1.8 Vision
stéréoscopique inné et acquise:
Le traitement de la
disparité des images en provenance des deux rétines conduit
à la vision stéréoscopique innée,
c'est-à-dire à la vision innée en trois dimensions, l'une
des quatre fonctions visuelles fondamentales, elle est nécessairement
binoculaire et doit être distinguée de la vision
stéréoscopique acquise qui n'est pas liée à la
binocularité. Sur le total des cellules visuelles corticales, 50 % sont
dévolues au traitement de la disparité dans l'aire primaire V1,
au-delà, ce pourcentage augmente progressivement pour atteindre 80 %
dans l'aire parastriée V3.
La fusion et la vision
stéréoscopique représentent les deuxième et
troisième degrés de la vision binoculaire selon la classification
de Worth. En réalité, il n'y a pas gradation, mais
simultanéité entre ces deux modalités de la perception
binoculaire: il ne peut y avoir de vision stéréoscopique sans
fusion, normale ou seulement périphérique, des images
rétiniennes, mais la fusion, si elle est présente, s'accompagne
conjointement de vision stéréoscopique.
La vision
stéréoscopique innée est le bénéficie
essentiel de la binocularité. Cette fonction résulte
exclusivement d'indices binoculaires. Elle se développe chez le
nourrisson en même temps que la fonction maculaire; elle atteint sa
pleine efficacité dès l'âge de 6 mois. Elle est
spontanée et ne nécessite aucun apprentissage. Elle est quasi
instantanée, avec une latence de 250 ms seulement en vision centrale.
Elle est non équivoque.
Tous ces caractères
l'opposent à la vision stéréoscopique acquise. Celle-ci
résulte d'indices mono- et binoculaires gnosiques; elle ne s'acquiert
donc qu'avec le temps et par l'expérience, en se basant sur
l'interprétation de ce qui est vu. Elle n'est pas instantanée,
avec une latence relativement longue et, en outre, variable selon les
conditions de vision. Elle n'est pas infaillible.
Chez le sujet dont la
vision binoculaire est normale, l'innée et l'acquise coexistent et se
complètent constamment. L'acuité stéréoscopique
innée dépend de la disparité horizontale des images
rétiniennes: celle-ci est d'autant plus grande que l'écart entre
les yeux du sujet est plus grand et que les objets qu'il fixe sont plus
rapprochés: inversement, elle est d'autant plus petite que
l'écart entre les yeux est plus petit et que
les objets fixés sont plus éloignés. C'est pourquoi la
vision stéréoscopique innée joue un rôle
prépondérant en vision rapprochée. En vision
éloignée, au contraire, elle est relayée par la vision
stéréoscopique acquise.
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