BURKINA FASO
Unité-Progrès-Justice
Ministère des Enseignements Secondaire,
Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESSRS)
****************************************
Université Polytechnique
de Bobo-Dioulasso
(UPB)
*****************************************
Institut du Développement Rural
(IDR)
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES
en vue de l'obtention du
DIPLOME D'INGENIEUR DU DEVELOPPEMENT RURAL
Option : SOCIOLOGIE ET ECONOMIE
RURALES
THEME :
Analyse des
déterminants d'une gestion participative et durable des ressources
forestières du Parc National Kaboré Tambi par les villages
riverains (Burkina Faso).
Directeur de mémoire : Dr Amadou SIDIBE
Présenté par :
Maître de stage : Dr Amadou SIDIBE
YANOGO Marcel
Juin 2006
DEDICACE
A
Mon père YANOGO Tignandé Bernard qui s'est
toujours battu pour l'unité de ses fils et de leur bonne
éducation. Ce travail est le fruit de tes efforts, mon
père !
Remerciements
Ce mémoire a été rendu possible
grâce à l'appui de nombreuses personnes. Bien que la liste ne soit
pas exhaustive, je voudrais remercier particulièrement :
Ø Dr Amadou SIDIBE, mon maître de stage et
directeur de mémoire qui a bien voulu
m'assister et me guider depuis la conception du sujet
d'étude jusqu'à la rédaction de ce document ;
Ø Dr Dénis OUEDRAOGO et Dr Martin YELKOUNI pour
leurs critiques et suggestions
qui m'ont été d'une grande
utilité ;
Ø Le corps professoral de l'IDR pour le partage de
leurs savoirs ;
Ø Monsieur Pierre KAFANDO, coordonnateur de
PAGEN/NATURAMA composante
PNKT et son équipe qui m'ont offert des informations
utiles sur la gestion du parc. Je suis reconnaissant à Monsieur Yssouf
SANOU pour m'avoir établi la carte de présentation de la zone
d'étude ;
Ø Monsieur Edmond Raymond SAWADOGO, coordonnateur du
PNGT2/Nahouri, et
ses agents qui m'ont fourni la documentation sur les villages
d'étude ;
Ø Monsieur le président de « Ga mo
wignan » et tout le personnel de l'association pour
leur collaboration ;
Ø Messieurs Kora DJAME, Pascal Abouga NION et Abouga
YAKARI pour leur
disponibilité à jouer le rôle
d'interprète. L'information traitée dépend
étroitement de leur bon sens à la traduire
fidèlement ;
Ø Messieurs Aliou DJAMEBOU, Apouri NION, Kobié
YAKARI, Hamado
YERBANGA qui ont bien voulu m'accueillir dans leur famille
respective pendant la phase de collecte des données ;
Ø L'ensemble des populations de Banon, Yagho, Bourou et
Pighiri pour leur
collaboration pendant la phase de collecte des
données;
Ø Mes amis Abel T. ZONGO, Ernest BAYALA et Abdoulaye
TANOU pour leurs
soutiens multiformes lors de mes brefs séjours à
Pô;
Ø Mes aînés et camarades de classe pour
leur collaboration et ambiance fraternelle.
Table des matières
DEDICACE
i
Remerciements
ii
Table des matières
iii
Table des illustrations
vi
Sigles et abréviations
vii
Résumé
viii
Abstract
ix
INTRODUCTION
1
1. Généralités
3
1.1. Evolution de la politique forestière au
Burkina Faso.
3
1.2. Sources juridiques de l'implication des
populations dans la gestion des forêts.
4
1.3. Revue de la littérature
5
1.4. Définition de quelques concepts et
terminologies
8
1.5. Brève présentation du milieu
d'étude
9
1.5.1. Présentation du
département de Pô
9
1.5.2. Présentation des villages
d'étude
9
1.5.3. Présentation du Parc National
Kaboré Tambi (PNKT)
10
2. Méthodologie
12
2.1. Critères de choix de la zone
d'étude
12
2.2. Critères de choix des villages
d'étude
12
2.3. Echantillonnage des ménages
12
2.4. Collecte des données sur le terrain
13
2.4.1. L'outils de collecte des
données
13
2.4.2. Déroulement de
l'enquête
13
2.5. Inventaire des techniques de protection et de
conservation de l'environnement existantes dans les villages riverains du
PNKT
14
2.6. Critères d'évaluation des
ménages
15
2.7. Méthodes d'analyse des
données
15
2.7.1. Analyse descriptive
15
2.7.2. Analyse économétrique
16
3. Résultats et discussions
22
3.1. Analyse statistique des données
d'enquête
22
3.1.1. Description socio-économique et
démographique de l'échantillon
22
3.1.2. Description des ménages
24
3.2. Appréciation du dynamisme des
groupements de gestion forestière
25
3.2.1. Caractéristiques
socio-économiques du bureau
25
3.2.2. Fonctionnement des groupements
27
3.2.3. Règlement des conflits et
sanctions
28
3.3. Etat de connaissance des règles de
gestion du parc
28
3.4. Droits d'usages supplémentaires
demandés par les populations riveraines
28
3.5. Taux d'adoption des techniques CES/DRS
29
3.6. L'engagement des ménages dans la
conservation du parc
32
3.6.1. Taux d'engagement global par
critère
32
3.6.2. Comparaison des taux d'engagement des
villages
33
3.6.3. Contraintes entravant l'engagement
34
3.6.4. Mode de surveillance
préconisé par les riverains
35
3.7. Estimation économétrique de
l'engagement
35
3.7.1. Qualité de l'ajustement du
modèle
37
3.7.2. Test de signification individuelle des
coefficients
37
3.7.3. Interprétation économique
des coefficients
38
3.7.4. Implications
économétriques de l'étude
42
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
44
BIBLIOGRAPHIE
47
Table des illustrations
Tableau 1 : Statistiques de
multicolinéarité entre les variables dépendantes.
17
Tableau 2 : Formes fonctionnelles
théoriques des variables dépendantes
18
Tableau 3: Récapitulatif des variables
à utiliser dans le modèle.
21
Tableau 4 : Récapitulatif des
caractéristiques de l'échantillon.
23
Tableau 5 : Structure moyenne d'un
ménage dans la zone d'étude.
24
Tableau 6 : Biens durables du
ménage.
25
Tableau 7 : Résultats des estimations
du modèle.
36
Tableau 8 : Formes fonctionnelles empiriques
des variables dépendantes
39
Graphique 1: Carte de présentation de la
zone d'étude.
11
Graphique 2: Taux de connaissance des règles
de gestion du parc
28
Graphique 3: Droits d'usages demandés par
les riverains
29
Graphique 4:Taux d'adoption des techniques
CES/DRS
30
Graphique 5: Comparaison des taux d'adoption des
techniques CES/DRS des villages.
31
Graphique 6: Taux d'engagement des riverains en
fonction des critères d'évaluation.
32
Graphique 7: Comparaison de l'engagement des
villages.
33
annexe 1: questionnaire d'enquête.
52
annexe 2: caractéristiques
socio-économiques des bureaux CVGT.
56
annexe 3: récapitulatif des
caractéristiques des bureaux de club « Ga mo
wigna ».
58
annexe 4 : le pouvoir de prédiction du
modèle.
60
annexe 5: résultats détaillés
des régressions.
61
Sigles et abréviations
ADP : Assemblée des
députés du peuple
AG : Assemblée
générale
AOF : Afrique occidentale
française
CES/DRS : Conservation des eaux et des
sols / Défense et restauration des sols.
CNUED : Conférence des nations
unies pour l'environnement et le développement
CTFT : Centre technique de foresterie
tropicale
CVGT : Commission villageoise de gestion
des terroirs
FAO : Organisation des nations unies
pour l'alimentation et l'agriculture
INSD: Institut national de la statistique et
de la démographie
JGRC : Société japonaise
des ressources vertes
NATURAMA : Fondation des amis de la
nature
PAGEN : Projet de partenariat pour
l'amélioration de la gestion des écosystèmes naturels
PFN : Politique forestière
nationale
PFNL : Produits forestiers non
ligneux
PNAF : Plan national
d'aménagement forestier
PNFV : Politique nationale de foresterie
villageoise
PNGTV : Programme national de gestion
des terroirs villageois
PNGT : Programme national de gestion des
terroirs
PNKT : Parc national Kaboré
Tambi
PNLCD : Programme national de lutte
contre la désertification
PNUD : Programme des nations unies pour
le développement
RAF : Réorganisation agraire et
foncière
TOD : Textes d'orientation de la
décentralisation
UICN : Union mondiale pour la nature
VIF : Facteur d'inflation de la
variance
Résumé
Ce mémoire traite des déterminants d'une
gestion durable des ressources forestières dans les villages riverains
du Parc National Kaboré Tambi (PNKT). L'objectif global de
l'étude est de prédire la volonté des ménages
riverains à s'engager dans la conservation du parc. Des données
collectées auprès de 160 ménages dans quatre villages
riverains ont permis de tester les hypothèses d'engagement des
populations.
Le modèle logit a été utilisé
pour prédire la volonté des riverains à s'engager dans la
plantation individuelle d'arbres, dans l'investissement pour l'acquisition des
techniques CES/DRS, dans la délimitation et la surveillance du parc.
Les taux d'engagement sont globalement faibles. On note
37,50% de participation à la surveillance, 30% de participation à
la délimitation du parc, 28,75% de plantation d'au moins un (1) arbre et
18,75% d'investissement positif pour l'adoption des techniques CES/DRS.
Le nombre de formations reçues, le crédit, le
nombre d'hommes actifs du ménage, le niveau d'instruction du chef de
ménage, l'âge, le sexe, l'activité secondaire, le fait
d'être membre d'un GGF, la superficie totale des champs du ménage
et la distance qui sépare la concession du ménage au parc sont
les déterminants de l'engagement des riverains dans la conservation de
la forêt.
Mots clés : déterminants, modèle
logit, gestion durable.
Abstract
This study focus on determinants of sustainable forest
management in the surrounding villages of the National Park of Kaboré
Tambi (PNKT). The global objective is to predict farmer's willingness to engage
in the conservation of the PNKT. Data from 160 households in four surrounding
villages of the park are used to evaluate theoretical propositions.
Logistic regression is used to predict willingness to engage
in individual trees plantation, investment in new technologies, monitoring and
delimitation of the park.
The results show that few households are engaged in
conservation practices. About 37.50% of households are engaged in the
monitoring of the park; 30% of households are involved in the delimitation of
the park; 28.5% of them planted trees this year and 18.5% had a positive
investment in new technologies. Determinants of surrounding populations
willingness to engage in conservation of the park are the number of training
received, the credit, the number of households working, the membership of
forest management organization, the education level, the age, the sex, the
secondary activity, the farm size, the households size and the distance between
the household location and the park.
Keywords : determinants, logit modèl, sustainable
management.
INTRODUCTION
La lutte contre la dégradation de l'environnement
constitue une préoccupation pour la communauté nationale et
internationale. Du sommet de Stockholm en 1972 à celui de Johannesburg
en 2002 en passant par celui de Rio en 1992, la dégradation de
l'environnement était au centre des préoccupations. Il fallait
définir des actions et politiques à mettre en place pour
maîtriser ce problème. C'est à ces grands sommets mondiaux
que sont fixées les grandes lignes d'action de gestion de la
planète, des forêts et de responsabilisation des nations à
la gestion de l'environnement. Cette lutte trouve ses fondements dans le lien
qui existerait entre le développement durable et l'environnement. Le
concept de développement durable a été confirmé en
1992 à la Conférence des Nations Unies pour l'environnement et le
développement (CNUED).
Selon l'UICN (1996), il existe des liens étroits entre
production agricole, démographie et protection de l'environnement. Pour
la Banque mondiale (1993), il existe des convergences importantes entre une
bonne croissance économique et un environnement sain et durable. Lazarev
(1993) cité par Ngninguiri (1999) affirme qu'il n'y a pas de
développement durable si celui-ci se fait au détriment de notre
environnement. Plusieurs mesures ont donc été prises pour
protéger l'environnement et les forêts en particulier.
Au Burkina Faso particulièrement, le gouvernement a eu
à entreprendre depuis plusieurs décennies des mesures pour
réduire les pertes continues de ses superficies boisées qui
seraient passées de 15,42 millions en 1980 à 15,18 millions en
1983 et à 14,16 millions en 1992 (MECV, 2004). Ces mesures sont entre
autres le classement et la protection de certains espaces du patrimoine
forestier. Le domaine classé du Burkina couvre une superficie de 3815000
ha soit 14% du territoire national (MECV, 2004). Les zones
protégées couvrent environ 25% du territoire national (Yelkouni,
2004).
Malgré ces mesures prises, le pays est encore
confronté à une déforestation continue de ses zones
protégées et classées. Les formes typiques de
déforestation sont les défrichements pour la production agricole,
les feux de brousse, le braconnage, et la pêche. En 1993, les champs de
coton occupaient 18,62% de la forêt classée de Maro soit 10000 ha
(UICN, 2004). Celle de Gonsé est en proie aux coupes frauduleuses de
bois, de pâturage incontrôlé et des feux de brousse
(Guissou, 2004). Le Parc National de Pô subit une exploitation
illégale malgré l'interdiction officielle (Gbangou, 2005).
Ces différents constats ont conduit à cette
étude qui utilise des méthodes quantitatives aussi bien au niveau
des ménages que de la communauté locale pour tester les
hypothèses des déterminants de l'engagement des populations
riveraines dans un programme de conservation du Parc National de Pô. Les
actions de protection et de conservation de l'environnement introduites ou
existantes dans les villages riverains de ce parc sont : les foyers
améliorés, les plantations d'arbres, la
Régénération naturelle assistée (RNA),
l'élevage intensif, les cordons pierreux, et le compostage (PNGT2, 2003,
2004). A ces actions, on ajoute celles concernant directement la
forêt que sont la surveillance et la délimitation du parc,
la plantation privée d'arbres. Les plantations privées d'arbres
permettent de satisfaire les besoins énergétiques par exemple
sans avoir recours à la forêt. L'application de toutes ces actions
n'est pas encore une réalité dans les villages riverains du parc.
Les plantations d'arbres sont encore timides. L'adoption des foyers
améliorés n'est pas encore effective dans de nombreux
ménages et le programme nécessite encore de nombreux suivis
(Besse et al. 1996).
L'objectif global de cette étude est
d'étudier la prédisposition des ménages riverains du Parc
national Kaboré Tambi à s'engager dans un programme de
conservation des ressources forestières.
Les objectifs spécifiques sont :
Evaluer le niveau de connaissance des
règles de gestion de la forêt dans les villages riverains;
Comparer l'engagement des populations
riveraines de plusieurs villages dans la conservation du parc ;
Identifier les déterminants de
l'engagement des ménages dans la conservation du parc.
Ces objectifs spécifiques sont fondés sur les
hypothèses suivantes :
Hypothèse 1 : Les populations
riveraines ignorent certaines règles de gestion de la
forêt ;
Hypothèse 2 : Les populations
riveraines s'engagent différemment dans la conservation du
parc ;
Hypothèse 3 : Les
caractéristiques socio-économiques des ménages et de la
communauté sont les déterminants probables de l'engagement des
riverains dans la conservation de la forêt.
1.
Généralités
1.1.
Evolution de la politique forestière au Burkina Faso.
De la période coloniale à nos jours, plusieurs
mesures ont été prises en faveur de la protection et de la
conservation de l'environnement :
· De la période coloniale à
1980
Le code forestier établi en Afrique occidentale
française (AOF) par décret du 4 juillet 1935 a permis la
délimitation des forêts classées et protégées
au Burkina Faso et d'éviter une très grande déforestation
dans le pays. Les actions d'intervention étaient les plantations
d'espèces exotiques dans les formations naturelles, la pratique des feux
de brousse précoces, la surveillance et la répression des
délits. Cette politique a donné des résultats
mitigés car elle ne répondait pas aux besoins et aux attentes des
populations rurales.
· De 1981 à nos jours.
Les mesures ont évolué avec la création
du Service d'aménagement forestier (SAF) et la formulation d'une
politique d'aménagement des forêts classées en 1981. Cette
politique se donnait pour objectif la satisfaction des besoins des populations
en Produits forestiers non ligneux (PFNL) tout en préservant
l'environnement. Trois axes d'intervention étaient mis en
place :
- Le bornage des forêts classées, la
récupération des superficies défrichées, la
protection et le contrôle des droits d'usages réservés aux
populations riveraines ;
- L'étude technique et économique des
méthodes de coupe du bois de chauffe, la rotation des coupes, les soins
sylvicoles après exploitation dans le cadre d'un projet pilote
d'aménagement forestier ;
- La plantation ou semis d'essences locales ou exotiques dans
les forêts naturelles pour la production de bois d'oeuvre et de service.
En 1984, l'Etat a mis en place le Programme national de
foresterie villageoise (PNFV) dont le but est de donner aux populations locales
les moyens de prendre en main la gestion de leur terroir. En cette même
année, l'Etat adopte la loi portant Réorganisation agraire et
foncière (RAF) qui affirme l'appartenance de la terre à l'Etat
qui peut en décider des usages. En 1985, le gouvernement lance les trois
luttes contre la dégradation de l'environnement. Il s'agit de la lutte
contre la coupe abusive du bois, la lutte contre les feux de brousse et la
lutte contre la divagation des animaux. Les services forestiers doivent
délimiter des zones de coupe de bois et organiser les populations pour
l'exploitation forestière. En 1986, le gouvernement met en oeuvre le
Programme national de gestion des terroirs villageois (PNGTV) qui prône
une utilisation de l'espace rural pour une meilleure gestion des ressources
foncières et environnementales. Il est renforcé la même
année par l'adoption du Plan national de lutte contre la
désertification (PNLCD). En 1992, le gouvernement adopte l'approche
«gestion des terroirs » avec la mise en place du Programme
national de gestion des terroirs (PNGT) et la création des Commissions
villageoises de gestion des terroirs (CVGT). Le projet
« 8000 » villages-« 8000 » forêts
initié le 2 Juin 1994 se matérialise sur le terrain soit par des
actions de protection et de gestion des forêts naturelles existantes soit
de plantation forestière individuelle ou collective. Il anticipe ainsi
la mise en oeuvre du Programme National d'Aménagement Forestier (PNAF)
en 1996. Le PNAF est suivi par l'adoption de la Politique Forestière
Nationale (PFN) en 1998 qui reconnaît l'apport des secteurs de la
forêt, de la faune et de la pêche ainsi que le rôle
joué par ces ressources dans la planification du développement.
Cette PFN trouve aussi ses fondements dans l'adoption du code forestier et du
code de l'environnement en 1997. Ces codes sont un élargissement des
mesures de protection de l'environnement.
De nos jours, deux approches sont utilisées dans la
gestion du patrimoine forestier national. Il s'agit de l'approche gestion des
terroirs et de l'approche participative ou à base communautaire.
L'approche gestion des terroirs consiste à mobiliser la
communauté rurale autour de programmes visant à restaurer
l'environnement villageois par des actions de végétalisation, de
lutte contre l'érosion, de maîtrise des eaux, etc. L'approche
participative se base sur l'implication des populations locales dans la gestion
des ressources naturelles. Ce sont les populations rurales qui devront
définir les actions qu'elles entendent mener pour protéger leur
environnement tout en retrouvant un niveau de revenu satisfaisant (Faure,
1993). C'est cette dernière approche qui fera l'objet de notre
étude. La gestion du PNKT est assurée par les populations riveraines depuis mars
2003.
1.2.
Sources juridiques de l'implication des populations dans la gestion des
forêts.
Les premières activités de gestion participative
des forêts au Burkina ont commencé à partir de 1986 avec le
projet « Aménagement et exploitation des forêts
naturelles pour le ravitaillement de la ville de Ouagadougou en bois de
feu » (Projet PNUD/FAO/BKF/85/011).
La participation des populations à l'aménagement
et à la gestion des ressources forestières est garantie par
plusieurs textes juridiques au Burkina Faso. Selon l'article 29 de la
constitution Burkinabè, tout Burkinabè a l'obligation de
participer à la protection, à la défense et à la
promotion de l'environnement dans le cadre de la mise en oeuvre du droit
à un environnement sain. Le code forestier admet le principe de
participation et de responsabilisation effective de la population dans la
conception, l'exécution, le suivi et l'évaluation des
activités forestières, fauniques et halieutiques (article 7,
alinéa 4). L'article 9 de la loi d'orientation n°034/2002/AN du 14
Novembre 2002 relative au pastoralisme au Burkina Faso pose le principe de
participation en invitant les organisations de pasteurs à participer, en
concertation avec l'Etat et les collectivités locales à la
gestion durable des ressources pastorales et à la sauvegarde de
l'environnement. La Politique forestière nationale (PFN) et les Textes
d'orientation de la décentralisation (TOD) font des populations
riveraines, les acteurs directs de l'aménagement forestier en
partenariat avec les propriétaires légaux des forêts
publiques que sont l'Etat et les collectivités territoriales
décentralisées.
1.3.
Revue de la littérature
Les premières recherches scientifiques dans les
forêts naturelles ont commencé en 1963 avec la création du
Centre technique forestier tropical (CTFT). Dès lors, des inventaires
forestiers vont se faire à travers le monde. La FAO et l'UICN publient
tous les deux ans des inventaires sur la situation des forêts dans le
monde. Selon les récentes estimations de la FAO (FAO, 2001 ; FAO,
2003), le taux de déforestation dans le monde continue d'augmenter
à un rythme élevé, en particulier dans les zones
tropicales. Pendant les années 1990, on enregistrait chaque année
0,38% de forêts mondiales reconverties à d'autres utilisations.
La contribution du secteur forestier à
l'économie mondiale et nationale a attiré l'attention de nombreux
chercheurs. Très peu d'études ont concerné la gestion
communautaire des forêts qui est une approche relativement nouvelle.
Cette approche a fait son apparition dès les années 80 suite aux
faibles résultats obtenus avec les modèles de gestion
centralistes. Avec le modèle centraliste, c'est l'Etat qui est le
propriétaire et le garant de la conservation des forêts à
travers les démembrements de l'administration centrale.
L'inefficacité de cette approche de gestion des forêts a conduit
au changement d'approche qui conduit à l'approche impliquant davantage
les populations rurales dans la gestion des ressources forestières
locales. Plusieurs études ont été menées sur la
participation des populations rurales à l'aménagement des
forêts classées.
Selon Briel et al. (1994), l'une des
caractéristiques socio-économiques des Pays en voie de
développement (PVD) est la pauvreté qui peut être
considérée comme cause et conséquence de la
dégradation de l'environnement. Il est difficile de faire participer
tous les utilisateurs du terroir dès le début d'un programme de
conservation de l'environnement. Deux types d'actions sont à
distinguer : les actions à rentabilité
différée et les actions à rentabilité à long
terme. Les actions à rentabilité différée sont les
pépinières privées, les plantations forestières
privées, l'agroforesterie fruitière. Les actions à
rentabilité à long terme sont les cordons pierreux, les
reboisements collectifs, les mises en défens des forêts et la
production de matières organiques (fosse fumière, compostage).
Cependant, le choix des techniques à appliquer dans chaque terroir
dépend non seulement des exigences physiques du terroir mais aussi des
moyens disponibles et mis à la disposition des paysans.
Selon Compaoré (1997), la gestion des forêts par
l'Etat s'est avérée inefficace. L'implication des riverains
serait une alternative à une gestion durable des forêts
classées. L'âge du chef de ménage et la distance qui
sépare sa concession à la forêt ne sont pas des variables
pertinentes pour expliquer les fondements de la dégradation de la
forêt classée de Ziga au Burkina Faso. Cela est probablement
dû, comme lui-même l'a souligné, à la non
répartition de ces facteurs en différentes classes pour mieux
appréhender leurs effets.
John et al. (1999) se proposent dans leur
étude de contribuer à une meilleure compréhension par les
populations, des questions complexes de nature sociale, économique et
environnementale que soulève la déforestation. Pour eux, les
facteurs de la déforestation sont entre autre la pauvreté,
l'appât du gain, la recherche du pouvoir, la croissance
démographique et l'analphabétisme. Les causes indirectes de
déforestation sont les politiques publiques inadéquates, le
désir de s'approprier des terres, les forces du marché à
l'échelle nationale et mondiale, la sous évaluation des
forêts mondiales, les institutions gouvernementales faibles et les
facteurs sociaux. Les causes directes sont les activités
économiques incompatibles avec l'existence des forêts (agriculture
et élevage extensif).
Selon Nguinguiri (1999), le recours au modèle
participatif n'a été envisagé que tout récemment
dans un contexte politique et institutionnel dominé par la
démocratie, la décentralisation, le développement durable
et la remise en cause des modèles centralistes.
Le modèle participatif s'inscrit dans la recherche
d'une solution au problème posé par l'insécurité
des droits fonciers forestiers.
Selon la FAO (2000), les populations locales sont
motivées par l'idée d'avoir un accès relativement libre
à la forêt et ses avantages. L'absence de sécurité
foncière dans le domaine des forêts et des autres ressources
naturelles décourage la communauté à participer à
leur gestion.
Pour Adesina et al.(2000), les hommes ont tendance
à adopter les nouvelles technologies de production que les femmes. Les
variables revenu agricole, niveau d'éducation et l'appartenance à
une association de producteurs influencent positivement la probabilité
d'adoption des nouvelles technologies. Des résultats similaires ont
été trouvés en Côte d'Ivoire (Adesina, 1996) et au
Burkina Faso (Malton, 1994).
Owubah et al. (2001), ont utilisé un logit
simple pour prédire la volonté des ménages à
s'engager dans un programme d'aménagement durable des forêts au
Ghana. Trois critères d'évaluation étaient retenus
à savoir la conservation des forêts naturelles, les plantations
forestières et la préservation des plantes indigènes
à usages multiples. Leurs résultats montrent que l'engagement des
populations est globalement faible. La compensation économique, les
droits d'usages et la sécurité foncière, la
possibilité de transfert de forêt privée,
l'éducation et le nombre de champs par agriculteur sont les variables
explicatives de l'engagement des populations.
Selon Samboré (2001), il est possible d'impliquer les
populations riveraines à la gestion de la forêt classée de
Tissée (Burkina Faso). Il faudrait cependant sensibiliser les
populations locales sur la gestion décentralisée des ressources
naturelles. Les responsables des groupements de gestion forestière
doivent être alphabétisés car la conception des
méthodes locales de gestion repose sur eux.
La JGRC (2001), soutient que le succès de l'application
du zaï au Burkina Faso (Yatenga) et au Niger réside dans
l'amélioration d'une technique locale existante. Pour la
Société japonaise des ressources vertes (JGRC), les savoirs
locaux sont à prendre en compte dans les programmes de conservation de
l'environnement. Les cordons pierreux ont aussi donné des
résultats encourageants au Niger.
Selon le PAGEN (2004), les contraintes rencontrées dans
la gestion du PNKT sont nombreuses. Elles sont essentiellement liées aux
pressions anthropiques, au contexte du milieu naturel, aux aspects
sociologiques, politiques et économiques et à la stratégie
de mise en oeuvre.
Selon l'UICN (2004), les actions ponctuelles initiées
par des personnes extérieures de la localité telles que mettre en
défens, créer des brises vents, élever des haies vives,
fabriquer des foyers améliorés ne sont pas des actions
suffisantes pour lutter contre la déforestation. Il faut une implication
des différents acteurs dans la gestion durable des forêts.
Selon Yelkouni (2004), l'état de dégradation
des forêts est largement amplifié par l'extension des
activités agricoles et pastorales. Dans ses travaux, il démontre
que plus on vieillit, moins on s'investit dans les travaux communautaires. Ce
point de vue est aussi partagé par FAO (2003). Pour Yelkouni, la
principale raison de la participation des ménages à l'entretien
des forêts est l'existence des lieux sacrés dans la forêt.
Saint-Arnaud et al. (2005), ont défini avec
les populations locales de Kitcisakik (Québec, Canada) des
critères et des indicateurs locaux pour l'évaluation et
l'amélioration de scénarios d'aménagement forestier. Les
Anicipapek (habitants de Kitcikik) ont choisi de s'engager dans un projet de
recherche collaboratrice en partenariat avec une équipe de recherche
interuniversitaire et un regroupement de huit compagnies forestières.
Les indicateurs locaux trouvés sont le maintien de la composition
forestière naturelle, la protection des forêts matures, le
contrôle de l'accès au territoire, la protection des habitats
fauniques et le maintien de la diversité arborescente naturelle
après coupe.
1.4.
Définition de quelques concepts et terminologies
Le présent sujet d'étude renvoie parfois
à des notions qu'il conviendrait de les situer dans un contexte
précis. Le parc est défini comme une partie du territoire
national classée au nom de l'Etat en vue de la conservation de la flore,
de la faune, des eaux, des sols, des paysages, ou des formations
géologiques ayant une valeur scientifique ou esthétique (article
85 de la loi n°006/97/ADP portant code forestier du Burkina Faso). La
notion de parc renvoie à celle de zone tampon. Une zone tampon est une
bande périmétrale destinée à la réalisation
d'aménagements spéciaux d'ordre économique, social ou
culturel, compatibles avec les objectifs de l'aire protégée. La
zone tampon est partie intégrante de l'aire de protection. Une aire
protégée est un espace dont les limites sont légalement ou
traditionnellement définies et dont l'objectif est la
préservation de la nature. Cette protection de la nature est
généralement assurée par les ménages qui vivent le
long de la zone protégée appelés ménages
riverains.
Un ménage est l'unité socio-économique de
base au sein de laquelle les différents membres apparentés ou
non, vivent dans la même maison ou concession, mettent en commun leurs
ressources et satisfont en commun à l'essentiel de leurs besoins
alimentaires et d'autres besoins vitaux, sous l'autorité de l'un d'entre
eux appelé chef de ménage (INSD, 2003). La participation des
ménages riverains à l'entretien du parc constitue leur engagement
à gérer de façon durable les ressources
forestières. On assimilera dans l'étude engagement et
participation.
1.5.
Brève présentation du milieu d'étude
1.5.1.
Présentation du département de Pô
Le département de Pô est situé dans la
province du Nahouri au sud du Burkina Faso. Il est limité au nord par la
province du Zounwéogo, au Sud par le Ghana, à l'Est par les
départements de Gouboussougou, de Ziou et de
Tiébélé, à l'ouest par le département de
Guiaro (Graphique 1). Il est situé dans le climat sud-soudanien
où la pluviométrie annuelle est supérieure à 1000
mm. Le statut de Pô a connu beaucoup de transformations au fil des
années. De subdivision en 1921 et de cercle en 1950, il est
scindé en deux (2) parties en 1963 pour donner le cercle de Pô et
la subdivision de Tiébélé. En 1983, le cercle de Pô
s'éclate en deux sous préfectures : Pô et Guiaro. Le
département de Pô est très marqué par le brassage de
nombreuses ethnies avec une prédominance des activités
commerciales exercées surtout au niveau de la commune de Pô et de
Dakola. La situation actuelle de Pô lui confère un statut de chef
lieu de province (province de Nahouri) et la classe parmi les dix villes
moyennes du pays.
Selon le recensement administratif de 2004, la population du
département de Pô était de 24176 habitants dont 12085
hommes et 12081 femmes (préfecture de Pô). Il compte 25 villages
reconnus administrativement.
1.5.2.
Présentation des villages d'étude
Banon : Il est situé à six
(6) km de Pô sur l'axe Pô-Tiébélé. Son
extension nord est limitée par le PNKT. Il est subdivisé en cinq
(5) quartiers où vivent 99 ménages. Les ethnies en
présence sont : les Kassena qui sont les autochtones (75% de la
population du village) et les Peul (25%). Selon le recensement administratif de
2004, le village comptait 554 habitants dont 263 hommes et 291 femmes. Banon
dispose d'un forage fonctionnel et de deux (2) puits modernes fonctionnels. Il
est traversé par la route nationale N°14 qui est une route
secondaire.
Les principales spéculations à Banon sont le
niébé, le mil, le sorgho, l'arachide et le maïs. Banon est
situé à environ 7,5 km du parc.
Bourou : Il situé dans la zone
tampon du PNKT et à 20 km au nord-ouest de Pô. Il comptait 168
habitants dont 91 hommes et 77 femmes (préfecture de Pô, 2004). Il
est organisé en quatre quartiers ou hameaux de culture où vivent
51 ménages. Les ethnies présentes dans le village sont les
Kassena, les Nakana, les Mossi, les Peul. Bourou reçoit de nombreux
migrants en saison des pluies.
Les principales spéculations sont le mil, le sorgho, le
maïs, le coton, le niébé. Le village dispose de deux forages
fonctionnels et deux puits modernes dont un est fonctionnel. Il est a
accessibilité difficile surtout en saison pluvieuse.
Pighiri : Il est situé aussi dans
la zone tampon du parc et à 6 km au nord de Pô sur l'axe Ouaga-
Pô. Selon le recensement administratif de 2004, Pighiri comptait 382
habitants dont 170 femmes et 121hommes. Il est organisé en trois (3)
quartiers et compte 47 ménages. On rencontre dans ce village les
Kassena, les Nakana, les Mossi et les Peul.
Les principales spéculations sont le mil, le sorgho, le
maïs, le haricot, et l'arachide. Le grand élevage est
pratiqué par les Peul. Il existe de fréquents conflits entre
agriculteurs et éleveurs dans ce village où il n y a pas encore
de zone de pâture. Il dispose d'une école
à trois classes non fonctionnelle et d'une école à une
classe fonctionnelle regroupant deux (2) promotions dans la même salle.
Yagho : Ce village est situé
à 18 km de Pô sur l'axe Pô-Tiébélé.
Selon le recensement de 2004, il comptait 357 habitants dont 174 hommes et 183
femmes. Il existe deux ethnies à Yagho : les Kassena (autochtones)
et les Mossi (migrants). Le village compte 61 ménages. Il est
traversé par deux affluents du Nazinon et de nombreuses mares.
Le mil, le sorgho, l'arachide et le maïs sont les
principales spéculations à Yagho. Il dispose d'un forage
fonctionnel et de trois puits modernes dont un est fonctionnel. Yagho est
à accès difficile en saison des pluies. Il est situé
à environ 8 km du parc.
1.5.3.
Présentation du Parc National Kaboré Tambi (PNKT)
Le PNKT a été constitué progressivement
à partir de 1936. Il a été créé par trois
(3) arrêtés ministériels :
- arrêté n°2376 SE du 9/10/1936 portant
classement de la forêt de Pighiri ;
- arrêté n°538 SE du 9/10/1936 portant
classement de la forêt de la Volta rouge (Nazinon) ;
- arrêté n°8828 SE du 4/12/1953 portant
classement de la forêt de Pô.
C'est à partir de la jonction de ces trois (3) zones
protégées que fut créé le Parc National de Pô
par l'ordonnance n°76-020 Pres/ET du 02 Septembre 1976 sous l'appellation
de « Parc National de Pô ». Il couvre une superficie
d'environ 155500 ha. Il a pour coordonnées géographiques les
latitudes 11'10 et 11'50 Nord et les longitudes 0'50 et 1'50 Ouest. En 1986, il
est rebaptisé « Parc National Kaboré Tambi »
lors de la cérémonie officielle organisée en
mémoire d'un agent des Eaux et Forêts du nom de Kaboré
Tambi, tué dans l'exercice de ses fonctions de lutte anti braconnage le
28 Septembre 1981.
Localisation du PNKT au Burkina Faso
Graphique 1:
Carte de présentation de la zone d'étude
2. Méthodologie
Pour cette étude, on s'intéresse à
l'engagement individuel des ménages dans la conservation du parc
à travers leur participation à sa délimitation et à
sa surveillance. On s'intéresse aussi à l'investissement qu'ils
consacrent à l'adoption des techniques CES/DRS et à leur
volonté à planter des arbres à titre individuel.
2.1.
Critères de choix de la zone d'étude
On a choisi le département de Pô comme site
d'étude pour quatre raisons principales :
? Le PNKT a été constitué à partir
des forêts classées de Pô et de Pighiri
(Pighiri relève du département de Pô).
? Les projets PAGEN, PNGT2 et l'association «Ga mo
wigna» interviennent
sur ce site pour la protection et la conservation du parc ;
? Le département de Pô présente des risques
élevés d'érosion et de destruction
des formations végétales (Ilboudo, 2004) ;
? La proximité du parc de Pô constitue une menace
pour la forêt (PAGEN, 2004).
2.2.
Critères de choix des villages d'étude
La base de sondage est composée de la liste totale des
villages riverains du parc relevant du département de Pô. Ils sont
au nombre de douze (12). Ils ont été répartis en deux (2)
groupes : les villages situés dans la zone tampon du parc et ceux
situés hors de la zone tampon. On a supposé que les villages
situés dans la zone tampon ont un accès relativement facile
à la forêt. La méthode d'échantillonnage a
consisté à prendre les deux (2) villages situés dans la
zone tampon (groupe 1) et à choisir de manière aléatoire
deux (2) autres villages situés hors de la zone tampon (groupe 2).
Suivant ce critère de choix, les villages suivants ont
été retenus pour l'étude :
Groupe1 : Bourou et Pighiri, tous les deux situés
dans la zone tampon du PNKT ;
Groupe2 : Banon et Yagho situés respectivement
à environ 7,5 km et 8 km du Parc.
2.3.
Echantillonnage des ménages
Pour l'ensemble des 4 villages, on a choisi d'enquêter
dans 160 ménages en raison de 40 ménages par village. Une fois
dans un village concerné, la liste totale des chefs de ménage
permanent est établie. Un numéro est ensuite attribué
à chacun d'eux sans répétition. Le numéro des
ménages à enquêter est alors choisi de manière
aléatoire par un tirage au sort sans remise.
Le questionnaire visait le chef de ménage ou tout autre
membre du ménage susceptible d'influencer les processus de prise de
décision en son sein. Le répondant au questionnaire pouvait faire
recours aux autres membres du ménage pour accueillir leurs avis s'il le
juge nécessaire.
2.4.
Collecte des données sur le terrain
2.4.1. L'outils de collecte des
données
Les données ont été collectées
entre février et mars 2006.
Les informations sont recueillies en utilisant un
questionnaire en huit sections (annexe 1) :
· caractéristiques sociodémographiques des
ménages ;
· caractéristiques socio-économiques des
ménages ;
· l'inventaire des biens matériels des
ménages ;
· l'inventaire des vivres du ménage ;
· perception de la dégradation de
l'environnement ;
· l'adoption des techniques de conservation de la
forêt ;
· composition et fonctionnement des comités de
gestion des forêts ;
· les infrastructures existant dans le village.
2.4.2. Déroulement de
l'enquête
Une visite du site suivie d'une pré-enquête ont
eu lieu dans le mois de janvier 2006. Cette étape a consisté
à une prise de contact avec les chefs de village concernés par
l'étude et les responsables administratifs des dits villages. L'objectif
était de leur présenter l'étude qu'on entend mener, son
intérêt et surtout d'acquérir le principe de leur
collaboration et notre intention de venir rester avec eux pendant la
période de collecte des données. Le principe étant acquis,
on a procédé à la pré-enquête. Elle s'est
déroulée à Pighiri et a concerné 25 ménages.
Elle a permis de tester la clarté de notre questionnaire et surtout de
vérifier si les paysans le comprennent dans le sens que nous lui
donnons. Elle nous a aussi permis de supprimer, d'ajouter certaines questions
et de modifier d'autres.
L'enquête proprement dite s'est déroulée
entre mi-février et mi-mars 2006. L'équipe des enquêteurs
était composée de quatre (4) personnes dont un enquêteur
principal et trois (3) interprètes. La difficulté majeure
était de convaincre les enquêtés que ces travaux
n'étaient pas commandités par un quelconque service
étatique ou par les projets et associations intervenant dans la zone.
Les réticences de certains ménages sont vites dissipées
avec le soutien des délégués administratifs de village ou
les présidents de groupement villageois de gestion des terroirs. Aussi,
la possibilité offerte aux enquêtés de poser des questions
en début d'entrevues après une brève introduction des
enquêteurs a permis de les rassurer. Certains ménages croyaient
qu'ils pouvaient faire l'objet de sanctions ou de poursuites s'ils ne
répondaient pas bien aux questions ou s'ils livraient certaines
informations relatives à la gestion de la forêt.
Malgré les petites difficultés constatées
sur le terrain, l'enquête dans son ensemble s'est bien
déroulée.
2.5.
Inventaire des techniques de protection et de conservation de l'environnement
existantes dans les villages riverains du PNKT
Plusieurs techniques ont été introduites dans
les villages riverains en vue de protéger et de conserver
l'environnement en général et la forêt en particulier. Ce
sont :
La fosse fumière : Elle consiste
à creuser et à construire avec des pierres un trou de dimensions
3mx3mx1m. On remplit cette fosse de déchets ménagers
décomposables, de fèces d'animaux, de résidus agricoles
pour fabriquer de l'humus organique. Cet humus sera épandu dans les
champs à l'approche des saisons des pluies (mai - juin) de chaque
année.
Les cordons pierreux : Cette technique
consiste à enfoncer environ du tiers des pierres ferreux le long des
courbes de niveau ; avec pour résultat la baisse de la vitesse de
ruissellement et la limitation des pertes en sol et en matière
organique. Les cordons pierreux ont réduit d'environ 40% le volume de
ruissellement sur un terrain nu au Niger sur une pente douce sableuse de 2,8%
(JGRC, 2001).
Les plantations d'arbres collectives et
individuelles : c'est une technique qui permet de satisfaire les
besoins en bois de service ou d'oeuvre sans avoir recours à la
forêt.
Les foyers améliorés :
elles consistent à construire un four en banco qui va canaliser la
chaleur autour de la marmite avec pour résultats la cuisson rapide des
aliments et l'économie en bois.
2.6.
Critères d'évaluation des ménages
Pour cette étude, on a 4 critères
d'évaluation des ménages. Ces critères sont conformes aux
activités et aux mesures de gestion du parc introduites dans les
villages riverains.
#172; Participation du ménage aux travaux de
renforcement des limites du parc
Le renforcement des limites du parc se fait par des
plantations d'arbres dans la zone tampon. Les paysans ont été
classés en 2 groupes: on a ceux qui ont participé au moins une
fois au travaux de renforcement des limites du parc et les non participants.
#172; Investissement pour l'adoption des techniques
CES/DRS
Les techniques existantes dans les villages riverains du PNKT
sont : les fosses fumières et les cordons pierreux. La
réalisation de ces techniques nécessite des investissements. Les
enquêtés ont été classés en 2 groupes: On a
ceux qui ont un investissement nul et ceux qui ont un investissement positif.
On dira qu'un ménage à un investissement nul s'il n'a pas fait
des dépenses d'argent (main d'oeuvre familiale exclue) pour adopter les
techniques. A contrario, on dira qu'il a un investissement positif s'il y a eu
une sortie effective d'argent pour l'adoption des techniques.
#172; Surveillance de la forêt
Chaque village riverain dispose d'un surveillant qui y est
natif. En cas de constat de délits dans la forêt, c'est ce
responsable qu'on informe qui est ensuite chargé de contacter les agents
des eaux et forêts pour intervention. Les paysans ont été
classés en deux groupes: nous aurons les participants à la
surveillance et les non participants. On dira qu'un ménage participe
à la surveillance du parc s'il accepte volontairement accompagner le
surveillant dans ses activités. Certains ménages affirment ne
plus héberger les chasseurs pour qu'ils mènent leurs
activités de chasse dans le parc.
#172; Plantation d'arbres par le
ménage
On s'intéresse ici aux plantations privées
d'arbres des ménages cette année. Nous avons classé les
ménages en 2 groupes: On aura ceux qui ont eu à planter au moins
un arbre cette année et ceux qui n'ont rien planté.
2.7.
Méthodes d'analyse des données
2.7.1.
Analyse descriptive
Elle a consisté à ranger les données de
base dans Excel et à effectuer des calculs statistiques
élémentaires tels que la composition socio-économique et
démographique de l'échantillon, les taux d'adoption des
techniques CES/DRS et les taux d'engagement des ménages dans la gestion
du parc à travers les critères d'évaluation retenus.
Les données de l'enquête ont permis de faire des
observations sur les différents villages et sur les populations de ces
villages.
2.7.2.
Analyse économétrique
? Modèle théorique d'analyse :
Théorie des choix discrets
La théorie des choix offre un cadre opératoire
adéquat pour analyser la stratégie des agents économiques
(Mugalla, 2000) cité par Ouédraogo et al. (2006). Un
choix peut s'avérer difficile a effectuer ; mais quelque soit sa
nature, on suppose qu'un individu qui a des choix à faire va presque
toujours adopter la même démarche : il va évaluer les
différentes possibilités qui s'offrent à lui en se basant
sur des critères et choisir celle qui lui paraît la plus
adéquate.
Les critères de décision peuvent être
divers mais lorsqu'ils sont logiques (oui/non), il existe alors une
théorie mathématique qui propose des modèles permettant de
prédire le comportement d'un individu confronté à un
choix. Cette théorie est la théorie des modèles de choix
discrets (Ben-Akiva et Lerman, 1985 ; Ben-Akiva et Bierlaine, 1999)
cité par Antille (2000).
? Modèle empirique d'analyse
Pour cette étude, on a utilisé un logit simple
pour étudier la prédisposition des ménages riverains
à s'engager dans un programme de conservation du parc. Yelkouni (2004) a
utilisé un logit simple pour analyser les déterminants de la
participation des ménages riverains à l'entretien de la
forêt classée de Tiogo. Dans son exemple, il avait une variable
à deux modalités possibles : les participants et les non
participants.
Owubah et al. (2001) ont utilisé un logit
simple pour étudier la prédisposition des ménages à
s'engager dans un programme d'aménagement durable des forêts au
Ghana. Ils avaient 3 critères d'évaluation à savoir la
conservation des forêts naturelles, les plantations forestières et
la préservation des plantes indigènes à usages multiples.
· Formulation et spécification du
modèle
La formulation du modèle logit est relativement simple
(Owubah et al. 2001 ;) :
Soit y la variable dépendante prenant les valeurs
respectives 0 et 1. On associe à chaque modalité sa
probabilité de réalisation.
1 avec pi
yi =
0 avec 1-pi
L'espérance mathématique de
yi est E (yi) = pi.
On relie pi à la fonction de
répartition de la loi logistique.
Soit z une variable aléatoire. z est une variable
aléatoire logistique si :
La fonction de répartition de la loi logistique
est :
A partir de là, le modèle logit dit:
avec le vecteur des variables explicatives et le vecteur des coefficients de la régression.
· Variables utilisés dans le
modèle
#172; Variables dépendantes
Elles sont au nombre de quatre à savoir la
participation à la surveillance du parc, la plantation privée
d'arbres, l'investissement pour l'adoption des techniques CES/DRS et la
participation à la délimitation du parc. Pour résoudre le
problème de multicolinéarité qui rendrait les
résultats mitigés, on a procédé à un test de
multicolinéarité entres les variables dépendantes. Selon
Chatterjee et Price (1991) cités par Bassolé (2004) une valeur du
facteur d'inflation de la variance (VIF) supérieure à 10, soit
une tolérance inférieure à 0,1 est synonyme d'existence de
multicolinéarité.
Les résultats obtenus (tableau 1) montrent que les
corrélations sont très faibles et toutes les valeurs du VIF sont
inférieures à 10. Il n'existe donc pas de
multicolinéarité entres les variables testées.
L'application d'un logit simple pour chaque variable dépendante peut se
faire.
Tableau 1 :
Statistiques de multicolinéarité entre les variables
dépendantes.
|
|
|
|
|
Statistiques
|
investissement
|
surveillance
|
délimitation
|
plantation
|
R²
|
0,051
|
0,213
|
0,207
|
0,167
|
Tolérance
|
0,949
|
0,787
|
0,793
|
0,833
|
VIF
|
1,054
|
1,270
|
1,261
|
1,200
|
Les équations des variables dépendantes sont
résumées dans le tableau 2 ci dessous.
Tableau 2 :
Formes fonctionnelles théoriques des variables
dépendantes
Variables exogènes
Variables dépendantes
|
const
|
sexe
|
âge
|
mlt
|
nfr
|
dist
|
inst
|
tm
|
stc
|
as
|
nham
|
nfam
|
crédit
|
npj
|
Vélo
|
Délimitation
|
10
|
11
|
12
|
13
|
14
|
15
|
16
|
17
|
|
|
|
|
|
|
|
Plantation
|
20
|
21
|
22
|
23
|
24
|
25
|
26
|
27
|
28
|
29
|
|
|
|
|
|
Investissement
|
30
|
31
|
32
|
33
|
34
|
35
|
36
|
|
37
|
|
38
|
39
|
310
|
|
|
Surveillance
|
40
|
41
|
42
|
43
|
44
|
45
|
46
|
|
|
47
|
48
|
|
|
49
|
410
|
Avec = les paramètres à estimer.
= 0 à 7 et i = 1 pour la délimitation,
= 0 à 9 et i = 2 pour la plantation
= 0 à 10 et i = 3 pour l'investissement
= 0 à 10 et i = 4 pour la surveillance
Chacune des quatre variables dépendantes a deux (2)
modalités possibles : elle prend la valeur 1 si elle est
observée dans un ménage et 0 si non.
#172; Variables indépendantes et leurs effets
théoriques
L'engagement des populations riveraines est mesuré par
les quatre composantes de gestion durable des forêts que sont les
variables dépendantes. Les principales variables exogènes
à utiliser dans le modèle sont :
La taille du ménage (tm) : c'est
le nombre de personnes permanentes vivant
dans le ménage. On suppose que les familles nombreuses
sont plus disposées à participer aux travaux d'aménagement
de la forêt. On s'attend donc à ce que cette variable influence
positivement la plantation individuelle d'arbres et la délimitation du
parc.
Le nombre d'hommes actifs (nham) et de femmes actives
(nfam) : c'est le
nombre d'hommes et de femmes en âge de travailler dans
le ménage. On estime que s'il y'a un nombre élevé de
personnes actives dans le ménage, il aura tendance à s'engager
dans la conservation de la forêt.
La proximité du parc (dist) :
elle est codée sous forme binaire (0 ; 1). Elle prend
la valeur 1 si le ménage se situe dans les villages de
la zone tampon du parc et 0 si non. Selon Compaoré (1997), la
proximité des ménages de la forêt classée de Ziga
n'est pas une variable déterministe de l'explication des fondements de
dégradation de cette forêt. On s'attend donc à ce que les
ménages situés dans la zone tampon s'engagent davantage dans la
conservation du parc. On estime qu'ils sont les bénéficiaires
directs des retombées positives d'une bonne gestion du parc.
L'activité secondaire (as) : elle
prend la valeur 1 si le chef de ménage est
un maraîcher et 0 si non. L'activité secondaire
peut influencer négativement la décision de participer à
la surveillance. Par contre, elle peut influencer positivement la plantation
privée d'arbres. Selon Yelkouni (2004), le maraîchage
réduit la participation des ménages à l'entretien de la
forêt classée de Tiogo. On s'attend donc à ce que les
maraîchers plantent davantage d'arbres. On suppose qu'ils participeront
moins à la surveillance.
L'âge (age): il est codé sous
forme binaire pour mieux appréhender son effet sur
l'engagement. L'âge prend la valeur 1 si le chef de
ménage a un âge strictement supérieur à 45 ans et 0
si non. Selon la FAO (2003), plus on vieillit, moins on s'investit dans
l'entretien de la forêt. On s'attend donc à ce que l'âge
influence négativement la probabilité d'engagement.
La superficie totale des champs du ménage
(stc) : elle a été prise en compte pour
apprécier son effet sur l'engagement des ménages riverains. On
suppose qu'elle aura un impact positif sur la plantation d'arbres et
l'investissement. En général, ce sont les autochtones qui ont de
grandes surfaces culturales. Ils auront donc tendance à planter des
arbres pour confirmer leurs droits de propriété sur les
terres.
Sexe (sexe) : c'est une variable binaire
prenant la valeur 1 si le chef de
ménage est un homme et 0 si non. On se dit que les
hommes s'engagent plus que les femmes d'autant plus que le pouvoir de
décision revient généralement à l'homme.
Militant d'une association de gestion
forestière (mlt) : c'est aussi une variable
binaire prenant la valeur 1 si le chef de ménage est
membre d'une CVGT ou d'un club « Ga mo wignan » et 0 si
non. On s'attend à ce que les membres de groupement de gestion
forestière s'engagent davantage dans la conservation du parc. On se dit
que le militantisme constitue déjà une forme d'engagement.
Le niveau d'instruction (inst) : c'est
le nombre d'années passées dans un
centre d'alphabétisation. Selon Samboré (2001),
l'instruction joue un grand rôle dans la réussite des
activités de conservation des forêts. On suppose alors que si un
individu est instruit, il s'engagera davantage dans les programmes de
conservation de la forêt.
Le prêt reçu (credit):
c'est l'argent contracté par le ménage pour ses travaux de
production les cinq dernières années
précédent l'enquête. On suppose que le crédit
favorise l'investissement dans les techniques CES/DRS.
La présence de vélo (velo):
c'est une variable binaire qui prend la valeur 1 si le
ménage possède un vélo et 0 si non. Le
vélo sert à effectuer des déplacements et peut donc
favoriser la participation à la surveillance de la forêt.
Le nombre de formations reçues
(nfr) : il s'agit des séances de sensibilisations
suivies par le ménage. Plus un ménage participe
aux séances de sensibilisation, plus il prendra conscience des
conséquences des pertes des forêts et s'engagera davantage dans
leur conservation.
Le nombre de préparations de repas par jour
dans le ménage (npj) : cette variable a été
prise en compte pour voir l'effet nutritionnel sur l'engagement dans la
surveillance. On s'attend à ce qu'il influence positivement la
participation à la surveillance.
Pour éviter les problèmes posés par
d'éventuelles multicolinéarités, les coefficients de
corrélation entre les variables indépendantes ont
été vérifiés. Les résultats obtenus avec
XLSTAT version 2006 montrent que les corrélations sont
généralement faibles et ne présentent aucune menace
à la validité du modèle et des résultats empiriques
obtenus. Les variables à utiliser dans les estimations sont
résumées dans le tableau 3 ci-dessous.
Tableau 3: Récapitulatif des variables
à utiliser dans le modèle
symbole dans l'équation
|
nom et description des variables
|
type de variable
|
surveillance
|
la participation du ménage à la surveillance du
parc
|
dépendante
|
délimitation
|
la participation du ménage aux travaux de renforcement des
limites du parc
|
dépendante
|
plantation
|
la plantation individuelle d'arbres par le ménage
|
dépendante
|
investissement
|
l'investissement du ménage consacré à
l'adoption des techniques CES/DRS
|
dépendante
|
nfr
|
nombre de séances de sensibilisation suivie
|
continue
|
credit
|
accès au crédit (prêt reçu)
|
continue
|
tm
|
taille du ménage (nombre de personnes)
|
continue
|
nham
|
nombre d'hommes actifs dans le ménage (15à70ans)
|
continue
|
nfam
|
nombre de femmes actives dans le ménage
|
|
inst
|
niveau d'éducation chef du ménage (nombre
d'année passé à l'école)
|
continue
|
age
|
age chef du ménage (année révolue)
|
binaire (1 si age > 45 ans)
|
sexe
|
sexe chef du ménage
|
binaire (1=homme)
|
as
|
activité secondaire du ménage
|
binaire (1 si jardin, 0 si non)
|
mlt
|
membre d'une association
|
binaire (1=oui)
|
stc
|
superficie totale des champs du ménage
|
continue
|
velo
|
présence de vélo dans le ménage
|
binaire (1=oui)
|
npj
|
nombre de préparation de repas par jour
|
continu
|
dist
|
distance séparant le village et la forêt
|
binaire (1 si proche)
|
3.
Résultats et discussions
3.1.
Analyse statistique des données d'enquête
3.1.1.
Description socio-économique et démographique de
l'échantillon
L'échantillon d'étude est composé de
93,12% d'hommes et de 6,88% de femmes.
L'âge moyen du chef de ménage est de 46 ans avec
un écart-type de 15,39. Ce résultat montre que la population est
jeune et est caractéristique de la population burkinabè qui dans
son ensemble est jeune (INSD, 2003). Le plus jeune de l'échantillon a 19
ans et le plus âgé 97 ans.
La composition ethnique de l'échantillon donne 64,37%
de Kasséna. Ce sont les autochtones. Les migrants sont les Peul, les
Mossi et les Nakana qui représentent respectivement 23,12% ;
8,75% et 3,75% de la population. On note également qu'il y a des
Kassena migrants. Si l'on tient compte d'eux, les migrants représentent
47,75% de l'échantillon. Ce chiffre relativement élevé
n'est pas étonnant car les villages riverains reçoivent plus de
migrants à la recherche d'espace de production agricole au sens large.
Par exemple, à Bourou et à Pighiri, les migrants sont plus
nombreux que les autochtones.
L'agriculture comme activité principale occupe 76,88%
des ménages enquêtés. Elle est suivie par l'élevage
qui est surtout exercé par les Peul. Les activités secondaires
dans les villages riverains sont : le petit élevage, le jardinage,
l'agriculture, le commerce et l'artisanat (tableau 4).
En matière d'éducation, on note les taux
suivants :
? 82,10% pour l'éducation informelle. Ce taux est
légèrement au dessus de celui de la province de Nahouri qui est
de 80,63% (PNUD, 2000).
? 8,13% pour le niveau primaire ;
? 2,50% pour le niveau secondaire ;
? 8,12% pour l'école rurale. L'école rurale est
un centre d'alphabétisation en langue nationale dont la formation dure 3
ans.
Les pratiques religieuses rencontrées dans la zone sont
l'animisme, le christianisme et l'islam. L'animisme est la religion la plus
pratiquée avec 41,25% des cas. Viennent ensuite l'islam avec 35% et
enfin le christianisme avec 23,75%.
Tableau 4 : Récapitulatif des
caractéristiques de l'échantillon
Caractéristiques de l'échantillon
|
Effectifs
|
Pourcentage (%)
|
Groupes ethniques
|
Kassena
|
103
|
64,37
|
Peul
|
37
|
23,13
|
Mossi
|
14
|
8,75
|
Nakana
|
6
|
3,75
|
Activités socio-économiques
|
Activités principales
|
Agriculture
|
123
|
76,87
|
Elevage
|
37
|
23,13
|
Activités secondaires
|
Agriculture
|
35
|
21,88
|
Elevage
|
79
|
49,38
|
Jardinage
|
14
|
8,75
|
Commerce
|
7
|
4,37
|
Artisanat
|
3
|
1,87
|
Autres
|
22
|
13,75
|
Niveau d'instruction
|
Informelle
|
130
|
81,25
|
Ecole rurale
|
13
|
8,13
|
Primaire
|
13
|
8,13
|
Secondaire
|
4
|
2,5
|
Répartition selon le genre
|
Hommes
|
149
|
93,13
|
Femmes
|
11
|
6,87
|
Répartition selon l'origine
|
Autochtones
|
82
|
51,25
|
Migrants
|
78
|
48,75
|
Répartition selon la religion
|
Animistes
|
66
|
41,25
|
Musulmans
|
56
|
35
|
Chrétiens
|
38
|
23,75
|
3.1.2.
Description des ménages
La taille moyenne d'un ménage est de huit (8) personnes
(tableau 5) avec un écart-type de 4,78. En 1996, la taille moyenne d'un
ménage sur le plan national était aussi de huit (8) personnes. En
2003, elle était de 6,6 personnes en milieu rural (INSD, 2003). On a en
moyenne 5 adultes, 3 enfants et moins d'une personne âgée par
ménage. La monogamie est le type de mariage le plus couramment
rencontré avec 55,62% des cas suivi de la polygamie (30%). Les
divorcés et les veufs ont un taux identique de 5,63%. Enfin, on a les
célibataires avec 3,12%.
Tableau 5 : Structure moyenne d'un
ménage dans la zone d'étude
Composition du ménage
|
Nombre moyen par ménage
|
Hommes actifs
|
2,43
|
Femmes actives
|
2,16
|
Personnes âgées
|
0,11
|
Garçons
|
1,73
|
Filles
|
1,4
|
Total des personnes actives
|
4,59
|
Total des enfants
|
3,13
|
Taille moyenne du ménage
|
8,1
|
La plupart des constructions des maisons principales dans les
ménages enquêtés sont en tôles (30% des maisons
principales) ou en bois/terre (aussi 30% des constructions). Les maisons
principales en cases et en huttes représentent, respectivement, 20,62%
et 19,38% des cas.
Les ménages possèdent un certain nombre de biens
durables comme le montre le tableau 6 ci-dessous :
Tableau 6 : Biens durables du
ménage
Type de biens
|
Pourcentage des ménages ayant ces biens (%)
|
Vélos
|
86,25
|
Mobylettes
|
15
|
Charrettes
|
25
|
Charrues
|
43,13
|
Radios
|
98,12
|
Le vélo est le moyen de locomotion le plus
utilisé. Il est possédé par 86,25% des ménages. Il
peut permettre de réduire le temps d'accès à la
forêt en cas de surveillance de celle-ci par les riverains. La radio est
aussi le moyen d'information le plus utilisé par les ménages. Ce
bien est possédé par 98,12% des ménages. Les
ménages qui ne participent pas ou qui participent peu aux séances
de sensibilisation pourront être touchés par les ondes. La charrue
est utilisée par 43,13% des ménages. On enregistre en moyenne un
(1) animal de trait par ménage. Ces taux dénotent un faible
niveau d'équipement des producteurs. La superficie moyenne des champs
par ménage est de 2,3 ha avec une jachère moyenne de 1,3 ha. Elle
avoisine celle des hommes chefs de ménage au plan national qui est de
2,5 ha (INSD, 2003).
3.2.
Appréciation du dynamisme des groupements de gestion
forestière
3.2.1.
Caractéristiques socio-économiques du bureau
Ø Les CVGT
· CVGT de Banon : elle a
été créée en Octobre 2004 et reconnue
officiellement le
23 Décembre 2004. Etaient présents en
Assemblée Générale (AG) constitutive 110 membres dont 68
hommes et 42 femmes. Son siège est à Banon. Son bureau compte 17
membres. L'âge moyen des membres du bureau est de 47 ans avec un
écart-type de 12,33. Le plus jeune a 25 ans et le plus vieux 67 ans.
C'est le plus vieux bureau parmi les villages d'étude. Les principaux
traits caractéristiques des membres du bureau sont annexés au
présent document (annexe n° 2-1).
· CVGT de Bourou : elle a
été créée en Novembre 2003 et reconnue
officiellement
le 15 Janvier 2004. Son bureau compte 17 membres dont
l'âge moyen est de 39 ans avec un écart-type de 15,22. Le plus
jeune a 22 ans et le plus vieux 60 ans. L'annexe n° 2-2 résume la
composition socio-économique des membres du bureau.
· CVGT de Pighiri : elle a
été créée le 20 Juin 2003 et reconnue
officiellement le
15 Janvier 2004. Son bureau compte 17 membres dont 14 hommes
et 3 femmes (annexe n° 2-3). L'âge moyen des membres du bureau est
de 43 ans avec un écart-type de 12,47. Le plus jeune a 27 ans et le plus
vieux 70 ans.
· CVGT de Yagho : elle a
été créée en juin 2004 et reconnue officiellement
le 23
Décembre 2004. Les membres qui étaient
présents en Assemblé Générale (AG) constitutive
étaient au nombre de 94 dont 50 hommes et 44 femmes. Son siège
est à Yagho. Son bureau compte 16 membres. Il est composé
uniquement d'agriculteurs car il n'y a pas d'éleveurs dans le village.
L'âge moyen des membres du bureau est de 36 ans avec un écart-type
de 8,6. C'est le plus jeune bureau parmi les villages enquêtés.
Les caractéristiques essentielles des membres du bureau sont
résumées en annexes (annexe n°2-4).
Ø Les club « Ga mo
wigna »
· Club de Bourou: Le bureau
« Ga mo wigna » de Bourou est composé actuellement
de 3 membres. Les autres membres du bureau ont démissionné
à cause des promesses non tenues par l'association mère. Les 3
membres restants sont le président, le secrétaire
général et la trésorière. Leurs
caractéristiques sont résumées en annexes (annexe
n°3-1).
· Club de Pighiri: Le bureau compte 10
membres dont l'âge moyen est de 40 ans avec un écart-type de
11,69. Il est composé de 80% de migrants. Ce fait n'est pas
étonnant car les migrants sont les plus nombreux dans le village.
Cependant, cette caractéristique peut freiner certaines activités
comme la plantation d'arbres. Selon Ouédraogo et al. 1997,
« les arbres ne peuvent être plantés que par ceux qui
ont des droits durables sur le terrain à planter ». Pourtant,
les migrants n'ont souvent qu'un droit d'usufruit sur leur terrain
d'exploitation. Les mêmes auteurs rapportent qu'un projet de reboisement
avait provoqué des conflits entre Nuni (autochtones) et Mossi
(migrants) à Bougnounou, un village situé dans la province de
Sissili. L'annexe n°3-2 résume les autres traits
caractéristiques du bureau.
· Club de Yagho: Le bureau est
composé de 6 membres. L'âge moyen des membres du bureau est de 35
ans avec un écart-type de 10,48. C'est le plus jeune bureau. Il est
composé de 83,33% d'hommes et de 100% d'agriculteurs. L'annexe n°
3-3 résume les caractéristiques du bureau.
3.2.2.
Fonctionnement des groupements
Ø Les CVGT
Selon l'article 7 du règlement intérieur des
CVGT, les organes de fonctionnement d'une CVGT sont : l'Assemblée
Générale (AG), le bureau, les sous commissions
spécialisées, le comité de suivi et de contrôle.
L'AG est l'organe suprême de la CVGT. Elle doit se réunir au moins
une fois par an en session ordinaire. Elle peut se tenir en session
extraordinaire en cas de besoin. Le bureau doit réunir une fois par
trimestre sur convocation de son président en session ordinaire. Il peut
siéger en session extraordinaire soit sur convocation de son
président soit à la demande du tiers (1/3) de ses membres.
La réalité de fonctionnement des commissions est
tout autre. Le bureau ne se réunit que lorsqu'il y a des travaux
à réaliser dans le village ou lorsqu'il y a un conflit à
résoudre. Il en est de même pour l'AG. L'article 12 du
règlement intérieur qui stipule que : « tout
membre pour être président, secrétaire ou trésorier
doit obligatoirement être scolarisé ou
alphabétisé » n'est pas encore à l'ordre du jour
dans certaines CVGT. Cet état de fait entrave le bon fonctionnement du
groupement car en général le travail d'organisation et de
conception repose sur les membres du bureau qui savent lire et écrire
(Sambore, 2001). On note également que la création des CVGT a
été sous l'instigation de personnes étrangères aux
villages. Sa philosophie peut ne pas être bien comprise par les
populations.
Ø Les clubs « Ga mo
wigna »
Ils ne sont pas encore reconnus officiellement. Des
démarches sont en cours pour la réalisation des documents
juridiques nécessaires pour la reconnaissance officielle. Dans les
faits, les clubs fonctionnent comme les CVGT. Les membres ne se
réunissent qu'en cas de travaux à réaliser ou de conflits
à résoudre. Les clubs et les CVGT se partagent
généralement les mêmes membres que ce soit dans la
composition des bureaux ou dans l'appartenance au groupement. Le fait le plus
marquant est constaté à Bourou où la même personne
(notable du village) est le président de la CVGT, le président du
club « Ga mo wigna » et délégué
administratif du village. Son fils est le secrétaire
général de la CVGT et du club « Ga mo
wigna ». Est-ce ce qui justifie en partie la démission des
autres membres du bureau du club « Ga mo wigna » ?
Selon les témoignages des démissionnaires, ce sont des promesses
non tenues par la structure mère qui auraient conduit à cette
situation.
3.2.3.
Règlement des conflits et sanctions
La plupart des conflits sont d'abord gérés au
niveau local. Les personnes habilitées à résoudre les
conflits sont les délégués administratifs de village, les
chefs de terre, les chefs de village, les présidents de CVGT et les
présidents de club « Ga mo wigna ». Si un consensus
n'est pas trouvé, on se déporte à la préfecture et
par la suite à la police ou à la gendarmerie.
3.3.
Etat de connaissance des règles de gestion du parc
Selon l'article 10 de l'ordonnance de classement du
parc, « le Parc National de Pô est affranchi de tout droit
d'usages ». Dans notre échantillon, seulement 14 % connaissent
cette règle. Ce taux peut s'expliquer par l'ignorance ou le
désintérêt des populations face à cette mesure
(graphique 2). Si on revient au détail, la connaissance de la lutte
contre les feux de brousse prédomine avec 83,75% suivie de la lutte
contre les coupes du bois dont le taux de connaissance est de 81,87%. La lutte
contre les pâturages dans la forêt est citée par 51,25% des
ménages. Les luttes contre le braconnage, la pêche avec des
produits, les cultures dans le parc sont connues avec des taux respectifs de
36,25% ; 19,38% et 15,63%.
Graphique 2: Taux de connaissance des
règles de gestion du parc
Sources : Données d'enquête
(Février - mars 2006)
3.4.
Droits d'usages supplémentaires demandés par les populations
riveraines
Au regard de leur dépendance vis-à-vis de la
forêt, certains ménages demandent la révision de certaines
règles qui va leur permettre de satisfaire de leurs besoins vitaux. Ce
sont : la fauche des pailles (21,88% des enquêtés) ; la
collecte des produits forestiers non ligneux (18,13%), la coupe de bois mort
(16,25%) et le pâturage (18,75%). Leurs doléances sont
illustrées au graphique 3. On a 41,87% des ménages qui estiment
qu'aucune règle n'est à réviser. Ce taux est
influencé par l'état de connaissance des règles de gestion
du parc par le ménage. Face aux deux tendances (le statu quo et la
révision), un juste milieu devrait être trouvé pour une
bonne gestion de la forêt. Cela peut se faire en encourageant les
plantations collectives et individuelles qui vont fournir du bois d'oeuvre et
de service ; en délimitant les pâturages qui ne sont pas
encore une réalité dans de nombreux villages.
.
Graphique 3: Droits
d'usages demandés par les riverains
Sources : Données d'enquête
(Février - mars 2006)
3.5.
Taux d'adoption des techniques CES/DRS
#172; Pour l'ensemble de
l'échantillon
Le graphique 4 ci-dessous montre les proportions des
ménages qui ont adopté chaque technique considérée.
L'analyse de ce graphique montre que la fosse fumière est la technique
la plus adoptée (33,13% de l'échantillon). Cela peut s'expliquer
par le fait que l'apport du ménage dans la réalisation de cette
technique ce résume à la main-d'oeuvre. Le PNGT2 fournit le
ciment pour la construction en raison de 3 sacs par fosse. On note
également que ces 3 sacs ne sont généralement pas tous
utilisés car les producteurs ne respectent pas les normes de
construction. Le reste du ciment sera utilisé à d'autres fins
dont la plus part des cas la revente.
Les ménages qui ont adopté la technique des
cordons pierreux représentent 22,50% de l'échantillon. Bien que
la zone présente des risques élevés d'érosion
(Ilboudo 2004), les cordons pierreux qui peuvent être une solution ne
sont pas encore largement appliqués. On note qu'il n'existe aucune autre
forme de lutte anti-érosive dans les villages d'étude.
Les foyers améliorés existent dans 5% des
ménages enquêtés. Cette pratique qui est lancée dans
les années 1980 est presque abandonnée par les ménages.
Seules les dolotières continuent de l'utiliser pour la
préparation du dolo uniquement.
Les plantations individuelles existent dans seulement 2,5% des
ménages. Ce taux représente ceux qui ont au moins 0,5 ha de
plantation. Si non, 28,75% des ménages enquêtés ont eu
à planter au moins un arbre cette année. Le nombre moyen d'arbres
plantés cette année est de 3 plants par ménage. Le
problème de ressources énergétiques ne se pose pas encore
avec acuité dans la zone. Certains paysans ne voient probablement pas la
nécessité de planter encore des arbres. Ils peuvent trouver du
bois et des PFNL dans les environs. Cette tendance est à renverser car
les ressources disparaissent au fur et à mesure de leurs utilisations
sans une régénération.
Graphique 4:Taux
d'adoption des techniques CES/DRS
Sources : données
d'enquête (Février - mars 2006)
#172; Analyse et comparaison par rapport aux villages
enquêtés
Yagho est le village où les ménages ont le plus
adopté la fosse fumière : 52,50% des enquêtés
du village. En effet, dans le programme d'activités de ce village, seul
ce volet a été financé par le PNGT2. La plus faible
adoption est constatée à Bourou (15% des personnes
enquêtées dans ce village). Ce village est un hameau de culture
donc composé de nombreux migrants. Les producteurs migrants sont
disséminés dans la zone tampon et ils hésitent
probablement de faire des investissements à caractère durable.
Lors de l'enquête dans ce village, on a constaté qu'aucun migrant
ne possédait la fosse fumière.
Les cordons pierreux sont plus appliqués à Banon
avec 45% des ménages du village. Ce village est confronté au
problème d'eaux de ruissellement qui lessivent ses terres du fait que
son terroir soit traversé par un affluent du Nazinon (PNGT2, 2004). Les
producteurs dans ce village ont donc un intérêt particulier pour
cette technique. Pour les cordons pierreux aussi, le faible taux est
noté à Bourou. Aucun ménage de ce village ne l'applique
(0%). Bourou est situé dans une plaine. Les risques d'érosion ne
sont pas encore menaçants. Les ménages ne trouvent pas encore une
nécessité pour cette technique.
Les foyers améliorés sont plus utilisés
à Yagho avec 12,50% des ménages enquêtés du village.
Ceci s'explique aisément par le nombre élevé de
dolotières dans ce village par rapport aux autres. Aucun foyer
amélioré n'existe à Pighiri. On note l'absence de
dolotière dans ce village.
La possession de plantation individuelle est notée
à Pighiri avec 3% des ménages du village. A Bourou et à
Yagho, on note 0% de plantation individuelle. A Banon, les plantations
individuelles sont constatées dans 2,5% des ménages. Ces taux
dénotent une faible importance accordée à cette
activité (Graphique 5).
Graphique 5:
Comparaison des taux d'adoption des techniques CES/DRS des villages
Sources : Données d'enquête
(Février - mars 2006)
3.6.
L'engagement des ménages dans la conservation du parc
3.6.1.
Taux d'engagement global par critère
Le graphique 6 montre les proportions relatives aux
différents critères d'engagement. Il permet aussi de faire la
comparaison entre ceux qui se sont déjà engagés et ceux
qui ne le sont pas encore. L'analyse du graphique montre que c'est la
surveillance qui obtient le plus grand taux de participation (37,50%). On note
cependant que le taux des non participants à la surveillance est
supérieur à celui des participants.
Après la surveillance, vient la délimitation
avec 30% de participation. Ce faible taux peut s'expliquer par le fait que
Banon n'ait pas été invité aux travaux de
délimitation. L'association qui a fourni les plants n'y est pas
représentée.
La plantation d'arbres vient en troisième position avec
28,75%. Là aussi, le taux de ceux qui ont planté au moins un
arbre cette année est inférieur à celui des non planteurs.
Ce taux peut s'expliquer par le fait que le département de Pô est
une zone forestière.
Le critère qui a obtenu le plus faible taux
d'adhérents est l'investissement. Seulement 18,75% des ménages
ont un investissement positif. Ce résultat ne peut pas être
interprété comme un refus d'investir car il existe des
possibilités d'adopter les techniques CES/DRS sans dépenses
d'argent. La contribution peut se limiter à la main d'oeuvre familiale
car le PNGT 2 subventionne la réalisation des fosses fumières et
des cordons pierreux.
Globalement, les taux d'engagement par critère sont
faibles. Voyons plus en détail ces taux au plan village.
Graphique 6: Taux
d'engagement des riverains en fonction des critères
d'évaluation
Sources : Données d'enquête
(février - mars 2006)
3.6.2.
Comparaison des taux d'engagement des villages
Les villages riverains s'engagent différemment dans la
conservation de la forêt (graphique 7). Pighiri est le village qui
participe le plus à la délimitation du parc. Cette
activité a vu la participation de 47,5% des enquêtés de
Pighiri. Ceci n'est pas étonnant car c'est ce village qui a obtenu le
marché de bornage du parc avec des dalles. Lors de l'enquête, les
dalles étaient prêtes mais les activités de bornage
n'avaient pas commencé. Yagho et Bourou ont participé à
des taux respectifs de 45% et 27,5%.
Bien que Banon n'ait pas participé à la
délimitation qui se fait par des plantations d'arbres dans la zone
tampon, il a le taux le plus élevé en matière de
plantation individuelle : 37,5% de ses ménages ont eu à
planter au moins un arbre cette année. Le plus faible taux de plantation
privée d'arbres est noté à Bourou (17,5%). Yagho et
Pighiri ont des taux identiques de 30%.
Yagho est plus disposé à la surveillance du parc
(47,50%). Il est suivi par Banon avec 45% des enquêtés du village.
Bourou et Pighiri participent respectivement de l'ordre de 15% et 42,5%. Le
résultat obtenu à Yagho peut se justifier par le fait que ce
village ait une autorité traditionnelle sur les villages qui lui sont
voisins.
Le plus fort taux d'investissement positif dans les techniques
d'intensification de la production est relevé à Bourou (45% des
enquêtés du village). Ce résultat s'explique par le fait
qu'on ait intégré les dépenses pour l'utilisation des
engrais dans la codification de l'investissement. Bourou est le village qui
utilise le plus d'engrais. Il est suivi par Pighiri (15%). Yagho et Banon ont
des taux d'investissement positif respectifs de 10% et 5%.
Graphique 7:
Comparaison de l'engagement des villages
Sources : Donnée d'enquête
(Février - mars 2006)
3.6.3.
Contraintes entravant l'engagement
#172; Le taux d'investissement positif pour l'adoption des
techniques CES/DRS est
faible. Les raisons avancées par les producteurs sont
le manque de moyens (34,38%), le désintérêt (13,75%), les
travaux sont pénibles (21,25%), ou l'ignorance (18,75%). Outre les
raisons avancées par les ménages, la zone d'étude est
relativement arborée et assez propice aux activités agricoles.
Les producteurs ne voient probablement pas la nécessité d'adopter
ces techniques modernes qui leurs coûteront (en terme financier) plus
chère que leur système traditionnel de production. En plus, la
réalisation des fosses fumières et des cordons pierreux est
fortement subventionnée par le PNGT2.
#172; Selon les ménages riverains, il existe cinq
difficultés majeures du mode de
surveillance actuelle. Certains ménages affirment
qu'ils peuvent ne pas participer à la surveillance ou ne participent pas
à la surveillance à cause de l'insécurité qui y
règne. Cette difficulté a été relevée par
18,12% des ménages enquêtés. Ils sont rejoints par 7,50% de
l'échantillon qui estiment qu'on doit les armer pour qu'ils puissent
faire ce travail.
Après l'insécurité, c'est le fait que le
PAGEN ait choisi un seul individu par village pour jouer ce rôle. 16,25%
de l'échantillon estiment que cette politique peut compromettre la
surveillance du parc par les riverains. Le fait qu'il y ait un responsable
(dont le déplacement est assuré par un vélo et la
sécurité une arme), les autres membres du village peuvent ne pas
l'accompagner dans l'exercice de ses activités. Les riverains exigeaient
entre autre des récompenses financières. On a ceux qui disent
qu'ils sont éloignés du parc (6,25% de citation) et qu'il leur
faut des vélos ou des motos.
#172; Les termites et le statut de migrants sont les
difficultés majeures de plantation
d'arbres dans la zone d'étude. Ils ont tous les deux un
taux de citation de 35%. Le problème d'eau est signalé par 32,50%
des enquêtés. Il s'agit ici de point d'eau permanent qui puisse
permettre la réalisation des pépinières. Le jardin
polyvalent de Pighiri n'a pas encore vu le jour à cause de ce
problème.
Les feux de brousse constituent des menaces pour les plants.
Les plantations communautaires de Yagho, Bourou et Pighiri sont parties en
feux. Ils ne subsistent que quelques plants en mauvais états.
Les coûts des plants et leur entretien peuvent
réduire le nombre de plants mis sous terre par un ménage.
Certains ménages estiment que la période de plantation
coïncide généralement avec les moments de soudure et qu'ils
préfèrent acheter à manger que de payer des plants. On
note que les prix unitaires des plants varient de 50 F à 500 F selon
l'espèce.
3.6.4.
Mode de surveillance préconisé par les riverains
Au regard des difficultés de surveillance
énumérées plus haut, certains ménages n'ont pas
hésité à faire des propositions. Les riverains
préconisent qu'on implique un nombre assez élevé de
surveillants par village. Les uns ont avancé les chiffres de 5 personnes
pendant que d'autres préfèrent 10 personnes. Ces surveillants
doivent être formés, payés et armés. Leurs
déplacements doivent être assurés. Les riverains estiment
que le pâturage dans le parc est le principal facteur de
dégradation des ressources forestières. Ils préconisent de
délimiter des pâturages et de créer de points d'eau
permanents. Le manque de points d'eau permanent combiné à
l'insuffisance des pâturages conduisent les peul à trouver refuge
dans le parc. Lors de l'enquête, on a constaté que des troupeaux
de boeufs sont parqués dans la forêt. Les peul ne gardent dans
leur campement que quelques vaches mères pour les besoins quotidiens en
lait. Ils justifient leur comportement par le fait qu'il n'existe pratiquement
pas de point d'eau d'abreuvement que si ce n'est dans le Nazinon qui se trouve
dans le parc.
3.7.
Estimation économétrique de l'engagement
Les résultats des estimations
économétriques sont résumés dans le tableau 7. Avec
les difficultés d'interprétation directe des paramètres
estimés, on n'a reporté que l'exponentiel de ces
paramètres qui offrent une interprétation beaucoup plus
aisée. Les estimations du modèle pour chaque critère sont
disponibles en annexes (annexe 5). La première colonne du tableau
n°7 indique les variables explicatives, la seconde les exponentiels des
paramètres associés aux variables censées expliquer la
surveillance, la troisième colonne ceux pour la délimitation, la
quatrième colonne représente ceux de la plantation et la
cinquième colonne ceux de l'investissement.
Tableau 7: Les exponentiels des
paramètres estimés du modèle.
Variables
|
Critères d'engagement
|
surveillance
|
délimitation
|
plantation
|
investissement
|
sexe
|
2,250
|
11,247*
|
0,530
|
0,838
|
age
|
0,995
|
0,554
|
1,437
|
0,279*
|
mlt
|
2,676**
|
9,221***
|
1,148
|
1,266
|
nfr
|
1,735***
|
1,696***
|
1,562***
|
0,741
|
dist
|
0,267***
|
2,791**
|
0,307***
|
2,760*
|
inst
|
1,213*
|
1,239*
|
1,035
|
1,098
|
tm
|
-
|
1,047
|
1,077
|
-
|
nham
|
1,115
|
-
|
-
|
0,605**
|
nfam
|
-
|
-
|
-
|
1,378
|
stc
|
-
|
-
|
1,635***
|
1,546**
|
as
|
0,458
|
-
|
2,760*
|
-
|
rel
|
0,686
|
-
|
-
|
-
|
velo
|
1,596
|
-
|
-
|
-
|
npj
|
1,292
|
-
|
-
|
-
|
credit
|
-
|
-
|
-
|
1,000***
|
constant
|
0,046***
|
0,001***
|
0,067***
|
0,086**
|
|
|
|
|
|
R2 (Nagelkerke)
|
0,36
|
0,47
|
0,32
|
0,49
|
-2 Log vraisemblance
|
163,00
|
131,39
|
151,46
|
97,13
|
Khi carré
|
48,70***
|
64,09***
|
40,51***
|
57,30***
|
% de bonne prédiction
|
76,30
|
81,90
|
78,80
|
88,10
|
*** : significatif à 1%
** : significatif à 5%
* : significatif à 10%
- : variable non incluse dans la régression
3.7.1.
Qualité de l'ajustement du modèle
La performance du modèle est acceptable pour les quatre
régressions obtenues. Le pseudo R2 (de Nagelkerke) est
acceptable pour les quatre régressions (tableau n°7). On note que
plus sa valeur est élevée, plus le pouvoir explicatif du
modèle est fort. La comparaison entre les variables observées et
celles prédites (Annexe n°4) indique que le modèle
prédit de manière satisfaisante la volonté d'engagement
des ménages. Le modèle prédit correctement :
Ø 76,30% des observations pour la surveillance (annexe
n°4-1),
Ø 81,90% des observations pour la
délimitation (annexe n°4-2);
Ø 78,80% des observations pour la plantation
individuelle d'arbres (annexe n°4-3) ;
Ø 88,10% des observations pour l'investissement (annexe
n°4-4).
La moins double log vraisemblance (-2LL) est de 163 pour la
surveillance, 131,39 pour la délimitation, 97,13 pour l'investissement
et 151,46 pour la plantation donnant respectivement des khi carré de
48,70 ; 64,09 ; 57,30 et 40,51 tous significatifs à un niveau
de moins de 1%.
En somme, ces résultats suggèrent que le
modèle économétrique préconisé répond
de manière très acceptable aux données utilisées
dans cette recherche.
3.7.2.
Test de signification individuelle des coefficients
La signification statistique des coefficients de
régression est estimée à partir de la statistique de Wald
par la méthode de vraisemblance maximale. La statistique de Wald a
permis de tester l'hypothèse nulle que la variable explicative
considérée ne contribue pas individuellement à expliquer
les variations de la variable dépendante contre l'hypothèse
alternative que sa contribution est significativement différente de
zéro (tableau 7).
L'analyse du tableau 7 donne quatre (4) déterminants de
participation à la surveillance que sont le nombre de formations
reçues, la distance, le militantisme dans un GGF et le niveau
d'instruction.
Les déterminants de participation à la
délimitation du parc sont au nombre de cinq (5) : le sexe masculin,
le militantisme dans un groupement de gestion forestière, le nombre de
formations reçues, la distance, le niveau d'instruction.
Il est possible que la plantation individuelle d'arbres soit
influencée par quatre (4) variables que sont le nombre de formations
reçues, la superficie totale des champs du ménage,
l'activité secondaire et la distance.
L'investissement est probablement influencé par cinq
(5) variables que sont l'accès au crédit, le nombre de formations
reçues, la distance, l'âge et la superficie totale des champs du
ménage.
3.7.3.
Interprétation économique des coefficients
Le problème avec le modèle logit est que les
coefficients des variables indépendantes ne sont pas directement
interprétables. Leur effet s'applique au logit et non aux
probabilités (Lamari et al. 2001). La seule information directe
facilement utilisable est le signe des coefficients estimés (tableau 9).
Un signe moins (-) indique que la variable associée influence
négativement la probabilité de s'engager dans un programme de
conservation de la forêt. Un signe plus (+) indique que la variable
exogène influence positivement la probabilité de s'engager.
En revanche, l'exponentiel des paramètres offre une
interprétation plus aisée (http://christophe.benavent.free.fr).
C'est un coefficient qui mesure l'impact sur la probabilité suite
à une augmentation d'une unité de la variable continue
associée. Ainsi, si est supérieur à 1, cela signifie que la
probabilité croît de fois suite à une augmentation d'une unité de la variable
associée. A contrario, si le coefficient est inférieur à 1, la probabilité baisse de fois suite à une augmentation d'une unité de la variable
exogène (Lamari et al. 2001).
Dans la même veine, si la variable explicative est
dichotomique, l'exponentiel du
coefficient mesure le changement dans la probabilité
associée au changement dans la variable en question.
On note cependant que les signes des coefficients
estimés et varient dans le même sens. Si est inférieur à 1, le coefficient associé est
négatif. Dans le cas contraire, il est positif.
Tableau 8 :
Formes fonctionnelles empiriques des variables dépendantes
Variables explicatives
Critères
|
sexe
|
âge
|
mlt
|
nfr
|
dist
|
inst
|
tm
|
stc
|
as
|
nham
|
nfam
|
crédit
|
npj
|
rel
|
vélo
|
Logit
(surveillance)
|
-0,01
|
0,81
|
0,98
|
0,55
|
-1,32
|
1,93
|
|
|
-0,78
|
0,11
|
|
|
0,26
|
-0,38
|
0,47
|
Logit
(délimitation)
|
2,42
|
-0,60
|
2,22
|
0,53
|
1,32
|
0,21
|
0,05
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Logit
(plantation)
|
-0,63
|
0,36
|
0,14
|
0,45
|
-1,12
|
0,03
|
0,07
|
0,50
|
1,01
|
|
|
|
|
|
|
Logit
(investissement)
|
-0,18
|
-1,23
|
0,24
|
-0,30
|
1,01
|
0,10
|
|
0,44
|
|
- 0,50
|
0,32
|
0,00
|
|
|
|
Si les signes des paramètres associés aux variables
exogènes sont connus, quelles interprétations peut on faire de
leur exponentiel ?
Ø La participation à la surveillance du
parc
Nombre de formations reçues (signe attendu
+ ; signe obtenu +) : le nombre de formations reçues
influence positivement la probabilité de participation à la
surveillance. Il s'agit d'un effet attendu car les formations visent une
meilleure protection et conservation du parc. L'augmentation d'une unité
du nombre de formations reçues par un ménage accroît sa
probabilité de participation à la surveillance de 1,73 fois en
moyenne.
Distance (signe attendu + ; signe obtenu
-) : elle est codée sous forme binaire. Elle prend la
valeur 1 si le ménage se trouve dans les villages situés dans la
zone tampon du parc et 0 si non. Le résultat obtenu n'est cependant pas
étonnant car selon Yelkouni (2004), il est difficile voire impossible
d'empêcher un riverain d'accéder à la forêt pour
bénéficier des biens et des services qu'elle offre. La
méfiance mutuelle peut justifier la faible participation des plus
proches à la surveillance du parc. Les ménages situés dans
la zone tampon ont une probabilité de participation à la
surveillance de 0,26 fois en moyenne moins forte que celle des ménages
éloignés.
Militant (signe attendu + ; signe obtenu
+) : elle est codée sous forme binaire (1 si le chef de
ménage est membre d'un GGF et 0 si non). Le résultat obtenu est
donc normal car on s'attendait effectivement à ce que les membres de GGF
participent davantage à la surveillance du parc. Les ménages qui
militent dans un groupement de gestion forestière ont une
probabilité de participation à la surveillance de 2,67 fois en
moyenne plus forte que celle des non militants.
Nombre d'années d'alphabétisation (signe
attendu + ; signe obtenu +) : le résultat obtenu
montre que plus on est instruit, plus on participe davantage à la
surveillance du parc. Ce résultat est normal car en
général, les alphabétisés ont un degré de
compréhension plus élevé que les analphabètes. Une
année d'instruction supplémentaire accroît la
probabilité de participation à la surveillance de 1,21 fois en
moyenne.
Ø La participation à la
délimitation du parc
Sexe (signe attendu + ; signe obtenu
+) : elle prend la valeur 1 si homme et 0 si femme. Le signe plus
obtenu est conforme au résultat attendu. Ce qui confirme le rôle
primordial des hommes dans la délimitation du parc. La
probabilité de participation des hommes à la délimitation
du parc est en moyenne 11,25 fois plus forte que celle des femmes.
Militant (signe attendu + ; signe obtenu +)
: le fait d'être membre d'une association de gestion
forestière influence positivement la participation à la
délimitation du parc. Par rapport aux non militants, la
probabilité d'engagement des militants dans la délimitation du
parc est en moyenne 9,22 fois plus forte. Ce résultat est normal car ce
sont les associations de gestion forestière qui organisent en
général les travaux de délimitation du parc.
Nombre de formations reçues (signe attendu
+ ; signe obtenu +) : le nombre de formations reçues
influence à la hausse la probabilité pour qu'un ménage
riverain s'engage dans la conservation du parc à travers sa
délimitation. Une séance de formation supplémentaire
accroît la probabilité de participation d'un ménage
à la délimitation du parc de 1,70 fois en moyenne. Ce
résultat encourage la formation des riverains qui a un effet positif sur
la conservation de la forêt.
La distance (signe attendu + ; signe obtenu
+) : elle est codée sous forme binaire (1 si le
ménage se trouve dans les villages situés dans la zone tampon du
parc). Elle influence positivement la probabilité de participation
à la délimitation du parc. La probabilité de participation
à la délimitation des ménages situés dans la zone
tampon est en moyenne 2,80 fois plus forte que celle des ménages
éloignés. Ce résultat confirme l'analyse statistique qui
indiquait que les taux de participation à la délimitation dans
les villages les plus proches sont supérieurs à ceux des villages
éloignés.
Instruction (signe attendu + ; signe obtenu
+) : c'est le nombre d'années d'alphabétisation du
chef de ménage. Cette variable influence positivement la
probabilité de participation à la délimitation du parc.
Plus on est instruit, plus on prend conscience des problèmes de gestion
durable du parc et on s'engage davantage dans sa conservation. Une année
d'instruction supplémentaire du ménage accroît sa
probabilité de participation à la délimitation du parc de
1,24 fois en moyenne.
Ø La plantation individuelle d'arbres
Nombre de formations reçues (signe attendu
+ ; signe obtenu +) : le résultat obtenu est conforme
au résultat attendu. Le but des formations est d'amener les riverains
à une gestion sans contraintes et volontaire du parc. Une formation
supplémentaire reçue par un ménage augmente sa
probabilité de plantation d'au moins un arbre de 1,56 fois.
Distance (signe attendu + ; signe obtenu
-) : comme pour la surveillance, elle a un impact négatif
sur la plantation. On se disait que les interdictions de coupe de bois dans le
parc allaient influencer positivement la plantation d'arbres dans les villages
les plus proches. L'analyse économétrique nous dit le contraire.
Les ménages situés dans la zone tampon ont une probabilité
de plantation d'arbre de 0,31 fois en moyenne moins faible que les
ménages éloignés du parc. Selon Gbangou (2005), le parc
est la principale source d'approvisionnement en PFNL et en bois pour les
villages riverains. Les ménages les plus proches du parc ne voient donc
pas la nécessité de planter des arbres pour des besoins
énergétiques ou autres qu'ils peuvent satisfaire directement dans
la forêt.
Superficie totale des champs (signe attendu + ;
signe obtenu +) : le résultat obtenu est conforme au
résultat attendu. Généralement, les plantations d'arbres
sont des signes d'appropriation de terres. Les ménages qui ont une
grande superficie de terrain auront tendance à planter des arbres pour
confirmer leur propriété. L'augmentation d'un ha de la superficie
totale des champs d'un ménage accroît sa probabilité de
plantation d'arbres de 1,64 fois.
Activité secondaire (signe attendu + ;
signe obtenu +) : les maraîchers sont
généralement des pépiniéristes. Il est donc normal
que les maraîchers plantent davantage des arbres. Les maraîchers
ont une probabilité de plantation d'au moins un arbre de 2,76 fois en
moyenne que ceux qui s'adonnent à d'autres activités
secondaires.
Ø L'investissement
Age (signe attendu - ; signe obtenu
-) : le signe moins obtenu révèle que le fait
d'avoir un âge supérieur à 45 ans a un impact
négatif sur l'investissement. La probabilité d'investir dans les
techniques CES/DRS des personnes âgées est en moyenne 0,28 fois
moins faible que celle des jeunes. Le résultat obtenu infirme celui de
Compaoré (1997).
Distance (signe attendu + ; signe obtenu
+) : elle prend la valeur 1 si le ménage se situe dans la
zone tampon. Elle a un impact positif sur l'investissement. La proximité
du parc cause des difficultés d'extension des champs. Il est donc normal
que les riverains investissent dans les techniques de production intensive. Les
ménages situés dans la zone tampon ont une probabilité
d'investir dans les techniques de production de 2,76 fois plus forte que celle
des ménages situés hors de la zone tampon.
Superficie totale des champs (signe attendu + ;
signe obtenu +) : on se dit que plus un ménage a un grand
champ, plus il mettra de moyens pour son entretien. Le résultat obtenu
est donc normal. Un ha supplémentaire de terre agricole accroît
la probabilité d'investir dans les techniques CES/DRS de 1,54 fois.
Crédit (signe attendu + ; signe obtenu
neutre) : il s'agit des prêts reçus par les
ménages pour la production. Les ménages reçoivent des
prêts dans le cadre de la production cotonnière. La variable
crédit n'a pas d'effet sur l'investissement pour l'adoption des
techniques CES/DRS. Ce résultat peut s'expliquer du fait que les
prêts reçus ne soient généralement pas
affectés là où ils devaient l'être.
Nombre d'hommes actifs (signe attendu + ; signe
obtenu -) : La contribution des ménages dans la
réalisation des cordons pierreux et des fosses fumières se
limitent généralement à la main d'oeuvre familiale. Les
ménages qui ont un grand nombre d'hommes valides ont plus de chances de
ne pas dépenser directement de l'argent pour l'adoption des techniques
CES/DRS. Un homme actif supplémentaire dans un ménage abaisse sa
probabilité d'investir dans les techniques CES/DRS de 0,60 fois en
moyenne.
3.7.4.
Implications économétriques de l'étude
A l'issu de l'analyse économétrique, quelques
implications peuvent en être tirées :
? La surveillance de la forêt
Les populations riveraines peuvent participer à la
surveillance du parc. Cela nécessitera des formations et
l'alphabétisation des populations locales. Ces deux variables sont
positivement liées à la surveillance du parc. Elles sont
respectivement significatives à 1% et à 10%. La possession de
vélo par un ménage influencerait positivement la surveillance
mais non significative statistiquement. Les membres de Groupement de Gestion
Forestière (GGF) participent davantage à la surveillance de la
forêt. La variable militant est significative à 5%. Ce
résultat est normal car il traduit la base de l'existence des GGF.
? La délimitation de la forêt
Les résultats économétriques montrent
qu'il est possible de faire participer les ménages riverains à la
délimitation de la forêt. Les mesures d'accompagnement pourront
être la formation et l'alphabétisation. Ces deux variables sont
positivement liées à la délimitation. Elles sont
respectivement significatives au seuil de 1% et de 10%. Les membres de GGF
jouent un grand rôle dans la délimitation du parc. La variable
militant est positivement corrélée à la
délimitation. Elle est significative à 1%.
? La plantation privée d'arbres
Les résultats économétriques montrent
qu'on peut espérer voir les ménages riverains du PNKT planter des
arbres en privé. Le nombre de formations reçues et le
maraîchage influencent positivement la plantation privée d'arbres.
Ces deux variables sont respectivement significatives à 1% et à
10%.
? L'investissement dans les techniques
CES/DRS
Les personnes âgées investissent moins dans les
techniques CES/DRS. Il s'agit là d'un résultat attendu car en
général, les vieux n'aiment pas prendre de risques. L'ignorance
des retombées de leur investissement peut les conduire à ne pas
dépenser pour adopter des techniques CES/DRS. L'analyse
économétrique montre que présentement, ni la formation, ni
l'instruction ne permettent d'amener les populations locales à investir
dans les techniques CES/DRS. Ce résultat peut se justifier par l'octroi
de subvention par le PNGT2 pour la réalisation des cordons pierreux et
les fosses fumières.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
L'objectif du présent sujet d'étude était
de prédire la volonté des ménages riverains du Parc
National Kaboré Tambi à s'engager dans sa conservation. Une
enquête réalisée auprès de 160 ménages
riverains a permis de constituer une base de données utilisée
dans la recherche. L'étude a permis d'identifier 10 variables
susceptibles d'influencer la probabilité d'engagement des riverains. On
rappelle que l'engagement est mesuré par quatre critères que sont
la plantation individuelle d'arbres, l'investissement pour l'adoption des
techniques CES/DRS, la participation à la délimitation et
à la surveillance du parc.
Spécifiquement, le nombre de formations reçues,
le fait d'être membre d'un groupement de gestion forestière et le
niveau d'alphabétisation influencent positivement la probabilité
de participation des ménages à la surveillance du parc. Par
contre, la distance influence négativement cette probabilité.
Les variables sexe (homme), militant, nombre de formations
reçues, distance et instruction ont un impact positif sur la
participation des ménages à la délimitation du parc. On ne
note aucune variable qui influencerait négativement cette
participation.
Les variables nombre de formations reçues,
activité secondaire et superficie totale des champs ont un effet positif
sur la plantation privée d'arbres. La variable distance a, au contraire,
un impact négatif sur la plantation privée d'arbres.
Les variables distance et superficie totale des champs
influencent positivement la probabilité d'investir dans les techniques
CES/DRS. A contrario, les variables âge et nombre d'hommes actifs dans le
ménage influencent négativement la probabilité d'investir
dans les techniques CRS/DRS. La probabilité d'investir dans les
techniques CES/DRS est indépendante du prêt reçu
(crédit).
En somme, ces résultats permettent de confirmer la
troisième hypothèse de l'étude. Les déterminants
probables de l'engagement sont donc : le nombre de formations
reçues, le crédit, le nombre d'hommes actifs du ménage, le
niveau d'instruction du chef de ménage, l'âge, le sexe,
l'activité secondaire, le fait d'être membre d'un GGF, la
superficie totale des champs du ménage et la distance qui sépare
la concession du ménage au parc.
Par ailleurs, les analyses statistiques permettent aussi de
confirmer la première et la deuxième hypothèse de
recherche. Les taux de connaissance des règles de gestion du parc sont
globalement faibles. L'engagement des populations riveraines varie selon les
villages d'étude.
Quoique les résultats semblent tangibles, il faudrait
toutefois rester prudent quant à leurs exploitations. La
méthodologie peut renfermer des biais pouvant affecter les
résultats. Point et Desaigues (1993) distinguent trois types de
biais : les biais liés à l'échantillon, au
système de questionnaire et au comportement de l'individu. Pour cette
étude, on peut ajouter les biais pouvant résulter de
l'interprétation lors de la collecte des données et ceux
liés à la zone d'étude qui est une zone à forte
migration.
En dépit de ce constat, les résultats obtenus
permettent de faire quelques recommandations pour une bonne gestion du
parc :
Pour une bonne participation des riverains à la
surveillance du parc
Ø Impliquer davantage les populations riveraines dans
la conservation du parc.
L'implication des populations peut se faire par un transfert
total des pouvoirs de décision aux autorités villageoises (chef
de terre, chef de village, groupement de gestion forestière,...) tout en
ayant un droit de regard pour le respect du cahier des charges ;
Ø Renforcer la formation des riverains. Cette variable
a un impact positif sur la
gestion du parc. Des séances de formation ou de
sensibilisation pourront être organisées
régulièrement. Les sensibilisations par les ondes radios
permettent de sensibiliser un grand nombre de personnes. Il est probable que le
contact avec les animateurs ait un impact important sur l'engagement des
populations dans la surveillance du parc. La construction des centres de
formation serait donc un atout.
Pour une bonne participation des populations
riveraines au renforcement des limites du parc
#172; Encourager le militantisme des populations locales dans
les groupements de
gestion forestière. On pourra mener des campagnes de
mobilisation des populations locales à travers des séances de
vidéo débats ;
#172; Impliquer tant que possible tous les villages riverains
à la délimitation du parc. Les
villages qui ne participeront pas à la
délimitation peuvent ne pas se sentir concerner par la reconnaissance
des limites du parc ;
#172; Mettre en place les Commissions inter-villageoises de
gestion de terroirs.
Pour les plantations privées
d'arbres
· Sensibiliser les riverains. On cherchera à
convaincre les riverains que si des
mesures alternatives ne sont pas trouvées pour
maîtriser les pressions sur le parc, il disparaîtra un jour et que
le plus grand perdant serait d'abord les riverains ;
· Soutenir et encourager les pépinières
dans les villages riverains.
Pour l'investissement dans les techniques
CES/DRS
§ Expliquer davantage les avantages des techniques
CES/DRS aux populations
Riveraines ;
§ Amener les producteurs à investir dans les
techniques CES/DRS en accordant par
exemple des primes à ceux qui se montreront volontaires
à les appliquer convenablement. L'analyse économétrique
montre que l'octroi de crédit n'a pas d'effet sur l'investissement.
En définitive, on peut noter que la gestion durable du
parc n'est pas un simple jeu de mots mais un véritable enjeu entre les
décideurs et les populations riveraines qui peuvent avoir des
compréhensions parfois divergentes. Pour les uns, à quoi
servirait le parc s'il n'est pas en mesure de satisfaire leurs besoins
vitaux ? et pour les autres, quel avenir pour la forêt si son
rôle de pourvoyeuse de ressources doit entraîner sa
disparition ? Voici en substance en quoi est confronté le PNKT
aujourd'hui. Une solution possible pour concilier les deux positions est
d'aboutir à une exploitation rationnelle des ressources
forestières.
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Thèse pour le Doctorat en Sciences économiques. Faculté
des sciences Economiques et de Gestion (CERDI), 301 p.
ANNEXES
Annexe 1:
questionnaire d'enquête.
Questionnaire
Fiche N°.........
Date..........................;
Enquêteur............................... ;
Village....................
I. Les caractéristiques du
ménage.
A. Identification
1.Nom et prénom du
répondant.............................................
Sexe............ âge.................
Ethnie................... Religion.................
2. Situation matrimoniale : Polygame /_/ monogame /_/
veuf (veuve) /_/ divorcé /_/
célibataire
/_/ autre /_/
3. Origine du ménage : migrant /_/
autochtone /_/
B) Caractéristiques
socio-démographiques du ménage
1. Niveau d'instruction du chef du ménage : aucun /_/
primaire /_/ secondaire /_/
supérieur /_/
2. Nombre de personnes permanentes vivant dans le
ménage...............
Homme actifs(15-70 ans)..............femmes actives(15-70
ans)........................
Adultes non actifs : hommes (+70
ans).................femmes (+70 ans)............
Enfants (-15 ans) : garçons..............
Filles................
C) Caractéristiques
socio-économiques du ménage
1. Activité principale du
ménage............ .........activité
secondaire................
2. Quelle est la quantité de vivre produit cette
année et leur valeur monétaire
vivre
|
mil
|
sorgho
|
riz
|
arachide
|
haricot
|
Maïs
|
igname
|
Quantité récoltée
|
|
|
|
|
|
|
|
Valeur monétaire
|
|
|
|
|
|
|
|
Consommation journalière
|
|
|
|
|
|
|
|
3. Le revenu du ménage procuré par l'agriculture
4. Quelle est la superficie totale de vos champs ?
5. Quel est le nombre d'ha sous jachère ?
6. Avez-vous du bétail ?
Bétail
|
bovins
|
ânes
|
moutons
|
chèvres
|
chevaux
|
volaille
|
autre
|
Nombre
|
|
|
|
|
|
|
|
Valeur monétaire
|
|
|
|
|
|
|
|
7. Combien d'animaux de trait possédez-vous ?
8. Type de combustible utilisé par le ménage
Bois /_/ charbon /_/ gaz /_/ pétrole /_/ résidu
agricole /_/
9. Mode de production du feu
Bouteille à gaz /_ / foyer amélioré /_/
foyer traditionnel /_/
10. Nombre de préparation par jour dans le
ménage
11. Mode de procuration du bois
Coupe /_/ ramassage /_/ achat /_/ autre /_/
12. Lieu de procuration du bois
Marché/_/ jachère /_/ forêt /_/ autre /_/
13. Mode de transport du bois
Charrette /_/ vélo /_/ tête /_ / autre /_/
14. Prenez-vous des emprunts ? Oui /_/ non /_/
15. Si oui, quel est le montant total emprunté depuis
2000 ?
16. Avec quelle structure prenez-vous des emprunts ?
D) Inventaire de l'équipement du
ménage.
1. Type de construction de la maison principale : case /_/
Tôle /_/ Hutte /_/ autre/_/
2. Possédez-vous l'un des biens suivants ?
Vélo /_/ mobylette /_/ Charrette /_/
Charrue /_/ Tracteur
/_/ radio /_/
Voiture bâche /_/ autre /_/
II. Adoption des techniques de conservation / protection
de l'environnement.
1. Quelles sont les nouvelles technologies recommandées
dans le cadre de la conservation de la forêt ?
2. Quelles sont celles que vous avez adoptées ?
3. Qui est à l'origine de cette adoption ?
4. Quels sont les avantages des techniques que vous avez
adoptées ?
5. Quels sont les inconvénients de ces
techniques ?
6. Quel est le montant de l'investissement pour chaque technique
que vous avez adopté ?
7. Quelles sont les techniques que vous avez
abandonnées ?
8. Pourquoi avez-vous abandonné ces techniques ?
9. Quelles sont les activités que vous faites qui
participent à la protection / conservation de la forêt ?
10. Citez ce qui peut être fait pour préserver la
forêt
11. Selon vous, quel peut être l'impact d'une bonne gestion
de la forêt ?
12. Existe -t-il des interdits dans la forêt
(traditionnellement parlant) ?
oui /_/ non /_/
Si oui, lesquels ?
Pourquoi ces interdits ?
III. La surveillance de la
forêt
1. Comment la surveillance est faite
dans votre communauté ?
2. Participez-vous à cette surveillance ?
oui /_/ non /_/ temps consacré
3. Comment ?
4. peut-on bien gérer et conserver la forêt sans
avoir recours à la surveillance ?
5. Quelles sont les difficultés soulevées par le
mode de surveillance actuel?
6. Quelles solutions proposez vous?
III. Perception de la dégradation de
l'environnement
1. Quels sont les besoins qui peuvent vous amenez à
fréquenter la forêt ?
PFNL /_/ bois /_/ culture /_/ pâturage /_/ travaux
d'aménagement /_/ autre /_/
2. Comment percevez-vous le rythme de dégradation de la
forêt ?
lente /_/ rapide /_/ pas de dégradation /_/
régénération /_/
3. Combien êtes-vous prêt à payer par mois ou
par an pour avoir accès sans contraintes à la forêt ?
4. Selon vous, qui doit gérer la forêt ?
Pourquoi ?
IV. Gestion de la forêt.
1. Selon vous, à qui appartient la forêt ?.
2. Quel est le mode de gestion actuelle de la
forêt ?
gestion communautaire /_/ gestion individuelle /_/ autre /_/
3. Qui est l'initiateur de la gestion actuelle de la
forêt ?
population locale /_/ leader du village /_/ Etat /_/ projet
/_/ autre /_/
4. Quels sont les avantages du mode de gestion actuelle ?
5. Quels sont les inconvénients?
6. Existe-t-il des travaux communautaires dans le village ?
oui /_/ non /_/
7. Qui est l'initiateur de ces travaux communautaires ?
chef du village /_/ population /_/ Etat /_/ projet /_/
8. Quel genre de travaux faites vous ?
aménagement de la forêt /_/ plantations
communautaires /_/ autre /_/
9. Dans votre ménage, qui participe aux travaux ?
Participants
|
Chef famille
|
épouses
|
garçons
|
filles
|
nombre
|
|
|
|
|
10. quelles sont les règles de gestion que vous
connaissez ?
11. Avez-vous participé à l'élaboration de
ces règles ? oui /_/ non /_/
si oui, comment s'est fait votre participation ?
12. Combien de temps avez-vous consacré à
l'élaboration de ces règles ?
13. Parmi toutes ces règles quelles sont celles qui vous
conviennent?
14. Quelles celles qui doivent être
révisées ?
15. Quels sont vos droits d'usage dans la forêt ?
16. Etes-vous un militant de groupement de gestion
forestière ? oui /_/ non /_/
17. Quel est le nombre des membres de votre groupement ?
18. Composition du bureau
Nom prénom
|
sexe
|
Age
|
Occupation dans le bureau
|
Education
(nombre d'années á l'école)
|
Statut dans le village
|
Profession
|
1
|
|
|
|
|
|
|
2
|
|
|
|
|
|
|
3
|
|
|
|
|
|
|
19. Comment les membres du bureau sont
désignés ?
20. Y a t- il une autre façon de les designer?
21. Jugez vous le mode actuel de scrutin transparent ? oui
/_/ non/_/
22. Comment les conflits lies á la gestion des forets sont
réglés ?
23. Y a t'il une autre façon de les résoudre ?
24. Peut-on résoudre les conflits sans passer par
l'association ? Pourquoi ?
25. Comment peut-on améliorer la gestion financière
actuelle de l 'association ?
26. Quel est le nombre de rencontre du groupement par
an ?
27. Quel est le montant de l'investissement pour le reboisement
du groupement cette année ?
28. Combien êtes vous prêt à payer
mensuellement ou par an pour avoir accès sans contrainte à la
forêt ?
29. Pensez-vous être dédommagé avec
satisfaction si on vous limitait d'avantage l'exploitation de la
forêt ?
30. Vous propose t'on des formations régulières en
gestion et conservation des forêts ? oui /_/ non /_/
Combien on été proposées cette
année ?
Combien de fois avez-vous participez ?
31. Combien avez-vous reçu d'argent ou de produit des
activités lucratives de la collectivité ?
32. Comment le partage est effectué ?
33. Etes-vous satisfaits de ce montant ou de ce produit ?
oui /_/ non /_/
34. Que représente ce montant par rapport au revenu total
des activités lucratives ?
35. Que représente ce montant par rapport a votre revenu
total?
36. Existe-t-il une zone de coupe de bois dans la
forêt ? oui /_/ non /_/
37. Existe-t-il des zones de pâture ? oui /_/ non
/_/
38. Ecoutez-vous souvent à la radio des informations
concernant la gestion des forêts ?
oui /_/ non /_/
A. Plantation des Arbres :
1. Peut on préserver et conserver la forêt sans
avoir planter des arbres? Oui /_/ non /_/
2. Y a t'il un programme et un plan collectif de plantation
d'arbre de votre comité ?
Décrire ce plan et les objectifs:
Est-il planifié par an ? oui /_/ non /_/
est-il régulier ( tous les ans) ?oui /_/ non /_/
Combien de fois a t'on planté des arbres cette
année?
Combien de fois avez vous participé ?
Combine d'arbres ont été plantés cette
année ?
Combien en avez vous plantés cette année à
titre individuel dans votre propriété ou ailleurs ?
3. Quelles sont les difficultés majeures de la plantation
des arbres
4. Quelles en sont les conséquences
5. Comment faire pour améliorer?
B. Nouvelles technologies
1. Quelles sont les nouvelles technologies recommandées
dans le cadre de la conservation des forêts ?
2. Quelles sont celles que vous avez adoptées?
3. Combien cela vous a t-il coûté ?
4. Quelles sont les difficultés engendrées par
l'usage des autres:
5. Combien dépensez-vous par an pour les pratiques de
protection des forêts ?
V. Données sur les infrastructures du
village
Infrastructures
|
Nombre
|
Nombre non fonctionnels
|
Barrages
|
|
|
Forages
|
|
|
Puits busés
|
|
|
Dispensaires
|
|
|
Routes principales
|
|
|
Banques de céréales
|
|
|
Structure épargne-crédit
|
|
|
Marché
|
|
|
Moulins
|
|
|
Parc de vaccination
|
|
|
Magasins aliment bétail
|
|
|
Autres
|
|
|
Nombre de forestiers
|
|
|
|
|
|
Radio locale
|
|
|
2. Quel est le nombre total de la population du village ?
3. Le village est-il enclavé ? oui /_/ non /_/
4. Quelle est la distance qui sépare le village au plus
grand marché ?
Annexe 2:
caractéristiques socio-économiques des bureaux CVGT.
Annexe n°2-1 : Récapitulatif
des caractéristiques des membres du bureau de la CVGT de Banon.
Caractéristiques du bureau
|
effectif
|
Pourcentage (%)
|
Genre
|
Hommes
|
15
|
88,23
|
Femmes
|
2
|
11,77
|
Origine
|
Autochtones
|
15
|
88,23
|
Migrants
|
2
|
11,77
|
Activité principale
|
Agriculture
|
15
|
88,23
|
Elevage
|
2
|
11,77
|
Instruction
|
Informelle
|
9
|
52,94
|
Ecole rurale
|
4
|
23,53
|
Primaire
|
3
|
17,65
|
Secondaire
|
1
|
5,88
|
Religion
|
Animiste
|
6
|
35,30
|
Chrétiens
|
8
|
47,05
|
Musulmans
|
3
|
17,65
|
Annexe n°2-2 : Récapitulatif
des caractéristiques des membres du bureau de la CVGT
de Bourou
Caractéristiques du bureau
|
effectif
|
Pourcentage (%)
|
Genre
|
Hommes
|
13
|
76,47
|
Femmes
|
4
|
23,53
|
Origine
|
Autochtones
|
13
|
76,47
|
Migrants
|
4
|
23,53
|
Activité principale
|
Agriculture
|
16
|
94,12
|
Elevage
|
3
|
5,88
|
Instruction
|
Informelle
|
13
|
76,47
|
Ecole rurale
|
0
|
0
|
Primaire
|
2
|
11,76
|
Secondaire
|
2
|
11,76
|
Religion
|
Animiste
|
13
|
76,47
|
Chrétiens
|
1
|
5,88
|
Musulmans
|
3
|
17,65
|
Annexe n°2-3 : Récapitulatif
des caractéristiques des membres du bureau de la CVGT de Pighiri.
Caractéristiques du bureau
|
effectif
|
Pourcentage (%)
|
Genre
|
Hommes
|
14
|
82,35
|
Femmes
|
3
|
17,65
|
Origine
|
Autochtones
|
7
|
41,18
|
Migrants
|
10
|
58,82
|
Activité principale
|
Agriculture
|
15
|
88,23
|
Elevage
|
2
|
11,77
|
Instruction
|
Informelle
|
12
|
70,60
|
Ecole rurale
|
4
|
23,52
|
Primaire
|
1
|
5,88
|
Secondaire
|
0
|
0
|
Religion
|
Animiste
|
3
|
17,65
|
Chrétiens
|
4
|
23,52
|
Musulmans
|
10
|
58,82
|
Annexe n°2-4 : Récapitulatif
des caractéristiques des membres du bureau de la CVGT de Yagho.
Caractéristiques du bureau
|
effectif
|
Pourcentage (%)
|
Genre
|
Hommes
|
14
|
82,36
|
Femmes
|
2
|
17,64
|
Origine
|
Autochtones
|
15
|
93,75
|
Migrants
|
1
|
6,25
|
Activité principale
|
Agriculture
|
16
|
100
|
Elevage
|
0
|
0
|
Instruction
|
Informelle
|
9
|
56,25
|
Ecole rurale
|
0
|
0
|
Primaire
|
5
|
31,25
|
Secondaire
|
2
|
12,5
|
Religion
|
Animiste
|
10
|
62,50
|
Chrétiens
|
5
|
31,25
|
Musulmans
|
1
|
6,25
|
Annexe 3:
récapitulatif des caractéristiques des bureaux de club
« Ga mo wigna ».
Annexe n°3-1: Récapitulatif des
caractéristiques des membres du bureau du club « Ga mo
wigna » de Bourou.
Caractéristiques du bureau
|
effectif
|
Pourcentage (%)
|
Genre
|
Hommes
|
2
|
66,67
|
Femmes
|
1
|
33,33
|
Origine
|
Autochtones
|
3
|
100
|
Migrants
|
0
|
0
|
Activité principale
|
Agriculture
|
3
|
100
|
Elevage
|
0
|
0
|
Instruction
|
Informelle
|
2
|
66,67
|
Ecole rurale
|
0
|
0
|
Primaire
|
0
|
0
|
Secondaire
|
1
|
33,33
|
Religion
|
Animiste
|
3
|
100
|
Chrétiens
|
0
|
0
|
Musulmans
|
0
|
0
|
Annexe n°3-2 : Récapitulatif
des caractéristiques des membres du bureau du club « Ga mo
wigna » de Pighiri.
Caractéristiques du bureau
|
effectif
|
Pourcentage (%)
|
Genre
|
Hommes
|
9
|
90
|
Femmes
|
1
|
10
|
Origine
|
Autochtones
|
2
|
20
|
Migrants
|
8
|
80
|
Activité principale
|
Agriculture
|
7
|
70
|
Elevage
|
3
|
30
|
Instruction
|
Informelle
|
6
|
60
|
Ecole rurale
|
2
|
20
|
Primaire
|
2
|
20
|
Secondaire
|
0
|
0
|
Religion
|
Animistes
|
2
|
20
|
Chrétiens
|
2
|
20
|
Musulmans
|
6
|
60
|
Annexe n°3-3 : Récapitulatif
des caractéristiques des membres du bureau du club « Ga mo
wigna » de Yagho.
Caractéristiques du bureau
|
effectif
|
Pourcentage (%)
|
Genre
|
Hommes
|
5
|
83,33
|
Femmes
|
1
|
16,67
|
Origine
|
Autochtones
|
5
|
83,33
|
Migrants
|
1
|
16,67
|
Activité principale
|
Agriculture
|
6
|
100
|
Elevage
|
0
|
0
|
Instruction
|
Informelle
|
2
|
33,33
|
Ecole rurale
|
0
|
0
|
Primaire
|
4
|
66,67
|
Religion
|
Animistes
|
5
|
83,33
|
Chrétiens
|
1
|
16,67
|
musulmans
|
0
|
0
|
Annexe 4 :
le pouvoir de prédiction du modèle.
Annexe n°4-1 : tableau de
classification pour la surveillancea.
Observé
|
Prévu
|
Surveillance
|
Pourcentage
correct
|
0
|
1
|
Etape1 Surveillance 0
1
Pourcentage global
|
86
|
14
|
86,0
|
24
|
36
|
60,0
|
|
|
76,3
|
a. La valeur de césure est 0,500
Annexe n°4-2 : tableau de
classification pour la délimitationa.
Observé
|
prévu
|
Délimitation
|
Pourcentage
correct
|
0
|
1
|
Etape1 Délimitation 0
1
Pourcentage global
|
103
|
9
|
92,0
|
20
|
8
|
58,3
|
|
|
81,9
|
a. La valeur de césure est 0,500
Annexe n°4-3 : tableau de
classification pour la plantationa.
Observé
|
Prévu
|
Plantation
|
Pourcentage
correct
|
0
|
1
|
Etape1 Plantation 0
1
Pourcentage global
|
104
|
10
|
91,2
|
24
|
22
|
47,8
|
|
|
78,8
|
a. La valeur de césure est 0,500
Annexe n°4-4 : tableau de
classification pour l'investissementa.
Observé
|
Prévu
|
Investissement
|
Pourcentage
correct
|
0
|
1
|
Etape1 Investissement 0
1
Pourcentage global
|
127
|
3
|
97,7
|
16
|
14
|
46,7
|
|
|
88,1
|
a. La valeur de césure est 0,500
Annexe 5:
résultats détaillés des régressions.
Annexe n°5-1 : variables dans
l'équation de la surveillance
Variables
|
B
|
E.S.
|
Wald
|
ddl
|
Sig.
|
Exp(B)
|
I.C. 95% pour Exp(B)
|
Inf.
|
Sup.
|
Sexe
|
0,811
|
0,922
|
0,775
|
1
|
0,379
|
2,250
|
0,370
|
13,697
|
Age
|
-0,005
|
0,470
|
0,000
|
1
|
0,992
|
0,995
|
0,396
|
2,502
|
Mlt
|
0,984
|
0,466
|
4,471
|
1
|
0,034
|
2,676
|
1,075
|
6,664
|
Nfr
|
0,551
|
0,156
|
12,402
|
1
|
0,000
|
1,735
|
1,277
|
2,357
|
Dist
|
-1,322
|
0,462
|
8,170
|
1
|
0,004
|
0,267
|
0,108
|
0,660
|
Inst
|
1,930
|
1,116
|
2,770
|
1
|
0,096
|
1,213
|
0,966
|
1,522
|
Nham
|
0,109
|
0,117
|
0,866
|
1
|
0;352
|
1,115
|
0,886
|
1,404
|
As
|
-0,781
|
0,678
|
1,329
|
1
|
0,249
|
0,458
|
0,121
|
1,728
|
Velo
|
0,468
|
0,687
|
0,463
|
1
|
0,496
|
1,596
|
0,415
|
6,137
|
Rel
|
-0,377
|
0,442
|
0,729
|
1
|
0,393
|
0,686
|
0,288
|
1,631
|
Npj
|
0,256
|
0,470
|
0,296
|
1
|
0,586
|
1,292
|
0,514
|
3,246
|
constant
|
-3,085
|
1,176
|
6,882
|
1
|
0,009
|
0,046
|
|
|
Annexe n°5-2 : variables dans
l'équation de la délimitation
Variables
|
B
|
E.S.
|
Wald
|
ddl
|
Sig.
|
Exp(B)
|
I.C. 95% pour Exp(B)
|
Inf.
|
Sup.
|
Sexe
|
2,420
|
1,357
|
3,181
|
1
|
0,074
|
11,247
|
0,787
|
160,671
|
Age
|
-0,590
|
0,,517
|
1,300
|
1
|
0,254
|
0,554
|
0,201
|
1,528
|
Mlt
|
2,221
|
0,679
|
10,692
|
1
|
0,001
|
9,221
|
2,436
|
34,917
|
Nfr
|
0,528
|
0,159
|
11,046
|
1
|
0,001
|
1,696
|
1,242
|
2,316
|
Dist
|
1,027
|
0,462
|
4,928
|
1
|
0,026
|
2,791
|
1,128
|
6,909
|
Inst
|
0,214
|
0,132
|
2,654
|
1
|
0,103
|
1,239
|
0,957
|
1,603
|
Tm
|
0,046
|
0,053
|
0,757
|
1
|
0,384
|
1,047
|
0,944
|
1,161
|
constant
|
-6,562
|
1,638
|
16,051
|
1
|
0,000
|
0,001
|
|
|
Annexe n°5-3 : variables dans
l'équation de la plantation
Variables
|
B
|
E.S.
|
Wald
|
ddl
|
Sig.
|
Exp(B)
|
I.C. 95% pour Exp(B)
|
Inf.
|
Sup.
|
Sexe
|
-0,634
|
0,777
|
0,666
|
1
|
0,415
|
0,530
|
0,116
|
2,433
|
Age
|
0,363
|
0,499
|
0,528
|
1
|
0,467
|
1,437
|
0,540
|
3,821
|
Mlt
|
0,138
|
0,509
|
0,073
|
1
|
0,787
|
1,148
|
0,424
|
3,109
|
Nfr
|
0,446
|
0,147
|
9,193
|
1
|
0,002
|
1,562
|
1,171
|
2,083
|
Dist
|
-1,179
|
0,476
|
6,146
|
1
|
0,013
|
0,307
|
0,121
|
0,781
|
Inst
|
0,034
|
0,112
|
0,094
|
1
|
0,759
|
1,035
|
0,831
|
1,289
|
Tm
|
0,074
|
0,051
|
2,131
|
1
|
0,144
|
1,077
|
0,975
|
1,189
|
Stc
|
0,492
|
0,155
|
10,032
|
1
|
0,002
|
1,635
|
1,206
|
2,217
|
As
|
1,015
|
0,633
|
2,572
|
1
|
0,109
|
2,760
|
0,798
|
9,548
|
constant
|
-2,698
|
0,880
|
9,402
|
1
|
0,002
|
0,067
|
|
|
Annexe n°5-4 : variables dans
l'équation de l'investissement
Variables
|
B
|
E.S.
|
Wald
|
ddl
|
Sig.
|
Exp(B)
|
I.C. 95% pour Exp(B)
|
Inf.
|
Sup.
|
Sexe
|
-0,176
|
1,204
|
0,021
|
1
|
0,883
|
0,838
|
0,079
|
8,878
|
Age
|
-1,275
|
0,706
|
3,257
|
1
|
0,071
|
0,279
|
0,070
|
1,116
|
Mlt
|
0,236
|
0,626
|
0,142
|
1
|
0,707
|
1,266
|
0,371
|
4,315
|
Nfr
|
-0,299
|
0,212
|
1,990
|
1
|
0,158
|
0,741
|
0,489
|
1,124
|
Dist
|
1,105
|
0,621
|
2,676
|
1
|
0,102
|
2,760
|
0,818
|
9,318
|
Inst
|
0,094
|
0,142
|
0,438
|
1
|
0,508
|
1,098
|
0,832
|
1,449
|
Nham
|
-0,502
|
0,255
|
3,861
|
1
|
0,049
|
0,605
|
0,367
|
0,999
|
Nfam
|
0,321
|
0,222
|
2,082
|
1
|
0,149
|
1,378
|
0,891
|
2,132
|
Stc
|
0,436
|
0,200
|
4,722
|
1
|
0,030
|
1,546
|
1,044
|
2,290
|
Credit
|
0,000
|
0,000
|
9,045
|
1
|
0,003
|
1,000
|
1,000
|
1,000
|
constant
|
-2,457
|
1,266
|
3,764
|
1
|
0,052
|
0,086
|
|
|
Cordons pierreux
|