B- Les solutions apportées par
l'intégration
L'intégration régionale peut permettre à
l'Afrique de remédier à l'étroitesse de ses marchés
locaux (1), à sa faible position dans l'économie mondiale (2).
Elle est également un stimulant du bien être social (3 et 4).
1) Des marchés plus compétitifs
En favorisant l'intégration des marchés locaux,
les pays africains élargissent les marchés locaux, créant
ainsi un espace optimal au développement économique. L'autre
avantage est la stimulation du développement industriel dans les
différents pays engagés. En effet, le rythme croissant de la
concurrence avec l'ouverture des marchés conduira les entreprises les
moins efficaces à améliorer leurs procédures
opérationnelles tandis que d'autres, incapables de s'adapter au nouvel
environnement, devront disparaître. Cet environnement concurrentiel
favorisera la croissance et le profit.
La révolution économique dans laquelle le monde
est engagé peut fournir les marchés de capitaux, les
marchés d'exportation et les technologies dont l'Afrique a besoin pour
son industrialisation. Tout dépend de la manière dont
l'intégration sera gérée.
2) Un pouvoir de négociation plus important
Le rythme rapide de la mondialisation ne fait
qu'accroître les défis économiques de l'Afrique et conduit
à l'idée qu'elle devrait accélérer le processus
d'intégration régional afin de lever les contraintes qui
découlent de la mondialisation. Deux raisons au moins permettent de
justifier cette position.
- Tout d'abord, une libéralisation unilatérale
exige des ajustements budgétaires majeurs, étant donné la
forte dépendance des pouvoirs publics aux taxes liées au
commerce. Mais, une libéralisation dans un cadre régional avec
des tarifs extérieurs communs pourrait faciliter la démarche.
- En deuxième lieu, il apparaît sans doute
judicieux pour les pays africains d'adopter une approche régionale afin
d'être mieux présents dans les sphères de décision
au niveau mondial et d'orienter les décisions qui y sont prises vers les
objectifs qu'ils se sont fixés.
Ainsi, l'intégration peut efficacement lever certaines
contraintes économiques qui pèsent sur le développement de
l'Afrique.
3) L'instauration de la paix et de la
sécurité
L'intégration régionale, par le fait des
imbrications des intérêts économiques qu'elle engendre,
contribue à limiter le nombre de conflits internes.
4) L'amélioration de la qualité de vie
En mettent leurs ressources en commun et en favorisant la
coopération régionale, les pays africains peuvent renforcer leur
participation aux campagnes pharmaceutiques internationales visant l'obtention
des médicaments à des prix abordables. En outre, une mobilisation
conjointe des ressources, permettrait de consolider la capacité de
recherche sur les différentes pandémies qu'ils connaissent.
De même, dans le domaine de l'énergie, la
coopération régionale permettrait la rationalisation des
ressources énergétiques existantes et donc, un plus grand
accès des populations à cette nécessité
domestique.
CONCLUSION CHAPITRE 2 :
A l'évidence, l'intégration régionale
apparaît plus que jamais comme une exigence pour le développement
de l'Afrique. Il faut tout faire pour la construire, en tirant le meilleur
parti de tout ce qui permet d'y parvenir. Nous retenons de ce chapitre que
l'unicité de la politique monétaire caractérise l'union
monétaire et consolide le processus d'intégration
économique. Cela suppose l'unicité des objectifs, des mesures, et
des instruments au service de la politique monétaire dans la zone
considérée. Sur un plan théorique, on s'attend donc
à ce que dans une zone donnée, la régulation de la
liquidité bancaire (instrument de la politique monétaire)
menée par la centrale communautaire soit unique et contribue au
renforcement de l'intégration économique régionale. C'est
ce que nous allons vérifier avec l'étude de cas de la
BEAC.
DEUXIEME PARTIE : APPOCHE EMPIRIQUE DE LA
REGULATION DE LA LIQUIDITE BANCAIRE ; LE CAS DE LA BEAC
La seconde partie, sur la base des soubassements
théoriques de la première partie, analyse la régulation de
la liquidité bancaire telle qu'elle est menée par la BEAC.
La CEMAC regroupe des pays ayant des contextes
économiques différents. On peut dès lors se demander
comment la banque centrale de cette zone, la BEAC, arrive, à travers la
régulation de la liquidité bancaire à répondre aux
besoins d'un ensemble si divers.
La BEAC régule t-elle avec efficacité la
liquidité bancaire ? A-t-elle su adapter les instruments de
régulation que propose la théorie monétaire au contexte
qui est le sien? Quelle est l'incidence de cette régulation sur le
processus d'intégration régional. ? C'est à ces
questions que nous apporterons des éléments de réponse
dans la seconde partie de notre travail. Mais au préalable, nous allons
expliciter la méthodologie que nous avons utilisée pour
répondre à ces questions
MÉTHODOLOGIE
STRATÉGIE DE VÉRIFICATION DE LA
PREMIÈRE HYPOTHÈSE
La première hypothèse de notre travail stipule
que la BEAC fait un choix judicieux des éléments qui
concourent à la régulation de la liquidité bancaire.
En d'autres termes, nous disons que la BEAC maîtrise l'inflation et que
ce contrôle résulte d'une démarche qui tient compte des
disparités qui existent entre les économies des pays qui
constituent sa Zone.
Pour vérifier notre propos, nous avons
procédé comme suit.
La régulation de la liquidité bancaire
étant notre concept, c'est-à-dire la notion
théorique qui est au centre de notre problématique, nous lui
avons (sur la base des notions étudiées au chapitre 1 de la
partie théorique) attribué trois
dimensions : la réalisation et la pertinence de
son objectif final et de ses objectifs intermédiaires, la
réalisation de l'équilibre du marché de la
liquidité et l'efficacité des instruments utilisés. Ces
dimensions représentent les éléments que nous avons
choisis pour illustrer la définition de notre concept et permettre le
passage de monde théorique au monde empirique. Pour affiner ce passage,
nous avons adjoints des indicateurs à ces dimensions,
spécifié le type de données recueillies
pour chaque indicateur et précisé les
éléments d'évaluation.
Ainsi par exemple, la sensibilité des banques au taux
de refinancement est l'indicateur retenu pour vérifier
l'efficacité du taux d'intérêt (un des instruments de la
régulation de la liquidité bancaire). Le type de donné
recueilli est le niveau de refinancement et l'élément
d'évaluation est la situation « en banque » ou
« hors banque » des banques considérées.
La figure 1 schématise la stratégie de
vérification de la première hypothèse.
. Graphique 1:
Schématisation de la stratégie de vérification de la
première hypothèse
Concept :
Régulation de la liquidité
bancaire
Dimensions du concept
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PERTINENCE DES OBJECTIFS
|
EQUILIBRE SUR LE MARCHE MONETAIRE
|
EFFICACITE DES INSTRUMENTS
|
Indicateurs
|
Objectif final
Stabilité des prix
|
Objectifs intermédiaires
Corrélation avec objectif final
Maîtrise par la Banque centrale
|
Rencontre entre besoins et excès des capitaux
Intervention de la banque centrale en dernier ressort
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Taux d'intérêt
Sensibilité des banques au taux de refinancement
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Réserves obligatoires
Besoin des banques en monnaie centrale
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Type de données à recueillir
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Taux d'inflation
Taux de couverture extérieure de la monnaie
|
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Montant des transactions sur le marché monétaire
Montant des interventions de la banque centrale
|
Niveau du refinancement
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Ratio liquidité/dépôts
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Eléments
d'évaluation
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Norme communautaire pour l'inflation (Inflation = 3%)
|
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Prépondérance ou non du marché interbancaire
|
Système « en banque » ou système
« hors banque »
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Intervalle admis pour le ratio liquidité/dépôts
|
Source : Auteur
STRATÉGIE DE VÉRIFICATION DE LA SECONDE
HYPOTHÈSE :
La seconde hypothèse de notre travail stipule que
la régulation de la liquidité bancaire contribue au
renforcement de l'intégration économique régionale des
pays de la zone BEAC. Tout au long du deuxième chapitre de
la partie théorique, nous avons relevé sept
éléments que nous avons appelé les
déterminants de l'intégration. Ainsi, on pourra
dire que la régulation de la liquidité bancaire contribue
à l'intégration si elle les engendre ou les favorise. Ces sept
éléments sont :
1- L'élimination de toute forme de discrimination entre
les agents économiques des pays engagés dans le processus
d'intégration ;
2- L'intensification des échanges commerciaux et
financiers ;
3- La création d'un environnement
macroéconomique sain, favorable à une croissance
durable ;
4- La réduction des coûts de
transaction ;
5- L'utilisation efficiente et de façon optimale des
facteurs de production ;
6- La crédibilité et indépendance de la
banque centrale commune ;
7- Des éléments garantissant
l'irréversibilité des réformes prise en terme
d'intégration.
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