UNIVERSITE D 'ABOME Y-CALA VI (BENIN)
(UAC)
FA CULTE DES SCIENCES
AGRONOMIQUES (FSA)
DEPARTEMENT D 'ECONOMIE, DE SOCIO ANTHROPOLOGIE ET
DE COMMUNICATION POUR LE DE VELOPPEMENT RURAL (DESA C)
x Consentement à payer des consommateurs pour
les légumes sains en milieu
-urbain : cas du Sud-
urbain et péri Bénin
THESE Pour l'obtention du diplôme
d'ingénieur agronome
OPTION : Economie,
Socio-Anthropologie et Communication pour
le développement rural
Présentée par : Ilyace
AMADOU Le 19 Décembre 2008
Superviseur :
Dr. Ir. Anselme A. ADEGBIDI
Co-Superviseur : Dr. Ousmane N.
COULIBALY
|
UNIVERSITY OF ABOME Y-CALA VI
(BENIN)
|
|
FA CULTY OF A GRONOMY SCIENCES
DEPARTMENT OF ECONOMY, SOCIO-
ANTHROPOLOGY AND
COMMUNICATION FOR THE RURAL
DEVELOPMENT
Wilingness to pay of consum ers for safe vegetables
in urban and peri-urban zones: case of South-Benin
THESIS
Submitted to the requirement of Agricultural Engineer
degree OPTION: Economy, Socio-
Anthropology and Communication for
rural development
Presented and defended by:
Ilyace AMADOU
Decem ber, the 19th 2008
Supervisor:
Dr. ir. Anselme A. ADEGBIDI
Co-Supervisor: Dr. Ousmane N.
COULIBALY
CERTIFICATION
Je certifie que ce travail a été
réalisé par Ilyace AMADOU sous ma supervision à la
Faculté des Sciences Agronomiques de l'Université d'Abomey-Calavi
au Bénin dans l'option Economie, Socio-Anthropologie et
Communication.
Le superviseur
Dr. ir. Anselme E.B.A. ADEGBIDI
Maître assistant des Universités du CAMES
Enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences
Agronomiques de l'Université d'Abomey-Calavi.
AUTORISATION DE DEPOT
Je soussigné Dr. Ir. Valentin AGBO,
Enseignant-chercheur au Département d'Economie,
Socio-Anthropologie et Communication pour le développement rural,
à la Faculté des Sciences Agronomiques (FSA), de
l'Université d'Abomey-Calavi (UAC), certifie que l'étudiant
Ilyace AMADOU a intégré les remarques, critiques
et suggestions relevées par les membres de Jury lors de sa soutenance de
thèse d'Ingénieur Agronome.
En foi de quoi, je l'autorise à déposer la
version finale de sa thèse, intitulée « Consentement
à payer des consommateurs pour les légumes sains en milieux
urbain et péri-urbain : Cas du Sud-Bénin »,
conformément aux normes exigées par les autorités
décanales.
Le président du jury
Dr. Ir. Valentin AGBO Enseignant-chercheur à la
Faculté des Sciences Agronomiques
DEDICACE
Aux feux Maïmouna AMADOU et Ibrahima Djibrila DARA A
mes grands parents Lamatou GNON DARA et Mamoudou AMADOU A ma mère
Hindou DARA et à mon père Madjidou AMADOU A mes frères
et soeurs : Assad, Mouni et Maïmouna A mon amie Adjaratou DRAMANI A
mon cousin Ismaël DARA
REMERCIEMENTS Nous tenons à remercier
:
+ le Projet ADA (Agence Autrichienne pour le
Développement) qui a financé ce travail ; + le Dr Anselme
ADEGBIDI, qui a accepté superviser cette thèse malgré ses
multiples occupations ;
+ le Dr. Ousmane COULIBALY (Agroéconomiste senior),
chef de la section économie de IITA-Bénin, qui, en dépit
de ses lourdes tâches professionnelles, a accepté cosuperviser ce
travail. Sa rigueur scientifique et ses remarques pertinentes ont
contribué à l'amélioration de la qualité
scientifique du document ;
+ madame Sounkoura SIDIBE ADETONAH, doctorante. Ses conseils ont
été très utiles lors de la rédaction du
mémoire ;
+ monsieur Razack ADEOTI, Casimir AITCHEDJI, Moïse DJADE,
Fidèle Eric SES SOU et tous les autres associés de recherche du
Dr Coulibaly à la section socioéconomie de l'IITA-Bénin
pour leur franche collaboration ;
+ tous les vendeurs et consommateurs de légumes
enquêtés ;
+ tous mes parents, pour leurs conseils et soutiens durant ma
formation ;
+ tous les enseignants de la FSA/UAC ainsi que tout le personnel
administratif ;
+ tous les camarades de la 32ème promotion de
la FSA ; pour les moments passionnants et parfois difficiles, passés
ensembles ;
+ tous ceux dont nous n'avons pas cité les noms qui nous
ont soutenus de diverses manières.
RESUME
Les légumes sains sont des produits de qualité
supérieure qui aident à prévenir les maladies et assurent
la sécurité alimentaire. Ces légumes sont produits en zone
urbaine et péri-urbaine du Sud-Bénin grâce aux
biopesticides introduits et promus en milieu paysan par l'Institut
International d'Agriculture Tropicale en collaboration avec les projets
partenaires. Beaucoup d'études n'ont pas été faites sur
les légumes sains afin d'identifier les contraintes liés à
la promotion de ces produits. L'objectif principal de cette étude est
d'évaluer les préférences des consommateurs et leur
consentement à payer les légumes sains, afin de comprendre
l'acceptabilité de ces produits au niveau des ménages et assurer
la sécurité alimentaire. Cette enquête
socio-économétrique a été menée
auprès de 140 consommateurs répartis dans les zones de bas-fonds
(Adjohoun et Gnito), du cordon littoral (Sèmè-Podji et
Grand-Popo) et intra urbaine (Cotonou et Porto-Novo). Les résultats
révèlent que la majorité des consommateurs ne connait pas
l'existence des légumes sains. Pour les consommateurs, le choix des
légumes est fonction des attributs tels que : le prix, la couleur, la
fraîcheur, l'apparence, la taille, le goût, la présentation
et l'accessibilité. Les résultats du modèle de
régression logistique (Probit) révèlent que les facteurs
socio-économiques tels que l'apparence du légume et
l'expérience dans la consommation du légume sain influencent
positivement le consentement à payer les légumes sains ; alors
que le prix et la taille du légume, l'effectif du ménage et la
zone agro écologique, l'influencent négativement. La
sensibilisation des consommateurs sur les avantages des légumes sains et
la création des points de vente de légumes sains ayant une bonne
apparence pourraient accroître la demande en légumes sains au Sud-
Bénin.
Mots-clés : légumes sains,
consentement à payer, modèle Probit, sécurité
alimentaire, Sud- Bénin.
ABSTRACT
In order to solve the environmental, health and economic
problems caused by the use of synthetic pesticides, research structures have
introduced and promoted on-farm the use of biopesticides as alternative methods
in pest control and safe vegetable production. Safe vegetables are considered
to be superior in quality compared to conventional produced products, since it
has been demonstrated that safe products help preventing several health hazards
and assure food security. This study was conducted with the objective to
identify potentials consumers of safe vegetables in Southern Benin and theirs
expectations. Furthermore, it identifies the factors that influence their
willingness to pay for safe vegetables. The research was conducted in three
zones, namely, inland valley (Adjohoun, Grand-Popo rural), intra-urban zone
(Cotonou, Porto-Novo) and coastal zone (Sèmè Podji, Grand-Popo).
A total of one hundred and forty respondents, was randomly selected in the
zones. Results reveal that most of the consumers do not know the existence of
safe vegetables and this unknowledge has influenced their consumption of safe
vegetables in the past. Moreover, the majority of consumers considered price as
an important factor for their safe vegetables consumption and have attributed a
higher importance for the characteristics such as color, freshness, appearance,
size and quality. Consumers also indicated that safe vegetables should be sold
in easily accessible places for the convenience of purchasing. Results of
probit regression analysis revealed that of socio-economics factors, price,
size, appearance of vegetables, size of household, and agroecological zone
significantly influence the willingness to pay for safe vegetables. Based on
the study, it could be concluded that there is a high potential to introduce
safe vegetables on the markets in Southern Benin. Along with the introduction
safe vegetables, marketers and stakeholders should also direct awareness
programs among consumers in promoting the demand for safe vegetables and assure
food security.
TABLE DES MATIERES
Certification i
Dédicace ii
Remerciements iii
Résumé vi
Abstract v
Table des matières vi
Liste des tableaux ix
Liste des figures x
Liste des annexes ..x
Liste des sigles et abréviations xi
Chapitre 1 : Introduction générale 13
1.1 Introduction 13
1.2 Problématique et justification 14
1.3 Objectifs de la recherche 17
1.3.1 Objectif principal 17
1.3.2 Objectifs spécifiques 17
1.4 Hypothèses de recherche 17
Chapitre 2 : Cadre conceptuel et théorique 19
2.1 Cadre conceptuel 19
2.1.1 Agriculture urbaine et périurbaine 19
2.1.2 Maraîchage 20
2.1.3 Biopesticides 21
2.1.4 Légumes sains 22
2.1.5 Qualité des légumes 23
2.1.6 Sécurité alimentaire 24
2.2 Cadre théorique 26
2.2.1 Comportement des consommateurs face à un aliment
26
2.2.2 Perceptions du consommateur : filtre de perceptions 29
Chapitre 3 : Présentation de la zone d'étude 31
3.1. Délimitation de la zone d'étude 31
3.2. Situation géographique des zones d'études
31
3.2.1. Zone de bas-fonds 31
3.2.2. Zone intra urbaine 35
3.2.3. Zone du cordon littoral 36
3.3. Caractéristiques humaines 36
3.3.1. Populations, ethnies et religions 36
3.3.2. Organisations sociale et administrative 38
3.3.3. Activités économiques 40
Chapitre 4 : Méthodologie de recherche 41
4.1 Phases de l'étude 41
4.1.1 Phase documentaire 41
4.1.2 Phase exploratoire 41
4.1.3 Phase d'enquête fine 42
4.2 Echantillonnage et choix des unités de recherche 42
4.3 Méthodes et outils de collecte des données
45
4.4 Méthodes et outils d'analyse des données 46
4.4.1 Hiérarchisation des attributs 46
4.4.2 Modèle d'analyse du consentement à payer
46
4.5 Limites de la recherche 53
Chapitre 5 : Résultats et analyses 54
5.1 : Caractéristiques socio-économiques des
consommateurs enquêtés 54
5.1.2 Représentation de la situation matrimoniale des
consommateurs 55
5.1.5 Taille du ménage des consommateurs 57
5.1.6 Nombre de dépendants par ménage 58
5.1.7 Activités des enquêtés 58
5.1.8 Revenu mensuel des consommateurs 59
5.2 Connaissance des légumes par les consommateurs 60
5.2.1 Niveau de connaissance des consommateurs sur l'utilisation
des pesticides chimiques. 60
5.2.2 Connaissance des consommateurs sur la présence de
résidus dans les légumes traités avec les pesticides
chimiques 61
5.2.3 Connaissance des consommateurs sur les dangers liés
à la consommation de légumes conventionnels. 61
5.2.4 Connaissance des consommateurs sur l'existence des
biopesticides 62
5.2.5 Connaissance des légumes sains 63
5.2.6 Source de connaissance des légumes sains 64
5.3 Perceptions des consommateurs sur les légumes sains
64
5.3.1 Fréquence d'utilisation des légumes par les
consommateurs. 65
5.3.2 Les types de légumes consommés 65
5.3.3 Lieux d'approvisionnement des légumes 66
5.3.4 Acheteurs de légumes 67
5.3.5 Perceptions des consommateurs sur les avantages et
inconvénients des légumes
traités avec les pesticides chimiques. 68
5.3.6 Perceptions des consommateurs sur les avantages et
inconvénients des légumes
sains. 69
5.4 Perceptions des consommateurs sur les attributs des
légumes 71
5.4.1 Attributs des légumes 71
5.4.2 Hiérarchisation des attributs 72
5.5 Déterminants du consentement à payer les
légumes sains 75
5.5.1 Résultats du modèle 75
5.5.2 Analyse du modèle 77
Chapitre 6 : Conclusions et recommandations 81
6.1 Conclusions 81
6.2 Recommandations 81
Références bibliographiques 83
Annexes
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Démographie du milieu d'étude
24
Tableau 2 : Ethnies et religions du milieu d'étude
25
Tableau 3 : Données économiques de la zone
d'étude 27
Tableau 4 : Répartition des unités de recherche
par zones d'étude 32
Tableau 5 : Liste des variables indépendantes 38
Tableau 6 : Situation matrimoniale des consommateurs
enquêtés 42
Tableau 7 : Situation des âges des consommateurs par
zone agro écologique 43
Tableau 8 : Taille du ménage des consommateurs
44
Tableau 9 : Nombre de dépendants par ménage
45
Tableau10 : Occupation des consommateurs
enquêtés 46
Tableau 11 : Revenu mensuel des consommateurs 46
Tableau 12 : Connaissance de l'utilisation des pesticides
chimiques 47
Tableau 13 : Connaissance des consommateurs sur l'existence
des résidus dans les légumes 48
Tableau 14 : Connaissance des dangers liés à la
consommation des légumes conventionnels 49
Tableau 15 : Connaissance au sujet de l'existence des
biopesticides 49
Tableau 16 : Connaissance des légumes sains 51
Tableau 17 : Source de connaissance des légumes
51
Tableau 18 : Fréquence de consommation des
légumes 52
Tableau 19 : Types de légumes consommés
53
Tableau 20 : Lieux d'approvisionnement en légumes
54
Tableau 21 : Acheteurs de légumes 54
Tableau 22a : Perceptions des consommateurs sur les avantages
des légumes conventionnels 55
Tableau 22b : Perceptions des consommateurs sur les
inconvénients des légumes conventionnels 56
Tableau 23a : Perceptions des consommateurs sur les avantages
des légumes sains 57
Tableau 23b : Perceptions des consommateurs sur les
inconvénients des légumes sains 58
Tableau 24 : Attributs des légumes selon les zones agro
écologiques 59
Tableau 25 : Classement des attributs de légumes
60
Tableau 26 : Classement des attributs selon les
différentes zones agro écologiques 60
Tableau 27 : Résultats du modèle logistique
63
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Modèle de comportement du consommateur face
à un aliment 16
Figure 2 : Filtre de perception 17
Figure 3 : Zones agro écologiques du Bénin 20
Figure 4 : Localisation des zones d'étude 21
Figure 5: Genre des consommateurs de légumes 42
Figure 6 : Niveau d'instruction des consommateurs 44
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1 : Questionnaire de recherche I
Annexe 2 : Classement des attributs X
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ADA : Austrian Development Agency
BIDOC : Bibliothèque Centre de
Documentation CAP : Consentement à payer
CeCPA : Centre Communal pour la Promotion
Agricole CeRPA : Centre Régional pour la Promotion
Agricole
cf : Confer
CFA : Communauté Financière
Africaine
CQFD : Comité Québécois
Femmes et Développement
CRDI : Centre de Recherche pour le
Développement International
CTA : Centre Technique de coopération
Agricole et rurale
DDT : Diphenyl Dichloro Trichlore
éthane
EPA : Environmental Protection Agency
ESAC : Economie, Socio-Anthropologie et
Communication
FAO: Food and Agriculture Organisation of United
Nations
FSA : Faculté des Sciences
Agronomiques
GPV : Groupe Protection des
Végétaux
IITA : Institut International d'Agriculture
Tropicale
IMF : Institution de Micro Finance
INSAE : Institut National de la Statistique et
de l'Analyse Economique
IPM: Integrated Pest Management
Km : kilomètre
km2 : kilomètre
carré
LARES : Laboratoire d'Analyse Régionale
et d'Expertise Sociale m : mètre
MAEP : Ministère de l'Agriculture, de
l'Elevage et de la Pêche MARP : Méthode
Accélérée de Recherche Participative
MEPN : Ministère de l'Environnement et de
la Protection de la Nature
MISD : Ministère de l'Intérieur,
de la Sécurité et de la Décentralisation.
mm : millimètre
OMS : Organisation Mondiale pour la
Santé
ONG: Organisation Non Gouvernementale
PADAP : Programme d'Appui au
Développement de l'Agriculture Périurbaine / Sud-Bénin
PAML : Projet d'Appui aux Maraîchers du
Littoral Grand-Popo/Agoué PAN : Pesticide Action
Network
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement RCPA : Responsable Communal pour la
Promotion Agricole RGPH : Recensement Général de
la Population et de l'Habitat
SPSS: Statistical Package of Social Sciences
SPV : Service Protection des
Végétaux
UAC : Université d'Abomey-Calavi
VIMAS : Village Maraîcher de
Sèmè-Podji
ZCL : Zone du Cordon Littoral
ZDB : Zone des Bas-fonds
ZIU : Zone Intra Urbaine
PREMIERE PARTIE : GENERALITES
Chapitre 1 : Introduction générale
1.1 Introduction
Le Bénin est un pays dont l'économie repose
essentiellement sur l'agriculture. La population agricole est estimée
à 3,2 millions d'habitants dont 51% de femmes (INSAE, 2002). Le secteur
agricole constitue aujourd'hui près de 36% du produit intérieur
brut (PIB), 88% des recettes d'exportation et emploie 70% de la population
active (INSAE, 2005).
Le taux d'urbanisation au Bénin est estimé
à 46% en 2007 (FAO, 2008). Ceci entraîne une forte croissance
démographique et une augmentation des besoins alimentaires dans les
villes ; permettant ainsi, à l'agriculture urbaine de prendre de
l'importance.
Les cultures maraîchères constituent la
principale activité de l'agriculture urbaine et répondent de
façon efficace à la demande alimentaire urbaine. Le
maraîchage contribue à la sécurité alimentaire et
à la réduction de la pauvreté des ménages et en
particulier celle des femmes (James et al., 2006). Au
Sud-Bénin, les revenus générés par le
maraîchage permettent à des milliers de familles de satisfaire
leurs besoins (PADAP, 2000).
Cependant, la pression parasitaire est une contrainte
importante pour les maraîchers péri-urbains,
particulièrement pendant la saison des pluies où les maladies et
les ravageurs prédominent (Gockowski, 2003). Les pesticides chimiques
spécifiques au maraîchage sont souvent rares, onéreux et ne
bénéficient pas d'un système organisé de
crédit (Vodouhè et Aboubacary, 2003). Les maraîchers
utilisent alors des pesticides chimiques prohibés afin de
produire massivement les légumes et de satisfaire la
forte demande. Cette pratique a de nombreuses conséquences sur la
santé des consommateurs. Selon le Réseau d'Action sur les
Pesticides (PAN, 1999), la consommation de légumes produits avec les
pesticides chimiques accroît l'incidence des maladies gastriques et
respiratoires chez les populations.
Face à ces contraintes, il est important de trouver des
moyens et méthodes de lutte qui améliorent la qualité des
légumes, préservent la santé des consommateurs et assurent
la sécurité alimentaire. Ainsi, les chercheurs de l'Institut
International d'Agriculture Tropicale (IITA) - Bénin, en collaboration
avec les structures nationales de recherche, ont développé et
diffusé des technologies de gestion intégrée contre les
ravageurs. Ces technologies comptent les variétés
améliorées, les extraits botaniques, les techniques de stockage,
les biopesticides à base de bactéries (Dipel® et
Biobit®)) et les virus (Cherry et al.,
2006).
La présente étude vise à connaître
les préférences des consommateurs pour les légumes
produits au moyen des biopesticides. Elle se propose, d'évaluer la
connaissance et la perception des consommateurs sur l'existence et la
consommation des légumes sains. L'étude permettra aussi
d'identifier, les attributs des légumes sains et les principaux facteurs
socio- économiques déterminants le consentement à payer
les légumes sains par les consommateurs.
Le document est structuré en six (6) chapitres.
Après l'introduction, les objectifs et les hypothèses de
recherche complètent le chapitre 1. Le chapitre 2 est consacré
à la présentation du cadre théorique. Le chapitre 3
décrit la zone d'étude et le chapitre 4 traite de la
méthodologie de recherche. L'analyse des résultats est faite au
chapitre 5. .Enfin, le chapitre 6 présente les conclusions et
recommandations issues de l'étude.
1.2 Problématique et justification
La population subsaharienne croît à un taux de
2,5% par an (May, 2008). Cette croissance rapide de la population est beaucoup
plus concentrée en milieu urbain où on note l'émergence de
grandes villes et même de quelques mégapoles (Schoumaker et
al., 2004). Au Bénin, le taux d'urbanisation déjà
élevé, a subi un accroissement, atteignant 35,7% en 2002 à
cause d'un exode rural massif des populations rurales (INSAE, 2003).
Cette augmentation de la population urbaine a
entraîné une forte demande alimentaire en milieu urbain que
l'agriculture rurale n'arrive plus à satisfaire. L'agriculture urbaine
occupe de plus en plus une place importante au sein du plan d'action
international et est reconnue comme composante d'une solution globale aux
problèmes causés par la croissance débridée des
villes des pays en développement (Moustier, 2005).
L'une des branches de l'agriculture urbaine capable de
satisfaire la demande alimentaire urbaine est le maraîchage. Au
Bénin, la production maraîchère est une importante source
d'emplois dans les milieux urbains, péri-urbains et surtout dans les
rives des fleuves et/ou des vallées de certaines zones (Tiamiyou, 1995
cité par Simeni 2005). Au sud du Bénin, la production de
légumes représente l'activité principale en termes
d'occupation et de revenu, pour la majorité des exploitations agricoles.
Le maraîchage contribuerait à la création de près de
60 000 emplois directs (PADAP, 2003). Les revenus générés
par l'activité maraîchère permettent à des milliers
de familles de vivre. Dans la ville de Cotonou, sur les 263 ha de superficies
cultivées en 2000, le maraîchage a rapporté aux
producteurs, plus de 300 millions de marge brute ; hormis leur propre
consommation évaluée à 30% voire 40% (Hounkpodoté
et Tossou, 2001). Cependant, la contribution économique et sociale de la
production des légumes en zones urbaines et péri-urbaines est
limitée par un certain nombre de facteurs dont les attaques d'insectes
et les maladies, le difficile accès aux terres, et les risques
liés à l'écoulement des légumes (Assogba-Komlan
et al., 2003).
La pression parasitaire est devenue un problème majeur
qui préoccupe tous les producteurs (Adégbola et Singbo, 2001).
Les pesticides chimiques spécifiques au maraîchage sont souvent
rares, chers et ne bénéficient pas souvent d'un système
organisé de crédit (Vodouhè et Aboubacary, 2003). Face
à cette situation, les pratiques de gestion des ravageurs varient
d'un producteur à un autre. Les pesticides chimiques prohibés
sont donc utilisés de façon excessive et les règles
d'utilisation ne sont pas généralement respectées (Zossou,
2004). L'utilisation excessive d'engrais, due à
l'exiguïté des aires maraîchères et la
mauvaise utilisation des pesticides, présente des conséquences
sur la santé des consommateurs du fait de la présence des
résidus dans les légumes et sur l'environnement par contamination
de la nappe phréatique (Amoussougbo, 1993 cité par Singbo
2004). Selon Probst (2007), les maraîchers ont très peu de
connaissances sur les propriétés chimiques des pesticides et
sur leur potentiel toxique. Très souvent, ils ignorent la date
d'épandage et la nécessité du port
des équipements de protection. Il en est de même pour les
consommateurs qui ignorent tous les dangers liés à la
consommation des légumes produits avec les pesticides chimiques
; augmentant ainsi les risques liés à leur santé
(Probst, op cit). Les substances chimiques utilisées dans
l'agriculture conventionnelle sont responsables de près de 20.000
décès par an (FAO, 2007). Selon Adéoti (2005), plus de
70% de la population béninoise souffrent régulièrement
de la fièvre typhoïde au point que les services de santé
recommandent d'éviter la consommation des crudités douteuses.
Une étude réalisée sur les sites de Kouhounou et
de Houéyiho à Cotonou, a montré une toxicité
résiduelle des cultures maraîchères en métaux
lourds et en pesticides organochlorés (Agbossou et
Sanny, 2003). Amoah (2006), a trouvé, dans une étude menée
au Ghana, des résidus de lindane, d'endosulfan et de Diphenyl Dichloro
Trichlore éthane (DDT) dans la laitue vendue sur le marché.
L'une des manières les plus adéquates pour
produire des légumes sains sans provoquer un déséquilibre
de la biodiversité, est de réduire au maximum l'emploi abusif des
pesticides chimiques de synthèses ou d'opter pour d'autres
méthodes alternatives de lutte contre les ravageurs. Parmi ces
méthodes de lutte, figurent les biopesticides. Les biopesticides sont
composés d'extraits botaniques à base de neem (Azadirachta
indica A. Juss), de papayer (Carica papaya L), ou d'hyptis
(Hyptis suaveolens L. Poit) et des microorganismes tels que les
champignons, les virus et les bactéries entomopathogènes
(Dipel® et Biobit®)) (Cherry et al,
2006). Ils sont économiques, efficaces, sains et respectueux de
l'environnement (Vodouhè, 2007). Les biopesticides, en particulier les
extraits aqueux botaniques, ont été introduits et promus par les
institutions ayant en charge, le développement de l'agriculture aussi
bien nationale à travers le Service de Protection des
Végétaux (SPV), qu'internationale avec l'Institut International
d'Agriculture Tropicale (IITA). D'autres biopesticides sont importés par
des structures agréées pour renforcer l'action des extraits
aqueux botaniques. Les biopesticides permettent de produire les légumes
sains qui aident les familles à lutter contre la malnutrition et la
faim. Selon FAO (2007), l'agriculture biologique permettrait d'améliorer
les apports en nutriments des ménages, ainsi que leur capacité
à se procurer des aliments grâce à l'intensification
durable et à la commercialisation des produits de l'agriculture
artisanale et de contribuer aux apports en micronutriments et à des
régimes alimentaires plus sains, grâce à la
réintroduction de variétés sous-utilisées et
à la diversification de la production ; d'établir des
systèmes alimentaires autonomes, en particulier à
l'échelle des ménages.
La réussite de la promotion d'un nouveau produit, passe
par une bonne compréhension du comportement des consommateurs face
à ce produit (Verbeke, 2000). Dans ce cadre, l'étude se
propose, d'étudier les consommateurs, afin de recueillir leurs
perceptions sur les légumes sains produits à base de
biopesticides. Ceci, pourrait contribuer à améliorer la
santé des consommateurs et assurer leur sécurité
alimentaire.
Cette étude répondra aux questions suivantes :
Comment amener un grand nombre de ménages à consommer les
légumes sains ? Quelles stratégies peuvent être
recommandées aux gouvernements, aux structures de développement
agricole nationales et internationales et aux individus désireux de se
lancer dans la production et la commercialisation des légumes sains,
afin que ces derniers puissent prendre en compte les perceptions et les
préférences des
potentiels consommateurs de légumes sains ? Quelles
sont les habitudes alimentaires des populations urbaines et
péri-urbaines en termes de consommation de légumes ? Quel serait
leur consentement à payer pour les légumes sains, afin de
sauvegarder leur santé et l'environnement ?
1.3 Objectifs de la recherche 1.3.1 Objectif principal
L'objectif principal de cette étude, est
d'évaluer les préférences des consommateurs et leur
consentement à payer les légumes sains, afin de promouvoir
l'acceptabilité de ces produits au niveau des ménages et aider
à la résolution du problème de santé publique qui
est la consommation des légumes produits avec les pesticides non
recommandés. Pour atteindre ce principal objectif, trois objectifs
spécifiques ont été formulés.
1.3.2 Objectifs spécifiques
- Objectif spécifique 1 : Analyser les
connaissances des consommateurs sur les légumes sains ;
- Objectif spécifique 2 : Analyser les
préférences des consommateurs au sujet des attributs des
légumes sains ;
- Objectif spécifique 3 :
Déterminer les caractéristiques socio-économiques qui
affectent le consentement à payer les légumes sains.
1.4 Hypothèses de recherche
En relation avec les objectifs spécifiques
énoncés, les hypothèses de recherche suivantes sont
formulées :
- Hypothèse 1 : Les légumes sains
sont connus des consommateurs ;
- Hypothèse 2 : Le choix des
légumes sains par les consommateurs est fonction des attributs tels que
la couleur, l'apparence, la taille, la fraîcheur ;
- Hypothèse 3 : Le sexe, l'âge,
le niveau d'éducation, la taille du ménage, sont les principaux
facteurs déterminants du consentement à payer les légumes
sains par les consommateurs.
Chapitre 2 : Cadre conceptuel et théorique
Dans ce chapitre, il sera évoqué, les
différents concepts et modèles théoriques
développés par certains auteurs et qui se rapportent à la
présente étude. Le chapitre présente successivement le
cadre conceptuel et le cadre théorique.
2.1 Cadre conceptuel
Pour mieux circonscrire notre étude, il nous paraît
important de définir les différents concepts que comporte
directement ou indirectement notre sujet de recherche.
2.1.1 Agriculture urbaine et périurbaine
D'après Moustier et Mbaye (1999), l'agriculture
périurbaine -- correspondant à l'agriculture urbaine selon la
terminologie anglo-saxonne -- est considérée comme l'agriculture
localisée dans la ville et à sa périphérie, dont
les produits sont destinés à la ville et pour laquelle il existe
une alternative entre usages agricoles d'une part et non agricoles d'autre
part. L'alternative débouche sur des concurrences, mais également
sur des complémentarités entre ces usages :
- foncier bâti et foncier agricole ;
- eau destinée aux besoins des villes et eau d'irrigation
;
- travail non agricole et travail agricole ;
- déchets ménagers et industriels et intrants
agricoles ;
- coexistence en ville d'une multiplicité de
savoir-faire, due à des migrations, cohabitation d'activités
agricoles et urbaines génératrices d'externalités
négatives (vols, nuisances) et positives (espaces verts).
Selon Donadieu et al., (1997), l'agriculture
périurbaine, au strict sens étymologique, est celle qui se trouve
à la périphérie de la ville, quelle que soit la nature de
ses systèmes de production. Avec la ville, cette agriculture peut soit
n'avoir que des rapports de mitoyenneté, soit entretenir des rapports
fonctionnels réciproques. Dans ce dernier cas, elle devient urbaine et
c'est ensemble, qu'espaces cultivés et espaces bâtis participent
au processus d'urbanisation et forment le territoire de la ville.
Les interactions entre la ville et l'agriculture, en termes de
flux de ressources et de produits, sont au coeur de l'identité de
l'agriculture urbaine. L'agriculture urbaine sera employée pour
désigner à la fois l'agriculture intra et périurbaine au
cours de cette étude.
Pour Doucouré et al., (2004), cette agriculture
contribue à plusieurs titres à la gestion de la ville :
- en participant à l'approvisionnement, surtout en
produits frais ;
- en créant des emplois et des revenus, qui contribuent
à l'équilibre social ; - en améliorant l'environnement par
une gestion spécifique des déchets ;
- en occupant des terrains qui font offices de coupures vertes
dans le tissu urbain et en participant ainsi à l'aménagement des
espaces verts et à l'amélioration de la qualité de
l'air.
Outre sa dimension strictement agronomique, l'agriculture
urbaine permet de résoudre certaines questions sociales graves en jouant
un rôle d'intégration (migration des ruraux, chômage
endémique).
2.1.2 Maraîchage
Etymologiquement, le mot maraîchage dérive du mot
latin «mariscus», terme relatif aux lacs et marais. Ce concept s'est
d'abord appliqué aux cultures de légumes effectuées dans
les marais. Ayant connu des évolutions dans le temps, il est devenu une
branche de l'horticulture orientée vers la culture intensive et
professionnelle des légumes (Habault, 1983). L'horticulture quant
à elle, désigne selon Larousse (2002), la branche de
l'agriculture comprenant la culture des légumes, des petits fruits, des
fleurs, des arbres et arbustes d'ornement. Le maraîchage
représente aujourd'hui une composante essentielle sinon la plus
importante de l'horticulture, particulièrement dans les pays
sous-développés où elle tient une place importante dans
l'économie.
Larousse (2002) définit le maraîchage comme la
culture intensive des légumes et certains fruits, en plein air ou
sous-abri. Cette définition plutôt généraliste du
concept de maraîchage est loin de prendre en compte les
spécificités de cette activité dans le contexte africain
en général et béninois en particulier. D'autres
définitions alternatives ont été proposées par
différents auteurs pour combler ce vide. Selon Gonroudobou (1985), le
maraîchage est une activité complexe qui se caractérise par
la mise en valeur de superficies réduites et par la production d'une
multitude de spéculations. Il s'agit alors d'une production intensive et
continue. Une série d'opérations (le labour et le dressage des
planches, le repiquage, l'arrosage, la récolte, la vente etc.) occupe la
journée du maraîcher. Cette définition paraît plus
explicite sur ce qu'est le maraîchage dans le contexte béninois.
Cependant, en identifiant le maraîchage à une activité
continue, elle s'est bornée au système
moderne, occultant ainsi une bonne partie des exploitations,
en l'occurrence les systèmes de décrue. La production
maraîchère de décrue est une composante non moins
importante du maraîchage au Sud-Bénin qui est d'ailleurs assez
fournie en bas-fonds exploitables périodiquement.
Pour tenir compte de la grande variabilité que
présente le maraîchage dans le contexte du Sud-Bénin, le
concept de maraîchage sera compris ici, à l'instar de Tiamiyou
(2002), comme la culture intensive, continue ou saisonnière de
légumes et de certains fruits, pratiquée sur différents
types de sol, en saison des pluies ou en saison sèche, dans les villes
ou en zone rurale, en plein champ ou sur un périmètre
préalablement délimité et aménagé ou non.
2.1.3 Biopesticides
Aho et Kossou (1997), définissent la lutte biologique
comme l'ensemble des méthodes par lesquelles peuvent être
limités, les effets des organismes végétaux et animaux
nuisibles sur les cultures, le bétail et leurs produits, en exploitant
les ennemis naturels de ces organismes. La lutte biologique se base sur des
concepts écologiques et son évolution suit de près celle
de l'écologie. L'emploi des biopesticides à base de
microorganismes entomopathogènes fait partie de cette lutte
biologique.
L'Agence de Protection Environnementale (EPA, 2007)
définit les biopesticides comme des pesticides dérivés des
animaux, des bactéries, des champignons, des plantes et de certains
minéraux. Ils sont généralement regroupés en trois
classes. Nous distinguons les pesticides biochimiques (phéromones
sexuels et extraits de plantes) qui procurent des substances naturelles (peu
toxiques à l'homme) pour contrôler les ravageurs des cultures ;
les pesticides à base de microbes (bactéries, champignons, virus
entomopathogènes ou protozoaires) qui peuvent contrôler les
différents types de ravageurs et les protecteurs systémiques tels
que Bt : Dipel®, Biobit® (Coulibaly
et al., 2006).
L'utilisation des biopesticides permet de mieux
contrôler les ravageurs et de protéger par la même occasion
la santé des consommateurs. Par exemple, le neem (Azadirachta
indica A. Juss) est un produit naturel et non toxique à l'homme, il
est 100% biodégradable, protège mieux l'environnement et a un
large spectre d'action sur plus de deux cents (200) espèces de ravageurs
(EPA, 1993).
Dans la présente étude, il est question de
savoir, à travers les producteurs, les catégories de personnes
qui achètent et consomment les légumes traités à
base de biopesticides. Aussi, il s'agit de connaître si ces derniers
consentent à payer les légumes sains afin d'éviter les
maladies et de préserver leur état de santé.
2.1.4 Légumes sains
D'après Westphal et al., cités par
Diouf et al., (1999), certains auteurs définissent les
légumes comme des plantes herbacées dont les parties comestibles
sont récoltées sur la plante encore sur pied ou pendant sa
période de repos. D'autres définissent les légumes comme
étant des parties fraîches des plantes, qui sont consommées
seules, comme compléments alimentaires ou comme plat d'accompagnement.
Les principaux légumes cultivés peuvent être classés
selon leur nature, leur demande sur le marché et leurs lieux de culture.
Selon la nature de l'organe consommé, Agossou et al., (2001)
distinguent :
- Les légumes fruits : tomate, poivron, piment, gombo,
concombre, navet ; - Les légumes feuilles : amarante, grande morelle,
crin-crin, chou, laitue ; - Les légumes à bulbes : oignons,
échalotes ;
- Les légumes à racines ou tubercules : carotte,
pomme de terre.
Selon le critère de la demande, Tiamiyou (1998)
répartit les légumes en deux grandes catégories : les
légumes de grande consommation (grande morelle, amarante, crin-crin,
tomate, oignon, gombo, piment) et ceux produits en quantités moins
importantes (pomme de terre, carotte, chou, laitue, navet, concombre, courge,
courgette, aubergine,...). Les légumes produits varient également
selon les zones de production. Agossou et al., (2001) distinguent :
- Les cultures traditionnelles de plein champ
pratiquées aussi bien en milieu rural qu'en milieu urbain : tomate,
piment, gombo, oignon, grande morelle, amarante, crin-crin, célosie ;
- Les cultures exotiques, également
désignées sous le vocable de légumes de type
européen, pratiquées dans les zones urbaines et
périurbaines. Elles concernent la carotte, le chou, la laitue, le
concombre, le poivron, le navet, etc.
Le Groupe de Protection des Végétaux (GPV,
1996), définit une plante saine comme étant celle qui dispose au
mieux de tout son potentiel génétique pour ses multiples
fonctions physiologiques (division et différenciations cellulaires,
développement, translocation, photosynthèse, reproduction, etc.).
Ces diverses fonctions s'influencent réciproquement dans un état
de parfait équilibre dans un environnement favorable. Dans le cadre de
cette étude, les légumes sains sont des légumes produits
au moyen des biopesticides vulgarisés par l'IITABénin. La
consommation de ces légumes ne présente aucun danger pour la
santé du consommateur
2.1.5 Qualité des légumes
Le problème de qualité des légumes
devient de plus en plus préoccupant vu les pesticides chimiques non
recommandés, utilisés pour le contrôle des insectes et
maladies. Les légumes traditionnels reconnus pour leur besoin faible en
insecticide chimique contrairement aux légumes exotiques, commencent par
recevoir des quantités significatives de pesticides en raison de la
pression des insectes et maladies et de la demande locale de plus en plus
croissante.
Assogba-Komlan et al. (2007) ont analysé
l'effet des pratiques de fertilisation et de traitements phytosanitaires sur la
qualité nutritionnelle des légumes feuilles traditionnels les
plus consommés au Sud-Bénin afin d'identifier ceux à
risque. Les résultats révèlent que de fortes doses
d'engrais organiques et surtout d'engrais minéraux sont,
appliquées sur les légumes feuilles. Les taux de nitrate dans les
feuilles et dans les sols sont faibles (<50mg/kg de matière
fraîche) mais ces taux ont augmenté de la 1ère
à la 2ème coupe. Par ailleurs, les teneurs en
pesticides organochlorés totaux sont comprises entre 0,320 et 2,225
jtg/g de légumes secs. En dehors de l'endosulfan et du lindane
retrouvés dans les échantillons de légumes en faibles
teneurs (respectivement 0,07 et 0,1 jtg/g de légumes), les autres
pesticides comme le DDT, l'endrine, l'heptachlore, l'aldrine, le dieldrine
présentent des teneurs supérieures aux normes Codex
appliquées pour le contrôle de la qualité des aliments. Les
mêmes pesticides se retrouvent dans les échantillons de sol. Ces
résultats remettent en question la qualité nutritionnelle des
légumes produits au Bénin et confirment que l'usage des
pesticides chimiques dans le contrôle des ravageurs représente la
première source d'altération de la qualité des produits
maraîchers.
Singbo et al., (2004) ont étudié les
facteurs socio-économiques qui justifient l'utilisation des insecticides
chimiques sur les légumes. Les données sont collectées sur
un échantillon de 193 producteurs et l'analyse des déterminants
influençant le choix de la méthode de contrôle des insectes
et maladies des légumes est faite en utilisant le modèle
économétrique logit. Les résultats indiquent que les
femmes continuent d'utiliser les insecticides chimiques pour la protection des
légumes. Le mode d'irrigation et la nature de légume
cultivé influencent aussi la méthode de lutte contre les
ravageurs de légumes. Zossou (2004) a analysé les facteurs
socio-économiques qui sous-tendent l'adoption des pratiques
phytosanitaires par les maraîchers à Cotonou avec comme principal
outil statistique le test du Khi-deux. Les principaux facteurs
identifiés et qui influencent le respect des pesticides chimiques
recommandés, le respect des doses recommandées et l'utilisation
des produits
naturels sont : l'âge, le niveau d'instruction, le
nombre d'année d'expérience, la présence du chou dans
l'exploitation, les perceptions des maraîchers des risques liés
aux pesticides chimiques sur l'environnement et sur la santé humaine.
Par ailleurs, l'IITA (2002a) a étudié les
potentialités d'un marché de biopesticides pour contrôler
les maladies des légumes feuilles au Ghana et au Bénin. Les
résultats obtenus à partir des modèles de prix
hédonique et Probit ont montré que les principaux facteurs qui
peuvent affecter l'adoption des biopesticides par les producteurs sont les
rendements élevés, une meilleure qualité des produits, une
action rapide contre les parasites, un épandage aisé et un large
spectre.
En outre, Singbo et al., (2002) ont
étudié les facteurs qui peuvent influencer l'utilisation des
biopesticides en culture du chou et de tomate. Les résultats indiquent
qu'environ 75 % des maraîchers veulent utiliser ces produits biologiques
s'ils sont efficaces. Cinq indicateurs sont identifiés comme pouvant
aider à la promotion des biopesticides. Il s'agit du type d'application,
le mode de conditionnement, le type de formulation, les niveaux de prix et
enfin le canal de distribution.
Adorgloh-Hessou (2006), a montré dans une étude
portant sur le développement de l'entreprise de production et de
commercialisation des légumes de qualité dans les régions
urbaines et péri urbaines du Sud Bénin, qu'après
l'année 2006, la demande de légumes va subir un accroissement de
3% toutes les années. Il importe donc de fournir des légumes de
qualité afin d'assurer une sécurité alimentaire à
tous.
Cette étude se focalisera sur le consentement à
payer des légumes sains par les consommateurs. Elle apparaît comme
la dernière étape de toutes les études
répertoriées ci- dessus afin de savoir si les efforts des
chercheurs, visant à remplacer les pesticides chimiques non
recommandés par les biopesticides, ont porté leurs fruits.
2.1.6 Sécurité alimentaire
Le Sommet de Rome a développé la
définition de la sécurité alimentaire approuvée par
la Conférence internationale FAO/OMS sur la nutrition (Rome,
décembre 1992) à savoir "l'accès de tous, à tout
moment, à une alimentation suffisante pour mener une vie saine et
active". Le Sommet a ajouté l'idée de l'accès non
seulement physique mais aussi économique, d'une alimentation non
seulement suffisante mais aussi saine et nutritive ; et le concept selon lequel
il faut, par alimentation suffisante, entendre une alimentation correspondant
aux besoins nutritionnels ainsi qu'aux préférences des
populations pour leur permettre de mener une vie saine et active.
Chacun a un droit à l'alimentation découlant de
sa propre production, d'un échange sous forme de troc, d'achat sur les
marchés ou d'un travail à des tâches autres que la
production alimentaire, ou d'un transfert (d'aliments) de la famille, de la
communauté, de la société civile ou de l'État.
Quiconque ne peut pas jouir de son droit à l'alimentation risque donc de
voir sa sécurité alimentaire menacée. Le lien direct entre
le commerce et cette approche est le droit à l'alimentation au moyen
d'un échange. Pour la FAO (2007), la sécurité alimentaire
se décline en quatre dimensions :
- Disponibilité alimentaire : l'agriculture biologique
peut permettre de produire un volume suffisant pour nourrir l'humanité.
Mais les nuances portent plus sur les progrès techniques encore
nécessaires que sur le fait de savoir si oui ou non l'agriculture
biologique pourrait y parvenir.
- Accès à la nourriture : la production d'un
pays en volume ne garantie pas que toute sa population se nourrisse. Il reste
encore le problème de l'extrême pauvreté et de la
destruction sociale. La FAO pose donc la question des moyens pour que la
production agricole soit "effectivement" accessible à tous. Et sur ce
point, l'agriculture biologique apparaît comme un système
d'excellence, répondant mieux qu'aucun autre aux exigences de
sécurité alimentaire : production plus territorialisée et
basée sur les ressources humaines locales, créant des emplois,
diminuant l'endettement et la paupérisation, permettant de freiner
l'exode rural dans le tiers-monde... Bref, avec l'agriculture biologique on
crée les moyens pour que tout le monde se nourrisse.
- "Résilience" et pérennité
environnementale : l'agriculture biologique permet mieux qu'aucun autre
système de préserver les ressources naturelles, les sols..., et
donc de produire des aliments durablement. Ce qui est intéressant, est
que non seulement l'agriculture biologique est meilleure pour lutter contre
l'effet de serre, mais de plus, elle réduit les effets négatifs
du changement climatique.
- Qualité de l'alimentation : les systèmes de
production biologiques permettent aux populations rurales du tiers-monde
d'avoir une alimentation plus variée, plus équilibrée, et
ceci notamment pour les plus pauvres.
Cette étude permettra de savoir si les consommateurs ont
accès suffisamment aux légumes sains. Part ce fait, leur
sécurité alimentaire pourrait être garantie.
2.2 Cadre théorique
2.2.1 Comportement des consommateurs face à un aliment
Le comportement du consommateur est défini comme
étant : «des actes que des individus posent dans l'obtention,
l'utilisation et la disposition des biens économiques et des services,
incluant par la même occasion le processus de décision qui
précède et détermine ces actes» (Engel et
al., 1995). Du point de vue microéconomique, l'accent est
traditionnellement mis sur la prise de décision des consommateurs et
leur comportement de choix. L'étude du comportement du consommateur,
basée sur des modèles d'étape, fait appel la perspective
de prise de décision dans la recherche sur le comportement du
consommateur. De cette perspective de prise de décision, l'achat est
considéré comme l'un des points particuliers parmi tous les
moyens dont dispose le consommateur. En vue de comprendre ce point ultime, un
examen des événements passés à savoir un besoin de
reconnaissance du produit, une recherche d'information sur le produit, et une
évaluation des alternatives du produit, est nécessaire.
Typiquement, les besoins sont définis comme divergents entre la
situation actuelle et la situation désirée en ce qui concerne les
sentiments. Notons que la recherche est plus spécifique que le besoin.
Par exemple, un consommateur ayant besoin de consommer des légumes,
cherche une variété spéciale de légumes de
qualité pouvant lui épargner des risques liés à sa
santé. Cette demande pourrait être considérée comme
une recherche qui est soutenue par le pouvoir d'achat et le consentement
à payer.
Après l'identification du besoin, les consommateurs
peuvent commencer par chercher des informations au sujet des solutions
potentielles pour satisfaire ce besoin. Les sources internes et externes
peuvent alors être consultées. Les sources internes se rapportent
aux expériences antérieures et à la mémoire, alors
que les sources externes incluent les stimuli commerciaux et non commerciaux
dans l'environnement des consommateurs.
L'étape suivante est l'évaluation des solutions
alternatives sur les critères qui sont pertinents pour les consommateurs
individuels dans des situations spécifiques. Ces critères se
rapportent aux attributs, à propos desquels les consommateurs ont des
opinions spécifiques. Les opinions sur les attributs combinés
avec le poids de l'importance des attributs, aboutissent aux
préférences des produits qui sont logiquement
transférés dans les intentions d'achat. Les attributs,
caractéristiques des produits, sont soit intrinsèques
(goût, texture ou couleur), soit extrinsèques (emballage, marque
ou label du produit). Une autre classification des attributs fait la
distinction entre la recherche, l'expérience et la
crédibilité des attributs. On a donc :
- Les attributs de recherche qui permettent d'évaluer le
produit avant l'achat. Les exemples typiques sont le prix, l'apparence, la
marque/label et l'emballage.
- Les attributs d'expérience qui peuvent seulement
être évalués après l'achat et/ou l'utilisation du
produit. Exemple de la texture et du goût.
- Les attributs de crédibilité qui sont des
attributs que le consommateur ne peut pas évaluer ou vérifier
lui-même. Il doit faire confiance aux individus et institutions, comme
les autorités gouvernementaux et les industries de production. Les
attributs de production, de processus et de contenus de produit (nutriment,
contenu contaminant) sont des cas typiques de type de
crédibilité. La sécurité comme attribut de produit
est surtout un type de crédibilité. Cependant, quand la
sécurité est garantie à travers une marque ou un label de
confiance, elle pourrait atteindre le statut de recherche d'attribut. La
sécurité peut aussi être un attribut d'expérience.
Par exemple, la sécurité dépend d'un type de risque comme
l'intoxication, qui résulterait éventuellement de la consommation
antérieure d'un légume non sain.
Le modèle classique de processus de prise de
décision à quatre étapes marque le point de départ
dans l'étude sur les consommateurs (Engel et al., 1968; Engel
et al., 1995). Le modèle peut être étendu et
intégré, premièrement, avec le modèle de
«l'hiérarchie des effets» initié par Lavidge et Steiner
(1961) et revu par Barry et Howard (1990). Deuxièmement, les concepts
relatifs au processus d'informations sont présentés par McGuire
(1978) et discuté par Scholten (1996). Finalement, une classification
des facteurs ou variables, qui influencent potentiellement le processus de
prise de décision du consommateur, est adoptée (Pilgrim, 1957;
Steenkamp, 1997) (voir figure 1).
La «hiérarchie des effets» indique les
différents stages mentaux que les consommateurs utilisent quand il
s'agit de prendre des décisions d'acheter et de répondre aux
messages commerciaux et non commerciaux. Bien qu'il remonte aux travaux
philosophiques de Platon (Holbrook, 1995), le concept fut introduit dans la
littérature du comportement du consommateur au début du
20ème siècle sous l'appellation de «modèle
AIDA» (Attention, Intérêt, Désir, Action) (Strong,
1925). Le concept est particulièrement relatif au cadre et aux objectifs
de communication. La communication avec les objectifs cognitifs, vise le
processus cognitif du niveau de consommateur, d'où l'augmentation du
niveau de connaissance du consommateur. La communication affective utilise
beaucoup d'arguments émotionnels, de création de sentiments et
vise l'amélioration des attitudes des consommateurs envers les produits.
Les communications conatives essayent de pousser les consommateurs vers une
action immédiate sans le précédent processus cognitif ou
les stimulations des réactions
Facteurs d'influence
(Pilgrim, 1957 - Steenkamp, 1997)
Facteurs environnementaux
Stimulus de marketing
Information - Processus McGuire, 1978 - Scholten,
1996
Attention
Décision - prise de décision (Engel et
al., 1968 et 1995)
Besoin de reconnaissance
d'attitude. Il est généralement admis que la
structure, incluant le cognitif (lecture, connaissance), l'affectif
(pensée, sentiment) et le conatif (volonté, agissement), est
réelle, mais aucune évidence précise apparente n'est
disponible à ce sujet (Barry et Howard, 1990; Ambler, 1998; Vakratsan et
Ambler, 1999).
Depuis qu'une attention particulière est portée
sur les influences et sur la prise de décision des consommateurs
résultant du marketing et de la communication, le concept de processus
de communication a été introduit dans le modèle. Ce
concept identifie les effets de communication au niveau des stages :
révélation et attention sur la communication,
compréhension, persuasion lesquelles se réfèrent aux
changements d'attitude et finalement au maintien de la nouvelle attitude.
Le processus de prise de décision, de jugements et de
choix, est affecté par la variété des stimuli venant de
l'environnement, aussi bien par les processus internes que par les
caractéristiques des consommateurs eux-mêmes. Se basant sur les
travaux de Pilgrim (1957) et Shepherd (1990), Steenkamp (1997) propose une
classification avec trois types de facteurs influençant la prise de
décision :
- facteurs environnementaux,
- facteurs relatifs à la personne même ; - et les
propriétés de l'aliment.
Les stimuli de marketing et l'environnement
socio-économique constituent l'environnement du consommateur. Les
facteurs relatifs à la personne ou les variables individuelles de
différence sont : la démographie, les caractéristiques
psychologiques et biologiques du consommateur. La classification des
propriétés des produits comme les propriétés
intrinsèques et extrinsèques, et la recherche et la
crédibilité des attributs, ont été largement
discutées plus haut. La combinaison de tous ces facteurs montre pourquoi
des consommateurs vont au-delà du processus de prise de décision
pour les produits particuliers comme les légumes sains, alors qu'ils ne
le font pas dans d'autres cas.
Ce modèle théorique sera utilisé pour
comprendre le processus de prise de décision des consommateurs au sujet
des légumes sains. Grâce à ce modèle, les
perceptions des consommateurs au sujet des attributs des légumes sains
seront connues.
Figure 1 : Modèle de comportement du
consommateur face à un aliment. (Verbeke, 2000) 2.2.2 Perceptions du
consommateur : filtre de perceptions
Le filtre de perception se situe entre l'objectivité
scientifique et la perception subjective humaine. Il est responsable du bais
qui existe entre la réalité, l'évidence scientifique ou
les faits d'une part, et la perception des consommateurs pour ces faits d'autre
part (Wierenga, 1983) (voir figure 2). Les faits résultent de
l'objectivité scientifique et dépendent des
propriétés des produits comme la qualité, la
sécurité, la valeur nutritionnelle ou le prix. Ces attributs ou
caractéristiques sont maniables, mesurables et répétables
à travers la chaîne agro-alimentaire. Les perceptions des
consommateurs relèvent de l'objectivité humaine et dévient
parfois vers les faits et la réalité. Le filtre de perception
entre la réalité et la perception devrait être
considéré comme une sorte de miroir dont les reflets distordent
ou
rejettent des informations. La perception subjective humaine
des faits détermine le développement des attitudes et
préférences basées sur les choix d'achat et de
consommation des légumes.
Cette théorie nous permet de jauger le niveau de
perception des consommateurs face au légume sain. En effet, ce filtre de
perception nous aide à connaître les appréciations des
consommateurs sur les caractéristiques des légumes. Après
cette appréciation, les consommations ont une idée des
propriétés qu'ils préfèrent au niveau du
légume et peuvent alors prendre une décision
appropriée.
Réalité - faits Objectivité scientifique
Qualité Sécurité Valeur nutritive
Prix
Maniable, mesurable, Répétable
F
i
l t r e
P e r
c e p t
i o n
d
e
Propriétés/attributs du produit
Perception Subjectivité humaine
Perception du consommateur
Préférence
Choix
Figure 2: Filtre de perception (Wierenga,
1983)
DEUXIEME PARTIE : ZONE D'ETUDE ET METHODOLOGIE
Chapitre 3 : Présentation de la zone
d'étude
Ce chapitre présente successivement, la situation
géographique des zones d'étude et leurs caractéristiques
socio-économiques et démographiques ; principales
caractéristiques pouvant influencer le comportement des
consommateurs.
3.1. Délimitation de la zone d'étude
Le présent travail a été
réalisé dans la zone côtière du Sud-Bénin. Ce
milieu d'investigation est réparti en trois zones de consommation. Il
s'agit de :
- la zone des bas-fonds : Adjohoun et Gnito (zone des
pêcheries) ;
- la zone intra urbaine : Porto-Novo (zone de terres de barre) et
de Cotonou (zone des pêcheries), et ;
- la zone du cordon littoral située sur la bande littorale
: Sèmè-Podji et Grand-Popo (zone des pêcheries).
Les villes de Porto-Novo et Cotonou représentent la
zone de consommation urbaine à cause de l'urbanisation. Les
localités d'Adjohoun, de Sèmè-Kpodji et de Grand-Popo sont
considérées comme des zones de consommation périurbaines
car elles se situent de part et d'autre de Porto-Novo et de Cotonou et
représentent aussi de grandes zones de production.
3.2. Situation géographique des zones d'études
La localisation agro écologique du milieu
d'étude pour la présente recherche est représentée
sur la figure 3. La zone de bas-fonds (communes d'Adjohoun et Grand-Popo
rural), la zone du cordon littoral (commues de Sèmè-Podji et de
Grand-Popo littoral) et la zone intra urbaine (Cotonou) se trouvent dans la
zone des pêcheries (Zone VIII). Seule, la commune de Porto-Novo se trouve
dans la zone des terres de barre (Zone VII). La situation exacte des villages
et villes enquêtés, est présentée dans la figure
4.
3.2.1. Zone de bas-fonds
Cette zone est composée du village d'Agonli Lowé
(commune d'Adjohoun), situé dans la vallée de
l'Ouémé et du village de Gnito dans la commune de Grand-Popo.
Située au Sud-Est du Bénin, la commune d'Adjohoun couvre une
superficie de 308 km2 et est située à
32 km de Porto-novo, capitale politique du Bénin. Le
relief est composé de deux (02) unités géomorphologiques
:
- un plateau de faible altitude dont le modèle
présente des ondulations moyennes fortes ;
- une plaine inondable d'axe Nord-Sud qui, dans la
topo-séquence Est-ouest jouxte le
plateau. Elle s'étend de part et d'autres du fleuve
Ouémé qui l'inonde annuellement
pendant les mois de Juillet et de Novembre.
La particularité de la zone de bas-fonds se situe au
niveau de sa structure du sol qui est à dominance argileuse. Ceci
amène les maraîchers à produire seulement à des
périodes précises de l'année et les consommateurs à
s'adapter à cette réalité.
Figure 3 : Zones agro écologiques du
Bénin Source : PANA-BENIN, 2008
Figure 4 : Localisation des zones d'étude
Source : Assogba, 2007
3.2.2. Zone intra urbaine
La zone intra urbaine est composée de la ville de
Porto-Novo regroupant les quartiers Ouando, Avakpa et Akron et de la ville de
Cotonou regroupant les quartiers Akpakpa, Saint Michel, Cadjèhoun et
Védoko.
Capitale politique du Bénin et située à
32 km à l'Est de Cotonou, la ville de Porto- Novo couvre une superficie
de 110 km2 (0,09 % de la superficie nationale). Elle est
située dans le département de l'Ouémé. Elle est
accessible par une autoroute Inter-Etat en très bon état. Elle
est limitée au Nord par la commune
d'Akpro-Missérété, au Sud par la Commune d'Avrankou
à l'Est par la Commune de Sèmè Kpodji et à l'Ouest
par les Communes d'Aguégué et d'Adjarra. Sa population
dénombrée est de 223 552 habitants au troisième
Recensement Général de la Population et de l'Habitation en
février 2002 (INSAE, 2004b). On dénombre dans cette population,
90 hommes pour 100 femmes. Ses recettes budgétaires en 1998 sont
estimées à 281.271.000 de Francs CFA (FCFA) tandis que les
dépenses sont de 282.299.000 FCFA. (MISD, 2001). De façon
globale, la production en cultures maraîchères (tomate, piment,
gombo et oignon) dans les départements de l'Ouémé/Plateau
est estimée en 2004 à hauteur de 58430 tonnes avec une superficie
totale emblavée égale à 13697 ha (MAEP, 2005).
La commune de Cotonou est située dans le
département de Littoral. Elle est une commune à statut
particulier et compte 13 arrondissements avec 143 quartiers de ville. Elle
représente la capitale économique du Bénin et est
accessible par des routes bitumées interEtats, par voies maritime,
ferroviaire et aérienne. Sa superficie est de 79 km2 soit
0,07 % de la superficie nationale. Elle est située en bordure du Golfe
de Bénin sur le cordon littoral sableux d'environ 5 m de hauteur
maximale entre 6°21' de latitude Nord et 2°26' de longitude Sud. Elle
est limitée au Nord par la commune de So-Ava (Lac Nokoué), au Sud
par l'Océan Atlantique, à l'Est par la commune de
Sèmè-Podji (Ouémé) et à l'Ouest par la
Commune de Abomey-Calavi. Sa population est de 665 100 habitants au
troisième Recensement Général de la Population et de
l'Habitation en février 2002 (INSAE, 2004a). Son poids
démographique est de 9,82 % de la population du Bénin avec une
densité de 8 419 habitants au km2. Les activités
menées dans le département du Littoral sont variées et
tournent autour des industries manufacturières, de la pêche, de
l'élevage, du jardinage et surtout du commerce. Ses recettes
budgétaires en 1998 sont estimées à 4.740.311.000 FCFA
tandis que les dépenses sont de 3.666.793.000 FCFA (MISD, 2001). La
population estimée en 2006 est de 763.082 habitants. De façon
globale, la production en cultures maraîchères (tomate, piment,
gombo et oignon)
est estimée en 2004 dans les départements
d'Atlantique/Littoral à hauteur de 47068 tonnes avec une superficie
totale emblavée égale à 7314 ha (MAEP, 2005).
3.2.3. Zone du cordon littoral
La zone du cordon littoral regroupe la commune de
Sèmè-Podji et celle de GrandPopo. La commune de
Sèmè-Podji se trouve dans un ensemble géomorphologique
homogène : la plaine côtière située dans le
département de l'Ouémé. D'une superficie de 250
km2, elle se présente comme une plate-forme constituée
des dépôts récents fluvio-lacustres, des cordons littoraux
anciens et de cordons littoraux récents issus d'une sédimentation
littorale. Coincé entre le complexe mer-lac Nokoué et la lagune
de Porto-Novo, le relief de Sèmè-Podji varie par endroits, entre
le niveau de la mer et 6 m d'altitude environ.
La commune de Grand-Popo est située au Sud-Ouest du
département du Mono entre 6°17' de latitude Nord et 1°49' de
longitude Est. D'une superficie de 289 km2, Grand-Popo
s'étend sur une longueur de vingt km en bordure de la ligne
côtière située entre Grand-Popo et Hilacondji, de part et
d'autre de la route inter-Etats Cotonou-Lomé. Elle est située
à une altitude de 5 m au-dessus de la mer, avec une nappe
phréatique proche, de profondeur rarement supérieure à
plus de 3 m. L'eau est douce jusqu'à une profondeur de 8 à 10
m.
3.3. Caractéristiques humaines 3.3.1. Populations, ethnies
et religions
Au dernier Recensement Général de la Population
et de l'Habitat (RGPH3) de février 2002, les populations
dénombrées par zone agro écologique sont consignées
dans le tableau 1. La zone côtière du Sud-Bénin
possède une dynamique en population qui se partage entre les
différentes zones sus-citées. On note une prédominance de
la population féminine (52%) à celle des hommes (48%). L'effectif
de la population agricole (4%) en zone urbaine (Portonovo et Cotonou) est
très faible par rapport à l'effectif de la population agricole
dans les deux autres zones (88% pour zone de bas-fonds et 25% pour la zone
littorale). L'une des explications est certainement la pénurie des
terres cultivables consécutives à l'extension des zones
bâties à vocation résidentielle, commerciale ou
industrielle dans les milieux urbains. Du coup, cela entraîne la
réduction de l'effectif des maraîchers alors que le nombre des
consommateurs augmente.
Tableau 1: Démographie du milieu
d'étude (%)
|
|
Chapitre 3 : Présentation de la zone d'étude
|
|
|
|
|
|
|
Population masculine
|
Population féminine
|
Population totale
|
Population agricole
|
|
(N=531626)
|
(N=569054)
|
(N=1100681)
|
(N=119 726)
|
Zone de bas-fonds
|
48
|
52
|
100
|
88
|
Zone intra urbaine
|
48
|
52
|
100
|
4
|
Zone du cordon littoral
|
48
|
52
|
100
|
25
|
Total
|
48
|
52
|
100
|
11
|
Source : INSAE, RGPH3, Février 2002
Les différentes ethnies rencontrées et les
religions pratiquées par zone d'étude sont réparties dans
le tableau 2. Il y a une prédominance des fons dans la
quasi-totalité des zones enquêtées du Sud-Bénin
à l'exception des régions de la zone du cordon littoral
(Grand-Popo) où les Adja et apparentés (58%) dominent
légèrement les fons (32%).
Parmi les différentes religions du Sud-Bénin, le
catholicisme (55% en moyenne) et l'islam (18%) sont les religions les plus
pratiquées en milieu urbain. Par contre, en milieu rural, c'est la
religion traditionnelle (33%) qui vient en tête suivie du catholicisme
(27%). Ceci témoigne de l'attachement de la population
périurbaine en majorité rurale aux cultures ancestrales.
Tableau 2: Ethnies et religions du milieu
d'étude
|
|
|
Chapitre 3 : Présentation de la zone d'étude
|
|
|
|
|
|
|
Milieu d'étude
|
Ethnies et apparentées
|
Pourcentage (%)
|
Religions
|
Pourcentage (%)
|
|
|
Adja
|
1
|
Traditionnelle
|
28
|
Zone de
|
Adjohoun
|
Fon
|
98
|
Catholique
|
17
|
bas-fonds
|
|
Yoruba
|
1
|
Protestante
|
8
|
|
|
Autres
|
0
|
Musulmane
|
6
|
|
|
|
|
Autres
|
40
|
|
|
Adja
|
19
|
Traditionnelle
|
5
|
|
|
Fon
|
63
|
Catholique
|
64
|
|
Cotonou
|
Yoruba
|
11
|
Protestante
|
5
|
|
|
Autres
|
7
|
Musulmane
|
11
|
Zone intra
|
|
|
|
Autres
|
16
|
urbaine
|
|
Adja
|
4
|
Traditionnelle
|
9
|
|
Porto-Novo
|
Fon
|
68
|
Catholique
|
47
|
|
|
Yoruba
|
24
|
Protestante
|
6
|
|
|
Autres
|
4
|
Musulmane
|
24
|
|
|
|
|
Autres
|
13
|
|
|
Adja
|
70
|
Traditionnelle
|
63
|
|
|
Fon
|
22
|
Catholique
|
25
|
|
Grand-
|
Yoruba
|
2
|
Protestante
|
2
|
|
Popo
|
Autres
|
6
|
Musulmane
|
2
|
Zone du
|
|
|
|
Autres
|
8
|
cordon
|
|
Adja
|
46
|
Traditionnelle
|
7
|
littoral
|
|
Fon
|
42
|
Catholique
|
38
|
|
Sèmè
|
Yoruba
|
4
|
Protestante
|
21
|
|
|
Autres
|
8
|
Musulmane
|
8
|
|
|
|
|
Autres
|
25
|
Source : Atlas monographique des communes du
Bénin, ex MISD (2001) 3.3.2. Organisations sociale et administrative
3.3.2.1. Organisation sociale
L'organisation sociale des populations au Sud-Bénin a
évolué dans le temps. A l'origine, la structure sociale
était caractérisée par les collectivités ou les
groupes socioculturels agglomérés dans les hameaux ou concessions
et, constitués de descendants d'un ancêtre. Ce type d'organisation
commune tend à disparaître au profit du ménage surtout dans
les centres urbains. En effet, du fait de la marchandisation et de la
monétarisation de l'économie, on assiste à
l'éclatement de cette structure sociale collective et à
l'érosion de l'autorité des chefs de famille, aboutissant
à une structure sociale plus réduite constituée par le
ménage (Daane, 1997). L'une des conséquences de
cette transformation de la structure sociale est l'individualisation de la
propriété foncière, le partage et la vente des parcelles
et domaines familiaux et la prise en charge individuelle de la consommation.
Cette situation donne dans certains cas, naissance au sein du même
ménage, à l'existence de plusieurs chefs d'exploitation et par
conséquent à plusieurs unités de consommation.
3.3.2.2. Organisation administrative
La décentralisation de 1999 a engendré une
nouvelle organisation administrative dans toutes les régions du
Bénin. Ainsi, Adjohoun, Porto-Novo et Sèmè-Podji sont
devenus des communes qui appartiennent au département de
l'Ouémé. Adjohoun est subdivisé en 8 arrondissements dont
Gangban, l'un des arrondissements dans lequel l'étude a
été menée. On y retrouve le village d'Agonlin-Lowé,
principal village de notre étude dans la Vallée de
l'Ouémé. La ville de Porto-Novo est subdivisée en 5
arrondissements urbains composés de plusieurs quartiers dont Avakpa,
Akron et Ouando objets de la présente enquête. En effet, le grand
marché de Porto-Novo (lieu de vente des légumes) se situe dans le
quartier Ouando ; Akron et Avapka sont constitués des consommateurs de
moyenne et basse classes. La commune de Sèmè-Kpodji compte 6
arrondissements dont Ekpè, l'arrondissement dans lequel se situe la
majeure partie des consommateurs enquêtés. Cet arrondissement
connaît un développement économique à cause de
l'implantation des parcs auto et de la construction des résidences de
hauts standings. En ce qui concerne Cotonou, seule commune du
département du littoral, elle est subdivisée en 13
arrondissements. Plusieurs quartiers ont été retenus dans cette
ville. Il s'agit de Akpakpa, Saint Michel, Védoko et Cadjèhoun.
Le quartier Apkakpa (zone des ambassades) compte assez d'expatriés et de
hauts cadres susceptibles d'acheter les légumes sains. Il regroupe les
consommateurs de la haute classe ayant un grand revenu. Les quartiers Saint
Michel, Védoko et Cadjèhoun sont situés autour du site de
production de légumes de Houéyiho ; de plus, ces quartiers sont
constitués des individus de la classe moyenne et de certains
consommateurs de hautes classes situés aux alentours de
l'aéroport.
A l'ouest du Bénin, dans le département du Mono,
se situe la commune de GrandPopo. Cette commune compte 7 arrondissements dont
l'arrondissement de Grand-Popo qui regroupe le reste de nos
enquêtés. Dans ces enquêtés, on retrouve des
consommateurs de la haute classe constitués d'expatriés venus
jouir de leur retraite et des consommateurs de basse classe constitués
de la population autochtones.
3.3.3. Activités économiques
La vie économique au Sud-Bénin s'organise autour
des pôles d'activités présentés dans le tableau
3.
Tableau 3: Données économiques de
la zone d'étude
Pôles d'activités (%)
|
Bas-fonds Adjohoun
|
Zone intra-urbaine Porto-Novo
Cotonou
|
Zone du cordon littoral
Sèmè-Podji Grand-P opo
|
Agriculture-chasse-pêche
|
32
|
3
|
2
|
26
|
24
|
Industries manufacturières
|
10
|
17
|
21
|
10
|
18
|
Entreprises BTP
|
1
|
9
|
8
|
1
|
2
|
Commerce-restaurants-hôtels
|
47
|
40
|
31
|
56
|
43
|
Transports-communications
|
1
|
7
|
7
|
5
|
2
|
Autres services
|
9
|
23
|
29
|
10
|
10
|
Taux d'activités
|
63,56
|
61,16
|
61,45
|
66,78
|
64,94
|
Source : Atlas monographique des communes du
Bénin, ex MISD (2001)
Les données du tableau nous renseignent sur le niveau
de développement économique des différentes
localités dans lesquelles l'étude est menée. Ces divers
taux observés résultent des différents atouts qui
s'offrent à chacune des localités et qui favorisent
l'intensification des activités économiques. En effet,
l'agriculture reste marginale (pourcentage moyen des pôles
d'activités agriculture-chasse-pêche tournant autour de 2,40) en
zone urbaine (Porto-Novo et Cotonou) contrairement en zones
péri-urbaines où le pourcentage moyen des pôles
d'activités agriculture-chasse-pêche est de 27,33. Le secteur
secondaire, représenté par les industries manufacturières,
est plus développé en zones urbaines (pourcentage moyen des
pôles d'activités industries manufacturières est de 19,28)
qu'en zones péri-urbaines (pourcentage moyen des pôles
d'activités industries manufacturières est de 12,78). Il existe
alors une relation d'échanges commerciaux entre zones urbaines et zones
péri-urbaines en ce sens que, les zones urbaines ravitaillent les zones
péri-urbaines en produits manufacturiers, tandis que les zones
péri-urbaines produisent pour faire face au déficit de produits
de contre saison (légumes) en milieu urbain.
Chapitre 4 : Méthodologie de recherche
Le chapitre 4 renseigne sur les différents outils et
méthodes utilisés pour collecter les données et analyser
les résultats de recherche.
4.1 Phases de l'étude
La démarche méthodologique qui a conduit aux
résultats de cette étude comporte essentiellement trois phases
complémentaires :
- la phase documentaire ;
- la phase exploratoire ou pré-enquête ;
- la phase d'enquête fine.
4.1.1 Phase documentaire
Cette étape a été consacrée
à la collecte, à l'exploitation, à l'analyse et à
la synthèse de la documentation disponible sur la consommation des
cultures maraîchères en Afrique et au Bénin. Elle a permis
de faire le point des connaissances sur le maraîchage en
général et sur la consommation maraîchère au
Sud-Bénin en particulier. Cette phase s'est étalée sur
toute la période d'étude. Plusieurs bibliothèques et
centres de documentation ont été mis à contribution pour
la collecte de l'information afin de rédiger une revue de
littérature sur le thème de la recherche. Il s'agit entre autres
du centre de documentation de l'IITA, la bibliothèque de la FSA (BIDOC)
et les bibliothèques du Ministère de l'Agriculture de l'Elevage
et de la Pêche (MAEP), du centre culturel américain et de
l'Institut National de la Recherche Agronomique du Bénin (INRAB).
L'internet a été une source d'informations très importante
tout au long de cette étude.
4.1.2 Phase exploratoire
Au cours de cette phase, les principaux sites de production du
Sud-Bénin ont été visités. Des entretiens de groupe
ont été organisés avec des maraîchers des
différents villages et villes visités, afin de recueillir des
informations générales sur les types de légumes qu'ils
cultivent et surtout sur les clients (revendeurs et consommateurs) qui viennent
s'approvisionner chez eux. Quelques entretiens individuels avec des acheteurs
s'approvisionnant sur les sites de production nous ont permis
d'améliorer le questionnaire afin de mieux l'affiner pour la phase
d'enquête. Ces entretiens ont également permis d'identifier les
principales caractéristiques des légumes et de connaître
leurs lieux de vente dans les
différentes localités. Les structures
d'encadrement telles que les Centres Communaux et Régionaux pour
Promotion Agricole (CeRPA et CeCPA) ont été sillonnées
pendant cette phase afin d'avoir des informations complémentaires sur la
production et la consommation des légumes. Les résultats de
l'étude documentaire et de la phase exploratoire ont été
exploités dans l'élaboration du questionnaire administré
aux consommateurs, au cours de la phase d'étude approfondie.
4.1.3 Phase d'enquête fine
Elle a duré un mois et demi (Juillet à mi-
Août), et a été consacrée à la collecte des
données auprès des consommateurs des villages et quartiers de
villes retenus. Il s'agit des informations qualitatives et quantitatives,
collectées auprès des consommateurs individuels,
sélectionnés suivant des critères définis à
l'issue de la phase exploratoire.
Les informations recueillies lors de la phase exploratoire
sont analysées pour servir d'indicateurs pour l'élaboration du
questionnaire, principal outil de la collecte des données. Le
questionnaire exécuté lors de cette première phase
concerne les consommateurs des légumes. Les principales informations
recueillies durant la phase de collecte des données se rapportent aux
caractéristiques socio-économiques des consommateurs, à
leurs perceptions sur les légumes consommés, leur connaissance
sur les différentes méthodes de lutte (pesticides chimiques et
botaniques) utilisées par les producteurs contre les ravageurs, leur
préférence et leur consentement à payer les légumes
sains.
4.2 Echantillonnage et choix des unités de recherche
L'échantillonnage représente une étape
cruciale de toute recherche socio-économique, car il conditionne la
validité des résultats. L'exigence de la
représentativité de l'échantillon impose une rigueur dans
le choix des unités de recherche. Pour la présente étude
dont le domaine de validité s'étend à l'ensemble du
Sud-Bénin, le choix des unités d'enquête a
été raisonné de façon à prendre en compte la
diversité des situations géographiques et des types de
consommateurs.
4.2.1 Choix des villages et villes d'étude
Les études antérieures sur le maraîchage au
Sud-Bénin (PADAP, 2003 ; Adorgloh-
Hessou, 2006 ; Assogba-Komlan et al., 2007),
distinguent globalement trois grandes zones de production
maraîchère et par conséquent de consommation en se basant
sur des critères tels que le site agro écologique, les
caractéristiques socio-économiques du milieu, les principales
spéculations développées, etc. Ces résultats ont
été confirmés par la phase exploratoire.
L'échantillonnage comporte trois zones de consommation de légumes
:
- la zone de bas-fonds, regroupant la Vallée de
l'Ouémé, et représentée par la commune d'Adjohoun
et la zone rurale de la commune de Grand Popo ;
- la zone côtière située dans la zone des
pêcheries et qui regroupe les communes de SèmèPodji, et de
Grand-Popo.
- La zone intra-urbaine du sud du Bénin et qui concerne
les villes de Cotonou située dans la zone des pêcheries et de
Porto-Novo située dans la zone des terres de barre.
Ce découpage a servi de point de départ pour
l'échantillonnage. Il a permis de choisir les localités devant
servir de cadre pour les enquêtes. Les principaux critères de
choix des villages et des villes sont :
- la zone de production : ce critère
répond à la nécessité de représentation des
catégories retenues à l'issue du découpage. Il offre une
garantie suffisante de fiabilité et de validité des
résultats.
- l'importance relative du maraîchage au niveau des
villages ou des villes : cette importance est appréciée
à partir de la combinaison de deux paramètres à savoir les
superficies exploitées et le nombre d'exploitations
maraîchères.
- la demande des produits maraîchers par les
consommateurs : la demande de plus en plus forte en produits
maraîchers en raison de la croissance démographique (Cotonou) et
de la proximité des zones productrices avec le Nigeria (Adjohoun, de
Porto-Novo et de Sèmè) et avec le Togo ou le Ghana (Grand-Popo)
constituent d'énormes potentiels marchés régionaux
à part les marchés nationaux. Selon Adorgloh-Hessou (2006), la
demande de légumes subit un accroissement de 3% toutes les
années. Cette situation confère à la production de
légumes, une grande place dans l'économie nationale. Ainsi il y a
une clientèle potentielle qui achète et consomme des gammes
variées de légumes (exotiques et/ou locaux) dans les
différentes zones enquêtées.
Par ailleurs, le choix de ces trois grandes zones nous
permettra d'éviter les effets d'homogénéité qu'on
rencontre souvent avec une seule zone et qui porterait des limites aux
résultats escomptés de la recherche.
4.2.2 Choix des consommateurs de légumes
Il a été demandé à chaque
fournisseur de légumes de donner une liste exhaustive de ses clients
fidèles. Le choix des consommateurs a été fait de
façon raisonnée pour prendre en compte la diversité des
types de légumes consommés dans les différentes
localités. Pendant la phase d'enquête fine, une
pré-typologie a été systématiquement
élaborée au niveau de chaque village ou ville pour identifier les
types de consommateurs en se basant sur des critères tels que,
l'âge et le sexe des consommateurs, leur lieu de résidence qui
témoigne de leur niveau d'aisance, le lieu d'approvisionnement. Les
unités de recherche ont été choisies de façon
aléatoire à l'intérieur des catégories
identifiées. Il s'avère que les consommateurs fidèles sont
pour la plupart des femmes.
A l'issue de la phase d'enquête, au total cent quarante
(140) consommateurs de légumes ont été
enquêtés dans les trois zones sus-indiquées à raison
de soixante dix sept (77) dans la zone intra-urbaine, vingt deux (22) dans la
zone de bas-fonds et quarante et un (41) dans la zone du cordon littoral. Le
tableau suivant présente la répartition de l'échantillon
selon les localités retenues.
Tableau 4 : Répartition des unités
de recherche par zones d'étude
Zones d'étude Communes Quartiers Nombre
d'enquêtés
|
|
Chapitre 4 : Méthodologie de recherche
|
|
|
|
|
|
|
Akpakpa
|
13
|
|
Cotonou
|
Saint Michel
|
14
|
Intra urbaine
|
|
Vèdoko
|
13
|
|
|
Cadjèhoun
|
12
|
|
|
Avakpa
|
7
|
|
Porto novo
|
Akron
|
8
|
|
|
Ouando
|
10
|
|
|
Ekpè
|
10
|
Cordon littoral
|
Sèmè- podji
|
Sèmè gare
|
10
|
|
Grand popo
|
Grand popo
|
21
|
|
|
Adjohoun
|
7
|
Bas-fonds
|
Adjohoun
|
Agonli-lowé
|
5
|
|
Grand popo
|
Gnito
|
10
|
TOTAL 140
Source : Enquêtes, Juillet-Août
2008
4.3 Méthodes et outils de collecte des données
La qualité des données obtenues dépend
des méthodes et outils mis en oeuvre pour la collecte. Ainsi, dans le
cadre de cette étude, différentes méthodes faisant appel
à des outils variés ont été utilisées pour
la collecte des données, compte tenu du degré de précision
escompté.
- Les entretiens non structurés
: cette méthode de collecte ne nécessite pas un
outil particulier et permet d'obtenir des informations d'ordre
général sur un groupe. Elle a été utilisée
pendant la phase exploratoire pour recueillir des informations d'ordre
général auprès des maraîchers ou des agents des
Centres Régionaux de Promotion Agricole (CeRPA), des Centres Communaux
de Promotion Agricole (CeCPA) ou autres structures d'encadrement des
maraîchers afin d'aboutir aux consommateurs, objets de cette
étude.
- Les entretiens semi-structurés
: ils exigent comme outil, le guide d'entretien qui comporte les
principaux thèmes à aborder avec l'enquêté ou le
groupe d'enquêtés. Cette méthode a été
surtout utilisée pour les entretiens de groupe réalisés
avec les différents acteurs de la filière pendant la phase
exploratoire. Exploitant minutieusement les résultats de la revue
documentaire et les termes de référence, deux guides d'entretien
semistructuré ont été confectionnés. L'un à
l'endroit des maraîchers et des consommateurs (en
focus-group), et l'autre à l'endroit des structures
d'interventions identifiées dans les différentes zones.
- Les entretiens structurés :
cette méthode consiste en l'élaboration préalable d'un
questionnaire qui sera strictement suivi lors de l'entretien. Cette
méthode a été utilisée au cours de la phase de
collecte des données. Elle permet d'obtenir des données d'un
niveau de précision plus élevé, auprès des
consommateurs individuels (voir questionnaire en Annexe 1).
4.4 Méthodes et outils d'analyse des données
Les données collectées ont été
saisies et traitées par le chercheur à l'aide des logiciels
suivants : Excel 2007, SPSS 16.0 et STATA 9. Toutes les productions
statistiques (les fréquences, les tableaux croisés, les moyennes,
les écarts - types, les sommes, les minima et les maxima), ont
été calculés avec le logiciel SPSS (Statistical Package
for Social Sciences). Les graphiques ont été produits grâce
au logiciel Excel. L'analyse des données s'est basée surtout sur
des méthodes économétriques notamment, le modèle de
régression logistique (Modèle Probit). Le logiciel
économétrique STATA a été utilisé pour
estimer le modèle. On s'intéresse, aussi, à la validation
du modèle, aux signes attendus, à la valeur des coefficients
ainsi qu'aux variables jugées significatives dans le modèle.
L'interprétation du modèle retenu a été faite pour
conclure notre analyse.
4.4.1 Hiérarchisation des attributs
Au niveau de chaque consommateur, les attributs ont
été hiérarchisés en utilisant le rang moyen. Le
test de concordance de Kendall a été utilisé pour
confirmer les choix des consommateurs. Si la valeur coefficient de Kendall
s'approche de 1, on peut conclure que les classements concordent plus.
4.4.2 Modèle d'analyse du consentement à payer
La théorie du bien-être permet de savoir à
quoi correspond le consentement à payer (CAP) maximal de l'individu,
pour un accroissement de la fourniture d'un bien (Brown & Champ, 1996). Le
CAP est égal au surplus compensateur, c'est-à-dire à la
diminution de revenu qui permet de conserver le niveau d'utilité
initial, lorsque la quantité et/ou la qualité d'un bien augmente
(Blamey & Common, 1995). Il peut être recueilli à l'aide de
plusieurs procédés : soit par une question ouverte, soit par une
question fermée, soit enfin par un système d'enchères. Le
choix de l'une ou de l'autre de ces procédures conditionne le
traitement
des données. Cette étude détermine les
facteurs qui influencent le CAP des consommateurs pour les légumes sains
afin de réduire les risques de maladies. A cet effet, le modèle
économétrique Probit a été utilisé.
4.4.2.1 Le modèle Probit
Divers modèles économétriques peuvent
être utilisés, pour identifier les déterminants du
consentement à payer les légumes sains. Le modèle le plus
utilisé pour analyser les consentements, exprimés sous forme de
variable binaire (Oui ou Non), est le modèle Probit. Il a
été utilisé auparavant pour les études biologiques,
mais il a un champ d'application très vaste : sociologie, psychologie et
plus récemment en économie (Maddala, 1983 ; Gourieroux, 1989 et
Doucouré, 2001). Houéyissan (2006) a utilisé le Probit
pour analyser le consentement à payer les semences des
variétés améliorées de riz dans le
département des Collines au Bénin. Coulibaly et
al., (2006) ont appliqué le Probit pour évaluer les
perceptions des producteurs de légumes au Bénin et leur
consentement à payer les biopesticides.
Pour mieux expliciter ce modèle, considérons un
individu i cherchant à opérer un choix entre deux
produits (légumes sains et légumes traités aux produits
chimiques). L'individu choisit le produit qui optimise sa fonction objectif
Ui. Cette fonction (Ui) peut être l'utilité, le
gain espéré, le profit ou un autre indicateur d'objectif selon
l'application particulière.
Posons Yi=1 si l'individu a un consentement à
payer le légume sain et Yi=0 dans le cas contraire;
Ui1 la valeur de l'objectif dérivée du choix
du légume traité au biopesticide et Ui0 celle
dérivée du choix alternatif. Pour un individu rationnel, la
décision de choix s'opère de la manière suivante :
1 si Ui1 = Ui0
Yi = (1)
0 si Ui1 = Ui0
Ui n'est pas observable. Notons-le par un indice de gains
Id (utilité ou profit).
Id â i X iK (2)
=
k
XiK est la valeur de la variable k pouvant
déterminer le choix fait par i. On a :
Pi = F(Xi'â) ; avec F, le symbole d'une fonction
de probabilité appropriée ; Pi, la probabilité pour que
l'individu i choisisse l'alternative 1, en l'occurrence, le légume sain
; 0 =
Pi = 1.
La référence théorique ci-dessus
présentée est fondée sur le principe de
rationalité. En fait, on parle de Probit lorsque la loi de
probabilité utilisée est la loi normale. Dans le cadre de la
présente étude, le modèle Probit est utilisé pour
estimer les déterminants du consentement des consommateurs à
payer ou non les légumes sains.
De façon mathématique le modèle Probit est
représenté comme suit :
â X i 2
1 - t
ö â
( )
X = exp dt (3)
i 2 Ð 2
- 8
Où (ßXi) représente, suivant la loi
de distribution normale, la probabilité que l'individu i paye
pour le légume sain ;
ß est un vecteur de coefficients à estimer ;
Xi est un vecteur de caractéristiques de
l'individu i ;
t est une variable aléatoire distribuée suivant une
loi normale ; exp est une fonction exponentielle.
La probabilité de payer les légumes sains suit
la distribution normale qui s'allonge entre - 8 et ß Xi. Plus
grande est la valeur de ßXi, plus il est possible pour un
consommateur d'avoir une bonne volonté à payer le légume
sain.
Soit l'équation de régression logistique suivante
:
Y= bo + b1X1 + .... + bnXn + åi = f(Xi, åi) (4)
Où
Y est la variable dépendante
Xi est la matrice des variables susceptibles d'expliquer la
variation de Y, i est l'exploitant. åi est l'erreur logistique de la
distribution.
L'analyse des résultats de ce modèle porte
essentiellement sur la détermination de la qualité du
modèle et la signification des coefficients estimés.
4.4.2.1 Qualité du modèle
Plusieurs techniques sont utilisées pour juger de la
qualité du modèle. Contrairement aux régressions
classiques où un test unique F suffirait pour tester la qualité
de l'estimation,
pour le Probit et le Logit, il n'existe pas de test unique
optimal (Amemiya, 1981). Ce dernier conseille alors de choisir 2 à 3
tests parmi les tests disponibles et de comparer les statistiques pour
décider de la spécification donnant la meilleure estimation. Dans
le cadre de cette étude, nous utiliserons les tests tels que : le test
du Ratio du Maximum de Vraisemblance (RMV) ou LR test (likelihood
ratio test), et le coefficient de détermination R2. La
méthode du maximum de vraisemblance (RMV) ou LR test telle que
définie par Greene (2003), sera utilisée pour estimer le
modèle Probit. Ainsi, elle peut être donnée par la
vraisemblance du modèle qui suit une loi de Chi-deux. Le modèle
est dit globalement bon, lorsque la valeur de la vraisemblance est
supérieure à celle du Chi-deux au même degré de
liberté à un seuil donné (1%, 5% ou 10%), ou directement
lorsque la probabilité de LR est inférieur au seuil de
signification choisi.
Le test RMV est basé sur l'hypothèse selon
laquelle, tous les coefficients (à l'exception de la constante) sont
égaux à zéro. Dans ce cas le RMV est donné par :
RMV=- 2 [(LogL(0) -
LogL(â)].
Cette statistique suit la loi de Khi-deux à k
degrés de liberté (avec, k est le nombre de
variables introduites dans le modèle). Le critère de
décision est : « si RMV > ÷2 de la
table,
alors on rejette l'hypothèse selon laquelle tous les
coefficients ân sont égaux à zéro.
Pour le coefficient de détermination multiple
R2, plus R2 est élevé, plus l'estimation
est meilleure, c'est-à-dire plus les variables incluses dans le
modèle expliquent les variations de la variable dépendante.
4.4.2.2 Signes et signification
Les signes indiquent dans quel sens la variation de la
variable explicative influe sur la variation de la variable expliquée. A
chaque signe des coefficients, est associée une signification qui
revêt une grande importance. Le test sur les signes permet de
vérifier si les signes des paramètres concordent avec ceux
prédits par la théorie ou les hypothèses de base.
4.4.2.3 Spécification du modèle
La variable dépendante est si oui ou non le
consommateur est disposé à choisir les légumes sains afin
de réduire les risques de maladie. Pour les légumes sains, cette
variable est notée SAFELEG. SAFELEG prend la valeur 1 pour un
consommateur qui consent à payer un légume sains afin
d'éviter les intoxications et 0 dans le cas contraire.
Dans l'étude de la demande, plusieurs auteurs ont
distingué diverses catégories de facteurs pouvant influencer la
décision des consommateurs. Verbeke (2000), dans son modèle de
comportement du consommateur face à un aliment distingue trois
catégories de facteurs qui influencent la décision du
consommateur. Il s'agit des facteurs environnementaux, les facteurs relatifs
à la personne et les propriétés liées à
l'aliment. De plus, le processus de prise de décision, de jugements et
de choix, est affecté par la variété des stimuli venant de
l'environnement, aussi bien par les processus internes que par les
caractéristiques des consommateurs eux-mêmes.
D'après la FAO (1995) et Amoussouga (2000), la demande
d'un produit alimentaire est fonction de plusieurs variables: le prix du
produit considéré, les prix des produits complémentaires
ou de substitution, les revenus, certains paramètres
démographiques, les goûts et habitudes et les
caractéristiques liées au produit. En fait, le nombre de
catégories de facteurs distingués, dépend du type de
produit étudié. Ainsi, pour cette étude, nous distinguons
deux catégories de facteurs :
- les facteurs propres aux consommateurs enquêtés
(facteurs socio-économiques) - les facteurs liés aux produits
(évaluation des caractéristiques du légume par les
consommateurs).
Les différentes variables considérées,
leur niveau de mesure ainsi que les signes espérés pour le
consentement à payer les légumes traités aux biopesticides
(SAFELEG), sont présentés dans le tableau 5.
Tableau 5 : Liste des variables
indépendantes
Variables Désignation Mesure Explication et
niveau de mesure Signes attendus
Sexe de l'enquêté SEX Binaire 1=homme; 0=femme -
Age de l'enquêté AGE Continue Mesure en nombre
d'années de vie +
Taille du ménage FSIZE Continue Mesure en nombre de
bouches à nourrir +
Zone agro écologique ZAGROC Nominal 1= bas-fonds ;
2=cordon littoral ; 3=intra urbaine +
Revenu mensuel du ménage REVMENS Ordinale 1=<20000;
2=20000-40000; 3=40000-100000; +
4=100000-150000; 5=>150000
Niveau d'éducation INSTRU Nominal 0=non scolarisé ;
1= primaire ; 2=secondaire ; +
3=supérieure
Origine du consommateur ORIGIN Nominal 1=autochtone ;
0=allochtone +
Statut matrimonial MSTAT Binaire 1=marié ; 0= veuf ou
célibataire ou divorcé +/-
Importance accordée au prix des légumes
Importance accordée au légume frais
Importance accordée à l'apparence du
légume
Importance accordée à la disponibilité du
légume Importance accordée au goût des légumes
Expérience dans la consommation de légumes
PRICE Binaire 0= non ; 1=oui +
IMPLEFRA Binaire 0= non ; 1=oui +
IMPAPAR Binaire 0= non ; 1=oui +
IMPDISPO Binaire 0= non ; 1=oui +
IMPGOU Binaire 0= non ; 1=oui +
EXPCONS Continue Mesure en nombre d'années +
Facilité à préparer IMPCOOK Binaire 0= non ;
1=oui +
Importance accordée à la taille des TAILLE Binaire
0= non ; 1=oui +
légumes
Importance accordée à la couleur COULEUR Binaire 0=
non ; 1=oui +
des légumes
Réduction des risques de maladies RISK Binaire 0= non ;
1=oui +
Source : Enquête Juillet-Août 2008
SEX : variable muette qui indexe le genre du
consommateur. Il prend la valeur 1 si le consommateur est un homme, et 0 si
c'est une femme. Selon la littérature, la femme est
souvent victime de discrimination en ce qui concerne
l'accès à l'information et aux inputs externes (Dey, 1981). Il
est émis l'hypothèse que le sexe peut influencer
négativement le consentement à payer les légumes puisse
que ce sont les femmes qui achètent le plus souvent les
légumes.
AGE : cette variable continue mesure
l'âge du chef de ménage. Plus ce dernier est âgé,
plus il aura conscience des avantages liés à la consommation des
légumes sains et le souci de préservation de sa santé et
de celui de son ménage en réduisant les risques d'intoxication.
Il est émis l'hypothèse selon laquelle l'âge est
positivement corrélé à l'utilisation des légumes
sains.
FSIZE : Mesure la taille du ménage de
la personne enquêtée. Une grande famille a souvent assez de
bouches à nourrir. Avec une grande taille de ménage le chef de
ménage aurait plus tendance à privilégier la
quantité plutôt que la qualité (légumes sains). Un
signe négatif est donc attendu à ce niveau.
REVMENS : cette variable ordinale mesure le
revenu mensuel de chaque consommateur. Selon PAPA (2006), plus le revenu d'un
consommateur est élevé plus il aura tendance à consommer
les légumes sains. Alors, un signe positif est donc attendu pour cette
variable.
INSTRU : c'est une variable nominale qui
meure le niveau d'instruction des consommateurs. Plus le consommateur est
instruit, plus il sera adverse aux risques de maladies et aura tendance
à consommer les légumes sains. Selon Allomasso et al.,
(2006) cette variable influence négativement l'acceptation des
légumes sains.
ORIGIN : cette variable binaire nous indique
si le consommateur est un autochtone ou un allochtone. Des études ont
montré que les autochtones ont surtout tendance à adopter les
innovations (Nkamleu and Adesina, 1998). Il est émis l'hypothèse
que la variable ORIGIN est positivement liée à l'utilisation des
légumes sains.
MSTAT : cette variable désigne le
statut matrimonial du consommateur. Il s'agit d'une variable binaire qui prend
la valeur 1 si le consommateur est marié et 0 si le consommateur est
soit célibataire, divorcé ou veuf. Selon Allomasso et
al., (2006), cette variable peut affecter positivement ou
négativement le consentement à payer les légumes sains.
ZAGROC : cette variable muette identifie les
zones agro écologiques enquêtées. Elle prend la valeur 1
au niveau des bas-fonds, 2 au niveau du cordon littoral et 3 au niveau intra
urbain. Les individus situés dans les milieux ruraux ont plus
tendance à privilégier la quantité de
nourriture plutôt que la qualité. Il est alors
émis l'hypothèse que le choix des légumes sains sera plus
élevé en milieu urbain qu'en milieu rural.
EXPCONS : c'est une variable continue qui
mesure le niveau d'expérience des consommateurs dans la consommation des
légumes. Plus le nombre d'années de consommation est
élevé, plus l'individu aura l'aptitude de juger de la
qualité du légume. Comme l'ont notifié Coulibaly et
al (2006), un signe positif est attendu pour le compte de cette
variable.
PRICE : c'est une variable binaire qui prend
la valeur 1 si le consommateur accepte de payer plus cher le légume sain
et 0 dans le cas contraire. Un signe positif est attendu car un légume
sain contribue à éviter les maladies (PAPA, 2006).
Les variables suivantes représentent les
caractéristiques propres aux légumes. Il s'agit de la
fraîcheur du légume (IMPLEFRA), de son apparence
(IMPAPAR), de son goût (IMPGOU), de son
aptitude à vite cuire (IMPCOOK), de sa taille
(TAILLE) et de sa couleur (COULEUR). Ce sont
toutes des variables binaires qui prennent la valeur 1 si le consommateur les
choisit comme attribut qu'il préfère au niveau du légume
et 0 dans le cas contraire. Selon PAPA (2006), un signe positif est attendu
pour chacun des attributs car, si un individu préfère un produit,
il le choisit.
4.5 Limites de la recherche
Les problèmes majeurs rencontrés lors de la
collecte des données sont relatifs à la méfiance et la
disponibilité des consommateurs. Les consommateurs sont plus
réticents et méfiants à donner des informations. En effet,
ils pensent qu'ils ne gagnent rien en retour et parfois certains pensent qu'il
s'agit d'une enquête pour le compte des services d'impôts. Les
informations recueillies dans le cadre de cette étude proviennent
essentiellement des déclarations des enquêtés. Il
paraît important de préciser que les consommateurs
interviewés sont ceux qui étaient présents sur le terrain
lors de l'enquête et disposés à fournir des informations.
Pour contourner ces problèmes, beaucoup de consommateurs ont
été questionnés afin d'avoir une gamme variée
d'opinions à propos de la perception des consommateurs sur les
légumes sains.
|
80 70 60 50 40 30 20 10 0
|
|
|
Femme Homme
|
|
|
|
|
|
Bas-fonds Cordon littoral Intra urbaine
Zones agro écologiques
54
TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET DISCUSSION
Chapitre 5 : Résultats et analyses
Ce chapitre présente en détails, les
résultats obtenus au terme de cette recherche. On y
retrouve,
les analyses et interprétations
afférentes.
5.1 : Caractéristiques
socio-économiques des consommateurs
enquêtés Elles regroupent le genre et
l'âge du consommateur
, sa situation matrimoniale et la
taille de son ménage.
On y retrouve également le niveau d'instruction et
l'occupation du consommateur, ses sources de revenus, le taux
de dépendance etc.
5.1.1 Genre des consommateurs de
légumes
La figure 5 montre les statistiques
descriptives
du genre des consommateurs selon les
zones agro écologiques. Sur
un échantillon total composé de
22 consommateurs enquêtés dans
la zone des bas-fonds, 73%
sont des femmes et 27% sont
des hommes. Aussi, 71% de femmes et 29% d'hommes
ont été interviewés dans la zone du
cordon littoral. L
a zone intra urbaine
est constituée de 62% de femmes contre 37%
d'hommes. S
ur un échantillon global
constitué de 140 consommateurs, l'effectif des femmes
est nettement supérieur à celui des hommes. En effet,
l
es femmes représentent 63% alors que les hommes
ne constituent que 34% de l'effectif global. Dans les zones
enquêtées, ce sont les femmes qui s'occupent
de la cuisine. Selon
et la cuisson des
Probst (2008), les femmes sont responsabilisées
dans le choix des légumes
repas. Au cours des enquêtes, nous avons
très souvent été dirigés vers elles.
Figure 5: Genre des consommateurs de
légumes Source : Enquêtes Juillet-Août 2008
5.1.2 Représentation de la situation matrimoniale des
consommateurs
Les résultats du tableau 6 montrent que la
majorité des enquêtés (92%) sont mariés, 4% d'entre
eux sont célibataires alors que 3% sont divorcés et 1% seulement
est veuf. On constate que la plupart des consommateurs sont mariés. Les
femmes s'occupent plus de l'alimentation de la famille. Les enfants
représentent la couche de la population la plus vulnérable (FAO,
2007). Donc, les ménages où le père et la mère sont
ensembles, sont susceptibles d'assurer une alimentation adéquate aux
enfants et assurer la sécurité alimentaire.
Tableau 6 : Situation matrimoniale des
consommateurs enquêtés
Statuts Fréquence Pourcentage (%)
Marié(e) 129 92
Divorcé(e) 4 3
Veuf (ve) 2 1
Célibataire 5 4
Total 140 100
Source : Enquête Juillet-Août 2008
5.1.3 Age des consommateurs
La distribution des âges des consommateurs
enquêtés varie entre 17 et 60 ans avec une moyenne d'âge de
39 ans et un écart-type de 8 ans pour l'ensemble de la zone
d'étude. L'âge le plus élevé a été
enregistré dans les zones du cordon littoral et intra urbaine tandis que
l'enquêté le plus jeune (17 ans) se retrouve dans la zone intra
urbaine (tableau 7). L'âge est un facteur important pour la
sécurité alimentaire (FAO, 2007). Les jeunes ont besoin de
beaucoup de légumes pour leur croissance. Mais ils ne sont pas
conscients des dangers liés à la consommation des légumes
de mauvaise qualité. Quant aux vieux, ils savent que la mauvaise
alimentation est nocive à long terme pour la santé de l'homme.
Tableau 7 : Situation des âges des
consommateurs par zone agro écologique
Zones d'étude
|
Effectif
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Bas-fonds
|
22
|
28
|
47
|
36,2
|
4,9
|
Cordon littoral
|
41
|
19
|
60
|
38,5
|
8,6
|
Intra urbaine
|
77
|
19
|
60
|
40,4
|
8,5
|
Toutes les zones
|
140
|
19
|
60
|
39,2
|
8,2
|
Source : Enquête Juillet-Août 2008
5.1.4 Niveau d'instruction des consommateurs
Le niveau d'instruction est un facteur déterminant dans
le choix des légumes sains par les consommateurs. La figure 6 donne un
aperçu du niveau d'instruction des consommateurs enquêtés.
Sur un échantillon total composé 22 consommateurs dans la zone
des bas-fonds, 77% sont non scolarisés, 14% ont le niveau primaire,
tandis que 9% seulement ont atteint le niveau secondaire. Par ailleurs, aucun
enquêté dans cette zone n'a fait les études
supérieures. Au niveau du cordon littoral, 39% des consommateurs ont le
niveau primaire. En ce qui concerne la zone intra urbaine, on constate que la
plupart des enquêtés (43%) ont le niveau primaire. Par contre, au
niveau des individus ayant fait les études supérieures, 89% se
retrouvent dans la zone intra urbaine. Les cadres supérieures qui
occupent de hautes fonctions sont uniquement en milieu urbain. La consommation
des légumes est fortement liée au niveau d'instruction des
consommateurs et à leur niveau de vie.
90
|
|
80
|
77
|
70
|
|
|
60
|
|
|
50
|
|
43
|
|
|
39
|
40
|
|
|
|
|
34
|
32
|
|
30
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
20
|
|
|
|
|
20
|
|
20
|
|
14
|
|
|
|
|
|
|
10
|
|
5
|
|
|
|
9
|
|
7
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Non scolarisé Primaire Secondaire Supérieur
|
Bas-fonds Cordon littoral Intra urbaine
Figure 6 : Niveau d'instruction des
consommateurs Source : Enquête Juillet-Août 2008
5.1.5 Taille du ménage des consommateurs
L'effectif total des ménages des consommateurs
enquêtés, est représenté dans le tableau 8. Le
ménage ayant le plus grand effectif est constitué de 16 individus
contre 1 au niveau du ménage ayant le moins d'effectif. Au niveau des
différentes zones agro écologiques, le plus petit ménage
en termes d'effectif se trouve dans les zones intra urbaine et du cordon
littoral alors que le plus grand ménage a été
enregistré au niveau de la zone des bas-fonds. La taille du
ménage est un facteur important dans la consommation des légumes.
En Afrique, la consommation de légumes surtout exotiques est un signe
d'aisance et de pouvoir d'achat. Plus sa taille est élevée, moins
le ménage a les moyens de s'offrir les légumes sains (Broutin,
2005).
Tableau 8 : Taille du ménage des
consommateurs
Zone
|
Effectif
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Bas-fonds
|
22
|
5
|
16
|
8,7
|
2,69
|
Cordon littoral
|
41
|
1
|
14
|
6,9
|
2,68
|
Intra urbaine
|
77
|
1
|
14
|
5,8
|
2,77
|
Ensemble
|
140
|
1
|
16
|
6,5
|
2,90
|
Source : Enquête Juillet-Août 2008
5.1.6 Nombre de dépendants par ménage
Le tableau 9, présente le nombre de dépendants
dans les familles enquêtées. Il varie de 0 à 12 avec une
moyenne de 2 personnes par ménage et un écart-type de 2,16. Au
niveau des différentes zones agro écologiques, certaines familles
situées dans les zones du cordon littoral et intra urbaine n'ont pas de
personnes à charges alors que la zone intra urbaine enregistre le
ménage ayant un plus grand nombre de dépendants (12). Il existe
un lien entre le nombre de dépendants et l'acceptabilité des
légumes sains. Plus le nombre de personnes à charge est
élevé, moins ils optent pour les légumes sains qui sont
très chers. Ce constat est plus probable dans les ménages de
grandes tailles.
Tableau 9: Nombre de dépendants par
ménage
Zone
|
Effectif
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Bas-fonds
|
22
|
3
|
11
|
5,77
|
2,69
|
Cordon littoral
|
41
|
0
|
8
|
4,1
|
2,68
|
Intra urbaine
|
77
|
0
|
12
|
3,41
|
2,12
|
Toutes les zones
|
140
|
0
|
12
|
2,16
|
2,16
|
Source : - Enquête Juillet Août 2008
5.1.7 Activités des enquêtés
D'après le tableau 10, la majorité des
consommateurs de la zone des bas-fonds sont des agriculteurs soit 73% de
l'effectif total des individus se trouvant dans cette zone. Au niveau du cordon
littoral, les fonctionnaires sont en forte proportion (27% de l'effectif total)
alors qu'en zone intra urbaine, les commerçants prédominent avec
un taux de 27% de l'effectif total de cette zone. La fonction du consommateur
joue un grand rôle dans l'assurance de la sécurité
alimentaire. Les consommateurs qui exercent des métiers bien
rémunérés sont capables d'acheter plus de nourriture de
bonne qualité.
Tableau 10 : Occupation des consommateurs
enquêtés
|
|
Chapitre 5 : Résultats et analyses
|
|
|
|
|
|
Activités
|
Bas-fonds (N=22)
|
Zone agro écologique (%) Cordon littoral
(N=41)
|
Intra urbaine (N= 77)
|
Total
|
Agriculture
|
73
|
22
|
4
|
20
|
Commerce
|
14
|
17
|
29
|
23
|
Artisans
|
4
|
7
|
5
|
6
|
Ouvrier
|
0
|
10
|
12
|
9
|
Fonctionnaire (public)
|
9
|
27
|
25
|
23
|
Fonctionnaire (privé)
|
0
|
13
|
14
|
11
|
Fonctionnaire international
|
0
|
2
|
9
|
6
|
Elève/étudiant
|
0
|
2
|
3
|
2
|
Total
|
16
|
29
|
55
|
100
|
Source : Enquête Juillet-Août 2008
5.1.8 Revenu mensuel des consommateurs
Le montant exact du gain mensuel des consommateurs est
évalué à partir des classes de salaires pour distinguer
ceux qui gagnent plus de ceux qui gagnent moins. Le tableau 11 montre que les
individus qui gagnent de fortes sommes (100000 FCFA à 150000 et plus)
sont exclusivement dans la zone intra urbaine et représentent environ
63% de l'effectif de cette zone. Par ailleurs les consommateurs à
faibles revenus sont surtout concentrés dans les zones de bas-fonds et
du cordon littoral. Ce résultat justifie la présence des hauts
fonctionnaires et de grands commerçants dans la zone intra urbaine.
Aussi, les habitants de cette zone sont plus susceptibles d'acheter les
légumes sains.
Tableau 11 : Revenu mensuel des consommateurs
Salaires (FCFA)
|
|
Zones agro écologiques (%)
|
Total
|
Bas-fonds (N=22)
|
Cordon littoral (N=41)
|
Intra urbaine (N=77)
|
Moins de 20000
|
9
|
2
|
4
|
4
|
20000 à 40000
|
59
|
39
|
20
|
32
|
40001 à 100000
|
18
|
22
|
14
|
17
|
100001 à 150000
|
14
|
34
|
47
|
38
|
150001 et plus
|
0
|
2
|
16
|
9
|
Total
|
16
|
29
|
55
|
100
|
Source : Enquête Juillet-Août 2008
5.2 Connaissance des légumes par les consommateurs
Le niveau de connaissance des consommateurs sur les
systèmes de production des légumes en l'occurrence les
méthodes de lutte utilisées par les producteurs contre les
ravageurs et les maladies des légumes est évalué dans
cette rubrique. Cela a permis de tester, l'hypothèse selon laquelle, les
légumes sains sont connus des consommateurs.
5.2.1 Niveau de connaissance des consommateurs sur l'utilisation
des pesticides chimiques.
Le niveau de connaissance des consommateurs sur l'utilisation
des pesticides chimiques par les maraichers dans la lutte contre les ravageurs
des légumes a été évalué. La majorité
des consommateurs est consciente de l'utilisation des pesticides chimiques par
les maraîchers dans les trois zones (tableau 12). Cette information est
plus pertinente au niveau de la zone des bas-fonds où 82% des
consommateurs sont informés des méthodes de lutte contre les
ravageurs. Ces résultats concordent avec ceux obtenus en 2006 sur
l'évaluation des perceptions des consommateurs sur l'utilisation des
biopesticides dans la production de légumes à Cotonou et
Porto-Novo par le Programme d'Analyse de la Politique Agricole (PAPA).où
plus de 75% des consommateurs sont informés de l'utilisation des
pesticides chimiques par les producteurs. Selon Probst (2008), les
consommateurs affirment que la pulvérisation au moyen des pesticides
chimiques est la meilleure façon de lutter contre les attaques des
ravageurs car cela permet d'obtenir de beaux légumes.
Tableau 12: Connaissance de l'utilisation des
pesticides chimiques
Zones agro écologiques Total
|
Bas-fonds (N=22)
|
Cordon littoral (N=41)
|
Intra urbaine (N= 77)
|
|
N'utilisent pas (%)
|
18
|
29
|
34
|
31
|
Utilisent (%)
|
82
|
71
|
64
|
69
|
Total
|
16
|
29
|
55
|
100
|
Source : Enquête Juillet-Août 2008
5.2.2 Connaissance des consommateurs sur la présence de
résidus dans les légumes traités avec les pesticides
chimiques
Le tableau 13, montre que la majorité des consommateurs
n'est pas informée de l'existence des résidus dans les
légumes conventionnels dans les trois zones agro écologiques.
Dans la zone des bas-fonds, 77% des consommateurs ne sont pas informés.
Au niveau des zones du cordon littoral et intra urbaine, on note respectivement
51% et 53% de consommateurs non informés. Ces résultats sont
contraires à ceux de Coulibaly et al., (2006) qui ont
montré que 85% des consommateurs ghanéens sont conscients de
l'existence de résidus chimiques dans les légumes. Amoah (2006),
a découvert des résidus des pesticides chimiques non
recommandés tels que l'endosulfan, le lindane et le DDT dans les
légumes comme la laitue au Ghana. Les consommateurs ghanéens ont
bénéficiés de séances de sensibilisation et
d'information sur les légumes sains (Adetonah, 2005 ; Probst, 2008). Le
Ghana a mis en place des programmes de sensibilisation des producteurs,
vendeurs et consommateurs de légumes sains pour assurer la
sécurité alimentaire (FAO, 2006). Ces types de programmes
manquent encore au Bénin.
Tableau 13 : Connaissance des consommateurs sur
l'existence des résidus dans les légumes
|
Bas-fonds (N=22)
|
Zones agro écologiques Cordon littoral (N=41)
|
Intra urbaine (N= 77)
|
Total
|
Ne connaissent pas (%)
|
77
|
51
|
53
|
56
|
Connaissent (%)
|
23
|
49
|
47
|
44
|
Total
|
16
|
29
|
55
|
100
|
Chi carré de Pearson (d.f=2)=0,097
Source : Enquête Juillet-Août 2008
5.2.3 Connaissance des consommateurs sur les dangers liés
à la consommation de légumes conventionnels.
Les consommateurs des zones du cordon littoral et intra
urbaine, ne connaissent pas les dangers liés à la consommation
des légumes conventionnels ; contrairement à la zone des
bas-fonds à fortes populations rurales et toujours en contact avec les
pesticides chimiques où 59% sont informés des dangers liés
à la consommation des légumes traités avec les
pesticides
chimiques (tableau 14). Seulement 30% des consommateurs de
Cotonou et Porto-Novo, connaissent les dangers liés à la
consommation des légumes traités avec les pesticides chimiques
(PAPA, 2006). Probst (2008), a montré que les consommateurs
ghanéens sont conscients des dangers qu'ils encourent en consommant les
légumes traités avec les pesticides chimiques. Les sources
d'information sur les légumes sains sont mieux développées
au Ghana qu'au Bénin.
Tableau 14 : Connaissance des dangers
liés à la consommation des légumes conventionnels
|
Bas-fonds (N=22)
|
Zones agro écologiques Cordon littoral (N=41)
|
Intra urbaine (N= 77)
|
Total
|
Ne connaissent pas (%)
|
41
|
66
|
61
|
59
|
Connaissent (%)
|
59
|
34
|
39
|
41
|
Total
|
16
|
29
|
55
|
100
|
Chi carré de Pearson (d.f=2)=0,142
Source : Enquête Juillet-Août 2008
5.2.4 Connaissance des consommateurs sur l'existence des
biopesticides
La plupart des consommateurs n'est pas au courant de
l'existence des biopesticides (tableau 15). Dans la zone des bas-fonds, aucun
consommateur n'a pu confirmer l'existence des biopesticides. Par contre, 42% et
48% seulement, connaissent respectivement l'existence des biopesticides dans
les zones du cordon littoral et intra urbaine. Ces résultats corroborent
ceux obtenus par Adégbola et al., (2006), où, seulement
1/3 des consommateurs de légumes dans les communes de Cotonou et de
Porto-Novo connaissent les biopesticides. Selon Singbo et al., (2002),
ce manque d'information s'explique soit par une absence de réseaux de
communication, de sensibilisation et de distribution des biopesticides, ou soit
par un manque de contact avec les structures de vulgarisation au
Bénin.
Tableau 15 : Connaissance au sujet de
l'existence des biopesticides
|
Bas-fonds (N=22)
|
Zone agro écologique (%)
Cordon littoral Intra urbaine
(N=41) (N= 77)
|
Total
|
N'existent pas
|
100
|
58
|
52
|
61
|
Existent
|
0
|
42
|
48
|
39
|
Total
|
16
|
29
|
55
|
100
|
Source : Enquête Juillet-Août 2008
5.2.5 Connaissance des légumes sains
Les résultats montrent que 34% des consommateurs
enquêtés connaissent l'existence des légumes sains (tableau
16). Dans la zone du cordon littoral, 42% des consommateurs connaissent
l'existence des légumes sains, 39% au niveau de la zone intra urbaine et
aucun consommateur au niveau de la zone des bas-fonds. Au total, les
consommateurs ne connaissent pas l'existence des légumes sains.
L'hypothèse 1 (les légumes sains sont connus des consommateurs)
énoncée plus haut est rejetée. Les légumes ne sont
pas connus des consommateurs au Sud du Bénin. La faible proportion de
consommateurs informés s'explique par la rareté des
légumes sains sur le marché et la difficulté à les
identifier (PAPA, 2006). En réalité les légumes sains sont
difficiles à identifier par les consommateurs. Selon, Broutin et
al., (2005), les critères de qualité sont avant tout visuels
(couleur, taille, état de fraîcheur ou absences de tâches,
de trous dans les feuilles, etc.). Les consommateurs emploient quelques fois
des critères qui font intervenir les autres sens : olfactifs (menthe),
tactiles (texture, fermeté pour la tomate) ou liés au goût
(amertume pour la salade). Elles n'utilisent jamais de critères portant
sur les modes de production (sans produits chimiques, sans engrais, avec
beaucoup d'eau), ni sur les relations avec le vendeur, contrairement à
d'autres produits tels que le couscous de mil ou le lait caillé.
Seulement 5 % des ménagères cherchent à savoir si les
produits maraîchers qu'elles achètent sont traités avec des
produits chimiques. De plus, les consommateurs ne connaissent ni les dangers
liés à la consommation des légumes conventionnels ni
l'existence des biopesticides. Ils ne savent pas qu'il existe des
légumes sains et n'ont aucun intérêt à chercher
à les connaître. Le niveau de familiarité du consommateur
pour la catégorie de légume concernée influence la nature
du processus de recherche d'information engagé. C'est ainsi que les
consommateurs plus familiers ont davantage tendance à rechercher leur
produit habituel ou encore un attribut donné, tandis que les
consommateurs peu familiers n'y songent guère (Guillon, 2007). Lorsqu'on
s'intéresse au format de présentation de l'information sur les
stratégies d'acquisition de l'information par le consommateur, on se
rend compte que les consommateurs enquêtés ne s'informent
davantage que sur les légumes qu'ils connaissent (légumes
conventionnels). La déclaration suivante illustre bien ces propos :
« J'ai toujours consommé cette tomate (l
'enquêté fait allusion au légume
conventionnel) car mon père a toujours vanté
ses mérites ».
Tableau 16 : Connaissance des légumes
sains
|
|
|
|
|
Bas-fonds (N=22)
|
Zones agro écologiques (%)
Cordon littoral Intra urbaine
(N=41) (N= 77)
|
Total
|
Ne connaissent pas Connaissent
|
100 0
|
58 42
|
61 39
|
66 34
|
Chi 2 de Pearson = 0,001
Source : Enquête Juillet-Août 2008
5.2.6 Source de connaissance des légumes sains
Dans cette rubrique nous nous intéresserons aux
différentes sources d'information des consommateurs au sujet des
légumes sains. Cette section entre dans le cadre du processus
d'acquisition de l'information tel que décrit par Verbeke (2000) dans
son modèle de comportement du consommateur face à un produit. Les
résultats du tableau 17 révèlent que ce sont les
médias (chaînes de télévision et les radios) qui ont
informé la majorité des consommateurs soit 85% ; suivent
respectivement en deuxième et troisième position, les
publications et la communication de proche en proche. La communication de
proche en proche est le moyen de communication le plus utilisé dans la
zone des bas-fonds (90%). La zone de bas-fonds étant une zone rurale,
très peu de consommateurs disposent de moyens de communications
modernes. Cette absence de moyens de communication moderne justifie le manque
d'informations sur les légumes sains de la part des consommateurs
ruraux.
Tableau 17: Source de connaissance des
légumes
Sources
|
Bas-fonds
|
Zones agro écologiques (%)
Cordon littoral Intra urbaine
|
Total (N=59)
|
Télévisions et radios
|
10
|
50
|
65
|
85
|
Publications
|
0
|
10
|
15
|
10
|
Proche en proche (de bouche à oreille)
|
90
|
40
|
20
|
5
|
Source : Enquête Juillet-Août 2008
5.3 Perceptions des consommateurs sur les légumes sains
Le but de cette section, est d'évaluer les perceptions
des consommateurs sur les propriétés et attributs des
légumes sains, afin de comprendre leurs différents comportements
face à ces produits. Selon le modèle de comportement face
à un aliment développé par
Verbeke (2000), il s'agit de connaître les
propriétés propres aux légumes sains d'une part
et d'autre part les facteurs socio-économiques qui poussent les
consommateurs vers ces produits.
5.3.1 Fréquence d'utilisation des légumes par les
consommateurs.
La question posée aux consommateurs est de savoir, le
nombre de fois qu'ils consomment les légumes sur certaines
périodes. Les résultats obtenus montrent qu'ils consomment tous
les légumes ; mais à des fréquences différentes
(tableau 18). Sur un total de 140 consommateurs, plus de la moitié (55%)
consomme les légumes au moins une fois par mois. Certains (25%), en
consomment une fois par semaine tandis que 1% seulement consomme les
légumes occasionnellement. Au niveau des zones agro écologiques,
on se rend compte que c'est surtout dans la zone intra urbaine que le
pourcentage des individus consommant quotidiennement les légumes est
élevé soit 26% de l'effectif total. En effet, ces consommateurs
sont des coopérants, des expatriés et des commerçants,
disposant suffisamment de revenus pour varier leur alimentation. Par contre,
les consommateurs composés souvent de paysans de la zone des bas-fonds
ne disposant pas d'assez de revenus, ne consomment pas
régulièrement de légumes. Ils sont plus vulnérables
et se trouvent dans une situation d'insécurité alimentaire.
Tableau 18 : Fréquence de consommation
des légumes
Fréquence d'utilisation (%)
|
Ensemble
|
Bas-fonds
|
Zones agro écologiques Cordon littoral
|
Intra urbaine
|
Quotidien
|
5
|
14
|
10
|
26
|
Une fois par semaine
|
25
|
23
|
24
|
23
|
Deux fois par semaine
|
9
|
0
|
2
|
12
|
Deux fois par mois
|
5
|
4
|
3
|
10
|
Mensuellement
|
55
|
27
|
38
|
13
|
occasionnellement
|
1
|
32
|
22
|
16
|
Total
|
100
|
16
|
29
|
55
|
Source : Enquête Juillet-Août 2008
5.3.2 Les types de légumes consommés
Les types de légumes consommés sont les
légumes locaux et les légumes exotiques. Les légumes
locaux regroupent le gombo, le crin-crin, le piment, la tomate, l'oignon, la
vernonia, la célosie, l'amarante et la grande morelle. Les
légumes exotiques sont la laitue, le chou, la carotte, le persil, la
menthe, le haricot vert, l'aubergine et le concombre (Vodouhè,
2007). Les résultats du tableau 19 montrent que les
légumes exotiques sont plus consommés en milieu urbain (62%),
alors que les légumes locaux sont surtout l'apanage des consommateurs
résidant dans les zones du cordon littoral et des bas-fonds
(cités respectivement par 78% et 77%). Ces données corroborent
à celles d'Adorgloh-Hessou (2006), où les consommateurs vivant en
milieu intra urbain, consomment plus de légumes exotiques que ceux
vivants en milieu rural.
Tableau 19 : Types de légumes
consommés
Type de légumes
|
Bas-fonds (N=22)
|
Zone agro écologique (%) Cordon littoral
(N=41)
|
Intra urbaine (N= 77)
|
Légumes exotiques
|
23
|
22
|
62
|
Légumes locaux
|
77
|
78
|
38
|
Total
|
16
|
29
|
55
|
Source : Enquête Juillet-Août 2008
5.3.3 Lieux d'approvisionnement des légumes
Les résultats obtenus montrent que le marché est
le lieu d'achat privilégié de presque tous les consommateurs dans
les trois zones agro écologiques (tableau 20). On y trouve une gamme
variée de légumes qui facilite le marchandage et la diminution du
prix des légumes. Mais on constate qu'une frange des consommateurs de la
zone intra urbaine (13%) s'approvisionne dans les supermarchés.
D'après CORAF (2007), la majorité des consommateurs se dirigent
vers le marché pour s'approvisionner en légumes au Ghana. Le
choix du marché par les consommateurs fait ressortir la notion de
fidélisation. Cela confirme les résultats de Broutin et
al., (2005) sur la diversification des sources d'approvisionnement des
consommateurs pour disposer de produits de qualité au
Sénégal. Le consommateur a intérêt à se
fidéliser pour minimiser les risques de déception et les
coûts d'information (Guillon, 2007). Les investigations ont montré
que les consommateurs béninois perçoivent le marché comme
un lieu où les légumes sont toujours disponibles et où on
peut marchander les prix.
Tableau 20 : Lieux d'approvisionnement en
légumes
|
|
Chapitre 5 : Résultats et analyses
|
|
|
|
|
|
Lieu d'achat
|
Bas-fonds (N=22)
|
zones agro écologiques (%) cordon littoral
(N=41)
|
intra urbaine (N= 77)
|
Total
|
Marché
|
91
|
66
|
69
|
71
|
Vendeur ambulant
|
0
|
2
|
3
|
2
|
Supermarché
|
0
|
0
|
13
|
7
|
Site de production
|
9
|
32
|
16
|
19
|
Total
|
16
|
29
|
55
|
100
|
Source : Enquête Juillet-Août 2008 5.3.4 Acheteurs de
légumes
Les acheteurs de légumes sont aussi appelés les
ménagères. D'après l'analyse du tableau 21, les femmes
sont chargées de l'approvisionnement en légumes pour le compte de
leurs ménages. Dans les trois zones agro écologiques, on constate
que les acheteurs potentiels de légumes sont les femmes. Ce
résultat est beaucoup plus probant au niveau de la zone des bas-fonds
où elles représentent 91% de l'effectif des approvisionneurs de
la zone. Par ailleurs, elles s'occupent de la cuisson des repas et elles
décident de ce qui doit être préparé. Elles
influencent donc le choix des légumes. La promotion des légumes
doit passer par des séances de sensibilisation sur les risques
liés à la consommation des légumes conventionnels. Ainsi,
le nombre de consommateurs de légumes sains pourrait augmenter de
façon significative.
Tableau 21 : Acheteurs de légumes
|
Bas-fonds (N=22)
|
Zones agro écologiques (%) Cordon littoral
(N=41)
|
Intra urbaine (N= 77)
|
Total
|
Père
|
4
|
12
|
20
|
15
|
Mère
|
91
|
81
|
61
|
71
|
Enfants
|
4
|
5
|
10
|
8
|
Domestique
|
0
|
2
|
9
|
6
|
Total
|
16
|
29
|
55
|
100
|
Source : Enquête Juillet-Août 2008
5.3.5 Perceptions des consommateurs sur les avantages et
inconvénients des légumes traités avec les pesticides
chimiques.
Les consommateurs ont des perceptions différentes au
sujet des avantages des légumes conventionnels (tableau 22a). Le
principal avantage des légumes conventionnels est la
disponibilité permanente selon la plupart des consommateurs (40%) ; 35%
pensent que ces légumes assurent la croissance rapide de l'être
humain surtout les enfants et les femmes enceintes. D'autres par contre (25%),
pensent que les légumes conventionnels ont un bon goût. Ces
résultats montrent l'ignorance et le manque d'information des
populations.
En outre (tableau 22b), lorsque ces consommateurs ont
été interrogés au sujet des inconvénients des
légumes conventionnels, plus de 70% d'entre eux ont affirmé que
ces légumes sont très chers en périodes de pénurie
(saison sèche). Une faible proportion de consommateurs (8%) pense que
les légumes conventionnels ont un mauvais goût à la
consommation, 6% pensent qu'ils causent la stérilité ou
l'impuissance sexuelle chez l'homme, tandis que 16% pensent que les
légumes traités avec les pesticides chimiques causent des
maladies et des malaises comme les cancers, les problèmes oculaires, les
nausées, les vomissements et les diarrhées.
Le niveau de familiarité des consommateurs, pour une
catégorie de produit concernée, semble influencer la nature des
éléments perçus par le consommateur. Ainsi, la
familiarité amène à percevoir plus systématiquement
les marques proposées, le niveau de choix offert, l'organisation ou
encore la qualité des produits (Piris, 2005). Les consommateurs n'ont
aucune difficulté à citer les avantages et inconvénients
des légumes conventionnels car ils en consomment depuis plusieurs
années.
Tableau 22a : Perceptions des consommateurs
sur les avantages des légumes conventionnels
Avantages Pourcentage (N=96)
Disponibilité permanente 40
Croissance rapide de l'homme 35
Bon goût à la consommation 25
Total 100
Source : Enquête Juillet-Août 2008
Tableau 22b : Perceptions des consommateurs sur
les inconvénients des légumes conventionnels
Inconvénients Pourcentage (N=96)
Augmentation du coût des légumes 70
Risques sur la santé (cancers, problèmes oculaires,
diarrhées...) 16
Mauvais goût à la consommation 8
Source de stérilité pour les humains 6
Total 100
Source : Enquête Juillet-Août 2008
5.3.6 Perceptions des consommateurs sur les avantages et
inconvénients des légumes sains.
L'opinion des consommateurs sur les avantages des
légumes sains est variée (tableau 23a). La majorité des
consommateurs (50%) affirme que ces produits préviennent les maladies ;
22% ont répondu que ces produits ont un bon goût à la
consommation et 11% ont affirmé qu'ils assurent la croissance rapide de
l'homme. Par contre, 17% d'entre eux, n'ont aucune idée des avantages
que procurent les légumes sains.
Les inconvénients des légumes sains sont la
cherté, la disponibilité. Les résultats du tableau 23b
montrent que 88% des consommateurs ne connaissent pas les inconvénients
des légumes sains ; 4% d'entre eux pensent qu'ils sont plus chers que
les légumes conventionnels et ne sont pas disponibles en permanence et
difficiles à identifier (8%). La perception se fait par un traitement
analytique et par un traitement holiste (Piris, 2007). Néanmoins, au
moment d'évaluer les avantages des légumes sains, les
consommateurs ne mobilisent plus que des éléments de nature
holiste. A cet effet, un consommateur déclare :
« Je n'y connais pas grand-chose au sujet des
légumes sains alors je préfère avoir un choix de produit
pas trop nouveau. Dans le trop nouveau (le répondant fait
référence au légume sain). Ce serait crevant de ne pas
trouver le nouveau produit en permanence. Je préfère continuer
à m'alimenter comme auparavant (le répondant fait
référence au légume conventionnel qu'il achète
régulièrement).
La non-familiarité se caractérise par une
perception se limitant à la simple description des aspects physiques des
produits (Piris, 2007). Les consommateurs enquêtés ne sont pas
habitués aux légumes sains. Ils ne perçoivent pas les
avantages et inconvénients de ces produits. Par ailleurs, la nature des
perceptions préfigure les attentes des consommateurs en
matière de légumes. L'analyse des entretiens permet
d'émerger des attentes et les critères d'évaluation, qui
se situent à un niveau plus global. Les déclarations retenues
sont :
« J'attends d'avoir du choix. Il faut que je puisse
le choisir et pas qu'on me l'impose. Et j'aime quand il y a seulement les
légumes que j'ai toujours consommés (le répondant fait
allusion aux légumes conventionnels) ».
« Il faut que ce soit simple, bien visible. Quand je
connais et si j'ai l'habitude d'acheter il faut que je trouve rapidement, donc
qu'on ne me dise pas que le légume que je veux n'est pas disponible
».
« Moi je veux pouvoir comparer des choses
comparables. Je ne veux pas comparer un chou avec une tomate. Et je veux
pouvoir comparer un chou de 250g avec tous les autres choux de 250g ! Du coup
je veux que les produits identiques soient à côté et pas
éparpillés ».
Plusieurs consommateurs ne veulent pas changer leurs habitudes
alimentaires en consommant les légumes sains. La perception subjective
humaine des faits détermine le développement des attitudes et
préférences basées sur les choix d'achat et de
consommation des produits (Wierenga, 1983). On comprend donc la perception de
la majorité des consommateurs du Sud-Bénin qui apprécient
d'abord les avantages et inconvénients des légumes avant de les
choisir.
Tableau 23a : Perceptions des consommateurs sur
les avantages des légumes sains
Avantages Pourcentage (N=86)
Ne cause pas de dommage sur la santé 50
Bon goût à la consommation 22
Assure la croissance rapide de l'être humain 11
Aucune idée sur les avantages 17
Total 100
Source : Enquête Juillet-Août 2008
Tableau 23b: Perceptions des consommateurs sur
les inconvénients des légumes sains
Inconvénients Pourcentage (N= 86)
Chers et hors de portée du consommateur 4
Non disponible et difficile à identifier 8
Aucune idée sur les inconvénients 88
Total 100
Source : Enquête Juillet-Août 2008
5.4 Perceptions des consommateurs sur les attributs des
légumes
L'identification et la hiérarchisation des attributs
des légumes est très importante pour évaluer les
préférences des consommateurs pour les légumes. La
théorie de Verbeke (2000) permet d'identifier plusieurs types de
propriétés ou d'attributs des légumes.
5.4.1 Attributs des légumes
Pour connaître les préférences des
consommateurs de légumes et les hiérarchiser, il importe de faire
un état des lieux sur les différents attributs connus des
consommateurs au sujet des légumes. A cet effet, il est demandé
à chaque consommateur de citer pêle-mêle les
différents attributs qu'il prend en compte lorsqu'il se trouve face
à un légume. Le résultat de cette investigation est
consigné dans le tableau 24 sous forme de pourcentage. On constate que
l'attribut « prix » est cité par 100% des consommateurs de la
zone des bas-fonds, 97% au niveau de la zone du cordon littoral et 96% au
niveau de la zone intra urbaine. Avec une moyenne de 97%, le prix
apparaît comme l'attribut le plus cité. Il n'y a pas une grande
variation au niveau des scores de cet attribut à travers les
différentes zones agro écologiques. Il en est de même de
l'attribut « fraîcheur » dont l'opinion des consommateurs ne
varie pas selon les zones étudiées. Ces résultats cadrent
avec ceux de Piyasiri et al., (2002) où 81% des consommateurs
indiens ont indiqué le prix comme un important facteur lorsqu'ils se
trouvent face à un légume. Verbeke (2000) montre que le prix fait
partie des attributs de recherche permettant d'évaluer le produit avant
l'achat.
Tableau 24 : Attributs des légumes selon
les zones agro écologiques
ZBF ZCL ZIU Moyenne X2 P
|
|
|
|
Chapitre 5 : Résultats et analyses
|
|
|
|
|
|
|
|
|
N=22
|
N=41
|
N=77
|
N=140
|
(d.f.=2)
|
|
Couleur
|
32
|
63
|
73
|
63,6
|
12,366
|
<0,05
|
Fraîcheur
|
95
|
95
|
84
|
89,3
|
4,244
|
-
|
Apparence
|
100
|
95
|
86
|
90,7
|
5,483
|
<0,01
|
Taille
|
100
|
100
|
87
|
92,8
|
8,811
|
<0,001
|
Goût
|
100
|
100
|
90
|
94,3
|
6,942
|
<0,05
|
Présentation
|
18
|
49
|
35
|
36,4
|
5,926
|
<0,01
|
Accessibilité
|
9
|
42
|
27
|
28,6
|
7,496
|
<0,05
|
Prix
|
100
|
98
|
96
|
97,1
|
0,972
|
-
|
Risque
|
4
|
44
|
44
|
37,9
|
12,313
|
<0,05
|
ZBF : zone des bas-fonds ; ZCL : zone du cordon littoral ;
ZIU : zone intra urbaine Source : Enquête Juillet-Août 2008
5.4.2 Hiérarchisation des attributs
Les attributs des légumes étant connus, il a
été demandé aux consommateurs de procéder à
leur classement par ordre d'importance. Les différents classements des
consommateurs ont permis de déterminer le rang moyen grâce au test
de rang de Kendall. Le tableau 25 renseigne sur le classement croissant des
attributs au niveau des consommateurs. L'attribut « prix » occupe le
premier rang. Les autres attributs se placent successivement dans l'ordre
ci-après : « taille » ; « fraîcheur du
légume à l'achat » ; « apparence du légume
à l'achat » ; « goût du légume à la
consommation » ; « couleur du légume à l'achat » ;
« présentation du légume sur l'étalage » ;
« évitement de risque de maladie » ; et enfin «
l'accessibilité du légume par rapport à son lieu de vente
».
L'attribut « prix » est classé en
première position par plus de 50% des consommateurs (voir annexe 2). Sa
dernière position est la quatrième place ; 36% des consommateurs
s'étant prononcés pour ce classement. Le dernier attribut «
accessibilité du légume par rapport à son lieu de vente
», n'a jamais été classé en première position.
Son meilleur classement ne figure qu'en troisième position avec un peu
moins de 1% des consommateurs ayant opté pour ce choix.
Tableau 25 : Classement des attributs de
légumes
|
Couleur
|
Fraîcheur
|
Apparence
|
Taille
|
Goût
|
Présentation
|
Accessibilité
|
Prix
|
Risque
|
Rang moyen
Rang global
|
5,81 6
|
4,02 3
|
4,24 4
|
1,98 2
|
5,31 5
|
6,81 7
|
7,94 9
|
1,94 1
|
7,21 8
|
Kendall's Coefficient of Concordance = 0,627 Asymp. Sig =
0.000 Source : enquête juillet-août 2008
Un classement effectué par zone agro écologique
(tableau 26), confirme l'attribut « prix » en première
position au niveau des trois zones agro écologiques avec 82% d'opinions
favorables en première place au niveau des bas-fonds, 39% au niveau du
cordon littoral et 47% au niveau de la zone intra urbaine. Quant à
l'attribut « évitement de risque de maladie par consommation de
légume », il occupe la dernière place au niveau de la zone
des bas-fonds et celle du cordon littoral. Ceci prouve que les consommateurs de
cette zone n'attachent aucune importance aux légumes sains.
Tableau 26 : Classement des attributs selon les
différentes zones agro écologiques
|
Bas-fonds
|
Cordon littoral
|
Intra urbaine
|
Rang moyen Rang
global
|
Rang moyen Rang global
|
Rang Rang global
moyen
|
Couleur
|
6,32 8
|
5,34 5
|
5,92 6
|
Fraîcheur
|
5,59 5
|
3,88 4
|
3,65 3
|
Apparence
|
5,23 4
|
3,46 3
|
4,38 4
|
Taille
|
1,82 2
|
1,41 2
|
2,32 2
|
Goût
|
4,73 3
|
5,39 6
|
5,44 5
|
Présentation
|
5,59 6
|
7,68 7
|
6,70 9
|
Accessibilité
|
6,23 7
|
7,73 8
|
8,55 8
|
Prix
|
1,18 1
|
1,90 1
|
1,66 1
|
Risque
|
8,32 9
|
8,20 9
|
6,38 7
|
Test de concordance
|
N=22
|
N=41
|
N= 77
|
de Kendall
|
Kendall 's W(a)= 0,663
|
Kendall's W(a)=0,853
|
Kendall 'sW(a)= 0,649
|
|
Chi-square=116,6
|
Chi-square=279, 9
|
Chi-square=399,5
|
|
Asymp. Sig=0,000
|
Asymp. Sig=0,000
|
Asymp. Sig=0,000
|
Source : Enquête Juillet-Août 2008
Selon Coulibaly et al., cités par Probst (2008),
les attributs clés des consommateurs au Ghana sont : la fraîcheur,
la couleur, la taille du légume, la dureté, et l'absence de
trace
d'attaque d'insecte. L'apparence du produit est
généralement le principal facteur qui gouverne le choix des
consommateurs. Les aspects impliqués sont la couleur, la
fraîcheur, la présentation du produit sur l'étalage et sa
taille ou grosseur (Ngapo, 2005). Ces attributs sont d'abord évaluer par
le consommateur dès qu'il se présente devant le produit (Verbeke,
2000). Le raisonnement des consommateurs en matière de choix des
légumes repose sur des critères d'évaluation semblables,
quelle que soit la catégorie de légume. En revanche, selon la
catégorie de produit, on note des différences sur les
éléments perçus. Les consommateurs enquêtés
préfèrent les légumes frais dont la date de récolte
n'excède pas deux jours pour les légumes feuilles (Gboma) et les
tomates qui sont dures, fermes et rouges. Certains consommateurs
préfèrent des gombos de petites tailles alors que d'autres
préfèrent des variétés de grandes tailles. On
retient que les légumes périssables tels que la tomate, le piment
sont caractérisés par une forte perception de conditionnement. De
la même manière, les légumes comme le chou sont
caractérisés par une perception de quantité. Les
légumes comme la laitue, la carotte sont préférés
des consommateurs à condition qu'ils soient bien lavés et
exposés à l'ombre. La présence de sable et autres
impuretés repoussent les consommateurs. Après avoir
identifié le légume pour ses propriétés physiques,
le consommateur essaye de l'acheter en demandant le prix. Les produits qui
coûtent trop chers sont abandonnés par les acheteurs (Guillon,
2007). A cet effet, un consommateur enquêté déclare :
« Si le légume est beau et qu'il n'est pas
à la portée de ma bourse, je l'abandonne et je vais chercher
ailleurs »
En somme, le prix est le plus important des attributs selon
les consommateurs. Ils préfèrent les légumes qui ne sont
pas très chers. Selon Probst (2008), le prix bas n'est pas un attribut
clé entrant en ligne de mire pour éviter les risques de maladies.
Ainsi, la consommation de légumes moins chers expose les consommateurs
aux maladies et à l'insécurité alimentaire.
L'achat du légume conduit à l'évaluation
de son goût. Le consommateur n'est pas toujours en mesure d'utiliser la
même information pour évaluer sa satisfaction et pour
décider de renouveler sa consommation (Guillon, 2007). Lorsque les
consommateurs constatent que le légume acheté est de mauvais
goût, ils changent automatiquement de fournisseur. Les consommateurs
aiment manger des crudités (carotte, oignon, tomate) ; si ces
crudités sont amers ou ne sont pas craquants ils ne les
achèteront plus chez le fournisseur habituel.
L'attribut « évitement de risque de maladie »
n'est pas visible directement sur le légume. Selon Verbeke (2008), il
s'agit d'un attribut de crédibilité car le consommateur fait
entièrement confiance au vendeur. Il peut donc
facilement se tromper. De plus, selon Probst (2008), cet attribut n'est pris en
compte qu'au niveau de la couche la plus aisée de la population ;
c'est-à-dire les riches intellectuels. Cette catégorie de
consommateurs rencontrée dans la zone intra urbaine a affirmé que
cet attribut lui permet d'éviter les intoxications alimentaires et
certains malaises. Le consommateur est incertain sur la qualité des
produits tant qu'il ne les a pas encore consommés, puisque les
légumes sains sont des « biens d'expérience » ou du
moins se composent d'attributs d'expérience (Verbeke, 2000). Le
consommateur est donc confronté à un risque de déception,
surtout si l'on considère qu'il n'est pas certain de l'efficacité
des légumes sains dans la prévention des maladies. Ce risque
diminue avec l'expertise sur les caractéristiques du légume sain
: le producteur et le vendeur donnent une idée plus ou moins
précise de la qualité.
L'hypothèse 2 (le choix des légumes sains par
les consommateurs est fonction des attributs liés à ces produits)
énoncée plus haut est acceptée. En effet, le choix des
légumes sains est fonction des attributs liés à ces
produits. Les tests de Kendall effectués, montrent que les consommateurs
ne vont pas par hasard vers les légumes. Leur choix est motivé
par les attributs de ces produits.
5.5 Déterminants du consentement à payer les
légumes sains
Cette section discute des principaux facteurs
socio-économiques qui influencent le consentement à payer les
légumes sains par les consommateurs. Ceci permettra de connaître
les facteurs qui sont liés directement ou indirectement à la
volonté de payer les légumes sains. Selon le modèle de
comportement de Verbeke (2000), cette démarche constitue le stade ultime
qui conduit le consommateur vers le choix du légume sain.
5.5.1 Résultats du modèle
La volonté de payer les légumes sains est
influencée par de nombreux facteurs aussi bien techniques que
socio-économiques. L'étude de ces relations est
réalisée à travers un modèle de régression
logistique (probit). Pour éviter les problèmes de
multicolinéarité, certaines variables explicatives
présentant une forte corrélation avec d'autres, sont
éliminées du modèle de base. La variable dépendante
(Y) est la volonté du consommateur à payer les légumes
sains. Les résultats sont présentés dans le tableau 27.
Tableau 27 : Résultats du modèle
logistique
Variables Coefficient Erreur standard Z P>Z
(signification)
|
|
|
Chapitre 5 : Résultats et analyses
|
|
|
|
|
|
RISK
|
-0,3328958
|
0,8048276
|
-0,41
|
0,679
|
PRICE
|
-2,051293***
|
0,7680981
|
-2,67
|
0,008
|
IMPCOOK
|
-0,4446042
|
0,5463536
|
-0,81
|
0,416
|
TAILLE
|
-1,433647**
|
0,6876138
|
-2,08
|
0,037
|
IMPGOU
|
-0,3113647
|
0,5273243
|
-0,59
|
0,555
|
IMPAPAR
|
1,269167**
|
0,5242431
|
2,42
|
0,015
|
IMPLEFRA
|
0,5504353
|
0,4213203
|
1,31
|
0,191
|
COULEUR
|
0,3441551
|
0,4962042
|
0,69
|
0,488
|
EXPCONS
|
1,054322***
|
0,2479878
|
4,25
|
0,000
|
REVMENS
|
0,5142012
|
0,313168
|
1,64
|
0,101
|
INSTRU
|
0,1857103
|
0,2833982
|
0,66
|
0,512
|
FSIZE
|
-0,2591309*
|
0,1528599
|
-1,70
|
0,090
|
MSTATU
|
0,4577041
|
0,5475029
|
0,84
|
0,403
|
SEX
|
0,1492183
|
0,3579578
|
0,42
|
0,677
|
Log Âge
|
-1,463441
|
1,853002
|
-0,79
|
0,430
|
ZAGROC
|
-0,9807805*
|
0,5201042
|
-1,89
|
0,059
|
Log vraisemblance = -12.775809
Chi-deux (16) = 76.00
Signification du modèle (Prob > chi2) = 0.0000
Pouvoir de prédiction (pseudo-R2 de McFadden) =
86.09
***Signification à 1%, **signification à 5 %,
*signification à 10 %. Source : Enquête Juillet-Août 2008
Le ratio de vraisemblance est significatif au seuil de 5 %
avec le test de khi-deux. Par conséquent le modèle est
globalement significatif à 5 %. Les résultats du modèle
peuvent être pris en compte. L'estimation du modèle de
régression a donné le pseudo-R2 de McFadden qui est
0,86. Ce qui signifie que, la variation des variables incluses dans le
modèle explique à 86 %, la variation de la variable
dépendante (consentement à payer un légume sain).
La volonté de payer les légumes sains est
influencée par les variables suivantes : le prix du légume
(PRICE), la taille du légume (TAILLE), l'apparence du produit avant
l'achat
(IMPAPAR), le nombre d'année d'expérience dans
la consommation de légume (EXPCONS), la taille du ménage (FSIZE)
et la zone agro écologique (ZAGROC). Les autres variables qui se sont
révélées non significatives par le modèle ne sont
pas sans effet sur le choix des légumes sains. Leur influence est tout
simplement cachée par celle des variables révélées
significatives dans le modèle.
5.5.2 Analyse du modèle
La régression logistique a permis l'obtention de
résultats que nous devons analyser et interpréter afin de
connaître les véritables motivations des consommateurs.
5.5.2.1 Le prix du légume
Le prix du légume a une influence négative et
significative au seuil de 1 % sur la volonté d'acheter les
légumes sains. Ceci suppose que les consommateurs expriment plus la
volonté à payer les légumes sains lorsque ces derniers
sont à bas prix. Le consommateur rationnel est toujours en quête
de légumes de qualité à coût très
réduit. Ce comportement cadre bien avec les résultats de Probst
(2008) au Ghana. En effet, les consommateurs ghanéens sont
préoccupés par les légumes moins chers. De même,
Piyasiri et al., (2002), trouvent que les consommateurs indiens ne
sont pas prêts à acheter les légumes sains très
chers. D'après les investigations, les prix des légumes sains
doivent être quasiment les mêmes que ceux des légumes
conventionnels avant que les consommateurs ne se décident à
abandonner les légumes conventionnels au profit des légumes
sains. L'appréciation du prix du légume dépend du niveau
d'éducation du consommateur et de l'information qu'il détient au
sujet du légume (Kah, 2003). Les consommateurs instruits peuvent
aisément chercher des informations sur les avantages des légumes
sains et consentir à payer ces produits même s'ils sont
très chers. C'est le cas des consommateurs situés dans la zone
intra urbaine (zone qui concentre à elle seule, 33% des hauts
fonctionnaires).
5.5.2.2 La taille de légume
Le signe négatif du coefficient relatif à la
taille du légume, indique que, les consommateurs, bien qu'ils soient
disposés à payer les légumes pour éviter les
maladies, ne conçoivent pas que ces légumes soient de petites
tailles. Ils les préfèrent donc plus gros. Par exemple, les
consommateurs enquêtés aiment les gros choux et le Gboma aux
feuilles larges. Selon Probst (2008), les consommateurs ghanéens
s'intéressent plus à la quantité de légumes
achetés plutôt qu'à la qualité. Par ailleurs, selon
Coulibaly et al., (2006), la taille du légume est
l'un des attributs clés que le consommateur prend en
compte dans son processus de prise de décision. Verbeke (2000) a
montré que la grosseur d'un produit est un attribut qui attire le
consommateur.
5.5.2.3 Apparence du légume
L'apparence du légume a une influence positive et
significative au seuil de 5% sur le consentement à payer les
légumes sains. Les consommateurs sont influencés par l'apparence
du légume sur l'étalage. Si le produit est mal entretenu, il ne
sera pas choisi par le consommateur ; même si le légume en
question est produit au moyen des biopesticides. Le consommateur
s'intéresse d'abord au mode de présentation des légumes
sur l'étalage ; les produits mal entretenus ne l'intéressent pas
(Probst, 2008). Selon le même auteur, les consommateurs lavent les
légumes et les débarrassent des déchets et autres
résidus toxiques. De ce fait, ils préviennent les maladies.
Obuobie (2006) stipule que les résidus des pesticides chimiques
disparaissent difficilement par simple lavage. Ainsi, un légume ayant
une bonne apparence n'est pas forcément sain.
5.5.2.4 Expérience dans la consommation
Cette variable indépendante a une influence positive et
significative au seuil de 1% sur le consentement à payer les
légumes sains. Les consommateurs qui consomment les légumes
depuis plus de1 0 ans sont plus aptes à acheter les légumes sains
afin de préserver leur santé. Ils ont acquis au cours des
années, assez d'informations sur les légumes sains. Ils
connaissent leurs avantages et leurs inconvénients. Ceci concorde avec
les résultats de Piyasiri et al., (2002) qui montrent que les
habitudes ne changent pas chez les consommateurs ayant eu de part le
passé à consommer les légumes sains. Cette variable vient
compléter le processus d'acquisition de l'information du
consommateur.
5.5.2.5 Taille du ménage
La taille du ménage a une influence négative et
significative au seuil de 10% sur le consentement à payer les
légumes sains. Les familles qui ont de grands effectifs (plus de 15
personnes) ne peuvent se permettre le luxe d'acheter les légumes sains
qui sont plus chers que les légumes conventionnels. Par ailleurs, si la
famille est de petite taille, elle est disposée à payer les
légumes sains. Selon Garming et al., (2006), le poids des
membres de la famille influence négativement à un seuil de 5% le
consentement à payer des consommateurs au Nicaragua. Ceci
confirme nos résultats qui montrent que plus la famille
est grande, moins elle consommera des produits de qualité
supérieure qui sont onéreux.
L'accès à la nourriture est fonction des
facteurs suivants : accessibilité à la nourriture des populations
exclues des marchés ; capacité financière des
consommateurs pauvres (FAO, 2007). L'impact de la taille du ménage sur
l'accès à la nourriture est analysé du point de vue du
nombre de personnes à charge. Les ménages disposant d'un grand
effectif de dépendants sont vulnérables et vivent dans une
insécurité alimentaire. Ils essayent chaque jour d'atteindre
l'autosuffisance alimentaire. C'est ce qui expliquerait le fait qu'ils
rejettent les légumes sains qui sont l'apanage des ménages de
petites tailles vivants dans l'abondance alimentaire et ayant très peu
de dépendants. Cette situation dépend aussi du niveau perception
du chef de ménage à propos des risques liés à la
mauvaise alimentation. Un chef de ménage qui privilégie la
quantité plutôt que la qualité aura tendance à
diriger les siens vers les légumes conventionnels.
5.5.2.6 Zone agro écologique
Cette variable a un coefficient de corrélation
négatif sur le consentement à payer. Il s'avère que les
consommateurs des zones de bas-fonds ne consentent pas payer les légumes
sains alors que ceux de la zone intra urbaine s'y intéressent.
Vodouhè (2007) a montré que les légumes sains sont
cultivés en milieu rural. Mais ces légumes sont
transférés en milieu urbain où il y a des fonctionnaires
capables de les acheter à un prix plus élevé. Garming
et al., (2006), montre que le consentement à payer les
légumes pour éviter les maladies causées par les
résidus des pesticides chimiques, varie suivant certaines régions
du Nicaragua
Dans cette analyse, le fait de vivre dans le monde rural
diminue les chances d'accepter les légumes sains, tandis qu'à
l'inverse, le fait de vivre dans le monde urbain, l'augmente, par rapport
à ce qu'on pourrait attendre, s'il n'y avait aucune association entre
l'espace géographique de vie, et la réponse à la question
du consentement (aucun «effet» du lieu de vie sur le choix).
En somme, les résultats du modèle logistique
identifient six (6) facteurs affectant le consentement à payer les
légumes sains. Il s'agit du prix du légume, de la taille du
légume, de l'apparence du produit, du nombre d'année dans la
consommation du légume, de la taille du ménage et de la zone agro
écologique.
L'hypothèse 3 (le sexe, l'âge, le niveau
d'éducation, la taille du ménage sont les principaux facteurs
déterminants du consentement à payer les légumes sains par
les consommateurs) est rejetée après l'estimation du
modèle de régression logistique. C'est plutôt, le prix du
légume, sa taille, son apparence, le nombre d'année dans la
consommation du
légume, la taille du ménage et la zone agro
écologique qui affectent le consentement à payer les
légumes sains au Sud du Bénin.
Chapitre 6 : Conclusions et recommandations
6.1 Conclusions
Cette étude a tenté d'apporter la lumière
sur la promotion des légumes sains produits à partir des
biopesticides introduits par les institutions de recherche, afin de garantir
une meilleure santé aux consommateurs et leur assurer une
sécurité alimentaire. Elle a permis d'évaluer les
préférences des consommateurs pour les légumes sains et
d'identifier les facteurs socio- économiques qui influencent le
consentement à payer de ces consommateurs.
Cette étude a révélé que la
majorité des consommateurs n'est pas au courant de l'existence des
légumes sains produits avec les biopesticides introduits dans
l'agriculture urbaine par les institutions de recherche. En effet, les
consommateurs ne connaissent pas les avantages ni les inconvénients des
légumes sains. Certains consommateurs ont reconnu que les légumes
sains sont de meilleure qualité par rapport aux légumes
conventionnels ; mais ils coûtent plus chers que les légumes
conventionnels. De plus, ils ne sont pas accessibles à tous car ils sont
rares et difficilement identifiables sur le marché. Les principaux
attributs des légumes pour lesquels ils sont appréciés par
les consommateurs sont : la couleur, la fraîcheur, l'apparence, la
taille, le goût. Par ailleurs, les acheteurs potentiels de légumes
sains sont incontestablement les femmes. Ce sont elles qui s'occupent de
l'approvisionnement et de la préparation des légumes dans le
ménage. Les facteurs qui influencent positivement et poussent les
consommateurs à choisir les légumes sains sont : l'apparence du
légume et l'expérience dans la consommation du légume
sain. Par contre, les facteurs comme le prix du légume, la taille,
l'effectif du ménage et la zone agro écologique influencent
négativement le consentement à payer les légumes sains.
6.2 Recommandations
Au terme de ce travail, une série d'actions
méritent d'être menées par les différents acteurs du
sous-secteur maraîcher pour inciter les populations à consommer
les légumes produits avec les biopesticides.
Pour faire face au problème de l'augmentation de la
population urbaine et péri-urbaine et aider à résoudre le
problème de santé publique (consommations de légumes
contenants des résidus toxiques), il faudrait que l'Etat et les
Organisations Non Gouvernementales, informent davantage les consommateurs sur
l'existence et les avantages des légumes sains. Pour y parvenir, ils
devraient, passer par des canaux comme les chaines de radiodiffusion et de
télévision, pour informer les consommateurs. Ils pourraient aussi
utiliser les écoles ou le forum champ paysan.
Les consommateurs n'achètent pas au hasard les
légumes sains. Un certain nombre d'attributs les dirigent vers ces
produits. Il faudrait que les opérateurs économiques et les
commerçants, désireux de se lancer dans la commercialisation des
légumes sains, tiennent compte d'un certain nombre de facteurs
socio-économiques. Ils devraient commercialiser les légumes sains
ayant une bonne apparence. A ce niveau, une étude supplémentaire
s'impose quand on sait que les légumes sains ont une apparence non
attractive. Il faudrait aussi rendre disponibles permanemment les
légumes sains ; pour ce faire, les commerçants devraient rendre
accessibles les légumes locaux sains en milieu rural et les
légumes exotiques sains en milieu urbain. Ils devraient faire la
publicité des légumes sains au niveau des chaînes de
radiodiffusion et des télévisions pour l'insertion des
légumes dans les habitudes alimentaires de la population. Ils pourraient
aussi faire la promotion des marché bios.
Références bibliographiques
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