3/L'indépendance des objectifs et
l'indépendance instrumentale
Par indépendance instrumentale on entend la
possibilité que la banque centrale possède de décider les
actions monétaires (en particulier la détermination du taux
d'intérêt) dans le but d'atteindre son objectif.
On peut interpréter l'indépendance des
objectifs soit comme la possibilité de choisir n'importe quel objectif,
soit comme la possibilité de poursuivre la stabilité des prix
librement sans indication ou interférence de la part du gouvernement
(comme le soulignent aussi Debelle & Fischer (1994) en discutant
l'indépendance politique de Grilli, Masciandaro & Tabellini (1991).
Après avoir définie la notion de
d'indépendance de la banque centrale, nous allons élaborer dans
ce qui suit comment l'indépendance de la banque centrale réduit
le biais inflationniste.
La légitimation de l'indépendance se trouve
dans la théorie du biais inflationniste. Cette légitimation est
fondée sur l'idée que l'indépendance permet à la
banque centrale d'acquérir plus de crédibilité de
manière à ce que les agents économiques deviennent plus
confiants. Par conséquent, ils n'anticiperont pas un reniement de
l'objectif monétaire initialement déclaré. Cette
crédibilité permet alors de réduire le biais
inflationniste. D'après F.Kydland & E.Prescott (1977),
l'incohérence temporelle est la source du biais d'inflation et pour
résoudre ce problème, Rogoff (1985) propose de
déléguer la gestion monétaire à un banquier central
conservateur afin de minimiser les tentations inflationnistes du gouvernement.
Alors que Walsh (1995) propose de soutenir le taux d'inflation à un
niveau optimale avec un contrat.
II- l'incohérence temporelle : source du biais
inflationniste
Le problème de l'incohérence temporelle est
présenté pour la première fois dans un article de deux
économistes américains, Kydland et Prescott, en 1977 (Kydland et
Prescott, 1977). La question posée par ces auteurs est de savoir si un
gouvernement peut parvenir, ou non, à maximiser le bien-être
social en usant de manière discrétionnaire des instruments de
politique économique. Sous-jacente à cette interrogation
apparaît l'idée selon laquelle le gouvernement pourrait, en
certaines occasions, "tromper" les agents économiques et par
delà, améliorer sensiblement son bilan économique. Pour
Kydland et Prescott, cette tentative de "tromperie" reste cependant vaine, les
agents anticipant rationnellement une telle tentative de manipulation et donc,
contrecarrent l'action du gouvernement. Kydland et Prescott résument
dès lors leur pensée en une maxime, "la règle contre la
discrétion", et en un axiome, la règle peut permettre au
gouvernement d'optimaliser le bien-être social, jamais l'utilisation
discrétionnaire.
Ces intuitions seront appliquées quelques
années plus tard à la politique monétaire par deux
économistes de l'Ecole de Chigaco, Barro et Gordon (Barro et Gordon,
1983). En s'appuyant sur une courbe d'offre de Phillips augmentée des
anticipations rationnelles à la Lucas, ces théoriciens
monétaristes en déduisent que l'utilisation
discrétionnaire de la politique monétaire serait indubitablement
contrecarrée par les agents économiques.
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