3.4- Influence des différentes parties de la graine
sur la germination :
3.4.1- Introduction :
COME (1970), CHAUSSAT et al (1975), TOTH (1978 a) ainsi que
MAZLIAK (1982) signalent que certaines parties de la graine comme le tissu
nutritif, les téguments ne sont pas indispensables à la
germination, ils peuvent même l'inhiber.
3.4.2- Matériel et méthode :
Afin de tester l'influence des différentes parties de la
graine, à savoir les téguments et l'aile trois lots de 100
graines sont repartis de la façon suivante :
- Un lot représentant le témoin, dont les graines
sont sans ailes, mais avec téguments. - Un lot dont les graines sont
dépourvues de téguments et d'ailes (graines nues).
- Un lot de graines pourvues d'ailes et de téguments.
Ces graines ont subi au préalable, un prétraitement
par le froid humide et misent à germer dans les conditions
précitées. Le comptage se fait tous les 3 jours.
Par ailleurs, afin d'éviter d'éventuelles
contaminations des graines nues par des champignons ces dernières sont
immergées dans de l'eau oxygénée (10 %), avant leurs mises
en germination.
3.4.3- Résultats :
Les résultats bruts sont données en annexe VX
Les résultats de ces tests sont indiqués dans le
tableau n° 86, qui donne pour chaque lot la capacité de germination
et le temps moyen de germination.
155
Tableau N°86 : Influence des
différentes parties de la graine sur ses aptitudes germinatives.
Graines
|
Capacité de germination. %
|
Temps moyen de germination. Jours
|
Sans ailes et avec téguments (témoin)
|
97
|
7,70
|
Sans ailes et sans téguments
|
97
|
7,11
|
Avec ailes et téguments
|
93
|
7,87
|
La figure n°44 qui décrit la cinétique de la
germination montre qu'il n'y a pas de différences nettes entre les trois
lots de semences.
0
0 3 6 9 12 15 18 21
3-- Témoin
*-- Graines sans ailes et sans téguments ·
Graines avec ailes et téguments
100 - 90 - 80 - 70 - 60 - 50 - 40 - 30 - 20 - 10
-
Capacité germination.( %)
Jours
Fig.44: Influence des différentes
parties de la graine de cèdre de l'Atlas sur son pouvoir
3.4.4- Discussion -- conclusion :
Les différents tests de germination, montrent que les
graines arrivent à germer en l'absence de téguments et en
présence d'ailes. Ceci montre que la dormance embryonnaire n'est pas due
aux différentes parties de la graine.
En effet, le tableau n° 86 montre que le premier lot qui
constitue le témoin (graine sans ailes, avec téguments) et le
second lot, composé de graines nues (sans ailes et sans
téguments) donnent les meilleurs taux de germination (97 %).Les graines
nues donnent le meilleur temps moyen de germination avec 7,11 jours. Les
téguments semblent agir donc sur la vitesse de germination : les graines
nues s'hydratent beaucoup plus vite.
Quant aux lots des graines ailées, elles enregistrent les
plus mauvais résultats.
Notons que les poches résinifères, semblent
être indispensable à la germination (MULLER et al, 1984a ;
DERRIDJ, 1990) ; d'autres auteurs pensent qu'elles diminuent le pouvoir
germinatif des graines (F.A.O, 1992).
TOTH (1978 a) et DERRIDJ (1990) ont montré que
l'endosperme n'inhibe pas la germination. La dormance primaire est d'origine
embryonnaire.
156
D'autre part, selon nos propres expériences, les
hydrosolubles des aiguilles vertes des arbres adultes de cèdre, de
litière fraîche et ancienne, ainsi que l'humus n'ont aucun effet
dépressif sur la germination même à de fortes
concentrations (20 %).
3.5- Influence des prétraitements sur la
germination : 3.5.1- Introduction :
Les conditions nécessaires à la germination sont
: l'oxygène, la température, l'humidité (mais sans
excès), la lumière (graines de cèdre sont sans
photosensibilité) et la maturité physiologique. C'est ce dernier
point qui sera traité.
Comme pour les diverses graines forestières, celles du
cèdre de l'Atlas qui proviennent de cônes murs, et placées
dans des conditions favorables, s'imbibent normalement, les micropyles
s'ouvrent, mais les radicules n'apparaissent pas. On dit que les graines sont
dormantes.
Selon MULLER (1986), le phénomène de dormance
concerne 60 % des graines forestières. Cette dormance propre à
l'embryon (dormance primaire) s'installe selon COME (1970) au cours du
développement de la semence sur la plante, avant ou pendant la
maturation morphologique. Elle est peut être considérée
comme un système régulateur de la germination.
Elle est due, selon les différentes théories,
à des hormones végétales, à des modifications
métaboliques, aux phénomènes de perméabilité
à l'eau, à l'oxygène et à la présence de
certains composés dans les téguments (COME, 1970 ; MULLER et al
1990).
Le degré de maturité des graines de Cedrus
atlantica M est lié à l'ouverture des cônes, et
à leur aptitude à se désarticuler. TOTH (1978 a) et MULLER
(1984a) signalent que cette maturité est caractérisée par
la couleur des embryons (couleur verte).Les graines de cèdre à
maturité incomplète, donnent des C.G. (%) faibles et de mauvaises
aptitudes à la conservation.
Les graines du cèdre de l'Atlas, présentent un
état de dormance plus ou moins profond. Selon MULLER (1986), elle est
hétérogène d'un lot à un autre et même
à l'intérieur d'un même lot.
Pour germer, la graine de cèdre a besoin de subir
pendant quelque temps l'action du froid Ce dernier a deux actions
différentes sur les graines : la levée de la dormance primaire et
la conservation.
Les températures basses agissent sur les graines en
provoquant progressivement leur maturation physiologique pendant une
période plus ou moins longues (30 à 60 jours selon les
auteurs).
La levée de dormance réside à faire subir
aux graines un froid humide pendant au moins 30 jours. Cette technique
appelée stratification consiste à déposer les
graines par couches successives dans du sable humide, puis les laisser
séjourner dans un réfrigérateur à une
température de 4°C durant 30 jours au moins.
157
La combinaison du froid sec puis humide
prépare mieux la graine à germer (ZAKI, 1969).
La stratification est le prétraitement le plus
utilisé pour lever la dormance des graines du cèdre de l'Atlas.
(ZAKI, 1969; TOTH, 1978 a, 1978 b; ABOUROUH, 1983; MULLER et al, 1978, 1983;
DERRIDJ, 1990).
Néanmoins, ce prétraitement est une
opération longue et il n'est pas évident d'avoir des chambres
froides, pour stoker ce mélange.
Pour cela, il existe d'autres méthodes, moins longues
et moins coûteuses permettant de lever la dormance embryonnaire par
l'immersion des graines dans des solutions aqueuses. En revanche l'utilisation
de ces solutions est très délicate, car il faut prendre en
considération :
La concentration.
La durée de trempage.
Les graines de Douglas (Pseudostuga menziesii)
traitées par l'eau oxygénée est une méthode de
lever la dormance plus efficace que la méthode classique par le froid,
moins pratique et plus longue (LEBRU, 1970).
En outre pour les faînes de Fagus silvatica une
pré-réfrigération sans milieu semble meilleure que la
stratification classique (tourbe humide), mais elle nécessite le
maintien tout au long de ce traitement, d'une teneur en eau des faînes
voisine de 30 %.
L'installation des faînes dans une solution contenant
150 à 200 g de polyéthylène glycol (P.E.G) par kilogramme,
assure ce maintien et évite toute sortie de radicule au cours du passage
au froid (MULLER et al, 1983).
La levée de dormance par l'eau oxygénée a
été utilisée notamment par ABOUROUH (1983) et DERRIDJ
(1990). Il s'agit de tremper des graines de cèdre de l'Atlas dans l'eau
oxygénée à 35 % pendant une heure; les résultats
obtenus sont pratiquement les mêmes que la stratification classique.
3.5.2- But :
Il s'agit de comparer l'influence de la durée du froid
humide et de la concentration l'eau oxygénée sur les aptitudes
germinatives des graines de cèdre.
3.5.3- Matériel et méthodes :
Des graines fertiles sont reparties en 6 lots de 100
individus.
Trois lots vont subir un prétraitement par le froid
humide pendant différentes périodes : les graines sont
mélangées avec du sable humide (lavé), où ils
subiront une stratification dans un réfrigérateur pendant une
période de 15, 30 et 45 jours.
Après chaque période, un lot de 100 graines est mis
à germer.
158
Deux lots sont traités par l'eau
oxygénée. Le premier lot est trempé dans de l'eau
oxygénée à 30 %, pendant une durée de 45 mn. Quant
au second, son immersion est de 60 mn, à une concentration de 15 %. Le
dernier lot qui compose le témoin est mis à germer sans aucun
prétraitement
En outre l'eau oxygénée (11202) étant peu
stable à l'air, les solutions préparées sont
utilisées immédiatement.
3.5.4 - Résultats :
Les données brutes sont portées en annexe VIX
Les résultats de ces tests sont représentés
dans le tableau ci - dessus qui indique pour chaque traitement la
capacité et le temps moyen de germination.
Tableau N°87 : Influence de deux
prétraitements sur la capacité et le temps moyen de
germination.
Traitements
|
Capacité de germination. %
|
Temps moyen de germination. Jours
|
Temoin
|
37
|
11,72
|
Eau Oxygénée
|
15 % - 60 mn
|
55
|
09,38
|
30 % - 45 mn
|
70
|
09,00
|
Stratification
|
15 jours
|
73
|
08,86
|
30 jours
|
87
|
06,34
|
45 jours
|
96
|
06,32
|
La figure n°45 illustre l'évolution de la germination
pendant la période de l'essai.
100
o 3 6 9 12 15 18 21
Fig.45:Effets de l'eau oxygénée etde la
durée du froid humide sur la germinationdes graines de cèdre de
l'Atlas
|
159
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