3.5.2.2- Discussion
L'ensemble des résultats obtenus montre que la teneur
en azote ammoniacal baisse au cours de l'incubation alors que celle de l'azote
nitrique augmente. Ceci traduit les différentes étapes de la
minéralisation de l'azote dans le sol : formation d'azote ammoniacal
(NH4 +) et transformation de cet azote ammoniacal en azote nitrique (NO3 -).
Ces résultats sont conformes à ceux de Sedogo (1981) et
Bacyé (1993). Selon ce dernier auteur, la minéralisation nette de
l'azote dans les sols de bas-fonds se manifeste par une augmentation rapide des
teneurs en NO3 - et une chute des teneurs en NH4 + après une semaine
d'incubation. On note cependant que les apports d'urines pures semblent bloquer
ce phénomène ( au moins pendant les 12 jours d'observations). En
effet, la nitrification est très faible avec les urines pures. Nous
pensons que ceci est dû au fait que les conditions de forte
basicité ne permettent pas une meilleure activité microbienne.
A l'instant t0 avant incubation, l'apport de N sous forme
d'urines pures ou diluées augmente la teneur en azote ammoniacal,
contrairement à l'apport d'urée où la teneur en NH4 +
reste au même niveau que le témoin. Ce phénomène est
dû au fait que l'azote des urines est essentiellement sous forme
ammoniacale, alors que celui de l'urée subit d'abord une hydrolyse. Ces
résultats sont conformes aux propos de Duthil (1973) ; Sedogo (1981).
Selon ces auteurs, l'urée apportée comme fumure azotée
dans le sol subit une hydrolyse en ammoniac par une uréase
secrétée par de nombreux microorganismes du sol en l'espace d'une
semaine.
Les résultats montrent que l'évolution du pH est
très liée à celle des formes de l'azote.
Conformément aux résultats de Sedogo (1981), au cours de la
minéralisation, la libération de NH4 + dans le sol augmente le
pH. Par contre, dès que se manifeste la nitrification, le pH diminue.
Cette diminution est due aux ions NO3 - acidifiant le milieu avec les ions
H+ en solution. L'acidification est plus marquée dans le cas
du sol seul (sans apport d'azote).
La dilution des urines a permis une baisse rapide du pH
à une valeur qui semble être optimale à l'activité
des bactéries nitrificatrices (valeur proche de la neutralité).
Ce qui a permis une meilleure nitrification. Dans ces conditions, l'azote
nitrique est disponible et les conditions de vie sont favorables à la
plante. On peut penser donc que les brûlures constatées avec les
urines pures sont liées au fait que la persistance de la basicité
du milieu peut élever la succion du sol et bloquer ainsi le
prélèvement de l'eau et des éléments nutritifs. La
forte odeur des urines est vraisemblablement liée à la forme
ammoniacale de l'azote et la dilution permettrait d'atténuer
l'épandage de ce gaz nauséabond. Pour faciliter l'épandage
et éviter les mauvaises odeurs, nous proposons une dilution dés
la collecte. Dans ce cas, chaque bidon de collecte doit contenir au
départ une quantité d'eau correspondant à la moitié
de la quantité de remplissage du bidon. Ce qui permettrait de surseoir
à la dernière étape de l'épandage à savoir
l'apport d'eau. Le mode
d'épandage deviendrait donc : binage-apport d'urines
diluées. Cependant, les urines diluées dès la collecte
peuvent ne pas avoir les mêmes effets sur la production que celles
diluées au moment de l'épandage. Des études plus
poussées pourront donner plus d'indications.
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