Etat des lieux de la microfinance et du système bancaire camerounais( Télécharger le fichier original )par Olive Berenice Ngafi Djomo Faculté universitaires catholiques de Mons (belgique) - Master en sciences de gestion option (finance) 2006 |
1.6.3 Les ratios prudentielsComme nous l'avons remarqué précédemment, la COBAC a élaboré une série de ratios prudentiels. Ce dispositif prudentiel tient compte des spécificités des économies de la Zone BEAC. Cinq normes de solvabilité et deux normes de liquidité ont été établies. Parmi les normes de solvabilité, nous distinguons: le ratio de couverture des risques, le ratio de division des risques, le ratio de couvertures des immobilisations, une prise de participation au capital, et les crédits aux actionnaires. Le ratio de couverture des risques, fait obligation aux établissements de crédit de justifier en permanence que leurs fonds propres nets couvrent au minimum 5 % de l'ensemble de leurs crédits. Le ratio de division des risques, interdit aux établissements de crédit de s'engager en faveur d'un seul client pour un montant excédant 75 % de leurs fonds propres nets. La limite de 75 % a été ramenée plus tard à 45 %. Le ratio de couverture des immobilisations, oblige les établissements de crédit à financer leurs immobilisations à 100 % par leurs ressources permanentes. La prise de participation au capital d'une entreprise par un établissement de crédit est limitée à 15 % des fonds propres nets, l'ensemble des participations ne pouvant dépasser 75 %. Cette limite est maintenant de 45 %. Les crédits octroyés aux actionnaires, associés, administrateurs, dirigeants et personnel sont limités à 15 % des fonds propres nets. Le ratio de liquidité et le ratio de transformation à long terme représentent les normes de liquidité. Le ratio de liquidité contraint les établissements de crédit de justifier en permanence des ressources immédiatement disponibles et susceptibles de couvrir au minimum l'intégralité de leurs dettes à un mois au plus. Le ratio de transformation à long terme permet d'éviter que les établissements de crédit financent des emplois longs par des ressources courtes. Les ressources à plus de 5 ans d'un établissement de crédit doivent être au moins égales à la moitié des emplois de même échéance. Avec ces nouvelles contraintes de gestion, les banques au Cameroun sont passées en situation de surliquidité de plus en plus croissante. D'un ratio de liquidité de moins de 70% en 1991, elles ont atteint au 30 juin 1997 un niveau de 110,5% pour arriver à 113,4% en décembre 2000. Ceci s'explique par le fait que, même restructurées, les banques camerounaises n'ont pas développé une diversité de produits puisqu'elles ne mobilisent pas assez de ressources stables, elles ont du mal à faire face aux besoins de financement et à offrir des financements adaptés11(*). Pour éviter une nouvelle crise, la plupart des banques privilégient actuellement les dépôts non ou faiblement rémunérés et se déploient vers des activités de conseil, de transfert d'argent, de gestion des moyens de paiement, etc. Avant juin 2000, l'appréciation de la situation des établissements de crédit s'effectuait de façon empirique à travers trois notes (banques saines, banques fragiles et banques en situation critique) essentiellement dictées par la situation financière des établissements au regard des principales normes prudentielles de solvabilité et de liquidité. En juin 2000, la Commission Bancaire a choisi un nouveau système de cotation des établissements de crédit, appelé ``SYSCO''.12(*) Il prévoit quatre paliers de cotation à savoir : - Cote 1 : banque à situation financière solide - Cote 2 : banque ayant une bonne situation financière - Cote 3 : banque fragile - Cote 4 : banque en situation critique Le système est structuré autour de cinq blocs : adéquation des fonds propres, liquidité, qualité du portefeuille, qualité du management et du contrôle interne et profitabilité. En résumé, nous avons présenté la situation des banques camerounaises dans les années 80. Nous constatons que les banques ont connu une grave crise due à trois principaux facteurs: la conjoncture économique générale, les problèmes de gestion et le manque de contrôle des banques. A partir de 1989, afin d'éviter l'effondrement du système bancaire, des restructurations ont été entreprises, la crise a conduit à un plan d'assainissement qui a entraîné la liquidation de certaines banques et la création de la SRC (Société de recouvrement de créances du Cameroun). De plus, un organe communautaire de supervision bancaire a été mis en place par tous les pays de la Zone BEAC. Cet organe appelé la COBAC possède des compétences diverses en matière de réglementation et d'organisation de l'activité bancaire. Malgré les nouvelles contraintes de gestion, les banques au Cameroun sont passées en situation de surliquidité croissante. Pour éviter une nouvelle crise, la plupart des banques privilégient actuellement les dépôts non ou faiblement rémunérés et se déploient vers d'autres activités. Dans le chapitre suivant, nous présenterons la situation actuelle des banques camerounaises et nous verrons si elles jouent véritablement leur rôle d'intermédiaire financier au service du développement économique et de l'équilibre social en général. * 11 MBENA NGABA M.(2006), Gestion de la liquidité bancaire: une application au Cameroun, présentation, Université de Douala. * 12 Banque des Etats de l'Afrique centrale, situation du système bancaire de la CEMAC au 31 mars 2005, (page consultée le 11/10/2006), http: //www.beac.int/cobac/sbcam310305.pdf |
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