République du Bénin Ministère
de l'Enseignement Supérieur et de la
Recherche Scientifique
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Institut Universitaire du Bénin 06 BP 3116
Cotonou Tél : 21 32 81 97 www.iub_formation.org
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Habitat `'Tata-Somba» de l'Atacora
Développement local participatif dans un
contexte de décentralisation : bilan de l'expérience
SNV-Bénin dans le cadre de l'appui au renforcement de capacité
des communes de Cobly et de Boukoumbé dans
l'Atacora-Ouest
Mémoire pour l'obtention d'un DESS /
MASTER Professionnel en Développement et Gestion de projets
Préparé par
Marcel Coffi DJIHOUN
Sous la direction de :
Laurent SEBISOGO ; Ph. D, Consultant
Date de soutenance : 18 Décembre 2007
Jury : Président : Pr. Albert
GANDONOU
Membres : Pr. Laurent SEBISOGO
Pr . Amagoin KEITA
|
1
Remerciements
A tous ceux qui ont aidé à la réalisation de
ce mémoire, nous manifestons notre profonde gratitude.
Nous pensons principalement :
· A Monsieur GANDONOU Albert, Directeur de
l'IUB, pour le cadre institutionnel offert ;
· A Monsieur SEBISOGO Laurent, Ph. D,
Consultant qui a accepté de nous accompagner pour un appui scientifique.
Ce mémoire est possible grâce à sa disponibilité et
à sa compréhension ;
· A la SNV-Bénin, à travers
son Directeur National, Monsieur Amagoin KEITA pour le cadre
professionnel offert ;
· A Messieurs Robert YOKOUA et
François N'KOUE, respectivement maires de Cobly et de
Boukoumbé pour les mesures de facilitation prises en notre faveur ;
· Aux élus locaux,
personnels des mairies, responsables des organisations
locales pour leur disponibilité et esprit de collaboration qui
ont facilité la collecte des données sur le terrain ;
· Aux collègues et amis, Guy WEINSOU
pour son appui conseil, Bernadette KIWALLO, Geneviève
YONI, Francois AFOUDAH et Jaap Kok qui de diverses
manières, nous ont apporté leur assistance tout au long de la
recherche.
2
Dédicace
A ma femme et à mes enfants,
C'est bien à vous qu'est dédié ce
mémoire. Il est le témoignage de votre patience durant toute la
période de l'étude.
3
Bien à Vous Florence, Codjo et Afiwa
Résumé
L'expérience de développement local par la
décentralisation, est complexe pour les élus locaux dans le sens
où il s'agit de construire la commune en répondant aux
énormes besoins sociaux des citoyens dans une stratégie de
concertation et de dialogue. La SNV-Bénin, dans ses interventions
à Cobly et à Boukoumbé depuis plus d'une quinzaine
d'années, a mis au coeur de toutes ses initiatives, les acteurs locaux
qui ont acquis de compétences et du savoir-faire en matière de
planification locale et de réalisation des infrastructures
communautaires par l'appropriation du processus technique. La
méthodologie utilisée dans le cadre de cette étude, est
fondée sur des entretiens individuels semi-structurés et la
collecte de données à travers un questionnaire rempli par les
représentants des organisations ciblées. Ce questionnaire qui
touche en grandes lignes les aspects liés aux résultats
visés, porte essentiellement sur l'appréciation des actions de la
SNV-Bénin par les acteurs locaux en terme d'impacts sur leurs conditions
de vie et de leurs capacités à assumer le développement
local dans le cadre de la décentralisation.
Les données fournies par près de 90% des
personnes rencontrées, ont été dépouillées
et analysées. Les résultats obtenus montrent qu'au cours des 15
années de sa présence, la SNV a pu réaliser dans les deux
communes de nombreuses infrastructures sociocommunautaires et
économiques autour desquelles des élus locaux, les agents des
mairies, une soixantaine d'organisations paysanne (OP) ainsi que plusieurs ONG
et associations locales, ont vu leurs capacités améliorées
dans leur domaine de compétences respectives. Ces actions ont induit des
changements assez significatifs sur les conditions de scolarisation,
d'accès à l'eau potable et aux crédits, de
désenclavement, du développement de l'économie locale par
les AGR et de l'amélioration des ressources fiscales etc. Toutes ces
actions menées, ont touché près de 60 mille personnes sur
l'ensemble du territoire des deux communes.
De même, de l'évaluation des capacités
des acteurs locaux et des interventions des partenaires d'appui dans la mise en
oeuvre de la décentralisation, il ressort que le développement
local, dans les Communes de Cobly et de Boukoumbé, repose sur un
potentiel qui existe suffisamment en terme de ressources locales. Ces
ressources sont malheureusement mal gérées du fait du manque
d'initiative et de l'insuffisance
4
de compétence au niveau des dirigeants locaux et des
administrations communales. Les interventions des partenaires aux
développement et celles de l'Etat, si elles se révèlent
nécessaires et pertinentes pour accompagner le processus, il est
important de les rendre plus efficaces par une politique plus responsabilisante
d'appui aux acteurs locaux et dans une approche multi acteurs qui favorise
l'appropriation et la participation. La participation des acteurs locaux au
développement est donc un défi au vu des exigences qu'elle pose
en terme de compétence et de capacité de gestion.
L'expérience de Cobly et de Boukombé tente tant bien que mal de
surmonter depuis 4 ans ces écueils.
5
Executive Summary
The experience of local development through decentralisation
is a complex exercise for local councillors in the sense of building the
council while finding an answer to the enormous amount of social needs of the
citizens using a strategy of dialogue.
Over more than 15 years SNV Benin taken the local actors who
have acquired the competences and skills in the field of local planning and the
execution of communitarian infrastructures at the centre of all her
interventions in Cobly and Boukoumbé by the appropriation of their
technical processes.
The methodology, which has been used in the framework of this
study, is based on individual semi structured interviews and the collecting of
data by the way of a questionnaire which has been filled out by representatives
of the targeted organisations.
This questionnaire that touches in great lines the aspects of
the targeted results, deals essentially with the appreciation of the actions
undertaken by SNV Benin as felt by the local actors in terms of impact on their
living conditions and their capacities to assume the tasks connected to local
development in the framework of decentralisation.
The data provided by almost 90% of the people met have been
treated and analyzed. The obtained results show that during her 15 years'
presence in the two local councils, SNV has been able to realize a great number
of socioeconomic communitarian infrastructures during the realization of which
the local councillors, the councils employees and some sixty farmers'
organisations have acquainted improved capacities in their respective field of
competence. These actions have created significant changes on educational
conditions, access to drinking water, access to credits, the opening up of the
area, the local economic development, the increase of resources from taxes
etc.
All the actions that have been undertaken have had an impact on
almost 100.000 people in the area of the two councils.
In the same way it can be stated from the evaluation of the
capacities of local actors and partner interventions during the
implementation of the decentralization, that local
6
development in the councils of Cobly and Boukoumbé is
based on the existence of a potential of local resources that can be judged as
being sufficient.
Unfortunately, these resources are badly managed because of
lack of initiative and competence at the level of the local people in charge
and the councils' administrations.
For those interventions by development partners and
government structures that are considered needed and relevant to accompany the
process, it is important to render them more effective by a policy which
fosters the responsibility of local actors in a multi actor setting which
favours the acquaintance of skills and participation.
As such, the participation of local actors in the development is
a challenge regarding the requirements in terms of competences and management
skills.
Since four years, the experience of Cobly and Boukoumbé
struggles to climb this path with ups and downs.
7
Enyata (résumé en mina)
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8
Liste des sigles
ADECOI : Appui au Développement des Communes et aux
Initiatives
Communautaires
AEP : Approvisionnement en Eau Potable
ANCB : Association Nationale des Communes du Bénin
APDD : Association Pour le Développement Durable
BAC : Baccalauréat
BEPC : Brevet d'Etude du Premier Cycle
BM : Banque Mondiale
BOAD : Banque Ouest Africaine de Développement
C/S : Chef service technique
C/SAF : Chef service administratif et financier
C/SPD : Chef service planification et développement
local
CA : Conseil d'Administration
CC : Conseil communal
CCPC : Conseil Communal des Producteurs de Coton
CECA : Caisse d'Epargne-Crédits
Autogérée
CEDA : Centre pour l'Environnement et le Développement en
Afrique
CEPE : Certificat d'Etude Primaire de l'Enseignement
CeRPA : Centre Régional pour la Promotion Agricole
CGPE : Comités de gestion des points d'eau
CLAC : Centre de Lecture et d'Animation Culturel
CP : Comité de Pilotage
CP : Comité de Projet
CREPA : Centre Régional pour l'Eau Potable et
l'Assainissement à faible coût
CRS : Catholic Relief Service
DAO : Dossier d'Appel d'Offres
DDC : Direction du Développement et de la
Coopération
DE : Direction Exécutive
DHAB : Direction d'Hygiène et d'Assainissement de Base
DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté
ENAM : Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature
FADeC : Fonds d'Appui au Développement des Communes
FCFA : Franc de la Communauté Française de
l'Afrique
9
GF : Groupement des Femmes
GIRE : Gestion Intégrée de Ressources en Eau
GrADeD : Groupe de Recherche-action pour le Développement
Durable
GTZ : Agence Technique de Coopération Allemande
GV : Groupement villageois
HAADI : Hydraulique Assainissement en Appui au
Développement Intégré
INSAE : Institut National des Statistiques et d'Analyses
Economiques
IS : Intermédiation Sociale
KIT : Institut Royal des Tropiques
LARES : Laboratoire d'Analyse et de Recherche Scientifique
LISA : Lutte Intégrée pour la
Sécurité Alimentaire
MCL : Maison de la Collectivité Locale
MD : Mission de Décentralisation
MdO : Maîtrise d'Ouvrage
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
ONG d'IS : ONG d'intermédiation sociale
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisations des Nations Unies
OP : Organisation des Producteurs
OSC : Organisation de la Société Civile
PADEARD : Programme d'Appui au Développement pour le
Développement de l'Eau et Assainissement en milieu Rural
PAI : Plan Annuel d'Investissement
PAMRAD : Programme d'Appui au Développement du Monde
Rural
PDC : Plan de Développement de la Commune
PDDC : Projet de Développement des Communes
PNDCC : Projet National de Développement Conduit par les
Communautés
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PrOCGRN : Projet de Conservation et de Gestion des Ressources
Naturelles PRODECOM : Projet de Développement des Communes
RAI : Responsable des Auxiliaires des Impôts
RGPH : Recensement Général de la Population et de
l'Habitat
RI : Recettes des Impôts
RP : Recettes Perception
10
SAF : Service des Affaires Financières
SAG : Service Affaires Générales
SDLP : Service du Développement Local et Planification
SG : Secrétaire Général
SICAD : Service de l'Information, de la Communication des
Archives et de la
Documentation
SNV : Organisation Néerlandaise pour le
Développement
ST : Service Technique
UCPC : Union Communale des Producteurs de Coton
UDCC : Union pour le Développement de la Commune de
Cobly
UFeDEB : Union des Femmes pour le Développement de
Boukombé
UNIDEA : UniCrédit Foundation
11
Introduction
La mise en oeuvre du processus de décentralisation au
Bénin commence à peine. Les élus et les maires sont en
fait de nouveaux acteurs qui doivent se positionner dans ce processus,
réfléchir sur leur rôle et leurs responsabilités et
surtout tenir compte des autres acteurs dans ce processus où chaque
catégorie d'acteurs est en situation d'apprentissage. Les maires, les
chefs d'arrondissement et les autres partenaires apprennent à jouer un
rôle assez nouveau pour chacun d'eux. La décentralisation, quatre
ans après sa mise en oeuvre au Bénin, a globalement
enregistré des résultats qui suscitent diverses
appréciations quant à la participation des acteurs locaux et leur
capacité réelle à promouvoir le développement en
rapport avec les partenaires et l'Etat pour leur appui technique, financier et
organisationnel.
Cette option politique en vigueur depuis 2002, a connu des
succès et des limites. Tout le monde s'accorde pour dire que la
décentralisation est une chance de développement du Bénin.
Elle n'est pas seulement pertinente, mais elle est nécessaire. La
décentralisation n'est pas elle-même en cause, ce sont les acteurs
chargés de la concrétiser qui peuvent en être la cause de
ses limites.
L'expérience de développement local en cours
à Cobly et à Boukoumbé avec l'assistance de plusieurs
acteurs dont la SNV-Bénin, offre de réelles opportunités
pour une analyse approfondie des capacités des acteurs à la mise
en oeuvre de la décentralisation. C'est dans ce contexte de changement
politique pour une dynamique locale que nous nous sommes proposé de
contribuer à la réflexion sur le thème :
« Développement local participatif
dans un contexte de décentralisation : bilan de l'expérience
SNV-Bénin dans le cadre de l'appui au renforcement de capacité
des communes de Cobly et de Boukoumbé dans l'Atacora-Ouest
.»
Le choix de ce thème se fonde à la fois sur
l'approche SNV-Bénin en tant qu'organisme d'appui à la
décentralisation et l'absence de capitalisation des expériences
menées après plus de 15 années d'intervention en faveur
des communautés. La réalisation de ce travail de recherche se
base également sur notre expérience professionnelle acquise
depuis sept ans dans l'accompagnement
12
des acteurs locaux pour la mise en oeuvre des projets et
programmes de développement de leurs localités. Une telle
expérience nous semble assez pertinente pour apporter notre contribution
à la réflexion sur la problématique de
développement local participatif et le processus de la
décentralisation en cours.
Quant à la zone de l'étude, les communes de
Cobly et de Boukoumbé, dans l'Atacora-Ouest, ont été
pendant 15 ans, les communes de concentration de l'appui de la SNV. Dans ce
rapport, Cobly sera cité en premier lieu dans l'analyse parce qu'elle a
constitué, la base de l'intervention de la SNV dans la zone et la grande
bénéficiaire des actions de la SNV.
Le présent mémoire, s'articule autour de trois
grandes parties à savoir :
I la première partie, présente la
problématique générale de l'étude, le cadre
méthodologique et les caractéristiques géographiques des
communes de Cobly et de Boukoumbé ;
I La deuxième partie, fait l'état des lieux des
acteurs communaux et analyse leur capacité relative à la gestion
du processus de développement local dans le contexte de la
décentralisation;
I La troisième partie, porte sur le bilan de 15
années d'intervention de la SNVBénin en termes de acquits et de
leurs impacts sur le développement socioéconomique desdites
communes.
La table des matières et la liste des tableaux et fiches
se trouvent à la page 110 du document.
13
PREMIERE PARTIE
CADRE THEORIQUE DE RECHERCHE ET
PRESENTATION GEOGRAPHIQUE DU MILIEU D'ETUDE
14
Chapitre I - Cadre théorique et
méthodologique de la recherche
Dans ce chapitre, il est question du cadre
théorique qui présente la problématique
générale, la revue de littérature ainsi que la
méthodologie de recherche à travers les hypothèses et les
objectifs de la recherche, le cadre opératoire, la stratégie de
collecte et de traitement des données ayant facilité la
rédaction du présent rapport.
1.1- Problématique
1.1.1- Contexte
La question de développement humain est si
préoccupante aujourd'hui qu'elle mobilise les acteurs à tous les
niveaux : institutionnel, administratif, associatif etc. Pendant plusieurs
décennies, les pays africains ont été soumis à un
système de gestion dirigiste n'ayant forcément pas pris en compte
les `'besoins essentiels» des populations à la base. Malgré
les immenses richesses naturelles (60% du total de la planète) dont
disposent les pays en voie de développement, les peuples sont
d'éternelles victimes des maladies endémiques, de la
sécheresse, de l'analphabétisme, de la dégradation de
l'environnement et du cadre de vie, et d'une paupérisation de plus en
plus grandissante. Cet état de choses résulte de
l'inefficacité, voire de l'échec des politiques de
développement appliquées jusqu'à présent par les
équipes dirigeantes qui font preuve de mauvaise gestion des affaires
publiques, d'une politique sociale et économique erronée,
sacrifiant ainsi les besoins primordiaux d'ordre alimentaire, sanitaire,
éducationnel et culturel. Selon le PNUD, `'C'est encore dans ces pays
qu'il y a moins de structures et de médecins que les habitants d'une
dizaine de grandes villes occidentales réunies. Des centaines d'enfants
ne sont accueillis dans aucune école et près d'un milliard
d'analphabètes y sont dénombrés» (PNUD, 1996).
Il est absolument inadmissible que ces richesses et
matières premières ne contribuent pas de façon prioritaire
et décisive à l'amélioration des conditions d'existence
des populations concernées. Il est de plus en plus évident que le
développement d'un pays n'est pas l'affaire d'une minorité de
personnes mais de tous les membres de la communauté sans exception.
D'où la nécessité d'élaborer une autre politique
ainsi que d'autres priorités qui répondent aux aspirations
légitimes et naturelles des millions d'hommes et de femmes en lutte
perpétuelle pour
15
leur survie. La mise en oeuvre de cette politique ne peut se
faire que dans le contexte de décentralisation qui constitue l'option
privilégiée pour la promotion de développement local au
Bénin depuis 2002. La viabilité des communes étant une
condition pour l'efficacité de la décentralisation, la
participation de tous les acteurs devient donc une préoccupation majeure
et permanente pour les tenants de cette nouvelle approche de
développement local au Bénin. C'est dans ce contexte de
changement politique pour une dynamique locale que nous nous sommes
proposé de contribuer à la réflexion sur le thème
:
« Développement local participatif
dans un contexte de décentralisation : bilan de l'expérience
SNV-Bénin dans le cadre de l'appui au renforcement de capacité
des communes de Cobly et de Boukombé dans l'Atacora-ouest
»
1.1.2- Justification
Le choix de ce thème s'inspire d'abord de
l'expérience de l'Organisation Néerlandaise pour le
Développement (SNV), dans son approche d'appui aux communes en
matière de développement local depuis plus de 15 ans. Approche
mise en oeuvre et qui repose essentiellement sur le renforcement des
capacités institutionnelle et organisationnelle des principaux acteurs
dans une perspective de transfert de compétence et de prise en charge de
la gestion des affaires locales. Elle détermine les réels besoins
des populations, des acteurs sociaux et économiques en accordant plus de
place et, à la fois, plus de responsabilité aux forces agissantes
de la société civile. Dans cette approche novatrice qui
nécessite cependant l'appui et l'expertise des organismes
internationaux, la SNV est sollicitée pour son appui- conseil aux
conseils communaux dans une démarche de concertation et de mobilisation
des partenaires de base en vue d'une stratégie globale visant à
faire de ces derniers de véritables `'moteurs de développement
local» pour une amélioration durable de leur condition de vie. A
travers cette stratégie, tous les acteurs à savoir : élus
locaux, personnels de l'administration et organisations de la
société civile (OSC) sont mobilisés pour définir
des priorités de développement en rapport avec les
priorités de l'heure et des perspectives en termes de projets et
programmes à mettre en oeuvre
16
Il s'agit plus particulièrement d'un accompagnement du
processus dans un contexte de décentralisation pour mettre en
évidence les potentialités d'initiatives, susciter les
possibilités de participation à tous les niveaux et favoriser la
mise en place d'une concertation locale des acteurs locaux afin de coordonner
et de conjuguer des efforts dans le sens de la mise en oeuvre des actions de
développement pour l'atteinte des OMD.
En fondant ce thème sur l'expérience
SNV-Bénin, le but est de montrer comment elle a pu favoriser la
dynamique locale interne de développement, renforcer la synergie entre
acteurs du même milieu, définir et conférer à chacun
d'eux une part de responsabilité dans la prise en charge des questions
touchant au bien-être social. Elle vise également
à montrer que même si les `'acteurs
décentralisés» (FED, 1996) peuvent être
limités dans leurs capacités technique, professionnelle et
organisationnelle, ils peuvent aussi les développer et les renforcer par
le biais des actions qu'ils mettent en oeuvre. A ce titre, la
responsabilité des acteurs locaux aux diverses étapes du
processus suppose qu'ils puissent y prendre part de manière active,
maîtriser la problématique de développement de leurs
localités et prendre des décisions en connaissance de cause.
Il est aujourd'hui communément admis que la
participation des acteurs à la base est une condition essentielle pour
le développement durable. Ces énergies et ces ressources humaines
existent et ne demandent qu'à participer au développement des
communes ; car sans cette participation, rien d'important ne sera jamais
fait.
L'approche de la SNV-Bénin, avec une telle implication
des acteurs locaux, a ceci d'important qu'elle les responsabilise et les rend
concernés, les motive et les mobilise. Ainsi ils ont le sentiment que le
processus de développement est conçu par eux et pour eux.
Le deuxième point de justification de ce choix est le
contexte sociopolitique dans lequel s'inscrit cette étude qui est
relativement nouveau. En effet depuis une dizaine d'années, la
décentralisation est devenue un thème majeur dans la
problématique de gestion du pouvoir au Bénin. Elle revêt un
enjeu central et sa portée ne peut s'évaluer qu'à
l'échelle des communes (seul niveau de décentralisation retenu)
où la participation à la base est la clé de voûte
pour une réelle prise en compte des
17
aspirations des populations. Selon BIERSCHENK et de
SARDAN (1998), dans leur ouvrage, Les pouvoirs au
village , les projets de décentralisation en Afrique
reposent en règle générale sur le présupposé
explicite que la trop grande centralisation des décisions politiques au
sommet de l'Etat étouffe les initiatives politiques et
économiques locales. Cette situation amène à parler d'
« Etat commando. »
Ainsi le changement politique a favorisé l'appui de
nombreux intervenants aux nouvelles communes par le biais des programmes
conçus et mis en oeuvre sur le principe de la participation et de
l'appropriation. Le constat de cette expérience en cours est qu'on ne se
rend réellement pas compte du niveau de participation et d'engagement
des acteurs concernés dans la mise en oeuvre des actions de
développement. Après quatre années d'expérience de
la décentralisation, les acteurs locaux sont-ils à la hauteur de
leur mission ? Quinze années d'intervention de la SNV ont-elles
apporté de changements tangibles sur le développement socio-
économique de ces deux communes ? Telles sont les préoccupations
majeures qui sous-tendent notre étude à travers laquelle, nous
analyserons particulièrement l'expérience de la SNV-Bénin
au regard de la problématique du développement des communes de
Cobly et Boukoumbé.
En ce qui concerne la zone d'étude,
c'est-à-dire les communes de Cobly et de Boukoumbé, très
peu d'écrits traitent de manière explicite de la question de
participation au processus de développement, alors qu'il s'agit d'une
zone de forte concentration de projets et programmes de développement
soutenus par les organismes internationaux depuis le début des
années 90. La SNV-Bénin y est présente depuis une
quinzaine d'années, mais ses nombreuses interventions ne semblent pas
malheureusement mettre assez en évidence les indicateurs de
participations et leur portée en termes d'impact sur la capacité
des acteurs locaux en particulier et le développement communal en
général.
Les résultats de nos investigations documentaires ont
montré qu'il n'existe que des documents de projets conçus pour
les populations et dont les orientations ont été
préalablement définis. Pour la plupart des cas, il s'agit des
rapports d'activités ou de rapports bilan de fin de programme, qui
retracent de manière quantitative les actions
18
réalisées et qui restent cependant
imprécis sur le rôle et les responsabilités exactes des
acteurs locaux dans les résultats atteints ainsi que les changements
significatifs induits par plusieurs années d'intervention sur le
développement socio-économique de ces deux communes.
1.1.3- La revue documentaire
Cette revue a été nécessaire en vue de
l'acquisition de données générales et de la maîtrise
de certains concepts clés de notre thème. Il s'agit de prendre en
compte les connaissances déjà développées dans les
ouvrages édités, les productions (mémoires, actes de
séminaires et colloques, articles de presses et revues ) traitant des
questions du développement local en général et
particulièrement de la problématique du développement
participatif ainsi que de la décentralisation en cours dans notre pays.
A cet effet un certain nombre de documents ont été
consultés à la bibliothèque de la SNV, aux centres de
documentation des divers projets et programmes basés à Natitingou
(GTZ, Louvain & Développement, PAMRAD, PRODECOM, CeRPA....) et aux
services des archives dans les communes de Cobly et de Boukoumbé. Notre
contribution à la réflexion est de tester ces théories
dans ces deux communes afin d'en apprécier la réalité sur
le terrain et de faire des suggestions qui s'imposent.
Ainsi plusieurs auteurs ont établi une étroite
relation entre décentralisation et développement local. Pour
certains, la décentralisation est un levier du développement
local. Elle est un cadre propice à la participation et à la
planification. Pour d'autres, elle induit la participation des
différents acteurs, ce qui est un facteur de mobilisation de ressources.
Le développement local est lié à la
décentralisation et à la démocratisation, car il implique
l'expression d'opinion et la prise de décision par les
communautés.
De l'avis de SAWADOGO (2001), la
décentralisation est la voie indiquée, sinon la voie
obligée. Elle permet la réalisation d'une synthèse sociale
et offre un cadre approprié pour une bonne gestion et un partage
équilibré des pouvoirs et des ressources économiques.
Pour DABIRE & BICOMBE LOGO (1996), la
décentralisation appelle donc une démocratie de
proximité, c'est un moyen d'impulser le développement local qui
« est
19
une interpellation. Il interpelle tous les acteurs de
développement, au moins pour deux raisons. D'une part, il a pour
ambition de démystifier les approches classiques de
développement, de donner le pouvoir à la base, de promouvoir
l'autopromotion des populations, de libérer les énergies
populaires, de contribuer à l'enracinement de la démocratie et
à la satisfaction des populations locales ; d'autre part, il vise une
transformation profonde des sociétés locales. »
MERCOIRET (1994) écrit que le
développement local « est un processus qui prend naissance à
travers les initiatives des habitants des terroirs organisés pour
opérer des choix responsables, pour créer une dynamique
d'amélioration des conditions locales de vie, et pour défendre
leurs intérêts face au pouvoir public ».
COULMIN (1984), de son coté pense que
« Le développement local ne peut se concevoir qu'avec les
collectivités que la décentralisation a rendues majeures
».
ILBOUDO, DEMBERE, SACKO, AHMADOU, ISSAKA &
ARIGONIMIN ; (1995) estiment que les ressources des
collectivités locales ont sans doute une importance dans la mise en
oeuvre de la politique de la décentralisation. Selon eux, le
développement des collectivités locales appelle d'importantes
ressources financières et des ressources humaines qualifiées.
Pour HASSANE (1999), le développement
local est la conséquence de l'effondrement des modèles de
développement centralisé et des opportunités qu'offrent
les collectivités locales en matière de développement
participatif.
Ce concept de décentralisation a été
aussi abordé par les participants au colloque sur
`'Développement local et Gestion des ressources
naturelles» organisé à Douala au Cameroun en 1998.
Selon eux le développement local peut se définir comme un
processus qui vise à construire un mieux-être des populations
à l'intérieur d'un espace donné, avec une approche
où différents acteurs se rencontrent, échangent et
édifient ensemble un projet de société. Ce colloque a
abordé les acquis et les limites du Management de développement
local en les situant à quatre différents (04) niveaux que sont :
les populations, les ONG, les collectivités locales et l'Etat.
(DABIRE & LOGO ; 1996)
20
Cette expression `'développement local»,
utilisée depuis quelques décennies en France, est d'un usage
récent en Afrique Noire, usage largement impulsé du nord. Le
couplage des deux thèmes `'développement» et `'local»
appelle l'articulation de deux caractéristiques essentielles : la
durée qui doit marquer toute démarche de développement, et
l'espace, c`est à dire le territoire local concerné par cette
démarche. Il a été défini comme `'une intervention
structurée, organisée, à visée globale et continue
dans un processus de changement des sociétés locales en proie
à des déstructurations et des restructurations»
(MENGIN, 1989).
En outre pour la plupart de ces auteurs, la participation
peut être considérée comme socle du développement
local et de la décentralisation. La participation signifie donc
responsabilité des populations dans le processus de décisions
locales. Il faut un minimum d'une telle participation pour que l'aide par
soi-même puisse faire sentir ses effets et être durable. Dans la
plupart des Etats africains, les hommes montrent qu'ils doivent satisfaire
leurs propres besoins vitaux par leur propre initiative locale parce que l'Etat
central n'accomplit plus ses tâches intrinsèques dans un espace
décentralisé comme la commune, espace d'identification important
pour les hommes et berceau de la démocratie.
![](Developpement-local-participatif-dans-un-contexte-de-decentralisation--bilan-de-lexp3.png)
Par contre en matière de démocratie locale,
certaines recherches ont porté sur la participation aux affaires
politiques. C'est le cas des ouvrages tels que : Formes
traditionnelles et contemporaines de participation locale et d'autonomie en
Afrique (K.ADENAUER, 1998) et les pouvoir au village :
le Bénin rural entre démocratisation et décentralisation
(T.BIERSCHENK et J.P. O. de SARDAN, 1998) et l'Etat
africain face à la décentralisation (R. A. SAWADOGO,
2001) qui ont su montrer que le monde rural est marqué par une dynamique
sociale et organisationnelle fondée sur la tradition et qui constitue un
réel atout pour une participation au développement politique
local. Ils ont surtout relevé les formes de participation politique en
Afrique en s'appuyant sur des réalités tangibles dans diverses
localités dans certains pays en l'occurrence au Bénin. Une telle
expérience politique locale devrait selon eux, constituer un ciment pour
l'essor de la promotion du développement économique, social et
culturel de la commune.
21
Nous abondons dans le même sens que ces auteurs car
d'une part sans une responsabilisation et sans la valorisation des
compétences locales, on ne peut parler réellement de
développement local et d'autre part la décentralisation demeure
un cadre propice à la planification participative des actions de
développement à l'échelle locale qu'est la commune, seul
niveau de décentralisation au Bénin.
En résumé, Cette revue documentaire
réalisée ne prétend pas être exhaustive mais n'est
que le lieu de fonder le cadre conceptuel d'un travail sur le
développement local.
![](Developpement-local-participatif-dans-un-contexte-de-decentralisation--bilan-de-lexp4.png)
1.2- Méthodologie de la recherche
En ce qui concerne la méthodologie, après la
revue documentaire (décrite ci- dessus), nous avons pu formuler les
hypothèses et les objectifs de l'étude, élaborer le cadre
opératoire puis définir la stratégie de
vérification.
1.2.1- Hypothèses
Pour mieux orienter notre étude, les trois
hypothèses suivantes ont été formulées :
Les compétences locales existent et participent
activement aux actions de développement communal
L'intervention des partenaires externes et de l'Etat par le
biais des programmes et projets divers est un moyen d'appui à la
consolidation du processus de développement local.
L'approche SNV-Bénin a permis de renforcer les acteurs
locaux dans leur rôle de `'moteur» de développement des
communes et de faciliter l'appropriation du processus technique de la
planification du développement local.
22
1.2.2- Objectifs
1.2.2.1- Objectif général de la
recherche
La présente étude se propose, de faire le bilan
de l'intervention de la SNV-Bénin dans les communes de Cobly et de
Boukoumbé à travers le renforcement des capacités des
acteurs locaux dans le processus de développement local.
1.2.2.2- Objectifs spécifiques
Pour atteindre cet objectif, il s'agira plus
spécifiquement :
- De décrire les différentes catégories
d'acteurs de chacune des communes et d'analyser leur degré de
mobilisation et de participation autour du processus de développement
local ;
- D'identifier et d'analyser les contraintes majeures en
termes de compétences technique et organisationnelle qui freinent le
développement local au niveau des deux communes et d'en dégager
les approches de solutions ;
- De mettre en évidence les opportunités qui
s'offrent aux deux communes à travers les projets et programmes de
développement des partenaires externes et de l'Etat ;
- De faire le bilan de quinze années de
présence de la SNV-Bénin et de mesurer l' impact des actions
menées en terme d'appropriation et d'amélioration des conditions
de développement socioéconomique et institutionnel des
communes.
1.2.3- Résultats attendus
Au terme de cette étude, le mémoire :
- Fera état de la situation des acteurs locaux
(élus locaux, personnels administratifs, différentes
organisations de la société civile, toute la communauté)
et de leur capacité à jouer le <<rôle de moteur
>> dans la gestion du processus de développement local de leur
commune ;
23
- Appréciera le niveau de contribution des partenaires
externes et de l'Etat au développement des deux communes depuis la mise
en oeuvre de la décentralisation ;
- Évaluera les actions des interventions de la
SNV-Bénin à Cobly et à Boukoumbé, leur niveau de
contribution au développement local ainsi que leur impact en termes de
renforcement de capacité des acteurs locaux.
- Enfin fera des propositions soit pour améliorer ou
consolider les acquis soit pour corriger les faiblesses en vue d'une meilleure
performance dans la gestion du processus de développement local.
1.2.4- Cadre opératoire
Pour mieux atteindre les objectifs que nous nous sommes
fixés dans le cadre de notre recherche, la construction d'un cadre
opératoire était nécessaire en ce sens qu'il a permis de
circonscrire et de justifier le choix des variables et des indicateurs en
rapport avec les objectifs spécifiques et les résultats
décrits ci-dessus. Le cadre opératoire nous semble donc un outil
de structuration de la recherche pour faciliter l'élaboration des
variables et indicateurs ayant permis au terme de nos investigations de
confirmer ou d'infirmer les hypothèses annoncées.
Tableau n°01 : Cadre opératoire de
la recherche
Variable dépendante
|
Variables indépendantes
|
|
Indicateurs
|
|
Compétences locales
niveau des communes
|
au
|
- Niveau de compétence du personnel administratif dans
les mairies de Cobly et de Boukombé,
- Qualité du personnel politique par rapport aux enjeux
du développement local
- Nombre d'organisations de la société civile
(OSC) actives dans la commune - Domaines de compétences des OSC
|
|
|
|
|
24
Développement local
participatif dans un
contexte de décentralisation
|
Participation des compétences locales aux actions
de développement de la commune
|
- Niveau d'implication des élus dans le processus de
planification locale
- Degré de contribution des OSC dans la mise en oeuvre
des actions de développement
- Part du budget communal dans le financement des actions mises
en oeuvre
|
|
- Disponibilité des partenaires externes - Domaine
d'intervention des partenaires - Pertinence des appuis externes par rapport aux
priorités de la commune et aux OMD
- Niveau de contribution à l'élaboration et
à la mise en oeuvre de PDC
- Actions de renforcement de capacité
menées/cibles
|
|
- Niveau de subvention accordée
- Niveau de transfert des compétences et des
ressources
- Degré d'appui de la tutelle et des services
techniques
|
|
- Pertinence de l'approche SNV-Bénin - Impacts
socio-économiques &
institutionnels de l'intervention de la SNV - Degré
d'appropriation des outils et technique de planification locale
- Niveau d'appropriation du processus de maîtrise
d'ouvrage autour des infrastructures
- Niveau de mobilisation des ressources externes
|
|
25
1.2.5- Les outils de recherche
Quelques outils ont été utilisés pour
mener à bien cette recherche. Il s'agit entre autre :
Du cadre opératoire qui a permis de déterminer
les variables et les indicateurs de tout le travail de recherche dans la mesure
où il spécifie les éléments à analyser pour
vérifier les hypothèses formulées.
Des questionnaires d'enquête ont été
élaborés à l'intention des différents acteurs au
niveau de chacune des communes (élus locaux, maires, services
administratifs, responsables OSC et des agents de projets)
Des interviews ont été aussi organisées
au moyen de guide d'entretien, auprès des maires, de certains
élus, des chefs services des mairies, des services techniques
déconcentrés, des partenaires externes intervenant dans les
communes.
Des petits ateliers ou focus groupe organisés ont
facilité la participation collective notamment avec des agents des
mairies, des conseillers communaux et les membres des organisations locales
(ONG, associations diverses).
La constitution d'un échantillon raisonné de
personnes ciblées a tenu compte des catégories, du niveau de
responsabilité des acteurs et du rôle exercé au sein des
collectivités locales ainsi qu'il apparaît au tableau
ci-après. Les annexes n°02 à 05, donnent de
plus amples détails sur l'échantillon de personnes
rencontrées.
Tableau n°02 : Caractéristique de
l'échantillon d'enquête
Catégorie de personnes / structures
|
Nombre identifié
|
Nombre rencontré ou ayant rempli la fiche
|
Pourcentage (%)
|
Maires
|
2
|
2
|
100%
|
Elus locaux (conseillers)
|
26
|
16
|
64%
|
Chefs services des
mairies
|
21
|
14
|
66,6%
|
Responsables des
organisations de la société civile
|
20
|
15
|
75%
|
|
26
Partenaires / projets /
services déconcentrés de l'Etat
|
18
|
10
|
61%
|
Personnel de la SNV
|
05
|
05
|
100%
|
total
|
92
|
62
|
67,40%
|
|
L'ensemble des outils, questionnaires d'enquêtes et guides
d'entretien sont en annexe n°01 (a - h) du présent
mémoire.
1.2.6- Le traitement des données et la
rédaction du rapport
Les résultats issus des entretiens et du
dépouillement des questionnaires remplis sont traités au moyen
d'outil informatique notamment le logiciel Excel qui a facilité
l'élaboration de la plupart des tableaux . Lesquels outils ont permis la
collecte des données. Il a ensuite fallu en faire
l'interprétation et l'analyse dont les résultats sont l'objet du
présent mémoire.
De manière générale, ce 1er
chapitre a permis de mieux appréhender le cadre théorique dans
tous ses aspects et d'élaborer une méthodologie qui
détermine les orientations spécifiques et le champ de la
recherche en lien avec le contexte et les spécificités du milieu
des communes dont nous présentons, les situations
géographiques.
27
Chapitre II - Caractéristiques
générales du milieu d'étude
Ce chapitre présente les deux communes dans leur
environnement physique et socio- économique à travers le relief,
la végétation, l'hydrographie, l'organisation de la population,
les potentialités économiques, ainsi que les contraintes
naturelles de développement du milieu.
2.1- Cadre physique
2.1.1- Situation géographique
Les Communes de Boukombé et de Cobly avec
respectivement une superficie de 1036 km2 et 825 km2, sont situées
toutes deux au nord-ouest du Bénin, dans le Département de
l'Atacora (voir cartes : annexes n° 06, a-c). Elles font
partie d'une zone à risque à cause de la gravité des
contraintes naturelles et des déficits récurrents de la
production alimentaire.
Cobly, est limitée au nord par la Commune de
Matéri, au sud par la Commune de Boukombé, à l'est par
celle de Tanguiéta et à l'ouest par la République du Togo.
Elle contient 26 villages répartis dans quatre arrondissements à
savoir : Cobly, Tapoga, Koutori et Datori.
Quant à Boukombé, elle est subdivisée en
sept arrondissements où sont répartis 71 villages. Les communes
de Tanguiéta/Cobly, Natitingou et Toucountouna et la République
du Togo, l'entourent respectivement au Nord, au Sud, à l'Est et
l'Ouest.
2.1.2- Relief
Boukombé se présente comme une vaste
pénéplaine reposant en grande partie sur les séries de
Kandé-Boukoumbé et bordée à l'Ouest par celle de
Buem. Les reliefs sont orientés Nord-sud avec à l'Est le dernier
maillon de la chaîne de l'Atacora. Le relief de Boukombé
escarpé est dû à la chaîne de l'Atacora.
Cobly est situé dans la pénéplaine du
Gourma qui s'étend sur le Togo et le Burkina Faso et dont l'altitude
varie de 200 à 300 mètres. Les chaînons montagneux de Cobly
vers Manta, de Cobly vers Korontière et de Kountori vers
Korontière traversent et divisent cette pénéplaine en
quatre franges. A ces chaînons s'ajoutent quelques dômes
d'amphibolites et d'orthogneiss parsemés dans la région. Bien que
située
28
hors de son territoire, la chaîne montagneuse de
l'Atacora qui atteint par endroit plus de 500 mètres d'altitude, isole
Cobly du reste du Département.
2.1.3- Climat et hydrographie
Le climat est de type soudano-guinéen avec une saison
sèche allant de novembre à avril et une saison pluvieuse de mai
à octobre. La température moyenne est d'environ 27°C avec
des variations de 17°C à 35°C. Elle connaît de fortes
amplitudes thermiques, surtout pendant l'harmattan.
Les précipitations, d'une hauteur moyenne de 1.000 mm
par an, sont irrégulièrement réparties tout au long de la
saison pluvieuse, ce qui constitue une entorse pour l'agriculture. De
façon générale, les pluies commencent à s'installer
en mars, s'affirment progressivement d'avril à août où leur
intensité baisse jusqu'en octobre. Elles se sont prolongées,
selon CeRPA-Atacora, jusqu'au mois de novembre en 2003 et 2004. De nombreux
petits cours d'eau saisonniers alimentent les deux Communes et tarissent en
général entre Décembre et Mars. La morphologie de la
région en forme de plaine explique l'absence de grands cours d'eau.
2.1.4- Sol, flore et faune
La majorité des sols de la région appartient
à la classe des sols ferrugineux tropicaux lessivés
caractérisés par une faible teneur en matière organique,
une texture sableuse, une structure particulière et sensible à
l'érosion. Les principales propriétés de ces sols et leur
évolution sont influencées par la topographie assez
tourmentée et par la nature de la roche sous jacente.
Les sols hydro-morphes dans les bas-fonds ont encore un bon
potentiel de fertilité et justifient une meilleure valorisation à
travers des aménagements.
Le couvert végétal a subi une forte
dégradation anthropique à travers l'exploitation agricole et les
feux de brousse. La végétation est une savane arborée et
arbustive. En dehors de quelques bois sacrés, on observe de petites
"forêts galerie» le long de certains cours d'eau.
La faune n'est pas non plus épargnée par
l'action humaine. Aujourd'hui la plupart des espèces ont disparu. Ce qui
reste de la population faunique est constitué essentiellement de rares
herbivores (biches), de quelques omnivores (singes, phacochères..), de
rongeurs (agoutis, lapins, rats) et d'oiseaux (perdrix, pintades
sauvages...).
29
2.2- Cadre humain
2.2.1- Population
Selon le troisième Recensement Général
de la Population et de l'Habitat (R.G.P.H3) de 2002, la population de Cobly est
de 46.660 habitants avec un taux d'accroissement de 2,8% par an, une
densité de 57 habitants au km2 et le nombre de ménages
estimé à 7.065, soit environ 7 personnes par ménage. On
dénombre huit ethnies essentielles: les Bèberbè (70%), les
Gangamba, les Kountémba, les Gourmantché, les
Bètammaribè, les Tchokossi, les Peulh et les Dendi.
Quant à la répartition par âge, la
population est très jeune, avec plus de 83% de personnes
âgées de moins de 40 ans. La population active, celle
âgée de 15 à 60 ans, constitue 48% de l'effectif total dont
23% d'hommes et 25% de femmes.
Du coté de Boukoumbé, la population est de
60.568 habitants avec 29.523 hommes et 31.045 femmes. Quant à la
répartition par âge, la population est très jeune, avec
plus de 49,14 % de personnes âgées de moins de 40 ans. La
population active, celle âgée de 15 à 60 ans, constitue
18,03 % de l'effectif total dont 48,74 % d'hommes et 51,25 % de femmes.
L'ethnie Otammari est majoritaire à 92,4% de la population. Les autres
ethnies minoritaires représentent 7,6% et sont composées de :
Lamba, Gangamba, Bèrbè ou Yindé, Djerma , Peulh, Fon,
Yoruba, Cotocoli.
Cette diversité des peuples et des langues pose le
problème de communication au sein des communautés. Ainsi la forte
hétérogénéité de la population dans les deux
communes entraîne souvent l'inexistence de l'intercompréhension
entre les peuples, ce qui peut nuire à la solidarité et à
la coopération intercommunales.
2.2.2- Relations entre hommes et femmes
L'intérêt des relations entre les hommes et les
femmes découle de la place qu'occupe la femme dans la commune de
Boukoumbé et de Cobly (plus de 50% de la population). Les besoins des
femmes sont moins individuels que collectifs; ils sont inspirés par les
aspirations de toute la société qui exige d'elles une importante
contribution au mieux-être de la communauté de point de vue de la
santé de la famille, de l'alimentation et de l'accroissement du revenu
pour la famille, etc.
30
La société lui reconnaît son rôle
de pilier dans la promotion du bien-être intégral de la famille et
même de la collectivité, non seulement à travers les
activités économiques, mais aussi à travers sa
contribution dans les activités productives des secteurs clés de
l'économie comme l'agriculture, la transformation et le petit commerce.
Les récentes études sur la pauvreté genre
spécifique dans ces communes (SNV-Bénin, 2003) ont montré
que 72,4% des ménages sont pauvres mais l'incidence de pauvreté
est plus élevée dans les ménages dirigés par les
hommes (77,2%) que dans ceux dirigés par les femmes (60,2%).
Dans le secteur agricole, la femme pratique les
spéculations comme le voandzou, le niébé, le soja, le
sésame, le riz et les cultures maraîchères de saison
pluvieuse. La culture du coton qui est la plus rémunératrice
revient quasi exclusivement aux hommes. Les femmes s'investissent aussi dans
l'élevage des animaux à cycle court (petits ruminants, porcins,
volailles). Quelle que soit la capacité financière de la femme,
elle ne peut avoir directement à charge l'élevage du gros
bétail. Le bovin, propriété d'une femme est souvent
attribué à un de ses frères qui pourra en assurer la
gestion.
Elles sont aussi très dynamiques dans la
transformation des produits agricoles et leurs dérivés.
L'activité de transformation valorise les technologies alimentaires
traditionnelles, un savoir-faire endogène transmis de
génération en génération au niveau des femmes. Dans
le secteur commercial où la contribution des femmes est à la fois
visible et prépondérante dans la commune, celles-ci dominent les
circuits de distribution de produits vivriers, manufacturés et de
transformation.
Globalement, la participation des femmes aux activités
économiques dans la commune de Boukoumbé est
prépondérante.
Sur le plan de la participation de la femme aux structures de
prise de décision, il faut signaler qu'elle est encore très
faible autant dans les structures traditionnelles que dans le domaine
politique. Les deux conseils communaux sont quasiment constitués
d'hommes sauf à Cobly où la seule femme conseillère sur
les 11 occupe le poste de de 2ième Adjoint au maire. Mais avec les
actions de renforcement des capacités des différentes structures
d'appui et projets, elles ont acquis de plus en plus de confiance en soi qui
leur permet de valoriser davantage leur contribution au bien-être de la
collectivité et de relever les conditions de vie de la famille
grâce au rôle dynamique
31
qu'elles jouent dans les groupements ou diverses associations
de solidarité et d'entraide tels que UFeDEB, TIKONNA à
Boukoumbé et le Centre d'Echange des femmes de Cobly.
2.3- Potentialités économiques des deux
communes
2.3.1- Potentiel agricole et ressources animales
Les activités agricoles sont centrées sur les
productions du maïs, du sorgho, de petit mil, du riz, des
légumineuses (arachides, haricots, voandzou) et des tubercules ainsi que
du fonio et de la culture de coton qui prend de plus en plus d'ampleur depuis
son introduction en 1995-1996. Dans ces deux communes, l'agriculture constitue
avec l'élevage la principale source de revenu des paysans. Les deux
communes se singularisent par l'importance de la production de petits ruminants
et de porcins qui contribuent pour 11,3% à la formation des revenus
provenant de l'agriculture et de l'élevage.
Tableau 03 : Production agricole (en Tonnes)
des 5 dernières campagnes, 2001 à 2006
|
Céréales
|
Légumineuses
|
Tubercules
|
Coton
|
|
Sorgho/mil
|
Riz
|
fonio
|
arachides
|
voandzou
|
niébé
|
ignames
|
manioc
|
patates douces
|
|
Cobly
|
27394
|
21515
|
6820
|
1260
|
6112
|
3323
|
10435
|
114546
|
17361
|
4656
|
33673
|
Boukoumbé
|
6647
|
25765
|
19465
|
5909
|
3357
|
5725
|
7181
|
42164
|
1236
|
6416
|
11074
|
|
Sources : CeRPA Atacora-Donga
Tableau 04 : Production animale et
estimation des générés de 1996 à 2001 dans les deux
communes ; (Production animale en nombre de têtes, valeur en FCFA au prix
local)
Espaces animales
|
Cobly
|
Valeur
|
|
|
|
Boukoumbé
|
Valeur
|
|
|
Bovins
|
10 000
|
650
|
000
|
000
|
|
|
1
|
040
|
000
|
000
|
Ovins
|
13100
|
131
|
000
|
000
|
|
|
|
216
|
000
|
000
|
Caprins
|
15100
|
125
|
000
|
000
|
|
|
|
286
|
350
|
000
|
Porcins
|
3780
|
36
|
855
|
000
|
|
|
|
62
|
400
|
000
|
Total An
|
|
943
|
185
|
000
|
|
1
|
604
|
750
|
000
|
|
|
Sources : LARES : calcul fait sur la base des données du
MDR et des prix relevé de l'ONASA
32
Il faut noter cependant que malgré leur production,
ces deux Communes font partie de la zone considérée `'zone
à risque» à cause du poids des contraintes naturelles et des
déficits récurrents de la production alimentaire. Cette
précarité alimentaire est due en général à
la faiblesse de la production agricole dans la zone. En effet selon une
étude du Laboratoire d'Analyse Régionale et d'Expérience
Sociale (LARES) réalisée en 2001, la production
céréalière disponible par tête d'habitant est
estimée à 133 kg et celle des racines et tubercules à 450
kg /tête. Ce qui est inférieur aux moyennes nationales qui sont de
1 80kg/tête pour les céréales et 500kg/tête pour les
racines et tubercules. Bien qu'il n'y ait plus de déficit marqué
ces cinq dernières années, les disponibilités sont
critiques par rapport aux besoins de consommation de ses produits. La
précarité de la situation alimentaire s'explique donc par le fait
que c'est le produit agricole qui constitue la principale ressource alimentaire
et monétaire disponible alors qu'il ne couvre que 10,7% des besoins de
consommation en céréales et 13,6% de ceux en racines et
tubercules.
Néanmoins les informations recueillies du
CeRPA-Atacora, indiquent que la production agricole depuis 2003 offre une
quantité satisfaisante pour l'autosuffisance alimentaire des deux
communes malgré la spéculation due à la forte exportation
des produits vers les autres localités notamment Cotonou.
2.3.2- Potentiel touristique
Le potentiel touristique de ces deux communes est
caractérisé essentiellement par les chaînes de l'Atacora
qui offrent aux touristes et autres randonneurs, des paysages pittoresques pour
les passionnés des sensations fortes, de l'harmonie avec la nature
à travers des chutes et cascades. L'habitat Otamari avec ses
châteaux aux multiples fonctions notamment à Boukoumbé,
constitue également un produit touristique très attractif et
attrayant.
2.4- Contraintes majeures du développement des deux
communes
Il s'agit surtout des contraintes naturelles liées
essentiellement à l'enclavement dû à l'orographie, à
la faible disponibilité en eau et à l'exiguïté des
sols cultivables doublés de leur très forte dégradation
dans ces deux communes. L'orographie constitue un handicap majeur à la
solidarité en ce sens qu'elle rend difficile l'accessibilité des
localités. Mais cet isolement est aussi dû à la dispersion
de l'habitat liée elle-même entre autres, à la
rareté des points d'eau, à l'exiguïté des terres
cultivables et aux
33
pesanteurs sociologiques. Les villages sont situés sur
des piémonts où les ressources en eau de surface sont très
faibles et les eaux souterraines très profondes notamment à
Boukombé.
Ces contraintes naturelles ont été l'une des
principales causes de la famine qu'a connu la région dans les
années 1930 et 1960 et ayant amené les autorités
administratives à organiser des migrations de population vers Bassila
Les autres contraintes auxquels se trouvent confrontés
les deux communes sont entre autres :
· L'Enclavement des villages avec
défectuosité des pistes de desserte rurale ;
· La Contrainte foncière liée à la
faible disponibilité des terres cultivables d'où la tendance vers
la désertification ;
· La Dispersion de l'habitat ;
· L'émigration et le déficit en main d'oeuvre
;
· La faiblesse des ressources mobilisées et leur
mauvaise utilisation ;
· Le sous-équipement comme facteur de
dysfonctionnement local ;
· La précarité de la situation alimentaire
due à la faiblesse de la production agricole de la zone ;
· L'insuffisance des infrastructures de base tels que
points d'eau, salle de classes, ouvrages d'assainissement ;
· L'insuffisance de personnel enseignant et sanitaire.
Somme toute, les communes de Cobly et de Boukoumbé se
trouvent dans une région dominée par la chaîne de l'Atacora
offrant ainsi d'énormes potentialités touristiques pour le
développement de la localité. Mais les contraintes
identifiées nécessitent d'être maîtrisées
à travers les efforts conjugués de l'ensemble des acteurs locaux
dont nous analysons les capacités dans le chapitre ci-après.
34
DEUXIEME PARTIE
DEVELOPPEMENT LOCAL PARTICIPATIF
35
DANS LES COMMUNES DE COBLY ET DE BOUKOUMBE
Chapitre III - Etat des lieux des compétences
locales
Ce chapitre vise à présenter les
différents acteurs de chaque commune tant institutionnels que de la
société civile impliqués dans le processus de
développement local. Il sera beaucoup question d'analyser au regard des
dispositions légales, leur organisation et leur capacité
réelle à assumer la mission de développement de leur
commune.
3.1- Etat des acteurs en présence
3.1.1- Du personnel administratif
L'observation et les enquêtes menées au niveau
des Communes de Cobly et de Boukoumbé, montrent que le personnel des
deux mairies est composé en majorité d'agents d'exécution
appelé `'préposés de services» de catégorie C
et D (niveau BEPC) et d'agents de catégorie inférieure E, F
(niveau CEPE) dans une proportion de 68% et de 90% de l'effectif,
respectivement pour Cobly et Boukoumbé.
Ce personnel, hérité des anciennes
Sous-préfectures est aussi vieillissant (près de 40%). Avec un
niveau d'instruction assez bas, ce personnel est limité souvent dans ses
capacités à prendre des initiatives, donc inadapté aux
exigences de la décentralisation et du développement local. Les
deux maires déplorent l'état de leur personnel administratif et
sont unanimes pour dire qu'ils n'ont pas les ressources humaines capables de
les accompagner dans leur mission de développement.
Tableau n°05 : Catégorisation du
personnel administratif des mairies
Commune de Cobl
Catégorie
|
Effectif
|
%
|
A
|
0
|
0,00
|
B
|
3
|
13,64
|
C
|
3
|
13,64
|
D et E
|
15
|
73,72
|
Total personnel
|
21
|
100%
|
|
Source : enquête novembre 2006
Commune de Boukoum bé
Catégorie
|
Effectif
|
%
|
A
|
0
|
0,00
|
B
|
2
|
6,25
|
C
|
0
|
0,00
|
D et E
|
29
|
93,75
|
total personnel
|
31
|
100%
|
|
Au plan des conditions de travail, le matériel est
obsolète et ne répond plus aux normes d'une administration
moderne. Dans les deux cas, l'insuffisance de fournitures de bureau, de
matériel informatique, de moyens de communication, de
36
matériel roulant et l'absence du statut du personnel
ne permettent pas aux mairies de tendre vers une administration orientée
sur le développement malgré la volonté affichée des
deux maires. Les ordinateurs (5 par commune au moins) disponibles ne sont pas
utilisés efficacement parce que souvent en panne faute de maintenance ou
abandonnés à la poussière. Pis, le personnel dans sa
grande majorité n'a aucune notion de l'outil informatique.
Dans ces conditions, il s'agit évidemment d'une
insuffisance de personnel aussi bien en qualité qu'en quantité et
des conditions de travail inadéquates pour ces collectivités
locales dans un contexte de décentralisation. Bien qu'il y ait un effort
de création de services par arrêtés des maires et suivant
l'organigramme type proposé par PRODECOM, on note en
général la présence d'un seul agent par service qui doit
être au `'four et au moulin `' au lieu de deux au moins par
rapport à la densité du travail à faire et aux
compétences requises par les nouveaux cahiers de charge des services des
mairies. (Voir organigramme type de mairie en annexe
n°07)
Tableau 06 : Les services de la mairie et leurs
attributions
Ordre
|
Services
|
Attributions
|
1
|
Secrétariat particulier (SP)
|
Travaux de secrétariat à caractère
confidentiel/secret de la mairie
Gestion du courrier personnel de maire Gestion de l'audience du
maire
|
2
|
Service des Affaires générales (SAG)
|
Secrétariat administratif
Ressources humaines
Police administrative et tutelle
Affaires sociales, sanitaires, culturelles et religieuses
|
3
|
Service des Affaires domaniales et environnement (SADE)
|
Affaires foncières et domaniales Sauvegarde de
l'environnement
|
4
|
Service des Affaires financières (SAF)
|
Suivi des dépenses et du matériel
Développement des recettes
|
5
|
Service des Chiffres et de la Transmission (SCTr)
|
Déchiffrage et Transmission des messages codés
Transmission et réception des messages radio
|
6
|
Service de Développement local et de la Planification
(SDLP)
|
Suivi de plan de développement communal Promotion
économique et Coopération
|
7
|
Service de l'Etat civil et de la Population (SECP)
|
Etablissement des actes d'état civil Suivi de
l'évolution de la population
|
8
|
Service de l'Information, de la Communication, des archives et
de la Documentation (SICAD)
|
Gestion de l'information Communication interne et externe de la
mairie
Archivage et conservation des documents des communes
|
9
|
Service Technique (ST)
|
Réalisation des études
Suivi et contrôle des travaux de construction e Gestion
de la logistique (matériels, fournitures de bureaux et
équipement
|
|
Source : document de description des tâches des services
de la mairie
37
Face au déficit du personnel en qualité et en
nombre pour s'acquitter des tâches que nécessite le fonctionnement
des services ci-dessus présentés, les maires souhaitent
aujourd'hui recruter du personnel mieux qualifié pour dynamiser leur
administration. Ainsi les services clés tels que ST, SDLP; SAF ne sont
mis en place que depuis deux ans. Mais ils connaissent malheureusement une
instabilité permanente du fait des démissions en cascade de
certains agents pour diverses raisons soit pour incompétence soit
insatisfaits des conditions de travail. Ce qui constitue un handicap
sérieux à l'amélioration de la performance de
l'administration. En quatre ans, le Secrétariat général de
Cobly n'a fonctionné normalement que durant 12 mois tandis qu'à
Boukoumbé, c'est la vacance de poste au niveau du ST et du SDLP mis en
place seulement début 2006.
Cependant, on remarque de plus en plus que les services
clés sont progressivement dotés de personnel plus ou moins jeune
avec une formation de base acceptable (BAC+2). Ce personnel a besoin de session
de recyclage et de formation sur diverses thématiques spécifiques
relevant de la gestion de l'administration et des aspects du
développement communal. Malgré la série de formations
organisées depuis quatre ans par les structures d'appui à la
décentralisation (MCL et MD) et par de nombreux partenaires, la
performance des mairies n'est pas encore assez satisfaisante. Les agents sont
formés mais n'en tirent rien, ils n'améliorent guère leur
prestation du fait du faible niveau de qualification de la plupart d'entre eux.
Ils connaissent peu le développement local. La formation serait donc
inutile si le niveau de base n'est pas appréciable. Car le renforcement
de capacité exige un minimum de connaissance de base au
départ.
En résumé les deux administrations fonctionnent
mal du fait des tares de l'ancienne pratique et du personnel aux
compétences peu adaptées à la décentralisation. Les
défis à relever pour être à la hauteur d'une
administration de développement sont donc les suivants :
· recycler le personnel nouveau pour les tâches
nouvelles, ce qui demande non seulement des capacités techniques mais
une modification des attitudes ;
· avoir du personnel ayant un niveau de qualification
adéquat ;
38
· créer un cadre de travail propice ;
· élaborer une bonne politique de gestion des
ressources humaines fondée sur la motivation, la gestion axée sur
les résultats et la rigueur ;
· améliorer la communication interne et externe.
Il faut peut être envisager aussi, la
possibilité de former des agents dans des centres
spécialisés en gestion territoriale par exemple. Une formation de
3 à 6 mois serait une approche de solution à ce problème.
Mais, d'après certains élus « ces agents voudront y
aller pour améliorer leur salaire et non pour induire des changements
dans leur manière de servir la commune »
Autant de pistes à prendre en compte dans la
résolution progressive de cet épineux problème de la
gestion des ressources humaines. Car dans les administrations communales, les
capacités des cadres communaux doivent être prises au
sérieux par les élus locaux et constituer une priorité de
manière à leur permettre de jouer un rôle moteur dans les
actions de développement.
39
3.1.2- Du personnel politique
L'observation du tableau sur la situation
socioprofessionnelle des élus locaux, (annexe
n°08), montre que le niveau d'instruction moyen est le CEPE. Le
niveau des maires de Cobly (BAC/instituteur) et de Boukoumbé
(CAP/instituteur), se situe bien au-dessus des exigences de la loi qui prescrit
comme seule obligation que le maire sache lire, écrire et parler le
français. Au plan professionnel, on remarque qu'ils sont en
majorité 75% agriculteurs et agents de développement rural, et
25% instituteurs, agents de police ou fonctionnaires de l'administration. A
Cobly, près de 70% des conseillers, sont d'anciens animateurs de projets
(1ers et 2ème Adjoints par exemple) et le maire
lui-même fut pendant plus de dix ans, président de l'association
de développement de sa commune. Avec ce niveau minimum de la
majorité des conseillers, doublé de l'expérience
professionnelle, les deux communes semblent disposer de compétence au
sein de leur conseil communal respectif pour conduire la mission de
développement local. Ce sont des personnes qui ont une forte
connaissance de leur milieu et une maîtrise de la problématique de
développement de leur localité.
Mais du point de vue de `'genre», l'absence presque
totale de femmes est déplorable au sein de cet organe important de
décision politique au niveau local. Si à Boukoumbé, le
conseil communal est constitué uniquement d'hommes, à Cobly la
seule femme présente occupe le poste non moins important du
2ième adjoint au maire avec comme responsabilité
assignée, le suivi de la mise en oeuvre des actions de
développement et la promotion du statut de la femme dans la commune.
En matière de maîtrise de leur rôle et
responsabilité, la plupart des élus locaux avouent ne pas
connaître parfaitement le contenu des textes sur la
décentralisation bien que tous les documents soient mis à leur
disposition et que des formations soient organisées à leur
intention depuis 4 ans. Cette situation constitue un frein à
l'accomplissement correct de leur mission. Une difficulté qui s'explique
par la faible capacité d'organisation et de planification et par le
faible niveau d'instruction des élus. Selon le 1er Adjoint de
Cobly,
40
`'Nous ne pouvons pas dire que la capacité
intellectuelle minimale nous manque au sein du conseil communal .Notre
difficulté est moins un problème de niveau que de capacité
d'organisation, de management des ressources humaines et de faible
compétence du personnel administratif ». ()
Par contre pour le SG de la mairie de Boukoumbé
`'Le niveau d'instruction général des
conseillers ne facilite pas des débats ouverts et pertinents sur des
sujets importants lors des sessions du Conseil communal. Au lieu des
discussions franches et sincères, on assiste à des crises
d'humeurs ou à des interprétations trop subjectives et
égoïstes sur des questions essentielles. C'est un véritable
problème que nous vivons à ce niveau-là...''')
Du point de vue du fonctionnement interne, les deux conseils
communaux tiennent régulièrement leurs sessions annuelles
réglementaires. Les sessions extraordinaires et les réunions de
municipalités se font également conformément aux textes.
Un règlement intérieur existe au niveau du conseil. Il faut noter
que les actes pris sont souvent soumis à la tutelle pour
vérification de conformité. Quant aux commissions permanentes,
elles existent réellement mais ne fonctionnent pas pour des raisons de
faible compétence et de non-maîtrise des rôles par les
membres qui les composent. Mais la loi recommande aux communes de solliciter en
cas de besoin les cadres des services déconcentrés pour
assistance et l'appui-conseil. Ce qui ne se fait malheureusement pas.
Tableau n°07 : Fonctionnement des CC de
2003 à 2006
Communes
|
Nbre de sessions ordinaires du CC
|
Nbre de
sessions extraordinaires du CC depuis
|
Présence effective
des conseillers
|
Nbre de
réunions de municipalité depuis
|
Nbre d'arrêtés pris
|
Nbre
d'actes rendus illégaux
|
|
depuis
2003
|
2003
|
|
2003
|
|
par la
tutelle
|
Boukoumbé
|
12
|
14
|
90%
|
irrégulier
|
62
|
03
|
Cobly
|
14
|
04
|
90%
|
27
|
63
|
01
|
|
Source : Secrétariat général de Cobly et de
Boukoumbé
Bien qu'on note une harmonie au sein des CC et un
fonctionnement correct en termes de régularité des
réunions et de respect des textes, il n'en demeure pas
41
moins que des problèmes de capacité et de
compétence se posent avec acuité au niveau des élus
locaux.
3.2- Des Organisations de la Société civile
(OSC)
3.2.1- Société civile : définition et
caractéristiques
La notion de `'Société civile» fait partie
du discours politique depuis plusieurs années. Utilisée dans le
cadre de la coopération au développement, on en parle au
Bénin de plus en plus dès l'avènement du renouveau
démocratique en 1990. Mais la société civile est un
ensemble complexe c'est-à-dire un concept qui crée beaucoup de
controverses et de polémiques parce que difficile à
définir
Afin d'éviter de s'enliser dans des
considérations académiques et pour trouver un compromis
opérationnel par rapport au développement local, on peut retenir
simplement que la société civile est l'ensemble des institutions
(associations, organisations, alliances etc..) à but non lucratif,
librement constituées, indépendantes du politique et de
l'administration publique, et dont le but n'est pas la conquête ou
l'exercice du pouvoir politique, mais la défense des
intérêts des citoyens et de la société en
général. La société civile joue
précisément un rôle de contre pouvoir par rapport aux
gouvernants. Dans ce cadre, elle a vocation à défendre les
intérêts des citoyens, à influencer les processus de
décision et à promouvoir la participation des couches
défavorisées ou marginalisées à la gestion des
affaires publiques. C'est un espace autonome de gouvernance et
d'auto-gouvernance où certaines fonctions publiques lui sont
dévolues par les règles politiques en vigueur. Cette
liberté d'action concerne aussi bien les citoyens que les organisations
qui du reste sont soumis aux lois et règlements en vigueur.
On peut appréhender plus explicitement le rôle
des OSC à travers ce point de vue de IGUE (1999) qui pense que
»les ONG fonctionnent comme des structures de relève pour les
fonctions abandonnées par l'Etat ou qu'il est incapable
d'assumer....» Cette assertion rejoint celle de Sawadogo (2001) selon
laquelle,
`'La décentralisation, étant un facteur de
valorisation de l'espace, oblige les organisations de base à de
profondes adaptations pour rester dans la compétition. Les
collectivités locales cessent de plus en plus d'être de
42
`'simples supports anonymes pour le développement
économique Ils
deviennent de plus en plus des espaces d'identification
et de mémoire susceptible de porter des projets». Les populations
sont donc une société civile organisée et
structurée capable de faire des choix de développement aux
cotés des administrations décentralisées»
Les principaux types d'OSC sont entre autres :
o les organisations paysannes (OP)
o les organisations communautaires de base
o les associations et coopératives diverses
o les ONG et les fondations o les organisations
faîtières
o les syndicats et leurs centrales
o les communautés religieuses et chefferies
traditionnelles
o les médias, les intellectuels
Au Bénin le texte de base régissant les OSC est
la loi de juillet 1901. Celle-ci remontant à la période
coloniale, ne concerne en principe que les associations. Elle ne prend donc pas
en compte les spécificités des ONG, d'apparition récente
(début de années 90) au Bénin. Pour combler cette
insuffisance, l'avant-projet d'une nouvelle loi a été
élaboré et soumis à l'avis de la Cour suprême. En
attendant, le décret n° 2001-234 du 12 juillet 2001 fixe les cond
itions d'existence et les modalités de fonctionnement des ONG et de
leurs organisations faîtières, comblant ainsi progressivement le
vide juridique constaté.
3.2.2- OSC dans le contexte de Cobly et de
Boukoumbé
D'après les résultats de l'étude sur les
OSC dans l'Atacora-Donga réalisée par la SNV-Bénin, (2004)
et confirmés par notre propre enquête, il existe principalement
trois catégories d'organisations de la société civile qui
émergent dans les communes de Cobly et de Boukoumbé. Il s'agit
:
- des organisations Non Gouvernementales (ONG) locales. Elles
sont en moyenne trois par Commune, reconnues actives et n'ont que 4 à 5
ans d'existence. Leurs atouts se résument à :
43
· l'action de proximité et le contact
étroit avec la communauté à la base ;
· la capacité d'identification des besoins
pertinents des communautés ;
· la bonne connaissance du milieu et le savoir-faire local
;
· l'aptitude à favoriser et à promouvoir la
participation populaire et citoyenne au niveau de la commune.
- des organisations locales que sont les Associations de
Développement, l'Union Communale des Producteurs de Coton (UCPC) ainsi
que des Associations de femmes comme TIKONNA et UFeDEB à
Boukoumbé et le Centre d'Echange des Femmes de Cobly.
- Et enfin des organisations de niveau micro (village ou
arrondissement), notamment les groupements de femmes présents dans
presque tous les arrondissements, les groupements villageois (GV) au nombre de
30 à Cobly et de 26 à Boukoumbé qui constituent un creuset
de rassemblement pour les producteurs de coton supervisés par le CCPC en
tant que structure fédératrice.
Cette diversité est un atout majeur pour les communes
et ces OSC constituent de potentielles alliées
expérimentées pour les autorités locales et les
partenaires impliqués dans l'appui au développement local.
En ce qui concerne leur légalité, la plupart des
organisations communales identifiées sont officiellement reconnues. Donc
leur existence ne pose pas de problème ; leur vision et mission bien que
définies pour près de 2/3 d'entre elles, restent à
clarifier et à préciser. Bien qu'elles avouent être
structurées parce que disposant d'organes tels que le conseil
d'administration, la direction exécutive et l'assemblée
générale et autres, leur fonctionnement souffre pour la plupart
de manque de transparence dans la gestion et la prise de décision. Les
organes existent plus sur papier que dans la réalité et comme le
confirme un des conseillers de Cobly `'certaines ONG ou associations
n'existent que pour leurs fondateurs qui en font leur chose au mépris
des normes établies. Pour certaines, le siège n'est nulle part
ailleurs que dans leur chambre à coucher...''.
Du point de vue partenariat local, il n'existe pas un cadre
formel d'échanges. Elles devront donc créer un cadre de
concertation entre elles d'une part et avec les mairies d'autre part pour
échanger et bénéficier d'autres expériences qui
pourront
44
leur permettre de voir autrement les choses et de saisir des
opportunités en matière d'appui aussi bien technique que
financier pour devenir des acteurs incontournables dans le processus de
développement local. Elles peuvent aussi assister les citoyens en
étant le porte-parole de leur préoccupation vis-à-vis du
conseil communal, garant du développement local et en faisant pression
sur les communes pour qu'elles travaillent et rendent compte de leur action de
façon transparente.
Les OSC repérées à l'issue de nos
enquêtes sont celles reconnues relativement `'entreprenantes» et
dont le niveau d'engagement dans les actions de développement local sont
autant appréciées par les autorités administratives que
par certains partenaires. Mais pour mieux réussir leur mission, les
institutions de la société civile doivent respecter les
règles de gouvernance démocratique concernant leur fonctionnement
interne, défendre les intérêts de leurs membres et
contribuer au développement social, économique et culturel
durable des communautés.
Les détails sur les OSC dans les communes de Cobly et de
Boukoumbé se trouvent dans le tableau à l'annexe
n°09
3.2.3- Domaines de compétences des OSC
Cinq domaines d'intervention prioritaires ont été
retenus après dépouillement des questionnaires. Il s'agit de :
1. l'environnement et l'assainissement ;
2. la santé ;
3. l'éducation/alphabétisation ;
4. les activités génératrices de revenu par
les femmes notamment la micro- finance;
5. l'agriculture et l'élevage.
Pour les membres du Conseil Communal interviewés, ces
domaines sont prioritaires pour le développement de la Commune eu
égard aux programmes retenus dans les PDC. Ils apprécient bien la
pertinence du travail de certaines ONG et autres OSC au profit des
communautés.
Près de 90% des ONG interviennent dans au moins trois
domaines d'activités à la fois, ce qui ne cadre pas souvent
avec leur propre objectif de développement. `' Les
45
ONG sont partout, elles veulent tout faire à la fois
pourvu que ça leur rapporte de l'argent...». (CAMBIA
Christophe, 2ième Adjoint /
Boukoumbé)
De manière générale, l'image des ONG dans
ces communes reste moins celle d'acteur de développement que de
prestataire de service pour la commune et les bailleurs de fonds. La plupart de
ces ONG sont actives dans l'intermédiation sociale et ne disposent
généralement pas de ressources propres à investir.
L'expérience de vie associative notamment celle des ONG
révèle de nombreuses faiblesses et insuffisances qui peuvent se
résumer, entre autres :
· au manque de spécialisation, tendance à
tout embrasser ;
· à l'insuffisance de capital social et de
compétences techniques pour honorer leur engagement vis à vis des
intervenants ;
· à l'inexistence de plan de développement
opérationnel propre. Elles fonctionnent pour la plupart sur la base de
l'offre des partenaires et non par rapport à leur programmes et
activités propres réellement menés ;
· à l'incohérence entre activités
menées et objectifs de l'ONG ;
· une faible capacité à analyser les
stratégies en matière de développement et à
identifier les enjeux ;
· à une faible représentativité et un
faible ancrage dans la commune ;
· à une faible capacité de négociation
vis-à-vis des pouvoirs locaux et des partenaires au développement
;
· à l'absence de vision et d'options
réalistes de développement ;
· à l'absence, faute de concertation, de
stratégie partagée de défense et de promotion du
rôle des OSC dans les communes.
Une des conséquences du bas niveau de formation des
membres et parfois même des leaders des associations et groupements de
base est leur inefficacité technique qui est aggravée par le
manque d'appuis qualifiés internes et externes. Ce
phénomène est extrêmement important et mérite la
plus grande attention lors de l'élaboration des stratégies
d'appui aux organisations de la société civile, qu'il s'agisse de
structures de base, de structures de coordination ou de réseaux
d'organisations. Ainsi dans le souci de renforcer leur capacité
organisationnelle et technique, certains partenaires ont intégré
dans leur programme des plans d'appui
46
et de formation mise en oeuvre simultanément avec
l'exécution du contrat de prestation.
3.3- Participation des compétences locales au
développement communal
3.3.1- Niveau d'implication des élus dans la
planification locale
Au terme de l'article 84 de la loi N°97-029 portant
organisation des communes,
« La commune élabore et adopte son plan de
développement. Elle veille à son exécution en harmonie
avec les orientations nationales en vue d'assurer les meilleures conditions de
vie à l'ensemble des populations. Dans ce cadre elle élabore les
documents de planification nécessaires..... ».
(Mission de Décentralisation, 2002)
En clair, le Plan de Développement Communal (PDC),
constitue un guide pour les actions de développement de la commune. Il
est un cadre d'orientation stratégique qui traduit la vision, les
attributions, les préférences et la volonté politique du
conseil communal, l'organe chargé de la gestion du développement.
Par rapport à cette mission, les deux Conseils communaux, au lendemain
de leur installation se sont mobilisés pour lancer le processus
d'élaboration des PDC.
Ainsi par arrêté du maire, un comité de
pilotage est mis en place pour conduire le processus depuis la
préparation jusqu'à la réalisation du plan. L'ensemble des
élus, avec à leur tête le maire s'est investi pour avoir
cet outil précieux qui devrait permettre non seulement une orientation
claire du développement de leur commune, mais aussi et surtout de
mobiliser les ressources de l'Etat et des partenaires qui soutiennent la
décentralisation. Dans ce processus ils ont pu mobiliser les ressources
humaines locales (associations, ONG, groupements villageois et population) et
assurer le financement de la logistique (collecte des données,
restauration des participants aux ateliers, rédaction de rapport etc).
et tous sont fiers d'avoir assumé cette tâche aux premières
heures de la décentralisation
En outre dans le cadre de la mise oeuvre de ces PDC, les
élus, dans la concertation et avec l'appui technique des partenaires,
ont pu élaborer des outils devant faciliter leur mise en oeuvre. Il
s'agit du plan annuel d'investissement (PAI), du plan de communication, du
budget communal, de l'amélioration de la qualité du personnel
47
administratif etc.... Mais cette euphorie constatée
autour de l'élaboration de PDC et de sa mise en oeuvre jusqu'en 2004
s'est malheureusement estompée pour plusieurs raisons relevées
lors des entretiens :
· Le mauvais fonctionnement de l'administration de la
mairie du fait de l'insuffisance du personnel, de la faible qualification des
agents ;
· Le recrutement fantaisiste du personnel (souvent des
proches des maires) ;
· L'absence de planification dans la mise en oeuvre des
actions ;
· La non-transparence dans la gestion des finances locales
;
· Les querelles politiques entre les élus ;
· L'ignorance et incompréhension persistante due
à la non-maîtrise des rôles par les élus.
3.3.2- Contribution des OSC locales aux actions de
développement
Selon les résultats de l'enquête, toutes les
catégories d'organisations locales contribuent, à des
degrés divers, aux actions de développement. Le processus
d'élaboration des PDC a été l'événement
majeur qui a pu mobiliser l'ensemble des acteurs de la commune. Malheureusement
l'euphorie suscitée n'a pu continuer lors de la mise en oeuvre des
actions. En effet les ONG, particulièrement, ont aidé les
communes dans la planification locale notamment lors du processus
d'élaboration des PDC et de leur exécution selon l'expertise et
les ressources dont elles disposent. Elles ont contribué surtout
à la phase de diagnostic par la collecte des données dans tous
les villages, et pris part activement aux différents ateliers au niveau
communal. Elles sont souvent présentes à l'élaboration du
plan annuel d'investissement (PAI) et autres documents de projets
initiés par les mairies. Certaines participent aux différents
groupes de réflexion ou comités mis en place dans le cadre de
certaines actions à mettre en oeuvre. C'est le cas de GrADeD-ONG qui est
membre du comité de gestion du fonds de développement
économique mis en place à Boukoumbé avec le soutien de
l'Association des Communes des Pays-Bas pour financer les microprojets
économiques.
Elles contribuent également à travers des
actions d'intermédiation sociales et de sensibilisation, à
l'amélioration du traitement des problématiques féminines
telles que la participation des femmes à la gestion des affaires
publiques, l'élimination des pratiques néfastes à la
santé, ainsi que l'environnement, l'éducation et
l'alphabétisation.
48
De manière générale, les
résultats obtenus de la participation des organisations de la
société civile aux actions et programmes de développement
sont significatifs selon les autorités des deux communes, mais ils
restent à être améliorés. Car sur plus d'une dizaine
d'organisations répertoriées par Commune, seules quelques-unes
(moins de 50%) mènent concrètement des activités dans le
sens du développement local. A cet effet, elles doivent
développer en leur sein, des capacités et des expertises qui leur
assurent une connaissance des politiques et programmes de développement
et une analyse critique de ceux-ci. Car, selon le professeur H. AGUESSY, pour
bien jouer leur rôle dans la gestion du développement local, les
OSC doivent se départir de la culture de la recherche de profit facile,
pour s'inscrire plutôt dans une logique de sérieux, de franchise
et de courage dans leur discours, une logique de bâtisseurs et non de
bailleurs, en montrant du respect pour les talents des autres afin de dialoguer
en politique et non d'agresser. La société civile, affirme t-il,
c'est «apprendre à apprendre, à être responsable,
à libérer les idées qui font avancer la
société afin de vaincre les systèmes de
paupérisation généralisée qui s'installe un peu
partout en Afrique.... » (BOKO, 2006 : Rapport de
forum sur les OSC de Houéyogbé)
Il ressort en dernière analyse que les communes de
Boukoumbé et de Cobly ont plus à gagner qu'à perdre en
soutenant la dynamique associative comme partie intégrante de la
société civile émergente au niveau local mais encore
balbutiante, voire quasiment inefficace par rapport à son rôle et
aux nombreux défis à relever en faveur des communautés.
Les OSC doivent développer aussi leur propre vision du
développement en fonction des réalités et c'est sur la
base de cette vision qu'elles peuvent développer des analyses et faire
des propositions pertinentes.
3.3.3- Financement local des actions de
développement
3.3.3.1- Part des OSC et des populations à la
base
La contribution des organisations locales au financement des
actions de développement peut être observée à deux
niveaux, celui de l'élaboration et de la mise en oeuvre des PDC.
49
Lors de l'élaboration des PDC, les organisations
locales se sont fortement mobilisées et ont pris une part active dans le
processus. Bien que n'ayant pas contribué financièrement, les ONG
sont impliquées dans la phase de diagnostic (notamment la collecte des
données) en mettant à la disposition des comités de
pilotage leurs personnels connus pour leur capacité d'animation dans les
villages.
« Nous avons pris de notre temps et mis notre
savoir-faire de terrain au profit de la commune. Au niveau de APAE, je peux
estimer tout ça à au moins 200 mille, Cela vaut autant que le
financement direct..... » (Directeur exécutif
ONG-APAE, 2006)
L'Union pour le Développement Communal de Cobly
(UDCC), a quant à elle contribué financièrement pour un
montant de près de 200 mille FCFA. Enfin l'Union communale des
producteurs de coton (UCPC) a pour sa part contribué
financièrement au processus à hauteur de 300 mille FCFA, puis en
nature à travers les GV qui ont assuré la restauration des
participants lors des ateliers dans les villages et arrondissements. Cette
mobilisation a été plus remarquable à Cobly qu'à
Boukoumbé où le maire a déploré l'inertie de
l'UCPC.
Pour ce qui concerne la mise en oeuvre du PDC, on note aussi
une contribution financière non négligeable des OSC. Ainsi toutes
les organisations identifiées se déclarent disposées
à apporter dans la limite de leur possibilité leur concours
financier pour les réalisations prévues. L'UCPC-Cobly, par
exemple, sur la base d'accord avec la mairie, s'est engagée depuis 2005
à mobiliser au profit de la commune, 1,5 FCFA / kg de coton soit 11 872
000 FCFA (au titre de 2005) et à renforcer l'encadrement des producteurs
en vue de la dynamisation de l'économie locale. Tandis que la
contribution au développement de l'UCPC de Boukoumbé est de 300
mille en 2004 et de 500 mille en 2005. Au regard de ces engagements, les UCPC,
constituent une des forces motrices potentielles du développement avec
lesquelles les élus locaux devront établir de solides relations
de partenariat local pour relever les défis de développement
communal.
L'ADDC accentue son action sur la mobilisation des
ressortissants de Cobly à l'extérieur pour contribuer aux
financements des actions du PDC. En 2006, elle a pu financer la
réalisation de quelques hangars de marché dans le but de
contribuer à améliorer les recettes fiscales de la Commune.
50
Quant aux ONG, elles assurent principalement le rôle
d'intermédiation sociale dans le cadre des projets initiés pour
la plupart par les partenaires externes. Quant aux populations à la
base, elles ont contribué à la mise en oeuvre du PAI en 2005
à Cobly à hauteur de plus de 12 millions, soit 3,5% de
l'investissement total. A Boukombé avec l'institution de la
`'Contribution au Développement» qui est une sorte de taxe
de développement local, fixée à 1000 FCFA pour les hommes
et à 500 FCFA pour les femmes, la Commune a pu mobiliser en 2005 moins
d'un million contre trois millions en 2004 (l'année de mise en oeuvre de
la décision). Malheureusement cette mobilisation n'a pu continuer les
années suivantes à cause de la faible stratégie de
mobilisation sociale au niveau de la mairie et surtout des critiques de plus en
plus exprimées contre la `'mauvaise gestion» de l'équipe
dirigeante.
Tableau n° 08 : Synthèse de la
contribution des OSC au développement dès 2003
Communes
|
OSC
|
Participation à l'élaboration du
PDC
|
Participation à la mise en oeuvre de
PDC
|
Cobly
|
APDD
|
Membre du comité pilotage et du comité de
rédaction Diagnostic villageois/collecte de données
Co-modération ateliers dans les villages et
arrondissements
Participations aux ateliers communaux
|
Intermédiation de mobilisation sociale dans le cadre de
projet HAADI (approvisionnement en eau potable et ouvrage
d'assainissement)
|
|
Participation financière Participations aux
différents ateliers
|
Financement pour la réalisation de hangars de
marchés en 2006
|
|
Mise à disposition du
personnel pour la collecte de données
Participation aux ateliers
|
Intermédiation dans le cadre du projet éducatif de
Aide et Action et du projet de sécurité alimentaire (LISA) avec
Louvain et Développement (LD)
|
|
Membre comité de pilotage Contribution
financière (300 mille)
Participations aux ateliers
|
Subvention à la Commune pour contribution aux actions de
développement. 11 872 000 fcfa en 2005 soit 1,5 f/kg de coton
versée
|
Boukoumbé
|
UCPC
|
300 000 fcfa
|
500 000 fcfa
|
|
Mise à disposition du
personnel pour la collecte de données
Membre du comité de pilotage
|
- Intermédiation sociale pour le projet Hydraulique
(HAADI),
le développement de filière agricole du projet
PAMRAD
- Membre du comité de gestion de fonds de micro-projets
dans le cadre du projet LOGO
|
|
Mise à disposition de ressources humaines,
Participations aux ateliers
|
Intermédiation sociale et Sous- traitance des PrOCGRN,
PDDC, PRDT
|
|
51
3.3.3.2- Part du budget communal
Les budgets actuels des collectivités territoriales de
Cobly et de Boukombé sont pratiquement des budgets de fonctionnement. Ce
sont en général des budgets disproportionnés en termes
rapport/investissement comparé au ratio fonctionnement sur le budget
global. Les deux mairies sont confrontées à des
difficultés énormes de fonctionnement. A part la
réalisation des PDC (sur fonds propres par les deux Communes, plus de 4
millions en moyenne), le financement du développement se trouve
relégué au second plan. La capacité d'investissement est
quasi nulle. Le peu des ressources financières locales mobilisées
sont grevées par de lourdes charges administratives. Les
différentes réalisations d'infrastructures marchandes et autres
ouvrages communautaires ne sont possibles que grâce à
l'intervention des partenaires externes, au Programme d'Investissement public
ou encore aux subventions de l'Etat.
Tableau n°09 : Evolution des recettes
locales réelles dans les deux communes
Communes
|
Montants des recettes locales
|
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Commune de Cobly
|
Prévision
|
34 615 056
|
58 959 664
|
75 179 272
|
69 166 122
|
Recouvrée
|
14 404000
|
32 337 871
|
33 283 248
|
28 163 760
|
%
|
41,6%
|
58,8%
|
44,27%
|
40%
|
Commune
de Boukoumbé
|
Prévision
|
31 558 368
|
53 778 468
|
63 670 000
|
47 012 494
|
Recouvrée
|
9 536 248
|
14 753 443
|
11 210988
|
10 053 429
|
%
|
30,21
|
27,43
|
17,60
|
21,38
|
|
Source : SAF de Cobly et de Boukoumbé
« Un regard sur les finances d'une commune typique
montre, d'une part, les ressources et les capacités financières
des communes et, d'autre part, les dysfonctionnements de la gestion des
finances locales. Les ressources propres représentent 90% du montant
total des recettes, les subventions reçues (dotations de l'Etat) n'en
représentent donc que 10%. Les dépenses essentielles de
fonctionnement, sont constituées des dépenses salariales (60%) et
des dépenses d'acquisition de matériels et de fournitures (30%),
les
52
montants consacrés à l'entretien des
infrastructures et des équipements sont insignifiants. Et
l'investissement presque inexistant ». (CEDA ,
2004)
Ce constat confirme bien notre observation et la situation
semble plus grave dans les communes en question. Pourtant la loi recommande la
création d'une taxe de développement local reposant sur les
richesses locales potentielles. Les budgets sont généralement
faibles et insuffisants pour administrer la commune, assumer les nouvelles
compétences et réaliser des investissements.
De manière globale, la gestion financière des
communes se heurte à plusieurs difficultés majeures à
savoir :
· le manque de qualification et l'insuffisance du personnel
au niveau des services financiers des mairies;
· l'insuffisance du personnel des services fiscaux pour
appuyer les communes;
· l'absence d'un cadre budgétaire et comptable
transparent et la faiblesse; malgré les potentialités, des
ressources financières ;
· les maires n'ont globalement pas souvent une vue
d'ensemble de la situation de leur commune, de ses atouts et
potentialités de développement ;
· le retard dans l'émission des titres de
recouvrement ;
· les agents collecteurs des communes, peu performants et
corrompus ;
· l'absence d'un mode de gestion fiable des marchés
communaux ;
· la lenteur dans la rentrée (pas de
trésorerie disponible) ;
· le manque d'information des maires sur la situation
réelle de leur trésorerie ;
· le retard dans la prise de décision de certains
maires.
Néanmoins, une étude sur l'inventaire du
gisement fiscal (GTZ & SNV , 2006), montre d'énormes
potentialités inexploitées dans les deux communes. Le niveau
assez bas des ressources locales et la faiblesse actuelle de la gestion
financière constituent un problème majeur pour les
autorités locales. Sur au moins 5 marchés recensés dans
chacune des communes, la capacité moyenne de recouvrement des droits de
places est estimée à 40% (tableau n°1 1). Ce qui semble
dérisoire d'autant que les marchés sont les principales sources
des ressources communales en dehors de l'appui de l'Etat. Il y a donc lieu de
redoubler d'effort pour maximiser le potentiel des services marchands.
53
Les maires reconnaissent cependant que la cause de leur
problème est à la fois d'ordre organisationnel et institutionnel.
Un des problèmes de fond est l'accompagnement par les services fiscaux.
Ainsi le système mis en place pour la perception des taxes pèche
par l'incompétence des personnes chargées de faire le travail.
Aucune des deux communes ne dispose de recettes perception, ni de recette des
impôts sur son territoire. Ce sont celle de Tanguiéta qui couvre
Cobly et celle de Natitingou qui appuie Boukoumbé. Ce qui pose
régulièrement le problème de disponibilité desdits
services à répondre promptement aux besoins des communes dont ils
ont la charge. A titre de comparaison, la situation financière d'une
commune voisine comme Tanguiéta semble meilleure à cause de la
présence des deux services techniques sur son territoire
Tableau n°10 : Niveau des recettes
perçues en 2006 sur les principaux marchés
|
Recettes
|
Les grands marchés dans la commune
|
Total
|
|
Tapoga
|
Tokibi
|
Kountori
|
Nanagadè
|
Datori
|
|
Commune de Cobly
|
Prévision
|
4 160 000
|
2 080 000
|
2 080 000
|
1 560 000
|
780 000
|
520 000
|
11 180 000
|
|
1 560 000
|
780 000
|
1 040 000
|
676 000
|
312 000
|
208 000
|
4 576 000
|
|
37,5
|
37,5
|
50
|
43,33
|
40
|
40
|
41,38%
|
|
Commune de
Boukoumbé
Recette
Les grands marchés de la commune
|
Totale
|
|
Boukombé -centre
|
Korontière
|
Manta
|
|
Prévision
|
4 550 000
|
3 367 000
|
4 095 000
|
12 012 000
|
Recouvrée
|
1 638 000
|
2 730 000
|
3 640 000
|
8 008 000
|
|
%
|
36
|
81,081081
|
88,888889
|
68%
|
|
Source : Service Affaires financières des maries de Cobly
et de Boukoumbé, octobre 2006
Somme toute le développement du chapitre 3, a permis
de constater que les deux communes disposent d'un potentiel en termes de
ressources humaines capables de conduire le développement local.
« Si tous les fils de ce pays venaient à boucher de leurs
doigts la jarre trouée, le pays serait sauvé »
(Guézo, Roi du Danxomé). Cela voudrait dire que la mission
de développement local conférée aux élus locaux,
passe par la mobilisation et la participation de toutes les forces
organisées ou émergentes dans la commune en vue de tirer grand
profit de l'opportunité qu'offre la décentralisation.
54
Les énormes problèmes mis en évidence
peuvent être résolus à travers : + Le relèvement du
niveau de compétence du personnel ;
+ Une meilleure organisation au sein des conseils communaux
pour plus d'initiative et d'engagement en vue du relèvement du niveau
des ressources fiscale locales ;
+ Le renforcement des capacités des OSC, en vue de leur
participation active aux actions de développement.
55
.
Chapitre IV - Contribution des partenaires et de
l'Etat au développement local
Depuis 2002, les partenaires au développement,
c'est-à-dire les Agences de coopération, les ONG internationales,
sont restés mobilisés autour de la décentralisation au
Bénin. Dans ce chapitre, il est question d'analyser leurs interventions
dans ces communes ainsi que le rôle de l'Etat, initiateur du processus de
décentralisation, à travers les programmes et projets d'appui mis
en oeuvre à Cobly et à Boukoumbé.
4.1- Partenaires d'appui : une opportunité pour les
deux Communes
4.1.1- Partenaires en présence et leurs domaines
d'intervention
Les communes de Cobly et de Boukoumbé sont dans un
environnement de développement assez favorable avec la présence
d'une multitude d'acteurs externes qui mènent différentes actions
par le biais des projets et programmes de développement. Outre, la SNV
qui totalise plus de 15 ans d'existence dans ces Communes, la présence
de la plupart remonte à l'avènement de la
décentralisation, On dénombre au moins une douzaine de
partenaires « actifs » sur l'ensemble des deux territoires dont nous
présentons les plus importants avec leurs objectifs de
développement.
La Coopération technique allemande
(GTZ), fait de l'Atacora/Donga, une zone de concentration d'aide au
développement. Dans ce cadre elle met en oeuvre un vaste programme de
projets au profit de toutes les Communes du département. Il s'agit de
:
· PDDC : Programme de Développement des Communes
;
· PADEAR : Programme d'Appui au Développement pour
le Développement de l'Eau et Assainissement en milieu Rural ;
· PrOCGRN : Programme de Conservation et de Gestion des
Ressources Naturelles.
Le PNDCC : Le Programme National de
Développement Conduit par les Communautés,
est né du Fonds Social suite à un accord signé
entre la Banque Mondiale et le Gouvernement du Bénin. L'objectif de
développement du projet est
56
de promouvoir l'utilisation de l'approche «
développement conduit par les communautés (DCC) » par les
ministères sectoriels, les gouvernements locaux et les
communautés locales afin d'améliorer l'accès des
communautés les plus pauvres aux services sociaux et financiers de base
par la réalisation d'infrastructures sociocommunautaires (sanitaire,
éducative et marchande..) avec une possibilité d'investissement
de 15 millions fcfa en moyenne par village pendant cinq ans.
UniCrédit Foundation (UNIDEA) est une
fondation privée, qui a vu le jour en mars 2003 à l'initiative du
Groupe bancaire `'UnitCrédit». Ses interventions s'inscrivent dans
un cadre social et humanitaire et ont pour domaines privilégiés
l'assistance, la santé, l'éducation et l'environnement. Les
initiatives UNIDEA au Bénin notamment à Cobly ont pour objectif
principal l'amélioration de la santé de base dans la zone
sanitaire de Tanguiéta (Tanguiéta, Matéri et Cobly)
notamment en ce qui concerne les femmes enceintes et les enfants mal nourris.
Leur intervention à Cobly depuis 2006 se traduit par la construction et
l'équipement du centre de santé communal, la
réhabilitation des centres de santé d'arrondissement, le
recrutement et la formation du personnel.
Louvain et Développement (LD), une
ONG belge, qui met en oeuvre depuis 2004 le projet « Lutte
Intégrée pour la Sécurité Alimentaire - LISA
». Le projet LISA a pour objectif global l'amélioration des
conditions de subsistance des populations de Cobly dans le cadre de la
réduction durable de la pauvreté par l'amélioration de
l'autosuffisance alimentaire (agriculture élevage), le renforcement de
capacité organisationnelle et institutionnelle des structures
partenaires locales et la promotion de l'accès financier des
ménages aux soins de santé de qualité
Le PRODECOM est Le Programme d'Appui au
Démarrage des Communes. Après la publication des
premières lois organisant la décentralisation et des
décrets d'application, le gouvernement du Bénin et la Commission
Européenne ont décidé de financer ce programme, d'une
durée de trois ans (2003 à 2006). Ce programme est destiné
à appuyer la mise en place d'une administration communale capable
d'améliorer le niveau des services rendus aux populations dans une
logique participative, ainsi qu'à renforcer les capacités de
l'Etat à appuyer les 77 communes.
57
Cobly et Boukoumbé ont bénéficié de
l'appui-conseil et technique de ce programme qui a pris fin en juin 2006.
PROTOS est une ONG belge à vocation
internationale, active dans les domaines de l'approvisionnement en eau potable,
l'assainissement, et la valorisation agricole de l'eau dans une perspective de
Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE). Elle travaille au
Bénin depuis 1994. Ses actions sont principalement concentrées
dans les départements du Mono/Couffo , de l'Alibori et de l'Atacora
notamment à Cobly et à Boukoumbé où elle met en
oeuvre depuis 2000 avec la SNV-Bénin, le projet hydraulique et
assainissement (HAADI) sur financement de Fonds de Survie Belge
AIDE & ACTION, Association de droit
français, elle a pour vision d' « oeuvrer, dans une synergie
d'actions, à l'émergence d'une société civile
forte, organisée, renforcée et résolument engagée
dans la gestion décentralisée d'une éducation de
qualité pour tous, socle d'un développement durable au
Bénin ». Elle a démarré ses activités depuis
1993 au Bénin dans le Département de l'Atlantique. En 2004, elle
a élargi son intervention dans quatre communes de l'Atacora/Donga dont
Cobly et Boukoumbé qui bénéficient de son soutien
technique et financier dans le domaine de l'éducation de base.
PLAN BENIN est une organisation humanitaire
internationale de développement centré sur l'enfant, sans
affiliation confessionnelle, politique ni gouvernementale. Le parrainage des
enfants est le fondement de l'organisation. Créé en 1937 pour
aider les enfants orphelins de la guerre d'Espagne, Plan parraine aujourd'hui
plus de 1 345 000 enfants environ dans 46 pays en développement en Asie,
en Amérique, aux Caraïbes. Plan s'est installé au
Bénin depuis 1994 et parraine 20 970 enfants et, à travers eux,
leurs familles et leurs communautés. Depuis son installation dans
l'Atacora en Juillet 2006, Plan s'est engagé à investir 80
millions et 120 millions FCFA par an et ce, pendant dix ans, respectivement
à Cobly et à Boukoumbé.
En général, les domaines d'intervention des
partenaires sont divers à savoir : l'hydraulique, l'éducation, la
micro-finance, la santé, les infrastructures de base, la formation, la
gouvernance locale. Avec leurs nombreux atouts sur le plan de la vie
associative et de l'agriculture, les deux communes devraient s'organiser par
58
l'initiative et la créativité pour davantage
saisir ces opportunités que constitue la forte présence des
partenaires externes sur leur territoire respectif.
Le tableau en annexe n°10 apporte plus de
détails sur la situation des partenaires externes intervenant dans les
deux communes.
On note une convergence des activités de beaucoup de
partenaires et même une duplication des actions. C'est le cas des
partenaires comme SNV, PRODECOM et PDDC qui bien qu'ayant les mêmes
domaines d'actions (appui institutionnel) dans ces communes, n'ont jamais pu
s'entendre pour conjuguer les efforts malgré les bonnes intentions
toujours affichées. Il en est de même pour PADEAR-GTZ, PROTOS en
matière d'eau potable et d'assainissement. Il y a aussi un
déficit d'information sur les différentes structures. Ainsi
beaucoup d'actions se réalisent, mais ne sont pas souvent connues des
autorités communales. Cet état de choses est déplorable et
nécessite la création de synergie et une approche multi acteurs
afin de donner aux interventions une visibilité claire et
d'épargner aux communes des cafouillages et des confusions qui les
désorientent. Beaucoup d'ONG étrangères ont des objectifs
attrayants, mais éprouvent des difficultés de planification, de
mise en oeuvre et d'évaluation. D»autres encore font du saupoudrage
dans leurs interventions.
Tous ces constats impliquent de nouvelles méthodes de
travail pour plus d'efficacité des interventions des partenaires. Ainsi
la nécessité d'une concertation périodique
bilatérale ou multilatérale entre mairies et acteurs
étrangers s'imposent. La création de réseau sectoriel
semble également indispensable en vue d'harmoniser les approches au
niveau de chaque secteur.
4.1.2- Pertinence des appuis par rapport aux
priorités locales et aux OMD
Les partenaires externes ont déclaré tous
situer leur intervention dans le cadre de la stratégie de lutte contre
la pauvreté, l'appui à la décentralisation et
l'amélioration de la gouvernance locale. A cet effet, plusieurs projets
sont initiés et exécutés au niveau des communes.
Ces projets de plusieurs dizaines de millions de Francs CFA,
bien que n'étant pas initiés par les communautés
elles-mêmes, répondent en majorité à leurs
besoins
59
prioritaires inscrits au PDC « même si, les
stratégies de mise en oeuvre sont pensées ailleurs et nous
tombent dessus » (Robert YOKOUA, 2007).
Tableau n°11 : Programme des PDC de Cobly
et de Boukoumbé
N°
|
PDC de la Commune de Cobly (07 programmes)
|
PDC de la Commune de Boukombé (08
programmes)
|
1
|
Amélioration de la production
végétale et animale
|
Amélioration des taux de scolarisation et
d'alphabétisation dans la commune
|
2
|
Accroissement des taux de scolarisation et
d'alphabétisation dans la commune
|
Amélioration de l'état sanitaire et
nutritionnel de la population
|
3
|
Amélioration du taux de couverture sanitaire dans la
commune
|
Augmentation de la production
végétale animale et halieutique
|
4
|
Accroissement des ressources financières de la commune
|
Amélioration de la gestion des
ressources naturelles
|
5
|
Renforcement de la capacité d'équipement et
d'aménagement de la commune
|
Amélioration de la communication
dans la commune
|
6
|
Préservation de l'environnement et gestion durable des
ressources naturelles
|
Développement des loisirs, culture et tourisme
|
7
|
Renforcement de la capacité institutionnelle,
organisationnelle de l'administration et de la
société civile
|
Accroissement des capacités de
mobilisation des ressources financières de la
commune
|
8
|
|
Amélioration de la gouvernance locale
|
|
Source : Documents PDC Cobly et Boukombé
Les grands axes de développement des deux commune,
sont fondés sur les priorités identifiées dans le domaine
des secteurs sociaux et de l'économie. Lesquelles priorités
constituent également les points focaux des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD). Ces objectifs sont des
éléments constructifs du processus de développement humain
élaborés en 2000 par l'ONU. C'est un ensemble qui comprend 8
Objectifs proprement dits, centrés sur 18 cibles et accompagnés
de 48 indicateurs. Ils reflètent également une ambition en
matière de droits de l'homme c'est-à-dire, le droit à
l'alimentation, à l'éducation, aux soins de santé et
à un niveau de vie décent tels que les énumère la
Déclaration universelle des droits de l'homme. La
nécessité de garantir l'ensemble de ces droits
économiques, sociaux et culturels, confère des obligations aux
autorités des pays riches comme à celles des pays pauvres. Les
Objectifs du Millénaire pour le Développement ont pour but
d'assouplir
60
les contraintes qui pèsent sur la capacité des
personnes à faire des choix. En lien avec les PDC des Communes de Cobly
et de Boukoumbé, ces objectifs peuvent se résumer en quatre
défis majeurs pour lesquels elles se sont engagées depuis 2004
:
· du développement du secteur agricole par le
renforcement des OP et la diversification des cultures et des espèces
animales élevées ;
· la promotion des services sociaux de base par le
développement des infrastructures et le renforcement du personnel
qualifié dans la santé, l'éducation ;
· l'amélioration de la couverture en eau potable et
le désenclavement des localités ;
· l'amélioration des capacités de
l'administration locale et la sauvegarde de l'environnement.
Les indicateurs liés aux Objectifs du
Millénaire ainsi que ceux des Stratégies de Réduction de
la Pauvreté, bien que destinés à montrer
l'évolution du développement des pays concernés, ne sont
pas encore bien appréhendés aux niveaux des collectivités
territoriales et des organisations de la société civile des deux
communes. Des relectures et des mises en cohérence des documents PDC
sont organisées dans le cadre du partenariat SNV/PNUD pour le suivi des
OMD. C'est donc une opportunité pour ces communes de disposer des
indicateurs qui soient des outils de suivi fonctionnels pour tous les acteurs
oeuvrant dans la gouvernance locale.
4.1.3- Contribution des partenaires aux actions de
développement local
Partenaires privilégiés des autorités
locales, les organisations internationales concourent au développement
local par :
- le financement total ou partiel de projets locaux ;
- la formation des ressources humaines des collectivités
;
- l'assistance et appui en renforcement des associations et ONG
locales
61
Leur implication dans le processus de développement
local, est une illustration importante de la coopération
décentralisée. Elle permet de rompre les circuits bureaucratiques
lents et complexes qui ont découragé bon nombre de partenaires
confrontés aux procédures de l'administration centrale.
Le volume de leur financement dans le Développement
Local ne peut être connu avec exactitude car il n'existe malheureusement
pas de mécanisme de suivi et d'évaluation fonctionnel des actions
menées dans les deux communes. C'est là encore une énorme
faiblesse qui caractérise l'organisation des collectivités
locales. Les estimations faites sur l'investissement des partenaires semblent
être largement en deçà des réalités. Selon
certaines informations, après trois années d'exercice de pouvoir
local les réalisations dans les deux communes peuvent être
chiffrées à plusieurs centaines de millions. On estime à
près de 350 millions FCFA d'investissement effectué dans chacune
des deux communes (annexe n°10). Ces financements
concernent différents domaines allant de l'éducation à la
santé en passant par l'hydraulique jusqu'à l'environnement. Les
partenaires « gros investisseurs » sont, entre autres :
· UNIDEA : plus de 100 millions dans la santé
à Cobly depuis 2005 sur 319 millions de l'ensemble des
investissements au titre d'appui externe ;
· SNV-PROTOS : près 140 millions / commune en eau
potable sur 3 ans ;
· PADEAR/GTZ : plus de 200 millions en eau et
assainissement également sur les deux communes en 2006 ;
· PNDCC : plus de 150 millions sur les deux communes en
2006
Les objectifs des projets de développement sont
louables, parce qu'ils visent l'amélioration des conditions de vie des
populations par la qualité des soins de santé, l'eau potable, la
scolarisation ainsi que l'alphabétisation, l'alimentation de
qualité bref un cadre de vie décent. Mais La question essentielle
demeure : qui initie, formalise et exécute l'action ? Ce sont toujours
l'Etat et les bailleurs de fonds, le premier en fonction de son besoin de
garder les rênes du développement et de jouer le premier
62
rôle, les seconds, dans leur souci d'agir utilement,
développent ensemble les grandes orientations où doivent se
mouler les acteurs des Communes qui jouent pratiquement les seconds
rôles.
La responsabilisation des communes à travers l'exercice
de la maîtrise d'ouvrage est dans ces conditions foulée aux pieds
par certains intervenants qui continuent à faire des réalisations
par un système détourné de maîtrise d'ouvrage.
Car,
«En matière de développement, on a
tendance à considérer que les hommes sont des objets à
manipuler, suivant un certain modèle, grâce à quelques
moyens : argent, ressources humaines et techniques, appâts de toutes
natures. On voudrait faire en sorte que les populations adoptent une situation
à la place d'une autre, sans pour autant y mettre la manière et
le temps nécessaire.... » (SAWADOGO, 2001)
L'approche « processus » échouera encore si
les populations n'ont pas d'initiative et la vraie maîtrise des actions,
si les autorités locales ne sont véritablement pas dans leur
domaine de prédilection et de compétence.
Malheureusement, Il n'existe formellement pas de cadre de
concertation entre les mairies et ces partenaires. Pis encore, plusieurs
projets mis en oeuvre avec de gros financements par certains partenaires, s'ils
ne sont pas connus des mairies, ne sont ni discutés, ni suivis dans leur
mise en oeuvre. Des partenaires et non des moindres, continuent de se comporter
au mépris des lois et dispositions qui régissent les communes
dans le cadre de la décentralisation. Une situation qui crée un
sentiment d'insatisfaction et de mécontentement chez certains comme le
directeur exécutif de APDD-ONG qui pense que,
`'N'eût été l'intervention des acteurs
externes, la commune n'aurait rien réalisé en matière
d'infrastructures de base. Tout porte à croire que sans eux rien ne peut
se faire par les communes elles-mêmes. C'est dommage ! Que les communes
manquent d'initiative pour prouver leur capacité réelle à
gérer l'autonomie qui faisait rêver tant de citoyen de cette
commune.. Les gens commencent à déchanter et à se
désillusionner de la décentralisation. ..Si la loi devrait
être appliquée rigoureusement, nos communes n'existeraient plus.
Heureusement que l'Etat lui-même a montré qu'il est un grand
obstacle à la décentralisation pour avoir failli à ses
engagements.(...)»
63
4.1.4- Actions de renforcement de capacité locale
par les partenaires
La lecture des documents des différents programmes en
cours d'exécution dans les deux communes montre l'existence des volets
de renforcement de capacité des acteurs locaux auxquels on
confère souvent le rôle de maître d'ouvrage ou de
maître d'ouvrage délégué dans la mise en oeuvre des
projets. Un effort d'adaptation au contexte de décentralisation qui
oblige les partenaires et même l'Etat à faire des élus et
des acteurs locaux de véritable « moteurs de développement
local». Il existe plusieurs types de plans de renforcement selon les
cibles et la nature d'intervention des partenaires :
- renforcement organisationnel et institutionnel des Conseils
communaux et des mairies : formation sur les textes de la
décentralisation, la maîtrise d'ouvrage communale, les
procédures de passation de marchés publics, la gestion
administrative et technique etc avec SNV, PDDC, PRODECOM, MCL, PNDCC ;
- appui organisationnel de la société civile (ONG
et associations locales) avec SNV et LISA (Exemple d'un plan d'appui aux ONG en
annexe n°13) ;
- accompagnement des groupements de producteurs : GV, GF, CCPC,
collectifs des artisans etc, avec LISA, PAMRAD et PrOCGRN.
Mais en matière de renforcement de capacité, il
existe autant d'approches que de partenaires en présence. Par manque de
synergie et de complémentarité, les programmes de
développement offrent généralement des formations au
rabais, dispensées aux acteurs locaux dont la plupart ne
maîtrisent pas souvent l'intérêt et l'enjeu pour le
développement local. En quatre années d'exercice de la
décentralisation, plus d'une soixantaine d'ateliers de formation ont
été organisés à l'intention des acteurs communaux.
Mais les résultats escomptés ne sont pas malheureusement
entièrement satisfaisants. « Tout ça n'est qu'un
leurre..... » selon le Secrétaire général de
Boukoumbé qui estime que « les partenaires décident de
leurs actions et ne viennent que pour vous informer. Vous n'avez qu'à
suivre, c'est-à prendre ou à laisser... »
64
L'expérience vécue par les deux communes en
matière de renforcement de capacité, nécessite donc un
changement de méthode. Il faudra alors repenser les cibles, le contenu
et le concept même de la formation pour, selon le maire de Cobly, «
éviter de faire du bourrage. On rassemble deux ou trois
personnes par commune au chef lieu de département pour une formation sur
5 jours d'affilée que les gens ne suivent pas correctement.....
»
4.2- Rôle de l'Etat dans le développement des
deux Communes 4.2.1- Subventions de l'Etat : un appui budgétaire aux
communes
A l'époque des Sous-préfectures, les ressources
étant faibles et basées sur une fiscalité locale
très variable et instable d'une année à l'autre, il
n'existait aucun investissement sur fonds propres, d'où la
nécessité de recette additionnelle à imputer au budget de
l'Etat sous forme de subvention ou de ristourne. Ces subventions sont d'une
grande utilité pour ces communes aujourd'hui parce qu'elles
représentent une part assez importante de leurs ressources annuelles
même si elles tombent au compte-gouttes et ne tiennent pas souvent compte
des opportunités de besoins des Communes. La subvention de l'Etat qui
représente au moins 20% des recettes locales, prend en compte les
rubriques telles que : la subvention de l'équilibre, la subvention sur
les charges salariales et la contribution aux fonds de solidarité
intercommunale.
Tableau n° 12 : Evolution de la subvention
de l'Etat de 2003 à 2006
Communes
|
Subvention annuelle de l'Etat (en
FCFA)
|
|
|
2003
|
2004
|
|
2005
|
|
2006
|
|
Cobly
|
4 095 313
|
17 973
|
236
|
23 973
|
236
|
36 984
|
737
|
Boukoumbé
|
30 466 885
|
51 340
|
956
|
41 237
|
956
|
29 053
|
429
|
Source : SAF / mairie Cobly et Boukoumbé
4.2.2- Niveau de transfert des compétences et des
ressources par l'Etat
Bien que jugés pertinents pour l'amélioration des
conditions de vie des populations, nombreux sont les partenaires et certains
spécialistes en planification qui estiment que les PDC, de par leur
densité, sont trop ambitieux, irréalistes et irréalisables
en
65
termes de coûts jugés exorbitants car
inadaptés à la capacité réelle de mobilisation des
ressources internes et externes des élus locaux. Ses coûts sont
de
1 888 661 500,00 fcfa pour Cobly et 2
178 104 250 fcfa pour Boukoumbé. Alors que quatre ans
après l'exercice de la décentralisation, aucune des deux communes
n'a rien pu investir réellement sur fonds propres dans la mise en oeuvre
des actions prévues.
Il est important de rappeler qu'au lendemain des
élections communales de décembre 2002, les autorités de
Cobly et de Boukombé ont énormément fondé leur
espoir sur le transfert par l'Etat des ressources financières et des
compétences nécessaires à la mise en oeuvre de leur PDC. A
défaut de ce transfert, elles se trouvent confrontées à
l'incapacité avérée d'optimiser les finances communales et
de travailler véritablement dans le cadre d'une gouvernance locale qui
rassemble et mobilise l'ensemble des acteurs autour d'une dynamique locale de
développement.
La question essentielle que l'on se pose est de savoir comment
les collectivités territoriales peuvent financer le développement
local sans un transfert de ressources et de compétences ? `'Une
décentralisation efficace va de pair avec une décentralisation
fiscale et une déconcentration des services publics» (SAWADOGO,
2001). Sur ce plan, il reste beaucoup à faire en matière de
véritable volonté de l'Etat central pour un transfert des
pouvoirs, des compétences et des ressources financières vers les
communes.
Mais autant la mise en oeuvre des actions de
développement dépend de la mobilisation de fonds au niveau
national, de leur transfert aux collectivités locales et d'un appui pour
renforcer leur capacité, autant la réussite effective des actions
locales dépend des facteurs locaux, à savoir le niveau de bonne
gouvernance atteint dans chacune des deux communes. Il s'agit en particulier de
la transparence, de l'équité et du renforcement de la
citoyenneté, et des modalités pratiques de concertation et de
partage de la gestion instaurée entre la commune et les populations.
66
4.2.3- Appui de la tutelle et des services techniques
déconcentrés
L'une des prérogatives de l'autorité de tutelle,
c'est d'assister et de donner des conseils aux élus pour éviter
des erreurs préjudiciables aux communes qui pourraient s'écarter
de la norme nationale. Du point de vue légal, la tutelle a deux
tâches fondamentales à assumer auprès des communes. Il y a
le contrôle de légalité et l'assistance conseil.
L'assistance conseil est le reflet de « l'unicité de
représentation du gouvernement et de l'ensemble des ministres par le
Préfet » qui assure en réalité « un
pouvoir de coordination » sur les services déconcentrés
des administrations civiles de l'Etat. Ce que les communes attendent de
l`assistanceconseil, c'est que l'autorité de tutelle doit pouvoir les
aider à prendre des décisions qui restent dans la
légalité. De par l'expérience vécue depuis quatre
ans, certains élus locaux s'interrogent et jettent un regard critique
sur le rôle essentiel de la tutelle.
» Nous n'arrivons pas à jouir totalement de
l'assistance des services déconcentrés parce que les
procédures sont trop longues .... . On n'assiste pas quelqu'un en
restant à distance. La hiérarchie pure et dure, ce n'est pas
ça. Il s'agit désormais de savoir ce qui se passe, de donner
conseil et de prévenir. Il ne s'agit pas de jouer au gendarme. La
tutelle doit s'interroger sur son rôle elle est là pour
éduquer les communes. L'assistance conseil ne doit pas être
assimilé à un pouvoir hiérarchique, c'est une
opération de dialogue. Ceux qui en sont chargés ne sont pas
toujours mieux informés que les bénéficiaires que sont les
communes...(...)».
D'un autre coté, les relatons entre services techniques
déconcentrés et mairies ne sont pas non plus assez bien
développées. Les maires ont évoqué un certain
nombre de contraintes dont l'indisponibilité du personnel à
répondre à leur demande. Dans d'autres cas, la collaboration
n'est possible que s'il y a motivation. C'est-à-dire assurer le
déplacement des techniciens, leur séjour, payer les per-diems ou
encore payer les honoraires de leurs prestations. Les maires ont
évoqué plusieurs exemples. Si les services de l'hydraulique sont
souvent cités, c'est que les projets dans lesquels leur appui est
sollicité (PADEAR de la GTZ, HAADI de la SNV et PROTOS ) ont
intégré dans leur budget respectif les frais inhérents
à ce genre de prestation. Ce que les mairies ne sont pas encore capables
de faire par leur budget.
67
Il est donc urgent que la préfecture s'organise
autrement et de manière pragmatique pour jouer son rôle de tutelle
tout en s'affranchissant des dispositions lourdes et confuses de la loi afin de
faciliter la collaboration ou l'appui des structures techniques publiques avec
les mairies dont les compétences restent pour le moment très
limitées. Il faut préciser aussi que cette inertie qui
caractérise la Préfecture de Natitingou s'explique par le
non-transfert des ressources et des compétences à son niveau et
surtout par d'autres types de difficultés relevées lors du Forum
national sur le bilan de trois ans de vie des Communes (Le Municipal
2006), qui sont, entre autres :
1. les difficultés de coordination au niveau
départemental résultant du cloisonnement de l'action
gouvernementale et de l'absence de tradition d'inter
ministérialité ;
2. la faible capacité de la préfecture par rapport
aux compétences du préfet en matière de coordination ;
3. la méfiance des bailleurs de fonds face à
l'exigence du respect des principes du droit budgétaire béninois
pour les projets exécutés sur ressources extérieures ;
4. l'absence de cadrage juridique de l'assistance conseil
favorisant l'empirisme dans sa gestion ainsi que l'approche marchande de
l'accompagnement de l'Etat ;
5. l'extrême politisation de l'administration publique
favorisant la défense des intérêts des clans ou des
régions.
Il est donc nécessaire que le personnel des services
techniques déconcentrés et de la tutelle apprenne à
travailler en concertation avec les responsables locaux.
Somme toute, plusieurs partenaires concentrent leurs
interventions sur Cobly et Boukoumbé. Les actions qu'ils mènent
dans le cadre des programmes et projets, sont pertinentes pour les
communautés bénéficiaires. Cependant, il est
nécessaire que les partenaires revoient leur appui afin de placer
véritablement au centre de leurs actions, les acteurs locaux
désormais investis de la mission de conduire le développement
communal. L'Etat bien qu'initiateur de la décentralisation demeure
malheureusement omniprésent dans le processus de développement
des communes.
68
TROISIEME PARTIE
SNV, ACCOMPAGNATEUR DE DEVELOPPEMENT LOCAL A COBLY
ET A BOUKOUMBE
69
Chapitre V - Bilan de l'expérience
SNV-Bénin, Acquis et impacts
Ce chapitre présente l'approche de
développement local de l'organisation SNV en matière de
renforcement de capacités des acteurs locaux notamment l'administration
locale. Il rend compte des actions menées par la SNV-Bénin dans
les communes de Cobly et de Boukoumbé depuis plus d'une quinzaine
d'années et met en relief les principaux acquis et leurs impacts sur le
développement socio-économique des deux localités.
5.1- SNV : Accompagnateur du développement local au
Bénin
L'Organisation Néerlandaise de Développement
(SNV) est une ONG de droit néerlandais qui intervient dans 33 pays
à travers l'Afrique, l'Amérique latine, l'Asie et l'Europe
Centrale. La SNV s'engage à promouvoir une société
où chacun peut avoir sa liberté de se développer par
lui-même. La SNV y contribue en renforçant les capacités
des acteurs locaux. Il s'agit plus spécifiquement de fournir des
conseils et de l'expertise en termes de facilitation pour le
développement des capacités des partenaires locaux dans le cadre
de la bonne gouvernance et la lutte contre la pauvreté. La
SNV/Bénin s'est également définie comme objectif de
contribuer à la mise en oeuvre efficace des orientations nationales
à travers le renforcement du cadre institutionnel existant pour une
gestion transparente du développement local. Ses principales valeurs
sont l'équité de genre, la durabilité écologique et
l'interculturalité.
Depuis 37 ans, elle intervient au Bénin où elle
mène en relation avec les autorités locales et les organisations
intermédiaires, des activités de développement pour
améliorer les conditions sociales des communautés à la
base. L'évolution des interventions de la SNV au Bénin se
présente comme suit :
· De 1970 à 1986, appui aux activités du
gouvernement dans le domaine du développement rural ;
· De 1987 à 1991, changement et orientation des
activités vers un développement intégré à
la base ;
· De 1992 à 1995 : les activités en
régie propre sont orientées vers un renforcement des
capacités des contre-pouvoirs des populations à la base ;
70
· De 1996 à 2000, les interventions de la
SNV-Bénin visent la consolidation de la politique de
développement durable ;
· De 2000 à 2002, les actions de l'organisation
sont axées sur l'accroissement des capacités de maîtrise
d'ouvrage des administrations locales en matière d'infrastructures
sociocommunautaires et économiques ;
· Depuis 2007, la SNV-Bénin a retenu le
développement institutionnel et le renforcement organisationnel comme sa
compétence clé et joue le rôle de conseiller et de
facilitateur du processus du développement communal.
Sa présence à Cobly et à Boukoumbé
remonte au milieu des années 1980. 5.1.1- Stratégie
d'intervention de la SNV
La SNV contribue à l'atteinte de cette mission à
travers une stratégie fondée sur deux grands axes:
1) l'appui aux collectivités locales, qui sont les
acteurs clés de l'orientation du développement local et les
institutions légalement reconnues à partir desquelles les
services publics locaux sont organisés au bénéfice des
populations. Cet appui tend à rendre ces acteurs plus responsables et
plus portés sur la reddition de comptes vis- à-vis des citoyens
;
2) l'appui aux organisations de la société
civile, qui sont sensées jouer un double rôle. Elles sont des
partenaires dans le processus de développement local dans l'organisation
et la gestion de services locaux de base, en offrant des prestations de
services ou en participant aux dynamiques locales au sein desquelles elles
représentent des intérêts et des besoins des citoyens.
Elles contribuent aussi à la sensibilisation et
à l'information des citoyens, notamment des groupes marginalisés.
En tant que consommatrices de services, elles sont un contre pouvoir face aux
autorités publiques locales, en réclamant plus de transparence et
de comptes rendus, et en défendant, en particulier, les
intérêts sociaux de groupes vulnérables tels que les
femmes, les enfants et les minorités.
71
La stratégie de la SNV en matière de
développement local dans le domaine de la gouvernance locale, en tenant
compte de ce contexte, consiste à orienter son action dans le sens de la
réduction de la pauvreté. A cet effet, la SNV apporte son appui
aux organisations de niveau intermédiaire pour créer une
gouvernance locale qui favorise :
- un meilleur accès aux connaissances et aux informations
(transparence) ;
- une participation des acteurs (y compris les femmes) dans la
formulation des politiques et des prises de décisions locales ;
- une concertation accrue des acteurs dans la mise en oeuvre des
politiques locales ;
- l'amélioration de la sécurité des
personnes et des biens ;
- l'amélioration de l'accès et de la qualité
des services publics locaux ;
- l'instauration d'une justice sociale ;
- l'équité genre.
Plus précisément, la SNV renforce les
capacités des collectivités locales, des organisations de la
société civile et des services d'Etat dans le cadre de la «
bonne gouvernance » qui est un des piliers principaux dans les
stratégies nationales pour la réduction de la pauvreté et
l'amélioration des services publics.
72
5.1.2- Démarche méthodologique de
renforcement de capacités
Les méthodes employées pour aboutir au renforcement
de capacités peuvent être résumées comme suit :
1. Le client au centre : la SNV écoute d'abord
et s'efforce de comprendre les besoins du client avant d'élaborer un
plan de travail sur cette base.
2. Le client est responsable, les conseillers de la SNV
ne font pas le travail à la place des clients : ils guident ou
encadrent dans un processus où le client est responsable de
l'organisation, de la mise en oeuvre, du rapportage, des plaidoyers et des
réseaux.
3. Organisation des formations de renforcement de
capacité : l'approche SNV encourage le client à se former
sur le tas, dans son travail ».
4. Souscrire à la formation par réseau
: Les ONG ou les autorités locales peuvent se former et renforcer
leurs capacités mutuellement. Il s'agit là d'une méthode
durable et économique qui se développe sur la base de
réseaux et d'expériences existants.
5. Participation et action conjointe : Participation
horizontale (des communautés villageoises aux structures nationales et
régionales) et verticale (mobilisant tous les acteurs concernés,
incluant les autorités locales, la société civile, le
secteur privé, les services déconcentrés, les projets)
dans la formulation de programmes de développement et la fourniture de
services aux communautés.
6. Complémentarité : s'abstenir de
perturber le marché des `'renforceurs» de capacité
locaux. La SNV ne propose pas de services gratuits là où les
`'renforceurs» de capacité locaux peuvent faire le travail. Dans
ces cas son rôle est de contribuer à l'institutionnalisation de
systèmes qui permettent aux clients de faire appel à l'appui des
`'renforceurs» de capacité locaux.
7. Se concentrer sur la mobilisation d'appui et la
gestion des ressources financières locales : le
développement ne peut être durable que si l'assurance des services
de base est financée par des ressources internes.
8. Respect des valeurs : La SNV intègre dans ses
services la justice sociale, l'équité en matière de genre,
et la conscience de l'environnement.
9. Gestion des connaissances : la SNV encourage
l'échange et le développement des connaissances relatives
à ses produits et services entre les pays, l'échange de
conseillers entre pays ; la participation aux réseaux externes
régionaux de `'renforceurs» de capacité.
Source : extrait du document de stratégie SNV 2007-2015
73
5.1.3- Dispositif opérationnel au
Bénin
Pour opérationnaliser cette stratégie et
atteindre ses objectifs, la SNV-Bénin, en dehors de sa direction
nationale à Cotonou, a mis en place six bureaux `'SNVConseil»
à Porto-Novo, Dogbo, Kandi, Natitingou et Parakou. Chacun de ses bureaux
dispose d'une équipe de Conseillers ayant des compétences
affirmées pour offrir des services dans les domaines stratégiques
de son intervention aux clients potentiels dans tous les départements du
pays:
5.1.4- Partenaires de la SNV au Bénin
Jusqu'en 2006, la SNV-Bénin travaille avec une
trentaine de communes, des ONG et associations locales. Au niveau macro elle
collabore avec la Maison des Collectivités Locales (MCL), l'Association
Nationale des Communes du Bénin (ANCB), la Fédération des
Unions des Producteurs de Coton, et supporte l'initiative des organisations de
la société civile comme Social Watch.
Ses principaux clients sont les organisations oeuvrant dans la
lutte contre la pauvreté et intervenant dans le domaine de la
décentralisation. Elle travaille au niveau local (intermédiaire)
et national avec des programmes d'appui des bailleurs de fonds dans le cadre
des partenariats établis tels que Plan-Bénin, Louvain &
Développement, PNUD, Ambassade Royale des Pays-Bas etc. Au lendemain de
la décentralisation, la SNV-Bénin a accompagné une
trentaine de communes dans douze départements pour l'élaboration
de leur plan de développement.
5.2- SNV-Bénin : Bilan de 15 années
d'intervention à Cobly et à Boukombé
5.2.1- Présentation des différents projets
mis en oeuvre par la SNV
Durant sa présence à Cobly et à
Boukoumbé, la SNV-Bénin a mis en oeuvre plusieurs programmes
d'infrastructures et de renforcement de capacité dont les plus
importants sont les suivants :
PDR/PAEPA (1994-1999) : Projet de
Désenclavement Rural / Projet d'Assainissement Rural en Eau potable et
Assainissement. Il a pour objectif principal de doter les
Sous-préfectures de Cobly et de Boukoumbé d'infrastructures
hydrauliques et d'assurer leur désenclavement par l'ouverture et
l'aménagement des pistes rurales et l'installation d'ouvrages d'art.
74
PADES (19991-1999) : Projet d'Appui au
Développement dans les sous-préfectures de Cobly et de
Boukombé. Il s'agit d'un projet intégré,
exécuté à travers l'appui direct de la SNV. Il prend en
compte plusieurs domaines, AGR, développement institutionnel,
renforcement organisationnel, genre, infrastructures et assainissement
PADIC (1999-2002) : le
programme d'appui au développement institutionnel des communes, vise
l'accroissement des capacités de maîtrise d'ouvrage des
administrations locales des deux communes en matière d'infrastructures
sociocommunautaires et économiques. Ces capacités incluaient en
plus du savoir- faire administratif, financier, social et technique, la
maîtrise des informations et les attitudes et comportements
nécessaires à la conduites d'un processus de décision dans
la transparence à partir des initiatives jusqu'à la gestion des
infrastructures réalisées. Une attention explicite est
accordée aux aspects genre et environnementaux.
Projet HAADI : Depuis 2000, les communes de
Boukoumbé et de Cobly ont élaboré et mis en oeuvre avec
l'appui de la SNV-Bénin et de l'ONG Protos - Belgique, un document de
formulation sur le volet hydraulique et assainissement dénommé
Action-HAADI (Hydraulique et Assainissement comme Appui au Développement
Intégré) dont le co-financement est assuré par la
Coopération Belge et la SNV. L'Action-HAADI vient en appui au processus
de développement autogéré par des interventions
sectorielles en matière d'approvisionnement en eau et d'assainissement.
Par son approche, le projet permet aux communautés
bénéficiaires et aux communes concernées d'acquérir
certaines compétences en matière de la gestion de cycle de projet
et en matière de planification et de gestion du développement
local en général. De façon spécifique, il vise :
· l'amélioration de l'accès à l'eau
potable de façon durable.
· l'amélioration des comportements des populations
en matière d'hygiène et d'assainissement.
· le renforcement des capacités des populations et
des autorités locales en matière de maîtrise d'ouvrage.
75
Au total, la stratégie d'intervention de la
SNV-Bénin a évolué de 1990 à 2002, passant de
l'assistance technique dans les ministères à la pratique de
conseil en passant par l'approche projet qui consiste à travailler
directement à la mise en oeuvre des projets avec les communautés
à la base. Dès 2003, sa stratégie opérationnelle
met l'accent sur le développement institutionnel et le renforcement
organisationnel comme compétences clés nécessaires
à la promotion du développement local par la participation,
l'apprentissage mutuel, l'appropriation.
5.2.2- Résultats des actions menées
à Cobly et à Boukoumbé
Les actions les plus remarquables de l'intervention de la SNV
sont relatives à la réalisation d'infrastructures de base, au
développement de l'économie locale et au renforcement du
rôle des acteurs locaux en matière de maîtrise d'ouvrage
communal et du genre.
5.2.2.1 - Infrastructures
sociocommunautaires
Vu le nombre important des ouvrages réalisés,
la plupart des personnes interrogées reconnaissent le rôle
pionnier joué par la SNV-Bénin dans la mise en place des
équipements et infrastructures de base. Il s'agit de :
- 17 modules de trois classes construits et
équipés ayant amélioré les conditions de
scolarisation dans les deux communes. l'importance généralement
reconnue de l'éducation dans la réduction de la pauvreté
et le développement durable, la priorité qui lui est
accordé dans les choix stratégiques du Bénin font de
l'éducation, un secteur dans lequel la SNV trouve intéressant de
travailler parce qu'elle est le fondement du progrès dans tous pays.
- 111 ouvrages hydrauliques (puits et forages) qui ont
facilité l'accès à l`eau potable pour 35% de la population
de Cobly et 19% de Boukoumbé1. Ces résultats, bien
qu'insuffisants au regard des besoins énormes en la matière, ont
entraîné une nette diminution des maladies hydriques, un
relèvement du taux de couverture en AEP et un gain de temps pour les
femmes dans la corvée de l'eau ;
1 Ces taux sont calculés sur la base de la
norme établies par le ministère de l'eau : 1 point d'eau pour 250
habitants.
76
- 131 latrines publiques et 100 latrines familiales
réalisées, qui ont amélioré les conditions
d'hygiènes et d'assainissement dans les marchés, les
écoles et surtout dans les ménages ;
- 151 km de pistes rurales aménagées et une
soixantaine d'ouvrages d'art construits, qui ont désenclavé les
deux communes, et amélioré la circulation inter arrondissement.
« Le désenclavement de Cobly et de Boukoumbé, c'est
d'abord l'oeuvre de la SNV, les principales pistes praticables aujourd'hui ont
été ouvertes et aménagées grâce à
l'intervention de la SNV ;; » (Daniel NAMIMA, ancien animateur SNV,
2007)
- La construction du bâtiment, abritant le Centre de
Lecture et d'Animation Culturel `'CLAC» qui tient lieu de
bibliothèque communale de Cobly, a été entièrement
financée à hauteur de 18 millions FCFA par la SNV.
Le coût des ses réalisations d'infrastructures est
estimé à plus de deux milliards de FCA (voir tableau
n°13 ci-après).
77
Tableau n°13 : Synthèse des
réalisations des infrastructures de base à Cobly et à
Boukoumbé par la SNV
Communes
|
Types d'infrastructures
réalisées
|
|
Puits et forages
|
Aménagement de pistes
|
Ouvrages d'art
|
Latrines publiques
|
Latrines familiales
|
|
Coût
|
Nbre
|
Coût
|
km
|
Coût
|
Nbre
|
Coût
|
nbre
|
coût
|
nbre
|
coût
|
Cobly
|
10
|
180 000 000
|
66
|
396 000 000
|
81
|
567 000 000
|
16
|
24 000 000
|
27
|
32 400 000
|
50
|
3 500 000
|
Boukoumbé
|
7
|
126 000 000
|
45
|
270 000 000
|
70
|
490 000 000
|
44
|
66 000 000
|
4
|
4 800 000
|
50
|
3 500 000
|
Total
|
17
|
306 000 000
|
111
|
666 000 000
|
151
|
1 057 000 000
|
60
|
90 000 000
|
31
|
37 200 000
|
100
|
7 000 000
|
|
Montant total des investissements en infrastructures
communautaires 2 163 200 000
78
Sources : résultats d'enquête 2007
5.2.2.2- Renforcement de l'économie
locale
Les actions de la SNV dans ce domaine se traduisent par la mise
en place d'infrastructures de production et l'amélioration des
ressources locales. A cet effet :
La construction de 12 magasins pour les GV dont 11 à
Cobly, pour un montant de 140 millions FCFA, destinés à la
production, le stockage et la commercialisation des produits agricoles avec la
facilitation de l'accès aux intrants agricoles et aux petits
crédits. Ceci pour permettre également aux producteurs de faire
face à la période de soudure et éviter le bradage de leurs
récoltes. Ces installations mises à la disposition des OP, par la
SNV servent, aujourd'hui de point d'appui pour la mise en oeuvre du projet
`'Lutte Intégrée pour la Sécurité Alimentaire»
(LISA) de Louvain et Développement et du projet de promotion des
filières agricoles (PAMRAD) de la Coopération Technique Belge
(CTB) ;
La construction du magasin de l'UCPC de Cobly (15 millions
FCFA) en vue de renforcer les capacités de la structure
faîtière des producteurs pour l'approvisionnement et la gestion
d'intrants agricoles ;
L'aménagement d'un mi-barrage à Boukoumbé
(17 millions), servant de point d'abreuvement pour bétail et offrant la
possibilité de maraîchage aux femmes des villages
bénéficiaires ;
Accompagnement des producteurs et productrices par une
série de formations sur la maîtrise des techniques culturales pour
l'amélioration des rendements agricoles. Près de 30 à 40
GV/GF, respectivement à Boukoumbé et à Cobly, ont
bénéficié, quatre années durant, de l'appui de la
SNV dans ce domaine.
La construction du siège de la CLCAM de Cobly (50% de
financement soit 15 millions FCFA) a favorisé l'épargne et le
crédit des producteurs et productrices regroupés au sein des GV
et GF de la commune ;
En matière de renforcement des ressources fiscales,
l'appui de la SNV a permis à Cobly de disposer d'un grand
marché, construit, assaini et équipé, pour un montant
79
de 123 millions FCFA en 1994. Le potentiel fiscal de ce
marché est estimé au moins à 160 mille FCFA par jour de
marché (tous les 7 jours). La gestion de ce marché et celle de
l'auberge léguée à la Commune par la SNV en 2002,
représentent une source importante d'amélioration des recettes
fiscales.
5.2.2.3- Développement institutionnel
Jusqu'en 2002, les sous-préfectures de Cobly et de
Boukoumbé2 ont été associées à la
formulation des programmes PDR, PADES, PADIC et HAADI. Lesquels programmes ont
été mis en oeuvre avec la participation active des
autorités locales à travers la mise en place de comités de
maîtrise d'ouvrage dont le rôle est d'opérer les choix, de
conduire le processus de décision et de suivre l'exécution des
travaux. Au niveau village, ce sont les comités de projet qui ont
été institués pour la mobilisation des populations autour
des actions à mener et le suivi de l'exécution des projets. La
réalisation de ces projets a été accompagnée du
renforcement des capacités des principaux acteurs locaux. Ce qui a
forgé des compétences locales qui seront utilisées plus
tard lors de l'élaboration des PDC en 2003 et de plusieurs autres outils
de planification du développement communal (PAI, Budget, etc.). C'est le
cas par exemple des ONG APDD de Cobly, et GrADED de Boukoumbé qui
doivent leur existence à l'assistance technique, financière et
matérielle de la SNV. Aujourd'hui la SNV, en partenariat avec PROTOS et
Louvain Développement, appuie une demi- douzaine d'ONG locales par un
plan de renforcement de capacité établi sur un ou deux ans. Le
but est de faire d'elles des structures pérennes en appui aux
élus locaux dans l'accomplissement de leur mission de
développement (annexe n°10 : exemplaire d'un plan de
renforcement).
Un des points forts de l'appui institutionnel est la cession
à titre gracieux, aux communes, des locaux ayant abrité les
sièges des projets de la SNV pendant 15 ans dans ces deux communes. A
Cobly, par exemple, il s'agit d'un ensemble de six bâtiments à
usage de bureau, de résidence et d'auberge d'une valeur estimée
à 130 millions FCA, répartis sur plusieurs domaines d'une
superficie totale de 18,194ha. C'est dans ces bâtiments que les bureaux
de la mairie sont installés depuis 2003, donnant ainsi un nouveau visage
à la commune. (Convention de cession de
2 Ancienne appellation des communes avant la
décentralisation
80
domaines en annexe n°11). «
Nous pouvons nous estimer heureux d'être la mairie la mieux lotie de
l'Atacora (... ) Nous ne saurions apprécier cet appui inestimable de la
SNV... » (Maire de Cobly, 2007). Tandis qu'à
Boukoumbé, c'est le siège du projet et une résidence (30
millions) qui sont cédés et qui sont aujourd'hui exploités
par un nouveau projet et la CLCAM.
L'appui institutionnel se traduit également par le
renforcement des élus, des agents des mairies et des membres des
organisations locales suivant des plans de renforcement établis
annuellement sur les thématiques relevant de la maîtrise d'ouvrage
communal, dans le but d'améliorer leurs connaissances et de
développer leur capacité à mieux s'impliquer.
5.2.2.4- Renforcement de la position des
femmes
Un des axes stratégiques de l'intervention de la SNV
à Cobly et à Boukoumbé est le genre. Il s'agit
d'accompagner le développement local avec une attention
particulière sur la position des femmes dans le processus. Ainsi plus
d'une quarantaine de GF à Cobly et une trentaine à
Boukoumbé ont bénéficié pendant plusieurs
années de l'appui organisationnel, technique, financier et
matériel de la SNV. Cet appui se traduit par la mise en place d'un
système de crédits - épargne autogérée
(CECA) par les femmes elles-mêmes. On dénombre encore quatre
restées fonctionnelles dont trois à Cobly sur lesquelles s'appuie
aujourd'hui, le projet LISA dans le cadre de la promotion agricole et des
AGR.
Le renforcement des capacités des femmes a eu pour
effet leur intégration dans les structures de prise de décision
au niveau des divers comités villageois, communaux (CA de la CLCAM). En
effet, la proportion des femmes dans ces structures a augmenté et varie
entre 5% et 60% selon les cas. Elle sont plus présentes et pragmatiques
au niveau des villages et arrondissements. Cette dynamique a abouti en 2000
à une fédération communale des GF dans chacune des
communes. Il s'agit de DIWERE à Cobly et de TIKONNA à
Boukoumbé. Ces deux fédérations ont
bénéficié de l'appui de la SNV pour la construction de
leur siège appelé `'Centre d'Echange des Femmes» (CEF). Deux
de ces centres construits à Boukoumbé (30 millions FCFA),
comprennent chacun une salle de réunion, des chambres de passage, une
paillote qui sert de lieu de rassemblement et de formation sur la
81
gestion de l'épargne et crédits,
l'alphabétisation et la sensibilisation sur la scolarisation des
enfants.
En 2002, l'année de désengagement de l'appui
direct aux organisations locales, et dans le souci de garantir leur
pérennité, la SNV tout en léguant les dits centres, a mis
à leur disposition un fonds de roulement pour la poursuite de leurs
activités de crédits et a facilité leur mise en relation
avec la CLCAM. Chacune des deux associations est désormais autonome et
devrait s'autogérer. Contrairement à DEWERE de Cobly, TIKONNA est
reconnue par les principaux acteurs de Boukoumbé comme une association
féminine dynamique dans la mobilisation sociale. Elle a pu multiplier
son fonds de roulement par trois, passant de 1,5 millions en 2002 à 5
millions en 2007. Cette association qui regroupe plus de 300 femmes de
Boukoumbé, dispose d'un plan stratégique et d'une capacité
de négociation qui lui a permis de nouer depuis quatre ans un solide
partenariat avec l'ONG néerlandaise AGRITERA.
5.3- Appropriation des outils de planification locale
Il existe plusieurs approches du concept d'appropriation qui
vont du simple sentiment de se sentir responsable des résultats du
processus, à une volonté d'engagement pour des actions
concrètes qui impliquent l'investissement de ses propres ressources et
capacités. L'appropriation nécessite la confiance en soi. Elle
est considérée comme un concept multidimensionnel qui se
manifeste à plusieurs niveaux :
- l'appropriation des idées et stratégies. Il
s'agit d'impliquer dans les choix à faire les parties concernées
par l'intervention et de faire en sorte qu'elles se retrouvent dans ces choix
;
- L'appropriation du processus d'exécution et de suivi
ainsi que du système de
gestion des ressources. Les acteurs doivent suivre de
manière active la
procédure de la mise en oeuvre et s'impliquer dans la
gestion des ressources ;
- l'appropriation des résultats de l'intervention. Les
parties prenantes doivent se
sentir responsables des résultats du processus.
Si chacune de ces dimensions de l'appropriation est dans une
certaine mesure, présente, il est possible de dire qu'un sentiment
d'appropriation est en train de se développer au niveau des acteurs.
Lequel sentiment dénote une certaine maîtrise
82
des compétences liées aux actions de
développement local. Ces compétences ont été
forgées depuis la présence de la SNV à Cobly et à
Boukoumbé où elle a mis au coeur de ses interventions
successives, les acteurs locaux.
La fiche n°01 ci-dessous précise, le degré
d'approp riation des outils de planification au niveau de chaque commune.
83
Fiche n°01 : Evaluation du niveau de
maîtrise des compétences en planification locale
commune de Cobly
|
capacités internes à :
|
Faible
|
Passable
|
Bon
|
très bon
|
|
2
|
3
|
4
|
Elaborer le plan de
développement de la commune
|
|
|
|
|
Elaborer le plan annuel
d'investissement (PAI)
|
|
|
|
|
Monter des dossiers de financement
|
|
|
|
|
Elaborer le budget
communal
|
|
|
|
|
Mobiliser les ressources
|
|
|
|
|
|
Commune de Boukombé
|
capacités internes à :
|
faible
|
passable
|
bon
|
très bon
|
|
2
|
3
|
|
Elaborer le plan de
développement de la commune
|
|
|
|
|
Elaborer le plan annuel
d'investissement (PAI)
|
|
|
|
|
Monter des dossiers de financement
|
|
|
|
|
Elaborer le budget communal
|
|
|
|
|
Mobiliser les ressources
|
|
|
|
|
|
4
84
5.3.1- Capacité d'élaboration des
différents plans
5.3.1.1- Elaboration du Plan de Développement
communal
Les plans de développement de Cobly et de
Boukoumbé ont été élaborés grâce
à l'encadrement technique de la SNV à travers une approche
participative mettant au coeur du processus l'ensemble des acteurs locaux et
des services techniques. Tous les représentants des différentes
catégories sociales et politiques ont connaissance de l'existence du PDC
pour avoir participé au processus, chacun selon son domaine de
compétence et sa disponibilité. Les maires, les conseillers et
les agents de la mairie se déclarent satisfaits pour avoir pris
l'initiative, assuré l'organisation matérielle et logistique des
ateliers, mobilisé les compétences locales pour la collecte des
données dans les villages et arrondissements. Bref ils expriment tous un
sentiment de fierté d'avoir joué le « rôle moteur
» dans l'élaboration de ce document qui est selon eux, un outil
important de stratégie de mise en oeuvre d'action de
développement malgré les multiples problèmes
rencontrés.
« L'élaboration du plan de
développement de Cobly a été un exercice complexe, long et
exigeant mais aussi édifiant, aux résultats réconfortants.
Car la conduite du PDC est fonction du dynamisme et de l'esprit de
solidarité des différents acteurs qui font le
développement. Nous l'avons constaté avec l'implication des
forces et compétences locales dans l'unité de pensées et
d'actions atténuant ainsi les contradictions et les méfiances
nées des querelles politiques et de l'exclusion.
La participation des populations au processus nous
paraît un moyen d'acquisition et d'appropriation du plan.
Pendant le processus les élus locaux et l'ensemble
de la société civile constituent deux jambes. L'une ne peut
partir sans l'autre. Notre expérience était édifiante en
ce sens qu'elle nous propulse au devant du développement de notre
commune et renforce nos capacités à plusieurs points de vue.
» (Robert YOKOUA, Maire de Cobly : 2005)
Pendant longtemps la planification, est perçue comme
relevant du domaine des experts sans lesquels on ne saurait parler de
développement. Or pour être efficace, cohérent et
adapté au contexte du milieu, son élaboration requiert des
compétences
85
spécifiques certes mais surtout une organisation
sérieuse basée sur la participation active des acteurs locaux et
des bénéficiaires qui sont à même d'exprimer leurs
préoccupations vécues au quotidien, d'identifier et de prioriser
les besoins qui leur semblent appropriés et réalistes à
court, moyen et long terme. De ce point de vue « la planification ne
doit pas être seulement une question d'expert, dans la mesure où
elle est considéré comme la porte d'entrée du
développement des communes » (Directeur de la MCL ;
2007)
Saisissant l'opportunité de la décentralisation
qui confère aux élus locaux le pouvoir de conduire le
développement local, la SNV dans son approche, a mis en oeuvre une
stratégie qui a permis aux acteurs communaux de réaliser leur
propre plan de développement en utilisant essentiellement les
compétences locales avec un encadrement technique de la SNV et de
certains services techniques déconcentrés de l'Etat. Cette
stratégie a permis aux communes de valoriser d'une part les
compétences internes locales (mobilisation de toutes les couches
sociales, des ONG et associations, des fonctionnaires et des services, etc.) et
de réaliser le plan à un coût assez faible. Une telle
démarche a, selon les élus locaux, facilité la
maîtrise du contenu du document, une meilleure connaissance de la
démarche suivant cinq grandes étapes décrites à
l'Annexe n°12.
L'objectif de la SNV en appuyant ces communes à se
doter de PDC est d'encourager les élus et leurs administrations à
prendre en main le processus de planification, à promouvoir une large
participation et à renforcer les capacités locales des acteurs.
La stratégie de renforcement de compétence mise en oeuvre dans ce
cadre repose avant tout sur l'élaboration des outils simples et
adaptés de manière à faciliter la contribution de chacun
des acteurs impliqués. En outre la SNV a adopté une position
d'accompagnateur qui aide les acteurs à se renforcer dans l'action et
par l'apprentissage
Pendant neuf mois environ, les différents acteurs
avaient mis en commun leurs expériences pour sortir un guide
désormais aux mains de l'administration locale. La méthode de
réalisation de ce plan a été basée essentiellement
non seulement sur la participation des populations, mais aussi et surtout sur
l'implication réelle des élus locaux et de tous les acteurs
à toutes les étapes du processus. La moyenne de
86
participation est de 100 personnes dans les villages et
arrondissements pendant les ateliers de collecte de données et de 55
personnes pour les ateliers communaux.
Le processus a connu un succès grâce à la
détermination du conseil communal qui en a assuré la
maîtrise d'ouvrage en s'appuyant sur un comité de pilotage,
véritable moteur du déroulement du processus. Ce comité,
créé par arrêté du Maire et composé d'environ
une quinzaine de personnes représentatives des différentes
catégories sociales de la commune, avait pour objectif de coordonner le
processus d'élaboration du PDC de manière à assurer une
large participation des différents acteurs, gage d'appropriation du
processus et du rapport final. De concert avec le conseil communal et le
comité de pilotage, il avait mobilisé les ressources locales tant
humaines que financières nécessaires pour organiser les
différents ateliers. Il avait bénéficié aussi de
l'encadrement technique des conseillers de la SNV qui ont mis en place des
outils, des modules de formation et un suivi rapproché dans l'action.
Avec les capacités locales renforcées, le processus avait permis
selon l'ensemble des élus interrogés :
· De mettre en évidence des ressources humaines
potentielles au sein du comité de pilotage (CP), des organisations
locales (notamment les ONG) et au niveau de toute la commune ;
· De mieux maîtriser la problématique du
développement dans chacune des communes de Cobly et de Boukoumbé.
Le diagnostic étant organisé et réalisé par le
comité de pilotage, les membres ont su à cette occasion
accroître leurs connaissances et valoriser leurs expériences
acquises dans leur structure respective à travers la réalisation
du diagnostic, l'organisation des ateliers et la rédaction des
différents rapports ;
· De faire prendre conscience au conseil communal qui a
su jouer son rôle de maître d'ouvrage du processus à travers
l'apprentissage, l'échange et surtout la mise en oeuvre des conseils
fournis par la SNV ;
· De voir que les différentes et multiples
démarches menées en vue de solliciter les compétences des
acteurs locaux ont accru les capacités de négociation des
élus
87
en général et du maire en particulier qui ont su
mobiliser les ressources locales nécessaires à la
réalisation du PDC ;
· De renforcer la capacité d'initiative du maire
dans le cadre des négociations avec tout autre partenaire au
développement ;
· De créer un sentiment de confiance et de
courage dans la réalisation de toute autre action de
développement de la commune. « car au début nous ne
croyions guère à nos capacité (...), mais on s'est rendu
compte à la fin que la commune dispose néanmoins de quelques
ressources potentielles humaines (... ) » ;
· De constater enfin que la gestion des débats
contradictoires est un exercice permanent selon lequel la lutte des
idées nécessite à la fois conviction et concession.
Si des changements certains ont été
observés à l'issue de ce processus dans chacune des communes et
que les maires et leurs conseillers ont globalement apprécié
l'appui et l'accompagnement de la SNV, la capacité des communes de
mener, à elles seules, désormais cette démarche pour la
prochaine édition des PDC est cependant relativement faible. Le maire de
Cobly et l'ensemble des élus locaux pensent que le niveau technique
nécessaire pour le processus est `'passable». Mais ce niveau de
performance sera élevé avec la stratégie de recrutement du
personnel adéquat au niveau des services clés de la mairie sur
lesquels repose tout l'aspect technique du développement local. Ils
estiment qu'ils assumeront, lors de la prochaine édition des PDC en
2009, davantage de responsabilité surtout dans l'organisation du
processus et la mobilisation des ressources techniques locales. Il faut noter
que l'engagement et la détermination dans le processus
d'élaboration du plan est plus remarquable à Cobly qu'à
Boukoumbé dont les élus estiment la capacité technique
`'faible» du fait du manque de personnel qualifié au niveau de la
mairie et de la faible capacité des autorités à mobiliser
l'ensemble des acteurs autour des préoccupations du
développement.
Dans les deux cas le besoin en renforcement de
capacités de l'administration et des acteurs locaux reste primordial
et l'appui doit se poursuivre avec l'ensemble des
88
partenaires externes afin de rendre responsables les acteurs
communaux dans la planification des actions de développement.
5.3.1.2- Plan annuel d'investissement (PAI)
Avec l'élaboration et l'adoption du PDC, les communes
de Cobly et de Boukoumbé se trouvent depuis 2004 dans un processus
cohérent de développement local. L'une des dispositions de la
mise en oeuvre du plan est l'élaboration du Plan annuel d'investissement
(PAI). Le PAI est un outil d'opérationnalisation du plan de
développement communal élaboré sur la base de la tranche
annuelle (partie du PDC prévue pour être exécutée au
cours de l'année). Il est donc indispensable d'établir une
planification annuelle claire et réalisable sur la base de la pertinence
des activités, de leur faisabilité et surtout de leur impact
supposé sur le développement local en tenant compte :
· des partenaires et acteurs intervenant dans la commune
par le biais des programmes et projets de développement ;
· de l'amélioration des ressources propres de la
commune (recettes fiscales et non fiscales locales) ;
· de la mobilisation de la participation communautaire
en termes de contribution financière à la réalisation des
projets des partenaires en faveur des populations ;
· et de la subvention de l'Etat.
A ce niveau, la SNV par son encadrement rapproché a
accompagné deux ans durant (2005-2006) les deux Communes afin qu'elles
s'approprient la technique de rédaction du document. La stratégie
menée repose essentiellement sur l'assistance aux services clés
de la mairie notamment le SDLP, le ST et le SAF dont le personnel
renouvelé et d'un niveau de qualification acceptable (Bac+3) est un
atout pour faciliter le transfert de compétence. A Cobly cette
capacité est jugée `'très bon» parce que la mairie
dispose depuis deux ans de 90% de compétences nécessaires dans ce
domaine. Le service du développement local et le service technique ont
facilité l'élaboration des PAI 2006 et 2007 tandis que du
coté de Boukoumbé l'appropriation reste relativement
`'faible».
89
5.3.1.3- Elaboration du budget communal
Pour une bonne gouvernance dans la gestion financière des
communes et pour contribuer à l'amélioration des performances
financières des administrations locales dans le contexte de la
décentralisation, la SNV forme, appuie et conseille pour
l'élaboration d'un budget partagé. L'objectif visé est de
renforcer les capacités des élus et des financiers (SAF et RI et
RP) à mobiliser et à gérer les ressources
financières de la commune suivant la nomenclature budgétaire en
vigueur depuis 3 ans. La méthodologie consiste en l'organisation d'un
forum budgétaire qui permette aux élus locaux, aux organisations
locales de la société civile et du secteur privé de
prendre une part active dans l'élaboration du budget communal
partagé.
A ces différentes étapes du processus, les
conseillers communaux ont été formés pour lire le budget
afin de mieux réagir lors des sessions budgétaires. Le budget
ainsi élaboré n'est plus l'affaire du maire seul mais de tous
pour une gestion transparente et l'amélioration des recettes locales.
Cette compétence est disponible à près de 50% au niveau
des deux communes. Cependant force est de constater que malgré le
personnel qualifié au niveau des services financiers, le niveau des
recettes n'est guère satisfaisant à cause du manque de politique
de gestion des ressources locales et de valorisation du gisement fiscal
disponible.
5.3.1.4- Montage de dossier de financement
L'exercice de la maîtrise d'ouvrage par les communes
donne un pouvoir de décision concernant l'opportunité de
l'action, la mobilisation des fonds, la réalisation des études et
travaux, la réception des ouvrages et l'organisation de l'exploitation.
Le transfert de compétence suppose que les communes acquièrent la
capacité d'exercer cette fonction de maître d'ouvrage. Pour
accompagner les communes dans ce rôle, la SNV a mis en place un plan de
formation qui vise à renforcer ou à valoriser les
capacités de certains acteurs en matière d'élaboration de
projets, à s'approprier le processus et les techniques de
négociation pour la recherche de financement dans le cadre de la mise en
oeuvre du PDC. Aujourd'hui dans les deux communes, un comité
d'élaboration de microprojets est fonctionnel et élabore des
micro-projets d'écoles, de centres de santé, d'ouvrages
hydrauliques, d'assainissement, de marchés qui sont soumis à
certains bailleurs.
90
Dans le cadre du Programme National de Développement
Conduit par les Communautés (PNDCC), chacune des communes a pu
élaborer au moins une vingtaine de projets qui ont été
entièrement financés à hauteur de 100 millions et de 50
millions respectivement pour Cobly et Boukoumbé. Il faut dire qu'avec
ces expériences de planification, la compétence des mairies s'est
accrue en capacité de négociation de financement. Ceci s'explique
aussi par leur capacité à consommer dans le délai les
fonds alloués et à pouvoir les renouveler (cas du projet HAADI
qui en est à sa 5ième phase depuis 2000). Dans les
deux cas plusieurs autres programmes sont en cours d'exécution
grâce à la détermination des maires ( projet Logo South
à Boukoumbé). Il faut tout de même reconnaître que
cette compétence a besoin d'être renforcée pour que
l'initiative d'élaborer les documents et de rechercher les financements
par les communes elles-mêmes soit une réalité,
contrairement à l'expérience actuelle où c'est le
financement qui est déjà disponible et qui attend les dossiers de
projets des mairies.
5.3.2- Capacité de maîtrise d'ouvrage autour
des infrastructures
Par son approche, la SNV a permis aux communautés
bénéficiaires et aux autorités communales,
d'acquérir à travers la mise en oeuvre des différents
projets (PDR, PADES, PADIC, HAADI), certaines compétences en
matière de processus de réalisation des ouvrages
sociocommunautaires dans le domaine de l'eau potable, de l'assainissement, de
l'éducation et des infrastructures à caractère
socioéconomique. Pour chaque infrastructure à réaliser, un
comité de projet est mis en place et son rôle est de susciter la
contribution de toute la communauté pour que l'ouvrage soit
réalisé, mieux géré et exploité au profit du
village. La contribution villageoise à la réalisation est
financière ou en nature. La participation financière a
évolué par rapport au contexte, passant de 0% au départ
à 10% dans le cadre de PADIC en 2000. Cet élan de participation
est un acquis fondamental aujourd'hui pour le développement des
communes. En matière de renforcement des capacités de
maîtrise d'ouvrage des administrations communales, les deux communes
maîtrisent et conduisent librement les processus de réalisation
d'infrastructures mis à leur disposition par d'autres programmes (PNDCC,
GTZ, PAMRAD, etc)
91
Dans le cadre de l'action HAADI3 par exemple, le
transfert de compétence a progressé dans les deux communes. Les
dossiers de ce projet, ont été remis aux nouveaux élus
depuis 2003 et les communes ont pleinement joué leur rôle de
maître d'ouvrage. Un comité communal étudie les dossiers
d'appels d'offres, tandis que les maires signent les marchés et
décaissent les fonds après avoir reçu l'avis de
non-objection de la coopération belge qui co-finance le
projet. Les communes jouent également le rôle de mobilisation de
la population par le biais de deux ONG locales (APDD à Cobly &
GrADED à Boukoumbé) qui réalisent les travaux de
dynamisation des comités de gestion et d'intermédiation sociale
pour les points d'eau dans le cadre d'un contrat avec chaque commune.
Après une série de formations
(annexe.n°14), les commissions communales
d'attribution des marchés ont organisé dans le cadre de ce
projet, une vingtaine d'appels d'offre qui ont permis aux maîtres
d'ouvrages représentés par les maires d'octroyer les
marchés aux entrepreneurs et de recruter des bureaux d'études
pour le suivi des travaux.
A Cobly, on note un plus fort degré d'implication et de
mobilisation de l'ensemble du conseil communal dans le processus de
maîtrise d'ouvrage communal. Il existe aujourd'hui un minimum de
compétence disponible (estimée à 75%) avec le
fonctionnement correct des services technique et de la planification au niveau
de la mairie. Avec cet accompagnement des communes, les compétences sont
renforcées et rentabilisées dans d'autres projets ou secteurs de
développement. C'est le cas de PNDCC dont la commune a assuré le
processus de réalisation d'un certain nombre d'infrastructures
financées à hauteur de près de 65 millions pour
l'année 2005.
A Boukoumbé, au plan administratif le
Secrétariat Général suit régulièrement les
correspondances relatives au projet. On remarque un bon archivage des dossiers
et documents du projet auprès du 2ème Adjoint au maire. Et la
présence d'un C/SAF qui parvient à s'acquitter des tâches
de gestion comptables, financières et bancaires qu'exige le programme
(paiement à bonne date des décomptes aux prestataires,
justification à temps au bailleur des dépenses de la mairie dans
le cadre de HAADI, suivi régulier de la trésorerie, reversement
des redevances fiscales aux services des impôts). Malgré cela la
capacité de Boukombé dans ce domaine reste limitée
à
3 Le projet HAADI a été mis en oeuvre
jusqu'en 2007 et constitue un exemple d'apprentissage pour le transfert de
compétence et de ressources aux communes
92
cause de l'instabilité observée au niveau des
services clés du fait des démissions des agents. La fiche
n°02, illustre parfaitement les différences de degré
d'appropriation de compétence en matière de maîtrise
d'ouvrage par l'une et l'autre commune. Somme toute, les appuis conseils
donnés ont incité l'une comme l'autre des communes à se
doter de service technique et ont également permis aux deux maires de
déléguer à leurs adjoints la responsabilité de la
conduite des activités dans le cadre HAADI.
Au regard de l'analyse du bilan des 15 années
d'intervention de la SNV-Bénin, les résultats sont
édifiants pour le développement des communes de Cobly et de
Boukoumbé. L'ampleur des réalisations physiques tant dans le
domaine sociocommunautaire que dans celui de l'économie locale avec leur
impact en termes de compétences locales renforcées et
d'amélioration des conditions de vie des populations, confère
à la SNV le rôle incontestable de pionnier dans le processus de
développement dans ces deux communes.
93
capacités internes à :
|
Faible
|
Passable
|
Bon
|
très bon
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Elaborer des dossiers d'appel d'offre (DAO)
|
|
|
|
|
Analyser des
offres (réception, dépouillement et analyse)
|
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|
|
|
Contractualisation (choix des prestataires, élaboration et
signatures de contrat)
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|
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Suivi de chantier (contrôle de
qualité et réception d'ouvrages)
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Trame
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Gestion de contrat
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capacités internes à :
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Faible
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passable
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bon
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très bon
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1
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2
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3
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4
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Elaborer les dossiers d'appel d'offre (DAO
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Analyse des
offres (réception, dépouillement et analyse
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Contractualisation (chois des prestataires, élaboration et
signatures de contrat
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Suivi de chantier (contrôle de qualité et
réception d'ouvrages
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|
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|
|
Gestion de contrat
|
|
|
|
|
94
Fiche n°02 : Appropriation de
compétence en matière de maîtrise d'ouvrage autour des
infrastructures
Commune de Cobly Commune de Boukombé
Chapitre VI - Résultats de l'analyse
Ce chapitre VI, le dernier est consacré à la
vérification des hypothèses qui ont constitué les bases de
la recherche.
6.1- Vérification de l'hypothèse ni
Par rapport à la première hypothèse
«les compétences locales existent et participent
activement aux actions de développement communal »,
l'analyse a montré que le potentiel pour un développement local
à Cobly et à Boukombé existe suffisamment en termes de
ressources humaines et financières. Lesquelles ressources sont peu
exploitées du fait de manque d'initiative et de la faible
compétence des dirigeants locaux à susciter une mobilisation
interne pour mieux valoriser les atouts et créer une dynamique de
développement. Ainsi nous avons pu constaté qu'il existe dans
chacune des deux communes :
- Un conseil communal stable qui s'est
employé à doter la commune d'un plan de développement et
des outils nécessaires pour sa mise en oeuvre. La volonté et la
disponibilité des conseillers à servir leur communauté
constituent la preuve de leur engagement à accomplir la mission qui leur
incombe. Néanmoins des problèmes de capacité à
répondre à toutes les exigences de leur fonction et à
conduire les actions de développement de manière cohérente
se posent sérieusement. Ces difficultés pourraient être
corrigées si des initiatives sont prises par les élus locaux.
- Une administration communale en pleine
mutation avec la mise en place des services essentiels en vue d'une
couverture efficace des besoins des populations. On constate surtout que les
différentes tâches administratives, financières et
techniques notamment l'élaboration et la gestion du budget, la mise en
oeuvre de PDC etc. , montrent que le personnel administratif a une certaine
capacité à assumer ses tâches et à offrir aux
populations un service minimum. Les maires, malgré leurs ressources
financières limitées, font des efforts pour changer l'image de
leur administration caractérisée par un mode de fonctionnement
inadapté à une collectivité locale autonome. Le
recrutement de jeunes agents de niveau acceptable, l'organisation des services
de la mairie et les formations initiées par les partenaires
95
et les structures de l'Etat sont autant d'initiatives porteuses
d'espoir pour le développement communal.
- Un tissu associatif émergeant,
composé d'ONG et d'associations diverses qui interviennent dans
plusieurs secteurs de développement. Ce sont des organisations locales
qui sont très actives aux côtés des partenaires pour la
promotion de l'économie locale et la fourniture des services de base
dans les domaines de la santé, de l'éducation et de
l'hydraulique. Mais leurs faiblesses se résument essentiellement
à l'insuffisance de compétence, aux problèmes de
gouvernance interne, à l'absence de vision stratégique et surtout
au manque de synergie d'action entre elles d'une part et avec la mairie et les
autorités locales d'autre part. Un partenariat stratégique entre
la mairie et les OSC serait un atout pour la dynamique de développement
communal.
Au total, les capacités des acteurs locaux existent
pour assurer le développement local. Mais elles sont assez faibles. Ces
insuffisances sont beaucoup plus d'ordre organisationnel et matériel ;
elles peuvent se corriger dans le cadre de la concertation locale et de la
synergie des acteurs.
6.2- Vérification de l'hypothèse n°2
L'hypothèse selon laquelle «
L'intervention des partenaires externe par le biais des divers
programmes et projets est un moyen de consolidation du processus de
développement local » est partiellement
vérifiée de par le nombre important des partenaires en
présence et l'ampleur des actions menées dans le cadre de leur
programme respectif. Les investissements dans ces deux communes durant ces
quatre dernières années sont le fait des partenaires
étrangers. Leurs actions sont remarquables dans la mesure où
elles permettent de surmonter plusieurs contraintes liées au
développement local notamment à l'insuffisance des ressources
humaines et surtout de valoriser les énormes atouts de chacune des
localités. Si l'intervention des partenaires externes est jugée
pertinente par les communes en question, leur efficacité souffre
cependant d'une certaine incohérence du fait de la démarche
d'accompagnement inadaptée, de la duplicité et du manque de
synergie, toutes
96
choses qui ne facilitent réellement pas l'accomplissement
de la mission des élus locaux. A ce niveau les difficultés
majeures à relever sont de plusieurs ordres :
La réticence de certains intervenants à
conférer aux élus le rôle de maître d'ouvrage dans la
mise en oeuvre de leurs programmes ;
L'absence d'approche harmonisée au niveau de certains
partenaires opérant dans les mêmes secteurs et dans les
mêmes communes ;
La faible coordination des actions menées ;
L'absence de synergie et de complémentarité dans la
réalisation des projets.
Quant à l'Etat, considéré comme principal
partenaire d'appui aux communes, il a, à travers le PRODECOM, le
PNDCC,les subventions diverses, la MCL et la MD, amélioré la
performance des administrations de Cobly et de Boukombé. Cependant son
soutien reste insuffisant au regard de nombreux engagements non tenus surtout
en ce qui concerne la question de transfert de compétences et de
ressources. Sa politique d'appui aux collectivités locales a, selon les
maires, « déçu le espoirs nés de la
décentralisation en 2002 ».
L'intervention des partenaires et de l'Etat demeure un point
d'appui indispensable pour la promotion de la décentralisation à
travers le renforcement des élus et des OSC dans leur rôle de
`'moteur'' du développement local dans ces deux communes. Mais cette
constatation ne saurait durer dans le temps que si les partenaires adaptent
leurs programmes au contexte de la décentralisation en reconnaissant le
rôle des élus et des acteurs et si l'Etat de son côté
met en oeuvre efficacement sa politique d'assistance aux communes en
matière de transfert de compétence et de ressources.
6.3- Vérification de l'hypothèse n°3
« L'approche SNV-Bénin a permis de renforcer les
acteurs locaux dans leur rôle de `'moteur» de développement
des communes et de faciliter l'appropriation du processus technique de la
planification du développement local ».
Au terme de l'analyse des résultats de l'intervention de
la SNV-Bénin, cette hypothèse est entièrement
vérifiée. En effet, la SNV étant active à Cobly et
à Boukoumbé, depuis au moins une quinzaine d'années,
elle a mis au coeur de toutes
97
ses initiatives les acteurs locaux qui ont acquis des
compétences et d'un savoir-faire dans l'élaboration des outils de
planification (PDC, PAI, Budget partagés, suivi et évaluation) et
de réalisation des infrastructures communautaires par l'appropriation du
processus technique. Ces compétences acquises leur permettent
actuellement d'assumer avec succès, leur responsabilité dans le
cadre de la mise en oeuvre de nombreux projets de développement en
partenariat avec d'autres acteurs tels que Plan-Bénin, Aide &
Action, Louvain développement, UNIDEA etc.
La plupart des acteurs des communes de Cobly et de
Boukombé, qu'il s'agisse du conseil communal ou des OSC, reconnaissent
la pertinence de l'appui de la SNV par l'approche responsabilisante qui
consiste à accompagner les intéressés dans leurs propres
initiatives. L'analyse des résultats sur le bilan de la SNV en termes de
changements significatifs induits, montre que :
- 50% des personnes interrogées, affirment que le
renforcement des capacités des femmes, constitue le 1er point
fort de l'intervention de la SNV à Boukoumbé et à Cobly.
Ceci parce qu'elle a facilité : l'accès aux crédits,
à la prise de décision, l'éveil, la prise de parole,
l'amélioration de revenus, la prise de conscience des
inégalités entre hommes et femmes et l' augmentation du taux de
scolarisation ; « les femmes ont eu la chance d'ouvrir les yeux sur la
SNV... » (Présidente TIKONNA, 2007)
- La réalisation des infrastructures (pistes,
écoles, ouvrages d'assainissement, point d'eau etc....) est jugée
positive par 75% des personnes interrogées qui reconnaissent que les
deux communes doivent un grand nombre d'infrastructure de base à la SNV.
«... La SNV est rentrée dans l'histoire de
développement de Cobly et de Boukoumbé ». (Robert
YOKOUA, maire de Cobly, 2007)
- L'appui institutionnel aux communes trouvées
très significatif par 45% des personnes interrogées notamment les
Conseillers, les agents de la mairie et les organisations locales.
Ces changements induits grâce aux actions de la SNV sont
jugés pertinents par 98% des personnes rencontrées.
98
La capacité de maîtrise d'ouvrage acquise dans le
domaine de la planification et de réalisation des infrastructures
constitue un impact visible qui témoigne de la pertinence de cette
stratégie. Avec cette stratégie, la SNV a aidé les
communes à disposer d'outils de gestion efficaces avec pour effet
l'accroissement des taux de mobilisation de ressources essentiels pour la
réalisation des projets de développement. Cette capacité a
permis par exemple à Cobly d'être la première commune
à mener à bien les projets de PNDCC en 2006 grâce aux
compétences du service technique et des chefs d'arrondissements. En
outre l'appui de la SNV aux OSC est perçu comme le ciment du
développement du tissu associatif qui se construit pour consolider la
dynamique locale autour des initiatives de développement en vue du
mieux-être des populations à la base.
99
100
Conclusion générale
Notre travail de recherche s'appuyait sur quatre objectifs
spécifiques découlant de l'objectif général qui est
de « faire le bilan de l'intervention de la SNV-Bénin
dans les communes de Cobly et de Boukoumbé à travers le
renforcement des capacités des acteurs locaux dans le processus de
développement local». Ce mémoire, n'est qu'une
contribution à la réflexion sur la problématique de
développement local. Il est loin d'aborder tous les aspects du sujet ;
mais il aura le mérite de mettre en évidence la portée des
interventions de la SNV et des partenaires dans le cadre de leur appui à
la décentralisation.
Au terme de l'analyse des résultats, nous pouvons
affirmer que l'intervention de la SNV, depuis la fin des années 80, a
donné des résultats quantitatifs et qualitatifs. Les nombreuses
réalisations physiques en termes d'infrastructures sociocommunautaires
et socio-économiques ont constitué un moyen efficace pour relever
le niveau de compétence des administrations locales et des organisations
de la société civile. Le niveau de développement
économique social et institutionnel actuel des deux communes
dépend en grande partie du rôle de pionnier qu'a joué la
SNV. L'appui de la SNV a donc généré un grand nombre
d'organisations de base.
Ainsi la SNV est-elle reconnue, tant par les autorités
locales que par les partenaires nationaux et internationaux, comme une
organisation qui défend les intérêts des différents
groupes sociaux par une stratégie de développement
organisationnel et institutionnel. Pour cette raison, le pilier central de sa
stratégie demeure la prise de conscience, le sens de l'organisation et
le développement institutionnel des autorités et des
organisations locales afin de créer une dynamique locale autour des
actions de développement.
Aussi, les résultats de ce processus d'investigation et
d'analyse ont -ils permis
- de connaître l'état des lieux des
différentes catégories d'acteurs dans ces deux communes de Cobly
et de Boukombé. Qu'il s'agisse du personnel politique, administratif et
des organisations diverses de la société civile, aucun d'entre
eux n'ignore son poids dans la construction de l'édifice qu'est la
commune. Si le cadre
101
institutionnel s'y prête, c'est beaucoup plus
l'organisation des acteurs qui semble nécessaire pour une participation
plus active et des décisions pertinentes en faveur des actions de
développement. Mais le relèvement du niveau de capacité et
de compétence technique ainsi que la maîtrise du rôle des
maîtres d'ouvrage constituent le défi majeur à relever pour
que les acteurs locaux `'tirent efficacement la charrette» en vue de
l'émergence d'une dynamique locale dans le processus de
développement des deux communes.
- de s'imprégner du niveau de contribution des
partenaires externes au renforcement des capacités des acteurs locaux
par la mise en oeuvre des programmes et projets de développement. Ces
interventions sont d'une grande utilité pour les populations de ces
communes en matière de fourniture de services de base et
d'amélioration de revenu par la production agricole et animale. La
faiblesse observée à ce niveau réside dans l'absence de
concertation, de coordination, de complémentarité et de synergie
dans la mise en ouvre des programmes dans lesquels les élus et les
acteurs locaux n'ont pratiquement pas de rôle considérable
à jouer. Le transfert effectif des ressources avec une assistance
à la maîtrise d'ouvrage apparaît comme un des enjeux majeurs
non seulement pour légitimer l'action communale et consolider le
processus de décentralisation mais également pour accroître
les capacités locales d'exécution des investissements et
favoriser la création des conditions de développement de
l'économie locale dans ces communes.
Enfin la question qui peut être posée au terme de
ce travail est comment la SNVBénin fort de son ancrage dans la
localité, peut-elle continuer à faciliter l'émergence de
compétences locales, capable d'assumer pleinement la mission de
développement ? Les principaux acteurs locaux des deux communes croient
bien, après tant d'années d'expérience, passer de
l'euphorie à un optimisme mesuré avec un moment de
désenchantement. Mais ils ne sont pas désespérés,
toujours engagés à jouer leur partition. Aux maires et aux autres
responsables de jouer leur rôle, celui d'agréger les
énergies pour insuffler une dynamique locale. Car « le
développement en Afrique, c'est 90% de problèmes d'organisation
à résoudre contre 10% seulement de problèmes de moyen
à régler » (Directeur SNV-Bénin,
2006)
102
Recommandations
Si la décentralisation reste le choix
irréversible de développement local, il va falloir prendre des
mesures adéquates et pragmatiques pour renforcer la dynamique de
développement, soutenue par plus de 15 années d'intervention de
la SNV-Bénin. A l'ensemble des acteurs de développement de Cobly
et de Boukombé (élus, OSC, partenaires, Etat...), nous
recommandons cette analyse tirée du Le Municipal, Quid
de la Décentralisation
« La décentralisation n'est pas une potion
magique. Comme toute politique de développement, elle doit s'appliquer
méthodiquement et avec foi. Aujourd'hui nous nous attendons à ce
que la décentralisation change nos vies alors même que nous
n'avons aucune politique de décentralisation. La politique, ce ne sont
ni les textes de loi ni les discours de profession de foi. La politique de
décentralisation, c'est une vision, ce sont des stratégies
clairement définies pour atteindre des objectifs préalablement
identifiés » (Gervais LOKO, 2006)
1- A l'endroit de la SNV-Bénin
Les principaux acteurs rencontrés pendant cette
étude recommandent à la SNVBénin :
- De consolider durablement les acquis en améliorant
davantage le niveau d'appropriation des compétences techniques des
communes et en les dotant des outils adéquats pour une meilleure
gouvernance locales;
- De développer des alliances stratégiques avec
d'autres partenaires et structures de l'Etat afin de favoriser la synergie dans
les interventions au niveau des communes, synergie sans laquelle il serait
difficile de mesurer les changements induits et d'évaluer le niveau
d'atteinte des indicateurs OMD au niveau local ;
- De poursuivre l'appui institutionnel et organisationnel
notamment des services techniques clés des mairies en vue d'une
administration dynamique orientée sur le développement local. Car
sans un support administratif efficace, la maîtrise d'ouvrage communal
serait un vain mot ;
103
- De renforcer davantage les acteurs de la
société civile et du secteur privé en vue d'une
complémentarité et d'une synergie autour des initiatives de
développement communales ;
- De faciliter l'application des acquis à travers la
valorisation des connaissances et compétences locales dans la recherche
de financement des projets pour un meilleur accès des communautés
aux services de base et l'amélioration de la production et du revenu des
plus démunis.
2- A l'endroit des élus locaux de Cobly et de
Boukoumbé,
- Mettre en place une concertation locale qui facilite la
mobilisation de toutes les forces et suscite la participation active de tous
à la réalisation des programmes et projets de PDC ;
- S'approprier efficacement des outils de planification et de
bonne gouvernance en vue d'une satisfaction constante des besoins des
populations. Il est tout fait important que les prochains PDC soient
élaborés afin de mieux dimensionner les actions retenues en
fonction des capacités réelles de mobilisation de ressources
locales. Ce qui veut dire qu'il faudrait prioritairement, compter sur les
ressources endogènes ;
- Revoir la planification financière selon la
capacité financière de la commune et la disponibilité
réelle des partenaires tout en évitant de mettre à leur
charge le maximum des coûts des actions à subventionner.
D'où la nécessité de renforcer les compétences en
termes de technique d'élaboration des dossiers et de négociation
pour la mobilisation de ressources ;
- Avoir une vision plus lointaine que la mandature des
élus locaux et des orientations stratégiques, cernant les
problèmes et défis réels des communes ;
104
- Améliorer la gouvernance interne en mettant l'accent
sur le dialogue avec tous les acteurs locaux pour la mobilisation sociale, la
gestion des ressources internes, le respect des textes en vigueur pour garantir
la transparence ;
- Développer et mettre en place un système de
gestion par résultat, orienté sur l'atteinte des indicateurs de
stratégie de réduction de la pauvreté et des OMD ;
- Mettre en place des mécanismes de suivi et de
coordination des interventions dans les communes.
3- A l'endroit de l'Etat central,
- Concrétiser la mise en oeuvre de transfert des
compétences et des ressources et mettre en place un mécanisme qui
permette aux collectivités locales d'accéder aux ressources
financières disponibles pour conduire à terme leurs initiatives
de développement. L'Etat doit, cesser de prétexter de
l'incapacité des acteurs communaux à gérer et assumer
l'autonomie pour ne pas jouer son rôle ;
- Sensibiliser constamment les maires et les élus en
leur rappelant que la gouvernance dans les collectivités locales
nécessite, au préalable une organisation rationnelle et efficace
des administrations communales dans le but d'offrir des services utiles et
qualitatifs aux populations ;
- Faciliter la mise à disposition de cadres
d`expérience et du niveau académique requis aux postes
stratégiques des mairies pour améliorer la gestion des services
communaux et pour faciliter l'exécution des PDC de manière
satisfaisante ;
- Considérer le développement local comme le
mandat principal des communes et valoriser leurs PDC dans le système de
programmation des investissements publics afin de permettre de mobiliser et de
coordonner au niveau local les ressources nécessaires ;
- Mettre en place un instrument de contractualisation de la mise
en oeuvre des plans de développement entre l'Etat et les communes.;
105
- Définir une politique claire de couplage
décentralisation et déconcentration afin d'améliorer
l'assistance conseil de la préfecture de faciliter le service des
structures techniques déconcentrées en faveur des communes et de
construire une administration au service du développement local ;
- Quant à la préfecture de l'Atacora/Donga,
dynamiser la `'table ronde des partenaires» dont l'objectif est de
favoriser la synergie et la complémentarité des projets et
programmes des partenaires ;
- Rendre opérationnel le mécanisme de suivi et de
contrôle de la gestion des communes afin de garantir la transparence dans
l'utilisation des ressources locales.
4- A l'endroit des partenaires
d'appui,
- Revoir la démarche d'intervention pour accorder plus de
responsabilités aux maires et aux acteurs locaux ;
- Tenir compte des priorités des communes pour concevoir
les programmes en faveur des communautés ;
- Se départir des préjugés et autres
complexes liés au sous-développement pour véritablement
aider les collectivités locales à se prendre en charge et
à assumer leur propre développement ;
- Faire prendre conscience aux communes de l'utilité du
suivi-évaluation de la mise en oeuvre et de sa capitalisation ;
- S'adapter au contexte institutionnel et politique afin que
les programmes d'appui renforcent les communes dans la mise en oeuvre de la
décentralisation. Car tout programme d'investissement relevant de la
compétence communale doit donc se réaliser au travers du PDC de
la commune et sous la maîtrise d'ouvrages des maires.
106
- Adopter une approche multi-acteurs pour rendre plus visibles
les impacts des actions menées dans les communes. Les partenaires
doivent se préoccuper des résultats de la mise en oeuvre de leurs
programmes. Défendre son drapeau ou considérer certaines communes
comme `'chasse gardée» de leur intervention, excluant toute
possibilité de synergie et de complémentarité ne peut
faciliter le développement des dites communes.
107
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WEINSOU, G. C. (2002), Perspectives de
financement du développement local avec la participation des
différents acteurs / actrices de la commune de Kandi ;
mémoire de DESS, IPD-2002
SITES WEB VISITES
www.snvbenin.bj
www.snvworld.org
www.onu.org
LISTE DES ANNEXES
Annexe N° 01 (a - h) : Questionnaires et Guide d'en
tretien
Annexe N°02 : Listes des personnes rencontrées
à C obly
Annexe N°03 : Liste des personne rencontrées à
Bou koumbé
Annexe N°04 : Liste des partenaires et structures de l'Etat
rencontrées
Annexe N°05 : Liste des personnes rencontrées
à la SNV
Annexe N°06(a - c) : Cartes du Bénin, des Communes de
Cobly et de Boukoumbé
Annexe N°07 : Organigramme type de la mairie
Annexe N°08 : Situation socio professionnelle des
élus locaux
Annexe N°09 : Situation des OSC dans les communes de Cobly
et de Boukoumbé
Annexe N°10 : Situation des partenaires intervenants
à Cobly et à Boukoumbé
Annexe N°1 1 : Acte de donation avec acceptation
Annexe N°12 : Différentes étapes
d'élaboration de PDC
Annexe N°13 : Plan de renforcement des capacités d
'ONG par la SNV
Annexe N°14 : Plan d'appui aux acteurs dans le cad re du
projet HAADI
109
110
Table des matières
Remerciements 2
Dédicace 3
Résumé 4
Executive Summary 6
Enyata (résumé en mina) 8
Liste des sigles 9
Introduction 12
PREMIERE PARTIE:Cadre théorique de recherche et
présentation géographique du milieu d'étude 14
Chapitre I - Cadre théorique et
méthodologique de la recherche 15
1.1- Problématique 15
1.1.1- Contexte 15
1.1.2- Justification 16
1.1.3- La revue documentaire 19
1.2- Méthodologie de la recherche 22
1.2.1- Hypothèses 22
1.2.2- Objectifs 23
1.2.2.1 - Objectif général de la recherche 23
1.2.2.2- Objectifs spécifiques 23
1.2.3- Résultats attendus 23
1.2.4- Cadre opératoire 24
1.2.5- Les outils de recherche 26
1.2.6- Le traitement des données et la rédaction du
rapport 27
Chapitre II - Caractéristiques
générales du milieu d'étude 28
2.1- Cadre physique 28
2.1.1 - Situation géographique 28
2.1.2- Relief 28
2.1.3- Climat et hydrographie 29
2.1.4- Sol, flore et faune 29
2.2- Cadre humain 30
2.2.1- Population 30
2.2.2- Relations entre hommes et femmes 30
2.3- Potentialités économiques des deux
communes 32
2.3.1- Potentiel agricole et ressources animales 32
2.3.2- Potentiel touristique 33
2.4- Contraintes majeures du développement des
deux communes 33
DEUXIEME PARTIE: Développement local participatif
dans les communes de Cobly et de Boukoumbé 35
Chapitre III - Etat des lieux des compétences
locales 36
3.1- Etat des acteurs en présence 36
3.1.1 - Du personnel administratif 36
3.1.2- Du personnel politique 40
3.2- Des Organisations de la Société civile
(OSC) 42
3.2.1- Société civile : définition et
caractéristiques 42
3.2.2- OSC dans le contexte de Cobly et de Boukoumbé
43
3.2.3- Domaines de compétences des OSC 45
3.3- Participation des compétences locales au
développement communal 47
3.3.1- Niveau d'implication des élus dans la planification
locale 47
3.3.2- Contribution des OSC locales aux actions de
développement 48
3.3.3- Financement local des actions de développement
49
3.3.3.1- Part des OSC et des populations à la base 49
3.3.3.2- Part du budget communal 52
Chapitre IV - Contribution des partenaires et de l'Etat
au développement local
_56
4.1- Partenaires d'appui : une opportunité pour
les deux Communes 56
4.1.1 - Partenaires en présence et leurs domaines
d'intervention 56
4.1.2- Pertinence des appuis par rapport aux priorités
locales et aux OMD 59
4.1.3- Contribution des partenaires aux actions de
développement local 61
4.1.4- Actions de renforcement de capacité locale par les
partenaires 64
4.2- Rôle de l'Etat dans le développement
des deux Communes 65
4.2.1- Subventions de l'Etat : un appui budgétaire aux
communes 65
4.2.2- Niveau de transfert des compétences et des
ressources par l'Etat 65
4.2.3- Appui de la tutelle et des services techniques
déconcentrés 67
TROISIEME PARTIE: SNV, accompagnateur de
développement local à Cobly et à Boukoumbé
69
Chapitre V - Bilan de l'expérience
SNV-Bénin, Acquis et impacts 70
5.1- SNV : Accompagnateur du développement local
au Bénin 70
5.1.1 - Stratégie d'intervention de la SNV 71
5.1.2- Démarche méthodologique de renforcement de
capacités 73
5.1.3- Dispositif opérationnel au Bénin 74
5.1.4- Partenaires de la SNV au Bénin 74
5.2- SNV-Bénin : Bilan de 15 années
d'intervention à Cobly et à Boukombé 74
5.2.1- Présentation des différents projets mis en
oeuvre par la SNV 74
5.2.2- Résultats des actions menées à Cobly
et à Boukoumbé 76
5.2.2.1- Infrastructures sociocommunautaires 76
5.2.2.2- Renforcement de l'économie locale 79
5.2.2.3- Développement institutionnel 80
5.2.2.4- Renforcement de la position des femmes 81
5.3- Appropriation des outils de planification locale
82
5.3.1- Capacité d'élaboration des différents
plans 85
5.3.1.1 - Elaboration du Plan de Développement communal
85
5.3.1.2- Plan annuel d'investissement (PAI) 89
5.3.1.3- Elaboration du budget communal 90
5.3.1.4- Montage de dossier de financement 90
5.3.2- Capacité de maîtrise d'ouvrage autour des
infrastructures 91
Chapitre VI - Résultats de l'analyse
95
6.1- Vérification de l'hypothèse n°1
95
6.2- Vérification de l'hypothèse n°2
96
6.3- Vérification de l'hypothèse n°3
97
Conclusion générale 100
Recommandations 102
1- A l'endroit de la SNV-Bénin 102
111
2- A l'endroit des élus locaux de Cobly et de
Boukoumbé 103
3- A l'endroit de l'Etat central 104
4- A l'endroit des partenaires d'appui 105
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 107
LISTE DES ANNEXES 109
112
Liste des tableaux et des fiches
Tableau n°01: Cadre opératoire de la
recherche 24
Tableau n°02 : Caractéristique de
l'échantillon d'enquête 26
Tableau 03 : Production agricole (en Tonnes) des
5 dernières
campagnes, 2001 à 2006) 32
Tableau 04 : Production animale et estimation
des générés de 1996 à 2001
dans les deux communes ; (Production animale en nombre de
têtes,
valeur en FCFA au prix local) 32
Tableau n°05 : Catégorisation du
personnel administratif des mairies 36
Tableau 06 : Les services de la mairie et leurs
attributions 37
Tableau n°07 : Fonctionnement des CC de
2003 à 2006 41
Tableau n° 08 : Synthèse de la
contribution des OSC au
développement dès 2003 51
Tableau n°09 : Evolution des recettes
locales réelles dans les deux communes 52
Tableau n°10 : Niveau des recettes
perçues en 2006 sur les principaux marchés 54
Tableau n°11 : Programme des PDC de Cobly
et de Boukoumbé 60
Tableau n° 12 : Evolution de la subvention
de l'Etat de 2003 à 2006 65
Tableau n°13 : Synthèse des
réalisations des infrastructures de base
à Cobly et à Boukoumbé par la SNV 78
Fiche n°02 : Appropriation de
compétence en matière de maîtrise
d'ouvrage autour des infrastructures 84
Fiche n°01 : Evaluation du niveau de
maîtrise des compétences
en planification locale 94
113
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