Master 2 Recherche - Carthagéo -
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, Paris 7 Denis
Diderot, Université Laval
U.F.R. Géographie, Histoire, Sciences de la
Société /Département des sciences
géomatiques
~ PROJET DE RECHERCHE ~
Etude du processus de démocratisation de la
géomatique à travers l'exemple du développement du
Géoweb 2.0 et de ses impacts sur les processus
de géocollaboration
BORIS MERICSKAY 200 7-2008
Directeur de recherche : Stéphane Roche
Table des matières
Introduction 3
I. Cadre théorique 5
1. Retour sur le concept de Géoweb
6
A. Le Web 2.0 comme environnement participatif de
développement du Géoweb 6
B. Du Géoweb 1.0 au Géoweb 2.0 7
C. La convergence de plusieurs facteurs 9
2. De nouvelles techniques etde nouvelles pratiques
liées à l'information géographique 10
A. Un phénomène de démocratisation des
technologies géospatiales2.0 10
B. La neogeography ou le succès de la cartographie
personnelle en ligne 11
3. De nouvelles formes d'informations
géographiques 12
A. Une dynamique de géolocalisation du local, de
l'Internet, du monde... 12
B. Une nouvelle composante du processus de production et de mise
à jour de l'information
géographique 13
C. Des producteurs d'information géographique
diversifiés 14
D. Information géographique volontaire etscience
citoyenne 16
4. Une évolution plus qu'une révolution de
la géomatique 17
A. Une utilisation généralisée des
nouvelles techniques issues du Géoweb 2.0 17
B. Géomatique 2.0 19
C. Des questionnements sur la place et l'utilisation des
technologies géospatiales2.0 dans des cadres
opérationnels 21
D. Quelle place pour les citoyens dans lesstratégies
d'acteurs liées au territoire ? 22
E. Le Géoweb 2.0 comme moteur d'une véritable
géocollaboration ? 23
F. De nouvelles problématiques en sciences
géomatiques 25
II. Cadre opératoire 28
1. Phase exploratoire (approche inductive):
29
A. Grounded Theory, la production de la théorie à
partir des données : 29
B. Outils mobilisés 30
C. Poser des hypothèses et identifier les études
de cas 31
2. Phase d'étude de cas (approche
hypothético-déductive): 31
A. Posture 31
B. Le terrain 32
C. Outils mobilisés 32
Conclusion 33
Bibliographie 34
Introduction
La cartographie en ligne et les services de
géolocalisation - Location Based Services ou LBS en anglais -
constituent aujourd'hui l'un des foyers d'innovation les plus dynamiques de
l'Internet. La cartographie et la géolocalisation d'objets, de services,
d'activités ou même d'idées, ont pris une importance
considérable dans les pratiques quotidiennes des internautes. L'Internet
est désormais truffé de références spatiales,
d'adresses et d'itinéraires. La cartographie en ligne, et
singulièrement la « cartographie 2.0 »1 sa
toute dernière évolution, offre à tous types de publics,
les moyens de superposer aux cartes géographiques traditionnelles, des
informations et des services, améliorant ainsi substantiellement la
valeur ajoutée des cartes.
Ce contenu constitue un nouveau type d'information
géographique ancré dans de nouvelles logiques et de nouveaux
usages pour/par de nouveaux acteurs. Une étude2
récente affirme d'ailleurs que « l'essor de la cartographie en
ligne éclaire les réflexions actuelles des collectivités
en matière de données géoréférencées,
tant pour leurs besoins propres que dans le cadre de leurs missions
d'intérêt public ».
Certains n'hésitent pas à caractériser ce
phénomène de nouvelle "révolution
cartographique"3 voir même de «
neogeography »4. Quoi qu'il en soit, les impacts
potentiels pour les professionnels de l'information géographique et de
la géomatique sont considérables. Ils le sont également
pour les éditeurs de guides et d'annuaires géolocalisés,
l'ensemble des professions et activités « localisées »
(commerce, hôtellerie, restauration et tourisme) mais aussi naturellement
pour les collectivités territoriales
Des sites comme Flickr ou Panoramio permettent par exemple la
géolocalisation des photos des utilisateurs (geotagging). Il en est de
même pour les vidéos de YouTube ou les articles de Wikipedia pour
ne citer que ses exemples les plus connus. Près de 40% des internautes
français fréquentaient en juin 2006 un site cartographique, les
vues aériennes sont le premier type d'image recherché en ligne. A
l'échelle mondiale, Google Earth a généré plus de
100 millions de téléchargements lors de sa première
année. On compte plus de 25 000
1 Terme dérivé de celui du « Web
2.0 » inventé en 2003 par Dale Dougherty, cofondateur de la
société d'édition O'Reilly Media.
2 Dossier « la cartographie en ligne »,
in L'Aquitaine numérique, n°8 octobre 2007, 16 p.
3 JARNAC G., ITEMS international, laboratoire A+H,
2008, Cartographie numérique et développement des
territoires, étude IRIS à la demande de l'Observatoire des
Territoires Numériques (OTEN), 101 p.
4 Terme utilisé la première fois par A.
TURNER le fondateur de Mapufacture dans un article intitulé
Introduction to Neogeography publié chez O'Reilly en 2006.
membres dans le groupe de discussions de l'API Google Maps. Le
nombre de lieux géoréferencés dans Wikimapia
s'élève déjà actuellement à plus de 5
millions, en moins de deux ans d'existence. Flickr reçoit plus d'un
million de nouvelles photos chaque jour, lesquelles viennent s'ajouter aux 250
millions déjà présentes sur le site. Un autre fait
significatif : l'occurrence de recherche « Google Maps » dans Google,
renvoie vers autant de résultats que « GIS ». Les enjeux
financiers de ce phénomène de démocratisation sont
également majeurs. Ils se caractérisent en particulier par le
rachat en 2007 de TeleAtlas par TomTom pour 2 milliards et demi de dollars,
ainsi que par celui de Navteq par Nokia pour plus de 8 milliards de
dollars.5
La cartographie 2.0 illustre bien le visage actuel du Web. Un
Web caractérisé par des évolutions technologiques majeures
(capacité de stockage, débit des réseaux, simplification
des interfaces...) et une révolution des pratiques et usages. En effet,
d'un côté les technologies convergent et se combinent, De l'autre,
les usages du web évoluent vers des formes plus matures de
socialisation6 (Openness - réseaux ouverts,
Peering -mise en commun, Sharing -partage, Acting
globally - action globale) plus avancée : participations active des
internautes, création de communautés, développement de
nouveaux hobbys comme le geocaching ou la création de bases de
POI7.
Cette recherche s'inscrit dans le cadre d'une réflexion
sur la démocratisation de la géomatique et plus
spécifiquement sur la problématique liées aux usages,
pratiques et contenus des nouvelles formes d'information géographique
numérique en ligne dans le contexte du Géoweb 2.0. Cette
nouvelle forme de géomatique bouleverse les processus traditionnels de
traitement, de diffusion et d'utilisation des données à
référence spatiale.
Ce projet de recherche s'articule autour de deux parties. La
première partie présentant le cadre théorique de la
recherche proposée, lequel en pose les bases contextuelles,
conceptuelles et épistémologiques et en précise la
problématique. La deuxième partie présente le cadre
opératoire et décline en particulier la démarche
méthodologique et les éléments opérationnels
(approches, outils mobilisés, espaces laboratoires - terrain), ainsi que
des éléments logistiques et administratifs du projet.
5 HOETMER K., 2007, GIS 2.0? Neogeography and the
Social Mapping Movement, Minnesota GIS, LIS Annual Conference
6 TAPSCOTT D., WILLIAMS A; D., 2007, Wikinomics,
Pearson Education, 357 p.
7 Point d'intérêts (POI), balises
d'informations localisées dans l'espace géographique des API et
globes virtuels
1. Retour sur le concept de Géoweb
Géoweb8 ou Géospatial
Web est un terme récent qui désigne le Web chargé de
données géographiques. Grâce à lui on peut localiser
une boutique, un blog, le lieu où a été prise une photo,
son domicile...Il s'agit d'un nouvel environnement de consultation, de gestion
et de création d'information géographique où l'utilisateur
cherche et manipule des informations sur une base spatiale plutôt que par
des occurrences de type mot-clé. La recherche est orientée
spatialement et pose la question « ce qui est ici ?». La consultation
cartographique est désormais dynamique et la dimension «
localisation » prend une place centrale dans le stockage et la recherche
d'informations. C'est dans le contexte du Géoweb que s'est
développée depuis une dizaine d'années la cartographie en
ligne et les services cartographiques (Webmapping). Cette cartographie
numérique a évolué au rythme des avancés des TIC et
plus spécifiquement des mutations et de la démocratisation de
l'Internet.
A. Le Web 2.0 comme environnement participatif de
développement du Géoweb
Le Web 2.0 représente une avancée dans
l'utilisation des technologies de l'information (TI). Pour simplifier, on peut
considérer le Web traditionnel (1.0) comme un média de
consultation et le Web 2.0 comme une plate-forme de contribution entre
différents utilisateurs. Le Web 2.0 se définit à la fois
par un mode d'usage interactif et par du contenu généré
par les utilisateurs et s'articule autour de notions comme « la
participation, la convergence, l 'utilisabilité et l'économie
»9. Le nouvel utilisateur d'Internet ne se contente plus
de lire des pages Web, il donne son avis, apporte des savoirs, publie des
photos, des vidéos et géocalise diverses informations. Il
interagit avec le contenu et le modifie, il passe d'un stade de
récepteur passif à celui de contributeur
actif.
Plus globalement, certains parlent d'une philosophie
2.0 10 en mettant en avant le succès de site comme
Facebook, Wikipedia, Myspace ou encore You Tube. Pour l'essentiel le Web 2.0
repose sur un fonctionnement collectif .Pour le comprendre, il convient
néanmoins d'en définir les niveaux11. L'autonomie
représente le premier niveau, où chacun contribue
individuellement mais sans but commun (Flickr, YouTube) ; la mise en
réseau où les divers échanges et contributions se
structurent en liens ouverts (les réseaux sociaux comme Myspace
8 Ce concept à été inventé
par le Dr Charles Hareng lors de ses travaux sur la spatialisation de
l'Internet et la cartographie du cyberespace
9 CAMY J., GRAS S., NICOLAS D., TAQARORT M., 2007,
Web 2.0, GéoSéminaire 2008 : Vers des SIG collaboratifs
?, 17 p.
10 LEIBA M., 2007, La presse quotidienne nationale
européenne peut-elle tirée profit du Web 2.0 ? »,
Mémoire de fin d'étude, Institut des hautes études en
communication sociale de Bruxelles
11 JOLIVEAU T., 2008, Web 2.0, futur du
Webmapping, avenir de la géomatique ?, Géoévenement
2008, 21 p.
ou Facebook) constitue un deuxième niveau de
fonctionnement collectif ; enfin la coordination où chacun contribue
individuellement mais avec un but commun et une certaine coordination (les
wikis) constitue un dernier niveau.
Figure 1: D'un Internet de consultation a un
Internet de contribution12
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