Introduction générale
Les années quatre-vingts ont marqué le
début d'un rééquilibrage entre la sphère
réelle et la sphère financière, elles se sont aussi
caractérisées par une rupture partielle avec les thèses
de dichotomie entre les deux sphères. L'articulation entre ces
dernières est désormais approchée en termes de
complémentarité, alors qu'elle était jusque là non
abordée, sous l'angle de suprématie et de rivalité.
C'est dans ce contexte, que maints travaux se sont
employés à repositionner la question de l'efficience
financière, par référence aux spécificités
du système financier et aux impératifs du réel. Dans les
pays en développement, de tels systèmes se particularisent par
l'hégémonie de la banque. Aussi, les recherches portant sur
ladite efficience se ramènent en dernière analyse et à
notre sens, à celles s'assignant pour objectif, l'identification des
déterminants de l'efficience bancaire.
Une telle efficience signifie en fait l'optimisation du
concours bancaire à l'économie. Par optimisation, on entend ici
la maximisation du financement et de la rentabilité bancaire sous
contrainte de minimisation de risque. Or comme l'intermédiation
s'érige, dans ces économies, en principale modalité de
financement, il s'en suit que cette efficience demeure conditionnée par
la structure du marché des crédits, de son fonctionnement et de
son organisation.
La mondialisation et ses corollaires,
dérégulation et déréglementation ont
intensifié la concurrence et les banques n'ont pu échapper
à cette nouvelle contrainte. Aussi, nous attendons-nous à ce
qu'une refonte soit introduite sur la structure dudit marché et
à ce qu'il revête une nouvelle forme d'organisation. Une telle
restructuration est ainsi assimilée, théoriquement, à un
vecteur de meilleure efficience de la banque car, elle autorise, dans cette
optique, une allocation optimale des ressources.
Ce travail s'inscrit dans cette perspective de recherche, sur
la médiation entre la structure du marché des crédits et
l'efficience des firmes bancaires. Il s'emploie ainsi à
caractériser d'abord la forme de ce marché et à esquisser
ensuite l'étendue des effets induits par la restructuration sur ladite
efficience. C'est ainsi que nous tenterons d'étudier la nature de
l'articulation entre la structure du marché de crédits et
l'efficience de la banque commerciale tunisienne.
Les études ayant traité de la même
question ont souvent privilégié la démarche empirique,
où les méthodes, paramétriques (DEA, FDH) et non
paramétriques, (SFA, DFA et TFH), ont tenu lieu de principaux cadres
explicatifs de l'efficience. Dans ce travail, nous avons opté pour la
méthode SFA, vu les insuffisances relatives des autres modèles.
La portée non, par ailleurs, spécifique et non
propre à cette démarche est susceptible, par une combinaison
adéquate de l'analytique et l'empirique, d'alerter les institutions
financières des nouveaux paradigmes et de nouvelles pratiques, à
même de hisser au plus haut rang le niveau de l'efficience et de la
productivité. Cette orientation méthodologique nous a
recommandée de repositionner les structures, stratégies et
performances de la banque tunisienne, à la lumière des nouveaux
impératifs de perfectionnement de son efficience et de nouvelles
contraintes issues d'un environnement mutationnel.
Le plan qui guidera ce travail s'inspire de l'ensemble de ces
considérations et entreprises, il tentera de traiter la
problématique supra-énoncée, en suivant une
démarche triséquentielle. Aussi, un premier chapitre,
s'emploie-t-il à délimiter les traits généraux des
marchés de crédits et notamment à identifier les traits
spécifiques du système bancaire tunisien. Le deuxième
chapitre, quant à lui se veut une présentation des diverses
approches de mesures de l'efficience bancaire par la détermination de la
frontière d'efficience. Alors que le dernier chapitre, est une esquisse
de validation factuelle, où on tentera de confronter les principaux
enseignements tirés des deux premiers chapitres, à
l'épreuve de la banque tunisienne. Il sera ainsi question de mesurer
l'efficience du système bancaire tunisien et d'étudier son
évolution par référence à ses déterminants
fondamentaux.
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