Paragraphe 2 : Mesures de réduction du risque
de change dans la dette publique
extérieure béninoise
Eu égard au cycle de vie et aux conclusions à
l'issue de nos applications, les mesures dont nous ferons la proposition
s'attacheront à la mobilisation des fonds d'emprunts extérieurs
et à leurs amortissements..
A - Réduction du risque de change dans les
procédures de mobilisation des fonds
d'emprunts extérieurs.
A - 1 : Mesures à propos des
procédures de décaissement
Lorsqu'on considère la procédure de paiement en
direct, l'emprunteur n'intervient plus après expédition de la
demande de retrait aux bailleurs de fonds jusqu'au paiement des fournisseurs.
Il ignore même le cours de change auquel l'opération a
été réalisée jusqu'au jour de réception de
l'avis de décaissement. Il apparaît clairement qu'à ce
niveau, l'emprunteur subit le risque de change et n'a aucun moyen pour en
apprécier l'ampleur.
Néanmoins, les procédures de demande de
remboursement ou celles de compte spécial présentent l'avantage
à l'emprunteur de demander à être remboursé quand
il veut, ou à renflouer le compte quand sa provision s'amenuise.
Dans la procédure de demande de remboursement,
l'emprunteur ayant le choix du moment d'expédition de la demande, peut
spéculer sur la hausse de la devise du prêt. Lorsque cette
tendance se précise, la CAA peut alors expédier sa demande de
remboursement pour enregistrer des gains nominaux de change ; le taux de
préfinancement étant inférieur à celui du
remboursement. Aussi faudra-t-il accélérer les procédures
de demande de remboursement afin qu'un événement
prévisible ou imprévisible ne remette en cause cette tendance
haussière soupçonnée.
La proposition ci-dessus faite est aussi valable pour la
procédure de compte spécial. Elle se trouve néanmoins
limitée par le fait que l'emprunteur ne peut pas attendre longtemps une
condition favorable de change, une telle politique aurait l'inconvénient
d'allonger la durée critique du projet.
A - 2 : Mesures à propos de la passation
des marchés publics.
Lorsque le contrat de réalisation du projet est
libellé en devises, l'emprunteur court des risques de change tout au
long de la durée prévue de réalisation du projet. Pour
réduire ce risque de change, il peut tenter de négocier à
l'occasion de la conclusion du contrat d'exécution avec l'entreprise
adjudicataire, un mode de paiement, incluant une clause spéciale :
l'adjudicataire souhaitant être payé en devises, il peut lui
proposer que les règlements se fassent sur la base d'un taux de change
préfixé sur toute la durée d'exécution du
projet.
Il est évident que l'adjudicataire ne donnera son
quitus que s'il trouve le taux de change fixé intéressant par
rapport à la tendance actuelle. Cette politique mettra la CAA à
l'abri des pertes nominales de change chaque fois que la devise
s'appréciera par rapport au franc CFA, relativement au taux
préfixé. Elle a néanmoins l'inconvénient pour elle
de ne pouvoir pas profiter des gains de change éventuel par rapport au
taux retenu dans le contrat.
B - Réduction du risque de change dans
l'amortissement de la dette extérieure.
L'amortissement de la dette se faisant suivant un
échéancier préétabli, tout retard dans le paiement
d'une échéance est sanctionné par le paiement
d'intérêts moratoires. Il est donc clair que l'emprunteur
s'évertuera à respecter cet échéancier. Mais il est
possible qu'il anticipe le paiement de certaines échéances s'il
estime que la devise s'apprécie par rapport à sa monnaie
nationale.
Lorsque sa trésorerie le lui permet, la CAA peut
réduire le risque de change en anticipant le paiement du service de la
dette. Aussi, doit- elle faire diligence dans le traitement des ordres de
virement, pour que cette situation relativement profitable ne lui
échappe. On comprend aisément que tout cela n'est possible que si
elle dispose d'un service qualifié pouvant tenir le service
d'amortissement informé des tendances de change.
C - Réduction du risque de change : choix
de la devise du prêt.
Le dollar, la livre sterling, le yen, ... n'évoluent
pas de la même manière. La monnaie est à l'image de la
réalité économique d'une nation. En effet, plus
performante est l'économie, plus forte sera sa monnaie par rapport aux
autres devises. Lorsqu'on considère les unités de compte tels
que le DTS et l'UC qui sont des monnaies artificielles, on comprend qu'elles
doivent fluctuer faiblement, relativement aux autres devises prises
individuellement. Une unité de compte étant un panier de
plusieurs monnaies.
Donc la hausse d'un élément de l'unité
de compte peut être compenser par une dépréciation d'une
autre monnaie composant la même unité de compte. Ce qui explique
que, les unités de compte fluctuent moins que les monnaies
nationales.
Il est préférable pour réduire
l'exposition au risque de change, de s'orienter davantage vers les prêts
libellés en unités de compte. C'est donc préférer
les bailleurs de fonds multilatéraux, car ce sont eux qui utilisent,
entre autres, les unités de compte. L'emprunteur peut facilement
réduire le risque de change en accordant une certaine priorité
aux prêts libellés en unité de compte. C'est-à-dire
qu'il faut par exemple préférer un prêt libellé en
DTS à un prêt de même montant libellé en dollar.
En complément aux mesures de réduction, nous
proposons des mesures d'annulation du risque de change dans la gestion de la
dette extérieure, dans la section suivante.
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