Paragraphe 2: Mesures de gestion existantes et
vérification des hypothèses de recherche.
Le présent paragraphe, après avoir exposé
comment la CAA réagit face au risque de change dans la gestion de la
dette, prendra le soin de vérifier, les hypothèses de recherche
au vu du précédent paragraphe.
A - Mesures de gestion Existantes
Les brefs aperçus que nous avions eus sur la gestion de
la dette extérieure nous ont indiqué comment s'organise la CAA
durant tout le cycle de vie de la dette extérieure. En effet, on peut
retenir que le risque de change n'existe véritablement que lorsque la
CAA s'engage dans les différentes procédures pour la mobilisation
des ressources d'emprunt extérieurs.
Dans le cas de la demande de paiement en direct, c'est le
bailleur qui paye directement le fournisseur. Ce qui sous- tend que la CAA
n'aura qu'à enregistrer sur la fiche de mobilisation (du prêt
concerné), la contre-valeur en franc CFA du transfert effectué au
profit du fournisseur. Bien évidemment la CAA ne fait rien à cet
effet pour gérer le risque de change
A propos de la procédure d'avance de fonds, le
fournisseur envoie sa facture au maître d'ouvrage qui l'expédie
à la CAA. Cette dernière après vérification des
pièces procède à la liquidation de la facture. Elle n'a
pas dans ce cas aussi une méthode de gestion du risque de change.
En d'autres termes la CAA ne dispose pas d'une
stratégie de couverture des risques de change.
Néanmoins, lors des remboursements, les transferts de
fonds par le canal de la BCEAO, comme nous l'avons précédemment
constaté, réduisent le risque de change de la CAA. S'agissant des
prêts répercutés, nous avons observé que c'est le
bénéficiaire qui mobilise et rembourse le prêt, et donc
supporte les risques de change.
B- Vérification des Hypothèses de
Recherche
Les objectifs ayant conduit jusqu'ici le présent
travail de recherche avaient été assujettis à des
hypothèses. Ces dernières, tout comme, les objectifs
spécifiques sont au nombre de trois. Nous nous proposons à
présent, de les confronter aux constats faits lors du processus
d'identification du risque de change.
1ère Hypothèse
Spécifique :
« La CAA n'intègre pas dans ses
analyses les risques dus aux fluctuations de
change. »
L'organigramme de la CAA laisse voir qu'elle ne dispose pas
d'un service spécifique dont la mission est la gestion des risques
opérationnels et financiers. Au regard des différentes
procédures de mobilisation des ressources d'emprunt extérieur,
nous affirmons que la CAA n'a pas une stratégie de gestion du risque de
change. Par ailleurs, à propos de l'amortissement, c'est plutôt
lorsqu'elle préfère le canal de la BCEAO pour le transfert des
fonds au profit des bailleurs qu'elle réduit le risque de change. C'est
dire alors que, dans ses opérations d'encaissement ou de
décaissement, en devises, elle n'éprouve pas des
préoccupations liées à d'éventuelles fluctuations
des taux de change. Or ce sont ces taux qui donnent l'expression en francs CFA
d'engagements donnés ou reçus, honorés en devises.
2e Hypothèse
Spécifique :
«Une variation de taux change
entraîne une variation de même sens des flux et des stocks de la
Dette publique extérieure
béninoise ».
Il convient pour la vérification de cette
hypothèse de rappeler les notions de flux et de stock de la dette
extérieure.
La notion de stock recouvre à l'instant t soit la dette
extérieure évaluée à partir des engagements de
tirages, c'est-à-dire y compris les engagements non
décaissés, soit l'encours de la dette extérieure
évalué sur la base des seuls décaissements non
remboursés. La notion la plus fréquemment utilisée est
celle qui retient la base des décaissements.
L'application du procédé d'identification
à la démarche de mise en vigueur de l'accord de prêt,
concernant le prêt BADEA de 1981, ayant pour objet l'Extension du Port
Autonome de Cotonou, a montré que du fait des fluctuations de change, le
montant en FCFA d'un engagement donné varie dans le même sens que
celui de la variation du taux de change.
En considérant la notion de stock sur la base des
décaissements non remboursés, on remarque qu'un emprunt de
100.000 USD décaissé par le bailleur et non remboursé par
l'emprunteur, a une valeur de 49.000.000 FCFA à l'instant
t si = 490, une valeur de 50.000.000 FCFA à l'instant
t +1 si = 500 ; et une valeur de 45.000.000 FCFA
à l'instant t+2 si = 450. On voit clairement qu'une variation
des cours des devises entraîne une variation dans le même sens du
stock de la dette.
La notion de flux recouvre, pour la période t,
entre autres, les éléments suivants :
- Les engagements : c'est-à-dire
le montant des prêts pour lesquels on a signé des accords pendant
la période t.
- Les décaissements :
c'est-à-dire le montant des tirages effectués non
remboursés pendant la période t.
-Les paiements au titre du "service de la
dette " : c'est-à-dire le montant des remboursements
du principal (amortissement) et les intérêts et commissions
dus.
S'agissant des engagements, le raisonnement est identique
à celui que nous avons mené dans le cadre de la
vérification de l'hypothèse première. Les
décaissements quant à eux se font selon diverses formules. Les
procédures de mobilisations des fonds d'emprunt extérieur, telles
que nous les avons présentées dans le paragraphe 1 de ce
chapitre, présentent toutes des risques de change. A travers nos
applications, que ça soit pour la demande de paiement en direct, la
procédure d'avance de fonds, ou la demande de remboursement
adressée au bailleur, le risque de change existe ; mais pas peut
être au même degré pour toutes. Ces mêmes applications
nous font conclure, que, pour une période t, une variation du
cours des devises entraîne une variation de même sens des
décaissements (par rapport aux tirages attendus, (toutes choses
égales par ailleurs).
Les paiements au titre du "service de la dette" sont le
troisième point que nous aborderons dans la séquence des flux de
la dette. Lorsque les taux de change ayant prévalu lors des
remboursements sont respectivement différents de ceux ayant
établi le tableau d'amortissement prévisionnel, il y a risque de
change. Nous avons préféré, au titre d'application,
comparé le taux de change moyen de mobilisation au taux de change moyen
d'amortissement et avions conclu qu'il y a perte de change dès que le
taux de change moyen au remboursement est supérieur au taux de change
moyen de mobilisation. On sait néanmoins qu'une hausse de taux de change
entraînera une hausse des montants en FCFA à rembourser, et
qu'une baisse de taux de change aura pour conséquence la baisse des
remboursements. On conclut qu'une variation de taux de change entraîne
une variation de même sens des sommes à rembourser.
3e Hypothèse :
« Il y a des possibilités de
gestion des risques de change pour la CAA »
En gestion des projets, on dit qu'un problème est une
situation d'insatisfaction pour laquelle il y a une possibilité de
solution. Un problème qui n'a pas de solution n'est donc pas un
problème. Dans le cadre de notre étude nous avons conçu
des approches de solutions aux problèmes posés au départ.
Nous nous proposons à présent d'exposer ces propositions de
solutions dans le chapitre suivant.
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