INTRODUCTION
En examinant les obligations régaliennes de l'Etat, on
remarque que tout Etat qui se veut révérencieux des articles
constitutionnels sur l'économique et le social, doit s'escrimer à
améliorer le bien être économique et social de son
peuple.
Nous saisissons alors l'évidence de la
nécessité de financement des projets de développement
dont, aujourd'hui, les grands chapitres sont ceux de la question du
développement du capital humain des pays pauvres, en particulier de ceux
de l'Afrique au Sud du Sahara. Lorsque ces projets sont rapportés aux
bourses des pays du tiers monde dont les finances n'ont pas encore
trouvé leur équilibre, on comprend l'indéniable existence
de déficits budgétaires.
En effet, la course à la quête de capitaux, pour
financer l'excédent des dépenses sur les recettes
prévisionnelles, ne peut se tenir que sur les boulevards amenant aux
pays du Nord.
L'aide publique au développement (APD) s'est
avérée l'une des voies politico- économiques
internationales les plus importantes de notre ère. Si on accepte la
définition qui considère l'APD comme l'ensemble des flux
financiers, entre pays, qui comprennent un transfert net de ressources à
des fins de développement, et qu'il s'agit soit de dons, soit de
prêt à conditions préférentielles dites
concessionnelles, on est en droit de se demander alors lequel de ces deux types
d'APD conviendrait le mieux aux Pays en Voie de Développement (PVD).
Le don est associé à un principe de
charité, à une image de compassion, culturellement
valorisés par les morales laïques et religieuses, notamment le
judéo- christianisme ; l'Islam, par exemple, fait de l'aumône
l'un de ses piliers. Cela justifie également le fait qu'encore
aujourd'hui, l'un des fondamentaux de la banque islamique soit le prêt
sans intérêt, ou à taux d'intérêt très
bas. Contrairement à cette doctrine charitable, l'écrivain
français le maquis de Sade (1795) affirmait que «
l'aumône est la plus grande de toutes les duperies ; elle
accoutume le pauvre à des secours qui détériorent son
énergie » Toutes ces formules ont alors influé
sur les politiques économiques des pays. Ainsi, le Bénin, avait
adopté jusqu'à la fin des années 80 une politique prudente
d'endettement, justifiée par le contexte caractérisé par
le marxisme - léninisme avec pour principal slogan
« comptons d'abord sur nos propres
forces ».
Toutefois, jusqu'à la fin de ces mêmes
années 80, le Bénin avait connu de graves crises d'endettement.
En effet, s'il est un truisme que l'endettement extérieur, en
complétant l'épargne intérieure, eut le mérite de
réaliser la croissance économique, il n'en demeure
également pas moins que l'enchevêtrement de la récession
économique au lendemain du choc pétrolier de 1973 à 1974,
avec la sous évaluation des projets qu'étaient censés
financer ces dettes extérieures, a eu sa part de cause dans ces crises.
Elles s'étaient traduites par l'impossibilité des emprunteurs
à honorer à leur tour leurs engagements vis-à-vis des
bailleurs, et aussi par l'alourdissement de leurs dettes extérieures.
Mais les raisons ci-dessus évoquées seraient -
elles les seules causes plausibles de l'alourdissement de la dette
extérieure ? La réponse à cette interrogation se
trouve dans le cours de l'histoire. Selon Brown (2006), longtemps
après la Seconde Guerre Mondiale, les taux d'intérêt
à long terme sont restés relativement stables dans la plupart des
nations développées, les taux de change et les cours des
matières premières n'étaient qu'une préoccupation
occasionnelle pour les gestionnaires de risques, jusqu'en 1970. Mais cette
relative tranquillité fut bouleversée dans les années
70 ; les monnaies accusèrent des flottements, les cours du
pétrole montèrent en flèche et les taux
d'intérêt prirent de l'envol. La volatilité est devenue le
mot d'ordre des marchés de change. Cette volatilité
mesurée en pourcentage de la variation mensuelle de la parité
yen /dollar, quasi nulle dans les années 60, avait parfois atteint la
barre des deux chiffres dans les années 70. La gestion se fit
dès lors à l'incertain. En 1985, le billet vert dépassait
10 FF avec pour conséquence, l'alourdissement de la dette
extérieure.
Lorsqu'on sait qu'aujourd'hui le Bénin comme d'autres
PVD, emprunte à taux d'intérêt fixe, que sa dette
extérieure est libellée en devises, et qu'il a l'obligation
d'assurer le service de sa dette en la devise du prêt, les
inquiétudes liées à la gestion de la dette
extérieure, existeraient aussi sur la manière de gérer les
fluctuations des cours des devises.
Dès lors il est indubitable que la dette
extérieure est l'un des principaux points d'impact des fluctuations de
change. Cela est d'autant plus vrai que l'on sait que la dévaluation du
FCFA en 1994 a fait passer la dette extérieure du Bénin de 321,
35 milliards en 1993 à 628,43 milliards en 1994.
On déduit alors que l'ampleur de ces fluctuations de
change n'est pas de taille à laisser indifférent tout organisme
de gestion de la dette extérieure, allant du contrat par lequel elle
s'est vue naître à son amortissement, via la réalisation du
projet pour lequel elle est consentie.
L'acuité du problème nous amène à
intituler notre étude «Fluctuations de change et
Gestion de la dette publique extérieure
béninoise »
Cette étude sur un monde aussi mouvant que celui de la
finance internationale, devra apporter sa pierre à l'édifice de
la bonne gestion de l'endettement extérieur. Pour se faire, elle est
structurée en deux grandes parties.
La première fera l'analyse théorique des effets
des fluctuations de change sur la gestion de la dette extérieure du
Bénin, en formulant la problématique, les objectifs et
hypothèses, l'intérêt de l'étude et la revue de
littérature. Elle précisera également la
méthodologie adoptée.
La deuxième partie s'évertuera à
identifier les effets des fluctuations de change sur la gestion de la dette
extérieure du Bénin, et à proposer des mesures pour leur
meilleure gestion.
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