compte le coût
global du séjour
29 Avec dlxt = lxt-lxt-1
30 Certaines données telles que le PIB et les
données monétaires sont issues de la base de données OCDE
Stat. Les autres données ont pour source l'ISPF, sauf les
dépenses du GIE dont la source est l'IEOM.
31 Les PIB ont été converties en dollars des
États-Unis au moyen des parités de pouvoir d'achat (PPA) pour le
PIB et la consommation individuelle effective. Les dépenses
imputées au PIB, pour les différents pays, converties en
utilisant les PPA sont en effet exprimées en fonction d'une même
structure de prix internationaux si bien que les écarts entre pays
reflètent uniquement les différences de volume de biens et
services achetés.
32 Ces deux syndicats représentent 90% des hôtels
classés polynésiens.
33 Par souci de confidentialité ces données ne
peuvent être publiées.
N= f (Y us, Yf, Pn, C, $) Modèle (4)
intègre les fluctuations
34
monétaires du pays émetteur principal
N= f (Y us, Yf, Pn, C, Oh, Oa, $)
Modèle (5) intègre la
promotion
N= f (Y us, Yf, Pn, C, Oh, Oa, $, GIE)
Modèle (6) représente le modèle
complet sans l'indice de prix aérien
N= f ( Pn, C, Oh, Oa, $, GIE) Modèle(7) exclut
le revenu
N= f (Y us, Yf, Pn, C, Oh, Oa, $, GIE, IPA)
Modèle (8) représente le modèle complet
Où N= nombre de nuitées d'hôtels pour
l'ensemble des touristes sur le Territoire.
e. Résultats
La première étape fut de corriger les
données des variations saisonnières (CVS). Après lissage
des données nous avons distingué la tendance (trend) des
variations saisonnières. Nous travaillerons désormais sur les
données brutes et les données CVS35. Puis, une
étude de stationnarité a été menée à
l'aide du logiciel Stata. 10. Les tests auxquels ont été soumises
les données brutes et CVS laissent présager l'existence d'une
racine unitaire. L'hypothèse de non stationnarité n'a donc pu
être rejetée. Les variables sont toutes intégrées
d'ordre 1. Pour éviter les problèmes liés à la
stationnarité des séries énoncées par le test de
Dickey-Fuller, les modèles présentés ci -dessus sont
estimés en différence première de
logarithme36.
Ensuite (les variables étant toutes
intégrées de l'ordre 1) nous avons procédé au test
de leur co-intégration par la procédure d'Engel et Granger . Ce
test nous a permis de conclure à la stationnarité de la
série des résidus alors les séries sont dlY
tet dlX co-intégrées et la relation de long terme
peut être estimée par la méthode des MCO.
t
Voici les résultats37 concernant l'estimation
des élasticités-prix (Tabl. 1). Les autres résultats sont
présentés dans l'annexe 4.
|
Modèle
|
Modèle
|
Modèle
|
Modèle
|
Modèle
|
Modèle
|
Modèle
|
Modèle
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
7
|
8
|
Elasticitéprix
|
-0.032
|
-0.268
|
-0.351
|
-0.354
|
-0.351
|
-0.361
|
-0.235
|
-0.372
|
R2
|
0.00
|
0.36
|
0.52
|
0.52
|
0.56
|
0.62
|
0.44
|
0.62
|
Tabl.1 : Estimation de l'élasticité-prix de la
demande.
34 Sachant que le taux de change est fixe entre l'€uro et le
Franc Pacifique .
35 Si les calculs de l'auteur ont été fait sur les
données brutes et les données CVS, seuls les résultats
obtenus sur ces dernières sont présentées ci-dessous car
plus significatifs que les autres.
36 Un modèle différencié s'interprète
comme l'impact d'une variation de la variable indépendante sur la
variation de la variable dépendante. Si nos variables sont en log, la
variation peut s'interpréter comme une variation en pourcentage.
37 *significatif à 5% **significatif à 1%
Il ressort de ces estimations que la performance du
modèle standard (Modèle 1) est inférieure à celle
des autres. Son pouvoir explicatif est d'un moins bon niveau comparé
à celui des autres modèles (R2 quasi nul). La demande
hôtelière est donc déterminée par d'autres facteurs
que le prix. Notre intuition est donc confirmé et la méthode
justifiée à la vue de ces premiers résultats.
Les élasticités prix varient de -0.032 (dans le
modèle standard demande/prix) à -0.372 (dans le modèle
complet). Autrement dit, lorsque les prix augmentent de 1% le nombre de
nuitées hôtelières consommées diminueraient de
0.032% à 0.372%. Cependant, compte tenu de la faible
significativité du coefficient prix dans le premier modèle et de
son faible pouvoir explicatif, nous exclurons ce modèle. Ceci se fera
alors au profit du modèle (4) qui semble plus pertinent puisque d'une
part il englobe les déterminants traditionnels prix/ revenu (le taux de
change F CFP / Dollar permettant simplement d'exprimer le tout dans la
même devise), et a un fort pouvoir explicatif (R2 = 0.52)
d'autre part. Nous adopterons alors, pour la modélisation en
équilibre partiel, les élasticités-prix comprises entre
-0.354 et -0.372.
Le signe de l'élasticité prix est donc celui
attendu. En outre, la faiblesse des élasticités-prix confirme la
présence d'un bien de luxe et d'une offre considérée comme
unique (« le voyage d'une vie »). En effet, la demande semble
être faiblement sensible aux variations de prix contrairement aux autres
déterminants influençant le comportement du touriste en
Polynésie Française. L'analyse des résultats nous permet
de faire émerger une élasticité-revenu assez forte. Si
elle est en moyenne de 4.241 pour le PIB par tête US et confirme
l'importance de la conjoncture nord-américaine sur le secteur
hôtelier du Pays, l'élasticité-revenu des français
est négative (-2.554). Cette dernière semble indiquée que
le comportement des touristes français est avant tout affinitaire et
qu'il privilégie les autres destinations ou mode d'hébergement en
cas de conjoncture favorable.
Contrairement aux aprioris des professionnels du secteur,
l'effet dollar est faible (0.001). Ceci peut être expliqué par la
nature du bien et l'appartenance sociale des touristes US. En effet, compte
tenu du fait que l'offre de luxe cible une population aisée, l'effet de
l'appréciation de l'€uro est moindre que pour les ménages
modestes. Néanmoins, ces résultats sont à nuancés
d'une part du fait de la faible significativité des coefficients, et
d'autre du fait du choix des séries de 2000 à 2007.
4.5 Equilibre partiel
Compte tenu des spécificités du marché
hôtelier en Polynésie Française, notre équilibre
partiel sera caractérisé par une courbe d'offre horizontale et
une droite de demande décroissante.
Nous avons estimé quatre équilibres partiels
définis respectivement par une élasticité-prix de la
demande basse et haute, ainsi qu'une borne supérieure et
inférieure du coût moyen de long terme d'une
nuitée38.
Le tableau 2 présente les résultats obtenus:
|
Hypothèse basse
|
Hypothèsemoyenne
|
Hypothèse haute
|
Cout d'une nuitée avec
défiscalisation
|
40 100
|
40 100
|
40 100
|
Cout d'une nuitée sans
défiscalisation
|
44 342
|
45 252
|
46 161
|
Cout du capital sans défiscalisation
|
6 364
|
7 727
|
9 091
|
Cout du capital avec défiscalisation
|
2 121
|
2 576
|
3 030
|
Variation du coût de la nuitée
|
-9,57%
|
-11,38%
|
-13,13%
|
Part du coût du capital dans le cout de la
nuitée
|
5,29%
|
6,42%
|
7,56%
|
Variation du nombre de nuitée(1)
|
3,36%
|
4,00%
|
4,61%
|
Variation du nombre de nuitée(2)
|
3,56%
|
4,23%
|
4,88%
|
Tabl.2 Résultats de l'équilibre partiel
38 Equilibre (1.1) = élasticité-prix de la
demande basse, borne supérieure du coût moyen de long terme.
Equilibre (1.2) = élasticité-prix de la demande basse, borne
inférieure du coût moyen de long terme. Equilibre (2.1) =
élasticité-prix de la demande haute, borne supérieure du
coût moyen de long terme. Equilibre (1.1) = élasticité-prix
de la demande haute, borne inférieure du coût moyen de long
terme.
Ces résultats sont présentés figure 17.
L'effet de la défiscalisation sur l'équilibre du secteur
hôtelier se manifeste par un passage de l'équilibre de A à
B.
On peut alors conclure à un effet positif de la
défiscalisation sur l'équilibre du secteur hôtelier. En e
ffet, on constate que ces politiques d'incitation à l'investissement ont
permis de diminuer le coût du capital de 2/3 soit une baisse du
coût moyen de long terme d'une nuitée de 9 à 13%. Ceci
induit un effet direct sur la demande de nuitée qui, compte tenu des
élasticités-prix estimées, est compris entre 3% et 5%.
Néanmoins, ce résultat peut apparaitre comme
faible au vue des dépenses fiscales liées à l'enveloppe
consacrée à la défiscalisation du secteur hôtelier
(50 milliards de F CPF pour la défiscalisation locale entre 1995 et
2005). Certes la défiscalisation apparait comme d'investissement
important 39
un levier , mais insuffisant pour relancer
l'activité hôtelière et l'emploi
associé du fait (i) d'une faible élasticité de la demande
et (ii) de l'impact négligeable sur le coût du capital et donc sur
les résultats d'exploitation d'un hôtel.
Cependant, cette conclusion hâtive pourrait être
nuancée par un travail en équilibre général
permettant de prendre en compte les externalités positives sur les
autres secteurs (et notamment celui de la construction) et les effets sur les
comptes du territoire (dépenses touristiques engendrées,
TVAÉ).
Mais là n'est pas l'objet de notre travail.
Néanmoins, il peut être intéressant d'utiliser le
modèle construit pour construire des contrefactuels permettant d'estimer
les effets de la défiscalisation combinée à d'autres
politiques de développement.
39 Cette observation issue des discussions avec les personnes
rencontrées pourrait être vérifiée par un travail
empirique à venir. Nous discuterons des modalités de
modélisation (calcul du METR) de cet impact sur les décisions
d'investissement en ouverture .
A
45 000
44 000
43 000
42 000
41 000
B
40 000
39 000
20000
20200
20400
20600
20800
21000
00
00
00
00
00
00
Nuitées
Equilibre Partiel (1,B)
Demande (1)
Offre (B) avec défiscalisation
Offre (B) sans
défiscalisation
Linéaire (Demande (1))
Linéaire (Offre (B) avec défiscalisation)
Linéaire (Offre (B) sans défiscalisation)
Equilibre Partiel (1,M)
46 000
45 000
44 000
43 000
42 000
41 000
40 000
39 000
A
B
1980
2000
2020
2040
2060
2080
2100
000
000
000
000
000
000
000
Nuitées
Demande (1)
Offre (M) avec
défiscalisation
Offre (M) sans
défiscalisation
Linéaire (Demande (1))
Linéaire (Offre (M) sans défiscalisation)
Linéaire (Offre (M) avec défiscalisation)
45 000
44 000
43 000
42 000
41 000
40 000
39 000
20000
00
A
20200
00
20400
00
Nuitées
Equilibre (2,B)
20600
00
20800
00
B
21000
00
Demande (2)
Offre (B) avec défiscalisation
Offre sans défiscalisation
Linéaire (Demande (2))
Linéaire (Offre sans défiscalisation)
Linéaire (Offre (B) avec défiscalisation)
47 000
46 000
45 000
44 000
43 000
42 000
41 000
40 000
39 000
1950000 2000000 2050000
2100000
Nuitées
A
Equilibre Partiel (1,H)
B
Demande (1)
Offre (H) avec défiscalisation
Offre (H) sans
défiscalisation
Linéaire (Demande (1))
Linéaire (Offre (H) sans défiscalisation)
Linéaire (Offre (H) avec défiscalisation)
Equilibre Partiel (2,H)
47 000
46 000
45 000
44 000
43 000
42 000
41 000
40 000
39 000
1950000 2000000 2050000
2100000
Nuitées
A
B
A
46 000
45 000
44 000
43 000
42 000
41 000
B
40 000
39 000
1980
2000
2020
2040
2060
2080
2100
000
000
000
000
000
000
000
Nuitées
Equilibre partiel (2,M)
Demande (2)
Offre (M) avec
défiscalisation
Offre (M) sans
défiscalisation
Linéaire (Demande (2))
Linéaire (Offre (M) sans défiscalisation)
Linéaire (Offre (M) avec défiscalisation)
Demande (2)
Offre (H) avec défiscalisation
Offre (H) sans
défiscalisation
Linéaire (Demande (2))
Linéaire (Offre (H) sans défiscalisation)
Linéaire (Offre (H) avec défiscalisation)
Fig. 17 Equilibres partiels avec et sans
défiscalisation
4.6 Contre factuel: Diminution de la masse
salariale
(Exemple d'une diminution du SMIG ou d'une baisse des cotisations
sociales)
Les effets induits par une combinaison d'une politique d'aide
à l'exploitation diminuant le poids de la masse salariale dans les
charges d'exploitation et des dispositifs de défiscalisation permettent
de décupler les effets de la défiscalisation. En effet, notre
modèle nous amène à considérer une variation de la
demande de nuitées hôtelière allant jusqu'à 7.4% si
la masse salariale passe de 30% à 20% du coût d'une nuitée
hors capital (cf. Tabl.3 et Annexe 7).
|
Hypothèse basse
|
Hypothèse moyenne
|
Hypothèse haute
|
Cout d'une nuitée sans
défiscalisation
|
44342
|
45252
|
46161
|
Cout d'une nuitée avec
défiscalisation
|
40100
|
40100
|
40100
|
Cout d'une nuitée avec défiscalisation et
diminution de la masse salariale
|
36726
|
36863
|
36999
|
Variation du coût de la nuitée induite
parla défiscalisation
|
-9,57%
|
-11,38%
|
-13,13%
|
Variation du coût de la nuitée
induite par la défiscalisation et la diminution de
la masse salariale
|
-17,18%
|
-18,54%
|
-19,85%
|
Variation du nombre de nuitée(1) induite par la
défiscalisation
|
3,36%
|
4,00%
|
4,61%
|
Variation du nombre de nuitée(1) induite par la
défiscalisation et la diminution de la masse salariale
|
6,03%
|
6,51%
|
6,97%
|
Variation du nombre de nuitée(2) induite par la
défiscalisation
|
3,56%
|
4,23%
|
4,88%
|
Variation du nombre de nuitée(2) induite par la
défiscalisation et la diminution de la masse salariale
|
6,39%
|
6,90%
|
7,38%
|
Tableau 3 : Résultats des simulations
Il semblerait donc que l'équilibre du secteur
hôtelier soit certes sensible aux variations du coût du capital
induit par les dispositifs de défiscalisation, mais qu'une politique de
soutien à l'exploitation minimisant le coût de la main-d'oeuvre
permettrait d'obtenir des résultats plus satisfaisants.
Ceci nous permet d'affirmer que le contexte d'augmentation des
charges d'exploitation (augmentation du prix de l'électricité
début juillet 2008 et du SMIG début Août 2008) amoindrit
les effets de la défiscalisation en diminuant la part du coût du
capital dans le coût moyen de long terme d'une nuitée. En
diminuant le poids du capital, ces fluctuations conjoncturelles diminuent
l'impact positif du dispositif «Flosse» sur l'équilibre du
secteur.
Conclusion
Notre étude a permis de mener une réflexion sur
les outils méthodologiques nécessaires à la
modélisation des effets du dispositif de défiscalisation locale,
et a conduit à la construction d'un modèle en équilibre
partiel de l'impact de la défiscalisation sur le secteur hôtelier
polynésien.
Ce modèle offre des résultats
intéressants sur les effets induits de la défiscalisation mais
aussi sur les caractéristiques du marché touristique
polynésien. Ainsi, le poids de chaque déterminant de la demande
de nuitées hôtelières a été mis en
lumière et l'on constate une faible sensibilité des touristes non
européens aux fluctuations monétaires (parité dollar/euro
et yen/euro). 40 En revanche, un lien étroit et robuste
apparaît entre le revenu américain et la demande
hôtelière polynésienne: la conjoncture américaine
est donc un déterminant non négligeable de la venue de touristes
américains et par conséquent, le tourisme polynésien
paraît sensible voire volatile à la conjoncture internationale.
Quant à l'impact du dispositif de
défiscalisation locale sur l'activité hôtelière, ce
dernier semble faible. En effet, si la réduction de 2/3 du coût du
capital induite par la défiscalisation entraîne une baisse du
coût moyen de long terme d'une nuitée allant jusqu'à 13%,
le nombre de nuitées induites par ce dispositif ne varie que de 5%. Ceci
correspond à un nombre de nuitées supplémentaires allant
de 42 371 à 101 600 soit un CA supplémentaire compris entre 1,7
milliards de F CFP (14 millions d'Euro) et 4 milliards de F CFP (33 millions
d'Euros). Compte tenu de l'effort budgétaire consenti par le Pays
à la défiscalisation dans le secteur hôtelier (50 milliards
F CFP entre 1996 et 2006, soit en moyenne 4,5 milliards par an), cet impact
semble être décevant.
Ce résultat s'explique par un autre résultat de
notre étude: la demande hôtelière ne varie quasiment pas
à une variation du prix (élasticité-prix de la demande
très faible). Si ce résultat peut être expliqué par
les caractéristiques de l'offre hôtelière (bien de luxe),
il est la raison centrale du faible impact des dispositifs de
défiscalisation sur l'équilibre hôtelier. En effet, compte
tenu de cette faible élasticité-prix de la demande, les
politiques visant à diminuer le coût d'une nuitée et donc
son prix, ne peuvent avoir qu'une efficacité limitée. Le
raisonnement contrefactuel mené dans cette étude en est
l'illustration: que l'aide publique porte sur le coût du capital
(défiscalisation) ou sur le coût du travail (baisse de la masse
salariale), l'impact de ces mesures sur le nombre de nuitées induites
reste faible, et ceci du fait d'une faible sensibilité de la demande aux
prix. Ainsi, malgré la baisse du seuil de
rentabilité41 induite par la défiscalisation, cette
dernière ne suffit pas à relancer la demande
hôtelière car elle ne le permet pas. Par conséquent, la
défiscalisation locale ne paraît pas pouvoir être
considérée comme un instrument efficace de développement
du secteur hôtelier.
Cette conclusion peut paraître forte mais elle ne semble
pas exagérée dès lors que l'on considère les
hypothèses retenues dans le modèle: des hypothèses
favorables à la mise en lumière d'effets positifs de la
défiscalisation sur la demande hôtelière. En effet, nous
avons supposé l'existence d'un marché hôtelier
concurrentiel à long terme, présumant ainsi que l'ensemble de la
baisse des coûts, induite par la défiscalisation, était
répercuté sur les prix. L'absence d'effets de marge nous a donc
permis de prédire qu'à l'équilibre recette moyenne et
coût moyen s'égalisaient au prix. Ainsi, l'ensemble des effets de
la défiscalisation est, par construction, redistribué aux
consommateurs. Or, malgré cette hypothèse forte, le dispositif de
défiscalisation locale apparaît peu efficace. Si cette
hypothèse était affaiblie, supposant qu'une partie de la baisse
du coût du capital était reportée sur les marges, ou si
l'on supposait le marché hôtelier oligopolistique, l'impact de la
défiscalisation serait encore plus faible, voire nul.
Si le modèle n'est, par construction, pas en mesure de
montrer l'existence d'effets d'aubaine (investissements hôteliers qui
auraient été réalisés en l'absence de
défiscalisation), il peut néanmoins laisser présager de
l'existence d'un autre effet pervers de la défiscalisation: un effet de
cannibalisme. Ce concept désigne le fait que les nouveaux entrants
(voire des hôtels de même marque) génèrent la
faillite des autres. En
40 Ce dernier résultat peut néanmoins
être nuancé au regard de la faible significativité des
coefficients, Cf. Annexe 4.
41 En effet, la défiscalisation peut être vue comme
un dispositif permettant de diminuer le taux de remplissage pour un même
niveau de rentabilité.
effet, malgré une rentabilité médiocre du
secteur hôtelier, associée à un taux de remplissage rigide,
de nouveaux hôtels défiscalisés sont construits,
annonçant alors une concurrence accrue source de fermeture. Si ce
constat n'est pas la preuve d'un surinvestissement, il pose néanmoins la
question du fait -une fois encore- de la faible élasticité de la
demande hôtelière.
Personnes rencontrées au cours de cette étude et
remerciées pour leur aide
AFD Papeete
Benoit Massuyeau IEOM
Bruno Jordan Service Tourisme
Charlotte Fontan SPPE
Christophe Parion FITEC
Claude Périou Socredo
Dany Panerau Service des contributions
Dhana Brillant ISPF
Dominique Michaud Le Méridien
Franky Sacault SPPE
Julien Vucher-Visin ISPF
Lolita Kuo IEOM
Olivier Sudrie D M E
Pierre Terriitehau D M E
Richard Chin-Foo Tahiti Invest
ThierryButtaud South Pacific Management
Bibliographie
Ouvrages
Bagnis H. (2005), La promotion des investissements en
Polynésie Française
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économique et fiscal de la délibération 20004-033 APF du A
12/02/04 relative à la « loi Flosse »
Crédit d'impôt
60
Annexe 1: Schéma simplifié de la
défiscalisation locale
Financement du projet avec uniquement la
défiscalisation locale
Fonds propres 30
Crédits 34
Défiscalisation « Flosse »
36
Coût total du projet 100
Investisseurs locaux soumis à
l'IS
oul'IT
=
Investisseur Flosse
Gain 24
Pays
Coût 60
Remboursement de l'avance en
compte courant
64
Avance en compte
courant
100
Rétrocession du crédit
d'impôt
36
Hôtel
(Fonds propres 30)
Banque
Crédit
34
Remboursement de l'avance en
compte courant
64
Financement du projet avec la double
défiscalisation
Fonds propres
|
6
|
Crédits
|
34
|
Défiscalisation « Flosse »
|
36
|
Défiscalisation « Girardin »
|
24
|
Coût total du projet
|
100
|
Etat
Coût 40
Crédit
d'impôt
40
Investisseur métropolitain
=
Investisseur
Girardin
Gain 16
Rétrocession du crédit d'impôt
24 (soit
60% du crédit d'impôt)
Avance en compte
courant
100
Crédit d'impôt
Crédit
34
Rétrocession du crédit d'impôt
36 (soit
60% du crédit d'impôt)
Pays
Coût 60
Banque
Investisseurs locaux soumis à
l'IS
oul'IT
=
Investisseur Flosse
Gain 24
Annexe 2 : Synthèse des aides à
l'investissement dans le secteur hôtelier et résidences de
tourisme international
|
Nature et Montant maximal de l'aide
|
Aide du Pays
|
|
Incitation fiscales à l'investissement = Crédit
d'impôt (« Loi Flosse ») Délibération n°
200-33 du 12/04/04
|
«Le crédit d'impôt bénéficie
aux personnes physiques ou morales redevables de l'impôt sur le s
bénéfices des sociétés ou de l'impôt sur les
transactions qui réalisent un financement dans un projet
d'investissement. Ces personnes sont considérées comme
investisseurs. »
Montant d'investissement minimum à réaliser
|
200 millions F CFP pour la construction (hors valeur du terrain)
100 millions F CFP pour la rénovation et agrandissement
Taux de crédit d'impôt
|
30 à 60% de l'investissement
|
Aide fiscale à l'exploitation Délibération
n°2004-33 du 12/04/04
|
Seuil d'investissement éligible
|
50 millions F CFP Avantages
|
exonération des droits d'enregistrement, de transcription
et de taxes sur les formalités hypothécaires exonération
de certaines impositions directes (impôt foncier sur les
propriétés bâties, impôt sur les transactions) aides
à l'emploi et à la formation professionnelle.
Montant cumulé des exonérations fiscales et des
aides financières
|
30% maximum du montant hors droit et taxes de l'investissement
agrée. Obligations des entreprises bénéficiaires
|
produire documents comptables et nombre d'emploi
prendre l'engagement de conserver l'investissement pendantune
durée d'au moins 5 ans.
|
Aide de l'Etat
|
|
Loi de défiscalisation métropolitaine (« Loi
Girardin »)
|
Avantages pour la société polynésienne
|
crédit d'impôt sur les transactions
crédit d'impôt sur les sociétés
exonération des produits de gestion de l'hôtel et
les produits financiers.
|
L'aide fiscale à
l'exploitation42
Si les incitations à l'investissement
-qualifiées d'aides sectorielles- ont pour objectif de développer
les secteurs définis comme prioritaires par le gouvernement, les aides
fiscales à l'exploitation ont pour but de les faire grandir.
Complémentaires, les aides fiscales à l'exploitation font l'objet
d'une demande d'agrément du même type que pour la
défiscalisation. L'agrément à l'aide fiscale à
l'exploitation est plafonné à hauteur de 30% de l'investissement
agrée. L'aide fiscale à l'exploitation propose trois types
d'avantages pris sous la forme d'exonération de certains droits et
taxes, un régime particulier des bénéfices
réinvestis et des aides financières diverses.
- Les exonérations fiscales
L'exonération des impôts représente
à elle seule plus de 40% des aides au titre de l'aide fiscale à
l'exploitation (H.Bagnis). Elle consiste en l'exonération de toute
perception au profit du Trésor des droits d'enregistrement, de
transcription et taxes sur les formalités hypothécaires ou sur
l'impôt foncier, sur les sociétés ou sur les
transactions.
- Le régime des bénéfices
réinvestis (RPBR)
Les bénéfices réalisés par les
entreprises soumises à l'impôt sur les bénéfices des
sociétés peuvent être affranchies dudit impôt, dans
la mesure où ces bénéfices participent au financement d'un
programme d'investissement ayant obtenu un agrément. Si ce
mécanisme ressemble au dispositif de crédit d'impôt
à l'investissement, les régimes ne sont pas cumulables et les
secteurs éligibles ne sont pas les mêmes.
- Les aides financières
Elles se traduisent pour l'essentiel par le remboursement
partiel des charges sociales et par un soutien à la formation
professionnelle. Au titre de l'aide fiscale à l'exploitation, une
entreprise peut bénéficier du remboursement partiel de la part
patronale des charges sociales sur les salaires versés aux
salariés recrutés localement. L'autre aide accordée
concerne la formation professionnelle dans l'optique de promouvoir la
création d'emplois et la formation professionnelle.
Notons que l'aide fiscale à l'exploitation et les
dispositifs de défiscalisation sont des mécanismes
complémentaires qui peuvent se cumuler sous certaines conditions. Ce ci
permet alors de rééquilibrer les coûts d'exploitation au
regard de la concurrence internationale selon Hinano Bagnis (2005).
42 Inspirée du livre La Promotion des
Investissemnts en Polynésie Française Hinano Bagnis
(2005)
Annexe 3 : Exemple de montage de
défiscalisation
Annexe 4: Estimation des déterminants de la
demande hôtelière
|
modèle 1
|
modèle 2
|
modèle 3
|
modèle 4
|
modèle 5
|
modèle 6
|
modèle 7
|
modèle 8
|
|
dlncvs
|
dlncvs
|
dlncvs
|
dlncvs
|
dlncvs
|
dlncvs
|
dlncvs
|
dlncvs
|
dlPxR
|
-0.032
|
-0.268
|
-0.351
|
-0.354
|
-0.351
|
-0.361
|
-0.235
|
-0.372
|
|
(0.22)
|
(2.15)*
|
(2.85)**
|
(2.86)**
|
(2.87)**
|
(2.70)**
|
(1.72)
|
(2.75)**
|
dlcout
|
|
0.352
|
0.413
|
0.412
|
0.380
|
0.398
|
0.344
|
0.400
|
|
|
(7.12)**
|
(8.69)**
|
(8.62)**
|
(7.94)**
|
(8.01)**
|
(6.44)**
|
(8.00)**
|
dlpibus
|
|
|
4.021
|
4.094
|
4.043
|
4.807
|
|
4.877
|
|
|
|
(4.19)**
|
(4.20)**
|
(4.26)**
|
(4.43)**
|
|
(4.45)**
|
dollar
|
|
|
|
0.000
|
0.001
|
0.001
|
0.000
|
0.001
|
|
|
|
|
(0.52)
|
(1.80)
|
(1.19)
|
(0.63)
|
(1.05)
|
loaerienne
|
|
|
|
|
0.000
|
0.012
|
-0.019
|
-0.004
|
|
|
|
|
|
(0.00)
|
(0.18)
|
(0.28)
|
(0.05)
|
lohotel
|
|
|
|
|
0.442
|
0.427
|
0.437
|
0.350
|
|
|
|
|
|
(2.69)**
|
(2.10)*
|
(1.94)
|
(1.49)
|
lgie
|
|
|
|
|
|
-0.000
|
-0.001
|
-0.005
|
|
|
|
|
|
|
(0.01)
|
(0.11)
|
(0.35)
|
dlpibfr
|
|
|
-2.427
|
-2.487
|
-2.458
|
-2.843
|
|
-2.793
|
|
|
|
(2.40)*
|
(2.43)*
|
(2.46)*
|
(2.71)**
|
|
(2.64)*
|
ipa
|
|
|
|
|
|
|
|
0.001
|
|
|
|
|
|
|
|
|
(0.67)
|
Constant
|
0.002
|
0.002
|
-0.005
|
-0.029
|
-3.681
|
-3.690
|
-3.363
|
-2.890
|
|
(0.27)
|
(0.27)
|
(0.70)
|
(0.62)
|
(2.58)*
|
(1.90)
|
(1.64)
|
(1.27)
|
Observations
|
95
|
95
|
83
|
83
|
83
|
71
|
83
|
71
|
R-squared
|
0.00
|
0.36
|
0.52
|
0.52
|
0.56
|
0.62
|
0.44
|
0.62
|
Absolute value of t statistics in parentheses * significant at
5%; ** significant at 1%
Modèle 1: Dlncvst = j0 + j1 dlPxRt + t
Modèle 2 : Dlncvst = j0 + j1 dlPxR + j2 dlcout
t + t
t
Modèle 3 : Dlncvst = j0 + j1 dlPxR + j2dlcout j3 dlpibus
t + j4 dlpibfr t + t
t t +
Modèle 4 : Dlncvst = j0 + j1 dlPxR + j2 dlcout j3 j4
dlpibfr + t
t +
t + dlpibus j5 dollar +
t t t
Modèle 5 : Dlncvst = j0 + j1 dlPxR + j2 dlcout j3 dlpibus
+ dlpibfr t + j5 dollar j6 j7
t + loaerienne + lohotel t + t
t t + t
j4
t
Modèle 6 : Dlncvst = j0 + j1 dlPxR + j2 dlcout + j3
dlpibus dlpibfr + dlgie t
t + j5 dollar + j6 loaerienne j7 lohotel +
t t t + j3 t t + t j8
t
Modèle 7 : Dlncvst = j0 + j1 dlPxR t + j8 dlgie
t + j2 dlcout t +
t + j5 dollar t + j6 loaerienne t
t + j7 lohotel
Modèle 8 : Dlncvst +
t = j0 + j1 dlPxR + j2 dlcout + j3 dlpibus
t t t + j3 dlpibfr t + j5 dollar t + j6
loaerienne t + j7 lohotel t + dlgie
j8
j9 IPA t + t
Dlncvs : différence première du logarithme du
nombre de nuitées hôtelière corrigé des variations
saisonnières
DlPxR: différence première du logarithme du prix
déflaté de la nuitée hôtelière Dlpibus :
différence première du logarithme du PIB Américain
Dlpibfr : différence première du logarithme du PIB
Français Dollar: taux de change FCPF /$
lgie: logarithme des dépenses de promotion touristiques du
GIE lohotel: logarithme de la capacité hôtelière
loaerienne: logarithme de la capacité aérienne
43
Annexe 5 : Econométrie
appliquée
Correction des variations saisonnières (CVS)
S'il existe un phénomène saisonnier, l'observation
relative au mois m de l'année a prend la forme:
Xma = Tma + Sm +ma
où Tma est la tendance sous-jacente, insensible
au mouvement saisonnier, S le facteur saisonnier, et un
m ma
terme aléatoire.
On peut aussi supposer que le mouvement saisonnier est
multiplicatif, en retenant la spécification suivante:
Xma = Tma Sm( 1+ ma)
Il est équivalent d'utiliser cette dernière
spécification, ou d'appliquer la spécification additive aux
logarithmes des variables considérées. Des tests permettent de
choisir la spécification la plus convenable pour le cas
considéré.
Pour estimer les coefficients Sm, il faut disposer
d'une série mensuelle assez longue (au moins quatre ans).
On commence par affecter à chaque mois une moyenne mobile
sur douze mois (MM 12). On peut utiliser une formule du type suivant:
Mt = (X t-6/2 + X
t-5 + Xt-4 + Xt-3 + Xt-2 +
Xt-1 + Xt + Xt+1 + Xt+2 + Xt+3 +
Xt+4 + Xt+5 + Xt+6/2)/12 On calcule ensuite les
écarts entre X t et M t
Et =Xt -Mt
et on estime le coefficient saisonnier S par U m :
m
Um = (1/n)aEam
où n est le nombre d'années sur lesquelles on a
mesuré les écarts E t. La série CVS est ensuite
estimée en calculant:
Cam = Xam - Um
Observons que le terme aléatoirereste présent
dans l'expression de la série CVS, qui ne cherche pas à
t
corriger l'aléa, mais seulement l'effet saisonnier.
La stationnarité
La stationnarité est la clef d'analyse des séries
temporelles
Une série {Y t} est dite strictement stationnaire si la
distribution conjointe de (Y,É ,Y identique
tk ) est à celle
t
de (Y ,É ,Y stationnarité dit que la conjointe
(Y
t+t tk+t ). Autrement dit
la stricte distribution de t ,É,Y est
tk )
invariante quand on fait glisser le temps.
Cette condition étant difficile à vérifier,
on utilise une version plus faible de la stationnarité. On dit qu'une
série est faiblement stationnaire si:
E(Yt) est indépendante de t
Var (Y t ) est une constante finie indépendante
de t
Cov (Y t, Yt-k) est une fonction finie de k, indépendante
de t.
Les séries non stationnaires
Les séries temporelles non stationnaires peuvent
être stationnarisées en calculant leur différence. La
série caractérisée par:
Yt = u + aY + 6t
t-1
est stationnaire si #!#< 1. Si #!#= 1, alors la série
suit une marche aléatoire avec une dérive u et est non-
stationnaire puisque:
E(Yt) = u + Y0
Var (Y t ) = ta26
D'après le test DF, cette série a une racine
unitaire, c'est -à-dire qu'elle est intégrée d'ordre 1.
Sa différence première D.Y stationnaire.
t = Yt - Yt-1 est alors stationnaire car 6
t est
Le test de Dickey-Fuller
On désire s'assurer que la série n'est pas
parfaitement autocorrélée,
43 Inspiré du Livre Econométrie
appliquée, I.Cadoret et al (2004), De Boeck
i.e.a ~1 dans Y + a +
t = j-t Y Et
t-1
ou, de façon équivalente, O~0 dans A Y j-t + OY +
t
t = t-1
L'hypothèse nulle est donc H : O = 0. Le test t ne tient
malheureusement pas dans ce cas, car les données sont...
0
non stationnaires sous H 0. Il faut donc utiliser une loi de
Dickey-Fuller. Le test de DF teste s'il y a une racine unitaire dans le
processus générateur de données. Enfin, s'il y a de
l'autocorrélation dans les données, il faut utiliser un test de
Dickey-Fuller augmenté (ADF) (ou Phillips-Perron). Ce test ajoute des
retards au modèle testé afin de contrôler pour
l'autocorrélation.
On obtient alors deux valeurs: la statistique de test et le
«p-value » associé à cette statistique. Si le
«p-value» est inférieur au niveau de confiance fixé
(5%) nous rejetons l'hypothèse nulle: il n'y a pas de racine unitaire.
Dans le cas contraire, on doit corriger le modèle du fait de sa
stationnarité.
La façon de corriger un modèle est de le
différencier, i.e. soustraire à chaque observation la valeur de
la période précédente.
Yt= j-t + a Y + t-1 +
t-1 + Et OY t
devient donc A Y j-t
t =
On voit bien que si l'hypothèse nulle tient, O = 0 et le
terme disparaît du modèle.
Co-intégration et Modèle à
correction d'erreur : l'approche de Engel et Granger
Une série qui contient d racines unitaires doit être
différenciée d fois et est intégrée d'ordre d(I(d))
(ici nos
séries ont été différenciées une
fois puisque qu'elles contiennent une racine unitaire et sont
intégrées d'ordre 1).
Soient deux séries temporelles Y
d. alors toute s deux séries sera
t et Xt intégrées d'ordre combinaison
linéaire de
aussi intégrée d'ordre d(Id(d)), par exemple les
aléas d'un modèle de régression.
Cependant, s'il existe un vecteur f3 tel que l'ordre
d'intégration des aléas est inférieur à d, alors,
selon la définition d'Engel et Granger, les séries Yt et Xt sont
co-intégrées.
La notion de co-intégration permet de mettre en
évidence des relations de long terme stables entre les séries
stationnaires. Alors, ce concept reproduit l'existence d'un équilibre de
long terme et l'aléa peut s'interpréter comme un écart
à la période t par rapport à l'équilibre.
Ainsi les relations peuvent être estimées en MCO.
La procédure d'Engel et Granger suggère de
procéder à deux étapes:
Estimer avec la méthode des MCO la relation de long
terme.
Tester à l'aide des tests DF si les aléas sont
stationnaires et les séries co-intégrées.
Si l'on conclut à la stationnarité de la
série des résidus alors les séries sont Y de
t et Xt co-intégrées et la relation
long terme peut être estimée par la méthode
des MCO.
Annexe 5 : Graphique des séries
Evolution du Prix d'une Nuitée
Hôtelière
35000
30000
25000
Prix d'une nuitée hôtelière
10000
5000
0
300000
250000
200000
150000
100000
50000
0
Nombre de nuitées
hôtelière
Brute CVS Trend
20000
15000
300000
250000
200000
150000
Nbre de Nuitées
100000
50000
0
Evolution du Nbre de Nuitées
Hôtelières
- 58 -
Annexe 6: Résultats des simulations
EQUATION DE L'OFFRE
|
Hypothèse basse
|
Hypothèse moyenne
|
Hypothèse haute
|
Coût d'une nuitée après
défiscalisation
|
40 100
|
40 100
|
40 100
|
Coût du capital sans défiscalisation
|
140 000 000
|
170 000 000
|
200 000 000
|
Nombre de nuitées
|
22 000
|
22 000
|
22 000
|
Coût du capital par nuitée sans
défiscalisation
|
6 363,64
|
7 727,27
|
9 090,91
|
Part du coût du capital dans le coût moyen de long
terme après défiscalisation
|
5,29%
|
6,42%
|
7,56%
|
Coût d'une nuitée hors capital
|
33 736,36
|
32 372,73
|
31 009,09
|
|
|
|
|
Diminution du coût du capital suite à la
défiscalisation
|
2/3
|
2/3
|
2/3
|
Coût du capital après défiscalisation
pour une nuitée
|
2 121,21
|
2 575,76
|
3030,30
|
Coût moyen de long terme d'une nuitée avant
défiscalisation
|
44 342,42
|
45251,52
|
46 160,61
|
Part du coût du capital dans le coût moyen de long
terme avant défiscalisation
|
14,35%
|
17,08%
|
19,69%
|
Variation du coût d'une nuitée induite par
la défiscalisation
|
-9,57%
|
-11,38%
|
-13,13%
|
EQUATION DE LA DEMANDE (1)
|
|
|
|
Elasticité prix
|
-0,351%
|
-0,351%
|
-0,351%
|
Nombre de nuitées demandées (1) avant
défiscalisation
|
2010343
|
1997078
|
1984336
|
Nombre de nuitées demandées (1) après
défiscalisation
|
2 080 200
|
2 080 200
|
2 080 200
|
Variation du nombre de nuitée induite par la
défiscalisation
|
51340
|
46826
|
42371
|
Variation de la demande (1) induite par la
défiscalisation
|
3,36%
|
4,00%
|
4,61%
|
EQUATION DE LA DEMANDE (2)
|
|
|
|
Elasticité prix
|
-0,372%
|
-0,372%
|
-0,372%
|
Nombre de nuitées demandées (2) avant
défiscalisation
|
2006164
|
1992105
|
1978600
|
Nombre de nuitées demandées (2) après
défiscalisation
|
2080200
|
2080200
|
2080200
|
Variation du nombre de nuitée induite par la
défiscalisation
|
74 036
|
88 095
|
101 600
|
Variation de la demande (2) induite par la
défiscalisation (%)
|
3,56%
|
4,23%
|
4,88%
|