Table des matières
Pages
Abréviations...........................................................................................
3
Remerciements.......................................................................................
4
Dédicace...............................................................................................
5
Chapitre
introductif..................................................................................
6
Section 1 :
Contexte..............................................................................
6
Section 2 :
Objectifs..............................................................................
7
Chapitre I : Dimension de la
pauvreté......................................................... 8
Section 1 : Diagnostic générale de la
pauvreté........................................... 8
Section 2 : Secteurs
stratégiques............................................................
11
Chapitre II : Stratégie de lutte contre la
pauvreté.......................................... 19
Section 1 : La création de
richesse.......................................................... 20
Section 2 : Accélération de la promotion
de l'accès aux services sociaux
de
base..............................................................................
27
Section 3 : La protection sociale et la
prévention........................................ 34
Section 4 : La bonne
gouvernance.......................................................... 39
Chapitre III : Suivi et évaluation de la
stratégie.............................................44
A- Principe de la mise en
oeuvre.............................................................44
B- Pilotage et suivi du
DSRP.................................................................45
C- Instruments et procédures de mise en
oeuvre...................................... 46
D-
Evaluation.....................................................................................46
E- Problème de
communication.............................................................47
F- Financement de la
stratégie.............................................................
48
G- Processus d'articulation de la SRP et le budget
national............................. 49
Conclusion..........................................................................................
51
Abréviations
CREA= centre de recherche en économie
appliquée
EPPS= enquête auprès des ménages sur la
perception de la pauvreté au Sénégal
ESAM= enquête de suivi auprès des
ménages
ESPS= enquête de suivi de la pauvreté au
Sénégal
ICS = industrie chimique du Sénégal
ORSEC= organisation des secours
PAM = programme alimentaire mondial
PDEF= programme décennal de l'éducation et de la
formation
PEPAM= programme d'eau potable et d'assainissement du
millénaire
PNDS= plan national de développement sanitaire
PPTE= pays pauvres très endettés
PRN = programme de renforcement de la nutrition
PTIP = programme triennal d'investissement public
QUID= questionnaire unifié des indicateurs de
développement
SCA= stratégie de croissance
accélérée
SNEEG= stratégie nationale d'équité et
d'égalité du genre
SNPS= stratégie nationale de protection sociale
SRP = stratégie de réduction de la
pauvreté
STEP = stratégies et technologies contre l'exclusion
sociale et la pauvreté
TBS = taux brut de scolarisation
TIC = technique de l'information et de la communication
Remerciements
Ce travail que nous venons d'achever au cours de
l'année 2007-2008, s'inscrit dans le cadre du suivi des conditions de
vie des populations, de l'accès aux services sociaux de base, avec un
accent particulier sur les aspects et les facettes liés à la
pauvreté au Sénégal.
Ce mémoire traitant de la pauvreté au
Sénégal a bénéficié du soutien tant bien
moral, matériel que financier de plusieurs personnes
particulièrement :
v Mes parents Yamar et Aram
Mbodji
v A tous les enseignants sans exceptions qui ont
participé à ma formation intellectuelle
v A mon professeur encadreur, M. Ababacar
KEITA, qui n'a ménagé aucun effort pour le suivi,
l'accomplissement et la réussite de ce travail.
v A l'Agence Nationale de la Statistique et de la
Démographie (ANSD) plus particulièrement au
service de la documentation
v A Fossar DIOP et Moussa
COULIBALY pour le soutien matériel
v Je tiens également à remercier toutes les
personnes qui ont voulu répondre à mes questions, pour leur
disponibilité et leur patience.
Dédicaces
Je dédie ce mémoire à :
Mes parents : Yamar et
Arame MBODJI. Sans vous, je ne serais pas là entrain
d'écrire ce mémoire, vous m'avez donné la vie, nourrie et
éduqué. Longue vie à vous ; je vous adore
Ma grand-mère Maguette NDIAYE,
qui ne cesse de prier pour notre réussite, longévité
à vous et famille.
Mes frères et soeurs :
Diarra, Awa, Ibrahima,
Maram
Mes tantes : Bity que je
considère comme ma maman, Ngouye et
Mbayang
Ma deuxième famille particulièrement :
Pa Mady, Maama Moussou,
Fossar, Khady, Mariama,
Daddy
Au personnel de la scolarité : Khady
SARR NDIAYE, Ndeye LO, Yacine
Mané...
Tous les étudiants de la promotion Moustapha KASSE
plus particulièrement ceux de l'option Analyse pour leur
solidarité fraternelle
Fatou WADE à qui je
réserve une mention spéciale. Depuis que je t'ai connu tu m'as
soutenu et donné la force, le pouvoir d'affronter les choses difficiles.
Je t'adore et t'estime beaucoup
L'ensemble des membres du Daarah NAYLOUL
MARAAM particulièrement à maman Fatou
SEYE, lamine NIANG, ma fille Aminata
SALL
Mon guide spirituel, Serigne Saliou
MBACKE. Vous avez été un guide exemplaire et
modèle, K'ALLAH vous accueille dans son paradis éternel.
Thème : :
PROBLEMATIQUES, DEFINITIONS, STRATEGIES DE LUTTE ET
SUIVIS
CHAPITRE INTRODUCTIF : CONTEXTE ET OBJECTIFS DE LA
PAUVRETE
SECTION 1 : CONTEXTE
Au Sénégal, la mise en oeuvre des
politiques de stabilisation depuis la fin des années 70
suivies des premiers programmes d'ajustement structurel au milieu des
années 80, a certes contribué à
améliorer le cadre macro-économique, mais les performances
économiques sont restées en deçà des
espérances.
Cependant, les performances économiques
enregistrées n'ont pas contribué à améliorer les
conditions de vie des populations et à réduire substantiellement
la pauvreté. Le Sénégal n'a pas encore
réalisé l'objectif de l'éducation universelle au niveau
de l'enseignement primaire (le taux de scolarisation dans le primaire se situe
à environ 70% tandis que le taux global est
estimé à 32% et l'analphabétisme touche
plus de la moitié de la population). La situation des femmes
sénégalaises en matière d'éducation et de formation
est préoccupante avec un taux d'analphabétisme de plus de
70% contre 48,9% pour les hommes. Quant aux
indicateurs de santé, ils demeurent en deçà des
recommandations de l'OMS. Même si le Sénégal est
cité comme pays de référence en Afrique en termes de lutte
contre le VIH/SIDA, le système de santé dans son ensemble fait
face à de graves contraintes. On note la recrudescence des
endémies locales et la malnutrition de plus en plus, les populations
notamment les plus vulnérables (les enfants, les femmes, les
handicapés, les réfugiés...)
En matière d'accès à l'eau potable,
l'objectif visé par le Sénégal est d'atteindre le
plutôt possible, les recommandations de l'OMS, soit 35
litres/habitant/jour. Actuellement, les populations disposent de
28 litres/ habitant/jour.
Pour lutter ou réduire la pauvreté à
moitié à l'horizon 2015, l'Etat mettra en place de manière
soutenue une politique économique et sociale permettant de relever
significativement ses performances socio-économiques et de placer le
pays sur le sentier de développement humain durable. A cette fin, le
Sénégal a initié en 2000, après
l'adoption de son document intérimaire, un processus participatif de
préparation d'une stratégie de réduction de la
pauvreté fondée sur une croissance distributrice et la
satisfaction des besoins de bases des populations pauvres.
Le consensus autour de cette stratégie met
l'accent sur la nécessité d'une mobilisation des décideurs
politiques, des acteurs nationaux et des partenaires au développement
pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion à travers
l'établissement d'un lien étroit entre la réduction de la
pauvreté, le progrès économique et le renforcement des
capacités.
SECTION 2 : Les Objectifs
Les différents diagnostics établis au cours
de l'élaboration du DSRP, ont montré la nécessité
d'investir dans le secteur social, notamment l'éducation, la
santé, l'hydraulique par le développement d'infrastructures
pouvant satisfaire la forte demande d'une part et de promouvoir les
activités génératrices de revenus, en particulier l'emploi
des jeunes d'autre part.
Ce travail permettra de fournir les indicateurs pertinents sur
l'éducation, la santé, le chômage, le patrimoine et la
consommation des ménages.
Ce document s'articulera autour de trois chapitres à
savoir la dimension de la pauvreté, la stratégie de lutte contre
ce phénomène ainsi que le suivi de la mise en oeuvre de la
stratégie de lutte.
Chapitre I : la dimension de la pauvreté
Section 1 : Diagnostic de
général de la pauvreté
A :
Définition du concept
La pauvreté est un phénomène
multidimensionnel. Plusieurs définitions et approches existent pour la
cerner. En particulier, l'on distingue les approches fondées sur le bien
être, les besoins de base et les capacités.
La mesure de l'incidence de la profondeur et de la
sévérité de la pauvreté nécessite la
résolution des deux questions fondamentales que sont l'identification
des individus pauvres et la construction d'indicateurs pertinents sur la base
des informations disponibles. Dans la pratique, deux approches sont
généralement utilisées : l'une dite objective et
l'autre subjective.
L'approche objective s'appuie sur une information quantitative
résumée à travers un indicateur monétaire ou non
monétaire. Une ligne de pauvreté est alors définie comme
un seuil en deçà duquel le ménage (ou l'individu) est
considéré comme pauvre (ESAM I, 1994).
L'approche subjective est basée sur la perception par
les populations de leurs conditions d'existence. Les populations s'auto
désignent pauvres ou non pauvres selon des critères qui leur sont
propres. A cet égard, un proverbe africain définit la
pauvreté comme « l'absence d'avoir, de savoir et de
pouvoir ». Cette perception de la culture renvoie à la nature
des formes d'organisation sociale et politique des communications locales et
aux stratégies sous-jacentes. Ainsi, importe-t-il d'investir dans la
culture qui détermine la manière de vivre et de combattre la
pauvreté. L'analyse de la perception de la pauvreté au
Sénégal qui se lit à travers les langues nationales peut
s'articuler autour de quelques indicateurs dont les plus saillants se
retrouvent dans la définition suivante : « est pauvre
celui qui n'a rien, qui ne peut régler ses besoins sociaux primaires,
qui vit sans accès à des opportunités ». Ce type
extrême de la pauvreté est généralement
appelé « ndool » (wolof),
« baasdo » (pulaar), « seetan »
(bambara) etc.
Le pauvre vit dans un dénouement total
économique et social, il est sans soutien et ne compte que sur l'aide
que lui apporte son entourage pour survivre. Il est souvent qualifié de
déclassé social et plongé dans un état de
misère quasi-permanent. Son trait dominant est qu'il s'auto exclue
lui-même du tissu social.
Les ménages pauvres disposent de sources de revenus
assez précaires qui ne permettent pas de couvrir entièrement les
besoins en alimentation. Pour expliquer la pauvreté, les populations
évoquent les responsabilités individuelles exprimées
à travers le proverbe : « le paresseux est responsable de
son état d'indigence » mais aussi pour le manque de relations
sociales. Le tissu relationnel est ici une référence centrale.
Plus on élargit l'horizon de ses relations familiales,
confrériques, ethniques etc, plus ont fait face à la
pauvreté, au dénuement, à la
vulnérabilité.
Nous allons maintenant nous focaliser sur les aspects de
manifestations de la pauvreté avant d'attaquer ses
caractéristiques pour terminer sur le point de rupture.
B- Aspect des manifestations de
la pauvreté
D'ordinaire, c'est dans le processus d'appauvrissement
accéléré par une crise économique persistante que
les individus, notamment parmi les plus vulnérables sont coupés
des circuits leur permettant d'accéder aux ressources productives. Ce
manque de moyens propres favorise ensuite une détérioration
continuelle des conditions de vie, aggrave les inégalités et
mène, à terme, à l'extrême pauvreté. Cette
dynamique conduit à une rupture des liens sociaux et à
l'exclusion des couches les plus défavorisées. Un tel
déficit ou défaut de relations sociales pousse certains individus
aux pratiques ci-après :
La violence et la
délinquance : les personnes détenues sont pour
la plupart des jeunes. Les statistiques de la justice les plus récentes
indiquent un taux de criminalité de 1,8% marqué
par une progression rapide des infractions et une forte présence des
jeunes parmi la population carcérale. Cette montée de la
délinquance des jeunes peut être imputable au relâchement
des efforts des parents dans la prise en charge de l'éducation des
adolescents en perte de repères. En outre, la violence faite aux femmes
est devenue un fait courant dans les quartiers pauvres et dans les familles
démunies conduisant souvent à des drames.
La mendicité : les
talibés et mendiants (enfants et adolescents) sont estimés
à environ 100000 (DAS : direction action sociale).
Ce phénomène des talibés en quête quotidienne de
nourriture et d'argent pour leur propre survie que pour l'entretien de leur
marabout, et repérables au niveau des carrefours, des marchés,
des mosquées, des banques et autres endroits publics des centres villes,
est un véritable problème social.
La prostitution: les statistiques sur la
prostitution sont rares et souvent approximatives ou incomplètes.
Toutefois, une enquête de prévalence des infections sexuellement
transmissibles chez les prostituées clandestines de Dakar (IRD),
évolue l'âge médian des prostituées à
28 ans. Presque 20% d'entre elles n'avaient
pas l'âge légal (21 ans), alors que le tiers
était célibataires, la plupart était divorcée
(48%), mariée (12%) ou veuve
(6%). La prévalence de l'infection du VIH chez ces
prostituées est de l'ordre de 14% alors que se situe
entre 1 et 2% dans la population totale.
La dégradation de l'environnement :
le coût démographique élevé et les
longues années de sécheresse ont fortement contribué
à la fragilisation de l'environnement. En milieu rural, la faible
qualité de vie des populations continue de faire pression sur les
ressources naturelles expliquant ainsi le rythme inquiétant de la
déforestation malgré les efforts fournis dans ce domaine.
Par contre, selon les populations (EPPS) en 2001, les principaux
signes de la perception de la pauvreté sont dans l'ordre, la
difficulté à se nourrir, le manque de travail, le manque de
soins, le manque de logement décent. Ainsi, considèrent elles que
les priorités de l'Etat devraient être dans l'ordre :
l'emploi des jeunes (20,1%), la réduction des prix de
denrées de première nécessité (18,9%),
l'accès aux soins de santé de base
(17,7%), l'éducation des enfants
(11,3%).
C- Caractéristiques de
la pauvreté au Sénégal
Au sein des ménages eux même, la
pauvreté est aussi très répandue : une
majorité de 52,2% se considère comme pauvre.
Comme pour les communautés aussi, le sentiment d'être pauvre a
sensiblement baissé dans les ménages, au cours des quatre
dernières années. En 2001-2002, deux chefs de
ménage sur trois (65,7%) considèreraient leur
ménage comme pauvre, soit une baisse de 3 points de pourcentage
annuellement. La différence de niveau de pauvreté entre les
communautés et les ménages reflète simplement le fait
qu'on peut trouver des ménages non pauvres dans des quartiers ou
villages eux-mêmes déclarés très pauvres. Même
si l'incidence est légèrement moins forte qu'au niveau de la
communauté, les tendances sont les mêmes dans les
différents milieux de résidence. Les dakarois sont mieux lotis
avec une incidence de pauvreté déclarée de prés de
40% contre 43,4% dans les autres villes et
61,6% en milieu rural. Paradoxalement, même si les
proportions de ménages qui s'auto déclarent « un peu
riche » sont statistiquement faibles, elles sont très proches
entre la ville et la campagne (prés de 6% en milieu
rural contre 5,2% dans les autres villes et
4,9% à Dakar. L'insuffisance monétaire semble
poser le plus de problème aux ménages. En effet, à la
question de savoir si au cours des 12 derniers
mois, le ménage avait des revenus suffisants pour faire face
aux besoins de ses membres, plus de trois chefs de ménage sur quatre
(76,7%) ont répondu négativement (d'après
dossier ESPS 2005-2006). Cela peut paraître surprenant que le manque
d'argent soit plus ressenti que les autres manques, étant donné
que la satisfaction de la plupart de ces besoins dépend en
général de la disponibilité d'argent. Alors comment
peut-on avoir satisfait plus ces besoins si on a eu moins besoins ?
Intuitivement, cette situation peut être comprise en rapport avec le sens
et l'importance qu'on accorde généralement à l'argent en
espèce : au Sénégal, on dit presque toujours
« de l'argent, on en a pas assez ». Au delà de
cette hypothèse sur la sensibilité de tout ce qui touche
l'argent ; ce décalage peut s'expliquer par le fait qu'un bon
nombre de ménages reçoivent des transferts, ce qui réduit
les déboursements de leur part pour satisfaire des besoins tels que
l'éducation des enfants, les soins de santé et dans une moindre
mesure, le logement, la nourriture et l'habillement...
D- Point de
rupture
Les points de rupture qui constituent les principaux
facteurs de basculement dans le processus de paupérisation peuvent se
présenter sous formes conjoncturelles ou structurelles
particulièrement en milieu rural, comme ils peuvent relever de la
responsabilité ou de la non responsabilité de l'homme. Dans
plusieurs cas, le basculement observé relève des facteurs et
institutionnels. Cependant, les facteurs anthropiques ne manquent pas d'avoir
eux aussi une forte prégnance dans les conditions de vie des
ménages (ESPS).
Les facteurs naturels sont l'ensemble des facteurs qui
découlent de rupture dans l'écosystème et de leurs
conséquences. Les facteurs naturels les plus cités par les
populations sont les sécheresses successives dont la plus
désastreuse fut celle de 1973, l'érosion
côtière, l'intrusion marine et son corollaire, la salinisation des
terres, la dégradation des terres traduites par un appauvrissement
entraînant une faible productivité, les calamités
naturelles telles que les incendies, les inondations des champs et la
destruction des cultures par les parasites.
D'autres points de rupture, particulièrement
signalés en milieu urbain relèvent également de
l'évolution naturelle, notamment le décès, la retraite ou
la perte d'emploi du principal pourvoyeur de ressources ainsi que
l'incapacité physique découlant de la vieillesse ou à la
suite d'une maladie handicapante.
Quant aux facteurs anthropiques et institutionnels, ils
relèvent de la responsabilité directe ou indirecte de l'homme.
Les facteurs anthropiques les plus cités par les populations sont :
les pratiques usuraires et le divorce, le déplacement des populations
à la suite des conflits, la pression démographique, les conflits
foncier et le vol de bétail, la réduction du trafic de la
société nationale des chemins de fers du Sénégal
(SNCS) qui a supprimé beaucoup d'activités autour des gares, la
mise en place des politiques d'ajustement structurel (nouvelles politiques
agricoles et industrielles) et leur corollaire et la dévaluation en
1994, dont les effets défavorables (perte de pouvoir
d'achat) ont été davantage ressentis en milieu urbain.
Section 2 : Secteurs
stratégiques
Santé et pauvreté
La santé est une condition essentielle de
l'épanouissement d'une population et un des facteurs clés du
développement d'un pays. En effet, un état sanitaire
médiocre a des conséquences négatives sur les populations,
et donc, sur le processus de développement. Il se traduit par un
écart important entre une demande non satisfaite de services sanitaires
et une offre de santé encore faible. La demande de services sanitaires,
peut être appréciée à travers le nombre d'habitants
et l'importance du budget que les populations affectent à la
santé. On distingue ainsi une demande notionnelle, estimée
directement par une correspondance entre la taille de la population et ses
besoins sanitaires d'une part, entre une demande effective et la
capacité des populations à en supporter les implications
financières d'autre part. L'écart entre les demandes notionnelle
et effective explique la précarité de l'Etat de santé des
populations ; cette précarité se reflète, au
Sénégal, à travers le niveau de l'offre de services
sanitaires, l'impact des problèmes de santé et
l'accessibilité aux services de santé.
a -Niveau des
dépenses en soins de santé encore faible :
La demande des ménages en infrastructures et
services sanitaires dépend de leurs revenus, du niveau de tarification
de ces services, ainsi que d'autres déterminants clés des
décisions des ménages, à savoir : le coût total
à supporter ainsi que la qualité des soins médicaux. La
politique gouvernementale en matière de santé aura un impact
d'autant plus significatif qu'elle mettra l'accent sur l'accessibilité
de ces services et infrastructures.
Les dépenses de santé annuelles au
Sénégal s'élèvent à 52 milliards de
FCFA. Elles représentent, en moyenne, 3,4% des
dépenses totales de consommation qui ont été
estimées à 147495 FCFA par personne par an. Ce
taux varie selon le niveau de vie. Ainsi de 2,8% au niveau des
populations rurales contre 4% environ dans les autres centres
urbains ; de même chez les catégories
considérées comme ?non pauvres?. Ces disparités sont
d'autant plus accentuées que les dépenses totales des populations
rurales sont deux fois moins importantes que celles disponibles en milieu
urbain. Ces chiffres montrent la part relativement faible du budget de la
consommation qui est allouée aux services sanitaires par la population,
en raison des bas revenus.
b- L'impact des
problèmes de santé sur la productivité
L'impact des problèmes de santé sur la
productivité du travail, sur la pauvreté en particulier, et sur
le développement humain en général, est une donnée
importante dans la mesure de la performance d'une économie. En effet,
les absences au travail pour cause de maladie peuvent être plus ou moins
longues et affecter sérieusement la production et les revenus des
ménages.
D'une manière générale, la maladie peut
contribuer à appauvrir le ménage par l'imputation de ses revenus
(journée sans travail donc sans gain) mais aussi de son patrimoine
(vente de biens par nécessité pour soigner un malade) ou
s'opposer au développement humain.
Selon l'enquêté, sur cent malades, moins du tiers
seulement n'a pas observé de repos nécessitant une absence au
lieu de travail ou à l'école. Prés de la moitié
(46,4%) a en une maladie ou une blessure qui a
nécessité un repos médical pouvant aller jusqu'à
6 jours.
Les absences d'une telle durée sont plus
fréquentes à Dakar (51,2%) et dans les autres
villes (47,0%). Les absences longues de 7
jours où plus, pour raison de maladie, sont plus
observées en milieu rural (25,8% des malades) qu'en
milieu urbain (moins de 20,0%).
Ces comportements différents, eu égard à
la durée de repos pour des raisons de santé, pourraient
s'expliquer par la différence du niveau d'activités et des
contraintes professionnelles entre milieux.
En effet, si le niveau élevé du sous emploi en
milieu rural agricole et la nature du travail (indépendant pour la
plupart) favorisent le repos, à Dakar l'intensité des
activités génératrices de revenus nécessaires pour
faire face aux dépenses quotidiennes, d'une part et la plus grande
dépendance à un salaire d'autre part, pousseraient plutôt
les malades ou blessés à vite retourner au travail.
c-
L'accessibilité aux services de santé
L'accessibilité des services de santé qui
permet d'évaluer l'efficacité du système de santé
renvoie à la notion de proximité géographique et aux
moyens financiers des usagers pour faire face au coût du traitement qui
inclut le paiement des soins et du transport pour se rendre à la
structure souhaitée. Elle est appréhendée à travers
la distance parcourue ou le temps mis pour accéder à un service,
éléments déterminants de la fréquence des
visites.
Au niveau national, 38,7% des ménages
mettent 30 minutes ou plus de marche, pour se rendre au
service de santé le plus proche. Bien que cette situation d'ensemble
soit préoccupante en soi, elle cache des disparités
d'accès encore plus fortes entre le milieu urbain et le milieu
rural : 56,0% des ménages ruraux n'accèdent
à un service de santé qu'après trente minutes et plus de
marche, proportion qui n'atteint pas 16,9% en ville. Sous
l'angle de la proximité des infrastructures, les
inégalités deviennent plus visibles encore : si en milieu
rural, plus de quatre ménages sur dix (40,5%) mettent
une heure ou plus de marche pour atteindre le service de santé le plus
proche, en milieu urbain, c'est moins de deux ménages sur cent qui se
trouvent dans la même situation. La plus grande difficulté dans
l'accès, pourrait expliquer la plus faible fréquentation des
établissements sanitaires très distants des usagers en milieu
rural.
Tableau de répartition en % de
ménages selon le temps mis (en mn) pour accéder au service de
santé le plus proche
Temps mis en mn
|
Milieu de résidence
|
Dakar
|
Autres villes
|
Urbains
|
Rural
|
Ensemble
|
0-14
|
56,4
|
51,6
|
54,0
|
34, 1
|
43,1
|
15-29
|
26,6
|
31,6
|
29,1
|
10,0
|
18,2
|
30-44
|
10,3
|
12,2
|
11,2
|
8,9
|
9,8
|
45-59
|
4,6
|
3,4
|
4,0
|
6,6
|
5,5
|
60 et plus
|
2,1
|
1,3
|
1,7
|
40,5
|
23,4
|
Ensemble
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
Source : Enquête de suivi de la
pauvreté au Sénégal (ESPS, 2005-2006),
ANSD, Dakar, Sénégal.
B- Education et pauvreté
Au Sénégal, le taux de croissance
démographique estimée à 2,5% exerce de
fortes pressions sur le système éducatif national. Elle requiert
en effet, chaque année, un accroissement des intrants scolaires, dans de
très fortes proportions, pour maintenir les performances auxquelles le
système éducatif est parvenu en matière
d'accès.
Les ressources budgétaires allouées au
secteur augmentent d'année en année. En effet, celle-ci sont
passées de 32% du budget de fonctionnement en
2002 à près de 40% en
2005, ce qui traduit une importante volonté pour le
renforcement du système éducatif qui demeure un axe central de la
croissance et de la lutte contre la pauvreté. Cependant, les
résultats obtenus sont mitigés. Dans l'ensemble, près de
80% des enfants scolarisés dans l'enseignement primaire
habitent à moins de 30 minutes de leurs
établissements scolaires. C'est en milieu urbain
(87,3%) et à Dakar (92,9%) en
particulier que les établissements scolaires sont plus accessibles. En
revanche, en milieu rural, la proportion d'élèves
résidants à moins de 30 minutes des
établissements primaires est de 69,5%. Environ
56% des populations sont satisfaites de la qualité des
services éducatifs et c'est en milieu urbain que le niveau de
satisfaction est plus élevé. L'accès aux fournitures
scolaires reste un problème majeur pour l'éducation. En effet,
80% des populations non satisfaites de la qualité des
services d'éducation n'ont pas accès à une fourniture
complète. Ce constat fait ressortir le besoin de mener davantage
d'actions, notamment en faveur du monde rural pour l'atteinte des objectifs du
PDEF et plus généralement ceux du sommet mondial sur
l'éducation pour tous (EPT, 2000).
Le taux brut de scolarisation élémentaire est en
constante progression passant de 69,4% à
82,5% entre 2001 et 2005
mais reste insuffisant. Ce taux reste en dessous de la moyenne de l'Afrique au
sud du Sahara, tout comme le nombre d'élèves par enseignant qui
est de 51 au Sénégal contre 44
en moyenne en Afrique au sud du Sahara. Il est de 95% dans les
zones urbaines et de 70% dans les zones rurales. Malgré
ce progrès, près de 300000 enfants en âge
d'aller à l'école primaire en milieu rural et
36000 enfants dans les zones urbaines ne sont pas
scolarisés. Pour les zones rurales, un tiers d'entre eux se trouvent
dans la région de Diourbel, suivie de Kaolack et de Louga.
Concernant les efforts consentis en milieu rural, les
ressources sont réparties de façon inéquitable entre les
zones rurales et zones urbaines. Selon certaines estimations faites par la
banque mondiale, le coût par élève dans les zones rurales
est d'environ 28000 FCFA/an contre 47000 FCFA
dépensés par le gouvernement par élève urbain. Le
gouvernement a fait des efforts considérables pour augmenter l'offre
d'enseignement primaire dans les zones rurales. Dans la période de
2000 à 2004, 7109
nouvelles salles de classes primaires ont été construites et
930 réhabilitées (81% en milieu
rural). Les ressources intérieures ont permis de financer
53% et les partenaires, 42%. Les
5% restant financés par des projets multisectoriels
appuyés par des partenaires travaillant directement avec les
collectivités locales et des communautés.
Pour améliorer la fréquentation et
l'apprentissage des élèves, le gouvernement du
Sénégal a également soutenu des cantines scolaires. Dans
l'ensemble, selon une évaluation de la banque mondiale,
28% des écoles primaires offrent des repas scolaires.
Ce taux est de 34% en milieu rural. Les cantines scolaires
semblent avoir un effet positif sur les inscriptions et les résultats.
Il est ressorti d'une évaluation d'impact du programme de cantines
scolaires du PAM au Sénégal, menée en
2004, que le taux d'inscription et le taux de réussite
sont positivement corrélés à la présence des
cantines.
Source DSRP II, ANSD,
Sénégal
C- Patrimoine et pauvreté
Le fait pour un ménage d'être
propriétaire ou non de certains types de biens peut permettre de mesurer
indirectement son statut socio-économique. Ainsi, l'ESPS s'est
intéressé sur une liste de biens qui comporte des
éléments aussi différents de confort comme la radio, la
montre, la télévision, le téléphone, le
réfrigérateur mais aussi des biens plus importants comme le
matériel roulant (bicyclette, motocyclette, voiture, charrette, etc.),
les animaux, les terrains ou la terre agricole, entre autres.
Dans ce présent rapport (ESPS), l'analyse porte
sur le statut d'occupation de logement et la possession (et non le simple
usage) de terres cultivables. Détenir ces biens est
considéré comme une forme de sécurité. En effet, la
terre à usage d'habitation garantit une relative sécurité
du point de vue du logement alors que la possession de terre à usage
professionnelle constitue un atout pour l'exercice d'une activité
agricole ou non agricole. A ce titre, la terre est une préoccupation des
ménages.
Le logement : en
2005-2006, plus de huit ménages sur dix
(80,9%) étaient propriétaires ou
copropriétaires du logement qu'ils occupaient au moment de
l'enquête, alors que 15,6% étaient locataires ou
colocataires. Le reste des ménages, peu nombreux (3,1%)
était logé gratuitement par un tiers (parents, amis ou
entreprise). La propriété d'un logement baisse avec
l'urbanisation : presque tous les ménages ruraux
95,2% sont propriétaires de leur logement. Dans les
autres villes et à Dakar, les ménages propriétaires font
respectivement sept sur dix (70,6%) et six dix
(60,2%). Par contre, la location, phénomène
essentiellement urbain, est une pratique très peu répandue en
milieu rural : 36,6% des ménages dakarois et
21,7% de ceux des autres villes sont locataires tandis que
seulement 2,6% des ménages ruraux payent un loyer pour
leur logement.
La terre à usage agricole :
prés de six résidents sur dix (58,4%)
vivent en milieu rural et exercent des activités agricoles. Dans ce
contexte, la possession de terres comme facteur de production revêt un
intérêt capital. La possession de terres cultivables devrait donc
être plus valorisée par les ruraux qui tirent leurs revenus
essentiellement d'activités agricoles. Parmi les ménages
propriétaires de terres cultivables, la majorité
(56,7%) possède des superficies inférieures
à un hectare et 24,3% seulement détiennent des
lopins de plus de quatre hectares. Au Sénégal, la possession de
terres cultivables est le fait des ruraux qui tirent leurs revenus
essentiellement d'activités agricoles. Comme indiqué plus haut,
l'urbanisation et la modernisation des activités dans le
maraîchage, les ménages à Dakar ne sont pas attirés
par la terre à usage agricole. Ainsi, la presque totalité des
ménages urbains (96,9% à Dakar et
89,0% dans les autres villes) propriétaires de terres
cultivables, détiennent des lopins de moins d'un hectare.
Respectivement, moins de 1% et 5% d'entre eux
possèdent des terres de plus de quatre hectares. Par contre, en milieu
rural où la possession de terre trouve toute sa signification, ces
proportions sont nettement plus importantes et atteignent respectivement
24,6% et 43,3%.
Le bétail : sont
considérés dans cette analyse deux catégories
d'animaux : le gros bétail et les autres animaux d'une part, les
moutons, les chèvres et autres animaux de taille moyenne d'autre part.
Les résultats font état de 13 339 624
têtes de bétail répartis entre
66% pour le bétail de taille moyenne et 34%
pour le gros bétail. En moyenne, un ménage possède cinq
animaux en 2005-2006. Cette moyenne nationale cache toutefois
des disparités entre milieux de résidence. En effet, si en milieu
rural un partage équitable du bétail permettrait à chaque
ménage d'obtenir au moins huit animaux, dans les autres villes chaque
ménage n'aurait qu'un seul animal alors qu'à Dakar les
ménages disposent en moyenne de moins d'un animal. L'urbanisation
poussée à Dakar et dans les autres villes constitue très
certainement la raison principale de la rareté de ces animaux en milieu
urbain.
(Source, ANSD, ESPS
2005-2006)
D-
Chômage et pauvreté
Cette partie traite exclusivement ou fait
référence à la population en situation de chômage,
lors du 2e passage de ESAM de 2001-2002. Les informations qui
y sont analysées reflètent la situation du moment.
La population habituellement en chômage :
cette population est constituée des personnes qui n'ont pas
travaillé de façon continue pendant 3 mois au
cours des 12 derniers mois et qui sont à la recherche
ou en attente d'un emploi la plupart du temps dans la période de
référence.
Cette population estimée à
208 135 habitants dont 133 803
hommes et 74 332 femmes, au niveau national en
2001-2002. On remarque également que le chômage
est surtout le fait des citadins, en général. En effet, on
observe que la majorité des chômeurs réside en milieu
urbain 74,9% (dont 52,9% à Dakar et
22% pour les autres villes) contre 25,1% en
milieu rural. Cette tendance se dégage quel que soit le sexe. En
d'autres termes, la proportion des chômeurs, tant chez les hommes que
chez femmes, est plus élevée en milieu urbain qu'en milieu rural.
Toutefois, il est à noter que les proportions observées dans les
autres villes sont les plus faibles.
En 2001-2002, le taux de chômage est de
5,6% au niveau national (source : ESPS, ANSD,
Sénégal).
Le chômage affecte plus les hommes que les femmes :
respectivement le taux de chômage est de 6,5% et
4,5%. Ce phénomène est plus important à
Dakar (17,1% contre 15,9%) que dans les
autres villes (8,5% contre 7,2%) et en milieu
rural (2,1% contre 1,8%).
Au niveau national, les résultats du tableau
ci-après montrent que le chômage affecte plus la population
habituellement active âgée de moins de 35 ans. En
effet, c'est à ces âges que les taux de chômage
observés sont supérieurs à la moyenne nationale qui est de
5,6%.
L'analyse de la structure par âge du chômage met
en relief des variations selon le milieu de résidence. A Dakar urbain,
le chômage est plus aigu chez les moins de 30 ans. Dans
les autres villes il l'est chez les moins de 35 ans ;
tandis qu'en zone rural, ce phénomène est surtout le fait des
moins de 25 ans et des personnes de plus de 70
ans.
Tableau de répartition des
chômeurs, de la population habituellement active et du taux de
chômage selon le milieu de résidence et l'âge en
2001-2002
Entre 1994-1995 et
2001-2002, le niveau du chômage a sensiblement
baissé au niveau national. Cette évolution du niveau du
chômage est fortement influencée par celle observée dans
les autres villes et en milieu rural. En effet, au cours de la période
on observe que le risque de chômer a diminué aussi bien dans les
autres villes qu'en milieu rural ; alors qu'elle a enregistré une
hausse à Dakar urbain.
La population actuellement en
chômage : cette population est constituée par des
personnes qui n'ont pas travaillé au cours de sept derniers jours
pendant au moins une heure et qui sont à la recherche ou dans l'attente
d'un emploi dans la période de référence. Au moment du
deuxième passage de l'ESAM de 2001-2002, l'effectif des
chômeurs du moment est estimé à
214 469 habitant soit 3,2% de la
population en âge de travailler actuellement au niveau national.
Près de sept chômeurs sur dix (67,5%) sont des
hommes. Cela est sans nul doute induit par le faible degré de
qualification des femmes par opposition aux hommes. La majorité de ces
demandeurs d'emploi résident plutôt en milieu rural
(46,7%) qu'à Dakar (35,1%) et dans les
autres villes (18,3%).
On observe que les chômeurs actuels n'ayant jamais
travaillé représentent 38,6% des demandeurs
actuels d'emploi. Selon le milieu, ces résultats montrent que plus de la
moitié des chômeurs actuels vivant en milieu rural
(59,8% dans les autres villes et 59,6%
à Dakar) n'ont aucune expérience professionnelle contre
14,6% en milieu rural.
En outre, on remarque que la majorité des
chômeurs ayant une expérience professionnelle résident en
milieu rural : 65,1% contre 22,9%
à Dakar et 12,0% dans les autres villes. Quelque soit
le milieu de résidence, on observe un effet genre au profit des hommes.
En effet, la proportion d'hommes en situation de chômage et ayant
déjà travaillé est plus importante que celle des femmes,
quelque soir le milieu de résidence : 76,7% dans
les autres villes, 68,9% des ruraux et 65,5%
à Dakar.
Plus de la moitié des chômeurs ayant
déjà travaillé sont des agriculteurs ou ouvriers de
l'agriculture et de la pêche (53,7%) au niveau national.
Les ouvriers et employés non qualifiés (23,9%)
constituent le second groupe de chômeurs actuels ayant une
expérience professionnelle.
Ces résultats révèlent également
que les zones urbaines sont caractérisées par la
prédominance des chômeurs expérimentés ayant comme
professions « ouvriers et employés non
qualifiés » : 48,2% à Dakar et
41,3% dans les autres villes. Alors qu'en milieu rural, on
note que 77,3% des chômeurs expérimentés
sont des agriculteurs ou ouvriers de l'agriculture et de la pêche.
Au niveau national, l'analyse selon le genre montre que les
hommes prédominent, quelle que soit la profession des chômeurs
expérimentés. Cependant, on observe que l'écart est
réduit chez les ouvriers ou employés non qualifiés :
55,3% sont des hommes contre 44,8% de femmes.
Selon le milieu, ces résultats mettent en évidence que les
chômeurs expérimentés prédominent seulement au
niveau des professions intermédiaires et des ouvriers ou employés
non qualifiés à Dakar, ainsi qu'au niveau des employés de
type administratif ou de personnel des services et vendeurs dans les autres
villes.
Ces informations ci-dessous sont tirées du
document de Stratégie pour la croissance et la Réduction de la
pauvreté (DSRP II) : 2006-2010.
Chapitre II : Stratégie de lutte contre
la pauvreté
L'analyse des causes, déterminants, manifestations
et vécu de la pauvreté au Sénégal montre que la
forte croissance nécessaire pour réduire de manière
durable la pauvreté nécessite au préalable un cadre
macroéconomique sain et une gestion saine et transparente des ressources
publiques qui passe par une bonne gouvernance économique et judiciaire.
Cette croissance n'est cependant pas suffisante pour atteindre les objectifs,
si elle ne s'accompagne pas d'une réduction des inégalités
de revenus et des discriminations dans l'accès aux services sociaux
entre milieu rural et urbain, le renforcement du capital humain, le
renforcement de la décentralisation et la participation des acteurs dans
la formulation et la mise en oeuvre des politiques et stratégies. Par
ailleurs, les événements vécus ces dernières
années ont montré que les acquis en matière de croissance
et de renforcement du capital humain sont souvent remis en cause du fat de
l'occurrence de chocs de diverses natures (catastrophes, accidents) et
d'absence de protection contre les risques sociaux.
Pour prendre en charge de manière harmonieuse et
cohérente ces différents défis, le Sénégal a
retenu une stratégie axée sur quatre leviers
fondamentaux :
1- la création de richesse
2- l'accélération de la promotion de
l'accès aux services sociaux de base
3- la protection sociale et prévention et gestion des
risques et catastrophes
4- la gouvernance et le développement
décentralisé et participatif.
En ce qui concerne la création de richesse,
différentes études statistiques révèlent une forte
corrélation entre le revenu national par tête et les indicateurs
de pauvreté, qu'ils soient monétaires ou non monétaires.
Au Sénégal, les analyses faites sur les
déterminants de la pauvreté montrent bien l'importance du facteur
« insuffisance de revenus » et justifient amplement que la
promotion de la création de richesses dans un cadre
macro-économique sain et stable, constitue encore le premier pilier dans
le but de favoriser l'émergence et le renforcement de l'emploi
productif. L'analyse des indicateurs du cadre macroéconomique et des
contraintes à la croissance montre que le Sénégal doit
relever les défis suivants : comment augmenter les exportations de
manière durable en appuyant des secteurs à forte valeur
ajoutée où le Sénégal dispose d'avantages
comparatifs sur le marché ? Comment répondre à la
demande intérieure en biens et services par la production
intérieure en vue de garantir la sécurité
alimentaire ?
Pour relever ces défis, le Sénégal mettra
simultanément en oeuvre une stratégie de croissance
accélérée, une stratégie d'appui aux secteurs
productifs de substitution à l'importation en particulier dans le
domaine agricole pour garantir la sécurité alimentaire.
Le Sénégal a retenu l'accélération
de la promotion de l'accès aux services sociaux de base comme second
pilier de sa stratégie en vue notamment de relever le stock de capital
humain, base d'une croissance durable, répondre à la demande
sociale et favoriser l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le
développement (OMD).
Les ménages, aussi bien en milieu rural qu'en milieu
urbain, sont exposés à une variété de chocs
(sécheresse, inondations, accidents, maladies, fluctuation des prix de
produits de base...) qui les empêchent d'accumuler les biens et le
capital humain susceptibles de les aider à sortir de la pauvreté.
C'est pourquoi le Sénégal met l'accent sur la
nécessité de faire de la protection sociale, en particulier des
groupes vulnérables, un des piliers de sa stratégie pour assurer
une réduction durable de la pauvreté.
Enfin, un des enjeux principaux de la lutte contre la
pauvreté est la nécessité de toucher toute la population
sénégalaise ciblée en répondant à ses
besoins spécifiques et en assurant la célérité et
la transparence dans la formulation, le pilotage, l'exécution et le
suivi évaluation des politiques publiques et des programmes de
développement.
A cet effet, le Sénégal a inscrit la bonne
gouvernance et la décentralisation dans les priorités de lutte
contre la pauvreté, confirmant le consensus, exprimé par les
acteurs de la vie socio-économique, sur le rôle important du
capital dans la croissance à long terme.
Cependant, nous articuleront ce chapitre autour de quatre
sections à savoir : la création de richesse,
l'accélération de la promotion de l'accès aux services
sociaux de base, la protection sociale et la bonne gouvernance.
Section 1 : La création de
richesse
A partir de données des deux enquêtes
sénégalaises auprès des ménages (ESAM I et II), le
Centre de Recherches Economiques Appliquées (CREA) de
l'université Cheikh Anta DIOP de Dakar a établi que
l'élasticité de l'incidence de la pauvreté par rapport au
taux de croissance du revenu réel par tête, sous
l'hypothèse que l'inégalité des revenus ne change pas,
était de -1,38. Une croissance robuste et mieux
répartie est donc un pré requis fondamental pour une
réduction significative de la pauvreté.
La stratégie de création de richesse reposera
sur une croissance économique forte, suffisante pour avoir un impact
quantitatif substantiel sur la prévalence nationale et régionale
de la pauvreté. Il sera ainsi recherché :
1-une croissance soutenue par des secteurs qui ont un impact
important et durable sur l'amélioration des revenus en milieu rural et
urbain
2-une croissance génératrice d'emploi,
portée par l'investissement et les exportations.
Cette stratégie repose sur un scénario de
croissance qui augmente les revenus des pauvres, c'est-à-dire une
croissance qui favorise les secteurs et les régions où les
pauvres vivent et utilisent les facteurs de production qu'ils possèdent.
Jusqu'à présent, la majorité des pauvres sont
localisés en milieu rural et dépendent en majeure partie
directement de l'agriculture et les facteurs de production qu'ils
possèdent et qu'ils utilisent le plus se résument à la
terre, au travail et très rarement au capital. Une croissance favorable
aux pauvres (croissance pro pauvre) devra mettre l'accent sur les zones
rurales, la hausse de la productivité et des revenus de l'agriculture et
être très intensive en travail.
Dans l'optique de renforcer le caractère inclusif de la
croissance, le gouvernement a identifié des activités ou domaines
d'activités prioritaires dans les secteurs suivants :
1- secteur primaire (agriculture, élevage, pêche,
foresterie) dans une dynamique intersectorielle, avec tous les autres
susceptibles de contribuer à son essor : industrie, hydraulique,
transport, artisanat
2- micro finance et entreprenariat féminin
3- PME/PMI et agro-industrie
4- toute opportunité de développement des
initiatives privées génératrices d'emplois dans les autres
secteurs économiques (mines, énergies, bâtiments et travaux
publiques, TIC) qui peuvent être réalisées aussi bien en
milieu urbain qu'en milieu rural.
Du fait des interactions sectorielles et de la
répartition spatiale de la population active et de la pauvreté,
le Sénégal doit axer sa stratégie de croissance et de
réduction de la pauvreté et des inégalités, en
priorité, sur le relèvement de la productivité de
l'agriculture notamment à travers les produits à demande
intérieure et internationale croissance. Aussi, toutes les dispositions
(mesures fiscales, institutionnelles, infrastructures physiques, encadrement et
formation, systèmes d'information sur les marchés nationaux et
internationaux) seront prises pour favoriser le développement
d'unités de transformation et de conservation des produits agricoles.
Parallèlement, l'accent sera mis sur les autres
secteurs porteurs de croissance, mais également sur les facteurs de
croissance à long terme comme le capital humain et les infrastructures
de base.
En somme, l'axe création de richesses sera basé
sur un cadrage macroéconomique pour la période 2006-2010 et
axé autour de la mise en oeuvre de la Stratégie de Croissance
Accélérée (SCA) et de différentes politiques
sectorielles orientées vers la réduction de la
pauvreté.
A- Cadre macroéconomique
Après une croissance de 5,5%
enregistrée en 2005, les premières tendances de
l'économie en 2006 sont marquées par la persistance de la hausse
des prix du baril de pétrole et les difficultés des Industries
Chimiques du Sénégal (ICS), laissant augurer une croissance du
PIB de 4,0%. Ce résultat s'explique par le
ralentissement de l'activité du secteur industriel qui est passée
d'une croissance de plus de 8% et une baisse de
0,9%.
Le redressement du secteur primaire (6,8%)
et le dynamisme du secteur tertiaire (5,1%)
permettraient d'atténuer l'impact des difficultés du
secteur secondaire.
Au niveau du secteur primaire, la croissance était en
2006 à 6,8% contre 9,4% en 2005, en
raison du ralentissement de tous les sous-secteurs.
S'agissant du secteur secondaire, la poursuite de la hausse
des prix du pétrole, ainsi que les difficultés des ICS ont
fortement impacté l'évolution de l'activité industrielle.
En dehors des effets directs de la hausse des prix des produits
pétroliers sur les sous-secteurs du raffinage de pétrole, les
effets induits ont été notés également dans les
autres industries. A ces difficultés s'ajoutent les contre performances
des industries chimiques qui se sont traduites par un arrêt de la
production d'engrais et d'acide phosphorique.
Pour ce qui concerne le secteur tertiaire, la croissance de
5,1% reste essentiellement tirée par le sous-secteur
des transports et télécommunications qui enregistrent une
progression de 9,0% en 2006. Le léger repli du rythme
des activités commerciales (2,5% en 2006) est
lié à baisse des marges des produits du secondaire. Toutefois,
les évolutions des autres marges restent positives et sont
respectivement de 3,8% pour les produits primaires et de
5,9% pour celles sur les produits importés.
Le niveau général des prix, mesuré par le
déflateur du PIB était de 3% par rapport
à 2005. Cette hausse résulterait essentiellement de la
flambée du prix du baril de pétrole.
B- Stratégie de
croissance accélérée
Dans la perspective d'atteindre les taux de croissance
requis pour la réalisation des objectifs de réduction de la
pauvreté de moitié d'ici à 2015 (OMD1), le gouvernement a
initié le processus d'élaboration d'une SCA pour créer les
conditions de nouveaux gains de productivité afin d'atteindre un taux de
croissance de 7 à 8%.
Cette stratégie qui sera bâti autour de
« l'approche grappe », vise à assurer une forte
croissance des secteurs ciblés avec un effet d'entraînement sur
l'ensemble de l'économie et à renforcer la synergie
intersectorielle. Il s'agira d'accélérer la croissance
économique, en améliorant qualitativement la structure de la
croissance pour la rendre plus efficace dans la lutte contre la pauvreté
et en diversifiant les sources pour la sécuriser et la
pérenniser.
C- Politiques sectorielles
Sous secteur de
l'agriculture :
L'agriculture demeure encore un des secteurs les plus
importants de l'activité économique. Elle occupe de 60%
de la population active du pays et continue de rester le principal
levier pour le développement des secteurs artisanal et industriel.
Cependant, sa contribution à la formation du produit intérieur
brut reste faible et variable d'une année à l'autre. Pour les
années passées, elle se situe à moins de
10%. Malgré l'augmentation des ressources qui lui sont
affectées (le budget d'investissement est passé de
9% en 2003 à 15% en 2005 et le budget
de fonctionnement de 1% environ en 2003 à
4% en 2005), les performances restent encore erratiques. En
2004/2005, les productions ont accusé une baisse de 31%
sont 367363 tonnes en valeur absolue. Cette baisse est
principalement due au péril acridien qui a eu des conséquences
sur les rendements (mil -23%, sorgho -14%).
Le coefficient de dépendance alimentaire du pays en
céréales reste très important (plus de
50%). En effet, la production céréalière
qui constitue une des composantes importantes de la production alimentaire ne
cesse de baisser, creusent ainsi le déficit
céréalier.
La baisse de la productivité des cultures pluviales et
la faiblesse des superficies irriguées, résultent de
l'insuffisance des investissements dans le secteur irrigué, des lenteurs
dans la mise en oeuvre des réformes structurelles, notamment dans la
filière arachide et le foncier et de la grande
vulnérabilité du secteur face aux aléas naturels.
Le secteur agricole demeure confronté à
d'énormes difficultés récurrentes dont les plus importants
sont : la baisse du revenu réel des paysans qui a provoqué
la réduction très sensible de l'utilisation des intrants
agricoles, la saturation et la dégradation des terres, le transfert de
technologies et de connaissances souvent inapproprié et sans rapport
avec les niveaux des ressources tirées de l'exploitation agricole,
l'accès difficile au système de crédit rural, la non
disponibilité de semences de bonne qualité, en quantité
suffisante , notamment pour la filière arachide, l'obsolescence du
matériel agricole, l'exode rural avec comme corollaire le vieillissement
des chefs d'exploitation en particulier dans le bassin arachidier, les
insuffisances de fret pour les produits horticoles, l'insuffisance et la
mauvaise qualité des pistes de production et le manque d'infrastructures
de stockage et de transformation.
Conjuguées à d'autres facteurs, ces faiblesses
de l'agriculture sénégalaise sont à l'origine du
déséquilibre financier et de l'absence de
compétitivité des filières, notamment celles
tournées vers l'exportation et expliquant et expliquent, pour une large
part, la très forte prévalence de la pauvreté en milieu
rural. Aussi urge-t-il de mettre en place les conditions propices de
l'accélération de la croissance dans le secteur agricole,
celle-ci devrait avoir un double impact sur la réduction de la
pauvreté.
Le premier, d'ordre structurel, est lié à la
contribution très importante que joue l'agriculture dans les
performances de l'économie dans son ensemble, notamment l'apport de
ressources tirées des exportations de produits agricoles et aux
économies de devises consécutives à la réduction
des importations et une amélioration de la sécurité
alimentaire.
Le second effet positif d'une accélération de la
croissance agricole est plus direct et consiste en une amélioration
immédiate des revenus moyens des paysans.
Etant donné la nature et la structure de la
pauvreté, au Sénégal, cette amélioration des
revenus agricoles doit contribuer de façon très significative
à sa réduction.
Dans cette optique, le gouvernement a élaboré,
en 2004, une loi d'orientation agro-sylvopastorale, pour traduire son option de
faire de l'agriculture un moteur de croissance de l'économie. Pour ce
faire, le développement agro-sylvopastorale passe par une
stratégie de diversification des productions agricoles, l'augmentation
de la compétitivité et de la productivité des
exploitations agricoles sur une base durable, avec comme stratégie
d'accompagnement, le développement d'une économie non agricole en
milieu rural.
Pour atteindre ces objectifs, des investissements et des
mesures seront mis en oeuvre principalement pour la maîtrise de l'eau,
base de sécurisation, d'intensification et de modernisation de
l'agriculture pour faire passer le taux de superficies irriguées sur
superficies totales cultivées de 4% en 2005 à
10% d'ici 2010 et 20% en 2015.
A cet effet, l'Etat réalisera au moins
15000 ha d'aménagement hydro agricole
en moyenne par an à travers des programmes dans les différentes
parties du pays.
Sous secteur de l'élevage
Ce sous secteur n'atteint pas encore les niveaux de
performances attendus en dépit de son potentiel et du rôle
important qu'il joue sur le plan socio-économique. Pour l'essentiel, les
activités de production continuent d'être menées selon les
modes traditionnels d'élevage.
L'élevage doit faire face à de nombreux
obstacles qui ont pour noms :
1- l'insécurité alimentaire du cheptel
liée au mode d'élevage extensif basé sur les
pâturages naturels et soumis aux aléas climatiques, aux feux de
brousse et à la pression des cultures
2- l'existence de maladies transfrontalières
émergentes et ré émergentes
3- le sous-équipement et le faible niveau de
technicité des producteurs
4- le faible niveau d'encadrement et de formation des
éleveurs
5- l'existence de nombreux intermédiaires dans les
circuits de commercialisation du bétail, entraînant un
renchérissement des prix de la viande à la consommation
6- la non maîtrise des statistiques de
l'élevage
7- l'inexistence d'un tissu industriel adéquat pour la
transformation des produits d'élevage
8- l'absence d'une sécurité foncière pour
les activités pastorales
9- l'insuffisance des services énergétiques pour
la conservation et la transformation des produits d'élevage.
Il en résulte de cette situation :
i- une faible productivité du cheptel
ii- des revenus faibles et peu diversifiés pour
l'éleveur
iii- une facture laitière excessive
évaluée à plus de 35 milliards de francs
CFA par an
iv- des productions aléatoires et insuffisantes en
viande et en lait se traduisant par une consommation per capita
à 11Kg de viande et 33 litres de lait
v- un faible accès au marché international
vi- une dégradation des écosystèmes
pastoraux et agro-pastoraux.
Afin d'enclencher une dynamique de rupture et créer les
conditions à une croissance forte et durable pour une plus grande
contribution du sous-secteur à l'objectif global de lutte contre la
pauvreté, l'Etat s'est fixé un certain nombre d'objectifs
stratégiques dont les plus importants visent à :
1- assainir l'environnement de la production
2- sécuriser l'élevage pastoral et
agro-pastoral
3- accroître la productivité du sous-secteur en
vue de garantir la sécurité alimentaire
4- améliorer conditions de mise en marché des
produits animaux en veillant à assurer l'équité dans les
rapports de prix, les termes de l'échange villes campagnes
5- renforcer le système d'information et de gestion du
sous-secteur.
Les stratégies à court et moyen termes, ont
été identifiées afin d'assurer une plus grande
fluidité des activités tout au long de la filière
bétail viande, la relance de la production laitière, la
multiplication des espèces à cycles court (petits ruminants et
volaille locale), une sécurisation durable de l'alimentation animale, le
traitement et la transformation des dérivées animaux (peaux,
cornes etc). Outre la mise en place d'infrastructures adéquates
(abattoirs au niveau des régions...) et la lutte contre les maladies
affectant le petit ruminant qui joue un rôle important dans la
création de richesse, d'autres mesures seront prises en ce qui concerne
le financement, l'accès au crédit, l'organisation, la politique
sanitaire et la sécurité.
Relance de la pêche et le développement de
l'aquaculture :
Le secteur de la pêche au Sénégal
comprend deux branches : la pêche maritime et la pêche
continentale.
La pêche maritime contribue pour 12%
PIB du secteur primaire, 2,5% au PIB total et assure
une activité rémunératrice à plus de 17%
de la population active. Malheureusement, on constate depuis une
décennie une surexploitation des principales espèces marines
liée à un effet de pêche excessif et à l'existence
de surcapacité de capture et de traitement. Il s'y ajoute une
dégradation prononcée des habitats marins due aux mauvaises
pratiques et pêche et à la pollution. Sur les cinq
dernières années, les débarquements ont enregistré
des fluctuations importantes qui ont affecté les performances du
secteur. Dans l'ensemble, les principales contraintes auxquelles le secteur de
la pêche est confronté sont :
1- l'insuffisance des connaissances sur l'état des
ressources
2- la cohabitation de plus en plus conflictuelle entre les
acteurs de la pêche artisanale mais aussi entre la pêche artisanale
et la pêche industrielle, due en partie, à l'exiguïté
des zones de pêche
3- l'insuffisance des quais de débarquement et l'aire
de transformation
4- les techniques désuètes de capture et les
moyens de conservation à bord des embarcations, en plus de
l'éloignement des zones de pêche, constituent les causes
fondamentales de perte de qualité des espèces
5- le manque de formation et d'organisation des acteurs des
différentes filières.
La pêche continentale n'a pas
bénéficié comme la pêche maritime, de politiques et
stratégies de développement d'envergure ; ce qui explique la
faiblesse des moyens d'exploitation et de la qualification des acteurs du
sous-secteur. Les plans d'eau continentaux se caractérisent aussi par
une dégradation prononcée des habitats halieutiques et une nette
chute de leur productivité.
L'aquaculture, malgré ses potentialités
importantes, est restée peu dynamique depuis une vingtaine
d'années au Sénégal en raison de sérieuses
contraintes qui limitent son développement. Ces contraintes sont
principalement :
la faiblesse des connaissances sur la disponibilité en
eau et les potentialités aquacoles des espèces de poissons
ciblés
la faiblesse des rendements des exploitations aquacoles
existantes
le coût exorbitant des aménagements et les
contraintes foncières limitant la disponibilité des sites
le coût élevé des aliments aquacoles
le manque de formation et de savoir-faire sur les techniques
aquacoles
l'absence d'un environnement incitatif pour attirer
l'investissement privé
les problèmes de coordinations des les interventions
des acteurs.
En vue de renverser ces tendances lourdes qui pèsent
sur la pêche et l'aquaculture, les objectifs ci-après ont
été définis :
ü assurer la gestion durable et la restauration des
ressources halieutiques
ü satisfaire la demande nationale en produits de la
pêche
ü valoriser les ressources halieutiques et moderniser la
pêche artisanale
ü promouvoir la professionnalisation et la qualification
accrue des acteurs du secteur de la pêche et de la transformation
ü améliorer le système de financement des
activités de la pêche et de l'aquaculture
ü renforcer la coordination régionale et sous
régionale.
Pour atteindre ces objectifs, la stratégie globale qui
a été ainsi définie avec l'ensemble des acteurs est
axée sur :
· une utilisation rationnelle et responsable des
ressources de la pêche
· le développement durable de l'aquaculture
vivrière et l'aquaculture de rente (marine et continentale) dans les
zones à fort potentiel aquacole, dans le respect de
l'écosystème et de la biodiversité aquatique
· une meilleure protection et un environnement
institutionnel (juridique, financier etc) plus adapté aux exigences de
développement du secteur et une coopération internationale plus
équilibrée
· le renforcement des capacités des acteurs tant
publics que privés du secteur
· une meilleure distribution des produits halieutiques
sur toute l'étendue du territoire national.
Les mines :
Le secteur minier représente globalement un
chiffre d'affaires de plus de 100 milliards de FCFA et emploi
plus de 2500 salariés permanents, il contribue pour
près de 2% du PIB du secteur secondaire et
représente plus de 20% des exportations de biens et de
services. Toutefois, le secteur fait face à des obstacles tels
que :
- la lourdeur des investissements nécessaires à
la mise en oeuvre des projets miniers
- le déficit d'infrastructures de transport
adéquates dans les zones à potentiel minier
- l'absence d'une politique minière axée sur un
développement endogène et ayant un impact appréciable sur
le revenu des résidents.
Pour relever ces contraintes, le gouvernement a adopté,
en 2003, un code minier plus attractif pour les investisseurs. Les objectifs
retenus dans ce code qui seront poursuivis dans le cadre de la mise en oeuvre
de la stratégie de réduction de la pauvreté visent
à :
1- renforcer les dispositions sur la gestion de
l'environnement et la réhabilitation des mines et carrières
2- faire bénéficier les collectivités
locales des retombées financières de l'exploitation du
sous-sol
3- alléger les procédures et promouvoir
l'exploitation artisanale en faveur des populations locales
Dans le but d'opérationnaliser ces options, les mesures
envisagées portent principalement sur la création des conditions
favorables au développement et à la promotion du secteur minier.
Il s'agira de :
- veiller à une meilleure connaissance de la
géologie et des ressources minérales du Sénégal
à travers notamment la mise en place d'un cadastre minier et d'un centre
de documentation
- tirer durablement un bénéfice social et
économique de l'exploitation et la transformation des ressources
minérales par la sensibilisation, la formation, l'éducation et
l'appui à l'orpaillage
- contribuer à la diversification des sources de
revenus des populations pour la recherche de nouvelles applications aux
substances à faibles débouchés.
Technologie de l'information et de la
communication :
Le développement des technologies de l'information
et de la communication figure également au rang des priorités
retenues en matière de promotion des services. L'objectif principal est
d'accélérer le développement des télés
services en milieu urbain et rural.
A cet égard, il s'agira, entre les efforts dans la
promotion de l'investissement public et privé en faveur de
l'accès au téléphone et à l'intérêt
sur l'ensemble du territoire, grâce au fonds d'accès universel.
L'élaboration et la mise en oeuvre des programmes de formation
adaptés aux besoins des filières des TIC devraient
également contribuer à soutenir le développement des
télé-services en milieux urbain et rural pour l'accès au
marché. Par ailleurs, le développement des services devra
être accompagné par une politique accélérée
de promotion des services e-gouvernement, favorable à
l'efficacité de l'action publique et à la modernisation de ses
services et par l'amélioration de la couverture électrique au
niveau rural. Un programme d'appui aux entreprises pour l'accès aux
marchés ainsi que l'appui aux radios communautaires devraient
également contribuer à soutenir le développement de
l'information et de la communication.
Section 2 : Accélération de la
promotion de l'accès aux services sociaux de base
A- Capital humain et renforcement des
capacités
La mise en place d'infrastructures de base de
qualité et mieux réparties géographiquement ainsi que la
mise à la disposition des populations de services sociaux indispensables
constituent des préalables pour renforcer le stock de capital humain et
apporter des solutions viables à la demande sociale à travers des
investissements conséquents dans les services sociaux (éducation,
santé, hydraulique, transport...).
La volonté du gouvernement de renforcer le stock
de capital humain, à travers notamment le renforcement du système
éducatif et l'amélioration de la situation s'est traduite par une
allocation conséquente de ressources au secteur de l'éducation et
de la formation et la santé. En effet, les ressources budgétaires
allouées à ces secteurs n'ont cessé d'augmenter
d'année en année.
a- Education-formation
Le Sénégal a démarré, depuis 2000,
la mise en oeuvre du programme décennal de l'éducation et de la
formation (PDEF) qui fixe les orientations du gouvernement en matière
d'éducation jusqu'en 2010.
Pour améliorer et renforcer les acquis du PDEF en vue
d'atteindre la scolarisation universelle au niveau du cycle fondamental, le
gouvernement a entrepris la mise à jour du PDEF (PDEF, 2005-2007). La
deuxième phase du PDEF, qui compte mettre l'accent sur la
qualité, repose sur les options suivantes :
- l'universalisation de l'achèvement du cycle
alimentaire et l'amélioration de l'accès dans les autres
cycles
- la création des conditions d'une éducation de
qualité à tous les niveaux de formation
- l'éradication de l'analphabétisme et la
promotion des langues nationales
- l'élargissement des compétences des
communautés et des collectivités dans le système
éducatif, notamment dans la gestion des écoles, le suivi de la
qualité et la mobilisation des ressources
- la promotion et l'orientation de la formation
professionnelle vers le marché du travail
- l'élimination des disparités entre groupes
économiques (riches/pauvres), entre sexes, inter et intra
régionales, entre milieux (urbain/rural), à tous les niveaux
d'enseignement et la prise en compte des besoins des enfants handicapés
- le partenariat efficace et bien coordonné
- l'ouverture à la coopération régionale
au sein de l'espèce CEDEAO.
Pour promouvoir l'éducation qualifiante des jeunes et
des adolescents et orienter la formation professionnelle vers le marché
du travail et de l'emploi, les stratégies sont orientées autour
de :
- la révision en profondeur de l'offre de formation
formelle et non formelle (alphabétisation, éducation
communautaire de base, etc) et la mise en place d'une carte nouvelle des
filières
- l'élaboration /révision des programmes de
formation selon l'approche par les compétences
- la promotion d'un partenariat dynamique avec le
privé
- l'organisation du système d'apprentissage en
suscitant un consensus, en fondant l'apprentissage sur les valeurs sociales de
solidarité et en mettant en place un cadre juridique approprié
- la réduction des inégalités entre
sexes
- la formation des adolescents et des jeunes de 13 à 18
ans décrochés du système éducatif formel et non
formel sans disposer des outils minimaux.
A cet égard, l'Etat s'attachera à mettre en
place les conditions devant lui permettre de répondre aux besoins
éducatifs de tous les jeunes et de tous les adultes en assurant un
accès équitable à des programmes adéquats et des
manuels notamment des manuels non stéréotypés
intégrant la dimension genre, ayant pour objet l'acquisition de
connaissances ainsi que de compétences nécessaires à la
vie courante. L'éducation non formelle sera soutenue à travers la
poursuite de la construction des espaces jeunes, l'élaboration de
modules de renforcement des capacités des jeunes et de leurs
groupements.
Au niveau de l'environnement scolaire, les difficultés
d'accès à l'eau potable, aux services énergétiques,
aux blocs sanitaires, l'absence de murs de clôtures, limitent les
performances du secteur. Ainsi, pour renforcer la qualité du
système éducatif, il s'agira de veiller à une
intégration adéquate de ces besoins dans les infrastructures
scolaires.
b- Santé et nutrition
Malgré les efforts consentis et les progrès
réalisés, le secteur reste caractérisé par une
insuffisance des infrastructures sanitaires et sociales et en prestation de
services.
Les progrès réalisés dans la
première phase du PNDS seront poursuivis pour atteindre en 2010 entre
autres, un taux de couverture vaccinale DTC3 de plus de 80%,
un taux de consultation primaire curative de 60%, un taux de
consultation prénatale de 65%, une proportion
d'accouchement assistés par un personnel formé de
70%, un taux de prévalence du VIH/SIDA de moins de
3%.
La stratégie retenue sera fondé sur :
1. la correction de l'insuffisance de l'accès aux soins
par une politique de dotation suffisante et de qualité en
infrastructures et le recours des services à base communautaire pour
pallier l'insuffisance de personnels
2. l'allègement des dépenses de santé
(médicament surtout) chez les pauvres
3. l'accès aux mutuelles de santé
4. le développement des ressources humaines
5. l'appui au secteur privé et la médecine
traditionnelle
6. le renforcement du contrôle des maladies
endémiques et de la surveillance épidémiologiques
7. l'accroissement des performances des programmes de
santé de la reproduction, notamment par la promotion de
stratégies innovatrices d'appui à la planification familiale
8. l'appui institutionnel au niveau central, régional
de district.
Les mesures et actions concrètes envisagées
devront permettre de renforcer la lutte contre la mortalité maternelle,
de consolider les acquis des programmes (lutte contre le paludisme,
vaccination), d'intégrer des programmes de lutte contre la bilharziose,
la lèpre, le ver de Guinée, la tuberculose etc, de
développer des programmes en faveur des maladies non transmissibles ou
liées a la vieillesse et de renforcer les deux piliers à savoir
la prévention et la prise en charge de la lutte contre le VIH/SIDA.
En ce qui concerne la nutrition, l'Etat poursuivra la mise en
oeuvre d'une politique de nutrition multisectorielle en vue d'améliorer
la situation nutritionnelle des femmes et des enfants. Cette politique vise
à :
§ réduire de moitié la prévalence de
la malnutrition chez les enfants 0-5 ans
§ éliminer durablement les troubles liés
aux carences en iode et l'avitaminose A
§ réduire d'un tiers la prévalence de
l'anémie
§ assurer une disponibilité et un accès
durable à une alimentation en quantité et qualité
suffisantes pour toute la population
Ces objectifs seront poursuivis à travers le programme
de renforcement de la nutrition (PRN) [2002-2015].
Ce programme a permis dans sa première phase de toucher
de 20% des enfants âgés de moins de 5ans et de
tester avec succès des expériences ayant permis une
réduction significative de la prévalence de la malnutrition et
une amélioration générale de la situation nutritionnelle
des enfants et des femmes.
Pour la période 2006-2010, le PRN prévoit
d'augmenter la couverture des enfants de 20% à
50%, soit 900000 enfants âgés de
moins de 5ans. Cette intensification des interventions de
nutrition est encore plus nécessaire dans les zones rurales qu'elle
devra cibler en priorité au regard des indicateurs montrant une
prévalence largement élevée de la malnutrition en milieu
rural, qu'en milieu urbain.
c- l'accès à l'eau potable
Le gouvernement a fait du secteur de l'eau potable une
priorité pour la réduction de la pauvreté. Cette
priorité s'est traduite dans le plan d'actions du DSRP (2003-2005). Pour
renforcer les acquis et inscrire les objectifs dans une perspective globale et
à long terme, le gouvernement a élaboré en 2005, le
Programme d'Eau potable et d'Assainissement du Millénaire (PEPAM),
à travers lequel, les objectifs de réduction de la
pauvreté dans le secteur de l'eau seront mis en oeuvre.
Les résultats attendus en 2015 pour l'atteinte par le
Sénégal des OMD sont que 100% des ménages
en milieu urbain et 82% des ménages en milieu rural
aient un accès à l'eau potable. En vue de d'accroître le
taux d'accès à l'eau potable et promouvoir une gestion durable
des ouvrages, il s'agira à court terme (d'ici à 2010) de
réaliser en milieu rural 200 nouvelles adductions d'eau
multi villages, 150 extensions dont 70
constructions de châteaux d'eau et 200 puits modernes et
la consolidation des infrastructures existantes d'une part, et, d'autre
d'augmenter l'extension des réseaux et les branchements sociaux en
milieu urbain et périurbain.
La stratégie retenue sera centrée autour
de :
1. la préservation et l'amélioration des acquis
de l'hydraulique urbaine
2. l'intensification de développement de l'hydraulique
rurale
3. la responsabilisation et la participation accrue des
acteurs directs (collectivités locales, usagers, secteur
privé)
4. une meilleure synergie intersectorielle (hydraulique,
décentralisation, assainissement, énergie, santé),
optimisation technique et maîtrise des coûts des infrastructures
5. la gestion rigoureuse des ressources en eau
6. mise en place de mécanismes pour assurer les
équilibres financiers durables du service public à l'eau.
A cet égard, l'Etat mettra en place un cadre
unifié des interventions qui proposera à tous les acteurs en
ensemble de règles communes et un outil de coordination. Ce cadre
permettra d'amener la capacité d'exécution et d'absorption du
secteur à la hauteur des besoins des dix (10) prochaines années
de promouvoir les synergies intersectorielles et la cohérence des
interventions.
d- L'accès à l'assainissement
L'assainissement est au centre des préoccupations du
gouvernement du Sénégal et constitue une cible retenue par la
communauté internationale pour l'atteinte des OMD. C'est à ce
titre qu'il constitue une des composantes du PEPAM, élaboré en
2005. Aussi, les objectifs prioritaires retenus visent à
porter :
· le taux d'accès des ménages ruraux
à un système autonome d'évacuation des excréta et
des eaux usées de 17% en 2004 à
59% en 2015
· le taux d'accès des ménages urbains
à un service d'assainissement de 56,7% en 2002 à
78% en 2015. Les taux d'accès attendus, à
l'horizon 2015 sont de 85% à Dakar,
72% dans les centres assainis et 68% dans les
centres non assainies.
Il s'agira à court terme (d'ici 2010), de
réaliser 71000 systèmes individuels et
84000 édicules public, en milieu rural. Pour le milieu
urbain, il a été retenu la réalisation, d'ici à
l'horizon 2015, de 92400 branchements dont (28600
branchements sociaux) sur le réseau collectif ou réseau
semi-collectif et l'installation de 135000 systèmes
autonomes. En ce qui concerne la collecte et le traitement des eaux
usées, il est prévu de porter les capacités STEP à
plus de 34000 m3/jour à Dakar. L'Etat
prendra les mesures d'accompagnement pour le renforcement des capacités
des acteurs des services de l'Etat, des consommateurs, des collectivités
et du secteur privé.
Les actions et mesures envisagées contribuent à
l'atteinte des objectifs suivants :
· améliorer l'accès des ménages
à des systèmes d'évacuation des excrétas
· améliorer l'accès des ménages
à des systèmes adéquats d'évacuation des eaux
pluviales
· améliorer l'accès à des
systèmes de gestion des déchets solides
· changer positivement les attitudes et comportements des
populations
· améliorer le cadre institutionnel et
organisationnel avec la mise en oeuvre des réformes dites de
deuxième génération.
Par ailleurs, de nouveaux programmes d'accès à
l'assainissement ciblés sur les ménages les plus pauvres seront
mis en oeuvre pour améliorer l'efficacité des programmes de
branchements subventionnés.
La stratégie retenue sera centrée
autour :
· mise en place des réformes de deuxième
génération à travers la loi sur le service public de l'eau
potable et de l'assainissement : actualisation des instruments
contractuels Etats-ONAS, la préparation d'un code de l'assainissement,
l'intégration de la problématique eaux pluviales dans la
stratégie
· l'optimisation des techniques et le renforcement des
infrastructures, notamment pour réduire les impacts environnementaux et
exploiter la complémentarité entre l'assainissement collectif,
semi-collectif et autonome
· l'amélioration progressive de l'équilibre
financier de l'ONAS.
B- cadre naturel, habitat et cadre de vie
Le cadre naturel qui contribue à renforcer le
capital humain, est à l'instar de celui-ci un levier important de la
croissance à long terme, mais également du cadre de vie. A ce
titre, la communauté internationale a placé l'environnement au
centre des Objectifs du Millénium pour le Développement
(OMD).
a- Gestion des ressources
naturelles et de l'environnement
Le Sénégal dispose de potentialités
naturelles relativement importantes (13 millions d'hectares de
forêts, soit 65% du territoire en 1990). Toutefois,
l'évolution générale des ressources naturelles est
marquée par l'accélération du processus de
dégradation écologique dans un contexte de crise climatique
sévère sont les effets sont aggravée par les
modèles non durables de consommation et de production.
En ce qui concerne les ressources en sol, elles
connaissent des phénomènes de dégradation
(salinité, acidification, érosion éolienne et hydrique,
etc) du fait entre autres de l'adoption de techniques et de pratiques
culturales non adéquates, du dépassement des capacités de
charge au niveau de certains écosystèmes et l'accroissement de la
compétition sur des espaces de moins en moins productifs, etc.
Aujourd'hui, les besoins de restauration de la fertilité des sols sont
estimés à 2,4 millions ha.
En ce qui concerne le couvert végétal et de
diversité biologique, les potentialités sont encore importantes.
Cependant, une réduction considérable du couvert
végétal a été notée au cours des quatre
dernières décennies à cause de l'avancée des fronts
agricoles et charbonnier dont les effets sont renforcés par la
sécheresse et l'utilisation du bois de chauffe et le charbon de cuisine.
Il convient de souligner également que la gestion des ressources
naturelles fait face à d'autres difficultés telles que :
- les pressions humaines sur le milieu, en particulier la
pression foncière et les implantations massives souvent anarchiques des
réceptifs hôteliers et touristiques
- la péjoration du climat
- le phénomène de salinisation des terres, des
eaux souterraines et des eaux de surface
- l'écrémage des espèces pour le bois
d'oeuvre
- les actions de cueillette
- les feux de brousses qui compromettent la
régénération de certaines espèces
Cette dégradation des forêts qui servent
d'habitats et de source d'alimentation aux espèces a eu des impacts
directs sur la faune, en rendant précaires son développement et
sa survie. Elle aussi des impacts négatifs sur la lutte contre les
changements climatiques, en ce sens que les forêts constituent des puits
de carbone pouvant contribuer à la réduction du CO2
dans l'atmosphère.
En ce qui concerne la pollution, le Sénégal fait
face à des problèmes liés aux rejets gazeux provenant des
industries, des pots d'échappement des véhicules, des
déchets solides qui souillent les eaux, des déchets dangereux
comme les pesticides, les déchets biomédicaux et les
déchets infectieux. Dans ce cadre de gestion de ces déchets, le
Sénégal fait face à de multiples
problèmes :
· coût d'élimination jugé
élevé de certains déchets
· difficultés à identifier une technologie
appropriée à un coût raisonnable
· absence d'équipement collectif national de
traitement des déchets dangereux
· absence d'équipement approprié de
collecte, de transport et d'élimination des déchets infectieux.
L'autre problème d'environnement auquel le Sénégal fait
face est l'adaptation aux effets néfastes des changements
climatiques.
A cette fin, la stratégie reposera sur un cadre
institutionnel amélioré et une meilleure organisation de la
gestion de l'environnement, la suscitation et la stimulation des attitudes
positives d'appropriation des stratégies et des actions par l'ensemble
des acteurs et la promotion des modes de production et de consommation durable
pour mieux préserver les ressources naturelles.
En effet, il s'agit de trouver les moyens en vue de
remédier simultanément aux problèmes de
développement économique et de réduction de la
pauvreté sans épuiser ou dégrader davantage les ressources
terrestres. La promotion de modes de production et de consommation durables, en
plus de protéger l'environnement contre les diverses dégradation,
permettra de générer des bénéfices
économiques notamment la création d'emplois, le
développement de l'industrie, l'amélioration à
l'accès aux marchés et le progrès des technologiques,
entre autres éléments.
b- Habitat, cadre de vie
Concernant le cadre de vie urbain, il faut retenir que la
population urbaine du Sénégal est passée de
25% en 1960 à 41% à l'an 2002
et que ce phénomène est dû en partie à un exode des
populations rurales vers les villes, Dakar en particulier. Par ailleurs il faut
noter que dans la plupart des villes, les zones insalubres et impropres
à l'habitation représentent 30 à
40% de l'espace occupé et concentrent une proportion
importante de population. Ainsi, l'occupation de l'espace se fait sans le
respect des schémas d'urbanisme et sans l'évolution se fait sans
le respect des schémas d'urbanisme et sans l'évaluation
environnementale des options d'aménagement, pourtant obligatoire selon
les dispositions du code de l'environnement.
La taudification du bâti, le nomadisme des populations
des quartiers péri urbains durant l'hivernage, les problèmes
d'hygiène et de santé entraînés par les inondations,
l'insécurité liée à la mal urbanisation sont un
ensemble de facteurs de vulnérabilité dégradant le cadre
de vie dans les quartiers populaires. Pour réserver ces tendances, le
gouvernement compte mettre en oeuvre des politiques d'amélioration du
cadre de vie en milieux urbain et rural, de promotion de l'habitat social.
Aussi les objectifs prioritaires ci-après seront poursuivis :
v assurer un meilleur accès aux parcelles
viabilisées et appropriées
v étendre la réhabilitation foncière au
profit des quartiers concernés par les inondations.
A cet effet, l'Etat poursuivra différents programmes en
vue notamment d'éradiquer les bidonvilles et les habitats
précaires et dans les zones inondables.
Section 3 : La protection sociale et la
prévention
Le diagnostic fait sur la protection sociale au
Sénégal a montré l'existence de dispositifs formels de
protection sociale (CSS, IPM, IPRES), les assurances privées, les
mutuelles professionnelles complémentaires.
Ces systèmes connaissent de sérieux
problèmes de performances et de limites dans leurs capacités de
réponses aux divers besoins de protection sociale et de gestion des
risques. Ils sont actuellement sous la contrainte d'une série de
défis considérables liés à la
nécessité de s'adapter à un monde de travail en mutation,
aux nouvelles structures socioprofessionnelles et familiales émergentes,
ainsi qu'aux bouleversements démographiques des prochaines
années. Pour relever tous ces défis, diverses initiatives
sectorielles ont été prises avec l'appui des partenaires au
développement. Pour sa part, le gouvernement a pris une série de
mesures : des lettres de politiques sectorielles sur la
sécurité sociale, l'équité et
l'égalité de genre et des actions en faveur de certaines
catégories vulnérables comme les personnes handicapés et
les retraités.
Pour assurer une cohérence dans les interventions,
le gouvernement a inscrit la formulation d'une stratégie de protection
sociale intégrée dans les priorités du pays et retenu de
faire de cette stratégie l'instrument de mise en oeuvre des actions de
lutte contre la vulnérabilité dans la stratégie de
réduction de la pauvreté.
A- Les points de lutte contre la
vulnérabilité
La protection sociale et la gestion des risques constituent
les instruments privilégiés pour une croissance
accélérée et une réduction de la pauvreté. A
ce titre, des interventions publiques destinées à aider les
individus, les ménages et les communautés seront mises en oeuvres
pour mieux aplanir les irrégularités de revenus et de
consommation et de réduire la probabilité de pertes
dévastatrices de bien être et de basculement dans la
pauvreté.
L'objectif de la Stratégie Nationale de Protection
Sociale (SNPS) est de renforcer et d'étendre de manière
équitable, d'ici à 2015, les instruments de
protection sociale en faisant passer, le taux de couverture en assurance
maladies de 20% à 50% de la population
et mettant en place un régime de protection sociale qui couvre les
risques liés aux calamités et les risques pour le secteur
informel et artisanal. A cet égard, il s'agira :
· de garantir l'accès aux services sociaux de base
des groupes vulnérables
· d'augmenter l'accès aux instruments de gestion
des risques et aux systèmes de protection sociale notamment les
mutuelles
· d'améliorer le ciblage, le suivi et
l'évolution des actions dirigées vers les groupes
vulnérables.
· de mettre en place des systèmes de
prévoyance pour les risques agricoles
· de garantir des revenus aux personnes en
difficultés, tout en leur permettant de s'insérer dans les
systèmes formels de protection sociale
· de renforcer les mécanismes de transferts
directs des ressources en faveur des groupes vulnérables.
B-
Objectifs de la stratégie nationale de protection sociale
Pour atteindre les objectifs assignés à la
SNPS, des actions et mesures seront mises en oeuvre à travers quatre
composantes.
1-la réforme et le renforcement des
systèmes de sécurité sociale
Les principales contraintes relevées concernent
l'évasion sociale, la faiblesse du niveau des prestations, l'absence
d'une couverture intégrale et l'exclusion du chômage dans le
paquet de risques sociaux couverts par les systèmes. Par ailleurs, il
est constaté la persistance des discriminations à l'égard
des femmes fonctionnaires et travailleuses du secteur privé pour la
prise en charge de leur mari et ayant droits en matière d'assurance
maladie. Il en est de même pour la pension de réversion et la
fiscalité.
Cependant, la stratégie retenue porte, d'une part, sur
la mise en oeuvre de mesures pour rattraper le retard accusé par le
système de sécurité sociale et, d'autre part,
d'élargir le champ de couverture obligatoire, personnel et
matériel pour répondre aux besoins exprimés par les
salariés et les autres catégories de populations actives.
Les actions envisagées visent en priorité les
objectifs suivants :
ü promouvoir la prévention des sociaux
ü lutter contre l'évasion sociale
ü réformer les textes législatifs et
réglementaires et consolider le dispositif de régulations.
ü élargir le champ d'application des services de
sécurité sociale notamment en les étendant à
l'habitat social pour les travailleurs
ü réformer les textes et les lois discriminatoires
en vue de prendre en compte les besoins spécifiques de
sécurité sociale des femmes
ü réduire les risques de basculement des
travailleurs dans la pauvreté (consécutives à la maladie,
à la vieillesse et la perte d'emplois) par la mise en place des
mécanismes d'anticipation adaptés.
La réalisation des mesures prioritaires permettra
d'atteindre d'ici 2010 les résultats suivants :
d'une part la quasi-totalité des entreprises sont à jour de leurs
cotisations sociales et d'autre part, un nouveau régime de
sécurité sociale est élaborée et mis en oeuvre.
2-Extension de la protection sociale
Au Sénégal, la protection sociale ne couvre
que le 7,8% de la population dans un environnement
marqué par la prédominance des exploitations familiales (dans
l'agriculture, l'artisanat, etc.) et l'extension du secteur informel, principal
refuge des sans emplois en particulier des femmes
Pour enclencher une dynamique de rupture et créer
les conditions d'une extension durable de la protection sociale, les objectifs
suivants seront poursuivis :
renforcer les mutuelles de santé et améliore le
système d'assurance-maladie en vue de faire bénéficier
d'un système de protection contre le risque-maladie à la
totalité de la population active occupée et leurs ayants
droits.
mettre en place des systèmes de prévoyance
sociale pour les personnes exerçant le métier de l'agriculture et
les acteurs économiques du secteur informel, de l'artisanat, etc.
A terme, il s'agira, de porter le taux de couverture du
risque-maladie de la population à au moins 28% en
2010 et à 50% d'ici
2015 contre 7,8% en 2005.
La stratégie sera basée sur la promotion d'un
système moderne de protection sociale qui intègre et valorise nos
valeurs d'entraide tout en s'appuyant sur des règles et des
mécanismes formels basées sur la notion de prévoyance et
de partage des risques. Le système visera la branche santé avant
son élargissement aux autres branches (vieillesse, accidents) avec dans
une première étape un ciblage sur les ruraux et les routiers. Les
personnes diminuées ou indigentes seront prises en charge dans ces
systèmes à travers des mécanismes de solidarité
sous forme de parrainage et d'assistance sociale déjà en cours
dans certaines mutuelles (exemple l'expérience de la commune de
Dakar).
3-Prévention et gestion des risques majeurs et
catastrophes
Les risques et catastrophes auxquelles les populations
sont exposées maintiennent les groupes les plus vulnérables dans
la précarité et font basculer d'autres dans la pauvreté.
Du fait de leurs conséquences sur les personnes et sur l'environnement,
ils font perdre à l'économie nationale des gains de croissance
importants. A cet effet, le gouvernement a pris des initiatives importantes
marquées par l'adoption d'un arsenal juridique et la mise en place de la
commission supérieure de protection civile, du comité national de
sécurité civile et de plusieurs plans et organes de gestion et
prévention des catastrophes dont le plus connu est le plan
ORSEC.
Malgré ces atouts, il convient de constater que
les modalités d'application des textes et règlements posent
problèmes. Par ailleurs, les organisations et structures sectorielles
présentent des limites dans la gestion des risques qui ont des impacts
plus globaux notamment l'absence d'une vision stratégique à moyen
terme de gestion des risques qui soit en cohérence avec les politiques
de développement durable et de lutte contre la pauvreté,
l'inadaptation de la réglementation en matière de
sécurité par rapport à l'évolution de la
société, de la technique et des comportements humains et
l'absence de culture de la prévention des risques auprès des
populations.
Pour lever ces contraintes, le gouvernement,
conformément aux engagements du « cadre d'action de HYOGO
2005-2015 » et de la « la Stratégie
Régionale Africaine de Prévention des Catastrophes » a
élaboré un programme de prévention et de gestion des
risques majeurs et catastrophes qui vise principalement les objectifs
suivants :
promouvoir des stratégies et mécanismes de
prévention et de gestion des risques en appui aux plans nationaux
notamment avec la mise en place d'une plateforme nationale de réduction
des risques et catastrophes
assurer la coordination et la promotion de la culture de la
prévention et de la gestion des risques à travers la mise en
oeuvre d'une stratégie de communication et de mobilisation sociale
efficace
renforcer l'arsenal juridique et réglementaire
maîtriser les accidents industriels majeurs et les
inondations
réduire les facteurs de vulnérabilité
dans les secteurs et renforcer l'assistance sociale aux groupes
vulnérables en cas de catastrophes.
Ces objectifs seront accompagnés par des actions de
recherche et de formation sur le concept de risques et catastrophes et mis en
oeuvre à travers des programmes de prévention et de gestion des
risques, des accidents majeurs, de promotion des systèmes d'assurance
dans les secteurs agricole, artisanal etc.
4-La protection des groupes vulnérables
L'analyse des risques montre que certaines
catégories sociales du fait de l'insuffisance de revenus et de capital
social sont plus exposés que d'autres quand surviennent certains chocs
collectifs ou individuels (maladie, catastrophes, etc.) ; ce qui les
expose et/ les maintient dans la pauvreté. A terme, au moins
500000 familles/an, en situation d'extrême
pauvreté, auront reçu un transfert de ressources leur permettant
un accès durable aux services sociaux.
Des programmes spécifiques seront mis en place au
profit des groupes particuliers comme les handicapés, les femmes en
situation de vulnérabilité, les enfants en situation de
vulnérabilité, les jeunes, les travailleurs atypiques, les
réfugiés et rapatriés, les personnes vivant avec des
maladies chroniques (VIH/SIDA, les insuffisances rénales,
diabète, cancer...) et les personnes déplacées.
· Concernant les personnes handicapées, les
actions envisagées visent à améliorer leur situation
économique et sociale et à lutter contre les
préjugés dont elles sont victimes. Il s'agit :
- d'améliorer l'état sanitaire et la
mobilité des personnes handicapées
- de promouvoir l'éducation et la formation des
personnes handicapées par le développement intégratrice
- d'améliorer leur insertion économique et
sociale
La mise en place oeuvre d'un programme national de
réhabilitation à base communautaire sera le principal instrument
qui permettra, d'ici 2010, d'appareiller près de
20000 personnes handicapées et d'adopter un appui
financier et technique à prés de 3000 GIE.
· S'agissant de la protection des femmes en
difficulté, l'Etat poursuivra les réformes juridiques et
réglementaires déjà entamées conformément
aux principes affirmées dans la constitution qui reconnaît de
manière explicite les droits des femmes notamment ceux liés
à l'accès aux terres. Il s'efforcera aussi d'harmoniser les lois
nationales et la convention relative à l'élimination de toutes
formes de discriminations à l'égard des femmes.
A cet effet, des dispositions seront prises pour :
- promouvoir des droits des femmes et des filles par la
sensibilisation de toutes les populations
- améliorer la situation économique et sociale
des femmes en situation de vulnérabilité en particulier par la
mise en place d'infrastructures d'allègement des travaux domestiques, la
mise à la disposition des femmes rurales de technologies et
équipements appropriés pour la transformation et la conservation
des produits.
- renforcer les capacités des femmes pour
réduire leur vulnérabilité par des mesures
spécifiques dans le cadre des programmes sectoriels de
l'éducation, de la santé et de la justice
- améliorer l'accès et le séjour des
filles dans tous les niveaux d'enseignement et promouvoir l'enseignement
professionnel
- lutter contre les violences faites aux femmes et aux jeunes
filles.
· Pour les enfants en situation de
vulnérabilité, l'objectif est de renforcer les actions
prioritaires menées pour éliminer les pires formes de travail des
enfants et les protéger contre toutes formes d'exploitation, d'abus et
de violence.
Il s'agira plus spécifiquement de :
- développer une stratégie de prise en charge et
réinsertion sociale des enfants en conflit avec la loi et des enfants en
situation difficile
- créer et renforcer les capacités des
institutions spécialisées de prise en charge des enfants en
situation de vulnérabilité.
- développer des actions d'information, de
communication sociale, de recherche, de plaidoyer, de renforcement des
capacités et de promotion d'actions directes pour éliminer
l'exploitation des enfants par la mendicité
- faire un plaidoyer auprès des autorités
politiques, religieuses, coutumières, partenaires au
développement et de toute la communauté en faveur de meilleures
conditions de vie des talibés.
· Concernant les personnes âgées, l'Etat
mettra en oeuvre des actions prioritaires qui visent leur épanouissement
physique et moral, l'amélioration de leur prise en charge et leurs
conditions de vie. Des mesures spécifiques sont également prises
en vue d'assurer des pensions de retraites décentes pour les
retraités et garantir la visibilité à long terme des
régimes. La poursuite des mesures engagées par l'Etat permettra
de mettre en place un système durable qui assure un accès gratuit
aux services de santé à la majorité des personnes
âgées d'ici 2010.
· Egalement pour les jeunes, l'Etat s'attachera à
améliorer leurs conditions de vie et à promouvoir leur insertion
sociale et économique. Ainsi, des actions prioritaires pour
réduire la vulnérabilité seront menées en vue
de :
- préserver les jeunes et les adolescents des
IST/SIDA
- renforcer les programmes d'insertion sociale et
économique des jeunes à travers la décentralisation et le
renforcement des ressources du Fonds National d'Action pour l'Emploi (FNAE), du
Fond National de Promotion de la Jeunesse (FNPJ) et de l'Agence Nationale pour
l'Emploi des Jeunes (ANEJ).
- lutter contre la drogue et le tabagisme à travers des
programmes de prise en charge des jeunes toxicomanes.
- développer des programmes de filets de
sécurité pour les jeunes travailleurs (marchands ambulants,
cireurs, restauratrices, artisans...).
· Enfin concernant les personnes déplacées
et rapatriées, des dispositions spécifiques seront prises pour
leur réinsertion et leur réintégration. Des mesures
d'accompagnement sont également mises en oeuvre pour leur permettre de
bénéficier des opportunités de création de
création de richesse, de renforcement des capacités et
d'accès aux services sociaux de base. Ainsi, un fonds spécial de
soutien aux personnes déplacées et rapatriées sera mis en
place avec l'appui des partenaires au développement. Un accent
particulier sera également mis sur les restrictions en faveur de la
sécurisation et de la reconstruction des zones de départ des
personnes déplacées pour ainsi encourager leur retour dans leurs
lieux de résidence habituels. Exemple : le cas des
réfugiés mauritaniens. Pour le cas spécifique des
réfugiés, l'Etat prendra des mesures pour améliorer les
stratégies de gestion des réfugiés par l'appui aux
stratégies d'aide au retour et le renforcement des capacités et
de Commission Nationale d'Eligibilité (CNE).
Compte tenu des interrelations population-développement
et l'impact de certaines tendances démographiques sur les groupes
vulnérables, l'Etat prendra des mesures pour assurer une meilleure
maîtrise des phénomènes démographiques.
Section 4 : La bonne gouvernance et le
développement décentralisé
La stratégie du gouvernement,
déclinée dans le Programme National de Bonne Gouvernance (PNBG),
vise à conforter l'Etat de droit dans une société
démocratique, l'efficacité et la transparence dans la gestion
économique et social. Le gouvernement entend ainsi ancrer dans l'esprit
de chaque citoyen les valeurs et les vertus de la stabilité ainsi que
celle d'un environnement propice à la production et à des
pratiques transparentes de gestion dans les secteurs publics et
privés.
A- Amélioration de la
qualité du service public
Pour relever les défis d'une administration de
qualité, le gouvernement compte poursuivre une politique qui vise
l'efficacité dans la gestion économique et sociale. A cet effet,
ces objectifs sont retenus :
o rationaliser les structures administratives pour une
meilleure prise en charge des missions.
o renforcer la déconcentration en le portant au
même niveau que la décentralisation.
o veiller à la qualité des services rendus aux
usagers-citoyens et aux usagers-entreprises.
o réduire le déficit de communication interne et
externe de l'administration.
o Impulser une gestion moderne des ressources humaine
garantissant une disponibilité de personnel de qualité,
responsabilisé et motivé.
En ce qui concerne l'amélioration de la gestion des
finances publiques et les procédures de passation et d'exécution
des marchés publics, l'Etat poursuivre la mise en oeuvre des plans
d'actions. Dans cette perspective, il est envisagé :
§ d'étendre progressivement la mise en place des
cadres de dépenses sectorielles à moyen terme à tous
ministères
§ de poursuivre la déconcentration et
l'ordonnancement des dépenses publiques
§ de renforcer la transparence dans l'exécution de
la loi des finances.
Ces initiatives seront soutenues au niveau du ministère
de l'économie des finances, par une meilleure organisation des
structures internes.
Au niveau des ministères techniques, il s'agira de
renforcer les capacités dans le domaine de la formulation des
stratégies et politiques sectorielles de la préparation, du
contrôle et du suivi des projets et programmes. En plus de cela, des
mesures seront prises en vue d'assurer une meilleure coordination des aides et
de mettre en place un suivi des dépenses publiques orienté vers
les résultats.
B- La gouvernance
judiciaire
Un système juridique et judiciaire propice
à la gouvernance et au développement est celui dans lequel les
lois sont clairement définies et uniformément appliquées
par un pouvoir objectif et indépendant. Il veille au respect de la loi
et des droits des citoyens et facilite la circulation des personnes et biens
(mouvement des capitaux privés ...) conformément à la
vocation de service public de l'Etat. En vue d'une plus grande
accessibilité et une efficacité durable, les activités de
la justice seront orientées vers la population, les services publics et
privés.
Le Sénégal attache une importance
particulière contre la corruption dans la mesure où elle
accroît la pauvreté, fausse les perspectives de
développement économique et social, induit des surcoûts
notamment pour les pauvres et sape les bases de la démocratie. La
corruption se manifeste surtout lors des attributions de marchés publics
ou lorsque les systèmes de contrôle de l'utilisation des finances
publiques peuvent être contournés. Elle se manifeste aussi dans le
fonctionnement des services publics.
Dans le domaine de la lutte contre la corruption, des
efforts ont été faits avec la mise en place d'un cadre de lutte
contre le blanchissement des capitaux et la mise en place de la commission de
lutte contre la corruption.
Ces initiatives constituent des avancées notables
qu'il convient de consolider et de renforcer. Il s'agira d'intensifier la lutte
contre la corruption en renforçant l'indépendance de la justice
et son accessibilité et en recherchant une plus grande qualité
des services publics qui donnent aux usagers une place centrale.
C- La décentralisation
locale
Le processus de la décentralisation a
enregistré des avancées significatives depuis
1996 avec l'érection de la région et
collectivité locale et le transfert de certaines compétences.
Toutes les collectivités locales rencontrent de nombreuses
difficultés, notamment dans les domaines des moyens budgétaires
et financiers, des capacités des ressources humaines locales, le manque
de synergie dans les instruments de planification et de gestion.
Pour renforcer la décentralisation et le
développement local en vue de rendre plus efficace la lutte contre la
pauvreté, l'Etat s'attachera à poursuivre les actions et
réformes en cours. Il s'agira de :
o améliorer le cadre institutionnel et organisationnel
en vue d'améliorer le développement local.
o renforcer les capacités des collectivités
locales avec l'amélioration des moyens humains.
o accroître les ressources et poursuivre les
réformes budgétaires et financières des
collectivités locales en vue d'assurer le financement des
infrastructures et des équipements.
Pour assurer la coordination des interventions en faveur des
collectivités locales, le gouvernement d'appuiera sur le Programme
National de Développement Local (PNDL) qui sera le principal instrument
de mise en oeuvre de la stratégie de réduction de la
pauvreté au niveau décentralisé.
D- Le développement
des pôles secondaires
Le taux d'urbanisation du Sénégal se situe
à 41,5% avec plus de la moitié des citadins
(54,0%) vivant dans l'agglomération urbaine de Dakar.
Cette forte concentration de la population s'explique par la persistance de la
migration dans la capitale car six migrants sur dix habitent la capitale. En
effet, sur les 2.333.420 habitants de la capitale,
877.330, soit 37,6% se sont installés
à Dakar depuis au moins un an (ESAM2). Toutefois, contrairement à
une idée reçue, ce n'est pas l'exode rural qui alimente la
capitale nationale mais plutôt la migration d'origine urbaine,
c'est-à-dire en provenance des communes de l'intérieur du pays.
En effet, l'enquête 1-2-3 (septembre 2002) a montré que la
capitale sénégalaise est caractérisée par une forte
migration dénommée « migration durée de
vie » qui touche plus les hommes que les femmes. Ainsi, plus d'un
dakarois sur quatre est né hors agglomération. Parmi ces
migrants, prés de six sur dix sont originaires d'une capitale
régionale, d'un chef lieu de département ou d'une autre commune
et un sur dix vivent de l'étranger. Selon la même source, les
motifs de migration, les plus fréquemment évoqués
sont :
le renforcement familial
la recherche d'emploi
la poursuite des études et la formation.
Ces raisons de migrer s'expliquent par la concentration des
opportunités d'emploi et de formation à Dakar par rapport aux
villes secondaires qui ne disposent pas d'infrastructures nécessaire
pour offrir les services de qualité et le cadre de vie attractive. En
effet, le tiers Ouest du pays et en particulier l'axe Dakar-Thiès
continue de concentrer l'essentiel des biens de production d'importance et des
facteurs de promotion sociale et économique des populations.
En 1997, cet axe a accueilli
89% du volume d'investissement et 81,4% des
emplois privés. Les contraintes des autres villes se
caractérisent par leur faible niveau d'urbanisation et une
pauvreté notoire en activités économiques urbaines. Il s'y
ajoute des problèmes de logements décents et d'environnement, qui
offrent un cadre de vie qui ne répond pas aux exigences d'une ville
fonctionnelle du point de vue spatiale et moderne dans son urbanisation.
La poursuite de cette dynamique risque de renforcer la
pauvreté urbaine à Dakar, les problèmes d'habitat, de
mobilité urbaine, de chômage urbain et d'intégration
sociale. Pour renverser cette tendance, le gouvernement compte mettre en oeuvre
une stratégie volontariste de promotion des villes secondaires et des
capitales régionales pour en faire des pôles de
développement.
Dans le sens de la redynamisation des espaces et des
économies rurales, la création de villes secondaires
stratégiques et l'équipement des villages centres constituent des
actions importantes pour accroître les possibilités de
valorisation des produits en provenance de ces espaces et garantir
l'accès aux services sociaux de base et une urbanisation de
qualité. Ainsi, les objectifs poursuivis visent à assurer un
développement harmonieux, par la promotion du développement
à la base et inversant les tendances actuelles de concentration des
équipements et des activités vers la frange Ouest du pays.
De manière plus spécifique, la stratégie
de développement des villes secondaires vise entre autres, à
renforcer les infrastructures de soutien, de promouvoir des territoires
compétitifs, favoriser une meilleure répartition des villes,
renforcer le réseau de villes existant dans l'espace national et
créer les conditions d'une meilleure valorisation des activités
rurale. Ainsi, il s'agira de :
ü renforcer les infrastructures de base par
l'amélioration de la qualité de la disponibilité et de
l'accessibilité des services
ü réparer les villes frontalières à
jouer un rôle de premier plan dans l'intégration sous
régionale
ü relever le niveau d'urbanisation en améliorant
les réseaux de voirie, d'adduction d'eau et d'assainissement
ü renforcer le poids des collectivités locales
dans les politiques de développement
ü assurer un meilleur accès aux parcelles
viabilisées aux populations pauvres.
E- Le dialogue social
La promotion du dialogue social comme mécanisme de
prévention et de gestion des conflits par la négociation et la
concertation permanente est un indicateur de bonne gouvernance.
Le dialogue social est à la fois fin et moyen dans
tout processus de développement, contribuera aux effets pour relever les
défis de l'heure que sont : la pauvreté, la
productivité, l'investissement, la croissance et l'emploi (CNDS :
charte nationale du dialogue social, 2002). C'est dans ce contexte qu'il faut
situer le 1er forum national sur le dialogue social (21 et 24 février
2001) avec la participation des organisations syndicales, d'employeurs et de
travailleurs. Il en a résulté, la signature de la charte sociale
le 22 novembre 2002 après un processus de négociation de plus
d'un an par une vingtaine d'organisation. Le document repose sur des principes
de liberté syndicale, de liberté du travail et du respect des
règles établies et définit un code de conduite, une
structure et des mécanismes du dialogue social. Les objectifs suivant
sont retenus :
o approfondir à tous les niveaux le dialogue social
o tenir compte des changements intervenus dans l'environnement
socioéconomique afin de trouver l'équilibre nécessaire
entre le renforcement de la compétitivité des entreprises et les
intérêts des travailleurs
o pourvoir des formations, notamment sur la négociation
collective, l'économie, la législation sociale et les normes
internationales du travail destinées aux représentants des
organisations de travailleurs et d'employeurs.
o aider à l'échange d'information et à la
facilitation d'études relatives à l'emploi, à la
productivité sur les revenus et la situation sociale des travailleurs et
de leurs familles
o renforcer les capacités de la société
civile afin de lui permettre de jouer un rôle plus attractif dans la
formulation des stratégies de développement.
Le gouvernement appuiera le comité national de dialogue
social en vue de la mise en oeuvre du plan d'action élaboré en
veillant à une participation effective des acteurs.
Chapitre III Suivi et évaluation de la
stratégie
Les premières années de mise en oeuvre du
DSRP ont permis de mettre en place et de tester un dispositif participatif de
pilotage et de suivi de la stratégie. Cela a permis de créer une
dynamique de collaboration et de dialogue sur les politiques publiques entre
les différents acteurs. Les leçons tirées par les acteurs
ont aussi mis en évidence les difficultés rencontrées pour
introduire les changements dans les méthodes et procédures de
travail.
Malgré les insuffisances constatées dans le
fonctionnement des instances de pilotage du DSRP, la participation des acteurs
a été assurée à travers les séminaires et
ateliers qui ont réuni, outre les membres du comité national de
pilotage, toutes les parties prenantes du processus.
Ces différentes rencontres ont permis
d'adopter :
· la liste des indicateurs de suivi de la mise en oeuvre
de la SRP
· les orientations des programmes d'appui
budgétaire des partenaires tels que « les crédits de
soutien à la réduction de la pauvreté »,
« le programme appui budgétaire de l'union
européenne »
· les contenus des instruments de mise en oeuvre
· les stratégies sectorielles et multisectorielles
comme la SNPS, la SNEEG.
Au niveau sectoriel, les comités ministériels de
suivi ont été handicapés par le manque de moyens
techniques et matériels nécessaires à l'exécution
de leurs taches et leur faible implication dans le processus de programmation
interne des ministères. Pour lever ces contraintes, il est retenu
l'élaboration du programme consolidé des actions des organes
nationaux et régionaux de pilotage et de suivi de la SRP et de garantir
le financement.
Au niveau régional, les comités régionaux
se sont fortement mobilisés pour élaborer leurs plans
d'opérations régionaux et des projets à partir de ces
documents après des renforcements de capacités dans le domaine.
Toutefois, ces projets n'ont pas été pris en compte dans le
processus d'arbitrage budgétaire du fait d'absence de mécanismes
adaptés.
Pour lever ces contraintes, il est prévu d'introduire
les mécanismes suivants qui seront utilisés selon les
cas :
1. le parrainage des projets des régions par les
ministères
2. le financement à travers le Fonds d'Equipements des
Collectivités Locales (FECL)
3. la mise en place d'un fonds d'appui aux initiatives des
régions pour assurer l'efficience et la durabilité des
interventions, la démarche participative et décentralisée
(de pilotage, d'exécution et de suivi-évaluation des programmes)
mise en oeuvre sera renforcée en vue de garantir l'efficacité des
interventions, la cohérence avec les programmes sectoriels et les
initiatives locales.
A- Principes de la mise en oeuvre
La mise en oeuvre de la stratégie de réduction
de la pauvreté sera toujours régie par les principaux principes
suivants qui ont été largement approuvés par les
acteurs : la proximité, le laisser-faire, la transparence, la
participation, la célérité, la subsidiarité, la
complémentarité et la synergie.
1. En vertu du principe de proximité, les lieux de
décision concernant la mise en oeuvre des interventions relatives
à la Stratégie de Réduction de la Pauvreté doivent
être le plus proche possible des bénéficiaires et de leur
lieu de résidence en vue d'assurer un meilleur ciblage des
interventions.
2. En vertu du principe de laisser-faire, l'Etat
reconnaît que la mise en oeuvre de la Stratégie de
Réduction de la Pauvreté n'est pas l'affaire seulement des
instances officielles et administratives mais également celle des
collectivités locales des acteurs de la société civile et
du secteur privé.
3. En vertu du principe de transparence, il conviendra de
mettre en place aux différents niveaux d'intervention, une série
de mécanismes garantissant la visibilité et le contrôle, de
façon à établir l'équilibre entre
responsabilité et autonomie.
4. En vertu du principe de participation, les
bénéficiaires des projets et programmes de pauvreté
doivent être associés à toute décision les
concernant personnellement.
5. En vertu du principe d'équité, il convient de
garantir l'égalité de droits et responsabilités dans
l'implication des différentes parties prenantes en prenant en compte les
différences de genre, les inégalités sociales ainsi que
les spécialités régionales et locales dans le pilotage et
l'exécution du DSRP et dans les différents domaines
d'activités de lutte contre la pauvreté.
6. En vertu de la subsidiarité, la mise en oeuvre sera
organisée en responsabilisant les acteurs intervenant aux
différentes échelles administratives du niveau local au niveau
national en fonction des avantages comparatifs et terme d'efficacité, de
ciblage, d'économie d'échelle, etc.
7. En vertu du principe de célérité, il
convient d'adopter des procédures qui assurent à la fois la
rapidité et la transparence dans les décaissements, la passation
et l'exécution des marchés.
8. En vertu du principe de complémentarité et de
synergie, la stratégie doit viser la combinaison efficiente des moyens
et des ressources vue d'optimiser les résultats.
B- Pilotage et suivi du DSRP
Les différents acteurs (Etat, collectivités
locales, société civile, secteur privé, bailleurs de
fonds) auront pour responsabilité de s'assurer que le programme touche
effectivement les populations ciblées.
Dans le souci de parvenir à cette fin, il
s'avère nécessaire d'établir des réseaux
d'interlocuteurs et de représentants des populations cibles comprenant
notamment les agents des services décentralisés ou
déconcentrés, les élus locaux, les dirigeants
d'organisations communautaires telles que les associations villageoises de
développement, les groupements féminins, les organisations de
jeunes et les associations professionnelles, de façon plus
générale, les organisations de la société
civile.
En s'appuyant sur les principes de base de la stratégie
et en s'inscrivant dans une dynamique de cohérence avec options
fortement affirmées dans le cadre de la décentralisation, le
cadre institutionnel de mise en oeuvre du DSRP est articulé autour de
deux niveaux : le niveau stratégique et le niveau
opérationnel.
Le niveau stratégique est celui de la définition
et de la formation des politiques qui comprend :
· le comité interministériel d'orientation
présidé par le premier ministre
· le comité national de pilotage
présidé par le ministre de l'économie et des finances et
regroupant les représentants des ministères, des organisations de
la société civile, les collectivités locales, du secteur
privé, des syndicats.
· les comités régionaux de pilotage
présidés par les gouverneurs et regroupant les services
déconcentrés de l'Etat, des organisations de la
société civile et des collectivités locales.
Ces comités ministériels doivent jouer un
rôle décisif dans l'articulation des politiques sectorielles
à la stratégie, dans la mise en cohérence et la synergie
dans les programmes ministériels. Au niveau régional, les
cellules de suivi ont en charge la conduite des activités de suivi de la
SRP.
A travers ce dispositif, le gouvernement traduit sa
volonté de s'assurer que les actions seront menées en
cohérence et que sur le terrain, les interventions obéissent aux
priorités définies dans le DSRP.
C- les instruments et les
procédures de mise en oeuvre
Depuis 2002, le DSRP est devenu le cadre de
référence pour l'élaboration des plans sectoriels de
développement, et des programmes d'investissement et des contributions
des partenaires au développement à la lutte contre la
pauvreté.
Les programmes sectoriels et multisectoriels seront
considérés comme les principaux instruments de mise en oeuvre du
DSRP. De tels programmes décriront de manière
détaillée et pour les différents secteurs
considérés, les objectifs à atteindre, la nature des
activités à mettre en oeuvre, les zones d'intervention, le
calendrier d'exécution des activités et les résultats
attendus.
Ces programmes constitueront un cadre suffisamment souple pour
permettre une meilleure coordination des activités des différents
acteurs (Etats, secteur privé, collectivités locales,
organisations de la société civile, partenaires au
développement) qui auront la possibilité d'apporter leur
contribution dans les domaines où ils ont des avantages comparatifs.
Après une phase test dans les secteurs de l'éducation, la
santé, la justice et l'environnement, l'Etat étendra
l'expérience des cadres de dépenses publiques à moyen
terme (CDMT) aux autres secteurs d'ici 2010. En attendant la
généralisation de ces CDMT, des plans d'opérations
sectorielles (POS) et des plans d'opérations régionales (POR)
serviront de cadre de programmation opérationnelle pour les
ministères et les régions.
D- L'évaluation de la
stratégie
La mise en place d'un système de suivi et
d'évaluation est essentielle pour juger de la progression
réalisée en direction des objectifs visés et des
résultats à atteindre. Elle vise les objectifs suivants :
1. le suivi du processus de la mise en oeuvre de la
stratégie
2. l'évaluation de ses impacts à travers les
indicateurs intermédiaires et de résultats
3. le suivi et l'évaluation de l'exécution
financière
4. la mise en place d'un système d'information
De manière générale, le suivi quantitatif
de la mise en oeuvre du DSRP est fondé sur une liste élargie
d'une centaine d'indicateurs retenus au terme d'un processus ayant
impliqué les sectoriels, les partenaires au développement, la
société civile et les collectivités locales. Les secteurs
concernés ont largement contribué au choix des indicateurs selon
les critères fixés objectivement, à savoir la pertinence,
la fiabilité et la stabilité. La possibilité d'être
renseigné a également été retenue comme
critère après avoir étudié et validé le
coût de la collecte.
L'exercice de renseignement des indicateurs a
révélé de grandes faiblesses de sources de données
par rapport aux données historiques, même si d'importants efforts
ont été enregistrés au cours de la période
récente.
Les principaux problèmes de suivi de ces indicateurs
sont essentiellement centrés sur la non disponibilité de
séries rétrospectives. Les enquêtes n'étaient pas
suffisamment réalisées et la plupart des sources administratives
souffrent encore de moyens adéquats pour assurer une collecte
régulière et fiable. Il faut dire qu'entre 2001 et 2005,
plusieurs activités d'enquêtes ont été
réalisées (DSRPII, ANSD), ce qui a permis de résorber le
gap important d'informations.
Sur la période 2006-2010, il est prévu de faire
chaque année un rapport d'avancement et la cinquième
année, un rapport d'évaluation de la SRP.
La première année du DSRPII (2006) est
marquée par la réalisation des évaluations de la mise en
oeuvre du DSRP (2003-2005) à travers une enquête de suivi et
évaluations participatives conjointes des projets et programmes avec
l'implication de tous les acteurs. Ces travaux constituent à la fois un
bilan et l'établissement d'une situation de référence
pour le suivi des progrès d'ici 2015.
La poursuite du calendrier d'exécution des
opérations d'enquêtes permettra de documenter les
différents types d'évaluation. Le Sénégal compte
respecter la programmation des activités de collecte dans le cadre des
projets de recensement, d'enquêtes auprès des ménages, de
mise à jour des données des villages, des enquêtes
démographiques et de santé.
La recherche d'adéquation des sources au besoin de
suivi et d'évaluation du DSRP, est surtout motivée par engagement
à renseigner les indicateurs de suivi du DSRP dont la liste restreinte
avait été arrêtée d'un commun accord avec les
partenaires au développement. En plus des opérations
d'enquêtes statistiques, les sources administratives seront mieux
organisées afin de produire des informations régulières et
fiables.
Le suivi sectoriel de la mise en oeuvre est assuré par
les comités ministériels qui ont pour mission de coordonner les
activités de la SRP dans les domaines de compétences des
ministères et de veiller à la cohérence dans la
planification et les interventions. Le comité devra produire un rapport
sur l'état d'avancement des projets et programmes et sur
l'évolution des indicateurs dans le secteur.
Au niveau général, le suivi est assuré
par les cellules régionales de suivi qui ont pour mission de
vérifier sur le terrain la mise en oeuvre des projets et programmes,
l'évaluation des indicateurs et l'articulation entre les plans locaux de
développement et les plans régionaux. Chaque cellule produira un
rapport annuel d'avancement qui sera soumis au comité régional de
pilotage de la SRP.
E- Le problème de
communication
L'une des principales insuffisances de la mise en oeuvre
du DSRP sur la période 2003-2005 relevées par les acteurs
concerne les déficits d'informations et de communication entre les
différents acteurs et le grand public sur le DSRP.
A cet effet, il a été engagé la mise
en place d'un portail de développement avec la participation des
acteurs, ainsi qu'un processus de formulation d'une stratégie de
communication capable de faciliter une meilleure liaison entre les
différents organes de pilotage et de suivi de la SRP.
F- Le financement de la
stratégie
L'intégration dans le processus budgétaire
de fonds mobilisés dans le cadre de la mise oeuvre de la
stratégie de la lutte contre la pauvreté, déjà
entamée, sera privilégiée en vue d'éviter les
doubles emplois et créer une synergie des dépenses et une
célérité dans l'exécution. Une telle
intégration des fonds dans le processus budgétaire confirmerait
le DSRP dans son rôle de consolidation du lien entre allègement de
la dette et réduction de la pauvreté et mobilisation des
ressources pour l'atteinte des OMD.
Compte tenu de ces considérations, il
s'avère important que les ressources mobilisées dans le cadre de
la réduction de la pauvreté soient intégrées dans
le processus de planification et de programmation de l'Etat en s'assurant de
toute la transparence et l'esprit de responsabilité requis dans la
gestion des apports pour le financement d'activités dans le
DSRP.
A cet égard, les priorités porteront sur
les besoins prioritaires et sur les zones les plus pauvres (milieu rural,
périphérie des villes).
Une fois estimé, le coût des
activités prioritaires de la stratégie, les obligations de
résultats qui s'imposent à tous les acteurs requièrent que
les ressources affectées à leur financement proviennent en
priorité de la contribution de l'Etat, de l'allègement de la
dette et de l'assistance des partenaires au développement soient
mobilisées et utilisées et leur impact évalué de
façon coordonnée, partagée et transparente.
Enfin, les dispositions décrites ci-dessus visent
à assurer une prise en charge opérationnelle de la participation
et du lien étroit à préserver entre allègement du
poids de la dette et la réduction de la pauvreté.
Ainsi, il est attendu que la mise en oeuvre de la
stratégie soit l'occasion de bâtir et entretenir un nouveau
partenariat avec les bailleurs de fonds bilatéraux et
multilatéraux qui sont interpellés pour coordonner leurs concours
en termes de volumes mobilisés.
Au nom de nouveau partenariat, il est attendu des
bailleurs de fonds qu'ils privilégient l'assistance budgétaire,
l'alignement et l'efficacité de l'aide au développement et
intègrent les fonds destinés à des projets dans une
approche de programmes sectoriels prioritaires de la stratégie de
réduction de la pauvreté.
L'ensemble des actions retenues par acteurs au cours du
processus participatif et devant avoir un impact significatif sur la
pauvreté a été répertorié dans une matrice
de mesures. Les objectifs prioritaires et les actions correspondantes ont
été identifiés dans le cadre d'un Plan d'Actions
Prioritaires (PAP) couvrant la période 2006-2010 selon une
procédure décrite dans la partie suivante.
G- Processus
d'articulation de la SRP et le budget national
Etape 1 : Elaboration des instruments
de la mise en oeuvre
Pour les besoins de la mise en oeuvre de la
stratégie de réduction de la pauvreté, les actions
prioritaires de la matrice des mesures sont traduites en documents
opérationnels dans les différents secteurs.
A cet effet, les objectifs et les lignes d'action de la
matrice des mesures ont été traduits en plans d'opérations
sectorielles (POS) et plans d'opérations régionales (POR). Ces
documents, principaux instruments de mise en oeuvre du DSRP, leurs
activités spécifiques, leur calendrier d'exécution, les
indicateurs et une évolution des coûts.
Etape 2 : Evolutions des besoins du
PAP
Le calcul des montants du PAP est fait sur la base des
coûts des projets et programmes prioritaires identifiés. Les
secteurs des domaines des OMD ont des programmes bien évalués,
les montants ont été repris pour tout ce qui concerne le
secteur.
Exemple : Assainissement et eau potable (PEPAM),
nutrition, éducation (PDEF), santé (PNDS).
Une méthode a été mise au point pour
vérifier si les montants proposés dans ce programme permettront
d'atteindre les OMD. C
Cette méthode repose sur le principe des
élasticités des indicateurs par rapport au budget
alloué.
Pour les autres secteurs et domaines où il n`y a
pas de programmes évalués et où les projets ne sont pas
tous formulés, les informations sur les objectifs ciblés, les
indicateurs de résultat et les coûts unitaires ont
été utilisés pour déterminer les besoins en
financement : c'est le cas pour la protection sociale, les groupes
vulnérables, les actions dans le domaine des sénégalais de
l'extérieur.
Etape 3 :
Programmation
Les besoins de financement des actions prioritaires,
identifiés dans le PAP sont ensuite comparés aux ressources
disponibles dans les programmes existants.
Le gap de financement a été calculé et
réparti entre les engagements de l'Etat, les ressources issues de
l'annulation de la dette et les engagements à rechercher auprès
des performances financiers.
La mise en oeuvre de la stratégie nationale de
réduction de pauvreté nécessite des investissements
additionnels de 76 milliards en 2006, 292
milliards en 2007, 460 milliards en
2008, 434 milliards en 2009,
540 milliards en 2010, soit un total de
1800 milliards sur la période.
Les charges de fonctionnement additionnelles
occasionnées par la mise en oeuvre de la stratégie sont
estimées à 16 milliards, 27 milliards,
35 milliards et 39 milliards respectivement en
2006, 2007, 2008, 2009, 2010.
Le financement de la stratégie sera fera à
partir de la contribution de l'Etat, des ressources issues de l'annulation de
la dette, de l'apport des partenaires au développement et diverses
contributions.
- En ce qui concerne les ressources issues de l'annulation de
la dette (PPTE, G8...) elles devraient être affectées
prioritairement vers le milieu rural et les zones périphériques
des grandes agglomérations urbaines et dans les secteurs et de
l'éducation, de la santé, des infrastructures, de l'accès
à l'eau potable, de l'assainissement, de la gestion des ressources
naturelles et de l'environnement et de l'agriculture sur la base d'un ciblage
à partir des indicateurs de pauvreté et du déficit
d'accès aux services sociaux de base.
- L'apport des partenaires sera constitué de diverses
modalités (appui budgétaires, appui projets, emprunts,
subventions).
- Le secteur privé notamment national, interviendra
selon diverses modalités : partenariat public privé,
actionnariat populaire, projets sociaux, participation dans des programmes
d'économie sociale et solidaires.
Conclusion
Ce sujet a traité des questions relatives à
la pauvreté, à son contexte, ses objectifs, sa dimension, ses
caractéristiques ainsi que les secteurs qui sont les plus touchés
par ce fléau, pour en terminer sur les moyens de lutte contre cette
pauvreté.
Si l'on juge par l'évolution des indicateurs, le
niveau de vie de la population sénégalaise s'est nettement
amélioré au cours des cinq dernières années. Ainsi,
la pauvreté du point de vue des ménages a baissé passant
de 65,7% en 2001-2002 à
52,2% en 2005-2006 (ESPS, ANSD).
Sur la même période, l'accès aux
différents services sociaux de base s'est également
amélioré de même que l'état de santé de la
population.
Le taux de scolarisation au primaire a connu un gain par
rapport à son niveau de 62,8% (ESPS, ANSD) d'il y a
cinq ans.
Cependant, les disparités entre les pauvres et les
non pauvres restent très importantes si l'on tient à l'analyse
à l'analyse de l'habitat et du cadre de vie ainsi que le niveau des
revenus des ménages qui restent encore précaires.
Il est important de souligner que cette étude est
le fruit de collectes de données tirées sur différents
ouvrages, sur différentes enquêtes ainsi que sur les travaux
fournis par des établissements spécialisés.
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