4 - La végétation :
4.1 - Présentation de la cédraie :
La cédraie est un peuplement irrégulier; les
catégories d'âge présentent des proportions
différentes avec une prédominance de vieux sujets. La
densité est variable selon les zones, tantôt le peuplement est
fermé, tantôt clairsemé avec un sous-bois limité
C'est une futaie jardinée non aménagée
dont la limite inférieure est variable, elle débute
généralement à partir de 1.400 m. Néanmoins on peut
rencontrer le cèdre de l'Atlas à l'état de bouquets
dès 1.100 m à la faveur des conditions favorables. Le chêne
vert espèce accompagnatrice du cèdre arrive difficilement
à le concurrencer à partir de 1.500 m, sur l'exposition Nord et
Nord-Ouest.
Ainsi la cédraie dense de Theniet- El- Gontos, pure ou
mélangée avec le grand houx (Ilex aquifolium L)
prospère dans de très bonnes conditions: les arbres centenaires
sont bien venants, élancés avec des hauteurs dépassant
parfois les 30 m. Celles de Thichaou, Bordjem, Chelalaa, Kef Mokhtar,
Thouggour, Boumerzok, Thissourès et M'hasseur se caractérisent
généralement par un couvert semi- fermé, rarement
fermé, avec des endroits totalement dénudés (Kef Mokhtar,
Exposition Sud Thissourès...) suite à des coupes. La
régénération naturelle est bonne (Thouggour, Thichaou...)
à très mauvaise (Kef Molhtar, M'hasseur...).
Notons enfm, que la face Nord- Ouest de Thichaou porte une belle
cédraie, avec une bonne régénération
localisée sur dalle rocheuse, les arbres centenaires de plus de 20 m,
mais
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arrivent difficilement à se maintenir sur le sol de cette
station, continuellement en érosion diffuse et ravinante · les
arbres gisant sur le sol sont très importants.
Malgré le dynamisme du cèdre, dont la
régénération s'installe dans conditions écologiques
difficiles (SCHOENBERGER. 1970 ; TOTH, 1970, 1980a, 1987b) ; la cédraie
de Bélèzma présente des caractères de
dégradation plus où moins avancée, selon les stations.
La plus part des auteurs notent que le cèdre de
l'Atlas, dans son aire naturelle présente une bonne résistance
à toutes les attaques. Néaumoins cette résistance a des
limites. En effet, en juin 1982 une chenille jusque la sans
intérêt (Thaumetopea bonjeani Powell) a causé des
dégâts impressionnants à la cédraie du Belezma ; en
quelques semaines on a assisté à une défoliation
complète des pieds de cèdre centenaires sur une superficie de
l'ordre de 500ha.
La régénération est variable, si elle est
présente dans certains endroits avec des densités plus ou moins
acceptables, elle est en revanche totalement absente dans la majorité
des cas particulièrement sur les expositions sud, dont les peuplements
sont âgés, clairsemés mal venants et à couvert
clair.
La capacité de germination des graines est
généralement très bonne. En observant ça et
là les nombreuses plages de semis, nous remarquons qu'ils arrivent
à se développer en étant liées aux écailles,
sur du bois de cèdre en décomposition, sur la litière, le
sol nu à couvert, à découvert etc...., toutefois la
quasitotalité de ces semis disparaissent quelque mois après.
Durant, la longue saison estivale, qui se traduit par
l'insolation et de hautes températures, la déficience de
l'humidité de l'air et du sol, nous assistons à la disparition
d'un très grand nombre de semis de l'année et même ceux de
deux années.
En effet, si durant les premiers stades de
développement aucun problème ne se pose, les difficultés
commencent dès le début de la saison estivale. Le
dessèchement des jeunes plantules est entamé dès le mois
de Mai. Ainsi, un mois à peine après leur apparition, elles
commencent à être affectés par les conditions climatiques,
particulièrement celles dont le système racinaire est
superficiel, peu ramifié et dépourvu de radicelles.
A part quelques reboisements à Chellalaa, la
cédraie naturelle du Belezma, à faciès xérophile,
évolue dans des conditions climatiques difficiles,
caractérisée surtout par des sécheresses cycliques. Ceci a
conduit à la stéppisation. On assiste alors (Cas de l'exposition
Sud de Thouggour) à une substitution de la végétation
matorrals par une autre beaucoup plus adaptée à la
sécheresse (Stipa Thymus, Helianthémum ...) avec une
présence de la chenille processionnaire.
BENABID (1993) rapporte que la stéppisation gagne de plus
en plus la cédraie des Aurès et du Belezma
Les facteurs orographiques, par leur influence sur les
principaux éléments climatiques, déterminent la
répartition du cèdre. La tranche pluviométrique annuelle
de la cédraie est comprise entre 500 et 700 m. La période
pluvieuse, qui correspond à une diminution de la température, ne
dure que quelques mois, pour laisser place à une longue période
chaude et sèche où l'influence néfaste du Sahara, accentue
l'aridité.
Parallèlement aux conditions climatiques difficiles
l'action anthropique (coupes, surpâturage, agriculture...) a
considérablement accru la dégradation de la cédraie :
sujet dépéris ou en voie de l'être, arbres
déchaussés, jeunes pieds mutilés etc... Ces
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transformations que l'homme a fait subir à la
cédraie influencent de manière non négligeable la flore
qui peut jouer un role important sur la régénération.
Le dessèchement des horizons superficiels du sol, prive
les semis de toute alimentation, ce qui a amène plusieurs auteurs,
notamment TOTH (1978 a, 1981) à proposer un travail du sol, permettant
aux semis d'enfoncer profondément leurs racines dans les couches
profondes et d'échapper ainsi à la sécheresse estivale.
(Cf. 3eme partie - Chapitre III)
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