CONCLUSION GENERALE / RECOMMANDATIONS
Cette étude a permis d'aborder la question liée
à la valorisation agronomique des excréta humains,
précisément dans le contexte agro-écologique du centre du
Burkina Faso. Les méthodes utilisées aussi bien en milieu paysan
qu'en milieu contrôlé ont permis de dégager les conclus
ions suivantes :
Les excréta humains sont très riches en
nutriments et permettent d'obtenir des rendements compétitifs à
ceux obtenus avec la fumure minérale en culture maraîchère
et céréalière. En culture d'aubergine, les urines sont
efficaces à une dose de 17185 litres ha-1. En culture de
maïs, les urines ne sont efficaces qu'à une dose forte de 61110
litres ha-1, alors que les fèces sont efficaces à une
dose de 980 kg ha-1. La combinaison des urines aux fèces
donne les meilleurs rendements du maïs car les urines rendraient plus
disponible le P des fèces par solubilisation. La formule en ce moment
pour le maïs (et les céréales de façon
générale) serait : 490 kg fèces ha-1 au labour
et 20370 litres urines ha-1 en fin de montaison.
Les urines n'améliorent pas de façon remarquable
le stock d'éléments nutritifs du sol et son acidité,
malgré leur pH basique. Les fèces par contre peuvent être
utilisés comme amendement, les urines comme engrais d'entretien.
Les éléments nutritifs des excréta
humains sont facilement utilisables par les plantes. En effet, le taux de
recouvrement de l'azote des urines est plus élevé que celui de la
fumure minérale. La combinaison des urines aux fèces permet un
meilleur taux de recouvrement du phosphore.
La valorisation agronomique des urines nécessite
impérativement une dilution à 100 % avec de l'eau. La dilution
diminue les odeurs et évite les brûlures des plants en
améliorant le pH et la formation de l'azote nitrique. On peut envisager
la dilution au moment de la collecte pour faciliter l'épandage.
Les excréta humains sont une source importante
d'éléments nutritifs et peuvent être utilisés pour
élever la productivité de nos sols qui sont pauvres en nutriments
majeurs. Les fèces par leur richesse surtout en phosphore (8 fois plus
riche que le fumier) peuvent pallier la carence en cet élément
constatée dans nos sols. En raison de leur valeur agronomique
très élevée, les fèces permettent de réduire
les doses de matière organique (fumier et compost) à apporter. Ce
qui facilite du même coup le transport au champ et résoud le
problème de la non disponibilité du fumier. En exemple, à
la dose de 6 t de fumier / ha recommandée pour la production du
maïs au Burkina Faso, on a l'équivalent de moins d'une tonne de
fèces / ha (980 kg / ha).
La valorisation agronomique des excréta humains
présente un intérêt double. Non seulem t elle permet
d'améliorer la productivité de l'agriculture, mais aussi leur
collecte
en
assainit le milieu et améliore le cadre de vie des
populations. Les populations, surtout vivant en zone rurale sont plus
vulnérables aux maladies liées au manque d'hygiène, ce qui
entrave leur revenu et constitue du même coup un obstacle au
développement de l'agriculture.
Dans le souci d'une agriculture durable, d'une
amélioration du cadre de vie des populations pour un
développement rural durable, les conclusions de cette étude
peuvent être intéressantes. Cependant, des investigati ons doivent
se poursuivrent afin de :
> étudier les possibilités d'utilisation des
excréta humains comme substrat de
compostage et les expérimenter aussi pour la
solubilisation des phosphates naturels ;
> étudier la combinaison des urines à l'engrais
minéral (urée et NPK) pour
pallier aux éventuels problèmes de
disponibilité des urines en quantité suffisante ;
> étudier la valeur nutritionnelle des produits
récoltés et l'impact des excréta humains sur la
microbiologie du sol ;
> déterminer le coût de production avec les
excréta humains ;
> l'homme étant au centre de toute action de
développement, il doit être pris
en compte dans la recherche ; pour ce faire, il faut
évaluer le degré d'acceptabilité des
principes et dimensions de ECOSAN en approfondissant l'approche
sociologique ;
> reconduire l'expérimentation sur les mêmes
parcelles afin de connaître les effets à long terme et les
arrières effets des excréta humains sur les sols
cultivés.
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