D. Quelle place pour les citoyens dans les
stratégies d'acteurs liées au territoire ?
Rendre un SIG « participatif » consiste en
particulier sur le plan des données, à rechercher les moyens
d'intégrer les informations spatiales des communautés d'usages et
de pratiques aux bases de données traditionnelles en vue de produire un
véritable outil d'aménagement en adéquation avec le
territoire tel qu'il est perçu et vécu pas ses habitants. Il est
important de différencier les processus participatifs
des processus collaboratifs. Comme T.
Joliveau66 nous préférons parler de processus
collaboratifs en ce qui concerne la seule implication des « acteurs
appartenant à un dispositif formel en charge du pouvoir de
décision »67 Nous réserverons le terme de
participatif aux processus collaboratifs qui intègrent d'autres
participants comme les citoyens à côté de ceux qui sont en
charge officiellement du pouvoir. Les types d'acteurs impliqués dans ce
type de processus sont divers. Communément on distingue les acteurs qui
décident (responsables, gestionnaires, élus, politiques) ceux qui
savent (experts, techniciens, spécialistes) et ceux qui sont
concernés et intéressés par la décision
appelés aussi « partie prenante » (les habitants, les usagers,
les entreprises...).
Dans le cadre d'une réflexion sur le volet participatif
des technologies géospatiales issues du Géoweb 2.0, la
recherche proposée ici porte sur la problématique
d'intégration des connaissances locales non formalisées, avec des
données géographiques factuelles en générale
très formalisées, souvent déjà établies et
attestées. C'est le cas des données des grands producteurs
d'informations géographiques comme l'IGN ou Télé Atlas qui
correspondent à une information géographique de type «
labélisée ». Par opposition à ces bases de
données institutionnelles et commerciales, les nouveaux types
d'informations géographiques issus du Géoweb 2.0
(volontaire et hybride) rassemblent des informations centrées sur le
territoire comme les Mashups cartographiques personnels et les POI par
exemple.
L'information géographique reste encore complexe pour
les non experts et les processus participatifs sont souvent peu
formalisés d'un point de vue méthodologique, de même que la
place des SIG et de l'information géographique dans les étapes de
ces processus. Néanmoins, la demande de participation à la
gestion du territoire implique que l'information géographique soit plus
ouverte, accessible et compréhensible mais aussi que des acteurs-usagers
jusqu'alors passifs deviennent actifs et producteurs d'information. Grâce
aux nouvelles applications liées au Géoweb 2.0, les
collectivités sont en mesure d'offrir de véritables outils de
participation
66 JOLIVEAU T., 2004, Géomatique et gestion
environnementale du territoire. Recherches sur un usage géographique des
SIG, Mémoire d'Habilitation à Diriger des Recherches en
Sciences Humaines, Université de Rouen, 504 p.
67 GODBOUT J., 1983, La participation contre la
démocratie, Ed Saint-Martin, 301 p.
aux citoyens pour « décider ensemble ». Avec
la mise en place d'un simple mashup cartographique en ligne, les populations
locales peuvent apporter leur propre contribution et fournir des informations
contextuelles.
« Mais peut-être que le plus important ne se
situera pas dans les données, mais dans le processus de connaissance et
de réappropriation du territoire par le public. En tant qu'outils
d'interaction, de collaboration et de coopération, les SIG peuvent aider
des groupes divers à construire ensemble une vision partagée de
leur territoire.»68
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