Identification des contraintes et stratégies des structures de recherche face à la problematique de la recherche dans les universités sénégalaises:Cas des laboratoires de recherche de l Université Gaston Berger de Saint Louispar Abdoulaye Dramé Université Gaston Berger de Saint Louis - Maitrise 2005 |
I.3. Les contraintes financièresLa problématique du financement de la recherche fait partie des contraintes majeures auxquelles sont confrontés les laboratoires de recherche de l'UGB, comme nous avons pu le constater à travers nos différents entretiens avec les responsables. Pour ce qui est de l'UGB, les résultats ont montré : - Premièrement, une modicité des crédits alloués a la recherche. L'analyse du mode de répartition interne des ressources budgétaires des UFR montre que plus de 65% du budget des UFR sont engloutis dans les dépenses de fonctionnement et du personnel tandis que 30% seulement sont destinés à l'enseignement, à la recherche et aux dépenses à caractère général (voir tableau 24 et diagramme 4). Si l'on pousse l'analyse 102 Les projets de recherche que le GIRARDEL gagne sont accompagnés d'un lot de matériel rendant ainsi possible la faisabilité des projets. Le GIRARDEL a eu à participer à 3 projets dont le projet Désertification (2 ordinateurs, 1 scanner, 1 imprimante), le projet CORUS (2 ordinateurs, 1 imprimante, 2 clefs USB) et le projet Centre de Recherche et d'Essai (30 ordinateurs, 2 imprimantes, 2 scanners....) 103 Les UFR de l'UGB, depuis ces quelques années mènent une politique consistant à équiper les enseignants d'ordinateurs et une connexion à Internet. L'action des UFR s'arrêtent à ce niveau et ne va pas au-delà du PER, d'où le recours à des partenaires extérieurs. un peu plus loin, l'on remarque que le coût de l'entretien des véhicules des UFR de 2003 à 2005 (dotation en carburant, le paiement des primes annuelles d'assurance, les réparations des véhicules pour les voitures du Directeur, du Directeur Adjoint et du Chef des services administratifs) fait plus de 5 fois celui des dépenses à caractères général ou de publication( c'est dans ce chapitre que les crédits alloués à la recherche peuvent être identifiés), comme le montre la courbe 2 à la page ; - Deuxièmement, dans les budgets des UFR, aucun chapitre n'est réservé spécifiquement à la recherche. La subvention destinée aux laboratoires est inscrite dans le chapitre Dépenses à caractère général Subventions/allocations et bourses de recherche englobant à la fois les demandes de subvention du PATS, du PER, des étudiants, des syndicats, des participations à des colloques internationaux, à des séminaires, à des activités de recherche des sections et des centres de recherche pour certaines UFR. Cependant dans d'autres elle se trouve dans le même chapitre mais cette fois ci dans la rubrique Frais de publication. Ainsi, nous notons un manque d'harmonisation quand à la localisation du crédit accordé à la recherche ; - Ensuite, si les crédits existent, l'enquête a relevé qu'ils ne sont pas toujours disponibles au moment où l'on en a besoin. Généralement pour ce qui est des laboratoires disposant d'organes de diffusion, les structures de recherche ne peuvent disposer des fonds que lorsque la revue est publiée. En effet, comme le remarque un responsable de laboratoire, « nous sommes obligés de cotiser ou de faire recours aux financements extérieurs surtout ceux des pays du Nord ». Les conséquences d'une telle dépendance aux organismes de financement extérieur « est de travailler sur les programmes de recherche de ces derniers et de se soumettre à leur discipline, surtout en matière de destination des résultats de la recherche. Les laboratoires sont obligés de faire le mercenariat scientifique pour se donner un semblant d'existence. Mais il s'agit, en fait, d'une existence qui les infantilise, puisqu'ils finissent par perdre toute autonomie et, en définitive, toute capacité d'initiative scientifique »104. Partant de ce constat, avons-nous cherché à savoir les différentes sources de financement des structures de recherche consignées dans le tableau n°23. 104 A.NIANG, Op.cit. Tableau 23: Répartition des laboratoires en fonction de leurs sources de financement :
Source : Données de l'enquête 2005 A travers le tableau n°23, nous remarquons que le recours aux financements extérieurs, que ceux-ci proviennent des ONG, des structures de recherche du Nord pour travailler sur un projet commun, est pratique courante et permet alors de combler le vide occasionné par la modicité des crédits alloués aux laboratoires. - Enfin, le financement des laboratoires de recherche varie en fonction des UFR. Dans certaines UFR de l' UGB, l'analyse des budgets révèle l'inexistence d'un crédit alloué à la recherche dans les laboratoires. Seulement l'intervention de l'UFR dans les activités du laboratoire est circonstancielle et se fait notamment lorsqu'il s'agit d'organiser des manifestations scientifiques. A ce propos, un responsable de laboratoire note qu'il a bénéficié une seule fois de subvention de la part de son UFR et ceci à hauteur de 50 000FCFA dans le cadre d'un séminaire organisé par son laboratoire. Cependant dans d'autres UFR un crédit est alloué annuellement aux structures de recherche. Le crédit à allouer n'est pas fixe et fluctue en fonction de la volonté des directeurs d'UFR. Dans l'UFR/LSH par exemple, la somme est de 300 000FCFA par laboratoire et de 500 000FCFA dans l'UFR/SAT105. Les conséquences d'une telle politique non incitative et frileuse envers la recherche sont nombreuses sur la rentabilité scientifique de la structure de recherche et constituent ainsi des facteurs inhibant toute activité de recherche. La rareté ou la faiblesse des financements, soutient Boubacar LY, « a des incidences sur la recherche 105 Entretiens avec des responsables de laboratoires tant au point de vue de la quantité qu'à celui de la qualité »106. Sur le chapitre de ces conséquences sur les laboratoires de l'UGB, nous pouvons remarquer qu'elle limite considérablement les activités du laboratoire. C'est pourquoi, il n'est pas étonnant de voir à l'UGB, une structure de recherche qui n'a pas d'organe de diffusion et mieux qui n'arrive pas à organiser des séminaires ou des colloques. Toujours dans ce sillage, la faiblesse des moyens alloués aux laboratoires amène ces derniers à réduire leur publication. Dès lors, « faute de moyens suffisants, dit Abdoulaye Niang, on est obligé malgré la forte demande de limiter le tirage à 300 exemplaires en moyenne. Le dernier numéro, consacré à « La société civile », est fortement demandé au niveau national et international mais les difficultés rencontrées pour l'édition nous empêchent d'y répondre et d'accroître la promotion des oeuvres produites par les chercheurs sénégalais et africains »107. Par ailleurs, le manque de ressource financière n'est pas favorable à la sédentarisation des chercheurs surtout des doctorants dans les laboratoires. Comme le remarque un responsable « les chercheurs avancés sur qui reposent le fonctionnement des laboratoires ne sont pas stables du fait que le travail qu'ils effectuent au niveau du laboratoire n'est pas rémunéré ». 106B.LY, Op.cit :10 107 A.NIANG, (31 Juillet 2002), « Notre système ne favorise pas la publication », in Walf Fadjri, www.refer.sn Tableau 24 : Répartition des pourcentages des budgets primitifs des UFR de l'UGB (2003-2005)
( )= Pourcentage Source : Construit à partir des différents budgets des UFR de 2003 à 2005 Diagramme 4 : Répartition du budget des UFR en fonction des chapitres en 2005 30000000 20000000 60000000 10000000 0 dépense de pers dépense de fonct. dépense d'ens et rech. dépense à car. Gén. SAT SEG SJP LSH Source : Construit à partir des budgets des UFR en 2005 Courbe 2 : Evolution des dépenses de fonctionnement des véhicules des UFR et des subventions, allocations et bourses ou frais de publication de 2003-2005 60000000 50000000 Totaux entretien et fonct véhicule des UFR Totaux Sub Alloc (frais de publ) 2003 2004 2005 Source : Construit à partir des budgets des UFR de 2003-2005 |
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